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Arken

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Maîtresse des fouets
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concours de récits 2020 - Textes Empty concours de récits 2020 - Textes

Ven 18 Sep 2020 - 1:04
Bonjour-bonsoir amis plumeux !

J'ouvre présentement le sujet qui accueillera les textes des participants, et uniquement les textes. Tous les commentaires et autres spoils sont à faire là-bas.

Spoiler:

Rappel du règlement :
- Un point bonus pour l'inscription narrée
- Respect du thème annuel ("Ces Mesdames s'en vont")
- Insérer le récit dans le monde de warhammer battle
- Ne pas dépasser 2 pages word (Times New Roman, police 11, intervalle 1.0) ou 8000 caractères (espaces compris)
- Les textes seront acceptés du 15 septembre au 31 octobre minuit, heure de Naggaroth (comptez 6h de décalage, quand il est 16h dans l'empire, il est 10h du matin chez les elfes). Après ce délai, le sujet sera verrouillé  Banshee

Tout retard ou non respect d'une de ces consignes se verra pénalisé d'un point au score final.
Le système de votes sera rappelé à la clôture de ce sujet.


Bon talent à tous cheers


Dernière édition par Arken le Lun 2 Nov 2020 - 5:18, édité 1 fois

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Ceux qui ne croient pas en la magie ne la trouveront jamais.
Essen

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Seigneur vampire
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concours de récits 2020 - Textes Empty Re: concours de récits 2020 - Textes

Sam 19 Sep 2020 - 9:51

Commencement



     Derrière ses hautes et épaisses murailles en pierre taillée, sous un ciel matinal d'un or éclatant, l'immense cité côtière exhibait la grandeur et l'opulence de ses palais ainsi qu'une danseuse de Khemri aurait exhibé les courbes et les parures de ses seins.
     Lahmia la Magnifique, Lahmia la Prospère, Lahmia la Perle des Mers, telle elle fut connue à travers toutes les cités-royaumes de Nehekhara. Or, beaucoup pensaient avec amertume que cette période était désormais révolue depuis que les souverains de Lahmia eurent commis le sacrilège ultime : ils avaient renoncé aux dieux, renoncé aux rites, renoncé aux traditions séculaires des cités-royaumes et, crime parmi les crimes, ils avaient pactisé avec l'ennemi de tous, le blasphémateur et le meurtrier, celui que l'on croyait  vaincu mais qui eut perduré pour le malheur de tous, l'abject Nagash.

     Il y avait quelque chose de singulier dans ce soleil qui se levait au dessus de la mer : c'était le même  que tous les jours et, pourtant, ce soleil semblait bien plus ardent et plus éblouissant que celui de tous les autres jours passés ; ce soleil était peut-être le dernier que beaucoup verraient en ce jour. C'était peut-être le dernier jour où beaucoup sentiraient encore une fois la senteur des embruns sur la plage, la fraîcheur sous l'ombre des figuiers, l'étreinte de leurs épouses et les baisers de leurs enfants.
     De l'autre côté des murailles, aussi loin que l’œil des sentinelles pouvait porter, l'on ne pouvait apercevoir que les innombrables troupes des cités-royaumes de Nehekhara, autant de guerriers que d'étoiles dans le ciel, que d'eau dans l'océan, que de grains de sable dans le désert. Beaucoup de sentinelles crurent que le soleil ne s'était guère levé ce matin mais que c'était bien le crépuscule de leur cité adorée, le crépuscule qui précède la nuit sans espoir de lendemain, la fin des fins, l'heure du jugement divin pour Lahmia la Déchue, Lahmia la Parjure, Lahmia la Maudite.

     Ce ne fut point la foule d'habitants qui fut réunie devant le somptueux Palais des Rois et des Reines, ce furent les rangs impeccables de guerriers et d'archers de Lahmia, les chars dorés aux chevaux impétueux, guidés par la noblesse de la cité, les cavaliers aux brides ornées de talismans, les officiers aux khopeshs ouvragés et les généraux au regard sévère. Le seigneur parmi les seigneurs monta seul, aux yeux de tous les soldats réunis, les marches en marbre immaculé menant aux portes de la demeure des rois ; le champion de Lahmia monta seul, aux yeux de tous les soldats réunis, les marches étincelantes menant aux portes du palais où résidait la reine.

     Il fut guidé par des serviteurs au visage soumis à travers les couloirs vastes et aérés du palais et, plus il avançait, plus sa poigne se refermait sèchement sur le pommeau de son khopesh. Une odeur abrutissante de sang frais narguait ses sens, sensation qu'il aurait voulu refouler au plus profond de lui-même, maladie du corps qui assaillait sans arrêt son esprit, malédiction pour la disparition de laquelle il aurait volontiers tranché ses deux bras. Hélas, il se savait condamné à la vivre à jamais.

     Les rideaux s'écartèrent devant lui, révélant une vision qui était pour lui la plus vicieuse des tortures. Le champion de Lahmia se tenait à l'entrée de la salle des bains. Dans le grand bain, du sang encore chaud, qui obnubilait ses narines, ses papilles et ses canines. Dans le sang encore chaud, accoudée au rebord du bassin, baignait Neferata, sa reine, dont le nom seul occupait quotidiennement ses pensées et dont la seule vision suffisait à faire plier le genou à ce guerrier que nul ne surpassait alors dans tout Nehekhara. Même dans sa déchéance, la reine ne lui semblait que plus indomptable, que plus désirable, et la contemplation de ses bras blancs et fins, comme taillés en ivoire, et maculés de liquide carmin, ne pouvait que lui faire perdre ses moyens. Il devait cependant accomplir son devoir et se prosterna devant le bassin et son occupante comme l'aurait fait le plus miséreux des mendiants de la cité.

     « Abhorash ? »
     C'était presque comme s'il l'avait tirée d'une rêverie.
     Le timbre suave et mélodieux de sa voix ne le laissait jamais indifférent ; la reine était sa faiblesse, la seule faiblesse d'un homme dont la discipline de fer inspirait crainte et respect à tous les hommes de la cité.
     « Lève-toi, mon champion, point de telles cérémonies entre nous... »
     Neferata savait parfaitement que ce n'était guère le protocole qui faisait ainsi courber l'échine à cet homme. Lorsque le champion se releva, elle se délecta du trouble intérieur que son regard faussement affectueux lui causait.
     « Je sais pourquoi tu viens me voir, Lion de Lahmia. Tu fais bien de venir me quérir jusqu'ici. »
     Elle lui sourit et fit signe à ses servantes qui attendaient, dissimulées dans des alcôves derrière de fins rideaux de soie. Toutes de ravissantes héritières élues parmi la haute noblesse de la cité, elles furent telles des ombres furtives lorsque la reine s'extirpa délicatement de son bain, se laissant aux caresses de linges immaculés, tous immédiatement trempés de sang, avant d'être revêtue d'un peignoir exquis, importé de la lointaine Cathay.
     « Pars, Abhorash, Champion de Lahmia. Je te rejoindrai devant nos guerriers dans quelques instants... »

     Une forte brise matinale soufflait à travers l'immense cour du palais, rafraîchissant les visages fermés des soldats et remuant les plumages sur les brides des chevaux. Le seigneur des seigneurs reparut devant les grandes portes et se tint là, aussi solide que le roc, inspirant par sa seule présence une confiance quasi-aveugle des hommes, dont les attentes furent bientôt exaucées.
     La reine arriva, accompagnée de son consort, talonnée par ses suivantes et par quelques rares conseillers d'exception. Tous portaient leurs atours de guerre les plus précieux et tous arboraient des mines solennelles. Puis, la reine des vampires déchira le silence ambiant :

     « GUERRIERS DE LAHMIA ! VOUS ME VOYEZ, MOI, FAIBLE FEMME, VOTRE REINE, PRÊTE POUR LA GUERRE !!! »

     Un tonnerre d'armes entrechoquées lui répondit ; si la menace qui planait sur leur cité continuait de terrifier beaucoup d'entre eux, nul parmi les hommes ne voulait se montrer couard face à sa souveraine.

     « VOUS PENSEZ QUE CE SONT LES ARMEES DE NEHEKHARA QUI SONT A NOS PORTES ? JE NE VOIS QUE DES MENDIANTS, DES ESCROCS ET DES SALTIMBANQUES VENUS NOUS IMPRESSIONNER AVEC DES EPEES EN BOIS! »

     Les armées saluèrent derechef ; les officiers décelèrent un regain d'entrain dans la mélodie du fracas des khopeshs contre les boucliers.

     « ILS CROIENT QUE LES DIEUX SONT DE LEUR CÔTE ? MAIS LES DIEUX N'ACCORDENT LEUR BENEDICTION QU'AUX PUISSANTS ET, CROYEZ-MOI, NULLE ARMEE N'EST PLUS PUISSANTE QUE CELLE DES LIONS DE LAHMIA ! »

     Deux autres suivantes à la peau d'albâtre venaient de ramener, retenus par des chaînes et des colliers de fer, deux lions des contrées du Sud ; la présence de part et d'autre de la reine d'animaux aussi féroces fit croire aux guerriers qu'une force divine avait été insufflée à leur souveraine, aussi la clameur de leurs cris de guerre se joignit au fracas de leurs armes.

     « AUJOURD'HUI, NOUS BAIGNERONS DANS LE SANG DE NOS ENNEMIS ! AUJOURD'HUI, NOUS JETTERONS LEURS DEPOUILLES AUX CHIENS ET AUX VAUTOURS ! AUJOURD'HUI, NOTRE GLORIEUSE CITE DEVIENDRA ETERNELLE !!! »

     Il y eut un nouveau tonnerre d'acclamations, auquel se joignit alors le chant des cors de bronze, aussi enivrant que le vin, et le grondement des tambours de guerre, écrasant pour de bon les derniers doutes des soldats désormais convaincus de leur victoire prochaine.

     « AVEC MOI, MES ENFANTS ! VOYEZ COMMENT CES LIONS S'INCLINENT FACE A VOTRE REINE ! LE SANG NOUS A RENDUES INVINCIBLES ! LE SANG A FAIT DE NOUS LES EGALES DES DIEUX ! »


     Elle se tourna vers Vashanesh, son consort et amant, l'un des rares hommes à ne jamais avoir entièrement succombé à ses charmes, sans aucun doute le seul à l'avoir jamais séduite par les siens :

     « Tu ne sauras m'en dédire, homme-mystère, homme cher à mon cœur. Le même élixir coule dans nos veines et, désormais, les choses ne seront plus jamais les mêmes. Aujourd'hui n'est que le commencement. Aujourd'hui, ces mesdames s'en vont en guerre ! »



Alain de Saint Jean

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Mer 30 Sep 2020 - 21:45
Érika Von Schwarz réprima un frisson, l’été tirait sur sa fin mais déjà les premiers frimas de l’hiver se faisaient ressentir, figeant la nature d’un linceul de givre matinal. Le château de Totenkraft, situé non loin de la frontière avec Kislev, était habitué aux automnes rigoureux ainsi qu’aux hivers particulièrement froids, mais si tôt dans la saison ce n’était pas bon signe...

Se rappelant aux devoirs de sa classe elle porta un regard ardent sur la foule en contre-bas, celle-ci attendait au pied du bûcher que le bourreau face son office; silencieuse, contrairement à l’habitude... Il y avait bien les habituels fanatiques pour qui la condamnation au bûcher de tout « hérétique » était une réjouissance dont ils se faisaient gorge chaude, galvanisant de leurs prêches le reste de l’assemblée, mais aujourd’hui, en dépit de leur présence et de leurs prévarications véhémentes, le restant de la populace, à de rares exceptions, se tenait coi...

L’air ambiant, en dépit du froid anormal en cette saison, était lourd de ressentiments à l’encontre du jugement; hormis les vociférations des flagellants, la foule n’était que murmures silencieux et regards lourds de colère à l’encontre de son époux, le baron Heinrich Von Schwarz...

Réussissant à accrocher son regard vacillant, lequel allait en tous sens, comme sous l’emprise d’une secrète panique, oscillant frénétiquement entre la foule assemblée en contre bas de l'estrade, le bûcher et les multiples gardes postés aux alentours, Érika d’un calme mouvement de paupières, lui fit comprendre que tout irait bien... Comme électrisé par son regard il se redressa quelque peu, réussissant à réprimer ce fond de sanglots qui lui remuait les tripes...

Puis elle darda un regard noir sur sa dame de compagnie, Ursula Von der Leyen, laquelle, tout en soutenant celui-ci, lui répondit d’un sourire sardonique. Puis, se tournant vers Heinrich tout en posant une main sur son ventre gonflé par la grossesse, Ursula se pencha discrètement et lui murmura à l’oreille; il se raidit alors soudainement, retrouvant sa froideur de noble de l’Empire, le regard bleu, fixe, froid, restait maintenant concentré sur le bûcher...
Érika avait envie de hurler toute sa haine à la face d’Ursula, la jeune rousse... Celle-ci était tout son contraire, jeune, fière, aux formes pulpeuses, fertile... Que pouvait-elle faire pour lutter contre une telle menace, elle, froide beauté au visage vieilli par les épreuves du temps, le corps déjà flétri du haut de ses trente-cinq ans, « sèche » à l’intérieur ???...

Machinalement elle porta son regard sur sa fille, Sarah, un regard empli d’amour, celui que seule une mère peut offrir à ses enfants, tendre, attentionné, aimant... Elle ne reçu pour seule réponse de l’adolescente qu’un regard froid, empli d’une haine abyssale...

Réprouvant un haut le cœur de douleur, elle porta son regard sur la droite, concentrant toute son attention sur Magda Schteaub, sa servante. La pauvre enfant, d’à peine vingt ans, gémissait et se tordait de douleur, attachée solidement au poteau de son exécution. Elle, si jeune, si belle, au regard si pur, aux lèvres si douces, au visage si beau, aux formes si tendres, n’était plus maintenant qu’un vulgaire pantin défiguré et désarticulé par les mains du bourreau.

Le constable commença la lecture des chefs d’accusations, longue litanie absurde des préjugés de son époque, de ses délires obsessionnels mélangés de fanatisme... Érika, perdue dans ses pensées, se souvint de sa première rencontre avec Magda, du chamboulement qu’elle perçu au plus profond de son cœur sans pouvoir définir de quoi il s’agissait...

Elle se souvint de cette lutte intérieure qu’elle mena contre l’évidence, qui, chaque jour, lui perçait le cœur et les entrailles; déchirée entre les interdits de son rang, de la loi, de la foi...

Pourtant, cette complicité, tout en subtilité, tissait chaque jour des liens plus forts entre la noble Dame et la modeste servante; capable, par sa seule présence, de réchauffer le cœur fané d’Érika, tout comme le fait le soleil du printemps sur les boutons de rose s’épanouissant...

Nul homme, pas même son époux, ne l’avait ainsi troublé. Aucun de ces mâles, campés sur leurs attributs, ne fût capable de l’émouvoir, ne pût même la comprendre... Seule Magda, par un geste, un regard, une douce parole de réconfort, pouvait réchauffer son cœur meurtri de mère, d’épouse, de femme...

Elle se souvenait, comme si c’était hier, de leur premier baisé, maladroit, fragile mais pourtant passionné... Elle se souvint du mouvement de recul spontané de sa servante, tout autant que du sien, de son regard surpris, désarçonné; de leurs corps tremblants de tous leurs membres, déchirés entre la peur de transgresser les interdits et le désir irrépressible qui les dévorait, tel un feu incontrôlé... Elle se souvint de leurs étreintes secrètes et du bonheur qui les suivait, la laissant exsangue, lascive, en paix, aimante et se sachant enfin aimée...

Hélas !!! Le bonheur ne dure jamais longtemps, surtout s’il est caché...

L’arrestation de Magda eu lieu un mois auparavant, pour le vol d’un bijou que la comtesse lui avait en fait donné; ce n’était qu’un simple anneau d’or rehaussé d’un chaton d’émeraude, vieil héritage familial qu’elle pensait oublié de tous... Sauf de sa fille...

La fouille complète de la modeste chambre de sa servante dévoila de plus sombres secrets, tous les objets nécessaires aux pratiques interdites y furent trouvés... Ses protestations véhémentes restèrent sans effet, tout l’accusait... Devant ses dénégations appui fut fait de la question...

Au bout d'une semaine de multiples tortures, plus cruelles les unes que les autres, lassée des cris qui l'épuisaient, des douleurs lancinantes, de l'horreur quotidienne, elle avait tout avoué, en bloc; tout, même les accusations les plus hallucinantes sorties directement du cerveau malade de l'Inquisiteur, signant ses aveux d'une main tremblante d'effroi...

Le procès fût rapide, le jugement impitoyable, nul appel ne fut fait...

Revenant à la réalité, Erika se racla la gorge, la fumée âcre des flammes se faisait plus épaisse à mesure que celles-ci se multipliaient dévorant le bûcher inexorablement, en un grondement sourd comparable au cri d'un démon affamé. Déjà les premières flammes lui léchaient les orteils...

Magda accrocha son regard, et, en dépit de sa mâchoire brisée, de ses yeux tuméfiés, lui rendit son sourire, ses yeux lui demandant pourquoi.... Erika se contenta, pour seule réponse, de se pencher le plus possible vers elle en dépit de ses liens. Comprenant l'intention de sa maîtresse Magda fit de même et se pencha en sa direction, toutes deux purent échanger un dernier baiser alors que les flammes consumaient déjà le bas de leurs robes de pénitents...  
Erika lui murmura le plus beau des "je t'aime", à quoi bon vivre si l'être aimé n'est plus??? Autant tout avouer pour pouvoir le rejoindre où qu'il aille, même si le seul crime jamais perpétré fût celui d'aimer et d'être aimé...

Heinrich regarda les corps de son épouse et de sa servante se consumer d'un coup, en une immense boule de feu, s'affaissant au cœur du brasier comme deux charbons de bois tordus; aux pieds de l'estrade la foule s'agitait, son épouse, incarnation de la douceur et de la bonté était aimée du peuple...

Déjà un son rauque parcourait celle-ci, faisant écho au bûcher...

Le sergent lui mit la main sur l'épaule tout en lui montrant du menton sa fille et sa maîtresse qui reculaient pour s'éloigner de l'odeur nauséabonde provenant du bûcher:

"Seigneur, ses Mesdames s'en vont..."
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Mer 30 Sep 2020 - 23:22
Pour un dernier baiser





     Elle gisait sur le flanc, misérablement couchée sur le sable sombre. Autour d'elle, plusieurs hommes s'affairaient encore, s'évertuant de leur mieux pour la maintenir en vie. Toutefois, son sort ne faisait déjà plus l'ombre d'un doute. La terrible blessure lui déchirant le flanc la condamnait à une mort rapide, le contenu de ses entrailles répandu sur la plage. Son destin était scellé.
 
     Mais malgré cela, sous les regards fatigués et résolus, les guérisseurs refusaient de capituler. Ils devaient lui redonner vie. Lui insuffler la volonté de repartir. Lui conférer la force de souffrir avec eux, une toute dernière fois. Il le fallait.
 
     Depuis près d'une décennie elle allait au-devant du danger, partant seule en éclaireur malgré son gabarit chétif. Et à la bataille, elle talonnait ses sœurs aînées, frappant et disparaissant de l'allonge de leurs ennemis, mettant à profit sa vélocité que les autres n'avaient pas. Elle était l'avorton de la famille, mais pourtant personne ne remettait son courage ou sa valeur en doute. Trop de fois, sa vigilance avait évité la catastrophe ou son intervention renversé l'équilibre des forces. Partout à des milles à la ronde, son nom comme son histoire étaient connus. Aucun des survivants présents ne pouvait se résoudre à ce que tout se termine ainsi. L'Amante Iodée ne pouvait mourir ainsi.
 
     Le terrible impact avait fendu sa virure sur laquelle se penchaient les charpentiers de fortune. Plusieurs bordages avaient cédé, ces pièces de la charpente assurant l'étanchéité de la coque. Les marins s'échinaient autant qu'ils pouvaient, mais la vérité ne pouvait être masquée : l'Amante avait failli sous l'assaut. Malgré les planches clouées et le goudron, le navire était fragilisé. Blessé. Il suffirait d'un caprice de Mannan, que la houle soit trop importante, et sa blessure se rouvrirait. Son ventre se déchirerait et elle sombrerait en quelques secondes, les emportant tous dans les abysses glacées.
 
     Pourtant, elle devait repartir. Il le fallait. Car personne ne viendrait à son secours. Pire encore : personne ne viendrait à celui des villageois de Dreizack à moins d'une journée. Et personne ne les avertirait du danger imminent. Car toutes les sœurs de l'Amante Iodée, en fonction dans les parages, avaient été envoyées par le fond lors de cet affrontement.

     Lors de son baptême, l'Amante fut critiquée. Moquée. Qualifiée d'antiquité, voire de construction barbare, en raison de sa ressemblance avec les "langshiffs" des envahisseurs. Mais son apparence était trompeuse, car l'architecte impérial ayant dessiné ses plans savait ce qu'il faisait. Elle était évidemment beaucoup plus maniable que les imposants galions en raison de la différence de taille. Mais elle était également plus longue que ses homologues norses, toute en étant aussi maniable et rapide qu'eux. Plus solide également, afin de supporter l'arme ambitieuse ayant contribué à sa renommée. Pour cause, de nombreux navires avaient succombé à son baiser : un éperon d'acier inoxydable, de deux mètres et demi de long. Glissant juste sous la surface de l'eau, le bélier acéré était conçu pour percer les navires ennemis sous la ligne de flottaison. Les rameurs ayant imprimé la vitesse nécessaire à la charge tractaient ensuite l'Amante en arrière, se dégageant pour partir à l'assaut de sa prochaine victime. Une arme aussi simple et primitive qu'efficace.

Malheureusement, rien de tout cela n'avait été suffisant.

     L'Amante et ses trois sœurs, qui patrouillaient au crépuscule, n'avaient pas été préparées à affronter cet adversaire. Un bâtiment ennemi à peine identifiable avec le coucher de soleil, arrivant de l'Ouest. Mais surtout, un bâtiment dont l'équipage intégrait un jeteur de sorts.
 
     Le projectile magique avait emporté le capitaine du bâtiment et son second basculé par-dessus bord, lorsque l'Amante avait failli chavirer. Les soldats n'eurent alors plus d'officiers pour les diriger et, essuyant de lourdes pertes et des dommages significatifs, avaient battu en retraite.
 
     À l'origine, l'équipage intégrait dix archers de prestige. Sélectionnés parmi la garnison de Dietershafen et des chasseurs au pied marin, ils constituaient la principale menace du navire. Lors de son inauguration, les armes à poudre avaient été exclues, jugées trop bruyantes et imprévisibles en raison de l'humidité permanente. De plus la fumée générée était considérée nuisible pour la visibilité et le souffle des rameurs. Quant aux arbalètes, elles n'atteignaient pas la portée des arcs elfiques dont le Comte avait fait l'acquisition. Des armes achetées à Laurelorn et dont le prix cumulé n'avait été communiqué à personne. Ces armes leur permettaient de faire pleuvoir la mort sur leurs ennemis tout en restant à l’abri d'une riposte. Un atout parfaitement adapté au profil insaisissable de l'Amante, plus menue que les imposants navires de guerre. Désormais, des dix archers, n'en restait qu'un. Rongeant son frein, il restait à l'écart, marmonnant tout seul et conservant avec lui les carquois de ses frères défunts.
 
     Parmi les marins, se trouvait un garde-chiourme dont le titre n'était que symbolique. Tous étaient des soldats volontaires, entraîné autant au combat qu'à manœuvrer le bâtiment lorsqu'il n'exploitait pas ses deux voiles. Par conséquent, il assurait la coordination des rameurs et s'assurait qu'ils soient tous armés. Car avant d'être galériens, ils étaient tous soldats.
 
     Tous à l'exception de trois rameurs particuliers. Ayant également officié dans les ateliers de constructions, ces derniers étaient destinés à effectuer les réparations d'urgence, parfois en plein combat. Leur présence était providentielle à un tel moment, ne ménageant pas leurs efforts pour sauver l'Amante. Les marteaux de deux d'entre eux résonnaient à l'intérieur du navire tandis que le dernier, le bras en écharpe, s'acharnait à badigeonner le bois d'une mixture fumante. Il calfatait avec du goudron de résineux bouillant, étalé pour éviter les brèches les plus infimes et retarder le travail du bois au contact de l'eau. Le reste de l'équipage, récupérant et se préparant à la prochaine bataille, restait à l'écart des artisans. Les trois ne ménageaient pas leurs efforts et pourtant chacun savaient qu'une fois reparti, ils seraient trop exténués pour combattre. Les mains pleines d'ampoules, ils continueraient à ramer jusqu'à la fin.
 
     Désormais, l'Amante n'avait plus aucune chance de terrasser cet adversaire. Fut-elle capable de fendre l'écume et le rattraper avant qu'il n'atteigne Dreizack sans prendre l'eau. Toutefois, ils savaient à présent ce dont était capable leur adversaire. Ils savaient également que l'Amante pouvait éviter ses projectiles maléfiques. Malgré la stupeur, elle avait failli y parvenir avant de devoir tourner le bord et prendre la fuite sous une pluie de flèches. Elle avait laissé ses sœurs combattre et assisté impuissante à leur chute. L'effet de surprise fut décisif et condamna la flotte entière…
 
…l'Amante ne faillirait pas une seconde fois.
 
     Ils parviendraient à manœuvrer le navire blessé et approcher ce monstre des mers. Puis dans une dernière charge, ils perceraient sa coque. La leur aussi céderait, fatalement, éventrée par le choc sourd. Quiconque serait à bord mourrait noyé. Mais tous embarquèrent, sans une seconde d'hésitation. L'archer survivant portait les carquois de ses frères, avide de venger leur chute. Le chef des rameurs prit place sur les bancs parmi les rangs clairsemés par le poids des pertes. Le marin-charpentier, bien que blessé, s'installa à la proue afin d'orienter le navire face aux projectiles du sorcier.
 
     L'Amante Iodée emporterait le vaisseau ennemi avec elle et vengerait ses sœurs. Dans une dernière étreinte avec leur assassin.
Thomov Le Poussiéreux

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concours de récits 2020 - Textes Empty Re: concours de récits 2020 - Textes

Ven 16 Oct 2020 - 23:17
Hier encore, on m’appelait Hildegarde von Brunehov, cadette d’une des familles de la plus haute noblesse de l’Ostermark. Mais à présent que j’ai prononcé mes vœux, je ne serai plus à dater d’aujourd’hui et jusqu’au jour de ma mort que Sœur Hildegarde. En récitant les paroles consacrées, j’ai laissé derrière moi les vanités de ce monde pour me consacrer toute entière à l’adoration de Sigmar. Notre monastère se trouve en plein cœur de la belle cité de Mordheim, bâti à même un immense bloc de granit pur qui crève les flots tumultueux du fleuve Stir. Comme disent mes nouvelles Sœurs, cela nous permet de garder un œil vigilant sur chacune des deux rives. Je m’y sens déjà chez moi, malgré la rudesse des conditions de vie et la sévérité dont l’Ordre fait preuve en toutes choses.


Mordheim est le joyau de l’Empire, comme chacun sait. Mais l'opulence et le faste qui règnent ici forment un terrain propice au laxisme et à la dépravation ; aussi est-il de notre devoir sacré de sortir quotidiennement de notre retraite du Roc pour remettre les égarés sur le chemin de la droiture. Nous sillonnons les rues de la cité sans relâche et prêchons la bonne parole, aussi bien à la cour du Comte que dans les bas-fonds les plus sordides car Sigmar aime tous ses enfants de la même façon. Cela fait plusieurs mois à présent que j’ai prononcé mes vœux et je n’imaginais pas que tant d’âmes puissent avoir besoin de nos lumières pour retrouver le chemin de la vertu. Mais Sigmar est bon et nous donne la force d’accomplir notre mission un jour après l’autre.


Voilà six ans que j’ai rejoins mes Sœurs. Six années à sortir tous les jours, par tous les temps, sans la moindre exception ; à quitter la sécurité et la paix que nous offre le Roc pour aller à la rencontre du peuple de ma bonne ville. J’y ai croisé des âmes égarées au-delà de toute rédemption et d’autres qui refusaient de voir leurs erreurs malgré l’ardeur de nos prêches. En dépit de tout cela je reste une fidèle et dévouée servante de Sigmar, car d’autres nous écoutent et tirent les leçons de nos enseignements. Sauver cette ville n’est pas notre but final ou l’accomplissement de notre tâche : c’est le quotidien qui rythme notre vie de dévotes. Un sacerdoce sans fin, sans relâche. Hier j’ai sermonné un homme qui s’adonnait au vice hors de son mariage. Il s’est repenti sincèrement aujourd’hui. Demain il retournera à ses démons et je devrai recommencer mon sermon. Encore et encore, infailliblement jusqu’au jour de ma mort. Telle est la vie que j’ai choisi de mener.


Partout nous voyons le péché et l’hérésie et nos sorties quotidiennes ne suffisent plus à endiguer le flot de la corruption qui ronge cette cité si prospère. Les astrologues annoncent la venue prochaine de notre Seigneur sur son char de flammes. Déjà, quand la nuit est très noire, l’on peut deviner la comète en approche. Cette nouvelle semble plonger la ville entière dans une terrible dépravation. Des pèlerins arrivent en flots continus de tout l’Empire et ce qui s’annonçait comme de pieuses réjouissances s’est vite changé en une immonde orgie dans laquelle tous les vices les plus vils s’entremêlent. En un sens, les choses n’ont pas tant changé que le pensent certaines de mes Sœurs ; c’est simplement que les masques derrière lesquels le péché et l’hérésie se cachent habituellement se fissurent et se craquèlent, laissant apparaître les bêtes sauvages qui les portent. Nous ne dérogeons pas à notre devoir sacré de nous en aller journellement arpenter les rues de Mordheim, mais nous ne sortons plus que par deux ou par trois et armées de nos marteaux de guerre. Trop de nos Sœurs ont connu un sort peu enviable en s’aventurant seules dans la gueule du péché…


C’est la fin de la journée ; une journée très spéciale. C’est le dernier jour de l’année, mais aussi le dernier jour du siècle et même du millénaire. Les cieux sont tout entier embrasés du feu de la Comète. Les gens disent que notre Maître sera bientôt là. Les astrologues affirment qu’il arrivera cette nuit même pour nous bénir de Sa divine présence. Et pourtant aujourd’hui nous ne sortirons pas. La Matriarche Suprême appelle toutes nos Sœurs à rester au Roc et à passer la journée en ferventes prières. Nous lui obéirons, bien entendu, et ferons œuvre de dévotion toute la nuit durant. Nous accueillerons cette ère nouvelle à notre juste place : en la sainte forteresse du Roc. Nous prions toutes que Sigmar rappelle aux hommes et aux femmes de Mordheim à vivre dans Sa lumière et à tourner le dos aux pratiques immondes auxquelles ils s’adonnent depuis des mois.


Le feu est tombé du ciel. Les pêcheurs sont morts, tous. Rien n’aurait pu survivre à un tel choc… Rien, si ce n’est le granit qui constitue le Roc et la foi pure qui le cimente. Toute la ville est en ruine, rien ne reste des bâtisses et des étals, des fêtes et de leurs excès. Absolument plus rien.
Nous étions en prières quand le divin Marteau de Sigmar s’est abattu sur Mordheim pour la pulvériser à jamais. La secousse fut si rude que le Roc lui-même trembla sur ses fondations. La température monta jusqu’à la limite du supportable et le vacarme fut immense. Nous n’avons pas cessé de prier, même quand le silence fut revenu. La déflagration a soulevé un gargantuesque nuage de poussière qui sature l’air et empêche de distinguer clairement l’étendue du désastre. Ce qui n’était pas fait de pierre doit encore se consumer car des cendres tièdes tourbillonnent partout et tapissent le sol d’un sinistre linceul grisâtre. Nous ne sortirons pas du Roc.


La pluie de cendres est finalement retombée au bout d’une semaine et la fumée des derniers incendies s’est enfin dissipée. Avec le feu du ciel, d’étranges pierres scintillantes ont fait leur apparition, baignant les décombres d’une lueur verdâtre et malsaine. La Matriarche dit qu’il s’agit des âmes des hérétiques que le feu à cristallisé en de la mauvaise pierre. Elle dit que nous devrons bientôt sortir à nouveau de notre abri et recueillir cette abomination pour l’enfuir loin dans les entrailles de granit du Roc, plus profondément que les plus anciennes cryptes de l’Ordre, dans des salles fermées par de lourdes portes doublées de plomb pour que jamais plus elle ne puisse nuire au peuple de Sigmar.


Nous sommes sorties aujourd’hui, pour la première fois depuis que c’est arrivé. La ville… Il était impossible de prendre la pleine mesure de la dévastation depuis les étroites fenêtres du Roc. Nous avons marché de longues heures, sans pourtant trouver le moindre survivant. Des milliers d’habitants que comptait Mordheim avant le cataclysme, il semble qu’il ne reste plus que nous, les Sœurs de Sigmar. Les restes calcinés des pécheurs garnissent souvent les décombres, mais il nous est impossible de les enterrer. Quant à la pierre mauvaise, elle se trouve partout. Il suffit de se baisser pour en emplir nos besaces. Il nous faudra des années pour en purger la cité toute entière. Soit, nous avons le temps.


D’autres pêcheurs sont venus, par bandes. Depuis des mois que nous vivons sur les décombres du passé de la cité de Mordheim, nous avons vu venir rôder bien des hérétiques. Humains ou non, vivants ou plus vraiment, se cachant sous le sceau d’une mission sacrée ou œuvrant au grand jour. Leur seul point commun étant l’éclat de cupidité morbide qui fait briller leurs yeux déments. Les ruines sont devenues le théâtre de combats sans merci. Nombre de mes Sœurs se lamentent sur le destin funeste de notre triste cité, mais je sais moi que les choses ne sont pas si différentes d’avant le Châtiment. Les masques craquelés ont fini de tomber en morceaux et nous faisons aujourd’hui enfin face au vrai visage de l’hérésie. Nous ne perdons plus de temps en vaines paroles pour essayer de ramener les égarés dans le giron de Sigmar ; c’est à présent armées de marteaux de guerre que nous faisons nos prêches.

Nous sortons toujours quotidiennement du Roc, nous en allant défendre la vraie foi de Sigmar; arpentant sans relâche les entrailles dévastées de Mordheim en une lutte qui semble bien devoir être sans fin. Nous ne faillirons pas à notre devoir, nous ne baisserons ni les bras, ni notre garde. Jamais.

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Ven 23 Oct 2020 - 15:32
L'histoire Sans Nom

La mort était présente où qu’ils aillent quand ils sortaient des murs de leurs maisons. Alors ils profitaient de l’occasion pour festoyer. La Fin du Monde était proche. L’Empire tombait, tout comme toutes les terres des Hommes. La Bretonnie ne viendrait pas disaient les rumeurs, aux prises avec les peaux-vertes et des hommes-bêtes difformes sur ses propres terres. Les elfes… personne n’en savait rien en réalité, mais ils n’étaient pas là. Les Nains ne pouvaient envoyer le moindre guerrier pour soutenir les hommes, encerclés dans leurs montagnes où ils s’étaient réfugiés.

Ne sachant combien de temps il leur restait à vivre, la noblesse impériale se vautrait dans le confort et la luxure. Après tout, ils n’avaient plus que cela à faire. Se battre leur était impossible. Il n’y avait pas assez d’armes pour tout le monde. Et ils valaient mieux que ces roturiers dont c’était le destin, de mourir pour l’Empire. Leur sang à eux, nobles seigneurs et nobles dames, comptait plus que celui de ces paysans réfugiés à Nuln pour fuir leur miséreuse campagne.

L’Eglise de Sigmar s’était en grande partie effondrée depuis le début du siège. Elle avait bien tenté de contenir la foi des fidèles et redonner du courage aux âmes emprises au désespoir. Mais la terreur et la tentation étaient trop fortes. Ceux qui n’étaient bien nés se battaient avec l’énergie du désespoir. Il ne leur restait rien d’autre que l’espoir de tenir assez longtemps pour espérer un hypothétique miracle. Les nantis, eux, avaient perdu toute illusion sur leur survie à long terme. Alors ils s’en donnaient à cœur joie. Ils profitaient de ce qui leur restait de temps à vivre.

Cet effondrement n’avait pas été brutal. Cela s’était fait très progressivement. Quand, au début du siège, l’Eglise était encore présente, les nobles avaient un peu d’espoir et se tenait. Mais, désormais, ils n’avaient pratiquement plus de barrières. Ils étaient l’incarnation d’un Empire décadent se vautrant dans la luxure pour oublier la situation qui empirait en dehors de leurs murs. Naturellement, certains, essentiellement des chevaliers et quelques généraux, continuaient à combattre, plus par désœuvrement qu’autre chose.

Ces festivités voyaient la consommation de vins, de bière et de nombreux mets par toute la noblesse de la ville. Aucun mysticisme n’était toléré, hormis les éventuels dieux concernant les fêtes, inconnus de toutes et de tous. Et plus les jours passaient, plus la luxure était grande, les nantis étant à la recherche de nouvelles sensations exotiques ou de plaisir alors que les gens mourraient dehors par dizaines chaque jour et que femmes et enfants étaient envoyés au combat. Cela avait commencé par simplement plus de repas et plus d’alcool. Ils étaient ensuite passés à des quantités de plus en plus importantes, qui avaient menées les participants à des comportements inhabituels.

Tout cela attira une attention soutenue de la part des dieux sombres. Le plus intéressé fut naturellement Slaanesh, le dieu de tous les plaisirs. Il aimait tout ce qu’il se passait dans cette ville, parmi la noblesse et la bourgeoisie, qui devenaient le symbole de la décadence de cet Empire en ruines et voué à disparaître. Il commença par simplement observer ce qu’il se passait. Et cela lui plaisait considérablement. Ces nantis faisaient appel à lui sans même le savoir et sans même s’en douter. Ils se corrompaient doucement mais de la plus exquise des manières.

Après quelques semaines, lassé de simplement voir les gens s’enivrer, il les encouragea à boire toujours plus et à adopter des comportements que leurs semblables jugeraient déviants, mais parfaitement acceptés par le Prince des Plaisirs. Le travail de sape finit par porter ses fruits alors que ses guerriers menaient des assauts contre les remparts de la cité. La décadence des classes aisées s’accéléra et bientôt, des rituels interdits furent pratiqués pour les aider à toujours ressentir plus de plaisir.

Ce fut ainsi que plusieurs de ses démonettes furent invoquées dans les demeures des riches bourgeois et nobles de la ville. Elles prenaient l’apparence de femmes ou d’hommes extrêmement désirables. Leurs caresses et danses lascives, sur les consignes du Corrupteur, se firent progressives et soumirent à sa volonté toute la classe dirigeante. Les pratiques interdites foisonnèrent pendant des semaines et des semaines, sans même que les participants ne pussent s’apercevoir de l’abîme dans lequel ils étaient tombés.

Finalement, Slaanesh finit par se lasser de tout cela. C’était intéressant au début, de voir ces gens si pieux et si dévoués à leur « dieu » finir par se vautrer dans la luxure alors que la situation à l’extérieure de leurs demeures empirait. Il ordonna à ses démons mineurs de passer à l’étape supérieure. Et, désormais, les orgies se transformaient en jeux de massacres où de nombreuses personnes étaient tuées.

Plus aucun participant, homme ou femme, ne reprenait pleinement possession de ses moyens pendant même une minute. Les démonettes du Prince du Chaos se déchaînaient avec leurs caresses provoquant à la fois du plaisir et de la douleur. Les humains se fouettaient, se torturaient eux-mêmes, désirant égaler les prouesses de ces dames si exquises et si douées. Le Royaume du Chaos n’était plus très loin d’apparaître au cœur même de la cité impériale, pouvant alors provoquer sa damnation éternelle.

Plusieurs jours durant, cela continua, encore et encore. Les humains ne dormaient presque plus, vivant en permanence dans un état second. Rien ne comptait plus que le plaisir que l’on retirait de la souffrance, et la joie, parfois, de donner la mort ou de mourir après de longues séances sous les coups de ces maîtresses de la torture qu’étaient les démons de Slaanesh apparaissant sous des formes désirables et désirées. Et cela finit par culminer.

A l’apogée de cette débauche, les quelques dizaines de survivants se réunirent en un seul endroit, jugés du regard par les pauvres et les miséreux de la rue, alors qu’ils sortaient. Mais qui étaient-ils pour faire une telle chose. Et l’inconcevable arriva. Dans une sorte d’orgie ultime, nombre d’entre eux se sacrifièrent pour la gloire de Slaanesh, permettant alors d’invoquer un Gardien du Plaisir. Qui déchaina sa fureur sur la cité.

Leur mission terminée, les démonettes se retirèrent dans le Royaume du Chaos. Dans un dernier éclair de lucidité, une bourgeoise aperçut simplement ces dames si désirables se retirer par une sorte de portail. La seconde d’après, elle mourut, transpercée par une griffe.

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Mar 27 Oct 2020 - 17:41
Justice

Cela faisait maintenant plus de cinq mois qu’Erich était sur cette enquête macabre et seulement depuis une vingtaine de jours qu’il n’avait plus qu’une seule idée unique en tête : trouver le meurtrier et le trainer devant la justice. Pourtant, lorsque l’affaire avait débuté, il n’y avait pas apporté une grande attention malgré l’horreur de la situation. Des cadavres de femmes dépecées retrouvés dans l’embouchure du port sans aucun lien apparent entre eux. Alors certes, il menait son travail d’enquêteur de manière consciencieuse et précise, mais son esprit était ailleurs.
Sa femme, Diana, attendait depuis sept mois un enfant quand le drame arriva…
Il aurait dû se douter que l’absence de repas le matin et le soir pendant trois jours d’affilée n’était pas de bon augure. Naïf comme il l’était, il avait émis l’innocente hypothèse qu’elle était terriblement fatiguée à cause de la venue de l’enfant qui se faisait de plus en plus proche.
Lorsqu’il partit au poste ce jour-là, quelque chose le mettait mal à l’aise, sans qu’il sût sur le moment ce que c’était. On lui avait annoncé qu’un corps avait été retrouvé, bien plus haut que d’habitude dans le fleuve menant au port. Ce n’est qu’une fois devant le corps écorché qu’il le reconnut, celui de Diana. À partir de là, l’univers d’Erich bascula. De jovial et innocent, il était devenu sérieux et froid. En se remémorant les trajets journaliers de sa femme du temps de son vivant, il élimina nombre de suspects jusqu’à n’avoir que deux principaux : le chirurgien-barbier du quartier, M. Mario Erdmann, et le boucher M. Leopold Loeb. Il était persuadé que le tueur de femmes, et surtout de Diana, était l’un des deux. Ainsi, il surveilla la demeure du boucher nuit et jour, le suivant en filature lors de ses sorties, tandis que d’autres agents espionnaient Mario Erdmann. Ce n’était qu’une question de temps avant que le meurtrier ne recommence…

L’attente dura dix-huit jours et vingt-deux heures.

Il en était allé jusqu’à compter les heures pour éviter de tomber dans le désespoir. L’heure sépara la mort de sa femme de la justice rendue était sa seule attache qui le reliait, lui, sa femme et son enfant. Il souhaitait, en tant que mari et père, leur apporter la paix dans leur trépas précipité.

Son intuition était bonne, le tueur était bien Mario Erdmann, le fameux chirurgien-barbier. Ce dernier, se pensant toujours en sécurité, était sorti un soir avec un costume étrange pour un homme. Les agents qui le surveillaient eurent un temps d’arrêt en voyant Mario Erdmann sortir avec une robe dans la pénombre. Pendant une dizaine de minutes, ils le suivirent à une distance respectable, leur permettant de voir sans être vus. Mario Erdmann avait une démarche étonnamment précautionneuse et hésitante, alors qu’il n’avait aucun problème de santé. Ce n’est que lorsqu’il ramena une femme inerte qu’il avait croisée dans une rue secondaire de la ville basse qu’« il » fut arrêté et que les enquêteurs comprirent l’horreur de la situation. Mario Erdmann portait, par-dessus sa peau, celle d’une femme. En particulier, celle qu’il avait sur lui ce soir-là sur lui était celle de Diana. Mario Erdmann fut emmené dans une cellule juste après. Le matin même, Erich et d’autres de ses confrères organisèrent une perquisition dans sa demeure. À l’étage et au rez-de-chaussée, rien d’anormal. Ce n’est qu’une fois au sous-sol qu’ils trouvèrent une chambre des horreurs. L’odeur cuivrée si particulière du sang emplissait les narines lors des dernières marches. Des costumes de peau de diverses femmes étaient accrochés à des cintres sur la largeur au fond de la pièce, dans un très bon état de conservation mais avec une élasticité de la peau variable entre les « vêtements ». Une table d’opération, sûrement là où il dépeçait le corps des femmes inconscientes, trônait au centre de la pièce, rougit par l’hémoglobine de ses nombreuses victimes. Des outils propres et variés dont on devinait l’usage, pendaient au mur, rangés dans un ordre bien précis, rajoutant à l’aspect morbide et dérangeant de la salle.

***

Le tribunal se déroula rapidement après l’arrestation et le résultat fut sans appel au vu des preuves évidentes : la mort par pendaison de Mario Erdmann le surlendemain à midi, au plus grand soulagement d’Erich. Cependant, une question le taraudait. Il lui devait avoir une réponse sinon il ne pourrait pas avoir l’esprit tranquille. Avant que Mario Erdmann ne retourne dans sa cellule, Erich se leva vivement avant de demander avec vigueur « Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi Diana ? ». Mario Erdmann ne se retourna même pas à l’intervention d’Erich, bien que celui-ci eut la certitude qu’il souriait de manière malsaine. Les réponses à ces questions, Erich ne les aura que le lendemain, lors de la venue de la prêtresse de Sigmar. Entourée de deux bourreaux qui avaient laissé leurs marques sur le visage désormais tuméfié du futur condamné, ce dernier était fermement attaché à sa chaise. Lorsque la prêtresse positionna ses mains sur les tempes de Mario, il se passa une dizaine de secondes sans effet visible avant que la prêtresse n’enlève ses mains, légèrement boulversée. Elle fit un signe aux éventuels conjoints et proches des multiples défuntes dans l’assistance de sortirent la rejoindre avant qu’elle ne se dirige vers une des arrière-salles de la cour de justice. Elle les invita ensuite à s’asseoir et attendit que tous le soient avant de leur expliquer ce qui s’était passé. Elle expliqua pendant de longues minutes qu’elle avait été bénie par Sigmar et qu’elle était en mesure de lire dans le cerveau des personnes, chose qu’elle venait de faire sur Mario Erdmann. Elle précisa que ce qu’elle s’apprêtait à dire était le signe de l’hérésie et d’une horreur incommensurable. Eux, simples conjoints, n’avaient pas la nécessité de connaître, sauf s’ils le désiraient ardemment.
Certains, sûrement sensibles sur cet aspect de la religion, quittèrent la salle. Pas Erich. Il avait tellement donné et souffert dans cette enquête. Il avait besoin de réponses. La prêtresse raconta alors que Mario Erdmann, pardonné soit-il, avait eu une enfance quelque peu tourmentée. Ses parents étaient pauvres et son père estimait qu’il était préférable pour lui d’avoir une fille. Le destin en décida autrement quand naquit Mario Erdmann. Furieux de ce signe du destin (certains diraient Ranald), il commença à battre son fils et à l’habiller comme une fille. Il voyait en son fils ce qu’il souhaitait ce que sa fille fasse pour lui : belle, présentable, ainsi que des choses bien moins reluisantes, comme vendre son corps après la mort de sa mère.
Les années passèrent et Mario Erdmann grandit. Un énième soir où son père avait trop bu, ce dernier tenta une fois de trop de profiter de son fils. Mario Erdmann réussit à se défendre et le tua. Se retrouvant seul et n’ayant connu que comment se comporter comme une fille, il essuyait au début des moqueries de la part d’autres hommes. C’est alors qu’il comprit que pour « s’intégrer » bien dans la société, il lui fallait comprendre l’anatomie du corps humain pour devenir pleinement une femme, chose qu’il se devait d’être avec son corps efféminé. Une fois son diplôme en poche de chirurgien-barbier, son œuvre macabre se mit doucement en place. Il ne pouvait pas devenir une femme certes, mais il pouvait tout du moins en prendre l’apparence. C’est ainsi qu’il commença, quelques années après s’être implanté, à récupérer la peau des femmes qu’il récupérait la nuit avant de les conserver pour les utiliser. Cependant, il devait souvent changement de « vêtement de peau », celui-ci perdant malgré tout rapidement en élasticité.

Une fois cette histoire racontée, Erich ne dormit pas l’œil de la nuit, repensa à la malchance qu’avait sa femme et les autres qui avaient croisé la route de Mario Erdmann ces trop nombreux soirs. Ce n’est qu’une fois Mario Erdmann pendu et mort qu’Erich passa au temple de Mórr. À genoux devant l’autel, il adressa une prière pour Diana et toutes ces femmes qui pouvaient désormais reposer en paix.

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Mer 28 Oct 2020 - 10:34
Menaçantes occupantes

Je me suis servi de la couleur de fond pour des simili alinea^^ vive la couleur de fond du forum!
alineaLa scène se passe sur la place d’un village impérial. De grandes maisons se font face de part et d’autre d’une grande rue zébrée de traces de roues. Tous les volets sont fermés. De temps en temps un battant de bois s’entrouvre furtivement, un villageois jette un regard au dehors puis referme le volet.

alineaUn bâtiment se démarque des autres. Il est plus riche, est couvert d’ardoises au lieu de chaume. Seuls les volets du premier étage sont fermés. La porte d’entrée est accessible en haut d’un escalier de quelques marches montant sur le côté du mur. Une enseigne à la propreté plus irréprochable que l’orthographe donne au lieu le nom de « auberge du loup harpiste ».

alineaAlors que le ciel commence à tendre vers le orange, on entend un bruit de pas et de sabots. Un cavalier en armure arrive au pas par la grande rue. Tout chez lui indique un grade de capitaine : sa moustache épaisse comme un sabot, la plume de couleur criarde de son chapeau et son épée au pommeau démesuré sur laquelle repose sa main. Il est guidé par un homme vêtu à la manière des trappeurs de la région. A leur suite entre un régiment de soldats en uniforme du Stirland.



La chasseuse :
C’est ici monseigneur, juste dans l’bâtiment.

Le capitaine : à sa troupe
Encerclez la bâtisse ! Et préparez l’assaut.
Vous entrerez à quinze, les épéistes devant.
Les autres, soyez alertes, ce n’est jamais de trop.

Une grosse femme portant un tablier et un petit homme habillé d’un lourd manteau sortent d’une maison voisine et s’approchent du capitaine.

La patronne :
Oh merci monseigneur d’être venu nous sauver !

Le capitaine :
De ce que l’on m’a dit c’était assez urgent.

Le marchand :
Vous n’imaginez pas ! Êtes-vous sûrs d’être assez ?

Le capitaine :
Vous n’avez rien à craindre, j’ai tout un régiment.

La chasseuse : à part, en allant s’appuyer contre un mur
C’est quand même vraiment loin d’ici à la grande ville.

La patronne :
Savez-vous donc à quels monstres nous avons à faire ?

Le capitaine :
J’ai ma petite idée. Ne vous faites pas de bile,
Nous en avons vu d’autres. Mais racontez l’affaire
Les détails de l’histoire ne peuvent que nous aider.

La patronne :
C’était juste avant l’aube, je venais de descendre
Quand sont entrées deux dames, richement habillées.
Elles voulaient une chambre, du moins ai-je cru comprendre.

Le marchand :
Je prenais dans la salle mon petit déjeuner
Avec le mercenaire qui devait m’escorter
Et alors qu’elles montaient, il n’a pu s’empêcher
Une remarque gaillarde… alineaalineaalineaalineaalinea

La patronne :
alineaalineaalineaalineaalineaL’une d’elle s’est retournée.
Et s’est jetée sur lui pour lui mordre le cou !

Le marchand :

Elle a presque arraché sa gorge d’un coup de dent !
Le type n’a rien pu faire ! Son sang giclait partout !
On n’a pas attendu pour tous fuir sur le champ.

La patronne :
Et alors que le jour se levait voilà que
Les volets de l’étage se sont fermés tous seuls !
C’était sorcellerie !alineaalineaalineaalinea

Le capitaine :
alineaalineaalineaalineaBénissez tous les dieux
Car le soleil vous a protégé de leurs gueules.

La patronne :
Ne sachant pas quoi faire pour bannir ces démons,
J’ai demandé à la chasseuse de vous quérir
Pendant que, à l’abris, nous les surveillions.

Le capitaine :
Avant que la nuit tombe, ces mesdames vont sortir
Les deux pieds par devant.alineaalineaalineaalinea

La chasseuse :
alineaalineaalineaalineaQue Sigmar vous protège.

Le capitaine : à ses soldats
Vous avez entendus ? Il y a à l’étage
Deux êtres de la nuit, des monstres sacrilèges !
Enfoncez moi la porte !alineaalineaalineaalinea

La patronne :
alineaalineaalineaalineaSauvez notre village !

Le soldat le plus proche de l’entrée enfonce la porte d’un coup de pied. Une partie des soldats se ruent alors à l’intérieur et presque immédiatement des bruits de combat se font entendre.


La patronne :
soudain hésitante
J’avais tout nettoyé pas plus tard que la veille…

La chasseuse :
Ils se battent là-dedans !alineaalineaalineaalinea

Le capitaine :
alineaalineaalineaalinea
Mais non pas d’inquiétudes
Tant que la nuit n’est pas là elles sont en sommeil.

Le marchand :
Pour des monstres endormis elles ont bien du mordant !

La patronne :
Sauvez-nous mais pitié ne me cassez pas tout !
J’y tiens à mon auberge !alineaalineaalineaalineaalineaalinea

Un objet passe au travers de la fenêtre et tombe au milieu du groupe

La patronne :
Ma fenêtre !

Le marchand : se forçant à regarder au loin
alineaalineaalineaalineaalineaEst-ce un bras ?

La chasseuse :
Si ça n'en est pas un ça y ressemble beaucoup.

Le marchand :
Je vais me sentir mal…alineaalineaalineaalineaalinea

La chasseuse :
alineaalineaalineaalineaalineaUn homme s'enfuit là-bas!

Le capitaine : mal à l’aise
J’admets qu’il soit possible que j’aie sous-estimé
La résistance de ces vampires…alineaalineaalineaalinea

Le marchand :
alineaalineaalineaalineaAh bon ? Sans rire ?

La patronne :
Un homme cri de terreur !alineaalineaalineaalineaalinea

La chasseuse :
alineaalineaalineaalineaalineaJ’ai entendu hurler
Comme ça lors d’une chasse à l’homme-bête, mais en pire.

Le capitaine : de plus en plus hésitant
Ça va vite se finir… C’est un baroud d’honneur…

La patronne :
Qu’était ce bruit horrible ?alineaalineaalineaalineaalinea

La chasseuse :
alineaalineaalineaalineaalineaUn craquement je crois.

Les personnages se taisent en écoutant la suite du combat. Petit à petit le bruit diminue.

Le marchand :
Ha ! Voyez ? Ça se calme enfin ! alineaalineaalineaalinea

La patronne
alineaalineaalineaalineaA la bonne heure !

Le capitaine : Avec aplomb
Les enfants de Sigmar ont abattu leurs cibles.

Un soldat sort en se tenant le ventre et tombe dans l’escalier. Il s’effondre dans la boue de la rue et cesse de bouger. Les personnages se regardent entre eux, ne sachant pas quoi faire. La moustache du capitaine s’affaisse lentement.

La chasseuse :
Soit elles avaient le sommeil léger…alineaalineaalinea

La chasseuse :
alineaalineaalineaTrès léger.

La patronne :
Soit il était plus tard que nous le pensions.alineaalineaalineaalineaalinea

Le marchand :
alineaalineaalineaalineaCertes.

La chasseuse :
C’est vrai que la nuit tombe vite en cette fin d’été.

La patronne :
La troupe venait de loin… Je ne suis pas experte
Mais peut-être qu’ils étaient tous un peu fatigués.

Le marchand :
C’est une longue route de la ville jusqu’ici.

La patronne :
Toujours est-il qu’ils n’ont pas pu les déloger…

Le capitaine :
J’ai dit qu’elles partiraient de là avant la nuit
Et ça sera le cas ! alineaalineaalineaalinea

La chasseuse : à part
alineaalineaalineaalineaalineaL’heure approche à grand pas.

Un soldat :
Capitaine, nous avons perdu dix épéistes.
Cinq par la porte arrière ont pu sortir de là.

La patronne :
Peut-être existe-t-il une option pacifiste ?

Le capitaine :
Bien sûr que non Madame. Mais j’ai la solution.

Le marchand :
Quelle est-elle ?alineaalineaalineaalineaalinea

Le capitaine :
alineaalineaalineaalineaalineaNous n’allons pas gâcher d’autres vies.
Puisque nous ne pouvons entrer dans la maison
Nous allons les bannir sans même bouger d’ici !

La chasseuse :
Comment allez-vous donc accomplir cet exploit ?

Le capitaine :
J’avais fait emmener un canon, au cas où
Les choses n’iraient pas bien.alineaalineaalineaalineaalinea

Le marchand :
alineaalineaalineaalineaalineaVous n’imaginez pas…

Le capitaine :
Nous allons faire feu sur l’auberge !alineaalineaalineaalineaalinea

La patronne :
alineaalineaalineaalineaalineaEtes-vous fou ?

Le marchand :
Il y a dans ma chambre mon or, mes épices… mon…

Le capitaine :
Pour la mort de vampires ce n’est pas cher payé !

La patronne :
Que personne n’abime mon auberge sinon
Ça sera la révolte de toute la contrée !

Le capitaine :
Voyez-vous ça !  Pour une aubergealineaalineaalineaalinea

La chasseuse :
alineaalineaalineaalineaBien sûr que oui !
N’imaginez-vous pas l’impact irréparable
Qu’aurait la destruction de cette place ?alineaalineaalineaalineaalinea

Le capitaine :
alineaalineaalineaalineaalineaNenni.
Je ne vois plus ici que l’antre abominable
De deux démons que vous-même vouliez voir mourir.
Et ne peux pas comprendre votre revirement !

La patronne :
Si je vois ce canon en position de tir
Vous déclencherez l’ire de tous les paysans
Des chasseurs, voyageurs, et même des soldats
Tous les gens qui après des heures de voyage
Espéraient faire une pause à l’abri sous mon toit !

Le marchand :
Ce serait pour la guilde des marchands un outrage
D’abimer mes marchandises ! J’ai des relations !

La chasseuse :
Vous aurez sur les mains le sang de tous les nains
Qui se dessécheront sans avoir la boisson
Qu’ils attendaient ici.alineaalineaalineaalinea

Le capitaine :
alineaalineaalineaalineaMais tout cela n’est rien,
Contre la mise à bas de ces deux vils démons !
Allez, écartez-vous ! Le jour vient de finir !

Les soldats bousculent les personnages et commencent avancer le canon. Soudain, un épéiste sort de l’auberge en titubant. Ses yeux sont vides et un de ses bras lui manque.

Le zombie :
Bonsoir. Veuillez excusez cette interruption
Mais mes maîtresses voudraient avant de repartir
Vous dire qu’elles ont laissé juste sur le comptoir
De quoi payer la chambre ainsi que les dégâts.

Le zombie s’écroule au sol. Un bruit de chevaux se fait entendre et un carrosse entièrement noir traverse la scène. Rideau.

_________________
Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
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Ven 30 Oct 2020 - 11:00
Les Enfants Perdus de Bretonnie

« Père, vous ne devriez point vous en vouloir du départ de mère. Sa décision était prise depuis longtemps.
-L’était-ce ? Ta mère et moi avons eu six enfants. Six Enfants, Hrodbert. Six ! Qu’est ce que la Dame me voulait à me donner six enfants, avant de m’en enlever cinq ! Tes trois sœurs, tes deux frères, et tu es le seul qui n’a pas manifesté la moindre once de so…magie… Sa mort… La mort de ta mère n’est pas un hasard, ni un coup du sort. C’est le destin qui s’acharne sur nous, Hrodbert. Rien d’autre. On m’enlève ta mère, on m’enlève tes sœurs, tes frères, et tout ce qu’il me reste, c’est toi Hrodbert, est-ce si horrible que je ne souhaite pas que tu partes en guerre pour le Cœur de Lion ? Tu es l’avenir de notre lignée. Tu es notre futur. Ta mort ne m’apportera que chagrin, peine et rancœur envers notre Roy bien-aimé.
-Père ! Je vous en supplie ! Je dois faire mes preuves ! J’ai le meilleur destrier qu’on ait jamais pu me trouver dans notre Duché, au crin aussi noir que la nuit, et aux yeux embrasés ! Mon armure est faite d’argent et d’acier bretonnien le plus exquis ! Ademar est un paysan, certes, mais je l’ai vu battre le métal ! Je suis sûr que même les maîtres nains n’auraient pu faire mieux ! Mon épée et ma lance ont été enchantées par un sorcier de l’empire que tu as fait passer en douce sur nos terres. Mais cela n’est rien ! Tu es allé chercher les meilleurs maîtres d’armes de toute la bretonnie pour m’enseigner comment lever la lame, manier le marteau, la hache, le fléau, l’épée, la lance, la pique, la hallebarde ! Des stratèges m’ont appris comment garder le moral des paysans, et rallier des chevaliers déroutés !
Père ! Je suis plus prêt que jamais ! Laisse moi chevaucher aux côtés de Cœur de Lion face à Mallobaude ! » rugit le fils.
Le père sourit doucement, et posa ses yeux d’un bleu océan dans les yeux verts que son fils avait hérité de sa mère, et, amèrement, hocha lentement la tête.
-Je sais que tu l’es, mon fils. Je le sais bien… Alors…Pars. Chevauche, et rejoins notre Roy. Les sergents affirment qu’il n’est pas bien loin. Peut être une ou deux journées de cheval, mais il chevauchera durement dès demain vers le sud. Mallobaude l’a devancé.
-Alors.. j’y irais, et je ferais honneur à notre lignée.
-Oh je sais que tu le feras, fils. Comme tes sœurs et frères disparus le font… en servant la dame..
Au fond de lui, le père savait déjà ce qui arriverait si le sort s’acharnait autant sur lui, mais un père ne pouvait rien refuser à son dernier fils, seulement l’armer du mieux possible. Mais il savait également, quand il vit son fils partir, qu’il ne le reverrait jamais. Autant qu’il pertinemment que bientôt, il empoignerait à nouveau les rênes de son propre cheval, son ancienne lance, pour lutter par pure rancœur contre Louen.

Et la nouvelle ne tarda pas à venir.

Deux lunes plus tard, le heaume déchiqueté du fils revint, ainsi que son tabard déchiré.
Une lune plus tard encore, et la petite baronnie leva la bannière de la rébellion contre Louen.

Cependant, ce qui vint à lui le jour suivant fut bien différent de ce à quoi il s’était attendu.
Sous ses yeux, ses hommes d’armes furent projetés contre les murs, leurs armes se mirent à luire, et tombèrent de leurs mains cloquées et brûlées. Leurs arcs ne trouvaient aucune cible, le vent emportant leurs flèches, comme si les éléments eux-même protégeaient les assaillants.  
Quand enfin, il put compter les assaillants, il se rendit compte qu’ils n’étaient que trois.
Elles. N’étaient que trois.
Et les trois tressaient les vents de magie en un ensemble coordonné, tirant encore, et encore dans la magie, pour venir à bout des défenses du château, et balayer ses défenseurs.
Bientôt, les portes volèrent en éclat, dans une explosion de lumière, et de morceaux de bois qui tua tout homme se trouvant à côté.
Le Baron savait déjà face à qui il se tenait.
A nouveau, il sourit amèrement sous son casque.
Vois-tu ce que sont devenues nos filles, Isolde ? Es-tu fière d’elles ? Je ne saurais jamais pour nos fils, mais nos filles vivent ! Le sort s’acharne peut-être sur moi, à me jouer une amère plaisanterie, mais je souris, ma belle Isolde. Je vais bientôt te rejoindre.

Le baron talonna sa monture, qui avança sans peur dans l’immense cour circulaire du château, entre la grande porte, et le donjon, pour faire face à ses trois filles.
Chacune était drapée dans une robe de soie, azure, ambrée ou sinople d’une facture .. magnifique, parfaite même. Indécente tant les coutures avaient été réalisées avec finesse ! Il n’avait jamais vu une telle beauté. Leurs cheveux blonds étaient tous tressés en nattes élaborées, et sûrement compliquées en faire, et décorées de fleur de lys. Leur peau pâle soulignait la rougeur de leurs joues, et les efforts qu’elles avaient du faire pour balayer les défenses de sa forteresse. Ironiquement, cela le rendit fier que de leur donné du fil à retordre. Et leurs yeux. Ô leurs yeux… Les yeux de leur mère. Les beaux yeux de leur mère, à l’exception d’une seule, qui possédait les siens.
Cela n’avait été que joie le jour où elles étaient nées. Trois sœurs en même temps ! Deux jumelles, et une différant légèrement des autres.
« Bonjour, mes filles » annonça t-il en se présentant devant elle, son heaume mis, avant de les désigner à tour de rôle
« Eleanor, Louise, Hélène. Que je suis ravi de vous revoir chez vous. Auprès de votre père. Il semble que le destin me joue un mauvais tour. Moins de trois lunes avant, Hrodbert meurt, et maintenant vous revenez. Si vous me tuez, peut être que Louran et Aldaric aussi vont revenir ? »
« Ils ne reviendront point, père. Vous y avez veillé en vous déshonorant. Et s’ils revenaient, ce serait pour vous pourfendre, vous et votre félonie. » annonça Eleanor d’une voix grondante comme la tempête.
« Louran et Aldaric vivent père. Les fils perdus de Bretonnie sont nécessaires pour quelque chose qui vous dépasse de loin, père. Ils se battent pour la Bretonnie, alors que vous venez de la trahir. Ils se battent pour redorer votre blason » Annonça alors Louise, d’une voix aussi douce que la brise d’été
« Nous devions vous annoncer une dernière chose avant de vous occire, père »
« Je t’en prie, Hélène, dis donc ! Je meurs d’envie de savoir pourquoi la sorcière du lac m’a pris tous mes enfants, me les a arraché à la naissance, et a laissé mourir le seul qu’elle m’a laissé ! » rugit le père.
Hélène reprit son souffle un instant, et tout en faisant naître une lance d’ambre dans sa main, et dit simplement, d'une voix ressemblant au grognement d'un loup, avec une pointe de pitié

«Hrodbert vit, et chevauche à l’heure qu’il est pour Quenelles avec le Roy ».
Le père n’eut pas le temps de réagir, car l’instant d’après, la lance d’ambre le transperça, lui et son destrier, et le plaquèrent à la herse du donjon.
Alors même qu’il mourrait, ses yeux remplis de larmes se levèrent vers ses filles, qui s’éloignaient, ces dames qui s’en allaient.
Ses mains se joignirent une dernière fois, pour une dernière prière à la Dame.
Protégez… les.
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Sam 31 Oct 2020 - 0:24
Jusqu’à ce que la mort nous sépare


La piste était facile à suivre, même dans la lumière baissante du crépuscule. Ici une branche cassée, là une trace dans la terre. Malgré toutes ses tentatives pour lui apprendre, Hilda n’avait jamais réussi à masquer ses traces en forêt. Il avait fini par laisser tomber trois ans après leur mariage. Cette pensée le fit sourire un instant alors qu’il se rappelait le rire amusé de sa femme, si belle, qui plaisantait en disant qu’au moins son chasseur de mari la retrouverait sans problème si elle se perdait un jour.

Son sourire s’effaça. Ce jour, Arno craignait qu’il ne soit venu. Cela faisait quelques semaines que des femmes disparaissaient mystérieusement au village. Sans laisser de traces. Mais pas son Hilda adorée, oh non. La piste, il la suivait depuis qu’il était rentré chez lui pour la trouver absente. L’angoisse enserrait son cœur à l’idée d’arriver trop tard. Mais arriver où ? Il n’avait aucune idée de ce qu’il trouverait, et cela l’inquiétait. Pressant le pas, il continua sa progression rapide dans cette forêt, dont les arbres s’étaient parés de couleurs chaudes en cette fin d’automne. Arno resserra son manteau de fourrures. La lumière décroissait vite, il n’avait plus beaucoup de temps.

Il émergea finalement dans une grande clairière, faiblement éclairée par les quelques rayons d’un soleil couchant. Devant lui, le sol continuait encore quelques mètres, puis laissait place à un lac, à la surface sombre aussi lisse qu’une vitre. Un frisson lui parcourut l’échine. Où était sa tendre Hilda ?

Et puis il la vit. Elle était sur la berge, lui tournant le dos. Il aurait reconnu cette silhouette entre mille. Vêtue d’une robe diaphane qui semblait flotter autour d’elle et qu’il ne connaissait pas, elle avait l’air d’une apparition. Immensément soulagé, Arno cria le nom de son épouse tout en courant vers elle.

« Hilda ! »

Elle se retourna vivement, un sourire sibyllin éclairant son visage pâle encadré de cheveux roux. Qu’est-ce qu’elle était belle, cette apparition, avec son petit nez et ses yeux en amande. Elle ne prononça pas un mot, se contentant de sourire alors qu’il la prit dans ses bras, la serrant de toutes ses forces. Arno, dominant sa femme par sa taille et sa carrure, se sentait soulagé d’un poids immense, de pouvoir étreindre ce corps menu qu’il connaissait si bien.

« Qu’est-ce qui t’a pris de partir comme ça mon amour ? » Finit-il par murmurer au creux de son oreille. « J’étais si inquiet. »

Elle répondit dans un souffle.

« Je voulais qu’on se retrouve ici. L’endroit est si romantique, tu ne trouves pas ? Je voulais te faire la surprise. »

Arno leva un peu le regard, Hilda toujours serrée contre lui, et contempla la clairière, la trouvant effectivement très belle. Les arbres avaient pris des teintes mordorées, et les derniers rayons du soleil rendaient une ambiance féérique. Il se demandait vaguement comment sa femme pouvait connaître un tel endroit alors que lui, le chasseur, en ignorait l’existence, mais pour l’instant cela lui était égal. Il était heureux.

Soudain, un léger gémissement attira son regard vers le bord du lac, parsemé de roseaux. Les lunes éclairaient plus que le soleil, mais il distingua tout de même que c’était une forme sombre qui flottait. Comme un corps, celui d’un animal ou…d’un homme ! Etouffant un juron, il lâcha Hilda, et se précipita dans l’eau.

Instantanément, un froid intense le saisit aux jambes. L’eau était glacée, et l’air frais. Mais ça n’arrêta pas Arno, qui pataugea, l’eau jusqu’à mi-cuisse, en direction du corps. Car c’était bien un corps, celui d’une femme, étendue sur le dos dans l’onde glaciale. Péniblement, il se rapprochait. Elle était pâle, les bras ballants, et il ignorait si elle était encore en vie. Il finit par distinguer qu’elle avait des cheveux roux, elle aussi. Et un petit nez aussi. Comme…

Arno écarquilla les yeux. Ce n’était pas possible. Il se figea, comme congelé sur place. Et le froid n’avait rien à voir.

Là, devant lui, le corps inanimé de sa femme flottait dans le lac.

La respiration soudain haletante, il tourna un regard paniqué vers là où Hilda s’était tenue quelques secondes plus tôt. Il n’y avait plus personne, et il ne vit que Morrslieb, dont la quiétude se moquait de ses états d’âme.

Le corps émit un nouveau gémissement. Ténu. Presque un murmure.

La réalité le rattrapa en une fraction de seconde.

« HILDA ! »

Il n’y avait pas une minute à perdre. Se saisissant d’elle d’une main, Arno la hissa hors de l’eau de ses bras puissants, qui tremblaient sous l’émotion. Elle était glacée comme la mort. Tout en la ramenant petit à petit vers la berge, il enleva maladroitement son manteau et enveloppa comme il put le corps frêle d’Hilda à l’intérieur.

« Hilda, tient bon ma fraise des bois. Tiens bon ! » Ses dents claquaient d’angoisse et de froid. Il sentait confusément ses jambes s’engourdir, mais ce n’était pas important. Seule importait la survie de celle qu’il aimait.

Parvenant sur la berge, il posa son précieux fardeau sur un rocher émergeant de l’eau. Puis, sans même prendre la peine de se mettre lui-même au sec, Arno entreprit de la frictionner. Energiquement.

« Reviens, Hilda, revient à moi. Je t’aime. Je t’aime tellement. Ne pars pas ! Pas comme ça. » Sa voix se brisa. Des larmes chaudes brouillèrent sa vue. La nuit était totalement tombée à présent, et seule la lumière des deux lunes étaient témoins de sa détresse.

Et soudain, Arno sentit une poigne d’acier se refermer sur sa jambe. Une poigne aussi froide que la glace.

« Que… »

Une force immense le tira violemment en arrière. Son visage se cogna sur le sol alors qu’il était entraîné vers le lac. Vers les profondeurs.

L’entrée brutale dans l’eau glacée lui fit reprendre ses esprits. Tout était noir, il distinguait à peine la surface, qui s’éloignait. Et ce froid. Ce froid qui pénétrait par tous les pores de sa peau. Et il sentait déjà le manque d’air. L’eau étouffa son cri de détresse, et il essaya de nager vers le haut. En vain. Il était entraîné vers le fond par…quelque-chose. Quelque-chose qui ne le lâchait pas.

« Laisse-toi aller, Arno. Lâche prise, et tu verras, tout ira mieux. »

Cette voix susurrante, presque reposante,…c’était celle d’Hilda ! Il n’y comprenait plus rien. Ses poumons le brûlaient. Son corps se tétanisait par la température glaciale.

« Viens avec moi » continua de murmurer la voix de sa femme. « Nous serons tous les deux, pour l’éternité. Je sais que tu le veux. Tu n’as qu’à lâcher prise. »

« Tais-toi ! » Tenta-il de hurler, mais il ne produit à la place qu’un gargouillement pathétique. Alors, saisissant sa dernière chance, Arno s’empara du couteau qu’il portait à la hanche et se pencha vers sa jambe enserrée, frappant à l’aveugle. Animé par l’énergie du désespoir. Et même cette énergie semblait lui faire défaut.

Et d’un coup, il sentit, confusément, qu’il avait atteint quelque-chose.

« AAAAAAAAAAARGH »

La voix susurrante s’était muée en un hurlement désincarné, qui n’avait plus rien d’humain. D’un coup, l’étau qui l’entraînait par le fond disparut, en même temps que ses dernières forces. Ses poumons étaient en feu, son corps un glaçon. Il tenta, vaguement, d’esquisser des mouvements de nage vers la surface, mais elle semblait si loin, si inatteignable. L’obscurité se refermait sur lui. Il ne sentait plus ses bras, plus ses jambes. Seuls ses poumons….

*

« Reviens, reviens ! Ne me laisse pas seule ! »

Cette voix. Ces pleurs. Une force sur sa poitrine. Arno toussa. Il ne voyait rien, ne sentait rien, mais il entendait. Il entendait Hilda. Etait-ce elle ? Pour de vrai ? Il n’osait même plus l’espérer. Il toussa à nouveau. Ses poumons lui faisaient encore mal. Mais il était en vie.

« Mon pain d’épice, reviens à moi. Je t’en supplie. »

La voix d’Hilda se mua en pleurs. Il sentit une larme couler sur son visage. Ça le réchauffa. Il parvint à ouvrir un œil.

Et le trouva face à celui, bleu, en amande, d’Hilda. De son Hilda. Qui masquait à présent la nuit de son superbe petit visage. Il la devinait à peine dans l’obscurité. Mais ça lui suffisait.

« Oh Arno. Ne meurs pas. Je t’en prie. »

« Pas…ce soir » parvint-il à peine à murmurer. Ses mots, il les entendit plus qu’il ne se sentit les prononcer.

Les lèvres d’Hilda se posèrent sur les siennes.

Ils ne moururent pas cette nuit-là.

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Sam 31 Oct 2020 - 10:12
Le bourgeois aux grelots


Il étais une fois dans le Grand-duché de Talabecland, un tout jeune petit bourgeois qui aimait porter des grelots à ses manches. Un jour, il traversa un petit village pour se rendre on ne sait où. Malheureusement pour lui, la pluie abondante de la veille avait rendu le chemin extrêmement boueux et le cocher dû arrêter le carrosse. Qu’à cela ne tienne, le petit bourgeois descendit pour continuer à pied.
Hors, à peine eût-il posé le pied au sol, qu’il glissa et chuta, s’étalant de tout son long dans la gadoue épaisse et poisseuse. La plupart des paysans éclatèrent de rire devant ce petit gentilhomme aux habits tout crottés, sauf deux petites filles aux cheveux ébouriffés qui accoururent pour l’aider. Cependant elles furent immédiatement repoussées par l’escorte du malheureux, croyant qu’elles voulaient lui faire les poches.
Le petit bourgeois se releva péniblement et, rouge de colère, il hurla : “Je veux une grande route pavée à la place de ce tas de boue !”. En entendant ces mots, les villageois ne riaient plus. L’un d’eux pris la parole : “Mais vous n’y pensez pas ! Où allons-nous vivre et travailler ?”. “Je m’en moque ! Qu’on envoie un message au palais immédiatement !” rétorqua le petit bourgeois.
Le petit village fut donc rasé, et les deux petites filles durent partir dans la grande ville chercher du travail.

Quelques années plus tard, les jeunes filles aux cheveux ébouriffés avaient bien grandit. Elles trouvèrent du travail chez un cordonnier dont les créations étaient reconnues dans tout le Grand-duché.
Un jour elles entendirent quelqu’un entrer dans la boutique, accompagné d’un bruit de grelot. Le jeune bourgeois, car il s’agissait bien de lui, tout fier sous son chapeau à plumes, demanda : “Cordonnier ! Fabrique-moi des bottes en cuir de mouflon, brodés d’une rose ! Il faut que je sois élégant pour le bal que donne mon père !”. “Bien sûr” répondit le cordonnier “je peux vous les faire pour la semaine prochaine mon bon monsieur”. “Le bal est dans deux jours, je ne peux pas attendre aussi longtemps ! Faites le nécessaire.” rétorqua le jeune bourgeois en claquant la porte.
Le cordonnier et les jeunes filles travaillèrent d’arrache-pied nuit et jour pour satisfaire le commanditaire. Mais lorsque celui-ci revint, les bottes n’étaient pas à son goût et il fit courir le bruit que le pauvre cordonnier n’était qu’un imposteur et un escroc. Ruiné, il ne pouvait plus payer les deux jeunes filles aux cheveux ébouriffés et elles s’en allèrent, se retrouvant à la rue sans un sous.

Après des années passées à mendier et voler pour manger, les deux jeunes femmes aux cheveux ébouriffés se sont fait une bonne réputation et sont maintenant à la tête d’une petite bande de joyeux malfrats.
Un jour, elles entendirent quelqu’un marcher dans la rue accompagné d’un bruit de grelots. Le bourgeois contemplait la misère du quartier et dit à ses suivants : “Avec la délégation d’Altdorf qui arrive dans quelques semaines, ces mendiants ne peuvent pas rester à la vue de tous. Qu’on envoie un message au bureau du bourgmestre, qu’on les chasse de la ville !”. Le lendemain la garde s’exécuta, et en une semaine à peine, les rues étaient vides.
Forcées elles aussi de s’en aller, les deux jeunes femmes aux cheveux ébouriffés trouvèrent refuge dans une cabane abandonnée, au beau milieu de la forêt.

Après un temps passé à survivre, les deux femmes aux cheveux ébouriffés devinrent des expertes de la vie en forêt. Les animaux, les plantes et les champignons n’avaient plus de secret pour elles.
Consciencieusement, elles ramassèrent des ingrédients bien précis et confectionnèrent des biscuits d’une belle couleur violette, le cadeau parfait. Elle passèrent leur plus belle toilette, coiffèrent leurs beaux cheveux, mirent les jolis biscuits dans de petits paniers et prirent la route.
Elles arrivèrent devant une grande demeure, une fête battait déjà son plein.
“Un cadeau pour monsieur et ses invités” dirent-elles en cœur. Le majordome les fit entrer, et c’est alors que le bourgeois descendit le grand escalier, accompagné d’un bruit de grelot. “Ah c’est magnifique !” S’exclama-t-il en regardant tout autant les gâteaux que les deux femmes. “A qui ai-je l’honneur d’être présenté ?” demanda-t-il à son serviteur. “De simples paysannes venues rendre honneur à monsieur” répondit-il. “Et bien mangeons ces friandises, et partagez les festivités avec nous !” lança le bourgeois.
Toute la maisonnée s’empara alors d’un de ces magnifiques biscuits. Mais, une fois la première bouchée avalée, les gorges se nouèrent, les yeux se révulsèrent et les corps s’écroulèrent un à un.
Un sourire satisfait se dessina sur les visages des deux femmes. Elles s’en allèrent d’un pas lent et victorieux, d’elles-même cette fois-ci.

Et c’est ainsi que les grelots du marquis avaient tinté pour la dernière fois.
Reyn la Marmotte

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Sam 31 Oct 2020 - 11:27
Ces mesdames s'en vont pour toujours

« Plus vite. Encore plus vite. Marianne ne pense qu'à ça et à l'horizon masqué par les dunes s'étendant à perte de vue. L'éclat de Morrslieb, autrefois perçu comme un allié rassurant par la fuyarde ressemble maintenant à une moquerie cruelle. C'était une erreur de venir ici elle-même. En temps normal elle songerait à la punition qu'elle et ses sœurs ne manqueront pas de recevoir si un jour elles regagnent le Pinacle d'Argent mais à cet instant, penser à un avenir aussi désespérément lointain ne lui vient même pas à l'esprit.
Elle entend un cri étouffé derrière elle suivi d'un bruit sourd.
-Marianne !
Elle se retourne. Sa sœur de sang, Demetra gît au sol, une flèche plantée dans le dos. Elisabeth, la troisième sœur l'aide à se relever.
-Bon sang mais qu'est-ce que vous faites ?! hurle Marianne.
-Que crois tu que je fais ? lui rétorque Elisabeth.
-S'ils sont à portée de flèches, c'est qu'ils peuvent encore nous rattraper !
Comme pour confirmer les assertions de Marianne, quelque chose bouge en haut d'une dune loin derrière elle. La fuyarde a beau y voir comme en plein jour, c'était trop rapide et trop loin pour qu'elle puisse distinguer autre chose qu'un mouvement fugace. Elle n'aime pas ça.
-On doit continuer ou ils nous rattraperont !
-Ma... Marianne …
La voix affaiblie et suppliante de Demetra ne semble guère plus qu'un souffle. Comment est-ce possible ? Comment une simple flèche pourrait-elle blesser si facilement une des filles de la Reine des Mystères ? Marianne en reste pétrifiée.
-Ma soeur …
Marianne soupire. Elle regarde à nouveau les dunes avant d'aider à contrecœur Elisabeth à soulever Demetra pour déloger la flèche de son abdomen.
-Tu peux continuer ? Si nous atteignons les idoles primitives, ils ne pourront pas nous suivre …
-Je … Je dois me reposer …
-Je vais te porter, propose Elisabeth.
-Nous n'avons pas le temps pour ça, fait fermement Marianne en retirant le projectile.
L'objet semble fait de bronze ou de fer plaqué or. Des hiéroglyphes sont marqués dessus sans que Marianne ne les reconnaisse. Elisabeth prend la flèche et l'examine.
-Il me faut … du sang …
L'horreur saisit les deux sœurs de Demetra quand elles constatent qu'elle dit vrai. Le sang des femmes de leur rang et de leur race ne coule plus depuis longtemps, pourtant il est bien là, gouttant de la plaie. Marianne allait proposer d'achever Demetra et de reprendre la course au plus vite quand quelque chose bouge dans son champ de vision périphérique. Elle se retourne vivement, ses ongles s'allongeant démesurément pour former de longues griffes.
-Quoi encore ? demande Elisabeth.
-Tu n'as rien vu ?
-Non, il se trouve que je suis occupée à maintenir notre sœur debout !
Exaspérée, Marianne la gifle, envoyant ses deux sœurs tomber au sol.
-Tu ne comprends pas ?! C'est trop tard ! Elle est déjà morte ! Maintenant on doit avancer !
Elisabeth a sorti ses griffes, se préparant à riposter. Les deux femmes découvrent leurs crocs pointus et démesurés en sifflant.
-Tu veux laisser pour morte une des courtisanes de la Reine en plus de lui annoncer une défaite ? siffle Elisabeth.
-Je ne vais certainement pas mourir ici ! Libre à toi de finir jetée à leurs scarabées nécrophages !
-On n'abandonne pas Demetra !
Marianne va pour répliquer quand quelque chose, un mouvement dans le sable fait mourir dans sa bouche les paroles venimeuses qu'elle réservait à sa sœur. Cette fois Elisabeth l'a vu elle aussi et la colère ne fait que s'accentuer sur ses traits. Un mouvement circulaire fend la dune près d'elles. Un autre se manifeste derrière les filles de Neferata. Ça tourne. Ça tourne sous leurs pieds. Comme le feraient des vautours de dans ciel, attendant la mort pour se livrer à un sombre festin.
Marianne trouve ironique de mourir ainsi, après avoir survécu de justesse à la bataille des ruines de Mûnhaptra moins d'une nuit plus tôt. Elle maudit les croisés de l'Anguille. S'ils étaient venus plus nombreux,
leurs cadavres auraient pu faire jeu égal avec les gardiens du sanctuaire de Mûnhaptra. Voire même, ils auraient peut-être pu survivre plus d'une semaine après leur arrivée dans le désert.
Les mouvements dans le sable continuent. Elisabeth murmure des invectives en impérial à l'attention de ce qui attend sous leurs pieds. Du coin de l’œil, Marianne peut apercevoir Demetra ramper vers Elisabeth tout en essayant difficilement de se relever. Ce qui ressemble à une fine traînée de sang tâche le sable derrière elle. La flèche qui l'a touchée a été enchantée, indubitablement. Plus les secondes passent, plus Marianne pense à ce qui s'est passé. Dans les mythes anciens, la Reine des Mystères et ses filles aînées avaient été chassées de Lahmia, leur domaine légitime. Peut-être de semblables armes auraient pu jouer un rôle dans cette tragédie ?
Soudain, un cri d'Elisabeth tire Marianne de ses réflexions. Avant de comprendre ce qu'il se passe, Marianne est plaquée au sol par sa sœur encore valide. Une succession de sifflements rapides se fait entendre autour d'elles et les deux fuyardes voient plusieurs flèches dorées plantées autour d'elles. Toutes sont semblables à celle qui a frappé Demetra. Marianne n'a cependant pas le temps de souffler qu'elle et ses sœurs sont projetées en l'air. Quelque chose les a comme lancées toutes les deux, comme si le sol s'était subitement soulevé.
Toutes les trois retombent lourdement au sol sous une désagréable pluie de sable. Marianne entend des pas derrière elle, à la fois pesants et rapides. Quelque chose glisse à quelque mètres d'elle. Elle s'empresse de baisser les yeux après un regard d'une fraction de seconde lancé à la forme, un énorme serpent de pierre avec un buste humain. Plus d'échappatoire maintenant ou peu s'en faut …
C'est alors qu'elle le remarque, descendant une dune d'un pas traînant imitant une démarche pourtant digne, royale de la plus grotesque des façons. Sa peau parcheminée et couverte de bandelettes ne fait que mouler son squelette. Une longue robe striée noire donne à sa silhouette dégingandée un semblant d'épaisseur, traînant dans le sable à sa suite et cachant en partie les nombreux bijoux rituels ornant sa carcasse desséchée. Mais ce que Marianne fixe est bien l’œil du cadavre ambulant, le seul qui lui reste. Un œil d'un vert délavé, phosphorescent, fantomatique. Le prêtre de Mûnhaptra.
Marianne est à ce point subjuguée par la vision cauchemardesque de son poursuivant qu'elle en a oublié ses alliées. Elle voit alors Demetra au sol, en partie ensablée, le regard fixe, immobile. Elisabeth, quant à elle est maintenue au sol par le pied d'une énorme statue de scorpion faite de marbre noir. Le prêtre arrive finalement à la hauteur de Marianne, la toisant avec hauteur dans un silence glaçant. Marianne en fait autant, ses griffes s'allongeant à nouveau. Un ange passe pendant une éternité, peut-être au sens littéral se dit Marianne.
Finalement, la mandibule sous le crâne du prêtre se met à bouger et un hululement rauque et fantomatique en sort. Marianne ne connaît pas toutes les arcanes complexe de l'antique langue de Nehekhara, mais elle reconnaît le mot que prononce l'être qui lui fait face.
-Vampires …
Un simple mot pour tant à dire. Toutes les guerres, les complots, toute la haine froide et immortelle du prêtre et de tous ses semblables. Le pied griffu et momifié de la créature enfonce la tête de Demetra dans le sable, lui valant une injure désespérée de la part d'Elisabeth.
-Finis en vite, fait froidement Marianne. Je ne veux pas avoir à agoniser avec vos maudites flèches.
-C'était la requête de Sa Grâce la Grande Reine de Lybaras que de voir vos dépouilles percées des traits de la Déesse Aspic. Telle n'est pas ma volonté. Vous allez retourner à votre maîtresse ...
Marianne lève un sourcil.
-Vous retourniez chez vous ? Fort bien … Je suis de cet avis …

Meneptah, Grand Hiérophante du Temple de Mûnhaptra regarde s'éloigner les Lhamianes, prisonnières des serres de monstrueux vautours-cadavres. Il imagine la réaction de leur Reine en voyant ses servantes s'écraser devant sa porte."
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Sam 31 Oct 2020 - 17:05
Amour éternel

Sa main fébrile parcourut les pages jaunies et déchirées. Retenant un tremblement d’excitation, il traça un glyphe supplémentaire à l’aide d’une craie grasse tenue par des doigts pâles et griffus. Au centre du cercle gisait un petit corps momifié. Sa douce, tendre et belle petite fille. Arrachée à son âme par des pourceaux de la pire espèce. Mais ces monstres étaient morts. Il y avait veillé personnellement en les traquant à travers tout le vieux monde.
Il reporta son œil écarlate sur le livre dont l’encre était en passe de s’effacer. On l’avait prévenu de ne surtout pas faire d’erreur, ou son esprit rejoindrait l’obscurité. Il continua son dessin avec application autour de son enfant bien aimée. C’est durant la traque qu’il avait eu vent de cette magie ancienne. Le pouvoir ultime de ramener les morts à la vie. Au début sceptique, il avait appris la longévité hors du commun de certaines familles de Sylvanie. Puis la résurrection de tout un peuple de l’autre côté des montagnes, des milliers d’années après que le sable ne l’eût enseveli. Sa raison de vivre fut alors très claire.
Un faible gémissement perturba sa concentration. Il leva instinctivement son bras pour éviter toute erreur et jeta un coup d’œil derrière lui. Une femme d’une cinquantaine d’années gisait au sol, les pieds et poings liés à une chaine directement incrustée dans la roche. Face contre terre et les yeux fermés, elle semblait attendre la fin. Elle aurait été belle si la crasse, la misère et la faim n’avaient pas meurtri son corps, en grande partie visible sous une couche d’immondes loques puantes. Elle avait été belle. Son épouse. Sa femme. Sa compagne de vie.
Il avait compris pourquoi tous les magiciens de ce monde ne cherchaient pas ce pouvoir ultime. Il avait pris de nombreuses années à réunir toutes les informations, grimoires, compétences et ingrédients nécessaires à l’accomplissement de cette nuit. Cette nuit choisie avec soins. Tous les thaumaturges qu’il avait pu côtoyer lui en avaient parlé. La Geheimnisnacht, censée augmenter considérablement ses pouvoirs pendant quelques heures. Pour s’assurer d’avoir toutes les chances de son côté, il était allé jusqu’à abandonner son salut et son statut de mortel. Il avait accepté un baiser de sang en échange de siècles de servitude à honorer après l’accomplissement de son rituel. Non pas pour avoir la vie éternelle, même si cet avantage était appréciable. Il avait sacrifié son salut auprès de Sigmar car il avait compris que les maitres de la nuit avaient une plus grande emprise sur ce genre de magie. Toutes les chances étaient de son côté. Il ne pouvait que réussir. Et lorsque que sa petite fille reviendrait, qu’elle grandirait, qu’elle deviendrait une belle jeune femme, alors il pourrait l’embrasser à son tour pour que le vieillissement ne vînt jamais la reprendre.
Il détourna le regard de la misérable femme et reprit son travail, frôlant les cheveux filasse du cadavre de sa fille pour inscrire une glyphe. Il avait tant sacrifier pour elle… Et sa femme, cette catin, qu’avait-elle fait ? Pleurer, comme une pauvre idiote, sur le corps de leur fille, pleurer, encore, quand le village l’avait enterrée, pleurer, toujours, quand il était parti à la chasse… Mais elle n’avait pas pleurer lors de son retour. Après des années à poursuivre cette chienne de vengeance et à courir après cette mystérieuse magie. Non, elle n’avait pas pleurer. Elle n’avait pas pleuré parce qu’elle n’était plus là ! Leur belle maison avait été abandonnée, pourrissant sur pieds, narguant tous les efforts qu’il avait fait pour reconstruire leur famille. Prosaïque, il avait surmonté ce coup du sort. Il s’était dit qu’il partirait à sa recherche quand il aurait réveillé sa fille. Elle n’aurait alors pas d’autre choix que d’accepter le bonheur qu’il lui offrait. Mais cela ne se passa pas comme prévu.
Il posa la craie pour prendre un pinceau qu’il plongea dans un bol rempli d’un liquide rouge, poisseux, et à l’odeur entêtante. Ses canines s’allongèrent malgré lui mais il se maitrisa. Il se nourrirait quand il aurait serrer le corps chaud de sa fille dans ses bras. Il entreprit de tracer un deuxième cercle de signes cabalistiques. Un de ses précieux grimoires lui avait appris qu’avoir le sang d’un ascendant de la victime augmenterait significativement l’efficacité du rituel. Le sien avait été corrompu par la nuit. Trouver sa femme était alors devenu une priorité. A sa grande surprise, ce fut très facile. Elle n’avait jamais quitté le village. A sa plus grande surprise, il la retrouva dans le lit du maréchal ferrant. Le croyant mort, elle s’était remariée. Après avoir réglé le compte de ce dépravé, il avait récupéré sa femme. Mais il ne reconnaissait plus la névrosée qu’elle était devenue. Elle s’était débattue comme un diable, criant, hurlant à l’assassin, à l’enlèvement. Il avait essayé de la calmer en lui expliquant ce qu’il s’était passé durant toutes ces années d’absence. Cherchant la naissance de l’espoir dans son regard, il ne vit que son air scandalisé se changer en dégout et horreur. Elle s’était mise à crier de plus belle, s’exclamant qu’il avait perdu la raison. Comprenant que la situation lui échappait, il l’avait hypnotisée pour la ramener à la maison. Mais il était encore trop jeune pour maitriser cette faculté à long terme et il avait dû l’enchainer. Depuis, elle avait refusé de prononcer le moindre mot. Il était convaincu qu’elle changerait d’avis et retrouverait le sourire quand sa fille se réveillerait.
La préparation était finie. Il contempla son œuvre. Satisfait, il se leva et prit un air solennel. Le livre d’incantation dans la main, il ferma les yeux et se concentra. Sa nature d’enfant de la nuit lui permettait de sentir quand la nuit était la plus noire et la plus puissante. Quand il sentit le moment arriver, il rouvrit les yeux et scanda la formule dans un langage qu’il avait étudié des années juste pour cette nuit-là.  La magie répondit à son appel et il vit, sous son regard émerveillé, la puissance occulte entrer dans le corps de sa fille et lui insuffler la vie. Il vit un doigt, un bras bouger. Extatique, il se tourna vers sa femme.
- Regarde, ça marche, elle vit, CA MARCHE !
Aucune réaction. Intrigué, il s’approcha. Le silence. Rien que le silence. Son ouïe ne détectaient même plus de battement. Sa femme était… Non… Il comprit avec stupeur que sa nouvelle condition lui avait fait oublier les besoins primaires d’un mortel. Peu importe ! Il savait comment faire à présent, il lui suffisait de recommencer pour elle, et sa famille serait à nouveau réunie ! Il se retourna pour accueillir sa fille. Son sourire se décomposa. Elle était debout. Elle bougeait. Mais son corps était toujours aussi décharné, son regard ahuri se perdait dans le vide, et sa mâchoire à moitié déchirée laissait s’échapper un borborygme incompréhensible. Ses forces l’abandonnèrent et il tomba à genou. La raison disparue depuis longtemps, ce fut la folie qui s’effaça au profit d’un désespoir au gouffre béant. Il sentit un filet de magie s’accrocher à lui. Par instinct, il tira dessus. La marionnette humaine se dirigea comme un automate dans la direction donnée par son bras. La stupeur vint enfoncer plus profondément son angoisse dans son esprit.
C’était ça, la vie que donnait la magie ?! Il ouvrit et ferma plusieurs fois sa bouche. La mort aurait finalement triomphé. Elle lui avait enlevé sa fille pour de bon et le narguait à présent avec cet ersatz de vie. Et, cerise sur le gâteau, elle en avait profité pour lui prendre sa femme. Il regarda ses mains pâles. Lui était mort également, mais il avait encore toute la maitrise de son corps et sa conscience. Pourquoi diable n’était-ce pas possible pour les personnes qu’il chérissait ?
Une éternité passa. Il frissonna quand il sentit le jour se lever. Il frissonna davantage quand il comprit ce que cela signifiait. Il s’était condamné à vivre éternellement loin d’elles. NON ! La révolte explosa dans son esprit meurtri. Qu’importe ce fou qui lui avait fait signer un pacte de servitude, qu’importe la puissance et l’immortalité qui s’offraient à lui. Il n’avait qu’un seul moyen d’être enfin réuni avec les femmes de sa vie. Il devait en finir à son tour.
Presque machinalement, son âme se séparant déjà de son corps, il s’approcha du zombie. Il coupa le lien magique d’un geste. La poupée de chair s’affaissa. Il souleva le corps avec délicatesse et prit celui de sa femme sur l’autre épaule. Il se dirigea vers les escaliers branlants qui menait à l’extérieur de la cave. A l’air libre. A la clarté du jour. Un pied après l’autre, cérémonieusement, il gravit les dernières marches. Il sentit pour la première fois depuis des années la chaleur bienfaisante du soleil sur sa peau, juste avant de se consumer.

Spoiler:

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Ceux qui ne croient pas en la magie ne la trouveront jamais.
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Sam 31 Oct 2020 - 18:10
Ce jour est un grand jour, cette nuit une nuit
Où l’on danse où l’on court, en montrant ses atours,
Où la parure est d’or, et où le regard luit
D’un feu qui tout dévore, et a pour nom Amour.

Ce grand bal c’est le leur, la fête qui élit
Reines incontestées, jeunesse et beauté.
Injustice majeure pour celle qui vieillit
Et se voit reléguée au salon des aînées.

Elles trois n’ont pas peur, leur miroir leur a dit
Qu’elles sont de belles fleurs, et que dans leur giron
Les nobles Reiklanders viendront chercher logis
Ce grand bal c’est le leur ! Et ces mesdames y vont.

***

Main dans la main, en sœurs, elles s’en vont enhardies
Faire chavirer les cœurs, et assouvir la faim
Cette envie, cette ardeur, ce feu qui les unit
Et qu’elles vont dans l’heure faire brûler sans fin.

Elles s’en vont en riant, marchant en pleine nuit
D’un pas déjà dansant, glissant sur les pavés,
Et parfois révélant, sans qu’elles s’en soucient,
Le tracé élégant d’un mollet bien galbé.

Eux marchent derrière, fixant avec envie
Leurs futures cavalières, qui seront plus encore
Si devant leur prière elles les suivent sans bruit
Pour dans l’ombre des serres enchevêtrer leurs corps.

Ces nobles en chaleur, d’impatience sont pris
Au bal viendra leur heure, et brûlants de passion
Leurs regards prédateurs par leurs proies sont saisis
Ce festin c’est le leur ! Et ces mesdames y vont.

***

Stoppent les charrettes, le palais est ici,
La nuit s’y arrête, elle n’ose y entrer,
Les chants à tue-tête emplissent l’air de bruit,
Commence la fête ! Débute la soirée !

Alors vient le moment où la loi établie
Des siècles auparavant vient réguler le jeu
Auquel jouent les amants, les puceaux, les maris,
Et que bien trop souvent gagnent les plus vicieux.

Se mêlant aux clameurs, elles dansent, et rient
Autant du joli-cœur, bouffi de vanité,
De tous les séducteurs, que du jeune qui rougit
Quand malgré sa candeur il se trouve enlacé.

Elles s’en vont danser avec n’importe qui,
Un piètre cavalier, un nain ou un boiteux,
Le choix leur est ôté, le destin a choisi :
Ceux qui les ont guettés, elles se rendront à eux.

Eux ne sont pas pressés, ils le savent aussi
Que le moment donné, d’un mot il leur suffit,
Le choix leur est ôté, le destin a choisi :
Celles qu’ils ont guettées, elles se rendront à eux.

Sentant le temps venu, ils s’approchent et sourient
En vantant la tenue de celles qu’ils s’octroient.
Ils se font ingénus, et par des mots choisis
Proposent à leurs élues une virée de choix.

Feignant d’être étonnées, un instant leur suffit
Pour vite se lever et quitter le salon.
Tous les six enlacés, ils entrent dans la nuit
Ce jardin c’est le leur ! Et ces mesdames y vont.

***

Marchant dans la fraicheur des allées endormies,
Entourés par les fleurs, ils cherchent un recoin
D’ombres et de torpeur, un endroit à l’abri,
Où en toute impudeur assouvir leurs besoins.

Et tout en avançant, les gaillards enhardis,
De leurs baisers ardents sur les nuques froides,
Finissent triomphants à mener les jolies
Allongées sur des bancs, lits de pierre roide.

Une belle en pâmoison bien vite se dévêtit,
Eux pensent, non sans raison, que la chasse est finie.
Vient alors la moisson, l’on récolte les fruits
De l’art de séduction, et des efforts fournis.

Se penchant sur leurs proies dans leurs bras alanguies,
Ils sentent, baiser froid sur les nuques chaudes,
Un contact qui tous trois, d’un coup les envahit
Du plus profond effroi : des crocs les taraudent.

Ils crieraient si la peur n’avait plutôt choisi
De créer une torpeur qui les perd pour de bon.
Elles festoient en cœur, puis sont sitôt parties
Ce bal c’était le leur !


Et ces mesdames s’en vont.

_________________
La mort est dans la vie la vie aidant la mort
La vie est dans la mort la mort aidant la vie.


historique: https://whcv.forumactif.com/recits-fanfics-et-fanart-f10/le-vampire-de-gespenst-t2742.htm
photos: https://whcv.forumactif.com/galeries-des-membres-f23/galerie-de-keraad-t2854.htm
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