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Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 26 Oct 2017 - 21:49
Je souhaitais initialement ouvrir ce nouveau topic pour partager des récits cours liés à mon "univers" warhammer, comme l'arc ayant introduit mon personnage de Carmen.
Cependant, depuis un mois mes écrits sont au point mort. Et pour cause, je réalise un challenge appelé "Inktober". Il consiste à, pendant tout le mois d'Octobre, réaliser un dessin par jour. Pour les puristes, le créateur de ce challenge fourni une liste de 31 mots, fixant les thèmes journaliers à respecter. Du coup, en plus des jeux vidéos et autres interférences avec mes écris, voilà un mois que je m'escrime chaque soir sur des feuilles de papier. Et plusieurs de mes dessins sont liés à Warhammer, ou du moins l'interprétation que j'en ai. C'est pourquoi j'ouvre sans plus attendre ce topic afin de vous partager mes esquisses
De plus j'ai commencé a effectuer des dessins digitaux à l'aide d'une tablette graphique. Du coup, lorsque l'inspiration sera là...
Mais, je ne consacrerais pas ce topic qu'à des dessins. Une fois mon arc actuel Feu et Sang terminé, je réaliserais comme je l'avais prévu initialement des récits et arc narratifs beaucoup plus cours que je regrouperais ici.
Également, je continue régulièrement à relire et traquer les vilaines fautes dans mes anciens récits, améliorant parfois une tournure ici et là. Toutefois je n'effectue ces corrections que sur mon site http://vg11k.tumblr.com/warhammer, gérer les multiples autres lieux où je les ai postés étant un travail assez fastidieux. Ils y sont également ordonnés dans l'ordre chronologique selon la timeline de cet univers, tout arcs confondus.
Sur ce, assez de pub.
Voici les trois dessins de ce Inktober 2017 que j'ai réalisés étant en lien avec Warhammer.
Ainsi que deux dessins réalisés il y a plusieurs années. Le premier était un cadeau pour un camarade jouant Druchii et démonettes de Slaanesh, le second une inspiration soudaine sur 40k.
Enfin, mon tout premier dessin digital. Soyez indulgent, j'apprends à m'en servir
Cependant, depuis un mois mes écrits sont au point mort. Et pour cause, je réalise un challenge appelé "Inktober". Il consiste à, pendant tout le mois d'Octobre, réaliser un dessin par jour. Pour les puristes, le créateur de ce challenge fourni une liste de 31 mots, fixant les thèmes journaliers à respecter. Du coup, en plus des jeux vidéos et autres interférences avec mes écris, voilà un mois que je m'escrime chaque soir sur des feuilles de papier. Et plusieurs de mes dessins sont liés à Warhammer, ou du moins l'interprétation que j'en ai. C'est pourquoi j'ouvre sans plus attendre ce topic afin de vous partager mes esquisses
De plus j'ai commencé a effectuer des dessins digitaux à l'aide d'une tablette graphique. Du coup, lorsque l'inspiration sera là...
Mais, je ne consacrerais pas ce topic qu'à des dessins. Une fois mon arc actuel Feu et Sang terminé, je réaliserais comme je l'avais prévu initialement des récits et arc narratifs beaucoup plus cours que je regrouperais ici.
Également, je continue régulièrement à relire et traquer les vilaines fautes dans mes anciens récits, améliorant parfois une tournure ici et là. Toutefois je n'effectue ces corrections que sur mon site http://vg11k.tumblr.com/warhammer, gérer les multiples autres lieux où je les ai postés étant un travail assez fastidieux. Ils y sont également ordonnés dans l'ordre chronologique selon la timeline de cet univers, tout arcs confondus.
Sur ce, assez de pub.
Voici les trois dessins de ce Inktober 2017 que j'ai réalisés étant en lien avec Warhammer.
- déplier:
mot-clé : Sword
mot-clé : Fat
mot-clé : Fall
Ainsi que deux dessins réalisés il y a plusieurs années. Le premier était un cadeau pour un camarade jouant Druchii et démonettes de Slaanesh, le second une inspiration soudaine sur 40k.
- déplier:
Enfin, mon tout premier dessin digital. Soyez indulgent, j'apprends à m'en servir
- déplier:
Reconnaissez-vous mon cher Manesh'k ? Comme vous pouvez le voir, son face à face avec Vlad a laissé des traces...
- EssenSeigneur vampire
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Palmares : Organisateur des tournois du Fort du Sang, de la Reiksguard, des Duels de Lassenburg & de la ruée vers l'Eldorado
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Dim 29 Oct 2017 - 15:49
Mon dessin préféré est sans doute le double-portrait de l'elfette druchii et de la démonette. Le trait est net et les formes gracieuses, les visages sont délicats et expressifs, les contrastes gris/blanc sont bien répartis. En somme, un beau bijou que tu nous révèles là
Le dessin digital est très bien géré au niveau des couleurs ! Le jour où tu parviens à appliquer les formes sur ton écran aussi bien que tu le fais à la fin, tes oeuvres seront sans doute saisissantes !
Pour les trois dessins de l'Inktober, déjà bravo pour l'inspiration et la volonté de tenir le rythme. Mon préféré est le deuxième : ce cyclope nurglien est terrifiant, l'aspect massif est bien rendu et la langue enroulée sur l'épée est un détail bien trouvé ! Je rajouterais une texture claire sur son ventre, tout blanc il perd un peu son côté "solide", notamment du fait que le 2nd plan est blanc aussi.
En ce qui concerne les deux autres dessins, tu gères vraiment bien les proportions du corps ! A mon humble avis, tu pourrais tenter de les faire un peu plus élancés, éventuellement un peu plus musclés, pour accentuer encore plus le physique d'un "guerrier adulte".
Le dessin digital est très bien géré au niveau des couleurs ! Le jour où tu parviens à appliquer les formes sur ton écran aussi bien que tu le fais à la fin, tes oeuvres seront sans doute saisissantes !
Pour les trois dessins de l'Inktober, déjà bravo pour l'inspiration et la volonté de tenir le rythme. Mon préféré est le deuxième : ce cyclope nurglien est terrifiant, l'aspect massif est bien rendu et la langue enroulée sur l'épée est un détail bien trouvé ! Je rajouterais une texture claire sur son ventre, tout blanc il perd un peu son côté "solide", notamment du fait que le 2nd plan est blanc aussi.
En ce qui concerne les deux autres dessins, tu gères vraiment bien les proportions du corps ! A mon humble avis, tu pourrais tenter de les faire un peu plus élancés, éventuellement un peu plus musclés, pour accentuer encore plus le physique d'un "guerrier adulte".
Fais donc, ça prometUne fois mon arc actuel Feu et Sang terminé, je réaliserais comme je l'avais prévu initialement des récits et arc narratifs beaucoup plus cours que je regrouperais ici.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Dim 29 Oct 2017 - 22:52
Content qu'il te plaise autant qu'à son actuel propriétaireVon Essen a écrit:le double-portrait de l'elfette druchii et de la démonette
m'est avis que je n'en coloriserais pas beaucoup. C'est vraiiiiment chronophage la couleur :-sVon Essen a écrit:Le dessin digital est très bien géré au niveau des couleurs !
merci ! L'ayant réalisé avec une avance-tampon de deux jours (qui a parfois été réduite à 0) je viens tout juste de terminer le dernier. Dur dur...Von Essen a écrit:bravo pour l'inspiration et la volonté de tenir le rythme
pour le grand immonde, j'vais pas mentir j'avais un super modèle sur lequel me baser...
- Spoiler:
j'ai utilisé des modèles pour environ 80% de mes dessins
un dessin de plus arrive avec le thème de demain : trouvé (j'éditerais surement ici pour éviter le double post)
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Ven 3 Nov 2017 - 0:42
J'en suis à 2 edits du coup je me permet un double-post avant de les insérer à la chaine...
1) le dernier inktober lié à warhammer que j'ai évoqué à mon post précédent
2) petite digression dnd
1) le dernier inktober lié à warhammer que j'ai évoqué à mon post précédent
- dernier inktober:
mot-clé : FOUND
une scène 40k d'un texte-pilote inachevé depuis près de 4ans...
2) petite digression dnd
- Spoiler:
- S'pas du warhammer pour une fois, mais je me suis dit que cela valait le coup de partager. Depuis plusieurs soirs je planche sur le visage d'un de mes personnages de donjons & dragons. Un palouf tiefelin muet. Au début j'ai réussi a obtenir un premier jet dont le visage me plaisait pas mal :
néanmoins, je le trouvais trop "manga" et trop enfant visuellement. Une dizaine de jets plus tard, toujours pas moyen d'obtenir quelque chose d'à la fois correct, plus "mature" dans l'idée en conservant ce regard, ces marques sous les yeux (présentes depuis l'premier dessin sur sa fiche de perso) et les deux mèches-antennes qui je trouve ici - bien que très manga dans le design - encadrent bien le visage. Du coup, au grand maux les grands remèdes, j'ai prit une poignées d'artworks de tiefelins de pros et ai mixé ce qui caractérisait les visages à renfort de symétrie. C'est du design de perso après tout... Puis j'ai appliqué ma touche pour le détail.Je vais pas vous mentir, je m'attendais pas à créer un vilain qui aurait tout à fait sa place dans warhammerles mèches-antennes sont encore à revoir, mais là il se fait tard... j'updaterais l'week-end prochain.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 14 Déc 2017 - 22:26
Et c'est le triiiiiplééééééé
En prévision d'un futur tournois très particulier, j'ai commencé à rédiger une petite transition pour mes participants du tournoi de la Reiksguard. J'ai entamé un début d'esquisse de cette scène, cependant j'ignore si je la terminerais... 'verras.
- M'est avis qu'elles n'auraient eu aucune chance de fonctionner sans mon intervention, souffla Jürger en s'essuyant le front.
Le visage maculé d'huile noire, il fit un pas en retrait et admira son travail. Par chance, Jeremy était un animal docile. Dagan avait su le dresser. Malgré le poids conséquent de l'appareil impérial et l'inconfort qu'il éprouvait probablement, la bête ne protestait pas. Récupérant un boulon dans sa poche, Jürger reprit ses efforts.
- Elles ne marcheront pas, estima leur nouveau compagnon avec un regard critique.
- Je te trouve bien pessimiste.
L'enfant haussa les épaules à la remarque du bretonnien. Assis en tailleur, il observait le manège des deux adultes pour harnacher la monture de Dagan. A ses côtés, la ménestrelle pinçait les cordes de son luth d'un air absent. Elle était elle aussi tournée vers eux sans pour autant les voir, ses doigts se promenant sur les cordes de l'instrument.
- Il suffit de le regarder.
Jürger jeta un regard noir au gamin aux yeux lumineux qui leva les mains au ciel en signe de reddition. Tout comme lui, ce gosse avait les yeux rouge sang. Mais si son apparence était due à son albinisme, il n'était dupe quant à celle de son interlocuteur. Cela n'aurait tenu qu'à lui, il l'aurait chassé, voire criblé de plomb. Mais Dagan étant... Dagan, il avait proposé au môme de les accompagner suite au tournois de la Reiksguard. Secouant la tête, il revint à ses moutons électriques.
Un ingénieur proche du tireur impérial leur avait parlé d'un futur événement de l'autre côté des monts gris. Le bretonnien avait d'abord été sceptique en l'écoutant. Revoir son pays et assister à une compétition l'enthousiasmait, mais sans plus : celle-ci était réservée aux montures volantes. Or ils n'en possédaient tout simplement pas. C'était sans compter sur l'ami de Jürger dont l'invention avait sut réveiller la soif de compétition du noble sans terres.
C'est ainsi que tout les quatre - cinq en incluant Jeremy- se retrouvaient à traverser les montagnes. Avec un cheval harnaché d'un prototype d'ailes mécaniques.
Voilà, avec ce câblage réorienté cela devrait...
Les pistons de l'appareil émirent un grincement qui firent sursauter les différents spectateurs. Jürger recula, n'osant plus rien toucher. Même Shannon sorti de sa torpeur lorsque, lentement, les membranes en feuilles d'aluminium se déployèrent. Réalisant que quelque chose de totalement contre-nature était sur le point de lui arriver, le destrier s'affola brusquement.
- Jeremy ! Non ! Calme ! s'écria Dagan qui se précipita vers lui comme il cabrait malgré le poids effarant qu'il avait sur le dos.
Ignorant la menace des sabots volant dangereusement près de sa tête, le bretonnien persévéra. S'il se roulait par terre pour se débarrasser du prototype, non seulement celui-ci serait réduit en miette, mais en plus son compagnon de toujours risquait de se blesser sur les armatures. Son poing se referma sur la longe de l'animal. De tout son poids il l'empêcha de cabrer à nouveau tout en lui prodiguant des paroles rassurantes.
Un souffle puissant vint lui fouetter le visage, l'obligeant à fermer les yeux. Malgré cela il ne céda pas. Jeremy avait retrouvé un calme relatif et il n'était pas question de le laisser paniquer.
- Là, là, tout doux, le rassura-t-il en lui flattant l'encolure.
- Da... Dagan... bégaya Shanon.
Celle-ci le dévisageait, bouche-bée. Suivant son regard, Dagan partagea sa stupeur. Avant qu'un sourire ne vienne illuminer son regard. Les grandes ailes mécaniques, modifiées par Jürger, fonctionnaient enfin. A chaque battement d'ailes, étonnamment silencieuses, une brassée d'air venait souffler ses cheveux en arrière et l'obliger à plisser le regard.
Mieux : faisant preuve d'un calme étonnant, Jeremy voyait ses sabots patiner dans le vide. Montant et redescendant à chaque brassement d'air. L'animal tourna un regard à la fois effrayé et emplit de confiance vers son maître qui se frotta le front contre lui.
- Tu l'as fait Jeremy, tu l'as fait ! Tu voles ! s'écria-t-il en riant.
Sans prévenir, une valve crachota et le mouvement lent s'arrêta, faisant retrouver le plancher des vaches à la monture. Celle-ci sembla un instant hagarde avant de se tourner à nouveau vers un Dagan euphorique.
- C'est... c'est absurde, balbutia l'enfant en se levant. Il ne devrait pas pouvoir quitter le sol. Ce canasson est trop lourd. Sans parler de cet harnachement de métal.
- Jeremy, tiqua Dagan.
- Quant à la vitesse où ce... ce truc bat des ailes... C'est impossible !
- Et pourtant, contra Jürger avec un grand sourire en venant inspecter l’œuvre des ingénieurs impériaux.
- Quelles sorcelleries sont à l’œuvre au sein de cet... artefact ? Questionna-t-il en se tournant vers l'artificier.
Celui-ci se contenta de hausser les épaules. Il était un arquebusier avec quelques notions de mécaniques, pas un fichu magicien. N'en démordant pas, l'enfant s'approcha et tendit la main vers le harnais. Il ferma les yeux.
- Qu'essais-tu de...
- Shh...
Dagan croisa les bras, étudiant la posture de l'enfant.
- Tu pratiques la magie ? grimaça le bretonnien.
- Peut-être, répondit le vampire avec un sourire énigmatique sans rouvrir les paupières.
Il baissa le bras après un moment, songeur. Cette chose de métal était décidément pleine de surprise.
- Alors ? lui demanda l'impérial.
L'enfant fit la moue. Il ressentait bel et bien une activité arcanique. Cependant, il était bien incapable de l'expliquer. Il était évident qu'elle permettait à l'ensemble de fonctionner. Sur un malentendu à priori. Mais cela fonctionnait. Comment en revanche... dans le doute, il se garda d'en dire plus. Lorgnant de côté, il changea de sujet.
- Mettons de côté le phénomène dont nous venons d'être témoins. Ne devriez-vous pas chevaucher un griffon plutôt qu'un pégase ? Il s'agit de votre emblème après tout.
Du pouce il désigna le bouclier écarlate de Dagan, posé dans un coin. Un griffon stylisé y était effectivement représenté sur fond rouge.
- Je n'ai jamais vu de griffon, sourit le chevalier qui échangea une poignée de main fraternelle avec Jürger. Il s'agit de mon ancêtre qui a obtenu ce blason. Il y a bien des siècles à Brionne ou Bordeleaux, père n'en était point sur.
- Brionne ou Bordeleaux, répéta le gosse avec un sourire songeur.
- Et cesse donc de nous vouvoyer. Même si tu refuses de nous indiquer ton nom, tu marches avec nous depuis une semaine désormais...
Il haussa les épaules.
- Comme tu voudras.
suite à ce post
En prévision d'un futur tournois très particulier, j'ai commencé à rédiger une petite transition pour mes participants du tournoi de la Reiksguard. J'ai entamé un début d'esquisse de cette scène, cependant j'ignore si je la terminerais... 'verras.
- Petit rappel sur mes différents personnages:
- Jürger est un tireur/arquebusier impérial. Il souffre d'albinisme et a effectué quelques travaux avec des artificiers impériaux. Lors du tournoi, il s'est vu accorder une revanche par Léonard de Rouergue suite à son élimination expéditive.
- Dagan est un chevalier bretonnien au grand cœur dont le vignoble a été détruit. C'est lui qui a convaincu Jürger de participer au tournois de la reiksguard. Son blason est un griffon et sa monture un fier destrier : Jeremy. Il a également été éliminé prématurément lors du tournois par Hrofil Halfdane. A noter qu'il a organisé la revanche de Jürger et s'est rapidement lié d'amitié avec plusieurs autres participants dont notamment Abrams Göttlichglück
- Shannon est une ménestrelle. Elle accompagne les deux larrons depuis son sauvetage en plein champ de bataille. Elle en pince pour Jürger depuis quelques mois mais ne sait trop comment lui confesser ses sentiments. Son oeuvre phare a cloturé le tournois.
- Un gamin énigmatique s'est intéressé aux deux humains lors du tournois de la reiksguard, se montrant à la fois mélancolique et étonnamment mature. En possession d'une épée d'excellente facture, il n'a toutefois jamais eu l'occasion de s'en servir, n'étant que simple spectateur de la compétition. Lors d'un bref échange, Jürger a percé à jour sa vrai nature : il s'agit d'un enfant de la nuit.
- M'est avis qu'elles n'auraient eu aucune chance de fonctionner sans mon intervention, souffla Jürger en s'essuyant le front.
Le visage maculé d'huile noire, il fit un pas en retrait et admira son travail. Par chance, Jeremy était un animal docile. Dagan avait su le dresser. Malgré le poids conséquent de l'appareil impérial et l'inconfort qu'il éprouvait probablement, la bête ne protestait pas. Récupérant un boulon dans sa poche, Jürger reprit ses efforts.
- Elles ne marcheront pas, estima leur nouveau compagnon avec un regard critique.
- Je te trouve bien pessimiste.
L'enfant haussa les épaules à la remarque du bretonnien. Assis en tailleur, il observait le manège des deux adultes pour harnacher la monture de Dagan. A ses côtés, la ménestrelle pinçait les cordes de son luth d'un air absent. Elle était elle aussi tournée vers eux sans pour autant les voir, ses doigts se promenant sur les cordes de l'instrument.
- Il suffit de le regarder.
Jürger jeta un regard noir au gamin aux yeux lumineux qui leva les mains au ciel en signe de reddition. Tout comme lui, ce gosse avait les yeux rouge sang. Mais si son apparence était due à son albinisme, il n'était dupe quant à celle de son interlocuteur. Cela n'aurait tenu qu'à lui, il l'aurait chassé, voire criblé de plomb. Mais Dagan étant... Dagan, il avait proposé au môme de les accompagner suite au tournois de la Reiksguard. Secouant la tête, il revint à ses moutons électriques.
Un ingénieur proche du tireur impérial leur avait parlé d'un futur événement de l'autre côté des monts gris. Le bretonnien avait d'abord été sceptique en l'écoutant. Revoir son pays et assister à une compétition l'enthousiasmait, mais sans plus : celle-ci était réservée aux montures volantes. Or ils n'en possédaient tout simplement pas. C'était sans compter sur l'ami de Jürger dont l'invention avait sut réveiller la soif de compétition du noble sans terres.
C'est ainsi que tout les quatre - cinq en incluant Jeremy- se retrouvaient à traverser les montagnes. Avec un cheval harnaché d'un prototype d'ailes mécaniques.
Voilà, avec ce câblage réorienté cela devrait...
Les pistons de l'appareil émirent un grincement qui firent sursauter les différents spectateurs. Jürger recula, n'osant plus rien toucher. Même Shannon sorti de sa torpeur lorsque, lentement, les membranes en feuilles d'aluminium se déployèrent. Réalisant que quelque chose de totalement contre-nature était sur le point de lui arriver, le destrier s'affola brusquement.
- Jeremy ! Non ! Calme ! s'écria Dagan qui se précipita vers lui comme il cabrait malgré le poids effarant qu'il avait sur le dos.
Ignorant la menace des sabots volant dangereusement près de sa tête, le bretonnien persévéra. S'il se roulait par terre pour se débarrasser du prototype, non seulement celui-ci serait réduit en miette, mais en plus son compagnon de toujours risquait de se blesser sur les armatures. Son poing se referma sur la longe de l'animal. De tout son poids il l'empêcha de cabrer à nouveau tout en lui prodiguant des paroles rassurantes.
Un souffle puissant vint lui fouetter le visage, l'obligeant à fermer les yeux. Malgré cela il ne céda pas. Jeremy avait retrouvé un calme relatif et il n'était pas question de le laisser paniquer.
- Là, là, tout doux, le rassura-t-il en lui flattant l'encolure.
- Da... Dagan... bégaya Shanon.
Celle-ci le dévisageait, bouche-bée. Suivant son regard, Dagan partagea sa stupeur. Avant qu'un sourire ne vienne illuminer son regard. Les grandes ailes mécaniques, modifiées par Jürger, fonctionnaient enfin. A chaque battement d'ailes, étonnamment silencieuses, une brassée d'air venait souffler ses cheveux en arrière et l'obliger à plisser le regard.
Mieux : faisant preuve d'un calme étonnant, Jeremy voyait ses sabots patiner dans le vide. Montant et redescendant à chaque brassement d'air. L'animal tourna un regard à la fois effrayé et emplit de confiance vers son maître qui se frotta le front contre lui.
- Tu l'as fait Jeremy, tu l'as fait ! Tu voles ! s'écria-t-il en riant.
Sans prévenir, une valve crachota et le mouvement lent s'arrêta, faisant retrouver le plancher des vaches à la monture. Celle-ci sembla un instant hagarde avant de se tourner à nouveau vers un Dagan euphorique.
- C'est... c'est absurde, balbutia l'enfant en se levant. Il ne devrait pas pouvoir quitter le sol. Ce canasson est trop lourd. Sans parler de cet harnachement de métal.
- Jeremy, tiqua Dagan.
- Quant à la vitesse où ce... ce truc bat des ailes... C'est impossible !
- Et pourtant, contra Jürger avec un grand sourire en venant inspecter l’œuvre des ingénieurs impériaux.
- Quelles sorcelleries sont à l’œuvre au sein de cet... artefact ? Questionna-t-il en se tournant vers l'artificier.
Celui-ci se contenta de hausser les épaules. Il était un arquebusier avec quelques notions de mécaniques, pas un fichu magicien. N'en démordant pas, l'enfant s'approcha et tendit la main vers le harnais. Il ferma les yeux.
- Qu'essais-tu de...
- Shh...
Dagan croisa les bras, étudiant la posture de l'enfant.
- Tu pratiques la magie ? grimaça le bretonnien.
- Peut-être, répondit le vampire avec un sourire énigmatique sans rouvrir les paupières.
Il baissa le bras après un moment, songeur. Cette chose de métal était décidément pleine de surprise.
- Alors ? lui demanda l'impérial.
L'enfant fit la moue. Il ressentait bel et bien une activité arcanique. Cependant, il était bien incapable de l'expliquer. Il était évident qu'elle permettait à l'ensemble de fonctionner. Sur un malentendu à priori. Mais cela fonctionnait. Comment en revanche... dans le doute, il se garda d'en dire plus. Lorgnant de côté, il changea de sujet.
- Mettons de côté le phénomène dont nous venons d'être témoins. Ne devriez-vous pas chevaucher un griffon plutôt qu'un pégase ? Il s'agit de votre emblème après tout.
Du pouce il désigna le bouclier écarlate de Dagan, posé dans un coin. Un griffon stylisé y était effectivement représenté sur fond rouge.
- Je n'ai jamais vu de griffon, sourit le chevalier qui échangea une poignée de main fraternelle avec Jürger. Il s'agit de mon ancêtre qui a obtenu ce blason. Il y a bien des siècles à Brionne ou Bordeleaux, père n'en était point sur.
- Brionne ou Bordeleaux, répéta le gosse avec un sourire songeur.
- Et cesse donc de nous vouvoyer. Même si tu refuses de nous indiquer ton nom, tu marches avec nous depuis une semaine désormais...
Il haussa les épaules.
- Comme tu voudras.
suite à ce post
- Arcanide valtekSeigneur vampire
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Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Ven 15 Déc 2017 - 8:46
Très bon texte, encore une fois. Ça fait plaisir de revoir Jürger, Dagan, Shannon et le gamin. L'alchimie qui lie ces personnages es palpable, et l'idée de faire voler ce cheval est très originale j'en conviens. M'est avis que l'ingénieur est plus mystérieux que prévu cela dit, parce que la magie est forcément impliquée .
J'ignorais que le fameux tournoi était en approche, à moins que cela ne soit du qu'au fait que nous en avons simplement parlé lors du précédent.
J'ignorais que le fameux tournoi était en approche, à moins que cela ne soit du qu'au fait que nous en avons simplement parlé lors du précédent.
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"Et quand les morts se lèvent, leurs tombeaux sont remplis par les vivants"
Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D
Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun
Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Ven 15 Déc 2017 - 9:09
Merci
Moi aussi je m'impatientais de ressortir ces quatre lascars. Et a force d'en discuter sur le tchat j'ai eu un élan d'inspiration. S'aurait été dommage de ne le laisser retomber.
Moi aussi je m'impatientais de ressortir ces quatre lascars. Et a force d'en discuter sur le tchat j'ai eu un élan d'inspiration. S'aurait été dommage de ne le laisser retomber.
rendons à césar ce qui est à césar, l'idée initiale du prototype d'ailes mécaniques est de Hjalmar.Arcanide valtek a écrit:l'idée de faire voler ce cheval est très originale j'en conviens
pas pour tout de suite comme te le confirmera probablement Hjalmar. Il a d'autre projet sur le feu actuellement. Juste que moi je ne souhaitais pas attendre alors que mon texte était rédigé ^^Arcanide valtek a écrit:J'ignorais que le fameux tournoi était en approche
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Ven 15 Déc 2017 - 20:58
Comme dit précédemment dans le chat, c'est une belle tournure que tu as donné à cette idée farfelue. Et en plus tu rajoutes un peu de mystère pour avoir de quoi développer, comme que c'est bien
Pour Arca', effectivement le tournoi ne sera pas pour de suite. Faute de situation professionnelle stable et d'un tournoi de trébuchet en préparation chez les bretonniens, je vais devoir attendre avant de me lancer. Mais il arrivera
Pour Arca', effectivement le tournoi ne sera pas pour de suite. Faute de situation professionnelle stable et d'un tournoi de trébuchet en préparation chez les bretonniens, je vais devoir attendre avant de me lancer. Mais il arrivera
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
- EssenSeigneur vampire
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Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 25 Jan 2018 - 10:27
Un épisode très plaisant à découvrir ! J'apprécie tout particulièrement l'interaction entre le sire Dagan et son destrier Jérémy
Je pressens déjà toute la beauté des descriptions de ses premiers vols, quand le tournoi arrivera
Je pressens déjà toute la beauté des descriptions de ses premiers vols, quand le tournoi arrivera
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 25 Jan 2018 - 11:23
Merci à tout les deux. J'm'efforcerais d'écrire la suite quand l'inspiration se présentera ;-)
J'avais commencé un dessin illustrant ces cinq personnages, si je le fini je le partagerais ici.
Néanmoins, un chevalier bretonnien sans cheval n'en est pas vraiment un. Or là Jeremy prends un rôle central du coup il faut bien le mettre en avant.
Sinon n'ayant rien rédigé depuis un moment déjà, j'vais tout de même vous partager un texte qui commence à dater. Il n'est pas lié aux vampires et certains ici l'ont probablement déjà lut, mais je pense qu'il pourra quand même vous plaire.
suite à ce post
J'avais commencé un dessin illustrant ces cinq personnages, si je le fini je le partagerais ici.
sa me touche que ces passages te plaisent car j'y ai apporté un soin tout particulier. N'étant pas fan de ces braves animaux plus que cela... ce n'est pas facile de décrire ce genre de relationsVon Essen a écrit:J'apprécie tout particulièrement l'interaction entre le sire Dagan et son destrier Jérémy
Néanmoins, un chevalier bretonnien sans cheval n'en est pas vraiment un. Or là Jeremy prends un rôle central du coup il faut bien le mettre en avant.
Sinon n'ayant rien rédigé depuis un moment déjà, j'vais tout de même vous partager un texte qui commence à dater. Il n'est pas lié aux vampires et certains ici l'ont probablement déjà lut, mais je pense qu'il pourra quand même vous plaire.
Abandonnés des Cieux
Intro
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Pas après pas, la douleur lui vrillait les côtes. Il progressa entre les imposantes colonnades, laissant une trainée écarlate dans son sillage. Lame ébréchée et sarbacane brisée tombèrent au sol. Toutes deux seraient inutiles désormais. Aucune menace ne viendrait à lui en ces lieux oubliés de toute manière.
Les bâtiments antiques défilaient autour de lui, désertés depuis des siècles et dévorés par la végétation. Péniblement il remonta les allées sans fin. Les ombres s’allongeaient mais il ne les craignait pas. Y aurait-il eu un ennemi, celui-ci n’aurait pu échapper à son regard. Mais Keg’zalt se savait seul. Seul depuis des siècles et jusqu’à la fin des temps.
Les bêtes sauvages n’osaient s’introduire dans la cité oubliée. A l’extérieur en revanche la mort était embusquée à chaque recoin. Sa blessure sanguinolente en témoignait. Las, il s’arrêta face à un édifice en particulier : le sentier tracé dans la végétation s’arrêtait au pied du mur, témoin silencieux de ses allées et venues régulières. Dans une niche en hauteur se trouvait son refuge. Doucement, il posa ses doigts sur la pierre et tenta de se hisser. La douleur traversa son corps, mais il passa outre et se hissa doucement. Ce n’est qu’après quelques mètres d’ascension que ses prises le trahirent. Il chuta et rebondit lourdement au sol, misérable. Ses doigts étaient poisseux d’humeur et ne collaient plus à la pierre. Il ne pourrait pas grimper à son refuge pour cette nuit. Cela n’avait pas d’importance. Il serait en sécurité dans les ruines de toute façon.
A bout de forces il déambula à travers les ruelles méconnaissables ayant cédé à la végétation depuis bien longtemps. C’est après un long moment, hagard, qu’il réalisa où ses pas l’avaient menés. Il se trouvait devant les anciens bassins, asséchés depuis longtemps. L’instant suivant il roulait par terre, s’abandonnant enfin à la fatigue.
Lentement, les étoiles défilèrent sous son regard. Keg’zalt aurait souhaité trouver le repos, pouvoir fermer les yeux et s’abandonner au sommeil. Ou même renoncer, définitivement. Mais malgré ses blessures, son corps s’acharnait à rester en vie. Malgré son épuisement, il ne pouvait fermer des paupières inexistantes. Malgré la douleur et la solitude, il ne pouvait verser de larme. Ne restaient que sa faim croissante et le rythme lent de sa respiration.
Alors que les deux lunes illuminaient son regard toujours attentif, il sentit le vent du nord se lever. Ce vent chaud et sec chargé de poussière qui venait dessécher ses écailles. Ce vent chaud qui lui porta le murmure d’un doux clapotis.
Keg’zalt mit un instant à réaliser que quelque chose clochait. Péniblement, il se tourna sur les coudes et releva la tête. Une souche imposante était tombée dans le creux il y a quelques décades. Et malgré celle-ci, malgré les pierres brisées et les herbes folles, une lueur bleutée émanait du bassin. Il sentit son cœur battre plus fort au creux de sa poitrine en se redressant, toute douleur envolée.
Une fine brume ondulait au-dessus de la surface tranquille. Le liquide diffusait cette douce lumière qui avait attiré son attention. Et, minuscules, de fragiles têtards se tortillaient devant le caméléon ébahi. Après plusieurs millénaires, le bassin de frai venait d’apporter la vie à une toute nouvelle génération. Keg’zalt n’était plus seul.
Les bâtiments antiques défilaient autour de lui, désertés depuis des siècles et dévorés par la végétation. Péniblement il remonta les allées sans fin. Les ombres s’allongeaient mais il ne les craignait pas. Y aurait-il eu un ennemi, celui-ci n’aurait pu échapper à son regard. Mais Keg’zalt se savait seul. Seul depuis des siècles et jusqu’à la fin des temps.
Les bêtes sauvages n’osaient s’introduire dans la cité oubliée. A l’extérieur en revanche la mort était embusquée à chaque recoin. Sa blessure sanguinolente en témoignait. Las, il s’arrêta face à un édifice en particulier : le sentier tracé dans la végétation s’arrêtait au pied du mur, témoin silencieux de ses allées et venues régulières. Dans une niche en hauteur se trouvait son refuge. Doucement, il posa ses doigts sur la pierre et tenta de se hisser. La douleur traversa son corps, mais il passa outre et se hissa doucement. Ce n’est qu’après quelques mètres d’ascension que ses prises le trahirent. Il chuta et rebondit lourdement au sol, misérable. Ses doigts étaient poisseux d’humeur et ne collaient plus à la pierre. Il ne pourrait pas grimper à son refuge pour cette nuit. Cela n’avait pas d’importance. Il serait en sécurité dans les ruines de toute façon.
A bout de forces il déambula à travers les ruelles méconnaissables ayant cédé à la végétation depuis bien longtemps. C’est après un long moment, hagard, qu’il réalisa où ses pas l’avaient menés. Il se trouvait devant les anciens bassins, asséchés depuis longtemps. L’instant suivant il roulait par terre, s’abandonnant enfin à la fatigue.
Lentement, les étoiles défilèrent sous son regard. Keg’zalt aurait souhaité trouver le repos, pouvoir fermer les yeux et s’abandonner au sommeil. Ou même renoncer, définitivement. Mais malgré ses blessures, son corps s’acharnait à rester en vie. Malgré son épuisement, il ne pouvait fermer des paupières inexistantes. Malgré la douleur et la solitude, il ne pouvait verser de larme. Ne restaient que sa faim croissante et le rythme lent de sa respiration.
Alors que les deux lunes illuminaient son regard toujours attentif, il sentit le vent du nord se lever. Ce vent chaud et sec chargé de poussière qui venait dessécher ses écailles. Ce vent chaud qui lui porta le murmure d’un doux clapotis.
Keg’zalt mit un instant à réaliser que quelque chose clochait. Péniblement, il se tourna sur les coudes et releva la tête. Une souche imposante était tombée dans le creux il y a quelques décades. Et malgré celle-ci, malgré les pierres brisées et les herbes folles, une lueur bleutée émanait du bassin. Il sentit son cœur battre plus fort au creux de sa poitrine en se redressant, toute douleur envolée.
Une fine brume ondulait au-dessus de la surface tranquille. Le liquide diffusait cette douce lumière qui avait attiré son attention. Et, minuscules, de fragiles têtards se tortillaient devant le caméléon ébahi. Après plusieurs millénaires, le bassin de frai venait d’apporter la vie à une toute nouvelle génération. Keg’zalt n’était plus seul.
suite à ce post
- Question:
- Le prochain chapitre est déjà rédigé et publié depuis bien longtemps. Toutefois, je m'étais arrêté en posant une question sur le forum lézard qui n'a pas trouvé de réponse. Dans le doute, je vais la re-poser ici même.vg11k a écrit:Saurus, Krokx et skinks naissent dans les bassins de frai. Lorsqu'ils en sortent, ils ont déjà une taille adulte. Taille qui peut légèrement grandir avec les siècles dans le cas des saurus et probablement se terminer dans les années qui suivent pour les krokx. Vu les mastodontes je les vois mal batifoler dans les modestes bassins jusqu'à atteindre les 4m du museau à la queue...
Il est clairement défini que tous savent d'emblée réaliser les tâches courantes généralement assignées à leurs races : éclaireurs et assistants pour les skinks, les travaux liés aux bâtiments pour les krokx et la guerre pour tous, même si les saurus s'illustrent de loin dans ce domaine.
Cela pas de souci.
Mais qu'en est-il non pas de l'inné mais de l'acquis ? Voient-ils le jour en ayant une connaissance complète de leur panthéon, Sotek et les autres divinités confondues ? Connaissent-ils d'emblée les noms des illustres prêtres skinks de leur cité ainsi que de leurs mages Slanns ? Et surtout : savent-ils déjà communiquer ? Connaissent-ils dès la naissance le langage "parlé" et corporel (regard, crête, membres, posture..) ? Je serais d'avis que non - pour le parlé du moins, l'instinct vient peut-être s'exprimer sur le corporel - et qu'un temps auprès d'autres skinks faisant office de "précepteurs" durant leurs premières semaines est nécessaire, mais j'ai peur de me tromper.
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 25 Jan 2018 - 14:45
J'avais déjà lu ce petit récit sur le forum des hommes-lézards et je l'avais trouvé fort sympathique D'autant plus que les pauvre sauriens sont rarement représentés dans des récits je trouve. La faute au peu de sources extérieures aux LA pour développer leur fluff je présume.
- Rapport à ta question:
Tout d'abord, rapport aux bassins de frai, il est important de noter quelques détails. Les saurus et gardes des temples (ces derniers étant juste des saurus un peu particulier) naissent dans des bassins différents de ceux des Kroxi et des skinks. Ces deux derniers en revanche sont dans les même, ce qui explique le lien entre ces deux espèces. La V5 indique même que les saurus apparaissent plus dans des bassins sous-terrains là où les skinks et kroxi sortent plutôt de bassins à ciel ouverts. C'est ancien, mais les nouvelles versions n'ont pas vraiment démenti cette précision (la V8 la reprécise rapidement pour les saurus).
La V5 ajoute aussi ceci (en anglais dans le texte) : "Due to their amphibious origins, some days after the spawning event begins, little tadpoles emerge out of the water, growing in numbers and size at an extremely accelerated rate, feeding on the enormous number of tropical insects that hover above such waters. When the Lizardmen are fully developed they emerge unto dry land in enormous numbers all at the same time."
"These large groups of Lizardmen are given a single directive or purpose upon their birth, such as either being formed into cohorts of tribal warriors or become the artisan and workers for their respective Temple-Cities."
Donc, ils doivent en sortir déjà grands et par cohorte. Apparemment, si le "spawning" est très rare, le développement est hyper rapide. Et, toujours d'après la V5 (et si on rajoute les descriptions des autres versions), on irait dans le sens que tu indiques. Les hommes-lézards sont instinctivement attirés par certains aspects (guerre pour les saurus, protection des slaans pour les gardes des temples, ...) mais il auraient peut-être besoin d'avoir un minimum d'aide pour le dialogue avec leurs congénères. Vraiment très peu, certes, mais un minimum syndical pour s'assurer qu'ils ne partent pas en n'importe quoi, comme c'est le cas dans les îles du Dragons où des HL sans slaans sont redevenus sauvages. Ils doivent donner trois-quatre noms, un ordre et un endroit où rejoindre ses congénères. Le machin enregistre et y va. Et au vu du fonctionnement de la société HL, c'est du pragmatique le truc. Pas de mensonges, pas d'entourloupes en mode je garde les saurus pour moi. Nope, juste un ordre ou deux, deux trois noms importants, le reste viendra tout seul. Surtout que les saurus ne parlent quasiment jamais, ils obéissent et c'est marre parce que c'est comme ça qu'ils ont été programmés par les anciens.
Pour les skinks en revanche je ne sais pas trop. Un saurus a juste besoin d'une direction et d'un ordre, le kroxi c'est littéralement un animal de trait un peu simplet, mais les skinks auraient peut-être besoin d'une petite éducation d'architecture, en langues étrangères et gestion. Un point à développer je pense.
Pour la religion, c'est particulier. Certains HL apparaissent avec une bénédiction évidente de leurs dieux (couleurs, écailles plus épaisses, affinité avec les bêtes,..) mais pas tous. Il faut préciser que comme les slaans se moquent un brin de tout ce délire religieux (on les traîne parfois à des cérémonies sans leur consentement) c'est surtout les skinks qui s'occupent de ça. Et on a parfois des conflits, certes rapides, mais souvent violents entre diverses factions qui ne sont pas d'accord sur un point religieux. Donc cette partie non-voulue par les anciens et qui a pris de l'ampleur depuis le délire avec Sotek est assez imprévisible en soit. On aura pas un schisme et une guerre rangée entre HL, mais cela est libre à l’interprétation quant à savoir si on endoctrine légèrement les nouveaux-nés pour suivre tel ou tel voie si lesdits nouveaux n'ont pas d'affiliation avérée à leur naissance.
_________________
"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
Terry Pratchett
- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 25 Jan 2018 - 14:58
Pour les bassins dissociés yep j'étais au courant. Les saurus c'est dans les profondeurs des temples qu'ils naissent, alors que skinks/krokx c'est à l'air libre. C'est d'ailleurs un des arguments sur table pour justifier que les krokx et skinks peuvent aller une une même unité (frères de marre) mais peuvent pas se mêler aux saurus.
De mémoire, les skinks sont capable d'effectuer de vrais discours (pour des lézards) là où les saurus ont une centaine de mots de vocabulaire tout au plus. La majorité étant liés aux fonctions militaires ou martiales. Egalement, tout les HL partagent un langage corporel très riche, bien plus que verbal (j'incline la tête, je détourne le regard, j'expire lentement, je colore ma crête, j'ondule ma collerette, je fouette de la queue...). Pour le corporel pas de doute pour moi il n'y a pas besoin d'enseignement. Mais yep, les LA restent très vague concernant le verbal.
De mémoire (encore et toujours) les slanns de la cité où est issu Tentenhuin (j'ai perdu l'orthographe, mais le prophète du serpent) ont examinés ce qu'il s'est produit et conclus qu'il y avait un doute concernant l'interprétation céleste parlant du serpent. Et que vu la tournure des évènement, ce qu'ils avaient négligé (Sotek) serait en réalité un allié dont ils ont du coup autorisé le culte. Mais pas encouragé. Choix qui a ensuite été accepté par la généralité des slanns.
Pour digresser sur les bassins, perso je garde à l'esprit que ces spawns irréguliers sans reproduction quelconque c'est des cuves de clonages. C'est pas abordé en tant que tel car univers fantastique, mais entre ça et les rumeurs de pyramides/vaisseaux stellaires liées aux lézard... (confirmées dans EoT d'ailleurs. Ils ont poussés le délire mais aussi trahi ce qu'ils imaginaient concernant cette civilisation)
Notez que mes sources, c'est "de mémoire" d'après le web et des LA dont je ne connais pas les versions.
De mémoire, les skinks sont capable d'effectuer de vrais discours (pour des lézards) là où les saurus ont une centaine de mots de vocabulaire tout au plus. La majorité étant liés aux fonctions militaires ou martiales. Egalement, tout les HL partagent un langage corporel très riche, bien plus que verbal (j'incline la tête, je détourne le regard, j'expire lentement, je colore ma crête, j'ondule ma collerette, je fouette de la queue...). Pour le corporel pas de doute pour moi il n'y a pas besoin d'enseignement. Mais yep, les LA restent très vague concernant le verbal.
De mémoire (encore et toujours) les slanns de la cité où est issu Tentenhuin (j'ai perdu l'orthographe, mais le prophète du serpent) ont examinés ce qu'il s'est produit et conclus qu'il y avait un doute concernant l'interprétation céleste parlant du serpent. Et que vu la tournure des évènement, ce qu'ils avaient négligé (Sotek) serait en réalité un allié dont ils ont du coup autorisé le culte. Mais pas encouragé. Choix qui a ensuite été accepté par la généralité des slanns.
Pour digresser sur les bassins, perso je garde à l'esprit que ces spawns irréguliers sans reproduction quelconque c'est des cuves de clonages. C'est pas abordé en tant que tel car univers fantastique, mais entre ça et les rumeurs de pyramides/vaisseaux stellaires liées aux lézard... (confirmées dans EoT d'ailleurs. Ils ont poussés le délire mais aussi trahi ce qu'ils imaginaient concernant cette civilisation)
Notez que mes sources, c'est "de mémoire" d'après le web et des LA dont je ne connais pas les versions.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 29 Jan 2018 - 17:11
Double post qui n'a strictement rien à voir avec l'histoire précédente. Quittons les lézards et revenons à notre bonne vieille sylvanie. Vers les années 1850 du calendrier impérial de tête. Fin' à l'époque où Manesh'k a rencontré sa dulcinée Carmen histoire d'être exact. Le récit qui suit se déroule pendant les mois trop courts qu'il a partagé avec elle. Cependant, vous pouvez découvrir ce récit même sans avoir lu le précédent (sur le forum https://whcv.forumactif.com/t3782p30-feu-et-sang#p107513 ou sur mon blog ici)
Sa fait un moment que ce texte traîne dans mes tiroirs. Je voulais me changer de Feu et Sang dont je n'arrive pas à m'avancer et j'avais cette idée de scenar one-shot, un peu creepy, qui me trottait. Du coup... ben le voila ^^
Aller bonne lecture
Les deux lunes se faisaient discrètes ce soir-là. D'un pas nonchalant, Mandrak s'avança hors du sentier qui l'avait mené jusque-là. Il ne portait pas son armure mais un simple pourpoint et des vêtements légers. Tirant les mains de ses poches, il étudia l'édifice lui faisant face. Cette ruine différait des précédentes qu'il avait visité récemment : elle n'était justement pas en ruine. Contrairement à ce que lui avaient affirmés plusieurs personnes la veille au couchant.
Il croisa les bras, sceptique, mais s'approcha néanmoins. Il ne percevait pas un bruit à l'intérieur et ne distinguait nul signe de lumière derrière les volets clos. Le bois semblait entretenu. La porte et ses charnières récentes. Et nulle trace de mousse sur les pierres composant la structure.
Il soupira. Ce lieu était intriguant, mais ce n'était pas pour cela qu'il était venu. La demeure secondaire cachée de quelque nobliau n'était pas ses affaires. Les nuits étaient courtes en cette saison : il devait se hâter.
D'un pas rapide il entreprit de faire le tour du bâtiment, cherchant une quelconque trace de vie. Revenu devant l'entrée principale, il se fit une raison : le lieu était vide. Et pour cause, il ne percevait pas le moindre battement de cœur à l'intérieur. Mandrak approcha toutefois la porte épaisse. Le bois semblait juste verni et pas la moindre petite trace de rouille ne venait tacher les clous renforçant l'ensemble. Ce détail, ajouté à l'aspect immaculé du lieu, attisait sa curiosité. D'ailleurs, se fit-il la remarque, il n'avait pas vu une seule fenêtre dépourvue de barreaux en-dessous du second étage. Flambants neufs, eux aussi.
Définitivement, cet endroit était une énigme qu'il brûlait de résoudre. Il tourna la tête lorsqu'un rapace nocturne passa non loin avant de disparaître dans la nuit.
- Comme j'aimerais avoir ton don en ces moments, mon vieil ami...
Via sa connexion unique avec les oiseaux, Gilnash aurait tout de suite pu... La lumière se fit dans son esprit. Mais bien sûr, c'était pourtant évident. Quelque magie était à l’œuvre et justifiait la qualité de cet édifice. Fermant les yeux, il expira par réflexe afin de focaliser son attention. Lorsqu'il les rouvrit, c'est un regard nouveau qu'il posa sur l'endroit. Jaillissant du sol, d’épaisses volutes d'énergie imperceptibles à l’œil nu venaient tourbillonner autour des murs. Par quelque sorcellerie, cet endroit était abrité des ravages du temps. Et quelle énergie. Il resta coi de ne pas l'avoir ressentie plus tôt. A peu de choses près, il revivait sa découverte des vents dans la clairière aux dolmens de Loren...
Tendant le bras, il happa quelques brises pour son propre compte, les filaments intangibles venant s'enrouler autour de son poignet. D'un effort de volonté, il condensa cette énergie et d'un claquement de doigts produisit une flammèche. Euphorique, il la vit enfler sans efforts, devenant un brasier allant jusqu'à lécher les branches des arbres. Que cette sensation grisante lui avait manq...
Un cri aigu le tira brusquement de ses rêveries. Une voix d'enfant, assurément. D'un revers il dissipa les flammes avant de revenir à l'édifice. Il n'avait pas imaginé cette voix, même plongé dans sa fascination arcanique.
- C'est toute cette mélasse qui m'empêche de te discerner, devina-t-il à voix haute en étudiant la porte léchée par cette énergie qu'il ne pouvait justifier.
D'une main posée contre le bois, il fit pression pour la pousser en arrière. Mais malgré sa force insoupçonnée, elle demeura immobile. Pas même un grincement de protestation du bois malmené.
- Si c'est comme ça, grinça-t-il en perdant patience.
Il fit quelques pas en arrière pour prendre de l'élan. Et sans plus cacher sa véritable nature, le vampire effectua un bond vertigineux en direction des étages. Il passa à travers une fenêtre du second, brisant la vitre comme son volet dans une pluie de verre et d'échardes.
Mandrak traversa deux pièces à toute vitesse, guidé par les cris de panique allant croissant. Il déboula dans un grand salon donnant sur une autre pièce. Une cheminée éteinte lui faisait face et de grandes fenêtres éclairaient la pièce depuis la droite. Au centre un petit homme abasourdit le dévisageait tout comme un gamin d'une dizaine d'années un peu plus loin. Ce dernier était recroquevillé contre une commode à un mètre de l'homme, vêtu d'habits luxueux. Bien que la peur puisse se lire sur le visage de l'enfant, lui aussi était bouche-bé quant à l'interruption du mort-vivant.
En un battement de cœur, le vampire dominait le noble, l'épée antique brandie au-dessus de sa tête. Il trancha en deux le maître des lieux sans plus de cérémonie. Froidement, Manesh'k se redressa avant d'être à son tour prit au dépourvu. Les quelques cheveux épars de sa victime avaient été soufflé par le coup violent qu'il venait de réaliser. Mais loin d'être tranché en deux, l'individu était indemne. Pas le moindre saignement. Même ses habits n'avaient pas été affectés par le coup au chef du combattant. Il balbutia un instant de surprise avant de comprendre.
- Un spectre, murmura-t-il.
Lentement, un sourire s'étira sur la face du petit homme. Levant un bras, il balaya l'air comme on chasse un insecte importun. La bourrasque qu'il engendra propulsa le vampire à travers la pièce, l'envoyant se fracasser contre le mur opposé. Mandrak vint rebondir contre un mur avant de rouler douloureusement devant l'enfant paniqué. Mâchoire crispée, il se força à ignorer la douleur et se redressa sur les coudes. Puis il coula un regard de colère en direction du revenant. Son sourire continuait de s'élargir, allant d'une oreille à l'autre et témoignant d'une malice qui n'avait rien de naturelle. Une sensation pernicieuse le parcouru soudain. L'épée Lahmianne n'avait pas eu le moindre effet. Et ses compétences dans les arcanes nécromantiques ne lui permettraient pas de se débarrasser de cette créature. Malgré ses siècles d'errances et de combats, le jeune patrouilleur frontalier de Lahmia qu'il était se retrouvait ici impuissant.
Il réprima un frisson et secoua la tête, chassant ces doutes à l'aide d'une froide détermination. Ces pensées soudaines, cette peur viscérale qui se frayait brusquement un chemin dans son esprit... L'autre mort-vivant s'insinuait dans ses pensées. Il ne devait surtout pas y céder.
Se relevant sur un genou, il passa un bras autour de l'épaule de l'enfant paralysé par la peur. Celui-ci poussa un cri et tenta de se débattre, mais lutter face à la force du vampire était vain. Un instant Manesh'k réalisa l'état dans lequel ce petit devait se trouver, si lui-même était à deux doigts de paniquer. Par le feu du dragon, d'où sortait ce spectre ?
- Je vais te sortir de là petit, déclara-t-il à haute voix autant pour le rassurer que pour se persuader lui-même.
Péniblement il se releva et remis son arme au fourreau. Elle ne lui servirait à rien. Il tendit les bras en direction de leur hôte toujours immobile. Il n'essaya même pas de prendre le contrôle de cet esprit : sur ce point les craintes qu'il lui avait instigué était fondées. Il n'en était tout bonnement pas capable. Dans un crépitement, des flammes apparurent dans les paumes de ses mains. Cet endroit était balayé par les vents de magie ? Qu'à cela ne tienne. Même ses maigres compétences actuelles suffiraient à réduire l'endroit en cendre dans ces conditions.
- Aqshy ! s'écria-t-il en prenant possession du torrent arcanique qui jaillissait en ce lieu.
Il libéra un déluge ardent qui envahit la pièce. La chaleur et les flammes lui dissimulèrent momentanément le revenant. Toutefois, il doutait que celui-ci soit réellement incommodé par la pièce transformée en brasier. Prenant le garçon contre lui, il lorgna rapidement les différentes issues. L'ouverture par laquelle il était entré, la baie vitrée en face d'eux et une porte sur leur gauche vers une nouvelle pièce. Le spectre leur barrait la route aux deux premiers.
Sans perdre une seconde de plus, Mandrak s'élança dans cette direction. Il ne prit pas la peine de l'ouvrir, jetant son épaule en avant. L'impact brutal contre ses hanches le prit de court. Il s'écroula avec un cri mêlé de douleur et de surprise. Recroquevillé sur lui-même, il parvint à discerner l'obstacle imprévu venu s'interposer : la commode. Elle venait de glisser latéralement sur plus d'un mètre pour leur barrer la route.
- Que...
Il n'eut le temps de poursuivre sa phrase. Une pièce de mobilier ardente vint s'écraser contre le vampire à terre. Le choc contre son bras et ses côtes déjà meurtries lui monta les larmes aux yeux. Et malgré la tourmente il devinait que le pire était encore à venir.
Prenant sur lui-même et serrant les dents à s'en briser les crocs, il roula de côté en emportant le gosse avec lui. L'instant suivant, deux bûches venues tout doit de l'âtre venaient rejoindre le fauteuil l'ayant écrasé plus tôt. Il fit un pas en direction de la baie vitrée, mais interrompit aussitôt sa course comme le lustre venait s'encastrer dans le parquet en lui frôlant les genoux.
Sans s'attarder il enjamba le plafonnier, tirant par le dos de son manteau rapiécé l'enfant tétanisé par cette scène irréelle. Il poursuivit sur sa lancée, soucieux de quitter cette demeure et son hôte intangible. Quelques enjambées seulement les séparaient des immenses fenêtres. Mais à peine eut-il fait un pas de plus que le sol se déroba sous ses pieds.
La carpette aux couleurs passées sur laquelle ils se trouvaient avait fusé dans la direction opposée à sa course. Il s'écrasa sur le parquet de tout son long en jurant, échappant le pauvre gamin.
Sonné, il se redressa une fois de plus sur les coudes, prêt à encaisser un nouveau projectile improvisé. Mais celui-ci ne vint pas. Le fantôme, nullement dérangé par la fournaise dont le vampire avait totalement abandonné le contrôle, les dévisageait de ses yeux vitreux. Il ne s'était pas défaussé de son sourire malsain, visiblement très amusé par les efforts du vampire.
Les fenêtres. Elles étaient à la fois si proche et si éloignées. Ils devaient les atteindre. Coûte que coûte. Tirant à nouveau le garçon contre lui, il lâcha un hoquet de surprise. Ce n'était plus l'enfant qu'il serrait contre sa poitrine mais l'occupant de cette sinistre demeure qui lui offrit son sourire le plus macabre. Avec un glapissement de surprise, Mandrak le repoussa. En vain : ses poignets passèrent à travers le corps immatériel. En désespoir de cause, il rampa en arrière pour s'éloigner du petit homme, s'éloignant de son échappatoire tant désiré.
Il avait perdu le môme. Cette chose jouait avec ses sens. Elle le manipulait comme un marionnettiste agite les fils de son pantin. Rien de ce qu'il voyait n'avait de sens, hormis les blessures qu'il accumulait au fil des secondes. A ce rythme-là il aurait succombé aux illusions et artifices de ce maudit spectre dans quelques minutes. Acculé, il s'adossa au mur et ferma les yeux.
Rien de ce qu'il voyait n'avait de sens. Il n'entendait que le crépitement de ses propres flammes. Ne sentait que poussière de ce lieu et la fumée de ses flammes. Le phantasme dans lequel il évoluait touchait ses cinq sens. Même les vents de magie qu'il discernait n'étaient que foutoir et il n'avait pas le temps de les démêler. Néanmoins... il restait un sens auquel il pouvait se fier. Un sens que son bourreau ne pouvait connaître et donc abuser : les battements affolés d'un petit cœur. Rapides. Précipités par la terreur. Mais réels. Juste là, de l'autre côté de la porte bloquée par la commode. Il les percevait avec toute la précision du prédateur ayant ferré sa proie. Par quelque artifice, l’esprit était parvenu à lui faire quitter la pièce !
- Tu abuses de mes sens et de ma patience, revenant ! s'écria-t-il avec irritation en rouvrant les yeux.
Visiblement amusé, l'autre inclina la tête sans se départir de son sourire morbide, s'étirant littéralement d'une oreille à l'autre.
A cours d'options, Mandrak expira lentement avant d'esquisser une grimace. Il rebroussa sa manche gauche avant de poser l'index sur une boursouflure au milieu de son poignet. Se forçant au calme, il ferma à nouveau les yeux et se détourna du spectre comme de l'enfant. Il n'y avait aucune échappatoire à ce traquenard. Nulles armes ou magies n'affectaient l'être immatériel.
Toutefois, le vampire possédait un dernier atout. Une carte que jamais il n'aurait imaginé utiliser dans ces conditions. Canalisant le vent noir avec précaution, Mandrak ouvrit un passage depuis l'excroissance lovée au creux de son bras.
Un grondement bestial résonna aussitôt dans la pièce comme la température, déjà basse malgré ses flammes, chutait de quelques degrés de plus. Il sentit un filet d'air repousser ses cheveux en arrière. Puis le parquet trembla sous un poids imposant. Un hoquet de surprise vint lui arracher un sourire de satisfaction comme il rouvrait les yeux.
Dominant le petit homme de toute sa hauteur, la créature conjurée était plus haute que le vampire lui-même. La tignasse immatérielle de l'homme éthéré fut projetée en arrière lorsque le monstre renâcla. Exactement comme lorsque Mandrak l'avait pourfendu en deux lors de son arrivée. Sauf qu'à présent le sourire suffisant de ce fantôme avait disparu, remplacé par une grimace d'effroi. Il faisait désormais face à un énorme reptile dressé sur deux pattes. Sa mâchoire garnie de crocs transparents s'abaissa à quelques centimètres de son visage.
- J'ai jadis effectué un voyage de l'autre côté de l'océan, commenta Manesh'k en se relevant tant bien que mal. J'y ai beaucoup perdu, mais je ne suis pas revenu les mains vides.
Ouvrant la gueule, le sang-froid spectral poussa un rugissement sauvage avant de happer le petit homme. Avec une furie animale, le monstre intangible secoua la tête de droite à gauche, déchirant les chairs immatérielles de sa victime. Mandrak eu la satisfaction de voir des projections de matières visqueuses à travers la pièce. Il saignait de l'ectoplasme. Sa monture lustrienne, habituellement incapable de toucher qui que ce soit d'autre que lui-même, pouvait blesser leur adversaire. D'un dernier mouvement de tête, elle projeta les restes du spectre qui volèrent à travers la pièce. Toutefois, Mandrak ne fut pas surpris de voir non pas un corps déchiqueté rouler au sol mais le petit homme dont les blessures avaient déjà disparues. Au détail près qu'il ne souriait plus et qu'une nouvelle émotion se lisait dans son regard jusque-là insondable. De la peur.
- Réduis-le en charpie.
Sans perdre un instant, il passa derrière le reptile qui se précipitait sur le fantôme avec un cri aigu. Sans effort, Mandrak envoya voler cette foutue commode. Et le coup de pied qu'il assena à la porte en fit trembler le chambranle. Le garçon se trouvait effectivement de ce côté du mur. Il posa sur le vampire un œil emplit de folie. Ses joues étaient inondées de larmes, traçant de multiples sillons dans la suie dont il était maculé.
Mandrak s'agenouilla un instant à sa hauteur, prenant le temps de plonger son regard dans le sien. Avec intensité il déclara :
- N'ai plus peur et ai confiance en moi.
Aussitôt le visage du garçon se décrispa. Ses yeux s’agrandirent, subjugués par ces prunelles écarlates.
- Ecoute ma voix...
A aucun moment il ne sentit le sol disparaître sous ses pieds comme un brouillard cotonneux emplissait brusquement la limite de son champ de vision.
Le gamin sous le bras, Mandrak dévala quatre à quatre les marches d'un escalier donnant sur le vestibule du rez-de-chaussée. A l'étage, la bataille faisait rage, de la poussière tombant du plafond à chaque pas du reptile. Le vampire doutait sincèrement que le nauglir vienne à bout de leur hôte. Néanmoins, il leur faisait gagner un temps précieux. A
présent, le môme était en sécurité contre lui et leur agresseur occupé. La sortie leur tendait les bras. Main sur la poignée, il ouvrit grand la porte qui n'opposa aucune résistance. Néanmoins, il s'abstint de fuir dans la nuit. Il n'aurait probablement pas de meilleure chance de détruire ce monstre et revenir l'affronter une autre nuit sans l'effet de surprise ne l'enchantait guère.
Sans reposer l'enfant, Mandrak revint au centre de la pièce. Il était temps de se pencher sur la pagaille arcanique qu'était cette demeure. S'ouvrant aux vents, il retrouva dans son champ de vision les volutes d'énergies immatérielles qui se superposèrent à la réalité. Il discerna sans peine l'agitation engendrée par la conjuration de sa monture. Il l'ignora. Tout comme Aqshy et deux autres vents colorés dont il ignorait les noms. Ne restait que le vent sombre. Le vent des morts. Il tourbillonnait furieusement en direction du plafond tel un cordon ombilical... reliant le spectre dans ce monde ? Se pouvait-il que cet homme désincarné soit relié à cet endroit par une ancre spirituelle ?
Esquissant un sourire carnassier, Mandrak se détourna de la porte d'entrée. Il remonta à la place le courant arcanique jusqu'à un nouvel escalier. Il s'enfonçait dans les profondeurs du bâtiment, vers la cave. Sans hésiter, il plongea dans les ténèbres. L'enfant ne discernait probablement plus rien, mais c'était probablement pour le mieux. Le vampire y voyait comme en plein jour et même lui sentit son estomac protester. Les gosses disparut étaient là. Tous. Leurs corps méconnaissables, chacun mutilé de plus atroce manière que le précédent. Et au beau milieu de ce charnier, incrusté dans le sol par la poussière et la saleté, gisait les restes momifiés d'un individu de petite taille. Sans surprise, de ce cadavre jaillissait le flux arcanique qui disparaissait dans les étages.
Sans plus de cérémonie, Mandrak leva son bras libre et claqua des doigts. Aussitôt, une étincelle embrasa le corps ancien. D'une pensée, il attisa les flammes qu'il propagea rapidement aux restes des malheureux. Un repos qui ne serait jamais plus troublé était la seule chose qu'il pouvait leur offrir désormais.
Un hurlement résonna soudain dans les étages. Le fantôme jusque-là muet semblait avoir retrouvé la parole comme sa dépouille rôtissait face au vampire. Et tout aussi brusquement, le cri s'arrêta. Mandrak eut la satisfaction de voir les derniers filets de magie s'étioler sous ses yeux, consumé par Aqshy comme les restes l'étaient par ses flammes. Quel que soit la sorcellerie qui avait lié ce fou à cette demeure, il était parvenu à la dissiper.
Tenant la main du garçon, il s'abaissa une dernière fois à sa hauteur, captant son regard.
- Va, déclara-t-il avec douceur. Ta maison se trouve à quelques mètres. Retrouve tes parents, ils t'attendent. Et quoi qu'il arrive, souvient-toi : tu t'es perdu dans les bois. Tu as retrouvé ton chemin au clair de lune. Quant à la suie...
- ...j'ai trébuché sur les restes d'un feu de camp, répéta-t-il d'un ton monocorde.
Le vampire approuva d'un hochement de la tête. Le regard vague, l'enfant fit un premier pas maladroit. Puis marcha jusqu'à chez lui tel un automate, a peine conscient de ces propres mouvements.
Satisfait, Mandrak se releva. Au lever du jour, le petit n'aurait aucun souvenir de son aventure. C'était mieux ainsi. Ces pauvres gens n'avaient pas besoin de savoir quel mal se tapissait à quelques kilomètres de chez eux. Jusqu'à cette nuit.
Faisant demi-tour, il s'engagea tranquillement dans les ombres du sous-bois. L'imposante créature immatérielle leva le mufle en sa direction comme il approchait. Chose rare, il gratifia le reptile spectral d'une caresse sur le museau. Il lui devait une fière chandelle sur ce coup là.
- Plus qu'à reprendre la route de Dol'Valhar soupira-t-il.
Las, il se tourna vers le ciel obscur. Il discernait à peine les lunes avec la végétation au-dessus d'eux. Mais devinait l'heure avancée. Il ne serait pas de retour au village pour l'aube. Il lui faudrait passer le jour tapis dans les bois. Ses épaules s'affaissèrent lentement. Entre ses habits en lambeaux et maculés de suie ou le retard dont elle ne manquerait pas de s'inquiéter, il redoutait d'avance les reproches de Carmen...
Sa fait un moment que ce texte traîne dans mes tiroirs. Je voulais me changer de Feu et Sang dont je n'arrive pas à m'avancer et j'avais cette idée de scenar one-shot, un peu creepy, qui me trottait. Du coup... ben le voila ^^
Aller bonne lecture
Une histoire à Dol'Valhar
- As-tu entendu les bohèmes ?
Charles avait la mine soucieuse. Il posa le verre propre derrière le comptoir.
- Comment ne pas les entendre, répliqua la jeune femme en finissant de nettoyer la dernière table de l'auberge reconstruite.
Satisfaite, elle jeta finalement son torchon de l'autre côté du bar, puis vint s'y accouder.
- Combien ont-ils dit ?
- Il n'ont pas donné de chiffre exact, répondit-t-elle en inclinant la tête.
Elle plongea les mains dans ses longs cheveux détachés, plus noirs que l'encre. Et soupira après un instant.
- Enttäuschend, murmura-t-elle en rivant son regard contre la vitrine face à elle. Comment uns à uns une quinzaine d'enfants a pu disparaître sans laisser de traces...
- Des bêtes rôdent dans cette région, commença l'aubergiste.
- Ce n'est pas une bête, soupira Carmen en grimaçant. Les animaux ne frappent pas précisément tous les dix jours. Et des gobelins ne seraient pas passés inaperçus. Quant à un homme seul, il aurait été remarqué par les rondes qu'ils effectuent maintenant toutes les dix nuits...
- Je sais bien, ne put-il que lui concéder. Et pourtant... Pour que ces gens prennent la route de peur que leurs enfants disparaissent à leur tour...
Elle réprima un frisson rien que d'y songer. Si la poignée d'hommes du Comte sur place se révélaient incapable de mettre la main sur l'auteur de ces disparitions, les familles auraient tôt fait de déserter le village d'Enttäuschend. Comme ces bohèmes qui y résidaient une bonne partie de l'année. Et ensuite, qu'adviendrait-il ? Leur propre village, Dol'Valhar, était à peine plus grand et se trouvait à seulement une journée de carriole.
Charles vint la rejoindre de ce côté du comptoir. Il regardait la porte d'entrée donnant sur la nuit déjà bien avancée.
- Est-ce qu'il... tu sais...
- Il ne passe pas toutes les nuits à Dol'Valhar, le devança-t-elle. Régulièrement, il part vagabonder en forêt. Mais il ne me parle pas de ce qu'il y fait. Ni de son passé d'ailleurs...
Devant la mine soucieuse qu'il affichait, elle leva les yeux au ciel.
- Enfin, Charles ! Tu penses vraiment que Mandrak... qu'il pourrait avoir un lien avec ça ? Allons, c'est ridicule...
- Pourtant...
- Il nous a ramené cette nuit-là, lui rappela-t-elle en plantant son regard dans le sien. S'il ne l'avait pas fait, nous serions toutes mortes. Et ces monstres seraient ensuite certainement revenus jusqu'à ce que Dol'Valhar ne soit plus qu'un tas de cendre. De plus...
Elle fit quelques pas entre les tables. Puis pivota, paumes vers le plafond.
- Ne nous a-t-il pas aidé à tout reconstruire ici ? Dont ta propre auberge ?
- De nuit uniquement, lui fit remarquer Charles en soutenant difficilement son regard. Sans oublier son teint pâle, ses yeux écarlates... Et tu l'as vu tout comme moi à l’œuvre... il soulevait des rondins comme s'ils ne pesaient rien... Cette poutre, insista-t-il en désignant le madrier au-dessus d'eux. Je l'ai vu la supporter seul lorsque ton frère c'est cassé la figure. Et il ne m'a pas semblé éprouver le moindre problème à...
- Cela fait plus d'une dizaine qu'il n'a pas été vagabonder dans la nuit, le coupa-t-elle avec une mine peinée. Il était avec moi, je te le jure. Et tes propos me font de la peine...
- Je... tu en es certaine ? Insista-t-il, ne sachant plus que penser.
- Comment pourrais-je-me...
Elle s'interrompit en détournant le regard, rosissant soudain à vue d’œil. Elle se mordit la lèvre inférieure, ne sachant quoi ajouter de plus. Charles ouvrit lentement la bouche, prit au dépourvus. Puis agita la main autant pour lui signifier que cela n'avait pas d'importance que pour dissiper ce brusque malaise entre eux.
- Je devrais avoir honte de douter de moi, s'excusa-t-il. Nous nous connaissons depuis si longtemps... mais tant de choses ont changés depuis cette nuit...
- A qui le dis-tu, lui répliqua-t-elle en se reprenant. Entre les clients, Florion et lui... j'en voit de toutes les couleurs...
Charles prit place à une table, y posant les coudes, songeur.
- Ce n'est pas... Mandrak, déclara-t-il le regard vague. D'après ces voyageurs, la dernière disparition a eu lieu il y a huit jours...
Carmen garda le silence comme il levait les yeux vers elle. Elle eut un léger rire sans joie.
- Tu veux que je lui demander d'aller à Enttäuschend, devina-t-elle.
L'homme esquissa une moue gênée.
- Si ce n'est pas lui... je vois mal qui d'autre pourrait faire quelque chose. Les trois soulots du Comte qui y sont de faction sont des bons à rien et les villageois sont trop terrifiés pour faire plus que patrouiller eux-mêmes les rues ou s’enfermer. Pourtant cela n'aurait rien changé aux deux dernières fois...
- Soit, céda-t-elle en levant les bras en signe de reddition. Je lui en toucherais deux mots en rentrant.
Charles avait la mine soucieuse. Il posa le verre propre derrière le comptoir.
- Comment ne pas les entendre, répliqua la jeune femme en finissant de nettoyer la dernière table de l'auberge reconstruite.
Satisfaite, elle jeta finalement son torchon de l'autre côté du bar, puis vint s'y accouder.
- Combien ont-ils dit ?
- Il n'ont pas donné de chiffre exact, répondit-t-elle en inclinant la tête.
Elle plongea les mains dans ses longs cheveux détachés, plus noirs que l'encre. Et soupira après un instant.
- Enttäuschend, murmura-t-elle en rivant son regard contre la vitrine face à elle. Comment uns à uns une quinzaine d'enfants a pu disparaître sans laisser de traces...
- Des bêtes rôdent dans cette région, commença l'aubergiste.
- Ce n'est pas une bête, soupira Carmen en grimaçant. Les animaux ne frappent pas précisément tous les dix jours. Et des gobelins ne seraient pas passés inaperçus. Quant à un homme seul, il aurait été remarqué par les rondes qu'ils effectuent maintenant toutes les dix nuits...
- Je sais bien, ne put-il que lui concéder. Et pourtant... Pour que ces gens prennent la route de peur que leurs enfants disparaissent à leur tour...
Elle réprima un frisson rien que d'y songer. Si la poignée d'hommes du Comte sur place se révélaient incapable de mettre la main sur l'auteur de ces disparitions, les familles auraient tôt fait de déserter le village d'Enttäuschend. Comme ces bohèmes qui y résidaient une bonne partie de l'année. Et ensuite, qu'adviendrait-il ? Leur propre village, Dol'Valhar, était à peine plus grand et se trouvait à seulement une journée de carriole.
Charles vint la rejoindre de ce côté du comptoir. Il regardait la porte d'entrée donnant sur la nuit déjà bien avancée.
- Est-ce qu'il... tu sais...
- Il ne passe pas toutes les nuits à Dol'Valhar, le devança-t-elle. Régulièrement, il part vagabonder en forêt. Mais il ne me parle pas de ce qu'il y fait. Ni de son passé d'ailleurs...
Devant la mine soucieuse qu'il affichait, elle leva les yeux au ciel.
- Enfin, Charles ! Tu penses vraiment que Mandrak... qu'il pourrait avoir un lien avec ça ? Allons, c'est ridicule...
- Pourtant...
- Il nous a ramené cette nuit-là, lui rappela-t-elle en plantant son regard dans le sien. S'il ne l'avait pas fait, nous serions toutes mortes. Et ces monstres seraient ensuite certainement revenus jusqu'à ce que Dol'Valhar ne soit plus qu'un tas de cendre. De plus...
Elle fit quelques pas entre les tables. Puis pivota, paumes vers le plafond.
- Ne nous a-t-il pas aidé à tout reconstruire ici ? Dont ta propre auberge ?
- De nuit uniquement, lui fit remarquer Charles en soutenant difficilement son regard. Sans oublier son teint pâle, ses yeux écarlates... Et tu l'as vu tout comme moi à l’œuvre... il soulevait des rondins comme s'ils ne pesaient rien... Cette poutre, insista-t-il en désignant le madrier au-dessus d'eux. Je l'ai vu la supporter seul lorsque ton frère c'est cassé la figure. Et il ne m'a pas semblé éprouver le moindre problème à...
- Cela fait plus d'une dizaine qu'il n'a pas été vagabonder dans la nuit, le coupa-t-elle avec une mine peinée. Il était avec moi, je te le jure. Et tes propos me font de la peine...
- Je... tu en es certaine ? Insista-t-il, ne sachant plus que penser.
- Comment pourrais-je-me...
Elle s'interrompit en détournant le regard, rosissant soudain à vue d’œil. Elle se mordit la lèvre inférieure, ne sachant quoi ajouter de plus. Charles ouvrit lentement la bouche, prit au dépourvus. Puis agita la main autant pour lui signifier que cela n'avait pas d'importance que pour dissiper ce brusque malaise entre eux.
- Je devrais avoir honte de douter de moi, s'excusa-t-il. Nous nous connaissons depuis si longtemps... mais tant de choses ont changés depuis cette nuit...
- A qui le dis-tu, lui répliqua-t-elle en se reprenant. Entre les clients, Florion et lui... j'en voit de toutes les couleurs...
Charles prit place à une table, y posant les coudes, songeur.
- Ce n'est pas... Mandrak, déclara-t-il le regard vague. D'après ces voyageurs, la dernière disparition a eu lieu il y a huit jours...
Carmen garda le silence comme il levait les yeux vers elle. Elle eut un léger rire sans joie.
- Tu veux que je lui demander d'aller à Enttäuschend, devina-t-elle.
L'homme esquissa une moue gênée.
- Si ce n'est pas lui... je vois mal qui d'autre pourrait faire quelque chose. Les trois soulots du Comte qui y sont de faction sont des bons à rien et les villageois sont trop terrifiés pour faire plus que patrouiller eux-mêmes les rues ou s’enfermer. Pourtant cela n'aurait rien changé aux deux dernières fois...
- Soit, céda-t-elle en levant les bras en signe de reddition. Je lui en toucherais deux mots en rentrant.
*
Les deux lunes se faisaient discrètes ce soir-là. D'un pas nonchalant, Mandrak s'avança hors du sentier qui l'avait mené jusque-là. Il ne portait pas son armure mais un simple pourpoint et des vêtements légers. Tirant les mains de ses poches, il étudia l'édifice lui faisant face. Cette ruine différait des précédentes qu'il avait visité récemment : elle n'était justement pas en ruine. Contrairement à ce que lui avaient affirmés plusieurs personnes la veille au couchant.
Il croisa les bras, sceptique, mais s'approcha néanmoins. Il ne percevait pas un bruit à l'intérieur et ne distinguait nul signe de lumière derrière les volets clos. Le bois semblait entretenu. La porte et ses charnières récentes. Et nulle trace de mousse sur les pierres composant la structure.
Il soupira. Ce lieu était intriguant, mais ce n'était pas pour cela qu'il était venu. La demeure secondaire cachée de quelque nobliau n'était pas ses affaires. Les nuits étaient courtes en cette saison : il devait se hâter.
D'un pas rapide il entreprit de faire le tour du bâtiment, cherchant une quelconque trace de vie. Revenu devant l'entrée principale, il se fit une raison : le lieu était vide. Et pour cause, il ne percevait pas le moindre battement de cœur à l'intérieur. Mandrak approcha toutefois la porte épaisse. Le bois semblait juste verni et pas la moindre petite trace de rouille ne venait tacher les clous renforçant l'ensemble. Ce détail, ajouté à l'aspect immaculé du lieu, attisait sa curiosité. D'ailleurs, se fit-il la remarque, il n'avait pas vu une seule fenêtre dépourvue de barreaux en-dessous du second étage. Flambants neufs, eux aussi.
Définitivement, cet endroit était une énigme qu'il brûlait de résoudre. Il tourna la tête lorsqu'un rapace nocturne passa non loin avant de disparaître dans la nuit.
- Comme j'aimerais avoir ton don en ces moments, mon vieil ami...
Via sa connexion unique avec les oiseaux, Gilnash aurait tout de suite pu... La lumière se fit dans son esprit. Mais bien sûr, c'était pourtant évident. Quelque magie était à l’œuvre et justifiait la qualité de cet édifice. Fermant les yeux, il expira par réflexe afin de focaliser son attention. Lorsqu'il les rouvrit, c'est un regard nouveau qu'il posa sur l'endroit. Jaillissant du sol, d’épaisses volutes d'énergie imperceptibles à l’œil nu venaient tourbillonner autour des murs. Par quelque sorcellerie, cet endroit était abrité des ravages du temps. Et quelle énergie. Il resta coi de ne pas l'avoir ressentie plus tôt. A peu de choses près, il revivait sa découverte des vents dans la clairière aux dolmens de Loren...
Tendant le bras, il happa quelques brises pour son propre compte, les filaments intangibles venant s'enrouler autour de son poignet. D'un effort de volonté, il condensa cette énergie et d'un claquement de doigts produisit une flammèche. Euphorique, il la vit enfler sans efforts, devenant un brasier allant jusqu'à lécher les branches des arbres. Que cette sensation grisante lui avait manq...
Un cri aigu le tira brusquement de ses rêveries. Une voix d'enfant, assurément. D'un revers il dissipa les flammes avant de revenir à l'édifice. Il n'avait pas imaginé cette voix, même plongé dans sa fascination arcanique.
- C'est toute cette mélasse qui m'empêche de te discerner, devina-t-il à voix haute en étudiant la porte léchée par cette énergie qu'il ne pouvait justifier.
D'une main posée contre le bois, il fit pression pour la pousser en arrière. Mais malgré sa force insoupçonnée, elle demeura immobile. Pas même un grincement de protestation du bois malmené.
- Si c'est comme ça, grinça-t-il en perdant patience.
Il fit quelques pas en arrière pour prendre de l'élan. Et sans plus cacher sa véritable nature, le vampire effectua un bond vertigineux en direction des étages. Il passa à travers une fenêtre du second, brisant la vitre comme son volet dans une pluie de verre et d'échardes.
Mandrak traversa deux pièces à toute vitesse, guidé par les cris de panique allant croissant. Il déboula dans un grand salon donnant sur une autre pièce. Une cheminée éteinte lui faisait face et de grandes fenêtres éclairaient la pièce depuis la droite. Au centre un petit homme abasourdit le dévisageait tout comme un gamin d'une dizaine d'années un peu plus loin. Ce dernier était recroquevillé contre une commode à un mètre de l'homme, vêtu d'habits luxueux. Bien que la peur puisse se lire sur le visage de l'enfant, lui aussi était bouche-bé quant à l'interruption du mort-vivant.
En un battement de cœur, le vampire dominait le noble, l'épée antique brandie au-dessus de sa tête. Il trancha en deux le maître des lieux sans plus de cérémonie. Froidement, Manesh'k se redressa avant d'être à son tour prit au dépourvu. Les quelques cheveux épars de sa victime avaient été soufflé par le coup violent qu'il venait de réaliser. Mais loin d'être tranché en deux, l'individu était indemne. Pas le moindre saignement. Même ses habits n'avaient pas été affectés par le coup au chef du combattant. Il balbutia un instant de surprise avant de comprendre.
- Un spectre, murmura-t-il.
Lentement, un sourire s'étira sur la face du petit homme. Levant un bras, il balaya l'air comme on chasse un insecte importun. La bourrasque qu'il engendra propulsa le vampire à travers la pièce, l'envoyant se fracasser contre le mur opposé. Mandrak vint rebondir contre un mur avant de rouler douloureusement devant l'enfant paniqué. Mâchoire crispée, il se força à ignorer la douleur et se redressa sur les coudes. Puis il coula un regard de colère en direction du revenant. Son sourire continuait de s'élargir, allant d'une oreille à l'autre et témoignant d'une malice qui n'avait rien de naturelle. Une sensation pernicieuse le parcouru soudain. L'épée Lahmianne n'avait pas eu le moindre effet. Et ses compétences dans les arcanes nécromantiques ne lui permettraient pas de se débarrasser de cette créature. Malgré ses siècles d'errances et de combats, le jeune patrouilleur frontalier de Lahmia qu'il était se retrouvait ici impuissant.
Il réprima un frisson et secoua la tête, chassant ces doutes à l'aide d'une froide détermination. Ces pensées soudaines, cette peur viscérale qui se frayait brusquement un chemin dans son esprit... L'autre mort-vivant s'insinuait dans ses pensées. Il ne devait surtout pas y céder.
Se relevant sur un genou, il passa un bras autour de l'épaule de l'enfant paralysé par la peur. Celui-ci poussa un cri et tenta de se débattre, mais lutter face à la force du vampire était vain. Un instant Manesh'k réalisa l'état dans lequel ce petit devait se trouver, si lui-même était à deux doigts de paniquer. Par le feu du dragon, d'où sortait ce spectre ?
- Je vais te sortir de là petit, déclara-t-il à haute voix autant pour le rassurer que pour se persuader lui-même.
Péniblement il se releva et remis son arme au fourreau. Elle ne lui servirait à rien. Il tendit les bras en direction de leur hôte toujours immobile. Il n'essaya même pas de prendre le contrôle de cet esprit : sur ce point les craintes qu'il lui avait instigué était fondées. Il n'en était tout bonnement pas capable. Dans un crépitement, des flammes apparurent dans les paumes de ses mains. Cet endroit était balayé par les vents de magie ? Qu'à cela ne tienne. Même ses maigres compétences actuelles suffiraient à réduire l'endroit en cendre dans ces conditions.
- Aqshy ! s'écria-t-il en prenant possession du torrent arcanique qui jaillissait en ce lieu.
Il libéra un déluge ardent qui envahit la pièce. La chaleur et les flammes lui dissimulèrent momentanément le revenant. Toutefois, il doutait que celui-ci soit réellement incommodé par la pièce transformée en brasier. Prenant le garçon contre lui, il lorgna rapidement les différentes issues. L'ouverture par laquelle il était entré, la baie vitrée en face d'eux et une porte sur leur gauche vers une nouvelle pièce. Le spectre leur barrait la route aux deux premiers.
Sans perdre une seconde de plus, Mandrak s'élança dans cette direction. Il ne prit pas la peine de l'ouvrir, jetant son épaule en avant. L'impact brutal contre ses hanches le prit de court. Il s'écroula avec un cri mêlé de douleur et de surprise. Recroquevillé sur lui-même, il parvint à discerner l'obstacle imprévu venu s'interposer : la commode. Elle venait de glisser latéralement sur plus d'un mètre pour leur barrer la route.
- Que...
Il n'eut le temps de poursuivre sa phrase. Une pièce de mobilier ardente vint s'écraser contre le vampire à terre. Le choc contre son bras et ses côtes déjà meurtries lui monta les larmes aux yeux. Et malgré la tourmente il devinait que le pire était encore à venir.
Prenant sur lui-même et serrant les dents à s'en briser les crocs, il roula de côté en emportant le gosse avec lui. L'instant suivant, deux bûches venues tout doit de l'âtre venaient rejoindre le fauteuil l'ayant écrasé plus tôt. Il fit un pas en direction de la baie vitrée, mais interrompit aussitôt sa course comme le lustre venait s'encastrer dans le parquet en lui frôlant les genoux.
Sans s'attarder il enjamba le plafonnier, tirant par le dos de son manteau rapiécé l'enfant tétanisé par cette scène irréelle. Il poursuivit sur sa lancée, soucieux de quitter cette demeure et son hôte intangible. Quelques enjambées seulement les séparaient des immenses fenêtres. Mais à peine eut-il fait un pas de plus que le sol se déroba sous ses pieds.
La carpette aux couleurs passées sur laquelle ils se trouvaient avait fusé dans la direction opposée à sa course. Il s'écrasa sur le parquet de tout son long en jurant, échappant le pauvre gamin.
Sonné, il se redressa une fois de plus sur les coudes, prêt à encaisser un nouveau projectile improvisé. Mais celui-ci ne vint pas. Le fantôme, nullement dérangé par la fournaise dont le vampire avait totalement abandonné le contrôle, les dévisageait de ses yeux vitreux. Il ne s'était pas défaussé de son sourire malsain, visiblement très amusé par les efforts du vampire.
Les fenêtres. Elles étaient à la fois si proche et si éloignées. Ils devaient les atteindre. Coûte que coûte. Tirant à nouveau le garçon contre lui, il lâcha un hoquet de surprise. Ce n'était plus l'enfant qu'il serrait contre sa poitrine mais l'occupant de cette sinistre demeure qui lui offrit son sourire le plus macabre. Avec un glapissement de surprise, Mandrak le repoussa. En vain : ses poignets passèrent à travers le corps immatériel. En désespoir de cause, il rampa en arrière pour s'éloigner du petit homme, s'éloignant de son échappatoire tant désiré.
Il avait perdu le môme. Cette chose jouait avec ses sens. Elle le manipulait comme un marionnettiste agite les fils de son pantin. Rien de ce qu'il voyait n'avait de sens, hormis les blessures qu'il accumulait au fil des secondes. A ce rythme-là il aurait succombé aux illusions et artifices de ce maudit spectre dans quelques minutes. Acculé, il s'adossa au mur et ferma les yeux.
Rien de ce qu'il voyait n'avait de sens. Il n'entendait que le crépitement de ses propres flammes. Ne sentait que poussière de ce lieu et la fumée de ses flammes. Le phantasme dans lequel il évoluait touchait ses cinq sens. Même les vents de magie qu'il discernait n'étaient que foutoir et il n'avait pas le temps de les démêler. Néanmoins... il restait un sens auquel il pouvait se fier. Un sens que son bourreau ne pouvait connaître et donc abuser : les battements affolés d'un petit cœur. Rapides. Précipités par la terreur. Mais réels. Juste là, de l'autre côté de la porte bloquée par la commode. Il les percevait avec toute la précision du prédateur ayant ferré sa proie. Par quelque artifice, l’esprit était parvenu à lui faire quitter la pièce !
- Tu abuses de mes sens et de ma patience, revenant ! s'écria-t-il avec irritation en rouvrant les yeux.
Visiblement amusé, l'autre inclina la tête sans se départir de son sourire morbide, s'étirant littéralement d'une oreille à l'autre.
A cours d'options, Mandrak expira lentement avant d'esquisser une grimace. Il rebroussa sa manche gauche avant de poser l'index sur une boursouflure au milieu de son poignet. Se forçant au calme, il ferma à nouveau les yeux et se détourna du spectre comme de l'enfant. Il n'y avait aucune échappatoire à ce traquenard. Nulles armes ou magies n'affectaient l'être immatériel.
Toutefois, le vampire possédait un dernier atout. Une carte que jamais il n'aurait imaginé utiliser dans ces conditions. Canalisant le vent noir avec précaution, Mandrak ouvrit un passage depuis l'excroissance lovée au creux de son bras.
Un grondement bestial résonna aussitôt dans la pièce comme la température, déjà basse malgré ses flammes, chutait de quelques degrés de plus. Il sentit un filet d'air repousser ses cheveux en arrière. Puis le parquet trembla sous un poids imposant. Un hoquet de surprise vint lui arracher un sourire de satisfaction comme il rouvrait les yeux.
Dominant le petit homme de toute sa hauteur, la créature conjurée était plus haute que le vampire lui-même. La tignasse immatérielle de l'homme éthéré fut projetée en arrière lorsque le monstre renâcla. Exactement comme lorsque Mandrak l'avait pourfendu en deux lors de son arrivée. Sauf qu'à présent le sourire suffisant de ce fantôme avait disparu, remplacé par une grimace d'effroi. Il faisait désormais face à un énorme reptile dressé sur deux pattes. Sa mâchoire garnie de crocs transparents s'abaissa à quelques centimètres de son visage.
- J'ai jadis effectué un voyage de l'autre côté de l'océan, commenta Manesh'k en se relevant tant bien que mal. J'y ai beaucoup perdu, mais je ne suis pas revenu les mains vides.
Ouvrant la gueule, le sang-froid spectral poussa un rugissement sauvage avant de happer le petit homme. Avec une furie animale, le monstre intangible secoua la tête de droite à gauche, déchirant les chairs immatérielles de sa victime. Mandrak eu la satisfaction de voir des projections de matières visqueuses à travers la pièce. Il saignait de l'ectoplasme. Sa monture lustrienne, habituellement incapable de toucher qui que ce soit d'autre que lui-même, pouvait blesser leur adversaire. D'un dernier mouvement de tête, elle projeta les restes du spectre qui volèrent à travers la pièce. Toutefois, Mandrak ne fut pas surpris de voir non pas un corps déchiqueté rouler au sol mais le petit homme dont les blessures avaient déjà disparues. Au détail près qu'il ne souriait plus et qu'une nouvelle émotion se lisait dans son regard jusque-là insondable. De la peur.
- Réduis-le en charpie.
Sans perdre un instant, il passa derrière le reptile qui se précipitait sur le fantôme avec un cri aigu. Sans effort, Mandrak envoya voler cette foutue commode. Et le coup de pied qu'il assena à la porte en fit trembler le chambranle. Le garçon se trouvait effectivement de ce côté du mur. Il posa sur le vampire un œil emplit de folie. Ses joues étaient inondées de larmes, traçant de multiples sillons dans la suie dont il était maculé.
Mandrak s'agenouilla un instant à sa hauteur, prenant le temps de plonger son regard dans le sien. Avec intensité il déclara :
- N'ai plus peur et ai confiance en moi.
Aussitôt le visage du garçon se décrispa. Ses yeux s’agrandirent, subjugués par ces prunelles écarlates.
- Ecoute ma voix...
A aucun moment il ne sentit le sol disparaître sous ses pieds comme un brouillard cotonneux emplissait brusquement la limite de son champ de vision.
Le gamin sous le bras, Mandrak dévala quatre à quatre les marches d'un escalier donnant sur le vestibule du rez-de-chaussée. A l'étage, la bataille faisait rage, de la poussière tombant du plafond à chaque pas du reptile. Le vampire doutait sincèrement que le nauglir vienne à bout de leur hôte. Néanmoins, il leur faisait gagner un temps précieux. A
présent, le môme était en sécurité contre lui et leur agresseur occupé. La sortie leur tendait les bras. Main sur la poignée, il ouvrit grand la porte qui n'opposa aucune résistance. Néanmoins, il s'abstint de fuir dans la nuit. Il n'aurait probablement pas de meilleure chance de détruire ce monstre et revenir l'affronter une autre nuit sans l'effet de surprise ne l'enchantait guère.
Sans reposer l'enfant, Mandrak revint au centre de la pièce. Il était temps de se pencher sur la pagaille arcanique qu'était cette demeure. S'ouvrant aux vents, il retrouva dans son champ de vision les volutes d'énergies immatérielles qui se superposèrent à la réalité. Il discerna sans peine l'agitation engendrée par la conjuration de sa monture. Il l'ignora. Tout comme Aqshy et deux autres vents colorés dont il ignorait les noms. Ne restait que le vent sombre. Le vent des morts. Il tourbillonnait furieusement en direction du plafond tel un cordon ombilical... reliant le spectre dans ce monde ? Se pouvait-il que cet homme désincarné soit relié à cet endroit par une ancre spirituelle ?
Esquissant un sourire carnassier, Mandrak se détourna de la porte d'entrée. Il remonta à la place le courant arcanique jusqu'à un nouvel escalier. Il s'enfonçait dans les profondeurs du bâtiment, vers la cave. Sans hésiter, il plongea dans les ténèbres. L'enfant ne discernait probablement plus rien, mais c'était probablement pour le mieux. Le vampire y voyait comme en plein jour et même lui sentit son estomac protester. Les gosses disparut étaient là. Tous. Leurs corps méconnaissables, chacun mutilé de plus atroce manière que le précédent. Et au beau milieu de ce charnier, incrusté dans le sol par la poussière et la saleté, gisait les restes momifiés d'un individu de petite taille. Sans surprise, de ce cadavre jaillissait le flux arcanique qui disparaissait dans les étages.
Sans plus de cérémonie, Mandrak leva son bras libre et claqua des doigts. Aussitôt, une étincelle embrasa le corps ancien. D'une pensée, il attisa les flammes qu'il propagea rapidement aux restes des malheureux. Un repos qui ne serait jamais plus troublé était la seule chose qu'il pouvait leur offrir désormais.
Un hurlement résonna soudain dans les étages. Le fantôme jusque-là muet semblait avoir retrouvé la parole comme sa dépouille rôtissait face au vampire. Et tout aussi brusquement, le cri s'arrêta. Mandrak eut la satisfaction de voir les derniers filets de magie s'étioler sous ses yeux, consumé par Aqshy comme les restes l'étaient par ses flammes. Quel que soit la sorcellerie qui avait lié ce fou à cette demeure, il était parvenu à la dissiper.
*
Tenant la main du garçon, il s'abaissa une dernière fois à sa hauteur, captant son regard.
- Va, déclara-t-il avec douceur. Ta maison se trouve à quelques mètres. Retrouve tes parents, ils t'attendent. Et quoi qu'il arrive, souvient-toi : tu t'es perdu dans les bois. Tu as retrouvé ton chemin au clair de lune. Quant à la suie...
- ...j'ai trébuché sur les restes d'un feu de camp, répéta-t-il d'un ton monocorde.
Le vampire approuva d'un hochement de la tête. Le regard vague, l'enfant fit un premier pas maladroit. Puis marcha jusqu'à chez lui tel un automate, a peine conscient de ces propres mouvements.
Satisfait, Mandrak se releva. Au lever du jour, le petit n'aurait aucun souvenir de son aventure. C'était mieux ainsi. Ces pauvres gens n'avaient pas besoin de savoir quel mal se tapissait à quelques kilomètres de chez eux. Jusqu'à cette nuit.
Faisant demi-tour, il s'engagea tranquillement dans les ombres du sous-bois. L'imposante créature immatérielle leva le mufle en sa direction comme il approchait. Chose rare, il gratifia le reptile spectral d'une caresse sur le museau. Il lui devait une fière chandelle sur ce coup là.
- Plus qu'à reprendre la route de Dol'Valhar soupira-t-il.
Las, il se tourna vers le ciel obscur. Il discernait à peine les lunes avec la végétation au-dessus d'eux. Mais devinait l'heure avancée. Il ne serait pas de retour au village pour l'aube. Il lui faudrait passer le jour tapis dans les bois. Ses épaules s'affaissèrent lentement. Entre ses habits en lambeaux et maculés de suie ou le retard dont elle ne manquerait pas de s'inquiéter, il redoutait d'avance les reproches de Carmen...
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Palmares : Champion du Fort de Sang, Comte de la Crypte 2018 & 2022, Organisateur des affrontements festifs d'Ubersreik
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mar 30 Jan 2018 - 18:55
Un petit récit fort sympathique que voilà Cela me donne envie de me replonger dans Feu&Sang tiens, il me restait encore le dernier chapitre à lire si mes souvenirs sont bons.
Je tiens aussi à noter la façon dont tu décrit la magie et son utilisation. C'est d'une fluidité qui mérite le respect.
Je tiens aussi à noter la façon dont tu décrit la magie et son utilisation. C'est d'une fluidité qui mérite le respect.
_________________
"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
Terry Pratchett
- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mar 13 Fév 2018 - 14:24
Merci du com' Hjalmar
Retour chez les lézards. Je pensais avoir publié ce chapitre ici il y a longtemps mais ce n'est pas le cas. Du coup après ceci je crois que je n'ai plus rien en ligne qui n'ai été partagé sur ce forum.
Porté par les courants aériens, il survolait l'imposant complexe dans en silence. En quelques instants il se retrouva au-dessus de son objectif dont la couleur tranchait avec les pierres alentours. Traversant son territoire de chasse, il avait remarqué l'apparition brutale de cette nouvelle mare. Ainsi que les proies facile qui y avaient déjà élu domicile. Rien ne pouvait échapper à son regard perçant, pas même la menaçante créature bipède qui rôdait en permanence près de celle-ci. Et celle-ci était justement absente en ce moment même. Comment refuser un tel festin, offert par la providence ?
Incurvant ses ailes volumineuses, il sentit le tapis d'air gonfler son plumage comme il amorçait sa descente. Tournoyant, attentif au moindre détail, il cherchait la bête si souvent vue dans cette partie de la forêt. Une bête solitaire, incapable de le suivre dans les airs. Mais son instinct lui intimait de ne pas s'y frotter. Prudence comme lâcheté étaient des concepts étranger au rapace dont les griffes se plantèrent dans l'écorce. En revanche, il savait se montrer opportuniste quand l'occasion se présentait. L'arbre où il venait de se poser plongeait dans la mare étonnamment fraîche à l'ombre d'une structure dévorée par les plantes grimpantes.
Une dernière fois, il balaya l'endroit de ses grands yeux jaunes. Le lieu était désert. Il était seul. Seul avec ses proies. Celles-ci se tortillaient sous la surface de l'eau. Inclinant la tête, il en estima la profondeur à présent qu'il avait osé s'en approcher. Et en conclut qu'elle était plus profonde qu'il ne s'y serait attendu, mais surtout, pas assez pour dissimuler un quelconque prédateur embusqué. Même si dans les profondeurs il pensait discerner… sous les remous causés par les gros têtards… Avide de découvrir un met inattendu, il approcha son bec de l'eau…
Un mouvement suspect le fit bondir de côté. L'instant suivant une douleur fulgurante lui traversa le poitrail. L’imposant rapace roula de côté en lâchant un cri assourdissant et dévala les quelques marches du bassin, bâtant des ailes pour se redresser. Bondissant du muret végétal surplombant ses protégés, le reptile aux écailles bigarrée se redressa en brandissant une seconde javeline. Bien que blessé, l'oiseau mesurait facilement deux fois la taille de Keg'zalt pour une envergure des plus impressionnantes. Et était doté d'ergots acérés. Tentant maladroitement de redécoller de battements d'ailes furieux, il fouetta l'air de ses pattes et essaya de taillader l'homme-caméléon. Mais celui-ci le prit de vitesse et chargea, bondissant au-dessus des serres tranchantes. La seconde javeline pénétra profondément l'épaule de l’intrus, un nouvel élan lui paralysant l'aile dans la foulée. Tout deux retombèrent sur le sol pavé dans un amas confus d'écailles et de plumes.
Quelques moments plus tard le calme était revenu sur les ruines. Péniblement, Keg'zalt se redressa. Ses doigts épais étaient encore fermement serrés sur les manches de ses armes. Il secoua la tête, puis abandonna là la dépouille de son ennemi. Malgré la plaie profonde à sa hanche, il se traîna sur trois pattes jusqu'au rebords du bassin. Impassible, il laissa toutefois transparaître son soulagement lorsque ses épaules s'affaissèrent. Ses protégés n'avaient rien.
Tournant son regard vers l'imposant rapace, il l'étudia longuement, mettant de côté la douleur lancinante qu'il éprouvait. Voila trois jours qu'il avait remarqué le manège du rapace géant. Après une première approche alors qu'il avait la négligence de consulter les autres bassins de la cité, il c'était contenté de survoler les lieux en planant très haut dans le ciel. Mais le regard de Keg'zalt ne cillait jamais, pas même au zénith. Et sa patience ne souffrait aucune rivale. Il avait attendu embusqué pendant toute une journée, accroché dans le lierre et imitant le motif complexe des entrelacs végétaux. Le reptile était parvenu à tromper les sens affûtés de l'oiseau. Et venait d'obtenir de quoi se sustenter pour les jours à venir.
Le caméléon l'ignorait, mais il était le doyen de toutes les créatures de la jungle. Et il pratiquait l'art de l'embuscade depuis sa prime jeunesse avec un talent perfectionné au fil des siècles.
L’astre brûlant poursuivait inlassablement sa course, jours après jours. Et malgré l’épreuve de la chaleur, Keg’zalt continuait à surveiller le bassin, attentif de l’aube au crépuscule. Et pourtant le nouveau jour trouvait le reptile éveillé. Toujours attentif. Il ne s’éclipsait plus depuis l'attaque une semaine plus tôt.
Depuis des milliers d’années, les bassins s’étaient taris, n’engendrant plus de nouveaux reptiles. Et, les siècles passant, tous ceux de la cité avaient trouvés la mort. Uns par uns. Jusqu’à ce que Keg’zalt ne finisse seul. Dernier survivant d’un monde révolu.
Mais l’espoir renaissait. Au fil des jours, il voyait les amphibiens grandir sous ses yeux, évoluant sous la surface de l'eau. Les plus téméraires venaient déjà happer au vol les libellules qui flânaient au bord de l'onde. Dans une lune à peine ils seraient assez grands et forts pour émerger.
Si le caméléon restait de longues heures immobile, son esprit lui bouillonnait. Quels étaient les projets des anciens disparus ? Pourquoi donner redonner vie à leur espèce éteinte ? Avaient-ils réellement anticipés qu’il serait seul pour accueillir cette nouvelle génération ? Serait-il capable de leur transmettre ses propres connaissances ? Encore eu-t-il fallut qu’il se rappelle comment communiquer. Il n’avait pas articulé un mot depuis plus d’un demi-millénaire. De plus… il était peut-être encore tôt pour se projeter dans l’avenir. Keg’zalt était âgé. Très âgé. Mais il avait des souvenirs très précis sur le sort à réserver aux portées difformes. Et si ses espoirs devaient n’être que des mirages, la lame ébréchée à son flanc ne lui ferait pas défaut.
- Elle existe ! S'écria-t-il.
Titubant d'émotion, la poignée de primates franchit les colonnades délimitant jadis les portes de la cité.
- Elle existe ! Elle existe elle existe elle existe ! J'vous l'avais bien dit bande d'idiots !
Et pour ponctuer sa déclaration, il alla embrasser le crâne dégarnit d'un de ses compagnons à bout de souffle. A la différence du reste du groupe, le spécimen le plus loquace n'était pas affublé d'un lourd paquetage et allait déjà s'aventurer dans les premières ruelles. Maugréant, les autres lui emboîtèrent péniblement le pas, dégoulinant de sueur en quittant la jungle étouffante.
- Suivre les dessins gravés sur le mur d'une ruine… tu parles d'une idée…
- Une idée à la con, surenchérit son voisin. Pourtant il a vu juste… et tu me doit trois pièces.
- J'ai l'air de les avoir sur moi ?
Alors que les sherpas suivaient leur ‘guide’, ils ne remarquèrent pas l'ombre toute proche glisser dans les fougères.
- C'est tout bonnement incroyable, poursuivit le premier primate. Quel genre d'homme a bien pu vivre dans un tel endroit ?
- Hey l'génie, et si tu arrêtais de baver sur ce que tu vois pour plutôt nous dégotter où on va récupérer d'l'or ?
- De l'or, oui oui de l'or… répéta le guide sans réellement l'écouter, ébloui par les baraquements dévorés par le lierre. Même après tant d'années ils résistent au ravages du temps, pensa-t-il à voix haute.
Exaspérés, les suivants déposèrent leurs paquetages à l'ombre d'une statue éboulée. D'un œil mauvais, le premier des trois larrons murmura en désignant l'illuminé du menton :
- Nikolas, tu crois pas qu'on devrait l'planter là ?
Ces deux complices échangèrent un regard étonné, puis lorgnèrent eux-aussi vers le quatrième de leur groupe.
- On s'est trimballés tout l'bardas pendant des semaines à travers la jungle pendant qu'y crapahutait devant. Dévorés par les moustiques, empêtrés dans les marais, a bouffer des saletés avariées…
- Bouffés par les sangsues… ajouta Nikolas en reniflant.
- Bouffés par les sangsues, acquiesça le premier en hochant la tête.
- Et aussi Aie !
Le-dis Nikolas se claqua le mollet en pestant. Mais le mal était fait et la piqûre lui brûlait déjà la peau.
- Foutu pays de mes deux !
Les quatre primates progressèrent dans les allées désertes de la cité. Sans remarquer l'ombre silencieuse qui longeait leur avancée.
- Deux pièces qu'on trouve de l'or avant ce soir ! relança l'un des porteurs en sortant d'une bâtisse vide.
- Tenu !
- Tu m'devras bientôt deux pièces de plus, ricana-t-il. Y'a de l'or dans cette ville. J'le sens. Et…
Il fit un bond en avant tout en poussant un glapissement minable. Les autres sursautèrent alors qu'il frottait vigoureusement son postérieur.
- Foutu moustiques ! s'écria-t-il. Comment un si petit truc peut-il faire aut…
S'arrêtant en pleine tirade, il se pencha pour ramasser par terre un petit objet. L'étudiant le nez collé à la main, il fronça les sourcils.
- Qu'est-ce ? s'étonna Nikolas en approchant.
Sans un mot, il lui montra ce qu'il tenait. Une petite aiguille. Un filet de sang était tracé sur sa paume par la pointe de celle-ci.
- C'est quoi ces conneries ?
- Un aiguillon, murmura le sherpa à calvitie. Un aiguillon…
Perdant toutes couleurs, il se rua sur son paquetage et s'empressa d'en tirer une machette. Il dégaina son arme devant ses compagnons, surpris par sa réaction, comme il scrutait les hauteurs des toits environnants.
- Allez repartons, déclara citadin d'un ton jovial. J'ai hâte de découvrir des…
- Silence ! ordonna Nikolas avec autorité. Vous…
Un hoquet l'interrompit à son tour. Tous se tournèrent vers lui alors qu'un nouveau haut-le-cœur lui agitait les épaules. Il s'appuya sur le mur proche pour conserver son équilibre, se cachant la bouche du dos de la main.
- Nikolas ? Sa…
Mais il tomba brusquement à genoux et laissa échapper une gerbe écarlate. Pris d'une violente quinte de toux, il se maintint un instant dans cette posture comme aucun n'osait l'approcher. Tétanisés. Puis ses inspirations devinrent un sifflement aigu comme il tentait de respirer. Mais un nouveau soubresaut l'agita, suivit d'une crise de vomissement supplémentaire. Il s'effondra enfin, tremblant quelques secondes avant de finalement s'immobiliser dans un dernier sifflement étouffé.
Paralysés par cette scène qui n'avait duré que quelques instants, les survivants échangèrent des regards paniqués. Blêmissant à vue d’œil, le sherpa tenant l'aiguillon le lâcha comme s'il venait d'être brûlé.
- Foutons le camp ! s'écria son camarade.
Toutefois, le primate qu'ils avaient guidé jusque là protesta vivement :
- Il n'en est pas question ! Nous sommes si près du but et nous…
Il fut happé en pleine protestation par un choc sourd qui le projeta en avant. Hébété, ses deux interlocuteurs le virent s'affaisser sans un bruit. Un long manche de bois lui traversait l'abdomen, la pointe acérée lui ressortant sous le torse de plus d'une dizaine de centimètres. Sans demander leur reste, les deux rescapés tournèrent les talons et fuirent dans la direction opposée.
Mais à peine une dizaine de minutes plus tard, l'un des sherpas fut à son tour pris d'une quinte de toux. Alors que son compagnon dégarni l'exhortait à continuer, il s'effondra et vida ses tripes. Jurant, il l'abandonna à son sort et prit ses jambes à son cou. Il ne savait pas qui les agressait. Il ne savait pas pourquoi. Mais il n'en avait cure. Il ne voulait que quitter cet endroit de cauchemar et retourner à la sécurité toute relative de la foret vierge.
A bout de souffle, il déboula à un embranchement et prit le temps de calmer sa respiration. S'essuyant le front dégoulinant de sueur, il parcouru les trois allées du regard. Mais aucun signe de leur invisible assaillant.
- Foutue cité, cracha-t-il en reculant pas à pas.
Un clapotis dans son dos le fit brusquement sursauter. Il fit volte-face et découvrit un bassin artificiel dans lequel gisait une souche imposante. Une brise rafraîchissante provenant de l'eau stagnante vint le cueillir au visage. Étonnamment, elle n'était pas verdâtre comme les marais tout autour, mais d'un bleu trouble où s'agitaient quelques ombres.
Un sifflement soudain trahi le projectile furtif. Il plongea en avant pour éviter la javeline qui passa au-dessus de lui. Recrachant une gorgée d'eau fraîche, il se redressa et secoua la tête. Prêt à bondir de côté, il parcourut les ruelles du regard. Mais toujours aucun signe de… lentement sa mâchoire s’abaissa lorsqu'une silhouette se détacha des pierres d'un mur face à lui. La couleur de ses écailles virait au vert foncé, plus clair sur l'abdomen. Un reptile bipède était pendu d'un bras à l'arrête du toit. Il se laissa tomber au sol, fixant le primate de ses yeux globuleux et dépourvus de paupières.
- Approche pas ! s'écria-t-il en menaçant l'étrange créature de sa machette. Approche pas ou je coupe en rondelles !
Enfoncé dans l'eau jusqu'aux hanches, il recula pas à pas pour s'éloigner du monstre ignorant ses menaces. Jusqu'à ce que son talon ne bute contre quelque chose qui reflua à son contact.
- Que…
Levant les bras, il réalisa finalement qu'il n'était pas seul dans le bain. Une multitude de créature se cachait sous la surface de l'eau. Il abattit son arme un grand coup, tentant de donner un coup de pied à l'une d'elle qu'il aperçut entre deux reflets de lumière. Malgré ses mouvements ralentis par l'eau, il parvint à toucher sa cible qui passa une seconde à la surface. Un autre reptile. Pas plus gros qu'un chiot.
- T'approches pas ! s'écria-t-il à nouveau en revenant au bipède, arrivé aux pierres délimitant son bassin. J'te coupe en rondelles !
Dos au muret opposé, il pointait son arme vers le caméléon immobile. Attentif. Le reptile avait remarqué le remous au pied du primate paniqué. Pas celui-ci.
Dans une grande éclaboussure, une forme sombre jaillit soudain de l'eau. Surpris, le dégarni ne put frapper cette nouvelle menace qui s'accrocha à son torse avant de peser de tout son poids. Il sentit plus qu'il ne vit la profonde griffure qui lui parcourut le visage du front au menton. Battant des bras, il s'effondra lentement contre la paroi comme un étau implacable se resserrait sur sa gorge. Il poussa un cri étranglé en disparaissant sous l'eau, entraîné par la bête moins pesante que lui mais faisant preuve d'une force prodigieuse.
Immobile, Keg'zalt observa les dernières bulles d'air remonter à la surface du bassin agité de derniers tourbillons qui se teintait de rouge. Il resta un long moment à méditer ce à quoi il venait d'assister.
Dans ce bassin ne venait pas seulement de renaître une génération d'homme-lézards. Un frère de couvée, bien plus puissant, se trouvait parmi eux.
Retour chez les lézards. Je pensais avoir publié ce chapitre ici il y a longtemps mais ce n'est pas le cas. Du coup après ceci je crois que je n'ai plus rien en ligne qui n'ai été partagé sur ce forum.
Abandonnés des cieux
Chapitre 1
Chapitre 1
Porté par les courants aériens, il survolait l'imposant complexe dans en silence. En quelques instants il se retrouva au-dessus de son objectif dont la couleur tranchait avec les pierres alentours. Traversant son territoire de chasse, il avait remarqué l'apparition brutale de cette nouvelle mare. Ainsi que les proies facile qui y avaient déjà élu domicile. Rien ne pouvait échapper à son regard perçant, pas même la menaçante créature bipède qui rôdait en permanence près de celle-ci. Et celle-ci était justement absente en ce moment même. Comment refuser un tel festin, offert par la providence ?
Incurvant ses ailes volumineuses, il sentit le tapis d'air gonfler son plumage comme il amorçait sa descente. Tournoyant, attentif au moindre détail, il cherchait la bête si souvent vue dans cette partie de la forêt. Une bête solitaire, incapable de le suivre dans les airs. Mais son instinct lui intimait de ne pas s'y frotter. Prudence comme lâcheté étaient des concepts étranger au rapace dont les griffes se plantèrent dans l'écorce. En revanche, il savait se montrer opportuniste quand l'occasion se présentait. L'arbre où il venait de se poser plongeait dans la mare étonnamment fraîche à l'ombre d'une structure dévorée par les plantes grimpantes.
Une dernière fois, il balaya l'endroit de ses grands yeux jaunes. Le lieu était désert. Il était seul. Seul avec ses proies. Celles-ci se tortillaient sous la surface de l'eau. Inclinant la tête, il en estima la profondeur à présent qu'il avait osé s'en approcher. Et en conclut qu'elle était plus profonde qu'il ne s'y serait attendu, mais surtout, pas assez pour dissimuler un quelconque prédateur embusqué. Même si dans les profondeurs il pensait discerner… sous les remous causés par les gros têtards… Avide de découvrir un met inattendu, il approcha son bec de l'eau…
Un mouvement suspect le fit bondir de côté. L'instant suivant une douleur fulgurante lui traversa le poitrail. L’imposant rapace roula de côté en lâchant un cri assourdissant et dévala les quelques marches du bassin, bâtant des ailes pour se redresser. Bondissant du muret végétal surplombant ses protégés, le reptile aux écailles bigarrée se redressa en brandissant une seconde javeline. Bien que blessé, l'oiseau mesurait facilement deux fois la taille de Keg'zalt pour une envergure des plus impressionnantes. Et était doté d'ergots acérés. Tentant maladroitement de redécoller de battements d'ailes furieux, il fouetta l'air de ses pattes et essaya de taillader l'homme-caméléon. Mais celui-ci le prit de vitesse et chargea, bondissant au-dessus des serres tranchantes. La seconde javeline pénétra profondément l'épaule de l’intrus, un nouvel élan lui paralysant l'aile dans la foulée. Tout deux retombèrent sur le sol pavé dans un amas confus d'écailles et de plumes.
Quelques moments plus tard le calme était revenu sur les ruines. Péniblement, Keg'zalt se redressa. Ses doigts épais étaient encore fermement serrés sur les manches de ses armes. Il secoua la tête, puis abandonna là la dépouille de son ennemi. Malgré la plaie profonde à sa hanche, il se traîna sur trois pattes jusqu'au rebords du bassin. Impassible, il laissa toutefois transparaître son soulagement lorsque ses épaules s'affaissèrent. Ses protégés n'avaient rien.
Tournant son regard vers l'imposant rapace, il l'étudia longuement, mettant de côté la douleur lancinante qu'il éprouvait. Voila trois jours qu'il avait remarqué le manège du rapace géant. Après une première approche alors qu'il avait la négligence de consulter les autres bassins de la cité, il c'était contenté de survoler les lieux en planant très haut dans le ciel. Mais le regard de Keg'zalt ne cillait jamais, pas même au zénith. Et sa patience ne souffrait aucune rivale. Il avait attendu embusqué pendant toute une journée, accroché dans le lierre et imitant le motif complexe des entrelacs végétaux. Le reptile était parvenu à tromper les sens affûtés de l'oiseau. Et venait d'obtenir de quoi se sustenter pour les jours à venir.
Le caméléon l'ignorait, mais il était le doyen de toutes les créatures de la jungle. Et il pratiquait l'art de l'embuscade depuis sa prime jeunesse avec un talent perfectionné au fil des siècles.
L’astre brûlant poursuivait inlassablement sa course, jours après jours. Et malgré l’épreuve de la chaleur, Keg’zalt continuait à surveiller le bassin, attentif de l’aube au crépuscule. Et pourtant le nouveau jour trouvait le reptile éveillé. Toujours attentif. Il ne s’éclipsait plus depuis l'attaque une semaine plus tôt.
*
Depuis des milliers d’années, les bassins s’étaient taris, n’engendrant plus de nouveaux reptiles. Et, les siècles passant, tous ceux de la cité avaient trouvés la mort. Uns par uns. Jusqu’à ce que Keg’zalt ne finisse seul. Dernier survivant d’un monde révolu.
Mais l’espoir renaissait. Au fil des jours, il voyait les amphibiens grandir sous ses yeux, évoluant sous la surface de l'eau. Les plus téméraires venaient déjà happer au vol les libellules qui flânaient au bord de l'onde. Dans une lune à peine ils seraient assez grands et forts pour émerger.
Si le caméléon restait de longues heures immobile, son esprit lui bouillonnait. Quels étaient les projets des anciens disparus ? Pourquoi donner redonner vie à leur espèce éteinte ? Avaient-ils réellement anticipés qu’il serait seul pour accueillir cette nouvelle génération ? Serait-il capable de leur transmettre ses propres connaissances ? Encore eu-t-il fallut qu’il se rappelle comment communiquer. Il n’avait pas articulé un mot depuis plus d’un demi-millénaire. De plus… il était peut-être encore tôt pour se projeter dans l’avenir. Keg’zalt était âgé. Très âgé. Mais il avait des souvenirs très précis sur le sort à réserver aux portées difformes. Et si ses espoirs devaient n’être que des mirages, la lame ébréchée à son flanc ne lui ferait pas défaut.
*
- Elle existe ! S'écria-t-il.
Titubant d'émotion, la poignée de primates franchit les colonnades délimitant jadis les portes de la cité.
- Elle existe ! Elle existe elle existe elle existe ! J'vous l'avais bien dit bande d'idiots !
Et pour ponctuer sa déclaration, il alla embrasser le crâne dégarnit d'un de ses compagnons à bout de souffle. A la différence du reste du groupe, le spécimen le plus loquace n'était pas affublé d'un lourd paquetage et allait déjà s'aventurer dans les premières ruelles. Maugréant, les autres lui emboîtèrent péniblement le pas, dégoulinant de sueur en quittant la jungle étouffante.
- Suivre les dessins gravés sur le mur d'une ruine… tu parles d'une idée…
- Une idée à la con, surenchérit son voisin. Pourtant il a vu juste… et tu me doit trois pièces.
- J'ai l'air de les avoir sur moi ?
Alors que les sherpas suivaient leur ‘guide’, ils ne remarquèrent pas l'ombre toute proche glisser dans les fougères.
- C'est tout bonnement incroyable, poursuivit le premier primate. Quel genre d'homme a bien pu vivre dans un tel endroit ?
- Hey l'génie, et si tu arrêtais de baver sur ce que tu vois pour plutôt nous dégotter où on va récupérer d'l'or ?
- De l'or, oui oui de l'or… répéta le guide sans réellement l'écouter, ébloui par les baraquements dévorés par le lierre. Même après tant d'années ils résistent au ravages du temps, pensa-t-il à voix haute.
Exaspérés, les suivants déposèrent leurs paquetages à l'ombre d'une statue éboulée. D'un œil mauvais, le premier des trois larrons murmura en désignant l'illuminé du menton :
- Nikolas, tu crois pas qu'on devrait l'planter là ?
Ces deux complices échangèrent un regard étonné, puis lorgnèrent eux-aussi vers le quatrième de leur groupe.
- On s'est trimballés tout l'bardas pendant des semaines à travers la jungle pendant qu'y crapahutait devant. Dévorés par les moustiques, empêtrés dans les marais, a bouffer des saletés avariées…
- Bouffés par les sangsues… ajouta Nikolas en reniflant.
- Bouffés par les sangsues, acquiesça le premier en hochant la tête.
- Et aussi Aie !
Le-dis Nikolas se claqua le mollet en pestant. Mais le mal était fait et la piqûre lui brûlait déjà la peau.
- Foutu pays de mes deux !
Les quatre primates progressèrent dans les allées désertes de la cité. Sans remarquer l'ombre silencieuse qui longeait leur avancée.
- Deux pièces qu'on trouve de l'or avant ce soir ! relança l'un des porteurs en sortant d'une bâtisse vide.
- Tenu !
- Tu m'devras bientôt deux pièces de plus, ricana-t-il. Y'a de l'or dans cette ville. J'le sens. Et…
Il fit un bond en avant tout en poussant un glapissement minable. Les autres sursautèrent alors qu'il frottait vigoureusement son postérieur.
- Foutu moustiques ! s'écria-t-il. Comment un si petit truc peut-il faire aut…
S'arrêtant en pleine tirade, il se pencha pour ramasser par terre un petit objet. L'étudiant le nez collé à la main, il fronça les sourcils.
- Qu'est-ce ? s'étonna Nikolas en approchant.
Sans un mot, il lui montra ce qu'il tenait. Une petite aiguille. Un filet de sang était tracé sur sa paume par la pointe de celle-ci.
- C'est quoi ces conneries ?
- Un aiguillon, murmura le sherpa à calvitie. Un aiguillon…
Perdant toutes couleurs, il se rua sur son paquetage et s'empressa d'en tirer une machette. Il dégaina son arme devant ses compagnons, surpris par sa réaction, comme il scrutait les hauteurs des toits environnants.
- Allez repartons, déclara citadin d'un ton jovial. J'ai hâte de découvrir des…
- Silence ! ordonna Nikolas avec autorité. Vous…
Un hoquet l'interrompit à son tour. Tous se tournèrent vers lui alors qu'un nouveau haut-le-cœur lui agitait les épaules. Il s'appuya sur le mur proche pour conserver son équilibre, se cachant la bouche du dos de la main.
- Nikolas ? Sa…
Mais il tomba brusquement à genoux et laissa échapper une gerbe écarlate. Pris d'une violente quinte de toux, il se maintint un instant dans cette posture comme aucun n'osait l'approcher. Tétanisés. Puis ses inspirations devinrent un sifflement aigu comme il tentait de respirer. Mais un nouveau soubresaut l'agita, suivit d'une crise de vomissement supplémentaire. Il s'effondra enfin, tremblant quelques secondes avant de finalement s'immobiliser dans un dernier sifflement étouffé.
Paralysés par cette scène qui n'avait duré que quelques instants, les survivants échangèrent des regards paniqués. Blêmissant à vue d’œil, le sherpa tenant l'aiguillon le lâcha comme s'il venait d'être brûlé.
- Foutons le camp ! s'écria son camarade.
Toutefois, le primate qu'ils avaient guidé jusque là protesta vivement :
- Il n'en est pas question ! Nous sommes si près du but et nous…
Il fut happé en pleine protestation par un choc sourd qui le projeta en avant. Hébété, ses deux interlocuteurs le virent s'affaisser sans un bruit. Un long manche de bois lui traversait l'abdomen, la pointe acérée lui ressortant sous le torse de plus d'une dizaine de centimètres. Sans demander leur reste, les deux rescapés tournèrent les talons et fuirent dans la direction opposée.
Mais à peine une dizaine de minutes plus tard, l'un des sherpas fut à son tour pris d'une quinte de toux. Alors que son compagnon dégarni l'exhortait à continuer, il s'effondra et vida ses tripes. Jurant, il l'abandonna à son sort et prit ses jambes à son cou. Il ne savait pas qui les agressait. Il ne savait pas pourquoi. Mais il n'en avait cure. Il ne voulait que quitter cet endroit de cauchemar et retourner à la sécurité toute relative de la foret vierge.
A bout de souffle, il déboula à un embranchement et prit le temps de calmer sa respiration. S'essuyant le front dégoulinant de sueur, il parcouru les trois allées du regard. Mais aucun signe de leur invisible assaillant.
- Foutue cité, cracha-t-il en reculant pas à pas.
Un clapotis dans son dos le fit brusquement sursauter. Il fit volte-face et découvrit un bassin artificiel dans lequel gisait une souche imposante. Une brise rafraîchissante provenant de l'eau stagnante vint le cueillir au visage. Étonnamment, elle n'était pas verdâtre comme les marais tout autour, mais d'un bleu trouble où s'agitaient quelques ombres.
Un sifflement soudain trahi le projectile furtif. Il plongea en avant pour éviter la javeline qui passa au-dessus de lui. Recrachant une gorgée d'eau fraîche, il se redressa et secoua la tête. Prêt à bondir de côté, il parcourut les ruelles du regard. Mais toujours aucun signe de… lentement sa mâchoire s’abaissa lorsqu'une silhouette se détacha des pierres d'un mur face à lui. La couleur de ses écailles virait au vert foncé, plus clair sur l'abdomen. Un reptile bipède était pendu d'un bras à l'arrête du toit. Il se laissa tomber au sol, fixant le primate de ses yeux globuleux et dépourvus de paupières.
- Approche pas ! s'écria-t-il en menaçant l'étrange créature de sa machette. Approche pas ou je coupe en rondelles !
Enfoncé dans l'eau jusqu'aux hanches, il recula pas à pas pour s'éloigner du monstre ignorant ses menaces. Jusqu'à ce que son talon ne bute contre quelque chose qui reflua à son contact.
- Que…
Levant les bras, il réalisa finalement qu'il n'était pas seul dans le bain. Une multitude de créature se cachait sous la surface de l'eau. Il abattit son arme un grand coup, tentant de donner un coup de pied à l'une d'elle qu'il aperçut entre deux reflets de lumière. Malgré ses mouvements ralentis par l'eau, il parvint à toucher sa cible qui passa une seconde à la surface. Un autre reptile. Pas plus gros qu'un chiot.
- T'approches pas ! s'écria-t-il à nouveau en revenant au bipède, arrivé aux pierres délimitant son bassin. J'te coupe en rondelles !
Dos au muret opposé, il pointait son arme vers le caméléon immobile. Attentif. Le reptile avait remarqué le remous au pied du primate paniqué. Pas celui-ci.
Dans une grande éclaboussure, une forme sombre jaillit soudain de l'eau. Surpris, le dégarni ne put frapper cette nouvelle menace qui s'accrocha à son torse avant de peser de tout son poids. Il sentit plus qu'il ne vit la profonde griffure qui lui parcourut le visage du front au menton. Battant des bras, il s'effondra lentement contre la paroi comme un étau implacable se resserrait sur sa gorge. Il poussa un cri étranglé en disparaissant sous l'eau, entraîné par la bête moins pesante que lui mais faisant preuve d'une force prodigieuse.
Immobile, Keg'zalt observa les dernières bulles d'air remonter à la surface du bassin agité de derniers tourbillons qui se teintait de rouge. Il resta un long moment à méditer ce à quoi il venait d'assister.
Dans ce bassin ne venait pas seulement de renaître une génération d'homme-lézards. Un frère de couvée, bien plus puissant, se trouvait parmi eux.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Sam 24 Fév 2018 - 18:42
Ptit dessin rapide (car je me suis basé sur le dessin d'un autre artiste dont je n'ai pas trouvé le nom) de mon farfadet ayant quitté loren. Le pauvre, je me suis rendu compte après publication que, dans mon dernier chapitre publié, je l'avais complétement oublié... promis petit farfadet, je te trouverais une place dans le dernier chap !
- Spoiler:
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Dim 25 Fév 2018 - 23:34
Et j'ai failli rater ça à cause de mes problèmes d'ordi !
J'suis bien content que ça ait pas été le cas, ton farfadet est absolument superbe, enfin selon les critères des farfadets WHB bien sûr. Il a de sacrées proportions mais les formes sont très bien dosées et le tout rend très bien. Je note le travail de la texture, je trouve que c'est ce qui donne à la bête son côté beaucoup plus réaliste.
Allez, pour y aller de ma petite remarque, il m'a l'air d'avoir beaucoup de poids dans son avant du corps pour ne pas pouvoir se passer de s'appuyer de ses (gros) bras à la manière d'un gorille pour tenir en équilibre.
Et, pour ma curiosité, tu as fait ça sur palette graphique ?
Grom'
J'suis bien content que ça ait pas été le cas, ton farfadet est absolument superbe, enfin selon les critères des farfadets WHB bien sûr. Il a de sacrées proportions mais les formes sont très bien dosées et le tout rend très bien. Je note le travail de la texture, je trouve que c'est ce qui donne à la bête son côté beaucoup plus réaliste.
Allez, pour y aller de ma petite remarque, il m'a l'air d'avoir beaucoup de poids dans son avant du corps pour ne pas pouvoir se passer de s'appuyer de ses (gros) bras à la manière d'un gorille pour tenir en équilibre.
Et, pour ma curiosité, tu as fait ça sur palette graphique ?
Grom'
_________________
Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 26 Fév 2018 - 6:57
Pour la posture et les formes du corps, j'ai aucun mérite. J'ai pratiquement décalqué sur un vieux modèles de bête-hérisson qui me plaisait. J'ai juste refait le museaux et les 4 pattes.
Concernant le poids sur le haut du corps c'est volontaire. Je voulais une bête entre le hérisson et la grenouille avec une allure simiesque. Sans oublier qu'elle n'est pas sensée marcher : c'est une créature intangible cappable de flotter dans les airs. Et encore heureux vu ses pattes postérieures completement atrophiées.
Pour le matos j'ai en effet utilisé une palette de dessin, de categorie amateur (pas d'écran dessus donc je regarde mon ordi pour avoir un retour, pas de détecteur de pression pour nuancer le trait).
Concernant le poids sur le haut du corps c'est volontaire. Je voulais une bête entre le hérisson et la grenouille avec une allure simiesque. Sans oublier qu'elle n'est pas sensée marcher : c'est une créature intangible cappable de flotter dans les airs. Et encore heureux vu ses pattes postérieures completement atrophiées.
Pour le matos j'ai en effet utilisé une palette de dessin, de categorie amateur (pas d'écran dessus donc je regarde mon ordi pour avoir un retour, pas de détecteur de pression pour nuancer le trait).
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Sam 19 Mai 2018 - 16:05
Pas grand chose a voir avec Warhammer, mais cela reste du "fantastique".
Dans la lignée 'Inktober a lieu le #Mermay challenge. Grosso modo pour les artistes : dessiner une sirène par jour pendant tout le mois de Mais. Moi j'suis un piti joueur, j'en aurait fait qu'un
Dans la lignée 'Inktober a lieu le #Mermay challenge. Grosso modo pour les artistes : dessiner une sirène par jour pendant tout le mois de Mais. Moi j'suis un piti joueur, j'en aurait fait qu'un
- Spoiler:
- EssenSeigneur vampire
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Palmares : Organisateur des tournois du Fort du Sang, de la Reiksguard, des Duels de Lassenburg & de la ruée vers l'Eldorado
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Dim 20 Mai 2018 - 18:45
Une créature, ma foi, fort terrifiante ! Je me demande ce qu'elle compte faire avec cette main qui n'est pas la sienne : la manger, ou simplement jouer avec ?
Le rendu d'ensemble montre bien que ce n'est pas la première fois que tu t'exerces à l'art du dessin : belles proportions du corps et belle harmonie des traits du visage.
Juste un détail me rend perplexe : les petites membranes sous les aisselles, est-ce vraiment utile pour la nage ? S'il s'agit d'un ajout à visée esthétique, pour réhausser le côté "bête" de la sirène, je proposerais plutôt des écailles disséminées par-ci par-là sur sa peau.
Le rendu d'ensemble montre bien que ce n'est pas la première fois que tu t'exerces à l'art du dessin : belles proportions du corps et belle harmonie des traits du visage.
Juste un détail me rend perplexe : les petites membranes sous les aisselles, est-ce vraiment utile pour la nage ? S'il s'agit d'un ajout à visée esthétique, pour réhausser le côté "bête" de la sirène, je proposerais plutôt des écailles disséminées par-ci par-là sur sa peau.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 21 Mai 2018 - 14:15
vu ce qui dégouline à ses babines, je dirais la première option ^^
les proportions j'ai de la pratique, mais y'a beaucoup de choses très moyennes (épaules trop larges, buste trop bas, lien hanche/queue à revoir, l'enroulage de la queue à améliorer...). Les ailettes que tu as remarqué sont surtout là pour "cacher" que j'ai foiré la jonction bras/torse (j'ai refait 3 fois ce bras, mais en "traditionnel" les erreurs sont dures à corriger)
les proportions j'ai de la pratique, mais y'a beaucoup de choses très moyennes (épaules trop larges, buste trop bas, lien hanche/queue à revoir, l'enroulage de la queue à améliorer...). Les ailettes que tu as remarqué sont surtout là pour "cacher" que j'ai foiré la jonction bras/torse (j'ai refait 3 fois ce bras, mais en "traditionnel" les erreurs sont dures à corriger)
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 21 Mai 2018 - 23:44
Double posteu !
Aller c'est tout chaud et pas relut du tout mais je le partage quand même !
En fait c'est davantage dans ce genre de format que je voudrais écrire pour le moment, plus rapide à produire et partager. Moins d'intrigues étendues sur des dizaines de chapitres, eux-mêmes de vingtaines de pages que je met des mois à réaliser.
Retour à mes personnages développés durant le tournois de la reiksguard (précédent texte et résumé des personnages à ce lien).
Les plus perspicaces d'entre vous (et ayant lut Feu et Sang en intégralité) devraient apprécier et comprendre pourquoi je ne poursuit que maintenant les aventures de ces lascars en chemin pour le tournois de Hjalmar ^^
Il para la lame fusant doit sur son front, ployant sous la force du coup. Puis se décala d'un pas de côté, laissant le coup se perdre dans le vide. Sans perdre un instant il trancha son adversaire en deux avant de faire volte-face, anticipant déjà l'assaut du prochain ennemi d'une fente soudaine.
Nettoyant tranquillement son fusil, Jürger gardait un œil attentif aux mouvements de son ami bretonnien. Les yeux fermés, celui-ci s'adonnait à l'un de ses réguliers exercices d'escrime. Eux l'observait mouliner dans le vide. Mais dans son esprit, il était entouré de peaux-vertes innombrables, l'assaillant de toute parts. Pas chassé. Dévier un coup de hache au chef. Reculer d'un pas pour encaisse le coup de bouclier tout en retrouvant un meilleur équilibre. Contre-attaquer d'une fente à la gorge, alors que l'ennemi effectue un coup droit et ouvre sa garde.
Fredonnant une balade entendue lors du dernier tournois, Shannon laissait errer ses doigts sur les cordes de son luth en suivant la performance du bretonnien d'un œil vague.
…vint au seigneur des batailles
De sa lame il lui arracha quelques mailles
Mais l'ombre vint envelopper sa lumière
Et le brave paladin mordit la poussière
La victoire finalement acquise au diable cornu
Il ne s'accorda pas un instant de repos
Son maitre réalisant une nouvelle bévue…
- Bat toi avec moi, déclara brusquement l'enfant qui dévorait le chevalier écarlate du regard.
Shannon cligna des yeux, interrompue dans sa mélodie.
- Je te demande pardon ? Répondit Dagan après un instant de flottement, abaissant les bras.
De son côté Jürger se contenta de hausser les épaules lorsque son ami le chercha du regard. Il s'adossa contre son paquetage, peut désireux de se mêler des affaires du vampire.
- Je ne me battrais pas avec toi, lui indiqua Dagan en se détournant.
Reprenant une posture plus stable, il leva un bras en position de duel. Il ferma de nouveau les yeux, s'imaginant en un autre lieu.
- Aller, je ne te mordrais pas, le provoqua-t-il de nouveau.
La mâchoire de Dagan se crispa. Soupirant, il abandonna là son entrainement et rangea son arme. Il avait perdu sa concentration, se serait tout pour ce soir.
- Je ne me battrais pas avec un enfant, répéta Dagan d'une voix lasse. Combien de fois va-t-il falloir que je te le répète.
- Un enfant...
Sa bonne humeur s'estompa et ses épaules se voûtèrent. Blasé, il coula un dernier regard vers l'écu au griffon qu'arborait le bretonnien, mais n'ajouta pas un mot de plus. Il se leva et tourna les talons. Son masque dissimulant ses traits de jour à la main et son épée bâtarde accrochée dans le dos, l'enfant se dirigea vers le bords de leur campement.
- Moi je veux bien.
Il pivota, incrédule. Son expression était partagée par les deux hommes, tournés vers la ménestrelle tout sourire qui posait son instrument de côté.
- Cela dit… je n'ai pas d'arme, ajouta-t-elle penaude en levant les mains au ciel.
- Ce… ne devrait pas être un problème, lui répondit le garçon en revenant vers elle.
Se faisant, il l'examinait d'un œil nouveau. D'une certaine façon, Jürger fut plus surprit encore de la vitesse à laquelle l'enfant avait chassé sa stupeur que par cette déclaration de leur amie. De cet œil critique qu'il avait déjà eu en étudiant le harnachement du destrier bretonnien, le gosse étudiait la ménestrelle sous toutes ses coutures.
- Non, fit-il finalement comme le bretonnien tendait la poignée de son épée à Shannon.
- Il faudrait…
- Ses épaules sont trop frêles, coupa le garçon. Et ce malgré ses poignets musclés par la pratique de l'instrument.
Dagan étudia leur amie d'un regard nouveau. Il eut un sourire amusé en comprenant où il voulait en venir : l'arme serait tout simplement trop lourde pour sa camarade.
- Prends ma rapière en ce cas, déclara simplement le fusilier en levant son baudrier sans se lever.
- Cela devrait aller, l'en remercia le garçon d'un signe de la main. De simples branches seront bien plus adaptées à nos morphologies.
Joignant la pratique à la parole, il tira une dague de sa manche et s'empressa d'aller chercher de quoi leur découper des armes factices à la lisière du camp. S'essuyant le front, Dagan vint s'asseoir prêt du tireur étendu au sol. Il s'enfila une rapide gorgée de liqueur avant de lui demander discrètement :
- Tu savais qu'il avait ce poignard ?
Mais Jürger lui indiqua que non en fronçant le nez. Un enfant, vampire, cachant ses traits derrière un masque et refusant de leur indiquer son nom. Familier des arcanes et s'improvisant professeur d'escrime. Que pouvait-il leur cacher d'autre ?
- Adopte cette posture, lui indiqua le garçon quelques instants plus tard aux côté de la jeune femme. En tenant ta garde ainsi, genoux légèrement fléchis et près à bondir.
Pivotant, il lui fit face, levant la tête.
- Imaginons que je suis un gob… un halfling. Oui voila, un halfling c'est très bien. Je suis plus petit que toi et par conséquent je ne chercherais pas à atteindre ta tête ou tes épaules. Tes jambes ou ton ventre en…
Dubitatif, les deux adultes suivaient néanmoins les explications du garçon, étonnamment bonne pour son âge. Après quelques minutes, il fit quelques passes avec Shannon, les deux bâtons de bois se croisant. Puis il lui fit retrouver sa posture, bondissant vers elle selon un angle différent et l'obligeant à bloquer autrement.
- C'est moi… où il lui enseigne une croix ? Murmura Jürger après un instant. Jambe gauche, droite, épaule gauche, droite, chef…
- Il la lui enseigne à l'envers, mais c'est bien cela, confirma Dagan en reposant son outre.
Non content d'expliquer les bonnes postures des bases l'escrime impériale, l'enfant enchaina par des voltes rapides, évitant les fentes de la jeune femme qui mit genou à terre lorsqu'il lui tapa gentiment le creux du mollet.
- J'en ai assez vu, grinça finalement Jürger en se relevant.
- Non ne…
Mais avant que le bretonnien ne le retienne, le tireur à beau blafarde s'avança. Il posa la main sur la rapière à sa hanche.
- Tout compte fais, j'aurais bien envie de croiser le fer avec toi, déclara Jürger avec un coup d'œil insistant à la lame toujours accrochée entre les omoplates de son vis-à-vis.
Se tournant vers lui, l'enfant soutint son regard.
- Plus tard, répondit-il sèchement. Je suis occupé comme tu peux le voir.
- Tu…
- Jürger, laisse le finir, insista Shannon avec une moue innocente. Jamais vous n'avez joués ainsi avec…
Brusquement, elle porta les mains à sa bouche, retenant un sourire de plus en plus large.
- Tu es… jaloux ? Pouffa-t-elle.
- Moi ? S'offusqua-t-il. Jaloux ? D'un m…
Son regard revint à celui du garçon, tout aussi écarlate que le sien. Mais brûlant d'un feu bien différent.
- … d'un enfant ? Se reprit-il. Allons… c'est ridicule…
- En ce cas retourne t'asseoir, l'invita le cadet en écartant les bras avec désinvolture. J'essaye d'apprendre à se battre à la dame.
- A la dame ? Me trouves-tu si âgée ? Lui reprocha-t-elle brusquement.
- Âgée ? Je… non… enfin reprenons.
Suivant du coin de l'œil le tireur qui retournait s'asseoir en grommelant, il se concentra de nouveau sur son élève.
- C'était idiot de ta part, lui reprocha Dagan à mi-voix.
- Je sais, grinça-t-il en s'emparant de l'outre que lui tendait le bretonnien.
- Il sait qu'elle n'a pas réalisé sa nature. Mais regarde les : en rien il n'est une menace pour elle.
S'enfilant une bonne rasade, Jürger fusilla le vampire du regard.
- Pour le moment. Il est comme les autres. Tôt ou tard…
- Pour le moment ce qu'il lui apprends a de la valeur, souligna Dagan avec une mine sévère. Tu ne peux le nier.
- Certes…
Ce n'est qu'après presque une heure d'exercice au coin du feu, sous le regard de deux adulte et un destrier, que la leçon prit fin. Le souffle court mais ravie, Shannon ébouriffa les cheveux du garçon qui eu un imperceptible mouvement de recul. Sans le remarquer, elle se laissa tomber sur sa couverture face aux flammes.
- Passe moi ton outre Jür-jür, déclara-t-elle en tendant les bras. Je suis assoiffée.
- Tu t'es bien amusée à ce que je vois.
- Que oui, cela faisait longtemps ! S'écria-t-elle en s'emparant de la boisson que lui tendait le tireur. Cela fait du bien et change des instruments !
Sans plus attendre, elle prit une longue gorgée avant de s'étrangler et en recracher la moitié.
- Shannon tu…
- Que… qu'est-ce… toussa-t-elle en se relevant précipitamment.
En panique, tout trois se levèrent, près à dégainer. Tout était calme autours d'eux et la nuit silencieuse. Ils se tournèrent vers elle sans comprendre comme elle fixait un point au-dessus de l'épaule de l'enfant, abasourdie. Ce dernier, main sur la garde de son épée, suivit son regard avant de se détendre et retrouver le sourire.
- Tu peux le voir ? S'étonna-t-il.
Comme elle secouait la tête positivement en reprenant son souffle, son sourire s'étira. Jürger et Dagan échangèrent un coup d’œil sans comprendre, sur leurs gardes. De quoi parlaient-ils ?
- Bien peu le peuvent, commenta le vampire. Estime toi privilégiée.
- Voir quoi ? s'énerva le soldat.
Shannon allait répondre mais leur jeune compagnon l'en dissuada, un index sur les lèvres.
- Laisse les mariner, se sera bien plus amusant.
Abaissant la main, l'enfant tourna le poignet pour avoir la paume vers le ciel. Sans cesser de sourire, il reporta son attention sur la ménestrelle. Elle balbutia un instant en suivant ses doigts du regard, puis expira lentement avant de se tourner vers Jürger. Elle ne semblait plus effrayée.
- Mais quoi ? Qu'est-ce qu'il y a dans sa main ?
Elle esquissa un sourire malicieux et consulta du regard le garçon qui hochait lentement la tête. Mais n'ajouta pas un mot de plus.
suite à ce post
Aller c'est tout chaud et pas relut du tout mais je le partage quand même !
En fait c'est davantage dans ce genre de format que je voudrais écrire pour le moment, plus rapide à produire et partager. Moins d'intrigues étendues sur des dizaines de chapitres, eux-mêmes de vingtaines de pages que je met des mois à réaliser.
Retour à mes personnages développés durant le tournois de la reiksguard (précédent texte et résumé des personnages à ce lien).
Les plus perspicaces d'entre vous (et ayant lut Feu et Sang en intégralité) devraient apprécier et comprendre pourquoi je ne poursuit que maintenant les aventures de ces lascars en chemin pour le tournois de Hjalmar ^^
Intermèdes
partie 2
partie 2
Il para la lame fusant doit sur son front, ployant sous la force du coup. Puis se décala d'un pas de côté, laissant le coup se perdre dans le vide. Sans perdre un instant il trancha son adversaire en deux avant de faire volte-face, anticipant déjà l'assaut du prochain ennemi d'une fente soudaine.
Nettoyant tranquillement son fusil, Jürger gardait un œil attentif aux mouvements de son ami bretonnien. Les yeux fermés, celui-ci s'adonnait à l'un de ses réguliers exercices d'escrime. Eux l'observait mouliner dans le vide. Mais dans son esprit, il était entouré de peaux-vertes innombrables, l'assaillant de toute parts. Pas chassé. Dévier un coup de hache au chef. Reculer d'un pas pour encaisse le coup de bouclier tout en retrouvant un meilleur équilibre. Contre-attaquer d'une fente à la gorge, alors que l'ennemi effectue un coup droit et ouvre sa garde.
Fredonnant une balade entendue lors du dernier tournois, Shannon laissait errer ses doigts sur les cordes de son luth en suivant la performance du bretonnien d'un œil vague.
…vint au seigneur des batailles
De sa lame il lui arracha quelques mailles
Mais l'ombre vint envelopper sa lumière
Et le brave paladin mordit la poussière
La victoire finalement acquise au diable cornu
Il ne s'accorda pas un instant de repos
Son maitre réalisant une nouvelle bévue…
- Bat toi avec moi, déclara brusquement l'enfant qui dévorait le chevalier écarlate du regard.
Shannon cligna des yeux, interrompue dans sa mélodie.
- Je te demande pardon ? Répondit Dagan après un instant de flottement, abaissant les bras.
De son côté Jürger se contenta de hausser les épaules lorsque son ami le chercha du regard. Il s'adossa contre son paquetage, peut désireux de se mêler des affaires du vampire.
- Je ne me battrais pas avec toi, lui indiqua Dagan en se détournant.
Reprenant une posture plus stable, il leva un bras en position de duel. Il ferma de nouveau les yeux, s'imaginant en un autre lieu.
- Aller, je ne te mordrais pas, le provoqua-t-il de nouveau.
La mâchoire de Dagan se crispa. Soupirant, il abandonna là son entrainement et rangea son arme. Il avait perdu sa concentration, se serait tout pour ce soir.
- Je ne me battrais pas avec un enfant, répéta Dagan d'une voix lasse. Combien de fois va-t-il falloir que je te le répète.
- Un enfant...
Sa bonne humeur s'estompa et ses épaules se voûtèrent. Blasé, il coula un dernier regard vers l'écu au griffon qu'arborait le bretonnien, mais n'ajouta pas un mot de plus. Il se leva et tourna les talons. Son masque dissimulant ses traits de jour à la main et son épée bâtarde accrochée dans le dos, l'enfant se dirigea vers le bords de leur campement.
- Moi je veux bien.
Il pivota, incrédule. Son expression était partagée par les deux hommes, tournés vers la ménestrelle tout sourire qui posait son instrument de côté.
- Cela dit… je n'ai pas d'arme, ajouta-t-elle penaude en levant les mains au ciel.
- Ce… ne devrait pas être un problème, lui répondit le garçon en revenant vers elle.
Se faisant, il l'examinait d'un œil nouveau. D'une certaine façon, Jürger fut plus surprit encore de la vitesse à laquelle l'enfant avait chassé sa stupeur que par cette déclaration de leur amie. De cet œil critique qu'il avait déjà eu en étudiant le harnachement du destrier bretonnien, le gosse étudiait la ménestrelle sous toutes ses coutures.
- Non, fit-il finalement comme le bretonnien tendait la poignée de son épée à Shannon.
- Il faudrait…
- Ses épaules sont trop frêles, coupa le garçon. Et ce malgré ses poignets musclés par la pratique de l'instrument.
Dagan étudia leur amie d'un regard nouveau. Il eut un sourire amusé en comprenant où il voulait en venir : l'arme serait tout simplement trop lourde pour sa camarade.
- Prends ma rapière en ce cas, déclara simplement le fusilier en levant son baudrier sans se lever.
- Cela devrait aller, l'en remercia le garçon d'un signe de la main. De simples branches seront bien plus adaptées à nos morphologies.
Joignant la pratique à la parole, il tira une dague de sa manche et s'empressa d'aller chercher de quoi leur découper des armes factices à la lisière du camp. S'essuyant le front, Dagan vint s'asseoir prêt du tireur étendu au sol. Il s'enfila une rapide gorgée de liqueur avant de lui demander discrètement :
- Tu savais qu'il avait ce poignard ?
Mais Jürger lui indiqua que non en fronçant le nez. Un enfant, vampire, cachant ses traits derrière un masque et refusant de leur indiquer son nom. Familier des arcanes et s'improvisant professeur d'escrime. Que pouvait-il leur cacher d'autre ?
- Adopte cette posture, lui indiqua le garçon quelques instants plus tard aux côté de la jeune femme. En tenant ta garde ainsi, genoux légèrement fléchis et près à bondir.
Pivotant, il lui fit face, levant la tête.
- Imaginons que je suis un gob… un halfling. Oui voila, un halfling c'est très bien. Je suis plus petit que toi et par conséquent je ne chercherais pas à atteindre ta tête ou tes épaules. Tes jambes ou ton ventre en…
Dubitatif, les deux adultes suivaient néanmoins les explications du garçon, étonnamment bonne pour son âge. Après quelques minutes, il fit quelques passes avec Shannon, les deux bâtons de bois se croisant. Puis il lui fit retrouver sa posture, bondissant vers elle selon un angle différent et l'obligeant à bloquer autrement.
- C'est moi… où il lui enseigne une croix ? Murmura Jürger après un instant. Jambe gauche, droite, épaule gauche, droite, chef…
- Il la lui enseigne à l'envers, mais c'est bien cela, confirma Dagan en reposant son outre.
Non content d'expliquer les bonnes postures des bases l'escrime impériale, l'enfant enchaina par des voltes rapides, évitant les fentes de la jeune femme qui mit genou à terre lorsqu'il lui tapa gentiment le creux du mollet.
- J'en ai assez vu, grinça finalement Jürger en se relevant.
- Non ne…
Mais avant que le bretonnien ne le retienne, le tireur à beau blafarde s'avança. Il posa la main sur la rapière à sa hanche.
- Tout compte fais, j'aurais bien envie de croiser le fer avec toi, déclara Jürger avec un coup d'œil insistant à la lame toujours accrochée entre les omoplates de son vis-à-vis.
Se tournant vers lui, l'enfant soutint son regard.
- Plus tard, répondit-il sèchement. Je suis occupé comme tu peux le voir.
- Tu…
- Jürger, laisse le finir, insista Shannon avec une moue innocente. Jamais vous n'avez joués ainsi avec…
Brusquement, elle porta les mains à sa bouche, retenant un sourire de plus en plus large.
- Tu es… jaloux ? Pouffa-t-elle.
- Moi ? S'offusqua-t-il. Jaloux ? D'un m…
Son regard revint à celui du garçon, tout aussi écarlate que le sien. Mais brûlant d'un feu bien différent.
- … d'un enfant ? Se reprit-il. Allons… c'est ridicule…
- En ce cas retourne t'asseoir, l'invita le cadet en écartant les bras avec désinvolture. J'essaye d'apprendre à se battre à la dame.
- A la dame ? Me trouves-tu si âgée ? Lui reprocha-t-elle brusquement.
- Âgée ? Je… non… enfin reprenons.
Suivant du coin de l'œil le tireur qui retournait s'asseoir en grommelant, il se concentra de nouveau sur son élève.
- C'était idiot de ta part, lui reprocha Dagan à mi-voix.
- Je sais, grinça-t-il en s'emparant de l'outre que lui tendait le bretonnien.
- Il sait qu'elle n'a pas réalisé sa nature. Mais regarde les : en rien il n'est une menace pour elle.
S'enfilant une bonne rasade, Jürger fusilla le vampire du regard.
- Pour le moment. Il est comme les autres. Tôt ou tard…
- Pour le moment ce qu'il lui apprends a de la valeur, souligna Dagan avec une mine sévère. Tu ne peux le nier.
- Certes…
Ce n'est qu'après presque une heure d'exercice au coin du feu, sous le regard de deux adulte et un destrier, que la leçon prit fin. Le souffle court mais ravie, Shannon ébouriffa les cheveux du garçon qui eu un imperceptible mouvement de recul. Sans le remarquer, elle se laissa tomber sur sa couverture face aux flammes.
- Passe moi ton outre Jür-jür, déclara-t-elle en tendant les bras. Je suis assoiffée.
- Tu t'es bien amusée à ce que je vois.
- Que oui, cela faisait longtemps ! S'écria-t-elle en s'emparant de la boisson que lui tendait le tireur. Cela fait du bien et change des instruments !
Sans plus attendre, elle prit une longue gorgée avant de s'étrangler et en recracher la moitié.
- Shannon tu…
- Que… qu'est-ce… toussa-t-elle en se relevant précipitamment.
En panique, tout trois se levèrent, près à dégainer. Tout était calme autours d'eux et la nuit silencieuse. Ils se tournèrent vers elle sans comprendre comme elle fixait un point au-dessus de l'épaule de l'enfant, abasourdie. Ce dernier, main sur la garde de son épée, suivit son regard avant de se détendre et retrouver le sourire.
- Tu peux le voir ? S'étonna-t-il.
Comme elle secouait la tête positivement en reprenant son souffle, son sourire s'étira. Jürger et Dagan échangèrent un coup d’œil sans comprendre, sur leurs gardes. De quoi parlaient-ils ?
- Bien peu le peuvent, commenta le vampire. Estime toi privilégiée.
- Voir quoi ? s'énerva le soldat.
Shannon allait répondre mais leur jeune compagnon l'en dissuada, un index sur les lèvres.
- Laisse les mariner, se sera bien plus amusant.
Abaissant la main, l'enfant tourna le poignet pour avoir la paume vers le ciel. Sans cesser de sourire, il reporta son attention sur la ménestrelle. Elle balbutia un instant en suivant ses doigts du regard, puis expira lentement avant de se tourner vers Jürger. Elle ne semblait plus effrayée.
- Mais quoi ? Qu'est-ce qu'il y a dans sa main ?
Elle esquissa un sourire malicieux et consulta du regard le garçon qui hochait lentement la tête. Mais n'ajouta pas un mot de plus.
suite à ce post
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 7 Juin 2018 - 10:42
Un ptit truc simplet que j'ai rédigé hier dans l'train. Aucun lien avec mes autres récits.
- ... que j'ai à vous donner et de ne point retenir vos larmes. Car elles sont un baume apaisant, à la fois pour nous et pour notre ami, notre frère qui nous quitte. Ne doutez pas un instant qu'il ne puisse entendre vos prières ni vos sanglots. Car il n'est pas parti : il est simplement de l'autre côté du chemin. Il poursuit sa route aux côtés de Morr, vous souriant sans craintes ni remords. Il est en paix sur ce sentier parallèle et nous retrouvera lorsque notre jour arrivera. Mais pas aujourd'hui. Nous avons encore de la route avant de le retrouver mais cela ne le dérange pas. Pourquoi serait-ce le cas ? Il patientera jusqu'à ce que nous soyons réunis afin, d'ensemble, atteindre la fin de ce chemin. Mes amis. Mes frères. Mes sœurs. Mes fils et mes filles. Prions ensemble notre très cher Gawin de veiller sur nous et Morr sur lui.
D'une même voix, l'assemblée reprit ces derniers mots. La gorge nouée par le deuil, sa veuve au premier rang baissa la tête, incapable de trouver la force d'en dire plus.
Sans un mot, le prête resta en retrait alors que les proches du défunt venaient un à un saluer la dépouille une dernière fois. Rapidement la modeste chapelle se vida, ne laissant que le couple brisé en compagnie du clerc. Sans un mot, le religieux attendit que la pauvre femme trouve d'elle-même la force de se relever. Fille unique dont les parents étaient partis trop tôt et sans enfants, elle n'avait pas de famille vers qui se tourner. Sa vie tout entière s'effondrait avec la disparition de son époux.
- Frère Möser j'ai...
Le fossoyeur s'interrompit brusquement face au regard noir que lui décocha l'intéressé depuis l'autre bout de la modeste salle. Se pinçant les lèvres, il cala sa pelle dans un coin en essayant de se faire discret avant de prendre place sur les derniers bancs.
- Ma fille, déclara finalement frère Möser en lui posant une main sur l'épaule. Il est temps désormais. Le jardin de Morr n'est pas un lieu pour vous.
Étouffant un nouveau sanglot, elle leva la tête vers lui, hagarde.
- Aller, venez.
Lui offrant son bras, il l'invita à le suivre jusqu'à l'entrée. Le prêtre grimaça en constatant que personne sur la dizaine de personnes s'étant éclipsées plus tôt n'avait attendu cette dame.
Revenant à l'intérieur du modeste bâtiment, il jeta un regard noir à son compagnon.
- Berthold ! Combien de fois t'ai-je déjà dit de ne pas faire irruption en ce lieu lorsque je...
- Y'avait pas un bruit ! Se défendit-il en reprenant sa pelle. Comment j'pouvais savoir qu'la p'tite dame elle s'rait encore là !
Fusillant le fossoyeur du regard, il remarqua la terre fraiche sur le tranchant de son outil. A l’intérieur du bâtiment. Il se renfrogna un peu plus. Mais il n'ajouta rien. Tournant les talons, il revint au brancard sur lequel était allongé le mort. Sans un mot de plus, ils le soulevèrent de l'autel avant de se diriger vers l'extérieur. Dans le cimetière accolé à la chapelle, le clerc repéra rapidement la tombe nouvellement creusée.
Sans se concerter et avec une coordination acquise au fil des années, tous deux s'emparèrent des cordages aux pieds et à la tête du brancard. Ils firent descendre Gawin Schaffer dans sa dernière demeure. Puis Berthold s'en retourna en direction de la chapelle, laissant seul le Tomas Möser à son office. Lorsqu'il revint quelques minutes plus tard, celui-ci se trouvait à la gauche du mort. Saupoudrant des deux mains le corps enveloppé de tissu, il psalmodiait calmement les derniers sacrements. Sans l'interrompre, Berthold se plaça au pied de la tombe, menton posé sur ses mains croisées, en appuis sur sa pelle. Sel de la main droite et limaille de fer de la gauche. Il connaissait ces rites par cœur désormais, bien qu'il n'en retienne pas un traitre mot.
Du coin de l'œil, il remarqua que le brouillard commençait à se lever en cette fin d'après-midi ombragée. Levant les yeux vers le ciel, il espéra en silence que le temps se tiendrait le temps qu'il termine sa besogne. Si seulement il pouvait réciter plus vite...
- ... ne t'égare parmi de mauvais songes, Gawin Schaffer. Que Morr te garde.
- Qu'Morr t'garde, répéta le fossoyeur dans l'instant en reprenant son outil en main.
Après un dernier regard, le prêtre hocha la tête puis tourna les talons. Les premiers coups de bêches résonnèrent dans son sillage comme il s'éloignait, plissant le regard en ne remarquant que maintenant la brume qui envahissait lentement le cimetière. Ajouté à cela l'air de plus en plus humide et la couleur des nuages... Berthold avait intérêt à se hâter s'il ne souhaitait pas finir trempé.
Un murmure l'interpella alors qu'il s'apprêtait à franchir la clôture sommaire qui délimitait le fameux "jardin de Morr". Circonspect, frère Môser changea d'allée et marcha à travers les tombes en prenant soin de n'en fouler aucune. Quelqu'un devait se recueillir, toutefois il n'avait vu personne et...
Il finit par tomber sur un enfant assis en tailleur sur une tombe. Interdit et main sur la pierre tombale, il abaissa la bouche sans pouvoir articuler un mot. Le clerc en bure fatiguée et le môme vêtu de loques se dévisagèrent en silence, aussi surpris l'un que l'autre. En un éclair il fut debout et prit ses jambes à son cou sans demander son reste.
- Revient ici sale gosse ! s'écria frère Möser en faisant quelques pas derrière lui.
Toutefois il n'insista pas. Le petit cavalait bien trop vite pour lui et eut tôt fait de disparaître dans la brume naissante. Le prêtre soupira avant de revenir en arrière. Fronçant les sourcils, il examina la tombe devant laquelle il l'avait trouvé. C'était celle d'un vieil homme mis en bière deux ans plus tôt. Contrairement à Gawin, sa famille avait eu les moyens de payer un cercueil décent. Se penchant, Möser ramassa quelques tiges de lierre fraîchement arrachée avant de se tourner vers l'entrée du cimetière. Ce n'était assurément pas son croque-mort qui avait nettoyé la tombe. Et il était certain que la famille de l'individu là-dessous de présentait personne dans ces âges. Pourquoi cet enfant avait-il fait cela ? Qui était-il ?
D'une même voix, l'assemblée reprit ces derniers mots. La gorge nouée par le deuil, sa veuve au premier rang baissa la tête, incapable de trouver la force d'en dire plus.
Sans un mot, le prête resta en retrait alors que les proches du défunt venaient un à un saluer la dépouille une dernière fois. Rapidement la modeste chapelle se vida, ne laissant que le couple brisé en compagnie du clerc. Sans un mot, le religieux attendit que la pauvre femme trouve d'elle-même la force de se relever. Fille unique dont les parents étaient partis trop tôt et sans enfants, elle n'avait pas de famille vers qui se tourner. Sa vie tout entière s'effondrait avec la disparition de son époux.
- Frère Möser j'ai...
Le fossoyeur s'interrompit brusquement face au regard noir que lui décocha l'intéressé depuis l'autre bout de la modeste salle. Se pinçant les lèvres, il cala sa pelle dans un coin en essayant de se faire discret avant de prendre place sur les derniers bancs.
- Ma fille, déclara finalement frère Möser en lui posant une main sur l'épaule. Il est temps désormais. Le jardin de Morr n'est pas un lieu pour vous.
Étouffant un nouveau sanglot, elle leva la tête vers lui, hagarde.
- Aller, venez.
Lui offrant son bras, il l'invita à le suivre jusqu'à l'entrée. Le prêtre grimaça en constatant que personne sur la dizaine de personnes s'étant éclipsées plus tôt n'avait attendu cette dame.
Revenant à l'intérieur du modeste bâtiment, il jeta un regard noir à son compagnon.
- Berthold ! Combien de fois t'ai-je déjà dit de ne pas faire irruption en ce lieu lorsque je...
- Y'avait pas un bruit ! Se défendit-il en reprenant sa pelle. Comment j'pouvais savoir qu'la p'tite dame elle s'rait encore là !
Fusillant le fossoyeur du regard, il remarqua la terre fraiche sur le tranchant de son outil. A l’intérieur du bâtiment. Il se renfrogna un peu plus. Mais il n'ajouta rien. Tournant les talons, il revint au brancard sur lequel était allongé le mort. Sans un mot de plus, ils le soulevèrent de l'autel avant de se diriger vers l'extérieur. Dans le cimetière accolé à la chapelle, le clerc repéra rapidement la tombe nouvellement creusée.
Sans se concerter et avec une coordination acquise au fil des années, tous deux s'emparèrent des cordages aux pieds et à la tête du brancard. Ils firent descendre Gawin Schaffer dans sa dernière demeure. Puis Berthold s'en retourna en direction de la chapelle, laissant seul le Tomas Möser à son office. Lorsqu'il revint quelques minutes plus tard, celui-ci se trouvait à la gauche du mort. Saupoudrant des deux mains le corps enveloppé de tissu, il psalmodiait calmement les derniers sacrements. Sans l'interrompre, Berthold se plaça au pied de la tombe, menton posé sur ses mains croisées, en appuis sur sa pelle. Sel de la main droite et limaille de fer de la gauche. Il connaissait ces rites par cœur désormais, bien qu'il n'en retienne pas un traitre mot.
Du coin de l'œil, il remarqua que le brouillard commençait à se lever en cette fin d'après-midi ombragée. Levant les yeux vers le ciel, il espéra en silence que le temps se tiendrait le temps qu'il termine sa besogne. Si seulement il pouvait réciter plus vite...
- ... ne t'égare parmi de mauvais songes, Gawin Schaffer. Que Morr te garde.
- Qu'Morr t'garde, répéta le fossoyeur dans l'instant en reprenant son outil en main.
Après un dernier regard, le prêtre hocha la tête puis tourna les talons. Les premiers coups de bêches résonnèrent dans son sillage comme il s'éloignait, plissant le regard en ne remarquant que maintenant la brume qui envahissait lentement le cimetière. Ajouté à cela l'air de plus en plus humide et la couleur des nuages... Berthold avait intérêt à se hâter s'il ne souhaitait pas finir trempé.
Un murmure l'interpella alors qu'il s'apprêtait à franchir la clôture sommaire qui délimitait le fameux "jardin de Morr". Circonspect, frère Môser changea d'allée et marcha à travers les tombes en prenant soin de n'en fouler aucune. Quelqu'un devait se recueillir, toutefois il n'avait vu personne et...
Il finit par tomber sur un enfant assis en tailleur sur une tombe. Interdit et main sur la pierre tombale, il abaissa la bouche sans pouvoir articuler un mot. Le clerc en bure fatiguée et le môme vêtu de loques se dévisagèrent en silence, aussi surpris l'un que l'autre. En un éclair il fut debout et prit ses jambes à son cou sans demander son reste.
- Revient ici sale gosse ! s'écria frère Möser en faisant quelques pas derrière lui.
Toutefois il n'insista pas. Le petit cavalait bien trop vite pour lui et eut tôt fait de disparaître dans la brume naissante. Le prêtre soupira avant de revenir en arrière. Fronçant les sourcils, il examina la tombe devant laquelle il l'avait trouvé. C'était celle d'un vieil homme mis en bière deux ans plus tôt. Contrairement à Gawin, sa famille avait eu les moyens de payer un cercueil décent. Se penchant, Möser ramassa quelques tiges de lierre fraîchement arrachée avant de se tourner vers l'entrée du cimetière. Ce n'était assurément pas son croque-mort qui avait nettoyé la tombe. Et il était certain que la famille de l'individu là-dessous de présentait personne dans ces âges. Pourquoi cet enfant avait-il fait cela ? Qui était-il ?
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mer 13 Juin 2018 - 15:52
La suite des aventures de Dagan, Jürger, Shannon et notre enfant vampire
Jürger grimaça alors que l'étoffe humide venait doucement frotter la coupure sur l'arête de son nez. Mais il s'abstint de tourner la tête ou pousser un juron. Après un instant, la ménestrelle cessa d'insister et laissa tranquille l'artificier impérial. Celui-ci, surtout blessé dans son amour propre, évita soigneusement son regard et se tourna vers son camarade d'aventure.
- Fais lui bouffer la poussière à ce monstre, grinça-t-il en serrant le poing.
Devant eux le bretonnien s'étirait les épaules en tournant le dos à son adversaire. Il fit quelques moulinets des poignets avant d'expirer profondément. Rouvrant les yeux, il fit un clin d'œil à Jeremy qui lui-aussi observait son maître. Libre de sa selle comme du pesant appareil, le destrier avait toutefois cessé de paître en voyant le chevalier enfiler son plastron. Habitué à être sifflé lorsque Dagan s'équipait de la sorte, il attendait sagement, anticipant cet appel.
- Pas cette fois mon ami, commenta le Bretonnien en souriant.
Une main sur le pommeau de son épée, il pivota avant de se retrouver face à face avec l'enfant. En un éclair sa mine enjouée s'effaça. En retrait, Shannon s'abstint cette fois d'encourager le gamin. Il venait après tout de corriger leur ami à peau blême sans même se saisir de l'épée qu'il avait d'accrochée entre les omoplates. Parvenant à attraper le poignet de Jürger malgré leur différence d'allonge, il lui avait tordu le bras avec une force insoupçonnée avant de le frapper au visage de l'autre main. Et de répéter la manoeuvre jusqu'à ce que l'impétueux tireur ne daigne reconnaître être incapable de lui porter un seul coup.
- Tu m'honores, Dagan d'Aquitanie, commenta l'enfant en faisant référence à l'armure écarlate qu'avait revêtu le Bretonnien.
- J'ai vu ce dont tu étais capable, répondit-il d'un ton neutre en dégainant sa lame. Et même si tu as l'apparence d'un enfant... cela ne me gêne plus de t'affronter désormais.
L'intéressé eu un rictus amer qui chassa temporairement sa mine réjouie. Ouvrant la bouche, il se passa théâtralement la langue sur les crocs, ne cherchant plus à présent à nier sa vraie nature.
- J'ai l'apparence d'un enfant... mais parce que je suis un monstre, tu acceptes à présent de m'affronter ? C'est off...
- J'accepte parce que je veux que tu t'excuses auprès de mon ami et que tu nous donne enfin ton nom, coupa Dagan avec gravité. Et aussi... parce que je suis curieux moi-aussi de savoir si tu peux me battre.
Le vampire éclata de rire alors que Dagan esquissait malgré lui un léger sourire.
- Une touche, parvint-il a placer entre deux éclats. Une seule touche et je m'exécuterais.
- En trois manches ?
- Tu n'en gagneras pas une, prophétisa l'enfant en dégrafant la lame de son dos.
Pour la première fois ils purent voir l'arme qu'il trimballait tirée du fourreau. Presque aussi grande que lui, elle n'en semblait pas moins d'une légèreté trompeuse entre ses mains. Si son pommeau et sa garde étaient quelconques, sa lame elle se révélait être d'un métal à la fois terne et sombre. Jürger lui-même, ayant passé quelques mois avec un alchimiste de Gravenburg, fronça les sourcils d'étonnement : il n'avait pas la moindre idée du métal dont elle était constituée.
Chassant son propre étonnement, Dagan raffermit sa prise sur son écu et se mit en garde.
Sans prévenir le vampire effectua un bonds en avant, tenant son arme à deux mains du côté d'épée de Dagan. Mais avant l'impact contre l'écu au griffon, l'enfant planta son pied droit dans le sol en stoppant sa charge. Il pivota autour de cet appuis, effectuant un rapide arc-de-cercle autour de son adversaire et termina sa rotation avec un revers bas. Le plat de la lame vint rebondir contre le griffon noir, vissé dans le sol par le Bretonnien ayant anticipé son mouvement. En un éclair, le vampire reprit sa distance, son épée bâtarde pointée vers Dagan.
Concentré, Jürger se prit le menton dans la main. L'action avait été fulgurante. Mais il avait noté un détail : le plat et non le tranchant de l'arme avait rebondir sur le bouclier. Le vampire avait cherché à mettre Dagan à sa hauteur en lui claquant le creux du genoux. Pas à le blesser.
Comme le tireur se faisait cette réflexion, le bretonnien fut à nouveau chargé. S'ensuivit une rapide passe d'arme dont les éclat résonnèrent dans la nuit. Prenant brusquement l'initiative, Dagan frappa du bouclier l'enfant a peine plus grand que celui-ci. Mais le coup manqua comme l'insaisissable bretteur effectuait un nouveau pivot, sa pointe se retrouvant au niveau des côtes de l'adulte.
- Et d'une, commenta-t-il en souriant.
Agrippée à Jürger, la ménestrelle se détendit lorsqu'il effectua un pas en retrait. Il n'avait pas porté son coup au bretonnien qui secouait la tête.
Des étincelles accompagnèrent l'échange suivant. En un éclair Dagan se retrouva avec la pointe de l'épée adverse sous le menton.
- Et de deux, insista son propriétaire avec un sourire narquois.
Aussitôt il refit quelques pas rapide en retrait alors que Dagan, encore sous le coup de cet échec instantané, lorgnait son épée. Il hoqueta de stupeur : cette étrange lame sombre venait d'ébrécher son arme familiale. !
- Aller Dagan, grinça Jürger en serrant les poings. Tu peux faire mieux ! Rabat lui son caquet !
Le vampire chargea une fois de plus. Son coup-droit écarta l'épée du bretonnien sans peine. Ramenant son arme à lui, il crocheta l'écu de Dagan dans le quillon de son arme. Avec un sourire moqueur il écarta le bouclier écarlate en ouvrant le bras. Puis il inversa ses appuis, amorçant une fente fulgurante comme la garde de son ennemi était grande ouverte. Mais la lame sombre ne fendit que de l'air comme Dagan effectuait un pas sur sa droite, bras au bouclier levé au-dessus de l'arme du vampire. Le temps que l'enfant réalise que sa manœuvre n'avait pas porté ses fruit, l'épée de Dagan venait lui caresser la gorge.
- … une vieille manœuvre familiale, commenta-t-il en esquissant à son tour un sourire. Nous n'aimons pas trop nous faire crocheter nos écus dans la famille.
Abasourdis, l'enfant baissa son arme et se contenta de déglutir. Il venait de perdre la troisième et dernière manche. Affichant une moue, il recula de quelques pas avant de glisser son étrange épée dans le fourreau entre ses omoplates. Il dû prendre un posture voûtée et procéder du bout des doigts pour ce faire, ce qui arracha un sourire à Shannon. Remisant également son épée ébréchée, Dagan s'empressa de s'avancer en lui tendant la main.
- Je reconnais que tu es un sacré bretteur, déclara-t-il chaleureusement. Cependant, veille à ne pas pêcher par excès de confiance.
Considérant un instant la poigne tendue, le vampire vint finalement répondre à l'échange.
- Tu es plein de... Surprises... Dagan, répondit-il en s'efforçant de ne pas paraître blessé dans son orgueil.
Ce à quoi l'humain esquissa un nouveau sourire avant de pivoter de côté en croisant les bras. L'enfant eut un rictus amer en se tournant vers Jürger et Shannon.
- Une promesse est une promesse, murmura-t-il avant d'inspirer lentement et de fixer le tireur impérial du regard. Désolé d'avoir été mesquin, de t'avoir traité de blandinet et pour…
Mimant un coup de poing avec une expression mitigée, il fit référence aux visage tuméfié de l'humain albinos. Celui-ci secoua la main en grimaçant.
- Bah. N'en fait pas trop non plus… si tu nous disais plutôt ton nom à présent.
- Mon nom… soupira le vampire en se détournant, le regard vague. Vous souhaitez la vérité... Soit.
Revenant face à eux, il retrouva instantanément le visage dur et dénue d'émotion qu'il leur avait présenté à leur rencontre, lors du tournoi de la Reiksguard.
- Mon nom est Enguerran et je suis un vampire, né humain il y a plus de mille ans sur les rives de Morceau. Des cornus ont emportés mon premier père alors que je n'était qu'un enfant. Quand à mon père dans la mort il est le chevalier noir de Maleaux que ton ancêtre, Darran le Tueur de Griffon, affronta à Bordeleaux. Celui-là même dont les femmes parlent le soir à voix basse pour effrayer les mômes une fois la nuit tombé.
Il se tourna finalement vers le bretonnien au yeux ronds comme des soucoupes :
- Voila qui je suis, Dagan d'Aquitanie, descendant du Tueur de Griffon, à la fois bâtard de Brionne et chevalier de Bordeleaux.
Ses trois interlocuteurs le dévisagèrent sans prononçer un mot. Une minute s'écoula presque avant que Shannon ne répète en clignant théâtralement des yeux :
- Il y a plus de mille ans...
- Oui, je sais… je ne les fais pas, répondit-il en faisant référence à son corps d'enfant. Et pourt… Non, laisse moi un peu d'air, déclara-t-il brusquement en agitant la main comme pour chasser quelque insecte. Va embêter la fille, elle peut aussi te voir je t'ai dit...
- Peuh, n'importe quoi, répondit finalement Jürger avec dédain. Tissu d'âneries. Tout ce qu'on sait à présent sur toi c'est ton nom. Pour peu qu'il soit vrai...
Ce a quoi Enguerran se contenta de hausser les épaules. Dagan lui, restait interdit, incapable de digérer ce qu'il venait d'entendre. Cet enfant, tout vampire qu'il soit, ne pouvait avoir mille ans ! C'était invraisemblable ! Et pourtant... même Jürger ignorait que sa famille n'avait pas toujours été d'Aquitanie : son domaine perdu était frontalier de Bordeleaux.
- Tu m'as réclamé la vérité et tu es libre d'en faire ce que tu veux , se contenta de répliquer Enguerran.
- Cela ferait une drôle d'histoire, murmura soudain la blonde d'un ton songeur . Triste et mélancolique, retrouver le descendant de...
- Evite cela par contre, indiqua le vampire en l'entendant. Je préférerais ne pas ébruiter cette histoire…
Grimaçant pour appuyer sa requête, il n'en démordit pas malgré l'air désolé de la ménestrelle.
- Dis moi, Enguerran, tu es un... vampire, sorcier... et tout le tintouin. Qu'est-ce qu'ont de magiques les ailes mécaniques ?
- Pardon ?
Depuis la veille, leurs duels et la révélation fracassante quant à son passé, Jürger et Shannon ne lui avaient pratiquement plus adressé la parole. Ils s'étaient contentés de discuter entre eux et lui jeter des regards en coin. Dagan quant à lui n'avait plus prononcé un seul mot, finissant par mettre mal à l'aise le tireur qui n'avait jamais vu son camarade aussi secoué. Que lui voulait le soldat impérial ? Souhaitait-il simplement briser le malaise qui s'était instauré dans leur groupe ?
- Tu étais... dubitatif, commença Jürger qui était visiblement mal à l'aise, quand à la possibilité qu'elles puissent faire voler Jeremy. Tu l'as pourtant vu comme moi voler. Mais...
- ...mais ?
- Tu étais dans le vrai, concéda enfin l'impérial. Cet appareil ne devrait pas pouvoir décoller du sol. Le rapport poids - puissance est ridiculement mauvais. Sans parler de la vitesse de battement des ailes...
Lentement, Enguerran esquissa un sourire. Tirant une dague sans que Jürger n'en localise le fourreau, il fit signe à l'humain de le suivre comme il se dirigeait vers l'harnachement au sol.
- Es-ce que tu as remarqué les espèces de câbles qui partent des... trucs... là...
- Les pistons, compléta Jürger. Oui. Se sont des catalyseurs de chaleur en cuivre et...
- Oui voila, l'interrompit Enguerran en reprenant sa phrase. La chaleur des trucs est acheminée par ces câbles...
Poursuivant ses explications, il entreprit de dévisser avec précaution une plaque sur l'avant du poitrail de son porteur. L'artificier grinça des dents en le voyant faire, mais s'abstint de l'interrompre.
- ... jusqu'à une chose là-dessous qui l'emmagasine. Ce faisant il la transforme énergie. Celle-là même que les magiciens utilisent pour leurs sorts.
- C'est une grosse dynamo à chaleur... qui alimente un sort ? reformula Jürger en essayant de ne pas se perdre dans les explications hasardeuses de l'enfant.
- C'est toi qui le dit, répondit-il en haussant les épaules. C'est du charabia pour moi.
Intéressé par la discussion et remarquant le traitement appliqué à l'appareil, Dagan délaissa leurs lapins à la broche pour s'approcher. Enguerran termina de retirer la quatrième et dernière visse de la plaque bombée sur laquelle il s'escrimait. Elle se décrocha et révéla en-dessous une gemme translucide. Encastrée dans le métal, des sortes de ventouses la reliait aux câbles dissipateurs de chaleur.
- Un diamant ! s'écria Shannon de l'autre côté du feu en échappant de surprise son outre d'eau.
- Non, regretta Jürger de la décevoir. C'est du cristal. Mais en rien un diamant...
- Rhoo… maugréa-t-elle de déception en ramassant son récipient désormais vide.
Passant un doigt sur la pierre précieuse, Enguerran hocha la tête.
- Je confirme, c'est bien ceci qui permet de faire voler l'canasson.
- Et se serait quoi comme sort ? interrogea Dagan en s'agenouillant près d'eux pour mieux voir.
Le vampire inclina la tête de côté, songeur. Il ne s'attarda pas sur ces premiers mots que prononçait le bretonnien depuis la veille. Sa curiosité était plus grande que son malaise, ce qui en soit était une bonne chose.
- Une sorte de ralentissement de chute je pense. Plus les ailes battent fort, plus le cristal est chauffé et plus la chute de... Jeremy, trouva-t-il avec un regard en direction du bretonnien, s'en trouve ralentie. Par conséquent même les battements ridiculement lents de ce truc arrivent à le faire décoller du sol. Tant qu'il bat fort des ailes, à défaut de battre vite.
- Ça se tiendrait, reconnut Jürger après quelques instants.
- Cela me semble quand même...
- Les lapins ! s'écria brusquement Shannon.
Tout trois se tournèrent d'un même mouvement vers leur feu de camp. Deux des trois proies attrapées par Jürger venaient de glisser de leur support pour rouler dans les braises. Dagan jura en accourant pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l'être...
Jürger grimaça alors que l'étoffe humide venait doucement frotter la coupure sur l'arête de son nez. Mais il s'abstint de tourner la tête ou pousser un juron. Après un instant, la ménestrelle cessa d'insister et laissa tranquille l'artificier impérial. Celui-ci, surtout blessé dans son amour propre, évita soigneusement son regard et se tourna vers son camarade d'aventure.
- Fais lui bouffer la poussière à ce monstre, grinça-t-il en serrant le poing.
Devant eux le bretonnien s'étirait les épaules en tournant le dos à son adversaire. Il fit quelques moulinets des poignets avant d'expirer profondément. Rouvrant les yeux, il fit un clin d'œil à Jeremy qui lui-aussi observait son maître. Libre de sa selle comme du pesant appareil, le destrier avait toutefois cessé de paître en voyant le chevalier enfiler son plastron. Habitué à être sifflé lorsque Dagan s'équipait de la sorte, il attendait sagement, anticipant cet appel.
- Pas cette fois mon ami, commenta le Bretonnien en souriant.
Une main sur le pommeau de son épée, il pivota avant de se retrouver face à face avec l'enfant. En un éclair sa mine enjouée s'effaça. En retrait, Shannon s'abstint cette fois d'encourager le gamin. Il venait après tout de corriger leur ami à peau blême sans même se saisir de l'épée qu'il avait d'accrochée entre les omoplates. Parvenant à attraper le poignet de Jürger malgré leur différence d'allonge, il lui avait tordu le bras avec une force insoupçonnée avant de le frapper au visage de l'autre main. Et de répéter la manoeuvre jusqu'à ce que l'impétueux tireur ne daigne reconnaître être incapable de lui porter un seul coup.
- Tu m'honores, Dagan d'Aquitanie, commenta l'enfant en faisant référence à l'armure écarlate qu'avait revêtu le Bretonnien.
- J'ai vu ce dont tu étais capable, répondit-il d'un ton neutre en dégainant sa lame. Et même si tu as l'apparence d'un enfant... cela ne me gêne plus de t'affronter désormais.
L'intéressé eu un rictus amer qui chassa temporairement sa mine réjouie. Ouvrant la bouche, il se passa théâtralement la langue sur les crocs, ne cherchant plus à présent à nier sa vraie nature.
- J'ai l'apparence d'un enfant... mais parce que je suis un monstre, tu acceptes à présent de m'affronter ? C'est off...
- J'accepte parce que je veux que tu t'excuses auprès de mon ami et que tu nous donne enfin ton nom, coupa Dagan avec gravité. Et aussi... parce que je suis curieux moi-aussi de savoir si tu peux me battre.
Le vampire éclata de rire alors que Dagan esquissait malgré lui un léger sourire.
- Une touche, parvint-il a placer entre deux éclats. Une seule touche et je m'exécuterais.
- En trois manches ?
- Tu n'en gagneras pas une, prophétisa l'enfant en dégrafant la lame de son dos.
Pour la première fois ils purent voir l'arme qu'il trimballait tirée du fourreau. Presque aussi grande que lui, elle n'en semblait pas moins d'une légèreté trompeuse entre ses mains. Si son pommeau et sa garde étaient quelconques, sa lame elle se révélait être d'un métal à la fois terne et sombre. Jürger lui-même, ayant passé quelques mois avec un alchimiste de Gravenburg, fronça les sourcils d'étonnement : il n'avait pas la moindre idée du métal dont elle était constituée.
Chassant son propre étonnement, Dagan raffermit sa prise sur son écu et se mit en garde.
Sans prévenir le vampire effectua un bonds en avant, tenant son arme à deux mains du côté d'épée de Dagan. Mais avant l'impact contre l'écu au griffon, l'enfant planta son pied droit dans le sol en stoppant sa charge. Il pivota autour de cet appuis, effectuant un rapide arc-de-cercle autour de son adversaire et termina sa rotation avec un revers bas. Le plat de la lame vint rebondir contre le griffon noir, vissé dans le sol par le Bretonnien ayant anticipé son mouvement. En un éclair, le vampire reprit sa distance, son épée bâtarde pointée vers Dagan.
Concentré, Jürger se prit le menton dans la main. L'action avait été fulgurante. Mais il avait noté un détail : le plat et non le tranchant de l'arme avait rebondir sur le bouclier. Le vampire avait cherché à mettre Dagan à sa hauteur en lui claquant le creux du genoux. Pas à le blesser.
Comme le tireur se faisait cette réflexion, le bretonnien fut à nouveau chargé. S'ensuivit une rapide passe d'arme dont les éclat résonnèrent dans la nuit. Prenant brusquement l'initiative, Dagan frappa du bouclier l'enfant a peine plus grand que celui-ci. Mais le coup manqua comme l'insaisissable bretteur effectuait un nouveau pivot, sa pointe se retrouvant au niveau des côtes de l'adulte.
- Et d'une, commenta-t-il en souriant.
Agrippée à Jürger, la ménestrelle se détendit lorsqu'il effectua un pas en retrait. Il n'avait pas porté son coup au bretonnien qui secouait la tête.
Des étincelles accompagnèrent l'échange suivant. En un éclair Dagan se retrouva avec la pointe de l'épée adverse sous le menton.
- Et de deux, insista son propriétaire avec un sourire narquois.
Aussitôt il refit quelques pas rapide en retrait alors que Dagan, encore sous le coup de cet échec instantané, lorgnait son épée. Il hoqueta de stupeur : cette étrange lame sombre venait d'ébrécher son arme familiale. !
- Aller Dagan, grinça Jürger en serrant les poings. Tu peux faire mieux ! Rabat lui son caquet !
Le vampire chargea une fois de plus. Son coup-droit écarta l'épée du bretonnien sans peine. Ramenant son arme à lui, il crocheta l'écu de Dagan dans le quillon de son arme. Avec un sourire moqueur il écarta le bouclier écarlate en ouvrant le bras. Puis il inversa ses appuis, amorçant une fente fulgurante comme la garde de son ennemi était grande ouverte. Mais la lame sombre ne fendit que de l'air comme Dagan effectuait un pas sur sa droite, bras au bouclier levé au-dessus de l'arme du vampire. Le temps que l'enfant réalise que sa manœuvre n'avait pas porté ses fruit, l'épée de Dagan venait lui caresser la gorge.
- … une vieille manœuvre familiale, commenta-t-il en esquissant à son tour un sourire. Nous n'aimons pas trop nous faire crocheter nos écus dans la famille.
Abasourdis, l'enfant baissa son arme et se contenta de déglutir. Il venait de perdre la troisième et dernière manche. Affichant une moue, il recula de quelques pas avant de glisser son étrange épée dans le fourreau entre ses omoplates. Il dû prendre un posture voûtée et procéder du bout des doigts pour ce faire, ce qui arracha un sourire à Shannon. Remisant également son épée ébréchée, Dagan s'empressa de s'avancer en lui tendant la main.
- Je reconnais que tu es un sacré bretteur, déclara-t-il chaleureusement. Cependant, veille à ne pas pêcher par excès de confiance.
Considérant un instant la poigne tendue, le vampire vint finalement répondre à l'échange.
- Tu es plein de... Surprises... Dagan, répondit-il en s'efforçant de ne pas paraître blessé dans son orgueil.
Ce à quoi l'humain esquissa un nouveau sourire avant de pivoter de côté en croisant les bras. L'enfant eut un rictus amer en se tournant vers Jürger et Shannon.
- Une promesse est une promesse, murmura-t-il avant d'inspirer lentement et de fixer le tireur impérial du regard. Désolé d'avoir été mesquin, de t'avoir traité de blandinet et pour…
Mimant un coup de poing avec une expression mitigée, il fit référence aux visage tuméfié de l'humain albinos. Celui-ci secoua la main en grimaçant.
- Bah. N'en fait pas trop non plus… si tu nous disais plutôt ton nom à présent.
- Mon nom… soupira le vampire en se détournant, le regard vague. Vous souhaitez la vérité... Soit.
Revenant face à eux, il retrouva instantanément le visage dur et dénue d'émotion qu'il leur avait présenté à leur rencontre, lors du tournoi de la Reiksguard.
- Mon nom est Enguerran et je suis un vampire, né humain il y a plus de mille ans sur les rives de Morceau. Des cornus ont emportés mon premier père alors que je n'était qu'un enfant. Quand à mon père dans la mort il est le chevalier noir de Maleaux que ton ancêtre, Darran le Tueur de Griffon, affronta à Bordeleaux. Celui-là même dont les femmes parlent le soir à voix basse pour effrayer les mômes une fois la nuit tombé.
Il se tourna finalement vers le bretonnien au yeux ronds comme des soucoupes :
- Voila qui je suis, Dagan d'Aquitanie, descendant du Tueur de Griffon, à la fois bâtard de Brionne et chevalier de Bordeleaux.
Ses trois interlocuteurs le dévisagèrent sans prononçer un mot. Une minute s'écoula presque avant que Shannon ne répète en clignant théâtralement des yeux :
- Il y a plus de mille ans...
- Oui, je sais… je ne les fais pas, répondit-il en faisant référence à son corps d'enfant. Et pourt… Non, laisse moi un peu d'air, déclara-t-il brusquement en agitant la main comme pour chasser quelque insecte. Va embêter la fille, elle peut aussi te voir je t'ai dit...
- Peuh, n'importe quoi, répondit finalement Jürger avec dédain. Tissu d'âneries. Tout ce qu'on sait à présent sur toi c'est ton nom. Pour peu qu'il soit vrai...
Ce a quoi Enguerran se contenta de hausser les épaules. Dagan lui, restait interdit, incapable de digérer ce qu'il venait d'entendre. Cet enfant, tout vampire qu'il soit, ne pouvait avoir mille ans ! C'était invraisemblable ! Et pourtant... même Jürger ignorait que sa famille n'avait pas toujours été d'Aquitanie : son domaine perdu était frontalier de Bordeleaux.
- Tu m'as réclamé la vérité et tu es libre d'en faire ce que tu veux , se contenta de répliquer Enguerran.
- Cela ferait une drôle d'histoire, murmura soudain la blonde d'un ton songeur . Triste et mélancolique, retrouver le descendant de...
- Evite cela par contre, indiqua le vampire en l'entendant. Je préférerais ne pas ébruiter cette histoire…
Grimaçant pour appuyer sa requête, il n'en démordit pas malgré l'air désolé de la ménestrelle.
*
- Dis moi, Enguerran, tu es un... vampire, sorcier... et tout le tintouin. Qu'est-ce qu'ont de magiques les ailes mécaniques ?
- Pardon ?
Depuis la veille, leurs duels et la révélation fracassante quant à son passé, Jürger et Shannon ne lui avaient pratiquement plus adressé la parole. Ils s'étaient contentés de discuter entre eux et lui jeter des regards en coin. Dagan quant à lui n'avait plus prononcé un seul mot, finissant par mettre mal à l'aise le tireur qui n'avait jamais vu son camarade aussi secoué. Que lui voulait le soldat impérial ? Souhaitait-il simplement briser le malaise qui s'était instauré dans leur groupe ?
- Tu étais... dubitatif, commença Jürger qui était visiblement mal à l'aise, quand à la possibilité qu'elles puissent faire voler Jeremy. Tu l'as pourtant vu comme moi voler. Mais...
- ...mais ?
- Tu étais dans le vrai, concéda enfin l'impérial. Cet appareil ne devrait pas pouvoir décoller du sol. Le rapport poids - puissance est ridiculement mauvais. Sans parler de la vitesse de battement des ailes...
Lentement, Enguerran esquissa un sourire. Tirant une dague sans que Jürger n'en localise le fourreau, il fit signe à l'humain de le suivre comme il se dirigeait vers l'harnachement au sol.
- Es-ce que tu as remarqué les espèces de câbles qui partent des... trucs... là...
- Les pistons, compléta Jürger. Oui. Se sont des catalyseurs de chaleur en cuivre et...
- Oui voila, l'interrompit Enguerran en reprenant sa phrase. La chaleur des trucs est acheminée par ces câbles...
Poursuivant ses explications, il entreprit de dévisser avec précaution une plaque sur l'avant du poitrail de son porteur. L'artificier grinça des dents en le voyant faire, mais s'abstint de l'interrompre.
- ... jusqu'à une chose là-dessous qui l'emmagasine. Ce faisant il la transforme énergie. Celle-là même que les magiciens utilisent pour leurs sorts.
- C'est une grosse dynamo à chaleur... qui alimente un sort ? reformula Jürger en essayant de ne pas se perdre dans les explications hasardeuses de l'enfant.
- C'est toi qui le dit, répondit-il en haussant les épaules. C'est du charabia pour moi.
Intéressé par la discussion et remarquant le traitement appliqué à l'appareil, Dagan délaissa leurs lapins à la broche pour s'approcher. Enguerran termina de retirer la quatrième et dernière visse de la plaque bombée sur laquelle il s'escrimait. Elle se décrocha et révéla en-dessous une gemme translucide. Encastrée dans le métal, des sortes de ventouses la reliait aux câbles dissipateurs de chaleur.
- Un diamant ! s'écria Shannon de l'autre côté du feu en échappant de surprise son outre d'eau.
- Non, regretta Jürger de la décevoir. C'est du cristal. Mais en rien un diamant...
- Rhoo… maugréa-t-elle de déception en ramassant son récipient désormais vide.
Passant un doigt sur la pierre précieuse, Enguerran hocha la tête.
- Je confirme, c'est bien ceci qui permet de faire voler l'canasson.
- Et se serait quoi comme sort ? interrogea Dagan en s'agenouillant près d'eux pour mieux voir.
Le vampire inclina la tête de côté, songeur. Il ne s'attarda pas sur ces premiers mots que prononçait le bretonnien depuis la veille. Sa curiosité était plus grande que son malaise, ce qui en soit était une bonne chose.
- Une sorte de ralentissement de chute je pense. Plus les ailes battent fort, plus le cristal est chauffé et plus la chute de... Jeremy, trouva-t-il avec un regard en direction du bretonnien, s'en trouve ralentie. Par conséquent même les battements ridiculement lents de ce truc arrivent à le faire décoller du sol. Tant qu'il bat fort des ailes, à défaut de battre vite.
- Ça se tiendrait, reconnut Jürger après quelques instants.
- Cela me semble quand même...
- Les lapins ! s'écria brusquement Shannon.
Tout trois se tournèrent d'un même mouvement vers leur feu de camp. Deux des trois proies attrapées par Jürger venaient de glisser de leur support pour rouler dans les braises. Dagan jura en accourant pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l'être...
- EssenSeigneur vampire
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Palmares : Organisateur des tournois du Fort du Sang, de la Reiksguard, des Duels de Lassenburg & de la ruée vers l'Eldorado
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mar 19 Juin 2018 - 21:56
J'ai lu la suite des aventures de Dagan, Jürger et Shannon !
Ces moments de calme autour d'un feu toujours fort appréciables, et sans doute propices à la réminescence du passé lointain, tout comme à l'exploration de choses nouvelles, fussent-elles le fonctionnement d'un harnais à vapeur enchanté.
Connaissant ton talent, je suis curieux de voir quelles péripéties tu réserves à tes héros avant leur arrivée au tournoi de Hjalmar...
La suite !
Ces moments de calme autour d'un feu toujours fort appréciables, et sans doute propices à la réminescence du passé lointain, tout comme à l'exploration de choses nouvelles, fussent-elles le fonctionnement d'un harnais à vapeur enchanté.
Connaissant ton talent, je suis curieux de voir quelles péripéties tu réserves à tes héros avant leur arrivée au tournoi de Hjalmar...
La suite !
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Ven 13 Juil 2018 - 12:10
Merci Essen.
Une suite un peu à part à présent puisque l'on change d'époque. En 875 du calendrier impérial pour être exact. Soit... quelques jours après la fin de Feu & Sang. C'est un récit court que j'avais en tête il y a bien longtemps déjà et qu'enfin je partage. Séquel de mon arc narratif précédent, interprétation d'une scène du lore officiel et transition pour l'une de mes prochaines histoires... C'est un peu tout cela à la fois. C'est aussi posté tout juste après avoir rédigé les 2 paragraphes que je ne parvenait pas à aborder depuis un bon mois. J'espère qu'il n'y a pas trop de coquilles d'orthographe sur ce premier jet... enfin... Bonne lecture
Claquant des dents pour d'autres raisons que la température de l'eau, le rescapé s'efforça de rester silencieux. Il avait été jeté dans le vide par le forcené et n'avait eu le courage de remonter. Resté caché à la ligne de flottaison, il avait écouté le massacre avec effroi. Après de derniers cris et éclats plus haut, le calme était revenu. Le silence qui régnait, troublé seulement par le clapotis de l'eau, en disait long sur la situation à bord. Accroché à l'échelle de coupée en corde du vaisseau pirate, le nordique se laissait balloter. Il était possiblement le dernier survivant des deux navires. Sa position était inconfortable mais si…
Une brusque éclaboussure près de lui interrompit ses réflexions. Agitant frénétiquement les jambes, il balaya l'eau sombre du regard en quête de ce qui avait été jeté par-dessus bord. Mais rien ne venait s'immiscer entre les vagues. Secouant la tête, il raffermit sa prise sur le cordage. L'instant suivant il fut tracté sous la surface. Quelques bulles remontèrent, témoignant d'un cri silencieux.
Une suite un peu à part à présent puisque l'on change d'époque. En 875 du calendrier impérial pour être exact. Soit... quelques jours après la fin de Feu & Sang. C'est un récit court que j'avais en tête il y a bien longtemps déjà et qu'enfin je partage. Séquel de mon arc narratif précédent, interprétation d'une scène du lore officiel et transition pour l'une de mes prochaines histoires... C'est un peu tout cela à la fois. C'est aussi posté tout juste après avoir rédigé les 2 paragraphes que je ne parvenait pas à aborder depuis un bon mois. J'espère qu'il n'y a pas trop de coquilles d'orthographe sur ce premier jet... enfin... Bonne lecture
L'Immaculé
Lentement, le capitaine de l'Immaculé abaissa sa longue-vue. Il inspira profondément avant de se tourner vers ses hommes. Ils attendaient la providence. Ils espéraient de tout leur cœur qu'il leur annonce avoir réussi à distancer leurs poursuivants. Ils souhaitaient être rassurés, savoir que dans quelques semaines ils reverraient les leurs à Marienbourg.
- Ils seront sur nous dans moins d'une heure, déclara-t-il sombrement. Au coucher du soleil. Soyez aussi près que possible. Et que Mannan vous garde.
- Ils seront sur nous dans moins d'une heure, déclara-t-il sombrement. Au coucher du soleil. Soyez aussi près que possible. Et que Mannan vous garde.
*
Avant même l'abordage, les cris des pirates leurs parvinrent. Il y avait quelques torches ici et là qui mettaient leurs silhouettes en évidences. Tout comme les impériaux, ils s'affairaient sur le pont.
Frederick, capitaine de l'Immaculé, grimaça en discernant des cordages parmi ce qu'ils trimbalaient. Un temps il avait espéré se soustraire à leur chasse dans les ténèbres. Mais les nuages s'étaient vites écartés. La présence de deux Lunes dans le ciel ne leur avait laissé aucune chance.
Sans prévenir les premiers crochets surgirent, venant racler du côté intérieur des rambardes. Avant que les marienbourgeois ne réagissent, les cordes furent tendues.
- Décrochez les ! s'écria Frederick en mêlant le geste à la parole.
Les mains tremblantes sur la pièce de métal qui s'enfonçait dans le bois sous la traction, il s'escrima à tirer en sens inverse. Deux marins vinrent l'épauler, mais rien n'y fit.
Du coin de l'œil il remarqua que son équipage l'imitait, les efforts de certains se couronnant de succès.
- Vous pouvez toujours courir pour monter à bord, s'écria le mousse du vaisseau en s'arc-boutant sur le bastingage. On va vous montrer ce que...
Un bruit mat interrompit sa phrase. Dans la foulée, il bascula en arrière et s'écroula sur le pont. Une hache de jet était fichée en plein dans son front. Plusieurs matelots poussèrent des cris d'horreur en bondissant de surprise. A l'inverse, un rire hilare suivit d'insultes barbares vinrent de l'autre bâtiment.
L'immaculé était plus grand et plus haut que son assaillant. Les corsaires ne pouvaient prendre pied en se balançant d'un pont à l'autre à l'aide de cordage. Mais malgré cela Frederick ne se faisait pas d'illusions : l'Immaculé était un vaisseau commercial, pas un navire de guerre. Et contrairement à leurs agresseurs qu'il devinait Norses à présent, très peu d'entre eux savaient se battre.
- Ils grimpent sur la coque ! s'écria brusquement l'un des marins.
Aussitôt plusieurs se penchèrent pour voir cela de leurs propres yeux, oubliant dans la panique le sort funeste de leur mousse. Même Frederick les imita et trouva rapidement l'un des intrus. Poignard entre les dents, il escaladait adroitement le ventre du navire. Même découvert, il continua son ascension.
- Les laissez pas monter !
Hélas, plus loin des cris de douleur de et surprise se faisaient entendre. Les norses étaient à bord. Armés de hachettes et d'épées courtes, ils eurent tôt fait de dégager de l'espace autour d'eux. Sans attendre, leurs camarades placèrent des passerelles entre les deux vaisseaux et le massacre débuta.
Frederick, capitaine de l'Immaculé, grimaça en discernant des cordages parmi ce qu'ils trimbalaient. Un temps il avait espéré se soustraire à leur chasse dans les ténèbres. Mais les nuages s'étaient vites écartés. La présence de deux Lunes dans le ciel ne leur avait laissé aucune chance.
Sans prévenir les premiers crochets surgirent, venant racler du côté intérieur des rambardes. Avant que les marienbourgeois ne réagissent, les cordes furent tendues.
- Décrochez les ! s'écria Frederick en mêlant le geste à la parole.
Les mains tremblantes sur la pièce de métal qui s'enfonçait dans le bois sous la traction, il s'escrima à tirer en sens inverse. Deux marins vinrent l'épauler, mais rien n'y fit.
Du coin de l'œil il remarqua que son équipage l'imitait, les efforts de certains se couronnant de succès.
- Vous pouvez toujours courir pour monter à bord, s'écria le mousse du vaisseau en s'arc-boutant sur le bastingage. On va vous montrer ce que...
Un bruit mat interrompit sa phrase. Dans la foulée, il bascula en arrière et s'écroula sur le pont. Une hache de jet était fichée en plein dans son front. Plusieurs matelots poussèrent des cris d'horreur en bondissant de surprise. A l'inverse, un rire hilare suivit d'insultes barbares vinrent de l'autre bâtiment.
L'immaculé était plus grand et plus haut que son assaillant. Les corsaires ne pouvaient prendre pied en se balançant d'un pont à l'autre à l'aide de cordage. Mais malgré cela Frederick ne se faisait pas d'illusions : l'Immaculé était un vaisseau commercial, pas un navire de guerre. Et contrairement à leurs agresseurs qu'il devinait Norses à présent, très peu d'entre eux savaient se battre.
- Ils grimpent sur la coque ! s'écria brusquement l'un des marins.
Aussitôt plusieurs se penchèrent pour voir cela de leurs propres yeux, oubliant dans la panique le sort funeste de leur mousse. Même Frederick les imita et trouva rapidement l'un des intrus. Poignard entre les dents, il escaladait adroitement le ventre du navire. Même découvert, il continua son ascension.
- Les laissez pas monter !
Hélas, plus loin des cris de douleur de et surprise se faisaient entendre. Les norses étaient à bord. Armés de hachettes et d'épées courtes, ils eurent tôt fait de dégager de l'espace autour d'eux. Sans attendre, leurs camarades placèrent des passerelles entre les deux vaisseaux et le massacre débuta.
*
Examinant le tricorne taché de sang qu'il tenait à bout de bras, le sourire du forban s'étira. Des niveaux inférieurs lui parvenaient les cris des derniers survivants. N'ayant pas la moindre victime à déplorer, un blessé tout au plus, leur succès était total. Alors que justement deux de ses hommes traînaient un de ces marins sans barbe, il posa son trophée de côté et approcha. D'expérience il savait ce qui allait suivre et ne voulait rater cela pour rien au monde. Le malheureux vociférait en se débattant. Mais il n'avait pas la carrure des membres de l'équipage nordique qui s'amusaient de ses efforts plus qu'autre chose.
Sans peine apparente, ils le soulevèrent du sol et, le tenant par les épaules et les hanches, le firent pivoter tête vers le bas en s'approchant du mat principal. L'opération effectuée facilement malgré les gesticulations de l'intéressé trahissait la pratique régulière de celle-ci. Sans qu'elles aient été réclamées, plusieurs pirates accouraient déjà avec des cordes.
Vint alors le second de l'équipage. Le prisonnier, ligoté les pieds en l'air, cessa un instant de crier et commença à blêmir malgré le sang qui lui affluait à la tête. Brandissant un maillet au long manche, la brute de plus de deux mètres laissait derrière elle des empreintes écarlates à chaque pas. Soulevant son arme, il harangua ses hommes qui poussèrent avec lui une clameur. Puis il se tourna vers le supplicié et s'agenouilla face à lui, souriant.
- Toi t'es l'gagnant, lui grommela-t-il dans un impérial approximatif.
Le second se redressa alors de le marin s'efforçait de lutter contre ses liens. Il jeta un coup d'œil vers son capitaine qui hocha la tête, savourant le spectacle. Puis le barbare pressa la tête de son arme contre le nez du survivant avant de reculer à pas mesurés, visant calmement comme tout autour les norses s'excitaient de plus en plus. Lorsqu'il arma sa frappe, l'impérial se joignit à eux et hurla à pleins poumons.
Sans peine apparente, ils le soulevèrent du sol et, le tenant par les épaules et les hanches, le firent pivoter tête vers le bas en s'approchant du mat principal. L'opération effectuée facilement malgré les gesticulations de l'intéressé trahissait la pratique régulière de celle-ci. Sans qu'elles aient été réclamées, plusieurs pirates accouraient déjà avec des cordes.
Vint alors le second de l'équipage. Le prisonnier, ligoté les pieds en l'air, cessa un instant de crier et commença à blêmir malgré le sang qui lui affluait à la tête. Brandissant un maillet au long manche, la brute de plus de deux mètres laissait derrière elle des empreintes écarlates à chaque pas. Soulevant son arme, il harangua ses hommes qui poussèrent avec lui une clameur. Puis il se tourna vers le supplicié et s'agenouilla face à lui, souriant.
- Toi t'es l'gagnant, lui grommela-t-il dans un impérial approximatif.
Le second se redressa alors de le marin s'efforçait de lutter contre ses liens. Il jeta un coup d'œil vers son capitaine qui hocha la tête, savourant le spectacle. Puis le barbare pressa la tête de son arme contre le nez du survivant avant de reculer à pas mesurés, visant calmement comme tout autour les norses s'excitaient de plus en plus. Lorsqu'il arma sa frappe, l'impérial se joignit à eux et hurla à pleins poumons.
*
Avalant sa salive, le marienbourgeois devinait l'un des pirates tout proche. Il s'était terré à la cale dès le début de l'assaut, priant pour qu'ils soient repoussés. Mais Mannan était resté sourd à ses suppliques. Adossé à des caisses de marchandises embarquées à Bordeleaux, il baissa lentement la main jusqu'à sa cheville.
Sans prévenir, le nordique l'attrapa par l'épaule et le tira de sa cachette. Lui posant l'autre main sur le torse, il le souleva du sol. Faisant preuve d'une force effarante, il l'envoya rebondir contre une poutre au plafond. L'impérial bien plus frêle hoqueta de surprise en sentant une douleur sourde lui envahir la poitrine, juste avant que son visage ne s'écrase contre le fond de la cale. Étouffant à moitié et dodelinant de la tête, le marin se força à relever un genou. Lorsque son adversaire le prit par les cheveux, il tira enfin la dague qu'il dissimulait dans sa botte et tenta de poignarder le pirate avec un rugissement de désespoir. En vain. Celui-ci lui attrapa le poignet de l'autre main et le lui vrilla, l'obligeant à échapper son arme.
Le nordique le souleva du sol une fois de plus, le tenant par le gilet au niveau des aisselles. L'impérial battit des jambes, frappant comme il pouvait son bourreau qui encaissa un coup de genoux au menton avec un grognement. Agacé, il le jeta finalement sur la caisse rectangulaire derrière laquelle il l'avait trouvé. Le marin eut tout juste le temps de gémir que les doigts du corsaire se resserraient sur sa gorge. Il l'enjamba, pesant de tout son poids contre le marienbourgeois plus chétif. Cherchant vainement de l'air, il eut un dernier hoquet lorsqu'un surin lui fouilla les entrailles, du sang venant perler à ses lèvres. Le malheureux eut encore quelques spasmes avant de finalement rendre son dernier souffle.
Soupirant, l'assassin descendit de la caisse avant de s'y adosser afin de calmer sa respiration. Les yeux mieux acclimatés à la pénombre suite à cette altercation, il balaya la cale du regard. Tant de choses diverses se trouvaient là et…
Un mouvement soudain l'incita brusquement à se relever. Grimaçant d'étonnement, il contempla la caisse sur laquelle gisait la dépouille de l'impérial. Cela venait de l'intérieur, il l'aurait juré. Retirant son poignard du cadavre avec un ruisselet écarlate, il retrouva son sourire. Quoi qu'il y ai à l'intérieur, il en ferait son affaire. Il fit basculer le corps avant de chercher de quoi ouvrir cette boîte.
Sans prévenir, le nordique l'attrapa par l'épaule et le tira de sa cachette. Lui posant l'autre main sur le torse, il le souleva du sol. Faisant preuve d'une force effarante, il l'envoya rebondir contre une poutre au plafond. L'impérial bien plus frêle hoqueta de surprise en sentant une douleur sourde lui envahir la poitrine, juste avant que son visage ne s'écrase contre le fond de la cale. Étouffant à moitié et dodelinant de la tête, le marin se força à relever un genou. Lorsque son adversaire le prit par les cheveux, il tira enfin la dague qu'il dissimulait dans sa botte et tenta de poignarder le pirate avec un rugissement de désespoir. En vain. Celui-ci lui attrapa le poignet de l'autre main et le lui vrilla, l'obligeant à échapper son arme.
Le nordique le souleva du sol une fois de plus, le tenant par le gilet au niveau des aisselles. L'impérial battit des jambes, frappant comme il pouvait son bourreau qui encaissa un coup de genoux au menton avec un grognement. Agacé, il le jeta finalement sur la caisse rectangulaire derrière laquelle il l'avait trouvé. Le marin eut tout juste le temps de gémir que les doigts du corsaire se resserraient sur sa gorge. Il l'enjamba, pesant de tout son poids contre le marienbourgeois plus chétif. Cherchant vainement de l'air, il eut un dernier hoquet lorsqu'un surin lui fouilla les entrailles, du sang venant perler à ses lèvres. Le malheureux eut encore quelques spasmes avant de finalement rendre son dernier souffle.
Soupirant, l'assassin descendit de la caisse avant de s'y adosser afin de calmer sa respiration. Les yeux mieux acclimatés à la pénombre suite à cette altercation, il balaya la cale du regard. Tant de choses diverses se trouvaient là et…
Un mouvement soudain l'incita brusquement à se relever. Grimaçant d'étonnement, il contempla la caisse sur laquelle gisait la dépouille de l'impérial. Cela venait de l'intérieur, il l'aurait juré. Retirant son poignard du cadavre avec un ruisselet écarlate, il retrouva son sourire. Quoi qu'il y ai à l'intérieur, il en ferait son affaire. Il fit basculer le corps avant de chercher de quoi ouvrir cette boîte.
*
Un cri de terreur en provenance de la cale troubla les réjouissances, brusquement coupé dans un sursaut étranglé. Les flibustiers les plus proches échangèrent des regards étonnés. Mains sur leurs armes, il se détournèrent des corps qu'ils dépouillaient pour approcher la trappe principale et la porte d'accès à l'étage inférieur, fermée à ce moment-là.
- J'croyais qu'on avait tout nettoyé, grinça un premier aux bras recouverts de tatouages.
- Apparemment non.
Des injures en norses montèrent du sol, suivis de cris de guerres et bruits de vaisselle cassée. Puis un fracas plus violent que les autres fit tiquer le capitaine des pirates au crâne rasé. Se détournant du tricorne qu'il avait repris en main, il se pencha au-dessus de la trappe de stockage : l'écoutille de cambuse. Mais il eut beau plisser le regard, impossible de percer les ombres malgré les deux lunes qui brillaient dans le ciel.
- Approche ta torche, héla-t-il l'un de ses hommes.
Celui-ci s'exécuta, passant devant un des forbans en train de cacher une bourse dans la poche de son gilet. Tous attendaient l'ordre de descendre, impatients d'aller s'occuper des éventuels résistants cachés dans un recoin du navire. Aussi vite que ce chahut s'était manifesté, le calme revint. Plus personne sur le pont ne prononçait le moindre mot, attentif. Mais les profondeurs de l'Immaculé restaient silencieuses. Après un moment, le capitaine se redressa. Il ne discernait que des bacs de légumes et des hamacs de sa position. Il soupira.
- Toi et...
Il n'eut pas le temps d'en dire plus qu'un fracas dans son dos, suivit d'un cri de stupeur, l'interrompit.
- Que...
Accroupi sur l'un de ses hommes à terre, un inconnu en tenue fantaisiste balaya le pont d'un regard de braise. Il avait littéralement jaillit de la porte permettant d'accéder aux étages inférieurs, à ce moment-là fermée. A sa gauche un second pirate s'était effondré, gémissant en se cachant la face. Le bois de la porte claquée lui avait brisé le visage. Tournant rapidement la tête avec l'allure d'un prédateur acculé, le nouveau venu dégoulinant de sang scrutait un à un les norses surpris par son entrée fracassante. Et avant qu'aucun ne puisse réagir ou même étudier ses étranges vêtements plus en détail, il passa à l'action.
D'une main sur le front de sa première victime à terre, il se propulsa en avant et fusa à quatre pattes tel un animal, droit sur un colosse comme seul la Norsca pouvait en engendrer. Colosse dont la hache ne trancha que de l'air avant qu'il ne soit arraché du pont. Une prise à l'entrejambe et l'autre à l'aisselle, cet assaillant furieux lui fit réaliser un vol-plané avant d'avoir le crâne encastré dans le plancher. Le corps était encore agité de soubresauts comme l'auteur de cette démonstration de force se redressait. A son poing se trouvait la hache du malheureux.
- Découpez moi ce rat de cale ! s'écria le capitaine en tirant sa lame du fourreau pour la seconde fois cette nuit.
- Mermedus ! approuva un corsaire en beuglant le nom de sa divinité.
Dans la seconde une hache lui mordit la clavicule. Il fut coupé en plein élan et le rejeté violemment en arrière. Mais l'insaisissable tueur lui tournait déjà le dos. Il chargea un nouvel ennemi à l'opposé dont il happa le poignet, l'empêchant de porter son coup de d'épée. Saisit à la nuque, le pirate fut tracté en avant jusqu'à ce que leurs deux corps soient collés l'un à l'autre. La victime eut juste le temps de pousser un hoquet de surprise qu'une giclée de sang jaillissait d'entre ses lèvres.
Un nouvel attaquant se saisit de l'opportunité. Il porta un coup de côté de son épée déjà maculée du sang de l'équipage précédent. Mais guidé par quelque sixième sens, leur ennemi fit un pivot en retrait. La lame déchira la tunique de son propre compagnon avant que ce bouclier humain ne lui soit lancé à la figure. Tous deux roulèrent au sol. Il fut éclaboussé par plusieurs giclées écarlates successives avant de pousser des cris de panique et repousser frénétiquement son confrère agité de spasmes. Le pauvre bougre avait eu la gorge déchirée à grands coup de crocs et ses artères vomissaient une fontaine de sang.
Debout face à trois pirates hésitant à charger, le vampire au visage maculé d'humeurs poussa un feulement sauvage. Il était vêtu d'un habit tape à l'œil et raffiné, tranchant avec l'apparence plus rude des nordiques. Mais pourtant il faisait preuve de ben plus de bestialité qu'eux. Et le liquide écarlate qui tachait sa tenue et dégoulinait de partout n'arrangeaient rien.
Il tourna brusquement les talons. Ses cheveux voletèrent en projetant des fluides rouges tout autour. D'une impulsion, il effectua un saut ridiculement haut qu'aucun des hommes n'aurait été en mesure d'effectuer. Puis il s'accrocha à la rambarde du pont supérieur au-dessus de l'issue d'où il avait débarqué. Il l'enjamba lestement comme deux corsaires qui se trouvaient là, prit de court par sa manœuvre, levaient leurs armes en reculant.
Le temps que d'autres nordiques ne grimpent les quelques marches reliant les deux étages, l'un deux était projeté par-dessus bord.
Lorsque le capitaine des forbans grimpa à son tour à l'étage supérieur, il dut se rendre à l'évidence : ce seul forcené était en train de massacrer son équipage. Ses hommes commençaient d'ailleurs à le réaliser. D'abord sûr d'eux ils avaient tentés de neutraliser ce survivant impérial. Puis enragés par la mort de leurs camarades ils avaient redoublés d'ardeur. Désormais le doute les assaillait. Étaient-ils seulement capable d'en venir a bout ? Levant à bout de bras l'un des nordiques embrochés jusqu'à la garde par sa propre épée, le vampire laissait supposer le contraire.
- Revenez au navire ! Ordonna-t-il après une dernière hésitation.
Les matelots l'entourant échangèrent quelques regards avant d'approuver en hochant la tête. Comme un seul homme ils se précipitèrent sur le pont principal et les passerelles mises en place pour l'assaut. Jouant des coudes avec ses propres hommes, le capitaine pirate posa un premier pied sur la première planche venue… avant d'être tiré en arrière par le col. Le choc de son crâne contre le bois le plongea dans les ténèbres. Il balbutia pitoyablement comme une douleur sourde lui emplissait la tête.
Glacés d'effroi, les corsaires virent impuissant leur commandant se faire littéralement éclater la caboche contre la rambarde. Pour ne rien arranger, le monstre s'acharna sur la dépouille, projetant des esquilles d'os et morceaux de cervelles dans toutes les directions. Il jeta le cadavre de côté avant de se jeter sur un autre fuyard ayant le malheur de passer là.
- Coupez les cordes et laissez tomber les passerelles ! s'écria un forban depuis l'autre pont en faisant basculer la planche devant lui.
Suivant son exemple, les autres marins s'empressèrent de les renverser. Plusieurs coup de haches vinrent sectionner les grappins reliant les deux vaisseaux. La peur donnant des ailes au corsaires, tous avaient eut le temps de revenir sur leur navire en un temps record.
Comme ils retiraient la dernière passerelle, une ombre traversa l'espace entre les deux navires. L'impact contre l'un des pirates fit pivoter les survivants. Ils virent avec effroi le vampire déjà s'acharner à mains nues sur le visage de sa victime. Toutefois lorsqu'il se redressa, les bras en sang, le capitaine en second le dominait de toute sa hauteur.
Avant que la créature ne réagisse, le maillet percuta son flanc et l'envoya valser contre le mat. L'assassin se tordit de douleur, se tenant les côtes et vociférant quelques paroles incompréhensibles. Regagnant brusquement en confiance, le corsaire s'approcha sous les encouragements de ses confrères. Finalement le forcené était à terre !
Néanmoins, il s'interrompit un instant en remarquant ce qui dépassait du dos du vampire. Un pieu. Profondément enfoncé à travers sa poitrine, il le traversait de part en part. Malgré cette terrible blessure, il les fauchait plus facilement que les blés !
- Peuh, cracha-t-il en levant son lourd marteau au-dessus de sa tête.
Son hésitation lui coûta néanmoins le coup fatal. Le blessé roula de côté et évita de justesse le maillet qui fracassa quelques planches. Il s'échina aussi vite que possible à le tirer du bois, mais l'instant de flottement était passé. Le plat de la botte de cet envahisseur nocturne vint frapper le marin sur le côté du genou. L'articulation céda avec un craquement équivoque. Hurlant de douleur, il s'effondra contre son adversaire. Sous les yeux médusés du reste de l'équipage, n'osant intervenir, tout deux roulèrent de côté jusqu'à ce que le monstre ne se cale au-dessus de sa victime.
Rapidement ses deux mains vinrent enserrer la gorge du corsaire dont aussitôt le visage vira au rouge. Toutefois, faisant preuve d'un éclat de lucidité, il ne s'acharna pas à lutter contre la poigne du mort-vivant. Il vint presser la blessure en plein milieu du torse de celui-ci.
L'effet fut immédiat. Le vampire se redressa en hurlant, offrant une bouffée d'air au nordique. Mais bien vite son poing vint fracasser le nez du pirate avec un cri de rage. Il lui enserra la gorge d'une main, bloquant le bras de sa victime de l'autre. La lutte entre eux deux ne dura que quelques secondes de plus comme du sang commençait à lui imbiber les doigts. D'une torsion du poignet, il arracha finalement la trachée de l'humain. Le regard fou, il se redressa en titubant avant de se tourner vers la dizaine de survivants que représentait désormais l'équipage assaillant.
- Je... je…
L'espace d'un instant, main sur le flanc, il semblait hésiter face aux humains acculés. Ce dernier pugilat avait visiblement sapé ses forces. De plus il prononçait ses premiers mots depuis son intervention. Aussi restèrent-ils interdits, espérant repousser le moment qu'ils savaient fatidique.
- Je... vais...
Lentement, son expression confuse se mua en un sourire étiré d'une oreille à l'autre.
- Je vous pourfendrais jusqu'au dernier !
- J'croyais qu'on avait tout nettoyé, grinça un premier aux bras recouverts de tatouages.
- Apparemment non.
Des injures en norses montèrent du sol, suivis de cris de guerres et bruits de vaisselle cassée. Puis un fracas plus violent que les autres fit tiquer le capitaine des pirates au crâne rasé. Se détournant du tricorne qu'il avait repris en main, il se pencha au-dessus de la trappe de stockage : l'écoutille de cambuse. Mais il eut beau plisser le regard, impossible de percer les ombres malgré les deux lunes qui brillaient dans le ciel.
- Approche ta torche, héla-t-il l'un de ses hommes.
Celui-ci s'exécuta, passant devant un des forbans en train de cacher une bourse dans la poche de son gilet. Tous attendaient l'ordre de descendre, impatients d'aller s'occuper des éventuels résistants cachés dans un recoin du navire. Aussi vite que ce chahut s'était manifesté, le calme revint. Plus personne sur le pont ne prononçait le moindre mot, attentif. Mais les profondeurs de l'Immaculé restaient silencieuses. Après un moment, le capitaine se redressa. Il ne discernait que des bacs de légumes et des hamacs de sa position. Il soupira.
- Toi et...
Il n'eut pas le temps d'en dire plus qu'un fracas dans son dos, suivit d'un cri de stupeur, l'interrompit.
- Que...
Accroupi sur l'un de ses hommes à terre, un inconnu en tenue fantaisiste balaya le pont d'un regard de braise. Il avait littéralement jaillit de la porte permettant d'accéder aux étages inférieurs, à ce moment-là fermée. A sa gauche un second pirate s'était effondré, gémissant en se cachant la face. Le bois de la porte claquée lui avait brisé le visage. Tournant rapidement la tête avec l'allure d'un prédateur acculé, le nouveau venu dégoulinant de sang scrutait un à un les norses surpris par son entrée fracassante. Et avant qu'aucun ne puisse réagir ou même étudier ses étranges vêtements plus en détail, il passa à l'action.
D'une main sur le front de sa première victime à terre, il se propulsa en avant et fusa à quatre pattes tel un animal, droit sur un colosse comme seul la Norsca pouvait en engendrer. Colosse dont la hache ne trancha que de l'air avant qu'il ne soit arraché du pont. Une prise à l'entrejambe et l'autre à l'aisselle, cet assaillant furieux lui fit réaliser un vol-plané avant d'avoir le crâne encastré dans le plancher. Le corps était encore agité de soubresauts comme l'auteur de cette démonstration de force se redressait. A son poing se trouvait la hache du malheureux.
- Découpez moi ce rat de cale ! s'écria le capitaine en tirant sa lame du fourreau pour la seconde fois cette nuit.
- Mermedus ! approuva un corsaire en beuglant le nom de sa divinité.
Dans la seconde une hache lui mordit la clavicule. Il fut coupé en plein élan et le rejeté violemment en arrière. Mais l'insaisissable tueur lui tournait déjà le dos. Il chargea un nouvel ennemi à l'opposé dont il happa le poignet, l'empêchant de porter son coup de d'épée. Saisit à la nuque, le pirate fut tracté en avant jusqu'à ce que leurs deux corps soient collés l'un à l'autre. La victime eut juste le temps de pousser un hoquet de surprise qu'une giclée de sang jaillissait d'entre ses lèvres.
Un nouvel attaquant se saisit de l'opportunité. Il porta un coup de côté de son épée déjà maculée du sang de l'équipage précédent. Mais guidé par quelque sixième sens, leur ennemi fit un pivot en retrait. La lame déchira la tunique de son propre compagnon avant que ce bouclier humain ne lui soit lancé à la figure. Tous deux roulèrent au sol. Il fut éclaboussé par plusieurs giclées écarlates successives avant de pousser des cris de panique et repousser frénétiquement son confrère agité de spasmes. Le pauvre bougre avait eu la gorge déchirée à grands coup de crocs et ses artères vomissaient une fontaine de sang.
Debout face à trois pirates hésitant à charger, le vampire au visage maculé d'humeurs poussa un feulement sauvage. Il était vêtu d'un habit tape à l'œil et raffiné, tranchant avec l'apparence plus rude des nordiques. Mais pourtant il faisait preuve de ben plus de bestialité qu'eux. Et le liquide écarlate qui tachait sa tenue et dégoulinait de partout n'arrangeaient rien.
Il tourna brusquement les talons. Ses cheveux voletèrent en projetant des fluides rouges tout autour. D'une impulsion, il effectua un saut ridiculement haut qu'aucun des hommes n'aurait été en mesure d'effectuer. Puis il s'accrocha à la rambarde du pont supérieur au-dessus de l'issue d'où il avait débarqué. Il l'enjamba lestement comme deux corsaires qui se trouvaient là, prit de court par sa manœuvre, levaient leurs armes en reculant.
Le temps que d'autres nordiques ne grimpent les quelques marches reliant les deux étages, l'un deux était projeté par-dessus bord.
Lorsque le capitaine des forbans grimpa à son tour à l'étage supérieur, il dut se rendre à l'évidence : ce seul forcené était en train de massacrer son équipage. Ses hommes commençaient d'ailleurs à le réaliser. D'abord sûr d'eux ils avaient tentés de neutraliser ce survivant impérial. Puis enragés par la mort de leurs camarades ils avaient redoublés d'ardeur. Désormais le doute les assaillait. Étaient-ils seulement capable d'en venir a bout ? Levant à bout de bras l'un des nordiques embrochés jusqu'à la garde par sa propre épée, le vampire laissait supposer le contraire.
- Revenez au navire ! Ordonna-t-il après une dernière hésitation.
Les matelots l'entourant échangèrent quelques regards avant d'approuver en hochant la tête. Comme un seul homme ils se précipitèrent sur le pont principal et les passerelles mises en place pour l'assaut. Jouant des coudes avec ses propres hommes, le capitaine pirate posa un premier pied sur la première planche venue… avant d'être tiré en arrière par le col. Le choc de son crâne contre le bois le plongea dans les ténèbres. Il balbutia pitoyablement comme une douleur sourde lui emplissait la tête.
Glacés d'effroi, les corsaires virent impuissant leur commandant se faire littéralement éclater la caboche contre la rambarde. Pour ne rien arranger, le monstre s'acharna sur la dépouille, projetant des esquilles d'os et morceaux de cervelles dans toutes les directions. Il jeta le cadavre de côté avant de se jeter sur un autre fuyard ayant le malheur de passer là.
- Coupez les cordes et laissez tomber les passerelles ! s'écria un forban depuis l'autre pont en faisant basculer la planche devant lui.
Suivant son exemple, les autres marins s'empressèrent de les renverser. Plusieurs coup de haches vinrent sectionner les grappins reliant les deux vaisseaux. La peur donnant des ailes au corsaires, tous avaient eut le temps de revenir sur leur navire en un temps record.
Comme ils retiraient la dernière passerelle, une ombre traversa l'espace entre les deux navires. L'impact contre l'un des pirates fit pivoter les survivants. Ils virent avec effroi le vampire déjà s'acharner à mains nues sur le visage de sa victime. Toutefois lorsqu'il se redressa, les bras en sang, le capitaine en second le dominait de toute sa hauteur.
Avant que la créature ne réagisse, le maillet percuta son flanc et l'envoya valser contre le mat. L'assassin se tordit de douleur, se tenant les côtes et vociférant quelques paroles incompréhensibles. Regagnant brusquement en confiance, le corsaire s'approcha sous les encouragements de ses confrères. Finalement le forcené était à terre !
Néanmoins, il s'interrompit un instant en remarquant ce qui dépassait du dos du vampire. Un pieu. Profondément enfoncé à travers sa poitrine, il le traversait de part en part. Malgré cette terrible blessure, il les fauchait plus facilement que les blés !
- Peuh, cracha-t-il en levant son lourd marteau au-dessus de sa tête.
Son hésitation lui coûta néanmoins le coup fatal. Le blessé roula de côté et évita de justesse le maillet qui fracassa quelques planches. Il s'échina aussi vite que possible à le tirer du bois, mais l'instant de flottement était passé. Le plat de la botte de cet envahisseur nocturne vint frapper le marin sur le côté du genou. L'articulation céda avec un craquement équivoque. Hurlant de douleur, il s'effondra contre son adversaire. Sous les yeux médusés du reste de l'équipage, n'osant intervenir, tout deux roulèrent de côté jusqu'à ce que le monstre ne se cale au-dessus de sa victime.
Rapidement ses deux mains vinrent enserrer la gorge du corsaire dont aussitôt le visage vira au rouge. Toutefois, faisant preuve d'un éclat de lucidité, il ne s'acharna pas à lutter contre la poigne du mort-vivant. Il vint presser la blessure en plein milieu du torse de celui-ci.
L'effet fut immédiat. Le vampire se redressa en hurlant, offrant une bouffée d'air au nordique. Mais bien vite son poing vint fracasser le nez du pirate avec un cri de rage. Il lui enserra la gorge d'une main, bloquant le bras de sa victime de l'autre. La lutte entre eux deux ne dura que quelques secondes de plus comme du sang commençait à lui imbiber les doigts. D'une torsion du poignet, il arracha finalement la trachée de l'humain. Le regard fou, il se redressa en titubant avant de se tourner vers la dizaine de survivants que représentait désormais l'équipage assaillant.
- Je... je…
L'espace d'un instant, main sur le flanc, il semblait hésiter face aux humains acculés. Ce dernier pugilat avait visiblement sapé ses forces. De plus il prononçait ses premiers mots depuis son intervention. Aussi restèrent-ils interdits, espérant repousser le moment qu'ils savaient fatidique.
- Je... vais...
Lentement, son expression confuse se mua en un sourire étiré d'une oreille à l'autre.
- Je vous pourfendrais jusqu'au dernier !
*
Claquant des dents pour d'autres raisons que la température de l'eau, le rescapé s'efforça de rester silencieux. Il avait été jeté dans le vide par le forcené et n'avait eu le courage de remonter. Resté caché à la ligne de flottaison, il avait écouté le massacre avec effroi. Après de derniers cris et éclats plus haut, le calme était revenu. Le silence qui régnait, troublé seulement par le clapotis de l'eau, en disait long sur la situation à bord. Accroché à l'échelle de coupée en corde du vaisseau pirate, le nordique se laissait balloter. Il était possiblement le dernier survivant des deux navires. Sa position était inconfortable mais si…
Une brusque éclaboussure près de lui interrompit ses réflexions. Agitant frénétiquement les jambes, il balaya l'eau sombre du regard en quête de ce qui avait été jeté par-dessus bord. Mais rien ne venait s'immiscer entre les vagues. Secouant la tête, il raffermit sa prise sur le cordage. L'instant suivant il fut tracté sous la surface. Quelques bulles remontèrent, témoignant d'un cri silencieux.
*
Seul. Il était désormais seul. Plus aucun battement de cœur ne venait résonner à ses tympans. Ne restait plus que le clapotis de l'eau contre les deux coques. Les craquements des mats et gréements en protestation de la brise nocturne. Le roulis de quelque chargement libérés de leurs attaches dans le ventre du vaisseau impérial.
Face tourné vers le ciel et ses deux lunes où les étoiles se multipliaient, Luther revint progressivement à la raison. Il était seul. Deux navires dont il ignorait tout étaient reliés ensemble par les crochets pirates restant. Dégoulinant d'eau de mer, il parcourut les deux ponts d'un œil neuf. Non, il n'ignorait pas tout de ces deux navires. Sa mémoire encore embrumée était morcelée de souvenirs, dérobés aux corps refroidissant un peu partout. Celui-ci s'appelait l'Immaculé. L'autre… il était incapable de retrouver le nom de l'autre bateau dans sa confusion.
Cela lui revint brusquement. Cet épieu à travers sa poitrine. Le gosse. Manesh'k.
Fulminant, il se tourna vers le parquet, ressentant la présence de son oncle au fond de la cale. Il l'avait frappé, tout ça pour protéger un môme !
Avec un cri de rage, le vampire sauta à travers l'écoutille de cambuse, prêt à réduire Manesh'k en charpie. Néanmoins, une fois face aux caisses où se trouvaient les siens, en léthargie, il ne put se résoudre à avancer davantage. Les tuer dans leur sommeil n'aurait pas été juste. Pas ainsi. Pas désarmés et sans défense.
Moyennement calmé, Luther remonta sur le pont. Du sang. Des corps. Où qu'il pose le regard, il ne voyait que la mort. D'un œil désintéressé, il se tourna vers les voiles. A travers les souvenirs dérobés aux morts, il devinait quelques noms de tout ceci. Mais cela n'en ferait pas un marin pour autant, capable de retrouver la terre ferme à la lueur des cieux. A moins qu'il ne se résolve à boire le sang des cadavres…
- Hors de question, s'écria-t-il à voix haute à l'instant où il eut cette pensée. Je suis pas un foutu Strigani !
Lui qui enviait les capacités des nécromanciens, de Gilnash ou plus récemment de Manesh'k et ses flammes…
Des cadavres. Du temps à ne plus savoir quoi en faire, attendant de retrouver la côte. Il eut un rire sans joie en s'avançant. Ses semelles collaient au sol avec des bruits spongieux.
Nous devons pratiquer, nous exercer encore et encore pour acquérir définitivement ces capacités que nous dérobons, se remémora-t-il en s'accroupissant.
- Meh. C'est une façon comme une autre de ne pas gaspiller mon temps, déclara-t-il pour lui-même en s'ouvrant aux arcanes.
Déjà tout autour de lui, Luther percevait le vent noir. Il imprégnait les lieux, ronflait autour des corps comme de lui-même, glissant sur le bois et s'accrochant aux voiles. Choses guère étonnantes vu la tournure qu'avait pris l'assaut nordique suite à son réveil…
Avec un dernier soupir, il ferma les yeux. Et se laissa emporter.
Face tourné vers le ciel et ses deux lunes où les étoiles se multipliaient, Luther revint progressivement à la raison. Il était seul. Deux navires dont il ignorait tout étaient reliés ensemble par les crochets pirates restant. Dégoulinant d'eau de mer, il parcourut les deux ponts d'un œil neuf. Non, il n'ignorait pas tout de ces deux navires. Sa mémoire encore embrumée était morcelée de souvenirs, dérobés aux corps refroidissant un peu partout. Celui-ci s'appelait l'Immaculé. L'autre… il était incapable de retrouver le nom de l'autre bateau dans sa confusion.
Cela lui revint brusquement. Cet épieu à travers sa poitrine. Le gosse. Manesh'k.
Fulminant, il se tourna vers le parquet, ressentant la présence de son oncle au fond de la cale. Il l'avait frappé, tout ça pour protéger un môme !
Avec un cri de rage, le vampire sauta à travers l'écoutille de cambuse, prêt à réduire Manesh'k en charpie. Néanmoins, une fois face aux caisses où se trouvaient les siens, en léthargie, il ne put se résoudre à avancer davantage. Les tuer dans leur sommeil n'aurait pas été juste. Pas ainsi. Pas désarmés et sans défense.
Moyennement calmé, Luther remonta sur le pont. Du sang. Des corps. Où qu'il pose le regard, il ne voyait que la mort. D'un œil désintéressé, il se tourna vers les voiles. A travers les souvenirs dérobés aux morts, il devinait quelques noms de tout ceci. Mais cela n'en ferait pas un marin pour autant, capable de retrouver la terre ferme à la lueur des cieux. A moins qu'il ne se résolve à boire le sang des cadavres…
- Hors de question, s'écria-t-il à voix haute à l'instant où il eut cette pensée. Je suis pas un foutu Strigani !
Lui qui enviait les capacités des nécromanciens, de Gilnash ou plus récemment de Manesh'k et ses flammes…
Des cadavres. Du temps à ne plus savoir quoi en faire, attendant de retrouver la côte. Il eut un rire sans joie en s'avançant. Ses semelles collaient au sol avec des bruits spongieux.
Nous devons pratiquer, nous exercer encore et encore pour acquérir définitivement ces capacités que nous dérobons, se remémora-t-il en s'accroupissant.
- Meh. C'est une façon comme une autre de ne pas gaspiller mon temps, déclara-t-il pour lui-même en s'ouvrant aux arcanes.
Déjà tout autour de lui, Luther percevait le vent noir. Il imprégnait les lieux, ronflait autour des corps comme de lui-même, glissant sur le bois et s'accrochant aux voiles. Choses guère étonnantes vu la tournure qu'avait pris l'assaut nordique suite à son réveil…
Avec un dernier soupir, il ferma les yeux. Et se laissa emporter.
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Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Ven 13 Juil 2018 - 13:27
C'est tellement stylé. En effet, on devine bien de quel moment historique il s'agit. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'à la fin Manesh'k et Gilnash soient encore à bord (même si en fait cela fait plus de sens, étant donné que je ne les vois pas abandonner Luther).
Le massacre qu'il a commis est d'ailleurs très bien narré. Durant tout le début, je me demandais à quel moment il allait intervenir, et je dois dire ne pas avoir été déçu . Ensuite, ce n'est que pure violence, mais ses victimes n'étant cette fois pas des enfants sans défenses, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire à pleines dents en le lisant.
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"Et quand les morts se lèvent, leurs tombeaux sont remplis par les vivants"
Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D
Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun
Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 23 Juil 2018 - 23:04
Merci Arca pour ce retour, heureux que le passage t'ai plu ^^
Le massacre a été jouissif a écrire. Les séquences entre en revanche, un vrai calvaire. J'suis pas marin moi, c'vocabulaire et la disposition des lieux m'était pas familiers
Aller, on avance à présent. Un saut d'arc narratif très loin dans le futur. Le retour de Résurrection, qu'on pourrait aussi décrire comme l'arc narratif des aventures de Manesh'k a l'époque de Mordheim (soit précisément 1125 ans plus tard !)
Pour fêter mon 999e post je vais officiellement reprendre ma première histoire ici. Histoire que volontairement je ne déterrerais pas des profondeurs de la section. Et aussi parce que je veux continuer à rédiger des "chapitres cours" et ne pas retomber dans les travers des textes de plus de 20 pages xD
Cependant, car tout le monde n'était pas là à l'époque, un descriptif de tout le bazar qui va suivre :
Je me suis initié à warhammer il y a neuf ans en compagnie d'autres hobbystes en ligne avant de venir sur ce forum, réalisant une sorte de choix des armes ayant pour thème Mordheim. L'idée était de peindre des figouzes et publier leurs aventures croisées entre personnages. Un peu comme nous le faisons lors de nos tournois actuels. Mais en plus maladroit à l'époque, j'en convient.
Venaient Yodan et sa bande d'Asurs guidés par le capitaine Kaenur, Kisame et ses reptiles ayant traversé la Flaque sur l'injonction du prêtre Skink Tenqualteq , les Nains d'Arik guidés par Harek le Marcheur, les Orques de Litrik guidé par l'ambitieux chef Bodork, la harde d'Hommes-Betes de Schattra guidés par Kherrog le Brulé, le malheureux mercenaire Wolgang Dichter "4 as" ayant rejoint le Cabaret Itinérant d'Eol et enfin votre serviteur qui créait un peu par hasard celui qui deviendrait par séquel Manesh'k, j'ai nommé Mandrak.
J'ai toutefois abandonné les aventures de Mandrak, n'étant plus que deux auteurs actifs avec Litrik. C'est alors que j'ai eu l'idée de rédiger son passé. Dans un premier temps sa mort, puis ses origine à Lahmia. Vous connaissez la suite.
Si vous avez lu les précédentes aventures de Manesh'k, ce qui va suivre reprends quelques années après sa mort de la main du Comte Carstein. Si en revanche vous prenez à la volée… ce n'est pas un souci. Gardez juste en tête que notre protagoniste principal a été tué par Vlad lui-même au cours d'un combat singulier et qu'il a toutes les raisons de l'univers de le détester.
Si vous avez le courage de consulter mes débuts maladroits c'est à ce lien ou sur mon blog. Sinon, et je vous comprends, voici un condensé de la situation que je reprends :
Mandrak : le vampire est un combattant émérite. Désormais armé d'une épée ensorcelée prise sur le cadavre d'un serviteur du Comte, il fait couler le sang partout où il passe. Il n'est plus que l'ombre de celui qu'il fut avant sa seconde mort, ayant rejeté toute notion d'honneur. Seul son objectif importe désormais : nuire au Comte von Carstein lui ayant prit tout ce qu'il avait de cher en ce monde. En possession d'un artefact d'une puissance prodigieuse en la forme du crâne de malepiere, il découvre encore les prouesses arcaniques dont il est désormais capable.
Gimrik : simple gosse torturé après l'assassinat de ses parents, le petit a sombré dans la folie. Nourrit de chair humaine durant de long mois, puis de malepierre brute, il devint rapidement créature que Mandrak lui-même ne saurait nommer. Difforme, naïf, affamé mais surtout d'une loyauté à toute épreuve, d'aucun ne saurait reconnaitre l'enfant qu'il fut. Il est désormais affublé d'un capuchon gobelin subtilisé à un cadavre et brandit le manchon d'une bannière elfique récupéré sur un champ de bataille lors de leur voyage vers Mordheim.
Skrash : le meilleur sorcier du modeste clan Kaere a échoué à sa mission. Son escadron n'est plus et il est la marionnette du vampire von Nécrosis. Damné dans son sommeil, le skaven lutte à chaque instant contre les voix hurlant à l'intérieur de son crâne. Mais ce tourment lui a offert une vigueur inattendue qui lui permet de repousser les limites de son corps. Sa convoitise du crâne de Malepierre n'est pas un secret pour Mandrak qui s'en amuse même. Toutefois, lors de la dernière mission confiée par son maître, les morts-vivants qui lui avaient été confiés ont été massacrés par des créatures reptiliennes. Lui-même a atrocement été mutilé avant, dans une tentative désespérée, de faire s'effondrer la galerie où ils se trouvaient.
Shriiegn : le vieux nécromant pensait pouvoir développer ses dons dans les entrailles de la cité des damnés. Mais se fut sans compter sur Mandrak qui vint renverser ses plans et asservir le mage. Pire encore, il est accompagné d'un rat renifleur de malepierre. Si ce dernier n'était pas obnubilé par l'artefact de son maitre, il aurait certainement remarqué les radiation émanant de l'éclat que Shriiegn à d'incrusté dans l'abdomen, sous la frêle robe…
Jack le Serpent : Assassin chevronné et mercenaire à ses heures perdues, Jack a investi un quartier de la cité avec une bande de hors-la-loi. Mais ses compagnons ont été balayés par un nouvel arrivant sur l'échiquier de Mordheim. Allant enquêter sur les sorciers qu'il sait opérer dans les parages, il sauva une femme des griffes d'un revenant. Uniquement pour la précipiter dans celles de Mandrak qui le défit avec aisance avant de s'octroyer de force ses services. Il porte de multiples dagues, mais ses armes de prédilection sont des lames-matraques ressemblant aux tonfas des lointains pays orientaux.
Reste le tout dernier personnage nommé que j'introduirais dans ce post et qui n'a été que briévement évoqué en récits croisés avec Eol à l'époque.
Éventuellement je publierais l'intégralité des textes croisés et ordonné de mes compagnons d'aventures présentés plus haut. Car j'ai en effet TOUT conservé. Et c'est conséquent. Cependant… nous étions tous de gros noobs et la qualité d'écriture comme d'orthographe laissaient à désirer… les incohérences entre nous et vis à vis du lore j'en parle pas (la magie du crâne c'était presque des rayons dbz...) mais le plaisir était là.
Je vous prévient toutefois, les textes de cet arc narratif sont à la fois plus sombres et plus violents psychologiquement que ceux de Lahmia ou le road-trip de Feu&Sang. Vous êtes prévenus.
A une dernière chose méta : Mandrak zozote. Et pour cause : une cicatrice le défigure, allant du plexus au nez. La lame du comte a manqué lui trancher le crâne en deux lors de leur duel mais, malgré tout, lui a sectionné la langue dans le sens de la longueur…
Cycle Résurrection : Mordheim
Chapitre 10
Les destructions qu’avait subies la cité étaient encore plus importantes que celles décrites par les rumeurs. Les bâtiments étaient éventrés. Des cadavres en état de décomposition ponctuaient chaque rue, festin d’animaux charognards qui ne fuyaient pas sa présence. Et partout, cette odeur de soufre la prenait à la gorge, faisait peser la sensation permanente d’être dans l’antre du démon lui-même. La cité était moins que l’ombre de ce qu’elle avait été. Elle était véritablement damnée. Et lorsqu’elle tournait son regard vers l’Est, les vapeurs et hurlements d’agonies ne laissaient rien présager de bon…
Finalement, elle déboucha sur la rive du Stir et put revoir cette ile qu’elle n’avait contemplée depuis son départ. A cette vision son cœur se resserra. De nombreuses fumées sortaient de plusieurs ouvertures et pour ce qu’elle voyait, pas un des si beaux vitraux ne subsistaient. L’abbaye autrefois si fièrement dressée sur le monticule de roche semblait voûté sous les coups de boutoirs qu’avait subis Mordheim.
Le pont également était endommagé. Un pilier de soutènement c’était effondré et plusieurs sections entières de pavées avaient dégringolées dans l’abîme grondant, une trentaine de mètres plus bas. Aucun charriot ou même monture ne pourrait plus le traverser, mais pour un individu à pied, c’était encore chose possible. Elle sauta plusieurs précipices sans vraiment penser aux flots n’attendant qu’elle, puis enjamba une carriole renversée en travers de l’allée, criblée de flèches. Ici et là gisaient les corps des assaillants. La puanteur de leurs dépouilles la prenait à la gorge. Mais elle n’avait d’yeux que pour l’édifice. Plusieurs tours défiaient encore les cieux tandis que les autres n’étaient plus qu’amas de gravats. Le cœur de l’abbaye, une solide forteresse, semblait avoir mieux résisté au souffle de la catastrophe. Toutefois, c’était de ses fenêtres et balcons que s’échappait l’épaisse fumée noire qu’elle avait vu de si loin.
Rapidement, elle contourna un tas de charognes et passa sous la herse d’acier éventrée avant de pénétrer dans la cour intérieure. Plusieurs corbeaux fuirent son approche en croassant péniblement. Il n’y avait nulle écurie à l’Abbaye du Roc. Les sœurs n’utilisaient pas de chevaux. Autrefois, les auberges proches se faisaient une joie de garder les montures des pèlerins. Elle traversa l’espace à ciel ouvert, le sable rougeâtre crissant sous ses bottes renforcées, puis posa la main sur le bois de la porte principale. Les souvenirs de son arrivée étant encore jeune fille, comme de son départ en furie il y a quelques années, lui revinrent à la figure avec la force d’un coup de tonnerre. Les épaules crispées, elle ne put que serrer les poings à s’en rendre les phalanges douloureuses sans réussir à retenir ses sanglots. Mais l’instant de faiblesse passa rapidement. Elle essuya ses yeux embués d’un revers et après un regard vers le ciel, se glissa dans la brèche taillée à coups de hache dans le bois renforcé.
A l’intérieur tout n’était que cendres et puanteur de la décomposition. Des cadavres, humains pour certains et pas totalement pour d’autres, ponctuaient régulièrement ses pas. Les tentures finement brodées par ses ainées avaient été décrochées, déchirées et maculées d’humeurs nauséabondes. Le mobilier était renversé en travers des couloirs, fracassé pour la majorité. Les étagères qui n’avaient pas été mises à bas étaient grandes ouvertes, plusieurs successions de pilleurs ayant déjà fait leurs offices. Elle ne s’arrêta pas là et alla droit à la chapelle principale. Elle ne courrait pas mais marchait calmement, telle une condamnée se dirigeant à la potence.
La porte en chêne massif pendait lamentablement sur ses gonds et grinça lorsque la femme entra. L’ampleur du cauchemar s’offrit à elle. Elle avait finalement retrouvé ses sœurs, mais n’y trouva nulle joie. Nul réconfort. Seulement la mort.
Elle renifla bruyamment en abaissant sa capuche blanche, maintenant tachée par la suie. Ses cheveux bruns tombèrent en cascade sur ses épaules alors qu’elle s’avançait dans la nef centrale. Elle passa entre les bancs renversés et enjamba l’un des lustres écrasés. Le marteau à sa hanche produisit une note grave en toquant sur l’une des barres de métal, la faisant frissonner. Mais elle s’arrêta avant le chœur. Une épaisse flaque de sang reposait devant ses pieds. Elle releva lentement les yeux et poussa un hoquet de surprise. C’est en se cachant la bouche de ses deux mains qu’elle identifia sa sœur, pendue au lustre par des fers plantés dans ses mollets. L’augure était facilement reconnaissable à son crâne rasé à l’exception d’une unique natte par laquelle gouttait son sang. La pauvre femme, aveugle, avait l’ensemble du corps écarlate.
Contournant la tâche coagulée sur le sol, la nouvelle venue continua en avant d’un pas de moins en moins assuré. Gravir les quelques marches du chœur fut une nouvelle épreuve. Ses semelles lui semblaient de plomb et collaient à la pierre poisseuse. Et lorsqu’elle y parvint, ce fut pour s’écrouler au pied de l’autel, hurlant sa souffrance et laissant éclater des sanglots trop longtemps retenus.
La matriarche était allongée sur l’autel couvert de sang séché. Ses habits avaient été arrachés et elle portait les traces de milles sévices. La survivante tenta de ne pas ciller, mais elle ne put contempler l’horreur une seconde de plus. Par Sigmar, la pauvre femme avait les yeux crevés et était bâillonnée avec ses propres entrailles !
Les joues ruisselantes de larmes, elle resta à genoux, n’ayant cure de ses habits qui virèrent écarlates. Devant elle, tout aussi souillées que leur guide spirituel, ses sœurs la contemplaient. Pour celles qui avaient encore leurs yeux, voire leurs têtes. Novices, Sœurs et Sœurs supérieures. Toutes avaient été crucifiées dans la chapelle, formant un arc-de-cercle de plusieurs rangs autour de l’autel. Chacune d’entre elle présentait des tortures plus abominables que ses voisines. Plus d’une quarantaine de corps avaient été abandonnés aux oiseaux charognards qui avaient pénétrés par les vitraux éclatés.
- Je vous vengerais… murmura-t-elle entre deux sanglots. Je vous en fais la promesse mes sœurs, vos tourments ne resteront pas impunis !
Prononçant ces serments, elle se redressa. Lentement. Puis hurla à plein poumons sa douleur et sa colère. L’écho de sa détresse, amplifié par le cœur de l’abbaye, résonna jusque sur les quais du fleuve.
Son regard écarlate luisait dans les ténèbres. D’un pas assuré, il progressait parmi les ombres. Jamais il n’avait arpenté ces étroits couloirs, mais il savait quelle direction prendre. Skrash n’était plus très loin. Quelques minutes plus tard, il se tenait au-dessus du corps mutilé de la bête à fourrure.
- Qu’est-ce que c’est que ça, renifla l’humain en arrivant quelques instants plus tard.
Levant la torche un peu plus haut, Jack éclaira la dépouille du skaven.
- Un rat ! cracha-t-il en faisant un pas en arrière. Vous m’avez amené jusqu’ici pour…
- Un ssserviteur, coupa Mandrak en lui jetant un regard glacial.
Son ton n’admettait aucune réplique. Et le monte-en-l’air se garda bien d’ajouter un commentaire. Il garda le silence, se contentant d’attendre la suite des évènements. Ce monstre l’avait facilement vaincu en combat singulier. Il réalisait maintenant que le mort-vivant n’avait fait que jouer avec lui comme un chat avec une souris. Et cette pauvre femme avait fait les frais de son impuissance. Eponine…
Il se força à rester calme et ne rien laisser paraître. Mandrak avait fait bien plus que lui enrouler l’écharpe autour du cou pour endiguer l’hémorragie, manquant au passage de l’étrangler. Il lui avait laissé ses dagues et lames-matraques. Ce démon aux crocs acérés étudiait l’éboulis derrière le cadavre du rat avec une curiosité innocente. Et pourtant en lui laissant ses armes, il lui faisait clairement comprendre qu’il ne le craignait pas. Et qu’il le tuerait sans sourciller si l'assassin ne satisfaisait pas ses désirs. Brusquement, Mandrak replia les jambes et examina un détail au sol, presque agenouillé. Jack n’aurait su dire s’il le mettait au défi de déjà le trahir ou s’il ne s’en souciait déjà plus…
- Des ssssaurus… murmura-t-il en se redressant tout aussi soudainement.
Il revint au tas de fourrure puant, visiblement excité.
- Il y a des sssaurus dans sssette sssité, qui l’eut cru…
- Sans vouloir vous offenser… qu’est-ce qu’un…
Le regard que lui lança le vampire foudroya à nouveau le mercenaire. Il retint son souffle quelques instants. Mais l’expression meurtrière du mort-vivant passa aussi vite qu’elle était apparue.
- Des hommes-lézards, déclara-t-il distraitement sans daigner lui accorder un regard.
Il se pencha et prit d’une main ferme le corps qu’il souleva sans peine apparente.
- Ils vivent en Lussstrie, de l’autre côté de l’Ossséan, poursuivit-il en étudiant la carcasse d’un œil critique. J’ignore ssse qu’ils font à Mordheim. Peut-être lui le sssaura…
- Cette… chose ? Renâcla-t-il. Vous êtes capables de faire parler les morts ?
- Qui te dit qu’il est mort ?
Comme pour confirmer ces dires, la chose eu un hoquet et cracha un peu de sang. Jack fit un bond en arrière, puis s’obligea à retrouver sa contenance. Déjà, la créature retrouvait le calme d’un trépassé. Mandrak esquissa un sourire moqueur.
- Mort ou pas, il n’en a plus pour longtemps, nota le Serpent alors que le corps brisé gouttait du sang sous leur yeux.
Dubitatif, le vampire leva le bras un peu plus haut afin d’examiner son esclave. Il haussa les épaules.
- N’ai crainte. Il posssède plus de resssources qu’il n’en a l’air.
Et il reparti d’où ils venaient, laissant planté là l’humain perplexe.
- Mais… Tout ce chemin… c’était uniquement pour cette chose à moitié morte ! Osa-t-il protester.
- Tu sssouhaites partager ssson sssort ? interrogea Mandrak en lui jetant malicieusement un coup d’œil par-dessus son épaule.
La lueur de la torche se refléta quelques instants dans le regard vermeil du mort-vivant. Aussi Jack s’empressa-t-il de lui faire signe que non.
Utilisant le manche de son marteau comme un levier, la sœur rescapée s’arc-bouta et parvint à faire sauter les gonds de la pièce tant convoitée. Elle s’essuya le front et y répandit un peu plus de suie, puis inspira avant d’entrer. Elle était incapable d’esquisser le moindre sourire en trouvant finalement ce qu’elle était venue chercher dans la réserve interdite. Seul le désespoir animait ses traits.
C’est avec précaution qu’elle sortit un à un les tonnelets de poix. Lors de son arrivée, elle n’avait remarqué aucune trace d’incendie devant les grilles. Ses ainées n’avaient pas eu l’occasion de s’en servir. Les cadavres indiquaient au contraire qu’elles avaient luttés furieusement pour chaque mètre concédé. Si leurs corps avaient été brisés et leur mémoire bafouée, au moins leur honneur était sauf. Piètre consolation… Mais ainsi elle pourrait offrir le repos que ses sœurs méritaient. La fournaise effacerait les sévices infligés à ses sœurs et serait le premier pas de la survivante sur le sentier de la rédemption.
C’est en déplaçant le dernier baril qu’elle remarqua un détail insolite. Une vaste partie de la réserve, située au plus profond de la forteresse, avait été dégagée. Mais restait vide. Sentant la colère recommencer à bouillir dans ses veines, elle s’avança plus avant dans l’obscurité et mit au jour un gouffre obscur. Cet endroit était l’un des rares de toute l’abbaye à ne pas être pavé de dalles, mais elle savait que ce puit n’était pas là à son départ. La roche grossièrement taillée et les gravats environnants témoignaient de l’excavation récente. Des pilleurs au culot et aux moyens effrayants c’étaient creusés un chemin à travers la roche du fort pour venir y dérober ce qu’il recelait. Mais de quoi pouvait-il s’agir ?
Déposant son marteau de guerre, elle examina la pièce avec plus d’attention. Toute une partie de la zone avait été ratissée pour ne rien laisser de ce qu’il y avait eu là. Toutefois, en y regardant bien, une fine couche de poussière subsistait. Elle y passa le doigt et le portant à hauteur d’yeux, constata avec étonnement que celle-ci luisait faiblement. Elle fronça les sourcils, l’incompréhension venant s’ajouter à sa peine.
- Mes sœurs… qu’avez-vous fait…
Quelques minutes plus tard, elle se trouvait dans le bureau de la matriarche. Celui-ci avait été saccagé, les bibliothèques et les tiroirs renversés. Mais rien n’avait été brulé. Parmi les parchemins piétinés, elle identifia un rouleau au sceau plus récent que les autres et l’ouvrit d’une main tremblante.
- Collecter de la pierre magique… mais qu’avez-vous fait… répéta-t-elle en levant les yeux au ciel.
Le vieux nécromant sursauta lorsqu'on déposa la carcasse du rat géant sur la table face à lui. Ahuri, il releva la tête vers l'importun qui accompagnait à présent le vampire. Shriiegn s'apprêtait à protester mais se ravisa en un instant. Lames-matraques, capuchon sombre et surtout le reptile enroulé grossièrement peint sur la cuirasse, au niveau de la poitrine. Jack le Serpent. Moins d'une journée après son arrivée en force ce foutu suceur de sang était déjà accompagné de l'un des assassins les plus redoutés des environs.
- Sssoigne le, grinça ledit suceur de sang en passant à côté du tueur. J'ai besoin de ssses ssservissses.
Shriiegn ne put retenir une mine grimaçante.
- Il est vraiment vivant ? Vous auriez…
- Il est vivant, trancha Mandrak d'un ton qui n'autorisait aucune contestation.
Levant les mains en signe de reddition, il n'insista pas. Mieux valait rester dans les bonnes grâces d'une telle créature.
- Je… ferais au mieux, répondit-il en s'efforçant d'imaginer un moyen de faire paraître vivant le skaven qui se vidait de son sang sous ses yeux.
En quête d'une quelconque aide, il se tourna néanmoins en direction de l'humain. Mais celui-ci se contenta de lui décocher un regard sombre. De toute évidence, lui non plus n'était pas ici de son plein gré…
- Tu as mensssionné trois autres nécromants plus tôt, grinça Mandrak en s'attardant sur la créature difforme qui trépignait d'excitation depuis leur retour.
Shriiegn attendit la suite de sa phrase quelques instants, avant de secouer la tête et bredouiller :
- Birgith, Gizrath et Urgal, un homme-b...
- Guide-moi jusqu'à ssse Birgith, l'interrompit Mandrak en s'adressant au Serpent.
Celui-ci eut un rictus.
- C'est une blague ? On en vient, c'est justement là que vous avez saigné cette fille qui…
Les mots lui manquèrent comme le vampire se plantait face à lui. Le regard étincelant de colère, il reprit la parole :
- Je ne t'ai épargné que pour me guider dans sssette ville, le menaça-t-il. Alors guide moi !
Déglutissant, Jack hocha la tête sans ajouter un mot.
Ils quittèrent la pièce souterraine peu après, talonnés par la chose et en capuchon noir. Soupirant, le sorcier se laissa retomber sur sa chaise. Comment diable allait-il remettre cette vermine sur pieds ? Elle présentait de multiples traces de morsures, une patte et une partie de sa queue avaient été amputés et un œil crevé… Ce rongeur n'avait plus beaucoup de temps à vivre. A moins que…
Écarquillant les yeux, il réalisa finalement que quelque chose n'allait pas. Oui, il aurait dû mourir bien plus tôt. Et pourtant, à présent qu'il ouvrait ses sens, Shriiegn réalisait ce qui se terrait au fond de cette carcasse. Non pas une âme pervertie par la ruine, mais deux. Ce fou de vampire avait damné sa marionnette à fourrure, emprisonnant un esprit dans ce corps brisé.
Cruauté ou génie, il n'aurait su trancher. Le bougre devait être sacrément tourmenté depuis, mais cela expliquait également sa résistance actuelle. Deux âmes s'accrochant a un même corps le poussaient davantage en avant qu'une, persuadant la chair de continuer à vivre avec davantage d'insistance.
Ses habits étaient poisseux et gouttaient du sang de ses sœurs. Son visage à la peau si claire était noir de suie. Elle rabaissa sa capuche écarlate sur ses cheveux incrustés de cendres. Marteau au poing, elle tourna le dos au bûcher et arpenta une dernière fois les allées du monastère. Lorsqu'elle fut enfin à l'air libre, elle se retint de jeter le moindre regard en arrière. Une colère sourde brillait dans ses yeux bleus, soulignés par les cernes. Elle nettoierait cette cité du mal qui s'y était installé ou périrait à la tâche.
Recroisant les documents à sa disposition, elle avait désormais une liste des factions présentes dressées par ses ainées. Possédés, homme-rats, morts-vivants, hommes-bêtes et malandrins en tout genres. Sa prise se resserra sur son arme.
Le massacre a été jouissif a écrire. Les séquences entre en revanche, un vrai calvaire. J'suis pas marin moi, c'vocabulaire et la disposition des lieux m'était pas familiers
Aller, on avance à présent. Un saut d'arc narratif très loin dans le futur. Le retour de Résurrection, qu'on pourrait aussi décrire comme l'arc narratif des aventures de Manesh'k a l'époque de Mordheim (soit précisément 1125 ans plus tard !)
Pour fêter mon 999e post je vais officiellement reprendre ma première histoire ici. Histoire que volontairement je ne déterrerais pas des profondeurs de la section. Et aussi parce que je veux continuer à rédiger des "chapitres cours" et ne pas retomber dans les travers des textes de plus de 20 pages xD
Cependant, car tout le monde n'était pas là à l'époque, un descriptif de tout le bazar qui va suivre :
- Le contexte d'écriture de cet arc narratif
- Petit résumé de la situation
- Description des personnages
- Le nouveau chapitre (court !) en question
Le contexte d'écriture de cet arc narratif
Je me suis initié à warhammer il y a neuf ans en compagnie d'autres hobbystes en ligne avant de venir sur ce forum, réalisant une sorte de choix des armes ayant pour thème Mordheim. L'idée était de peindre des figouzes et publier leurs aventures croisées entre personnages. Un peu comme nous le faisons lors de nos tournois actuels. Mais en plus maladroit à l'époque, j'en convient.
Venaient Yodan et sa bande d'Asurs guidés par le capitaine Kaenur, Kisame et ses reptiles ayant traversé la Flaque sur l'injonction du prêtre Skink Tenqualteq , les Nains d'Arik guidés par Harek le Marcheur, les Orques de Litrik guidé par l'ambitieux chef Bodork, la harde d'Hommes-Betes de Schattra guidés par Kherrog le Brulé, le malheureux mercenaire Wolgang Dichter "4 as" ayant rejoint le Cabaret Itinérant d'Eol et enfin votre serviteur qui créait un peu par hasard celui qui deviendrait par séquel Manesh'k, j'ai nommé Mandrak.
J'ai toutefois abandonné les aventures de Mandrak, n'étant plus que deux auteurs actifs avec Litrik. C'est alors que j'ai eu l'idée de rédiger son passé. Dans un premier temps sa mort, puis ses origine à Lahmia. Vous connaissez la suite.
Si vous avez lu les précédentes aventures de Manesh'k, ce qui va suivre reprends quelques années après sa mort de la main du Comte Carstein. Si en revanche vous prenez à la volée… ce n'est pas un souci. Gardez juste en tête que notre protagoniste principal a été tué par Vlad lui-même au cours d'un combat singulier et qu'il a toutes les raisons de l'univers de le détester.
Si vous avez le courage de consulter mes débuts maladroits c'est à ce lien ou sur mon blog. Sinon, et je vous comprends, voici un condensé de la situation que je reprends :
Petit résumé de la situation
- Spoiler:
- En l'an de grâce 2000 du calendrier Impérial, le météore frappa la ville de Mordheim. La comète de malepierre pulvérisa la cité qui ne fut plus que l'ombre d'elle-même, hantée par des monstres et des fous assez ambitieux pour aller y chercher fortune. Cependant, cette même nuit, un fragment de l'astre tombé à de nombreuses lieues de là vint s'écraser dans le cimetière du village de Dol'Valhar. Là gisait la dépouille d'un vampire, terrassé quelques années plus tôt. L'impact tira des limbes la créature qui sans perdre un instant massacra les fossoyeurs venus voir ce qu'il se passait. Il tourmenta leur enfant des semaines durant alors qu'il retrouvait lentement les forces qui étaient les siennes. En possession de la pierre maudite l'ayant ramené à la vie, sa présence fut comme un phare pour les monstres alentours. Des dizaines de goules vinrent hanter le cimetière où il se terrait.
Lorsque finalement il estima l'heure venue, il alla répandre la terreur dans les villages alentours. Il rasa plusieurs bourgs de la carte, lançant à qui voulait l'entendre qu'il était von Nécrosis, "Le Cadavre Rampant" dans une langue oubliée. Alors qu'il faisait tailler son fragment de malepierre en forme de crâne par un prisonnier, ses actes remontèrent jusqu'à Drakenhof. De plus, attiré par la malepierre tombée au village, les skavens d'un clan mineur se mirent à la poursuite du vampire.
Alors que mandrak saignait un village de plus, une bataille à trois factions prit forme. Les acolytes du Comte étaient guidés par un capitaine récemment converti au vampirisme du nom de Konrad, tandis que les skavens suivaient les ordre d'un ambitieux sorcier du nom de Skrash jalousant les clans supérieurs. Tirant parti de la confusion des combats multiples, Mandrak parvint à emporter le corps inanimé du rongeur comme ses sbires finissaient de retenir les laquais de von Carstein.
Tirant profit de ses pouvoirs décuplés par le crâne de malepierre, Mandrak posa une malédiction sur le skaven. Habité d'une seconde âme se disputant son corps, il vit son corps gagner en robustesse tout en devenant un esclave tourmenté du vampire décadent. Poussant le vice, Mandrak donna à manger à l'orphelin des fossoyeur les fragments de pierre magique du sorcier. Il commença alors une métamorphose grotesque mais garda un semblant de "vie".
Ayant apprit la catastrophe ayant eu lieu à la Cité des Damnés, Mandrak guida sa troupe grandissante vers celle-ci. Quelques semaines plus tard, sur les talons de troupes naines poursuivant elle-même des peau-vertes, le vampire renégat atteignit Mordheim. L'entrée fut fracassante, les téméraires coupe-jarrets le prenant en embuscade venant rejoindre les rangs de ses serviteurs dégénérés.
Instinctivement, Mandrak trouva la voie vers les catacombes de la cité. Sans surprise, il découvrit là un thaumaturge entouré de morts du nom de Shriiegn. Celui-ci jugea plus sage de se plier aux caprices du vampire lui ravissant facilement ses pantins et lui révéla la présence d'autres nécromants. Egalement, lorsque Mandrak lui réclama un serviteur capable de le guider dans la cité - le vieillard n'étant de toute évidence pas capable de se risquer à la surface -, Shriiegn lui indiqua le nom d'un assassin s'étant fait un nom ces dernières semaines : Jack le Serpent.
Déléguant la tâche d'assassiner l'un des nécromanciens concurrent au sorcier skaven, Mandrak prit lui-même une direction indiquée par son nouveau serviteur. Toutefois, le hasard faisant bien les choses, il rencontra à l'improviste le-dit assassin. Ses compagnons ayant été massacré la veille par des morts-vivants, il venait enquêter sur la cible du vampire. Tout deux s'affrontèrent jusqu'à ce que Mandrak ne consomme son sang et ne réalise son identité. Dans sa rage de devoir rejeter cette proie, il en égorgea une demoiselle ayant eu le malheur d'accompagner le malfrat. Jusqu'à ce qu'il ne ressente via l'esprit investissant Skrash que celui-ci avait été défait dans les égouts avant d'avoir pu atteindre sa propre cible.*
Vous comprendrez donc que j'ai ici tenté d'assembler "subtilement" ma bande de jeu Mordheim, complétant les profils nommés par autant de goules et zombis que je pourrais en trouver. Suis maintenant ce qu'il faut retenir d'eux.
Description des personnages
Mandrak : le vampire est un combattant émérite. Désormais armé d'une épée ensorcelée prise sur le cadavre d'un serviteur du Comte, il fait couler le sang partout où il passe. Il n'est plus que l'ombre de celui qu'il fut avant sa seconde mort, ayant rejeté toute notion d'honneur. Seul son objectif importe désormais : nuire au Comte von Carstein lui ayant prit tout ce qu'il avait de cher en ce monde. En possession d'un artefact d'une puissance prodigieuse en la forme du crâne de malepiere, il découvre encore les prouesses arcaniques dont il est désormais capable.
Gimrik : simple gosse torturé après l'assassinat de ses parents, le petit a sombré dans la folie. Nourrit de chair humaine durant de long mois, puis de malepierre brute, il devint rapidement créature que Mandrak lui-même ne saurait nommer. Difforme, naïf, affamé mais surtout d'une loyauté à toute épreuve, d'aucun ne saurait reconnaitre l'enfant qu'il fut. Il est désormais affublé d'un capuchon gobelin subtilisé à un cadavre et brandit le manchon d'une bannière elfique récupéré sur un champ de bataille lors de leur voyage vers Mordheim.
Skrash : le meilleur sorcier du modeste clan Kaere a échoué à sa mission. Son escadron n'est plus et il est la marionnette du vampire von Nécrosis. Damné dans son sommeil, le skaven lutte à chaque instant contre les voix hurlant à l'intérieur de son crâne. Mais ce tourment lui a offert une vigueur inattendue qui lui permet de repousser les limites de son corps. Sa convoitise du crâne de Malepierre n'est pas un secret pour Mandrak qui s'en amuse même. Toutefois, lors de la dernière mission confiée par son maître, les morts-vivants qui lui avaient été confiés ont été massacrés par des créatures reptiliennes. Lui-même a atrocement été mutilé avant, dans une tentative désespérée, de faire s'effondrer la galerie où ils se trouvaient.
Shriiegn : le vieux nécromant pensait pouvoir développer ses dons dans les entrailles de la cité des damnés. Mais se fut sans compter sur Mandrak qui vint renverser ses plans et asservir le mage. Pire encore, il est accompagné d'un rat renifleur de malepierre. Si ce dernier n'était pas obnubilé par l'artefact de son maitre, il aurait certainement remarqué les radiation émanant de l'éclat que Shriiegn à d'incrusté dans l'abdomen, sous la frêle robe…
Jack le Serpent : Assassin chevronné et mercenaire à ses heures perdues, Jack a investi un quartier de la cité avec une bande de hors-la-loi. Mais ses compagnons ont été balayés par un nouvel arrivant sur l'échiquier de Mordheim. Allant enquêter sur les sorciers qu'il sait opérer dans les parages, il sauva une femme des griffes d'un revenant. Uniquement pour la précipiter dans celles de Mandrak qui le défit avec aisance avant de s'octroyer de force ses services. Il porte de multiples dagues, mais ses armes de prédilection sont des lames-matraques ressemblant aux tonfas des lointains pays orientaux.
Reste le tout dernier personnage nommé que j'introduirais dans ce post et qui n'a été que briévement évoqué en récits croisés avec Eol à l'époque.
Éventuellement je publierais l'intégralité des textes croisés et ordonné de mes compagnons d'aventures présentés plus haut. Car j'ai en effet TOUT conservé. Et c'est conséquent. Cependant… nous étions tous de gros noobs et la qualité d'écriture comme d'orthographe laissaient à désirer… les incohérences entre nous et vis à vis du lore j'en parle pas (la magie du crâne c'était presque des rayons dbz...) mais le plaisir était là.
Je vous prévient toutefois, les textes de cet arc narratif sont à la fois plus sombres et plus violents psychologiquement que ceux de Lahmia ou le road-trip de Feu&Sang. Vous êtes prévenus.
A une dernière chose méta : Mandrak zozote. Et pour cause : une cicatrice le défigure, allant du plexus au nez. La lame du comte a manqué lui trancher le crâne en deux lors de leur duel mais, malgré tout, lui a sectionné la langue dans le sens de la longueur…
Cycle Résurrection : Mordheim
Chapitre 10
Les destructions qu’avait subies la cité étaient encore plus importantes que celles décrites par les rumeurs. Les bâtiments étaient éventrés. Des cadavres en état de décomposition ponctuaient chaque rue, festin d’animaux charognards qui ne fuyaient pas sa présence. Et partout, cette odeur de soufre la prenait à la gorge, faisait peser la sensation permanente d’être dans l’antre du démon lui-même. La cité était moins que l’ombre de ce qu’elle avait été. Elle était véritablement damnée. Et lorsqu’elle tournait son regard vers l’Est, les vapeurs et hurlements d’agonies ne laissaient rien présager de bon…
Finalement, elle déboucha sur la rive du Stir et put revoir cette ile qu’elle n’avait contemplée depuis son départ. A cette vision son cœur se resserra. De nombreuses fumées sortaient de plusieurs ouvertures et pour ce qu’elle voyait, pas un des si beaux vitraux ne subsistaient. L’abbaye autrefois si fièrement dressée sur le monticule de roche semblait voûté sous les coups de boutoirs qu’avait subis Mordheim.
Le pont également était endommagé. Un pilier de soutènement c’était effondré et plusieurs sections entières de pavées avaient dégringolées dans l’abîme grondant, une trentaine de mètres plus bas. Aucun charriot ou même monture ne pourrait plus le traverser, mais pour un individu à pied, c’était encore chose possible. Elle sauta plusieurs précipices sans vraiment penser aux flots n’attendant qu’elle, puis enjamba une carriole renversée en travers de l’allée, criblée de flèches. Ici et là gisaient les corps des assaillants. La puanteur de leurs dépouilles la prenait à la gorge. Mais elle n’avait d’yeux que pour l’édifice. Plusieurs tours défiaient encore les cieux tandis que les autres n’étaient plus qu’amas de gravats. Le cœur de l’abbaye, une solide forteresse, semblait avoir mieux résisté au souffle de la catastrophe. Toutefois, c’était de ses fenêtres et balcons que s’échappait l’épaisse fumée noire qu’elle avait vu de si loin.
Rapidement, elle contourna un tas de charognes et passa sous la herse d’acier éventrée avant de pénétrer dans la cour intérieure. Plusieurs corbeaux fuirent son approche en croassant péniblement. Il n’y avait nulle écurie à l’Abbaye du Roc. Les sœurs n’utilisaient pas de chevaux. Autrefois, les auberges proches se faisaient une joie de garder les montures des pèlerins. Elle traversa l’espace à ciel ouvert, le sable rougeâtre crissant sous ses bottes renforcées, puis posa la main sur le bois de la porte principale. Les souvenirs de son arrivée étant encore jeune fille, comme de son départ en furie il y a quelques années, lui revinrent à la figure avec la force d’un coup de tonnerre. Les épaules crispées, elle ne put que serrer les poings à s’en rendre les phalanges douloureuses sans réussir à retenir ses sanglots. Mais l’instant de faiblesse passa rapidement. Elle essuya ses yeux embués d’un revers et après un regard vers le ciel, se glissa dans la brèche taillée à coups de hache dans le bois renforcé.
A l’intérieur tout n’était que cendres et puanteur de la décomposition. Des cadavres, humains pour certains et pas totalement pour d’autres, ponctuaient régulièrement ses pas. Les tentures finement brodées par ses ainées avaient été décrochées, déchirées et maculées d’humeurs nauséabondes. Le mobilier était renversé en travers des couloirs, fracassé pour la majorité. Les étagères qui n’avaient pas été mises à bas étaient grandes ouvertes, plusieurs successions de pilleurs ayant déjà fait leurs offices. Elle ne s’arrêta pas là et alla droit à la chapelle principale. Elle ne courrait pas mais marchait calmement, telle une condamnée se dirigeant à la potence.
La porte en chêne massif pendait lamentablement sur ses gonds et grinça lorsque la femme entra. L’ampleur du cauchemar s’offrit à elle. Elle avait finalement retrouvé ses sœurs, mais n’y trouva nulle joie. Nul réconfort. Seulement la mort.
Elle renifla bruyamment en abaissant sa capuche blanche, maintenant tachée par la suie. Ses cheveux bruns tombèrent en cascade sur ses épaules alors qu’elle s’avançait dans la nef centrale. Elle passa entre les bancs renversés et enjamba l’un des lustres écrasés. Le marteau à sa hanche produisit une note grave en toquant sur l’une des barres de métal, la faisant frissonner. Mais elle s’arrêta avant le chœur. Une épaisse flaque de sang reposait devant ses pieds. Elle releva lentement les yeux et poussa un hoquet de surprise. C’est en se cachant la bouche de ses deux mains qu’elle identifia sa sœur, pendue au lustre par des fers plantés dans ses mollets. L’augure était facilement reconnaissable à son crâne rasé à l’exception d’une unique natte par laquelle gouttait son sang. La pauvre femme, aveugle, avait l’ensemble du corps écarlate.
Contournant la tâche coagulée sur le sol, la nouvelle venue continua en avant d’un pas de moins en moins assuré. Gravir les quelques marches du chœur fut une nouvelle épreuve. Ses semelles lui semblaient de plomb et collaient à la pierre poisseuse. Et lorsqu’elle y parvint, ce fut pour s’écrouler au pied de l’autel, hurlant sa souffrance et laissant éclater des sanglots trop longtemps retenus.
La matriarche était allongée sur l’autel couvert de sang séché. Ses habits avaient été arrachés et elle portait les traces de milles sévices. La survivante tenta de ne pas ciller, mais elle ne put contempler l’horreur une seconde de plus. Par Sigmar, la pauvre femme avait les yeux crevés et était bâillonnée avec ses propres entrailles !
Les joues ruisselantes de larmes, elle resta à genoux, n’ayant cure de ses habits qui virèrent écarlates. Devant elle, tout aussi souillées que leur guide spirituel, ses sœurs la contemplaient. Pour celles qui avaient encore leurs yeux, voire leurs têtes. Novices, Sœurs et Sœurs supérieures. Toutes avaient été crucifiées dans la chapelle, formant un arc-de-cercle de plusieurs rangs autour de l’autel. Chacune d’entre elle présentait des tortures plus abominables que ses voisines. Plus d’une quarantaine de corps avaient été abandonnés aux oiseaux charognards qui avaient pénétrés par les vitraux éclatés.
- Je vous vengerais… murmura-t-elle entre deux sanglots. Je vous en fais la promesse mes sœurs, vos tourments ne resteront pas impunis !
Prononçant ces serments, elle se redressa. Lentement. Puis hurla à plein poumons sa douleur et sa colère. L’écho de sa détresse, amplifié par le cœur de l’abbaye, résonna jusque sur les quais du fleuve.
*
Son regard écarlate luisait dans les ténèbres. D’un pas assuré, il progressait parmi les ombres. Jamais il n’avait arpenté ces étroits couloirs, mais il savait quelle direction prendre. Skrash n’était plus très loin. Quelques minutes plus tard, il se tenait au-dessus du corps mutilé de la bête à fourrure.
- Qu’est-ce que c’est que ça, renifla l’humain en arrivant quelques instants plus tard.
Levant la torche un peu plus haut, Jack éclaira la dépouille du skaven.
- Un rat ! cracha-t-il en faisant un pas en arrière. Vous m’avez amené jusqu’ici pour…
- Un ssserviteur, coupa Mandrak en lui jetant un regard glacial.
Son ton n’admettait aucune réplique. Et le monte-en-l’air se garda bien d’ajouter un commentaire. Il garda le silence, se contentant d’attendre la suite des évènements. Ce monstre l’avait facilement vaincu en combat singulier. Il réalisait maintenant que le mort-vivant n’avait fait que jouer avec lui comme un chat avec une souris. Et cette pauvre femme avait fait les frais de son impuissance. Eponine…
Il se força à rester calme et ne rien laisser paraître. Mandrak avait fait bien plus que lui enrouler l’écharpe autour du cou pour endiguer l’hémorragie, manquant au passage de l’étrangler. Il lui avait laissé ses dagues et lames-matraques. Ce démon aux crocs acérés étudiait l’éboulis derrière le cadavre du rat avec une curiosité innocente. Et pourtant en lui laissant ses armes, il lui faisait clairement comprendre qu’il ne le craignait pas. Et qu’il le tuerait sans sourciller si l'assassin ne satisfaisait pas ses désirs. Brusquement, Mandrak replia les jambes et examina un détail au sol, presque agenouillé. Jack n’aurait su dire s’il le mettait au défi de déjà le trahir ou s’il ne s’en souciait déjà plus…
- Des ssssaurus… murmura-t-il en se redressant tout aussi soudainement.
Il revint au tas de fourrure puant, visiblement excité.
- Il y a des sssaurus dans sssette sssité, qui l’eut cru…
- Sans vouloir vous offenser… qu’est-ce qu’un…
Le regard que lui lança le vampire foudroya à nouveau le mercenaire. Il retint son souffle quelques instants. Mais l’expression meurtrière du mort-vivant passa aussi vite qu’elle était apparue.
- Des hommes-lézards, déclara-t-il distraitement sans daigner lui accorder un regard.
Il se pencha et prit d’une main ferme le corps qu’il souleva sans peine apparente.
- Ils vivent en Lussstrie, de l’autre côté de l’Ossséan, poursuivit-il en étudiant la carcasse d’un œil critique. J’ignore ssse qu’ils font à Mordheim. Peut-être lui le sssaura…
- Cette… chose ? Renâcla-t-il. Vous êtes capables de faire parler les morts ?
- Qui te dit qu’il est mort ?
Comme pour confirmer ces dires, la chose eu un hoquet et cracha un peu de sang. Jack fit un bond en arrière, puis s’obligea à retrouver sa contenance. Déjà, la créature retrouvait le calme d’un trépassé. Mandrak esquissa un sourire moqueur.
- Mort ou pas, il n’en a plus pour longtemps, nota le Serpent alors que le corps brisé gouttait du sang sous leur yeux.
Dubitatif, le vampire leva le bras un peu plus haut afin d’examiner son esclave. Il haussa les épaules.
- N’ai crainte. Il posssède plus de resssources qu’il n’en a l’air.
Et il reparti d’où ils venaient, laissant planté là l’humain perplexe.
- Mais… Tout ce chemin… c’était uniquement pour cette chose à moitié morte ! Osa-t-il protester.
- Tu sssouhaites partager ssson sssort ? interrogea Mandrak en lui jetant malicieusement un coup d’œil par-dessus son épaule.
La lueur de la torche se refléta quelques instants dans le regard vermeil du mort-vivant. Aussi Jack s’empressa-t-il de lui faire signe que non.
*
Utilisant le manche de son marteau comme un levier, la sœur rescapée s’arc-bouta et parvint à faire sauter les gonds de la pièce tant convoitée. Elle s’essuya le front et y répandit un peu plus de suie, puis inspira avant d’entrer. Elle était incapable d’esquisser le moindre sourire en trouvant finalement ce qu’elle était venue chercher dans la réserve interdite. Seul le désespoir animait ses traits.
C’est avec précaution qu’elle sortit un à un les tonnelets de poix. Lors de son arrivée, elle n’avait remarqué aucune trace d’incendie devant les grilles. Ses ainées n’avaient pas eu l’occasion de s’en servir. Les cadavres indiquaient au contraire qu’elles avaient luttés furieusement pour chaque mètre concédé. Si leurs corps avaient été brisés et leur mémoire bafouée, au moins leur honneur était sauf. Piètre consolation… Mais ainsi elle pourrait offrir le repos que ses sœurs méritaient. La fournaise effacerait les sévices infligés à ses sœurs et serait le premier pas de la survivante sur le sentier de la rédemption.
C’est en déplaçant le dernier baril qu’elle remarqua un détail insolite. Une vaste partie de la réserve, située au plus profond de la forteresse, avait été dégagée. Mais restait vide. Sentant la colère recommencer à bouillir dans ses veines, elle s’avança plus avant dans l’obscurité et mit au jour un gouffre obscur. Cet endroit était l’un des rares de toute l’abbaye à ne pas être pavé de dalles, mais elle savait que ce puit n’était pas là à son départ. La roche grossièrement taillée et les gravats environnants témoignaient de l’excavation récente. Des pilleurs au culot et aux moyens effrayants c’étaient creusés un chemin à travers la roche du fort pour venir y dérober ce qu’il recelait. Mais de quoi pouvait-il s’agir ?
Déposant son marteau de guerre, elle examina la pièce avec plus d’attention. Toute une partie de la zone avait été ratissée pour ne rien laisser de ce qu’il y avait eu là. Toutefois, en y regardant bien, une fine couche de poussière subsistait. Elle y passa le doigt et le portant à hauteur d’yeux, constata avec étonnement que celle-ci luisait faiblement. Elle fronça les sourcils, l’incompréhension venant s’ajouter à sa peine.
- Mes sœurs… qu’avez-vous fait…
Quelques minutes plus tard, elle se trouvait dans le bureau de la matriarche. Celui-ci avait été saccagé, les bibliothèques et les tiroirs renversés. Mais rien n’avait été brulé. Parmi les parchemins piétinés, elle identifia un rouleau au sceau plus récent que les autres et l’ouvrit d’une main tremblante.
- Collecter de la pierre magique… mais qu’avez-vous fait… répéta-t-elle en levant les yeux au ciel.
*
Le vieux nécromant sursauta lorsqu'on déposa la carcasse du rat géant sur la table face à lui. Ahuri, il releva la tête vers l'importun qui accompagnait à présent le vampire. Shriiegn s'apprêtait à protester mais se ravisa en un instant. Lames-matraques, capuchon sombre et surtout le reptile enroulé grossièrement peint sur la cuirasse, au niveau de la poitrine. Jack le Serpent. Moins d'une journée après son arrivée en force ce foutu suceur de sang était déjà accompagné de l'un des assassins les plus redoutés des environs.
- Sssoigne le, grinça ledit suceur de sang en passant à côté du tueur. J'ai besoin de ssses ssservissses.
Shriiegn ne put retenir une mine grimaçante.
- Il est vraiment vivant ? Vous auriez…
- Il est vivant, trancha Mandrak d'un ton qui n'autorisait aucune contestation.
Levant les mains en signe de reddition, il n'insista pas. Mieux valait rester dans les bonnes grâces d'une telle créature.
- Je… ferais au mieux, répondit-il en s'efforçant d'imaginer un moyen de faire paraître vivant le skaven qui se vidait de son sang sous ses yeux.
En quête d'une quelconque aide, il se tourna néanmoins en direction de l'humain. Mais celui-ci se contenta de lui décocher un regard sombre. De toute évidence, lui non plus n'était pas ici de son plein gré…
- Tu as mensssionné trois autres nécromants plus tôt, grinça Mandrak en s'attardant sur la créature difforme qui trépignait d'excitation depuis leur retour.
Shriiegn attendit la suite de sa phrase quelques instants, avant de secouer la tête et bredouiller :
- Birgith, Gizrath et Urgal, un homme-b...
- Guide-moi jusqu'à ssse Birgith, l'interrompit Mandrak en s'adressant au Serpent.
Celui-ci eut un rictus.
- C'est une blague ? On en vient, c'est justement là que vous avez saigné cette fille qui…
Les mots lui manquèrent comme le vampire se plantait face à lui. Le regard étincelant de colère, il reprit la parole :
- Je ne t'ai épargné que pour me guider dans sssette ville, le menaça-t-il. Alors guide moi !
Déglutissant, Jack hocha la tête sans ajouter un mot.
Ils quittèrent la pièce souterraine peu après, talonnés par la chose et en capuchon noir. Soupirant, le sorcier se laissa retomber sur sa chaise. Comment diable allait-il remettre cette vermine sur pieds ? Elle présentait de multiples traces de morsures, une patte et une partie de sa queue avaient été amputés et un œil crevé… Ce rongeur n'avait plus beaucoup de temps à vivre. A moins que…
Écarquillant les yeux, il réalisa finalement que quelque chose n'allait pas. Oui, il aurait dû mourir bien plus tôt. Et pourtant, à présent qu'il ouvrait ses sens, Shriiegn réalisait ce qui se terrait au fond de cette carcasse. Non pas une âme pervertie par la ruine, mais deux. Ce fou de vampire avait damné sa marionnette à fourrure, emprisonnant un esprit dans ce corps brisé.
Cruauté ou génie, il n'aurait su trancher. Le bougre devait être sacrément tourmenté depuis, mais cela expliquait également sa résistance actuelle. Deux âmes s'accrochant a un même corps le poussaient davantage en avant qu'une, persuadant la chair de continuer à vivre avec davantage d'insistance.
*
Ses habits étaient poisseux et gouttaient du sang de ses sœurs. Son visage à la peau si claire était noir de suie. Elle rabaissa sa capuche écarlate sur ses cheveux incrustés de cendres. Marteau au poing, elle tourna le dos au bûcher et arpenta une dernière fois les allées du monastère. Lorsqu'elle fut enfin à l'air libre, elle se retint de jeter le moindre regard en arrière. Une colère sourde brillait dans ses yeux bleus, soulignés par les cernes. Elle nettoierait cette cité du mal qui s'y était installé ou périrait à la tâche.
Recroisant les documents à sa disposition, elle avait désormais une liste des factions présentes dressées par ses ainées. Possédés, homme-rats, morts-vivants, hommes-bêtes et malandrins en tout genres. Sa prise se resserra sur son arme.
- Arcanide valtekSeigneur vampire
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Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mar 24 Juil 2018 - 13:31
ENFIN !
Il l'a fait.
Et quelle suite ! On y voit l'apparition d'un nouveau personnage, une...prêtresse ? En tous cas elle est vénère.
En ce qui concerne Mandrak, ben il ne s'est pas passé grand-chose, mais on devine que la suite va être subtile.
Il l'a fait.
Et quelle suite ! On y voit l'apparition d'un nouveau personnage, une...prêtresse ? En tous cas elle est vénère.
En ce qui concerne Mandrak, ben il ne s'est pas passé grand-chose, mais on devine que la suite va être subtile.
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"Et quand les morts se lèvent, leurs tombeaux sont remplis par les vivants"
Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D
Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun
Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
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Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 17 Sep 2018 - 23:40
MOUTONS ELECTRIQUES!moutons électriques.
hem hem... je reprends ma lecture
Donc... tu as fais un cheval volant mecanique... pas mal pas mal
Que dis tu de ça? un dragon-teckel!
Et maintenant un sang-froid fantome? tu as un bestiaire entier dans ta tête
J'aime beaucoup ce petit duel contre le spectre, en faite j'aime beaucoup quand on voit des vampires puissants, mais mortels, effrayés et non invincibles et tu as très bien rendu ça!
Je n'avais jamais lu de récit sur des hommes-lésards je crois, et ben j'ai raté quelque chose, parce que c'est vraiment superbe! Le explorateurs, le skink, le kroxi à la fin... vraiment une ambiance réussi
Et du Morheim décidément ce sujet est une collection de petites perles
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Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
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