Page 2 sur 2 • 1, 2
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mar 18 Sep 2018 - 9:28
en vérité il s'agit du dernier personnage de ma "bande virtuelle de mordheim" que j'avais mis sur pied lors du cda qui a vu naitre Mandrak - et donc Manesh'k. Seulement j'm'étais arrangé avec un autre participant plus "good" pour qu'il l'introduise avant que je trouve une pirouette afin de l'intégrer dans le mienArca' a écrit:une...prêtresse ? En tous cas elle est vénère.
Après la suite, ben faut encore l'écrire
NAAAAAN PAS LE DRAGON TECKEEEL !!!!ethgri a écrit:Que dis tu de ça? un dragon-teckel!
et oui, des moutons électriques (coucou bladerunner)
J'fais ici double réponse pour ce com' et celui en simultané sur Feu&Sang : merci pour tes commentaires, fourbe d'elfe (on m'a indiqué dans l'oreillette que tu avais saigné la section pendant deux jours avant de balancer tout tes com's dans la même minute !!). Dévorer et digérer tout cela en si peux de temps relève de l'exploit. S'pas de la salade, faut pas l'oublier !
L'épée jetée à l'eau par Manesh'k en vrai... spoiler.... en 2500 (époque actuelle avec Karl Franz, Louen, Archaon et Valten)... elle ne s'y trouve plus
(l'autre com' dont je parle)
Le sang-froid fantôme n'est pas tout récent en vrai. Je l'avais mentionné dans un vieux texte sur la route de mordheim, lui-même inspiré des montures éthérées de mes chevaliers noirs
- Spoiler:
Concernant le texte avec la demeure hantée, l'idée était d'avoir une ambiance "horreur malsaine" tout en rappelant les faiblesses de mon personnage : c'est un brute au corps à corps qui cache quelques atouts dans sa manche (une lame non-magique mais tout sauf normale, une maitrise relative d'Aqshy, un nauglir spectral...) mais pour autant, il reste une nouille en matière de magie. La nécromancie n'est pas son fort et il se retrouve démuni face à un simple spectre qui ferait rire n'importe quel carstein ou un nécrarque.
Les lézards partaient d'une inspiration soudaine qu'il faudrait que je poursuive. Mais il souffre d'un problème récurrent chez moi : je suis trop dispersé et d'autres textes ont présentement mon attention... mais je suis ravi qu'ils te plaisent !
merciiiiethgry a écrit:décidément ce sujet est une collection de petites perles
Bravo pour avoir terminé ce récit!
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Sam 15 Déc 2018 - 22:29
Ma contribution au concours de personnages 2018 du forum impérial. Comme vous le devinerez, j'ai aucune chance de gagner quoi que se soit (si tant est que j'me fasse pas refuser pour hors-sujet). Je me suis cependant dit que, vu sa nature, cela aurait sa place ici ^^
Mon nom est Jack, dit "le Serpent".
Ma propre mère - une racoleuse - n'a jamais été capable de m'indiquer ni où ni quand je suis né, pas plus que l'identité de mon progéniteur. Sitôt que je fus capable de me passer d'elle, je l'abandonnais pour tracer ma propre voie. C'est comme une évidence que j'entamais la traversée de cet empire où la naissance écrit la destinée et me tournait vers la cité promettant gloire et richesse à ses citoyens.
En chemin je prit rapidement la tête d'une bande de vauriens. Tout comme moi, ces bougres étaient des parias. Et tout comme moi, la perspective d'une cité croulant sous les richesses illuminait leurs regards. Quelle ne fut pas notre déception lorsque, à seulement quelques jours de ce lieu tant désiré, la justice divine s'exprima sous la forme d'une pluie de feu. Sigmar lui-même rappela à Mordheim qui avait érigé l'empire des hommes nous ayant mit au monde...
De la déception nous passâmes vite à la stupeur puis à a ferveur. La cité avait été ravagée et la majorité de ses résidents que nous envions autrefois ne sont plus. Mais dans les mois qui suivirent, d'autres curieux qui comme nous étaient nés trop tard vinrent explorer la dépouille encore fumante de Mordheim. Et parmi eux, un hurluberlu se persuada que les fragment du météore punitif de Sigmar pouvait changer le plomb en or. Son mensonge se répandit à travers l'empire comme une trainée de poudre. Dès le lendemain, des arrivistes vinrent arpenter les rues de la cité en quête de cette pierre. Du pain béni pour nous autre lie de la société. Ces idiots venaient d'eux-même se jeter dans la gueule du loup. Contre toute attente et malgré l'air fétide de cet endroit, il tint ses promesses et nous apporta fortune.
Désormais dans les ruelles je suis craint. Par la lame j'ai su me tailler une réputation parmi les autres roublards venus chercheer la part du lion. Nul aventurier n'est trop armuré pour moi et nul magicien de pacotille ne peut bafouiller ses sorts assez vite pour moi. Mes lames de poignets, sortes de matraques que j'ai prit au corps d'une victime aux yeux bridés, sont devenues ma signature. Apercevoir ma cape disparaitre au coin de la rue dissuade qui que se soit de me poursuivre pour venger l'assassinat que je vient de commettre. Cependant, malgré notre succès, je m'efforce de rappeler à mes acolytes qu'il faut se couvrir la bouche et le nez lorsqu'ils sortent. L'air vicié est plus toxique qu'il n'y parait. J'en ai vu plus d'un commencer à changer après avoir erré trop longtemps dans le cœur de la cité...
Bande d’incapables. Pour la seule nuit où je ne participe pas à nos embuscades aux portes sud, ma bande se fait décimer. Seul cet idiot d'halfling en a réchappé, se lamentant sur son sort et accusant quelque "sorcier maître des morts" de les avoir mis en déroute. Il peut bien moisir dans notre ancienne planque. Je vais me charger de retrouver le responsable de cette débandade et la lui faire payer. Il ne sera pas dit que l'on peut piétiner les sbires du Serpent en tout impunité !
Mon nom est Jack, dit "le Serpent".
Ma propre mère - une racoleuse - n'a jamais été capable de m'indiquer ni où ni quand je suis né, pas plus que l'identité de mon progéniteur. Sitôt que je fus capable de me passer d'elle, je l'abandonnais pour tracer ma propre voie. C'est comme une évidence que j'entamais la traversée de cet empire où la naissance écrit la destinée et me tournait vers la cité promettant gloire et richesse à ses citoyens.
En chemin je prit rapidement la tête d'une bande de vauriens. Tout comme moi, ces bougres étaient des parias. Et tout comme moi, la perspective d'une cité croulant sous les richesses illuminait leurs regards. Quelle ne fut pas notre déception lorsque, à seulement quelques jours de ce lieu tant désiré, la justice divine s'exprima sous la forme d'une pluie de feu. Sigmar lui-même rappela à Mordheim qui avait érigé l'empire des hommes nous ayant mit au monde...
De la déception nous passâmes vite à la stupeur puis à a ferveur. La cité avait été ravagée et la majorité de ses résidents que nous envions autrefois ne sont plus. Mais dans les mois qui suivirent, d'autres curieux qui comme nous étaient nés trop tard vinrent explorer la dépouille encore fumante de Mordheim. Et parmi eux, un hurluberlu se persuada que les fragment du météore punitif de Sigmar pouvait changer le plomb en or. Son mensonge se répandit à travers l'empire comme une trainée de poudre. Dès le lendemain, des arrivistes vinrent arpenter les rues de la cité en quête de cette pierre. Du pain béni pour nous autre lie de la société. Ces idiots venaient d'eux-même se jeter dans la gueule du loup. Contre toute attente et malgré l'air fétide de cet endroit, il tint ses promesses et nous apporta fortune.
Désormais dans les ruelles je suis craint. Par la lame j'ai su me tailler une réputation parmi les autres roublards venus chercheer la part du lion. Nul aventurier n'est trop armuré pour moi et nul magicien de pacotille ne peut bafouiller ses sorts assez vite pour moi. Mes lames de poignets, sortes de matraques que j'ai prit au corps d'une victime aux yeux bridés, sont devenues ma signature. Apercevoir ma cape disparaitre au coin de la rue dissuade qui que se soit de me poursuivre pour venger l'assassinat que je vient de commettre. Cependant, malgré notre succès, je m'efforce de rappeler à mes acolytes qu'il faut se couvrir la bouche et le nez lorsqu'ils sortent. L'air vicié est plus toxique qu'il n'y parait. J'en ai vu plus d'un commencer à changer après avoir erré trop longtemps dans le cœur de la cité...
Bande d’incapables. Pour la seule nuit où je ne participe pas à nos embuscades aux portes sud, ma bande se fait décimer. Seul cet idiot d'halfling en a réchappé, se lamentant sur son sort et accusant quelque "sorcier maître des morts" de les avoir mis en déroute. Il peut bien moisir dans notre ancienne planque. Je vais me charger de retrouver le responsable de cette débandade et la lui faire payer. Il ne sera pas dit que l'on peut piétiner les sbires du Serpent en tout impunité !
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Dim 13 Jan 2019 - 1:46
En fin d'année j'ai, comme beaucoup de monde, été au cinéma voir quelques films dont Into the Spider-Verse qui aborde le concept assez complexe des mondes parallèles & versions alternatives de soit-même avec beaucoup de doigté (le spiderman du futur, celui du passé, celui où c'est une fille, le spider-cochon...). Cependant je doute que les plus jeune de la salle aient compris plus que "whaa y'a pleins de spideys !" maiiiiis c'est une autre histoire.
Suite à ce film populaire que j'ai énormément apprécié, grand gamin que je suis, je suis tombé sur une tendance des réseaux d'artistes appelée #SPIDERSONA qui consiste à s'inventer son propre personnage spiderman. Évidemment, je n'ai pas pu résister à créer ma propre araignée à ajouter aux milliers qui déferlent sur la toile (<== jeu de mot involontaire). A défaut d'être le plus doué des artistes, je me suis efforcé d'avoir un perso original et auquel personne n'aurait pensé avant moi.
Suite à ce film populaire que j'ai énormément apprécié, grand gamin que je suis, je suis tombé sur une tendance des réseaux d'artistes appelée #SPIDERSONA qui consiste à s'inventer son propre personnage spiderman. Évidemment, je n'ai pas pu résister à créer ma propre araignée à ajouter aux milliers qui déferlent sur la toile (<== jeu de mot involontaire). A défaut d'être le plus doué des artistes, je me suis efforcé d'avoir un perso original et auquel personne n'aurait pensé avant moi.
- EssenSeigneur vampire
- Age : 28
Nombre de messages : 4137
Date d'inscription : 22/12/2013
Palmares : Organisateur des tournois du Fort du Sang, de la Reiksguard, des Duels de Lassenburg & de la ruée vers l'Eldorado
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 17 Jan 2019 - 9:24
Il est, ma foi, on ne peut plus sympathique
Mon coup de cœur va au dessin avec le fantôme trublion
Mon coup de cœur va au dessin avec le fantôme trublion
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 28 Mar 2019 - 16:30
Eeeeeeet c'est la fin d'un court arc narratif, plus transition entre deux évènements qu'autre chose. J'aurais galéré à rédiger cela et il risque d'y avoir un effet décousu à la lecture, mais j'ai envie d'avancer et, hier ayant eu pas mal de temps pour écrire dans le train ( ), je peux enfin vous partager ceci ! La fin de la balade de Dagan, Jürger, Shannon et Enguerran (ainsi que Jeremy le destrier Bretonnien !)
Eeeeet voila. Sur ces séquences riches en action et en révélations, je n'ai plus qu'à sagement attendre un certain tournois de monture volante pour ces personnages là.
Aller deux pitis dessins que je re-link pour l'occasion ^^
Intermèdes
partie 4
partie 4
Approchant le lieu indiqué pour l'évènement, la ménestrelle continuait de taquiner Jürger. Pour quelque raison qu'il ne parvenait pas à saisir, elle et le vampire se payaient sa tête à propos d'une chose qu'il ne pouvait soi-disant pas voir. En désespoir de cause, il marchait seul en avant de leur petit groupe.
- Dis moi Enguerran, demanda-t-elle après un moment en suivant du regard cette chose qu'aucun des deux autres hommes ne percevait. Ne pourrais tu rien faire pour qu'eux aussi…
- … puissent le voir ? Compléta-t-il en se tournant dans la même direction qu'elle. En toute honnêteté, je l'ignore. Je suis déjà bien étonné que tu puisses toi le voir. Tu es la première depuis… depuis très longtemps.
Elle se tourna vers lui en clignant des yeux. Et en réalisant qu'il avait volontairement évité de parler de son passé, elle fit la moue. Malgré la requête de l'enfant, elle avait commencé à mettre en rimes quelques vers basés sur son passé dévoilé deux nuits plus tôt. Toutefois, elle s'abstint de l'ennuyer davantage. Que Jürger leur fasse la tête était déjà bien assez, inutile de se mettre aussi à dos cet enfant atypique.
Quelques mètres en retrait venaient enfin Dagan et sa monture, harnachée du mécanisme enchanté des ingénieurs impériaux. Il ne suivait que distraitement leurs discussions, plus préoccupé par ce qui pendait entre les omoplates du garçon. Il grimaça en songeant que cette arme, en apparence banale, avait ébréché son épée familiale par quatre fois. En quatre passes.
"Une lame de morsure" lui avait indiqué son vieux père lorsqu'il fut en âge d'apprendre les rudiments de l'escrime. "D'une grande résistance et capable de percer les armures les plus solides, transmise de père en fils depuis celui à qui nous devons notre blason."
Son épée n'était pas une arme conventionnelle, il l'avait déjà constaté à plus d'une bataille. Et pourtant, les faits étaient là : elle n'était de toute évidence qu'un jouet en comparaison avec ce que possédait Enguerran. Et cela ne le rassurait guère de savoir l'héritier du Chevalier Noir de Maleaux en possession d'une telle arme.
Un fracas tonitruant le tira soudain de ses pensées, loin sur leur droite. D'un même bloc, tous les quatre se tournèrent dans cette direction. Une flopée de volatiles s'envola dans un grands brouhaha, effrayés par ce qui avait provoqué ce raffut et poussait à présent un rugissement guttural qui résonna à travers le sous-bois.
- C'était quoi ? Interrogea Shannon d'une voix incertaine.
Mais aucun de ses compagnon n'était en mesure de lui répondre avec certitude. En sifflant, Enguerran jeta un œil en direction du ciel orangé où disparaissaient la nuée d'oiseaux. Le jour était bas et les feuillages suffisamment épais pour lui permettre d'évoluer de jour avec sa capuche et ses mains gantées. Mais il rechignait à quitter l'ombre de leur sentier actuel.
- Rappelez moi, depuis combien de temps n'avons-nous pas croisé d'autres voyageurs sur cette route ?
La question soulevée par Jürger faisait sens : à dire vrai ils n'avaient plus croisés personne depuis bientôt une semaine. Le bretonnien devina d'instinct que cela ne présageait rien de bon, avis partagé aux mines qu'affichaient l'artilleur et le vampire.
- Fichons le camp sans tarder.
S'assurant que sa lance de cavalerie et son écu étaient bien accrochées au harnachement de Jeremy, le bretonnien les retint un instant avant d'approuver.
Sans demander leur reste, ils pressèrent le pas. Mais lorsqu'avec un brassement sourd une ombre leur cacha un instant les rayons traversant la canopée, les voyageurs se mirent à courrir en s'efforçant de garder leur calme. A plusieurs reprise ce même cri grave les fit sursauter, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Une fois proche puis plus éloigné. Et de temps à autre ce brassement indiquant clairement que la créature les survolait. La créature. Après un certain temps ils en étaient arrivé à cette conclusion : plusieurs individus se seraient répondus dans cette traque. Or aucun cri ne venait faire écho à ceux qu'ils entendaient.
C'est au détour d'une trouée entre les branches qu'ils purent enfin apercevoir la chose les pourchassant depuis presque une heure. Largement plus imposante que Jeremy et infiniment plus lourde, la créature les toisait et battait lentement des ailes, en vol stationnaire. Ce ne fut qu'un bref instant, mais largement assez pour réaliser l'ampleur de la menace à leurs trousses.
- Un dragon, murmura Enguerran avec des yeux ronds.
Avec lui les humains continuaient de courir, mais désormais d'un pas beaucoup plus confus. Tous les trois étaient livides. Quelles étaient leurs chances confrontés à un telle force de la nature, si loin de toute civilisation ?
- Pas un dragon, parvint à placer Dagan.
Ecarlate et le souffle rauque, le pauvre bretonnien courrait en armure complète aux côtés de sa monture. Sans s'arrêter, Enguerran et Jürger lui jetèrent un œil par-dessus leur épaule.
- Pas un dragon, répéta-t-il en plaçant ses deux index aux niveau de ses tempes pour mimer la paire de cornes dont était pourvue la bête. Une vouivre !
- Vouivre, Dragon ou Manticore qu'est-ce que cela change en vrai ? S'écria Shannon sans même se retourner.
Son luth rebondissait entre ses omoplates à chaque foulées. Toutefois cela ne l'empêchait nullement de devancer ses homologues masculins, courant à hauteur du vampire. Ce fut l'enfant qui répondit en se tournant vers elle en expliquant son erreur :
- Les vouivres… ça crache pas de flammes ! Voila ce que cela change !
- La bonne affaire, grinça l'artificier sur ses talons. Nous mourrons dévorés vifs plutôt que rôtis !
- N'en soit pas si…
S'interrompant brusquement dans sa course, Enguerran encaissa le choc lorsque Jürger le bouscula par derrière. Au détour d'un virage, le chemin s'ouvrait brusquement sur la fin du bois. Au-delà ce n'était qu'une pente abrupte que dévalait un sentier en long lacets menant à la vallée en contre-bas. Le-dit sentier bordait la falaise à leur gauche via une collerette où deux charriots n'auraient pas pu se croiser. Et bien, entendu celle-ci n'offrait aucun abris.
Reprenant leur souffle, ils étudièrent la piste avec effroi.
- Pas question de s'engager là-dedans, cracha Jürger en serrant le poing sur le canon de son fusil. Cette saleté n'aurait qu'à nous bequeter à même la roche !
Attentif aux moindres bruits, le bretonnien lorgna en arrière. Ils n'entendaient plus les brassements d'air générés par la vouivre, mais celle-ci pouvait très bien se trouver perchée de côté sur l'à-pic, attendant qu'ils s'engagent sur la corniche.
- Nous sommes piégés dans le bois, posa-t-il. Tant que nous restons sous les frondaisons, nous seront en sécurité. Plus ou moins.
- Plus ou moins, répéta l'enfant en levant sur lui un regard intense.
Impassible, Enguerran fit quelques pas au-delà le la protection superficielle des frondaisons. Il balaya le ciel du regard, d'un côté comme de l'autre. Mais il ne voyait nulle trace de la créature, ce qui ne le rassurait guère. Au vu de la masse qu'elle avait affichée, l'abris des arbres ne serait que symbolique. Si cette vouivre décidait de venir les chercher jusqu'entre les frêles troncs d'arbre les entourant... Son expression se durcit légèrement et il porta la main au pommeau dans son dos. S'ils en arrivaient là…
- Tu la vois ? Vint interroger Shannon en s'approchant à son tour du rebord.
- Reste sous…
- Je ne suis pas une enfant, interrompit-elle Jürger avec un regard courroucé.
Jürger balbutia un instant sans trouver de réplique à ce sermon, avant de se détourner en grimaçant. En retrait, le chevalier et l'enfant échangèrent un regard en silence, jugeant préférable de ne pas intervenir. Comme elle revenait néanmoins à l'ombre des branchages, Jürger plissa le regard en étudiant le ciel. Puis eu un rictus amer. Avec ses yeux sensibles sur un perchoir aussi exposé, il était tellement éblouis qu'il aurait été bien incapable de discerner le monstre planer dans les hauteurs.
- Nous devrions attendre l'aube, déclara le vampire après quelques instants. Le blandinet et moi y seront tout deux plus à l'aise.
Le tireur tiqua au sobriquet dont l'affublait l'enfant, mais fit mine de l'ignorer en s'efforçant de sonder le ciel malgré son handicap.
- Cette bête aussi, remarqua Dagan en croisant les bras. Quant à moi je n'y verrais goutte…
- Ce n'est pas un souci, répondit Enguerran. Si nous nous retrouvons à portée de lame je ne donne pas cher de nous. Notre meilleurs atout réside en ses armes.
Se faisant, il indiqua du pouce le fusil de l'artilleur. Celui-ci esquissa un sourire amer. Ses pétoires lui semblaient brusquement bien dérisoire. Tenant jusque-là l'arme en question appuyée contre son épaule, il en posa la crosse à terre et s'appuya symboliquement sur le canon comme s'il s'agissait d'une canne.
- Te fier à mon fusil, déclara-t-il. Pourtant à la Reiksguard, tu ne m'as pas semblé bien convaincu par ce qu'il pouvait causer.
Enguerran haussa les épaules. Il approcha à son tour du rebord, prenant garde à rester de profil au soleil, le visage dissimulé par sa capuche. Plus en retrait, Dagan prêta de quoi se désaltérer à la ménestrelle qui, après quelques gorgées, la proposa à Jürger.
- Avec joie, répondit-il comme elle lui passait l'outre. Je meurt de…
Un craquement sonore l'interrompit net dans sa phrase. Interdit et toujours appuyé sur son arme, il chercha le regard de la jeune femme. L'instant suivant le sol se dérobait sous ses pieds, emportant le rebords de la falaise dans le vide.
- Jürger ! S'écria la ménestrelle en attrapant le poignet que lui tendait son ami avant de basculer à son tour, entraînée par le poids de l'artilleur.
- Shannon ! S'écria le chevalier en se précipitant à son tour à découvert. Jürger !
Un nuage de poussière s'éleva et l'enveloppa en un instant, les dissimulant à son regard. Un fracas assourdissant résonnait plus bas. Dagan sentit le sol légèrement trembler sous ses pieds. Prudemment, il recula en réalisant qu'il pourrait à son tour être emporté. Toussant, il se couvrit la bouche et le nez de son poing ganté. Puis hurla à nouveau leurs noms comme le tumulte retombait.
Il osa pas s'avancer d'un pas en avant, discernant la nouvelle limite de la falaise : presque deux mètres venaient d'être emportés par l'éboulis. A ce moment seulement il réalisa qu'Enguerran aussi avait disparut, le laissant seul avec sa monture.
Avec précaution, il s'agenouilla en jeta un œil en contrebas. Désabusé, il ne put que voir d'en haut l'imposant l'écran de poussière accompagner l'éboulement et dissimuler ses amis. Difficilement il déglutit, se maudissant de ne pouvoir leur venir en aide de quelconque façon. Pour ne rien arranger, il perçu sur sa droite le brassement d'air tant redouté. C'est avec expression mortifié qu'il vit l'immense reptile approcher à une vingtaine de mètres de hauteur, survolant le chaos de poussière.
- Ici ! S'écria-t-il brusquement en agitant les bras pour attirer son attention après avoir bondit sur ses pieds. Ici ! Moi ! Je suis là ! Viens me chercher, gros lézard puant !
Néanmoins, que le reptile l'ai entendu ou non, son persiflage fut vain. Quelques battements d'ailes plus tard, la créature se laissa porter en contre-bas et se dirigea vers ses amis.
- Non, murmura-t-il en posant un genoux à terre. Non…
Il ne pouvait détourner le regard de ce qui allait suivre. Il ne pouvait… Ouvrant grand les yeux, il leva la tête en direction de Jeremy. Son destrier faisait preuve d'un calme exemplaire malgré toutes les péripéties auxquelles ils venaient d'assister en très peu de temps. Et portait sur le dos l'imposant prototype impérial.
- Dis moi Enguerran, demanda-t-elle après un moment en suivant du regard cette chose qu'aucun des deux autres hommes ne percevait. Ne pourrais tu rien faire pour qu'eux aussi…
- … puissent le voir ? Compléta-t-il en se tournant dans la même direction qu'elle. En toute honnêteté, je l'ignore. Je suis déjà bien étonné que tu puisses toi le voir. Tu es la première depuis… depuis très longtemps.
Elle se tourna vers lui en clignant des yeux. Et en réalisant qu'il avait volontairement évité de parler de son passé, elle fit la moue. Malgré la requête de l'enfant, elle avait commencé à mettre en rimes quelques vers basés sur son passé dévoilé deux nuits plus tôt. Toutefois, elle s'abstint de l'ennuyer davantage. Que Jürger leur fasse la tête était déjà bien assez, inutile de se mettre aussi à dos cet enfant atypique.
Quelques mètres en retrait venaient enfin Dagan et sa monture, harnachée du mécanisme enchanté des ingénieurs impériaux. Il ne suivait que distraitement leurs discussions, plus préoccupé par ce qui pendait entre les omoplates du garçon. Il grimaça en songeant que cette arme, en apparence banale, avait ébréché son épée familiale par quatre fois. En quatre passes.
"Une lame de morsure" lui avait indiqué son vieux père lorsqu'il fut en âge d'apprendre les rudiments de l'escrime. "D'une grande résistance et capable de percer les armures les plus solides, transmise de père en fils depuis celui à qui nous devons notre blason."
Son épée n'était pas une arme conventionnelle, il l'avait déjà constaté à plus d'une bataille. Et pourtant, les faits étaient là : elle n'était de toute évidence qu'un jouet en comparaison avec ce que possédait Enguerran. Et cela ne le rassurait guère de savoir l'héritier du Chevalier Noir de Maleaux en possession d'une telle arme.
Un fracas tonitruant le tira soudain de ses pensées, loin sur leur droite. D'un même bloc, tous les quatre se tournèrent dans cette direction. Une flopée de volatiles s'envola dans un grands brouhaha, effrayés par ce qui avait provoqué ce raffut et poussait à présent un rugissement guttural qui résonna à travers le sous-bois.
- C'était quoi ? Interrogea Shannon d'une voix incertaine.
Mais aucun de ses compagnon n'était en mesure de lui répondre avec certitude. En sifflant, Enguerran jeta un œil en direction du ciel orangé où disparaissaient la nuée d'oiseaux. Le jour était bas et les feuillages suffisamment épais pour lui permettre d'évoluer de jour avec sa capuche et ses mains gantées. Mais il rechignait à quitter l'ombre de leur sentier actuel.
- Rappelez moi, depuis combien de temps n'avons-nous pas croisé d'autres voyageurs sur cette route ?
La question soulevée par Jürger faisait sens : à dire vrai ils n'avaient plus croisés personne depuis bientôt une semaine. Le bretonnien devina d'instinct que cela ne présageait rien de bon, avis partagé aux mines qu'affichaient l'artilleur et le vampire.
- Fichons le camp sans tarder.
S'assurant que sa lance de cavalerie et son écu étaient bien accrochées au harnachement de Jeremy, le bretonnien les retint un instant avant d'approuver.
Sans demander leur reste, ils pressèrent le pas. Mais lorsqu'avec un brassement sourd une ombre leur cacha un instant les rayons traversant la canopée, les voyageurs se mirent à courrir en s'efforçant de garder leur calme. A plusieurs reprise ce même cri grave les fit sursauter, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Une fois proche puis plus éloigné. Et de temps à autre ce brassement indiquant clairement que la créature les survolait. La créature. Après un certain temps ils en étaient arrivé à cette conclusion : plusieurs individus se seraient répondus dans cette traque. Or aucun cri ne venait faire écho à ceux qu'ils entendaient.
C'est au détour d'une trouée entre les branches qu'ils purent enfin apercevoir la chose les pourchassant depuis presque une heure. Largement plus imposante que Jeremy et infiniment plus lourde, la créature les toisait et battait lentement des ailes, en vol stationnaire. Ce ne fut qu'un bref instant, mais largement assez pour réaliser l'ampleur de la menace à leurs trousses.
- Un dragon, murmura Enguerran avec des yeux ronds.
Avec lui les humains continuaient de courir, mais désormais d'un pas beaucoup plus confus. Tous les trois étaient livides. Quelles étaient leurs chances confrontés à un telle force de la nature, si loin de toute civilisation ?
- Pas un dragon, parvint à placer Dagan.
Ecarlate et le souffle rauque, le pauvre bretonnien courrait en armure complète aux côtés de sa monture. Sans s'arrêter, Enguerran et Jürger lui jetèrent un œil par-dessus leur épaule.
- Pas un dragon, répéta-t-il en plaçant ses deux index aux niveau de ses tempes pour mimer la paire de cornes dont était pourvue la bête. Une vouivre !
- Vouivre, Dragon ou Manticore qu'est-ce que cela change en vrai ? S'écria Shannon sans même se retourner.
Son luth rebondissait entre ses omoplates à chaque foulées. Toutefois cela ne l'empêchait nullement de devancer ses homologues masculins, courant à hauteur du vampire. Ce fut l'enfant qui répondit en se tournant vers elle en expliquant son erreur :
- Les vouivres… ça crache pas de flammes ! Voila ce que cela change !
- La bonne affaire, grinça l'artificier sur ses talons. Nous mourrons dévorés vifs plutôt que rôtis !
- N'en soit pas si…
S'interrompant brusquement dans sa course, Enguerran encaissa le choc lorsque Jürger le bouscula par derrière. Au détour d'un virage, le chemin s'ouvrait brusquement sur la fin du bois. Au-delà ce n'était qu'une pente abrupte que dévalait un sentier en long lacets menant à la vallée en contre-bas. Le-dit sentier bordait la falaise à leur gauche via une collerette où deux charriots n'auraient pas pu se croiser. Et bien, entendu celle-ci n'offrait aucun abris.
Reprenant leur souffle, ils étudièrent la piste avec effroi.
- Pas question de s'engager là-dedans, cracha Jürger en serrant le poing sur le canon de son fusil. Cette saleté n'aurait qu'à nous bequeter à même la roche !
Attentif aux moindres bruits, le bretonnien lorgna en arrière. Ils n'entendaient plus les brassements d'air générés par la vouivre, mais celle-ci pouvait très bien se trouver perchée de côté sur l'à-pic, attendant qu'ils s'engagent sur la corniche.
- Nous sommes piégés dans le bois, posa-t-il. Tant que nous restons sous les frondaisons, nous seront en sécurité. Plus ou moins.
- Plus ou moins, répéta l'enfant en levant sur lui un regard intense.
Impassible, Enguerran fit quelques pas au-delà le la protection superficielle des frondaisons. Il balaya le ciel du regard, d'un côté comme de l'autre. Mais il ne voyait nulle trace de la créature, ce qui ne le rassurait guère. Au vu de la masse qu'elle avait affichée, l'abris des arbres ne serait que symbolique. Si cette vouivre décidait de venir les chercher jusqu'entre les frêles troncs d'arbre les entourant... Son expression se durcit légèrement et il porta la main au pommeau dans son dos. S'ils en arrivaient là…
- Tu la vois ? Vint interroger Shannon en s'approchant à son tour du rebord.
- Reste sous…
- Je ne suis pas une enfant, interrompit-elle Jürger avec un regard courroucé.
Jürger balbutia un instant sans trouver de réplique à ce sermon, avant de se détourner en grimaçant. En retrait, le chevalier et l'enfant échangèrent un regard en silence, jugeant préférable de ne pas intervenir. Comme elle revenait néanmoins à l'ombre des branchages, Jürger plissa le regard en étudiant le ciel. Puis eu un rictus amer. Avec ses yeux sensibles sur un perchoir aussi exposé, il était tellement éblouis qu'il aurait été bien incapable de discerner le monstre planer dans les hauteurs.
- Nous devrions attendre l'aube, déclara le vampire après quelques instants. Le blandinet et moi y seront tout deux plus à l'aise.
Le tireur tiqua au sobriquet dont l'affublait l'enfant, mais fit mine de l'ignorer en s'efforçant de sonder le ciel malgré son handicap.
- Cette bête aussi, remarqua Dagan en croisant les bras. Quant à moi je n'y verrais goutte…
- Ce n'est pas un souci, répondit Enguerran. Si nous nous retrouvons à portée de lame je ne donne pas cher de nous. Notre meilleurs atout réside en ses armes.
Se faisant, il indiqua du pouce le fusil de l'artilleur. Celui-ci esquissa un sourire amer. Ses pétoires lui semblaient brusquement bien dérisoire. Tenant jusque-là l'arme en question appuyée contre son épaule, il en posa la crosse à terre et s'appuya symboliquement sur le canon comme s'il s'agissait d'une canne.
- Te fier à mon fusil, déclara-t-il. Pourtant à la Reiksguard, tu ne m'as pas semblé bien convaincu par ce qu'il pouvait causer.
Enguerran haussa les épaules. Il approcha à son tour du rebord, prenant garde à rester de profil au soleil, le visage dissimulé par sa capuche. Plus en retrait, Dagan prêta de quoi se désaltérer à la ménestrelle qui, après quelques gorgées, la proposa à Jürger.
- Avec joie, répondit-il comme elle lui passait l'outre. Je meurt de…
Un craquement sonore l'interrompit net dans sa phrase. Interdit et toujours appuyé sur son arme, il chercha le regard de la jeune femme. L'instant suivant le sol se dérobait sous ses pieds, emportant le rebords de la falaise dans le vide.
- Jürger ! S'écria la ménestrelle en attrapant le poignet que lui tendait son ami avant de basculer à son tour, entraînée par le poids de l'artilleur.
- Shannon ! S'écria le chevalier en se précipitant à son tour à découvert. Jürger !
Un nuage de poussière s'éleva et l'enveloppa en un instant, les dissimulant à son regard. Un fracas assourdissant résonnait plus bas. Dagan sentit le sol légèrement trembler sous ses pieds. Prudemment, il recula en réalisant qu'il pourrait à son tour être emporté. Toussant, il se couvrit la bouche et le nez de son poing ganté. Puis hurla à nouveau leurs noms comme le tumulte retombait.
Il osa pas s'avancer d'un pas en avant, discernant la nouvelle limite de la falaise : presque deux mètres venaient d'être emportés par l'éboulis. A ce moment seulement il réalisa qu'Enguerran aussi avait disparut, le laissant seul avec sa monture.
Avec précaution, il s'agenouilla en jeta un œil en contrebas. Désabusé, il ne put que voir d'en haut l'imposant l'écran de poussière accompagner l'éboulement et dissimuler ses amis. Difficilement il déglutit, se maudissant de ne pouvoir leur venir en aide de quelconque façon. Pour ne rien arranger, il perçu sur sa droite le brassement d'air tant redouté. C'est avec expression mortifié qu'il vit l'immense reptile approcher à une vingtaine de mètres de hauteur, survolant le chaos de poussière.
- Ici ! S'écria-t-il brusquement en agitant les bras pour attirer son attention après avoir bondit sur ses pieds. Ici ! Moi ! Je suis là ! Viens me chercher, gros lézard puant !
Néanmoins, que le reptile l'ai entendu ou non, son persiflage fut vain. Quelques battements d'ailes plus tard, la créature se laissa porter en contre-bas et se dirigea vers ses amis.
- Non, murmura-t-il en posant un genoux à terre. Non…
Il ne pouvait détourner le regard de ce qui allait suivre. Il ne pouvait… Ouvrant grand les yeux, il leva la tête en direction de Jeremy. Son destrier faisait preuve d'un calme exemplaire malgré toutes les péripéties auxquelles ils venaient d'assister en très peu de temps. Et portait sur le dos l'imposant prototype impérial.
*
Les tempes douloureuses, Jürger roula sur le dos et plissa les yeux. De multiples lumières dansaient dans son champ de vision tandis qu'il retrouvait ses sens. A sa droite il entendait la ménestrelle tousser sans la voir. Shannon. Elle avait basculé dans le vide avec lui. Elle…
La douleur lui embrasa soudain le bras du poignet à l'épaule, lui arrachant un cri de souffrance. Hurlant, il roula de côté en portant sa main valide à son membre brisé. Il se recroquevilla sur lui-même en haletant. Jusqu'à ce qu'une poigne ferme ne le saisisse par le col de son pourpoint et ne le traîne en arrière.
L'enfant vampire l'éloigna du bords de la plate-forme où tout trois avaient échoués, tenant le fusil du tireur dans l'autre main. Miraculeusement, le canon de ce dernier semblait pas avoir été tordus par un choc.
- Jü…Jûrger, murmura Shannon lorsqu'elle discerna sa silhouette à travers la poussière retombant.
Elle se précipita sur lui, mais Enguerran l'en empêcha en lui tendant l'arme à feu.
- Pas maintenant ! Intima-t-il avec un regard noir. Arme moi ça ! On va en avoir besoin !
- Que…
- Regarde derrière toi et fais ce que je te dit ! S'écria-t-il en perdant patience.
Sans comprendre, la jeune femme se retourna avant que toute couleurs ne désertent son visage : elle se trouvait face à une ouverture dans la roche haute de plusieurs fois sa taille. La grotte se prolongeait d'une quinzaine de mètres de profondeurs pour ce qu'elle pouvait en discerner. Mais surtout, sous les gravats apportés par leur chute, le sol n'était qu'ossements brisés, carcasses à moitié dévorées et vêtements en charpie. L'odeur pestilentielle du charnier la prit à la gorge, la faisant tituber sur quelques pas. Retenant un haut-le cœur, la jeune femme chercha de l'air en se couvrant la bouche de sa main libre. Se faisant elle découvrit le précipice auquel elle avait tourné le dos jusque là : leur corniche se trouvait à flanc de falaise. Ils étaient littéralement tombé dans l'antre de la bête et leur seul échappatoire était le vide.
Un grognement de douleur sur le côté la ramena à la réalité. Elle n'était pas seule et son ami était blessé. Reprenant un semblant de contenance, elle aida le tireur à se relever en évitant soigneusement de regarder plus en profondeur. Contrairement à l'enfant qui, d'un calme glaçant, étudiait la tanière avec attention.
- Ca fait au moins un mois que cette saleté s'est installée, grinça-t-il en repoussant de la botte une épée à laquelle une main noircie s'accrochait encore. Va savoir combien de voyageurs elle a bequeté…
- Enguerran… l'interpela l'impérial en serrant les dents sans qu'il ne se retourne. Dis-moi que tu es un sorcier comme le disent les histoires sur les m… sur ceux de ton espèce. Dis-moi que tu peux faire marcher les mo…
- Non, répondit platement l'enfant. Je pourrais essayer mais je n'ai aucun talent. Se serait gaspiller mes forces et…
Un brusque fracas l'interrompit soudain, faisant trembler le sol. Une violente bourrasque accompagnée de relents nauséabonds les souffla vers le fonds de la grotte. La vouivre s'était posée sur la corniche, juste à l'entrée de son antre, et les bloquait à l'intérieur. Ils étaient pris au piège.
Tournant sa gueule énorme vers eux, elle gronda tout en étudiant ces proies tombée du ciel. Elle replia ses ailes dont l'articulation principale arborant une griffer vint racler la terre en lui conférant une démarche pataude. Entrouvrant la gueule, elle révéla des crocs aussi longs que des dagues, dégoulinant d'humeur poisseuse.
- Shannon, Jürger, passez lentement derrière moi et ne faites pas de gestes brusques, souffla Enguerran en écartant lentement les bras.
Comme escompté, c'est vers lui que le monstre se tourna, ses yeux jaunes aux iris fendus luisant presque avec le contre-jour.
- Tu…
- Obéis, poursuivit-il avec intensité. Et allez retrouver le tueur de griffons. Grimpez sans vous retourner quand…
- Grimper où ? Tu…
- Ecoute le véritable monstre quand il te parle et emmènes ta bien-aimée loin d'ici ! Rugit-il en se tournant brusquement vers le soldat blessé.
Se fut l'instant précis que saisit la vouivre pour agir. Déroulant son long cou à une vitesse effroyable, sa gueule béante s'ouvrit au-dessus des trois infortunés. Plongeant en arrière, Enguerran écarta la ménestrelle de la trajectoire du monstre. Il se retourna en un éclair pour faire face, portant la main à la lame entre ses omoplates mais fut pris de vitesse. Les immenses mâchoires de la créature se refermèrent sur l'enfant d'une dizaine d'année, le gobant d'une bouchée.
- Que… balbutia Shannon en réalisant ce qu'il venait d'arriver. Eng… Enguerran !
La bête secoua la tête en claquant des dents avant de tourner son museau encadré de deux cornes spiralées vers l'humaine. Jürger la força à passer derrière lui en la tirant de son bras valide, ne prenant même pas la peine de dégainer le fleuret à sa hanche. Cela ne lui aurait été d'aucune utilité. Le monstre gronda de nouveau en avançant d'un pas pesant, presque maladroit, sur ses ailes repliées devant lui… et eu un mouvement de recul, les yeux écarquillés.
La bête se détourna d'eux, secouant violemment la tête d'un côté puis de l'autre. Jürger se jeta à terre en entrainant la jeune femme pour ne pas être renversé par un coup d'aile fatal. Pourtant la vouivre ne se préoccupait plus des deux humains à cet instant précis. Elle agitait la tête en toute direction, ses ailes et sa queue fendant l'air sans chercher à les atteindre eux. Son crâne massif vint même rebondir contre la paroi avec une force telle que les gravats vibrèrent sous les pieds des deux humains.
- Qu'est-ce qu'il lui… commença Shannon d'un ton cassé.
Mais Jürger fut bien incapable de lui répondre, balbutiant dans le vide. Devant lui, il voyait clairement le monstre s'agiter en tout sens en tentant en vain de déglutir. Jouant de sa terrible mâchoire, le reptile s'acharnait à mâcher ce qu'il ne parvenait pas à avaler. Ce qu'il ne parvenait pas à avaler qui commença à pousser une clameur sourde.
- Par Sigmar, murmura-t-il.
Lentement, la gueule du monstre s'entrouvrit comme la bête s'immobilisait dans l'ouverture. Tapis entre les rangées de crocs se tenait l'enfant, arc-bouté et repoussant des deux mains le palais de la bête. Jürger avait entendu dire que les Vouivres pouvaient trancher en deux un cavalier en armure par la seule puissance de leurs mâchoires. Mais malgré cette puissance colossale exercée contre lui, le vampire parvenait à la surpasser. Centimètre par centimètre, les deux adversaires tressaillaient sous l'effort de cette lutte mortelle. Jusqu'à ce qu'Enguerran arrive enfin à bout de bras, tremblant de tout son corps. Il tourna la tête vers eux. Au milieu de son visage méconnaissable, dégoulinant d'humeur poisseuse, irradiaient deux lumières. Non pas cette lueur écarlate à laquelle ils s'étaient habitués mais un éclat verdoyant, beaucoup plus intense. Eclat qui captiva les humains au point d'en oublier l'effort qu'il réalisait. Ni remarquer que sa botte clouait la langue du monstre contre sa mâchoire inférieure dans un bouillon de sang sombre.
- TU VAS LUI TIRER DESSUS PAR LE SANG ? Rugit Enguerran d'une voix grave qui résonna comme une avalanche aux oreilles des deux mortels.
L'injonction eut l'effet d'un coup de tonnerre sur l'artilleur. Il secoua la tête et maladroitement ramassa son fusil de la main gauche. Il leva péniblement l'arme puis mit en joue la Vouivre, mais déjà le canon penchait sous son propre poids. Jamais il ne pourrait viser d'un seul bras !
Il n'eut toutefois le temps de jurer que déjà la ménestrelle redressait l'arme et se tournait vers lui avec une expression à la fois terrifiée et déterminée. Jürger lui adressa un hochement de tête d'approbation après un instant d'égarement, puis se déporta légèrement de côté en visant la tête du monstre. Il chercha un défaut dans sa cuirasse naturelle tandis que Shannon s'efforçait de rester immobile. Derrière elle, Enguerran commençait à ployer sous la pression exercée par le monstre.
La détonation vrilla les tympans de la ménestrelle qui bondit de côté avec un cri. Le rugissement de la créature fit écho au sien, résonant avec force dans l'espace confiné comme elle titubait de côté. Grimaçant pour dominer la douleur lui lacérant les oreilles, Jürger laissa tomber son fusil et prit la jeune femme par l'épaule, la tirant à lui plus profondément dans l'antre. Mâchoire crispée, il contempla le résultat dérisoire de son tir.
Face à eux, la vouivre secouait la tête en tous sens. Son orbite crevé par la décharge projetait une humeur noire à travers la grotte. Pour autant, la bête ne recracha pas l'enfant, s'évertuant à tenter de fermer sa gueule et l'avaler. Piégé, celui-ci dégoulinait de salive poisseuse crachée par le reptile. A son tour il commença à hurler de sa voix si grave et étrange, cédant peu à peu sous la pression.
- POUR LA DAME !
Le cri de guerre braillé à plein poumon vint se joindre au chaos déjà présent. Avec une giclée de sang sombre, la lance de cavalerie du bretonnien s'enfonça dans le corps de la créature, à la jonction du tronc et de l'aile.
- Dagan ! S'écria Shanon en sautant sur place.
Sans le réaliser elle bouscula l'artilleur qui porta la main à son bras blessé en gémissant pour acclamer leur compagnon.
Chevauchant sa monture ailée, le chevalier pressa celle-ci des talons d'aller plus avant, enfonçant plus encore la pointe dans les chairs du monstre. Le rugissement de celui-ci fut plus terrible encore. D'un soubresaut, il bouscula le duo de combattant déboulé à point nommé, rattachés à son corps par la lance de cavalerie qui ploya mais ne brisa pas. Les ailes mécaniques, battant furieusement pour supporter leurs poids et l'armure de Dagan, vinrent racler contre la pierre comme Jeremy était projeté de côté. Avec un hennissement il se redressa dans les airs, pressé contre la roche par le reptile mutilé et piaffant furieusement des sabots dans le vide.
Sans vraiment comprendre ce qu'il se passait, Enguerran fut soudain secoué comme un prunier par la bête lui beuglant à la face. Aveuglé par sa bave nauséabonde et les tympans douloureux, il ne pouvait que lutter de toutes ses forces. Hélas, une de ses mains glissa lors d'un cahot plus violent que les autres. La mâchoire se referma autour de lui dans l'instant et le plongea dans les ténèbres. Une seconde plus tard un choc violent lui coupait le souffle, son corps entier venant rebondir contre la paroi de pierre avant qu'il ne roule au sol. Gémissant, il se tourna péniblement de côté et s'essuya les yeux comme il put, étalant plus de bave sur son visage qu'autre chose. Pour quelques raison lui échappant, il avait été recraché. Mais le vampire ne s'attarda pas sur sa chance insolente et darda son regard d'un vert étincelant sur le monstre.
Dagan avait beau s'acharner pour extraire la pointe de sa lance, rien n'y faisait : elle restait coincée entre les écailles du reptile. La vouivre gesticulait en tout sens et battait difficilement des ailes pour se défaire du bretonnien et sa monture volante. Lors de la cavalcade suivante il manqua s'éclater le crâne contre la voûte.
Réfléchissant à tout allure, il ne trouvait pas comment se débarrasser au plus vite du monstre. Il voyait néanmoins comment ne pas être écrasé contre une paroi par un coup d'aile hasardeux. Ecoutant son courage plus que sa raison, Dagan vida les étriers et sauta sur le dos du monstre en s'accrochant à l'épieu incrustée dans la bête.
- Recule Jeremy ! S'écria-t-il alors même qu'il manquait être projeté en l'air par une nouvelle ruade. Recule !
Avec un nouveau rugissement, la vouivre se jeta de côté et vint rebondir contre la paroi, ébranlant la caverne entière. Le bretonnien se raccrocha d'une main au manche de son arme pour ne pas basculer dans le vide. D'un coup d'aile improbable, il fut soulevé dans les airs avant de retomber à genoux contre son ancre improvisée.
- Chiabrena ! Jura-t-il en enroulant son bras gauche autour de la hampe.
Maladroitement, il parvint à tirer son épée du fourreau de sa main libre. A genoux pour chevaucher la bête, il repéra vite un interstice entre deux écailles ondulant à chaque mouvement. Sans hésiter, il frappa de la pointe, tentant de percer cette carapace et atteindre quelque organe vital.
Avec un son cristallin, sa fameuse lame de morsure vola en éclat. Dagan marqua un temps d'arrêt lorsqu'il contempla, interdit, son épée familiale dont il ne lui restait que le pommeau en main. Un nouvelle ruade l'empêcha cependant de s'attarder sur cette perte, manquant une fois de plus de le désarçonner. Echappant l'arme désormais inutile, il s'accrocha des deux mains à la lance toujours fichée entre l'aile et le tronc de la créature.
Au milieu des cavalcade, outre Jürger et Shannon dos à a parois du fond, il avisa l'enfant s'escrimant à retirer la bave visqueuse de ses yeux.
- Ton épée Enguerran ! Donne-moi ton épée ! S'écria Dagan.
Levant la face en tendant son nom, Enguerran se contenta de grimacer en discernant à peine le bretonnien en péril. A aucun moment il fit mine de porter la main à l'arme accrochée dans son dos. Il se détourna et balaya la caverne du regard en plissant les yeux.
- Ton ép…
Dagan fut interrompu par un nouveau soubresaut de la bête qui vint se jeter de tout son poids contre la paroi. Le bretonnien ne fut miraculeusement pas broyé, se contentant de rebondir contre la pierre tandis que Jeremy poussait un glapissement de panique à l'entrée. Crispé sur sa prise, Dagan fut brusquement balloté du côté opposé lorsque la vouivre effectua une ruade soudaine qui le fit décoller de son dos. Son front cogna douloureusement contre les écailles de son dos, à quelques pouces seulement de pointes osseuses lui dépassant des épaules, aussi longues que des poignards.
- Par la dame, jura-t-il. Je…
- Tueur de Griffons !
Il releva d'instinct la tête à cet appel sourd de l'enfant, son étrange voix rauque dominant même l'écho des rugissements du monstre. Presque trois mètres plus bas, Enguerran lança quelque chose de massif sur le bretonnien. Il vit voler à lui une des armes prise aux cadavres jonchant la grotte. Une hache de presque trois pieds de long. Son sang ne faisant qu'un tour, Dagan tendit sa main libre pour se saisir de la poignée au vol, tenant toujours fermement la hampe de sa lance de l'autre. Ses doigts se refermèrent sur le manche de l'arme avant que la vouivre n'effectue une nouvelle ruade.
Dans l'instant il poussa un cri de colère en frappant aussi fort qu'il le put de la main gauche. Contrairement à son épée, le fer de la hache ne brisa pas. Si lui non plus ne perça pas les écailles épaisses de la créature, la hache parvint à s'enfoncer dans l'une d'elle. Suffisamment pour lui offrir une seconde prise avec sa lance.
Qu'elle est légère, s'étonna le bretonnien en réalisant la facilité avec laquelle il venait de porter un coup sourd avec une arme en apparence aussi lourde.
Il n'eut toutefois le temps de s'attarder sur ses propriétés, un nouveau sursaut de la vouivre manquant de le désarçonner. Fermement accroché, il campa sur sa position en serrant les dents. Au sol, un grondement sourd fit écho aux rugissements du reptile. Puis brusquement l'animal arqua le dos, faisant décoller le chevalier qui échappa le manche de sa lance. La réception fut rude et son menton heurta violemment le sol, lui claquant douloureusement les dents.
Dagan lâcha un gémissement en s'efforçant de se redresser malgré le vertige lui brouillant la vue. A sa droite il crût voir l'enfant-vampire aux yeux verts, sa lame ayant viré au noir de jais enfin au clair. A sa gauche il tenait toujours fermement la hache de guerre, arrachée de sa gaine de corne lorsqu'il avait été projeté. Et enfin, sous la-dite hache, un œil jaune et globuleux aussi gros que son poing. Avec effroi, il réalisa être retombé non pas sur la terre ferme mais sur le crâne du monstre.
- Par la…
Secouant la tête, la bête tenta de déloger le bretonnien dépassé par les évènements qui, pas réflexe, serra les cuisses autour des arcardes de la bête et glissa ses pieds sous ses cornes. A peine réalisa-t-il qu'Enguerran était projeté à travers la grotte d'un coup d'aile rageur, la vouivre tentant de se gratter le museau avec la griffe à l'articulation de son membre antérieur.
- Suffit ! s'écria Dagan avec colère en se redressant.
Sûr de la prise de ses jambes, il prit le manche de son arme à deux mains. Il frappa de la hache aussi fort qu'il put entre les deux yeux du reptile dont l'unique œil restant s'agrandi encore de surprise. Un sang noir et des écailles furent projetés en toutes les directions. Arc-bouté, il extraya la lame souillée avant de l'abattre à nouveau tel un bucheron s'acharnant sur une souche. Au troisième coup il sentit plus qu'il n'entendit un craquement lorsqu'il fractura enfin le crâne. Les rugissements de colère de la vouivre se muèrent en une plainte aigue au quatrième coup de boutoir. Tressaillant, elle s'étala de tout son long en éjectant enfin le bretonnien et son arme providentielle.
A bout de force, Dagan se redressa sur les coudes, mais de toute évidence le combat était terminé : des morceaux de gélatine noirâtre étaient collés à sa lame. Le corps de la vouivre n'était plus agité que de spasmes d'agonie tandis qu'un sifflement étrange avait remplacé sa respiration rauque. Soupirant de soulagement, le bretonnien posa le front sur son poignet et s'autorisa à fermer les yeux un instant.
Incrédules, Jürger et Shannon s'approchèrent doucement. Nullement effarouché par la carcasse encore tremblante, Jeremy enjamba la queue du monstre pour rejoindre son maître à terre. Du côté opposé de la grotte, l'enfant se redressait avec un gémissement de douleur, palpant ses côtes.
- Il est... il est vraiment mort ? interrogea Shannon d'une voix cassée à force de crier.
- Il faut croire, répondit l'enfant en s'approchant prudemment la lame au clair.
Encore sous le choc, Jürger le vit donner un coup de pied dans le museau de la créature qui ne protesta pas. Satisfait, il ramassa un tissu sombre pour essuyer son arme. Ce n'est qu'à ce moment qu'il réalisa la teinte sombre de celle-ci. Toute l'épée était d'un noir absolu de la pointe au pommeau. De toute évidence, ce n'était pas seulement à cause du sang sombre de la vouivre qu'il avait frappé à la gorge lorsque Dagan avait été projeté sur son mufle. Enguerran remarqua l'expression du soldat avant de se tourner vers le bretonnien se relevant péniblement, Jeremy frottant ses naseaux contre son épaule avec une affection évidente. Jürger suivit son regard avant de revenir à l'épée. Celle-ci avait retrouvé sa teinte métallique habituelle, Enguerran restant impassible sous son masque de bave, au détail près de son regard vert étincelant.
- Qu'est-ce que... commença le soldat à peau blanche en clignant des yeux.
Venait-il d'imaginer cet aspect de l'arme ou bien...
L'éclat de rire fatigué du chevalier l'empêcha de développer ses réflexions.
- Une vouivre, s'esclaffa-t-il en s'asseyant sur son séant. Une vouivre à dos d'un Jeremy volant !
D'une main il flattait l'encolure de l'intéressé, souriant béatement.
- Si on me l'avait annoncé lorsque tu m'as été confié mon ami, déclara-t-il à sa monture avec euphorie.
Jürger revint à l'enfant. La lame, ce regard verdoyant, cette voix si grave, ses traits de toute évidence beaucoup plus grossiers que d'habitude sous cette bave blanchâtre... de toute évidence, le vampire possédait encore bien des secrets. Que se soit cette étrange métamorphose ou son épée. Vampire qui d'ailleurs se tourna vers eux en leur offrant ses paumes.
- Autant en profiter, déclara-t-il d'une voix perdant en gravité à chaque syllabe. Approchez tout deux et donnez-moi vos mains, je voudrais essayer quelque chose.
Hésitants, Jürger comme Dagan s'exécutèrent après avoir échangé un regard perplexe. Malgré son apparence inhabituelle, cela restait leur compagnon de route. Et sans lui ils n'auraient certainement pas survécu aux monstre gisant derrière eux.
Refermant les doigts, Enguerran ferma les yeux et leur cacha cette étrange lueur verte. A l'œil nu malgré la bave dégoulinant de ses cheveux et ses pommettes, son visage impassible était en train de changer. Perdant en grossièreté, il semblait couler et progressivement redevenir ce visage qu'ils lui connaissaient. Le visage d'un garçon d'une dizaine d'année.
- Heu… Enguerran ? Tu nous met de la b…
Jürger poussa un cri comme une décharge soudaine lui traversait tout le bras. Tel un choc électrique qu'il avait déjà pu ressentir lors de ses travaux d'ingénierie. A son expression, c'était Dagan avait subi une décharge similaire. Mais aucun des deux n'avait pu effectuer de pas en retrait, retenus par la poigne de fer de l'enfant.
- Que…
- Là, souffla-t-il en esquissant un sourire et les libérant enfin. Cela devrait le faire.
- Le faire quoi ? s'écria le soldat en reculant avec une mine confuse. Qu'est-ce que tu nous as fait ?
Interloqué, Dagan retirait déjà son gant pour découvrir une sorte de tache sombre, tirant sur le vert, sur le dos de sa main. Les veines courant sur ses phalanges, inhabituellement gonflées, avaient également une teinte sombre inhabituelle qui passa rapidement.
- Que…
Pour toute réponse, l'enfant se passa le poignet sur le front, étalant là encore de la bave plus qu'autre chose.
Puis il tendit le doigt en direction de la tête de la ménestrelle. Celle-ci fronça les sourcils sans comprendre. Au même moment, les deux humains affichèrent tout deux des yeux ronds de surprise. Une créature translucide, pas plus grosse qu'un hérisson et en arborant les piquants dorsaux, flottait tranquillement près de son épaule et leur retourna leurs regards étonnés.
La douleur lui embrasa soudain le bras du poignet à l'épaule, lui arrachant un cri de souffrance. Hurlant, il roula de côté en portant sa main valide à son membre brisé. Il se recroquevilla sur lui-même en haletant. Jusqu'à ce qu'une poigne ferme ne le saisisse par le col de son pourpoint et ne le traîne en arrière.
L'enfant vampire l'éloigna du bords de la plate-forme où tout trois avaient échoués, tenant le fusil du tireur dans l'autre main. Miraculeusement, le canon de ce dernier semblait pas avoir été tordus par un choc.
- Jü…Jûrger, murmura Shannon lorsqu'elle discerna sa silhouette à travers la poussière retombant.
Elle se précipita sur lui, mais Enguerran l'en empêcha en lui tendant l'arme à feu.
- Pas maintenant ! Intima-t-il avec un regard noir. Arme moi ça ! On va en avoir besoin !
- Que…
- Regarde derrière toi et fais ce que je te dit ! S'écria-t-il en perdant patience.
Sans comprendre, la jeune femme se retourna avant que toute couleurs ne désertent son visage : elle se trouvait face à une ouverture dans la roche haute de plusieurs fois sa taille. La grotte se prolongeait d'une quinzaine de mètres de profondeurs pour ce qu'elle pouvait en discerner. Mais surtout, sous les gravats apportés par leur chute, le sol n'était qu'ossements brisés, carcasses à moitié dévorées et vêtements en charpie. L'odeur pestilentielle du charnier la prit à la gorge, la faisant tituber sur quelques pas. Retenant un haut-le cœur, la jeune femme chercha de l'air en se couvrant la bouche de sa main libre. Se faisant elle découvrit le précipice auquel elle avait tourné le dos jusque là : leur corniche se trouvait à flanc de falaise. Ils étaient littéralement tombé dans l'antre de la bête et leur seul échappatoire était le vide.
Un grognement de douleur sur le côté la ramena à la réalité. Elle n'était pas seule et son ami était blessé. Reprenant un semblant de contenance, elle aida le tireur à se relever en évitant soigneusement de regarder plus en profondeur. Contrairement à l'enfant qui, d'un calme glaçant, étudiait la tanière avec attention.
- Ca fait au moins un mois que cette saleté s'est installée, grinça-t-il en repoussant de la botte une épée à laquelle une main noircie s'accrochait encore. Va savoir combien de voyageurs elle a bequeté…
- Enguerran… l'interpela l'impérial en serrant les dents sans qu'il ne se retourne. Dis-moi que tu es un sorcier comme le disent les histoires sur les m… sur ceux de ton espèce. Dis-moi que tu peux faire marcher les mo…
- Non, répondit platement l'enfant. Je pourrais essayer mais je n'ai aucun talent. Se serait gaspiller mes forces et…
Un brusque fracas l'interrompit soudain, faisant trembler le sol. Une violente bourrasque accompagnée de relents nauséabonds les souffla vers le fonds de la grotte. La vouivre s'était posée sur la corniche, juste à l'entrée de son antre, et les bloquait à l'intérieur. Ils étaient pris au piège.
Tournant sa gueule énorme vers eux, elle gronda tout en étudiant ces proies tombée du ciel. Elle replia ses ailes dont l'articulation principale arborant une griffer vint racler la terre en lui conférant une démarche pataude. Entrouvrant la gueule, elle révéla des crocs aussi longs que des dagues, dégoulinant d'humeur poisseuse.
- Shannon, Jürger, passez lentement derrière moi et ne faites pas de gestes brusques, souffla Enguerran en écartant lentement les bras.
Comme escompté, c'est vers lui que le monstre se tourna, ses yeux jaunes aux iris fendus luisant presque avec le contre-jour.
- Tu…
- Obéis, poursuivit-il avec intensité. Et allez retrouver le tueur de griffons. Grimpez sans vous retourner quand…
- Grimper où ? Tu…
- Ecoute le véritable monstre quand il te parle et emmènes ta bien-aimée loin d'ici ! Rugit-il en se tournant brusquement vers le soldat blessé.
Se fut l'instant précis que saisit la vouivre pour agir. Déroulant son long cou à une vitesse effroyable, sa gueule béante s'ouvrit au-dessus des trois infortunés. Plongeant en arrière, Enguerran écarta la ménestrelle de la trajectoire du monstre. Il se retourna en un éclair pour faire face, portant la main à la lame entre ses omoplates mais fut pris de vitesse. Les immenses mâchoires de la créature se refermèrent sur l'enfant d'une dizaine d'année, le gobant d'une bouchée.
- Que… balbutia Shannon en réalisant ce qu'il venait d'arriver. Eng… Enguerran !
La bête secoua la tête en claquant des dents avant de tourner son museau encadré de deux cornes spiralées vers l'humaine. Jürger la força à passer derrière lui en la tirant de son bras valide, ne prenant même pas la peine de dégainer le fleuret à sa hanche. Cela ne lui aurait été d'aucune utilité. Le monstre gronda de nouveau en avançant d'un pas pesant, presque maladroit, sur ses ailes repliées devant lui… et eu un mouvement de recul, les yeux écarquillés.
La bête se détourna d'eux, secouant violemment la tête d'un côté puis de l'autre. Jürger se jeta à terre en entrainant la jeune femme pour ne pas être renversé par un coup d'aile fatal. Pourtant la vouivre ne se préoccupait plus des deux humains à cet instant précis. Elle agitait la tête en toute direction, ses ailes et sa queue fendant l'air sans chercher à les atteindre eux. Son crâne massif vint même rebondir contre la paroi avec une force telle que les gravats vibrèrent sous les pieds des deux humains.
- Qu'est-ce qu'il lui… commença Shannon d'un ton cassé.
Mais Jürger fut bien incapable de lui répondre, balbutiant dans le vide. Devant lui, il voyait clairement le monstre s'agiter en tout sens en tentant en vain de déglutir. Jouant de sa terrible mâchoire, le reptile s'acharnait à mâcher ce qu'il ne parvenait pas à avaler. Ce qu'il ne parvenait pas à avaler qui commença à pousser une clameur sourde.
- Par Sigmar, murmura-t-il.
Lentement, la gueule du monstre s'entrouvrit comme la bête s'immobilisait dans l'ouverture. Tapis entre les rangées de crocs se tenait l'enfant, arc-bouté et repoussant des deux mains le palais de la bête. Jürger avait entendu dire que les Vouivres pouvaient trancher en deux un cavalier en armure par la seule puissance de leurs mâchoires. Mais malgré cette puissance colossale exercée contre lui, le vampire parvenait à la surpasser. Centimètre par centimètre, les deux adversaires tressaillaient sous l'effort de cette lutte mortelle. Jusqu'à ce qu'Enguerran arrive enfin à bout de bras, tremblant de tout son corps. Il tourna la tête vers eux. Au milieu de son visage méconnaissable, dégoulinant d'humeur poisseuse, irradiaient deux lumières. Non pas cette lueur écarlate à laquelle ils s'étaient habitués mais un éclat verdoyant, beaucoup plus intense. Eclat qui captiva les humains au point d'en oublier l'effort qu'il réalisait. Ni remarquer que sa botte clouait la langue du monstre contre sa mâchoire inférieure dans un bouillon de sang sombre.
- TU VAS LUI TIRER DESSUS PAR LE SANG ? Rugit Enguerran d'une voix grave qui résonna comme une avalanche aux oreilles des deux mortels.
L'injonction eut l'effet d'un coup de tonnerre sur l'artilleur. Il secoua la tête et maladroitement ramassa son fusil de la main gauche. Il leva péniblement l'arme puis mit en joue la Vouivre, mais déjà le canon penchait sous son propre poids. Jamais il ne pourrait viser d'un seul bras !
Il n'eut toutefois le temps de jurer que déjà la ménestrelle redressait l'arme et se tournait vers lui avec une expression à la fois terrifiée et déterminée. Jürger lui adressa un hochement de tête d'approbation après un instant d'égarement, puis se déporta légèrement de côté en visant la tête du monstre. Il chercha un défaut dans sa cuirasse naturelle tandis que Shannon s'efforçait de rester immobile. Derrière elle, Enguerran commençait à ployer sous la pression exercée par le monstre.
La détonation vrilla les tympans de la ménestrelle qui bondit de côté avec un cri. Le rugissement de la créature fit écho au sien, résonant avec force dans l'espace confiné comme elle titubait de côté. Grimaçant pour dominer la douleur lui lacérant les oreilles, Jürger laissa tomber son fusil et prit la jeune femme par l'épaule, la tirant à lui plus profondément dans l'antre. Mâchoire crispée, il contempla le résultat dérisoire de son tir.
Face à eux, la vouivre secouait la tête en tous sens. Son orbite crevé par la décharge projetait une humeur noire à travers la grotte. Pour autant, la bête ne recracha pas l'enfant, s'évertuant à tenter de fermer sa gueule et l'avaler. Piégé, celui-ci dégoulinait de salive poisseuse crachée par le reptile. A son tour il commença à hurler de sa voix si grave et étrange, cédant peu à peu sous la pression.
- POUR LA DAME !
Le cri de guerre braillé à plein poumon vint se joindre au chaos déjà présent. Avec une giclée de sang sombre, la lance de cavalerie du bretonnien s'enfonça dans le corps de la créature, à la jonction du tronc et de l'aile.
- Dagan ! S'écria Shanon en sautant sur place.
Sans le réaliser elle bouscula l'artilleur qui porta la main à son bras blessé en gémissant pour acclamer leur compagnon.
Chevauchant sa monture ailée, le chevalier pressa celle-ci des talons d'aller plus avant, enfonçant plus encore la pointe dans les chairs du monstre. Le rugissement de celui-ci fut plus terrible encore. D'un soubresaut, il bouscula le duo de combattant déboulé à point nommé, rattachés à son corps par la lance de cavalerie qui ploya mais ne brisa pas. Les ailes mécaniques, battant furieusement pour supporter leurs poids et l'armure de Dagan, vinrent racler contre la pierre comme Jeremy était projeté de côté. Avec un hennissement il se redressa dans les airs, pressé contre la roche par le reptile mutilé et piaffant furieusement des sabots dans le vide.
Sans vraiment comprendre ce qu'il se passait, Enguerran fut soudain secoué comme un prunier par la bête lui beuglant à la face. Aveuglé par sa bave nauséabonde et les tympans douloureux, il ne pouvait que lutter de toutes ses forces. Hélas, une de ses mains glissa lors d'un cahot plus violent que les autres. La mâchoire se referma autour de lui dans l'instant et le plongea dans les ténèbres. Une seconde plus tard un choc violent lui coupait le souffle, son corps entier venant rebondir contre la paroi de pierre avant qu'il ne roule au sol. Gémissant, il se tourna péniblement de côté et s'essuya les yeux comme il put, étalant plus de bave sur son visage qu'autre chose. Pour quelques raison lui échappant, il avait été recraché. Mais le vampire ne s'attarda pas sur sa chance insolente et darda son regard d'un vert étincelant sur le monstre.
Dagan avait beau s'acharner pour extraire la pointe de sa lance, rien n'y faisait : elle restait coincée entre les écailles du reptile. La vouivre gesticulait en tout sens et battait difficilement des ailes pour se défaire du bretonnien et sa monture volante. Lors de la cavalcade suivante il manqua s'éclater le crâne contre la voûte.
Réfléchissant à tout allure, il ne trouvait pas comment se débarrasser au plus vite du monstre. Il voyait néanmoins comment ne pas être écrasé contre une paroi par un coup d'aile hasardeux. Ecoutant son courage plus que sa raison, Dagan vida les étriers et sauta sur le dos du monstre en s'accrochant à l'épieu incrustée dans la bête.
- Recule Jeremy ! S'écria-t-il alors même qu'il manquait être projeté en l'air par une nouvelle ruade. Recule !
Avec un nouveau rugissement, la vouivre se jeta de côté et vint rebondir contre la paroi, ébranlant la caverne entière. Le bretonnien se raccrocha d'une main au manche de son arme pour ne pas basculer dans le vide. D'un coup d'aile improbable, il fut soulevé dans les airs avant de retomber à genoux contre son ancre improvisée.
- Chiabrena ! Jura-t-il en enroulant son bras gauche autour de la hampe.
Maladroitement, il parvint à tirer son épée du fourreau de sa main libre. A genoux pour chevaucher la bête, il repéra vite un interstice entre deux écailles ondulant à chaque mouvement. Sans hésiter, il frappa de la pointe, tentant de percer cette carapace et atteindre quelque organe vital.
Avec un son cristallin, sa fameuse lame de morsure vola en éclat. Dagan marqua un temps d'arrêt lorsqu'il contempla, interdit, son épée familiale dont il ne lui restait que le pommeau en main. Un nouvelle ruade l'empêcha cependant de s'attarder sur cette perte, manquant une fois de plus de le désarçonner. Echappant l'arme désormais inutile, il s'accrocha des deux mains à la lance toujours fichée entre l'aile et le tronc de la créature.
Au milieu des cavalcade, outre Jürger et Shannon dos à a parois du fond, il avisa l'enfant s'escrimant à retirer la bave visqueuse de ses yeux.
- Ton épée Enguerran ! Donne-moi ton épée ! S'écria Dagan.
Levant la face en tendant son nom, Enguerran se contenta de grimacer en discernant à peine le bretonnien en péril. A aucun moment il fit mine de porter la main à l'arme accrochée dans son dos. Il se détourna et balaya la caverne du regard en plissant les yeux.
- Ton ép…
Dagan fut interrompu par un nouveau soubresaut de la bête qui vint se jeter de tout son poids contre la paroi. Le bretonnien ne fut miraculeusement pas broyé, se contentant de rebondir contre la pierre tandis que Jeremy poussait un glapissement de panique à l'entrée. Crispé sur sa prise, Dagan fut brusquement balloté du côté opposé lorsque la vouivre effectua une ruade soudaine qui le fit décoller de son dos. Son front cogna douloureusement contre les écailles de son dos, à quelques pouces seulement de pointes osseuses lui dépassant des épaules, aussi longues que des poignards.
- Par la dame, jura-t-il. Je…
- Tueur de Griffons !
Il releva d'instinct la tête à cet appel sourd de l'enfant, son étrange voix rauque dominant même l'écho des rugissements du monstre. Presque trois mètres plus bas, Enguerran lança quelque chose de massif sur le bretonnien. Il vit voler à lui une des armes prise aux cadavres jonchant la grotte. Une hache de presque trois pieds de long. Son sang ne faisant qu'un tour, Dagan tendit sa main libre pour se saisir de la poignée au vol, tenant toujours fermement la hampe de sa lance de l'autre. Ses doigts se refermèrent sur le manche de l'arme avant que la vouivre n'effectue une nouvelle ruade.
Dans l'instant il poussa un cri de colère en frappant aussi fort qu'il le put de la main gauche. Contrairement à son épée, le fer de la hache ne brisa pas. Si lui non plus ne perça pas les écailles épaisses de la créature, la hache parvint à s'enfoncer dans l'une d'elle. Suffisamment pour lui offrir une seconde prise avec sa lance.
Qu'elle est légère, s'étonna le bretonnien en réalisant la facilité avec laquelle il venait de porter un coup sourd avec une arme en apparence aussi lourde.
Il n'eut toutefois le temps de s'attarder sur ses propriétés, un nouveau sursaut de la vouivre manquant de le désarçonner. Fermement accroché, il campa sur sa position en serrant les dents. Au sol, un grondement sourd fit écho aux rugissements du reptile. Puis brusquement l'animal arqua le dos, faisant décoller le chevalier qui échappa le manche de sa lance. La réception fut rude et son menton heurta violemment le sol, lui claquant douloureusement les dents.
Dagan lâcha un gémissement en s'efforçant de se redresser malgré le vertige lui brouillant la vue. A sa droite il crût voir l'enfant-vampire aux yeux verts, sa lame ayant viré au noir de jais enfin au clair. A sa gauche il tenait toujours fermement la hache de guerre, arrachée de sa gaine de corne lorsqu'il avait été projeté. Et enfin, sous la-dite hache, un œil jaune et globuleux aussi gros que son poing. Avec effroi, il réalisa être retombé non pas sur la terre ferme mais sur le crâne du monstre.
- Par la…
Secouant la tête, la bête tenta de déloger le bretonnien dépassé par les évènements qui, pas réflexe, serra les cuisses autour des arcardes de la bête et glissa ses pieds sous ses cornes. A peine réalisa-t-il qu'Enguerran était projeté à travers la grotte d'un coup d'aile rageur, la vouivre tentant de se gratter le museau avec la griffe à l'articulation de son membre antérieur.
- Suffit ! s'écria Dagan avec colère en se redressant.
Sûr de la prise de ses jambes, il prit le manche de son arme à deux mains. Il frappa de la hache aussi fort qu'il put entre les deux yeux du reptile dont l'unique œil restant s'agrandi encore de surprise. Un sang noir et des écailles furent projetés en toutes les directions. Arc-bouté, il extraya la lame souillée avant de l'abattre à nouveau tel un bucheron s'acharnant sur une souche. Au troisième coup il sentit plus qu'il n'entendit un craquement lorsqu'il fractura enfin le crâne. Les rugissements de colère de la vouivre se muèrent en une plainte aigue au quatrième coup de boutoir. Tressaillant, elle s'étala de tout son long en éjectant enfin le bretonnien et son arme providentielle.
A bout de force, Dagan se redressa sur les coudes, mais de toute évidence le combat était terminé : des morceaux de gélatine noirâtre étaient collés à sa lame. Le corps de la vouivre n'était plus agité que de spasmes d'agonie tandis qu'un sifflement étrange avait remplacé sa respiration rauque. Soupirant de soulagement, le bretonnien posa le front sur son poignet et s'autorisa à fermer les yeux un instant.
Incrédules, Jürger et Shannon s'approchèrent doucement. Nullement effarouché par la carcasse encore tremblante, Jeremy enjamba la queue du monstre pour rejoindre son maître à terre. Du côté opposé de la grotte, l'enfant se redressait avec un gémissement de douleur, palpant ses côtes.
- Il est... il est vraiment mort ? interrogea Shannon d'une voix cassée à force de crier.
- Il faut croire, répondit l'enfant en s'approchant prudemment la lame au clair.
Encore sous le choc, Jürger le vit donner un coup de pied dans le museau de la créature qui ne protesta pas. Satisfait, il ramassa un tissu sombre pour essuyer son arme. Ce n'est qu'à ce moment qu'il réalisa la teinte sombre de celle-ci. Toute l'épée était d'un noir absolu de la pointe au pommeau. De toute évidence, ce n'était pas seulement à cause du sang sombre de la vouivre qu'il avait frappé à la gorge lorsque Dagan avait été projeté sur son mufle. Enguerran remarqua l'expression du soldat avant de se tourner vers le bretonnien se relevant péniblement, Jeremy frottant ses naseaux contre son épaule avec une affection évidente. Jürger suivit son regard avant de revenir à l'épée. Celle-ci avait retrouvé sa teinte métallique habituelle, Enguerran restant impassible sous son masque de bave, au détail près de son regard vert étincelant.
- Qu'est-ce que... commença le soldat à peau blanche en clignant des yeux.
Venait-il d'imaginer cet aspect de l'arme ou bien...
L'éclat de rire fatigué du chevalier l'empêcha de développer ses réflexions.
- Une vouivre, s'esclaffa-t-il en s'asseyant sur son séant. Une vouivre à dos d'un Jeremy volant !
D'une main il flattait l'encolure de l'intéressé, souriant béatement.
- Si on me l'avait annoncé lorsque tu m'as été confié mon ami, déclara-t-il à sa monture avec euphorie.
Jürger revint à l'enfant. La lame, ce regard verdoyant, cette voix si grave, ses traits de toute évidence beaucoup plus grossiers que d'habitude sous cette bave blanchâtre... de toute évidence, le vampire possédait encore bien des secrets. Que se soit cette étrange métamorphose ou son épée. Vampire qui d'ailleurs se tourna vers eux en leur offrant ses paumes.
- Autant en profiter, déclara-t-il d'une voix perdant en gravité à chaque syllabe. Approchez tout deux et donnez-moi vos mains, je voudrais essayer quelque chose.
Hésitants, Jürger comme Dagan s'exécutèrent après avoir échangé un regard perplexe. Malgré son apparence inhabituelle, cela restait leur compagnon de route. Et sans lui ils n'auraient certainement pas survécu aux monstre gisant derrière eux.
Refermant les doigts, Enguerran ferma les yeux et leur cacha cette étrange lueur verte. A l'œil nu malgré la bave dégoulinant de ses cheveux et ses pommettes, son visage impassible était en train de changer. Perdant en grossièreté, il semblait couler et progressivement redevenir ce visage qu'ils lui connaissaient. Le visage d'un garçon d'une dizaine d'année.
- Heu… Enguerran ? Tu nous met de la b…
Jürger poussa un cri comme une décharge soudaine lui traversait tout le bras. Tel un choc électrique qu'il avait déjà pu ressentir lors de ses travaux d'ingénierie. A son expression, c'était Dagan avait subi une décharge similaire. Mais aucun des deux n'avait pu effectuer de pas en retrait, retenus par la poigne de fer de l'enfant.
- Que…
- Là, souffla-t-il en esquissant un sourire et les libérant enfin. Cela devrait le faire.
- Le faire quoi ? s'écria le soldat en reculant avec une mine confuse. Qu'est-ce que tu nous as fait ?
Interloqué, Dagan retirait déjà son gant pour découvrir une sorte de tache sombre, tirant sur le vert, sur le dos de sa main. Les veines courant sur ses phalanges, inhabituellement gonflées, avaient également une teinte sombre inhabituelle qui passa rapidement.
- Que…
Pour toute réponse, l'enfant se passa le poignet sur le front, étalant là encore de la bave plus qu'autre chose.
Puis il tendit le doigt en direction de la tête de la ménestrelle. Celle-ci fronça les sourcils sans comprendre. Au même moment, les deux humains affichèrent tout deux des yeux ronds de surprise. Une créature translucide, pas plus grosse qu'un hérisson et en arborant les piquants dorsaux, flottait tranquillement près de son épaule et leur retourna leurs regards étonnés.
Eeeeet voila. Sur ces séquences riches en action et en révélations, je n'ai plus qu'à sagement attendre un certain tournois de monture volante pour ces personnages là.
Aller deux pitis dessins que je re-link pour l'occasion ^^
- Spoiler:
- Arcanide valtekSeigneur vampire
- Age : 33
Nombre de messages : 2986
Date d'inscription : 24/05/2010
Palmares : Organisateur des affrontements festifs d'Ubersreik
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 28 Mar 2019 - 21:21
Moi je veux plus qu'un tournoi pour les revoir. Je veux toute une trilogie de livres rien que sur eux.
Voilà.
En vrai, il va falloir sérieusement que Hjalmar avance son projet, parce que je suis hypé comme pas possible de les revoir.
Ce que je pense de ce texte ? Il est super, épique et tout en finesse, avec des passages touchants et d'autres amusants, en passant par un combat vraiment détaillé contre une créature trop souvent oubliée de l'univers de Warhammer.
Voilà.
En vrai, il va falloir sérieusement que Hjalmar avance son projet, parce que je suis hypé comme pas possible de les revoir.
Ce que je pense de ce texte ? Il est super, épique et tout en finesse, avec des passages touchants et d'autres amusants, en passant par un combat vraiment détaillé contre une créature trop souvent oubliée de l'univers de Warhammer.
_________________
"Et quand les morts se lèvent, leurs tombeaux sont remplis par les vivants"
Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D
Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun
Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
- ethgri wyrdaRoi revenant
- Age : 27
Nombre de messages : 1140
Date d'inscription : 03/04/2015
Vainqueur d'évènement :
Palmares : Comte de la crypte 2016 & 2021
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 8 Avr 2019 - 0:42
je plussois Arca! c'est un joli bout de texte! et puis, c'est vrai que les vouivres on en voit pas tant que ça!
Je suis intrigué par l'épée, tu as pas mal parlé des épées, je suis curieux!
(tu as mis beaucoup de fois le mot "humeur" par contre^^j'ai vraiment l'impression de l'avoir beaucoup lu)
Je suis intrigué par l'épée, tu as pas mal parlé des épées, je suis curieux!
(tu as mis beaucoup de fois le mot "humeur" par contre^^j'ai vraiment l'impression de l'avoir beaucoup lu)
_________________
Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mar 21 Mai 2019 - 18:02
merci les zamis
après on verra
Rien à voir avec warhammer maintenant. Quelque uns par ici le savent sans doute, j'ai eu une longue période wow. Et fin 2018 je me suis inscrit sur Duralas, le forum roleplay géré par Dillon ( alias @Motch'Hollow ) où j'ai littéralement migré mon personnage principal. J'ai pensé qu'il serait cool de partager ici aussi les petits écrits solo que j'y ai réalisé jusqu'à présent. Il y en a 3 catégories : ma "fiche de perso", me écrits de pex de métier et enfin l'encyclopédie de la race de mon perso que j'ai réalisé pour duralas.
lien vers le regroupement de ce que j'ai fait là-bas
Doebroksh est un minotaure dans la moyenne de ceux de sa race avec une carrure d'approximativement 2m20 pour 700kg. Approximativement car en effet, comme beaucoup de sa race, il est généralement vouté en avant en raison de sa morphologie naturelle. Mais lorsqu'il se redresse, il dépasse les 2m35 et se révèle bien plus intimidant que la créature placide qu'il semble être à première vue. Doté de membres massifs, il présente en effet une nonchalance trompeuse et pourrait paraître pataud pour un observateur peu attentif.
Son cuir présente des nuances de noir et de blanc réparties sur son corps : ses épaules, l'intérieur de ses coudes et de ses genoux sont clairs tandis que son mufle tends vers le gris clair. Le crin épais qui lui court du front jusqu'aux hanches ainsi que le reste de son anatomie sont en revanche d'un noir parsemé de discrètes nuances plus claire en formes de taches. De même, la paume de ses mains est blanche. Ses sabots en revanche sont d'un brun plus commun, tirant sur le jaune pâle.
Plusieurs mèches de jais viennent encadrer ses yeux gris toujours attentifs à son environnement. Son mufle est encadré par ses deux cornes d'ébène et étonnamment peu rayées par ses trentaines d'années. Mufle dont le museau est percé d'un anneau doré, héritage d'une erreur de jeunesse qu'il a préféré conserver en leçon de vie. Son menton est garni d'un modeste bouc qu'il préfère tailler que faire tresser. De multiples colifichets pendent à son cou épais, composés de perles d'os ou bois, de plumes et coquillages.
Seul, Doebroksh se contente généralement de porter un pagne, sa fourrure lui conférant une protection naturelle contre les éléments. Toutefois en société il s'efforce de porter également une tunique composée de plusieurs plaques de cuir dont les jonctions sont agrémentées de fourrure jaune-orange lui arrivant jusqu'à l'abdomen. Il s'habille également d'une ceinture épaisse à laquelle sont reliés des plaques de cuir épais protégeant l'extérieur de ses cuisses et des mélanges confus de tissus et cuir de lapin délavés en vrac, afin de cacher son arrière-train. Ces derniers sont fendus afin de ne pas nuire à la liberté de mouvement de sa queue noire, terminée par un panache de crin sombre.
Au poignet gauche, il porte également un brassard particulier : de légers outils sont glissés dans le cuir de la protection, côté intérieur de son bras. Des aiguilles, un hameçon et une fine lame entre autre. Par-dessus ces ustensiles il peut enrouler un rabat solide dont une boucle grossière assure le maintien et lui protégeant la peau lorsqu'il tire à l'arc.
Pour chasser il a justement recourt à l’arc de préférence, qu’il porte en bandoulière comme son carquois de flèches que des humains pourraient qualifier de harpons tant elles sont grandes. A ce même carquois il porte une lance pour les proies trop coriaces – tels les lapins cornus si par mégarde il rate son tir – rattachée par un nœud prévu pour se défaire lorsqu’il se saisit de l’arme en urgence. Il envisage également de s’offrir une hache de combat afin d’enrichir ce modeste arsenal. Cependant et c’est un détail qui le surprit lors de ses premières traques, ses proies sont à la fois plus souvent et plus facilement attrapées par un collet bien placé que par une flèche bien ajustée. A noter que, comme la quasi-totalité des minotaures, Doebroksh répugne à chasser le bison, l’auroch ou toute autre forme de bovin.
Il est doté d'une voix grumeleuse dont l'articulé est généralement étrange aux yeux des races dotées d'un visage plutôt que d'un mufle. Toutefois, ayant passé plus de temps ces dernières années à commercer dans les villages d'autres races, son phrasé s'est amélioré. A présent se sont les siens qui lui signalent avec humour qu'il a un accent "civilisé".
En raison de ses origines tourmentées, Doebroksh est un individu renfermé sur lui-même. Il est réticent à se confier à autrui, quand bien même celui-ci a déjà sa confiance. C'est toutefois quelque chose qui n'est pas vrai avec les animaux avec lesquels il a beaucoup plus de facilité à se confier. Et pour cause, un compagnon animal est le confident idéal : il est toujours à l'écoute, ne juge pas, ne répète pas les peines et secrets qui lui sont confiés.
En dehors de sa tribu natale, il se présente et est connu sous le diminutif de Doe [prononcer DO], plus facile à prononcer pour les races dites civilisées sans écorcher son nom.
Le minotaure se révèle être un intermédiaire et représentant de circonstance pour sa tribu natale, généralement apprécié pour sa tolérance et son ouverture d'esprit.
Il éprouve un profond respect pour ses ancêtres et les esprits de la nature, visitant régulièrement les sépultures des siens et ne prélevant pas plus de vies que nécessaire au sein du royaume animal. Et même en ce cas, il prend soin de remercier les forces invisibles pour lui accorder ses proies.
Même pour un minotaure, Doebroksh se révèle avoir des plaisirs simple : voyager et découvrir de nouveaux paysages, faire la rencontre de nouvelles créatures, somnoler devant une canne à pêche qu'il ne surveille pas vraiment, se prélasser à l'ombre de quelques arbre, l'excitation liée à la traque d'une proie digne, prendre soin de ses protégés et des siens.
Ce caractère solitaire et pacifique dissimule toutefois une plaie béante dans le cœur du minotaure : les années ont passées mais jamais le traumatisme vécu alors qu'il n'était qu'un taurillon n'a cicatrisé. Et la disparition récente de son compagnon ne fait que raviver les braises de cette ancienne blessure. Il ignore tout des responsables lui ayant volé son enfance, jusqu'à la raison les ayant poussés en avant, et sa soif de vengeance ne pourra jamais réellement s'épancher.
La famille de Doebroksh lui a été arrachée dans sa jeunesse, trop tôt pour qu'il n'en ai de vrai souvenir. Et aucun témoin de l'époque n'a pu lui indiquer qui ou pourquoi. L'orphelin fut élevé par sa tribu, les Moj'Hauk, avec autant d'attention que ses membres purent lui en offrir. Toutefois ce n'est que lorsqu'il sympathisa avec un loup des plaines qu'on lui confia que sa vie commença réellement. Nommé Greywol, l'animal devint son confident silencieux et aida le minotaure à trouver sa voie. Confident que ne pouvait être les autres hybrides de sa génération, même s'il se lia d'amitié un temps avec deux d'entre eux en particulier.
Il ne faut cependant pas s’imaginer que sa jeunesse ne fut que chagrin et solitude en dehors de son animal de compagnie. Comme tout enfant, il eut ses jeux et moments de joie avec les autres taurillons. Il apprécia notamment ce qu’ils nomment le « jeu du labyrinthe », lorsque les peaux stockées tout l’hiver sont sorties et aérées au printemps. Chaque années elles sont suspendues et réparties par les adultes de façon à générer des couloirs et cul-de-sac. Néanmoins, les minotaures gagnant vite en stature dans leurs premières années, Doebroksh dépassa rapidement d’une tête les peaux et fourrures suspendues. Signe qu’à son grand désarroi il était suffisamment grand pour aider les adultes aux cultures ou à meuler les récoltes. Mais pour l’hybride encore rêveur et turbulent comme ses ainés, il fut vite évident qu’il encombrait davantage les adultes qu’il ne les assistait dans ce genre de tâches.
Grandissant, il développa un talent inné à lire dans les empreintes et suivre des pistes, ce qui le conduisit naturellement à devenir chasseur pour les siens. Il mit un temps à maitriser l'arc et la flèche, mais désormais il est un archer suffisamment compétent pour fournir les Moj'Hauk en nourriture et en cuirs. Ses principales proies sont les désormais célèbres lapins d’Aràn dont la chair savoureuse est appréciée par tous. Cependant, lorsqu’il parvient à attraper dans ses collets de jeunes spécimens, il les ramène aux Moj’Hauk avec grand soin. Un lapin d’Aràn dressé correctement peut être une formidable bête de trait pour les traineaux des prairies. Qui plus est, les Fjordistes au Nord comme les Orques au Sud reconnaissent volontiers le talent des minotaures à dompter ces étranges mammifères cornus.
Même s'il passe désormais plus de temps en-dehors du camp, il n'oublie pas que c'est toutefois grâce aux conseils des siens qu'il est devenu ce qu'il est aujourd'hui. L'ensemble de la tribu l'a adopté, mais c'est Meela - la guide spirituelle des Moj'Hauk - qui devint en quelque sorte sa mère adoptive. Si elle n'eut que rarement le loisir d'entendre le jeune hybride se confier à elle, sa présence et son soutien silencieux furent précieux à Doebroksh. Elle tenta bien d’initier le taurillon aux préceptes de Magnésie. Mais si celui-ci développa une forte affinité pour leurs traditions, il était évident qu’elle ne ferait pas de lui son successeur.
Lorsqu'adolescent il éprouva les limites de ce qu'il pouvait apprendre par lui-même, c'est auprès du vieux chasseur Orekary qu'il alla quérir ses conseils. C'est celui-ci qui lui confia Greywol bien des années auparavant. Il lui enseigna ce qu'il n’avait pas appris en auto-didacte et finalement, ce fut Orekary qui confia un vrai rôle au minotaure. En devenant l'un des intermédiaires avec les autres races de ce monde, il donna un sens à la vie de Doebroksh. Même si ce dernier l'ignore encore, c'est Meela qui souffla cette idée au vénérable minotaure.
Doebroksh passe rarement la nuit avec les siens. A l'écart du camp et non loin dans les bois, il a découvert une petite clairière qu'il s'est depuis longtemps approprié. Retraite personnelle où il peut passer du temps avec son compagnon à quatre pattes, seuls Meela et ses deux compagnons d'enfances en connaissent la location exacte. Il s'y trouve un cercle de pierre et il veille à toujours laisser une réserve de bois sec lorsqu'il quitte son sanctuaire. La toile d'un tipi et ses effets personnels sont habilement dissimulés non loin, la première n'attendant que son retour pour être dressée.
A plus d’une reprise, en compagnie des autres chasseurs et guerriers de la région, il a participé à ce qu’ils nomment « la chasse au ver ». Si les étrangers que les clans nordiques payent pour effectuer cette tache ou se joindre à eux trouvent cette activité amusante et lucrative, ce n’est pas le cas du minotaure. Les guivres sont de vraies menaces pour les camps minotaures éparpillés à travers les plaines d’Aràn. Elles réduisent les récoltes à néant, détruisent leurs infrastructures, ravagent les tipis et les modestes palissades prévues pour empêcher des ours curieux d’approcher, quand elles ne s’attaquent pas simplement à leurs taurillons ou leurs mères. Les gouivres font partie intégrante du cycle de la vie. Mais elles sont une menace permanente à la pérennité de leur espèce qui en retour ne les tue pas plus que nécessaire. Cependant, jamais il n’en a affronté seul ou au sein d’un groupe fort de moins d’une dizaine d’individu.
Lors de ses voyages, il vend généralement sa viande et ses fourrures aux artisans locaux. Les bénéfices obtenus sont alors principalement dépensés auprès des forgerons. En effet, s’il est indéniable que leur force physique serait un atout au fourneau, les minotaure n’apprécient généralement pas le travail de la forge – en plus d’être souvent trop maladroits pour certains travaux de précision. En vérité, cela est plus dû aux dégradations engendrées par les travaux miniers qu’à ce domaine en soit. Mais la conséquence est que les campements minotaure ne sont pas équipés pour travailler le métal et, reconnaissant malgré tout le confort d’œuvrer avec de l’équipement constitué de métal, se retrouvent dépendant des forgerons des autres races. Quant aux rares mino’s intéressés par ce domaine, ils sont mal vus par les leurs et migrent généralement au sein des villages de fjordiens, nains ou orques proches. Au sein de sa tribu, Doebroksh est le minotaure effectuant le principal de ces commissions de métallurgie.
S’il a déjà collaboré avec telle ou telle faction, Doebroksh n’est pour le moment réputé au sein d’aucune d’entre elle. Dans le cadre de ses déplacements dans les villages d’autres races, il envisage toutefois de travailler plus sérieusement pour quelques-unes. Mais la politique des civilisations étrangères lui est parfois étrange et il hésite quant à laquelle offrir ses services par crainte de s’aliéner d’éventuelles factions rivales.
Hier, ayant depuis longtemps dépassé l'espérance de vie de son espèce à l'état sauvage, Greywol a fini par rejoindre les siens pour la chasse éternelle. Même s'il sait que celui-ci a retrouvé sa meute dans l'autre monde et ne peut être qu'heureux parmi les siens, le minotaure est contraint de retenir ses larmes. Alors qu'il contemple les flammes dévorer le bûcher mortuaire de son compagnon de toujours, il sait au fond de lui qu'il lui faudra trouver un nouveau confident. Un parent de celui-ci de préférence, si les anciens le lui permettent.
Dans l’immédiat, il aimerait trouver un nouveau camarade. Non pas pour remplacer Greywol mais pour simplement… ne plus être seul. Ironie qu’il n’ose reconnaître en se tenant à l’écart de sa tribu natale.
Concernant les auteurs du drame de son enfance, il a depuis longtemps perdu espoir de les retrouver. Toutefois, si par miracle…. Il en découle que Doebroksh est tiraillé entre le souhait de protéger les siens, d’empêcher sa tragédie de se reproduire, et son besoin d’aller explorer le vaste monde. Il est deux contrées lointaines en particulier qu'il aimerait découvrir.
Au Nord glacé il a déjà été contemplé la mer blanche et éprouvé la morsure du vent malgré sa fourrure. Mais jamais il n’a vu de ses propres yeux l’autre océan au sud où nul iceberg ne pourrait venir ponctuer le paysage.
Également, un minotaure d’une autre tribu de passage a mentionné un groupe des leurs ayant voyagé loin à l’Ouest, de l’autre côté des terres humides. Ils auraient retrouvés un site original de leur espèce et seraient tombés amoureux de ces forets, après une banale mission d’escorte de voyageurs vers la capitale elfique. Ensemble ils commenceraient même à fonder un nouveau camp permanent sur les terres de leurs ancêtres. Il rêverait de découvrir ce qui a charmé les siens si loin de leurs propres tribus et fouler les mêmes plaines que les premiers hybrides il y a bien longtemps.
Il a commencé à mettre de côté une partie des gains de ses chasses dans l'optique de s'offrir une hache et étoffer son équipement. De plus, il réfléchit à s'investir davantage dans une faction locale pour améliorer les relations inter-raciales des minotaures.
Enfin à la différence des minotaures ayant rejoint les villes des races dites "civilisées", Doebroksh tends à s’aligner sur les préceptes des anciens. Il préfèrerait que leurs habitants respectent davantage leur environnement et cessent de le ravager pour un confort et une sécurité à la fois relative et éphémère. Si d’avenir il peut œuvrer pour décourager pacifiquement les hommes ou les nains d’ériger davantage de tas de pierre, il le fera.
Également, à la grande époque...
on va aller doucement et avancer ce qui est déjà dans le pipeline ^^arcanide valtek a écrit:Je veux toute une trilogie de livres rien que sur eux.
après on verra
arcanide valtek a écrit:il va falloir sérieusement que Hjalmar avance son projet
disons qu'il s'agit d'une ouverture pour la suite (ou l'avant) cette épéeethgri wyrda a écrit:Je suis intrigué par l'épée
3 fois je viens de compter. Mais s'plus cool de décrire de "l'humeur poisseuse" que dire qu'il s'agit juste de bave/slime/autreNomBeurkethgri wyrda a écrit:tu as mis beaucoup de fois le mot "humeur" par contre
Rien à voir avec warhammer maintenant. Quelque uns par ici le savent sans doute, j'ai eu une longue période wow. Et fin 2018 je me suis inscrit sur Duralas, le forum roleplay géré par Dillon ( alias @Motch'Hollow ) où j'ai littéralement migré mon personnage principal. J'ai pensé qu'il serait cool de partager ici aussi les petits écrits solo que j'y ai réalisé jusqu'à présent. Il y en a 3 catégories : ma "fiche de perso", me écrits de pex de métier et enfin l'encyclopédie de la race de mon perso que j'ai réalisé pour duralas.
lien vers le regroupement de ce que j'ai fait là-bas
- petite ambience locale:
Fiche de perso
Description physique
Doebroksh est un minotaure dans la moyenne de ceux de sa race avec une carrure d'approximativement 2m20 pour 700kg. Approximativement car en effet, comme beaucoup de sa race, il est généralement vouté en avant en raison de sa morphologie naturelle. Mais lorsqu'il se redresse, il dépasse les 2m35 et se révèle bien plus intimidant que la créature placide qu'il semble être à première vue. Doté de membres massifs, il présente en effet une nonchalance trompeuse et pourrait paraître pataud pour un observateur peu attentif.
Son cuir présente des nuances de noir et de blanc réparties sur son corps : ses épaules, l'intérieur de ses coudes et de ses genoux sont clairs tandis que son mufle tends vers le gris clair. Le crin épais qui lui court du front jusqu'aux hanches ainsi que le reste de son anatomie sont en revanche d'un noir parsemé de discrètes nuances plus claire en formes de taches. De même, la paume de ses mains est blanche. Ses sabots en revanche sont d'un brun plus commun, tirant sur le jaune pâle.
Plusieurs mèches de jais viennent encadrer ses yeux gris toujours attentifs à son environnement. Son mufle est encadré par ses deux cornes d'ébène et étonnamment peu rayées par ses trentaines d'années. Mufle dont le museau est percé d'un anneau doré, héritage d'une erreur de jeunesse qu'il a préféré conserver en leçon de vie. Son menton est garni d'un modeste bouc qu'il préfère tailler que faire tresser. De multiples colifichets pendent à son cou épais, composés de perles d'os ou bois, de plumes et coquillages.
Seul, Doebroksh se contente généralement de porter un pagne, sa fourrure lui conférant une protection naturelle contre les éléments. Toutefois en société il s'efforce de porter également une tunique composée de plusieurs plaques de cuir dont les jonctions sont agrémentées de fourrure jaune-orange lui arrivant jusqu'à l'abdomen. Il s'habille également d'une ceinture épaisse à laquelle sont reliés des plaques de cuir épais protégeant l'extérieur de ses cuisses et des mélanges confus de tissus et cuir de lapin délavés en vrac, afin de cacher son arrière-train. Ces derniers sont fendus afin de ne pas nuire à la liberté de mouvement de sa queue noire, terminée par un panache de crin sombre.
Au poignet gauche, il porte également un brassard particulier : de légers outils sont glissés dans le cuir de la protection, côté intérieur de son bras. Des aiguilles, un hameçon et une fine lame entre autre. Par-dessus ces ustensiles il peut enrouler un rabat solide dont une boucle grossière assure le maintien et lui protégeant la peau lorsqu'il tire à l'arc.
Pour chasser il a justement recourt à l’arc de préférence, qu’il porte en bandoulière comme son carquois de flèches que des humains pourraient qualifier de harpons tant elles sont grandes. A ce même carquois il porte une lance pour les proies trop coriaces – tels les lapins cornus si par mégarde il rate son tir – rattachée par un nœud prévu pour se défaire lorsqu’il se saisit de l’arme en urgence. Il envisage également de s’offrir une hache de combat afin d’enrichir ce modeste arsenal. Cependant et c’est un détail qui le surprit lors de ses premières traques, ses proies sont à la fois plus souvent et plus facilement attrapées par un collet bien placé que par une flèche bien ajustée. A noter que, comme la quasi-totalité des minotaures, Doebroksh répugne à chasser le bison, l’auroch ou toute autre forme de bovin.
Il est doté d'une voix grumeleuse dont l'articulé est généralement étrange aux yeux des races dotées d'un visage plutôt que d'un mufle. Toutefois, ayant passé plus de temps ces dernières années à commercer dans les villages d'autres races, son phrasé s'est amélioré. A présent se sont les siens qui lui signalent avec humour qu'il a un accent "civilisé".
Psychologie
En raison de ses origines tourmentées, Doebroksh est un individu renfermé sur lui-même. Il est réticent à se confier à autrui, quand bien même celui-ci a déjà sa confiance. C'est toutefois quelque chose qui n'est pas vrai avec les animaux avec lesquels il a beaucoup plus de facilité à se confier. Et pour cause, un compagnon animal est le confident idéal : il est toujours à l'écoute, ne juge pas, ne répète pas les peines et secrets qui lui sont confiés.
En dehors de sa tribu natale, il se présente et est connu sous le diminutif de Doe [prononcer DO], plus facile à prononcer pour les races dites civilisées sans écorcher son nom.
Le minotaure se révèle être un intermédiaire et représentant de circonstance pour sa tribu natale, généralement apprécié pour sa tolérance et son ouverture d'esprit.
Il éprouve un profond respect pour ses ancêtres et les esprits de la nature, visitant régulièrement les sépultures des siens et ne prélevant pas plus de vies que nécessaire au sein du royaume animal. Et même en ce cas, il prend soin de remercier les forces invisibles pour lui accorder ses proies.
Même pour un minotaure, Doebroksh se révèle avoir des plaisirs simple : voyager et découvrir de nouveaux paysages, faire la rencontre de nouvelles créatures, somnoler devant une canne à pêche qu'il ne surveille pas vraiment, se prélasser à l'ombre de quelques arbre, l'excitation liée à la traque d'une proie digne, prendre soin de ses protégés et des siens.
Ce caractère solitaire et pacifique dissimule toutefois une plaie béante dans le cœur du minotaure : les années ont passées mais jamais le traumatisme vécu alors qu'il n'était qu'un taurillon n'a cicatrisé. Et la disparition récente de son compagnon ne fait que raviver les braises de cette ancienne blessure. Il ignore tout des responsables lui ayant volé son enfance, jusqu'à la raison les ayant poussés en avant, et sa soif de vengeance ne pourra jamais réellement s'épancher.
Histoire
La famille de Doebroksh lui a été arrachée dans sa jeunesse, trop tôt pour qu'il n'en ai de vrai souvenir. Et aucun témoin de l'époque n'a pu lui indiquer qui ou pourquoi. L'orphelin fut élevé par sa tribu, les Moj'Hauk, avec autant d'attention que ses membres purent lui en offrir. Toutefois ce n'est que lorsqu'il sympathisa avec un loup des plaines qu'on lui confia que sa vie commença réellement. Nommé Greywol, l'animal devint son confident silencieux et aida le minotaure à trouver sa voie. Confident que ne pouvait être les autres hybrides de sa génération, même s'il se lia d'amitié un temps avec deux d'entre eux en particulier.
Il ne faut cependant pas s’imaginer que sa jeunesse ne fut que chagrin et solitude en dehors de son animal de compagnie. Comme tout enfant, il eut ses jeux et moments de joie avec les autres taurillons. Il apprécia notamment ce qu’ils nomment le « jeu du labyrinthe », lorsque les peaux stockées tout l’hiver sont sorties et aérées au printemps. Chaque années elles sont suspendues et réparties par les adultes de façon à générer des couloirs et cul-de-sac. Néanmoins, les minotaures gagnant vite en stature dans leurs premières années, Doebroksh dépassa rapidement d’une tête les peaux et fourrures suspendues. Signe qu’à son grand désarroi il était suffisamment grand pour aider les adultes aux cultures ou à meuler les récoltes. Mais pour l’hybride encore rêveur et turbulent comme ses ainés, il fut vite évident qu’il encombrait davantage les adultes qu’il ne les assistait dans ce genre de tâches.
Grandissant, il développa un talent inné à lire dans les empreintes et suivre des pistes, ce qui le conduisit naturellement à devenir chasseur pour les siens. Il mit un temps à maitriser l'arc et la flèche, mais désormais il est un archer suffisamment compétent pour fournir les Moj'Hauk en nourriture et en cuirs. Ses principales proies sont les désormais célèbres lapins d’Aràn dont la chair savoureuse est appréciée par tous. Cependant, lorsqu’il parvient à attraper dans ses collets de jeunes spécimens, il les ramène aux Moj’Hauk avec grand soin. Un lapin d’Aràn dressé correctement peut être une formidable bête de trait pour les traineaux des prairies. Qui plus est, les Fjordistes au Nord comme les Orques au Sud reconnaissent volontiers le talent des minotaures à dompter ces étranges mammifères cornus.
Même s'il passe désormais plus de temps en-dehors du camp, il n'oublie pas que c'est toutefois grâce aux conseils des siens qu'il est devenu ce qu'il est aujourd'hui. L'ensemble de la tribu l'a adopté, mais c'est Meela - la guide spirituelle des Moj'Hauk - qui devint en quelque sorte sa mère adoptive. Si elle n'eut que rarement le loisir d'entendre le jeune hybride se confier à elle, sa présence et son soutien silencieux furent précieux à Doebroksh. Elle tenta bien d’initier le taurillon aux préceptes de Magnésie. Mais si celui-ci développa une forte affinité pour leurs traditions, il était évident qu’elle ne ferait pas de lui son successeur.
Lorsqu'adolescent il éprouva les limites de ce qu'il pouvait apprendre par lui-même, c'est auprès du vieux chasseur Orekary qu'il alla quérir ses conseils. C'est celui-ci qui lui confia Greywol bien des années auparavant. Il lui enseigna ce qu'il n’avait pas appris en auto-didacte et finalement, ce fut Orekary qui confia un vrai rôle au minotaure. En devenant l'un des intermédiaires avec les autres races de ce monde, il donna un sens à la vie de Doebroksh. Même si ce dernier l'ignore encore, c'est Meela qui souffla cette idée au vénérable minotaure.
Doebroksh passe rarement la nuit avec les siens. A l'écart du camp et non loin dans les bois, il a découvert une petite clairière qu'il s'est depuis longtemps approprié. Retraite personnelle où il peut passer du temps avec son compagnon à quatre pattes, seuls Meela et ses deux compagnons d'enfances en connaissent la location exacte. Il s'y trouve un cercle de pierre et il veille à toujours laisser une réserve de bois sec lorsqu'il quitte son sanctuaire. La toile d'un tipi et ses effets personnels sont habilement dissimulés non loin, la première n'attendant que son retour pour être dressée.
A plus d’une reprise, en compagnie des autres chasseurs et guerriers de la région, il a participé à ce qu’ils nomment « la chasse au ver ». Si les étrangers que les clans nordiques payent pour effectuer cette tache ou se joindre à eux trouvent cette activité amusante et lucrative, ce n’est pas le cas du minotaure. Les guivres sont de vraies menaces pour les camps minotaures éparpillés à travers les plaines d’Aràn. Elles réduisent les récoltes à néant, détruisent leurs infrastructures, ravagent les tipis et les modestes palissades prévues pour empêcher des ours curieux d’approcher, quand elles ne s’attaquent pas simplement à leurs taurillons ou leurs mères. Les gouivres font partie intégrante du cycle de la vie. Mais elles sont une menace permanente à la pérennité de leur espèce qui en retour ne les tue pas plus que nécessaire. Cependant, jamais il n’en a affronté seul ou au sein d’un groupe fort de moins d’une dizaine d’individu.
Lors de ses voyages, il vend généralement sa viande et ses fourrures aux artisans locaux. Les bénéfices obtenus sont alors principalement dépensés auprès des forgerons. En effet, s’il est indéniable que leur force physique serait un atout au fourneau, les minotaure n’apprécient généralement pas le travail de la forge – en plus d’être souvent trop maladroits pour certains travaux de précision. En vérité, cela est plus dû aux dégradations engendrées par les travaux miniers qu’à ce domaine en soit. Mais la conséquence est que les campements minotaure ne sont pas équipés pour travailler le métal et, reconnaissant malgré tout le confort d’œuvrer avec de l’équipement constitué de métal, se retrouvent dépendant des forgerons des autres races. Quant aux rares mino’s intéressés par ce domaine, ils sont mal vus par les leurs et migrent généralement au sein des villages de fjordiens, nains ou orques proches. Au sein de sa tribu, Doebroksh est le minotaure effectuant le principal de ces commissions de métallurgie.
S’il a déjà collaboré avec telle ou telle faction, Doebroksh n’est pour le moment réputé au sein d’aucune d’entre elle. Dans le cadre de ses déplacements dans les villages d’autres races, il envisage toutefois de travailler plus sérieusement pour quelques-unes. Mais la politique des civilisations étrangères lui est parfois étrange et il hésite quant à laquelle offrir ses services par crainte de s’aliéner d’éventuelles factions rivales.
Hier, ayant depuis longtemps dépassé l'espérance de vie de son espèce à l'état sauvage, Greywol a fini par rejoindre les siens pour la chasse éternelle. Même s'il sait que celui-ci a retrouvé sa meute dans l'autre monde et ne peut être qu'heureux parmi les siens, le minotaure est contraint de retenir ses larmes. Alors qu'il contemple les flammes dévorer le bûcher mortuaire de son compagnon de toujours, il sait au fond de lui qu'il lui faudra trouver un nouveau confident. Un parent de celui-ci de préférence, si les anciens le lui permettent.
Rêves, ambitions, desseins...
Dans l’immédiat, il aimerait trouver un nouveau camarade. Non pas pour remplacer Greywol mais pour simplement… ne plus être seul. Ironie qu’il n’ose reconnaître en se tenant à l’écart de sa tribu natale.
Concernant les auteurs du drame de son enfance, il a depuis longtemps perdu espoir de les retrouver. Toutefois, si par miracle…. Il en découle que Doebroksh est tiraillé entre le souhait de protéger les siens, d’empêcher sa tragédie de se reproduire, et son besoin d’aller explorer le vaste monde. Il est deux contrées lointaines en particulier qu'il aimerait découvrir.
Au Nord glacé il a déjà été contemplé la mer blanche et éprouvé la morsure du vent malgré sa fourrure. Mais jamais il n’a vu de ses propres yeux l’autre océan au sud où nul iceberg ne pourrait venir ponctuer le paysage.
Également, un minotaure d’une autre tribu de passage a mentionné un groupe des leurs ayant voyagé loin à l’Ouest, de l’autre côté des terres humides. Ils auraient retrouvés un site original de leur espèce et seraient tombés amoureux de ces forets, après une banale mission d’escorte de voyageurs vers la capitale elfique. Ensemble ils commenceraient même à fonder un nouveau camp permanent sur les terres de leurs ancêtres. Il rêverait de découvrir ce qui a charmé les siens si loin de leurs propres tribus et fouler les mêmes plaines que les premiers hybrides il y a bien longtemps.
Il a commencé à mettre de côté une partie des gains de ses chasses dans l'optique de s'offrir une hache et étoffer son équipement. De plus, il réfléchit à s'investir davantage dans une faction locale pour améliorer les relations inter-raciales des minotaures.
Enfin à la différence des minotaures ayant rejoint les villes des races dites "civilisées", Doebroksh tends à s’aligner sur les préceptes des anciens. Il préfèrerait que leurs habitants respectent davantage leur environnement et cessent de le ravager pour un confort et une sécurité à la fois relative et éphémère. Si d’avenir il peut œuvrer pour décourager pacifiquement les hommes ou les nains d’ériger davantage de tas de pierre, il le fera.
Également, à la grande époque...
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 10 Juin 2019 - 16:17
RP Métier I
- Bisoodi et Ahab:
- Le minotaure se pencha sur le corps qu'il évalua d'un œil critique. Le temps de rejoindre celui-ci, la bête avait rendu l'âme. Si elle n'avait pas été tuée à l'impact, son agonie aurait au moins été courte. La flèche ne l'avait pas atteint à la tête comme il l'aurait souhaité. Mais profondément enfoncée à la base de son cou, elle avait visiblement touché un point vital.
Avec précaution, il empoigna le trait qu'il tira doucement par la tige. Sans trop résister, celui-ci glissa centimètre par centimètre avec un bouillon écarlate. Jusqu'à ce que la tête en métal ne retrouve l'air libre. Il leva son projectile à la lumière du jour afin de s'assurer que celui-ci n'avais pas été endommagé : cette pointe était prévue pour pénétrer la chair mais pas seulement. Sa forme était étudiée pour s'extraire sans abimer la chair plus que de raison. Inutile de mutiler inutilement une cible à laquelle le tir ne s'adressait pas. De plus, la viande comme le cuir n'en étaient que de meilleurs qualité.
Satisfait, il prit le temps de nettoyer la pointe en losange avec quelques feuilles. Puis soigneusement il la glissa dans la partie gauche de son carquois. Celle de droite était elle réservée aux pointes barbelées, destinées à un autre type de cibles.
Revenant à la dépouille porcine, il s'agenouilla et posa les doigts sur le corps encore chaud.
- Esprit Bisoodi, commença-t-il à réciter d'un ton reconnaissant. Père des sangliers et sage gardien de l'équilibre de ce monde. Je t'exprime humblement ma gratitude pour m'accorder cet avatar de ton essence afin de nourrir les miens.
Rouvrant les yeux, le minoen s'empara du poignard jusque là fixé à sa hanche et se releva en quête d'une branche suffisamment robuste pour constituer un cintre. Quelques minutes plus tard, il suspendait la dépouille par les pattes arrières. Lame au poing, Doebroksh le planta jusqu'à la garde dans le bas-ventre de l'animal. Avec des gestes mécaniques, façonnés par la pratique, il éventra le corps jusqu'à la gage thoracique et répandit ses entrailles fumantes à même le sol.
Moins d'une heure plus tard, il enrobait la venaison et les gigues dans la peau soigneusement découpée du sanglier. Nuant une ficelle pour fixer l'ensemble, il laissa cependant le fruit de sa chasse et se tourna vers le trou où reposaient les abats et organes non comestibles. S'agenouillant une dernière fois, il posa les paumes à terre.
- Accepte cette modeste offrande, sage Bisoodi, que je rétribue à tes semblables avec la prière de nous accorder à nouveau ta générosité. A ma tribu comme aux autres que tu jugerais dignes de tes faveurs.
Concluant le rite, il étendit les bras et recouvrit le trou de terreau. Il répéta ce geste plusieurs fois jusqu'à ce la fosse ne soit complètement recouverte. Puis, avec révérence, déposa la tête porcine sur celle-ci. Saisissant le paquet improvisé encore gouttant, le minotaure reprit le chemin du camp de sa tribu. Les Moj'hauks.
*
Approchant des siens, le minoen prit le temps de parcourir la plaine du regard. D'un côté se trouvait plusieurs étendues de blés et maïs, regroupées autour du puits éolien. Par un astucieux système enseigné longtemps auparavant à leur peuple par les elfes, le vent gonflant les voiles venait puiser l'eau en profondeur en actionnant une manivelle. Songer que la corde disparaissant actuellement dans les profondeurs était celle ramenée la semaine passée de Kastalinn lui arracha un sourire. Sourire qui se crispa lorsqu'il remarqua un taurillon de leur tribu sortir du camp pour venir à sa rencontre.
Au moment où ils ne furent plus qu'à quelques mètres l'un de l'autre, le chasseur s'immobilisa et inclina la tête de côté. Les cornes du petit ne faisaient encore qu'une dizaine de centimètres, tout au plus. Néanmoins et malgré sa taille actuelle, ce minotaure au poil clair risquait bien de le dépasser dans une dizaine d'années…
- Doebroksh... déclara-t-il en se frottant nerveusement les doigts.
- Ahab, lui répondit l'intéressé en le saluant de la tête.
L'adulte plissa le regard comme son cadet gardait le silence, se contentant de l'observer. Le trappeur lui fit signe du coude de marcher avec lui en direction du camp.
- Quelque chose te tracasse ? Tenta-t-il de lui tirer les vers du mufle après quelques instants.
- Ben… hésita-t-il. Meela, elle m'a dit de vous demander quand vous seriez de retour et…
Il s'interrompit, cherchant ses mots et croisant les doigts. Ils firent quelques pas de plus, Ahab gardant la tête baissée. Le minoen taciturne remarqua la queue au crin crème ondulant avec fébrilité dans son dos, trahissant son malaise. Doebroksh s'arrêta à nouveau, aussitôt imité par le taurillon, puis mis un genoux à terre afin de réduire leur différence de taille. Mais même ainsi il restait deux bonnes têtes plus grand...
- Je suis rentré. Tu peux me dire ce qui te tracasse ?
Pour que Meela l'ai orienté vers lui en le sachant à la chasse, son problème ne devait être ni grave ni urgent. Toutefois, quelqu'il soit, cela travaillait le jeune.
- Et bien… Je me demandais… commença-t-il en fuyant son regard.
Inspirant à plein poumons, il se força à regarder son ainé avant d'enfin demander :
- Est-ce que vous m'aideriez à retrouver mon loup ?
Son loup ? Dans l'instant Doebroksh se retint de rire, le pauvre petit était déjà assez mal à l'aise et l'aurait mal prit. Néanmoins, l'instant de surprise passé, son enjouement laissa place à un tout autre sentiment. Son loup...
Malgré lui, l'image de Greywol vint s'imposer dans ses pensées. Son propre compagnon a quatre pattes disparut la semaine passée. Compagnon qui lui avait été confié alors qu'il était un peu plus jeune que le taurillon.
- Kyle, si j'ai bonne mémoire ? Répondit simplement l'adulte après un moment.
Les yeux s'illuminant d'espoir, Ahab hocha vigoureusement la tête avant qu'il reprenne :
- Bien sûr que je vais t'aider à le retrouver, le rassura-t-il d'une voix confiante tandis qu'il lui frottait affectueusement le front de sa main libre. Il ne doit pas être bien loin. Laisse moi juste déposer ceci et…
Lorgnant sa venaison, une idée germa dans ses pensées et vint estomper sa peine. Pourquoi ne pas tenter d'appâter ce capricieux camarade afin qu'ils ne les fasse pas cavaler jusqu'à la tombée de la nuit, une fois qu'ils l'auraient retrouvé ?
- Le mastodonte:
- - Et tu dis qu'il te suit partout , répéta le dresseur avec amusement. Sans que tu saches d'où il sort.
- Ce n'est pas faute de chercher , répondit Doebroksh en se grattant la nuque.
Penché sur le félin, Bulrug se tourna vers le minotaure un peu penaud. Prenant appuis sur ses genoux massifs, il se redressa avant de poser la main sur l'épaule du minoen à poil sombre.
- Ne t'en fais pas va, je trouverais quoi en faire. Je me doute que dans tes… activités, ce genre de compagnon ne t'es d'aucune utilité. Toutefois pour nous qui sommes tout les jours au camp…
- … il tiendrait à distance la vermine , compléta Doebroksh.
- Exactement. Les greniers ne s'en porteront que mieux. Et puis cela me changera d'élever ces foutus lapins cornus...
Le minotaure taciturne hocha la tête d'approbation et tourna les sabot, laissant là l'autre hybride.
- Héla, où tu vas toi , intervint cependant Bulrug en refermant ses doigts massifs autour du chat roux. C'est avec moi que tu vas rester à présent ! Et…
Réalisant brusquement qu'il oubliait quelque chose, il héla :
- Doe' ! Cela m'était sorti de la tête ! Hier un cochon sauvage s'est pointé près du lopin de Lalum ! Y parait qu'il l'aurait quelque peu bousculé tu pourrais y jeter un œil ?
Arrêté sur le palier de la tente, celui-ci hocha la tête d'approbation.
Déclarer que cet animal avait bousculé Lalum - une cultivatrice de la tribu des Moj'Hauk, était peu dire. Il avait chargé la minoenne au lieu de fuir lorsqu'elle s'était dressée de toute sa hauteur pour le faire déguerpir. La pauvre avait la hanche bien abimée et, une fois à terre, avait subi un coup de défense au flanc. D'autres minotaures avaient accourus et fait déguerpir ce sanglier si agressif, haut de plus d'un mètre d'après leur description. Mais le mal était fait.
Etudiant une paire d'empreintes figées dans la boue, le chasseur n'osa imaginer ce qu'il serait advenu si celle-ci avait été seule. Agée d'approximativement une dizaine d'hivers de plus que lui, Lalum faisait partie des minotaures ayant accompagnés le taurillon lors de son enfance solitaire. S'efforçant de contenir son irritation, Doebroksh poursuivit sa traque en essayant de mettre de côté ces pensées superflues.
Remonter la piste de l'animal s'était révélé aisé : il avait plût la veille de l'incident et les empreintes étaient clairement visibles. Et profondes. Ce spécimen dépassait facilement les cent kilos. Et au vu des branches brisées du sorbier qu'il avait sous les yeux, au-dessus de ses genoux, mesurait bien plus que la taille estimée par les autres hybrides. Il s'agissait probablement d'un mâle reproducteur, à la tête d'une harde en pleine migration avec la rotation des saisons. D'ordinaire, les spécimens de se statut étaient laissés en paix par les chasseurs car assuraient le renouvellement de leurs groupes. Mais celui-ci ayant prouvé qu'il ne craignait pas un minoen adulte… il n'hésiterait pas à s'en prendre à un jeune taurillon. Or il n'en était pas question. Leur tribu avait déjà bien assez de problèmes avec les gouivres pour en rajouter...
Cela faisait une demi-journée qu'il traquait la bête et le soleil avait à présent entamé sa descente. La piste se réchauffait : de multiples jeux d'empreintes de tailles et profondeurs différentes et des déjections encore tièdes. Il était tout proche. Quelques minutes de plus et des grouignements parvinrent à ses oreilles. Aussitôt il s'immobilisa, attentif au moindre son, mouvement ou fragrance de sa proie. Avec satisfaction il s'accroupit : le bouquet était léger mais il sentait en effet l'odeur des porcins droit devant. Le vent était donc face à lui : il pouvait approcher sans être repéré.
Avec précaution, écartant silencieusement les brindilles et feuilles mortes avant de poser les sabots, il s'approcha. Finalement, il pu avoir un visuel de sa proie lorsqu'il écarta lentement une branche basse face à lui, dissimulé par un parterre de hautes fougères. Au-delà de celui-ci, il entendait plus qu'il discernait la souille où ils s'ébattaient a grand renfort d'éclaboussures. En vérité, il avait dans son champ de vision une bonne dizaine d'adultes de façon intermittente, mais seul le béhémot au centre du groupe retenait son attention. Celui-ci était tout bonnement colossal. Un mètre vingt ? Trente ? Plus encore ? Il n'aurait su trancher. Il tira doucement une flèche de son carquois sans quitter sa cible du regard, les cris nasillards des plus jeunes venant ponctuer les grognements de leurs ainés.
Avec une lenteur toute calculée, Doebroksh encocha le trait. Le vent n'avait pas tourné et aucun signe d'agitation n'indiquait qu'il était découvert. Il allait pouvoir ajuster son tir et…
Un mouvement brusque sur sa droite vint interrompre sa visée. Interdit, il posa le regard sur le marcassin baroudeur parti explorer les fougères et venant de le débusquer. Une bonne seconde s'écoula alors que tout deux se dévisageaient en affichant une surprise partagée. Puis le petit poussa un grouinement de panique et détala sans demander son reste. Le minotaure lâcha un juron.
La discrétion était désormais le cadet de ses soucis. Se redressant brusquement, arc bandé, il chercha le mâle du regard avant que celui-ci ne s'enfuie à nouveau.
- Que…
Il n'eut le temps d'ajuster son projectile, le mastodonte fondant sur lui sans se préoccuper de leur différence de taille. Et la pointe qui lui perça l'armure - cuir épais entre la tête et l'abdomen - ne le freina pas outre mesure. Le cueillant aux mollets, il parvint même l'espace de quelques instants à faire décoller le chasseur du sol. Roulant de côté en serrant les dents, Doebroksh avisa le sanglier revenant à la charge. Levant le bras gauche, il protégea son mufle de l'impact et échappa un cri en sentant les défense de l'animal le poignarder entre deux coups de groin.
Le minotaure se débattit comme il put, se couvrant de terre humide et piétinant les fougères dans son pugilat sauvage. A grand peine il retenait l'animal beuglant de colère de lui planter à nouveau ses défenses à travers le cuir. Mais cela ne l'empêchait nullement de labourer l'abdomen de l'hybride de douloureuses griffures. Rugissant en retour, Doebroksh le gratifia d'un coup de poing en plein groin aussi fort que lui permettait sa position précaire. L'animal eut un bref mouvement de recul, s'ébroua et déjà revint à l'assaut du minotaure à terre. Mais se fut suffisant pour celui-ci qui avait refermé le poing sur une hampe dépassant de son carquois.
Avec un cri de fureur il planta la flèche barbelée un plein museau de l'animal qui aussitôt poussa un glapissement terrible et bondit de côté. Mugissant à plein poumons, il commença à sauter tel un cabris, secouant la tête en tout sens pour se libérer de la pointe fermement ancrée dans sa chair. Toussant et la fourrure maculée de terre humide, Doebroksh se redressa douloureusement.
- Dans l'œil… sa fait mal n'est-ce pas ? Lança-t-il avec amertume.
Une fois de retour sur ses appuis, il cracha un mollard écarlate avant de tirer son poignard de dépeçage de son fourreau. Le groin planté dans le sol, la bête tentait vainement d'arracher le trait en se frottant le museau de ses pattes avant. Remonté à bloc, le minotaure fit quelques pas puis percuta l'animal blessé qu'il plaqua au sol à son tour avec un cri de rage. Une patte ricochant sur ses cornes, le chasseur planta enfin son poignard sous l'oreille du mâle dominant. En criant de triomphe il passa son adversaire par la lame, l'égorgeant sauvagement et brisant son arme par la même occasion.
Soucieux de remettre de l'espace entre la créature à l'agonie et lui il se laissa tomber en arrière. Manche de son couteau en main, il tacha de retrouver son souffle en observant ses derniers spasmes. Des fluides écarlates lui éclaboussaient les sabots par giclées dont le débit faiblissait déjà. Avant qu'une minute ne passe il cessa de trembler et rendit enfin son dernier souffle.
S'essuyant le front et se maculant de boue, le chasseur parcourut la souille désertée du regard. Adultes comme marcassins avaient déguerpis dès le début de l'échauffourée. L'endroit retrouvait à présent le calme plus familier d'une fin d'après-midi. Finalement, il posa les yeux sur la dépouille.
- Bisoodi, souffla-t-il après un moment. J'ignore où tu a été chercher celui-là, mais tu ne l'as pas raté.
- La pêche au sanglier:
- Doebroksh étudia l’endroit d’un regard critique. A l’ombre d’un imposant saule, il se trouvait à l’abri du vent. De plus, rien à priori n’était susceptible de troubler le calme ambiant. L’endroit serait donc parfait pour ce que le minotaure avait en tête.
- Nous nous établirons ici, déclara-t-il en coulant un regard bienveillant à son cadet.
- En avant ! s’écria celui-ci en déboulant, son compagnon à quatre pattes sur les talons.
Se retenant de rire, le chasseur déroula au bord de l’eau la couverture qu’il avait apporté. Puis, il tira les deux cannes rétractables de son carquois et en tendis une au taurillon.
- Tu la déroule ainsi, expliqua-t-il à Ahab en joignant le geste à la parole.
Puis dégrafant son brassard, il s’empara de deux hameçons. Déjà le jeune lui tendait des grains de maïs.
- Doucement, le calma-t-il. Déjà laisse-moi passer le fil et le fixer aux cannes.
Quelques minutes plus tard, les deux minoens étaient assis côtes à côtes devant leurs cannes à pêche. Les bouchons, fins carrés de bois surplombés d’une plume, flottaient paisiblement à quelques mètres de la rive.
- Et maintenant ?
- Maintenant on attend, répondit Doebroksh en caressant le loup du taurillon. Peut-être cela mordra, peut-être pas. Nous verrons.
- …
Les yeux rivés sur sa ligne, le taurillon mit moins d’un quart d’heure avant de perdre patience.
- Mais c’est quand que ça va mordre ? s’exaspéra-t-il.
- Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que plus tu fais du bruit et plus…
Une éclaboussure soudaine de l’autre côté de l’étang vint l’interrompre. Aussitôt Kyle fut sur ses quatre pattes, les deux minotaures se tournant vers la source du bruit.
La vue d’un marcassin, batifolant joyeusement dans l’eau, laissa le chasseur pantois. Bien vite, quelques autres se présentèrent, bien plus hésitant. Puis leur mère qui se contenta de fouiller le bord de l’eau du groin.
- Dis Doebroksh, tu crois qu’ils pourraient mordre à l’hameçon si on ne fait pas de bruit ?
- Bonne question.
- Le Renarc:
- Lentement, le minotaure s'accroupit devant la dépouille. L'animal, de toute évidence, avait été tué sur le coup. La plaie béante dans son poitrail était si large que même lui aurait presque put y glisser l'un de ses doigts noueux.
Doebroksh ne savait trop quoi penser. Une telle arme changeait radicalement les choses et il était bien incapable de trancher s'il s'agissait d'une mauvaise ou d'une bonne nouvelle. Certes ses talents de pisteur et ses connaissances de la nature ne s'improvisaient pas, mais cet arc rendait les choses plus… facile. Trop facile.
Il se redressa, l'arme en question au poing. Finement ouvragée, une fourrure était représentée d'un bout à l'autre du bois orangé. Aux deux extrémités étaient stylisée des mâchoires lupines d'où jaillissaient la corde de l'arc. Une troisième mâchoire venait compléter cet aspect si étonnant à la poignée, recouvrant le dos de son poing comme un petit bouclier. Lorsqu'il décochait ses flèches avec cet arc, la gueule crachait littéralement ses traits. Avec une puissance dévastatrice qui plus est, trahissant sa nature magique. Il avait d'ailleurs remarqué que les petites gemmes incrustées dans les orbites des trois têtes luisaient faiblement lorsqu'il bandait la corde.
Un tel don n'était un outil de chasse. Il en retirait la saveur même, ce fameux frisson procuré par la traque et la confrontation avec sa proie. Dès lors qu'elle était dans son champ de vision, celle-ci était condamnée. A l'avenir lors de ses séances de chasse il se contenterait de son banal arc offert par Orekary.
Hors de question toutefois de jeter cette nouvelle arme. Sa valeur dépassait de loin tout ce que Doebroksh possédait et venait de prouver son efficacité. Rien que songer à comment il l'avait obtenu le laissa songeur. Pour être intervenu à la bataille de Kastalinn lors de l'arrivée des Skarnien, cet arc portant le nom de Renarc lui avait été offert en plus d'un plastron tout aussi précieux qu'il devrait faire ajuster. Pourtant… méritait-il de tels présents ? Sa présence avait au mieux été anecdotique, lui-même balayé comme une poupée de chiffons par la démonstration de puissance de la leader des miliciens. Selsya… Rien que de songer au pouvoir qu'elle détenait, il en avait des frissons.
Réfléchissant en silence dans le sous-bois, il finit par tirer son coutelas du brassard à son poignet. Que la chasse du jour ne lui ai pas apporté le plaisir souhaité ne changeait rien à son résultat. Il avait une carcasse à vider et de la viande encore chaude à ramener aux Moj'Hauks.
- Gardien des champs:
- - Les réserves de viande sont pleines. Mais les porcins continuent à ravager les champs de blé. Meh.
Gromellant dans sa barbe en déposant ses collets, le trappeur s'efforça de se concentrer sur sa tâche. Il y avait à présent bon nombre de chasseurs dans la tribu. Mais pour ne rien arranger, les anciens avaient accepté d'acheter une partie des venaisons d'une caravane d'humains et de changeurs de peau, décidément de plus en plus nombreux à Dùralas. Ces derniers avaient un surplus conséquent à écouler et, par des échanges de bons procédés, ils avaient bradés leur prix et les Moj'Hauk avaient remplis leurs selliers.
Le bon côté des choses était que tout le monde au campement pourrait consommer de la viande à sa faim pendant au minimum toute une semaine. La mauvaise était que protéger les champs des sangliers sans les blesser ne serait pas aisé.
Se redressant, il parcourut du regard l'orée du sous-bois. Même en sachant où ils se trouvaient posés, il avait peine à distinguer la dizaine de cordes posées tout du long. Satisfait, il tourna les sabots avant de se diriger vers la lisière de deux plantations distinctes. D'expérience, il savait qu'un sanglier capturé emmétrait un tel vacarme qu'il effraierait les autres et les ferait déguerpir. Il savait également qu'un adulte briserait le lien dans la demi-heure et que, une autre demi-heure plus tard, les animaux viendraient retourner la terre en quête du grain semé.
Posant le Renarc près de sa couche sommaire, il savait que la nuit risquait d'être longue. Résolu à peu dormir, il observa les étoiles en silence. De là-haut, Magnésie était-elle en train de l'observer ? Et si oui, pourrait-elle inciter les enfants de Bisoodi de rester calme ce soir ?
Doebroksh secoua la tête. Réclamer une faveur si futile serait idiot. Et rendrait la déesse comme les esprits peu enclins à l'écouter le jour où réellement il aurait besoin de...
Un cri aigu vint brusquement interrompre ses pensées. Confus, il se releva, son terrible arc au poing : cela ne ressemblait nullement à un cri porcin. Et la nuit était encore bien jeune pour une harde de sangliers. Cela ressemblait davantage à... des miaulements.
Soupirant, Doebroksh prit la direction du piège où, il en avait à présent la certitude, ce fichu chat roux l'attendait. Au moins ne passerait-il pas la nuit seul...
- Le rite des aigles:
- - Tant que tu n'auras pas effectué le rite, tu ne pourras pas être considéré comme un adulte.
Doebroksh croisa les bras en entendant ces sornettes. Cet ancien des Sha'Dzil lui tapait décidément sur les nerfs. Le minoen était venu vendre du papier à cette tribu de l'Est des plaines. Pas effectué un voyage initiatique quelconque.
- Les aigles menacent vos taurillons ?
- Qui te parle de menace, balaya le vieux minotaure en agitant la main. Je te parle de devenir pleinement un adulte et de pouvoir revendiquer une minoenne tienne. Avoir desc…
- Ce n'est pas ce pourquoi je suis venu, l'interrompit le voyageur en perdant patience. J'ai appris que vous cherchiez du papier. J'ai dans mon sac de quoi écrire pendant une décennie. Prenez vous ce papier oui ou non ?
Mêlant le geste à la parole, il entrouvrit son paquetage afin de mettre en évidence sa marchandise. Les membres de cette modeste réunion tournèrent leur attention vers les biens, mais pas leur doyen. Celui-ci se contenta de plisser les yeux et renâcla.
- Je ne commerce pas avec les enfants. Reviens lorsque tu auras grandit, Taurillon.
Une lueur de colère passa dans le regard du Moj'Hauk. Serrant les poings, il contint néanmoins ses émotions sans cesser de fusiller son ainé du regard.
- Soit, répondit-il simplement d'un ton grave.
Se relevant, Doebroksh reprit le paquetage de papier. Sans un regard ni la moindre salutation, il quitta la yourte pour retrouver l'air frais de la mi-journée. Les Sha'Dzil le regardèrent quitter leur village en silence.
Leur tribu était établie dans l'Est du pays. Limitrophe des plaines au Nord et du désert au Sud, le territoire qu'elle revendiquait était un des plus étonnant qu'il lui ai été donné d'arpenter. D'immenses colonnes de pierre rouge ponctuaient le paysage, défiant les cieux et atteignant pour certaines des hauteurs vertigineuses. Les mesas étaient tout simplement à couper le souffle. Mais cette brève entrevue avec les anciens Sha'Dzil venait lui gâcher la beauté des lieux.
Après quelques minutes de marches, il jeta son paquetage sur le bord du chemin, fulminant.
- Très bien, grogna-t-il tout seul. Je vais vous trouver une de ces créatures.
Chose plus facile à dire qu'à faire. Un héritier d'Atsa ne serait pas une proie aussi simple à débusquer que les enfants de Bisoodi. Levant les yeux au ciel, Doebroksh fit la moue. Comment allait chasser un aigle alors que lui-même était cloué au sol ?
Revenir sur ses pas et interroger les Sha'Dzil sur leurs méthodes de chasses aux rapace lui traversa l'esprit, mais il repoussa cette idée. Il n'était pas question de donner à cet ancêtre pompeux une nouvelle occasion de l'humilier. Il traquerait, capturerait et ramènerait les plumes d'un aigle des Baldors sans leur aide.
- Un adulte... maugréa-t-il avec amertume.[size=10]note : Sha'Dzil a traduire par Soleil-Montagne et Atsa par Aigle selon de traducteur Navaho.
- Atsa:
- Le majestueux rapace profitait des courants d'air chaud pour planer sans dépenser ses forces. Le vent soufflait sous ses ailes grande ouverte tandis qu'il planait tranquillement. Il survola une première fois la colonne rocheuse où était dissimulé son repaire, s'assurant de l'absence de tout prédateur. Puis une deuxième fois, son œil perçant s'attardant sur chaque anfractuosité de la roche et sur chaque buisson.
L'aigle poussa un cri d'étonnement en remarquant un détail qui n'avait pas sa place en ce lieu aride. Une proie gisait immobile au pied de la mesa au milieu des pierres, près d'un arbuste épineux. Un lapin, discerna-t-il en un éclair. Lapin qui ne détala pas lorsqu'il poussa un nouveau cri perçant.
Délaissant temporairement son refuge tout proche pour ce repas aussi inattendu que bienvenu, l'oiseau vira de l'aile pour effectuer un nouveau passage au-dessus de la dépouille. Quelque prédateur avait dû l'abandonner là et pouvait encore rôder. Aussi poussa-t-il un nouveau cri strident. Mais rien de sembla se mouvoir. Pas plus qu'à son passage suivant, déjà un peu plus bas.
En quelques coup d'aile rapide il se posait a moins d'un mètre de sa cible, attentif au moindre mouvement de l'animal. Celui-ci aurait pu feindre la mort malgré ses terrifiants cris, bien qu'il en douta. Sautillant maladroitement, les ailes repliées, le rapace approcha. Et posa enfin les serres sur le corps inerte. Sans s'attarder, l'aigle déployé à nouveau ses ailes pour prendre son envol et savourer ce repas à l’abri dans les hauteurs. Sans voir l'arbuste d'épines se redresser dans son dos.
L'animal poussa un piaillement de surprise lorsque la couverture du minotaure vint lui recouvrir la tête. Il battit furieusement des ailes à l'aveugle pour se dégager de ce traquenard, mais une force bien supérieure à la sienne vint le plaquer au sol. Impuissant, il ne put que pousser un nouveau cri comme des doigts épais se resserraient sur son cou.
Serrant les dents, Doebroksh maintint l'impressionnant rapace plaqué au sol. Il n'avait pas la moindre chance de renverser un adversaire de son poids, mais l'envergure de ses ailes devait bien dépasser la taille de l'hybride, lui conférant une force prodigieuse. Le chasseur se garda bien de soulever sa prise, ignorant s'il serait capable de l'empêcher de prendre la clé des champs.
Le camouflage de branches garnies d'épines dont il s'était recouvert - et lui avait bien entaillé le cuir - était à présent superflu. Roulant des épaules, il fit tomber celles encore accrochées à sa fourrure. Dire qu'il avait mit près d'une heure à se glisser sous ce roncier sans perdre les-dites branches empêtrées dans son crin...
De sa main libre, il saisi l'articulation de l'aile qu'il ramena contre le flanc de l'animal avant de la caler de son sabot pour l'empêcher de bouger. Arc-bouté, il inversa sa prise et répéta l'opération avec l'autre aile avec moins de succès, s'y reprenant à trois reprises ponctuées de cris stridents. Gardant ce seigneur des airs entre ses jarrets, il s'empara d'une main de la corde à sa hanche et péniblement entreprit de ligoter l'animal.
Après une lutte s'éternisa plus qu'elle n'aurait dut, Doebroksh put enfin lever à bout de bras son aigle captif aux aigles entravées, bien vivant, pendant au bout d'une lanière. Il esquissa un sourire satisfait en captant le regard doré de l'oiseau. Le doyen des Sha'Dzils pourrait difficilement trouver argument quand à l'exploit qu'il venait d'accomplir. Combien de chasseurs parmi cette tribu avait déjà capturé seul et vivant un aigle des Baldors à l'âge adulte ? Le trappeur en était persuadé, chacun de ceux ayant effectué leur rite initiatique avait abattu un fils d'Atsa dans le simple but de lui dérober une poignée de plume. Quel manque de considération...
- En parlant de plumes...
Tendant les doigts, il s'apprêta à prendre son dû. Mais l'animal suspendu dans le vide parvint à se tortiller au bout de sa corde et, avec un mouvement trop rapide pour le minotaure, lui lacéra les doigts d'un coup de serre. Doebroksh en poussa un cri de surprise en échappant son prisonnier qui alla rebondir au sol avec un nouveau cri de protestation.
- L'age adulte:
- Le Moj'Hauk attendit un instant avant que le minoen ne ressorte de la tente massive et lui fasse signe qu'il pouvait entrer à son tour. Sans un mot, il écarta le pan de toile du coude et pénétra dans la yourte. Dans l'instant les discussions s'interrompirent, les trois mêmes minotaures que deux jours plus tôt se tournant vers lui. Comme un seul individu, leurs regards convergèrent vers ce que Doebroksh tenait à la main.
Pendant au bout de sa lanière de cuir, ligoté et muselé, le rapace captif scrutait son environnement avec un calme désemparant. Ses grands yeux jaunes captèrent l’intérêt que lui vouaient les hybrides et il soutint leur regard sans ciller. Ce n'est que lorsque l'étranger prit la parole que les Sha'Dzil détournèrent le regard.
- J'ai effectué votre rite, déclara-t-il d'un ton monocorde. A présent pouvons nous discuter affaires ? Comme des adultes ?
Appuyant ce dernier mot de façon théâtrale, Doebroksh leur indiquait clairement l'animosité qu'il ressentait d'avoir dû ce plier à leur caprice. Mais pas seulement. Il ressentait également de la fierté, voire même de l'orgueil, d'avoir triomphé de leur épreuve.
- Cet Aigle est vivant, répondit simplement le doyen du groupe.
Celui-là même qui avait infligé le camouflet au minotaure, allant jusqu'à le considérer comme un enfant. Toutefois, ayant désormais conscience du type d'énergumène à qui il faisait face, Doebroksh avait anticipé cette réplique. De sa main libre, il désigna le nouveau pendentif sur son torse. Plus particulièrement, il souleva du pouce les plumes nouées à celui-ci.
- J'ai ramené les plumes d'un Aigle des Baldor.
Soulevant l'intéressé plus haut, il ajouta en ignorant le cri de protestation étouffé de l'oiseau :
- J'ai également apporté la preuve que ces plumes proviennent bien d'un fils d'Atsa. C'est précisément ce que vous m'avez réclamé. Je suis désormais un adulte. Pouvons nous parler affaires ?
Avançant d'un pas, il toisa son interlocuteur qui leva la tête en plissant le regard. Le ressentiment qu'il éprouvait était perceptible. Tout deux restèrent quelques secondes à se jauger ainsi jusqu'à ce qu'un des deux autres minoens présent, plus jeune mais néanmoins plus âgé que Doebroksh, n'éclate de rire :
- Reconnaît-le Hurek, il t'a acculé sur ce coup là.
S'appuyant sur ses genoux massifs, il se releva avant de se pencher sur l'aigle captif tandis que "Hurek" détournait le regard en grommelant.
- Beau spécimen qui plus est, jugea-t-il en se redressant. Je suis surpris que tu sois parvenu à le capturer vivant, tu as largement décroché notre respect. Et le droit de marchander avec nous, Minotaure.
Doebroksh bomba le torse en abaissant le bras, sa prise commençant à lui peser. Néanmoins, il leva une main en signe de négation
- Un instant, je reviens.
Suscitant la perplexité des trois minoens, il fit volte-face et calmement ressorti de la yourte. Délicatement, il déposa l'aigle en mettant un genoux à terre. Il le maintint fermement contre le sol en défaisant ses liens. Immobile, l'animal ne le quittait pas du regard. Et lorsqu'enfin Doebroksh retira la ficelle lui nouant le bec, il déclara :
- Vole enfant d'Atsa, je te rends ta liberté.
D'un bond il s'écarta en le délivrant, l'imposant rapace roulant de côté en écartant brusquement les ailes. Sans demander son reste et en deux brassement d'ailes qui projetèrent de la poussière sur l'hybride, il prit son envol. Poussant un cri strident qui interpella tout les minotaures de la tribu Sha'Dzil présent, il vira de l'aile avant de s'éclipser dans les airs.
Satisfait, Doebroksh le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Plusieurs minoens s'étonnèrent de cette scène atypique, mais il se contenta de les ignorer. Inspirant lentement, il se retourna vers la yourte en posant la main sur sa sacoche en bandoulière contenant une partie du papier qu'il avait apporté. Son véritable travail ne faisait que commencer.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 10 Juin 2019 - 16:18
RP Métier II
- La quête des sacs à mains:
- A moitié perdu dans ses pensées, l'hybride pénétra dans l’hôtel des ventes en se frayant un chemin parmi les badauds. Cette cité le déconcertait au plus haut point. Elle n'avait évidemment pas le charme d'un camp, d'une caravane ou d'un petit village. Et contrairement à Baldorheim ou Kastalinn, la moitié des bâtiments semblait fait d'un mortier constitué de sable. Certes, la plupart des salles communes et portes étaient surdimensionnées - pour une raison qui lui échappait - mais comment diantre faisaient les visiteur pour ne pas passer à travers un mur par mégarde ? Avec la foule compacte qui semblait camper à chaque avenue qui plus est !
S'efforçant de prendre sur lui et de ne bousculer personne, Doebroksh parvint à atteindre son objectif. A savoir un panneau d'affichage accroché au mur opposé aux guichets où s'agglutinaient des dizaines d’excités tendant de vendre ou acheter leurs marchandises aux meilleurs prix. Sur ce présentoir il savait être affichés les quêtes locales, généralement bien rémunérée. Même s'il doutait que la moindre d'entre elle ne coïncide avec ses compétences, il prit le temps de les examiner. Après tout il était à la capitale pour quelques jours, jusqu'à ce que la caravane ne reparte pour le Nord. Autant profiter de ce temps libre pour explorer les alentours de la ville et se remplir la bourse.
Lorgnant par-dessus plusieurs personnes qui finirent par s'écarter craintivement en remarquant sa présence, Doebroksh fronça les sourcils. Comme il s'y attendait, la plupart de missions proposées ne l’intéressaient pas ou prendraient trop de temps. Néanmoins l'une retint son attention. Tendant la main, il décrocha l'affiche et l'examina plus en détail.
- J'serais vous j'éviterais, déclara un homme à sa droite.
- Pardon ?
Secouant la tête, turban et barbichette s'agitant de part et d'autre, il reprit :
- La dernière personne à s'être aventuré là-bas - une Stryge - a frôlé la correctionnelle. Sûr, la p'tite stryge, elle a ramené un spécimen au tanneur du coin, mais sa m'étonnerait qu'elle y retourne de sitôt et…
- De gros lézards sont si menaçant à Stellaraë ? l'interrompit le minotaure. Pourquoi les soldats ne purgent pas ces égouts en ce cas ?
Son interlocuteur balbutia un instant, mais ne répondit pas. Le ton insistant qu'il avait employé pour désigner cette personne n'avait pas échappé à l'hybride. Stellaraë était de notoriété commune cosmopolite. Mais comme l'illustrait l'intégralité des personnes présentes, elle était en vaste majorité composée d'humains.
- Tu t'crois fort parce que grand et minotaure, ricana son vis-à-vis après un instant. Tu sais quoi, si tu m'ramènes deux de ces sacs à mains je te les achète plus cher que cette récompense.
Doebroksh eut un rictus avant de lui tendre la main. L'humain considéra un instant les doigts noueux de l'hybride, la paluche faisant trois fois la taille de la sienne.
- Pas parce que je suis grand, corrigea Doebroksh en échangeant une poignée sans lui briser les phalanges. Parce que je suis un Moj'Hauk.
Quelques instants plus tard il sortait de l'édifice, l'affiche en main. Direction la sortie des égouts, seule issue par laquelle il pourrait pénétrer cet endroit.
- De multiples disparus… une chasseuse Stryge… sacs à mains… récapitula-t-il.
A cela s'ajoutait la prime pour chaque spécimen mort rapporté. Tuer des lézards pour l'argent, plutôt que par nécessité, ne l'enchantait guère. Mais d'un autre côté, ils représentaient une menace. Cependant…
- Ça fait quelle taille un crocodile ? Murmura-t-il en cherchant cette information dans le document.
- La quête des sacs à main 2:
- Étudiant les lieux d'un œil critique, le minotaure essaya de ne pas s'attarder sur les différents regards que lui jetaient les autochtones.
Évidemment, les entrées annexes étaient trop étroites pour un individu de son gabarit. Qu'ils s'agisse des regards d'évacuations des eaux usées ou des rares bouches d'égouts permettant l'accès aux souterrains. Raison pour laquelle il s'était orienté vers la sortie principale des conduits. S'il avait deviné l'endroit bien plus spacieux - comme c'était le cas à Kastalinn - il n'avait pas songé qu'il serait si peuplé. Des dizaines de personnes se trouvaient là, vêtues de haillons, les yeux cernés et la peau sur les os. Au vu de la saleté qu'ils arboraient et des paillasses crasseuses sur lesquels ils étaient assis, le contemplant béatement, ces malheureux devaient passer le plus clair de leur temps ici lorsqu'ils ne mendiaient pas dans les ruelles. Hommes, femmes, vieillards mais aussi enfants. Le minotaure fut peiner d'en trouver autant dans un tel lieu, longeant le conduit d'évacuation d'eau trouble et nauséabonde large de presque deux mètres. L'opulence de l'oasis de Stellaraë n'était nullement présente ici.
Suivant le canal, Doebroksh s'enfonça dans le souterrain, les miséreux se faisant de moins en moins nombreux. Il se retrouva finalement face à une grille de fer à moitié rouillée bloquant l'accès en avant. Celle-ci condamnait les deux quais jouxtant le fossé tout comme celui-ci, les montant de métal disparaissant dans les humeurs charriées. Un portillon pendait néanmoins sur ses gonds, dénué de serrure ou de cadenas, permettant l'accès aux boyaux. Les cornes effleurant déjà la voûte, Doebroksh estima qu'il pourrait s'y glisser et continuer sa progression, bien que celle-ci se ferait plus laborieuse. Qu'importe.
Mettant un genoux à terre, il tira un gourdin de bois de son sac à dos, ce qui provoqua un mouvement de recul de la part des malheureux proche. L'étonnement de l'hybride fut bref, réalisant que la torche qu'il confectionnait en enroulant du tissu autour du manche pouvait faire croire à une arme. Et ce malgré l'arsenal accroché à son dos ou ses hanches.
- Vous avez déjà été plus loin ? Interrogea-t-il en s'efforçant vainement de prendre une voix douce. Où sont les lézards ?
Face aux regards hagards, il insista en se redressant lentement :
- Les crocodiles. Ils sont dans une direction particulière ? Ou bien il…
Il s'interrompit. En entendant le nom de l'animal, ses interlocuteurs avaient partagés une lueur de frayeur dans leurs regards. Sans pour autant lui répondre. Le Moj'Hauk soupira en se redressant, sa torche allumée au poing. Maintenant proprement éclairés, ces pauvres hères apparaissaient plus faméliques encore, protégeant leurs yeux de leurs doigts décharnés.
Gardant ses sombres pensées pour lui, Doebroksh se glissa comme il put à travers l'ouverture et s'aventura seul en avant. A son étonnement, il entendit derrière lui la grille claquer contre son montant. En se tortillant, il parvint à voir le mendiant le plus proche qui la maintenait fermée, visiblement effrayé. Ces grilles n'étaient pas là pour les empêcher de rentrer, réalisa-t-il. Elles étaient là pour empêcher de sortir.
- Ça fait quelle taille un crocodile ? Répéta-t-il pour lui-même en reprenant son avancée.
Penché en avant pour ne pas se cogner la tête, le minotaure entendait régulièrement le tintement de sa lance contre le plafond, accrochée dans son dos. Et plus en avant, révélé par la lueur de sa torche, le chemin ne semblait pas aller en s’agrandissant. Il maugréa. Les rebords latéraux convenaient probablement aux autres bipèdes - encore fut-il qu'ils soient minces. En aucun cas les rebords ne lui permettraient de progresser plus en avant. Pas sans se salir la fourrure.
Après un regard blasé en direction de l'eau trouble, il mit la jambe dans celle-ci. A sa propre surprise, il s'enfonça jusqu'à mi-cuisse dans le liquide froid et visqueux, semblant s'accrocher à chacun de ses poils. Renâclant, il s'efforça d'ignorer les odeurs infectes prenant d'assaut ses naseaux. Ainsi que les reliefs ou obstacle en suspension sous la surface qu'il sentait sous ses sabots ou contre son cuir. Néanmoins et malgré ces facteurs, le chasseur prit note des quelques corridors adjacents mais étroits qu'il dépassait, d'où il voyait ruisseler des filets continus.
Toutefois, ce n'était ni les allées transversales et couloirs annexes, à la fois de plus en plus nombreux et plus larges, ni les fluides épais et puants dans lesquels il évoluait qui préoccupaient l'hybride. Au lieu de cela, il s'efforçait de scruter la voûte en levant haut sa torche maintenant qu'il pouvait rester redressé. Les lézards grimpant aux murs, il eut été malheureux qu'un des crocodiles ne le prenne par surprise en se laissant tomber du plafond.
- La quête des sacs à main 3:
- Doebroksh effectua un saut de côté lorsque l'éclaboussure manqua lui asperger l'épaule. Relevant le mufle en grognant, il remarqua une ouverture sombre dans le plafond menant vers la surface. Elle était aussi large que son poing et, se positionnant en-dessous lorsqu'elle cessa de goutter, il ne voyait nulle lumière. Pour ce qu'il en percevait, il pouvait très bien se trouver à plusieurs mètres sous la surface. Secouant la tête, il reprit son avancée.
Suivant les murets du regard, le minotaure constatait les changements progressifs dans la maçonnerie en plus des culs de sacs de plus en plus nombreux. Plus il progressait dans les profondeurs de la cité, plus il devenait apparent que celle-ci avait été bâtie sur les fondations d'une autre ville plus ancienne. L'Oasis avait été occupée bien avant que ne soit fondée Stellaraë. Néanmoins, l'aspect des briques, pierres et mortier n'intéressait nullement l'hybride qui à ce moment s'attarda plutôt sur des formes visibles au ras du sol. Sur le rebord du conduit d'eau où il évoluait. Levant sa torche, il s'approcha en se penchant pour examiner ces traces.
Une empreinte de chaussure. Imprimée dans une humeur séchée. Elle était plus petite que la paluche du minotaure et jouxtait une traînée de cette même humeur se dirigeant vers la sortie d'où il venait. Doebroksh garda le silence en s'avançant, les éclaboussures sur la paroi et plus en avant racontant au trappeur ce qu'il s'était déroulé ici. Mais même sans son expérience, on pouvait deviner qu'il se tenait là où la Stryge avait trouvé son reptile et qu'il s'agissait de sang sec, étalé partout. Il était donc sur la bonne piste. Toutefois, quelques pas plus loin, ce qu'il trouva le laissa perplexe. Les traces dans le sang étaient circulaires, comme si quelque chose s'était roulé dans les fluides du crocodile tué. Et plus loin encore un jeu d'empreintes. Aussi volumineuses que ses sabots cette fois, pourvues de quatre doigts griffus. Trois empreintes, puis deux plus loin avant de retrouver l'eau calme avec une nouvelle traînée de sang coagulé. Doebroksh fronça les sourcils d'incompréhension. Le crocodile s'était redressé sur deux membres avant de se traîner jusqu'à l'eau ? Plus en avant, une timide lueur se reflétait sur la surface. Saisissant sa hache, il s'avança prudemment. Il commençait à y avoir beaucoup d'inconnues dans cette traque et le chasseur avait la désagréable impression de lentement devenir la proie.
Doebroksh déboucha dans une vaste salle circulaire. Un rebord trop étroit pour lui permettait d'en effectuer le tour tandis qu'une plate-forme plus ou moins ronde trônait en plein centre. Il n'aurait su dire quelle fut son utilité alors que les fluides de la surface s’écoulaient paresseusement atours, déversés par cinq autres conduits. Quatre, se reprit-il en constatant que l'un d'eux était muré après seulement quelques mètres. En hauteur, à plus de dix mètres du sol, une épaisse grille laissait passer le filet de lumière qu'il avait aperçu plus tôt. Probablement se trouvait-il sous un square ou un ancien puits, les habitants ignorant la présence de cet endroit sous leurs pieds. Attentif, il examina les murs et le plafond. Mais toujours pas de crocodile, à son grand désarroi. Il lui faudrait emprunter l'un des autres conduits et continuer d'explorer ce dédale.
Contournant l’îlot central, le Moj'Hauk leva le museau en quête de filet d'airs frais. L'odeur ici-bas était pestilentielle, néanmoins il parvenait à discerner quelques odeurs particulières. La cendre de la torche qu'il portait devant lui, le sang caillé d'où il venait et dans deux couloirs ainsi que … des effluves de tortue ? Réfléchissant rapidement, Doebroksh devina qu'il venait de flairer sa proie. Les tortues croisées sur les marchands d'animaux vivants au bazar de Stellaraë avaient une odeur particulière, approchant celle qu'il flairait à cet instant. N'ayant jamais vu de crocodile ou reniflé de lézard, il ne pouvait qu'attribuer ce qu'il flairait à ses cibles. Toutefois, une autre fragrance l'interpella. Humant à plein naseaux, il entrouvrit la bouche en pivotant. Sur l'un des couloirs voisin, adjacent à celui condamné, il flairait… un mélange de Jasmin, Iris et quelque autre fleur appréciée de la gent féminine…
- Parfum ? Murmura-t-il en s'avançant dans cette direction, perplexe.
Une grande éclaboussure lui aspergea soudain le torse et le visage. Avant qu'il n'ait le temps de réagir, une douleur lancinante vint happer le poignet du minotaure. Il échappa sa torche qui s'éteignit au contact de l'eau avec un sifflement étouffé. Doebroksh manqua basculer en avant, tiré par la créature qui pesait de tout son poids sur son membre blessé. Il ne pouvait discerner son ennemi et lutta pour conserver un semblant d'équilibre. Beuglant à plein poumons, le Moj'Hauk frappa à l'aveuglette de son bras libre. Au troisième coup la lame atteignit sa cible l'ayant déjà traîné dans l'eau jusqu'à l'épaule. Malgré le choc grandement absorbé par le liquide épais, il sentit la prise de la créature se relâcher sur son bras. Pour autant, le minotaure ressentait clairement ses crocs continuer à lui fouiller la chair.
La surprise passée, il gronda de colère en jetant sa hache sur la plate-forme. L'instant suivant il s'y jetait à son tour, bras tendu, et roula sur la pierre jonchée de détritus. Dans sa rotation il entraîna de tout son poids la chose vers la surface. Il parvint à la hisser en partie avec lui à l'air libre. Posant la main droite sur le sol, Doebroksh parvint à poser un genou à terre. Puis son sabot opposé. Ses appuis retrouvés, il tourna son mufle vers son agresseur qu'il ne pouvait que vaguement discerner dans la pénombre. Brusquement il sentit la gueule claquer à nouveau, l'attrapant plus bas cette fois et lui gobant la main. La bête tentait de le ramener à l'eau. Mais malgré la force terrifiante exercée, le minotaure n'était pas en reste. Et cette fois, les crocs étaient plantés dans son brassard.
Renâclant, il referma ses doigts sur la langue du reptile qu'il tira en sens inverse. Un terrible duel de force s'opéra entre eux. De sa main libre, il cherchait à tâtons sa hache qu'il avait jeté plus tôt. Après quelques secondes de lutte intense, sa paume se posa sur le manche de l'arme. L'instant d'après il frappait le crâne du monstre avec un rugissement sauvage. La pression sur son poignet s'envola comme sa proie cherchait désormais à fuir. Mais il ne lui laissa pas ce loisir. Tenant fermement la langue du crocodile, il frappa à nouveau à la base du crâne.
La bête était agitée de spasmes d'agonie lorsqu'il parvint à allumer une nouvelle torche, dégoulinant d'humeurs visqueuses et écœurantes. Haletant, il réalisa l'ampleur de sa méprise. Le reptile brun-vert qu'il avait sous les yeux mesurait presque trois mètres et semblait avoir encore une bonne moitié du corps immergée. Cet animal se révélait bien plus grand que lui. Et chose rare, probablement aussi lourds. Surtout, ce prédateur n'était clairement pas capable de grimper aux murs comme les lézards. Cet assaut soudain l'en avait persuadé, il devait au contraire exceller dans les embuscades aquatiques.
Grimaçant, il délaissa un instant l'imposant reptile pour observer sa blessure. Les crocs de l'alligator mesuraient facilement six ou sept centimètre et lui avaient copieusement labouré le poignet. Sa fourrure était poisseuse, des filets écarlate traçant plusieurs sillons dans les immondices déposés sur le cuir de son brassard. Néanmoins, même s'il n'échapperait pas à une infection, il repoussa son examen à plus tard. Comme celui de la bête agonisante d'ailleurs. Un doute trop affreux lui nouait les entrailles.
Levant une nouvelle fois la torche, debout sur la plate-forme, il éclaira le couloir d'où provenait cette fragrance qu'il avait capté. Celui-ci se prolongeait plus loin et se perdait dans les ténèbres. Toutefois, dans un tas de déchets sur le rebord, à quelques mètres seulement, il remarqua ce qu'il craignait découvrir : des ossements. Dont un crâne humain.
Un frisson glacial lui remontant le long de l'échine, il remisa sa hache à sa hanche et décrocha sa lance de son dos avant de sauter dans le couloir et éclabousser les parois. Il n'était plus question d'être discret à présent. Flairer un parfum dans ces effluves répugnantes trahissait certainement une présence récente. Et ces animaux semblaient particulièrement hostiles, sûrement affamés. Plantant vigoureusement ses sabots dans la vase à chaque pas, il progressa rapidement, torche haute dans son poing tremblant et la lance pointée vers l'eau tel un harpon.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 22 Juil 2019 - 15:11
Today ce n'est pas un récit que je partage mais mon retour vis à vis de deux plate-forme de partage de récits en ligne. Ce que nous pourrions appeler des "réseaux sociaux pour auteurs" en somme.
J'ai donc testé Wattpad et Scribay. Si de premier abord les deux sont bien différents dans le design, ils présentent exactement les mêmes propriétés en ce qui nous concerne.
Dans les deux cas, partager du contenu, créer un arc narratif et le mettre a jour est d'une simplicité enfantine. Là-dessus bravo. Cependant là où le bas blesse, c'est sur les outils mis à disposition pour la mise en page. Je ne comprends pas comment des sites se prétendants "partage de récits" puissent avoir si peu d'option.
Je sais pas, pour ce genre de site j'aurais attendu la possibilité de modifier la police ou la taille de caractère. Certes je ne l'utilise pas beaucoup mais pour les plus motivés qui commencent tout leur paragraphes avec une lettre calligraphiée c'est top. Ensuite une mini-fonction de correction orthographique ne serait pas du luxe. Je ne réclame pas du word et mozilla/chrome sont très bon, mais ce n'est pas leur spécialité le partage de contenu et du ciblage sur erreur courante d'UNE langue n'est pas la mer à boire. Impossible également d'insérer une ch'tite image : si j'écris un polar autour d'une enquête scientifique et que partager une formule parait pertinent pour visualiser l'équation simplement, bonne chance... C'est un cas extrême je le reconnais, mais réel. Je ne vais toutefois pas être mauvaise langue, la présence de la tabulation dans les deux site SA FAIT DU BIEN par rapport aux forums
Maintenant passons à l'évolution en communauté. Pour le coup les fonctions de commentaire de textes d'autres auteurs ça c'est un bon point, communs aux deux plate-forme. Il suffit de surligner la section ou le texte qui coince et de poser le commentaire. Cependant cela va induire un effet pervers bien courant sur les réseaux sociaux : si tu ne me balances pas de like je ne t'en balance pas. En gros si vous n'allez pas commenter un peu partout les textes d'autrui, aucune chance pour que quelqu'un vienne vous aider vous. C'est donnant-donnant. Normal me direz vous.
Cependant niveau visibilité, pour nous qui écrivons dans un domaine de niche... là c'est la catastrophe. Une poignée de vues sur scribay et aucune sur wattpad. Or pas de vues, pas de like ou commentaires. En passant des heures à donner de ma personne un peu partout sans doute je parviendrais à changer cela et décoller un peu... mais j'en doute fortement là aussi. Pourquoi ?
Visiblement, ce que recherchent les membres ne correspond pas tout à fait à ce que nous nous proposons. La bit-lit (littérature de morsure, les histoires de lycans/vampires pour ados (coucou twilight)), paranormal-romance, les fan-fic érotique ou la romance tout court sont clairement ce qui marche. Ce n'est pas un reproche, il en faut pour tout les goûts. Mais de toute évidence ce n'est pas pour nous et même s'il existe des sections warhammer/vampire/fantasy un peu plus mature, il faut les chercher très loin. Or ce n'est pas dit que la-dite poignée d'auteurs soit réceptive même en contribuant à améliorer leurs travaux... De plus, comme sur tout réseau social, pour rester visible il faut produire souvent et régulièrement. Quitte à ce que la qualité/quantité de chaque post soit moindre. Là encore, ce n'est pas notre mentalité.
Enfin, tout ceci pour conclure qu'en fait si l'on veut partager des textes comme nous le faisons, sur forum et dans une communauté bien ciblée MAIS qui n'a pas besoin de se chercher et donner de sa personne pour trouver des réponses/produire de la qualité... ce n'est pas si mal
J'ai donc testé Wattpad et Scribay. Si de premier abord les deux sont bien différents dans le design, ils présentent exactement les mêmes propriétés en ce qui nous concerne.
Dans les deux cas, partager du contenu, créer un arc narratif et le mettre a jour est d'une simplicité enfantine. Là-dessus bravo. Cependant là où le bas blesse, c'est sur les outils mis à disposition pour la mise en page. Je ne comprends pas comment des sites se prétendants "partage de récits" puissent avoir si peu d'option.
Non mais sans déconner, Wattpad a même pas d'outil intégré pour les dialogues ni justification...
Je sais pas, pour ce genre de site j'aurais attendu la possibilité de modifier la police ou la taille de caractère. Certes je ne l'utilise pas beaucoup mais pour les plus motivés qui commencent tout leur paragraphes avec une lettre calligraphiée c'est top. Ensuite une mini-fonction de correction orthographique ne serait pas du luxe. Je ne réclame pas du word et mozilla/chrome sont très bon, mais ce n'est pas leur spécialité le partage de contenu et du ciblage sur erreur courante d'UNE langue n'est pas la mer à boire. Impossible également d'insérer une ch'tite image : si j'écris un polar autour d'une enquête scientifique et que partager une formule parait pertinent pour visualiser l'équation simplement, bonne chance... C'est un cas extrême je le reconnais, mais réel. Je ne vais toutefois pas être mauvaise langue, la présence de la tabulation dans les deux site SA FAIT DU BIEN par rapport aux forums
Maintenant passons à l'évolution en communauté. Pour le coup les fonctions de commentaire de textes d'autres auteurs ça c'est un bon point, communs aux deux plate-forme. Il suffit de surligner la section ou le texte qui coince et de poser le commentaire. Cependant cela va induire un effet pervers bien courant sur les réseaux sociaux : si tu ne me balances pas de like je ne t'en balance pas. En gros si vous n'allez pas commenter un peu partout les textes d'autrui, aucune chance pour que quelqu'un vienne vous aider vous. C'est donnant-donnant. Normal me direz vous.
Cependant niveau visibilité, pour nous qui écrivons dans un domaine de niche... là c'est la catastrophe. Une poignée de vues sur scribay et aucune sur wattpad. Or pas de vues, pas de like ou commentaires. En passant des heures à donner de ma personne un peu partout sans doute je parviendrais à changer cela et décoller un peu... mais j'en doute fortement là aussi. Pourquoi ?
Visiblement, ce que recherchent les membres ne correspond pas tout à fait à ce que nous nous proposons. La bit-lit (littérature de morsure, les histoires de lycans/vampires pour ados (coucou twilight)), paranormal-romance, les fan-fic érotique ou la romance tout court sont clairement ce qui marche. Ce n'est pas un reproche, il en faut pour tout les goûts. Mais de toute évidence ce n'est pas pour nous et même s'il existe des sections warhammer/vampire/fantasy un peu plus mature, il faut les chercher très loin. Or ce n'est pas dit que la-dite poignée d'auteurs soit réceptive même en contribuant à améliorer leurs travaux... De plus, comme sur tout réseau social, pour rester visible il faut produire souvent et régulièrement. Quitte à ce que la qualité/quantité de chaque post soit moindre. Là encore, ce n'est pas notre mentalité.
Enfin, tout ceci pour conclure qu'en fait si l'on veut partager des textes comme nous le faisons, sur forum et dans une communauté bien ciblée MAIS qui n'a pas besoin de se chercher et donner de sa personne pour trouver des réponses/produire de la qualité... ce n'est pas si mal
- MagnanXXIIIKasztellan
- Nombre de messages : 915
Date d'inscription : 25/08/2015
Palmares : Champion des Armes 2019
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 25 Juil 2019 - 11:28
Merci pour cette enquête autour de ces plateformes détective vg11k
Le seul intérêt que je vois de ces deux sites, ce serait uniquement le côté plateforme, publier un récit et puis partager le lien sur le forum/discord en ignorant toute la partie réseau social. L’avantage serait d'avoir une plateforme dédié au récit avec les outils qui vont avec. Sauf que... comme tu l'as souligné, les outils de textes ont l'air assez limité
Mais j'ai l'impression qu'il faut obligatoirement crée un compte sur ces sites pour pouvoir visualiser les textes. Et du coup je ne vois plus vraiment l’intérêt... Peut être que sur le forum c'est moche, c'est structuré par post et non par page, pour obtenir un pdf il faut cliquer sur un pauvre lien dropbox/google drive etc. Mais au moins c'est visible à tous, inscrits comme étrangers. Tu peux partager le lien du sujet à ton ami et il pourra le lire sans devoir s'inscrire sur le forum.
Le seul intérêt que je vois de ces deux sites, ce serait uniquement le côté plateforme, publier un récit et puis partager le lien sur le forum/discord en ignorant toute la partie réseau social. L’avantage serait d'avoir une plateforme dédié au récit avec les outils qui vont avec. Sauf que... comme tu l'as souligné, les outils de textes ont l'air assez limité
Mais j'ai l'impression qu'il faut obligatoirement crée un compte sur ces sites pour pouvoir visualiser les textes. Et du coup je ne vois plus vraiment l’intérêt... Peut être que sur le forum c'est moche, c'est structuré par post et non par page, pour obtenir un pdf il faut cliquer sur un pauvre lien dropbox/google drive etc. Mais au moins c'est visible à tous, inscrits comme étrangers. Tu peux partager le lien du sujet à ton ami et il pourra le lire sans devoir s'inscrire sur le forum.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mar 18 Aoû 2020 - 13:44
Durant le confinement, une partie de jeu de rôle a manquée être montée entre amis irl sur un jeu qui de mon avis a tout à fait sa place ici : Vampire, l'Age des Ténèbres. Partie qui n'aura pas lieu, mais j'ai eut envie de partager mon perso
Pour le topo, Vampire la Mascarade est un jeu de rôle qui a soufflé ses vingt bougies et se déroule dans notre monde. Ou du moins, notre monde tel qu'on ne le connait pas. En effet, dans ce monde les vampires descendant de Cain ont infiltré chaque strates de notre société et tirent les ficelles de notre quotidien. Et ce depuis l'aube de la civilisation. Chaque grande guerre a eut son niveau d'implication des suceurs de sang et aujourd'hui encore, ils hantent nos nuits, s'étant établis dans chaque métropoles, villes voire village, se nourrissant des pauvres mortels que nous sommes. Également, les différents clans vampiriques sont divisés. Suite à l’essor de l'inquisition et l'époque de la chasse aux sorcières, les vampires ont déployés ce qu'ils nomment "la mascarade" afin que les mortels oublient jusqu'à leur existence. Qu'ils deviennent un mythe et puisse vivre dans l'ombre de l'humanité. Mais tout les clans ne respectent pas celle-ci.
Je ne m'attarderais pas plus que cela sur cet univers qui inclue également la lycanthropie ou des écoles de mage humaine tout bonnement parce que je n'en suis pas particulièrement familier encore. Rien que dans ce résumé grossier j'ai dû dire pas mal de bêtises, mais passons.
Vampire, l'Age des Ténèbres se déroule avant la Mascarade. A un age où les vampires ont pratiquent rendu public leur existence et donné naissance à l'inquisition. Au moyen-age plus précisément, en 1242. Certains des seigneurs vampirique en place sont destinés à régner huit cent ans plus tard dans la version contemporaine du jeu... ou pas. En fonction des choix du maître du jeu et des joueurs, l'avenir peut changer. La mascarade peut ne jamais être déployée. Notre présent peut ne pas être l'avenir de nos personnages.
Si ce contexte vous intéresse, je vais vous inviter à googler et vous renseigner par vous-même. Je préfère ne pas donner de lien - là encore je ne suis pas particulièrement à l'aise vis à vis du fluff - afin de ne pas rediriger vers des bêtises. Aussi, tout comme warhammer et la plupart des univers appropriés par les fans, il y a du contenu qui prête à controverse et la communauté est divisée...
Enfin pour terminer la présentation, le Monde des Ténèbres (qui englobe Vampire, Loups-Garous et les autres jeu de cet univers) ont inspirés des séries et films comme Underworld ou Supernatural.
Un peu de BG
Mon vampire se nomme Virgile Arch-lico.
Son village natal se trouve en Europe de l'Est, près de la frontière entre les actuelles Serbie et Hongrie. Humain, Virgile était à l'origine un forgeron - orfèvre. Il réalisait des boucles, broches, étriers… des pièces complexes plutôt que des armes et armures barbares. Le vampire qui l'étreignit trouvait ses travaux intéressants et perçut son potentiel créatif.
Quelques années plus tard, lui et ses deux épouses rencontrèrent leur fin lorsqu'il perdit le contrôle de leur dernière création. Création que Virgile trouva déjà décédée à côté de leurs restes. Il conserva un temps le domaine, mais le retour de garous que les création de son ainé tenaient éloignés l'obligèrent à quitter les carpates, emportant l'or, les documents et recherches ainsi qu'autant de terre natale qu'il put emporter.
Il acheta un domaine en France près de st Aubin pour repartir sur de nouvelles bases loin de l'héritage de son père, entre une petite rivière du nom de Cosson et une multitude d'étangs.
C'est là, non loin de la cité d'Orléans, que Virgile entreprit de trouver sa place dans la société vampire locale, déjà bien établie depuis des siècles.
Un bout de fiche
Le père vampire de Virgile était un Tzimisce et par conséquent, lui aussi appartient à ce clan. Les Tzimisce sont des seigneurs des montagnes de Transylvanie qui façonnent la chair. Les Démons modifient leur corps et même leurs terres pour repousser les intrus.
Toutefois, ayant été étreint il y a encore peu, il n'a pas commencé à transformer sa propre chair comme le font souvent les vampires de ce clan à l'aide d'un talent devenu signature : la Vissicitude. Du moins, en quittant les Carpates, ce n'était pas le cas.
De nature, Virgile est un visionnaire. Tout pour lui n'est que possibilités, chemins à emprunter et occasions à saisir. Il ose envisager ce que peu ont l'ambition d'imaginer et aspire au progrès, quitte à lui-même devoir être source d'innovation. Il y a tant à accomplir dans ce monde qui n'attends que lui... ce qui transpire sans son attitude publique. Véritable architecte, Virgile aspire à bâtir des projets imposants et durable, qui servira à lui comme aux mortels des générations à venir. Et le fait qu'il ai désormais l'éternité pour procéder est une bénédiction. Il a ainsi le temps de perfectionner ses compétences et affiner ses idées afin d'établir un socle solide, assez pour supporter ce qu'il y construira. Quoi que se soit.
Son père vampirique se nommait Yasen Janov et était un caïnite de neuvième génération. Ce qui fait de Virgile un vampire de dixième génération. Le sang de Cain qui coule dans ses veines s'en trouve moins dilué que dans celles de certains Caïnites plus ages que lui, conférant une arrogance certaine au Tzimisce. Mais il reste prudent, soucieux de ne pas risquer ses projets avant même de les avoir entamé.
Les principales capacités surnaturelles de Virgile sont l'Auspex et la Vissicitude. Ses sens sont développés bien au-delà de ceux des mortels, lui permettant même de discerner les émotions intérieurs de ses interlocuteurs à leur aura. Quand à l'art ancestral de son clan vampirique, il peut altérer son apparence ou celle de ses sujets avec une facilité effarante, la chair devenant de l'argile qui modèle aussi facilement que le métal qu'il manipule à la forge.
Historique
Arrivé depuis peu à St. Aubin, Virgile n'a pourtant pas mit très longtemps à établir des contacts avec les autochtones. La langue française est simple à maîtriser et ses talents d’orfèvres lui assurent un contact facile. En permanence, il peut se sustenter auprès d'une dizaine de mortels qui ne se méfieront pas de lui. Ni se souviendront qu'il ai consommé leur essence. Sur ce point, il a la chance de ne pas devoir se battre pour chasser. Il lui arrive régulièrement d'aller chasser au Sud d'Orléans, près de "l'Abime", une source autour de laquelle plusieurs villages se sont développés.
En partant du domaine de son Maître, Virgile a emporté ses effets personnels et des ressources suffisantes pour s'offrir un modeste domaine. Mais également, il vint avec une unique servante. Mulan. Sa famille - qui inclue une branche mongole, ce que trahissent ses traits - était au service de Janov depuis plusieurs générations. Elle n'a pas posé de question lorsqu'il décida de migrer vers un pays moins agité. C'est donc en France désormais que sert cette femme d'une quarantaine d'années, s'occupant des jardins et plantations en plus de tenir la demeure. Un jour peut-être demandera-t-elle l'autorisation de procréer, fonder une famille. Virgile sera alors libre d'accepter ou refuser, de garder sa descendance à son service ou l'affranchir. Mais la question ne se pose guère. Elle n'a pas beaucoup de contacts en-dehors du domaine et a des difficultés à assimiler la langue.
Elle n'est pas la seule personne au service de Virgile toutefois, bien que la seule ayant traversé l'Europe à ses côtés. A la garde du domaine, le caïnite s'est offert les services d'un hommes-d'arme local lui faisant office de gardien. Pseudo-soldat n'ayant pas la foi, celui-ci sert sans poser de question tant que sa bourse ne se vide pas. Néanmoins, Virgile perçoit chez lui une loyauté suffisante pour garder ce mercenaire à son service et lui révéler sa nature. Il lui a même proposé de partager son sang, d'en faire une goule qui vivrait bien plus longtemps que ne le permet son espérance de vie mortelle. Mais pour quelques raisons, il refusa, satisfait de sa vie dénuée d'ambition.
Ce n'est pas le cas de Johann qui embrassa sans discuter l'offrande. Véritable homme à tout faire, il ne rechigne pas à effectuer les tâches les plus disgracieuses que même Basil refuserait. A l'origine, Virgile le transforma en goule à son arrivée en France afin de s'assurer un serviteur dévoué connaissant la région et la populace. Il avait l'intention de s'en débarrasser une fois établit, mais il s'avéra que Johann est un commerçant capable à la langue mielleuse. Il sait marchander les créations de Virgile au prix fort et obtenir des tarifs avantageux des maraichers locaux. Tant et si bien qu'il est aujourd'hui encore au service du Caïnite. (Note Méta : Johann est le perso d'un autre joueur qui souhaitait être une goule asservie).
Comme évoqué précédemment, Virgile a dépensé la majeure partie des biens de Janov pour venir en France et s'offrir un domaine modeste où se trouve sa demeure. Celle-ci dispose d'une seule chambre d'hôte, les trois autres étant occupées par Mulan, Basil, Johann. Virgile lui n'en a pas l'utilité, s'étant aménagé une pièce au sous-sol où se trouve sa terre natale, juxtaposée à son laboratoire dissimulé à l’abri des regards indiscrets. Le-dit sous-sol est d'ailleurs plus plus étendu que ne le laisse supposer la taille du batiment. Pour autant, la demeure n'est pas très luxueuse, suffisante pour leur quotidien, mais les grosses dépenses sont rares. A noter la présence d'un sellier, d'une humble forge et d'abris pour les chevaux employé lors des voyages à St.Aubin et Orléans. Néanmoins, les animaux ne sont que très rarement hébergés sur place et sont plutôt empruntés par Basil à une écurie de St.Aubin, pour la simple raison que les bêtes s'agitent en présence de Johann et que celui-ci éprouve une répulsion mutuelle à leur égard. Une carriole toutefois reste dans son abris pour les voyages du Caïnite. Le reste du domaine n'est que potager et un morceau de pelouse, le reste étant partagé entre bosquets difficilement praticables et étangs.
Le domaine est localisé précisément à 22km d'Orléans et 1km de St.Aubin, à un jet de pierre du Cosson, en amont du village et jouxtant de multiples étangs. (Note méta : ce lieu existe réellement et un château a été construit depuis la date où se déroule le jeu. J'ai choisit cet endroit parce que je le connais, ayant de la famille dans les parages. Ce qui m'a facilité la tâche, notre partie étant prévue pour se dérouler à Orléans).
Description
Virgile est un artiste. Et cela se retrouve dans la passion qu'il insuffle à ses créations, que se soit à la forge ou sur des carcasses d'animaux dans son laboratoire. Il prends toutefois son temps pour modifier son propre corps : il ne faut pas bâcler le travail et il a accepté qu'il avait beaucoup de temps pour s'améliorer. Cela ne veut pas dire qu'il n'a pas commencé :
- Physiquement lorsque l'on observe Virgile, l'on remarque qu'il a une bouche très large bien que ne soit pas flagrant. L'ouverture remonte ses joues en direction de ses oreilles d'un doigt de plus que cela devrait, de chaque côté du visage. La vérité est qu'il peut aujourd'hui se décrocher la mâchoire comme le font les serpents, bien qu'il ne le fasse jamais publiquement.
- Virgile est aussi affublé de longs doigts. Trop longs par rapport à ses mains pour être naturels, toutefois cela nécessite là encore une observation attentive du caïnite.
En dehors de cela, il n'a pas de trait notable et son physique comme ses tenues restent très quelconque, l'aidant à passer inaperçu dans la nuit.
Atouts et handicaps
Alphabétisation : Virgile est un savant, capable de lire et écrire avec aisance dans sa langue maternelle, en latin ou dans tout autre langue qui connait.
Langue : Grace à la patience, l'étude et son immersion linguistique, Virgile est capable de parler le Francais avec l'aisance d'un natif.
Chanceux : Virgile en est conscient, il est né et a été étreint sous une bonne étoile. Même s'il ne tente jamais sa chance, tout son parcours jusqu'à aujourd'hui s'est déroulé sans accrocs ou presque et, les rares fois où il s'est rendu à une maison de jeu d'Orléans, il en est toujours ressorti pour riche qu'à son entrée.
Medium : les fantômes, esprits et ombres parlent à Virgile. Il s'agit d'une faculté dont il bénéficiait déjà de son vivant, bien qu'elle se soit considérablement développée suite à son étreinte. En passant du temps à méditer, il peut dialoguer et demander de l'aide aux esprits le visitant, généralement sous forme d'information en échange de quelques services.
Sommeil lourd : lorsque le sommeil le prends, il ne le lâche plus et le précipite dans les profondeurs insondables du royaume de Morphée.
Proie taboue : pour une raison qu'il refuse de révèler, Virgile refusera de se nourrir du sang d'incroyants. S'il venait à prendre ce genre d'individus pour cible, il entrerait dans une frénésie primitive.
Rivalité : l'arrivée de Virgile dans la région n'a pas été du goût de tout le monde. Un autre orfèvre était déjà établit près de l'Abime et ne supporte pas l'idée d'avoir un concurrent talentueux officiant si près.
Territorial : En prenant possession de son domaine, Virgile a directement revendiqué le contrôle de la moitié de St.Aubin et des mortels qui s'y trouvent avec une ferveur irrationnelle. S'il venait à rencontrer un autre caïnite chassant dans cette partie du village, il entrerait là encore dans une frénésie primitive. Même dans l'hypothèse que se ne soit pas le cas, l'idée seule d'une telle intrusion suffit à le rendre violent. Pourtant, cette notion même de territoire n'a de sens que pour lui puisqu'il ne l'a nullement réclamé aux clans vampiriques établis à la métropole.
Absence de reflet : A la manière d'un monstre tout droit sorti d'une histoire de fantômes, le visage de Virgile ne se reflète pas dans les miroirs, l'eau stagnante, les lames ou tout autre surface réfléchissante. Cette tare l'oblige à recourir à Mulan ou Johann pour peaufiner son apparence, le caïnite ne pouvant par conséquent s’occuper lui-même de celle-ci.
Contact glacé : un halo glacé entoure Virgile. Au moindre contact, les plantes se flétrissent et meurent. De plus, s'il se tient trop longtemps à proximité d'eau stagnante, celles-ci se mettent à geler. Pour ces raisons, il ne se hasarde que rarement dans les jardins de Mulan ou près des étangs de son domaine, où régulièrement vont pêcher Basil, Johann et quelques mortels du village ayant son autorisation.
*
Pour le topo, Vampire la Mascarade est un jeu de rôle qui a soufflé ses vingt bougies et se déroule dans notre monde. Ou du moins, notre monde tel qu'on ne le connait pas. En effet, dans ce monde les vampires descendant de Cain ont infiltré chaque strates de notre société et tirent les ficelles de notre quotidien. Et ce depuis l'aube de la civilisation. Chaque grande guerre a eut son niveau d'implication des suceurs de sang et aujourd'hui encore, ils hantent nos nuits, s'étant établis dans chaque métropoles, villes voire village, se nourrissant des pauvres mortels que nous sommes. Également, les différents clans vampiriques sont divisés. Suite à l’essor de l'inquisition et l'époque de la chasse aux sorcières, les vampires ont déployés ce qu'ils nomment "la mascarade" afin que les mortels oublient jusqu'à leur existence. Qu'ils deviennent un mythe et puisse vivre dans l'ombre de l'humanité. Mais tout les clans ne respectent pas celle-ci.
Je ne m'attarderais pas plus que cela sur cet univers qui inclue également la lycanthropie ou des écoles de mage humaine tout bonnement parce que je n'en suis pas particulièrement familier encore. Rien que dans ce résumé grossier j'ai dû dire pas mal de bêtises, mais passons.
Vampire, l'Age des Ténèbres se déroule avant la Mascarade. A un age où les vampires ont pratiquent rendu public leur existence et donné naissance à l'inquisition. Au moyen-age plus précisément, en 1242. Certains des seigneurs vampirique en place sont destinés à régner huit cent ans plus tard dans la version contemporaine du jeu... ou pas. En fonction des choix du maître du jeu et des joueurs, l'avenir peut changer. La mascarade peut ne jamais être déployée. Notre présent peut ne pas être l'avenir de nos personnages.
Si ce contexte vous intéresse, je vais vous inviter à googler et vous renseigner par vous-même. Je préfère ne pas donner de lien - là encore je ne suis pas particulièrement à l'aise vis à vis du fluff - afin de ne pas rediriger vers des bêtises. Aussi, tout comme warhammer et la plupart des univers appropriés par les fans, il y a du contenu qui prête à controverse et la communauté est divisée...
Enfin pour terminer la présentation, le Monde des Ténèbres (qui englobe Vampire, Loups-Garous et les autres jeu de cet univers) ont inspirés des séries et films comme Underworld ou Supernatural.
*
Un peu de BG
Mon vampire se nomme Virgile Arch-lico.
Son village natal se trouve en Europe de l'Est, près de la frontière entre les actuelles Serbie et Hongrie. Humain, Virgile était à l'origine un forgeron - orfèvre. Il réalisait des boucles, broches, étriers… des pièces complexes plutôt que des armes et armures barbares. Le vampire qui l'étreignit trouvait ses travaux intéressants et perçut son potentiel créatif.
Quelques années plus tard, lui et ses deux épouses rencontrèrent leur fin lorsqu'il perdit le contrôle de leur dernière création. Création que Virgile trouva déjà décédée à côté de leurs restes. Il conserva un temps le domaine, mais le retour de garous que les création de son ainé tenaient éloignés l'obligèrent à quitter les carpates, emportant l'or, les documents et recherches ainsi qu'autant de terre natale qu'il put emporter.
Il acheta un domaine en France près de st Aubin pour repartir sur de nouvelles bases loin de l'héritage de son père, entre une petite rivière du nom de Cosson et une multitude d'étangs.
C'est là, non loin de la cité d'Orléans, que Virgile entreprit de trouver sa place dans la société vampire locale, déjà bien établie depuis des siècles.
Un bout de fiche
Le père vampire de Virgile était un Tzimisce et par conséquent, lui aussi appartient à ce clan. Les Tzimisce sont des seigneurs des montagnes de Transylvanie qui façonnent la chair. Les Démons modifient leur corps et même leurs terres pour repousser les intrus.
Toutefois, ayant été étreint il y a encore peu, il n'a pas commencé à transformer sa propre chair comme le font souvent les vampires de ce clan à l'aide d'un talent devenu signature : la Vissicitude. Du moins, en quittant les Carpates, ce n'était pas le cas.
De nature, Virgile est un visionnaire. Tout pour lui n'est que possibilités, chemins à emprunter et occasions à saisir. Il ose envisager ce que peu ont l'ambition d'imaginer et aspire au progrès, quitte à lui-même devoir être source d'innovation. Il y a tant à accomplir dans ce monde qui n'attends que lui... ce qui transpire sans son attitude publique. Véritable architecte, Virgile aspire à bâtir des projets imposants et durable, qui servira à lui comme aux mortels des générations à venir. Et le fait qu'il ai désormais l'éternité pour procéder est une bénédiction. Il a ainsi le temps de perfectionner ses compétences et affiner ses idées afin d'établir un socle solide, assez pour supporter ce qu'il y construira. Quoi que se soit.
Son père vampirique se nommait Yasen Janov et était un caïnite de neuvième génération. Ce qui fait de Virgile un vampire de dixième génération. Le sang de Cain qui coule dans ses veines s'en trouve moins dilué que dans celles de certains Caïnites plus ages que lui, conférant une arrogance certaine au Tzimisce. Mais il reste prudent, soucieux de ne pas risquer ses projets avant même de les avoir entamé.
Les principales capacités surnaturelles de Virgile sont l'Auspex et la Vissicitude. Ses sens sont développés bien au-delà de ceux des mortels, lui permettant même de discerner les émotions intérieurs de ses interlocuteurs à leur aura. Quand à l'art ancestral de son clan vampirique, il peut altérer son apparence ou celle de ses sujets avec une facilité effarante, la chair devenant de l'argile qui modèle aussi facilement que le métal qu'il manipule à la forge.
Historique
Arrivé depuis peu à St. Aubin, Virgile n'a pourtant pas mit très longtemps à établir des contacts avec les autochtones. La langue française est simple à maîtriser et ses talents d’orfèvres lui assurent un contact facile. En permanence, il peut se sustenter auprès d'une dizaine de mortels qui ne se méfieront pas de lui. Ni se souviendront qu'il ai consommé leur essence. Sur ce point, il a la chance de ne pas devoir se battre pour chasser. Il lui arrive régulièrement d'aller chasser au Sud d'Orléans, près de "l'Abime", une source autour de laquelle plusieurs villages se sont développés.
En partant du domaine de son Maître, Virgile a emporté ses effets personnels et des ressources suffisantes pour s'offrir un modeste domaine. Mais également, il vint avec une unique servante. Mulan. Sa famille - qui inclue une branche mongole, ce que trahissent ses traits - était au service de Janov depuis plusieurs générations. Elle n'a pas posé de question lorsqu'il décida de migrer vers un pays moins agité. C'est donc en France désormais que sert cette femme d'une quarantaine d'années, s'occupant des jardins et plantations en plus de tenir la demeure. Un jour peut-être demandera-t-elle l'autorisation de procréer, fonder une famille. Virgile sera alors libre d'accepter ou refuser, de garder sa descendance à son service ou l'affranchir. Mais la question ne se pose guère. Elle n'a pas beaucoup de contacts en-dehors du domaine et a des difficultés à assimiler la langue.
Elle n'est pas la seule personne au service de Virgile toutefois, bien que la seule ayant traversé l'Europe à ses côtés. A la garde du domaine, le caïnite s'est offert les services d'un hommes-d'arme local lui faisant office de gardien. Pseudo-soldat n'ayant pas la foi, celui-ci sert sans poser de question tant que sa bourse ne se vide pas. Néanmoins, Virgile perçoit chez lui une loyauté suffisante pour garder ce mercenaire à son service et lui révéler sa nature. Il lui a même proposé de partager son sang, d'en faire une goule qui vivrait bien plus longtemps que ne le permet son espérance de vie mortelle. Mais pour quelques raisons, il refusa, satisfait de sa vie dénuée d'ambition.
Ce n'est pas le cas de Johann qui embrassa sans discuter l'offrande. Véritable homme à tout faire, il ne rechigne pas à effectuer les tâches les plus disgracieuses que même Basil refuserait. A l'origine, Virgile le transforma en goule à son arrivée en France afin de s'assurer un serviteur dévoué connaissant la région et la populace. Il avait l'intention de s'en débarrasser une fois établit, mais il s'avéra que Johann est un commerçant capable à la langue mielleuse. Il sait marchander les créations de Virgile au prix fort et obtenir des tarifs avantageux des maraichers locaux. Tant et si bien qu'il est aujourd'hui encore au service du Caïnite. (Note Méta : Johann est le perso d'un autre joueur qui souhaitait être une goule asservie).
Comme évoqué précédemment, Virgile a dépensé la majeure partie des biens de Janov pour venir en France et s'offrir un domaine modeste où se trouve sa demeure. Celle-ci dispose d'une seule chambre d'hôte, les trois autres étant occupées par Mulan, Basil, Johann. Virgile lui n'en a pas l'utilité, s'étant aménagé une pièce au sous-sol où se trouve sa terre natale, juxtaposée à son laboratoire dissimulé à l’abri des regards indiscrets. Le-dit sous-sol est d'ailleurs plus plus étendu que ne le laisse supposer la taille du batiment. Pour autant, la demeure n'est pas très luxueuse, suffisante pour leur quotidien, mais les grosses dépenses sont rares. A noter la présence d'un sellier, d'une humble forge et d'abris pour les chevaux employé lors des voyages à St.Aubin et Orléans. Néanmoins, les animaux ne sont que très rarement hébergés sur place et sont plutôt empruntés par Basil à une écurie de St.Aubin, pour la simple raison que les bêtes s'agitent en présence de Johann et que celui-ci éprouve une répulsion mutuelle à leur égard. Une carriole toutefois reste dans son abris pour les voyages du Caïnite. Le reste du domaine n'est que potager et un morceau de pelouse, le reste étant partagé entre bosquets difficilement praticables et étangs.
Le domaine est localisé précisément à 22km d'Orléans et 1km de St.Aubin, à un jet de pierre du Cosson, en amont du village et jouxtant de multiples étangs. (Note méta : ce lieu existe réellement et un château a été construit depuis la date où se déroule le jeu. J'ai choisit cet endroit parce que je le connais, ayant de la famille dans les parages. Ce qui m'a facilité la tâche, notre partie étant prévue pour se dérouler à Orléans).
Description
Virgile est un artiste. Et cela se retrouve dans la passion qu'il insuffle à ses créations, que se soit à la forge ou sur des carcasses d'animaux dans son laboratoire. Il prends toutefois son temps pour modifier son propre corps : il ne faut pas bâcler le travail et il a accepté qu'il avait beaucoup de temps pour s'améliorer. Cela ne veut pas dire qu'il n'a pas commencé :
- Physiquement lorsque l'on observe Virgile, l'on remarque qu'il a une bouche très large bien que ne soit pas flagrant. L'ouverture remonte ses joues en direction de ses oreilles d'un doigt de plus que cela devrait, de chaque côté du visage. La vérité est qu'il peut aujourd'hui se décrocher la mâchoire comme le font les serpents, bien qu'il ne le fasse jamais publiquement.
- Virgile est aussi affublé de longs doigts. Trop longs par rapport à ses mains pour être naturels, toutefois cela nécessite là encore une observation attentive du caïnite.
En dehors de cela, il n'a pas de trait notable et son physique comme ses tenues restent très quelconque, l'aidant à passer inaperçu dans la nuit.
Atouts et handicaps
Alphabétisation : Virgile est un savant, capable de lire et écrire avec aisance dans sa langue maternelle, en latin ou dans tout autre langue qui connait.
Langue : Grace à la patience, l'étude et son immersion linguistique, Virgile est capable de parler le Francais avec l'aisance d'un natif.
Chanceux : Virgile en est conscient, il est né et a été étreint sous une bonne étoile. Même s'il ne tente jamais sa chance, tout son parcours jusqu'à aujourd'hui s'est déroulé sans accrocs ou presque et, les rares fois où il s'est rendu à une maison de jeu d'Orléans, il en est toujours ressorti pour riche qu'à son entrée.
Medium : les fantômes, esprits et ombres parlent à Virgile. Il s'agit d'une faculté dont il bénéficiait déjà de son vivant, bien qu'elle se soit considérablement développée suite à son étreinte. En passant du temps à méditer, il peut dialoguer et demander de l'aide aux esprits le visitant, généralement sous forme d'information en échange de quelques services.
Sommeil lourd : lorsque le sommeil le prends, il ne le lâche plus et le précipite dans les profondeurs insondables du royaume de Morphée.
Proie taboue : pour une raison qu'il refuse de révèler, Virgile refusera de se nourrir du sang d'incroyants. S'il venait à prendre ce genre d'individus pour cible, il entrerait dans une frénésie primitive.
Rivalité : l'arrivée de Virgile dans la région n'a pas été du goût de tout le monde. Un autre orfèvre était déjà établit près de l'Abime et ne supporte pas l'idée d'avoir un concurrent talentueux officiant si près.
Territorial : En prenant possession de son domaine, Virgile a directement revendiqué le contrôle de la moitié de St.Aubin et des mortels qui s'y trouvent avec une ferveur irrationnelle. S'il venait à rencontrer un autre caïnite chassant dans cette partie du village, il entrerait là encore dans une frénésie primitive. Même dans l'hypothèse que se ne soit pas le cas, l'idée seule d'une telle intrusion suffit à le rendre violent. Pourtant, cette notion même de territoire n'a de sens que pour lui puisqu'il ne l'a nullement réclamé aux clans vampiriques établis à la métropole.
Absence de reflet : A la manière d'un monstre tout droit sorti d'une histoire de fantômes, le visage de Virgile ne se reflète pas dans les miroirs, l'eau stagnante, les lames ou tout autre surface réfléchissante. Cette tare l'oblige à recourir à Mulan ou Johann pour peaufiner son apparence, le caïnite ne pouvant par conséquent s’occuper lui-même de celle-ci.
Contact glacé : un halo glacé entoure Virgile. Au moindre contact, les plantes se flétrissent et meurent. De plus, s'il se tient trop longtemps à proximité d'eau stagnante, celles-ci se mettent à geler. Pour ces raisons, il ne se hasarde que rarement dans les jardins de Mulan ou près des étangs de son domaine, où régulièrement vont pêcher Basil, Johann et quelques mortels du village ayant son autorisation.
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Lun 28 Mar 2022 - 23:00
Petit dépoussiérage de section comme de personnage. J'avais des notes inachevées qui trainaient et je me sentais inspiré ce soir.
- On aime pas les étrangers par ici. Surtout lorsqu'ils reluquent nos femmes comme tu l'as fait, enfant de **** !
- En même temps quand je vois vos tronches, répliqua aussitôt l'intéressé en esquissant un sourire idiot, on comprend pourquoi elles aiment que je les regarde !
Levant sa bouteille, il s'enfila une rasade de gnôle de bon cœur, faisant fi du borgne l'ayant sermonné. Les joues de celui-ci s'empourprèrent de colère sous l'offense, son œil unique devenu rond comme une soucoupe, rivé sur ce persifleur oscillant à découvert sur le quai.
- Je vais te le… commença-t-il avant que son camarade ne s'interpose.
- Laisse cet ivrogne, lui déclara-t-il en s'efforçant de l'empêcher d'avancer. Il n'en vaut pas la peine. Ce rat va cuver dans un caniveau pendant que…
Il n'acheva pas sa phrase, interrompu par un éclat de verre fracassé contre son crâne, éclaboussant les deux marins d'alcool. Habitué aux rixes de comptoirs, les deux hommes dévisagèrent l'étranger, stupéfaits pas son audace.
- Un rat… répéta-t-il en avant de porter une main à ses lèvres pour retenir un haut-le-cœur.
Il ferma les yeux l'espace d'une seconde. Manqua trébucher sur un poteau d'amarrage. Puis retrouva contenance et reprit :
- Je suis Corus de l'équipage de la… de la… la Loreleï ! chercha-t-il ses mots en titubant. Je suis le chan… le champion de K'Kligir ! J'ai traversé l'Océan et vu la cité d'or, môa ! De loin !
Le poivrot leva un index autoritaire à l'attention des deux autochtones se remettant de la surprise d'avoir été ainsi agressés.
- Vous pourrez répéter ce… ce nom lorsque vos mères voudront savoir qui vous a…
Sa tirade fut toutefois coupée avant son final. Avec un choc spongieux, il fit un pas en avant puis baissa stupidement les yeux sur son abdomen d'où dépassait une lame écarlate. Avec un hoquet, la douleur atroce le tétanisant brusquement malgré son état d'ébriété, il manquant s'effondrer en arrière sur son agresseur.
- Depuis quand vous vous laissez insulter de la sorte par le premier rat venu ? questionna le troisième homme qui le repoussa en avant. Si Rhetos apprenait que vous vous faites marcher dessus, il vous laisserait à la première escale !
Comme Corus était forcé d'aller de l'avant, l'épée courte se dégagea de son flanc avec un horrible bruit de succion. Les genoux flageolant, il baissa les mains sur son ventre comme une tache rouge se dessinait sur sa chemise. Par quelques miracles, il parvint néanmoins à rester debout sur ses deux appuis.
Hagard, il releva la tête comme le surineur le contournait. Celui-ci était plus grand que les deux autres, avait le crâne rasé et le visage dévoré par une barbe blonde. Négligemment, il essuya son arme sur son sarouel sombre. À son pommeau brilla un instant une gemme extravagante, éclipsée lorsqu'il dissimula l'arme à l'intérieur de son manteau.
- Un dur à cuire le petit rat, commenta-t-il avec amusement.
Crachant avant d'approcher d'un pas lourd, sûr de lui, le marin borgne toisa le blessé avec arrogance.
- Personne parle de ma mère impunément le rat, déclara-t-il en lui assénant un violent uppercut en plein visage.
Corus manqua s'étaler de tout son long. Mais la poigne du pugiliste le retint par le col, juste pour le frapper à nouveau avec un craquement mat.
- Personne, siffla-t-il en frappant à nouveau.
- Tiens, déclara son compagnon également éclaboussé.
Il tendait le goulot de la bouteille brisée. Le borgne esquissa un sourire mauvais. Avec un violent coup de boutoir, il enfonça les pointes de verre dans la poitrine du supplicié qui n'émit pas un bruit, la tête déjà ballante en arrière.
- Il a son compte ce rat, jugea-t-il avec satisfaction. Viens m'aider à le balancer à la flotte et Aie !
Échappant le corps, il se frotta la main sans comprendre. Une vive sensation de piqûre venait de lui traverser la paume. En examinant celle-ci, il découvrit trois petits points rouges perlant sur sa peau.
- Peuh, maugréa-t-il simplement avant de qualifier la dépouille d'un coup de pied bien senti.
Imité par les deux autres brutes, il fit rapidement rouler le corps jusqu'au rebord du quai avant de le laisser choir dans l'eau ténébreuse. Se claquant mutuellement le dos, ils éclatèrent de rire en rebroussant chemin vers la taverne d'où ils avaient tiré cet importun.
Le borgne avait le sommeil léger. Il l'avait toujours eu. Cette faculté avait grandement contribué à sa survie dans de tels endroits, depuis plus d'une décennie. Aussi, lorsqu'un poids soudain tomba sur sa couverture au beau milieu de la nuit, il s'empressa de bondir hors de son lit, déjà alerte.
Il ne portait pas son cache-œil et du valide sonda les ombres de sa chambre. Il avait verrouillé la poirte à double-tour en montant se coucher. Il le faisait toujours. Pourtant une silhouette se trouvait à une longueur de lame du pied du lit, immobile, en retrait du rai de lumière offert par l'unique fenêtre crasseuse. Rai de lumière qui vint faire briller une gemme extravagante, enchâssée dans le pommeau d'une épée courte encore au fourreau, en travers de ses couvertures.
Le borgne ouvrit la bouche, mais avant qu'il ne dise quoi que ce soit, deux sacs humides lui furent jetés et rebondirent sur sa poitrine nue. Ils tombèrent au sol et roulèrent sur le parquet branlant, laissant un sillage écarlate derrière eux. Il s'agissait d'une tête barbue au crâne rasée et d'une seconde défigurée par une balafre allant de la pommette au menton. Les têtes tranchées de ses camarades d'équipage.
Inspirant à pleins poumons et se sentant défaillir, le borgne trébucha sur l'un des rares meubles de la pièce et s'étala de tout son long. D'un même temps, la silhouette fit un pas en avant dans la lumière. Sa chemise était déchirée au ventre et à la poitrine. Bien que ses vêtements soient trempés, le tissu était de toute évidence taché de sang. Néanmoins, au lieu du visage tuméfié du rat aux rouflaquettes qu'il avait assassiné plus tôt dans la soirée, il découvrit un faciès monstrueux. L'individu avait des yeux jaune vif rivés droit sur lui, pourvus de pupilles verticales. La peau de son visage était bleutée et son nez écrasé, tandis que des barbillons comme deux de poissons-chats ornaient ses joues. Lorsqu'il s'exprima d'une voix sombre où l'ivresse n'était plus perceptible, des branchies au niveau de sa gorge frémirent.
- Debout vermine, déclara Corus en levant les bras au niveau de sa propre tête. Meurs avec dignité, à défaut de vivre honorablement.
Le gredin se protégea le visage des mains par peur d'être frappé. Mais le coup ne vint pas. Lorgnant l'étranger après quelques secondes d'anticipation, il constata que celui-ci s'était simplement enroulé un tissu autour de la tête. En diagonale du visage : il s'était bandé un œil.
- Ta cité sent les excréments, commença-t-il avant de lui jeter l'épée courte à la gemme. Les femmes sont laides. L'alcool est frelaté... et la racaille n'a ni talent ni honneur. Lève-toi. J'ai hâte de quitter ce lieu.
Un bref cri terrifié s'éleva, très vite interrompu. Dans la nuit agitée de la cité portuaire, fourmillant d'activité même à cette heure tardive, personne n'y prêta attention.
- On aime pas les étrangers par ici. Surtout lorsqu'ils reluquent nos femmes comme tu l'as fait, enfant de **** !
- En même temps quand je vois vos tronches, répliqua aussitôt l'intéressé en esquissant un sourire idiot, on comprend pourquoi elles aiment que je les regarde !
Levant sa bouteille, il s'enfila une rasade de gnôle de bon cœur, faisant fi du borgne l'ayant sermonné. Les joues de celui-ci s'empourprèrent de colère sous l'offense, son œil unique devenu rond comme une soucoupe, rivé sur ce persifleur oscillant à découvert sur le quai.
- Je vais te le… commença-t-il avant que son camarade ne s'interpose.
- Laisse cet ivrogne, lui déclara-t-il en s'efforçant de l'empêcher d'avancer. Il n'en vaut pas la peine. Ce rat va cuver dans un caniveau pendant que…
Il n'acheva pas sa phrase, interrompu par un éclat de verre fracassé contre son crâne, éclaboussant les deux marins d'alcool. Habitué aux rixes de comptoirs, les deux hommes dévisagèrent l'étranger, stupéfaits pas son audace.
- Un rat… répéta-t-il en avant de porter une main à ses lèvres pour retenir un haut-le-cœur.
Il ferma les yeux l'espace d'une seconde. Manqua trébucher sur un poteau d'amarrage. Puis retrouva contenance et reprit :
- Je suis Corus de l'équipage de la… de la… la Loreleï ! chercha-t-il ses mots en titubant. Je suis le chan… le champion de K'Kligir ! J'ai traversé l'Océan et vu la cité d'or, môa ! De loin !
Le poivrot leva un index autoritaire à l'attention des deux autochtones se remettant de la surprise d'avoir été ainsi agressés.
- Vous pourrez répéter ce… ce nom lorsque vos mères voudront savoir qui vous a…
Sa tirade fut toutefois coupée avant son final. Avec un choc spongieux, il fit un pas en avant puis baissa stupidement les yeux sur son abdomen d'où dépassait une lame écarlate. Avec un hoquet, la douleur atroce le tétanisant brusquement malgré son état d'ébriété, il manquant s'effondrer en arrière sur son agresseur.
- Depuis quand vous vous laissez insulter de la sorte par le premier rat venu ? questionna le troisième homme qui le repoussa en avant. Si Rhetos apprenait que vous vous faites marcher dessus, il vous laisserait à la première escale !
Comme Corus était forcé d'aller de l'avant, l'épée courte se dégagea de son flanc avec un horrible bruit de succion. Les genoux flageolant, il baissa les mains sur son ventre comme une tache rouge se dessinait sur sa chemise. Par quelques miracles, il parvint néanmoins à rester debout sur ses deux appuis.
Hagard, il releva la tête comme le surineur le contournait. Celui-ci était plus grand que les deux autres, avait le crâne rasé et le visage dévoré par une barbe blonde. Négligemment, il essuya son arme sur son sarouel sombre. À son pommeau brilla un instant une gemme extravagante, éclipsée lorsqu'il dissimula l'arme à l'intérieur de son manteau.
- Un dur à cuire le petit rat, commenta-t-il avec amusement.
Crachant avant d'approcher d'un pas lourd, sûr de lui, le marin borgne toisa le blessé avec arrogance.
- Personne parle de ma mère impunément le rat, déclara-t-il en lui assénant un violent uppercut en plein visage.
Corus manqua s'étaler de tout son long. Mais la poigne du pugiliste le retint par le col, juste pour le frapper à nouveau avec un craquement mat.
- Personne, siffla-t-il en frappant à nouveau.
- Tiens, déclara son compagnon également éclaboussé.
Il tendait le goulot de la bouteille brisée. Le borgne esquissa un sourire mauvais. Avec un violent coup de boutoir, il enfonça les pointes de verre dans la poitrine du supplicié qui n'émit pas un bruit, la tête déjà ballante en arrière.
- Il a son compte ce rat, jugea-t-il avec satisfaction. Viens m'aider à le balancer à la flotte et Aie !
Échappant le corps, il se frotta la main sans comprendre. Une vive sensation de piqûre venait de lui traverser la paume. En examinant celle-ci, il découvrit trois petits points rouges perlant sur sa peau.
- Peuh, maugréa-t-il simplement avant de qualifier la dépouille d'un coup de pied bien senti.
Imité par les deux autres brutes, il fit rapidement rouler le corps jusqu'au rebord du quai avant de le laisser choir dans l'eau ténébreuse. Se claquant mutuellement le dos, ils éclatèrent de rire en rebroussant chemin vers la taverne d'où ils avaient tiré cet importun.
*
Le borgne avait le sommeil léger. Il l'avait toujours eu. Cette faculté avait grandement contribué à sa survie dans de tels endroits, depuis plus d'une décennie. Aussi, lorsqu'un poids soudain tomba sur sa couverture au beau milieu de la nuit, il s'empressa de bondir hors de son lit, déjà alerte.
Il ne portait pas son cache-œil et du valide sonda les ombres de sa chambre. Il avait verrouillé la poirte à double-tour en montant se coucher. Il le faisait toujours. Pourtant une silhouette se trouvait à une longueur de lame du pied du lit, immobile, en retrait du rai de lumière offert par l'unique fenêtre crasseuse. Rai de lumière qui vint faire briller une gemme extravagante, enchâssée dans le pommeau d'une épée courte encore au fourreau, en travers de ses couvertures.
Le borgne ouvrit la bouche, mais avant qu'il ne dise quoi que ce soit, deux sacs humides lui furent jetés et rebondirent sur sa poitrine nue. Ils tombèrent au sol et roulèrent sur le parquet branlant, laissant un sillage écarlate derrière eux. Il s'agissait d'une tête barbue au crâne rasée et d'une seconde défigurée par une balafre allant de la pommette au menton. Les têtes tranchées de ses camarades d'équipage.
Inspirant à pleins poumons et se sentant défaillir, le borgne trébucha sur l'un des rares meubles de la pièce et s'étala de tout son long. D'un même temps, la silhouette fit un pas en avant dans la lumière. Sa chemise était déchirée au ventre et à la poitrine. Bien que ses vêtements soient trempés, le tissu était de toute évidence taché de sang. Néanmoins, au lieu du visage tuméfié du rat aux rouflaquettes qu'il avait assassiné plus tôt dans la soirée, il découvrit un faciès monstrueux. L'individu avait des yeux jaune vif rivés droit sur lui, pourvus de pupilles verticales. La peau de son visage était bleutée et son nez écrasé, tandis que des barbillons comme deux de poissons-chats ornaient ses joues. Lorsqu'il s'exprima d'une voix sombre où l'ivresse n'était plus perceptible, des branchies au niveau de sa gorge frémirent.
- Debout vermine, déclara Corus en levant les bras au niveau de sa propre tête. Meurs avec dignité, à défaut de vivre honorablement.
Le gredin se protégea le visage des mains par peur d'être frappé. Mais le coup ne vint pas. Lorgnant l'étranger après quelques secondes d'anticipation, il constata que celui-ci s'était simplement enroulé un tissu autour de la tête. En diagonale du visage : il s'était bandé un œil.
- Ta cité sent les excréments, commença-t-il avant de lui jeter l'épée courte à la gemme. Les femmes sont laides. L'alcool est frelaté... et la racaille n'a ni talent ni honneur. Lève-toi. J'ai hâte de quitter ce lieu.
Un bref cri terrifié s'éleva, très vite interrompu. Dans la nuit agitée de la cité portuaire, fourmillant d'activité même à cette heure tardive, personne n'y prêta attention.
- Arcanide valtekSeigneur vampire
- Age : 33
Nombre de messages : 2986
Date d'inscription : 24/05/2010
Palmares : Organisateur des affrontements festifs d'Ubersreik
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mer 30 Mar 2022 - 19:16
Jolie petite mise en scène. Visiblement, Corus a encore fait des siennes. Je parie que le capitaine Molos ne sera pas content.
Par contre, il continue de prendre cher Corus. C'est visiblement pas le genre à se montrer prudent après être passé au seuil de la mort un bon paquet de fois. Un jour, il finira en filets avec du citron.
Par contre, il continue de prendre cher Corus. C'est visiblement pas le genre à se montrer prudent après être passé au seuil de la mort un bon paquet de fois. Un jour, il finira en filets avec du citron.
_________________
"Et quand les morts se lèvent, leurs tombeaux sont remplis par les vivants"
Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D
Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun
Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
- EssenSeigneur vampire
- Age : 28
Nombre de messages : 4137
Date d'inscription : 22/12/2013
Palmares : Organisateur des tournois du Fort du Sang, de la Reiksguard, des Duels de Lassenburg & de la ruée vers l'Eldorado
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Mar 26 Avr 2022 - 10:33
Un texte fourmillant de détails, comme tu en as le secret. L'ambiance est sombre, pesante, brutale. Pour nous qui avons suivi les aventures de Corus en Lustrie, nous ne pouvons que nous demander sur ce que le champion de K'Kligir traverse à présent pour se laisser ainsi emporter par l'alcool. Le règlement de comptes qui a suivi sa mésaventure en apparaît presque comme une réparation douloureuse de son honneur. Et je ne parle pas là de la douleur des trois marins.
Si les cieux sont cléments, peut-être nous lèveras-tu davantage le voile sur ce qui constitue le monde et la direction qu'emprunte l'équipage de la Lorelei.
Je vieillis, palsambleu ! Je passe par des formules alambiquées pour demander une suite
Si les cieux sont cléments, peut-être nous lèveras-tu davantage le voile sur ce qui constitue le monde et la direction qu'emprunte l'équipage de la Lorelei.
Je vieillis, palsambleu ! Je passe par des formules alambiquées pour demander une suite
- ethgri wyrdaRoi revenant
- Age : 27
Nombre de messages : 1140
Date d'inscription : 03/04/2015
Vainqueur d'évènement :
Palmares : Comte de la crypte 2016 & 2021
Re: Dessins, Récits et Curiosités diverses
Jeu 28 Juil 2022 - 21:37
Hey ! sympa cette petite scène ! ça fait plaisir de prendre des nouvelles de ce bon vieux Corus !
Merci pour cette petite lecture !
Merci pour cette petite lecture !
_________________
Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
Page 2 sur 2 • 1, 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum