Odyssey
Jeu 11 Juil 2019 - 10:41
C'est parti ! Presque un an après la conclusion de mon précédent arc narratif, il est temps de reprendre du service ! (le réveil de Luther je l'ai publié le 13 Juillet de l'an dernier xD)
Alors alors, de quoi est-ce qu'on parle ici. Si vous avez déjà lu mes autres récits, je vous invite à sauter directement à la suite. Sinon, laissez moi effectuer un rapide résumé de l'épisode précédent et vous lister tout les écrits en lien avec ce qui va suivre, dans l'ordre de lecture.
Renaissance
Feu & Sang
Feu & Sang conclusion / Odyssey introduction
Odyssey (ce thread)
Carmen
Une histoire à Dol'Valhar
Prequel de Resurrection (sur mon blog, je trouve plus où je le posté sur le forum…)
Resurrection
Dernier chapitre de Resurrection écrit
*
La même chose en plus beau sur mon blog perso
*
Aller sur ce et en espérant qu'il ne me faudra pas une décennie pour terminer cet arc, bonne lecture !
Alors alors, de quoi est-ce qu'on parle ici. Si vous avez déjà lu mes autres récits, je vous invite à sauter directement à la suite. Sinon, laissez moi effectuer un rapide résumé de l'épisode précédent et vous lister tout les écrits en lien avec ce qui va suivre, dans l'ordre de lecture.
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Renaissance
Feu & Sang
Feu & Sang conclusion / Odyssey introduction
Odyssey (ce thread)
Carmen
Une histoire à Dol'Valhar
Prequel de Resurrection (sur mon blog, je trouve plus où je le posté sur le forum…)
Resurrection
Dernier chapitre de Resurrection écrit
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La même chose en plus beau sur mon blog perso
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- rappel des persos:
- Manesh'k : Il s'agit du personnage dont nous suivons les (mes)aventures au fil des siècles. Né lors de la chute de Lahmia il y a plus de deux milles ans, il est l'un des infants d'Abhorash. A l'origine incapable de faire de la sorcellerie, il a au cours de F&S volé à une nécromancienne son don avant d'effectuer le doublé avec un mage manipulant Aqshy, le vent écarlate du feu. Lors des différents combats, il perdit également son premier infant, Claster. Se frayant un chemin à travers Athel Loren au fil de son épée Nehekharienne, il est finalement venu à bout d'un homme-arbre, Gusternuum. Et a consommé la sève de celui-ci. Ce faisant, il espérait imiter l'exploit de son père dans la non-vie et transcender son statut de vampire, enfin être capable de marcher au soleil et ne plus être dépendant de la soif écarlate. Cela fonctionna, en partie. Il est désormais partiellement résistant à la lumière du jour et sa soif est pour le moment épanchée. De plus, il arrive désormais à faire preuve d'une force physique effarante, même pour un vampire. Mais il y a un prix à payer pour ces nouveaux dons comme il l'a constaté à ses dépends : lorsqu'il manipule les vents de magie qu'il découvre encore, la sève de l'homme arbre se manifeste, affectant son apparence et son intellect via de douloureuses crises. La dernière en date fut à Bordeleaux lorsqu'il sauva ses camarades des bordelins avant d'offrir le baiser de sang à un enfant les ayant guidé à travers le pays.
Gilnash : Lui aussi est né à la lointaine époque de Lahmia. Et lui aussi est un infant d'Abhorash. Il fut doté par la nature d'une connexion privilégiée avec le vent brun, Ghur. Toutefois, il n'est pas un sorcier au sens classique du terme : il discerne les vents mais est incapable de tisser un sort. Cependant, il partage avec les oiseaux, rapaces, chauves-souris et créatures volantes en général une affinité très poussée. Au point de pouvoir communiquer avec eux, partager leur vision, voire leurs souvenirs et temporairement parler à travers eux. De plus, il est capable de céder à sa bête intérieure avec facilité. Il ne devient toutefois pas un varghulf comme les autres vampires lorsqu'il le fait : sa métamorphose le dote d'un bec, de plumes et de serres. Au combat Gilnash préfère les armes légères comme les dagues et répugne d'ailleurs à combattre en général. Par un coup du sort, il ressorti d'Athel Loren avec une nouvelle infant, Gaylria, dont il s'efforce de contrôler les élans de violence.
Luther : Il est un infant de Walach, ayant reçu le baiser de sang il y a quelques siècles seulement. Avide de pouvoir, il a avec Manesh'k récemment subtilisé le don d'une nécromancienne pour s'ouvrir à la magie. Caractériel et prompt à la violence, il voyage avec ses deux aines afin de gagner en maturité. Lors des incidents de Bordeleaux, il fut empalé par un chasseur de sorcière qui le laissa pour mort lors de festivités. Toutefois sa son corps inconscient fut évacué par Manesh'k et un enfant les ayant accompagné quelque jours. Enfant qu'il vida de son sang quelques minutes plus tard dans un sursaut de lucidité. A son insu, il fut évacué par les deux vampires à bords d'un navire Marienburgeois mouillant dans le port et s'apprêtant à rentrer à son port d'origine. Cependant jamais ils n'arriva à destination, prit d'assaut par un équipage de pirates norses. Par mégarde ils réveillèrent le vampire qui, malgré sa terrible blessure au torse, massacra les marins dans un accès de rage avant de se retrouver seul à bord, incapable de manœuvrer les bâtiments.
Gaylria : Contrairement à ses camarades, Gaylria est une elfe. Sylvaine qui plus est. Mortellement blessée lors des combats qui eurent lieu à Athel Loren, Gilnash lui offrit le baiser de sang avant de l'utiliser pour fuir la forêt. Ce faisant, il savait la condamner à la folie que connaissent les elfes lorsqu'ils sont affectés par le vampirisme. Désormais elle n'a plus rien de la noble et fougueuse cavalière des aigles géants, devenue à peine plus qu'une bête féroce. Seul Gilnash, exploitant leur lien du sang et son lien avec Ghur, parvient à la calmer. Également, lors de l'incident de Bordeleaux, elle vit sans le savoir la dépouille de son frère aîné.
Aller sur ce et en espérant qu'il ne me faudra pas une décennie pour terminer cet arc, bonne lecture !
ODYSSEY
Chapitre 1
Chapitre 1
Prudemment, un premier individu s'avança sur la plage. Il plissa le regard, puis leva le bras pour se protéger les yeux du soleil montant à l'Est. Chaleur et humidité lui étaient familiers. Mais cette lumière l'incommodait. Au sein de la forêt, le soleil ne perçait que rarement la canopée, si bien qu'un peu partout dans la jungle régnait la semi-pénombre. Mais pas ici. Face à l'océan, les hauteurs se clairsemaient pour laisser apparaître un ciel bleu et uniforme jusqu'à la ligne d'horizon.
Ses orteils nus s'enfonçaient dans le sable fin du littoral. Il grimaça mais poursuivit plus en avant, pas après pas. De très loin, il préférait la terre boueuse et les racines traîtres à cette matière meuble en laquelle il n'avait aucune confiance. Sans compter les prédateurs embusqués sous le sable auquel il préférait ne pas penser. Cependant, au vu de la curiosité qu'il avait sous les yeux, il était prêt à s'écarter quelques instants des frondaisons plus rassurantes de la jungle. Il osa s'approcher davantage.
Plusieurs congénères franchirent les frondaisons sur ses talons. Hésitants, ils se protégeaient les yeux tout comme lui. Leurs regards furetaient dans toutes les directions à la recherche d'une éventuelle menace. Puis ils s'aventuraient dans ses empreintes, prenant soin de ne pas en créer de nouvelles. Tous partageaient son grain de peau mat tandis que le plus charpenté d'entre eux frôlait le mètre quarante.
Lorsque le dernier des curieux se révéla au grand jour, il s'abstint de trop s'éloigner des arbres et se contenta de suivre ses camarades du regard. A travers son imposant masque de bois, il suivait attentivement leur progression jusqu'au béhémoth échoué. Il tenait à superviser l'approche de ses acolytes. Mais se risquer à approcher n'était pas pertinent pour une personne de son rang. Après tout, s'il lui arrivait quoi que ce soit, qui aurait guidé la tribu ?
Une fois à portée de lance, les éclaireurs purent apprécier la vraie nature du monstre échoué. Son ventre prépondérant était en bois, bien qu'une matière noire et nauséabonde recouvre celui-ci. Lorsqu'ils plantèrent des lances dans son flanc, ils découvrirent que son cuir était trop robuste pour leurs lames et que cette chose sombre se révélait visqueuse. D'aussi près, ils constatèrent finalement qu'il ne s'agissait pas d'une mais de deux créatures distinctes : des liens les reliaient entre elles, au niveau de leurs plaques dorsales, à plusieurs mètres de hauteur. En exécutant de grands signes, l'un des explorateurs interpela ses semblables : il avait trouvé un moyen d'escalader l'une de ces créatures rejetées par l'océan. Avec entrain ils se rassemblèrent sur le côté du colosse, escaladant les uns après les autres une corde qui pendait là sur son flanc.
Ce que découvrirent les éclaireurs calma très vite leur enthousiasme. Des troncs d'arbres, lisses et dotés de branches trop hautes pour être atteintes, ponctuaient le dos des monstres. A leurs cimes pendaient de longues membranes, déchirées en plusieurs endroits, qui ballottaient sous la brise. Des deux côtés, des crêtes de bois allaient de la tête jusqu'à la queue des créatures, dépourvues de branches ou de feuilles elles aussi. C'est dans les orifices de ces crêtes et autour des arbres sans écorces qu'étaient fixés des liens enchaînant les deux spécimens. L'autre était d'ailleurs plus modeste. Il présentait aussi une tête beaucoup moins volumineuse. Mais ce n'était pas cet anatomie étrange qui fit déguerpir le cadet des explorateurs : les dos des deux créatures étaient jonchés de cadavres. Sans interroger ses congénères il s'empressa de redescendre sur la plage et courut jusqu'à l'homme au masque.
En état de décomposition avancé, l'odeur que dégageaient les corps était pestilentielle. La peau se décrochait par lambeaux entiers et la chair putréfiée avait été noircie par les trop longues heures exposée au soleil. Perturbés, les habitants de la jungle échangèrent des regards effrayés. Était-il sage de pousser plus avant ? Ce qu'ils avaient pris pour une créature des profondeurs échouée n'en était clairement pas une. Et la présence de ces corps pourrissant n'aidait pas à les rassurer.
Agenouillée devant l'un d'eux, une femme prit le temps d'étudier l'un des corps de plus près sous les regards emplis d'appréhensions de ses congénères. Les dépouilles arborant encore des habits révélaient que de leur vivant, ils portaient une quantité de vêtement bien plus importante qu'eux, simplement vêtus de pagnes. Également, ils étaient grands. Bien plus grand. Un second spécimen devait faire au moins deux fois la taille du plus grand d'entre eux !
Comment de tels hommes avaient-ils put tous perdre la vie ? De toute évidence, ils n'avaient pas été tués par les deux monstres que l'improvisée légiste soupçonnait à présent être des pirogues d'une taille titanesque, telles qu'il en passait parfois à l'horizon. Mais comment ? Étaient-ils morts de faim ? Avaient-ils insultés les dieux ? Une maladie s’était abattue sur eux ? Comme ces lugubres idées lui venaient en tête, elle eut un mouvement de recul, s'empressant de partager ces hypothèses avec ses congénères. A nouveau la tentation de déguerpir à leur tour devint une perspective alléchante. Toutefois, l'un des hommes du groupe nota que les cadavres autour de lui présentaient de multiples blessures, mortelles pour la plupart. Gorge en partie manquante, torse bouffi percé par une pointe en plusieurs points, crâne éclaté, bras estropiés... ces personnes avaient été massacrées. Ces embarcations étaient le charnier d'une violente bataille ayant eu lieu plusieurs jours auparavant, voire plusieurs semaines.
Réalisant cela, ils ne se détendirent pas pour autant : ceux ayant tués ces hommes rôdaient peut-être dans les parages. Il n'y avait pas d'empreintes sur le sable avant leur arrivée, mais la marée eut très bien put les effacer. S'intimant mutuellement à rester prudents, ils reprirent leur exploration du dos des "monstres" en s'efforçant de faire abstraction des morts.
Découvrant un évent massif près de l'un des troncs nus et maculé de sang séché par le soleil, les explorateurs se massèrent autour, tentant de sonder la semi-pénombre. Une fragrance équivoque remontait des profondeurs, faisant blêmir plusieurs d'entre eux. Ils échangèrent des regards effrayés. Quelqu'un aurait-il le cran de descendre dans le ventre de la bête ? Tandis qu'ils tergiversaient, la femme ayant étudié le corps plus tôt soupira d’exaspération puis bascula, s'accrochant aux planches bordant l'orifice. Ces mâles pourraient bien parader à l'avenir, elle saurait à quoi s'en tenir concernant leur courage.
L'instant suivant elle posait les orteils sur un autre plancher dans l'estomac de la créature-bateau. A l'intérieur, l'odeur de putréfaction était plus forte encore, la prenant à la gorge. S'appuyant contre une poutre, la femme s'efforça de garder l'équilibre malgré ses jambes flageolantes. Secouant la tête, son courage mis à rude épreuve, l’exploratrice balaya l'endroit du regard, sa vue s'accoutumant rapidement aux ombres. D'un côté elle reconnut des lits-hamacs qui pendaient entre les poutres, similaire aux leurs au village. Cependant plusieurs avaient été arrachés de leurs supports ou déchirés. Ils traînaient à même le plancher, tachés de sang sombre et dissimulant ici et là davantage de cadavres. A l'opposé, de grosses constructions de bois dont l’intruse ne reconnut pas la nature occupaient tout l'espace. Suspicieuse, elle s'en approcha et toqua doucement contre la première. Cela sonna creux. Il s'agissait de boîtes énormes, réalisa-t-elle rapidement. Mais quoi qu'elles contiennent, elle était bien incapable de voir comme les ouvrir si ce n'est en les fracassant, car il n'y avait nul couvercle de peau ou de feuilles tressées pour les sceller. Juste du bois.
Poussant son exploration plus en avant comme d'autres habitants de la jungle s'aventuraient dans son sillage, elle découvrit un boyau donnant sur deux pièces beaucoup plus étroites. Ces dernières étaient closes par des palissades à l'exception d'une, entrouverte. Ainsi qu'un escalier. La femme passa sous un second évent donnant vers l’extérieur et éclairant la pièce pour se diriger vers le couloir. Elle sursauta en sentant le sol trembler sous ses pas. D’un réflexe salvateur elle effectua un bond de côté. La trappe d’un nouvel évent – à l’intérieur même de l'estomac de la bête de bois ! - s'ouvrait sous le premier. Poignard au poing, elle s'apprêta à planter quelque créature qui jaillirait des profondeurs. Mais rien ne vint si ce n'est le silence. Interdits, les autres membres de l'expédition scrutaient ses moindres gestes avec attention. Approchant, la femme lorgna plus bas. Dans les ombres elle devina le pied de l'escalier qui effectuait un coude. Ainsi que davantage de caisses. Et un autre boyau plus loin. Également, l'odeur semblait étonnamment moins forte en profondeur.
Poignard au poing, l’exploratrice se redressa dans les boyaux, scrutant les ombres. Face à elle les parois étaient arrondies et entre les poutres, elle discernait la cage thoracique du monstre-bateau. Ses côtes n’étaient pas en os mais elles aussi en bois. Et partout se trouvaient des sacs de toile et des caisses, certaines plus grandes encore qu'elle ! S'approchant sans un bruit, elle entrouvrit l'un des sacs. A l'intérieur elle eut la surprise de découvrir des tubercules orange. S'emparant de l'un d'eux, elle le renifla un instant avant d'y passer la langue. Avec une grimace elle jeta la carotte dans son sac : celle-ci avait un désagréable goût d'eau de mer ! Pivotant, elle avança encore, vers le boyau à l'opposé qui terminerait à priori son exploration. A l'étage un de ses compagnons l'appela mais elle l'ignora. Le chaman la récompenserait elle, pas ces trouillards.
Arrivant dans la partie la plus sombre des entrailles de la bête, elle devait plisser les yeux pour discerner ce qu’elle avait sous les yeux. La femme remarqua toutefois que les pièces exiguës, comme celles à l'étage supérieur, étaient elles aussi munies de portes accrochées d'un seul côté. De la pointe de la lame, elle poussa doucement la première et se pencha de côté pour regarder à l'intérieur malgré les ténèbres.
Une main jaillit brusquement de l'interstice et la prit par la mâchoire. L’intruse étouffa un cri de stupeur en échappant son arme et agrippa le poignet de son agresseur qui déjà la tirait à lui. La porte tourna sur ses gonds en grinçant tandis qu'elle se sentait irrémédiablement tractée en avant. La chose tapie dans l'ombre déployait une force effroyable ! Accrochée à l'encadrement de l'ouverture et ses pieds nus glissant sur le parquet, elle luttait en hurlant de panique. Déjà son buste avait basculé dans les ténèbres. Là, deux braises ardentes luisaient face à elle, se délectant de sa terreur. L'inconnu se pencha en avant, révélant un visage blafard dans la semi-pénombre.
- Salut toi, déclara Luther en esquissant un sourire étiré d'une oreille à l'autre.
Ses orteils nus s'enfonçaient dans le sable fin du littoral. Il grimaça mais poursuivit plus en avant, pas après pas. De très loin, il préférait la terre boueuse et les racines traîtres à cette matière meuble en laquelle il n'avait aucune confiance. Sans compter les prédateurs embusqués sous le sable auquel il préférait ne pas penser. Cependant, au vu de la curiosité qu'il avait sous les yeux, il était prêt à s'écarter quelques instants des frondaisons plus rassurantes de la jungle. Il osa s'approcher davantage.
Plusieurs congénères franchirent les frondaisons sur ses talons. Hésitants, ils se protégeaient les yeux tout comme lui. Leurs regards furetaient dans toutes les directions à la recherche d'une éventuelle menace. Puis ils s'aventuraient dans ses empreintes, prenant soin de ne pas en créer de nouvelles. Tous partageaient son grain de peau mat tandis que le plus charpenté d'entre eux frôlait le mètre quarante.
Lorsque le dernier des curieux se révéla au grand jour, il s'abstint de trop s'éloigner des arbres et se contenta de suivre ses camarades du regard. A travers son imposant masque de bois, il suivait attentivement leur progression jusqu'au béhémoth échoué. Il tenait à superviser l'approche de ses acolytes. Mais se risquer à approcher n'était pas pertinent pour une personne de son rang. Après tout, s'il lui arrivait quoi que ce soit, qui aurait guidé la tribu ?
Une fois à portée de lance, les éclaireurs purent apprécier la vraie nature du monstre échoué. Son ventre prépondérant était en bois, bien qu'une matière noire et nauséabonde recouvre celui-ci. Lorsqu'ils plantèrent des lances dans son flanc, ils découvrirent que son cuir était trop robuste pour leurs lames et que cette chose sombre se révélait visqueuse. D'aussi près, ils constatèrent finalement qu'il ne s'agissait pas d'une mais de deux créatures distinctes : des liens les reliaient entre elles, au niveau de leurs plaques dorsales, à plusieurs mètres de hauteur. En exécutant de grands signes, l'un des explorateurs interpela ses semblables : il avait trouvé un moyen d'escalader l'une de ces créatures rejetées par l'océan. Avec entrain ils se rassemblèrent sur le côté du colosse, escaladant les uns après les autres une corde qui pendait là sur son flanc.
Ce que découvrirent les éclaireurs calma très vite leur enthousiasme. Des troncs d'arbres, lisses et dotés de branches trop hautes pour être atteintes, ponctuaient le dos des monstres. A leurs cimes pendaient de longues membranes, déchirées en plusieurs endroits, qui ballottaient sous la brise. Des deux côtés, des crêtes de bois allaient de la tête jusqu'à la queue des créatures, dépourvues de branches ou de feuilles elles aussi. C'est dans les orifices de ces crêtes et autour des arbres sans écorces qu'étaient fixés des liens enchaînant les deux spécimens. L'autre était d'ailleurs plus modeste. Il présentait aussi une tête beaucoup moins volumineuse. Mais ce n'était pas cet anatomie étrange qui fit déguerpir le cadet des explorateurs : les dos des deux créatures étaient jonchés de cadavres. Sans interroger ses congénères il s'empressa de redescendre sur la plage et courut jusqu'à l'homme au masque.
En état de décomposition avancé, l'odeur que dégageaient les corps était pestilentielle. La peau se décrochait par lambeaux entiers et la chair putréfiée avait été noircie par les trop longues heures exposée au soleil. Perturbés, les habitants de la jungle échangèrent des regards effrayés. Était-il sage de pousser plus avant ? Ce qu'ils avaient pris pour une créature des profondeurs échouée n'en était clairement pas une. Et la présence de ces corps pourrissant n'aidait pas à les rassurer.
Agenouillée devant l'un d'eux, une femme prit le temps d'étudier l'un des corps de plus près sous les regards emplis d'appréhensions de ses congénères. Les dépouilles arborant encore des habits révélaient que de leur vivant, ils portaient une quantité de vêtement bien plus importante qu'eux, simplement vêtus de pagnes. Également, ils étaient grands. Bien plus grand. Un second spécimen devait faire au moins deux fois la taille du plus grand d'entre eux !
Comment de tels hommes avaient-ils put tous perdre la vie ? De toute évidence, ils n'avaient pas été tués par les deux monstres que l'improvisée légiste soupçonnait à présent être des pirogues d'une taille titanesque, telles qu'il en passait parfois à l'horizon. Mais comment ? Étaient-ils morts de faim ? Avaient-ils insultés les dieux ? Une maladie s’était abattue sur eux ? Comme ces lugubres idées lui venaient en tête, elle eut un mouvement de recul, s'empressant de partager ces hypothèses avec ses congénères. A nouveau la tentation de déguerpir à leur tour devint une perspective alléchante. Toutefois, l'un des hommes du groupe nota que les cadavres autour de lui présentaient de multiples blessures, mortelles pour la plupart. Gorge en partie manquante, torse bouffi percé par une pointe en plusieurs points, crâne éclaté, bras estropiés... ces personnes avaient été massacrées. Ces embarcations étaient le charnier d'une violente bataille ayant eu lieu plusieurs jours auparavant, voire plusieurs semaines.
Réalisant cela, ils ne se détendirent pas pour autant : ceux ayant tués ces hommes rôdaient peut-être dans les parages. Il n'y avait pas d'empreintes sur le sable avant leur arrivée, mais la marée eut très bien put les effacer. S'intimant mutuellement à rester prudents, ils reprirent leur exploration du dos des "monstres" en s'efforçant de faire abstraction des morts.
Découvrant un évent massif près de l'un des troncs nus et maculé de sang séché par le soleil, les explorateurs se massèrent autour, tentant de sonder la semi-pénombre. Une fragrance équivoque remontait des profondeurs, faisant blêmir plusieurs d'entre eux. Ils échangèrent des regards effrayés. Quelqu'un aurait-il le cran de descendre dans le ventre de la bête ? Tandis qu'ils tergiversaient, la femme ayant étudié le corps plus tôt soupira d’exaspération puis bascula, s'accrochant aux planches bordant l'orifice. Ces mâles pourraient bien parader à l'avenir, elle saurait à quoi s'en tenir concernant leur courage.
L'instant suivant elle posait les orteils sur un autre plancher dans l'estomac de la créature-bateau. A l'intérieur, l'odeur de putréfaction était plus forte encore, la prenant à la gorge. S'appuyant contre une poutre, la femme s'efforça de garder l'équilibre malgré ses jambes flageolantes. Secouant la tête, son courage mis à rude épreuve, l’exploratrice balaya l'endroit du regard, sa vue s'accoutumant rapidement aux ombres. D'un côté elle reconnut des lits-hamacs qui pendaient entre les poutres, similaire aux leurs au village. Cependant plusieurs avaient été arrachés de leurs supports ou déchirés. Ils traînaient à même le plancher, tachés de sang sombre et dissimulant ici et là davantage de cadavres. A l'opposé, de grosses constructions de bois dont l’intruse ne reconnut pas la nature occupaient tout l'espace. Suspicieuse, elle s'en approcha et toqua doucement contre la première. Cela sonna creux. Il s'agissait de boîtes énormes, réalisa-t-elle rapidement. Mais quoi qu'elles contiennent, elle était bien incapable de voir comme les ouvrir si ce n'est en les fracassant, car il n'y avait nul couvercle de peau ou de feuilles tressées pour les sceller. Juste du bois.
Poussant son exploration plus en avant comme d'autres habitants de la jungle s'aventuraient dans son sillage, elle découvrit un boyau donnant sur deux pièces beaucoup plus étroites. Ces dernières étaient closes par des palissades à l'exception d'une, entrouverte. Ainsi qu'un escalier. La femme passa sous un second évent donnant vers l’extérieur et éclairant la pièce pour se diriger vers le couloir. Elle sursauta en sentant le sol trembler sous ses pas. D’un réflexe salvateur elle effectua un bond de côté. La trappe d’un nouvel évent – à l’intérieur même de l'estomac de la bête de bois ! - s'ouvrait sous le premier. Poignard au poing, elle s'apprêta à planter quelque créature qui jaillirait des profondeurs. Mais rien ne vint si ce n'est le silence. Interdits, les autres membres de l'expédition scrutaient ses moindres gestes avec attention. Approchant, la femme lorgna plus bas. Dans les ombres elle devina le pied de l'escalier qui effectuait un coude. Ainsi que davantage de caisses. Et un autre boyau plus loin. Également, l'odeur semblait étonnamment moins forte en profondeur.
Poignard au poing, l’exploratrice se redressa dans les boyaux, scrutant les ombres. Face à elle les parois étaient arrondies et entre les poutres, elle discernait la cage thoracique du monstre-bateau. Ses côtes n’étaient pas en os mais elles aussi en bois. Et partout se trouvaient des sacs de toile et des caisses, certaines plus grandes encore qu'elle ! S'approchant sans un bruit, elle entrouvrit l'un des sacs. A l'intérieur elle eut la surprise de découvrir des tubercules orange. S'emparant de l'un d'eux, elle le renifla un instant avant d'y passer la langue. Avec une grimace elle jeta la carotte dans son sac : celle-ci avait un désagréable goût d'eau de mer ! Pivotant, elle avança encore, vers le boyau à l'opposé qui terminerait à priori son exploration. A l'étage un de ses compagnons l'appela mais elle l'ignora. Le chaman la récompenserait elle, pas ces trouillards.
Arrivant dans la partie la plus sombre des entrailles de la bête, elle devait plisser les yeux pour discerner ce qu’elle avait sous les yeux. La femme remarqua toutefois que les pièces exiguës, comme celles à l'étage supérieur, étaient elles aussi munies de portes accrochées d'un seul côté. De la pointe de la lame, elle poussa doucement la première et se pencha de côté pour regarder à l'intérieur malgré les ténèbres.
Une main jaillit brusquement de l'interstice et la prit par la mâchoire. L’intruse étouffa un cri de stupeur en échappant son arme et agrippa le poignet de son agresseur qui déjà la tirait à lui. La porte tourna sur ses gonds en grinçant tandis qu'elle se sentait irrémédiablement tractée en avant. La chose tapie dans l'ombre déployait une force effroyable ! Accrochée à l'encadrement de l'ouverture et ses pieds nus glissant sur le parquet, elle luttait en hurlant de panique. Déjà son buste avait basculé dans les ténèbres. Là, deux braises ardentes luisaient face à elle, se délectant de sa terreur. L'inconnu se pencha en avant, révélant un visage blafard dans la semi-pénombre.
- Salut toi, déclara Luther en esquissant un sourire étiré d'une oreille à l'autre.
- Je me contrefiche de savoir que tu as progressé dans les arcanes des Nécrarques ! S'écria-t-il. Réalises-tu que cela fait deux foutus mois que tu nous laisses dormir dans ces caisses alors que…
- Pour sa défense, nous réveiller n'aurait…
- Sérieusement Gilnash ? S'emporta-t-il de plus belle en l'entendant le défendre. Il…
- Il a fait le choix le plus logique à faire, seul en mer et sans nourriture. Quatre bouches à nourrir n'aurait…
- Trois, l'interrompit Manesh'k.
- Peu importe, reprit Gilnash. Il n'était confronté qu'à de mauvais choix et devait en réaliser un. Il a pris celui qu'il estimait le moins…
- Bah, le coupa-t-il de nouveau en lui faisant signe de reddition de la main. Peu importe. Qu'elles qu'aient été les-dit choix, cela ne change rien à notre situation.
Soupirant de frustration, Manesh'k fit quelques pas dans le sable, suivant la côte du regard sous le ciel étoilé. Un peu plus loin, Gaylria saisissait de pleines poignées de grains qu'elle regardait s'écouler entre ses doigts. Avec un rictus, Manesh'k songea que pour une nouveau-née privée de sang aussi tôt, elfe de surcroît, elle le vivait plutôt bien. Vivait. L'ironie de ses propres pensées lui arracha un sourire.
A l'opposé, Luther restait assis et contemplait l'horizon en ruminant ses pensées. Évidemment, rien de l'échange ne lui avait échappé, même s'il faisait semblant de ne pas entendre les sermons de son aîné. Chassant le rejeton de Walach de ses pensées, Manesh'k leva les yeux à la voûte céleste en tâchant de réfléchir. Ils étaient bloqués au bord de l'immense jungle au sud de Nehekhara sans plus aucun navire en état de naviguer. Jungle dont ils ne savaient presque rien, si ce n'est que vers la lointaine Rasetra se terraient des reptiles de taille ridiculement imposante. L'autochtone saigné par Luther ne lui avait fourni que de vagues informations à leur sujet, mais il s'en trouvait apparemment dans les parages. Éviter ce genre de monstres serait probablement judicieux. S'enfoncer trop profondément dans la jungle serait donc une erreur. Sans compter l'assurance qu'ils s'égareraient très vite, que Gilnash soit ou non parmi eux. Toutefois, il faudrait bien se cacher du soleil et donc s'y réfugier lorsqu'ils longeraient la côte vers le Nord puisque les navires n'étaient plus utilisables. Le Nord, sur le côté droit de la plage donc…
- Minute…
Gilnash comme Luther se tournèrent vers lui alors qu’il restait frappé de stupeur, scrutant le ciel clair cette nuit-là.
- Un problème ? S'enquit son frère.
- Sans blague… murmura-t-il en fixant les lunes du regard. Deux mois à errer en mer et pas foutu d'apprendre à reconnaître les étoiles…
- Comme si tu le pouvais, grinça l'intéressé.
- Bien sûr que non je ne sais pas lire les constellations mais ouvre les yeux ! S'écria de nouveau Manesh'k en s'énervant de plus belle. Les lunes, elles sont à l'envers !
Réalisant ce dont il parlait, Gilnash ouvrit la bouche à s'en décrocher la mâchoire.
- Les lunes…
- Elles seraient dans ce sens si nous regardions vers l'Est ! Rugit-il. Pas vers l'Ouest ! Nehekhara ne se trouve pas sur notre gauche mais face à nous ! Et c'est face à nous que le soleil se lèvera, pas du côté de la jungle !
Désignant l'océan du doigt pour appuyer ses propos, il fusillait son neveu du regard.
- Nous sommes échoués sur une île au large des terres du Sud, comprit Gilnash d'une voix dépitée.
Luther lui-même ne trouva pas de réplique salée à offrir à ses ainés.
- Pour sa défense, nous réveiller n'aurait…
- Sérieusement Gilnash ? S'emporta-t-il de plus belle en l'entendant le défendre. Il…
- Il a fait le choix le plus logique à faire, seul en mer et sans nourriture. Quatre bouches à nourrir n'aurait…
- Trois, l'interrompit Manesh'k.
- Peu importe, reprit Gilnash. Il n'était confronté qu'à de mauvais choix et devait en réaliser un. Il a pris celui qu'il estimait le moins…
- Bah, le coupa-t-il de nouveau en lui faisant signe de reddition de la main. Peu importe. Qu'elles qu'aient été les-dit choix, cela ne change rien à notre situation.
Soupirant de frustration, Manesh'k fit quelques pas dans le sable, suivant la côte du regard sous le ciel étoilé. Un peu plus loin, Gaylria saisissait de pleines poignées de grains qu'elle regardait s'écouler entre ses doigts. Avec un rictus, Manesh'k songea que pour une nouveau-née privée de sang aussi tôt, elfe de surcroît, elle le vivait plutôt bien. Vivait. L'ironie de ses propres pensées lui arracha un sourire.
A l'opposé, Luther restait assis et contemplait l'horizon en ruminant ses pensées. Évidemment, rien de l'échange ne lui avait échappé, même s'il faisait semblant de ne pas entendre les sermons de son aîné. Chassant le rejeton de Walach de ses pensées, Manesh'k leva les yeux à la voûte céleste en tâchant de réfléchir. Ils étaient bloqués au bord de l'immense jungle au sud de Nehekhara sans plus aucun navire en état de naviguer. Jungle dont ils ne savaient presque rien, si ce n'est que vers la lointaine Rasetra se terraient des reptiles de taille ridiculement imposante. L'autochtone saigné par Luther ne lui avait fourni que de vagues informations à leur sujet, mais il s'en trouvait apparemment dans les parages. Éviter ce genre de monstres serait probablement judicieux. S'enfoncer trop profondément dans la jungle serait donc une erreur. Sans compter l'assurance qu'ils s'égareraient très vite, que Gilnash soit ou non parmi eux. Toutefois, il faudrait bien se cacher du soleil et donc s'y réfugier lorsqu'ils longeraient la côte vers le Nord puisque les navires n'étaient plus utilisables. Le Nord, sur le côté droit de la plage donc…
- Minute…
Gilnash comme Luther se tournèrent vers lui alors qu’il restait frappé de stupeur, scrutant le ciel clair cette nuit-là.
- Un problème ? S'enquit son frère.
- Sans blague… murmura-t-il en fixant les lunes du regard. Deux mois à errer en mer et pas foutu d'apprendre à reconnaître les étoiles…
- Comme si tu le pouvais, grinça l'intéressé.
- Bien sûr que non je ne sais pas lire les constellations mais ouvre les yeux ! S'écria de nouveau Manesh'k en s'énervant de plus belle. Les lunes, elles sont à l'envers !
Réalisant ce dont il parlait, Gilnash ouvrit la bouche à s'en décrocher la mâchoire.
- Les lunes…
- Elles seraient dans ce sens si nous regardions vers l'Est ! Rugit-il. Pas vers l'Ouest ! Nehekhara ne se trouve pas sur notre gauche mais face à nous ! Et c'est face à nous que le soleil se lèvera, pas du côté de la jungle !
Désignant l'océan du doigt pour appuyer ses propos, il fusillait son neveu du regard.
- Nous sommes échoués sur une île au large des terres du Sud, comprit Gilnash d'une voix dépitée.
Luther lui-même ne trouva pas de réplique salée à offrir à ses ainés.
Le vampire maugréait en s'efforçant de retrouver son calme. Crier encore et encore sur son neveu ne changerait pas leur situation. Aussi s'efforça-t-il d'ordonner ses souvenirs suite à cette hibernation prolongée. Celle-ci n'avait duré que deux mois, mais c'était assez pour qu'ils entrent dans un état de torpeur profonde. A présent éveillés, Gilnash et lui subissaient le contrecoup de cet état catatonique.
Des vertiges s'emparaient d'eux lorsqu'ils se déplaçaient, le monde entier semblant tanguer sous leurs pieds, comme s'ils se trouvaient sur le pont de ce fichu navire échoué. De plus, leurs membres étaient engourdis par cette immobilisation prolongée, à la fois pesants et maladroits. Toutefois, ce malaise n'était rien à côté de la confusion mentale qu’ils éprouvaient. Leur mémoire même était affectée par ce réveil. Les souvenirs dérobés à de multiples victimes en se sustentant venaient se mêler aux leurs. Était-ce bien lui le responsable de la chute du colosse de bois et de l'imposture au tournoi des bordelins ? Du choix chaleureux de prendre Luther sous son aile et d'avoir invoqué des revenants par centaines à la cité de Grissenwald ? D'avoir grandi sous le soleil écrasant de Lahmia et vu de ses propres yeux le dragon écarlate tomber face à la lame du meilleur de leur engeance ?
Assis dans le sable, il se prit les tempes entre les mains, grognant de frustration. Ce n'était que la seconde fois qu'il était confronté à cette expérience, ça au moins il en était certain. Le retour à la conscience était aussi désagréable qu'auparavant, si ce n'est plus. Chose logique si l'on s'y attardait puisqu'il avait depuis acquis les souvenirs de davantage d'individus. N'osant songer que plus le temps passerait et plus ses réveils seraient douloureux, voire aliénants, il s'efforça avec discipline de reprendre le fil de sa vie, un point à la fois.
Il s'appelait Manesh'k. Voilà plus de deux millénaires qu'il avait vu le jour à la cité Nehekharienne de Lahmia. Il y avait officié quelques années comme soldat avant d'être trahi par la noblesse locale. Gilnash était également contemporain de cette époque reculée. Tous deux avaient le même père dans la mort, le général des troupes de la cité.
Manesh'k grimaça lorsque les combats sanglants, ceux qui eurent lieu quand vinrent les rois de jadis, refirent surface dans sa mémoire. Il n'y avait ni gloire ni honneur dans cette guerre. Et tout le sang qu'ils firent couler aurait suffi à faire déborder le fleuve Vitae… Persuadé que ces souvenirs étaient bien les siens, entremêlés de moments dérobés aux malheureux qui tombèrent sous sa lame, il s'efforça d'avancer dans le temps tout en expirant lentement.
Rassemblés autour de leur père, ils avaient traversés les terres au nord de Nehekhara pour atteindre des régions au climat plus tempéré. Manesh'k se rappela avec précision s'être attardé quelques temps sur les terres d'un empire naissant dont le nom lui échappait. Mais lui aussi fut renversé. Par des orques, se rappela-t-il après un moment, le goût infect de leur sang lui revenant déjà en bouche. Empire auxquels ils ne revinrent pas lorsqu'il fut rebâti bien plus tard. "L'histoire est vouée à se répéter. Nulle cité ne pourra s'épanouir ici tant que les terres, entre la forteresse des nains et Nehekhara, n'auront pas été purgées des peaux-vertes qui y pullulent". Gardant les yeux clos, le vampire ne put retenir un sourire lorsque les paroles d'Abhorash lui revinrent. Sa voix était comme une ancre dans sa mémoire sur laquelle il focalisa sa concentration.
"Un humain rassemble les tribus des hommes pour bâtir un empire, il aurait vaincu un Shaggoth en duel !". Les expressions mêlant surprise et curiosité de ses frères était définitivement ses propres souvenirs. Tout comme ceux des années qui suivirent, infiltrés dans les rangs de celui destiné à être vénéré par les générations suivantes. Dire qu'ils auraient à l'époque put avorter la naissance de l'Empire lorsque Sigmar les démasqua après la Bataille du Feu Noir : "Nous n'avons que faire de ta tribu et de la crainte que nous t'inspirons." avait déclaré son père dans la mort. "Nos intentions ne te regardent pas. Mais nous combattons aux côtés de tes troupes. Sans nous, ton jeune Empire n'aurait jamais vu le jour. Sachant cela Heldenhammer, à toi de juger si tu préfères mourir sous ma lame ou que celle-ci continue à faucher tes ennemis". Ce jour-là, par son silence, le nouvel empereur les autorisa à l'assister depuis les ombres à bâtir son royaume… Sans cela, jamais les vampires renégats n'auraient pu prendre leur revanche sur le grand nécromancien, quelques années plus tard. D'ailleurs, il n'aurait jamais pu rencontrer son premier infant, survivant de la bataille de Reikdorf : Claster.
Une démangeaison à la lisière de sa conscience le tira de ses pensées alors qu'il resongeait au plus grand exploit de leur père. Revenant à l'instant présent, il s'ouvrit aux vents comme son maître Scleras le lui avait enseigné en rouvrant les yeux. Un voile vint rapidement se superposer à sa vision, lui cachant un temps le ciel étoilé. Qhaysh luisait dans les airs. Le vent tourbillonnait doucement et se condensait autours des épaves, tel des serpents de fumée que Luther manipulait en dessinant des arabesques dans le vide.
- Un instant, murmura-t-il en réfléchissant à voix haute.
Sclèras n'était pas son maître. Il ne l'avait jamais été. Ce vampire dégénéré avait été le professeur de la blonde que Luther et lui avaient saignés presque quatre mois plus tôt à Grissenwald.
Jurant de frustration, Manesh'k se releva en secouant la tête. Il allait devoir encore consacrer beaucoup de temps à passer ses souvenirs au crible, identifier quels étaient les siens et quels étaient ceux de ses hôtes...
Le vampire laissa son tri de souvenirs à plus tard. Lorsqu'il ferait jour, il aurait amplement le temps de procéder de toute façon. Il fit tomber les quelques grains de sable accrochés à son gambison orange et se tourna vers Luther. Celui-ci débarquait tranquillement ses marionnettes. La Dhar. Luther semblait à l'aise en la manipulant sous ses yeux. De toute évidence il avait effectivement fait sien les dons de la nécromancienne. Manesh’k devrait lui-aussi s'efforcer de pratiquer cet art s'il ne souhaitait pas le perdre. Tout comme celui du sorcier de feu.
Regardant ses mains, pâles et couturées de cicatrices, il claqua des doigts en produisant une gerbe d'étincelles. Aqshy s'était atténué dans ses veines, mais n'avait pas disparu. Pas encore. Manesh'k serra le poing en marchant jusqu'à son neveu, songeur. La dernière fois qu'il avait recouru aux flammes, a Bordeleaux, il avait failli en perdre le contrôle. La sève de l'homme-arbre avait pris le dessus, manquant entraîner leur perte à tous. Terrasser le titan sylvain avait épanché sa soif et partiellement effacé sa sensibilité au soleil. Mais la colère sourde du démon de bois était une véritable lame de fond. Elle risquait de le submerger à chaque utilisation des vents de magie. Il faudrait qu'il trouve une solution à cet effet pernicieux et le plus tôt serait le mieux. Avant que ce handicap ne leur soit fatal.
S'immobilisant près de Luther, il prit le temps de l'étudier avant d'engager la conversation. Ses cheveux sombres avaient poussés durant le voyage, lui tombant désormais sur les épaules. Ses traits étaient plus tirés qu'auparavant. Sans doute en raison du morceau de bois incrusté dans sa poitrine. Lorsqu'à Bordeleaux il était intervenu pour sauver son neveu d'un traquenard tendu à leur intention, Luther était déjà inconscient. Le répurgateur impérial avait échoué à l'envoyer pour de bon aux jardins de Morr. Pourtant, le pieu qu'il avait enfoncé à travers la cage thoracique du vampire était toujours en place. Esquissant lentement un rictus, Manesh'k prit enfin la parole :
- Joli costume.
Luther fronça les sourcils en se tournant vers lui sans comprendre. Puis son regard s'éclaircit avant qu'il ne s'attarde sur sa tenue. Il portait encore le vêtement d'apparat offert par le capitaine de l'Immaculé alors en visite diplomatique à Bordeleaux. L'habit était en piteux état mais aisément reconnaissable. Notamment en raison de la fraise collerette lui habillant le cou. Celle-ci était à l'origine d'un blanc satin, mais les multiples massacres qui avaient suivis l'avaient tant imbibé de sang qu'elle était à présent d'un brun tirant sur le noir. Pestant, Luther y porta d'ailleurs les mains avant de déchirer la dentelle qu'il laissa choir sur le sable.
- Si j'avais sût, je me serais rendu à ces réjouissances avec mon armure…
- Vu son état elle n'aurait pas changé grand-chose, nota Manesh'k en continuant de l'examiner.
Les coutures aux épaules, aux coudes et aux genoux avaient craqué. Plus de multiples déchirures et coupures. Quant à la couleur initiale de l'habit, il n'aurait pas été capable de le restituer s'il ne l'avait pas vu intact.
- Cela te fait mal ? Le pieux, j'entends… demanda-t-il en désignant sa propre poitrine d'un geste évocateur.
- A ton avis ? Répliqua son neveu avec amertume.
Manesh'k se contenta de hausser les épaules.
- Dès lors que je bouge les bras ou que je marche, j'ai l'impression d'être déchiré en deux, décrivit Luther. Je ne sais même pas comment j'ai pu faire pour les massacrer alors que me déplacer est un calvaire.
- Je peux te le retirer, as-tu…
- Oui et je ne préfère pas retenter l'opération, l'interrompit-il aussitôt.
- … comme tu voudras.
Tout en parlant, le vampire continuait de manipuler les flux arcaniques. Etudiant en silence les cadavres tombants uns à uns des deux navires et rebondir sur le sable avec des bruit flasque, Manesh'k réalisa à quel point Luther avait progressé dans ce domaine. Après avoir sauvé Enguerran, ils avaient tous deux déplacés les morts de son village natal. Casseneuil, lui semblait-il. Cela leur avait posé bien des problèmes et nécessité toute leur concentration. Aujourd'hui il déplaçait approximativement autant de revenants, presqu'avec désinvolture, tout en lui tenant la conversation. Cependant, parlant de ce village…
- Tu as tué le gamin après qu'il t'ait sauvé la vie, lui reprocha Manesh'k d'un ton désapprobateur.
- Et tu m'as frappé en pleine poire, répondit-il un instant plus tard. Nous sommes quittes.
- Loin de là, rétorqua l’aîné en se plaçant entre Luther et ses marionnettes afin de capter toute son attention. Ce môme ne méritait pas le sort que tu lui as réservé. Pire, tu avais une dette de sang envers lui. Il t'a sauvé la vie. Et toi tu n'as rien trouvé de mieux que le saigner dans une ruelle.
Luther soutint son regard sans sourciller lorsqu'il répondit :
- Ce n'était qu'un humain. Toi et moi en avons tués d'autres. Et nous en tuerons d'autre.
Un éclat de colère traversa les prunelles de Manesh'k, ce qui n'échappa à son interlocuteur qui resta néanmoins impassible.
- Ça et ne pas nous avoir éveillés après l'abordage, déclara-t-il. J'ai l'impression de retrouver l'imbécile à qui Walach a offert la non-vie il y a de cela plus d'un siècle, plutôt que le guerrier aux côtés de qui j'ai combattu à Loren.
Ce fut cette fois au tour de Luther de le fusiller du regard. Mais il eut la sagesse d'esprit de ne pas répliquer. Le courroux de son ainé était palpable. Dans son état actuel, il n'était pas question de contester son autorité. Il ne pouvait que garder le silence essuyer le sermon.
Manesh'k soupira. La colère qu'il éprouvait vis-à-vis des récentes bévues de Luther était réelle. Néanmoins ils étaient embarqués tous ensemble dans la même galère. En attendant d'en être tirés, inutile de se dresser les uns contre les autres plus que nécessaire. Pivotant dans le sable, il se tourna vers Gilnash, assis en tailleur à la lisière de l'épaisse forêt et du rivage.
- Il devrait prendre le temps de recentrer ses souvenirs, jugea Manesh'k avec une mine désapprobatrice en voulant changer de sujet. Qu'il parte en vrille maintenant est la dernière chose dont nous ayons besoin.
Luther s'abstint de répondre alors qu'un nouveau macchabée venait rebondir sur le sable.
D'autant plus que contrairement à moi, Gilnash souffre de la soif et n'a plus rien consommé depuis deux mois. Tout comme Gaylria d'ailleurs et…
- Minute, murmura le vampire à voix haute. Où est passée l'elfe ?
- Aucune idée. C'est son problème, pas le no…
Mais Manesh'k ne l'écoutait plus. Approchant son frère dans la non-vie à grand pas, il parcourut la plage du regard. Jusqu'à s'arrêter lui aussi face à la forêt et aux fougères venant dévorer le rivage. S'était-elle aventurée seule dans la jungle ?
Se tournant vers le vampire accroupis, il convint qu'elle ne pouvait pas vraiment être hors de leur portée. Assis en tailleur et les yeux clos, Gilnash était en communion avec le vent brun. A travers ce lien si particulier qu'il entretenait avec toute forme de vie volante, il devait précisément savoir où elle se trouvait et ce qu'elle y faisait. Ainsi que toutes proies comme prédateur à proximité.
Sans un mot il s'approcha, restant debout derrière son ami. Immobile. Patiemment il attendit que Gilnash ai terminé de parcourir la forêt par le biais d'une multitude d'yeux. Toutefois, lorsqu'il remarqua que le ciel dans leur dos tournait lentement au rosé, il n'eut d'autre choix que le presser.
- Gilnash… l'aube approche…
Après quelques instants, le vampire accroupis se redressa. S'étirant la nuque puis les genoux, il poussa un soupir avant de se tourner vers l'Orient. De ses propres yeux il observa l'aube naissante, synonyme d'une mort rapide et douloureuse s'ils restaient exposés sur cette plage.
- Où avons-nous échoué ? Demanda Manesh'k.
- Je n'en ai aucune idée, avoua l'intéressé avec une mine préoccupée.
Manesh'k croisa les bras, soucieux. Il avait espéré que Gilnash leur fournisse un indice quant à l'endroit où ils se trouvaient. Comme il le faisait toujours.
- Cette île -si s'en est vraiment une- est énorme, expliqua-t-il en passant la main dans ses cheveux épais. Aucun oiseau ni chauve-souris n'a jamais vu la rive opposée. Pourtant ils sont nombreux. Très nombreux.
Gardant le silence, Manesh'k se renfrogna. Une île aussi grande au large des côtes bretonniennes, avec un climat si chaud… Avaient-ils eut le malheur de s'échouer sur Ulthuan, la lointaine patrie elfique ?
- Y'a des elfes là-dedans ? Vint demander Luther dans son dos en pensant visiblement la même chose. Et ne nous cache pas des choses cette fois, me faire lacérer le visage une fois m'a suffi.
- Tu devrais le savoir mieux que moi, répliqua Gilnash dans la foulée. Après tout c'est toi qui a saigné cette fille, pas moi.
Luther grimaça, la colère perceptible dans son regard. Mais il n'ajouta rien. Derrière lui, une bonne quarantaine de marins morts se tenaient debout sur la plage. Tous étaient immobiles, tournés vers eux. La cause du décès était visible pour la majorité d'entre eux : gorge arrachée, visage enfoncé, entrailles à l'air libre, tête manquante… Tous en revanche se trouvaient dans un état de décomposition assez avancé, laissant voir des os saillant ici et là. Le tout diffusant une odeur épouvantable. Néanmoins les trois vampires en firent abstraction comme Gilnash reprenait :
- Je n'ai pas vu d'elfe, révéla-t-il finalement. Du moins je ne crois pas. Les petits hommes à peau mate que Luther a mis en déroute ne sont pas seuls dans les parages : des femmes à peau blanche rôdent ici et là. Mais ce ne sont pas des elfes, insista-t-il devant la grimace qu'affichait Luther. Aussi tu avais vu juste, il y a des sauriens dans cette forêt. Comme au sud de Nehekhara. Sans parler du nombre de prédateurs : fauves, serpents, insectes…
- Insectes ? Répéta Manesh'k avec une mine de dégoût. Sérieusement ?
- Se sont vraiment eux qui t'inquiètent dans ce qu'il vient d'énumérer ? Ricana son neveu.
- Tu ne veux pas les voir, insista Gilnash. D'ailleurs, au vu de la taille des araignées qui traînent ici, cela m'étonne de ne pas avoir vu de gobelins.
- Ce n'est pas plus mal, reprit le cadet de leur groupe. Enfin. Tu as parlé de femmes à peau blanche. Il y a donc de vrais humains par ici ?
Gilnash se pinça la lèvre, hésitant à répondre.
- Je ne saurais le dire. Autant chez les petits hommes rien ne m'a trop étonné, autant à la peau claire… je n'ai vu que des femmes.
Luther eut un rictus amusé, mais avant qu'il ne réplique Gilnash reprit en tendant le bras vers la forêt.
- Dans cette direction se trouve le village de nos visiteurs. Et par là à quelques heures je dirais…
Il indiqua une direction légèrement sur la droite. Plus au Nord.
- … se trouve une partie du groupe en question. Clairement, tu as fait forte impression puisqu'ils ont fui et ne semblent pas avoir l'intention de revenir venger la défunte. Ils retournent à leur camp. Et, point intéressant, ils trimballent l'une de ces femmes blanche prisonnière.
- Pardon ? s'étouffa Luther.
- Elle est ligotée à une branche qu'ils portent à travers la forêt, expliqua le manipulateur du vent brun.
- S'ils se comportent comme les sauvages de la jungle de Rasetra, commenta Manesh'k d'un ton neutre, j'en connais une qui sera au menu de ce soir.
Ce à quoi Gilnash haussa les épaules. Il n'avait pas aperçu de scènes de cannibalisme de la part des petits hommes en furetant à travers la jungle. Toutefois, un tel comportement ne l'aurait nullement surprit.
Manesh'k et Luther portèrent brusquement leurs mains aux pommeaux de leurs armes respectives comme un mouvement dans le sous-bois attirait leur attention. Mais ils se détendirent en voyant s'avancer l'elfe-vampire d'une démarche voûtée. Gilnash pour sa part était resté impassible. Les vêtements de sa fille étaient en lambeaux et collés à sa peau par la boue, la transpiration et l'humidité du sous-bois. Vêtements humains, récupérés au village d'Enguerran, qui désormais ne dissimulaient plus grand-chose de son anatomie. Et une fois n'était pas coutume, ses mains et son visage étaient maculés de sang...
- A un moment il va falloir faire quelque chose pour elle, jugea Manesh'k avec un regard désapprobateur.
- Chaque chose en son temps, répondit Gilnash après quelques instants à observer son infant.
Puis il coula un regard vers l'horizon de plus en plus orangée comme le jour se levait.
- Pour le moment, que fait-on ? J'ai moyennement envie de retourner dans cette cale puante en ce qui me concerne…
- Moi non plus, approuva Manesh'k. Pourquoi ne pas aller demander notre chemin aux autochtones ? A quelques heures par-là tu as dit ?
Ce que Gilnash confirma d'un hochement de la tête. Soulageant un cadavre proche de son manteau, Luther écoutait ses ainés avec attention. Ce dernier intervint :
- Zigouiller du nabot, moi cela me va.
- Vous avez vraiment l'intention de combattre ces hommes de jour ? Objecta Manesh'k avec une mine pincée. Je veux dire, on ne sait rien d'eux et en pleine lumière vous…
- Honnêtement, intervint Luther, oui. Regarde-la, poursuivit-il en désignant la petite femme zombifiée qui se trouvait justement à sa gauche. La trouves-tu vraiment dangereuse ?
L'étudiant d'un œil critique, Manesh'k dû reconnaître qu'elle n'avait rien de menaçant pour leur groupe. Mettant de côté sa gorge arrachée et ses yeux vitreux, la femme à peau mate leur arrivait à mi-torse. Elle ne portait aucune armure, vêtue d'un simple pagne laissant sa poitrine tombante apparente. Quant à la confection du poignard que le vampire lui avait subtilisé, celui-ci n'était qu'une pierre aiguisée fixée à un manche de bois par une ficelle…
Croisant les bras, il était forcé de reconnaître qu'en effet, même seul et sans le pouvoir de l'homme-arbre dans ses veines, il ne se serait pas senti menacé par une vingtaine d'individus comme elle.
- J'ai pas parlé de se battre, finit par rappeler Gilnash auprès duquel Gaylria se redressait sans un mot. Mais bon… je suppose qu'avec l'accueil que tu leur as réservé ils seront moyennement enclins au dialogue…
Ce à quoi Luther esquissa un grand sourire. Après une brève hésitation, Manesh'k fini par approuver d'un hochement de la tête. Il se tourna vers la direction indiquée. Dans quelques heures, ils pourraient voler les souvenirs de ces indigènes et enfin savoir où ils s'étaient échoués.
- Allons-nous présenter en bonne et due forme, déclara Luther avec un sourire carnassier.
Des vertiges s'emparaient d'eux lorsqu'ils se déplaçaient, le monde entier semblant tanguer sous leurs pieds, comme s'ils se trouvaient sur le pont de ce fichu navire échoué. De plus, leurs membres étaient engourdis par cette immobilisation prolongée, à la fois pesants et maladroits. Toutefois, ce malaise n'était rien à côté de la confusion mentale qu’ils éprouvaient. Leur mémoire même était affectée par ce réveil. Les souvenirs dérobés à de multiples victimes en se sustentant venaient se mêler aux leurs. Était-ce bien lui le responsable de la chute du colosse de bois et de l'imposture au tournoi des bordelins ? Du choix chaleureux de prendre Luther sous son aile et d'avoir invoqué des revenants par centaines à la cité de Grissenwald ? D'avoir grandi sous le soleil écrasant de Lahmia et vu de ses propres yeux le dragon écarlate tomber face à la lame du meilleur de leur engeance ?
Assis dans le sable, il se prit les tempes entre les mains, grognant de frustration. Ce n'était que la seconde fois qu'il était confronté à cette expérience, ça au moins il en était certain. Le retour à la conscience était aussi désagréable qu'auparavant, si ce n'est plus. Chose logique si l'on s'y attardait puisqu'il avait depuis acquis les souvenirs de davantage d'individus. N'osant songer que plus le temps passerait et plus ses réveils seraient douloureux, voire aliénants, il s'efforça avec discipline de reprendre le fil de sa vie, un point à la fois.
Il s'appelait Manesh'k. Voilà plus de deux millénaires qu'il avait vu le jour à la cité Nehekharienne de Lahmia. Il y avait officié quelques années comme soldat avant d'être trahi par la noblesse locale. Gilnash était également contemporain de cette époque reculée. Tous deux avaient le même père dans la mort, le général des troupes de la cité.
Manesh'k grimaça lorsque les combats sanglants, ceux qui eurent lieu quand vinrent les rois de jadis, refirent surface dans sa mémoire. Il n'y avait ni gloire ni honneur dans cette guerre. Et tout le sang qu'ils firent couler aurait suffi à faire déborder le fleuve Vitae… Persuadé que ces souvenirs étaient bien les siens, entremêlés de moments dérobés aux malheureux qui tombèrent sous sa lame, il s'efforça d'avancer dans le temps tout en expirant lentement.
Rassemblés autour de leur père, ils avaient traversés les terres au nord de Nehekhara pour atteindre des régions au climat plus tempéré. Manesh'k se rappela avec précision s'être attardé quelques temps sur les terres d'un empire naissant dont le nom lui échappait. Mais lui aussi fut renversé. Par des orques, se rappela-t-il après un moment, le goût infect de leur sang lui revenant déjà en bouche. Empire auxquels ils ne revinrent pas lorsqu'il fut rebâti bien plus tard. "L'histoire est vouée à se répéter. Nulle cité ne pourra s'épanouir ici tant que les terres, entre la forteresse des nains et Nehekhara, n'auront pas été purgées des peaux-vertes qui y pullulent". Gardant les yeux clos, le vampire ne put retenir un sourire lorsque les paroles d'Abhorash lui revinrent. Sa voix était comme une ancre dans sa mémoire sur laquelle il focalisa sa concentration.
"Un humain rassemble les tribus des hommes pour bâtir un empire, il aurait vaincu un Shaggoth en duel !". Les expressions mêlant surprise et curiosité de ses frères était définitivement ses propres souvenirs. Tout comme ceux des années qui suivirent, infiltrés dans les rangs de celui destiné à être vénéré par les générations suivantes. Dire qu'ils auraient à l'époque put avorter la naissance de l'Empire lorsque Sigmar les démasqua après la Bataille du Feu Noir : "Nous n'avons que faire de ta tribu et de la crainte que nous t'inspirons." avait déclaré son père dans la mort. "Nos intentions ne te regardent pas. Mais nous combattons aux côtés de tes troupes. Sans nous, ton jeune Empire n'aurait jamais vu le jour. Sachant cela Heldenhammer, à toi de juger si tu préfères mourir sous ma lame ou que celle-ci continue à faucher tes ennemis". Ce jour-là, par son silence, le nouvel empereur les autorisa à l'assister depuis les ombres à bâtir son royaume… Sans cela, jamais les vampires renégats n'auraient pu prendre leur revanche sur le grand nécromancien, quelques années plus tard. D'ailleurs, il n'aurait jamais pu rencontrer son premier infant, survivant de la bataille de Reikdorf : Claster.
Une démangeaison à la lisière de sa conscience le tira de ses pensées alors qu'il resongeait au plus grand exploit de leur père. Revenant à l'instant présent, il s'ouvrit aux vents comme son maître Scleras le lui avait enseigné en rouvrant les yeux. Un voile vint rapidement se superposer à sa vision, lui cachant un temps le ciel étoilé. Qhaysh luisait dans les airs. Le vent tourbillonnait doucement et se condensait autours des épaves, tel des serpents de fumée que Luther manipulait en dessinant des arabesques dans le vide.
- Un instant, murmura-t-il en réfléchissant à voix haute.
Sclèras n'était pas son maître. Il ne l'avait jamais été. Ce vampire dégénéré avait été le professeur de la blonde que Luther et lui avaient saignés presque quatre mois plus tôt à Grissenwald.
Jurant de frustration, Manesh'k se releva en secouant la tête. Il allait devoir encore consacrer beaucoup de temps à passer ses souvenirs au crible, identifier quels étaient les siens et quels étaient ceux de ses hôtes...
Le vampire laissa son tri de souvenirs à plus tard. Lorsqu'il ferait jour, il aurait amplement le temps de procéder de toute façon. Il fit tomber les quelques grains de sable accrochés à son gambison orange et se tourna vers Luther. Celui-ci débarquait tranquillement ses marionnettes. La Dhar. Luther semblait à l'aise en la manipulant sous ses yeux. De toute évidence il avait effectivement fait sien les dons de la nécromancienne. Manesh’k devrait lui-aussi s'efforcer de pratiquer cet art s'il ne souhaitait pas le perdre. Tout comme celui du sorcier de feu.
Regardant ses mains, pâles et couturées de cicatrices, il claqua des doigts en produisant une gerbe d'étincelles. Aqshy s'était atténué dans ses veines, mais n'avait pas disparu. Pas encore. Manesh'k serra le poing en marchant jusqu'à son neveu, songeur. La dernière fois qu'il avait recouru aux flammes, a Bordeleaux, il avait failli en perdre le contrôle. La sève de l'homme-arbre avait pris le dessus, manquant entraîner leur perte à tous. Terrasser le titan sylvain avait épanché sa soif et partiellement effacé sa sensibilité au soleil. Mais la colère sourde du démon de bois était une véritable lame de fond. Elle risquait de le submerger à chaque utilisation des vents de magie. Il faudrait qu'il trouve une solution à cet effet pernicieux et le plus tôt serait le mieux. Avant que ce handicap ne leur soit fatal.
S'immobilisant près de Luther, il prit le temps de l'étudier avant d'engager la conversation. Ses cheveux sombres avaient poussés durant le voyage, lui tombant désormais sur les épaules. Ses traits étaient plus tirés qu'auparavant. Sans doute en raison du morceau de bois incrusté dans sa poitrine. Lorsqu'à Bordeleaux il était intervenu pour sauver son neveu d'un traquenard tendu à leur intention, Luther était déjà inconscient. Le répurgateur impérial avait échoué à l'envoyer pour de bon aux jardins de Morr. Pourtant, le pieu qu'il avait enfoncé à travers la cage thoracique du vampire était toujours en place. Esquissant lentement un rictus, Manesh'k prit enfin la parole :
- Joli costume.
Luther fronça les sourcils en se tournant vers lui sans comprendre. Puis son regard s'éclaircit avant qu'il ne s'attarde sur sa tenue. Il portait encore le vêtement d'apparat offert par le capitaine de l'Immaculé alors en visite diplomatique à Bordeleaux. L'habit était en piteux état mais aisément reconnaissable. Notamment en raison de la fraise collerette lui habillant le cou. Celle-ci était à l'origine d'un blanc satin, mais les multiples massacres qui avaient suivis l'avaient tant imbibé de sang qu'elle était à présent d'un brun tirant sur le noir. Pestant, Luther y porta d'ailleurs les mains avant de déchirer la dentelle qu'il laissa choir sur le sable.
- Si j'avais sût, je me serais rendu à ces réjouissances avec mon armure…
- Vu son état elle n'aurait pas changé grand-chose, nota Manesh'k en continuant de l'examiner.
Les coutures aux épaules, aux coudes et aux genoux avaient craqué. Plus de multiples déchirures et coupures. Quant à la couleur initiale de l'habit, il n'aurait pas été capable de le restituer s'il ne l'avait pas vu intact.
- Cela te fait mal ? Le pieux, j'entends… demanda-t-il en désignant sa propre poitrine d'un geste évocateur.
- A ton avis ? Répliqua son neveu avec amertume.
Manesh'k se contenta de hausser les épaules.
- Dès lors que je bouge les bras ou que je marche, j'ai l'impression d'être déchiré en deux, décrivit Luther. Je ne sais même pas comment j'ai pu faire pour les massacrer alors que me déplacer est un calvaire.
- Je peux te le retirer, as-tu…
- Oui et je ne préfère pas retenter l'opération, l'interrompit-il aussitôt.
- … comme tu voudras.
Tout en parlant, le vampire continuait de manipuler les flux arcaniques. Etudiant en silence les cadavres tombants uns à uns des deux navires et rebondir sur le sable avec des bruit flasque, Manesh'k réalisa à quel point Luther avait progressé dans ce domaine. Après avoir sauvé Enguerran, ils avaient tous deux déplacés les morts de son village natal. Casseneuil, lui semblait-il. Cela leur avait posé bien des problèmes et nécessité toute leur concentration. Aujourd'hui il déplaçait approximativement autant de revenants, presqu'avec désinvolture, tout en lui tenant la conversation. Cependant, parlant de ce village…
- Tu as tué le gamin après qu'il t'ait sauvé la vie, lui reprocha Manesh'k d'un ton désapprobateur.
- Et tu m'as frappé en pleine poire, répondit-il un instant plus tard. Nous sommes quittes.
- Loin de là, rétorqua l’aîné en se plaçant entre Luther et ses marionnettes afin de capter toute son attention. Ce môme ne méritait pas le sort que tu lui as réservé. Pire, tu avais une dette de sang envers lui. Il t'a sauvé la vie. Et toi tu n'as rien trouvé de mieux que le saigner dans une ruelle.
Luther soutint son regard sans sourciller lorsqu'il répondit :
- Ce n'était qu'un humain. Toi et moi en avons tués d'autres. Et nous en tuerons d'autre.
Un éclat de colère traversa les prunelles de Manesh'k, ce qui n'échappa à son interlocuteur qui resta néanmoins impassible.
- Ça et ne pas nous avoir éveillés après l'abordage, déclara-t-il. J'ai l'impression de retrouver l'imbécile à qui Walach a offert la non-vie il y a de cela plus d'un siècle, plutôt que le guerrier aux côtés de qui j'ai combattu à Loren.
Ce fut cette fois au tour de Luther de le fusiller du regard. Mais il eut la sagesse d'esprit de ne pas répliquer. Le courroux de son ainé était palpable. Dans son état actuel, il n'était pas question de contester son autorité. Il ne pouvait que garder le silence essuyer le sermon.
Manesh'k soupira. La colère qu'il éprouvait vis-à-vis des récentes bévues de Luther était réelle. Néanmoins ils étaient embarqués tous ensemble dans la même galère. En attendant d'en être tirés, inutile de se dresser les uns contre les autres plus que nécessaire. Pivotant dans le sable, il se tourna vers Gilnash, assis en tailleur à la lisière de l'épaisse forêt et du rivage.
- Il devrait prendre le temps de recentrer ses souvenirs, jugea Manesh'k avec une mine désapprobatrice en voulant changer de sujet. Qu'il parte en vrille maintenant est la dernière chose dont nous ayons besoin.
Luther s'abstint de répondre alors qu'un nouveau macchabée venait rebondir sur le sable.
D'autant plus que contrairement à moi, Gilnash souffre de la soif et n'a plus rien consommé depuis deux mois. Tout comme Gaylria d'ailleurs et…
- Minute, murmura le vampire à voix haute. Où est passée l'elfe ?
- Aucune idée. C'est son problème, pas le no…
Mais Manesh'k ne l'écoutait plus. Approchant son frère dans la non-vie à grand pas, il parcourut la plage du regard. Jusqu'à s'arrêter lui aussi face à la forêt et aux fougères venant dévorer le rivage. S'était-elle aventurée seule dans la jungle ?
Se tournant vers le vampire accroupis, il convint qu'elle ne pouvait pas vraiment être hors de leur portée. Assis en tailleur et les yeux clos, Gilnash était en communion avec le vent brun. A travers ce lien si particulier qu'il entretenait avec toute forme de vie volante, il devait précisément savoir où elle se trouvait et ce qu'elle y faisait. Ainsi que toutes proies comme prédateur à proximité.
Sans un mot il s'approcha, restant debout derrière son ami. Immobile. Patiemment il attendit que Gilnash ai terminé de parcourir la forêt par le biais d'une multitude d'yeux. Toutefois, lorsqu'il remarqua que le ciel dans leur dos tournait lentement au rosé, il n'eut d'autre choix que le presser.
- Gilnash… l'aube approche…
Après quelques instants, le vampire accroupis se redressa. S'étirant la nuque puis les genoux, il poussa un soupir avant de se tourner vers l'Orient. De ses propres yeux il observa l'aube naissante, synonyme d'une mort rapide et douloureuse s'ils restaient exposés sur cette plage.
- Où avons-nous échoué ? Demanda Manesh'k.
- Je n'en ai aucune idée, avoua l'intéressé avec une mine préoccupée.
Manesh'k croisa les bras, soucieux. Il avait espéré que Gilnash leur fournisse un indice quant à l'endroit où ils se trouvaient. Comme il le faisait toujours.
- Cette île -si s'en est vraiment une- est énorme, expliqua-t-il en passant la main dans ses cheveux épais. Aucun oiseau ni chauve-souris n'a jamais vu la rive opposée. Pourtant ils sont nombreux. Très nombreux.
Gardant le silence, Manesh'k se renfrogna. Une île aussi grande au large des côtes bretonniennes, avec un climat si chaud… Avaient-ils eut le malheur de s'échouer sur Ulthuan, la lointaine patrie elfique ?
- Y'a des elfes là-dedans ? Vint demander Luther dans son dos en pensant visiblement la même chose. Et ne nous cache pas des choses cette fois, me faire lacérer le visage une fois m'a suffi.
- Tu devrais le savoir mieux que moi, répliqua Gilnash dans la foulée. Après tout c'est toi qui a saigné cette fille, pas moi.
Luther grimaça, la colère perceptible dans son regard. Mais il n'ajouta rien. Derrière lui, une bonne quarantaine de marins morts se tenaient debout sur la plage. Tous étaient immobiles, tournés vers eux. La cause du décès était visible pour la majorité d'entre eux : gorge arrachée, visage enfoncé, entrailles à l'air libre, tête manquante… Tous en revanche se trouvaient dans un état de décomposition assez avancé, laissant voir des os saillant ici et là. Le tout diffusant une odeur épouvantable. Néanmoins les trois vampires en firent abstraction comme Gilnash reprenait :
- Je n'ai pas vu d'elfe, révéla-t-il finalement. Du moins je ne crois pas. Les petits hommes à peau mate que Luther a mis en déroute ne sont pas seuls dans les parages : des femmes à peau blanche rôdent ici et là. Mais ce ne sont pas des elfes, insista-t-il devant la grimace qu'affichait Luther. Aussi tu avais vu juste, il y a des sauriens dans cette forêt. Comme au sud de Nehekhara. Sans parler du nombre de prédateurs : fauves, serpents, insectes…
- Insectes ? Répéta Manesh'k avec une mine de dégoût. Sérieusement ?
- Se sont vraiment eux qui t'inquiètent dans ce qu'il vient d'énumérer ? Ricana son neveu.
- Tu ne veux pas les voir, insista Gilnash. D'ailleurs, au vu de la taille des araignées qui traînent ici, cela m'étonne de ne pas avoir vu de gobelins.
- Ce n'est pas plus mal, reprit le cadet de leur groupe. Enfin. Tu as parlé de femmes à peau blanche. Il y a donc de vrais humains par ici ?
Gilnash se pinça la lèvre, hésitant à répondre.
- Je ne saurais le dire. Autant chez les petits hommes rien ne m'a trop étonné, autant à la peau claire… je n'ai vu que des femmes.
Luther eut un rictus amusé, mais avant qu'il ne réplique Gilnash reprit en tendant le bras vers la forêt.
- Dans cette direction se trouve le village de nos visiteurs. Et par là à quelques heures je dirais…
Il indiqua une direction légèrement sur la droite. Plus au Nord.
- … se trouve une partie du groupe en question. Clairement, tu as fait forte impression puisqu'ils ont fui et ne semblent pas avoir l'intention de revenir venger la défunte. Ils retournent à leur camp. Et, point intéressant, ils trimballent l'une de ces femmes blanche prisonnière.
- Pardon ? s'étouffa Luther.
- Elle est ligotée à une branche qu'ils portent à travers la forêt, expliqua le manipulateur du vent brun.
- S'ils se comportent comme les sauvages de la jungle de Rasetra, commenta Manesh'k d'un ton neutre, j'en connais une qui sera au menu de ce soir.
Ce à quoi Gilnash haussa les épaules. Il n'avait pas aperçu de scènes de cannibalisme de la part des petits hommes en furetant à travers la jungle. Toutefois, un tel comportement ne l'aurait nullement surprit.
Manesh'k et Luther portèrent brusquement leurs mains aux pommeaux de leurs armes respectives comme un mouvement dans le sous-bois attirait leur attention. Mais ils se détendirent en voyant s'avancer l'elfe-vampire d'une démarche voûtée. Gilnash pour sa part était resté impassible. Les vêtements de sa fille étaient en lambeaux et collés à sa peau par la boue, la transpiration et l'humidité du sous-bois. Vêtements humains, récupérés au village d'Enguerran, qui désormais ne dissimulaient plus grand-chose de son anatomie. Et une fois n'était pas coutume, ses mains et son visage étaient maculés de sang...
- A un moment il va falloir faire quelque chose pour elle, jugea Manesh'k avec un regard désapprobateur.
- Chaque chose en son temps, répondit Gilnash après quelques instants à observer son infant.
Puis il coula un regard vers l'horizon de plus en plus orangée comme le jour se levait.
- Pour le moment, que fait-on ? J'ai moyennement envie de retourner dans cette cale puante en ce qui me concerne…
- Moi non plus, approuva Manesh'k. Pourquoi ne pas aller demander notre chemin aux autochtones ? A quelques heures par-là tu as dit ?
Ce que Gilnash confirma d'un hochement de la tête. Soulageant un cadavre proche de son manteau, Luther écoutait ses ainés avec attention. Ce dernier intervint :
- Zigouiller du nabot, moi cela me va.
- Vous avez vraiment l'intention de combattre ces hommes de jour ? Objecta Manesh'k avec une mine pincée. Je veux dire, on ne sait rien d'eux et en pleine lumière vous…
- Honnêtement, intervint Luther, oui. Regarde-la, poursuivit-il en désignant la petite femme zombifiée qui se trouvait justement à sa gauche. La trouves-tu vraiment dangereuse ?
L'étudiant d'un œil critique, Manesh'k dû reconnaître qu'elle n'avait rien de menaçant pour leur groupe. Mettant de côté sa gorge arrachée et ses yeux vitreux, la femme à peau mate leur arrivait à mi-torse. Elle ne portait aucune armure, vêtue d'un simple pagne laissant sa poitrine tombante apparente. Quant à la confection du poignard que le vampire lui avait subtilisé, celui-ci n'était qu'une pierre aiguisée fixée à un manche de bois par une ficelle…
Croisant les bras, il était forcé de reconnaître qu'en effet, même seul et sans le pouvoir de l'homme-arbre dans ses veines, il ne se serait pas senti menacé par une vingtaine d'individus comme elle.
- J'ai pas parlé de se battre, finit par rappeler Gilnash auprès duquel Gaylria se redressait sans un mot. Mais bon… je suppose qu'avec l'accueil que tu leur as réservé ils seront moyennement enclins au dialogue…
Ce à quoi Luther esquissa un grand sourire. Après une brève hésitation, Manesh'k fini par approuver d'un hochement de la tête. Il se tourna vers la direction indiquée. Dans quelques heures, ils pourraient voler les souvenirs de ces indigènes et enfin savoir où ils s'étaient échoués.
- Allons-nous présenter en bonne et due forme, déclara Luther avec un sourire carnassier.
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Vainqueur d'évènement :
Palmares : Champion du Fort de Sang, Comte de la Crypte 2018 & 2022, Organisateur des affrontements festifs d'Ubersreik
Re: Odyssey
Jeu 11 Juil 2019 - 20:28
Eh bien, un début prometteur ! Surtout que d'emblée, tu nous envoies des pygmées et des amazones. Ton approche de la Lustrie promet d'être intéressante comme melting pot
Je m'en vais donc demander la suite !
NB : Pour les corrections :
Je m'en vais donc demander la suite !
NB : Pour les corrections :
S'étaitUne maladie c’était abattue sur eux ?
Une petite répétitionA l'intérieur, l'odeur de putréfaction était plus forte encore, prenant la prenant à la gorge"]
Une petite répétition :Rolleyes:A l'intérieur, l'odeur de putréfaction était plus forte encore, prenant la prenant à la gorge
Son explorationqui terminerait à priori sont exploration
Luttaitelle lutait en hurlant de panique
peu importePeut-importe, reprit Gilnash
à quel point, petite coquillerebondir sur le sable avec des bruit flasque, Manesh'k réalisa qà quel point
Il semblerait qu'il manque un mot après contesterDans son état actuel, il n'était pas question de contester autorité
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
Terry Pratchett
- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
Re: Odyssey
Jeu 11 Juil 2019 - 20:41
Ah merci pour le com' et les coquilles. Diantre qu'elles sont nombreuses, j'ai honte
Et oui, moi en lustrie je promet un bordel sans nom !
Et oui, moi en lustrie je promet un bordel sans nom !
- Arcanide valtekSeigneur vampire
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Palmares : Organisateur des affrontements festifs d'Ubersreik
Re: Odyssey
Dim 1 Sep 2019 - 22:22
Enfin, j'ai pris le temps de lire ce premier chapitre.
Et c'est avec grand plaisir que je retrouve Manesh'k, Gilnash et cet enfoiré de Luther. Leur alchimie est tout aussi présente qu'avant, mais on découvre en plus de nouvelles choses, comme le fait qu'Abhorash et ses fils dans la mort ont aidé Sigmar à construire son empire et aussi à combattre Nagash, quinze ans plus tard. Riche idée, qui n'est pas du tout incohérente.
Quant à leur situation actuelle, ils sont vraisemblablement sur la côté de la Lustrie. J'ignorais cependant qu'il y avait des pygmés sur ces terres, je pensais que les individus que l'on suivaient au début étaient des skinks (la taille correspondait en plus !). Par contre, je vois que les amazones sont là aussi, ce qui n'est pas sans apporter une certaine touche d'originalité.
J'ai hâte de voir où tout cela va nous mener. J'attends donc la suite avec impatience.
Et c'est avec grand plaisir que je retrouve Manesh'k, Gilnash et cet enfoiré de Luther. Leur alchimie est tout aussi présente qu'avant, mais on découvre en plus de nouvelles choses, comme le fait qu'Abhorash et ses fils dans la mort ont aidé Sigmar à construire son empire et aussi à combattre Nagash, quinze ans plus tard. Riche idée, qui n'est pas du tout incohérente.
Quant à leur situation actuelle, ils sont vraisemblablement sur la côté de la Lustrie. J'ignorais cependant qu'il y avait des pygmés sur ces terres, je pensais que les individus que l'on suivaient au début étaient des skinks (la taille correspondait en plus !). Par contre, je vois que les amazones sont là aussi, ce qui n'est pas sans apporter une certaine touche d'originalité.
J'ai hâte de voir où tout cela va nous mener. J'attends donc la suite avec impatience.
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"Et quand les morts se lèvent, leurs tombeaux sont remplis par les vivants"
Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D
Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun
Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
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