Appel aux armes : Le Jeu des duels honorifiques de Lassenburg

- Ne soyez donc pas comme cela, mon ami. Je n’ignore pas l’inimitié qui existe entre vous deux, mais mon souhait est que vous la laissiez de côté aujourd’hui. Libre à vous de vous étriper demain à la première heure si cela vous chante…





     Le lendemain de la cérémonie, à l’heure du coq…

     Rohémond sortit de la demeure de son seigneur, avança d’une trentaine de pas et s’arrêta à peu près au milieu de la vaste cour. Il se retourna alors vers les fenêtres, qu’il scruta l’une après l’autre, comme s’il essayait d’y voir quelqu’un. Comme rien ne sembla attirer son attention, il changea d’occupation et sortit l’épée qui pendait à son fourreau, ainsi qu’une pierre à aiguiser. Bientôt, le chant matinal des oiseaux fut accompagné du curieux sifflement que fait la pierre frottée contre du métal. Rohémond attendait.
     Il s’apprêtait à passer à l’autre tranchant lorsqu’une présence se fit brusquement ressentir derrière lui ; une volte-face fulgurante le plaça en garde face à l’apparition, qui n’était autre que celui qu’il attendait : le Marquis von Breiterzahn. Ce dernier gratifia le chevalier d’un sourire particulièrement malveillant, ainsi que d’une grotesque révérence. Rohémond savait qu’il venait de marquer un point en le surprenant ainsi, mais ne se laissa point démonter :
     - N’avez-vous pas peur de salir votre beau vêtement, Marquis ?
     Von Breiterzahn, ou Taggart Largedent, portait encore l’incroyable tenue blanche de la veille, à la différence de Rohémond qui avait pris le soin de mettre un accoutrement plus martial. Taggart répondit dès lors du tac-au-tac :
     - Je vois en tout cas que vous avez peur de salir le votre… Chevalier…
     Le dernier mot fut prononcé avec un dédain exagérément marqué, mais Rohémond n’était plus à ça près. Leur seigneur avait laissé entendre qu’ils régleraient leurs comptes en ce jour, alors que signifiait une insulte de plus ou de moins ?
     - Mes atours ne sauraient jamais être plus sales que votre dépravation. Etes-vous prêt à en finir une bonne fois pour toutes ?
     - A vous faire mordre la poussière ? MAIS AVEC PLAISIR !!
     Le coup de taille aurait surpris n’importe quel mortel (Taggart : 1T+1T, 1B, 1 svg!), mais pas Rohémond, qui réagit avec une prouesse phénoménale (1T, 1B, 1 PV !), se baissant lestement tout en fauchant les pieds de son rival. Le marquis poussa un cri de rage et fut sur ses deux pieds dans la seconde, quand des bruits extérieurs et particulièrement suspects les tirèrent, Rohémond et lui, de leur danse mortelle : les fenêtres du grand manoir donnant sur la cour s’ouvraient les unes après les autres, révélant des visages encore endormis, incrédules et nettement mécontents.

     Tout leur mécontentement ne pouvait cependant égaler l’expression de marbre qu’arborait leur maître et seigneur, Thomov von Ernst. Sa nouvelle épouse et lui-même se tenaient à l’unique balcon de la demeure, et leurs atours matinaux quelque peu froissés n’enlevaient rien à leur port régalien. Dans le regard de Thomov, toutefois, Taggart et Rohémond purent lire une fureur sans nom, fureur qui débouche le plus souvent sur un arrêt de mort.

     Rohémond ne put que baisser les yeux. S’il était conscient que prendre les mots de son maître au pied de la lettre avait été un raccourci enfantin, il avait au départ prévu de quitter la demeure avec le Marquis, afin qu’ils puissent croiser le fer sans que nulle âme n’en fusse témoin. L’impatience et l’indiscrétion de Taggart venaient de faire voler ce plan en éclats, les mettant dans une situation plus qu’embarrassante. Le chevalier muet entendit son rival prendre la parole :
     « Mille excuses à messeigneurs ! Les réjouissances ne vont commencer qu’après déjeuner, et mon ami et moi n’étions qu’en train d’essayer le terrain ! Car oui, sachez-le messeigneurs, qu’aucun mariage ne saurait être dignement fêté sans combats honorifiques, agrémentés de gages au perdant, décidés par le vainqueur ! »
     Rohémond osa lever brièvement la tête : les invités tirés de leur sommeil arboraient encore des expressions peu amènes, mais déjà le Marquis se tournait vers lui :
     « Bravo, bravo mon ami ! Très, très belle balayette que vous m’avez faite subir à l’instant ! Il faudra rajouter du sable fin sur la cour, le pavage est un peu dur pour mon pauvre dos ! Mais vous avez gagné, mon cher, alors, une petite démonstration pour nos invités ? Inventez-moi un gage, n’importe lequel, le premier qui vous passe à l’esprit ! »
     Réfléchissant au quart de tour, le chevalier réalisa que Taggart était en train de les tirer du pétrin, et qu’il devait jouer le jeu :
     « Heum, eh bien… Cher Marquis, séance tenante, je vous somme d’imiter un poulet !! »
     Il lut des dagues acérées dans le regard de Largedent, mais rien ne vint entraver l’empressement lequel celui-ci s’affaira à s’accroupir, les poings aux hanches, et battre des coudes tout en caquetant de la manière la plus comique qui fût ! Lorsqu’il se mit à marcher en se dodelinant, les plumes blanches de son chapeau s’agitèrent en même temps que les froufrous de son costume, lui donnant en réalité toute la prestance d’un volatile lâché dans la basse-cour. Quelques rires retentirent depuis des fenêtres, de plus en plus libérés, et le seigneur von Ernst lui-même s’esclaffa alors que son épouse Eveline retenait à peine de grands éclats.
     Le Marquis poursuivit son office jusqu’à ce qui l’hilarité soit générale, et dans les regards éloquents qu’il adressait à Rohémond, ce dernier pouvait lire : « Tu ne perds rien pour attendre ! »












Type d'épreuve : tournoi à pied.
Profils éligibles : paladin bretonnien, courtisan vampire, général de l’Empire
Les tests de Peur sont effectivement causés à chaque tour de corps-à-corps.
Les combattants sont toujours considérés comme étant en situation de défi.

- Total de points maximum : 350 pts
- Règle MJ old school : les combos type Bouclier de Chance + Heaume de discorde + Armure du Destin sont autorisés.
- Les personnages se rencontrent comme s'ils avaient tous les deux chargés.
- Les attaques se font par ordre d’initiative normal.

Règles spéciales des « duels honorifiques » :
- pas de phase de tir
- tous les combattants ont 4 PV.
- il n’y a pas de classement officiel, ni d’éliminations : les combats se prévoient selon les souhaits des participants qui peuvent se mettre d’accord sur des duels dans le topic Discussions ou par MP. Dès que deux duellistes sont tombés d’accord, il suffit de le signaler au MJ qui le mettra à l’ordre du jour dans les prochains textes. Les duellistes peuvent également émettre des souhaits de mise en scène (par exemple, au cours d’un bivouac de partie de chasse, des invités voient un tronc d’arbre au dessus d’un torrent : quoi de mieux pour ferrailler qu’un tronc d’arbre glissant au dessus d’un torrent !)
- lorsqu’un duel s’achève, le vainqueur envoie au MJ le gage qu’il souhaite attribuer au vaincu : il y indique la nature du gage (exemple : imiter un poulet) et le moment du gage (exemple : à la fin de la journée, lors du dîner)  
- Règle spéciale « de la bienséance » : si au cours d’un duel, un participant vampire parvient par hasard à profiter de la règle vampirique, cela veut dire que ses instincts sanglants ont pris le dessus et qu’il outrepasse les règles d’étiquette ! Le combat se poursuit normalement, mais son adversaire pourra automatiquement lui infliger un gage à l’issue du duel.


     Le jeu des duels honorifiques est un tournoi que l’on pourrait qualifier de « précieux » : le cadre est un élégant manoir d’un bourg sylvanien, les spectateurs sont des dignitaires et des notables soucieux de l’étiquette, les enjeux sont exempts de toute politique : il s’agit d’honorer les mariés tout en impressionnant les convives. Bien entendu, les gages viennent naturellement épicer les réjouissances !

     Avant d’annoncer les dates, je remercie notre comte de la crypte, le légendaire Thomov, pour avoir accepté ma proposition de prendre son mariage comme cadre chaleureux de ce nouvel événement ! Le poussiéreux seigneur s’abstiendra hélas de participer à la narration, et il ne peut garantir que la narration en question sera intégrée d’une manière ou d’une autre aux Errances. Néanmoins, il n’en tient qu’à nous de relever la plume, et d’explorer galamment l’atmosphère si particulière de Lassenburg et de son héros protecteur.

     Les inscriptions commencent dès à présent, et seront closes le dimanche 1er juillet à minuit. A partir du vendredi 20 juillet, je ne serai pas disponible pendant deux semaines, mais j'espère que ce moment correspondra aux premières conclusions de l'événement. Chers amis, à vous de jouer !  
       


     Nota Bene : si vous souhaitez, outre une description succinte de votre participant, rédiger son apparence et son attitude in situ, je vous propose de partir sur le moment commun qui succède à l'annonce fracassante de Taggart : comment est votre héros à son réveil/méditation impromptu/e, comment réagit-il à l'annonce, et qu'en pense-t-il après réflexion