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Seigneur vampire
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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Ven 2 Juin 2017 - 18:45

     Katarina Snjegynka (Arken) contre Hrofil Halfdane (Oleg von Raukov)


     Les spectateurs étaient fort enjoués : ce n’était pas tous les jours qu’à Altdorf, on pouvait voir un souffle de dragon lors d’une joute chevaleresque. Bien des enfants chanceux se dirent que plus tard, ils deviendraient chevaliers, et cracheraient eux aussi des flammes par les yeux, le nez et les oreilles.

     L’arrivée des prochains combattants… fut étrangement discrète. La foule s’aperçut que les cavaliers, bien loin de saluer quiconque, se fixaient simplement avec un air neutre, peut-être préoccupé. Nombre de braves gens le comprit : la joute allait être rude, car ces deux-là qui se faisaient face étaient au-delà du mot « redoutable ». Peu à peu, les tribunes se calmèrent, et le signal retentit.

     Katarina chargea. Elle ajusta sa lance, sachant parfaitement à qui elle avait affaire. Un grand maître d’un ordre de chevalerie, protégé par sa divinité.
     Hrofil abaissa son trident. Les deux cavaliers se rapprochèrent, puis se heurtèrent dans un choc assourdissant ! Hrofil jura, Katarina souffla ; le premier sang lui appartenait. (Katarina : 2T, 2B, 1 svg, 1 PV ! – Hrofil : 3T, 1T annulée, 2B, 2 svg !)
     Elle dégaina dans la seconde, le grand amiral en fit de même ; ils se firent face à nouveau, et leurs lames se croisèrent puis se recroisèrent. Hrofil dut encaisser un coup de taille redoutable, l’épée bleutée de son adversaire malmenant efficacement ses écailles (Katarina : 4T, 3B, 2 svg, 1 PV !), alors que sa propre lame fut repoussée par l’étrange écu de Katarina (Hrofil : 1T, 0B).
     Les tribunes observèrent l’affrontement sous le ciel devenu nuageux, quand celui-ci s’arrêta subitement ; la lame de la guerrière était profondément plantée dans le flanc du chevalier, et lui-même levait la main en signe de forfait. (Katarina : 4T, 4B, 3 svg, 1 PV !!)
     Les bonnes sœurs peinèrent à retirer la lame de la plaie, et Katarina dut le faire malgré leurs réticences, suite à quoi elles s’empressèrent de stopper le sang à grands renforts de linges et de compresses. Alors qu’elle s’éloignait, Hrofil se demanda sérieusement ce que pouvait bien receler l’éclat bleuté de son équipement.



     Martin Delatour (Dangorn de Castagne) contre Wilhelm Kruger (Arcanide Valtek)


     La dernière joute avait calmé les ardeurs du public. L’on était en proie au questionnement, aux palabres et aux hypothèses plus ou moins sensées. Certains disaient que toutes les femmes kislévites étaient comme ça, d’autres soutenaient que quelque chose clochait, et que c’était très louche. La guerrière fascinait, cela se voyait, mais le dernier article de la gazette d’Altdorf ne donnait que des bribes d’informations sur elle. D’ailleurs, il disait que son écuyer était une femme, aussi. Tatiana Rubyn.
     Quelques savants érudits évoquèrent même la légende des amazones.

     Ce fut ainsi que lorsque les combattants de la dernière joute apparurent, tout le monde fut éberlué par un « MARTIIIN ! OUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIS !!! » tonitruant du sire Dangorn de Castagne. La tribune bretonnienne s’anima, et l’on salua avec entrain l’écuyer de l’illustre sire. Un peu pris de court, les impériaux saluèrent Wilhelm Kruger : ça sonnait plus impérial, et puis les bretonniens n’allaient pas encore l’emporter, non mais.

     Martin, cependant, ne pouvait pas se défaire d’un sinistre pressentiment, car le nom de son adversaire lui disait quelque chose. Où diable l’avait-il déjà entendu ?! Déterminé à tirer cette histoire au clair, il décida à vaincre ce redoutable adversaire, espérant ensuite l’interroger à la fin du combat. Ils chargèrent au signal, sous les cris toujours très éloquents du sire Dangorn de Castagne.

     Martin décocha un trait de son arbalète, rata son tir de peu, apprêta son bouclier.
     Wilhelm, lui, apprêta sa lance.

     Le choc parut insoutenable à Martin, quand il sentit quelqu’un murmurer son nom à son oreille, et une force incroyable infusa son bras ; l’écuyer tint bon, et une lumière aveuglante dévia la lance au point qu’elle ne laissa qu’une estafilade sur son épaule ; il fut cependant bien incapable d’infliger la moindre peine au sire Kruger. (Martin : 0T – Wilhelm : 5T, 1T annulée, 4B, 1 svg, 2 invus, 1 PV !)
     Wilhelm dégaina. Il ne voyait nul fléau cette fois-ci, et son épée allait faire ployer ce jeune mortel, Dame ou pas.
     Martin le rencontra bravement, mais réalisa bien vite qu’il perdait l’avantage ; son adversaire finit par briser sa garde et atteindre sa tête ; affrontant un adversaire à moitié sonné, Wilhelm n’eut aucun mal à parer ses frappes (Wilhelm : 2T, 1B, 1PV ! – Martin : 2T, 1T annulée, 0B).
     L’écuyer pria la Dame qui, jusque là, l’avait accompagné dans ce tournoi, et son adversaire fit face une fois de plus à la lueur de sainteté ; mais subitement, le chevalier de sang cabra sa monture, et frappa de haut (4T, 2B, 1 invu, 1 PV !!). Ce dernier coup acheva d’assommer Martin qui, perdant ses forces, s’affaissa lentement sur sa monture.
     Son adversaire, prévenant, l’empêcha de choir à terre jusqu’à l’arrivée des prêtresses.


***


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Dim 4 Juin 2017 - 11:29




Intermède III




Suite au combat entre Albéric de Sérignac et Mathias Thulmann...

     Sous les gradins, au niveau de l’entrée des combattants dans l’arène, la forme agile et prédatrice d’Albéric se glissait vers la sortie en toute hâte.
     Son combat contre le répurgateur venait de se terminer et il pouvait entendre la foule énoncer son inquiétude. Même là où il se trouvait, plusieurs personnes qu’il dépassait lui lançaient un regard en biais. Or, à son soulagement, sa réputation n’avait pas mise longtemps avant de s’installer et on s’écartait de son chemin sans qu’il le demande. Finalement, il sortirait d’ici encore plus vite qu’hier. Le vampire se permit un regard en arrière, vers la trouée de lumière qui menait vers l’arène d’où les cris indignés provenaient encore. Ils étaient inquiets ? Ils étaient surtout ridicules, pesta alors le vampire. Comment pouvaient-ils être « inquiets » à la vue d’un peu de sang alors qu’ils étaient venus assister à un combat ? Cela faisait autant de sens que d’aller se promener en forêt en espérant ne pas voir d’arbres.
     Il n’était pas venu ici pour se donner en spectacle et contenter une foule de gens qu’il trouvait insolents tellement ils étaient incapables de voir à quel point ils étaient stupides. Ils voulaient du spectacle, alors il se faisaient un plaisir de le leur donner.
     « Sire Sérignac de la motte d’Artois ! » - tonna une voix à sa gauche.
     Albéric regarda à nouveau devant lui. Personne. Parfait, autant continuer à avancer alors. Le vampire pressa le pas, ignorant royalement la personne qui devait l’avoir interpellé juste avant. Mais après quelques pas, il fut forcé de s’arrêter lorsqu’un chevalier se plaça devant lui, lui coupant la route aussi sec. L’homme, bretonnien de toute évidence au vu de son accoutrement rouge et blanc et des symboles divers à la Dame, se tenait là, tel un roc inamovible. Il était coiffé d’un heaume ouvragé dont les flancs étaient ornés de deux cornes.
     « Non, vous n’irez nulle part Albéric ! - gronda Roland de Boisserands.
     - Hmm ? » - répondit vaguement l’intéressé.
     Devant cet énième marque d’insolence, Roland serra ses poings à en faire crisser l’acier de ses gantelets. Une légère aura dorée entoura son corps alors qu’il tentait de contenir sa colère à l’encontre de cet homme qui défiait tout ce en quoi il croyait. Le chevalier du Graal se releva de toute sa hauteur et toisa Albéric qui ne s’en offusqua pas plus que ça.
     « Vous cherchez quelque chose ?
     - A vous apprendre les bases de la chevalerie, oui ! » - rugit le chevalier. « Vous déshonorez le nom de la Bretonnie et surtout de la Dame avec vos techniques indignes ! Comment pouvez-vous vous prétendre bretonnien après votre comportement dans un duel qui se devait d’être honorable !?
     - Oh c’est donc ça. »
     L’expression qu’Albéric afficha en cet instant était difficilement descriptible. Le vampire semblait afficher un mélange entre de la condescendance, du mépris et de l’irritation avec une pointe d’amusement lorsqu’il reprit la parole :
     « Je n’ai jamais revendiqué la moindre appartenance à la chevalerie bretonienne et à ses… « valeurs » et je n’en ai certainement pas l’intention. Je ne vois donc pas pourquoi je devrais m’embarrasser de ces dernières. Sur ce, adieu. »
     Le vampire fit mine de repartir, mais le grand chevalier se déplaça subtilement pour bloquer le passage à Albéric encore une fois. Son courroux ne semblait pas apaisé.
     « Alors c’est ainsi ? Vous reniez donc l’héritage de la Dame qui coule dans vos veines et le trainez volontairement dans la boue ? »
     Cette fois, Albéric commença à sérieusement être agacé par le bretonnien et ses leçons de vie niaises.
     « Bon, chevalier, une fois pour toutes, je n’ai aucun compte à rendre à votre « Dame ». Elle m’a abandonné il y a bien longtemps et j’ai fait de même pour elle. Oh, et au lieu de prêcher vos croyances à un incroyant, allez tenter votre chance auprès de ceux qui se disent adeptes. Parce que si on se fie à vos critères de droiture, la plus grande part des chevaliers bretonniens ne méritent même pas ce titre. De toute manière, vos préceptes, aussi beau soient-ils, sont vains face à la méchanceté inhérente de l’homme… Adieu. »
     Après avoir clairement appuyé sur le dernier mot, Albéric contourna le chevalier qui ne bougea pas d’un pouce cette fois et se dirigea enfin vers la sortie.
     Roland, de son côté, n’avait pas desserré un seul de ses muscles. Seul son sang-froid l’avait empêché de dégainer sa lame pour faire taire l’insolent jeune homme… Mais, à contrecœur, le vieux chevalier devait reconnaître qu’Albéric avec raison. S’il ne se revendiquait pas comme étant un chevalier, lui n’avait aucune raison d’essayer de lui inculquer ses valeurs. Cet inconscient était une cause perdue. Le chevalier du Graal se tourna à demi et regarda vers le vampire qui s’éloignait à grand pas.
     « Vous ne croyez pas en mes valeurs, certes. Mais ayez au moins la dignité de respecter votre adversaire la prochaine fois ! »
     En entendant cela, Albéric haussa nonchalamment des épaules tout en continuant de marcher, imperturbable. Roland ne put le voir, mais le vampire arborait un grand sourire à présent.
     Maintenant à peine surpris par la réaction du jeune effronté, Roland sentit que sa femme lui prenait le bras. Quand il la regarda, elle lui rendit son regard pour lui faire comprendre qu’il valait mieux y aller. Ils n’arriveraient à rien avec un tel homme. Blessé dans son orgueil, Roland suivit Eléonore jusqu’aux gradins pour continuer à regarder les duels du jour. Mais tout le long du trajet, sa haine envers Albéric changea. Elle s’amplifia même.




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Dim 4 Juin 2017 - 19:40

Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Manann10



     Hrofil Halfdane n'avait qu'un point faible, le bain. Hrofil aimait les bains, surtout dans de vraies baignoires confortables comme on peut en trouver dans les meilleurs auberges. C'était pour ça qu'il ne s'était pas fait héberger par un temple de Manann d'Altdorf. Il n'y aurait eu que des baquets de bois. Bien sûr, un baquet, c'est mieux que la rivière froide de Norsca dans laquelle il se lavait enfant, avant d'être sauvé par Manann.
     Le bain le relaxait, lui permettait de digérer sa défaite et de se souvenir qu'il était venu à Altdorf pour une raison plus importante. En même temps, dans un bain on est engourdi, nu et désarmé. C'est une vraie faiblesse. Le grand maître Ogg des templiers de Manann de Marienburg, cet intrigant, a un trident à la place de la main gauche. Pratique. En même temps, il ne doit l'utiliser que comme une fourchette.
     Le bain commençait à être beaucoup trop tiède. Hrofil décida que ce n'était pas une raison pour sortir :
     - Mademoiselle, arrêtez de lustrer mes coquillages et rajoutez de l'eau chaude !
     - C'est que la baignoire déborde déjà, monseigneur.
     - Alors retirez de l'eau froide avec votre seau puis rajoutez de l'eau bien chaude, ce n'est pas bien compliqué !

     Deux heures plus tard, Hrofil était en chemin vers l'amirauté du Reikland lorsqu'il interrogea ses chevaliers sur l’enquête. Ils avaient trouvé le lieu que le libraire avait mentionné. C'était un entrepôt sur les docks, d'où les livres étaient expédiés vers les librairies et les clients de l'imprimeur, mais ce n'était pas le siège de la maison. Les dirigeants et les documents qui pouvaient donner une indication sur l'auteur du livre n'étaient pas là. Aucune livraison n'était arrivée dans l'entrepôt ce jour-là, et il n'y avait donc aucune information utile. Par contre, il était probable qu'un grand nombre d'exemplaires du livre hérétique soit entreposés là. Hrofil décida d'aller interroger dès le lendemain les ouvriers de l'entrepôt pour trouver un responsable capable de lui dire qui dirige, et d'où. Et aussi pour confisquer autant d'exemplaires que possible.

     Hrofil et ses chevaliers avaient atteint le district du Reiksport, et il approchait de la Maison de l'Amirauté. La vieillissante flotte du Reikland, ou Première Flotte Impériale, n'était pas conçu pour aller en mer. En effet, le cité indépendante de Marienburg bloquait le passage vers celle-ci, et il n'était pas question pour le Directorat de laisser une flotte potentiellement hostile passer au milieu de la ville. Le réseau fluvial de l'Empire était cependant gigantesque et menait à peu près partout dans l'Empire, et cette flotte transportait les armées vers les champs de bataille et protégeait le commerce des pirates de toute race.
      Cette flotte étaient dirigée par le vieux Seigneur de la Mer Adalmann von Hopfberg, qui attendait Hrofil dans le hall avec un quart des douze amiraux du Reikland. Évidement, c'était le quart le plus vieux, ceux qui n'était plus bons à gouverner quoi que ce soit et qui étaient à la retraite. Les autres avaient du travail sur le Reik. Bon, parmi ceux qui étaient là, il n'y avait pas que de vieux croûtons. Personne n'aurait eu la mauvaise idée de laisser sortir avec une flotte l'amiral et duc sans terre Haimreik von Siert. En effet, le duché de Siert était un ancien territoire du Reikland tombé sous le contrôle de Marienburg après son indépendance en 2429. Haimreik von Siert n'attendait donc qu'une chose : déclencher une guerre entre l'Empire et Marienburg pour récupérer ses terres. En fait, Hrofil l'aurait apprécié si cet amiral avait été un marin capable.
      Le Grand Maître des Fils de Manann était venu visiter les installations de la flotte du Reikland, les navire et, officieusement, discuter du problème de Marienburg. Il vit donc les nouveaux canons de marine forgés à Nuln, qui se chargeaient par l'arrière et pouvaient tirer des boulets chaînés, des boulets runiques achetés aux nains ou encore des boulets creux remplis d'eau bénite par des prêtres de Morr. En effet, les vaisseaux fantômes des marins d'eau douce vampires et les galères des rois des tombes posaient un problème qu'il fallait anticiper.
     Les Fils de Manann avaient une petite flotte, et Hrofil passa un accord avec le Seigneur de la Mer (qui n'avait jamais vu celle-ci) du Reikland pour la moderniser.



***



     Ulrich von Stromdorf, qui se baladait dans les quartiers mal famés d'Altdorf histoire de s'attirer quelques malfrats à passer par le fil de l'épée, s'arrêta net. Devant lui, au beau milieu de la petite rue crasseuse, une fine cordelette était tendue. L'ouïe fine du vampire capta immédiatement un sifflement dangereux... Une mèche en train de se consumer...
     Il bondit en arrière, puis guetta l'arrivée de la flammèche, se disant qu'il pourrait la piétiner et l'éteindre... Grande fut sa surprise lorsqu'il vit la corde se consumer avec une vitesse vertigineuse ! Ulrich se plaqua au sol, s'attendant à une explosion imminente... Mais il n'en fut rien. Le bruit sifflotant s'éloigna, aucune détonation, aucune.
     Passablement surpris, le vampire demeura perplexe un petit moment. Une mèche aussi longue ? Etrange... Etrange... Et cette histoire de charrette dont tout le monde parle... Oh ! Que lui importait ! Altdorf tout entier pouvait saut...
     Il se reprit aussi sec : Altdorf, une si jolie ville, sauter ? Et ses distractions alors ? Von Stromdorf se jura de retrouver la mèche, et repartit immédiatement dans les rues tortueuses des bas-quartiers.



***



     Dans le Palastdistrict (quartier du palais), une villa appartient au comte électeur de l'Ostland. Elle sert d'ambassade. Pour l'Ostland, à la frontière la plus exposée de l'Empire, l'aide de l'Empereur et du culte de Sigmar est d'une importance capitale. Aussi Valmir von Raukov envoyait-il son meilleur diplomate, le baron Gustav von Wolder, comme ambassadeur dans la capitale. En général, les ostlanders ne sont pas vraiment des diplomates, mais von Wolder faisait exception. Sa monture volante était un autre avantage : en cas d'urgence, les informations importantes pouvaient arriver au comte électeur par la voie des airs. La détention de Thelma en cellule de dégrisement ne faisait pas partie de ce genre d'urgence.
     Le diplomate accueillit celle-ci à l'ambassade avec un air grave que Thelma reconnaissait.
     « - C'est bon, von Wolder, vous n'allez pas me faire croire que ça vous a dérangé d'aller me chercher en cellule de dégrisement !
     - En fait, Frau Ingénieure Auerbach, cela va vous étonner mais je n'aime pas être réveillé au petit matin par la phrase  "la fille du patron a fait des bêtises avec un tank à vapeur". Mais, c'est vrai, ce qui me dérange le plus n'est pas d'aller vous chercher, c'est plus de ne pas être capable de compter le nombre de fois où j'ai dû vous sortir d'un situation délicate. Ce n'est pas facile d'être l'ambassadeur d'une province qui se fait raser à chaque excursion chaotique, je passe mon temps à quémander une aide militaire ou financière à toutes les institutions. J'ai l'air de quoi, moi, quand je demande au Reikmarshall une aide militaire et qu'il me répond en me parlant du sang bouillonnant des von Raukov ? Ou quand l'Ecole Impériale d'ingénieur me dit que le budget alloué à l'Ostland pour le trimestre a été dépensé par Frau Auerbach ?
     - Objection, votre honneur, cette fois-là vous aviez réussi à le faire compter dans le budget du Hochland.
     - En plus de quoi, ce qui m'inquiète vraiment, c'est que je me demande si vous n'avez pas répondu à ma convocation, pour une fois, uniquement pour me piquer mon griffon pour participer aux joutes du tournoi.
     - Mais non, il n'est pas assez gros votre griffon. Je suis sûre que si vous m'obtenez une entrevue avec Karl Franz, ...
     - Béni soit l'Empereur !
     - … je pourrais lui emprunter son dragon impérial.
     - C'est bien possible, il a été très amusé par vos exploits. Il a même dit qu'on aurait dû vous laisser faire, pour être sûr que ce soit bien un impérial qui emporte le tournoi.
     - Face à des bretonniens, qui en doute ?
     - Mes oreilles au palais m'ont indiqué que les espions de l'Empereur suspectent qu'il y a d'autres vampires dans le tournoi. Ils semblent attirés par ce genre de distractions. Mais je vous ai faite venir à un autre sujet. Pour faire la publicité du tournoi auprès des nobles jouteurs du Vieux Monde et du public d'Altdorf, la Reiksguard a engagé une agence de communication qui a vu les choses en grand. Un opéra de circonstance, composé par le célèbre Ortlieb, est joué actuellement, et pour toute la durée du tournoi. Ils aimeraient beaucoup que des participants y assistent. Je vous propose d'y aller demain.
     - J'ai déjà écouté un opéra d'Ortlieb à Averheim. J'aime beaucoup sa musique, donc je viendrai, mais j'espère qu'il a changé de librettiste. Dans le texte, il se moquait de l'Ostland, j'ai regretté de ne pas avoir pris mon fusil.
     - J'aimerais autant que vous l'oubliiez demain. Je ne crois pas qu'il se moque de notre belle province, le sujet de la pièce c'est un tournoi, évidemment, mais de chant. Nous nous retrouvons donc demain ici à la même heure, enfin, sauf si vous parvenez à vous retrouvez encore une fois en prison !


cheers


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Dim 4 Juin 2017 - 22:21

     Tom, le patron de la taverne Bretonnienne où avaient élu domicile le baron de Joli-Tonneau, le baron de Vigne-Blue et le seigneur Dangorn, regarda d'un air rancunier dans la direction des trois chevaliers Bretonniens. Ces trois-là buvaient comme des barriques percées et comme l'un était son importateur et les deux autres ses amis, ils bénéficiaient du "prix d'ami". Bref, ils remboursaient à peine le vin consommé.

     Le baron de Joli-Tonneau n'avait pas son humeur joviale habituelle, remarqua-t-il, il semblait être mécontent de ses performances guerrière : "Deux fois je charge ! Deux fois je rate mon adversaire ! Ma carrière est foutue ! Je ne vaux plus rien ! Juste bon à prendre ma retraite !" . Ses compères tentaient tant bien que mal de le démentir.

     C'est alors que Tom vit un groupe d'enfants faire irruption dans sa taverne. Il allait sortir de derrière son comptoir pour les inviter fermement à jouer ailleurs, lorsque qu'un des gamins s'approcha de Joli-Tonneau les yeux pleins d'étoiles et lui demanda : "C'est vous le chevalier dragon ?" Puis un autre ajouta : "Comment vous faites pour cracher des flammes comme un vrai dragon?".

     Le baron resta un instant interdit devant cette bande de gamins et de gamines qui le regardaient comme s'il était Sigmar en personne. Il finit par dire "Hem ! C'est tout une histoire..." . Joli-Tonneau leva sa main et Tom eut la surprise de voir la lance du baron voler à travers la salle pour atterrir dans sa main gantée. Le chevalier du Graal posa la lance de cavalerie sur la table pour la montrer aux enfants. Elle était magnifique, avec des bas-reliefs représentant des dragons et des gravures de flamme, incrustés d'or et parfois même de pierres précieuses. Les jeunes impériaux ouvrirent grand leurs yeux devant cette merveille. Le vieux Bretonnien leur montra la pointe de la lance en expliquant que c'était une dent de dragon. "Comment vous l'avez eue ?" - demanda un jeune garçon.

     Et Joli-Tonneau commença son histoire. Le tenancier fut surpris : alors que le vieux chevalier commençait à raconter comment il rencontra, durant sa quête du Graal, treize tueurs nains qui hésitaient à partie affronter un dragon, car treize ça porte malheur et ça attire les Skavens ; le brouhaha incessant de la taverne diminua jusqu'à disparaître. Même ses trois musiciens arrêtèrent de jouer leurs morceaux de musique, puis se mirent à appuyer les propos du baron par une ambiance sonore appropriée.

     Le récit épique dura toute la nuit. La taverne se remplit d'impériaux friands de son histoire. L'établissement étant plein, les gens se pressaient aux fenêtres et à la porte pour écouter le chevalier du Graal. Tom vendit autant de boissons qu'en une semaine, et il se sentit bête d'en avoir voulu aux trois barons. Alors lorsqu'ils s'écroulèrent sous leur table habituelle, Tom leur apporta une couverture.



 Love  


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Lun 5 Juin 2017 - 10:26

     Quelques heures plus tôt...

     Alors que les gradins se désemplissait peu à peu dans le brouhaha enthousiaste des spectateurs, un chevalier à la cape blanche s’éclipsa discrètement par une issue dérobée. Silvère de Castagne était venu assister aux combats de la journée, et son humeur morose le faisait fuir la compagnie de ses compatriotes.

     - Avez-vous donc point aperçu ce diable de Silvère ?! - s'exclamait Dangorn à quelques travées de là.
     - Juste à temps, - pensa Silvère qui s'engouffra de vive allure dans une ruelle peu fréquentée.

     Le chevalier du Graal se laissa ensuite porter par ses pas, l'esprit occupé, En réalité, il était au comble de l'anxiété. Il devait bien se l'avouer, la défaite concédée face à cette Katarina Snjegynka lu restait en travers de la gorge. Non pas qu'il est été déshonorant de perdre face à cette guerrière au demeurant forte habile, mais de la manière dont la chose s'était produit : la Dame ne s'était pas manifestée lors de ce combat. L'absence d'intervention divine le laissait fort démuni et était source de doute. Et l'entrevue de la nuit précédente avec le vampire nommé Wilhelm Kruger avait achevé de le perturber. Il semblait effectivement que la Dame l'avait abandonné !

     Perdu dans ses sombres pensées, Silvère ne prit pas garde à ce qui l'entourait et il fut soudainement heurté par un passant au détour d'un carrefour, avec lequel il se retrouva nez à nez. Il s'agissait de l'énorme sire Yorek Stormoff, reconnaissable grâce à sa barbe fournie, visiblement en pleine expectative.

     - Mille excuses Messire Chevalier, - tonna-t-il, - ma hâte m'a fait perdre les bonnes convenances et manquer aux plus élémentaires des politesses. Aussi vous présente-je mes excuses, si vous daignez les accepter.
     - Je les accepte de bonne grâce, - répondit courtoisement le sire de Castagne, - d'autant que je n'étais pas plus attentif que vous, et qu'au détour d'une rue, il s'agit bien du genre de mauvaise fortune que l'on peut rencontrer au tournant.
     - Messire est bien bon, je l'en remercie. Oserai-je encore de vous tourmenter avec quelques questions de la plus haute importance ?
     - Agissez à votre aise mon bon homme, mais je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps,
     - Il s'agit bien de ça, figurez-vous. Je poursuis actuellement d'un objet particulier que j'ai aperçu tantôt et dont la trouvaille pourrait être fort à propos. N'auriez-vous pas entraperçu ce qui ressemble fort à une corde enflammée se consumant ?
     - Par la Dame, je n'ai nul souvenir d'une incongruité de la sorte, sans quoi cela m'aurait certainement fort marqué.
     - Peste ! Elle n'est donc pas de ce côté-ci, Merci encore Messire pour votre aide.

     Et von Stromdorf (car c'était bien lui) reprit sa course folle dans une nouvelle direction, laissant un Silvère fort surpris par cette attitude.

***

     Alors que le Soleil déclinait, Silvère se recueillait devant une stèle commémorative des combattants ayant donné leurs vies lors du siège de la ville.

     - Auriez-vous l'obligeance de bien vouloir me raconter vos tourments, - demanda une voix féminine.

     Gaea était apparue tout aussi soudainement et discrètement qu'à l’accoutumée, bien que Silvère fût désormais habitué. Celui-ci resta silencieux.

     - Allons, ne faites pas autant de cinéma. Je vous connais bien et je lis en vous comme dans un livre ouvert. Il s'est passé quelque-chose lors de votre duel et cela vous affecte. Parlez-moi, mon ami.

     Gardant sa position agenouillée, Silvère exprima ses états d'âme à celle qui était devenu sa confidente. L'enchanteresse ne l'interrompit pas avant qu'il eut fini.

     - Messire Paladin, - lui dit-elle, - je ne vous apprendrai rien en vous rappelant que la Dame accorde sa grâce à ceux qui entreprennent des actions nobles et héroïques. Lors de votre passé, vous avez été un parangon d'idéal et de vertu, un héros et un exemple pour vos pairs, Vous avez affronté les créatures de la non-vie, fait face aux plus terribles démons et vaincu des champions des Dieux Noirs. Aujourd'hui, ce que vous accomplissez est bien pâle en comparaison. Et ce tournoi a par ailleurs bien peu d'intérêt pour mériter l’attention de notre noble Déesse.

     Silvère resta silencieux quelques temps. Il lui fallait digérer ces paroles, appréhender leur signification et ce qu'elles impliquaient.

     - Comment me racheter auprès de la Dame, - murmura-t-il, - comment la servir dignement ?
     - Comme je vous l'avais déjà dit par le passé, gardez espoir. En ces temps de troubles, le moment viendra où les évènements vous amèneront à vous illustrer au nom de la Dame et du Graal. En attendant relevez-vous et suivez-moi. J'ai eu une discussion avec Messire Osbourne et il semblerait bien qu'il ait égaré un chariot rempli de feux d'artifices. Il serait de bon aloi de retrouver cette cargaison avant qu'elle ne tombe entre de mauvaises mains.
     - La charrette ?... La corde enflammée !! - s'exclama Silvère. - Ne perdons pas un instant !!!

     Silvère bondit comme un dératé et commença à courir en entrainant Dame Gaea, visiblement déconcertée par l'empressement du chevalier du Graal.


***

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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Lun 5 Juin 2017 - 10:36


    Ivan Niedovsky attendait sur le terrain d’entraînement de la Reiksguard, Tom à ses côtés, la venue du couple Boisserands, pour le duel promis. Pour une fois, s’étonnait le jeune garçon, le kislévite était muet. Lui qui d’habitude n’hésitait pas à lui faire part de telle ou telle anecdote instructive sur la vie de guerrier.
    En vérité, le vieux noble expatrié était profondément troublé, et ne cessait de se remémorer l’entrevue avec la Groβmeister Gentevigne le midi même.
    Il avait été invité au repas, parmi les membres de la tribune, tous d’illustres personnages, généraux et guerriers, de l’Empire, ce qui n’avait pas manqué d’impressionner le vieux guerrier solitaire qu’il était. Heureusement, l’Empereur n’était pas présent, ayant profité de la pause de midi pour régler quelques problèmes urgents : s’il n’avait pas été absent, Ivan n’aurait pas su où se mettre.
    Le repas avait commencé calmement, autour de côtelettes finement rôties accompagné d’une salade délicatement assaisonnée —un repas sobre mais fort délicieux, à l’image de la Reiksguard, somme toute— et Dame Gentevigne avait complimenté sa technique lors de ses duels, ce à quoi il avait répondu avec humilité. Puis, tout avait basculé :
     « Votre talent ne doit pas être gâché, Herr Niedovsky, lui avait dit la Halfling. J’irai droit au but : je vous veux en tant que maître d’arme à la Reiksguard. »
    Sur le coup, le kislévite s’était figé, interloqué. Il n’arrivait pas à savoir si le Groβmeister lui avait véritablement dit ces mots, où s’il les avait imaginés.
    Mais elle s’était répétée, réitérant son offre tout en arguant que l’Empire avait besoin d’hommes tels que lui. Ivan avait alors balbutié quelques mots en guise de remerciements, incapable de plus. Voyant sa surprise, la Groβmeister avait reposé sa fourchette et essuyé ses lèvres sur le coin d’une serviette, avant de lui adresser la parole avec un peu plus de douceur :
     « Je peux comprendre que ma proposition vous prenne de court. Mais ne vous méprenez pas, elle est parfaitement sérieuse : nous vous offrons un poste à la Reiksguard, ce n’est pas à prendre à la légère. Enfin, c’est une décision lourde d’implications, c’est pourquoi je vous propose d’y réfléchir jusqu’à demain. Réfléchissez bien ! C’est une occasion qui ne se présente qu’une fois dans une vie… »
    Se sentant congédié et la dame se tournant sur d’autres problèmes que lui apportait un messager, Ivan avait respectueusement salué tous les membres présents et avait quitté les tribunes après s’être incliné bien bas.
    Encore maintenant, il n’en revenait pas. Il avait eu le temps d’y réfléchir pendant les joutes, mais il n’avait pas encore trouvé de réponse. Le vieux guerrier baissa les yeux sur son protégé. À vrai dire, il ne savait pas s’il allait réussir à en trouver une.
    Il était venu expressément pour l’offre du tournoi, qui stipulait que le vainqueur pourrait fonder son ordre de chevalerie. Lui qui, après toutes ses années à parfaire sa technique pour la rendre mortelle face aux engeances du chaos, avait juré qu’il devait laisser sa technique à la postérité, pour que son savoir si durement acquis ne soit pas perdu… Alors même qu’on lui offrait ce qu’il désirait, il hésitait ?
    En réalité, le vieux guerrier, après avoir pris sous son aile le petit Tom, s’était rendu compte d’une chose : son héritage n’était pas qu’une simple technique, c’était une façon de vivre. Des années passées seuls dans les montagnes à parfaire la maîtrise non seulement de ses armes, mais aussi de son esprit. Sa discipline n’était plus que de l’arme, mais aussi de l’âme… Et, maintenant qu’il avait trouvé quelqu’un à qui il pouvait tout transmettre, il devrait tout abandonner pour enseigner aux chevaliers de l’Empire ses quelques passes certes mortelles, mais vidées de leur sens ? Après tout, elles vivraient au moins à travers le plus grand nombre.
Tom ou la Reiksguard, qui choisir ? Le vieux kislévite ne le savait pas encore, et la question le hantait…

    Soudain, un appel le tira de ses pensées : les époux Boisserands étaient là, et le hélaient depuis l’autre bout du terrain. Ivan se leva de son siège : il était temps pour lui de se changer les idées et il salua les bretonniens de la main, un grand sourire aux lèvres. Maintenant était le temps de combattre, pas de tergiverser sur des décisions impossibles.
    Roland, lui, arriva sur le terrain armuré de pied en cap. Il semblait prêt à engager le duel dans l’instant. Cela ne surpris guère Ivan qui s’attendait à ce qu’ils rentrent dans le vif du sujet assez rapidement au vu du tempérament du chevalier. Mais ce qu’il ne savait pas, c’était qu’intérieurement Roland bouillonnait encore de colère à l’encontre d’Albéric tandis qu’il ruminait âprement les remarques que le jeune homme lui avait lancé un peu plus tôt. Son orgueil, mais aussi sa foi avaient été blessés dans le même temps à cause de ces quelques malheureux mots. Alors qu’ils approchaient du kislévite et de son élève, Roland secoua imperceptiblement sa tête, comme pour chasser ces pensées qui hantaient son cerveau. Pour le moment, il avait des affaires plus importantes à gérer.
    Une fois les deux duos assez proches pour se parler convenablement, Ivan lança la conversation :
   « Ah ! Vous voilà enfin ! Et vous me semblez prêt à commencer.
   - Certes, je trouvais approprié de ne point perdre trop de temps avec des problèmes d’équipements. Je suis heureux de vous revoir sire Niedovsky.
   - Moi de même Roland. » - Ivan se tourna vers Eléonore et s’inclina légèrement devant elle – « Madame. »
    Eléonore lui rendit son salut poli avec un geste gracieux. Ce qui ne manqua pas d’impressionner Tom qui se demandait comment elle pouvait bien y arriver avec sa cotte de maille et la gambison qui allait avec. D’ailleurs, le jeune homme sortit brusquement de ses pensées lorsqu’il remarqua que tout le monde le regardait dans l’attente de son salut. L’air aussi surpris que gêné, Tom bricola une courbette qui sembla contenter les bretonniens à son grand soulagement.
   
    Les formalités maintenant terminées, les combattants partirent se placer sur le terrain, à quelques mètres d’écart, et commencèrent quelques étirements rapides. Ils dégainèrent ensuite leurs armes et frappèrent dans le vide pour retrouver les réflexes musculaires adéquats.  Eléonore et Tom, qui étaient assis au bord de la lice, non loin des deux guerriers, regardaient l’entrainement se passer. Attiré par un mouvement à côté d’elle, la bretonienne remarqua alors que Tom était relativement impatient de voir le duel se produire. Il en trépignait sur place.
   « Tu me sembles bien agité jeune homme, lui dit-elle sur un ton amusé.
   - Agité ? C’est peu dire m’dame ! »
   En entendant Eléonore glousser gentiment de rire devant son exaltation, Tom sentit qu’il en faisait peut-être un peu trop. Il tenta alors de montrer un peu plus de retenue, mais il lui était difficile de retenir ses encouragements à son maître. Le jeune garçon examina alors les deux combattants avec ferveur, tentant de retenir chaque détail en se disant qu’il pouvait peut-être y déceler quelque chose d’utile. Son maître avait tendance à porter attention aux détails justement, alors il allait en faire de même.
   Ivan faisait tournoyer ses deux sabres recourbés, parfois rapidement, parfois lentement, devant lui dans une série de mouvements que Tom avait déjà vu auparavant durant ses préparations pour le tournoi. Une certaine beauté se dégageait du ballet d’acier ainsi créé, mais le jeune homme ne comprenait point trop en quoi cela l’aidait au combat puisqu’il ne servait jamais de ce coup dans l’action. Non loin, le chevalier du Graal était lui aussi concentré dans une sorte de danse étrange. Il bougeait ses appuis, son bouclier et son épée à intervalles réguliers. Le tout ne faisait apparemment aucun sens, surtout quand le chevalier attaquait l’air violemment avec quelques passes précises de son épée qui chatoyait faiblement à la lueur du soleil couchant.
    « D’après toi, lui murmura Eléonore. Qui des deux te semble être le plus doué avec les armes ?
   - Mon maître évidemment ! se gaussa Tom avant de se rendre compte qu’il parlait à la femme du bretonnien. Oh ! Heu, pardon, votre mari semble doué lui aussi, mais il n’a pas l’agilité de mon maître.
  - Ton point de vue se défend, enchaîna Eléonore qui n’avait pas été gênée par la remarque de Tom. Le sire Niedovsky possède une maîtrise évidente de ses mouvements, mais maintenant essaye de regarder les deux hommes en même temps. »
  Dérouté par la remarque, Tom tenta de faire comme la bretonnienne lui avait conseillée. La tâche fut difficile, mais il parvint peu à peu à examiner la scène dans son ensemble. C’est alors qu’il le remarqua : les mouvements de Roland suivaient ceux d’Ivan. Le timing était impeccable. Le chevalier essayait de s’adapter et de trouver la pose ainsi que le rythme pour contrer les passes silencieuses du kislévite à chaque instant. Le duel avait déjà commencé pour le bretonnien en un sens alors qu’il jaugeait son adversaire.
   « Rappelle-toi de la dernière fois, toujours regarder ton environnement dans son ensemble, dit Eléonore. Maintenant, je te repose la question, lequel des deux ?»
   Tom regarda la bretonienne en ne sachant pas forcément quoi dire. Sa première impression était complètement fausse et maintenant il ne savait plus vraiment lequel des combattants pouvait être le meilleur.
    « Je… Je ne sais pas m’dame.
    - Bravo, lui répondit-elle avec un sourire. Parce que moi non plus. »
    Maintenant, Tom était abasourdi. Si même elle, qui semblait pourtant rompue au combat et qui connaissait le chevalier mieux que personne, n’arrivait pas à le deviner…
   « Mais alors, pourquoi m’avez-vous posé la question ?
   - Je voulais voir si tu étais capable d’observer les deux combattants en même temps. Si tu n’avais regardé que ton maître en pensant tout du long qu’il allait gagner, tu aurais perdu tout l’intérêt de ce duel amical.
   - C’est-à-dire ?
   - Observer les techniques, pas les personnes. »
   Le jeune homme reporta son regard vers les deux hommes qui venaient de terminer leurs entrainements respectifs. Elle avait raison au final, son maître avait organisé ce duel en partie pour qu’il apprenne quelque chose. Tom calma définitivement ses ardeurs et fixa intensément son regard sur les deux guerriers. Il n’en louperait pas une miette. De son côté, Eléonore fut satisfaite de voir que le jeune garçon était assez intelligent pour se rendre compte des intentions de son maître. Il irait loin ce petit, se disait-elle.
   
    Sur le terrain d’entrainement, Ivan et Roland se faisaient maintenant face. Les armes baissées, ils se saluèrent respectueusement d’un hochement de tête et firent se toucher leurs lames. L’instant d’après, leurs postures changèrent du tout au tout alors que le signal du duel venait d’être lancé.
    Les genoux pliés et l’épée au niveau de la hanche, Roland se prépara à recevoir la charge du kislévite. Ce dernier avait placé ses sabres de façon asymétrique, l’un en haut et l’autre en bas. Après un bref regard vers son élève pour voir s’il regardait bien, Ivan se lança à l’assaut. En quelques pas, le kislévite était arrivé à portée du chevalier et ses épées partirent à une vitesse telle que Roland ne put parer à temps qu’un seul des sabres. Le deuxième, celui qui venait du dessus, passa ainsi la garde du chevalier du Graal et vint se fracasser sur son épaule (Ivan : 4T, 2B, 1svg, 0invu, 1PV !). Mais il en fallait plus que cela pour arrêter Roland qui, malgré la douleur, envoya son épée directement dans le flanc du kislévite pour le faire reculer (Roland : 2T, 2B, 2PV !).
   Avec un grognement, Ivan trébucha presque sous le coup qui avait bien failli lui couper le souffle. Une fois son équilibre retrouvé, le kislévite effectua un bond en arrière pour se retrouver à distance du chevalier. Ivan compris bien vite que la stature plus importante de Roland et son armure lourde lui donnait un clair avantage en combat prolongé. Il n’arriverait jamais à le faire tomber où à le prendre par surprise d’un seul coup, le vieux chevalier était trop doué pour ça. Il devait donc profiter de son agilité pour tourner autour de son adversaire et le harceler de coups jusqu’à trouver la faille. Sans prévenir, Ivan courut alors sur le chevalier et entama une série de passes rapides à son encontre. Les coups pleuvaient littéralement sur le bouclier de Roland qui ne put que se cacher derrière son écu sans pouvoir réellement répliquer devant un tel assaut. Ainsi, en plein milieu du déluge, Ivan vit son opportunité.
    Il frappa des deux lames sur Roland qui leva son bouclier pour parer le coup. Le chevalier voulait évidemment profiter de l’occasion pour répliquer en renvoyant son épée dans le flanc exposé d’Ivan, mais le kislévite fut le plus rapide. Une de ses épées ripa volontairement sur l’écu et le dépassa, la faisant arriver pile sous l’aisselle maintenant découverte de Roland. (Ivan :5T, 3B, 1invu, 2PV !).
   Le kislévite retint son coup au moment où sa lame arriva en contact avec la maille pour faire comprendre à Roland qu’il venait de réussir à le toucher à un endroit sensible. S’il était allé plus loin, il aurait pu le saigner à blanc en touchant une de ses artères. Roland, surpris au début, acquiesça devant la beauté de la feinte et lâcha sa garde.
    « Un bien bel échange s’il en est, dit-il solennellement. Votre technique au sabre m’impressionne de par sa rapidité.
    - Merci du compliment, mais votre défense n’était pas en reste. »
   Les deux hommes eurent un rire franc et même derrière son heaume cornu, on pouvait deviner que Roland souriait à pleines dents.
   « Je demande une revanche !
   - Accordée ! »
   Les deux hommes partirent ainsi se remettre en place et, après le même salut qu’auparavant, leur posture changea à nouveau, indiquant le début du duel.  Ivan partit bille-en-tête, souhaitant réitérer sa technique précédente. Ses sabres volèrent avec précision mais, à la grande surprise du kislévite, Roland était lui aussi parti à la charge cette fois-ci. Surpris par ce changement d’attitude, le kislévite ne put faire changer ses lames de direction à temps et elles ricochèrent sur l’armure du seigneur de Boisserands (Ivan : 3T, 1B, 1svg). Roland ne pouvait pas rêver mieux et s’engouffra dans la brèche dans la défense de son adversaire (1+2T, 3B, 2invu, 1PV). Le coup fut en parti amorti par la brigandine étrange d’Ivan, mais la force d’impact fut suffisante pour arracher une grimace au vétéran du nord.
   Ivan essaya de reculer d’un bond à nouveau pour se mettre en sécurité et envoya ses sabres précipitamment pour tenter de mettre un terme à la mêlée (4T, 2B, 1svg, 1invu). Or, à part quelques étincelles, les sabres ne firent rien de plus pour arrêter la charge effrénée de Roland qui continuait à enchainer ses attaques (2T, 0+1B, 1invu).
  Constamment sur la défensive à présent, Ivan était sérieusement en train de s’inquiéter de la façon dont Roland se battait à présent. Le chevalier du Graal semblait avoir compris que la défense pure n’allait pas l’aider pour le reste du combat et il était passé massivement à l’offensive. Le round précédent ayant permis au gisorois de mieux appréhender le style de combat du kislévite, il mit à profit cette connaissance pour contrer son adversaire. S’il ne pouvait pas l’égaler en termes de vitesse de frappe, alors il n’avait qu’à frapper efficacement là où il fallait. Roland baissa sa garde de manière à attirer l’attention du kislévite sur certaines zones de son armure qu’il savait sûres. Ivan étant toujours surpris, il fonça sur l’ouverture, envoyant tout ce qu’il pouvait sur les parties ouvertes dans la défense du chevalier (4T, 1B, 1svg, 1invu). Mais les coups ricochèrent à chaque fois et la défense d’Ivan était ouverte une fois de plus. Roland envoya son épée directement entre les lames du kislévite et, par un angle bien précis, arriva pile devant sa gorge (3T, 1+1B, 2PV !).
 
   Le chevalier attendit quelques secondes dans cette position puis retira sa lame calmement. Ivan le regarda faire et, quand il croisa le regard amusé du chevalier, ria subitement aux éclats avec lui.
  « Eh bien ! s’étonna Ivan. Je ne m’attendais pas à tant de fougue dans votre charge.
   - Ne jamais sous-estimer en bretonnien en charge. C’est une leçon qui vous servira beaucoup à l’avenir. »
   Un nouvel éclat de rire accueilli la remarque.
   « Bien, que diriez-vous de continuer mais à un rythme plus calme ? demanda Ivan. J’aimerais décortiquer votre technique au bouclier…
   - Et cela ne me ferait pas de mal de comprendre comment vous arrivez à utiliser ces coups de poignet avec vos sabres. Allons-y alors ! »
   Les deux guerriers se replacèrent une troisième fois, mais cette fois-ci point de salut. Leurs mouvements ralentis se suivirent les uns les autres avec diverses remarques tout du long que l’un donnait à l’autre. A un certain point, Roland prêta même son écu à Ivan pour qu’il puisse s’essayer à l’exercice.

   Le tout se fit bien évidemment devant le regard émerveillé de Tom dont les étoiles dans les yeux brillaient d’un feu renouvelé. Eléonore, elle, ne pouvait s’empêcher d’être attendrie par le dévouement du jeune garçon. Après avoir jeté un œil à Tom, elle regarda à nouveau son mari et son opposant d’un instant. Elle avait bien compris leur manège à tous les deux. A peine les duels terminés, Ivan avait lancé un regard à Tom et avait immédiatement proposé l’idée des leçons juste après. Il avait l’air de vouloir profiter de la présence d’un escrimeur expérimenté pour montrer diverses techniques à son élève.
   Mais Eléonore était surtout ravie de voir son mari sourire un peu pour une fois. Ces derniers jours, plusieurs évènements avaient poussés Roland dans ses retranchements. Une petite dose de bonne humeur n’allait pas lui faire de mal.
  Une série de mouvements dans les environs attira l’œil de la gisoroise. Elle se rendit alors compte que plusieurs élèves de la caserne observaient les combats d’un œil aussi sidéré qu’intéressé. Ils ne devaient pas avoir droit à des représentations gratuites tous les jours. Amusée, Eléonore reporta son attention sur la leçon du jour. Elle allait peut-être suivre la tendance générale en fin de compte. C’est qu’elle pouvait sûrement y apprendre quelque chose en fait.

   Le terrain d’entrainement résonna des rires et des sons d’épées encore plusieurs heures cette nuit-là.


cheers


Essen

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Lun 5 Juin 2017 - 11:11

     Ailleurs à Altdorf, pendant la même soirée...

     Sirotant tranquillement une pinte au comptoir, Dagan profitait pleinement d'une nouvelle performance de leur amie ménestrelle. Définitivement, la jeune fille avait une voix magnifique. Dire que Jürger ne commençait qu'à réaliser ses efforts pour attirer son attention. Malgré lui il esquissa un sourire. Tout deux formeraient un couple magnifique.
     - C'que tu as de plus fort l'aubergiste.
     Ce genre de requête lui était familier. Toutefois, le timbre de voix qu'il entendit le fit tiquer. Le bretonnien fit volte-face et découvrit... un enfant. Assis sur une chaise haute, il posait les deux coudes sur le bar avec un regard mauvais.
     - Pas d'alcool pour les gamins, renifla le barman avec un reniflement méprisant.
     Toutefois, les deux adultes restèrent cois lorsqu'il lâcha sur le buffet une paire de pièces brillantes. Assez pour payer une bonne tournée. Et l'auberge était pourtant bondée.
     - Et cela a intérêt a être bon, - grinça-t-il comme son interlocuteur s'empressait de lui chercher une choppe.
     Intrigué, Dagan l'examina plus en détail. Il était jeune, a peine plus de la dizaine, mais semblait étrangement... expérimenté. Son visage était affûté et avait un aspect de rapace. Tout comme Jürger, il n'avait que la peau du visage de visible. A sa hanche pendait d'ailleurs un masque en cuir qui fit froncer les sourcils au chevalier. Plus encore que l'arme qui lui pendant entre les omoplates, dont le pommeau ouvragé trahissait sa valeur. Mais surtout : il avait le même regard écarlate que Jürger.
     Remarquant qu'il était dévisagé, l'enfant vida la moitié de son breuvage avant de s'attarder sur l’emblème de Dagan, cousu sur sa poitrine. Puis il examina à son tour son visage avec une curiosité non feinte.
     - Excuse moi, mon garçon, nous connaissons nous ?
     L'enfant grimaça puis eu un petit rire.
     - Oui et non... c'est une histoire compliquée.
     - Que...
     - Euh... Messire Dagon... d'Aquitaine ?
     Le bretonnien se retourna comme on l’interpellait de derrière. Tignasse rousse, bouc assorti, emblème d'une coupe dorée escaladée par un dragon... Une bonne rencontre, toutefois le timing était... l'enfant avait disparu. Et il eut beau parcourir la foule du regard, il n'était nulle part.
     - Je... c'est exact. Dagan d'Aquitanie, pour vous servir. Messire Léonard de Rouergue, votre venue à cette auberge m'emplit le cœur de joie. Barman ! Servez donc ce brave homme de ma part !
     Léonard vit l'auvergiste lui remplir un verre, et fut fort rassuré d'y voir du vin et non de la bière.
     - Ça c'est sympa ! - remercia-t-il Dagan, fort enjoué, avant de se rappeler des résultats du tournoi. - Euh... Vous vous êtes bien battu l'autre fois !
     - Merci, mon adversaire n'en a point fait moins. Il faut bien un vainqueur et un perdant, cela fait parti du jeu, - répondit Dagan en haussant les épaules. - Vous-même n'avez pas démérité face au shérif de Rottingham. C'était un beau combat. Je suis rassuré de vous voir aussi vite remis, nous avons tous été effrayés lorsque vous vous êtes effondré.
     Le chevalier du Graal se souvint de l'inhabituelle attention à laquelle il a eu droit de la part de Nawenn ce soir-là, sans rien y comprendre...
     - Boh, c'est rien, vous savez... - conclut-il timidement, avant de se rappeler de la raison de sa venue céans. - Euh... vous avez dit, enfin, on m'a dit, enfin, une dame m'a dit...
     - ... que je voulais vous voir, - compléta le sire d'Aquitanie, - et je passerai la remercier de vous avoir transmis mon invitation. Vous a-t-elle expliqué le motif de votre présence ?
     - Ben... non...
     - Ah... Enfin, vous voilà !
     Dagan posa sa chope, cherchant ses mots.
     - Pour faire simple, je souhaiterais que vous alliez voir mon compagnon, Jürger, que vous avez éliminé voilà quelques jours. Et que vous lui proposiez une revanche amicale, à la nuit tombée.
     - Une... revanche ? - Léonard songea à la difficulté qu'avaient représenté tous les affrontements de ce tournoi, et ne fut que moyennement enchanté par l'idée d'en faire un autre. - Mais euh...  
     - Je vous en serais fort reconnaissant. Comprenez-vous, mon compagnon est bien trop fier pour venir vous réclamer ce duel, quant bien même il en meurt d’envie. Et parce que sa vue souffre exposée à la vive lumière. Sous couvert de sous-bois je l'ai vu faire éclater des têtes orques par dizaines. Pas une de ses balles n'a manqué sa cible. Mais de jour... c'est une autre histoire.
     - Ah... - Léonard s'imagina des têtes d'orques éclater par dizaines, et s'empressa de boire une grosse gorgée de vin. Cela aida un peu. - Ben...  
     - Attention, je ne dit pas qu'il l'aurait emporté de nuit, - s'empressa d'ajouter Dagan devant la mine dubitative de Léonard. M'est avis qu'une fois au corps à corps vous l'auriez défait quoi qu'il arrive. Néanmoins... être vaincu devant tant de monde le soutenant et se sachant ne pas être au summum de ses capacités... je sais que ce fait le ronge. En réalité, le résultat importe peu. Il a peu de considération pour cela. Juste savoir si le résultat aurait été le même en pleine possession de ses moyens lui suffirait. Et... je devine à votre mine que vous partagez cet avis. Ai-je tort ?
     En réalité, le pauvre chevalier était bien en difficulté à suivre le flot de raisonnement de Dagan, mais comme celui-ci lui paraissait sympa, il se dit que ça ne pouvait pas être bien méchant.
     - Ben... Oui... enfin, non, vous avez raison... Je veux bien encore un petit peu de vin, m'sieur ! - interpella-t-il le barman qui était à l'autre bout du comptoir.  
     - Parfait ! - Dagan parut immensément satisfait. - Tiens, quand on parle du loup...
     Fendant la foule, Jürger venait droit à eux. Reconnaissant Léonard, son regard fit un aller-retour entre les deux bretonniens :
     - Ai-je manqué quelque chose ?


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Lun 5 Juin 2017 - 11:31


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     Wilhelm avait toujours eu du mal avec les mortels. Bien sûr il était facile de les considérer comme un ramassis de bons à rien sans importance, mais il connaissait la valeur de certains d’entre eux, et son passé de gamin des rues revenait le hanter à chaque fois qu’il voyait des enfants jouer. Nombre de ses semblables n’accordaient aucune importance aux mortels, mais Wilhelm savait que ce qui compte ce n’est pas forcément la force physique. Il avait vu des vampires sournois et malhonnêtes, et des mortels droits et honorables. Après ça, que valent les enseignements d’Abhorash ? Un vampire, c’est un mortel modifié, rien de plus, et croire que parce qu’on est plus forts, immortels et qu’on boit du sang on a plus de valeur ce n’est finalement que pécher d’orgueil. Et l’une des qualités les plus grandes d’un guerrier étant l’humilité, Wilhelm ne savait se situer dans ce paradoxe.
     C’est pour toutes ces raisons que Wilhelm se trouvait maintenant désarmé lorsqu’un groupe d’enfants brandissant des bâtons et des couvercles de marmites se réunirent autour de lui en lui demandant de leur apprendre à se battre. Une partie de lui voulait les ignorer, une autre leur crier de fuir en courant, et une troisième voulait leur apprendre tout ce qu’il savait. Livré à ce conflit intérieur d’une intensité rare chez lui, il ne put que prendre la fuite en maugréant qu’il avait à s’entraîner. Mais grâce à leur insistance, ils obtinrent de lui qu’il les autorise à l’observer. Tout en sellant son grand cheval, une monture mortelle récupérée après le désastre du Fort de Sang et entraînée par ses soins, il se dit que le fait d’avoir vaincu deux des concurrents les plus charismatiques pouvait avoir créé l’intérêt se développant autour de sa personne.

     Martin Delatour avait été un valeureux adversaire, il devait bien l’avouer. Peu expérimenté, il avait pourtant réussi à parvenir jusque-là par l’énergie de la jeunesse et par une grande habileté aux armes. Il l’avait vu au tournoi du Fort de Sang, aidant le seigneur Dangorn lors de ses propres joutes, mais à aucun moment il n’aurait imaginé faire face à ce jeune homme un jour. Pourtant la Dame veillait sur Martin, et même s’il n’arrivait pas encore au niveau atteint par Silvère cela prouvait que son destin n’était pas anodin. Le chevalier vampire sourit en imaginant que lui-même avait peut-être fait partie des plans de cette déité, en infligeant une cuisante défaite au jeune homme afin de lui apprendre l’humilité. Ou peut-être pas. Mais Wilhelm aimait à imaginer qu’il n’était pas qu’un paria sans autre intérêt qu’accomplir des prouesses martiales.

     Sa lance percuta une troisième fois le mannequin d’entraînement, le faisant tourner sur lui-même à une vitesse phénoménale. C’était facile au début, quand l’humanoïde de bois était immobile, mais Wilhelm aimait enchaîner les passages pour le faire tourner de plus en plus vite, afin que le frapper sur le bouclier au bon moment soit de plus en plus difficile. Son record personnel était de vingt-deux fois d’affilée, mais il avait bien l’intention de le dépasser. Mais alors qu’il éperonnait sa monture pour un quatrième passage un bruit le déconcentra soudain : les enfants venaient d’applaudir. Il arrêta son cheval en pleine course, la confusion montant en lui. Qu’est ce qui poussait ces enfants à l’acclamer comme cela ? Il était habitué aux applaudissements polis des spectateurs de ses combats, pas à l’idolâtrie. Ces enfants seraient-ils en train de le considérer comme un modèle ? Comme un exemple de chevalier parfait ? Mais où étaient Silvère ou Martin lorsqu’on avait besoin d’eux ? Eux auraient su gérer ce genre de situation. Que devait-il faire maintenant ? Continuer ? Leur parler avec un ton blasé et amusé, comme le faisait Ivan avec son nouvel écuyer ? Leur dire de déguerpir ? On ne l’avait pas formé pour cela. Désemparé, il lança sa monture au grand galop en-dehors du fort dans les ruelles, cherchant de l’espace. Il sortit de la ville quelques minutes plus tard, et fonça vers les arbres, retrouvant peu à peu la solitude qu’il aimait tant. Fermant les yeux il laissa quelques instants à son esprit pour se laisser envahir par la quiétude. Voilà, ça revenait, son monde semblait de nouveau normal. Etrange sensation quand on y réfléchissait.

     Alors qu’il décidait de pimenter son entraînement en dénichant quelques hommes-bêtes à tuer, Wilhelm réalisa une chose : il venait simplement de fuir une bande de gamins parce qu’il avait le trac. Le grand guerrier vampire plusieurs fois centenaire avait le trac devant une dizaine d’enfants aux yeux brillants. Si Abhorash le savait, il trouverait certainement ça amusant. Quel enfoiré.


******************

     La chanteuse prit son élan et s’avança sur la scène, son corps ondulant comme s’il n’avait pas d’os rigides. Lorsqu’elle entonna sa réplique de sa superbe voix de soprano, Helmut se cala dans son fauteuil pour fermer les yeux et laisser les notes imprégner son esprit. Le compositeur avait eu la main lourde sur le grandiose, mais les circonstances l’exigeaient et le résultat en était assez convaincant. Le tout-Altdorf s’était déplacé pour l’occasion de voir ce spectacle, et même certains des participants étaient là. Dans la loge opposée à la sienne Helmut pouvait voir le sire Alain Magnan, chevalier-commandeur de la Reiksguard, qui semblait détenir bien des secrets... Mais le vampire s'en retourna à ce qui l'amusait davantage : il avait appris par ses espions que Roland de Boisserand avait fini par avoir son explication avec Albéric, et le résultat avait été différent de ce qu’on aurait pu attendre. Le vieux chevalier s’était certainement préparé à un affrontement physique, mais face à l’amertume du vampire, c’est en réalité lui qui avait ployé. Comment allait-il réagir après coup ? La question se posait, à côté de toutes celles auxquelles il n’y avait pas encore eu de réponses. Par exemple, l’amiral Halfdane allait-il réussir à mettre la main sur le stock de livres satiriques (et d’une qualité littéraire discutable, il fallait le reconnaître) ? Ou encore, Alain Magnan allait-il découvrir le secret des chevaliers du graal ? Et dans quel but le cherchait-il ? Autant de questions, même si pour l’instant une seule primait : comment diable avait-il pu se mettre dans cette galère.

     Helmut n’était pas inquiet. Il avait plus de cachettes à Altdorf que nécessaire, et chacune était assez garnie pour lui permettre d’agir sans problèmes. Au besoin il pouvait encore se déguiser, sortir en plein jour ou même assister aux combats. Non, il s’en voulait seulement de ne pas avoir réussi à cacher son identité aux autres participants, et plus particulièrement aux répurgateurs. Ces hommes-là étaient capables de poster des gardes aux moindres coins de rue et à toutes les sorties de la ville rien que pour pouvoir le retrouver. Mais encore une fois, il n’était pas inquiet, car même s’il savait que faire profil bas durant quelques mois pouvait suffire, il avait un plan pour les faire tourner en bourrique le temps nécessaire à sa fuite. Et à une petite revanche méritée.

     La deuxième soliste venait de prendre la suite de la première, et sa voix (un superbe Alto) emplit la salle des accords soignés d’Ortlieb. Souriant d’un air serein, Helmut rouvrit les yeux et scruta la salle en contrebas. Laquelle de ces jeunes demoiselles allait bien pouvoir lui servir de conquête ce soir ? La liste était longue, mais la soirée aussi…


***
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Lun 5 Juin 2017 - 13:21



Epreuves à pied
Dixième jour




     Dans l’un des vénérables hospices de Shallya, le plus proche de l’arène, la matinée fut honteusement bruyante : trois patients refusaient net de demeurer sur leurs couches et exigeaient qu’on les laisse sortir sur le champ, malgré leur état lamentable. L’un se remettait à peine de deux profondes blessures : l’une au ventre et l’autre à l’épaule. L’autre avait le bras entaillé par deux fois, et portait une attelle. Le troisième avait des blessures un peu partout, et on ne savait guère la gravité de chacune…
     « Par Sigmar !
     - Par Sigmar !
     - Parfaitement ! »
     Les deux autres répurgateurs regardèrent leur collègue avec de gros yeux : qui était ce « Fètmans » ?! Quelle était cette nouvelle hérésie ?!! Richter Ketzerfeuer s’aperçut de leur animosité, et s’empressa de rajouter « Par Sigmar !! », ce qui les rassura quelque peu.
     De guerre lasse, la grande prêtresse et intendante de l’hospice finit par les laisser sortir, tous couverts de bandages et de compresses. Si elle insistait, ces fous furieux pouvaient encore s’en prendre à l'hospice, Shallya ait pitié de leurs âmes meutries…



     Qualifiés aux demi-finales :
     - Albéric Sérigac de la Motte d’Artois (Gromdal)
     - Thelma Auerbach (Oleg von Raukov)
     - Dmitrij Donskoj (MagnanXXIII)
     - Robin Osbourne (Agilgar de Grizac)



     Dmitrij Donskoj (MagnanXXIII) contre Thelma Auerbach (Oleg von Raukov)


     Décidément, ils ne tiennent guère à leurs pucelles, dans ce pays, se dit l’imposant guerrier en entrant dans l’arène. Par Olric, cette frêle jeune femme pensait-elle vraiment l’arrêter ?  
     Thelma, quant à elle, fut chaleureusement encouragée par les tribunes pleines à craquer.

     Déterminé à lui faire comprendre sa folie, Dmitrij chargea à peine le signal donné, mais Thelma braqua son fusil, tira ; la balle se heurta au bouclier du kislévite (1T annulée). Sentant le sang lui monter aux tempes, Thelma rechargea à la vitesse de l’éclair, tira…
     Brutalement touché en plein ventre, son adversaire perdit pied et son propre élan le propulsa à terre, vers l’ingénieure. Cette dernière, réalisant à peine que son tir avait enfin touché, esquiva in extremis la masse incontrôlable du guerrier, et dégaina (1T, 1B, Blessures multiples : 2 PV !).
Plié en deux, en proie à une douleur terrible dans ses tripes, Dmitrij fit preuve d’une volonté d’acier pour se relever… avant d’apercevoir Thelma pointer sa lame droit vers sa gorge (Test de peur réussi ! 2T, 2B, 2 PV !!).
     « R-rends-toi ! » - ordonna-t-elle à son immense adversaire qui, de fait, était à sa merci.

     Elle ne pouvait se douter de ce qu’elle venait de déclencher, et le cri bestial du kislévite la prit totalement de court. Les tribunes abasourdies virent le sire Donskoj se redresser de toute sa hauteur, saignant abondamment mais subitement plus menaçant qu’un ouragan. Il hurla un nom, un seul : « ALAN MAGNUS !!!!!! »

     Eberlués, les membres du Conseil regardèrent le chevalier-commandeur, qui soudainement était devenu livide.
     « Hérésie !!! » - entendit-on vociférer de l’autre côté de l’arène.

     Thelma fut impuissante lorsque le guerrier la bouscula brutalement en s’élançant vers la tribune du Conseil. « OLRIC ! LAISSE-MOI FINIR CE DUEL !!! » - hurla-t-il en bondissant tel un fauve, ses deux mains s’accrochant miraculeusement au bord surelevé de la tribune.
En même temps, quelque chose de plus sinistre se produisait, car le public observa soudain l’armure du guerrier se détacher de son corps, qui enflait à vue d’œil. La peau ainsi exposée se couvrait d’une épaisse fourrure brune, alors que la tête…
     Une énorme bête à tête de loup se hissa sur la tribune du Conseil.

Spoiler:

     L’ensemble des personnes présentes, sauf une, se placèrent entre la bête et l’empereur ; le chevalier-commandeur Alain Magnan n’avait pas bougé d’un pouce, mais sa main dégainait lentement son épée. A la surprise générale, le commandeur se donna une claque de sa main libre, avant de provoquer ouvertement la bête.

     La chose et l’humain chargèrent en même temps, et se rencontrèrent avec une violence inouïe, le sang giclant des deux côtés (Dmitrij : 4T, 1T annulée, 3B, 1 svg, 2 PV ! – Magnan : 5T, 1T annulée, 1B, 1 PV !), quand soudain l’on réalisa que l’épée de Magnan, profondément plantée dans la chair de la bête, était indélogeable… Ne le réalisant qu’une seconde trop tard, le commandeur sentit une pression insoutenable sur son cou, les crocs de la bête tranchant ses veines… (5T, 5B, 3 svg, 2 PV !!!)
     La créature lupine secoua la tête avec une puissance telle que sa proie fut ballotée comme une poupée de chiffon ; la bête projeta ensuite sa victime par-delà les gradins, dans l’arène, et poussa un cri inhumain, lancinant et… triomphateur. Sous les regards médusés des membres du Conseil, la chose se mit immédiatement à courir vers le sommet des tribunes, dispersant et broyant n’importe qui se dressant sur son chemin. Arrivée au bout, elle… bondit dans le vide, et l’on l’entendit hurler encore, alors que l’on commençait à peine à réaliser ce qui s’était passé…

Dmitrij Donskoj :




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Lun 5 Juin 2017 - 15:07


***


     Au silence pesant succéda un incroyable vacarme de cris paniqués : les braves gens, atterrés par ce qu’ils venaient de voir, déguerpissaient en vitesse et dégringolaient des gradins par dizaines. Les bretonniens, dont la plupart étaient des chevaliers aguerris, se dirigèrent vers la sortie avec la ferme intention de prendre la bête en chasse, déterminés à l’occire avant qu’elle n’égorge encore plus d’innocents. Les répurgateurs, enfin, écumaient de rage et furent parmi les premiers à quitter l’arène au pas de course afin de mettre à bas cette hérésie ambulante.
     L’empereur, consterné, ordonna que l’on interrompe le tournoi, mais avant tout, que l’on porte secours au malheureux commandeur…

     Thelma, pétrifiée, voyait le corps inanimé du commandeur à quelques dix pas d’elle, et par un effort de volonté formidable, s’obligea d’accourir à son secours. Elle vit qu’il saignait de partout, cherchea de quoi compresser les blessures… Fort heureusement, les sœurs de Shallya accoururent tout aussi vite, portant de multiples bandages. Elles se mirent immédiatement à leur besogne, intimant à Thelma qu’elle devait les laisser faire.


     Dans l’ombre de l’entrée de l’arène, Albéric de Sérignac regardait la panique avec un air méprisant. Voila donc toute la faiblesse du bas peuple, des mortels… Son adversaire bretonnien, au moins, semblait parti pour pourchasser la bête, et non se terrer chez soi !


***

     La chasse fut donnée dans toute la ville, mais la bête fut aperçue franchissant les murailles avec aisance : elle fuyait vers le Nord. On la vit traverser les champs à la vitesse d’un cheval de course, avant de s’engouffrer dans les bois de la Reikwald…


     Asulfr sentait ses dernières forces le quitter. Olric lui avait permis d’être fort une dernière fois, mais la blessure dans son ventre n’en avait qu’empiré. Il allait se vider de son sang, et les bêtes sauvages allaient le dévorer à son tour, car telle était la loi immuable des êtres vivants…
     « Arrête-toi, je peux t’aider. »
     Qui… Asulfr s’arrêta, et vit un loup le rattraper.
     « Je peux t’aider. » - ces paroles résonnèrent doucement dans son esprit, et son instinct lui indiquait qu’elles provenaient du loup, ou plutôt de la louve qui l’observait à présent. Tout aussi intuitivement, Asulfr comprit que cette louve « entendrait » ses propres pensées.
     « Que veux-tu ?! »
     « Te soigner. Je déteste les chasseurs. »
     « Comment ?! »
     « Rapproche-toi. »
     A la fois intimidé et curieux, sentant également qu’il n’avait rien à perdre, Asulfr franchit les deux pas qui les séparaient. La louve se rapprocha de son ventre et… lécha la plaie, ce qui aurait pu paraître anodin, mais Asulfr sentit soudain une force formidable parcourir ses membres, comme si Olric lui accordait ses dons une seconde fois.
     « Comment… »
     « Chut. Ecoute-moi : tu n’es pas guéri, mais tu auras assez de force pour courir loin, très loin. Reprends ta forme humaine quand tu seras loin, et prie pour trouver un bon guérisseur. »
     « Je… Mon nom est Asulfr, comment te remercier ? Qui es-tu ? »
     « Rubis. Un simple merci suffira. »
     « Rubis… Merci. » - Asulfr se douta qu’il ne s’agissait guère de son vrai nom, mais il ne s’en embarrassa pas. Elle venait de le sauver. « Se reverra-t-on un jour ? »
     « Qui sait ? Adieu ! »
     Il la vit alors se mettre à courir vers le sud, et le norse eut soudain l’intuition qu’elle allait distraire ses poursuivants… Olric la bénisse, il lui revaudrait ça un jour. En attendant, il fallait partir loin !
     L’ulfwerenar se mit au pas de course avec une vigueur renouvelée.



***


     La chasse dura jusqu’à tard le soir, où s’attarder dans les bois profond aurait été proche du suicide, tant les hommes-bêtes étaient vicieux sous le couvert de la nuit. Aussi dispersés qu’ils étaient, les poursuivants peinaient à retrouver la trace du fuyard, qui pourtant devait bien laisser une odeur… Jacques le limier subodora quelque supercherie derrière tout ça, comme si quelqu’un cherchait intentionnellement à leur brouiller les pistes.
     Il n’en demeura pas moins que les chasseurs, qui se comptaient par dizaines, rentrèrent à Altdorf bredouilles, fourbus et maussades. Les répurgateurs étaient soutenus par des chevaliers, tant ils avaient épuisé de forces en cette sombre journée.
     Lorsque l’on s’enquérit sur l’état de la seule victime de la bête, les regards s’assombrirent, car les meilleurs soins des shalléennes ne suffirent guère à refermer les plaies. A présent, le chevalier commandeur reposait dans la Grand Temple de Morr, et une procession funéraire allait avoir lieu le soir-même. Tous les membres du Conseil, ainsi que sa Majesté impériale, allaient être présents à l’inhumation.

     Le précepteur Heinrich Reinhardt se maudit pour sa lenteur : il était là, devant la bête, s’attendant à ce qu’elle s’attaque à l’empereur, mais non, elle… elle semblait en avoir uniquement après le commandeur Magnan, et il fut seul à l’affronter. Chose curieuse, par ailleurs, qu’il n’eut pas appelé du renfort. Mais ces pensées n’étaient que peu utiles à présent. Seuls demeuraient le devoir à la mémoire du défunt et le devoir militaire à retrouver cette bête qui se terrait quelque part dans les bois. Roland de Boisserands éprouvait à peu près les mêmes pensées, fureur contenue en plus. Lui qui se savait pourtant aguerri à la traque, tout son talent s’avéra insuffisant pour retrouver la bête lupine, et cette bête-là pourrait bien devenir l’objet de sa prochaine quête, c’était même presque certain. Si un chevalier-commandeur de la Reiksguard se faisait massacrer de la sorte, alors que deviendraient les pauvres gens qui se mettraient sur le chemin de cette chose… Samuel Aidamis des Sept Monts, que tout le monde semblait avoir oublié depuis sa défaite, se morfondait lui aussi : il avait un pistolet, pourquoi avait-il tardé à l’utiliser…
     Blasius, le chevalier sous les ordres de Magnan, se jura qu’il retrouverait le secret de l’immortalité, et que son brave maitre reviendrait d’entre les morts.


***


     Suite à la somptueuse cérémonie aux jardins de Morr, le Conseil se réunit au palais impérial, en la présence de l’ambassadeur du roi Louen Cœur de Lion et présidé par l’empereur Karl Franz. La question était évidente : poursuivre ou ne pas poursuivre le tournoi ? Certains dénoncèrent une véritable gangrène au sein des participants, d’autres rappelèrent l’affaire pressante de la charrette d’explosifs dont toute la ville parlait mais que personne n’était parvenu à retrouver. Cependant, sa Majesté impériale et l’ambassadeur échangèrent des regards entendus : le tournoi de la Reiksguard, bien loin d’être un simple événement oisif, était un véritable acte politique, décidé entre l’empereur et le Roy de Bretonnie dans l’espoir de rapprocher leurs peuples avant que des conflits (parce qu’il y en avait toujours) puissent éclater. Ce fut ce discours-là qu’adopta Karl Franz devant le Conseil, ajoutant que s’ils devaient tout annuler à chaque fois qu’une apparition chaotique surgissait en ville, Altdorf serait la capitale la plus poltronne et la plus triste du Vieux Monde. L’ambassadeur bretonnien, à qui la parole fut donnée, prit même le risque de froisser un peu les braves conseillers, disant haut et fort que les bretonniens avaient encore un champion en lice, et que si le tournoi s’arrêtait là, c’est que ce chevalier allait peut-être l’emporter.
     La rhétorique de ces messieurs alla si bien qu’au petit matin, quand les conseillers se souhaitèrent bonne nuit, un ordre nouveau mit en marche les imprimeries du palais. Des serviteurs s’emparèrent des affiches dont l’encre avait à peine séché, et s’en allèrent les accrocher partout dans la cité : le Grand Tournoi de la Reiksguard reprenait, précédé dès le matin d’une execution d’une douzaine d’hérétiques détenus dans les prisons d’Altdorf, ainsi que d’une courte parade militaire de la Reiksguard, en l’honneur du chevalier-commandeur Alain Magnan.  


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Lun 5 Juin 2017 - 16:58


Epreuves à pied
Onzième jour



     L’administration impériale, une fois comme lui mettait un bon coup de fouet, fonctionnait avec l’efficacité d’une horloge bien réglée, et devenait aussi inarrêtable qu’un tank à vapeur. L’emploi du temps de la journée fut fixé aux aurores, et les citoyens à peine réveillés furent impressionnés par l’agitation que l’on semait dans les rues : outre les affiches accrochées aux endroits-clés de la capitale, des bonimenteurs professionnels se tenaient aux endroits bien fréquentés pour annoncer la volonté de l’empereur. Lorsque quelques citoyens demandèrent si la bête avait été capturée, les agents de sa Majesté n’eurent aucun scrupule à annoncer que celle-ci était désormais au Middenland, et que des chevaliers du Loup Blanc l’avaient prise en chasse à l’heure-même où ils parlaient.
     S’ils étaient dubitatifs, les citoyens furent définitivement rassurés lorsque des executions eurent lieu sur les grandes places publiques de la cité, la plupart des hérétiques étant purifiés par les flammes, spectacle certes barbare pour certains, mais qui avait le don de galvaniser les petites gens. La grande (bien que courte) parade de la Reiksguard, renforcée par la présence de quelques chevaliers bretonniens de belle allure, acheva de regonfler les cœurs du peuple, qui finit par se rendre dans les tribunes, où des trompettes signalaient la reprise prochaine des combats.


     Qualifiés aux demi-finales :
     - Albéric Sérigac de la Motte d’Artois (Gromdal)
     - Robin Osbourne (Agilgar de Grizac)



     Robin Osbourne (Agilgar de Grizac) contre Albéric de Sérignac de la Motte d’Artois (Gromdal)

     "Oui messire, j'ai vu une charrette remplie de feux d'artifices, près du Temple de Shallya", - avait dit le marchand que Robin avait abordé. - "Bonne chance pour la retrouver, mein Herr". Après l'avoir remercié, Robin s'était éloigné de l'échoppe. Il avait passé toute la première journée du tournoi à interroger de cette façon les gens dans les environs de la commanderie de la Reiksguard, où ses explosifs avaient disparu, et, énervé, s'était couché tard.

     Son enquête piétinait. Personne n'avait pu lui indiquer quoi que ce soit d'utile ; le vol avait été commis dans la soirée, la pénombre avait empêché que quiconque le remarque, mais depuis, la charrette semblait avoir fait le tour de la ville, et les informations contradictoires pleuvaient. Enfin, peut-être que la charrette se déplaçait rapidement d'endroit en endroit, ce qui aurait expliqué le nombre impressionnant de localisations où elle semblait avoir été aperçue… En plus, il devait faire attention à ne pas attirer l'attention sur lui : il s'était un peu trop fait remarquer en brûlant le vampire, et son instinct lui disait que Von Essen n'était pas le seul mort-vivant dans les parages… ou peut-être était-ce dû uniquement à son souvenir du tournoi du Fort de Sang. Et Robin était dans une cité impériale, pas dans sa ville de Rottingham, où, en tant que shérif, il disposait de contacts et de privilèges bien utiles à ce genre d'enquête.
     Jusqu'à présent, Robin n'avait que quelques maigres indices. Premièrement, le voleur résidait probablement à Altdorf ou dans ses environs, au moins pour quelques temps ; en effet, il aurait été bien plus simple de commettre le vol en pleine campagne, en lui tendant une embuscade en forêt, par exemple… Le mystérieux voleur devait donc avoir besoin d'explosifs à Altdorf, et pas ailleurs. Ce qui amenait logiquement au deuxième point : le vol n'était pas motivé par l'argent, car ce genre de cargaison était difficile à revendre. Enfin, le voleur était soit assez fort pour capturer Gerciflet, soit assez influent pour pouvoir le forcer, d'une manière ou d'une autre, à lui remettre les feux d'artifice.
     Au huitième jour du tournoi, après sa première victoire, Robin s'était résolu à changer de méthode. Puisque le vol avait eu lieu avant le tournoi, il y avait probablement un lien entre les deux évènements. Robin espérait pouvoir apprendre quelque chose d'intéressant dans les tribunes ; là aussi, il avait été déçu (excepté lors du combat du baron de Joli-Tonneau : cette lance cracheuse de feu, quel panache !). Il avait vaguement aperçu quelques têtes connues, tels que Dangorn et Silvère de Castagne, ou Léonard, et il avait entendu quelques rumeurs… contradictoires.
     Le lendemain, il avait gagné son combat de quart de finale ; les autres bretonniens, parmi lesquels les seigneurs Dangorn de Castagne, Joli-Tonneau et Vigne-Bleue, l'avaient traîné dans une taverne bretonnienne de la ville, sourds à ses protestations ("Reposez-moi à terre ! Je dois trouver ma charrette ! Bordel de Bordeleaux !").
     Ensuite, une certaine Dame Gaea l'avait interrogé sur la disparition de sa charrette, et il avait dû lui avouer qu'il n'avait aucune piste… Robin savait que la dame voyageait avec Silvère de Castagne. Il aurait aimé pouvoir le trouver tout de suite pour lui demander son aide, mais le sire de Castagne était introuvable depuis la Traque, et il entendait le héraut appeler son nom pour la demi-finale…

-

     Albéric de Sérignac de la Motte d’Artois fusilla son adversaire du regard. Non pas qu’il lui en voulait pour quoi que ce soit, mais par toutes les sales bêtes du Vieux Monde, ils allaient enfin pouvoir se battre ! Lorsque le signal fut donné, il fut le premier à charger son adversaire.

     Pris de court par un adversaire aussi impatient, Robin eut bien du mal à parer toutes ses attaques, se retrouvant même déséquilibré et renversé à terre ! (Albéric : 3T, 3B, 2 svg, 1 PV !) Il roula dans tous les sens face au sire Albéric frappant avec furie, sans parvenir à lui asséner le moindre dommage, mais le distrayant assez pour se relever promptement (2T, 1T annulée, 0B).
     Les deux combattants engagèrent un brutal échange de coups et de parades, et les tribunes, encore fort secouées des événements de la veille, furent subitement échauffées par ce nouvel étalement de violence, et se mirent à encourager le bon sire Osbourne, qui apparaissait comme celui qui en avait le plus besoin dans ce combat.
     Albéric frappa avec toute la cruauté qui était sienne, mais sans doute quelque distraction le rendait moins létal que les autres fois, et son adversaire fut assez adroit pour saisir ses chances ; les deux chevaliers serrèrent les dents lorsqu’il s’avéra que tous deux venaient de se blesser grièvement ! (Albéric : 3T, 3B, 1 svg, 1 invu, 1 PV ! – Robin : 3T, 3B, 1 svg, 2 PV !).
     « Meursmeursmeursmeurs… » - marmonna Albéric en frappant encore et toujours ; le sire Osbourne prit subitement un mauvais appui, ce dont le vampire se servit immédiatement : par un habile jeu de jambes, il fit trébucher son adversaire, avant de lui pointer le visage de sa lame. (Albéric : 3T, 2B, 1 svg, 1 PV !!)
     « Tu vois… » - articula-t-il dans sa direction. – « Je gagne… »
     Le vampire regarda le sang qui s’écoulait de ses propres plaies, et sentit presque une reconnaissance envers le mortel. Après tout, une victoire durement acquise le rendait moins suspect à yeux des abrutis…


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Lun 5 Juin 2017 - 18:33


***




     Boris dormait confortablement dans le splendide lit à baldaquin mis à sa disposition par la commanderie. La tête tranquillement noyée entre deux oreillers moelleux, le corps au chaud roulé dans une couette épaisse, ne laissant que les pieds au frais hors de ce parfait cocon. Il dormait bien. Il dormait toujours bien en faite. Mais après les évènements des derniers jours, la proposition du chevalier de l’autre nuit, celui qui avait fait heurter le sol à son délicat fessier dans la lice, il se disait qu’avec tant de monde pour le défendre, ses ennuis seraient vite disparus. C’est avec ces pensées que le boulanger se retourna sur son large matelas pour faire profiter son autre joue du délicat contacte des oreillers fourrés de plumes.
     Soudain sa porte vola en éclat, la serrure éclatée par un coup de pistolet. Richter Ketzerfeuer entra en quelques grand pas, jeta son arme encore fumante sur une chaise, et pointa une seconde sur la tempe du pauvre ronfleur. Le repurgateur avait les yeux injectés de sang, un sourire étrangement tendu aux lèvres, et sa longue et terrible moustache d’ordinaire d’une rectitude absolue, semblait se tordre vers l’avant à ses extrémités, donnant au chasseur de sorcières une allure qui, plus que menaçante, était presque agressive.
   « - J’ai compris messire hérétique, dit-il presque sans détendre son sourire crispé
     - Vous… vous avez compris… quoi ?
     - Haha ! Tes tremblements sont la meilleure preuve de la crainte qu’inspire cette nouvelle dans ton cœur corrompu !
     - Mais… mais… non… c’est qu’il est sans doute plus de minuit et…
     - Silence ! L’accusé n’a pas le droit de parler ! Et en plus, l’aube est déjà passée !!!
     Dehors, les premières réactions aux coups de feu se faisaient entendre : quelques portes s’ouvraient, et quelques pas tapaient sur les pavés.
     - J’ai vu les effets de ta corruption ! De mes propres yeux ! Personne ne semble y faire attention… mais ta culpabilité est une évidence et toi… - il accentua le dernier mot tout en pointant son doigt entre les yeux pétrifiés du boulanger. – Tu leur brouilles l’esprit par des sortilèges ! Je le sais !
     - Mais… mais…mais…
     - Dès que tu t’approches d’eux, leur esprit ne leur appartient plus… c’est la seule explication… Comment expliquer sinon le manque de lucidité de tous ? Ce traquenard tendu par ce scribe pour te libérer ?
     - J’ai aussi été enbarqué là-dedans ! J’ai même été blessé ! Vous l’aviez bien vu !
     - Oui… le commandant Magnan… Celui qui s’est le plus approché de toi après ta chute, n’est ce pas ? Mais tu l’as hypnotisé lui aussi ! Il fut complètement asservi pendant qu’il était proche de toi ! N’est-il pas venu te voir sur ton ordre la nuit dernière pour te trouver un échappatoire ! Je sais tout ! Je l’ai vu de la fenêtre en face ! Haha ! Le pauvre homme… quand tu brûleras dans le feeeeeeeeeuuuuuuu purificateur, il saura dans l’au-delà que ton hérésie n’aura plus aucun effet sur personne !
     - Vous… Vous… vous m’espionnez de la fenêtre ? - demanda le pauvre boulanger qui tentait en vain de tirer sa couette sur la tête
     - Oui ! Depuis le début de cette mascarade, je ne dors pas ! Je veille la nuit et le jour, pour faire échouer tes tentatives d’evasion ! Je ne dors plus une seule seconde par ta faute ! Mais tu ne vaincras pas par la fatigue… non non non… tu seras brûlé bien avant !  
     - Brûlé ! Oh seigneur Sigmar…. Comme un petit pain ?!
     - OUI comme un petit…
     Le répurgateur arma alors la gâchette de son arme tandis que son visage se faisait mauvais.
     - Monstre ! Les petits pains ! J’aurais dû y penser plus tôt ! Combiens d’innocents as-tu empoisonné ! Combien ?????? Monstre !
     - Attendez attendez attendez attendez attendez attendez attendez ! - répéta frénétiquement le pauvre bougre tendis que l’arme se rapprochait. - Je n’ai rien fait ! Pitié ! C’etait du vrai pain ! J’ai toujours fais du bon vrai pain ! je vous le jure !
     - C’est FAUX ! Tu es coupaaaaaaaaable ! Comme TOOOUS les participants de ce maudit tournoi !!!
     - Mais la dame de l’autre fois ! Elle vous a bien dis que je faisais du pain !
     - Oui, la semi-homme… ton pain ensorcelé l’a elle aussi mise sous ton pouvoir… Tu lui as fais manger du pain pour lui faire croire que tu faisais du pain ! J’ai percé à jour tout ton plan ! Ta première diversion, avec ce vampire de pacotille, fut un échec ! Mon collègue veillait! Et la seconde aussi ! Et cette créature bestiale que tu as lâchée sur le commandeur, elle sera traquée et mise à mort !! Mais jamais je ne te lâcherai ! Tu iras sur le bûcher ! Regarde !
     Le repurgateur tira de l‘interieur de sa cape un petit agenda dans lequel tous les jours depuis un certain temps portaient, barré par un trait de plus en plus profond, ennervé et frustré, la mention « exécution hérétique ».
     - Mais j’ai encore besoin de toi… je les entends qui montent te sauver… tous ces gardes qui vont, sous l’emprise de ton pouvoir démoniaque, tenter de m’arreter… Il faut que je les trouve tous ! Tous ceux avec qui tu es rentré en contact ! Tous ! Il me faut tout leurs noms ! Toutes ces âmes que tu as corrompues, je vais les libérer par le feu ! HAHAHAHAHAHAHA !!!!!!!!!!!! Donne-moi leurs noms !
     - Haaaaaaaaaaaaaaaa ! - paniqua le boulanger
     Les bruits de pas étaient proches : les gardes arrivaient enfin, et leurs bottes foulaient déjà le plancher de bois de l’etage d’en dessous.
     - Je ne peux pas te tuer aujourd’hui… mais ne bouge pas de là… sinon…
     Richter tira un second coup de feu dans le plafond, et au dessus retentit un cri de douleur : visiblement un pied avait été touché… Le repurgateur sortit alors de la chambre en un instant : quand on chasse des créatures aussi rapides que des vampires, on apprend à aller vite. Les gardes entrèrent une minute après, défonçant ce qu’il restait de porte et finissant d’evanouir le pauvre boulanger qui n’avait jamais vu autant d’armes d’aussi près de toute sa vie.







Epreuves des joutes
Onzième jour




     Ignorant tout ce qui pouvait se passer dans la commanderie, la Großmeister Narcisse Gentevigne annonça le début des combats en lice. La barrière fut promptement installée, pour le grand plaisir de quelques spectateurs qui n’avaient jamais vu cette opération habituellement réservée aux entractes.
     La pause de midi était encore loin, et il était prévu que les demi-finales soient achevées avant, afin de laisser aux finalistes toute l’après-midi pour se préparer aux derniers combats du lendemain…


     Qualifiés aux demi-finales :

- Wilhelm Kruger (Arcanide Valtek)
- Yorek Stormoff (Von Essen)
- Katarina Snjegynka (Arken)
- Abrams Göttlichglück (Nyklaus von Carstein)





     Wilhelm Kruger (Arcanide Valtek) contre Abrams Gottlichglück (Nyklaus von Carstein)


     Le chevalier de sang arriva sur l’arène sans saluer qui que ce soit. Bien qu’il avait eu toute la nuit pour se remettre des événements de la veille, ce n’était point pour cela qu’il eut utilisée : là où les mortels avaient prudemment rebroussé chemin, lui était resté jusqu’à l’aube, arpentant les bois dangereux en guettant la moindre trace de la créature qui avait terrassé le commandeur. Il ne rencontra des hommes-bêtes qu’une seule fois ; ce fut la dernière, car soit il eut de la chance d’être loin de tribus plus peuplées, soit celles-ci choisirent d’éviter ce prédateur solitaire et meurtrier.
     Revenu à Altdorf couvert de sang, il reçut toute l’assistance requise à la commanderie, où les gardes furent stupéfaits de le voir indemne. Lorsqu’il se présenta à son combat, son armure ne portait nulle trace de sang, preuve de la bonne volonté de ses hôtes, pour qui il ressentait à présent de la sympathie.

     Abrams Gottlichglück, lui, était également maussade. Lui qui croyait souvent en sa bonne étoile, la mort du commandeur et la traque infructueuse lui avaient fait subir l’effet d’un seau d’eau. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond, depuis un moment ?
     Il fut toutefois détourné de sa mauvaise humeur par le signal, et par son adversaire qui lui fonçait dessus.

     Les jouteurs se rencontrèrent en milieu de lice dans un choc qui en réveilla plus d’un ; de plus, des acclamations fusèrent des tribunes bretonniennes : le sire Gottlichglück avait fait mouche ! (Abrams : 3T, 1T annulée, 2B, 1 svg, 1 PV ! – Wilhelm : 3T, 2B, 2 svg !)
     Wilhelm se recentra immédiatement sur le combat en cours : ce n’était pas le moment de songer à quoi que ce soit d’autre ! Jetant sa lance, que son adversaire eut adroitement parée, le sire Kruger dégaina son épée.

     D’un réflexe commun, les deux combattants firent cabrer leurs montures avant de charger. Les tribunes applaudirent, les sabots retentirent, et les tintements métalliques emplirent la lice : au bout d’un échange démentiel, Wilhelm brisa les défenses du chevalier errant et laissa une belle entaille sur son avant-bras (2T, 1B, 1 PV !), tout en parant les frappes pourtant habiles du sire Abrams (3T, 2B, 2 svg).
     Le sire Gottlichglück encaissa le coup et frappa avec une ardeur redoublée ; son adversaire ne demeura point en reste, tant et si bien que les deux combattants abandonnèrent tout dessein de défense ! Dans leur empressement à en finir, tous deux s’entaillèrent cruellement, et seule une force providentielle stoppa une frappe fatale du sire Kruger. (Wilhelm : 3T, 2B, 1 invu, 1 PV ! – Abrams : 3T, 1B, 1 PV !)
     « La Dame, toujours la Dame… » - pesta intérieurement le vampire. – « Sus à la Dame !! »
     Il frappa avec tant d’entrain, tant de violence que contre toute attente, l’épée du sire Gottlichglück lui fut arrachée des mains, laissant le poignet tremblant ; le chevalier errant se retrouva immédiatement avec une lame pointée sur lui, comme un avertissement. Abrams, conscient qu’il n’était guère aussi habile à la miséricorde que le sire Kruger, accepta sobrement sa défaite. (Wilhelm : 2T, 2B, 1 invu, 1 PV !!)


Spoiler:
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Lun 5 Juin 2017 - 19:45


     Yorek Stormoff (Von Essen) contre Katarina Snjegynka (Arken)


     Il y eut un tonnerre d’applaudissements venant des impériaux, et une consternation quasi-générale des bretonniens. Leur champion venait de déchanter, et c’était un coup dur pour ceux qui voyaient la joute comme leur loisir national. C’est pourquoi le Conseil fit preuve d’une grande sagesse en enchainant sans tarder sur le combat suivant : l’effet fut immédiat.

     Tous deux kislévites, tous deux intimidants et silencieux, imperturbables. Yorek et Katarina se firent face, et comme l’autre jour, les tribunes, presque de mauvaise grâce, se calmèrent petit à petit. Le signal fut donné.

     La guerrière abaissa sa lance, le chevalier apprêta son épée ; quelques secondes s’égrénèrent, puis ce fut le choc : dans un fracas épouvantable… l’un des deux jouteurs fut éjecté de sa selle !! (Katarina : 5T, 1T annulée, 4B, 1 svg, 3 PV !!!)
     Son atterrissage fut violent et bruyant, mais quelque chose d’autre attrapa le regard des spectateurs… Avec une seule main, la guerrière venait d’arracher une épée plantée dans la jointure entre son pectoral et son épaulière… (Ulrich : 3T, 1T annulée, 1 svg, 1 PV !)
     Elle rejeta l’épée sur le sable, pendant que… son adversaire se relevait ?? Les chevaliers présents dans les tribunes, et il y en avait un grand nombre, furent éberlués. Pouvait-on seulement bouger le petit doigt après une chute pareille ? Le sire Yorek, cependant, se redressa de toute sa taille et fit face à la guerrière qui s’approchait de lui sur son destrier noir.
     « Tu… n’es pas du Kislev. » - lui dit-elle platement.
     Nul ne pouvait vraiment entendre ce qu’ils se disaient à cause du tumulte ; aux entrées de l’arène, les shalléennes ne savaient si elles devaient intervenir ou pas.
     « Non, - le chevalier enleva son heaume, - je ne le suis pas. »
     « Un kislévite, comme lui… - elle pointa dans une direction apparemment aléatoire, mais Ivan Niedovski sentit plus qu’il ne vit que doigt le montrait, lui… - ne se ferait pas écraser aussi facilement. »
     Le chevalier barbu s’esclaffa soudain.
     « Prends-le comme tu voudras, mais j’avais pris l’épée pour arranger mes adversaires. Bon, il fallait bien que je tombe sur toi un jour. »
     Katarina ne lui répondit pas, se contentant d’avoir un air peu convaincu.
     « Bien… - reprit son adversaire vaincu. – Il est temps de partir… »
     Son geste mit du temps à être correctement interprêté : le colossal chevalier venait de s’arracher sa barbe. En entier. Le cri « Hérésie !» fut appréhendé avec une incompréhension générale.
     Silvère de Castagne blêmit. Ce visage, cet homme, ce monstre…

     Ulrich von Stromdorf prit une profonde inspiration.
     « Par Ulric ! – dit-il. - Je déteste prendre la fuite ! »
     Katarina dégainait lentement son épée, mais le vampire ne sembla guère s’en soucier.
     « Ah… Ça va encore finir en bain de sang. » – ajouta-t-il en observant chevaliers et répurgateurs descendre les gradins en courant.
     Une balle tirée d’on ne savait où ricocha sur le sable près de lui.
     « Hm… - prononça-t-il. - Je vous suggère de m’attaquer maintenant, si vous voulez vraiment être au-delà de tout soupçon ! »

     Katarina poussa un terrible cri de guerre et frappa de taille. Le colosse para furieusement, avant de bondir et de planter une dague dans la faille déjà ouverte dans l’armure bleutée. (Ulrich : 3T, 3B, 2 svg, 1 PV !)
     Il fut décapité d’un coup de maître.
     (Katarina : 5T, 5B, 2 svg, 3 PV !!!)

Ulrich von Stromdorf :


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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Lun 5 Juin 2017 - 21:53


     Quelque part dans le Warp, une voix grave et caverneuse résonne. Mais que le lecteur ne se trompe pas, La Mort parle normalement en majuscule, elle ne crie pas.

     - TU EN AS MIS DU TEMPS.
     - Morr ?
     - NON, MAIS TU VAS LE RENCONTRER BIENTÔT. TU VERRAS C'EST UN CHIC TYPE, ENFIN, SAUF QUAND IL PERD AUX ÉCHECS.
     - Mais attendez ! Il y a erreur ! Je ne peux pas mourir maintenant.
     - BEN SI.
     - C’est pas possible… Je ne me suis jamais senti aussi proche de la quête d’immortalité ! Bientôt les secrets du Graal, bientôt la soixante-cinquième tentative de l’expédition pour découvrir la Fontaine de Jouvence, bientôt le retour de Lambertus de la quête de la statuette de Zanggthor en Norsca, bientôt le… Attendez, vous ne pouvez pas me faire ça !
     - SI.
     - De quel droit ! Vous savez qui je suis ?!
     - OUI JE SAIS. ET MOI, JE SUIS LA MORT, JE VIENS QUAND ON NE M’ATTEND PAS. ET PAS DE JALOUX, JE N’OUBLIE PERSONNE. SURTOUT QUAND ON M’A DÉJÀ FAUSSÉ COMPAGNIE.
     - Pardon ?
     - TOURNOI DU CONSEIL IMPÉRIAL.
     - Varskrom ?
     - NON, MAIS J’ÉTAIS À COTÉ.

     Le silence tomba, Magnan se rendit compte qu’il avait vraiment trépassé. Il fixa les orbites vides de La Mort. Bien qu’il n’y avait pas de globes oculaires à cet endroit, l’apparition funèbre semblait le regarder avec sévérité.

     - Puis-je vous demander une faveur ?
     - FAIT VITE, JE DOIS M’OCCUPER D’UN GROUPE DE TUEURS QUI VA BIENTÔT ME RENCONTRER. ILS ONT L’AIR IMPATIENT DE ME VOIR EN PLUS, JE NE VOUDRAIS PAS LES DÉCEVOIR.
     - Juste une petite question, ça me traîne depuis longtemps. La Fontaine de Jouvence, c’est à gauche après le temple de Itxholxla-Tec ou c’est à droite ?
     - NI L’UN NI L’AUTRE, C’EST TOUT DROIT. PUIS C’EST LE 207E PALMIER A GAUCHE ENSUITE C’EST DE NOUVEAU TOUT DROIT, IL Y A DES BASSINS DE FRAI DE LA TAILLE DE MONTAGNES AUTOUR, VOUS NE POUVEZ PAS LA RATER.
     - Tout droit ! Mais bien sûr ! Pourquoi je n’y avais jamais pensé ?
     - LES AVENTURIERS NE VONT JAMAIS TOUT DROIT.
     - Je vois, merci.
     - DE RIEN.
     - J’aimerai rendre visite à Von Essen, c’est une connaissance de la Taverne de la Non-Vie du forum vampire. Il est mort il y a peu durant le tournoi. Vous savez où je peux le trouver ?
     - LES VAMPIRES VONT DANS LES LIMBES, AU CENTRE DU WARP ENTRE LES ROYAUMES DU CHAOS ET LE DOMAINE DE MORR.
     - Bien, au revoir donc…
     - ADIEU JE DIRAIS. ET BON SÉJOUR DANS L’AU-DELÀ.


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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Jeu 8 Juin 2017 - 23:06


Intermède IV



     Elle aurait pu se sentir concernée par les chasses aux monstres et les chasses aux vampires, mais Narcisse Gentevigne savait où, quand et comment elle pouvait être le plus utile à l’Empire. En l’occurrence, c’était dans son bureau, durant l’après-midi qui avait succédé à la matinée des demi-finales. En face d’elle était assis un vieux guerrier kislévite, escrimeur hors-pair, et il venait d’accepter sa proposition.
     « Bien. – dit-elle. – Très bien. Je vous propose alors de discuter tout de suite du poste que vous occuperez et des fonctions qui s’y rattachent. »
     Ivan Niedovski de Zhedevka hocha simplement la tête. Il devait encore lui parler du plus important, mais il voulait d’abord entendre les détails de ce qui l’attendait. Après tout, il n’était impossible qu’un détail rende la proposition tout simplement inacceptable.
     « Vous serez, comme moi, Grand Maître de l’Ordre de la Reiksguard, et donc vous ne répondrez que devant le Reiksmarshall, Kurt Helborg, devant sa Majesté Impériale Karl Franz et devant Ludwig Schwartzhelm, son champion.
     Jusqu’à nouvel ordre, votre mission sera de former les futurs maîtres d’armes de l’ordre. Vous aurez à votre charge les jeunes membres les plus méritants de notre ordre, qui pour le moment ne sont pas tous présents dans la capitale. Dites-moi, avez-vous par ailleurs une quelconque expérience tactique ? Ou logistique ? »
     Le kislévite fronça les sourcils. Il se souvenait vaguement de ce que devaient signifier ces termes, mais non, sa science se résumait avant tout à l’escrime. S’il fut soldat par le passé, on ne lui avait point confié des armées entières à diriger ou à ravitailler. Il répondit dès lors par la négative.
     « Bon, - la vieille halfling ne sembla point contrariée, - ce n’est pas vraiment un problème, nous avons ici le précepteur Reinhardt, notamment, qui s’en occupe. Mais revenons à vous. Êtes-vous prêt à prendre en charge un groupe de quinze apprentis ?
     - Quinze ? » - Ivan s’imagina tout de suite la scène, mais se dit ensuite que ce ne pouvait être pire que faire face à des ours affamés et mutés par les vents du chaos. « Oui, je suis prêt. Cependant, Großmeister ?
     - Oui ?
     - Je n’ai qu’une parole, mais j’ai une condition. Si elle est acceptée, je suis prêt à enseigner mon art dès ce soir.
     - Eh bien ?
     - J’ai recueilli un jeune garçon, un orphelin des bas-quartiers d’Altdorf. Il est sous ma protection, et je désire qu’il reçoive une formation de soldat.
     - Quel est son âge ? »
     A ce moment-là, on frappa à la porte du bureau, mais la Großmeister répondit sèchement qu’elle était occupée, et l’intéressé, qui qu’il fût, dut probablement s’en aller. Ivan, quant à lui, réalisa en cet instant de répit qu’il avait oublié de demander son âge à Tom…
     « Hum, - dit-il, - il faudrait lui demander. Je l’ai laissé attendre dans le couloir. À présent, si vous voulez bien qu’il entre… »
     En guise de réponse, la vieille halfling haussa les épaules et descendit de son siège surèlevé. Ivan l’observa franchir l’espace qui la séparait de la porte d’entrée puis ouvrir. Le kislévite l’entendit alors : « Eh bien, gamin ? Est-ce toi qui as frappé avant ?
     - Euh, oui m’dame.
     - Pourquoi ?
     - J’suis vraiment désolé m’dame, vraiment vraiment, mais ça presse…
     - Les latrines sont à l’autre bout de la cour, gamin. File.
     - Merci m’dame ! » – répondit Tom après un moment d’hésitation et s’en alla à toutes jambes. Il fallait admettre que faire face à la Großmeister était… intimidant.
     Ivan, qui avait compris que son jeune protégé avait perdu patience, fut néanmoins satisfait de sa première rencontre avec la vieille halfling. Cette dernière referma la porte et revint à son bureau, puis regarda à nouveau le vieux guerrier.
     « Trop jeune, trop frêle, et mal formé par-dessus le marché, - lança-t-elle platement. -
Attendez, ne répondez pas tout de suite. Même un fils de comte électeur, s’il avait son âge et sa corpulence, j’aurais refusé. Mais dans quelques années, si c’est bien vous qui allez l’élever, je crois que ce gamin a toutes ses chances. Compris ? »
     Ce dernier mot, réflexe de sa carrière d’instructeur, était sorti sans le vouloir, mais les deux vétérans ne s’en offusquèrent point. Chacun avait ses tics, ses manies, ses abus de langage. Ivan venait d’entendre que sa condition était acceptée, aussi il confirma ses intentions à la Großmeister. Celle-ci eut alors un étrange sourire mi-figue, mi-raisin : « Bien… Nous pouvons à présent passer à la paperasse... Si un jour vous croisez un de ces fonctionnaires du palais, dites-lui bonjour : cela pourra peut-être vous éviter des années d’attente… »
     Ivan se permit de sourire à son tour.  

 

***
***
***


    - Bonsoir, sans-grâce.
     - Toi ! Comment...
     - Tu as la discrétion d'un stryge, au point de faire honte à la lignée de notre Reine. Je m'étonne que tu ne sois pas encore passée sous la flamme d'un répurgateur.
     - Eh bien va-t-en si tu ne veux pas être parmi les coupables lorsqu'ils me trouveront.
     - Oh, loin de moi l'idée de rester en ta compagnie.
     - Alors que veux-tu ?!
     - Tu le sais déjà. Je te conseille de ne pas la faire attendre, elle est de très mauvaise humeur ces jours-ci.
     - Je n'ai pas l'intention d'aller à la rencontre de ma propre mort.
     - Ah... Par notre bien aimée Reine... Me voilà à conseiller une sans-grâce... Si tu refuses, elle te retrouvera et te tuera, quoi qu'il advienne. Si tu viens par toi-même... Tu auras peut-être une chance de bénéficier du peu de clémence qui lui reste. Tu as jusqu'au prochain crépuscule pour te présenter. Après cela... La chasse commencera.



***
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Jeu 8 Juin 2017 - 23:20




     Plusieurs chevaux marchaient au trot sur un sentier forestier. Leurs cavaliers, des chevaliers du Loup blanc pour la majorité, étaient aux aguets. Ils épiaient chaque buisson avec précision, s’attendant à y trouver la bête qui avait causé un véritable carnage durant la journée précédente. Parmi les cavaliers, on trouvait aussi quelques chevaliers errants en quête de gloire, mais aussi désireux de remplir leurs voeux : aucun d’entre eux ne tolérait la pensée que d'autres innocents fussent massacrés comme le fut le commandeur.
     Et, à l’avant de la formation, se tenait un couple plutôt original qui était maintenant bien connu des ennemis des hommes-bêtes. Si Roland, de par sa nature de chevalier du Graal possédaient déjà une certaine réputation parmi les bretonniens, Eléonore avait gagné ses galons elle aussi. La mécanique de combat du duo était bien huilée et chaque embuscade tendue par les engeances chaotiques qu’ils avaient invariablement débusqués durant leurs chasses avait été déjouée. Mais malgré tous leurs efforts, la bête demeurait introuvable.
     Le groupe de chasse était parti dès les derniers combats terminés et avaient passés plusieurs heures à courir à travers la Drakwald dans l’espoir de retrouver l’Ulfwerenar. Roland dirigeait le groupe puisqu’il était le seul à avoir déjà rencontré une telle créature il y a plusieurs années lors d’un raid Norse, mais il les connaissait mal. Ce qui faisait que ses talents de traqueurs ne lui étaient pas aussi utiles que d’habitude.

     Les heures passèrent et toujours aucun signe du monstre. A contrecœur, le groupe dû se résigner à rentrer vers la capitale car le soleil commençait à décliner à l’horizon. Cependant, les chevaliers du Loup blanc, les mêmes que ceux avec qui les Boisserands étaient arrivés à la capitale le premier jour, décidèrent de continuer. Ils connaissaient la région après tout et ils préféraient défendre leur pays plutôt que de rester oisif à regarder les finales du tournoi. Après des adieux solennels et quelques bénédictions respectives, le groupe se sépara entre les bretonniens et les impériaux.
   
     Ils arrivèrent ainsi aux abords d’Altdorf en fin de soirée après avoir pris un bac pour traverser le Reik et revenir sur la rive sud. Les chevaliers errants saluèrent le couple et Éléonore dispersa les quelques forcenés avides de sagesse de la part de la figure sainte qu’était Roland. Elle préférait éviter que des questions malheureuses ne finissent par provoquer la colère du chevalier du Graal.
     Ainsi, après quelques minutes, Roland et Éléonore étaient à nouveau seuls, encore une fois installés dans la clairière qu’ils avaient repérés il y a quelques jours. A présent, la nuit était tombée et, à côté de leur tente, le petit feu qu’ils avaient allumés illuminaient les bois de sa douce chaleur. Eléonore s’y réchauffait les mains tout en regardant son mari qui se tenait non loin, les bras croisés et le regard dans le vague. Il n’avait même pas enlevé son heaume, se dit-elle, il s’attendait encore à voir la bête surgir de derrière un hêtre probablement. Mais, au moment où Eléonore allait engager la conversation pour lui permettre de dire ce qu’il avait sur sa conscience, comme toujours, ce fut Roland qui parla en premier.
     « Décidément, je ne comprends point, - dit-il avec un ton maussade.
     - C’est-à-dire ? Le fait que nous trouvions point cette bête ?
     - Oui… Et non. » - Roland se retourna vers sa femme et s’approcha du feu – « Tout d’abord, je me suis fait éliminé par un écuyer dès le premier tour. J’ai envie de dire pourquoi pas, ce n’est point impossible au vu de son talent, mais les explosions lumineuses aveuglantes durant le combat étaient incompréhensibles. La Dame nous protégeaient tous les deux, comme si elle était incapable de choisir et elle a ainsi biaisé le combat. Cela ne fait pas de sens. Je ne remets pas en doute sa sainte parole, mais…
     - Vous vous sentez impliqué dans quelque chose mais vous ne savez point quoi ?
     - C’est l’idée. Ensuite, ce maudit Albéric apparaît et… Il a profité de mon code de l’honneur qu’il déteste tant pour se faufiler en sécurité. Certes, son combat du jour était plus contenu étrangement, mais je l’ai bien vu me lancer un regard amusé dans les tribunes quand il quittait l’arène.
     - Il n’est qu’une cause perdue, répondit Eléonore en remettant une branche dans le feu. Si vous vous laissez aller à vos pulsions, c’est lui qui gagnera ce duel d’esprit.
     - Peut-être, mais quelque chose me gêne chez cet odieux personnage. Quelque chose qui m’inquiète mais je n’arrive point à mettre le doigt dessus. » - Après quelques secondes de réflexion, Roland finit par balayer ses doutes d’un revers de main – « Et enfin, il y a cet Ulfwerenar. Quand enfin la Dame me donne une épreuve que je peux réussir, que je comprends, le monstre s’enfuit à toute jambes et disparaît hors de ma portée ! »
     Le chevalier du Graal accompagna son éclat de voix d’un geste rageur de la main. Après quelques secondes de silence, il soupira et enleva lentement son heaume qu’il garda au niveau de sa hanche.
Roland de Boisserands :
     Alors qu’il se passait sa main sur son visage et que l’acier et le cuir de son gantelet le gratifiaient d’un toucher rêche auquel il s’était habitué, il sentit sa femme l’enlacer tendrement. Le vieux couple resta ainsi, en silence, pendant de longues minutes que le chevalier apprécia grandement. Une fois sûre que son mari s’était calmé, Éléonore se détacha de lui en le regardant dans les yeux.
Eléonore de Boisserands :
     « Vous avez fait ce que vous pouviez au vu des circonstances, dit-elle d’une voix étonnamment ferme. Mais vous n’êtes plus en quête Roland. La Dame vous reconnait déjà comme digne. Elle ne va plus passer son temps à vous montrer le chemin comme par le passé, parce qu’elle vous sait capable de tracer le vôtre à présent. Vous êtes un chevalier du Graal, bon sang ! Vous connaissez la marche à suivre, alors utilisez votre jugement ! »
     Roland regarda sa femme avec étonnement. Cela faisait plusieurs années qu’elle ne l’avait pas fustigé de la sorte. Elle n’était pas en colère, juste agacée de le voir hésiter. Et elle avait raison, le « Paladin impétueux de Boisserands » était bien loin derrière lui à présent mais… Il était temps qu’il revienne dans une certaine mesure.
     « Merci, - dit-il simplement. - J’en avais besoin. »
     Le visage de Roland retrouva sa sévérité habituelle, ce qui plut visiblement a Éléonore. En voyant cela, le chevalier du Graal se fit la réflexion que la Dame qu’il cherchait encore… était peut-être pile en face de lui en fin de compte.
     Mais alors qu’il allait s’asseoir pour la rejoindre au coin du feu, quelque chose l’intrigua. Ses sens aiguisés avaient repéré quelque chose. Quelque chose qu’il n’avait pas remarqué depuis trop longtemps déjà à cause de ses doutes des derniers jours. D’un seul mouvement brusque, dont la précision lui venait de sa séance d’entrainement avec le sire Niedosvky, Roland dégaina son épée et la lança vers un arbre non loin avec force. La volutes dorés de la lame enchantée se mirent à s’intensifier sur le trajet et lorsque l’épée rentra dans l’arbre, ce fut un véritable trait de feu qui traversa le résineux jusqu’à la garde. A la grande surprise d’Éléonore qui n’avait pas compris le geste de son époux, un cri déchirant se fit entendre de l’autre côté de l’arbre car l’arme avait apparemment touché quelque chose à travers le tronc. Peu après, une forme éthérée et intangible s’évapora dans les airs avec un râle fantomatique.
     « J’ai HORREUR d’être épié, gronda Roland. »
     Le gisorois s’approcha de l’arbre à grands pas et en sortit brutalement son épée, ce qui calcina le reste du tronc lorsque les volutes enflammées reprirent de plus belle. L’antique végétal s’effondra alors dans une série de craquements tonitruants.
     Le chevalier du Graal se tint là, son épée enflammée à la main et le regard se tournant vers la cité impériale. Il en avait assez. Cette ville était corrompue par des agents du chaos et des non-morts et cela devait cesser. Cela allait cesser ! Ils avaient pu arpenter les terres de l’humanité depuis trop longtemps et cela allait cesser. La prochaine engeance maléfique qui apparaîtrait, il allait la traquer et l’exterminer. Pas de pitié pour l’impur, car son saint courroux était sans limites … Et cela, ses ennemis allaient l’apprendre bien assez tôt.
     « VOUS N’ÊTES PLUS À L’ABRI !! - hurla le chevalier au spectre qui disparaissait dans le ciel. -  Moi vivant, vous ne le serez jamais… »


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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Jeu 8 Juin 2017 - 23:58

***



     Le soir tombé, Rolf le nordique quitta la ville impériale. Bien qu'il fût habitué aux quartiers de Marienburg, il trouvait les grandes villes impériales trop étouffantes, surtout quand elles étaient situées dans les terres. Il avait hâte de retrouver la mer et la Norsca. Son bateau marchand et ses compagnons l’attendaient à Brestnorrois, il devait leur dire qu’Asulfr avait prit une autre route et il devait surtout annoncer la victoire de leur seigneur sur l’impérial. Une telle annonce sera certainement fêtée à Ulfstrand et l’hydromel coulera à flot !

     C’est comme Hjalmar Oksilden, se dit Rolf, partout où il passe, l’eau des fontaines se change en bière et celle des puits en hydromel.

     Marchant seul sur la dangereuse route du Reikland menant vers les Marches de Couronnes, Rolf songea. Son seigneur était très fort, lui aussi pourrait avoir un jour une saga digne de Hjalmar. Il se souvint de la fois où Asulfr revint des montagnes d’Ulfwerenar pour reprendre le trône d’Ulfstrand des griffes d’un Héraut de Khorne. Et de la fois où il tua un Prince Démon envoyé par Archaon en personne pour soumettre sa tribu à la Tempête du Chaos. Et de ce long voyage à travers le monde où le clan Olfsarks se fit un nom jusqu’en Arabie.

     D’ailleurs, c’était après le retour d’Asulfr que cette histoire de duel avait commencé. Quand Asulfr revint de son voyage, Ulfstrand était en cendres et les cadavres des habitants jonchaient les rues. Et, ultime insulte, le camp des responsables était dressé à la place du fort du Jarl ! C’était des impériaux...
     Pour reprendre ses terres et laver l’affront qu’avait fait ces étrangers, il n’y avait qu’une façon de procéder pour un fils d’Olric, défier le chef ennemi dans un duel à mort. Bien que l’impérial avait accepté, il avait fuit comme un lâche. Malgré sa cicatrice au visage et son œil en moins, cet Alan Magnus réussit à fuir Asulfr grâce à la sorcellerie.

     Mais Asulfr détestait les lâches, et il détestait aussi la magie. Si on apprenait qu’il avait manqué un duel face à un impérial, la honte tomberait à jamais sur lui. Il était Asulfr le Victorieux, fils d’Olric et celui qui mènera une guerre contre le Chaos dans toute la Norsca. Le Roi des Norses, ce sera Asulfr !

     Mais quelque chose embêtait Rolf. Quand ils étaient revenus de leur voyage, il n’y avait pas que des impériaux à Ulfstrand. Il y avait une sorte de tour noire à l’horizon qui n’était pas là avant, il y avait aussi une mystérieuse plaine de statues non loin, on aurait dit des chevaliers bretonniens figés dans la pierre. Et aussi, que venait faire les impériaux à Ulfstrand ? Une fois qu’il serait rentré, Rolf mènerait l’enquête.


***


     Asulfr grognait de douleur, la main sur son ventre ensanglanté. Il avait rejoint une vieille cabane abandonnée à l'orée d'un bois. Il avait couru le plus loin possible et s'était effondré de fatigue à peine le seuil franchi. Le réveil avait été douloureux. Confiant dans l'efficacité de sa régénération naturelle, il n'avait pas bougé des heures durant. Mais plus le temps passait, plus les doutes envahissaient son esprit. Il aurait dû écouter la louve et chercher de l'aide... A présent, il n'était même plus sûr de pouvoir sortir de cette pièce sur ses deux jambes.
     Mais il n'avait pas le choix. Quitte à progresser par étapes, il devait agir ; à commencer par se lever. Il réunit tout son courage, serra les dents et ... stoppa son geste. Un bruit infime, à quelques pieds de la maison. Il resserra la main sur l'épée de Magnan qui gisait près de lui après l'avoir retiré de son corps. Ils allaient comprendre qu'une bête acculée et blessée ne se laissait pas attraper aussi facilement...
     La silhouette qui se dessina sur le seuil n'était pas humaine, mais lupine. La louve entra silencieusement et s'assit à quelques pas de lui. Maintenant qu'il avait l'occasion de l'observer, il remarqua un pelage aussi noir que la nuit, une taille plutôt imposante pour un simple loup de forêt, et surtout des yeux brillants et écarlates. Ce dernier détail l'intrigua et il resta sur ses gardes. Mais un phénomène encore plus étrange se produisit sous ses yeux quelques instants plus tard. Le corps de la louve devint flou et s'allongea pour se stabiliser sous une forme humaine. Se tenait devant lui une jeune femme aux cheveux noirs dont le visage restait caché sous la capuche d'une longue pèlerine pourpre.
     - Qui êtes-vous ?
     - Je vous l'ai dit. Je suis Rubis.
     - Mais ... vous aussi vous...
     - En quelques sortes.
     La jeune femme s'agenouilla près de lui et regarda les blessures qui lui barraient le torse.
     - Vous ne m'avez pas écoutée.
     Asulfr émit un léger grognement, il était contrarié de cette remarque, mais cette Rubis n’avait pas tout à fait tort. Elle posa soudainement la main sur son épaule et ferma les yeux. Surpris, il ne réagit pas. Elle fit la grimace en rouvrant les yeux quelques secondes plus tard.
     - Pouvez-vous vous transformer ?
     - Oui... enfin... pourquoi ?
     - Mes dons concernent les bêtes, pas les humains. Et si nous ne faisons rien maintenant, vous ne passerez pas la prochaine nuit.
     Asulfr n’aimait pas cette situation. Il était en position de faiblesse et cette inconnue aux étranges pouvoirs était son seul espoir. Pouvait-il lui faire confiance ? Ce monde était dangereux et celui d’Asulfr encore plus, il fallait se méfier de tout. Le pouvoir de cette Rubis l’intriguait, elle pouvait se changer en loup, tout comme lui. Était-elle une fille d’Olric ?
     La douleur coupa le fil de ses réflexions, il devait vivre. Il n’y avait plus de duel à mort maintenant, c’était la dernière épreuve avant ses grands projets en Norsca. Non, il ne pouvait pas mourir maintenant. Il pensa à ses compagnons et au banquet qui devait l’attendre à Ulfstrand. Cette vision redonna à Asulfr les dernières forces qui lui manquaient pour se transformer. Tant pis, il devait faire confiance à Rubis. Une fois entièrement loup, Asulfr, fatigué par autant d’efforts, sombra dans l’inconscience…

     Le sang, la guerre, les démons, le Chaos... Tel était le nouveau paysage de la Norsca. Au milieu de la folie il y avait des loups et des ours qui se battaient avec violence. La Mort était là, elle observait un homme en particulier, Hjalmar. Il ne se battait pas comme les autres animaux, il semblait chercher autre chose. Asulfr était déçu, très déçu. Le Hjalmar qu’il voyait là ne ressemblait pas du tout aux sagas que lui racontait Rolf. Mais il n’avait pas le temps de s’occuper de lui, la couronne de Norsca venait de réapparaître. Voilà des siècles qu’il n’y a plus eu de Roi en Norsca. Précisément depuis que le Chaos avait corrompu cette terre. La couronne était là, devant ses yeux. Elle brillait comme une étoile. Mais elle semblait inatteignable. Un énorme démon lui barrait le chemin. Le titan était noir, noir comme les ténèbres qui sommeillent en chaque homme, le Chaos ! Et il semblait inarrêtable…

     Asulfr se réveilla, il était allongé dans une vielle cabane. Il voyait entre deux planches le soleil se coucher. Il s’assit, bailla et se gratta l’oreille de sa patte arrière. Qu’Olric soit loué, il avait regagné des forces. Il sentait qu'il pouvait de nouveau se lever et marcher, mais ses blessures le faisaient toujours souffrir. Il devait suivre sa route avec prudence désormais, sous peine de chuter une nouvelle fois. Il regarda autour de lui, la jeune femme aux cheveux noirs avait disparu. À côté de lui gisait l’épée de Magnan brunie par le sang coagulé. Pensant la garder en guise de trophée, il la ramassa avant de reprendre sa route vers le Nord.


Loup Funeste




Essen

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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Ven 9 Juin 2017 - 0:18


     - Tenez, - déclara le tavernier en posant une chope devant le bretonnien.
     Celui-ci leva la tête, surpris.
     - De la part du monsieur, - ajouta-t-il en désignant Dagan un peu plus loin, tout sourire.
     Et le tavernier repartit, hélé à une table. Considérant le breuvage ambré un instant, il quitta son tabouret pour s'approcher.
     - Salutations, que me vaut cet honneur ?
     - Est-il nécessaire d'avoir une raison pour offrir un verre a un compère ? - répondit Dagan en considérant son homologue moins âgé. Vous étiez le dernier bretonnien en lice après des combats âprement disputés. Une sacrée performance, je trouve.
     - En effet, - reconnut Abrams en faisant tourner la chope devant lui.
     Après un moment, il demanda :
     - Votre amie ménestrelle ne se produit pas ce soir ? Je croyais pourtant qu'elle chantait chaque jour depuis le début du tournois.
     - Pas ce soir, - reconnut Dagan. - Elle et Jürger souhaitaient passer la soirée plus au calme.
     - Maintenant que vous le dites, il est vrai que je ne vois votre ami nulle part, - nota le chevalier errant.
     - Enfin. Si l'on fait abstraction de mon combat, nous autres bretonniens étions pourtant bien engagés dans ce tournoi... Mais bon, se sont des choses qui arrivent. A la dame ! - termina-t-il en levant son verre, vite imité par son compatriote.


     La détonation fut aussitôt suivie du glong espéré. Et un trou s'ajouta aux précédents au fond de la casserole.
     A une centaine de mètres de là, Jürger avait déjà les prochaines balles en main. De mouvements rendus mécaniques par la pratique, il rechargea son arme en poudre avant d'y ajouter le plomb. A sa droite, la ménestrelle se boucha à nouveau les oreilles en serrant les dents. Un nouveau glong vint saluer le tir réussi.
     - Tu sais, tu devrais trouver d'autres cibles que de les poêles des cuisines de la commanderie, commenta-t-elle.
     - Je sais. Mais ce serait moins amusant. Et cela me permet de confirmer que j'ai fait mouche. Sans avoir à me déplacer.
glong
     - Cela t'embête que Dagan ait organisé une revanche avec ce chevalier, Léonard ?
     - Non.
glang
     - Ça m'ennuie seulement qu'il ne m'en ait pas parlé. Et qu'il ait mentionné mes... mon...
- grimaçant, il releva rapidement le fusil et fit feu, faisant sursauter la jeune femme. Se frottant l'oreille, elle ne s'attarda pas sur ce tir raté et rebondit :
     - Il ne pensait pas à mal, tu sais.
     - Je sais, - soupira-t-il en posant finalement son fusil pour s'asseoir à côté d'elle.
     Shannon s'approcha un peu plus du soldat, allant jusqu'à poser la main sur son épaule. Il se tourna vers elle, étudiant son expression pincée à la lueur des deux torches les entourant. Et elle se plongea dans ses yeux écarlates. La nuit, ils paraissaient noirs. Même en tenant compte des jeux de lumières dûs aux flammes. Et sa peau paraissait moins pâle. L'ombre brouillait ces différences qui le faisaient tant souffrir. Différences dont elle n'avait cure. Il cilla après de longues minutes, se tournant vers les casseroles percées. Elles pendaient en silence à un filin tendu entre deux poteaux.
Sans prévenir, la ménestrelle vint s'adosser à lui, posant la tête sur son épaule. Son premier réflexe fut un léger mouvement de recul... mais il s'abstint. Ils restèrent ainsi, l'un contre l'autre de longues minutes. Profitant du silence de la nuit.
     - Tu penses que d'autres monstres se cachent encore parmi les finalistes ? - demanda-t-elle après un moment.
     - Honnêtement... j'en sais rien. J'espère que non. Avec tout ceux que nous avons vus s'enfuir ou être abattus comme des chiens... plus ceux qui ont su se montrer discret....
     Elle frissonna.
     - Comment les dieux peuvent-ils tolérer de telles monstres...
     - Excellente question, - répondit une voix derrière eux.
     Tout deux pivotèrent derechef, se croyant seuls dans la cours d’entraînement de la commanderie. Mains dans les poches, un enfant d'une douzaine d'années environ se tenait là.
     Shannon soupira de soulagement. Son arrivée l'avait fait sursauter... En revanche, la mâchoire de Jürger se crispa. Son amie ne semblait pas l'avoir remarqué, mais cet enfant... son regard reflétait la lueur des torches comme les yeux d'un félin. Un regard écarlate. Plus clair que le sien.
Le soldat se leva, tendu, et l'examina avec attention. Il paraissait décontracté. Dans son dos dépassait le pommeau d'une épée. Épée presque aussi grande que lui et dont la pointe du fourreau frottait presque par terre.
     - Que veux-tu mon garçon ? - demanda innocemment la ménestrelle sans se relever.
     - Ce que je veux ? - répondit-il d'une voix où la mélancolie était perceptible. - Je voudrais pouvoir me battre comme le font les... adultes. Mais...
     Tirant les mains de ses poches, il leva les bras en signe d'impuissance, désignant son corps d'enfant.
     - Te battre... - siffla Jürger dont la main glissait jusqu'à la dague à sa ceinture.
     - Jürger ? - l'interrogea Shannon, perturbée par son comportement et n'ayant pas saisi la nature de leur interlocuteur.
     - Paix, l'ami, - le modéra l'enfant en remettant les mains dans ses poches. Tu ne m'intéresses pas. Se serait trop simple et peu intéressant.
     Préférant ne pas répondre, l'artificier impérial attendit. En quoi l'intéressaient-ils en ce cas?
     - Je suis venu te demander, - reprit-il finalement. - Quand te battras-tu à nouveau contre le bretonnien ?
     - Quand je...
     - J'aimerais assister à votre combat, - expliqua-t-il simplement en haussant les épaules. - Le premier était divertissant. Le second pourrait l'être également.
     - Après les finales, - répondit Shannon à sa place, pressée qu'ils soient à nouveau seuls. - Une fois que le tournoi aura touché à sa fin.
     L'enfant aux yeux écarlates hocha la tête, songeur.
     - Merci, gente demoiselle, - termina-t-il d'une courte révérence. - Je tâcherai de ne pas manquer cette rencontre. Sur ce... passez une bonne nuit.
     Et sans un mot de plus, il tourna les talons, repartant les mains dans les poches et l'épée battant entre les omoplates à chaque pas. Sans un bruit. Ce n'est que lorsqu'il eut disparut dans les ténèbres que Shannon prit la main de Jürger pour l'inviter à se rasseoir... et fut surprise de la trouver moite. Elle remarqua enfin que le soldat soufflait comme s'il venait juste de courir.
     - Jürger, est-ce ça va ?
     Il se tourna vers elle, les yeux grands ouverts. Et avant qu'elle n'ajoute quelque chose, il la prit dans ses bras. D'abord surprise, elle répondit à son étreinte sans prononcer un mot, profitant seulement de cet instant aussi inattendu que désiré. Sans sentir son cœur battant la chamade contre sa poitrine ou remarquer son air livide, même avec sa peau blafarde.



***



     Sur les toits de la Grande Cité, Albéric dominait les rues d’Altdorf, encore grouillantes de monde malgré l’heure plus qu’avancée. Ajourd’hui, pas de vagabondage dans les ruelles désertes de la ville. Non, cette nuit, Albéric était en chasse.
     Trouver un autre fantôme-espion s’était avéré une tâche difficile. Il avait tout d’abord laissé son flair le guider, pensant qu’il serait suffisant pour l’amener aux créatures de l’autre-monde. Mais c’était sans compter la cité impériale, qui regorgeait d’êtres surnaturels : esprits enfermés dans tel ou tel monument, arbre ou puits, maisons hantées et cimetières sans repos, tout cela formait un monde mouvant qui se superposait à celui des mortels, à l’insu de la plupart de ces derniers. Même un fin limier comme Albéric n’avait pu retrouver trace de ce qu’il cherchait, et il avait fouillé les rues de la ville pendant des heures, en vain. Il avait donc fallu réfléchir un peu.
     Un instant lui avait suffi pour se trouver une nouvelle piste : puisqu’il avait été lui-même espionné, il lui fallait simplement trouver une autre personne susceptible de l’être… et il avait sa petite idée. Un petit dialogue entre les deux derniers combattants de la matinée... l’avait fait réfléchir un petit moment après la fin de la joute. Un dialogue à voix basse, que les humains n’avaient pu entendre, mais son ouïe supérieure avait pu en arracher quelques bribes, qui s’étaient révélées des plus intéressantes…
     Ses pas le ramenèrent vers les arènes, plus précisément près des quartiers de la Reiksguard, devant la caserne. Sous la lumière des étoiles, la Kaiserplatz était déserte.
     Albéric savait que l’une des deux finalistes des joutes, logeait dans le bâtiment, et si ses oreilles ne l’avaient pas trompé quelques heures plus tôt, ladite guerrière n’était pas humaine. Non, à en croire les derniers mots de son adversaire, elle était de la société de la nuit…
     Celui qui l’avait espionné n’était pas idiot, Albéric le savait. Le jeune vampire avait certes beaucoup de raisons d’être espionné, mais le tournoi les éclipsait toutes. Si son instinct voyait juste, il trouverait d’autres espions chez les autres participants du tournoi. Pour être sûr d’avoir toutes ses chances de son côté, Albéric avait opté pour un jouteur vampirique et, maintenant qu’il l’avait trouvé, il lui fallait attendre que l’esprit fouineur se révèle à ses yeux.
     À vrai dire, le vampire n’était pas confiant envers son plan : il y avait trop d’incertitudes. Mais son instinct lui disait qu’il était sur le bon chemin, et Albéric avait suffisamment vécu —et survécu— pour savoir que l’instinct était meilleur conseiller que la raison, trop facilement dupée par les faux-semblants.

     Une heure passa, puis une autre, puis plusieurs. Rien ne bougeait dans la chambre ou autour de la caserne, et Albéric commença à douter. L’intérieur de la chambre lui était caché, y avait-il quelqu’un ? Et, seulement, la kislévite était-elle véritablement suivie ?
     Mais, alors même qu’il allait abandonner, ses narines se dilatèrent, et le vampire se redressa subitement. Il n’y avait pas d’erreur possible, il y avait un revenant dans les parages. Aux aguets, Albéric scruta les alentours.
     Soudain, traversant la façade de la caserne comme de l’eau, un spectre jailli à la lumière de la nuit, et s’avança dans la foule, passant au travers des passants. Aucun ne remarquait la créature surnaturelle, et seuls certains d’entre eux étaient pris de frissons à son contact. Mais le fantôme ne pouvait pas se dissimuler aux yeux d’un vampire.
     Un sourire maléfique découvrit les dents soudain acérées d’Albéric. Il était sur la bonne piste, il le savait. Après tant d’attente, ses efforts étaient récompensés. Sans plus attendre, il s’élança de toit en toit, à la suite du revenant en contrebas.

     La poursuite dura un moment, le spectre prenant son temps, passant par des chemins détournés, et regardant souvent derrière lui pour vérifier qu’il n’était pas suivi. Albéric se félicita d’avoir choisi de le suivre par le haut, car le fantôme ne regardait que peu au-dessus de lui. Décidément, se dit le vampire, celui qui avait lancé ses esprits sur les pas des tournoyeurs n’était pas n’importe qui, ses serviteurs étant particulièrement bien instruits et précautionneux.
     Lorsqu’ils arrivèrent finalement à leur destination, les rayons du soleil commençaient déjà à se faire visibles à l’horizon. La poursuite les avait amenés de l’autre côté du Reik, dans l’Universitätsbezirk, au milieu la partie Est de la ville. Là, le spectre avait traversé les quartiers résidentiels du district, se faufilant entre les hauts immeubles à colombages où la classe moyenne se mêlait aux étudiants de l’illustre Université d’Altdorf, et s’était arrêté devant une maison aux nombreux étages et aux volets clos. Depuis l’immeuble lui faisant face, Albéric put le voir passer à travers la porte et de disparaître à l’intérieur.
     L’espace d’un instant, le vampire hésita à s’élancer à sa poursuite pour afin faire face à son mystérieux maître, mais il se retint. Il sentait de nombreuses présences surnaturelles dans le bâtiment, et il n’avait pas de temps à perdre avec un affrontement alors que la finale des épreuves à pied allait commencer dans quelques heures seulement.
     À contrecœur, Albéric commença à descendre de son promontoire pour rejoindre la rue en contrebas. Il lui fallait disparaître pour retourner aux arènes au début des épreuves.
     Mais il ne partait pas les mains vides, et il se retourna une dernière fois pour contempler la demeure de sa proie. L’adresse restait gravée dans son esprit, et il adressa un signe de tête en direction du bâtiment. Une fois l’épreuve finie, en bien ou en mal, il reviendrait pour donner à cette traque une sanglante conclusion, telle était sa promesse.
     Sa cape virevoltant dans le vent, le vampire s’éclipsa dans les dernières ombres de la nuit.




   
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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Ven 9 Juin 2017 - 1:34






     Wilhelm se redressa de toute sa taille, examinant les fourrés alentours. Il y avait en effet des traces fraiches du passage d’un grand animal, mais elles étaient inexplicablement abîmées, comme si de nombreuses autres créatures avaient sciemment détruit la piste. Même ici, à plusieurs heures d’Altdorf, cet étrange phénomène était présent. Le chevalier vampire serra les dents en comprenant qu’il ne pourrait pas, selon toutes probabilités, rencontrer ce monstre en duel avant très longtemps, vu le temps que lui avait pris la traque sur une si courte distance. La bête était blessée, et seule l’odeur de son sang lui avait permis de remonter si loin, mais désormais même cela devenait excessivement difficile. À contrecœur, le dragon de sang reconnut l’échec de sa traque, et enfourchant sa monture il reprit la route de la capitale. Quel dommage, une créature si grande et puissante aurait très certainement constitué un défi d’une incroyable intensité, et y renoncer le dérangeait beaucoup. Mais d’un autre côté il avait encore la finale des joutes auxquelles participer, et à cette seule pensée il sentit son sang s’échauffer, même si une telle sensation était physiquement impossible.

     Katarina Snjegynka allait certainement être une adversaire des plus redoutables. Elle avait éliminé Hrofil Halfdane, Ulrich Von Stromdorf, et surtout Silvère de Castagne, trois concurrents pourtant eux-mêmes très doués. Elle était indéniablement de nature vampirique, Wilhelm le savait à présent après avoir vu son échange avec l’infortuné Von Stromdorf, et ses prouesses martiales prenaient à présent un autre sens. Peut-être même qu’elle ne combattait pas sous son vrai nom. Mais cela n’importait pas au dragon de sang. La fière guerrière était très douée, et il savait que ce combat serait l’un des plus difficiles de sa non-vie. Et il ne fallait pas oublier Silvère, avec qui le destin l’avait réuni pour une revanche, fusse-t-elle au milieu d’un champ de bataille. Car une bataille approchait, Wilhelm le sentait, tous ses instincts le lui criaient. Il avait entendu dire un jour par son premier maître d’armes que « l’instinct n’est qu’une observation que le cerveau n’a pas eu le temps de formuler en pensée consciente. » Etant désormais un mort-vivant, il doutait du bon fonctionnement de son cerveau, mais il faisait confiance à son instinct. Et celui-ci lui disait de se tenir prêt une fois la finale achevée.

     Au Fort de Sang, c’étaient les mortels qui avaient bondi sus au vainqueur juste après la finale. Cela dit, Wilhelm n’était pas certain de ce qui allait se passer maintenant. Les humains semblaient avoir leur content de malheur, et seuls quelques-uns avaient vraiment l’air d’être capables d’une telle bassesse. Mais par contre on ne pouvait pas en dire autant des vampires présents. Entre Ulrich et Von Essen, qui avaient rencontré un destin funeste sur la lice, et les deux qui avaient réussi à prendre la fuite, on ne pouvait que craindre que d’autres choses se passent. Il ne restait qu’Albéric, Katarina et lui-même à n’être pas encore inquiétés par des poursuites, mais qui sait quels plans les autres, cachés dans la ville, pouvaient ourdir.

     L’évocation d’Ulrich l’attrista beaucoup. Le colosse vampirique n’avait jamais été son compagnon d’arme, et encore moins son ami, mais ils s’étaient toujours considérés avec le respect qu’on accorde à ceux dont on connait la valeur. Lors de leur précédente rencontre, von Stromdorf avait pris la tête des chevaliers de sang pour affronter la traîtrise des mortels, et bien que Wilhelm n'eusse plus fait partie de l’Ordo Draconis, il appréciait les actes d’Ulrich à leur juste valeur. Le voir mourir ainsi, au comble du désespoir mais l’épée à la main, était un souvenir très mélancolique. Défait, entouré par ses ennemis, à aucun moment il n’avait envisagé la fuite. Dans une situation pareille, Wilhelm ne savait pas comment il aurait réagi. Sans doute aurait-il tenté de se frayer un chemin à travers les hommes le séparant de la sortie, ce qui en soi représenterait aussi un défi intéressant. Mais la décision d’Ulrich était compréhensible, en un sens. « Dans cinquante ans, au Fort de Sang » avait dit Ulrich lors du tournoi précédent. « J’y serai, - pensa Wilhelm, mélancolique, - mais vous non. » Il ne savait par contre pas que penser de Katarina. Elle avait semblé aussi froide que la glace même après le combat, comme si tuer pour elle était aussi anodin que combattre. Wilhelm se dit alors que, lors de l’éventuel chaos qui suivrait la finale, dans l’éventualité où elle se ferait repérer, il ferait tout pour la protéger, afin de pouvoir ensuite la comprendre. Une dame reste une dame.

     De plus, inconsciemment, Wilhelm savait que cette fois-ci, si son instinct ne le trompait pas, il ne combattrait pas forcément contre les mortels. Il s’agissait d’une question d’honneur, et les humains n’en avaient pas manqué ces derniers jours, contrairement à certains vampires comme le dénommé Helmut, dont les méthodes de déstabilisation mentale en combat étaient d’une grande sournoiserie. Et c’était sans parler d’Albéric Sérignac, qui semblait confondre duel et bataille rangée. Par le dragon de mon ordre, si ce maraud violente d’une quelconque façon trop déplacée la fraulein Auerbach lors de la finale, il ne s’en tirera pas à si bon compte. Wilhelm savait que Thelma avait toutes les chances de s’en tirer, même si pour l’instant il ne comprenait pas d’où lui venait cette force, mais Albéric Sérignac ne devait en aucun cas être sous-estimé. Et s’il allait trop loin, foi de Wilhelm Kruger, il allait lui en cuire.

     Il fallait aussi reconnaître une chose à ce tournoi, c’est la preuve que la fine fleur de la chevalerie Bretonnienne était encore vaillante. Qu’il s’agisse d’Aliénor, de Martin ou d’Abrams, tous trois étaient de dignes représentants de la race humaine, à la fois honorables et redoutables. Repensant aux premiers affrontements, Wilhelm se rappela qu’il attendait avec impatience de se mesurer à des individus pareils, et à aucun moment il ne fut déçu. Les mortels étaient bien armés pour les conflits qui allaient arriver, Wilhelm l’avait constaté, et ce n’était pas ses victoires personnelles qui allaient dire le contraire. Quoi qu’on en dise, des chevaliers, hommes ou femmes, il y en avait partout en terre de Bretonnie, alors que le nombre de guerriers comme lui se comptaient en nombres beaucoup plus faibles.

     « Allons », finit-il par se dire en arrivant à la porte principale de la ville, « nous ne jouons pas dans la même cour, ni pour les mêmes enjeux. Cessons donc de se torturer l’esprit, et direction l’entraînement. » Contrairement à la veille, la perspective de revoir le groupe d’enfants ne semblait plus si effrayante, et s’il avait le temps peut-être pourrait-il leur montrer une ou deux passes d’armes. Le crépuscule tombait, et c’est l’esprit léger que Wilhelm remonta les rues en direction de la commanderie. Ses congénères pouvaient penser ce qu’ils voulaient, l’humanité avait encore de grandes forces, et le prouvait chaque jour.


******************


     C’est en baillant que Hans Freidrich ouvrit la porte de son bureau. La peste soit du chevalier-intendant, qui lui avait gentiment mais fermement intimé de compiler les évènements de la journée. « Oui, vous comprenez, il en va de la pertinence de notre administration, et vous connaissez les participants mieux qu’aucun d’entre nous, et patati, et patata. » Le résultat, c’est que cet imbécile pourrait passer la soirée à boire et à raconter à de candides demoiselles comment il avait gardé son sang-froid lorsqu’un autre vampire s’était révélé, et que de toute façon il « l’avait toujours su ». Et qui c’est qui allait, pendant ce temps, se taper un rapport de plusieurs kilomètres de long ? C’est bibi.

     La pièce était déjà éclairée, et Hans s’apprêta à poser la pile de papier sur son bureau après avoir fermé la porte d’un coup de pied lorsqu’il sentit un contact froid sur son cou. Se figeant immédiatement, il entendit derrière lui une voix qu’il n’eut aucun mal à reconnaître.

     « Bien le bonsoir, messire Von Hansa. Cela faisait quelque temps, il me semble, que nous n’avions pas pu deviser tranquillement. N’ayez crainte, j’ai pris mes dispositions pour que nous ne soyons pas dérangés. » Un bruit de verrou qu’on tourne ponctua le silence qui suivit, puis Helmut repris. « Tournez-vous, je vous en prie, je ne vais pas parler à votre dos durant toute la soirée. Et tant qu’on y est, installez-vous à votre bureau. Et ne prenez pas la peine d’y prendre le pistolet caché dans le deuxième tiroir de gauche, il est déchargé. » S’exécutant mécaniquement, Hans se retrouva assis devant son bureau à faire face à un Helmut Van Orsicvun bien en forme, souriant largement, l’épée tirée brandie sous son nez. Encore aujourd’hui, le fonctionnaire s’apercevait que rien chez lui ne trahissait sa nature, tant par le teint de sa peau que par la taille de ses dents, mais cela ne fit qu’augmenter sa méfiance.

Helmut van Orsicvun :

     « Vous vous demandez certainement ce que je fais dans votre bureau, en ce splendide début de soirée, à vous menacer de la pointe de mon épée alors que je suis disqualifié du tournoi. » Hans hocha imperceptiblement la tête, et Helmut continua sur le même ton théâtral. « Et j’avoue que cela porte en effet au questionnement, mais je ne vous donnerai malheureusement pas de réponse claire, sinon ce serait trop facile. À la place, je vais plutôt vous proposer un, comment dirai-je, échange de bons procédés. » Hans haussa les sourcils, incertain de la tournure que prenait ce monologue. Un échange ? Mais que voulait-il dire ?

     « J’entends votre incompréhension, alors permettez-moi d’être cette fois plus clair. Je vais vous demander de recopier pour moi le contenu de cette lettre, et en contrepartie je vais vous aider à conquérir le cœur de votre belle, qui je le sais n’a pas encore succombé à vos vers suaves et lyriques. » En disant cela, Helmut tira de l’intérieur de sa veste une feuille de papier manuscrite qu’il lui mit sous les yeux. Le jeune homme n’en croyait pas ses oreilles, voilà qu’un dangereux hérétique venait pour lui demander de copier un texte. En était-il donc incapable ? Et puis d’abord pourquoi est-ce que tout le monde voulait lui donner du travail en plus ce soir ? Non mais vraiment. Cela dit, ce demandeur en question avait des arguments autrement plus pointus que ceux du chevalier-intendant, et lui au moins semblait décidé à rester le temps nécessaire. Hans pensa sombrement que si le professionnalisme ne s’obtenait que de la pointe de l’épée de nos jours ce n’était certainement pas de sa faute. Et puis ce vampire proposait de l’aider, ce qui en soit ne pouvait qu’améliorer le zèle d’un fonctionnaire déjà fort motivé.

     Pesant ainsi le pour et le contre, Hans s’empara de la lettre et la lut de haut en bas. Au milieu de sa lecture, il hoqueta de surprise, et lorsqu’il eut terminé il lança un regard ébahi à son interlocuteur. Celui-ci ne se départit pas de son sourire, et lui fit un petit hochement de tête avant de lui indiquer une pile de papier et un encrier. Mais Hans ne bougea pas. « Que veut dire tout ceci ? Le tournoi est donc à ce point gangréné ? Et à qui cela s’adresse-t-il ? » Le jeune fonctionnaire s’échauffait, ce qu’il venait d’apprendre faisant croître un sentiment d’angoisse au fond de ses tripes. Mais Helmut ne bougea pas, et se contenta de répondre laconiquement : « Contentez-vous de le recopier, le contenu ne vous concerne en rien. Si tout se passe comme je l’ai prévu vous aurez encore de longues et belles années à vivre. Mais j’ai le regret de vous dire que si vous refusez mon offre, vos cordes vocales ne pourront plus chanter l’amour à personne, ou quoi que ce soit d’autre. N’y voyez aucune malice. » Le vampire fit une pause, et son sourire se fit cette fois moins humain, un rictus maléfique qui transforma totalement son expression. « Alors je vous invite à commencer, ma patience est grande mais en abuser peut s’avérer hasardeux. » Hans déglutit, sentant que le danger se rapprochait. Se saisissant d’une plume et d’un feuillet, il ignora la protestation de son poignet meurtri après tant d’heures à écrire et entama la fastidieuse tache. Cependant, au bout de quelques secondes, il s’arrêta et leva les yeux. « Quand vous disiez que vous alliez m’aider, qu’est-ce que vous entendiez par là ? » Helmut avait repris son expression humaine, et du même ton qu’au début de leur entrevue il répondit « Oh mais ne vous inquiétez pas pour ça, vous le comprendrez en temps utile. »

     Une heure plus tard le poignet de Hans le faisait horriblement souffrir, mais les douze copies étaient terminées, pliées et soigneusement rangées dans des enveloppes que Hans cacheta lui-même. Helmut les mit promptement dans sa poche en même temps que l’original, et lui intima l’ordre de se lever. Un instant plus tard, le jeune homme se retrouva saisi à la tête par deux mains de fer et vit le vampire le fixer intensément dans les yeux. Un murmure sortit de la bouche d’Helmut, qui sonna pourtant comme un ordre. Hans sentit son esprit s’engourdir, le murmure résonnant dans sa tête comme s’il le rêvait, et s’il n’était pas tenu fermement il se serait effondré. « Tu vas oublier cette lettre, ainsi que tout ce qui s’y rapporte. Elle va quitter ta mémoire, son contenu n’est déjà plus qu’un amorphe souvenir, une vague idée, une faible lueur. » La voix susurrait ces paroles sans relâche, et Hans s’aperçut qu’il se mettait petit-à-petit à les répéter inconsciemment. « Je vais oublier cette lettre, et tout ce qui s’y rapporte. » Sa propre voix était monocorde, mais cela ne l’étonna pas, tout ce qui importait était le murmure. « Elle va quitter ma mémoire, son contenu n’est déjà plus qu’un amorphe souvenir…une vague idée…une faible…lueur…. ». Sa vue se brouillait, mais les deux yeux devant lui restaient nets, puis il se sentit partir.

     À son réveil, il trouva Helmut devant lui, l’arme à la main, qui le regardait comme si ce spectacle était attendrissant et amusant à la fois. « Qu’est-ce que… ? » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’Helmut l’interrompit. « Il est à présent temps pour moi de tenir ma promesse, et de vous aider à mon tour. Dégainez votre épée. » Hans fut pris de court par la demande alors qu’il tentait de clarifier son esprit. Puis tout lui revint subitement. L’échange se services, sa dulcinée, l’aide…tirer mon épée ? Incertain de ce qu’il fallait faire, c’est d’un mouvement pataud qu’il sortit l’arme et qu’il se mit en garde. Helmut ne perdit pas de temps et commença son explication : « Voyez-vous, après observation, la jeune Brünhild Von Bauer, la demoiselle que vous convoitez, n’a d’yeux que pour les combattants. Vos occupations de fonctionnaire ne déclenchent pas chez elle le moindre sentiment aimable à votre égard. » Tout en parlant, le vampire se déplaça vers la porte et la déverrouilla. « La solution est donc fort simple : vous allez mettre en fuite un vampire après un féroce combat. »

     Hans, qui n’écoutait jusque-là que d’une oreille dubitative, écarquilla soudain les yeux. De quoi ? Mettre en fuite un vampire ? Mais par Sigmar, était-il fou ? Avant d’avoir pu répondre quoi que ce soit, le jeune homme sentit une violente douleur à l’épaule droite, puis une autre au flanc gauche, lui arrachant un glapissement aigu. Helmut venait de l’attaquer, sa lame rapide comme l’éclair ayant laissé des sillons sanglants sur sa peau. Immédiatement après, le vampire donna un coup de pied dans le bureau, l’envoyant voler à travers la pièce dans une tempête de paperasses et d’encriers. Les deux chaises subirent le même sort alors que, le visage déformé par la rage, Helmut hurlait des menaces. « VON HANSA ! TU VAS PAYER ! ». Une cavalcade eut tôt fait de se faire entendre dans le couloir, et deux gardes entrèrent, l’épée au clair, découvrant une scène apocalyptique. Hans Friedrich Von Hansa se tenait debout, l’épée dressée, menaçant un vampire, au milieu du capharnaüm qu’un œil expert aurait pu identifier comme ayant jadis été son bureau. À leur vue, la créature bondit vers la fenêtre qu’elle brisa d’un coup de coude. Regardant intensément Hans de ses yeux rouges, elle lui dit d’une voix démente : « Nous nous retrouverons, pourceau d’humain ! J’aurai ma revanche ! » L’instant d’après il avait disparu dans la nuit.

     Bondissant de toits en toits, Helmut s’estima satisfait de sa petite comédie. Au moins n’avait-il rien à craindre de ce côté-là. Il avait ses lettres, et la découverte insoupçonnée d’un second espion par un autre participant montrait à quel point son entreprise pressait. Il allait falloir jouer serré, mais le jeu en valait la chandelle. Pendant ce temps, dans son bureau dévasté, Hans Friedrich essayait toujours de comprendre ce qui s’était passé alors que la nouvelle se répandait dans la caserne.






Essen

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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Ven 9 Juin 2017 - 2:17



Oleg von Raukov, MagnanXXIII, Agilgar de Grizac et Ludwig Schwarzhelm

vous présentent





     Hrofil était énervé. Ses chevaliers étaient parmi les plus capables lorsqu'il s'agissait de charger sur un ennemi droit devant, mais pour enquêter, c'était une autre paire de manche. Le matin, pendant les demi-finales du tournoi, ils suivaient un responsable de l'entrepôt lorsqu'il les avait repéré. Ils l'avaient rattrapé mais n'avaient pas réussi à le garder assez longtemps. Ils ne savait qu'une chose : il y avait bien des exemplaires du Grand Tournoi de Manann dans l'entrepôt. Seulement, à présent, les imprimeurs étaient au courant de la surveillance du hangar.
     D'autre part, dans les registres cadastraux de la ville, ils avait découvert que le propriétaire de l'entrepôt,et en fait de tous les entrepôts de la rue, était un noble de Nuln. La cité de la culture et de l'industrie était trop loin pour poursuivre cette piste avant la fin du tournoi.

     Alors Hrofil attendait et planifiait depuis son bain.
     Au plus noir de la nuit, sept chevaliers traversèrent Altdorf au galop sur leurs grands destriers blancs. Ils arrivèrent devant la grande porte fermée de l'entrepôt. Malgré l'heure tardive, de la lumière filtrait sous la porte. C'était une grande ouverture, par laquelle une charrette pouvait entrer et sortir L'endroit était donc occupé. Les locataires semblent tenir à conserver leur caution, déduisit Hrofil. Il envoya deux chevaliers garder la porte de derrière. Sur un signe de son grand maître, un autre saisi sa hache et frappa la porte.
     - Maintenant ils savent qu'on arrive, - dit Hrofil.
     Il y avait un petit trou dans la porte. Le chevalier qui l'avait fait jeta un coup d’œil.
     - Il y a un passage large et une dizaine d'homme avec des massues au bout de dix mètres.
     - Très bien. Remontez à cheval ! - ordonna Hrofil aux trois autres chevaliers.
     Il tira son sabre enchanté et d'un coup bien net entre les deux battants de la porte, il coupa les serrures. Au moment où les trois chevaliers commençaient à charger, Hrofil et le quatrième chevalier poussèrent la porte. La surprise et la peur de voir des hommes à cheval les charger dans un lieu confiné fut néfaste aux hommes de l'entrepôt. Trois d'entre eux se poussèrent les uns les autres sans réussir à s'éloigner assez. Ils furent piétinés par les chevaux.
     Les chevaliers avaient l'ordre de faire le moins de morts possible. C'est pourquoi ils n'utilisèrent pas leurs armes. Les gantelets de plaques et la masse d'un chevalier en armure était suffisants. Surtout lorsque le chevalier en question se jette sur son adversaire depuis la selle de son cheval, ce qui eu lieu pendant que les gardes restants essayaient soit de sortir par la porte de derrière, où ils furent bien accueillis, soit par la porte de devant, où Hrofil les attendait de pied ferme.
     Il attrapa le premier par les épaules et le jeta vers une étagère remplie de bouquins. Bien plus que le choc, ce fut l'intégralité d'Une Histoire de la Province d'Averland de Ludwig von Hoss, en 22 tomes, qui assomma le pauvre homme presque aussi efficacement que s'il l'avait lue. Dans un mouvement fluide, il agrippa une caisse vide et la lança dans les pieds d'un grand homme mince qui arrivait. Celui-ci tomba et Hrofil le termina d'un bon coup de pied ferré dans la tête. Hrofil s'amusait toujours dans ce genre de combat. Au moins par nostalgie de l'époque où il détruisait des tavernes en Norsca pour des embrouilles ridicules, mais avec l'armure qui le rendait presque invincible en plus. Est-ce que la fille qui l'avait battu était capable de se battre dans une taverne, sans les armes magiques qu'elle avait forcément utilisé, vu son agilité au combat ?
     Quelques instants plus tard, les gardes, apparemment des bandits embauchés à la va-vite vu leur empressement à s’enfuir, étaient ligotés dans un coin. L'emplacement des exemplaires du livre hérétique avait été identifié, mais il y en avait au moins 500. C'était bien plus que ce que les chevaliers pouvait porter
     - On pourrait les brûler, comme les autres
     - C'est pas une bonne idée, tous le quartier est en bois.
     - Le Reik n'est pas loin, jetons-les à l'eau.
     - Si tu fais ça, je te noie avec et tu explique à Grand-Père Reik pourquoi tu le force à avaler un livre hérétique qui se moque de son chef et de lui. Non, j'ai une meilleure idée, mais il faut une charrette. Vous deux, allez voir dans la rue s'il n'y en a pas une qu'on pourrait réquisitionner. Les autres, mettez le livre hérétique dans des caisses pour le transport.

     Cinq minutes après, alors que Hrofil passait un interrogatoire et découvrait l'adresse de l'imprimeur, ils entendirent une charrette passer à l'arrière de l'entrepôt.
     - Je crois qu'on a ce que l'on cherche, à l'assaut !
     Hrofil sorti par la porte de derrière défoncée à la hache, et d'un bond fut sur le banc du conducteur de la charrette. Celui-ci, probablement un contrebandier encapuchonné, reçu un coup de gantelet en plein visage, et Hrofil senti le nez se briser. Alors qu'un templier calmait les chevaux, les trois bandits furent expulsés de la charrette et ligotés dans l'entrepôt. Hrofil ne s'intéressait pas aux produits transportés en contrebande, puisqu'il ne les volait pas. Il empruntait le moyen de transport. La marchandise de contrebande se retrouva donc sous les caisses de livres, en direction du quartier le plus pauvre d'Altdorf.
     Peu avant l'aube, Hrofil et ses templiers arrivèrent devant leur objectif : un orphelinat. Il fit chercher le directeur, qui n'opposa aucune résistance.
     - Dites-moi, vous enseignez bien les travaux manuels à vos orphelins.
     - Heu, oui...
     - Et vous ne leur apprenez pas à lire, par hasard ?
     - Non, à quoi cela leur servirait ?
     - Dans ce cas, j'ai du matériel à vous donner, c'est du papier, à condition que personne ne le lise. C'est pour votre bien que je dis ça, vous ne voudriez pas endurer la colère de Manann je pense, n'est-ce-pas ? Vous avez bien de la colle ?
     - Je vois, pour faire des décorations en papier mâché ? On leur apprends à faire des poupées et des petits meubles. C'est très généreux de votre part, le papier coûte cher ! Pour vous remercier, nous ferons faire aux enfants des chevaliers de Manann!
     Bien entendu, cette idée faisait horreur à Hrofil.
     - Non, faites plutôt des bretonniens. C'est bien plus réaliste. De plus, ainsi les enfants pourront les peindre des couleurs les plus criardes qui existent !
     Les chevaliers finissaient de décharger lorsque l'un vint parler à Hrofil.
     - Heu, chef, sous les caisses, c'est pas n'importe quoi!
     - Mais encore ?
     - Des explosifs !
     - Va chercher le guet et sécurisez la zone le temps qu'ils arrivent.

     Il fallut près d'une heure au guet pour se mobiliser et établir un périmètre de sécurité. Les chevaliers s'en allèrent donc avec le lever du soleil, inconscient de ce qu'ils avaient déclenchés...


***


     Trois hommes vêtus de noirs épiaient une scène peu commune dans les rues d’Altdorf. Des chevaliers de Mannan avaient transporté des livres dans une charrette bourrée d’explosifs pour finalement l’abandonner à l’aube. Le guet fut informé du contenu du véhicule et une demi-douzaine de soldats étaient déjà sur place attendant les démineurs nains.

     « C’est le moment de reprendre cette charrette, camarades ! - annonça l’homme au tricorne à ses collèges voleurs. On ne doit pas échouer, notre client vient de doubler la paie.
     - Mais il y a des gardes, comment vas-t-on faire, Tricorne ? - demanda le porteur du chapeau de feutre.
     - Je vais faire diversion. Quand les gardes seront occupés, toi et Encapuchonné vous sauterez sur la charrette et vous filerez à l’entrepôt des Corbeaux. Agissez vite et semez les gardes. Je vous fais confiance les gars. Cette charrette est très importante, ça fait des jours qu’on se la dispute entre bandes de voleurs, elle a dû faire le tour d’Altdorf une bonne dizaine de fois…
     - De… ? Heu, très bien, fait nous confiance Tricorne, c’est quand tu veux pour la diversion. ».

     Tricorne quitta ses camarades, se faufila entre les ruelles pour se placer derrière une montagne de planches moisies, d’ordures et de bouteilles de verre brisées, à l’abri des regards. De là, il avait une belle vue sur la charrette. Il sortit de sa grande veste une arbalète à salve que le grand chef Bicorne avait bien voulu lui confier pour cette opération. L’engin pouvait tirer trois fois avant de recharger. Tricorne prit le temps de viser et finit par toucher le buste d’un garde. Pendant que leur collègue agonisait au sol, la confusion s’empara des gardes qui cherchèrent de leurs yeux le coupable. Un deuxième carreau fut tiré mais rata ses cibles. Les gardes repérèrent la direction de l’attaque. Un troisième carreau vola et se planta dans la cuisse d’un autre garde qui hurla de douleur. Au moment où les soldats se mirent à couvert, loin de la charrette d’explosifs, deux individus firent irruption, un en capuche, l’autre portant un chapeau de feutre. Les deux voleurs sautèrent sur la charrette, levèrent le frein et fouettèrent les chevaux. Un courageux garde tenta d’attraper un voleur alors que les chevaux étaient encore au trot, mais son nez rencontra une des bottes de Chapeau-de-Feutre. À ce moment, les démineurs nains accompagnés de gardes impériaux déboulèrent d’un coin de rue. Le chariot passa devant leur nez et ils purent entendre leurs camarades crier : « Arrêtez ce chariot par Sigmar ! ». Une course poursuite s’engagea, toutes les casernes de la ville furent mises au courant, des barricades de fortune furent érigées et des cavaliers furent envoyés pour stopper le convoi, mais Ranald souriait aux voleurs qui semblaient éviter tous les pièges…


***


     Blasius était songeur. Depuis la mort de Magnan il avait légèrement changé ses objectifs. Le plan ne devait surtout pas échouer. Pour cela, Il avait promis aux voleurs une plus grande récompense. Ces incapables n’étaient pas fichus de garder une charrette d’explosifs plus d’une journée et les voilà repartis à la recherche de ces feux d’artifices... Bon, ils avaient bien eu le temps de récupérer une certaine « saucisse de Géorgie » et quelques tonnelets de poudres, mais sûrement pas de quoi faire sauter les portes d’acier renforcées de Gromril du musée. Tracassé par ses pensées, Blasius n’arrivait pas à se concentrer sur l’ouvrage Nehekharien et décida de faire un tour dans les rues. Il passa devant une caserne et vit de l’agitation. Il se permit de questionner un garde ivrogne qui lui parla d’une sombre histoire de charrette folle. « Par Ossus ! se dit Blasius, ces incapables se sont fait repérer par la garde ! ».
     Sur ces pensées, Blasius pressa le pas et se dirigea vers un immense amas de torchis et de planches, sorte de complexe de bâtiments construits maladroitement les uns sur les autres conçu pour répondre rapidement à la folle croissance démographique de la capitale. Du haut de ces escaliers,  Blasius était sûr d’avoir un aperçu des opérations. Heureusement qu’il sort rarement sans sa longue vue, un souvenir de son passage dans la marine du Nordland durant la guerre.


***


     Sire Robin finit bruyamment son petit déjeuner, une spécialité des elfes noirs, à base d'un sirop sucré. Décidément, les Druchii étaient aussi redoutables cuisiniers qu'assassins. Sa défaite l'avait laissé fourbu, et humilié (par la Dame, il était chevalier du Graal, et le dernier chevalier bretonnien du tournoi à pied !), mais au moins aurait-il dorénavant tout le loisir de s'occuper de son enquête. Autre point positif : il pouvait s'autoriser à ne pas porter d'armure pendant quelques jours, aussi avait-il opté pour un pourpoint bleu foncé, des chausses noires et des bottes confortables. Son épée et sa dague à rouelles pendaient à son ceinturon, et il portait une sacoche chargée de plusieurs flasques métalliques contenant du liquide inflammable.

     Le shérif sortit de son auberge, dans l'intention de chercher Silvère de Castagne, introuvable depuis plusieurs jours. Une certaine agitation semblait régner en ville, et un chevalier de la Reiksguard passait justement à côté de lui, une longue-vue à la main. Sa tête disait vaguement quelque chose à Robin.
     "Holà, chevalier !", appela Robin. "Que se passe-t-il ?"
     - De l'agitation en ville. Ce n'est rien, c'est sous contrôle, - lui répondit l'impérial, qui semblait pressé de se débarrasser de lui.
     - Tout de même, cela fait un grand fracas. Vous êtes sûr que vous ne voulez pas d'aide ? -
demanda Robin. Quel était le nom de ce chevalier ? Il l'avait vu concourir, au tout début du tournoi. Il s'était fait éliminer rapidement. Bilius ? Non… Blasius ? Oui, c'était cela.
     - La garde municipale et les démineurs s'en occupent, messire, - lui répondit Blasius, impatient.
     - Hum… je vois que vous tenez une longue-vue. Puis-je jeter un œil ? - demanda le shérif, dont la curiosité avait été poussée à l'extrême par la mention des démineurs.

     Blasius avait aussi reconnu Robin, et se maudissait intérieurement d'avoir mentionné les démineurs. La dernière chose dont il avait besoin, c'était qu'un chevalier du Graal shérif d'une ville lointaine aux penchants pyromanes, de surcroît propriétaire de la charrette qu'il avait fait détourner, se mêle de ses affaires. Il ne voyait pas comment se débarrasser du gêneur, cependant. Il lui vint soudain une idée : Robin était chevalier du Graal, et les chevaliers du Graal présentaient une longévité hors du commun. Peut-être qu'en devenant son ami, Sire Robin pourrait apporter des réponses à ses questions ?
     "Bien sûr, suivez-moi. Nous allons monter sur cet immeuble."


***


     Le sommet de l'immeuble offrait une vue magnifique sur la ville d'Altdorf. Les deux chevaliers n'avaient cependant pas le temps d'apprécier le paysage.  Blasius et Robin s'approchèrent du bord, et Robin eut un instant de vertige en regardant en bas. Il s'efforça de n'en laisser rien paraître, et Blasius lui tendit la longue-vue. Robin s'en empara, la pointa dans la direction d'où venait le bruit, et colla son œil devant la lentille.
     "Par la Dame ! Mais c'est ma charrette de feux d'artifices !", s'exclama le shérif. Puis, voyant la charrette faire une brusque embardée : "Aïe, aïe !
     - Puis-je voir ?", demanda Blasius.

     Robin parut ne pas entendre. Dans la longue-vue, il pouvait voir toute la scène. La charrette, conduite par un homme qui portait un grand chapeau de feutre et un autre homme encapuchonné, filait à une vitesse folle, les chevaux poussés aux limites de leur vitesse. Derrière, les gardes de la ville couraient et essayaient d'arrêter le chariot, mais se faisaient distancer, quand ils ne prenaient pas simplement un coup de massue ou de botte de la part des voleurs. Les démineurs nains, dans leur propre chariot, arrivaient à peu près à suivre, mais ne gagnaient pas de terrain.
     "Par Sigmar ! Passez-moi ma longue-vue, messire !!". Robin l'ignora encore, absorbé dans son observation.
     Un peu plus loin, certains gardes tentaient de dresser une barricade. Chapeau-de-Feutre parut s'en rendre compte, et tourna dans une rue perpendiculaire, ce qui le faisait se rapprocher de la position de Robin et Blasius. A ce moment, le shérif parut reprendre ses esprits.

     "Par l'Empereur, que se passe-t-il de si passionnant ?!!", s'emporta Blasius. Pour toute réponse, le bretonnien lui tendit sa longue-vue, puis courut vers les escaliers, qu'il descendit quatre à quatre, pour se diriger vers les écuries de son auberge. Renversant plusieurs palefreniers, il s'empara de sa selle et de sa bride, les passa à son cheval qu'il enfourcha aussitôt, et lança au galop dans la rue, dans l'intention d'intercepter la charrette. Cela n'allait pas être facile, car les voleurs étaient passés devant l'auberge lorsqu'il sellait son cheval, et ils avaient une bonne longueur d'avance sur lui à présent.

     "ARRÊTEZ CE CHARIOT ! VOUS ÊTES DANS LE VISEUR DES TIREURS D’ÉLITE DU HOCHLAND !"
     Robin leva la tête, et aperçut dans les airs un chevalier de la Reiksguard monté sur un griffon. Il tenait une espèce d'appareil magique qui semblait amplifier la puissance de sa voix.

     "RENDEZ-VOUS IMMÉDIATEMENT OU NOUS TIRERONS !"


***


     Pendant ce temps, quelque part dans le Vieux Monde…
     "WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGH !"


***


     Une troupe de théâtre de mime qui jouait dans la rue s'écarta promptement devant le passage de la charrette. A ce moment, Robin avait dépassé les démineurs nains et n'était plus qu'à une cinquantaine de pas de la charrette.

     "DERNIER AVERTISSEMENT !"

     Un coup de feu retentit, et une balle tirée en guise de sommation siffla au-dessus de Robin. Les mimes s'étaient replacés au milieu de la rue, et regardaient la charrette s'éloigner. Robin arrivait à leur hauteur, et n'eut d'autre choix que de faire sauter son cheval par-dessus. "Hors de mon chemin, stupides mimes !"

     "FEU !", ordonna le chevalier de la Reiksguard. Robin n'était plus qu'à une trentaine de pas… Des coups de feu retentirent à nouveau. Encapuchonné tomba de la charrette, dont une des roues sembla lâcher, et l'ensemble partit s'écraser dans la façade d'un bâtiment. Robin freina d'urgence, et sentit la protection magique de la Dame du Lac l'envelopper, protégeant le cavalier et sa monture de l'explosion de feux d'artifices qui s'élevaient et projetaient des étincelles dans tous les sens…


***


     Il l'avait su. Il l'avait su depuis bien trop longtemps et n'avait pas agi. Il était focalisé sur lui. Mathias n'avait qu'une chose en tête: traquer et purifier Helmut van Orsicvun. "Vampire, hérétique, au bûcher !" semblent être les seuls mots que le répurgateur eusse pu dire ou penser.

     Malgré les incommensurables blessures du combat sanglant contre Albéric de Sérignac de la Motte d’Artois, l'homme au bouc poivre-sel chercha le vampire dans toute la cité-état. L'on raconte dans la capitale que Thulmann était animé par la volonté divine de Sigmar lui-même !  
Spoiler:
     Cependant, cet Helmut était très rusé. Mathias savait pertinemment qu'il était encore en Altdorf, mais le vampire maîtrisait l'art de la dissimulation.
     L'austère personnage décida donc d'effectuer des recherches dans la bibliothèque des Templiers de  Sigmar.
     Même après quelques heures de lecture, la volonté du répurgateur restait intacte. Thulmann resta sans voix lorsqu'il vit - dans un ouvrage semblant beaucoup plus vieux que lui - l'image d'un seigneur de la nuit :
     « Je reconnais cette épée ! » - s'écria le vieil homme en scrutant ses plaies d'un air dubitatif - « Albéric de Sérignac de la Motte d’Artois, j'aurais du m'en douter !!  »

     Le répurgateur eut à peine le temps de refermer le livre que…
Spoiler:

     ... Qu'une terrible explosion fit sauter toute l'aile droite de la bibliothèque...



***



     Le réveil de certains Altdofers fut aussi bruyant que secoué. Des traits incandescents fusèrent dans toute les directions sifflant tel un cri de griffon avant de se transformer en fleurs de feux multicolores dans un dernier vacarme qu’on pouvait associer au tir d’un mortier. Le ciel de la capitale changeait de couleur toutes les secondes ce qui alerta les sorciers des collèges de magie qui tentèrent de comprendre le phénomène. Ce n’est qu’après quelques minutes de débat qu’ils arrivèrent tous à cette conclusion : c’est beau, mais ce n’est pas magique ! Les templiers de Sigmar eurent eux aussi leurs propres réflexions mais qui débouchèrent vers une toute autre explication : c’est beau, mais c’est hérétique !
     Après l’incompréhension, la peur ou l’émerveillement, tous se rendirent compte que la rue était en flammes et qu’il valait mieux se dépêcher de contenir l’incendie avant que tout le quartier y passe. Mais fort heureusement, les chevaliers de l'ordre du Griffon déambulaient déjà dans les rues pour parvenir au lieu du désastre et sécuriser au mieux l'endroit, en attendant des renforts.










***
***
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Ven 9 Juin 2017 - 14:46


DERNIERES NOUVELLES D’ALTDORF

Complot chaotique déjoué par les forces de l’ordre !


     Notre envoyé sur place, Pierre-Patrick d’Aquitaine, raconte :
     Oui, c’est un grand jour pour la lutte contre le crime !
     Une charrette remplie d’explosifs conduite par des hérétiques a explosé ce matin,
     Sans causer de dégâts majeurs !

     Sans doute initialement dirigée vers le Grand Temple de Sigmar, cette charrette faisait partie d’un
     Odieux complot fomenté par des hors-la-loi qui croupissent désormais en prison !
     Moult remerciements sont adressés aux démineurs nains qui ont déjoué l’attaque,
     Mille mercis au guet d’Altdorf et aux chevaliers du Griffon qui ont jugulé l’incendie,
     Et gloire à Karl Franz, notre empereur bien-aimé, qui a prononcé ces paroles juste après les faits :
     "Sigmar nous aura évité le pire en ce jour ! Loué soit Sigmar et nos alliés nains !"

     Certaines voix se sont élevées parmi le clergé de Verena, qui dénonce la perte de mille
     Et un ouvrages précieux, mais comme nous l’a dit l’un des illustres chevaliers sur place :
     "Ne vous fiez pas à ce qu’on raconte dans les livres ! Faites-en du papier mâché !"
     Son nom est Hrofil Halfdane, et cet homme est un héros !
     Un héros car, une fois l’incendie déclaré, il n’a pas hésité à se jeter dans le brasier, à la
     Rescousse des deux personnes présentes dans la bibliothèque d’Altdorf au moment des faits :
     Ebenezer Müller, le bibliothécaire, et Mathias Thulmann, un membre haut placé du clergé sigmarite.
     Sans aucun doute, ce jour est un grand jour, car c’est également le jour des Finales du Grand Tournoi de la Reiksguard ! N’y manquez pas !!!
 








Epreuves à pied
Douzième jour
La FINALE !

     Ce fut avec la nouvelle d’une nouvelle victoire sur le chaos que se réveillèrent les braves altdorfers et les autres résidents provenant de tout le Vieux Monde. Il fallait vivre dans la célèbre capitale pour comprendre tout le flegme dont pouvaient parfois faire preuve les citoyens : le voisinage avec des « collèges de magie » et la deuxième école d’ingénieurie de l’Empire ne pouvaient que causer des explosions intempestives et désagréables, mais auxquelles on finissait par s’habituer. Et comme cette fois-ci, la situation semblait bien sous contrôle, c’est avec un entrain sincère que tout le monde s’en alla dès le matin regarder le dernier jour du Grand Tournoi de la Reiksguard !


Prélude aux finales/acclamations des tribunes :



Rock & Roll  Rock & Roll  Rock & Roll


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Ven 9 Juin 2017 - 17:43


     Albéric de Sérignac de la Motte d’Artois (Gromdal) contre Thelma Auerbach (Oleg von Raukov)


     Pourquoi était-il ici ? Pourquoi diable était-il ici !! Pourquoi ?!! Cette simple question résonnait comme un son de cloche dans son esprit, et pourtant, il en connaissait la réponse, et pourtant, il se la posait quand-même, car, jusque là, il avait toujours pris ce tournoi comme un jeu…
     Thelma eut un frisson involontaire en apercevant son adversaire entrer dans l’arène. C’était le plus brutal, le plus indigne de tous les participants, alors-même qu’en apparence, il serait passé pour un gentilhomme n’importe où.
     Lorsqu’Albéric vrilla son regard dans le sien, cela lui parut encore plus insoutenable, et l’ingénieure préféra revérifier l’état de son fusil.

     Sur les tribunes, on n’attendait plus que le signal. Tous les regards étaient rivés sur l’affrontement imminent : qui remportera la gloire en ce jour ? Qui mordra la poussière et devra se contenter de la place du second ? Les spectateurs eurent presque le souffle coupé, car sa Majesté Impériale donna le signal…


     Albéric fonça, fonça à toute vitesse, prenant même le risque qu’une telle vélocité soit considérée comme suspecte. Des créatures pires que lui avaient déjà été fauchées par ce fusil !
     Thelma, n’eut que le temps de tirer (0T), de recharger, de tirer (0T) ; elle aurait du prendre le temps de viser, car à l’instant suivant, elle dut tenir son fusil à deux mains pour se défendre !

     Sentant ses forces le quitter par il ne savait quelle tricherie, le vampire abattit sa lame dans un arc de cercle parfaitement vertical ; ce fusil devait céder !
     Le choc fut brutal, et les tribunes poussèrent un soupir d’ébahissement en voyant l’ingénieure… le soutenir !! (Albéric (potion d’initiative : 2T, 0B)
     L’instant d’après, la lame fut habilement détournée et un terrible coup de crosse s’abattit sur la machoire du vampire… (Thelma : test de peur réussi ! 3T, 1T annulée, 1B, 1 PV !)
Elle vit son adversaire reculer de quelques pas et dégaina « Couteau à beurre » : ce nobliau n’allait pas s’en tirer comme ça ! Thelma fonça son adversaire qui paraissait ailleurs, et frappa droit sur son pectoral, enfonçant l’acier antique qui, bizarrement pour le vampire, ne lui offrit aucune protection… (Thelma : test de peur réussi ! 2T, 2B, 1 invu, 1 PV !)
     Les tribunes virent l’ingénieure frapper encore et encore, faisant voler l’armure en éclats ! L’on s’étonna immédiatement d’un tel accès de violence, qui ne correspondait guère à la jeune femme… Intérieurement, Thelma n’était pas sûre de ce qu’elle faisait : rancœur, vengeance pour tous les autres participants malmenés par le sire de Sérignac, envie de lui faire ravaler son petit sourire suffisant… Albéric, lui, ne sentait presque pas les coups.
     Il s’en fichait même pas mal.
     Il en avait assez de ce tournoi.

     Cette garce, par contre, il voulait en finir avec.

     Ils se figèrent subitement, alors qu’il y a un instant l’ingénieure faisait reculer son adversaire sans cesse ; Thelma sentit une douleur atroce dans son ventre ; baissant son regard, elle y vit l’épée du sire de Sérignac. (Albéric : 2T, 2B, 2 PV !!!).

     Comment…

     Albéric retira doucement sa lame : la blessure serait douloureuse, mais guère fatale. Voyant Thelma s’affaisser, il la soutint immédiatement.
    « Appuyez-vous sur moi, gente dame… »

Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Albyri11




Albéric de Sérignac de la Motte d'Artois :


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Ven 9 Juin 2017 - 20:30



Epreuves des joutes
Douzième jour
La FINALE !


     Cette fois-ci, il y eut seulement un murmure de stupeur et de ressentiment : le sire de Sérignac n’était guère le favori des spectateurs… Cependant, sa Majesté ordonna que des trompettes jouent un air triomphal afin de rassurer les foules : le combat avait été intense, mais vraisemblablement honorable, et le gagnant des épreuves à pied était désigné ! Le public, bien que fort secoué, observa dans une sorte de transe l’ascension du bretonnien à la tribune du Conseil, où une place spéciale lui fut dédiée. Bien que voilé de nuages, le soleil était déjà fort haut dans le ciel, mais l’administration de sa Majesté était formelle : la pause de midi serait dédiée à un festin en l’honneur des deux vainqueurs, et puisqu’aucun trouble ne s’était déclaré, il n’y avait point de raison de retarder la dernière joute.


     Katarina Snjegynka (Arken) contre Wilhelm Kruger (Arcanide Valtek)


     Katarina patientait dans les couloirs sous les tribunes, sourde à la rumeur des gradins au dehors. Toujours dans son armure de plates, elle observait distraitement sa lame posée devant elle. Elle n'avait jamais douté de sa performance, mais les derniers évènements lui laissaient un goût amer en bouche. Les mortels s'étaient bien battus, elle devait reconnaitre leur valeur. Mais cette finale vampirique... Cela n'avait plus de sens. Elle n'avait pas besoin d'un tournoi au centre d'une ville humaine pour défier l'un des siens. Surtout avec les risques que cela comportait...
     Elle releva soudain la tête. Ses doutes avaient trouvé un écho dans son esprit, sous la présence d'un sentiment de soutien indéfectible. Leur lien s'était fortifié au fil des siècles, et chaque émotion était partagée et comprise entre l'une et l'autre. Rubis entra silencieusement dans la pièce et vint poser nonchalamment sa tête sur l'épaule de Katarina.
     - Je reste avec toi, quoi qu'il advienne.
     - Tilla...
     La vampire se blottit un peu plus dans le cou de la chevalière et passa ses bras autour de son armure.
     - Je m'occupe de tout. Concentre-toi sur ton combat, et gagne. Laisse partir tes angoisses... Tout ira bien...
     Saphir ferma les yeux, soupira et détendit ses muscles. Elle laissa sa tête partir en arrière pour reposer sur l'épaule de Rubis. Elle ne savait pas ce qui la détendait le plus : l'aura d'apaisement de la vampire ou sa propre présence. Peu importait. Avec elle à ses côtés, tout devenait possible. Elles finirent par se séparer l'une de l'autre. La chevalière se leva lentement et saisit son épée fermement. Elle la rengaina d'un geste expert et prit son bouclier. Katarina échangea un dernier regard avec Tilla avant de mettre son heaume. Elles se firent un sourire timide, leurs yeux parlant à leur place. Rubis remit sa capuche, et dans un élan commun, sortirent vers l'arène.


     Lorsque les deux jouteurs apparurent sur l’arène, leur présence finit par captiver l’attention du public, et faire oublier tant bien que mal la mauvaise réputation du sire Albéric.

     Le ciel au dessus était devenu tout blanc ; la pluie allait tomber, sans doute. Katarina vit le sire Kruger enlever son heaume et mettre sa monture au trot : il se dirigeait à sa rencontre. La vampiresse en fit de même, et ils se croisèrent ainsi pour échanger brièvement un salut martial.
     Wilhelm essaya de scruter cette fière combattante pour y déceler une quelconque trace, un quelconque indice qui lui permettrait d’en savoir plus sur elle… Il fut simplement gratifié d’un léger sourire, ne voyant rien à part que la kislévite était sans doute aussi habile que lui, et que son armure luisait toujours aussi étrangement.
     Ils se séparèrent alors, Katarina songeant que ce chevalier avait tort de chercher la faille du regard. Il faudrait qu’il la trouve avec sa lance.

Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 2017_011

     Les deux jouteurs se mirent en position et remirent leurs heaumes. Leurs lances et boucliers leurs furent confiées par un écuyer de la Reiksguard, et par l’étrange écuyère encapuchonnée.
     Considérant qu’il n’y avait plus lieu d’attendre, Karl Franz donna le signal.

     Katarina chargea, Wilhelm en fit de même ; il y eut des cris et des encouragements, tous deux les ignorèrent. Puis, Wilhelm aperçut Albéric, siégeant en toute aise à la tribune du Conseil. Il le regardait et souriait de toutes ses dents.
     Cette seconde d’inattention, aussi infime fut-elle, lui coûta cher : il sentit la lance de Katarina rentrer dans son torse armuré, perforer l’armure, avant que la pointe ne se brise soudainement… Quelques instants plus tard, le sire Kruger s’était retrouvé au bout de la lice, se maudissant pour s’être une fois de plus laissé distraire… (Wilhelm : 1T annulée ; Katarina : 4T, 1T annulée, 3B, 1 svg, 2 PV !)
     Mais déjà son adversaire lui fonçait dessus, lame au clair… Serrant les dents, Wilhelm dégaina, rencontrant la kislévite par un furieux échange de politesses… Mais ses sens affaiblis le trompèrent : elle était bien plus rapide, plus habile, plus… expérimentée ?
     Lorsqu’il trouva la faille en perforant sa cuisse, la guerrière bloqua son épée avec son bouclier, faisant fi de la douleur : elle-même pointa crânement sa lame sous le heaume de son adversaire, lui faisant comprendre que si elle n’avait point retenu son bras, un coup d’estoc l’aurait achevé sur le champ (Wilhelm : 3T, 1B, 1 PV ! – Katarina : 5T, 4B, 1 svg, 3 PV !!!).
     Comprenant sa défaite, le chevalier de sang inclina légèrement sa tête, et Katarina le libéra de son emprise.


***


     Wilhelm ne s’attarda point sur l’arène : les sœurs shaléennes, qui auparavant s’étaient occupées de Thelma Auerbach, s’étaient rapprochées de lui et voulaient à tout prix le coucher sur une civière, mais, une fois qu’ils furent dans l’ombre, en dessous des tribunes, il les stupéfia toutes en délogeant la pointe de lance avec ses propres mains, et sans avoir démonté. Les larmes montaient déjà aux joues des bonnes sœurs, lorsqu’un autre chevalier se rapprocha d’elles et du chevalier de sang : cet homme-là, armé de pied en cap, avait l’expression grave, et se remarquait par sa cape blanche de laquelle émanait une douce lumière… Comme dans un rêve, les shalléennes virent les deux chevaliers échanger des mots qui les horrifièrent, puis, tous les deux les laissèrent plantées là, eux-mêmes se dirigeant vers la sortie.

     Ils traversèrent la cité sans que personne ne les arrête, aucun des rares passants ne pouvant supposer que l’un des deux chevaliers représente un danger, au contraire : il y eut quelques regards surpris, car l’armure du chevalier rouge semblait fort abimée. Le sang avait cessé de s’écouler de la blessure.

     Ils ne s’arrêtèrent que lorsqu’ils furent en rase campagne, loin de la ville. Silvère de Castagne voulait en finir : le tournoi n’avait que trop duré, et bien qu’il eût une étrange estime pour cet être maudit, il ne pouvait davantage tolérer ainsi sa présence. Wilhelm Kruger le sentait, aussi il ne tarda pas à se placer en face de son adversaire d’antan, comme ils le firent jadis en Bretonnie, sous les regards d’une foule de chevaliers, de vampires et de revenants.

     Silvère chargea et abaissa sa lance, Wilhelm en fit autant ; le vent souffla dans les hautes herbes ; un choc effroyable et une vive lumière firent s’envoler les oiseaux. Les deux chevaliers se croisèrent, tous deux indemnes. (Wilhelm : 3T, 3B, 1 svg, 2 invus !! – Silvère : 1 T annulée)
     « Quoi ! »
     Le chevalier de sang s’exclama à voix haute, car finalement, ses doutes se confirmaient : son entrainement avait payé, ou bien le sire de Castagne n’était plus le jouteur qu’il fut dans la vallée de Frugelhofen.
     Silvère venait de dégainer ; la Dame l’avait protégé contre un coup redoutable, et il était déterminé à ne pas la décevoir. Wilhelm Kruger dégaina à son tour, et les deux chevaliers se croisèrent à nouveau. Ils échangèrent des passes furieuses, mais cette fois-ci, plus rien n’était là pour distraire le vampire. Silvère eut assez d’adresse pour le blesser sous l’aisselle, mais Wilhelm frappa avec tant de puissance qu’il enfonça simplement l’armure du bretonnien. (Silvère : 3T, 3B, 2 svg, 1 PV ! – Wilhelm : 3T, 2B, 2 PV !)
     C’est fini, se dit le chevalier de sang, quand la lueur immaculée de Silvère devint aussi éclatante que le soleil…
     « C’EST FINI !!! » (Wilhelm : 4T, 4B, 3 invus, 1 PV !!!)
     La lumière s’évanouit ; Wilhelm eut frappé tellement sur le heaume de son adversaire qu’il craignit de l’avoir tué en le voyant s’affaisser lentement. Il démonta et fit immédiatement allonger Silvère, réalisant au passage que le sire de Castagne était seulement assommé.
     Il l’avait fait, il l’avait vaincu. Désormais, de nouvelles limites s’offraient à lui. Wilhelm Kruger monta lentement sur son destrier et tourna le dos à la capitale. Katarina Snjegynka… peut-être la retrouvera-t-il un jour sur son chemin.  


     Pendant ce temps, dans le palais impérial d’Altdorf où moult invités étaient conviés…
     - Sire Dangorn ! Sire Dangorn !!!
     - Martin ? Vous avez l’air de celui qui veut me dire qu’il n’y a plus de vin !
     - Pire, sire Dangorn ! Votre cousin, je ne le vois guère parmi nous !
     - Peuh, vous savez qu’il déteste les mondanités.
     - Maismaismais le chevalier vaincu, là, ce matin !! C’est Wilhelm Kruger, c’est un des engeances vampiricques du Fort de Sang !
     - Ventresaintdious ! Que l’on fasse seller mon palefroi !! Alerte, mes amis ! Mon brave cousin s’est encore fourré un pied dans de la mélasse !!!

Wilhelm Kruger :


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Sam 10 Juin 2017 - 11:07


Conclusions



     Au palais impérial, tous les participants et des dizaines d’invités de marque étaient réunis dans une grande salle garnie de longues tables prêtes à êtres servies. L’empereur allait commander que l’on apporte les entrées, quand un grand bruit se fit entendre du côté des bretonniens : il s’avéra que l’un d’eux, le sire de Castagne, était non seulement absent du banquet, mais pouvait en plus se trouver en situation périlleuse.
     La nouvelle d’un énième vampire démasqué sur le tard fit trembler de rage non seulement les sigmarites présents, mais aussi certains membres du Conseil : est-ce que cela allait se finir, à la fin ?! La discipline fut néanmoins appliquée comme de coutume, et les impériaux ne furent que peu devancés par les bretonniens aux écuries du palais. La cavalcade se dirigea vers la sortie avec grand bruit et fracas, et les chevaliers en tête furent les premiers à voir une cavalière les rejoindre dans les rues d’Altdorf : Robin Osbourne reconnut immédiatement dame Gaea, la demoiselle du Graal qui accompagnait Silvère.
     Les recherches furent alors grandement écourtées : guidés par la demoiselle, les chevaliers quittèrent promptement la cité et chevauchèrent jusqu’à arriver à un vaste pré guère loin de la Reikwald, où ils aperçurent le destrier de Silvère paître paisiblement auprès de son maître… endormi.
     Le sire Dangorn allait regretter de ne pas avoir de cruche d’eau pour le réveiller, quand on lui fit remarquer les terribles dégâts que présentait l’armure de son cousin. Une poignée de chevaliers s’en alla promptement dans un village voisin, afin d’y réquisitionner quelque charrette pour transporter le brave sire de Castagne. Ce dernier se réveilla alors qu’on l’y déplaçait.
     « Où est le sire… »
     Il ne termina pas sa phrase, réalisant que tous ces gens réunis autour de lui auraient des lors des reproches à lui faire. Heureusement pour lui, dame Gaea répondit pour tout le monde : « Il est parti, chevalier de Castagne. Nous nous sommes tous inquiétés pour vous. »
     La charrette s’était mise en route vers la capitale, solidement escortée ! Silvère dut parer mille et une questions qui pleuvaient sur lui, obligé de répondre, à son grand regret, que le chevalier vampire avait eu raison de lui. Son cousin lui servit quelques boutades bien senties, mais personne ne sembla vraiment lui en vouloir : un finaliste du Grand Tournoi de la Reiksguard était sans nul doute un adversaire inconcevablement puissant. Katarina Snjegynka, interrogée à ce sujet, se contente d’acquiescer : Wilhelm Kruger était très habile, en effet.
     Arrivés à la capitale, les chevaliers furent surpris de voir Silvère descendre lestement de la charrette pour aller retrouver son palefroi. On l’enjoignit de ne pas faire de bêtises, mais le vaillant sire se contenta de louer la Dame et les demoiselles qui la servent. Les bretonniens cherchèrent dame Gaea du regard, mais la demoiselle avait mystérieusement disparu, comme par magie, et la consternation générale fit sourire le sire de Castagne : le sire Kruger était sans doute un ennemi terrible, mais la Dame ne l’avait point abandonné. Les impériaux, quant à eux, s’accordèrent à dire que si ce n’était pas de l’hérésie, c’était quand même gonflé !


Happy


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Sam 10 Juin 2017 - 13:06

***
 
     Albéric grimaça : toute cette agitation pour ça ! Lui qui n’attendait que la réception des prix avant de reprendre sa traque… Il demeura fort discret pendant le retour au palais, et nul ne chercha à lier conversation avec lui : son air avenant ne trompait plus personne, et c’était presque à contrecoeur que sa présence était tolérée parmi tant de gens d’honneur.

     Une fois les chevaux retournés aux écuries, les armures enlevées et les tenues d’apparât remises… un nouveau trouble survint, administratif cette fois-ci.
     L’administration, en effet, n’avait pas chômé pendant les recherches du sire de Castagne : il fallait préparer les récompenses, et les papiers officiels. Or, un problème de taille se posait à eux. L’identité du troisième champion des joutes…
     « Oui, car, voyez-vous, comme vous venez de nous dire que le sire Kruger était un hérétique, que le sire Ulrich en est un également, que le commandeur Magnan (Sigmar veille sur son âme) ne peut plus prétendre à rien du tout…
     - Eh bien ?! » - s’impatienta sa Majesté impériale.
     « Eh bien… Nous avons fait les comptes, et s’il est clair que le sire Abrams mérite amplement la seconde place, la troisième place est disputées entre trois participants ayant remporté le même nombre de victoires…
     - Et ces participants sont… ?
     - Le sire Martin Delatour, le sire Hrofil Halfdane et le baron de Joli-Tonneau.
     - Eh bien !
     - Eh bien… nous sommes bien embêtés, votre Majesté…
     Quelles bande de sots, heureusement que Sigmar veille sur eux, pensa Karl Franz avant de se tourner vers l’assemblée des convives :
     « Chers amis, chers alliés, chers invités ! Pour l’heure, mangeons et reprenons des forces ! La remise des récompenses devra hélas attendre ce soir, car, comme me le font remarquer mes braves sujets, le titre de troisième champion des joutes reste disputé entre trois de nos honorables participants ! Messeigneurs Delatour, Halfdane, ainsi que le baron de Joli-Tonneau ! »
     Les trois intéressés se levèrent immédiatement de leurs sièges : qu’allait donc leur annoncer l’empereur ?
     « C’est pourquoi, - continua sa Majesté, - qu’à moins que certains d’entre vous ne désirent y renoncer, je déclare en cette après-midi l’ouverture des Petites Joutes, ou dirais-je plutôt, des Belles Joutes, afin de vous départager ! Le titre du troisième champion sera décerné à celui qui vaincra les deux autres prétendants ! »
     Albéric se flanqua une claque sur le visage : encore un délai ? Encore un foutu délai ?!!
     Les trois participants, eux, échangèrent des regards déterminés : s’ils pouvaient combattre encore une fois, pour la gloire, l’honneur et la récompense promise, ils le feraient sans hésiter.





Belles joutes
Douzième jour


     Comme cette décision avait eu lieu sans crier gare, il n’y eut point d’affiches pour avertir le bas peuple. Mais comme le cortège impérial ne pouvait guère passer inaperçu, il ne fallut guère trop de temps pour que la rumeur se répande telle une trainée de poudre, et les tribunes furent occupées petit à petit, la garde jugulant l’afflux irrégulier de spectateurs.


     Martin Delatour (Dangorn de Castagne) contre Hrofil Halfdane (Oleg von Raukov)


     4000 Karls d’or n’étaient point une petite somme, mais il fallait croire que l’argent n’était guère le principal motif des trois jouteurs qui allaient s’affronter sous les regards admiratifs du Conseil et du bon peuple. Martin Delatour et Hrofil Halfdane se saluèrent sommairement avant de se mettre en position, armés de pied en cap, déterminés à faire honneur à leurs patries et leurs divinités respectives.

     Le signal, qui ne l’écuyer, ni le grand maître ne pensaient revoir la veille, fut donné, et ils chargèrent au grand galop ! Martin apprêta son arbalète, Hrofil abaissa son trident ; le carreau d’arbalète fusa, mais rata sa cible (0T), après quoi Martin n’eut que le temps de dégainer…
     Une vive lueur surgit au moment de l’impact, causant une fois encore une vive agitation dans les tribunes bretonniennes. Les deux jouteurs, cependant, atteignirent les bouts de la lice, et le sire Dangorn vit son brave écuyer fort mal en point : une épaulière avait tout bonnement été arrachée, et trois profondes entailles parcouraient l’épaule de Martin. (Hrofil : 4T, 1T annulée, 3B, 1 invu, 2 PV ! – Martin : 4T, 1B, 1 svg).
     « Tiens bon Martiiiiiiiin !!! »
     Il fallut que l’on retienne le brave comte Dangorn, qui dans son agitation manquait de chuter des tribunes à chaque seconde.

     Chose étonnante, Hrofil vit son adversaire saluer son suzerain, alors même qu’il devait souffrir mille douleurs. Le grand amiral ne put que respecter tant de vaillance, mais chargea néanmoins en dégainant son sabre d’abordage.
     Les deux jouteurs se recroisèrent et échangèrent d’habiles passes d’armes, sans pour autant ouvrir leurs gardes respectives (Martin : 1T, 1B, 1 svg ! – Hrofil : 3T, 0B). Cependant, la perte de sang commençait à faire perdre des forces au courageux bretonnien (1T, 0B), alors que son adversaire, lui, frappa fort et juste ! (Hrofil : 2T, 1B, 1 PV !)
     Bien trop affaibli, Martin finit par concéder la victoire au chevalier aux mille coquillages.



     Hrofil Halfdane (Oleg von Raukov) contre le baron de Joli-Tonneau (Calidus5)


     Alors que les bonnes sœurs accompagnaient le brave écuyer à la sortie de l’arène, le baron de Joli-Tonneau demanda à l’administration s’il devait descendre immédiatement dans l’arène, ou si un temps de pause était prévu entre chaque combat. Le sire Dangorn, qui était juste à côté, cria sans aucune cérémonie qu’il fallait conduire la joute séance tenante, pour la Bretonnie, pour la Bretonnie et encore pour la Bretonnie ! Les fonctionaires (intimidés par tant de fougue) se tournèrent alors vers l’empereur, qui, sans cérémonie aucune, cria simplement en direction de l’arène : « Seigneur Halfdane !! Seriez-vous prêt à enchainer sur la joute suivante ?!!
     Tout le monde entendit « Qu’il y vienne !!! », ce à quoi Sa Majesté sourit avec fierté et invita le baron à y aller.

     Une fois en place, Joli-Tonneau, soupesa bien sa lance : cette fois-ci, la charge se devait d’être décisive. Le signal tant attendu arriva, et les deux chevaliers chargèrent.
     A mi-distance, la dent de dragon du chevalier du Graal s’activa, projetant un immense cône de flammes sur son adversaire ! Hrofil se protégea avec son bouclier, relique en peau de wyrm des mers, et la puissance draconique du bouclier le protégea de la puissance draconque de la lance. (10T ! 5B, 5 svg !)
     Les deux jouteurs se rencontrèrent de plein fouet, et une fois de plus, une vive lumière s’interposa ! Craignant toutefois le pire, les bretonniens tentèrent d’y voir plus clair… et virent le vaillant baron indemne, alors que le grand amiral venait d’atterrir lourdement sur le sable de l’arène, sévèrement amoché !!
     (Hrofil : 3T, 2B, 2 invus ! – le baron : 2T, 2B, 1 svg, 1 T, 1B, 0 svg, Blessures multiples : 4 PV !!!!)

     Hrofil regarda le ciel ; il avait l’impression qu’un dragon venait de lui rentrer dedans.Il fut toutefois réconforté par l’attention des sœurs shalléennes qui arrivèrent le soigner, et se dit qu’après un bon bain, il irait beaucoup mieux.



     Le baron de Joli-Tonneau (Calidus5) contre Martin Delatour (Dangorn de Castagne)


     Parmi les bretonniens, c’était la liesse générale : le baron venait enfin de montrer au monde entier ce que valait la Bretonnie en lice ! Le sire Gottlichglück, tenant du titre de second champion, s’en sentit presque éclipsé, mais juste un peu ; il se joignit bien vite aux réjouissances de ses compatriotes.

     Au grand étonnement (et pour en rajouter à l’euphorie collective), l’on vit Martin Delatour reparaitre sur les tribunes : bien qu’encore un peu pâle, il était miraculeusement indemne ! Lorsque l’on l’interrogea sur son rétablissement éclair, il se contenta de répondre que la Dame veillait sur les siens, ce qui fit sourire les deux cousins de Castagne.
     Le titre du troisième champion était toujours en jeu : le baron de Joli-Tonneau devait remporter une victoire sur l’écuyer pour y prétendre… Apprenant la nouvelle, Martin répondit crânement qu’il était prêt à affronter le baron sur le champ, afin de ne pas lui rendre les choses faciles ! Il croula sous les hourras des bretonniens, et même les impériaux, bien que réticents à encourager un estranger, saluèrent cette détermination guerrière.
     Lorsque l’on proposa une autre armure à Martin, il refusa : il avait trop l’habitude de la sienne, et une armure inconnue lui aurait certainement entravé les mouvements.

     Ce fut ainsi que chevalier du Graal et écuyer se refirent face. Fort ému, l’empereur donna le signal, et les montures partirent au galop. Se préparant au souffle ardent, Martin apprêta son bouclier, et grand bien lui en prit ! Un GIGANTESQUE cône de flammes surgit de la lance du baron, se projetant jusqu’aux tribunes et faisant roussir les cheveux de quelques bretonniens ! (12 T !! 3B, 2 svg, 1 invu !) Le carreau de l’écuyer fut simplement réduit en cendre dans le brasier (0T).
     Presque immédiatement, les jouteurs se croisèrent, la lance du baron visa juste, et le brave Martin fut expédié de sa selle ! Il sentit à peine son épée entailler le bras armé de son adversaire, puis ce fut le choc, bien qu’amorti, contre le sable de l’arène.
     (Martin : 3T, 2B, 1 invu, 1 PV ! – le baron : 3T, 3B, 2 svg ; 1T, 1B, 0 svg, Blessures Multiples : 3 PV !!!!)

     Ce fut comme si la légende resurgissait devant leurs yeux. Exubérants tel des enfants, les bretonniens dévalèrent les gradins pour aller porter les deux combattants, que ce soit à l’hospice ou à la salle des festins, mais qu’il y ait du vin, de la viande et des donzelles !! Les impériaux, également bouleversés par une telle joute, se dirent qu’ils eurent de la chance d’être venus ici en ce jour, et qu’il y aurait de quoi alimenter les discussions de taverne pendant les semaines, voire les mois à venir. Sa Majesté Impériale Karl Franz, peinant à se faire entendre dans le joyeux vacarme, proclama le baron de Joli-Tonneau troisième champion des joutes, et invita tous les participants à se rendre une fois de plus au palais, où la cérémonie des prix allait enfin de produire.



cheers



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Sam 10 Juin 2017 - 15:36




     Une grande salle avait été spécialement aménagée pour l’occasion, lumineuse et ornée d’un tel nombre de bannières que les murs étaient totalement dissimulés ! Sur deux estrades des deux côtés de la salle, un orchestre accompagna la chorale du clergé sigmarite, qui interprêta une musique solennelle, pendant laquelles les champions s’avancèrent pour recevoir leurs récompenses.







     Vainqueurs officiels des épreuves des joutes :

     1. Katarina Snjegynka (non démasquée !)
     2. Abrams Gottlichglück
     3. Le baron de Joli-Tonneau


    Vainqueurs officiels des épreuves à pied :

     1. Albéric de Sérignac de la Motte d’Artois (non démasqué !)
     2. Thelma Auerbach
     3. Robin Osbourne


     Chacun des six champions se vit offrir un coffre de taille variable, et ils y découvrirent des centaines de pièces sonnantes et trébuchantes... La chorale et l’orchestre arrivèrent à la fin de leur prestation, et Sa Majesté Impériale rappela les autres récompenses promises : les vainqueurs des épreuves à pied avaient le droit de choisir n’importe quel destrier des écuries impériales, et les vainqueurs des joutes recevaient un décret officiel, à leur nom, les autorisant à fonder un nouvel ordre de chevalerie. De plus, - rappela-t-il, - chaque champion pouvait prétendre à un office de maître d’armes au sein de la Reiksguard !
     Kurt Hellborg, Heinrich Reinhardt et Narcisse Gentevigne scrutèrent les participants avec curiosité. La parole était donnée aux vainqueurs, et toutes les personnes assemblées, de fait, attendaient impatiemment ce qu’ils pourraient bien annoncer.
     Katarina Snjegynka fut la première à s’exprimer. D’une voix claire et posée, elle prononça :
     « Je retourne combattre des démons au Kislev. Que l’on me laisse en paix, car là où je vais, j’y vais seule. »

     Un silence de mort tomba sur la grande salle. Le Conseil et les illustres seigneurs bretonniens, pris de court, entendirent alors quelques applaudissements provenir de l’assemblée. Le geste fut vite répété aux alentours, et bientôt, toute la salle résonna d’encouragements et d’acclamations diverses. Katarina salua l’assemblée et le Conseil d’un hochement de tête, souleva son coffre (qui devait peser au moins son propre poids) et s’en alla avec, franchissant la grande salle sous les regards ébahis des impériaux et des bretonniens.

     L’on sut plus tard qu’avant de quitter la ville, la guerrière fit l’acquisition d’une simple charrette en bois, à laquelle elle attela son cheval, et d’un magnifique poulain qu’elle acheta à prix d’or au Reiksmarkt. La charrette transportait le coffre d’or, la kislévite marchait auprès des deux montures, tenant les deux nobles animaux par la bride. Elle fut même acclamée à la sortie de la ville, les gardes reconnaissant l’impressionnante championne du tournoi.

***

     Abrams Gottlichglück fut plus éloquent, annonçant qu’il s’était bien amusé lors de ce tournoi, ce qui lui valut moult applaudissements de la part des bretonniens. Il déclara ensuite qu’il se considérait encore trop jeune et épris de liberté pour endosser de hautes responsabilités, et qu’il allait revenir au pays, dans l’espoir que sa gloire naissante lui vaudrait la promotion en chevalier de royaume auprès de son seigneur. Ce discours-là plut également aux illustres sires et autres chevaliers, et même les impériaux ne furent que moyennement contrits, saluant cette preuve de patriotisme et de loyauté. Le sire Abrams souleva alors son coffre d’or, parvenant, bien que fort essouflé, à le ramener vers une place libre parmi ses compatriotes.

     Le baron de Joli-Tonneau, fort enjoué, salua bien fort toutes les personnes présentes dans la salle et adressa tous ses respects au Conseil et à l’empereur. Il annonça ensuite qu’il ne savait pas encore ce qu’il allait faire avec son or, mais qu’il était certain qu’il ne rejoindrait point la Reiksguard, ni ne fonderait un ordre de chevalerie, se considérant déjà comme membre des élus de la Dame du Lac. Ne sachant plus trop quoi rajouter, il salua une deuxième fois les grands de l’Empire, avant d’aller s’asseoir avec son coffre auprès des bretonniens.

***

     Albéric de Sérignac vit les expressions des mortels se muer en grimaces lorsqu’il prit la parole, ce qui le raffermit dans son mépris pour eux. Il eut cependant assez de bon sens pour ne point adopter de ton railleur, et annonça qu’il comptait lui aussi rentrer au pays, et qu’il ne voulait guère s’embarrasser d’un nouveau cheval, considérant que le sien, bretonnien, était bien meilleur !
     Quelques poings se crispèrent, et ce fut dans un silence tendu que le chevalier quitta la grande salle avec son coffre, la tête levée haute. Comme s’il allait prendre des gants avec ces gens-là, il avait bien mieux à faire…

     Le discours de Thelma fut accueilli avec une bienveillance qui crevait les yeux, tellement l’assemblée semblait soulagée du départ d’Albéric. L’ingénieure annonça qu’elle acceptait avec plaisir de choisir une monture de la Reiksguard, sans doute bien plus docile qu’un tank à vapeur ! La boutade acheva de détendre l’ambiance, et Thelma conclut sur sa décision de continuer dans son domaine de prédilection : la création de nouvelles armes redoutables pour la gloire de l’Empire !
     Ce fut au tour des bretonniens, frileux face aux nouveautés, de tiquer, mais ils se joignirent de bonne grâce aux applaudissements chaleureux du Conseil et des impériaux.

     Robin Osbourne, se déclarant last but not least, comme ils le disaient chez lui en Albion, assura l’assemblée que lui aussi avait bien apprécié le tournoi, et qu’il avait bien l’intention d’illuminer la capitale avec ses spectacles pyrotechniques une fois la nuit venue ! Il annonça également qu’il était fort intéressé par les travaux de Thelma (moult bretonniens levèrent un sourcil dubitatif) et qu’il apprécierait grandement de visiter l’Ecole d’Ingénieurie d’Altdorf, et peut-être même, si possible, de monter dans un tank à vapeur…
     Le brave shérif finit par être applaudi également par les bretonniens et les impériaux, tout le monde ce demandant ce qu’ils pouvaient bien consommer en Albion pour produire de si étranges et joyeux énergumènes.

     Sur ces entrefaites, Karl Franz déclara la fin de la cérémonie de remise des prix, et le début imminent d’un grand bal, laissant aux participants et aux invités quelques trois heures pour apparaître dans leurs meilleurs atours !


***
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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Sam 10 Juin 2017 - 17:53



     Dans la chambre qui leur avait été attribuée dans le palais impérial, le couple Boisserands se préparait pour le bal du soir. Par la fenêtre, on pouvait contempler les derniers rayons de lumières orangés que l’astre solaire distribuait toujours en cette heure tardive.
     Tout le long de leurs préparatifs, les gisorois avaient discerné de l’activité dans les chambres alentours alors que d’autres nobles ou participants se préparaient avec ferveur dans le même temps. Apparemment, l’effervescence était déjà palpable alors que les festivités n’avaient même pas encore commencées. Ils entendaient même parfois des couples s’insurger à corps et à cris pour des broutilles. Jusque-là c’était plutôt classique avant une soirée importante, mais ces petites échauffourées firent plus sourire les Boisserands qu’autre chose. En effet, ils se souvenaient tendrement d’un temps où ils passaient par les mêmes disputes.
     Nostalgique, Eléonore, qui était en train d’arranger ses cheveux nattés, se tourna vers son mari avec un léger sourire après un énième cri indigné venant du plafond.
     « Dites donc, ces jeunes tourtereaux là-haut ont plus besoin de passer la soirée à se parler de leurs problèmes conjugaux que de se préparer à un bal.
     - N’oubliez pas que vous m’avez ignorée pendant toute une soirée il y a dix-sept ans parce que j’avais eu l’audace de vous faire une remarque sur le choix de votre robe le soir venu.
     - Il est vrai, gloussa-t-elle. Et vous vous êtes rattrapé le lendemain avec une balade dans les bois. Cela avait malheureusement dû être écourté par un raid d’hommes-bêtes, mais le moment fut agréable pour le temps qu'il avait duré. »
     Le vieux couple se mit à sourire en se lançant un de ces regards simple mais qui pourtant signifiait bien plus. Ensuite, Roland soupira longuement alors qu’à son tour des souvenirs lui revenaient par bribes. Maintenant qu’il y pensait, ils n’avaient jamais vraiment connu la « routine » que d’autres couples devaient surmonter. Leur vie était trop mouvementée pour cela. Mais malgré tout, c’était toujours ces petits détails de ce qui restait de leur quotidien qui lui amenait invariablement le sourire. Comme quoi.
   
     La gisoroise, qui avait maintenant terminée de se préparer, portait ainsi une robe simple de couleur bordeaux. Mais rien qu’avec cet atour, elle avait l’air dans son élément comme toujours. Comme si elle arrivait à transformer tout ce qu’elle portait en tenue de bal dont elle avait l’habitude de se vêtir depuis des années.
     Eléonore étudia alors son époux. Ce dernier avait décidé de garder sa cotte de mailles sur laquelle il avait passé un tabard blanc et rouge orné d’une tête de cerf. Son épée pendait à son flanc, indécrochable, l’objet et son propriétaire étant comme indissociables. Sa tenue était sobre, militaire et principalement là pour rappeler à tous son rang de chevalier du Graal. Elle était à l’image de son porteur donc. La gisoroise se fit la réflexion que pour une fois il n’avait pas pris son heaume cornu, c’était une amélioration par rapport à d’habitude.
     Voyant que son mari avait du mal à attacher un de ses gants, Eléonore s’en alla l’aider. Après quelques minutes supplémentaires pour s’assurer que tout était en place, les deux gisorois étaient prêts.
     « Tout de même Roland, dit Eléonore tout en époussetant un peu l’épaule du chevalier pour aplanir le tissu. Vous vous rendez compte que vous êtes plus lent qu’une dame quand il s’agit de vous préparer pour une soirée ?
     - Trop lent ? Ma chère, c’est vous qui êtes trop rapide. Si je ne vous connaissais point, je vous soupçonnerais d’user de magie pour vous aider dans la tâche, rétorqua Roland avec un sourire en coin. »
     Eléonore leva les yeux au ciel avec amusement devant cette remarque emplie de mauvaise foi à peine cachée.
     « Allez, plutôt que de raconter de telles sottises, nous avons à nous mettre en route. Le bal ne va pas nous attendre et je n’entends plus le couple qui était si turbulent à l’étage. Ils doivent déjà être parti. Donc, allons ! »
     Avec un petit rire, Roland présenta son bras à sa dame qui le prit avec déférence et ils quittèrent leur chambre aussitôt.


     Après quelques minutes passées à traverser couloirs éclairés du palais, le couple arriva devant la grande salle des bals. Ils furent annoncés aussitôt à l’assemblée et une bonne partie des invités levèrent leurs verres au nouveaux arrivants - surtout des bretonniens d’ailleurs.
     L’endroit était certes magnifique, mais les Boisserands ne furent pas totalement conquis par l’excès de dorure et de tissus rouges et or qui emplissaient la salle. Ils préféraient le style plus sobre et coloré affiché dans leur pays natal. Mais, comme l’orchestre jouait une balade typique de Couronne, il se sentirent un peu chez eux et cela fut suffisant pour leur faire se dire que la soirée allait être agréable en fin de compte.
     Tandis qu’ils se dirigeaient vers les seigneurs bretonniens qui leur faisaient de grands signes pour les inviter à les rejoindre près du buffet – et surtout des tonneaux de vins – Eléonore remarqua que le regard de son mari se perdait dans la foule. Elle tenta d’apercevoir à son tour l’élément qui troublait son époux, mais en vain.
     « Ne me dites pas que vous cherchez ce rustre de Sérignac ici ? De tous les endroits imaginables, c’est bien ici qu’il ne serait pas.
     - Je sais, je sais, soupira Roland. Mais je n’arrive pas à m’enlever de la tête que quelque chose cloche avec ce maudit…
     - Roland.
     - Oui pardon, ne pas m’emporter j'en conviens. »
     Eléonore resserra son étreinte sur le bras de son mari pour attirer son attention.
     « Oubliez-le. Juste pour une soirée. Il ne mérite pas que vous ruiniez vos nuits et vos loisirs à penser à lui alors qu’il se moque de vous.
     - Certes, marmonna Roland.
     - Promettez-moi d’essayer au moins.
     - D’accord, mais uniquement si vous me rassurez sur un point.
     - Lequel ? demanda Eléonore avec curiosité.
     - Vous avez bien votre dague sur vous ? »
     Eléonore s’arrêta presque de marcher en regardant Roland comme un étranger inconnu.
     « Par la Dame, Roland, vous ne me connaissez donc si peu ? … J’en ai deux sur moi, vous le savez bien, non ?
     - Dans ce cas, me voilà rassuré, répondit Roland qui avait retrouvé le sourire. Je préfère être prêt à toute éventualité.
     - Oui, je le sais, ressassa Eléonore pour taquiner son époux. Mais maintenant, nous avons une bouteille à déguster d’après ce que je vois entre les mains de nos compatriotes. »
     Le couple partit ainsi rejoindre les bretonniens en liesse sous un fond musical enjoué.

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Sam 10 Juin 2017 - 23:18

* * *


     Engoncé dans sa nouvelle armure achetée à prix d’or une heure plus tôt, Albéric contemplait les toits d’Altdorf, qui baignaient dans la douce lumière dorée d’un soleil de début de soirée. Depuis son perchoir, le vampire se morfondait.

     Dès qu’il l’avait pu, il s’était éclipsé de l’ennuyeuse célébration, quoique les regards des mortels lorsqu'il avait refusé le destrier impérial l’avaient fort amusé.
     Il avait tout de suite investi son argent dans une nouvelle armure de très bonne facture, si bonne qu’il en avait été impressionné. Les forgerons impériaux n’étaient pas à sous-estimer, finalement. Pour tout dire, son ancienne armure de plates avait été rendue définitivement inutilisable par les coups répétés de son adversaire de la matinée, à l’arme mordante… et aux amulettes impies. Car il avait senti ses forces diminuer lorsqu’il s’approchait d’elle, alors que les coups de cette dernière avaient recelé une force bien supérieure. Seule sa volonté de fer avait pu le sauver, et il savait au fond de lui-même qu’il avait frôlé la catastrophe, et même la mort, de très peu.
     Mais c’était dans ces moments que l’on se sentait vraiment vivant ! Quand la frontière de la mort se faisait si tangible qu’elle donnait l’impression d’être palpable… C’était là qu’on mesurait la véritable valeur de la vie. Et cela faisait partie du jeu, après tout le Tournoi n’interdisait pas explicitement les objets enchantés, et la demoiselle avait habilement joué avec cette règle. Il ne pouvait que la saluer pour avoir trouvé une si bonne stratégie…

     Or, Albéric aurait aimé continuer dans cette lancée et se lancer à la poursuite de son mystérieux espion. Mais il sentait qu’il ne le trouverait pas, pas maintenant.
     Il s’était arrêté devant la maison qui abritait sa proie, mais contrairement à hier, il l’avait sentie vide. Le vampire savait qu’il n’aurait trouvé personne à l’intérieur s’il était entré, à part peut-être quelques pièges magiques, destinés à de moins malins que lui.
     Non, il lui fallait attendre, attendre le retour de son adversaire, au plus profond de la nuit. Telles étaient les règles de la chasse.

     Mais que faire en attendant ? Albéric s’ennuyait, et il n’aimait pas s’ennuyer.

     Soudain, il eut une idée.


* * *


     Le bel Altdorfer, magasin de haute couture pour les nobles de la cité impériale, s’apprêtait à fermer. Derrière le comptoir, Bruno Schnedtler s’apprêtait à vider les recettes de la journée lorsqu’un jeune homme en armure entra en trombe dans son établissement et posa un coffre sur le comptoir dont le doux tintement ne put tromper le marchand. Lorsqu’il leva la tête pour regarder le propriétaire du coffre, ce dernier le regardait droit dans les yeux.
     « Donnez-moi vos plus beaux vêtements. »


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Dim 11 Juin 2017 - 12:02


     Quelques heures plutôt, alors que le soleil était encore haut dans le ciel…

     Elle avait quitté la ville sans même attendre la fin de l’ultimatum. Elle savait très bien ce qui l'attendait si elle se présentait devant la Comtesse. Elle préférait perdre le peu qu’elle avait et rester en vie. Elle devrait se cacher pour les prochaines décennies, voire les prochains siècles, mais c’était toujours mieux que les limbes. Si seulement cette idiote avait pu rester en vie, elle ne serait pas tombée en disgrâce…
     Elle s’arrêta soudain, guidée par un mauvais pressentiment. Elle avait couru une bonne partie de la journée dans les forêts de l’Empire pour s’éloigner le plus possible de la capitale. Salira avait beau être réputée pour retrouver ce qu’elle voulait, les bois restaient l’endroit privilégié pour la semer. Mais elle sentait qu’un nouveau danger la guettait. Pourtant un pâle jour s’était levé, et même si les frondaisons la gardaient à l’abri du soleil, la plupart des prédateurs étaient normalement au repos, en attendant la prochaine nuit. Peu rassurée, elle reprit sa course. Qu’importe la créature que c’était, elle pouvait sans doute la distancer, et sa dague était à portée de main.
     Elle perçut un mouvement furtif à droite. Elle tourna la tête. Trop tard. La chose venait de passer à sa gauche. L’angoisse montant, elle accéléra encore. Elle retint un accès de panique en sentant quelque chose de massif derrière elle. Elle se stoppa net en arrivant dans une clairière ombragée. Un loup noir lui faisait face. Une meute de loups ? Voilà ce qui la pourchassait ? Elle sentit un soulagement traverser tout son corps. Cette histoire l’avait mise sur les dents, elle prenait peur pour un rien… Elle sortit sa dague et fronça les sourcils. Le loup restait assis, et la regardait fixement, avec des yeux plus rouges que le sang. L’angoisse revint au triple galop. Quelle était cette… Elle ouvrit de gros yeux quand il se métamorphosa.
     - Décidément, les citadins ne savent pas se déplacer en forêt. Sais-tu sur combien de fourmilières tu as marché en venant jusqu’ici ? Combien de terriers tu as écrasés avec ta course folle ? Et le nombre de créatures dont tu as dérangé le sommeil par ta simple présence ?
     - Qu… Qui êtes-vous ?
     - Je suis assez embêtée. Je devais repartir vers le nord avec mon amie, mais ta chasse me fait faire un détour incroyable. Sans compter le retour à Altdorf… Je vais devoir courir au moins deux jours pour la rattraper. Mais bon, je serai clémente avec toi si tu ne fais pas d’histoires. Ce qui t’attend est déjà assez douloureux, je ne vais pas en rajouter.
     - Quoi ?!
     - Aller, en route, la Comtesse nous attend !
     Elle ne savait pas qui, ni comment ni pourquoi, mais cette dernière phrase acheva de la convaincre qu’elle devait fuir. Dans un geste désespéré, elle envoya sa dague directement sur l’inconnue et repartit en courant dans l’autre sens.
     Rubis esquiva sans mal la lame qui alla se planter dans l’arbre derrière elle, puis elle soupira. Elle se transforma à nouveau et la suivit tranquillement. Elle vit un volatile zigzaguer entre les branches au-dessus de la vampire avant de fondre sur elle. La proie se débattit, poussa un cri de douleur et s’effondra. Tilla reprit forme humaine et s’approcha avec nonchalance. Elle donna un morceau de viande séchée à Rabe qui s’empressa de le gober. Puis elle prit une corde et attacha tant bien que mal les mains de sa prisonnière, qui continuait de bouger dans tous les sens en l’insultant de tous les noms.
     - Je te l’avais demandé gentiment. Désolée pour tes yeux, ils finiront par se régénérer. Enfin, si tu es encore en vie dans les jours qui viennent.
     Le corbeau sur une épaule et son fardeau sur l’autre, elle repartit vers la Capitale, ses sifflements trouvant écho dans le champ des oiseaux.


***

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Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard - Page 3 Empty Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard

Dim 11 Juin 2017 - 12:46


     Le soir, alors qu'au palais d'Altdorf, les premières danses commençaient...

     Wilhelm contemplait la ville à la faveur de la nuit. Il avait encore cédé au désir de trouver un point en hauteur, et du haut de cette colline il pouvait profiter de l’étonnant aspect de la capitale impériale en cette heure nocturne, le jeu des lumières lui donnant une apparence presque irréelle. Même de si loin il pouvait encore sentir le bourdonnement constant de l’humanité qui s’activait, qui s’occupait, qui vivait. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait pareil spectacle, et à chaque fois il ressentait la même chose, un curieux mélange de mélancolie et d’exaltation, l’un parce qu’il savait qu’il ne pourrait plus jamais faire partie de ce tout, et l’autre car désormais il se savait capable d’égaler ce tout par sa seule puissance. Il savait qu’individuellement la plupart des mortels ne lui arrivaient même pas à la cheville, mais leur union avait toujours été leur force. Et quelle force, qui avait résisté à des adversaires redoutables, et quelquefois, il devait l’admettre, autrement plus puissants que lui-même.

     Mais il pouvait encore progresser, il le savait désormais, et le combat contre le sire de Castagne l’avait prouvé. Le vaillant Silvère avait été parfait, sa lance avait trouvé sa cible et sa dame avait été à ses côtés, pour de bon cette fois-ci. Les éclairs de lumières avaient fusés maintes fois lors de ses coups, mais lui, Wilhelm, avait tout de même réussi à triompher. Enfin, il avait réussi à vaincre celui qu’il avait considéré comme étant son plus grand adversaire. Ce sentiment de triomphe restait en lui comme un trophée, mais passée les premières minutes son humeur habituelle avait pris le dessus. Certes, il avait triomphé de Silvère, mais ce n’était qu’une étape de son infinie quête. Sa quête. Il sourit à cette idée. Quand on y réfléchissait, son histoire avec le chevalier ressemblait fort à celles que les bretonniens avaient l’habitude de raconter. Après tout, il avait rencontré un adversaire en apparence insurmontable, s’était entraîné sans relâches dans le but de le vaincre, et après l’avoir « par hasard » retrouvé dans un évènement similaire ils s’étaient affrontés de nouveau, l’issue du duel étant cette fois-ci inversée. Quelqu’un ne connaissant pas les protagonistes de cette histoire pourrait croire à une épreuve mise sur son chemin par la Dame du Lac, alors que c’était peut-être tout le contraire. Peut-être l’épreuve avait été pour Silvère, et peut-être pas. Mais cela lui prouvait que le chemin vers la victoire n’avait pas besoin d’une divinité pour être suivi, quelles que soient nos capacités. Wilhelm savait bien que les siennes n’étaient pas celles d’un humain normal, mais ses défis ne l’étaient pas non plus.

     Et en parlant de défis, ses pensées retournèrent vers Katarina Snjegynka. La chevalière vampire avait amplement mérité sa première place, son habileté aux armes n’étant plus à prouver. Mais il y avait plus que cela, une sorte d’implacable résolution mélangée à une sorte de mélancolie. Cette femme était complexe, mais elle avait réussi à faire la paix avec elle-même, et cette sérénité l’avait conduite à la victoire aussi sûrement que sa maîtrise de la lance et de l’épée. D’une certaine façon Wilhelm était satisfait d’avoir perdu contre une telle personne, car cela lui montrait encore un bout de chemin à parcourir. Je la vaincrai un jour, pensa-t-il, mais ce jour n’est pas arrivé. En ce jour, elle m’est totalement supérieure, et rien de ce que je peux dire ou faire ne saurait briser cet état de fait. Mais l’éternité est longue, et nous laisse tout le temps pour une revanche. À moi de mettre ce temps à profit pour parvenir à son niveau. Wilhelm réfléchit sur sa prochaine destination alors que les lunes montaient dans le ciel. Ces derniers temps il avait majoritairement été dans les terres de Bretonnnie, accomplissant des défis ordinairement réservés aux chevaliers de la quête et du graal afin de comprendre d’où venait la force de Silvère. Mais affronter Katarina allait demander une toute autre approche. D’où avait-elle dit qu’elle venait ? Ah oui, de Kislev.

     Wilhelm émit un petit rire. En y réfléchissant, l’autre grand défi de ce tournoi, à savoir le lycanthrope, semblait lui aussi venir du Nord. Le Nord, cet endroit d’où tant d’horreurs étaient originaires, et qui produisait tant de combattants aguerris comme le nouveau maître d’armes de la Reiksguard. Sa décision était donc prise.

     Tournant la bride de son cheval, Wilhelm jeta un dernier regard à Altdorf, la grande ville qui avait été son terrain de jeu et de combat ces derniers jours. Il eut une pensée pour les morts, Von Essen et Ulrich Von Stromdorf, auxquels il adressa un salut empreint de respect. Puis il lança sa monture au pas en direction du Middenland. Guerriers nordiques et créatures du chaos….me voilà !



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