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- EssenSeigneur vampire
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Palmares : Organisateur des tournois du Fort du Sang, de la Reiksguard, des Duels de Lassenburg & de la ruée vers l'Eldorado
Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mer 5 Avr 2017 - 22:08
Introduction
Ce topic n'est destiné qu'aux textes du tournoi, rédigés par le MJ ou par des contributeurs volontaires. Tous les commentaires sont les bienvenus dans la rubrique "Appel aux armes" du tournoi
Victoire !
La Fin des Temps, telle qu’elle fût prédite par les Anciens n’avait pas eu lieu. A quel prix ? Seuls les sages en avaient la complète vision.
Divisé, le Vieux Monde l’était redevenu dès que l’union eut cessé d’être de mise. Les us et les traditions furent ébranlés : certains parlaient d’un reflux du chaos, d’autres allaient même affirmer que les dieux s’en allaient tous du Vieux Monde. Les plus optimistes y voyaient même le début d’une ère de paix et de prospérité toute nouvelle. Comme ils se trompaient !
Le Vieux Monde, délaissé par son ennemi universel, était en fait sur le point de retomber dans les luttes fratricides. Dans l’Empire de Sigmar, dans le Royaume de Bretonnie, même dans les cités du Sud à peine remises des invasions skavens, les conflits mesquins entre petits et grands resurgissaient tels de mauvais souvenirs. Le Roy de Bretonnie, l’Empereur sigmarite et les princes éclairés de Tilée et d’Estalie voyaient là comme un vieux cauchemar sur le point de se reproduire, et conçurent de ne point tolérer un tel retour au… chaos ?
Ainsi fut-il que lorsqu’un grand tournoi fut proposé à la cour de l’empereur Karl Franz, ce dernier s’en empara vivement en espérant y attirer bon nombre des meilleurs guerriers du Vieux Monde. Des missives furent envoyées aux comtes électeurs et aux ordres de chevalerie : l’Empire avait besoin de chevaliers ! Des messagers portèrent la nouvelle en Bretonnie : la Reiksguard organisait un tournoi et les défenseurs de la Dame du Lac étaient cordialement invités ! La gloire promise aux vainqueurs fut vantée au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest, et les sommes promises en récompense intéresseraient même les plus riches des ducs et des princes. Ainsi fut annoncé le Grand Tournoi de la Reiksguard.
Divisé, le Vieux Monde l’était redevenu dès que l’union eut cessé d’être de mise. Les us et les traditions furent ébranlés : certains parlaient d’un reflux du chaos, d’autres allaient même affirmer que les dieux s’en allaient tous du Vieux Monde. Les plus optimistes y voyaient même le début d’une ère de paix et de prospérité toute nouvelle. Comme ils se trompaient !
Le Vieux Monde, délaissé par son ennemi universel, était en fait sur le point de retomber dans les luttes fratricides. Dans l’Empire de Sigmar, dans le Royaume de Bretonnie, même dans les cités du Sud à peine remises des invasions skavens, les conflits mesquins entre petits et grands resurgissaient tels de mauvais souvenirs. Le Roy de Bretonnie, l’Empereur sigmarite et les princes éclairés de Tilée et d’Estalie voyaient là comme un vieux cauchemar sur le point de se reproduire, et conçurent de ne point tolérer un tel retour au… chaos ?
Ainsi fut-il que lorsqu’un grand tournoi fut proposé à la cour de l’empereur Karl Franz, ce dernier s’en empara vivement en espérant y attirer bon nombre des meilleurs guerriers du Vieux Monde. Des missives furent envoyées aux comtes électeurs et aux ordres de chevalerie : l’Empire avait besoin de chevaliers ! Des messagers portèrent la nouvelle en Bretonnie : la Reiksguard organisait un tournoi et les défenseurs de la Dame du Lac étaient cordialement invités ! La gloire promise aux vainqueurs fut vantée au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest, et les sommes promises en récompense intéresseraient même les plus riches des ducs et des princes. Ainsi fut annoncé le Grand Tournoi de la Reiksguard.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Ven 7 Avr 2017 - 23:33
***
Kurt Helborg était, dirait-on, « un vieux de la vieille ». Reiksmarshall, il commandait le Grand Ordre de la Reiksguard depuis plus de deux décennies et ses exploits étaient légendaires. Ses années de bons et loyaux services lui valurent la place de proche conseiller de l’empereur, et il ne répondait de ses actes que devant Son Impériale Majesté.
En ce beau matin de printemps, le Reiksmarshall se rendait depuis ses propres quartiers au palais impérial d’Altdorf aux quartiers d’une autre personne de grand intérêt. Un court trajet, car cette personne avait son logement de fonction à la commanderie de l’ordre de la Reiksguard.
Cliquetant dans son armure de plates, Narcisse Gentevigne respira une grande bouffée d’air frais à la fenêtre qu’elle laissa ouverte. Son échauffement allait bon train, aussi elle procéda avec application à quelques étirements. A ce moment-là, on frappa à sa porte.
« Entrez ! »
Sa voix de vieille femme grincheuse était vibrante d’énergie. Kurt Helborg, casque à la main, entra dans la vaste chambre et s’arrêta net : pourquoi y avait-il, au milieu de la chambre, devant le lit, une reproduction exacte d’un carré d’entrainement ? Du sable en lieu et place du plancher, deux râteliers, un pour les armes réelles et un pour les armes en bois…
« Longue vie à l’empereur !
Le salut de la vieille halfling coupa court aux observations de Helborg.
« Longue vie à l’empire ! » - répondit-il promptement.
Décidément, le plus déroutant dans cette chambre était son occupante, la Großmeister Gentevigne.
« En quoi puis-je servir ? »
Son ton était à la fois sec et gaillard. Sa figure trapue, engoncée dans une armure sur mesure, exprimait une force physique exceptionnelle. Le Reiksmarshall prit quelques instants pour l’observer avant de répondre ; la Großmeister, de grade inférieur, ne sembla pas s’en offusquer. Tiens, elle avait une arme en main.
Narcisse Gentevigne, ou plus officiellement Großmeister Gentevigne, est l'un des membres doyens de l'ordre chevaleresque de la Reiksguard. L'une des membres serait plus exact, car la Großmeister est une femme, une halfling pour être tout à fait exact. Une halfling de quatre-vingt-deux ans, membre des chevaliers de la Reiksguard, oui.
On voit rarement la Großmeister Gentevigne sur les champs de bataille, car elle a consacré sa vie à la formation des jeunes recrues de l'ordre. Bien des nobles fils de l'Empire l'ont prise de haut en la voyant pour la première fois, mais elle leur aura vite démontré qui était le maître.
Narcisse Gentevigne pourrait être justement qualifiée de prodige. Maître d'arme, elle se tient solidement en selle et manie la lance aussi bien que l'épée. A cause de sa petite taille, toutefois, et par goût personnel, elle préfère et se montre la plus redoutable en combat à pied. Les recrues qui ont eu la chance de la voir manier son fléau d'armes favori en rêvent encore la nuit.
La Großmeister n'a jamais été mariée. Si des rumeurs courent sur une quelconque descendance, elles sont rares et n'ont jamais été prouvées. La carrière militaire occupe son quotidien depuis toujours, et ses moments perdus sont consacrés à la lecture et au jardinage, son passe-temps favori.
Le plus souvent, Narcisse apparaît vêtue de son armure de plates, qu'elle arbore pour inciter les recrues à s'y habituer pareillement. Ses cheveux grisonnants sont noués en deux courtes tresses, qui encadrent un visage carré, ridé, aux traits durs, à jamais défiguré par des balafres sur les joues, le front et le menton. Car les rares fois où la Großmeister a été au front, elle a été en première ligne, sonnant la glorieuse charge de la Reiksguard, guidant ses précieux élèves à leur premier combat.
***
C’était donc là le fameux fléau de Narcisse Gentevigne. Venait-elle de s’entrainer avec ? Le Reiksmarshall réalisa cependant que son inspection s’éternisait.
- Großmeister Gentevigne !
- Votre Excellence ?
La vieille halfling le fixait droit dans les yeux. Helborg soutint son regard sans ciller.
- Sa Majesté Impériale m’a fait part du projet qui vous a été confié. Sa Majesté Impériale m’a ordonné de vous conseiller dans votre entreprise et de vous assurer de tout mon soutien.
- Longue vie à l’empereur !
- Longue vie à l’empire. Großmeister, j’ai appris que les récompenses viendront des coffres de sa Majesté Impériale. Dois-je en conclure que les fonds nécessaires à l’organisation viendront intégralement de la Reiksguard ?
- Non, pas intégralement. Votre Excellence peut s’en assurer, les chiffres sont tous sur cette table.
Kurt Helborg se rapprocha de la table (basse) pendant que la vieille halfling lui ramenait une chaise. Elle-même prit place sur un siège à sa taille pendant que son invité déroulait les parchemins. Un long silence s’ensuivit, égayé seulement par les chants d’oiseaux qui s’entendaient par la fenêtre.
Quand le Reiksmarshall finit enfin sa lecture, il remarqua que la vieille halfling ne semblait ni ennuyée, ni distraite : elle attendait sa réponse, elle était à l’écoute.
- Vos soutiens sont nombreux, Großmeister, comment se fait-il ?
- Ce sont tous des anciens élèves, Votre Excellence.
- Hm. Remarquable. Par Sigmar, je suis même étonné.
- Sigmar sait que notre ordre n’a jamais assez de moyens ! Encore heureux que ses chevaliers s’en souviennent !
- Bien dit, par Verena. Et donc, si j’en crois cette rubrique, l’ordre n’aura surtout à fournir que du personnel (pour l’administration, la sécurité) et du matériel (étendards, lices, tentes) ? Le ravitaillement sera couvert, ainsi que les soins aux blessés ?
- Juste ! Votre Excellence voit juste !
- Ma foi, voila qui est amplement réalisable.
- Si Votre Excellence le veut, parlons-en ! Demain, j’ai mes élèves.
Ce n’était pas un ordre, mais le ton était catégorique, empreint d’autorité et de droiture. Helborg se dit qu’il n’en fallait pas moins à un Großmeister de l’élite de la chevalerie impériale. Il accepta, et ils engagèrent une longue discussion stratégique…
***
- EssenSeigneur vampire
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Jeu 13 Avr 2017 - 21:48
« Plic »
« Ploc »
« Plic »
« Ploc Plic »
« Ploc »
Au-delà des rêves, au-delà des doutes, il y avait les idées, il y avait le Plein et le Vide, il y avait le Chaos.
Il y avait une forteresse, LA forteresse.
Il y avait une pluie, LA pluie.
D’abord quelques gouttes, puis des torrents de sang se déversèrent des cieux, maculant les plaques d’airain.
C’était LA forteresse d’airain. C’était LA forteresse de KHORNE.
« Ils pensent avoir la paix !.. »
Un tremblement secoua le Vieux Monde et fit frémir les montagnes : sur son Trône de Crânes, Khorne riait, riait à pleines dents.
« Plic »
« Ploc »
« Plic »
« Ploc Plic »
« Ploc »
Au-delà des rêves, au-delà des doutes, il y avait les idées, il y avait le Plein et le Vide, il y avait le Chaos.
Il y avait un palais, LE palais.
Il y avait des fluides, LES fluides.
D’abord de simples lueurs d’humidité sur les peaux, puis des gouttes d’anticipation, puis des gerbes de plaisir. Le sol en devenait douceâtre.
C’était le sol du Palais des Plaisirs, et Slaanesh y régnait en maître.
« Ils pensent éprouver du plaisir… »
Un soupir fit manquer une syllabe à toutes les prières prononcées alors par les Hommes.
« … alors joignons nous à eux… »
Le prince de l’extase sourit au Vieux Monde.
***
Quelque part dans les catacombes de la glorieuse cité d’Altdorf…
- OK, je vois que nous sommes nombreux... L'appel ! Je vais maintenant procéder à l'appel ! Le Cercle ?
- Présents !
- La Chambre ?
- Présents !
- La Cour ?
- Présents !
- Le Jardin ?
- Présents !
- Le... Troisième couloir B, porte quatre ?!
- Présents !
- Les Illu.. muli... ...
- Illuminatis ! Présents !
- Voila, merci. Les... Curli ?!!
- Tous contre Ulric !
- Ah d'accord. Les...
*Quelques dizaines de noms tarabiscotés plus tard...*
- Bien ! Chers amis, nous cultivons tous, chacun à sa manière, la chute plus ou moins précipitée de l'Empire. Mais aujourd'hui, je voudrais souhaiter la bienvenue à nos sympathisants bretonniens ayant aimablement répondu à mon invitation. Je nommerai notamment les Hérauts du Changement...
- C'était hier !
- ... les chevaliers de l'Ordre de la Saucisse...
- Mon Foie ! Saint Vomi !
- ... les Paladins des tranchées...
- On tue à distance !
- ... et les Prétendants à la Plus Longue –
- On accepte les femmes !!
- ... Lance, merci. Vous êtes tous les bienvenus à Altdorf !
Comme vous le savez tous, la raison qui nous réunit ici est la volonté des dieux !
Il s'agit de les honorer comme jamais, en participant, au nez et à la barbe de nos ennemis, à leur grand tournoi !
- Participer comme tout le monde, ce n'est pas contraire au chaos ?
...
- Non, enfin, oui, mais comme c'est contraire au chaos, ça compte comme doublement chaotique, c'est le chaos dans le chaos, bref, voila, c'est... c'est chaotique.
...
- Si c'est pour savoir qui a la plus longue, on le sait déjà !
- Ça peut vite s'arranger !!
- L'impuissance est une maladie facile à infliger.
- La -
- SILENCE ! Par mes pouvoirs d'Elu des Dieux, dominez-vous !
- Oh oui, dominez-nous, puissant Archaon...
- Chef de guerre devenu chef de complot, le changement est... drastique...
- SILENCE ! Les dieux m'ont dit "Je Veux Un Tournoi !"
- Et pourquoi pas "nous voulons"...
...
- Parce qu'ils ne parlent jamais que pour soi-même et... OH ! ET PUIS *SPROTCH* Les dieux veulent un tournoi, me suis-je bien fait comprendre ?!!
- On a droit aux armes à feu ?
- Oui.
- Aux saucisses de Georgie ?
- Euh... Oui.
- Aux très grosses et très longues s - *SPROTCH*
- Le sale caractère n'a pas changé chez lui...
- D'autres questions ?!!
- Il y a un mot de passe ?
- Hein ?!
- Bah oui, pour le secret et tout...
- Grmbl, pas l'habitude de ça, moi...
- Très bien ! Le mot de passe de ceux qui participent sera "Pas l'habitude de ça, moi" !
- Hein ?!!!
- OK !
- C'est noté !
- Avec plaisir !
- Mais... Oh, et puis zut. Pas l'habitude de ça, moi...
***
« Plic »
« Ploc »
« Plic »
« Ploc Plic »
« Ploc »
« Pshhitt »
« Pfff »
« Crac »
« Pshhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh »
Au-delà des rêves, au-delà des doutes, il y avait les idées, il y avait le Plein et le Vide, il y avait le Chaos.
Il y avait une clepsydre, LA clepsydre.
Il y avait une définition de ce qu’est une clepsydre, LA définition de ce qu’est une clepsydre.
Pour le dieu du Changement, cette définition ne pouvait être que changeante. L’eau s’écoulait, se figeait, s’égouttait, se solidifiait, se brisait, s’évaporait, se condensait, se changeait en sang, en huile, en pus, en pétrole… Le temps ainsi mesuré n’en devenait que meilleur.
« Un tournoi ? Oui, il est temps pour un tournoi. Après, il sera temps pour un bain. »
« Plic »
« Ploc »
« Plic »
« Ploc Plic »
« Ploc »
Au-delà des rêves, au-delà des doutes, il y avait les idées, il y avait le Plein et le Vide, il y avait le Chaos.
Il y avait un corps, LE corps fragile des êtres vivants.
Il y avait du pus. LE pus. LE pus, LA morve, LES sueurs, LE sang noir, LE vomi, LES urines et LES excréments. Du Nurgle tout craché, avec LE crachat porteur de maladies.
Ah, ces mortels ! Si insouciants quand ils sont en bonne santé qu’ils sont prêts à risquer leur santé par caprice. Grand-père leur donnerait bien une leçon, mais cela fâcherait un peu trop les autres dieux, et Grand-père est avant tout quelqu’un de gentil. Il corrigera donc les mortels après leurs bêtises, car mieux vaut mourir que guérir…
Quelques mouches vrombirent joyeusement en réponse à cela.
Bouh !
Pas d'inquiétude, l'organisation du tournoi ne sera pas enrayée par ces odieuses divinités. Cet ajout d'historique vous invite, si tel est votre souhait, à présenter un ou deux de vos personnages comme étant secrètement un serviteur des Puissances de la Ruine. Les profils éligibles sont les mêmes, il s'agira simplement de signaler son allégeance dans sa description. Bien entendu, les règles de la Mascarade s'appliqueront à ces êtres malsains de la même manière qu'aux haîssables vampires...
NB : oui les vampires chaotiques peuvent exister. Les règles s'appliqueront à eux pareillement qu'aux autres.
NB bis : j'ai cité les quatre dieux principaux, mais vous pouvez vous inspirer de tous les mauvais dieux du panthéon warhammerien, pourvu que ce soit discret et mal intentionné
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Les marques du chaos font parties des belles oeuvres de Vulgotha (que je ne connais pas, mais que les dieux du chaos doivent connaître) : http://vulgotha.deviantart.com/
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mar 18 Avr 2017 - 14:02
***
Une joyeuse animosité s’était emparée du Reikland et de sa capitale : des quatre coins de l’Empire arrivaient des caravanes de victuailles solidement escortées par des soldats en uniformes ; les auberges d’Altdorf accueillaient non seulement les habituels marchands, vagabonds et autres aventuriers, mais aussi bon nombre de gens désireux de s’inscrire au Grand Tournoi de la Reiksguard. Là, ménestrels et saltimbanques trouvaient leur pain quotidien, car la route avait été longue et ennuyeuse, et les distractions de la cité étaient ardemment convoitées par bon nombre d’arrivants. D’autres nobles sires d’humeur festive buvaient déjà à leur victoire prochaine, présomption qui provoquait parfois de belles rixes de comptoir, fort heureusement réprimées par une milice avertie et bien payée.
Or, ce n’était que le début, car des seigneurs de plus hautes lignées et prestance commençaient à investir les riches demeures d’Altdorf, s’invitant chez des connaissances, voire invités eux-mêmes au palais impérial, quelquefois par Karl Franz en personne. En leur honneur, des mets succulents étaient servis lors de festins somptueux, et aux bals se succédaient des parties de chasse dans la Reikwald. L’empereur tenait à frapper un grand coup.
Un soir de bal, deux individus se retrouvèrent isolés à l’un des balcons du palais ; le premier pouvait être qualifié de colosse, le second était plutôt fin et, somme toute, d’un physique discret. Tous deux portaient des costumes sobres et élégants, à dominante noire, l’homme fin s’y ajoutant quelques détails d’un violet sombre.
L’homme fin se permit de rire à gorge déployée, comme s’il venait d’entendre la plus belle plaisanterie. Le colosse au visage carré se contenta de sourire, caressant sa barbe noire longue d’une bonne coudée. L’homme fin, cependant, était plié de rire. Les mots peinaient à lui venir, tellement il s’étouffait d’hilarité.
- Bon ! Cessez-donc céans ! – tonna enfin le colosse, visiblement soucieux de quelque chose.
- M-mes excuses, m-mille excuses, mes-sire ! C-c’est – oui – c’est plus fort que moi, je… Là, voila, je me calme, je me calme.
- Suis-je donc si risible à vos yeux ?
- Ma foi, messire von… - il vérifia que personne ne les écoutait - … messire von Stromdorf, vous êtes absolument comique. Cependant, je pense qu’ici nul ne saura vous le faire remarquer, car après tout, les barbus y sont très respectés.
- Moui, et je fais bien trois fois la taille de ces barbus à courtes pattes. Par contre, je compte sur vous pour la discrétion…
- Naturellement, messire, vous avez ma parole de chroniqueur.
- Oh ? Soit, je m’en contenterai. Et vous, sire d’Essen, venez-vous simplement profitez de toutes ces nobles dames que je vois danser tout là-bas ?
- Nenni, pas seulement.
- Pas seulement ! Ne me dites pas que vous venez participer au tournoi !
- Et pourquoi pas ?
L’homme fin était visiblement piqué au vif. Le colosse n’en fit point de manières.
- Eh bien, parce que la dernière fois…
- La dernière fois, j’étais à cheval. Nuance.
- Ha ! Vous vous croyez invincible à pied ?
- Le croyez-vous, vous ? Croyez-vous être invincible à pied ? La dernière fois…
- Dame Penthésilée s’était jetée sur mon épée ! Connaissez-vous d’autres mortels employant une telle astuce ?
- Hm… Ma foi, le sire de Saint-Ange s’était bien jeté sur ma lance… Mais passons ! Oui, je participe aux épreuves à pied. Aucune chance de m’en dédire.
- Oho, voila qui est bien parlé pour un scribe. Pour ma part, je participerai aux joutes…
L’homme fin se permit un petit sourire narquois.
- Décidément, vous ne voulez plus combattre à pied…
Le colosse parut imperturbable.
- Vous contre moi, cette nuit, au zoo impérial ?
- Euh…
- Ha ! N’osez-donc plus me railler, ou il vous en cuira !
- Nenni. J’accepte le défi, à condition bien sûr qu’il ne soit pas à mort.
- Oh ? – ce fut au tour du colosse de rire. – Joli ! Eh bien, après le bal, mon ami, après le bal, nous y allons ! Vous ferez la connaissance de mes lames jumelles !
- Après avoir goûté au sang de ces deux jumelles, là-bas, vous voyez ?
- Celles-là ? Hm… J’en doute.
- Hein ? Pourquoi donc ?
- Parce qu’elles sont déjà de notre côté du miroir…
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Sam 22 Avr 2017 - 11:47
Une douce pénombre régnait dans le hall d’entrée de la commanderie. Plus d’une dizaine de tables s’y alignaient, attendant d’être occupées par autant de membres de la Reiksguard, jeunes et vieux, tous lettrés.
Dans la grande rue à l’extérieur, l’aube se levait : artisans et boutiquiers ouvraient leurs commerces, les gardes prenaient la relève de la patrouille de nuit… Le ciel était clair et d’un bleu limpide, une brise fraiche soufflait, quelques corbeaux croassaient sur les toits pointus des maisons.
Peu à peu, la rue s’anima de paroles échangées entre voisins, clients et clientes matinales et passants isolés. Ce fut alors que de plus en plus de passants s’attardèrent près de la commanderie : c’était le vingtième jour du Sigmarzeit, et les inscriptions au Grand Tournoi de la Reiksguard allaient débuter. Parmi ces gens levés tôt, il y avait des soldats, des mercenaires… Il y avait quelques femmes, regardées avec suspicion par la plupart des hommes. Il y eut quelques piques mal adressées, puis parées avec indignation ; l’attention de tous fut détournée lorsque quelques halflings se présentèrent à leur tour devant les grandes portes. Quelques paroles condescendantes fusèrent de plus belle, mais elles furent étouffées lorsque quelqu’un rappela l’identité de l’organisateur du tournoi. Alors, les conversations s’engagèrent entre gens sans mauvaise foi, et les autres gens gardèrent leur malveillance pour plus tard. Après tout, il faisait froid, ils pouvaient râler au moins pour ça…
Une troupe d’hallebardiers arriva, se frayant fermement un chemin à travers la petite foule, annonçant clairement qu’ils étaient envoyés céans pour assurer l’ordre et la sécurité. Lorsque le sergent frappa aux grandes portes, on vint lui ouvrir, et des murmures d’appréhension parcoururent la foule : c’était la Großmeister Gentevigne en personne…
- Longue vie à l’empereur ! – salua le sergent.
- Longue vie à l’empire !
La vieille halfling balaya la foule du regard et sourit. En même temps, deux hommes de la Reiksguard ouvraient bien grandes les portes du bâtiment. Les inscriptions pouvaient commencer…
- Je vous souhaite la bienv’nue ! Entrez et présentez-vous devant une table ! Pour toute question ou revendication, faites-la recopier, j’y répondrai en temps et en heure ! Là, je repars à l’entrainement des recrues.
La foule observa béatement la Großmeister leur adresser un bref salut militaire, puis disparaitre dans l’ombre du hall. Presque immédiatement, deux rangées hérissées de hallebardes se formèrent face-à-face devant l’entrée, avertissant ainsi que toute bousculade serait sévèrement corrigée. Les premiers participants firent leur entrée dans le hall, et le gai bourdonnement des inscriptions dura sans répit pendant toute la belle matinée.
Quelque part dans les tunnels skavens sous le palais impérial…
- Eh bien ?
- Voyez donc !
Le chroniqueur de von Carstein retira théâtralement une bâche devant un Ulrich von Stromdorf intrigué. Le colossal chevalier de sang regarda, regarda encore, fronça les sourcils.
- C’est votre défaite de hier soir qui vous rend si aigri ?
- Hein ?
Von Essen dut prendre quelques instants pour décoder l’apparente désapprobation du colosse. Décidément, ils n’avaient pas les mêmes valeurs.
- Sérieusement, sire d’Essen, je sais que vous avez fait le deuil de votre honneur depuis des lustres, mais là… Etes-vous au moins sûr que ça marche ?
- Oui, j’en suis sûr. J’ai perfectionné la chose.
- Mouais… m’en direz tant, vous…
- Chevalier, oserais-je vous demander un petit service ? Un petit coup de pouce pour le transport ?
- Bah, volontiers. Rien que pour voir la tête des mortels quand ils verront « ça », par Ulric !
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Sam 22 Avr 2017 - 15:16
Le vent fit trembler les cimes des arbres, une fine couche de nuages recouvrait le ciel. Sur la route menant à Altdorf depuis le Middenland, un groupe de chevaliers s’arrêta. Ils étaient sept : six hommes et une femme, cette dernière semblant aussi à l’aise sur un destrier et en armure que ses compagnons de route masculins.
L’un des chevaliers pointa quelque chose du doigt. Les autres aperçurent alors au loin une trainée naissante de fumée noire.
- Par Ulric !!
- Par le Loup Blanc !!
Ils étaient cinq impériaux, un bretonnien et une bretonnienne. Ces deux derniers furent les premiers à éperonner leurs montures et partir au triple-galop. « Ma Dame, entendez ma prière… » - pensèrent-ils presque à l’unisson. Leurs compagnons de route furent laissés derrière, mais il n’y avait pas de temps à perdre : des innocents pouvaient être en danger. Sire Roland et dame Eleonore prièrent la Dame pour qu’elle leur accorde protection et vaillance.
Au bout de quelques minutes, des bruits de bataille parvinrent à leurs oreilles ; au bout de quelques minutes encore, ils virent au loin une palissade de bois, éventrée… Soudain, chevalier et chevalière distinguèrent parmi les cris des braiements semblables à ceux de bêtes. Dame Eleonore vit son époux dégainer, et elle sut alors que son visage n’était plus qu’un rictus de haine sans nom. Roland de Boisserand, chevalier du Graal, fut jadis la terreur des hommes-bêtes de la Forêt d’Arden.
« POUR LA DAAAME !!! »
Les débris de la palissade furent enjambés sans peine ; à l’intérieur, les chaumières brûlaient, des morts partout, des créatures cornues et velues à foison. Ils débusquaient des survivants.
Le sire de Boisserand hurla quelque chose d’apparemment inintelligible, mais avec un formidable effet : tous les cornus se tournèrent vers sa femme et lui, leurs yeux injectés de sang, oubliant tout dessein de pillage. Le chevalier venait de les insulter de la pire manière qu’un homme-bête pouvait concevoir…
Lorsque la compagnie du Loup Blanc déboula à son tour dans le village, elle surprit les créatures en plein combat contre le couple bretonnien. Incapables de faire face à la fureur du chevalier, incapables de le prendre à revers à cause de son épouse, les cornus furent définitivement brisés lorsque les lourdes haches des impériaux s’abattirent sur eux. Leur débandade fut tellement rapide qu’une bonne dizaine parvint à leur échapper et atteindre les bois.
« VOUS N’ETES PAS A L’ ABRI !! »
Maculé de sang du cimier jusqu’aux bottes, le chevalier du Graal était sur le point de les prendre en chasse, quand dame Eleonore lui barra la route :
- Roland ! Il y a des villageois à secourir, là !
- Place ! Place !!!
- Roland ! Rappelle-toi de tes vœux !
Le sire de Boisserand se figea, se vit contraint de serrer la bride de sa monture échaudée, la retint. Le feu qui couvait dans son regard venait de s’éteindre.
Dame Eleonore démonta immédiatement et lança un appel. Les chaumières continuaient de brûler, il pouvait encore y avoir des gens… Son époux, devenu silencieux, lui emboita le pas, alors que les chevaliers d’Ulric se dispersaient à leur tour pour vérifier chaque habitation.
Au bout de quelques dangereuses recherches et de périlleuses interventions, une vingtaine de survivants observaient leurs sauveurs avec ébahissement. Les impériaux étaient des chevaliers vêtus de capes de fourrures, barbus et portant de lourdes haches de combat. Les bretonniens, l’homme comme la femme, portaient des couleurs rouges et blanches, l’écu de l’homme étant orné d’une tête de cerf blanche sur fond rouge. Son cimier était orné de bois de cerf et d’une plume blanche, son épée semblait briller d’une lueur étrangère à celle du soleil. La femme, elle, portait une cotte de mailles scintillantes ; elle semblait avoir la quarantaine, ses cheveux étaient attachés en chignon, dans son dos se trouvait une épée longue d’au moins trois coudées.
- Vous devriez venir avec nous, - leur dit-elle. – Les bêtes risquent de revenir et vous êtes sans défense.
- Où irons-nous ?
La plupart des femmes étaient en larmes, leurs enfants aussi. Trois hommes avaient également survécu, le plus jeune était blessé à la cuisse. La garnison du village avait été submergée.
- A Altdorf. Mon époux et moi nous rendons à un tournoi qui aura lieu là-bas, ces nobles sires que voila également.
Après quelques conciliabules, les villageois acceptèrent d’être escortés et s’en allèrent récupérer ce qui restait de leurs biens. Les chevaliers, eux, s’occupèrent de réunir les corps des victimes pour les brûler : les enterrer aurait pris trop de temps, et rester la nuit aurait été trop dangereux.
Roland de Boisserand, ruminant de sombres pensées, passa près du cadavre d’un imposant minotaure. Ivre de rage, il n’avait guère remarqué la bête lui foncer dessus, mais, grâce soit rendue à la Dame, son épouse maniait adroitement l’espadon.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Dim 23 Avr 2017 - 10:18
Quelque part dans les Montagnes Grises, un pégase sauvage qui passait par là assistait à une scène peu commune : un chevalier, tout de rouge vêtu, chargeait comme un imbécile trois trolls de pierre qui pique-niquaient. Juste avant l'impact, un souffle enflammé enveloppa les innocentes créatures, les privant de leurs pouvoirs de régénération exceptionnelle. Le premier troll mourut sur le coup, transpercé par la lance du cavalier. Le second était trop occupé à ronger un os pour faire attention à ce qui se passait à côté de lui. Le troisième se demanda quel goût pouvait avoir cet étrange crustacé terrestre. Le chevalier, occupé à dégager sa lance, donna un coup de bouclier dans la figure du troll trop entreprenant. C'est alors que l'on entendit dans tout la vallée : "MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE !!!"
Le soir-même, sur les routes de l'empire, le baron de Joli-Tonneau s'apitoyait sur son sort :
- Mangé ! Ce rustre a tout simplement mangé mon écu !
- Si vous ne lui aviez pas dit : "Tiens, mange ça !" lorsque vous l'avez frappé de votre écu, il ne vous aurait pas pris à la lettre, - répondit Jacques, son fidèle pisteur et homme de main. - Vous savez combien les trolls sont des esprits simples.
- Si tu n'avais pas dit : "Tiens ! Des trolls sont passés par là..." lorsque nous traversions la passe, je n'aurais pas été tenu par mon serment d'aller les affronter !
- Déformation professionnelle mon seigneur. - Jacques essaya de détourner la conversation. - Au fait, pensez-vous que le sire de Vigne-Bleu soit déjà arrivé à Altdorf ?
- Avec son hippogriffe, c'est fort probable. C'est sympa de sa part de venir me supporter.
Dans la zone aérienne du Reikland...
Cela faisait près d'une heure que le baron de Vigne-Bleu survolait le camp du tournoi. Il n'y comprenait rien ! Il y avait bien une zone marquée d'un "P" pour l'atterrissage des pégases et autres P.M.V. (Petite Monture Volante), mais ou était donc la piste marquée d'un "H" pour les hippogriffes et autres G.M.V. ? Il avait survolé tout le camp sans la trouver. Et puis il y avait cette grande zone marquée d'un grand "G". G... qu'est-ce que ça voulait bien dire... ?
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mer 26 Avr 2017 - 10:11
- Une petite gens, voici qui n'est point courant.
- Il ne s'en trouve pas en Bretonnie ?
Quittant du regard la halfling qui disparaissait dans un couloir de la commanderie, le grand chevalier tout en armure baissa les yeux jusqu'à la jeune femme qui les accompagnait, restant près d'eux dans la foule. Toutefois, si nombreux était les participants à se toiser du regard ou jouer des mécaniques, pas un ne venait se frotter à l'étranger haut de stature.
- Je n'ai guère eu le loisir d'en croiser, c'est tout ce que je puis affirmer, - concéda-t-il.
- Probablement la Gentevigne... - supposa leur compagnon sans même y jeter un regard.
Mains dans les poches, son allure était à l'inverse du chevalier. Il dissimulait son visage dans l'ombre d'un capuchon par-dessus sa tenue impériale quand le premier se tenait bien droit, casque sous le bras.
- Cela va aller Jürger ? - s’inquiéta-t-elle en remarquant sa mine voutée comme de coutume. - Nous sommes bientôt à l'intérieur, tu pourras...
Elle s'interrompit toutefois en devinant sa grimace dans l'ombre. Sa mine radieuse se voilà. Lui avait-elle de nouveau fait de la peine ? Elle qui ne souhaitait que son bonheur...
Son trouble passa rapidement comme la poigne du Bretonnien venait enserrer son épaule. Il lui adressa un sourire apaisant. Leur camarade lui causait du tracas, mais tout deux savait qu'il n'était pas fruste à dessein envers la ménestrel. Chacun devait vivre avec ses démons.
- Shannon, je ne suis pas familier des tournois impériaux, mais suite à Gravenburg ne devrions-nous pas bénéficier d'un traitement de faveur ? - interrogea-t-il.
- Je ne pense pas, malheureusement...
Tout trois durent donc attendre leur tour, la file serpentant entre plusieurs hallebardiers jusqu'aux tables d'inscription de la commanderie. Lorsqu'ils furent à l'intérieur, le garçon se redressa et quitta enfin son capuchon, libérant des mèches de cheveux bruns clairsemés de blanc. Derrière sa barbe elle aussi ponctuée de blanc, son expression demeurait au mieux maussade.
- Pourquoi sommes-nous là, rappelle le moi... - maugréa-t-il en croisant les bras, révélant ses mains à la peau aussi blafarde que son visage.
- Pour passer le temps, nous amuser, offrir à notre amie de quoi noircir quelques feuilles... - énuméra le Bretonnien avec entrain. - Bien le bonjour ! - enchaina-t-il à l'adresse du greffier.
- Nom, Provenance, Discipline, - répondit un brave visiblement aussi motivé que leur ami.
- Dagan d'Aquitanie, - répliqua-il sans se laisser démonter. - Je viens participer aux Joutes.
- Trèèès bien, tenez. Vous présenterez ceci pour accéder aux épreuves lorsque l'on vous appellera. Suiv...
Son regard se posa sur Jürger. Et plus particulièrement sur sa peau d’albâtre, ses cheveux et sa barbe visiblement teintés. Et sur ses yeux rouges sombre.
- Vous...
- Jürger Friedwald, - lâcha-t-il en toisant son interlocuteur. - Tournoi à pied.
L'autre cligna plusieurs fois des yeux. Puis secoua la tête, son expression passant de la stupeur à agressivité, puis une lueur éclaira son regard avant de revenir à la stupeur en étudiant plus attentivement le blason de Dagan : un griffon noir sur fond écarlate, apostrophé d'une rose.
- Jürger Friedwald... - répéta-t-il. - LE Jürger Friedwald ? Le soldat maudit de Mörlenfurt ? Et LE Dagan de...
- Décorés à Castle Gravenburg, oui ! - s'emporta-t-il un instant. - Je peux avoir ce fichu bout de papier ou je dois attendre que tu le gueules à travers toute la ville ?
A peine eut-il son document qu'il tourna les talons en fulminant, bousculant les autres candidats parfois bien mieux charpentés que lui.
Dagan et Shannon échangèrent un regard, haussant les épaules. Qu'y pouvaient-ils ?
- La bonne nouvelle dans tout cela, - déclara Dagan comme ils sortaient derrière leur compagnon taciturne, c'est que nous avons la preuve que ton Soupir des Monts Gris à atteint la capitale.
Le rire sincère de la jeune femme résonna un instant dans l'entrée de la commanderie. Même Jürger pivota un instant. Et Dagan aurait juré l'apercevoir esquisser un sourire dans l'ombre de son capuchon.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mer 26 Avr 2017 - 11:15
Quelque part en noble terre bretonnienne...
Léonard était en ville. Il aurait bien voulu prendre une bonne chopine après avoir chassé le fantôme de la maison de sa grand mère. Mais voilà, un chevalier du Graal (même celui-là) ne passe jamais inaperçu. Et très vite les gens se précipitent sur lui pour le toucher, lui demander sa grâce et tenter d’obtenir un souvenir de lui…
Soudain, il aperçut une lueur par les vitraux de la chapelle toute proche. Il connaissait trop bien ce phénomène précédant les apparitions de la Dame du Lac. Et l’occasion était trop belle de se soustraire enfin aux badauds qu’il trouvait par certains points trop envahissants.
Dans le petit sanctuaire, Léonard poussa la porte qui ne grinça pas. Silencieusement il s’avança dans la nef pour chercher celle qu'il connaissait bien.
Nawenn était là, devant un plateau en or si lisse qu’il lui servait de miroir pour remettre sa coiffure.
Quand elle aperçut Léo, elle se remit en position d’apparition comme si de rien n’était.
Léo se demandait si c’était le jeu de lumière de chandelles et des vitraux ou bien si les voiles de la Dame étaient totalement transparents ?
« - Léo, tu aides ta grand-mère à chasser des fantômes ?... Sérieusement ?
- Ben quoi… Je suis le seul qui arrive à les toucher…
- Ouais … C’est sûr, tu me diras que c’est mieux que d’être copain avec un vampire… Bref ! Il y va y avoir un tournoi à Aldorf, j’ai besoin qu’on y aille… Donc tu va t’y inscrire.
- Ha non, pas encore un tournoi ! J’aime pas ça moi, à ça chaque fois je me fais rétamer… J’en ai marre de me faire humilier…
- J’ai fait de la divination, et en tant Déesse des chevaliers je peux te dire qu’on ira là-bas, pas de discussion, allez hop ! »
Nawenn prit la main de Léo (encore tout en armure après avoir chassé un fantôme), fit un claquement de doigt et…
"Pouf !"
Ils disparurent ne laissant derrière eux que des petites étincelles et des villageois déçus de ne pas revoir leur super star.
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A Altdorf, dans la foule à l'entrée du hall des inscriptions...
Peu de monde pouvait savoir ce par quoi Aliénor était passée. Même sa bienfaitrice Dame Yolande, qui avait pourtant financé son nouvel équipement, n’en n’avait eu qu’une brève version et peut-être que tous cela mériterait d’être enluminé une prochaine fois…
Mais aujourd’hui, Aliénor était une jeune femme qui c’était construite ! Elle avait prouvé sa force, mais le monde des hommes était toujours aussi hostile à des femmes chevaliers… Alors quand elle avait enfin l’occasion de prouver ouvertement qui elle était et en plus avec l’approbation de sa mécène, Aliénor fonça !
- Note du MJ :
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Jeu 27 Avr 2017 - 0:10
Les marques de la guerre toute récente étaient encore bien présentes dans l’auberge, et l’on pouvait distinguer, sous le plafond aux poutres de bois neuves, la pierre calcinée des murs sur lesquels l’établissement s’était reconstruit. Malgré cela, une ambiance chaleureuse régnait dans l’auberge, un feu de cheminée répandant une douce lumière ambrée dans l’ensemble de la grande pièce, et les voix basses des quelques buveurs résonnaient avec allégresse.
Les longues tables n’étaient que peu occupées, et les quelques clients s’étaient répartis en petits groupes qui parlaient discrètement dans leur coin, et une jeune serveuse, probablement la fille de l’aubergiste qui lui restait derrière son comptoir, louvoyait entre les tables en les approvisionnant en boissons alcoolisées.
Le groupe le plus nombreux parlait plus fort que les autres : une demi-douzaine de gens des environs, fermiers, chasseurs et bûcherons, s’étaient regroupés autour d’un soldat à la forte carrure et buvaient ses paroles, qu’il éructait avec véhémence.
Le soldat lui-même n’était plus de première jeunesse, et son visage à la barbe hirsute, ses traits burinés parsemés de cicatrices, laissaient effectivement voir son héritage martial. Son armure avait également passé son heure de gloire, et l’acier terni était couvert de coups. L’une de ses mains reposait négligemment sur son épée, tandis que l’autre agrémentait ses récits de grands gestes énergétiques.
Il allait se lancer dans une anecdote sur ses combats dans les Montagnes Grises contre des hommes-rats, lorsqu’un nouveau venu entra dans l’auberge.
C’était un beau jeune homme, et tous les regards se tournèrent vers lui à son entrée. Il ne devait être entré dans l’âge adulte que depuis quelques années, et montrait un port altier et au visage noble, nez et menton droits, encadré de cheveux noirs de jais coupés courts, mais quelques peu ébouriffés. Une longue cape de voyage le recouvrait de la tête au pied, et il inclina légèrement la tête en lançant un salut d’une voix claire.
« Bien le bonsoir, nobles dames et bonnes gens. »
Bien que le phrasé de son Reikspiel fût impeccable, son accent était immanquablement bretonnien. Pourtant, de façon assez étonnante pour un chevalier de Bretonnie, le peu que sa cape révélait de son armure était celle d’une armure de plate, qui semblait d’ailleurs avoir connu des jours meilleurs. Car si la peinture rouge écaillée était toujours visible, elle était réduite à l’état de taches éparses, chassées par les nombres traces de coups qu’avait subi l’acier terni par l’âge.
Adressant un grand sourire à l’assemblée, il alla s’assoir à un coin de table, le dos au mur et bien éloigné de la lumière de l’âtre. La fille de l’aubergiste, peu insensible au charme du jeune homme, s’approcha prestement de lui et tenta de lui faire son plus beau sourire en lui demandant ce qu’il souhaitait commander, mais ce fut tout s’il lui accorda un seul regard lorsqu’il lui demanda un verre d’un vin quelconque.
Une fois la jeune femme repartie, tous se désintéressèrent du nouveau venu et retournèrent à leurs discussions animées. En particulier, on entendit l’un des admirateurs du vieux soldat lui demander :
« Alors, tu vas vraiment participer à c’tournoi ?
— Pour sûr, lui répondit ce dernier avec un sourire arrogant. J’m’en vais te remettre tous ces fils de nobliaux à Altdorf à leur place ! J’suis sûr que quand j’étais dans les Montagnes à combattre les hommes-rats, ils se terraient dans leurs caves devant l’arrivée des armées du Chaos… » Il jeta un regard entendu à ses interlocuteurs : « Ils doivent pas valoir grand-chose, j’te parie que je pourrais tous les prendre dans la lice un par un et quand même gagner ! Les vrais hommes, c’est pas la fortune et les belles armures qui les faits.
— Ha ! Ça c’est sûr ! » fit un des interlocuteurs, et tout le monde éclata de rire à ces mots.
Parmi les rires gras qui fusaient, il fut difficile d’entendre le petit rire amusé du nouveau venu, et dans la pénombre où il siégeait, il était difficile de voir son expression. Peut-être le vieux soldat perçut quelque chose émanant de ce mystérieux voyageur, car il lui jeta un regard mauvais, mais détourna bien vite le regard, feignant l’indifférence.
Quelques heures plus tard, le vétéran marchait précipitamment sous le feuillage sombre, la lumière de la lune blafarde bordant les rares trouées d’un halo bleuté. De temps à autre, il regardait derrière lui, d’un air inquiet. Il aurait peut-être mieux fait de rester dans l’auberge pour le restant de la nuit. Là au moins, il avait eu un auditoire admiratif, si l’on omettait l’arrogant petit bretonnien, et il y avait un âtre chaleureux. Surtout il y aurait été bien plus en sécurité.
Car même après la dissolution des armées du Chaos à la fin de la Grande Guerre il y avait déjà quelques années, les hommes-bêtes rodaient toujours en grands nombres dans les coins sombres de l’Empire, et les abords des Montagnes Grises n’étaient pas exempt de ces abjectes créatures.
Il aurait du rester, quitte à vider sa bourse et se priver de boisson par la suite de son périple...
Ainsi, la main refermée sur la crosse de son pistolet, le vieux soldat scrutait nerveusement les ténèbres entre les arbres au moindre pas. Aussi se retourna-t-il au quart de tour lorsque jaillit soudainement une voix claire derrière lui :
« Dites-moi mon brave, vous pourriez me parler un peu plus de cet étrange tournoi ? »
* * *
Au cours de cette même nuit, à Altdorf, bien loin des étranges rencontres nocturnes...
« Donnez-moi votre nom, provenance et discipline, s’il-vous-plaît. » fit un jeune greffier, vêtu de vêtements à la dernière mode d’Altdorf, qui tenait le poste des inscriptions. Celles-ci commençant à l'heure militaire, il s'était levé tôt, mais n'avait jamais digéré cette contrainte. L’air blasé, il leva à peine les yeux sur l’arrivant qui lui répondit :
« Ivan Niedovsky, de Zhedevka. » la voix étonnamment grave aux accents roulants était, sans aucun doute, aux accents kislévites et, étonné, le greffier leva les yeux sur ce qui se révélait être un grand homme sec, au visage émacié et âgé, aux cheveux longs et aux longues moustaches encadrant une courte barbe. Il était long et fin, et on avait peine à croire qu’un tel homme pouvait avoir une voix aussi grave. Il portait une étrange brigandine, les plaques de métal étant laissées apparentes sur la veste de cuir, et dans son dos, on distinguait deux sabres dont les manches dépassaient de derrière ses épaules. Mais la dureté de son visage indiquait que s’il était fin et élancé, il l’était à l’image de ses sabres, et probablement tout aussi aiguisé. « Je viens pour participer aux joutes » ajouta-t-il.
Nullement impressionné, le greffier inscrivit négligemment le nom et la provenance sur le registre correspondant, et gratifia le vieux kislévite d’un vague mouvement de main.
« C’est bon, vous pouvez circulez. Suivant ! »
Mais l’homme ne bougea pas et, au contraire, se pencha en avant pour s’adresser au scribe d’un ton bas :
« Excusez-moi de vous déranger, mais pourriez-vous m’indiquer l’adresse de quelque auberge de bonne compagnie ? C’est la première fois que j’arpente les rues de cette ville et je m’y trouve un peu perdu… »
Le scribe allait congédier le kislévite une seconde fois, et un soupir allait s’échapper de sa bouche lorsqu’il tomba sur la mine véritablement contrite du vieux guerrier. Voyant que l’homme était bien dans l’embarras, il se ravisa au dernier instant.
« Prenez la deuxième rue à droite en sortant de cet établissement, vous y trouverez une petite place sur laquelle donnent quelques auberges d’ordinaire tranquilles, c’est tout ce que je peux faire pour vous. »
Le kislévite s’inclina bien bas, l’air profondément satisfait.
« Je vous suis bien reconnaissant, merci pour votre aide. Que le restant de cette journée vous soit agréable ! »
Distraitement, le scribe regarda l’étrange vieil homme disparaître dans la foule. Puis, il retourna son regard sur la file de participants qui s’étendait devant lui et reprit son air blasé.
« Suivant ! »
* * *
Négligemment adossé à un tronc d’arbre, le jeune bretonnien en armure de plate inspectait distraitement, à la lumière de la lune, le pistolet qu’il tenait entre ses mains.
« Je vous trouve bien impulsif pour un vétéran, dites-moi. Si je n’avais pas été assez rapide, vous m’auriez rajouté encore une marque sur mon armure avec cette chose. Ne voyez-donc pas à quel point elle a déjà souffert ? Faites plus attention dans l’avenir, hein ?
« Et puis, je vous trouve bien prétentieux pour un simple soldat, tout vétéran que vous êtes. L’arrogance est un pêché. Non vraiment, il ne fait pas bon d’être arrogant. Il y aura toujours quelqu’un de plus fort que vous pour vous la faire ravaler.
« Et ce n’est pas bien de mentir, vous savez ! Je suis sûr que c’était vous qui vous terriez dans les montagnes pendant que les nobles d’Altdorf se démenaient pour sauver leur ville. Bon, je ne dis pas que tous étaient des braves, mais ce n’est pas le genre de ces membres de la Reiksguard qui organisent ce fameux tournois de se terrer dans leurs caves, et je suis sûr que vous ne valez pas la moitié de n’importe lequel d’entre eux. C’est pour ça que je suis venu pour vous donner cette petite leçon, ce n’est pas raconter ce genre de mensonge qui vous fera gagner le tournoi !
« Mais bon, j’imagine que cela vous laisse un peu froid maintenant. Pourtant, je voulais juste parler un petit peu plus du tournoi… Enfin, je ne dis pas que je ne vous aurais pas affronté de toute manière, car je déteste les personnes dans votre genre qui parlent de choses dont elles ne savent absolument rien, mais vous là, m’avez forcé la main. »
« Ha, cela faisait longtemps que je n’avais pas eu à me défouler sur quelqu’un. »
« Haha. »
« Enfin, je pense que je vais vous laisser là, Altdorf n’est pas la porte à côté et je détesterais arriver en retard pour les inscriptions…. Je suppose que je dois vous remercier pour m’avoir fait découvrir ce fabuleux évènement. J’espère que vous ne m’en voudrez pas si je garde votre pistolet en guise de souvenir de notre rencontre ? J’avoue détester profondément l’usage de ces armes grossières, mais cela ne fera pas de mal de rendre à ces impériaux un peu de la monnaie de leur pièce sur leur propre terrain. C’était un plaisir de faire votre connaissance. Au revoir ! »
Avec un petit salut de la main, le jeune homme s’éloigna d’un pas enjoué.
Affalé contre un arbre, le cadavre du vétéran le regarda disparaître sur la route de ses yeux aveugles.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Lun 1 Mai 2017 - 17:30
Au fil des jours, de moins en moins de monde se présenta dans le hall de la commanderie. Les principaux intéressés de la cité d'Altdorf étaient inscrits, et se comptaient par dizaines. Depuis, de nouveaux participants venaient s'ajouter au compte-goutte, et l'administration du tournoi eut judicieusement pris la décision de réduire le nombre de greffiers à un.
Hans Friedrich von Hansa était un jeune fonctionnaire, fils d'une riche famille de Marienburg, mais envoyé à Altdorf pour des raisons... familiales. Les personnes qui le voyaient dans le hall voyaient un jeune homme frêle et... triste, mais qui s'efforçait à remplir ses fonctions honorablement.
Un jour pluvieux, toute trace de tristesse s'effaça de son regard pour laisser place à l'étonnement : un chevalier des plus remarquables venait de faire son entrée... en se baissant pour ne pas se cogner la tête contre le passage d'entrée !
Vêtu d'une armure rutilante, le chevalier - était-ce vraiment un chevalier, d'ailleurs ? - arborait une longue barbe touffue. Lorsqu'il s'approcha de la table, sa masse imposante fit involontairement reculer le jeune homme, partagé entre peur et fascination.
- Hrofil Halfdane, grand amiral des Fils de Manann !
Sa voix forte et rocailleuse fit frémir Hans, qui retrouva tant bien que mal sa plume et se prépara à écrire :
- Bien le bonjour, sire Half-dane ! Pour quelle épreuve venez-vous vous inscrire ?
A ce moment-là, il aperçut dans la barbe du colosse quelque chose qui ressemblait à des bijoux... s'agissait-il de coquillages ?!
- Je viens pour l'épreuve des joutes !
Le grand amiral était dégoulinant d'eau de pluie, ce qui lui donnait un air encore plus irréel. Le greffier s'empara du bon registre d'une main fébrile, et inscrivit son nom tant bien que mal, après lui avoir très poliment demandé d'épeler son nom. Il fut qualifié d'incapable et intimidé au plus haut point, ce qui fit que le départ de l'énorme seigneur lui procura un immense soulagement.
En plus, c'était une gente dame qui venait après lui.
- Thelma Auerbach, fille du comte électeur Valmir von Raukov et diplômée de l'École Impériale d'Ingénierie d'Altdorf.
Vêtue... comme un ingénieur, veste de cuir incluse, elle parut au jeune von Hansa une personne des plus appréciables avec qui il aurait aimé partager une promenade. Puis, il se rappela de quelque chose...
- Auerbach ? - son visage s'illumina. - Est-ce bien vous qui avez remporté le tournoi de Carroburg ? Terrassé un ogre à mains nues et désarçonné Ludwig Schwartzhelm en personne ?!
Thelma rit de bon cœur à cette exagération, savourant la célébrité dont elle commençait à jouir au Reikland.
- C'est presque ça, - dit-elle avec amusement, - remplacez le champion de l'Empereur par le commandant Magnan, et vous serez proche du vrai. Quant à l'ogre, je l'ai déboulonné avec ceci !
Et elle dégaina en partie son épée qui pendait à sa ceinture. Aussi fine qu'une rapière, l'arme semblait à peine sortie de la forge.
- Je l'ai baptisé "Couteau à beurre", - rajouta-t-elle devant la mine interloquée du greffier, - car voyez-vous, elle traverse les armures comme un couteau traverse du beurre !
L'ingénieure vit le greffier alterner son regard entre l'épée et sa propriétaire, visiblement un peu déboussolé par tout ce qu'il entendait.
- Alors, cette inscription ! Je viens pour les épreuves à pied ! - dit-elle avec entrain.
Von Hansa balbutia des excuses mal articulées (faisant sourire Thelma) et s'empressa de noter le nom sur le bon registre.
- Merci l'ami ! - dit-elle avant d'ajouter : - Tiens, il n'y a pas de portes cassées chez vous ?
- Euh... Elles sont toujours ouvertes, mademoiselle. ... Avec les courants d'air comme aujourd'hui, ce n'est pas pratique, mais que voulez-vous, les instructions, les... les instructi...
- Moi, je pense que le commandeur Magnan a du avertir les organisateurs du risque des portes fermées !
L'ingénieure pouffa de rire et s'en alla ainsi, heureuse du trait d'humour qu'elle était la seule à comprendre. Hans la vit disparaitre dans la rue, et malgré son malaise, sourit et respira un grand coup.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mer 3 Mai 2017 - 12:07
Un homme encapuchonné arriva à l'entrée de la demeure de la Reiksguard surveillée par des gardes. Bien qu'ayant son visage dans la pénombre, on y devinait un regard froid et calculateur, évaluant tout ce qui l'entourait.
- Montrez-nous votre visage !, demandèrent les deux gardes à l'unisson.
Avec un geste lent et méthodique, le concerné enleva sa capuche, révélant un visage de homme âgé. Contrairement à d'autres personnes âgées, l'expression de son visage montrait qu'il était en pleine mesure de ses capacités. Son regard était sans émotions, pas même lorsqu'il déclina son identité : « Mon nom est Friedrich Uhrmacher, ancien gardien d'une ville dans le nord de l'Empire, reconverti plus récemment en répurgateur. Je me présente afin de rejoindre la Reiksguard. Je participe aux combats à pied. »
Les deux gardes le laissèrent entrer après lui avoir expliqué où se présenter.
- Tu le trouve comment, toi ? - demanda l'un.
- Franchement, ces yeux inexpressifs me mettent mal à l'aise. Et toi ?
- Pareil... Je me demande ce qu'il à vécu pour avoir ce visage froid...
- Apparemment les répurgateurs sont constamment face aux pires créatures qui puissent exister. Bien que certains tuent des innocents à tort, certains font réellement face à des horreurs.
- Attends, tu vas me dire qu'ils combattent seul certaines créatures que nous combattons en groupe ?
- C'est parfois le cas. Mais ce sont toujours des êtres humains. C'est juste qu'ils ont souvent vu le pire que le monde peut nous offrir.
Alors que les deux confrères parlaient, il se représenta à l'identique auprès de la Großmeister halfling (prèsente auprès du greffier à ce moment précis), puis se dirigea vers les quartiers qu'on lui proposa d’occuper à la commanderie.
Son instinct décela une, voire des présences maléfiques diffuses mais, étant inconnu en ses lieux, il ne pouvait pour l'instant rien déceler de plus. S'il pouvait encore emporter des créatures des ténèbres dans l'autre-monde, il le ferait sans hésiter !
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Lun 8 Mai 2017 - 11:26
Le bureau des inscriptions au tournoi semblait délaissé depuis quelque temps. Passée la frénésie des premiers jours, l’afflux de candidats avait progressivement baissé jusqu’à une demi-douzaine par jours. Hans Friedrich von Hansa somnolait sur sa chaise, les bras croisés et la tête dodelinant de droite et de gauche, lorsqu’un bruit de pas lui fit lever les yeux.
Une silhouette sombre se dirigeait vers lui d'un pas vif, traversant le couloir en faisant claquer ses bottes sur le sol. Se saisissant d’une plume et ouvrant précipitamment un pot d’encre, Hans se prépara à accueillir le participant comme il se doit tout en se refrognant à l’idée de se faire encore mépriser par un guerrier hautain au visage sévère. À part la gente dame de l’autre jour, très peu des inscrits avaient fait preuve de la moindre civilité. Mais quand il leva les yeux il vit une main gantée tendue vers lui et un visage souriant chaleureusement encadré par des cheveux noirs impeccablement coiffés. L’homme dont il serra la main était habillé d’un costume noir à la fois sobre et élégant, et une épée finement ouvragée dépassait de l’intérieur de sa veste.
« Bonjour monsieur, - fit le fonctionnaire soudain plus à l’aise, - à quel type d’épreuve voulez-vous participer ?
- Seulement les épreuves à pied. Je n’ai pas assez d’aplomb sur un destrier, malheureusement.
- Et à quel nom est-ce que je vous inscris ?
- Helmut Van Orsicvun. »
Hans haussa les sourcils, et demanda à l’homme de lui épeler en toutes lettres son nom, ne l’ayant encore jamais entendu. Certainement un type de la haute venant d’un endroit lointain, - pensa-t-il, - il n’a pas l’air d’être un guerrier chevronné.
« Au fait, - lui demanda Helmut, - comment se passe la séduction de votre belle par vos performances de musicien ? »
Hans s’arrêta d’écrire et regarda l’homme qui lui souriait toujours, fronçant les sourcils. Comment pouvait-il être au courant ? Etait-il espionné ? Son étonnement sembla amuser son interlocuteur.
« Comment savez-vous que…
- Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas attenté à votre vie privée. J’ai simplement fait preuve d’observation.
- Pardon ? - Hans était en train de se sentir mal à l’aise.
- D’abord vos mains, elles sont délicates mais le bout de vos doigts est creusé de sillons, preuve que vous jouez régulièrement d’un instrument de musique à corde. Comme vous travaillez ici toute la journée, j’en déduis que vous pratiquez le soir. De plus, votre voix est enrouée, mais vous n’avez pas de symptômes caractéristiques de la gueule de bois. Cela indique que vous avez chanté, et longtemps, pendant la soirée, tout en restant à jeun. Comme vous n’êtes pas barde, vous avez un autre but que l’argent dans cette entreprise, et votre état de jeune homme me dit que la solution la plus probable est la séduction d’une belle. Et votre réaction confirme ces hypothèses. »
Hans resta figé, l’étonnement laissant place à une méfiance froide. Pouvait-il vraiment avoir déduit tout cela simplement de ses mains et de sa voix ? Cela forçait l’admiration si c’était le cas, mais le jeune fonctionnaire avait vu trop d’individus passer ces jours-ci pour s’impressionner de ce qui pouvait être un simple tour de passe-passe.
« Cela dit, - continua Helmut, - vous n’avez pas répondu à ma question. Comment cela avance-t-il ? »
La simple évocation des souvenirs de sa nuit fit baisser la tête à Hans.
« Elle ne me regardait pas, trop impressionnée par ces nombreux chevaliers qui paradaient dans les rues. Ces hommes se font passer pour des nobles, mais au fond ils ne valent pas mieux que certains des pires individus de cette ville, surtout lorsqu’ils ont bu.
- Alors, - fit Helmut en s’avançant, sa voix devenant presque un murmure, - il vous faut vous assurer qu’elle ne voit que vous. Captez son attention, montrez lui ce que vous valez et combien elle compte pour vous. »
Son sourire était devenu malicieux, et ses yeux d’un bleu glacial semblaient pétiller. La situation l’amusait beaucoup. Leurs regards restèrent figés l’un dans l’autre pendant une seconde de silence, puis Helmut se leva.
« Je vous laisse maintenant à vos inscriptions, il me semble que j’entends un prochain participant. Bonne chance. »
Hans n’avait cependant rien entendu, mais il ne savait quoi ajouter après cet échange si particulier. Helmut le salua, puis s’en alla de son pas vif à l’intérieur du fort. Quelques secondes plus tard, alors que Hans se remettait de ce qui venait d’être dit en regardant ses notes, une voix puissante et claire le fit se redresser en sursaut sur sa chaise.
« Je souhaiterais m’inscrire aux joutes. »
Debout devant lui se trouvait un homme grand, vêtu d’une armure rouge sombre qui semblait ancienne mais remarquablement bien entretenue. Il tenait dans sa main un heaume orné d’un dragon, et son visage était caché sous la capuche d’un large manteau gris qui lui aussi était assez ancien.
Voyant que Hans le dévisageait sans rien dire, le nouveau venu brisa de nouveau le silence.
« S’il vous plait, y-a-t-il un problème ?
- Mais pas le moindre monseigneur. Vous avez dit aux joutes n’est-ce pas ? À quel nom ?
- Wilhelm Kruger. »
Voilà au moins qui est plus facile à écrire. Alors que Hans remplissait les papiers, Kruger s’adressa de nouveau à lui.
« Avez-vous reçu par hasard la candidature d’un certain Silvère de Castagne ? »
L’étrange demande prit Hans de court. Pourquoi est-ce que tous les candidats lui posaient des questions, il n’était là que pour les inscriptions après tout. Cependant, il fit l’effort de se replonger dans sa liste pour vérifier.
« Non, - dit-il après quelques dizaines de secondes, - je n’ai personne de ce nom-là ici. »
Si cette information contraria le dénommé Wilhelm Kruger, celui-ci n’en montra rien.
« Très bien. Je vous laisse à votre travail. Bonne journée. »
L’individu prit la direction de l’intérieur du fort, laissant là un Hans qui avait décidément hâte que les inscriptions soient closes.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Lun 8 Mai 2017 - 12:46
Toujours. Quelque part. Dans les tunnels skavens. On ne sait pas où.
- Sire d'Essen ?
- Oui ! Non ! Stop ! Pas la peine de me le dire !
- Vous voudriez peut-être un aperçu du temps que nous avons déjà passé sous terre ?
Le chroniqueur s'arrêta alors et poussa un grand soupir. Cela tenait de la bêtise la plus TO-TALE ! Il s'agissait de remonter à la surface avec son matériel, il connaissait le chemin, mais... il a portant fallu qu'ils se perdent. Une petite erreur a suffi. Mauvaise voie choisie une fois et pouf ! Perdus. Le vampire savait que les tunnels skaven étaient vastes et tortueux, mais à ce point là... Même les sentiers enchantés d'Athel Loren pâlissaient en comparaison !
- Sire von Stromdorf, je sais très bien que nous sommes ici depuis plus de quarante-huit heures ! Et -
- Stop ! Pas quarante-huit heures. Pas quarante-huit heures. Bien plus que ça.
- Bon, sire Ulrich, dites !
- Plus de deux semaines.
- Deux...
- Et vous savez, la seule raison pour que je ne vous laisse pas tomber est qu'à deux nous sommes plus forts et plus aptes à survivre.
- Mais... Deux semaines ?! Comment en êtes-vous sûr ?!
- Je commence à avoir faim. Sachant que je saigne un mortel tous les deux mois, et que nous sommes descendus six semaines après mon dernier sang... Le compte est vite fait.
- En même temps, si vous refusez obstinément de goûter au sang de tous les hommes-rats que nous croisons...
- Ah, n'en parlez pas, triste sire ! Je ne suis pas tombé aussi bas que vous !!
- Continuons à avancer... - conclut Von Essen en soupirant derechef.
D'autres longs moments dans les ténèbres plus tard, les deux vampires se figèrent en entendant le son de pioches qui leur était devenu familier. Les skavens étaient de nature à creuser jusqu'aux enfers s'il le fallait, aussi ce n'était pas la première exploitation qu'ils crosaient. En revanche, si ces endroits pouvaient déboucher sur la surface, ils grouillaient de tant de créatures que le chroniqueur refusait net de tenter une percée, à chaque fois. Ainsi ils s'étaient progressivement enfoncés de plus en plus profondément...
- Bon ! On fait comme les autres fois !
Ce fut au tour du sire Ulrich, atterré, de grogner en guise de réponse.
Ils s'approchèrent prudemment des sons de pioche : le chroniqueur tenait à attraper un raton pour se sustenter, suite à quoi ils rebrousseraient chemin aussi net afin d'échapper à toute poursuite.
Cette fois-ci, toutefois, les bruits n'étaient pas les mêmes. Le sang des deux vampires ne fit qu'un tour, car ce n'étaient pas les couïnements d'esclaves ni les cris éraillés des contremaîtres qu'ils entendaient. C'étaient des voix humaines ! Excédés par leur errance, chevalier comme chroniqueur firent fi de tout stratagème. Les mortels étaient pour eux du bétail, et ils avaient faim. Très faim.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mar 9 Mai 2017 - 14:29
Des hurlements de plus en plus proches mirent le village de Mörlenfurt en alerte. Postées sur deux tours de guet récemment rebâties, les sentinelles aperçurent des hommes courir depuis la mine de charbon toute proche : ces hommes hurlaient pour qu'on leur ouvre les portes de la palissade.
Von Essen avait incendié jusqu'aux poutres qui retenaient les souterrains ; von Stromdorf frappait pour tuer, dédaignant le sang encore chaud de ses victimes ; les deux vampires étaient semblables à des diables sortis des royaumes du chaos, fauchant et détruisant tout sur leur passage.
La lumière du jour, éclatante après des jours passés dans le noir, les fit enrager au point de tenter une sortie suicidaire ; ils ne se retirèrent dans les ténèbres que lorsque leur peau brûla au point de laisser la chair à vif. Proférant juron sur juron, les deux forcenés convinrent d'attendre la tombée de la nuit avant d'enfin pouvoir s'extirper du sous-sol.
Au village non loin, la milice ne tira que des bribes imprécises de la bouche des survivants : le plus probable, au final, était sans doute une apparition démoniaque et invincible.
Quelques bruits sourds provenant de la mine indiquèrent un éboulement de galeries ; un silence de mort lui succéda, le tout sous un doux soleil de midi. Ni les mineurs survivants, ni les miliciens ne savaient que faire, stupéfaits.
L'un des survivants finit par prendre un cheval et galoper au village d'Osburg, à la recherche d'un prêtre guerrier.
Il revint quelque part en fin d'après-midi, accompagné d'un homme chauve portant l'habit sacré, l'armure et le marteau de guerre. Le combattant de Sigmar prononça quelques mots sacrés pour les âmes des défunts, puis exprima son intention d'aller immédiatement affronter l'apparition démoniaque. Face à sa présence galvanisante, toute la milice et les mineurs rescapés décidèrent de l'épauler dans son office ; la petite troupe quitta l'abri de la palissade sous le soleil rougeoyant du soir.
- Damned, sire Ulrich ! V’la l’infanterie qui vient mettre un terme à nos existences !
- Je crois... que je vais pouvoir saigner un homme... ce soir... sire d’Essen.
- Le prêtre est à vous, chevalier. Je m’occupe du reste.
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- DAMNED SIRE ULRICH !
- J'ai les mains prises, sire d'Essen !! Fermez vot' clapet !!!
- Faites comme bon vous semble, je bats en retraite !!
Nul n'osait s'approcher du duel qui opposait le colosse armuré à l'homme au marteau de guerre ; si l'un était aussi redoutable qu'un ours enragé, l'autre priait avec une telle ferveur qu'une aura dorée semblait le rendre, lui et ses semblables, impérméables aux coups des deux vampires. Le chroniqueur avait beau bénéficier de l'étroitesse de la galerie, il sentait que la moindre erreur pouvait le déséquilibrer et, à terme, lui coûter sa peau... car il croulait sous une pluie d'estocades de la milice armée de piques aux pointes d'acier ; même les flammes noires de la dhar n'osaient point s'approcher de la lumière sacrée.
Parant et esquivant les attaques du mieux qu'il pouvait, Von Essen sortit de son habit un curieux objet guère plus grand qu'une noix, et en fit émaner une lueur verdâtre. Presque immédiatement, un nuage de poussière verte l'enveloppa, et il fallut quelques secondes pour que les hommes se rendent compte de la disparition totale de leur ennemi.
Ulrich von Stromdorf se dit que le chroniqueur était un lâche, un félon, un traitre, un faible, un crétin et un bon à rien. Toutefois, sa situation devenue encore plus précaire, il s'obligea à renoncer au combat.
Profitant d'une seconde de répit, il asséna un formidable coup de poing au plafond de ce qui restait de la galerie. Sans succès. Déviant un autre coup redoutable du prêtre, le chevalier de sang frappe derechef et, cette fois-ci, un grondement inquiétant s'ensuivit. Du coin de l'oeil, il aperçut les miliciens et les mineurs s'affoler et crier à leur prêtre que tout allait s'effondrer. Voyant toutefois son absence de réaction, les mortels s'empressèrent eux-mêmes de déguerpir. Von Stromdorf entendit le bois des poutres craquer dangereusement.
- Saint père !
- Sigmar protège les innocents et punit les impurs ! ...
Réalisant que lui-même ne pouvait plus atteindre le guerrier de Sigmar, Ulrich tenta quelques passes désespérées pour essayer de forcer l'aura de Sacre. Sans succès. Il vit alors que les poutres semblaient encore tenir, bien qu'abîmées...
Rasséréné, il repartit à la charge. Un mortel n'allait pas lui tenir tête toute une nuit ! Von Stromdorf asséna plusieurs frappes destinées à déséquilibrer son adversaire, mais c'était sans compter sur le marteau qu'il dut esquiver sous peine d'être terrassé en un coup. Le prêtre priait sans discontinuer, le chevalier crut même qu'il frappait à la mesure de chaque parole sacrée prononcée, détail qui pourrait peut-être lui permettre d'anticiper...
Ses pensées furent interrompues par le retour inattendu des miliciens et des mineurs, déterminés à racheter leur couardise. L'apparition d'une dizaines de piques contraignirent le vampire à une prompte retraite jusqu'au bout de la galerie écroulée, instants précieux pour réévaluer le combat. S'il pouvait... Oui ! Il le pouvait !
Le chevalier de sang dévia bon nombre de pointes sur la trajectoire du marteau de guerre, manoeuvre qui résulta en hampes brisées et frappes ratées, suite à quoi quelques mortels finirent étendus par terre. Dans la seconde, Ulrich s'empara d'une hampe encore tenue par l'un de ses adversaires, tira violemment et plaqua le milicien malchanceux devant lui.
- UN GESTE ET L'OISEAU MEURT A SON TOUR !!
L'aura dorée avait quitté les mortels lors de leur fuite, l'otage du vampire devenant à présent aussi vulnérable qu'un rat. Le prêtre se figea, toujours en garde, sa propre lumière faiblissant quelque peu. Ses acolytes semblaient attendre ses ordres.
- Ne vous en faites pas pour moi, les gars ! BUTEZ-LE !!
- SIGMAR EXALT !!
Von Stromdorf eut juste assez d'adresse pour balancer le brave milicien sur le prêtre, bondir vers l'avant et forcer les rangs desorganisés de ses ennemis. Lancé à la vitesse d'un cheval au galop, il dévala la pente menant au village en quelques instants ; humant l'air, il capta une odeur qui lui parut plus importante que n'importe quoi : celle de chevaux. D'un bond inconcevable, le vampire franchit la palissade, trouva les portes, qu'il ouvrit en quelques minutes.
Lorsque les miliciens et le prêtre accoururent aux portes, ils furent bousculés par l'abomination montée sur leur plus robuste cheval de trait. Clamant "ON SE REVERRA, MORTELS !!" , Ulrich von Stromdorf partit au galop, songeant que ces braves gens seraient encore capables de lui donner poursuite...
- EssenSeigneur vampire
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Dim 14 Mai 2017 - 18:54
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C’était un ciel bleu immense, où planaient des nuages d’une pureté immaculée. Une légère brise agitait les jeunes pousses des champs, et le monde aux alentours semblait merveilleux.
- Hey ! Nanahara !
- Je vous ai déjà dit que mon nom est Samuel…
- Peu importe ! Je sais ce que nous allons manger ce soir !
A ces mots, l’homme descendit de son fidèle caballo con armore, prit de l’élan et balança droit dans les airs quelque chose qui ressemblait à une lance taillée dans un os de baleine. Un javelot ogre.
Son compagnon de route, monté sur un canasson tout ce qu’il y a de plus normal, l’observa avec une moue mi-curieuse, mi-dubitative. Ils se connaissaient depuis des années, et Samuel savait que le sire Rance du Corbeau ne perdait nulle occasion pour faire montre de ses incroyables talents. Comme à présent. Il ne se passa rien pendant quelques minutes, puis Samuel vit un point noir apparaître dans le ciel, puis descendre à la vitesse grand V en s’agrandissant à vue d’œil.
Il n’en crut pas ses yeux et fut forcé de détourner le regard lorsqu’un énorme oiseau de proie, aussi gros que deux charrettes, atterrit devant eux dans un fracas terrifiant.
Rance du Corbeau, lui, regarda le tout se dérouler les bras croisés, contenant sa joie pour faire bon profil.
Partout où il allait, on se rappelait de lui sous le titre « EDGELORD-SAN ».
…
…
…
…
…
Le soir venu, les deux compagnons étaient assis près d’un feu de joie gigantesque sur lequel rôtissait un aigle géant. Samuel accepta poliment une des pattes (l’équivalent d’un veau entier) pendant que son compagnon engloutissait des kilos de viande avec l’appétit d’un dragon à jeun.
Une fois leur repas terminé, Rance du Corbeau interrogea Samuel sur un sujet qui lui tenait à cœur : leur destination prochaine.
- J’espère que ce tournoi dont tu me parles en vaut la peine !
- Organisé par l’élite de la chevalerie impériale, je pense, oui…
- J’espère qu’ils y nourrissent bien les participants !
Samuel eut une pensée compatissante pour les cuistots d’Altdorf, tant ils allaient souffrir pour satisfaire le mercenaire du Corbeau. Sur le moment il hocha la tête pour rassurer son compagnon.
- Hm… - ce dernier semblait réfléchir. – Cette fois-ci, Nanahara, je serai prudent. Je veillerai à n’être vu que par les plus belles femmes de la ville, sinon je n’aurai pas la paix...
Samuel leva les yeux au ciel. Son nom véritable était Samuel Aidamis des Sept Monts, mais le mercenaire s’exprimait parfois dans une sorte de patois exotique et s’amusait à traduire les noms des gens dans celle de sa langue préférée. Au final, ce n’était pas si important.
Ils allaient bientôt arriver à Altdorf, célèbre capitale de l’Empire, et ses habitants apprendraient à connaître (parfois à détester) le sire Rance du Corbeau. Heureusement que lui, Samuel, était là pour éviter les grosses bavures, et puis… Qui sait ? Même si au départ, il n’avait pas voulu y aller, peut-être allait-il remporter un bon prix ?
- … et j’irai visiter le Zoo Impérial aussi. J’ai toujours rêvé de monter sur un dragon.
- Hein ?! Ils ne vous laisseront jamais monter, sot !
- NANI ?! … Ils laisseront monter Edgelord-san ! Baka !!
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mer 17 Mai 2017 - 20:24
Altdorf est l'une des plus grandes villes du vieux monde. Ce qui signifie que l'on y trouve forcément une taverne qui vend du vin Bretonnien. Et dans les tavernes où l'on trouve du vin Bretonnien, l'on y trouve forcément des chevaliers Bretonniens. Et c'est donc logiquement dans une de ces tavernes que le baron de Joli-Tonneau attend avec son compère, le baron de Vigne-Bleue, le début du tournoi. Et comme ils attendent depuis plusieurs jours déjà, ils sont... comment dire... très hydratés !
- Dites, mon che... chèèèèr de Vigne-Bleue. C'est formidable que... que vous ayez votre propre - hips ! - propre taverne ici.
- C'est pas... pas vraiment m... ma tatata... taverne. J'ai signé un - hic ! - un contrat d'exclusivité avec... avec eux. C'est plus comme... comme... comme une franchise, tiens ! Alors z'ils m'font une pt'ite réduc. Z'et heureusement ! Ces barbares taxent les tonneaux cinq écus à l'entrée de la ville !
- Taxer le vin ?! Quel vignoble crime !
À une table proche des deux barons, Jacques (le limier du baron) sirotait un verre de vin. À sa table se tenait une bande de forestiers Bretonniens peu avenants.
Jacques prit la parole :
- Vous avez trouvé quoi ?
- Il y a des hommes rats dans les égouts, répondit un forestier en brandissant trois queues de rat aussi longues qu'une jambe.
- Prévisible ; quoi d'autre ?
- Des rumeurs courent sur la présence de vampires. Mais certains meurtriers saignent leurs victimes pour détourner les soupçons, donc...
- Je vois, c'est invérifiable.
- Le tournoi a aussi attiré plein de coupeurs de bourse et de gorge.
- Je vois. Bon, quel est votre avis ?
Les forestiers se regardèrent l'air gênés.
- Vous savez patron, on pense que l'baron y s'rait plus en sécurité à poil dans la forêt.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Ven 19 Mai 2017 - 12:25
L’individu balaya la grande salle du regard, comme s’il recherchait quelque chose ou quelqu’un. Visiblement bredouille, il n’en parut que plus terrifiant, et sa voix suait une inexplicable rancœur lorsqu’il s’adressa au patron de l’auberge.
- Prenez-soin de mon cheval. S’il lui arrive quelque chose d’ici à mon retour, je vous tue et je rase ce bouge jusqu’à ses fondations. Souvenez-vous-en.
Ce ne fut que lorsqu’il fut parti que l’on se rendit compte qu’il n’avait rien laissé, rien payé, pas versé le moindre écu pour que ses instructions soient suivi. Cependant, quelque chose fit que le grand cheval de trait laissé dans l’écurie reçut les meilleurs soins que le patron pouvait lui offrir. Personne n’en parla vraiment, tout le monde évita le sujet. Quand un démon ou quelque chose de semblable vous donne un ordre, on réfléchit après, on fait ce qu’il dit d’abord.
***
Une fois son cheval laissé entre bonnes mains, von Stromdorf se rendit devant les murailles de la capitale, murailles qu’il escalada presque inconsciemment, ses instincts surnaturels lui dictant la marche à suivre pour que rien de l’arrête. Les sentiennelles ne virent qu’une ombre franchir les remparts, aussi fugace et fuyante qu’un rêve.
Le vampire emprunta l’une des artères de la ville, encore résonnante de cris des ivrognes et de conversations discrètes ; il ignora tout de cette activité nocturne, il avait mieux à faire.
Lorsqu’il se présenta au palais impérial, ce fut un miracle qu’il ne fut pas arrêté. Sa fausse identité lui permit d’entrer, et il ignora les regards effarés des gardes lorsqu’ils l’observèrent disparaître dans les couloirs. Lorsqu’Ulrich entra dans la chambre qui lui avait été dévolue, il se figea : sur la seule chaise qui s’y trouvait, Von Essen était assis, et il le fixait à présent dans les prunelles des yeux.
Le chroniqueur braqua son pistolet et voyant le chevalier dégainer. Une détonation puis un bruit métallique indiquèrent que la balle vint ricocher sur l’armure du sire Ulrich ; sur le point d’être décapité, Von Essen dressa un rempart de dhar, avant de sortir sa dague.
***
Lorsque des gardes déboulèrent en nombre dans la chambre, ils virent l’impensable : le sire Nessenoff, cloué au mur par deux épées dépassant de sa poitrine, ces mêmes épées tenues par le sire Stormoff, lui-même ruisselant de sang à cause d’une dague dépassant de son flanc. Table et chaise étaient renversées, une bougie par terre menaçait d’embraser les rideaux.
La suite des événements, houleuse, fut finalement rédigée dans un rapport transmis d’abord au capitaine de la garde du palais, puis consulté par la Großmeister Gentevigne, le Reiksmarshall Kurt Helborg, puis, par curiosité, par Ludwig Schwarzhelm lui-même.
Nuit du seizième jour du Sommerzeit, rapport du sergent Wagner, en faction au palais impérial d’Altdorf.
Une heure après minuit, des bruits d’affrontement se sont déclarés dans le secteur ouest du palais. Mon régiment est arrivé sur le lieu des faits après que les premiers gardes ont agi par leur propre initiative, interrompant un violent affrontement entre deux invités du palais, le sire Vladimir Nessenoff et le chevalier Yorek Stormoff, deux nobles exilés du Kislev, et accessoirement tous deux participants au grand tournoi de la Reiksguard. Le sire Vladimir a reçu deux blessures perforantes dans le torse, le sire Yorek et reçu deux blessures perforantes dans le flanc. Tous deux semblent avoir miraculeusement survécu, les soigneurs du palais s’occupent de leur état de santé au moment présent.
Les causes de l’affrontement sont pour le moment inconnues, ni l’un ni l’autre des deux nobles n’ayant souhaité donner suite en justice à leur affrontement. Selon eux, la faute, quelle qu’elle soit, a été réparée.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Dim 21 Mai 2017 - 19:22
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En fin de journée, la Großmeister Narcisse Gentevigne s’était retirée dans ses quartiers après de longues heures d’entrainement des recrues. Les différents problèmes et réussites de ses disciples occupaient tout son esprit, elle ne sentait même pas l’habituelle fatigue qui lui garantissait toujours un sommeil sain et lourd de ronflements. Vêtue d’un pyjama, la vieille halfling s’était déjà allongée sur son lit lorsque quelqu’un ouvrit sa porte et entra sans frapper ; or, pendant plus d’un demi-siècle de carrière, on n’avait le droit d’entrer ainsi qu’en cas d’alerte extrême…
- Qu’est-ce que…
L’individu qui venait d’entrer referma la porte derrière lui. Vêtu d’habits noirs et fringants, il lança :
- Bonsoir, Großmeister ! Mon nom est Von Essen ! Je suis un vampire, un von Carstein de surcroit, et je suis fatigué de ce… de cette… de ma situation ! Là !
- Vous pouvez être l’empereur lui-même !! – le chroniqueur la vit se lever du lit, et un frisson le parcourut soudain. – Cela ne vous donne aucun droit d’entrer chez le gens de la sorte, ET SURTOUT PAS DANS UN QUARTIER MILITAIRE !!
Le sixième sens du vampire eut alors un retard constant sur ce qui lui arrivait : un effroyable coup dans le ventre le plia en deux, puis quelque chose le saisit au col, et il se sentit voler dans le couloir puis se cogner violemment contre un mur.
- GARDES ! Eh ! Oh ! Réveillez-vous !! Mettez-moi ce malotru dehors, et que ça saute !
Les deux hallebardiers qui gardaient la porte furent immédiatement tirés d’un étrange état de torpeur (hypnose vampirique) ; bredouillant des excuses, confus, ils s’exécutèrent en s’emparant de l’individu étendu par terre, se demandant comment ils avaient bien pu le laisser passer outre leur vue.
Ce dernier n’opposa aucune résistance, apparemment aussi déconcerté que son escorte… il se demandait s’il n’avait pas rêvé.
Ce ne fut qu’à l’entrée de la commanderie qu’il exprima aux gardes ses plus plates excuses pour l’intrusion, promettant à l’avenir qu’il observerait les convenances le plus scrupuleusement que possible.
- Spoiler:
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Lun 22 Mai 2017 - 22:14
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Le jour suivant, un certain Alain Magnan cheminait avec vigueur vers la commanderie. Il revoyait Kurt Helborg, son supérieur hiérarchique, lui dire : « Eh bien, mon ami, je suis surpris que vous ne soyez pas encore inscrit au tournoi de la Reiksguard ! » Il en avait de bonnes, lui, le Reiksmarshall ! Depuis quand un chevalier-commandeur de l’ordre devait-il faire la queue comme tout le monde ? Soi-disant que dans l’ordre, personne ne faisait les choses à votre place, et gnagnagna et blablabla…
Relevant son regard de la chaussée, il fut ébloui l’espace d’un instant : une armure rutilante, une longue cape d’une blancheur immaculée… un chevalier venait de démonter devant les portes de la commanderie. Une sorte d’instinct indiqua à Magnan que celui-là n’était pas comme les autres, et il s’approcha du chevalier qui enlevait son heaume ouvragé.
- Guten tag ! – lança-t-il amicalement. – Au nom de l’ordre de la Reiksguard, je vous souhaite la bienvenue à Altdorf !
Le commandeur fut enchanté d’être poliment salué en retour, suite à quoi le chevalier se présenta :
- Silvère de Castagne, paladin de la Dame du Lac ! Je viens m’inscrire aux épreuves des joutes.
- Vous êtes à la bonne adresse, messire, et je peux vous guider jusqu’au bureau des inscriptions, qui est juste à l’entrée.
Silvère hocha la tête, puis, à la surprise de Magnan, laissa son destrier s’en aller librement dans la rue.
- Il trouvera la route tout seul, - précisa alors le sire de Castagne, - il préfère l’herbe des prés au fourrage d’écurie.
Haussant un sourcil dubitatif, le commandeur se laissa convaincre.
- Silvère de Castagne :
- Silvère de Castagne est un héros au passé tragique. Son attitude s’en ressent fortement par une attitude plutôt mélancolique et solitaire. Mais lorsque la situation l’exige, il fait preuve de toute la courtoisie et de toute la hardiesse qui sied à un gentilhomme.
Les prouesses qu’a réalisé le chevalier au cours de sa vie auréolent son être d’un charisme complet. Loin est le temps où son passé tragique inspirait soupçons et superstitions. Désormais, il est considéré comme l’un des plus grands héros du Royaume et nombreuses sont les gestes qui le mettent en valeurs.
Il porte de sable à Graal d'argent, à filière de même et fleuronnée de lys. Sa cape blanche a été remplacée par la cape finement brodée que lui a offerte Dame Gaea de Grunere lors du tournoi de Fort le Sang... et qui est elle aussi de couleur blanche !
***
Hans Friedrich von Hansa profitait de la douce chaleur et de la pénombre qui régnaient dans le hall. Légèrement assoupi, il digérait son repas de midi et ne pensait à rien, souriant béatement.
Il cligna des yeux : un bruit de pas indiqua de nouveaux participants. Totalement réveillé, il eut un léger soubresaut lorsqu’il aperçut le premier des deux : au demeurant de belle stature, l’homme portait un bandeau bleu recouvrant son œil gauche…
- Alain Magnan, chevalier-commandeur de la Reiksguard, je viens m’inscrire aux épreuves des joutes.
Ah. C’était un général qui voulait en finir au plus vite.
- Tiens ? – ce fut la voix du deuxième participant, tout différent… - Vous aussi, vous êtes là pour vous inscrire ?
Magnan lui laissa la place devant le greffier en haussant légèrement les épaules.
- Oui messire, - dit-il, - il fallait bien que je m’en occupe un jour ou l’autre…
Silvère se présenta à son tour, légèrement étonné par la réplique de l’impérial ; il s’aperçut alors que le greffier, bien loin d’inscrire son nom sur le registre, avait le regard braqué sur lui, l’air hébété.
- Hum.
- Ah ! Oh, pardon messire ! Pouvez-vous répéter, s’il vous plait ?
- Silvère de Castagne, paladin de la Dame du Lac.
Hans s’exécuta, rouge de confusion. Il ne s’expliquait pas l’étrange blocage qu’il venait d’avoir, la fatigue peut-être…
***
Alors qu’ils quittaient la commanderie, Magnan ne put s’empêcher de vérifier une hypothèse :
- C’est donc ça, la véritable aura de sainteté de ceux qui ont bu au Saint Calice ?
Le sire de Castagne, intrigué par la question soudaine, acquiesça.
- Vous semblez bien érudit, seigneur Magnan.
- Oh, quand on a voyagé autant que moi, vous savez… J’ai même entendu dire que les chevaliers du Graal ne connaissent ni la faim, ni la soif, ni la fatigue, ni la vieillesse !
- Ma foi… Même vous, quand vous priez vos dieux, vous faites fi des privations…
- Mais est-il vrai qu’à ceux qui sont élus par la Dame, un destin autre que la mort est réservé ?
- Pensez-vous au chevalier du Sinople ? C’est une légende à laquelle nous aspirons tous, mais nul ne sait ce qu’il est advenu de lui.
« C’est donc vrai… » - se dit Magnan à lui-même. Le chevalier bretonnien et lui remontaient à présent la grand’ rue qui conduisait au palais, sous un grand ciel sans nuages et un soleil généreux.
- Eh bien, voila une légende qui pique ma curiosité ! – s’exclama-t-il. – Comment comptez-vous occuper votre temps aujourd’hui, messire de Castagne ?
Silvère, lui, commençait à trouver l’impérial un poil trop indiscret.
- Après avoir présenté mes hommages à votre souverain, - dit-il, - je m’en irai en dehors de la ville, à la recherche de quelque quête à accomplir. En attendant les joutes.
Magnan, qui n’était pas né de la dernière pluie, sentit que rester davantage agacerait le paladin.
Il prit poliment congé, se disant qu’il y aurait d’autres occasions… pour en savoir plus.
- Alain Magnan (Alan Magnus en reikspiel) :
- Alain Magnan est né dans une famille noble d'Averland, son père était précepteur de la Reiksguard et mourut dans une escarmouche contre les orques. Alain prit exemple sur son père et rejoignit les rangs de l'armée en tant que pistolier, il gravit rapidement les échelons grâce à son caractère autoritaire et la renommé de sa famille au sein de l'ordre, jusqu'à devenir chef d'une commanderie de la Reiksguard basée au Middenland crée suite à une courte guerre civile qui demandait la présence d'une force représentant l'empereur à la frontière entre le Middenland et le Talabecland.
Une fois les tensions entre les deux provinces apaisées, la commanderie changea de vocation et se spécialisa dans les interventions au delà de la frontière de l'Empire pour l’intérêt de l'empereur. Alain donna le nom de croisade à chacune de ses missions, en effet, il était fasciné par les récits des croisades d’Arabie qu'on lui racontait dans sa jeunesse.
Voilà ce qu'on sait officiellement d'Alain Magnan, mais ce que l'on sait moins, c'est qu'il est un des chefs d'une organisation secrète fondée il y a des milliers d'année par Settra, le grand roi de Khemri. L'organisation est connue sous le nom de cercle d'Ossus en hommage à un ancien dieu Nehekharien à tête de faucon qui symbolise la force dans tout ses états, physique et morale. Les membres du cercle d'Ossus continuent de chercher un moyen d'obtenir la vie éternelle et depuis la tragédie de Khemri, trouver une solution à leur problème en évitant les principes de la nécromancie. L'ordre a des ramifications un peu partout dans le Vieux Monde et la plupart de ses membres sont plus des alchimistes et sorciers que des guerriers. Mais des nobles soutenant leur cause se sont joint à eux pour espérer bénéficier de leurs trouvailles en échange de services militaires notamment en les escortant dans des expéditions lointaines pour y trouver des éléments intéressant pour leurs objectifs.
Il se pourrait très bien que certaines des croisades menées par la commanderie d'Alain ait eu d'autres buts que défendre les intérêts de l'Empire...
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mar 23 Mai 2017 - 17:36
Feurnard, ancien membre du Warfo, ancien membre de la Conférie des Mercenaires du Reikland et joueur de JDR invétéré a écrit:
Des flammes comme des monstres de cauchemar.
Des pâturages d'herbe grasse sous le soleil de printemps.
Les interminables colonnes de fumée noire dans le ciel.
La douceur d'une brise sur le chemin de montagne.
- Je dois partir.
Voix aiguë, juvénile, lourde de l'accent du défilé, empreinte d'embarras, confuse plus que décidée.
Le visage lisse et sale à la chevelure noire en bataille, Martin le détourne en même temps que son regard, tant du village en ruines que de la grande fille qui court dans sa direction. Pleine de vie, sa crinière emportée par la course, les bords de son bliaud soulevés dans sa précipitation, elle retrouve une beauté que la dure vie de campagne efface en chaque habitant.
Le jeune homme ne peut pas fuir, pas maintenant qu'il s'est retourné, pétrifié à l'idée de la confrontation. Son prénom déjà ? Cassandra, la fille du forgeron la nièce du précepteur, qui entre tous l'a choisi.
Il part.
- Martin !
L'interpellé serre dans sa main le manche de son arme, une épée de mauvaise facture à la lame presque neuve. L'arme du forgeron, un cadeau, une nouvelle entrave. Ce gilet aussi, qu'il porte par-dessus la chemise rapiécée du paysan, il le doit au père. Puis il y a Cassandra.
Elle l'a rejoint, leurs regards se croisent encore. Toute l'énergie de la grande fille s'évanouit soudain, happé par sa course et ces yeux bruns qui ne lui appartiennent pas.
- Pars-tu ?
- Je le dois.
Les mots, les flots de raisons ne l'arrêteront pas. Même les fleurs naissantes du printemps et leurs parfums enivrants ne suffiront plus. Sortie de dessous les poutres écroulées de sa maison, la mère Delatour repose à présent dans la fosse commune, près de l'aïeul décédé plus tôt. Il ne part pas à cause de la destruction, seulement à cause d'un ouvrage à la couverture rouge portant une armoirie oubliée à gueule de renard, à cause d'un livre que plus personne à Delémont ne pouvait lire et qui a brûlé dans l'attaque.
Ce ne sont pas les orques qui le font fuir, c'est l'armoirie qui l'appelle. Ses suppliques ses insultes n'y pourront rien.
- Je reviendrai. - déclara Martin en s'éloignant.
- Jamais ! Disparais, langue de vipère, bâtard !
Elle s'effondre en pleurs comme la petite tour de guet en pierre sous les coups de l'adversaire. Martin ne se retourne pas, un seul rêve en tête désormais : devenir chevalier.
Il a le Reikland devant lui...
- Martin ? Martin ? OH ! Fidèle écuyer au sommeil de plomb !
Perdant patience, le seigneur Dangorn de Castagne se leva de son lit douillet et lança un regard par terre. Il y vit son écuyer dormir à poings fermés, avec même une mine concentrée sur quelque chose dont seul le rêveur avait connaissance.
- Martin !!
Voyant toujours zéro réaction à ses appels, le vaillant sire s'empara de la cruche qui servait à se laver la figure et la vida sans cérémonie sur son écuyer assoupi ; il déclencha immédiatement une réaction –
- Cassandra ! Je reviendrai ! Cassandra !!
Dangorn fit la grimace en entendant ce nom. Lui-même avait connu bien des demoiselles, mais il savait en revanche que celle-ci était spéciale, elle était spéciale…
Martin, lui, comprit enfin où et quand il se trouvait. Tant d’années s’étaient écoulées depuis ce jour décisif où il quitta son village… Que lui serait-il arrivé, seul et loin des siens, sans cette rencontre à la taverne du Squig Boiteux avec le sire Dangorn ? Bien que de basse naissance, il était devenu l’écuyer de l’illustre chevalier et avait vécu moult péripéties en combattant à ses côtés…
- Et maintenant que mon fidèle écuyer à repris ses esprits, aurait-il l’amabilité d’aller nous quérir pitance à tous deux… maintenant ?!
- … Hein ?
- Martin ! J’ai déjà gaspillé de l’eau sur vostre teste ! Je ne voudrais pas gaspiller également la cruche !!
Voyant que son seigneur avait effectivement le bras armé, Martin prit enfin conscience de sa lenteur et s’empressa de se lever, remarquant au passage qu’il avait effectivement le visage trempé.
- Tout de suite, sire ! – Dangorn l’entendit encore dans les couloirs : - C’est comme si c’était fait !!
Le vaillant sire grimaça, d’amusement cette fois-ci, et finit par reposer la cruche sur le tabouret de la chambre. Ah, ce brave Martin. Il a sans doute déjà oublié qu’aujourd’hui est le grand jour ! Ils avaient fait un long chemin ensemble jusqu’ici, à Altdorf, et aujourd’hui, Martin devait aller s’inscrire au Grand Tournoi de la Reiksguard, et du succès de sa participation pourrait dépendre… son adoubement.
Par la Saincte Cave du baron de Havras, que la Dame du Lac guide son bras !
A ce moment-là, Martin réapparut à la porte de la chambre, visiblement bredouille et manifestement confus. Dangorn de Castagne, toujours pas levé de son lit, jeta un regard éloquent à la cruche, toujours à portée de main.
- Sire, euh… Les seigneurs attablés en bas, le baron de Joli-Tonneau et le baron de Vigne Bleue, refusent de vous céder la moindre miche de pain tant que vous ne serez pas descendus se présenter à eux et… et goûter à leur vin, à ce qu’ils disent…
Martin souffla intérieurement en voyant l’humeur de son seigneur virer de la juste vindicte à la juste liesse…
- Les braves bretonniens !!
Le sire de Castagne enfila haut, bas et bottes en moins de temps qu’il fallait pour tuer un gobelin ; il allait quitter la pièce quand il s’arrêta soudain devant la porte et s’adressa à son écuyer :
- Mon bon Martin, voici votre corvée du matin, seulement après laquelle vous pourrez prétendre à de la pitance… - il ne put se retenir de sourire chaleureusement. – Allez-vous-en vous inscrire à la commanderie de la Reiksguard, pour l’épreuve des joutes ! Compris ?
Totalement réveillé, Martin se remémora enfin qu’aujourd’hui était un grand jour…
- C’est comme si c’était fait, sire ! – s’exclama-il, rayonnant de fierté.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mar 23 Mai 2017 - 22:44
Le soir du même jour, Von Essen déambulait dans les rues de la capitale, scrutant avec avidité les cous des jeunes demoiselles qu’il croisait. Il était las, il avait soif ; les récents événements, ou plutôt ses récentes mésaventures, l’avaient bien secoué.
Son œil exercé l’avertit toutefois d’une anomalie intéressante : n’était-ce pas une charmante demoiselle qui venait d’entrer dans cette taverne ? Et ses atours n’étaient-ils pas ceux attribués habituellement à la gent masculine ? Un haut de cuir, un pantalon… Avide d’en voir davantage, quitte à se changer les idées, le chroniqueur entra dans l’établissement à son tour.
Il fut tout de suite happé par l’ambiance joviale de l’endroit, bondé par cette heure tardive et rempli du brouhaha des conversations. Au fond de la salle, un petit espace aménagé en estrade était occupé par une jeune femme qui chantait… en jouant du tambourin. Oh, par le sang, sa vivacité la rendait également attirante. Mais il en oubliait sa proie initiale…
- Vous désirez quelque chose, messire ? – lui demanda subitement une serveuse qui passait à côté.
Von Essen lui sourit de toutes ses dents avant de décliner poliment. Décidément, l’Empire abritait encore de nombreuses proies délicates et prêtes à être dégustées.
Il finit par se déplacer, histoire de dégager l’entrée, et chercha des yeux la mystérieuse demoiselle à la veste de cuir. Il l’aperçut à une table… en train de faire un bras de fer contre un homme barbu à forte corpulence… et l’emporter. Hein ? Hein ?
Le vampire cligna des yeux. Bousculé brièvement par un serveur, il demeura à son poste d’observation, peinant à croire ce qu’il voyait. Voila qu’elle se trouvait déjà un autre adversaire, tout aussi solide que le précédent ! Et voila qu’elle le battait à plate couture ! Non, ce n’était pas possible ! Et pourtant… Soudainement terrifié, le chroniqueur se détourna de la scène, entendant malgré lui le grognement du troisième adversaire terrassé, et les cris de stupeur de ses compagnons. Quelle était cette monstruosité ?! Où pouvait être la mise ?! Mais surtout, depuis quand les jeunes demoiselles étaient-elles aussi fortes ?!! Si ça continuait comme ça, il pouvait faire une croix sur ses escapades nocturnes, ses enlèvements, sur tout…
Pour faire bonne figure, il finit par se trouver une place sur un banc, et se commanda un verre de vin blanc, déterminé à rester là pour observer la suite des événements.
Un affrontement se succéda à l’autre, et au bout du douzième adversaire vaincu, c’est une véritable ovation que reçut le vainqueur au sourire assassin et à la veste de cuir. Convaincu qu’il devait y avoir anguille sous roche, Von Essen ouvrit son regard aux vents de magie. Là… Oho ! Dissimulé derrière l’habit de la demoiselle, il y avait un curieux pendentif attirant quelque curieux pouvoir mystique. Il y avait donc bel et bien anguille sous roche.
Pesant le pour et le contre, le vampire offrit son verre de vin à son voisin de droite, quitta le banc et se détourna de la table du bras de fer. Il voulait une proie facile, pas une sorte d’héroïne sortie tout droit d’un récit. La serveuse… ou la ménestrelle ? Ah, c’était toujours la serveuse ! Non, cette fois-ci, la ménestrelle, pour une fois qu’il en croisait une…
Le vampire se rapprocha de l’estrade afin de mieux écouter. La chanson parlait désormais d’un certain Jürger, qui tuait des orques dans une forêt… Ah, il y avait son compagnon Dagan, fier chevalier, ils tuaient des orcs ensemble, etc, etc… Au bout d’un moment, Von Essen fut perdu dans ses pensées et perdit le fil. Lorsque des applaudissements étouffèrent la conclusion de la chanson, il se joignit distraitement à l’acclamation générale, espérant que cette prestation serait la dernière de la soirée.
A ce moment, il vit la ménestrelle appeler quelqu’un dans l’assemblée… suite à quoi un homme de haute stature se leva, tout sourire. Il appela… son ami Jürger… Quoi ?... Et le dénommé Jürger finit par se lever, provoquant un bref silence de l’assemblée. Peut-être était-ce dû à son air contrit ? Ou était-il contrit par tous ces regards tournés vers lui ? Le chroniqueur constata qu’il y avait de quoi : ses cheveux bruns et sa barbe étaient partiellement blancs, sa peau semblait maladive, ses yeux… étaient rouge sombre.
- Hé !! C’est Jürger ! Le héros de ma chanson ! LE héros de Mörlenfurt !
La ménestrelle semblait soudainement révoltée, comme si on venait d’insulter son compagnon.
- Laisse, Shannon, - dit alors le dénommé Jürger, - ça ne vaut pas la peine…
- Mais bien sûr que sii ! Braves gens ! C’est lui, le héros ! Lui et Dagan !
Le chevalier Dagan se contenta d’approuver du chef, lui-même paraissant quelque peu dépassé par la situation. Ce fut alors que quelqu’un se fraya un chemin dans le cercle des spectateurs…
- Excusez-moi ! (Le vampire eut un frémissement en voyant que c’était la dame à l’objet magique redoutable) Excusez-moi ! J’ai raté quelque chose, il se passe quoi ici ?
- Rien, rien, - l’homme aux cheveux mi-blancs se rasseyait et remettait sa veste et sa capuche. – Tout va très bien.
- Mais… - la ménestrelle semblait au bord des larmes.
- Bah ?
La demoiselle à la veste de cuir s’approcha vivement de la musicienne et lui demanda encore ce qui s’était passé. Malheureusement pour elle, la jeune femme peinait à trouver ses mots, aussi la demoiselle se tourna plutôt vers l’assemblée :
- Eh bien ! Qu’est-ce que c’est que ce traquenard ! Qui a fait pleurer la donzelle ! Et comme je vous connais, j’offre une bière à celui qui balance le coupable !
A sa grande surprise, un silence encore plus gênant retomba. Cependant, avant qu’elle ne fût déconcertée ou ne s’énervât davantage, Von Essen lui-même se leva de son siège et s’approcha des deux femmes. Intérieurement terrifié par ce qu’il faisait, il posa familièrement la main sur l’épaule de la demoiselle, avant de lancer :
- Désolé, ma sœur, nous sommes tous un peu coupables ici. Voyez-vous, on a du mal face aux malheurs des autres…
La tension sembla monter d’un cran, alors même que derrière la demoiselle et lui, la ménestrelle ne parvint pas à retenir un sanglot… La dame au talisman le fusilla du regard, et le chroniqueur se demanda vaguement pourquoi il continuait à afficher un sourire condescendant à son encontre. Il la vit refouler sa main d’un geste sec, et l’entendit dire : « Tu veux ma main dans la figure ?... »
- Hé ! – l’air indigné, il fit un pas en arrière. – Pourquoi c’est moi qui prendrais pour tout le monde ? Cette femme chante les exploits d’un saint homme, et quand le saint homme se révèle être un lépreux, tout le monde se détourne de lui ! Est-ce que c’est moi le coupable ?!
Il entendit le tambourin tomber à terre, et vit la ménestrelle disparaître à l’escalier menant à l’étage ; elle était partie en pleurant. Puis, il entendit des poings se serrer dans la foule. « Veste de cuir » le regardait également avec l’amabilité d’un ours qu’on a réveillé en hiver.
- Qui traites-tu de « lépreux » ?! – questionna-t-elle avec férocité.
- Personne ! Mais cet homme, là, dans la foule… - Von Essen pointa Jürger du doigt, - …est un héros, un vrai héros de guerre, sauf qu’il n’est pas beau à voir. Et je suis le seul à l’avouer haut et fort !
- Comment oses-tu…
- « Malfaisant » ? C’est à ça que vous pensez ? Ha ! On traite de malfaisant tous ceux qui disent la vérité au détriment des apparences. Moi, je dis que personne dans cette foule, personne, vous m’entendez ? Personne ne voudra jamais voir ce pauvre homme pour ce qu’il est vraiment, un brave, simplement parce qu’il a deux yeux comme les miens et parce qu’il semble tout le temps tourner de l’œil !
- Ferme ta sale gueule !!!
Un puissant coup au menton envoya le vampire voltiger contre le mur de la salle. Il encaissa le choc, mais atterrit sur ses deux pieds. Son sixième sens lui indiqua qu’un autre coup arrivait, mais quelque chose le retint au dernier moment…
- Arrêtez. Ça ne vaut vraiment pas la peine.
La demoiselle se retourna, un léger frisson la parcourut lorsqu’elle vit celui qui retenait son bras : pâleur extrême, expression grave, voire menaçante… Von Essen se redressa, jaugea l’état des lieux, se demanda quelle mouche l’avait piqué à être aussi bavard en cette soirée de printemps.
- Vous… - le dénommé Jürger le regardait à présent, une fois la dame apaisée… - Vous avez fait pleurer Shannon.
Le chroniqueur fut subitement convaincu qu’on venait de prononcer son arrêt de mort. La demoiselle au poing lourd n’était rien à côté de cette simple affirmation lourde de sens, de ce simple constat d’un fait accompli, fait qui allait entrainer quelque conséquence qu’il ne voulait surtout pas imaginer…
- La vérité n’en vaut pas la peine. Sachez-le, tout simplement.
Médusé, Von Essen l’observa s’en retourner vers son grand compagnon, puis l’entrainer vers l’escalier, alors que la foule leur créait un passage. Ce ne fut que lorsqu’ils s’éclipsèrent totalement que tous les regards se tournèrent vers lui, le chroniqueur...
« Oh non… »
- Je participe au tournoi de la Reiksguard ! – lança-t-il à l’assemblée qui les encerclait, la demoiselle à la veste de cuir et lui. – Si vous souhaitez régler vos comptes avec moi, faites-le sur le sable de l’arène !
Il fut alors immédiatement saisi au col par la demoiselle, qui le replaqua au mur :
- Oh, ça, j’y compte bien, monsieur-la-grande-gueule, et je trouverai d’autres surnoms pour toi, tu peux me croire !
- Je… Vos compagnons veulent manifestement me casser les rotules avant que ça n’arrive. Je vous serais gré de les retenir.
La demoiselle le dévisagea longuement, avant de se tourner vers le cercle d’hommes et de femmes :
- Laissez-le ! Vous avez entendu le sire Jürger : il n’en vaut pas la peine ! Laissez-le partir ! – et elle lâcha son emprise sur le col du vampire.
Ce dernier n’attendit pas de se faire prier, et se fraya tant bien que mal un chemin à travers la foule qui le regardait de travers. Tenté de lancer une dernière pique en sortant, il y renonça en repensant au visage éploré de la ménestrelle.
Dans la taverne, on déclara immédiatement la fin du service.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mar 23 Mai 2017 - 23:20
A chaque jour qui passait, les arrivées s’espaçaient et les heures s’allongeaient. Il ne restait que quelques jours avant la fin des inscriptions. Que cela se finisse vite, pensa-t-il. Depuis des semaines qu’il était assis sur cette chaise, à sentir le bois maltraiter son fessier et les courants d’air à lui laisser des torticolis à répétition. Si seulement on pouvait fermer ces portes… Quand il leva les yeux vers elles en soupirant, un mouvement attira son regard. La lumière de l’extérieur se reflétait sur quelque chose qui faisait apparaitre un éclat bleuté dansant sur le pan de la porte. Puis il entendit des bruits de métal qu’il avait appris à reconnaître. Un chevalier en armure s’approchait. Il se redressa, un peu, juste histoire de faire bonne figure. Mais il ne put s’empêcher de faire les gros yeux quand la personne passa les fameuses portes.
Un homme en armure complète s’avançait d’un pas serein mais vif. Il commençait à avoir l’habitude des auras de puissance qui émanaient des visiteurs, mais il n’aurait jamais cru en voir une vraie ! L’armure, aussi claire qu'un ciel d'hiver, diffusait une lueur bleutée tout autour du guerrier. Ce phénomène trouva écho sur la garde ouvragée dépassant d’un long fourreau à sa ceinture et sur un écu quasiment aussi grand que le scribe, que le seigneur portait sans peine à sa main gauche. Il le posa contre la table d’un geste fluide dans l’intention d’enlever son heaume. Hans Friedrich von Hansa prit sa plume qu’il trempa dans l’encrier et se prépara à écrire le nom du chevalier…
- Katarina Snjegynka. Pour l’épreuve des joutes.
… De la chevalière. Il releva la tête, surpris. Il découvrit des yeux d’un bleu cristallin, un chignon sommaire mais efficace renfermant des cheveux entre le blond éthéré et le roux chaleureux, et une peau pâle comme la neige. Ce visage aux lèvres fines aurait pu être angélique si son expression n’était pas aussi sévère.
- Un problème ?
- Euh… Du tout. Vous venez du Kislev ?
- Exact.
- Bien, bien.
- Non, pas comme ça.
- Pardon ?
- Le nom. Snjegynka. S-n-j-e-g-y-n-k-a.
- Oh, toutes mes excuses.
- Quand auront lieu les premiers combats ?
- Dans trois jours.
- Parfait.
Sans plus de cérémonie, la dénommée Katarina s’apprêta à remettre son heaume, mais se figea à mi-parcours et fronça les sourcils. Il n’eut pas le temps de l’interroger qu’elle se retourna en direction des portes. Sur le seuil se tenait une silhouette beaucoup plus fine, plus élégante, plus noble. La courtisane analysa la pièce d’un regard suffisant et finit par braquer son attention sur la guerrière. Le scribe assista à un échange de regards qui aurait pu durer une éternité sans en comprendre la moindre raison. La chevalière posa délicatement sa main sur la garde de son épée. La noble baissa son ombrelle et la referma. Et sans quitter des yeux la kislévite, elle annonça :
- Je veux m’inscrire aux épreuves à pied.
La combattante haussa les sourcils d’étonnement et scruta la nouvelle venue sans aucune gêne. Les cheveux bouclés et noirs de jais, la peau diaphane, les yeux sombres et le sourire hautain, elle tenait de sa main fine et délicate une ombrelle blanche en dentelle. Cette jeune femme semblait prête à célébrer toute réception éventuelle, parée de ses multiples bijoux et de sa robe d’apparat. Aux premiers abords, rien qui n’indiquait une quelconque capacité martiale. Mais certains détails attirèrent l’œil expert de Katarina. Un pli particulier de sa robe au bras gauche indiquait la présence d’une arme, sans doute une dague. Quand la courtisane se rapprocha du bureau, elle remarqua un pas souple et précis, et un regard qui englobait toute la salle. Elle hocha la tête, et la femme lui rendit d’un mouvement sec. L’une et l’autre s’étaient reconnues, et un accord tacite venait d’être passé. Katarina remit son heaume, prit son bouclier et repartit après un bref salut pour le scribe.
- Dame Malvira de Madrugada.
Le scribe sursauta quand la jeune femme tapa dans les mains.
- Vous notez ? Dame Malvira de Madrugada !
- Mais…
Hans sentit la chaleur lui monter au visage.
- Mais… Dame… Vous, dans un tournoi ?
- Vous insinuez que je suis une incapable ? Une de ces pauvres demoiselles qui ne sont jamais sorties du palais ?
- Non… non… Je…
- Il suffit. Inscrivez-moi sur cette liste, et ne vous occupez pas du reste.
- B-bien…
Malvira vérifia avec soin son nom inscrit dans le grimoire. Puis, sans même une parole, elle se dirigea vers la sortie, ouvrit son ombrelle avec précaution, et partit d’un pas mesuré, la tête haute.
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mar 23 Mai 2017 - 23:40
Scène 1 :
Une place des faubourgs d’Altdorf. Il fait beau, presque chaud. Devant la boulangerie, grosse bâtisse de pierre au milieu d’un quartier d’habitations moins solides, un attroupement s’est formé. Des passants et des badauds d’habitudes préoccupés par le marché qui se tient normalement en ce milieu d’après midi. Un attroupement s’est formé autour de la boutique, des civils discutent avec des soldats en uniformes locaux. Certains portent une arquebuse sur l’épaule, d’autres des hallebardes, et tous passent le comme s’ils attendaient depuis longtemps. Même celui qui semble commander cette troupe dissipée a enlevé sa botte et se masse le pied.
Premier passant :
Excusez-moi sir capitaine…
Le sergent :
Sergent.
Premier passant :
Pardon,
mais pourriez-vous me dire ce qu’il se passe ici ?
Le sergent :
Rien de bien amusant, nous gardons la maison
Pendant que d’autres fouillent depuis presque midi.
Premier passant :
Une boulangerie ? Mais pourquoi ? Qu’y a-t-il ?
Le sergent :
Je n’en sais pas grande chose, une histoire de grimoire :
Un répurgateur est venu d’une autre ville
Nous réquisitionner je crois jusqu’à ce soir.
Une passante :
Mais pourquoi par Sigmar s’en prendre à cette maison ?
Le sergent :
Je viens de vous le dire : il recherche un bouquin !
Premier passant :
Mais une boulangerie…
Une passante :
Où le pain est si bon !
Le sergent :
Pour un répurgateur, ces gâteaux ne sont rien…
Un soldat : se relevant et époussetant son uniforme
Les voilà qui ressortent ! Remettez-vous debout!
Le sergent :
Il était temps, bon sang ! Ils furent longs, ma parole !
En criant : Tout le monde à sa place ! Civils écartez-vous !
à sa troupe : Ramasser-moi les dés, tous droits sur vos guiboles!
Scène 2
Un groupe d’une demi-douzaine de soldats épée à la ceinture sortent de la boulangerie en entourant un homme qui, les mains attachés devant lui, se fait tirer par une corde attaché aux poignés. Il n’émet pas de mots clairs, mais tente de parler : il a un sac noir sur la tête, mais on se doute qu’un bâillon lui a été imposé. Les nouveaux soldats font un signe à l’un de ceux qui attendait, et celui-ci cours détacher un cheval sur lequel le prisonnier est jeté au travers de la selle sans ménagement. Le sergent se met à coté de la porte et fait claquer ses bottes au moment ou un dernier individu sort de la bâtisse. C’est un homme de très grande taille, maigre, à la barbe grise soigneusement taillée, et dont la moustache parfaitement horizontale, n’est pas loin de toucher les deux battants de la porte en même temps lorsqu’il franchit celle-ci. Il tient dans une main son chapeau, comme lui haut et fin, et dont le large bord semble aussi fripé que le manteau brun du répurgateur. Dans l’autre il tient une feuille de papier qu’il agite doucement pour en faire sécher l’encre. La foule s’écarte et lui se place au centre de l’espace ainsi formé. Il sort de sa poche une paire de petits lorgnions et commence à lire :
Richter Ketzerfeuer :
« Moi, Richter Ketzerfeuer, le repurgateur
Je declare hérétique maitre Boris Unschuldig
Ayant trouvé chez lui un livre accusateur
De sorcellerie noire, et de sciences de liches.
Il sera emmené à la plus proche prison
Pour y être jugé, condamné et pendu
Au nom de l’empereur. »
Le sergent :
Nous vous escorterons ?
Richter Ketzerfeuer :
Merci, mais non merci, indiquez-moi la rue
Vous fûtes fort efficaces pour dormir là-dehors
Aussi vais-je me charger de ce piètre fardeau.
Le sergent : un brin vexé
Mais nous sommes la garde… c’est de notre ressort…
Richter Ketzerfeuer : la main s’approchant du pistolet
Vous contestez mes ordres ?
Le sergent : reculant
J’obéis aussitôt !
Aux soldats : Toi ! Apporte le cheval ! On rentre à la caserne !
Scène 3
Une rue en pente des quartiers d’Aldorf. La voie est large, assez peu animée. Quelques habitants marchent sans trop regarder autour. Le répurgateur entre en montant la rue, tenant le cheval par la bride, et par-dessus, toujours en travers, le boulanger gémit à chaque mouvement de la monture. Le chasseur de sorcière sifflote en tout en cherchant visiblement son chemin. Un prêtre guerrier entre en scène par le côté opposé.
Trouptili de Carrousel pour lui même :
Une mission à Osburg! Quelle confiance on me fait!
Une enquête facile, et nuit payée à la taverne !
Richter Ketzerfeuer pour lui-même :
Quel manque de chance je suis perdu… Si je savais
Où aller dans ce labyrinthe… Cherchons de l’aide
Excusez-moi ?
Trouptili de Carrousel un peu surpris :
Euh… oui monsieur?
Richter Ketzerfeuer :
Pardon mon père, Je ne sais comment l’on accède
A la grande prison, c’est pour ce ennuyeux
Votre ville n’est pas Nuln, aussi suis-je perdu…
Trouptili de Carrousel :
Euh… la prison… voyons… Prenez d’abord par là
ou a droite… attendez… Je ne me souviens plus…
Richter Ketzerfeuer :
Mais vous êtes d’ici ?
Trouptili de Carrousel paniquant
Mais bien sûr ! Par ma foi !
D’ici depuis toujours ! Tenez votre chemin…
Hésitant tout droit, tout droit, à droite, puis encore une fois
Et après la fontaine… Sur la gauche surement !
Richter Ketzerfeuer :
Vous en êtes certain ? Je n’ai pas tout suivi…
Trouptili de Carrousel tentant de se convaincre lui-même :
Mais si ! je vous assure ! vous trouverez facilement !
Richter Ketzerfeuer méfiant :
Et bien… si vous le dites… J’y vais donc… Grand merci…
Les deux repartent en se croisant. Trouptili accélère au fur et à mesure qu’il s’éloigne.
Scène 4
Le hall d’entrée de la commanderie de la Reiksguard. Il y a moins de monde que les derniers jours, et en cette toute fin de journée, la table d’inscription est – fait notable - directement accessible. Le petit homme assis au bureau, le dos plié par des années de services derrière ce genre de meuble est visiblement occupé reremplir les encriers en vu des inscriptions du lendemain. Le répurgateur entre dans le bâtiment, avec le cheval et son chargement.
Richter Ketzerfeuer :
Ils sont riches à Aldorf ! Regardez moi cette geôle !
Dommage, cher hérétique, que vous ne restiez pas !
Le scribe:
Pardon ! Vous là ! Oui, vous ! Où portez vous ce drôle ?
Richter Ketzerfeuer :
Etes-vous un registre ?
Le scribe:
Si on veut… mais voilà
Il me semble bien tard pour un nouvel inscrit...
Richter Ketzerfeuer :
Vous refuser d’inscrire un nouvel arrivant ?
C’est contre toutes les lois ! Vous risquez votre vie !
Le scribe:
Très bien, très bien, pardon… (à lui même) tentons d’être apaisant
Qui donc est à cheval ?
Richter Ketzerfeuer :
Mais vous le voyez bien !
C’est cet homme là-dessus !
Le scribe:
Et vous… vous êtes à pied ?
Richter Ketzerfeuer :
Ça me semble évident ! Vous ne voyez donc rien ?
Le scribe:
Mais si… je vous assure… cet homme est cavalier?
Richter Ketzerfeuer :
Donc… pour résumer : Boris Unschuldig monté !
Richter Ketzerfeuer, c’est moi même, est au sol !
Le scribe:
Il est donc à cheval… et puis vous vous marchez ?
Richter Ketzerfeuer :
(A lui même) Leur administration, par Sigmar, semble folle !
C’est donc si important cette locomotion ?
Le scribe:
C’est primordial bien sûr ! (il griffonne un peu) J’ai fini de noter.
Richter Ketzerfeuer :
A la bonne heure… enfin ! Qu’est-ce que ce fut long !
Où puis-je vous poser l’homme ? Où donc peut-il loger ?
Le scribe:
Quelques inscrits sans chambres peuvent dormir ici
Les chambres sont par là, vers la cours intérieur
Continuez vers la cours, longez les écuries
On vous indiquera…
Richter Ketzerfeuer :
Fort bien… à tout à l’heure !
Je dépose ce gueux et ce sera fini.
Il sort de scène avec un air hautain, en se lissant sa longue moustache et en tirant la bride du cheval. Le scribe le regarde s’éloigner, soupire, range un peu ses papiers, et sort de scène à son tour en marchant courbé.
Une place des faubourgs d’Altdorf. Il fait beau, presque chaud. Devant la boulangerie, grosse bâtisse de pierre au milieu d’un quartier d’habitations moins solides, un attroupement s’est formé. Des passants et des badauds d’habitudes préoccupés par le marché qui se tient normalement en ce milieu d’après midi. Un attroupement s’est formé autour de la boutique, des civils discutent avec des soldats en uniformes locaux. Certains portent une arquebuse sur l’épaule, d’autres des hallebardes, et tous passent le comme s’ils attendaient depuis longtemps. Même celui qui semble commander cette troupe dissipée a enlevé sa botte et se masse le pied.
Premier passant :
Excusez-moi sir capitaine…
Le sergent :
Sergent.
Premier passant :
Pardon,
mais pourriez-vous me dire ce qu’il se passe ici ?
Le sergent :
Rien de bien amusant, nous gardons la maison
Pendant que d’autres fouillent depuis presque midi.
Premier passant :
Une boulangerie ? Mais pourquoi ? Qu’y a-t-il ?
Le sergent :
Je n’en sais pas grande chose, une histoire de grimoire :
Un répurgateur est venu d’une autre ville
Nous réquisitionner je crois jusqu’à ce soir.
Une passante :
Mais pourquoi par Sigmar s’en prendre à cette maison ?
Le sergent :
Je viens de vous le dire : il recherche un bouquin !
Premier passant :
Mais une boulangerie…
Une passante :
Où le pain est si bon !
Le sergent :
Pour un répurgateur, ces gâteaux ne sont rien…
Un soldat : se relevant et époussetant son uniforme
Les voilà qui ressortent ! Remettez-vous debout!
Le sergent :
Il était temps, bon sang ! Ils furent longs, ma parole !
En criant : Tout le monde à sa place ! Civils écartez-vous !
à sa troupe : Ramasser-moi les dés, tous droits sur vos guiboles!
Scène 2
Un groupe d’une demi-douzaine de soldats épée à la ceinture sortent de la boulangerie en entourant un homme qui, les mains attachés devant lui, se fait tirer par une corde attaché aux poignés. Il n’émet pas de mots clairs, mais tente de parler : il a un sac noir sur la tête, mais on se doute qu’un bâillon lui a été imposé. Les nouveaux soldats font un signe à l’un de ceux qui attendait, et celui-ci cours détacher un cheval sur lequel le prisonnier est jeté au travers de la selle sans ménagement. Le sergent se met à coté de la porte et fait claquer ses bottes au moment ou un dernier individu sort de la bâtisse. C’est un homme de très grande taille, maigre, à la barbe grise soigneusement taillée, et dont la moustache parfaitement horizontale, n’est pas loin de toucher les deux battants de la porte en même temps lorsqu’il franchit celle-ci. Il tient dans une main son chapeau, comme lui haut et fin, et dont le large bord semble aussi fripé que le manteau brun du répurgateur. Dans l’autre il tient une feuille de papier qu’il agite doucement pour en faire sécher l’encre. La foule s’écarte et lui se place au centre de l’espace ainsi formé. Il sort de sa poche une paire de petits lorgnions et commence à lire :
Richter Ketzerfeuer :
« Moi, Richter Ketzerfeuer, le repurgateur
Je declare hérétique maitre Boris Unschuldig
Ayant trouvé chez lui un livre accusateur
De sorcellerie noire, et de sciences de liches.
Il sera emmené à la plus proche prison
Pour y être jugé, condamné et pendu
Au nom de l’empereur. »
Le sergent :
Nous vous escorterons ?
Richter Ketzerfeuer :
Merci, mais non merci, indiquez-moi la rue
Vous fûtes fort efficaces pour dormir là-dehors
Aussi vais-je me charger de ce piètre fardeau.
Le sergent : un brin vexé
Mais nous sommes la garde… c’est de notre ressort…
Richter Ketzerfeuer : la main s’approchant du pistolet
Vous contestez mes ordres ?
Le sergent : reculant
J’obéis aussitôt !
Aux soldats : Toi ! Apporte le cheval ! On rentre à la caserne !
Scène 3
Une rue en pente des quartiers d’Aldorf. La voie est large, assez peu animée. Quelques habitants marchent sans trop regarder autour. Le répurgateur entre en montant la rue, tenant le cheval par la bride, et par-dessus, toujours en travers, le boulanger gémit à chaque mouvement de la monture. Le chasseur de sorcière sifflote en tout en cherchant visiblement son chemin. Un prêtre guerrier entre en scène par le côté opposé.
Trouptili de Carrousel pour lui même :
Une mission à Osburg! Quelle confiance on me fait!
Une enquête facile, et nuit payée à la taverne !
Richter Ketzerfeuer pour lui-même :
Quel manque de chance je suis perdu… Si je savais
Où aller dans ce labyrinthe… Cherchons de l’aide
Excusez-moi ?
Trouptili de Carrousel un peu surpris :
Euh… oui monsieur?
Richter Ketzerfeuer :
Pardon mon père, Je ne sais comment l’on accède
A la grande prison, c’est pour ce ennuyeux
Votre ville n’est pas Nuln, aussi suis-je perdu…
Trouptili de Carrousel :
Euh… la prison… voyons… Prenez d’abord par là
ou a droite… attendez… Je ne me souviens plus…
Richter Ketzerfeuer :
Mais vous êtes d’ici ?
Trouptili de Carrousel paniquant
Mais bien sûr ! Par ma foi !
D’ici depuis toujours ! Tenez votre chemin…
Hésitant tout droit, tout droit, à droite, puis encore une fois
Et après la fontaine… Sur la gauche surement !
Richter Ketzerfeuer :
Vous en êtes certain ? Je n’ai pas tout suivi…
Trouptili de Carrousel tentant de se convaincre lui-même :
Mais si ! je vous assure ! vous trouverez facilement !
Richter Ketzerfeuer méfiant :
Et bien… si vous le dites… J’y vais donc… Grand merci…
Les deux repartent en se croisant. Trouptili accélère au fur et à mesure qu’il s’éloigne.
Scène 4
Le hall d’entrée de la commanderie de la Reiksguard. Il y a moins de monde que les derniers jours, et en cette toute fin de journée, la table d’inscription est – fait notable - directement accessible. Le petit homme assis au bureau, le dos plié par des années de services derrière ce genre de meuble est visiblement occupé reremplir les encriers en vu des inscriptions du lendemain. Le répurgateur entre dans le bâtiment, avec le cheval et son chargement.
Richter Ketzerfeuer :
Ils sont riches à Aldorf ! Regardez moi cette geôle !
Dommage, cher hérétique, que vous ne restiez pas !
Le scribe:
Pardon ! Vous là ! Oui, vous ! Où portez vous ce drôle ?
Richter Ketzerfeuer :
Etes-vous un registre ?
Le scribe:
Si on veut… mais voilà
Il me semble bien tard pour un nouvel inscrit...
Richter Ketzerfeuer :
Vous refuser d’inscrire un nouvel arrivant ?
C’est contre toutes les lois ! Vous risquez votre vie !
Le scribe:
Très bien, très bien, pardon… (à lui même) tentons d’être apaisant
Qui donc est à cheval ?
Richter Ketzerfeuer :
Mais vous le voyez bien !
C’est cet homme là-dessus !
Le scribe:
Et vous… vous êtes à pied ?
Richter Ketzerfeuer :
Ça me semble évident ! Vous ne voyez donc rien ?
Le scribe:
Mais si… je vous assure… cet homme est cavalier?
Richter Ketzerfeuer :
Donc… pour résumer : Boris Unschuldig monté !
Richter Ketzerfeuer, c’est moi même, est au sol !
Le scribe:
Il est donc à cheval… et puis vous vous marchez ?
Richter Ketzerfeuer :
(A lui même) Leur administration, par Sigmar, semble folle !
C’est donc si important cette locomotion ?
Le scribe:
C’est primordial bien sûr ! (il griffonne un peu) J’ai fini de noter.
Richter Ketzerfeuer :
A la bonne heure… enfin ! Qu’est-ce que ce fut long !
Où puis-je vous poser l’homme ? Où donc peut-il loger ?
Le scribe:
Quelques inscrits sans chambres peuvent dormir ici
Les chambres sont par là, vers la cours intérieur
Continuez vers la cours, longez les écuries
On vous indiquera…
Richter Ketzerfeuer :
Fort bien… à tout à l’heure !
Je dépose ce gueux et ce sera fini.
Il sort de scène avec un air hautain, en se lissant sa longue moustache et en tirant la bride du cheval. Le scribe le regarde s’éloigner, soupire, range un peu ses papiers, et sort de scène à son tour en marchant courbé.
- EssenSeigneur vampire
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Mer 24 Mai 2017 - 22:57
Cette nuit-là, Altdorf dormait paisiblement.
Sur la pointe du toit de la plus haute tour du palais, le sire Rance du Corbeau se tenait debout, les bras croisés, et scrutait les étoiles.
Dans la salle des archives du palais, à l’insu des gardes et des moines copistes, Helmut van Orsicvun consultait les rapports passés de l’Ordre du Marteau d’Argent. Par curiosité.
Dans la cave d’une taverne gérée par un bretonnien, Jacques le limier se servait à une tonnelle aux frais de la princesse : il n’allait tout de même pas tout laisser aux nobles sires quand ses compagnons étaient assoiffés !
Au sein d’une chapelle du Graal non loin, Léonard priait la Dame. Pour qu’elle le débarrasse des cauchemars qui le visitaient depuis qu’il avait croisé une colonne de flagellants de Sigmar…
A l’ombre d’une sinistre ruelle, un beau jeune homme aux cheveux noirs, courts et ébouriffés tenait dans son étreinte le corps inerte d’une jeune femme, désormais vidée de son sang.
Dans une chambre d’hôtes du palais impérial, un homme et une femme goûtaient à un repos bien mérité après une journée d’entrainement. C’était un vieux couple, ils semblaient habitués à leurs propres ronflements.
Thelma Auerbach, allongée sur un simple lit à l’étage d’une auberge, songeait aux mots de l’étrange individu qui l’avait prise de haut tout à l’heure. Quelle tête à claques, celui-là ! Mais le visage livide du héros de guerre revenait sans cesse la hanter.
Le héros de guerre, installé dans une chambre au même étage, dormait du sommeil des justes, en face de son vaillant compagnon bretonnien.
Von Essen voulait trouver dame Arken. Mais elle était en Azérotte. *Snif*.
Malvira de Madrugada voulait aussi trouver dame Arken. Mais dame Arken était en Azérotte. *¡Coño !*
A quelques lieues de la capitale, un grand homme à cape de fourrure s’arrêta devant un panneau routier. Mannslieb éclaira son sourire lorsqu’il lut « Altdorf ».
Il fut immédiatement accosté par un chevalier qui semblait être surgi de nulle part : « Vous n’auriez pas du feu ? Mon briquet est vide… »
Dans le Grand Temple de Sigmar, un vieux répurgateur bredouillait des paroles à peine audibles : « Je suis prêt à vous retrouver mes amours. J'espère avoir obtenu votre pardon...»
Non loin de lui, un autre répurgateur remerciait Sigmar pour lui avoir accordé la capture d’un infâme cultiste du chaos.
***
Samuel Aidamis des Sept Monts dormait dans un confortable lit, dans une des maisons aisées du quartier bourgeois. Quelle chance que sa famille eût des amis à Altdorf !
Dans la cour d’entrainement de la commanderie de la Reiksguard, quelqu’un effectuait des passes en solitaire. Il pensait aux affrontements qui l’attendaient.
Dans la grande salle d’une taverne gérée par un bretonnien, trois illustres sires… Mais où sont-ils ? Ah… Trois illustres sires ronflaient sous les tables, tels des bienheureux.
Un chevalier solitaire interpella les sentinelles sur les remparts pour qu’on vienne lui ouvrir. Mal réveillés, les gardes ne prêtèrent pas attention à la voix étrangement douce de ce nouvel arrivant.
Depuis une fenêtre intérieure de la commanderie, un vieil homme kislévite observait avec intérêt les passes de l’inconnu dans la cour d’entrainement.
Il ne parvenait pas à dormir à cause des ronflements de son voisin de chambre, un homme immense à la barbe foisonnante de coquillages.
Ulrich von Stromdorf méditait dans une écurie. Son cheval de trait, naguère volé dans un village lointain, dormait paisiblement.
Dans sa chambre du palais impérial, Katarina Snjegynka songeait à la vampiresse qu’elle avait croisée aux inscriptions. Pourquoi sa tête lui disait-elle quelque chose ?
Alain Magnan ne dormait pas. Les chevaliers du Graal étaient-ils immortels ? La question le taraudait sans cesse.
Martin Delatour dormait sur le lit de son seigneur. Pour une fois que celui-ci dormait sous les tables, il devait en profiter.
Silvère de Castagne dormait à même la terre, à l’orée d’un bois touffu. Les hommes-bêtes redoublaient de vigilance pour éviter de le réveiller.
Boris Unschuldig dormait dans une chambre. Le confort des cellules de la Reiksguard l’avait bien étonné, mais il ne s’en plaignait pas…
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Jeu 25 Mai 2017 - 19:28
- Et voila pour vous, courageux fonctionnaire ! – dit-elle d’un ton gaillard. – Les premières fraises de la saison, profitez-en, vous le méritez bien !
Le greffier en perdit son latin, parvenant seulement à balbutier un « merci » maladroit, observant les fraises comme s’il en voyait pour la première fois. La vieille halfling le regarda un moment, amusée, avant de lui souhaiter bon courage. Après tout, c’était le dernier jour des inscriptions au tournoi… Elle disparut ensuite dans les couloirs de la commanderie, comme à son habitude.
Agréablement surpris, Hans s’autorisa à déguster une fraise, qu’il trouva très bonne. Souriant finalement, il décida de manger tout le contenu du panier sans tarder, guidé par l’instinct de celui qui a grandi à Marienburg… Dans la cité marchande, tout ce qui trainait sans défense était une offre à Ranald, ou pire.
Lorsque deux individus bâtis comme des armoires firent irruption dans le hall, il avait presque fini son festin. Tous sens en alerte, comme pressentant quelque mésaventure, Hans s’empressa de mettre les dernières fraises dans sa bouche, et rangea le panier. Les deux individus se tinrent alors devant lui.
- Bonjour, monsieur. – tonna le moins grand des deux.
Tous deux étaient barbus, voire hirsutes, leurs vêtements semblaient faits en peaux d’animaux sauvages et, pliées sur leurs bras, ils portaient d’épaisses capes de fourrures. La journée s’annonçait chaude.
- Nous voulons participer au grand tournoi. – ajouta le moins grand.
- Euh… Naturellement, - finit par répondre Hans, avalant les fraises, certainement intimidé par la carrure des étrangers. Pourquoi les étrangers étaient-ils toujours aussi grands et forts ?
- Mon nom, - l’homme mit sa main sur sa poitrine, - est Ivan Dariev, et son nom, - il désigna son compagnon, qui faisait une tête de plus que lui, - est Dmitrij Donskoj.
- Pour les épreuves à pied, ou les épreuves à cheval ?
- Les épreuves à pied.
- Tous les deux ?
- Da. Enfin, oui.
Le greffier nota soigneusement les nouveaux noms, suite à quoi les deux individus le saluèrent et s’en allèrent.
Une demi-heure plus tard, alors que personne ne venait se présenter au tournoi, Hans réfléchissait à une nouvelle sérénade pour sa douce. Se penchant frénétiquement sur un parchemin vierge, il se sentait inspiré par un premier quatrain :
Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement…
Il lui semblait vaguement qu’il s’agissait d’un chant bretonnien, mais qu’importe ! Par amour, on faisait même du plagiat !
- Je détecte de l’hérésie dans l’air ! Qu’écrivez-vous là, jeune homme ?!
- Qu’ – Hein ??
Le greffier leva à peine son nez qu’on lui arrachait le papier des mains ; il reconnut immédiatement les insignes d’un serviteur de l’Eglise de Sigmar : l’amulette de la comète, le chapeau à larges bords, le manteau…
- Heu… Ce n’est pas…
- Hm… Cette manière d’écrire ne me semble pas tout à fait orthodoxe ! Qu’as-tu à dire pour ta défense, impie ?!
- C-c-c’est de la poésie, votre sainteté ! C-c-c’est pour une sérénade…
- Une sérénade ? – pendant un instant, le répurgateur fit une moue dubitative. – Les seuls vers que vous devriez écrire, jeune homme, ce seraient des vers à la gloire de l’Empereur ! Mais bon, il faut bien des familles, même si c’est souvent source de péché…
Il reposa le parchemin sur la table, et Hans s’empressa de le ranger dans sa poche.
- V-v-votre sainteté désire…
- Inscrivez mon nom au grand tournoi de la Reiksguard. Mathias Thulmann. Et pas un mot à personne à ce sujet, compris ?
- M-mais on devra bien vous p-présenter devant tout le monde, je ne vois pas…
- Pas un mot !!
- Compris ! Euh… Joutes ou épreuves…
- Epreuves à pied, par Sigmar.
- … V-voila, votre sainteté. Vous voila inscrit.
- Bien. Sigmar vous bénisse, jeune homme. Priez Sigmar et il vous entendra.
- Oui votre sainteté…
- Et glorifiez le nom de l’Empereur ! – le répurgateur se détourna finalement du pauvre Hans et se dirigea vers la sortie. – Des sérénades… Par Sigmar, des sérénades…
Lorsqu’il eut enfin disparu, Hans souffla en essuyant la sueur de son front. Qu’est-ce que Sigmar pouvait venir faire dans un tournoi ? Et qu’avait-il contre les sérénades ?! Quelque peu nerveux, le greffier ressortit son parchemin pour réfléchir à la suite.
***
- EssenSeigneur vampire
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Jeu 25 Mai 2017 - 19:58
Hans fut évidemment interrompu dans ses recherches de lyrisme, mais très poliment cette fois-ci. Devant lui se tenait nul autre que le noble Heinrich Reinhardt, précepteur de l’Ordre de la Reiksguard, un des rares collègues de Narcisse Gentevigne.
- Inscrivez-moi aux épreuves des joutes, - dit-il après s’être présenté.
Le greffier s’executa promptement, à la fois par souci d’efficacité, par volonté de bien servir ce fier mais courtois général et par envie de poursuivre sa « création ». Cette fois-ci, il n’attendit pas que la haute figure du précepteur disparaisse dans la rue avant de reprendre.
Hélas, la chance ne semblait pas lui sourire en ce jour…
- Messire von Hansa ! Messire !
Le greffier, à la fois agacé et surpris, reconnut l’homme en noir qui était au courant pour ses amours. Son nom, par contre, lui échappait.
- Messire ! – dit l’homme, visiblement essoufflé et inquiet. – Je reviens du palais, votre douce semble être dans un état de détresse sentimentale. Quand je l’ai vue dans la cour, elle semblait au bord des larmes…
La mâchoire du pauvre Hans retomba en entendant la nouvelle, mais il se ressaisit et se leva promptement, avant de se figer :
- Je… Les…
- Bah, allez donc la trouver ! Je m’occuperai des inscriptions jusqu’à votre retour. Foncez, c’est peut-être votre chance !
Toujours les nerfs à vif, le jeune homme prit quelques secondes avant de comprendre, jaugea l’homme qui lui faisait face, finit par hocher la tête.
- Merci ! – lui lança-t-il en courant vers la sortie.
- De rien ! – répondit Helmut van Orsicvun en s’asseyant à sa table.
Le temps que ce brave mortel se rende compte que sa belle n’était pas au palais, mais chez elle, dans le quartier aisé, il aurait tout le temps pour consulter, voire recopier le registre… Oh, tiens, ça, ce n’est pas un registre. Ha, en voila un honteux plagiat. Mais le vers est fort joli, fort joli, admettons-le…
***
- EssenSeigneur vampire
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Jeu 25 Mai 2017 - 23:14
Altdorf. Le quartier riche. Une grande demeure parmi les autres.
- Entre, Salira.
- Bonsoir Dame, bonsoir Massa.
- Chère sœur...
- Tu semble soucieuse. Des nouvelles en provenance du palais ?
- En quelques sortes. Cela concerne plus directement la sans-grâce.
- Oh, Malvira. Je t'écoute.
- Elle s'est inscrite aux épreuves à pied.
- Quoi ?! Mais quelle...
- Massa, un peu de retenue.
- Pardon, Dame.
- Toujours est-il que je suis déjà au courant.
- Vous m'en voyez surprise.
- Cette petite est venue me voir il y a quelques semaines, lors de notre passage au Pinacle.
- Dame, avec tout mon respect, vous ne devriez pas rester seule avec une sans-grâce.
- Douterais-tu de ma capacité à me défendre, Massa ?
- Vous savez bien que non. Mais il est de mon devoir de m'en inquiéter.
- Je n'en attends pas moins de ma garde personnelle.
- Dame, pourquoi la laisser faire ? Ce geste inconsidéré est risqué pour notre identité. D'autant plus que j'ai eu vent de la participation de certains sigmarites...
- Eh bien, si tu veux tout savoir, Salira, elle est venue m'en demander l'autorisation, et j'ai accepté.
- Comment ? Mais vous n'avez pas...
- Non, évidemment. Mais elle le convoite.
- Dame, c'est une sans-grâce, elle essaiera avec n'importe laquelle d'entre nous.
- Justement, non. Cette petite a de l'ambition. Oser quémander une telle faveur directement à l'une des membres du Haut Conseil...
- Elle a osé vous le demander ?!
- Bien sûr que non. Mais ses intentions sont limpides. Même trop limpides.
- Cela ne me dit toujours pas pourquoi vous la laissez participer.
- Cela m'amuse.
- Votre goût pour l'amusement me laisse toujours aussi perplexe, malgré tout ce temps passé.
- Dame, votre divertissement risque de mettre à mal la mascarade.
- Balivernes. D'autres de notre race y participent déjà. N'est-ce pas Salira ?
- Il est vrai. Hormis la sans-grâce, six y participent, en joutes ou à pied.
- Un problème, Massa ?
- Dans ces conditions, je ne comprends pas votre refus.
- Voyons, ma chère, tu n'as rien à me prouver, je connais déjà ta valeur. Inutile de perdre ton temps parmi les mortels.
- Excusez-moi, Dame, mais je m'inquiète de vos intentions. Vous ne l'avez pas fait, mais cette discussion me fait craindre vos actions futures.
- Par la Reine, seriez-vous jalouses toutes les deux ?
- Comment ?
- Pas du tout.
- Ahahah ! C'est donc cela qui vous inquiète... détendez-vous, chères suivantes. Je crains d'avoir trop d'affection à votre égard pour vous remplacer de la sorte, qui plus est par une femme de sa condition.
- Mais alors, pourquoi lui prêter tant d'attention ?
- Tant qu'elle aura pour objectif de rentrer dans mes bonnes grâces, elle ne fera rien qui puisse nuire à la Reine.
- Et elle espère gagner votre estime par ce tournoi ?
- Il semblerait, en effet.
- Dame, l'éliminer serait plus efficace et mettrait un terme à toute cette histoire.
- Et me priver d'un pion sacrifiable ? Voyons, ma chère, je vous l'ai dit. Je vous affectionne trop pour vous envoyer faire les basses besognes.
- EssenSeigneur vampire
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Jeu 25 Mai 2017 - 23:57
« Remuez-vous, tas de fainéants ! Je ne voudrais pas que vous me fassiez honte alors que les plus grands chevaliers du monde viennent nous rendre visite ! » La Großmeister Gentevigne passait entre les différents chevaliers qui s’entraînaient, son œil acéré ne ratant aucune des erreurs des nombreux combattants qui occupaient la place principale du fort. « Gareth, ta garde est pleine de trous ! Redresse-moi ça en vitesse. Dieter, si tu tiens ta lance comme tu tiens ta fiancée, je ne te prédis pas un grand succès ce soir. Un peu de fermeté bon sang ! » Les remarques fusaient sans faiblir, malgré l’heure tardive. De son point de vue sur un des balcons, Wilhelm observait avec admiration l’œuvre de cet étrange maître d’arme. Cela le plongeait dans la nostalgie du temps où il avait manié l’épée et la lance pour la première fois, sous la houlette de Waldemar Hirtmann. Ce vieux chevalier lui avait mené une vie très dure lors de ses jeunes années, mais il avait aussi formé des générations entières de guerriers qui lui faisaient honneur sur le champ de bataille. Mais bien sûr il était mort maintenant, quoique si la réincarnation existait il aurait très bien pu revenir dans le corps de Narcisse Gentevigne.
En termes de combattants aguerris, le dragon de sang avait vu passer du beau monde ces jours-ci. Bien sûr il méconnaissait la plupart d’entre eux, même si la présence d’un certain Von Essen n’en finissait pas de le faire sourire. Le souvenir de la mine déconfite de l’arrogant vampire projeté à bas de sa monture était un des meilleurs souvenirs de sa non-vie. Mais chacun des jouteurs inscrits offrirait un grand défi, il en était certain, et frémissait d’avance à l’idée de se mettre à l’épreuve de tant de grands noms.
Le soir avançait doucement, et les teintes orangées du crépuscule illuminaient encore le ciel. C’était son moment préféré de la journée, où il pouvait encore croiser des mortels sans être importuné par les rayons du soleil. Ceux-ci étaient cependant les grands absents ces derniers jours, preuve s’il en fallait une que de nombreux vampires étaient également présents. Wilhelm ne pouvait pas leur en vouloir, car après tout lui-même était là. Mais il savait d’expérience que la plupart du temps ceux de sa, disons, race, ne prisaient pas le combat autant que lui, et que leur venue était certainement motivée par quelque motif obscur et certainement pendable. Mais il se moquait bien de leurs complots, tant qu’ils ne mettaient pas en jeu la forteresse de son ancien ordre. L’absence de ses compagnons d’armes du Fort du Sang l’attristait, mais les connaissant il savait qu’il aurait tout le temps de les croiser lors d’autres occasions. Après tout, ils avaient tous l’éternité devant eux.
Un mouvement en contrebas attira son attention : il aperçut deux hommes quitter un bâtiment administratif et longer la cour d’entrainement :
- Vous savez, seigneur Magnan, je ne suis pas le seul paladin de la Dame qui existe, je suis certain que dans la capitale… eh bien… vous en trouverez d’autres, plus instruits que moi.
- Mais… Je vous demandais seulement comment mérite-on les bonnes grâces de la Dame…
- Défendez la veuve et l’orphelin, pourfendez les monstres et les brigands, priez régulièrement. Je n’ai pas l’impression de vous apprendre grand-chose.
- Ah oui. C’est vrai qu’on fait pareil chez nous.
Ce fut comme si son cœur s’arrêtait à nouveau de battre. Le premier était manifestement un membre de la Reiksguard, à un grade élevé si on en jugeait par la qualité de son armure. Il était vieux, mais tout dans sa façon de marcher montrait qu’il maîtrisait parfaitement son corps et son environnement. En quelques secondes il le vit prendre note de tous ceux qui se trouvaient dans son champ de vision et les surveiller du coin de l’œil, et ce de façon instinctive. Un grand guerrier, sans aucun doute, mais Wilhelm n’avait d’yeux que pour celui qui se trouvait derrière. Ce chevalier en armure rutilante, portant une cape blanche aux reflets argentés et qui dégageait une intense aura de pureté et de chevalerie. C’était lui. Il était venu. Silvère de Castagne était arrivé. Wilhelm sourit, ce qui pour un observateur extérieur aurait pu passer pour un rictus mauvais, alors qu’en réalité il n’était animé par aucune envie de meurtre. Seulement de combat. Mais il résista à l’idée de le rejoindre pour le défier maintenant, laissons plutôt faire le destin. Avec un peu de chances ils s’affronteraient durant des joutes, et sinon on verra bien. Le tournoi vient de commencer, alors pourquoi tout précipiter maintenant ? Le chevalier de sang attendit que les deux chevaliers s’en aillent de la cour, vers le grand hall et la sortie.
Tout ceci étant dit, il fallait se maintenir en forme, et en une succession de gestes fluides Wilhelm sauta de son balcon et rejoignit les recrues de la reiksguard qui terminaient leur entraînement. Dégainant son épée, il commença une succession de passes dans les airs pour s’échauffer, et tout à sa concentration il ne vit pas la Großmeister s’arrêter dans sa verve pour jeter un œil à la fois intrigué et fasciné à ce guerrier qui en quelques secondes avait ridiculisé tous ses élèves présents ici. « Regardez bien ce chevalier » - lança-t-elle, « voyez ce qu’un entraînement rigoureux et une discipline de fer permet d’atteindre. Allez, on continue ! Je ne veux voir personne faiblir avant la tombée de la nuit ».
******************
Accoudé à une fenêtre donnant sur la cour, Helmut van Orsicvun n’était pas non plus resté indifférent au passage des deux chevaliers. Il était penché sur un rapport très intéressant de ses agents sur certains des participants au tournoi (et diable, certains semblaient redoutables) tout en gardant un œil sur les allées et venues au-dehors. Ce tournoi allait être passionnant, mais aussi plein de risques, à commencer par la grande quantité de chevaliers du graal et de répurgateurs présents, sans parler de la présence vampirique. Qu’est ce qui avait amené tant de non-morts à cet endroit ? Helmut avait quelques idées, à commencer par l’inratable Wilhelm Kruger. C’était même presque insultant que personne n’avait encore pris en compte que c’était un vampire et réagi en conséquence. Mais cela allait aussi pouvoir se révéler être très utile en cas de besoin. Par contre, des participants comme Von Essen ou Ulrich von Stromdorf n’était pas aussi faciles à lire, surtout le premier. Les rapports de ses agents étaient étranges à son sujet, et Helmut hésitait à le qualifier de génie malchanceux ou de l’exact opposé. Mais en aucun cas ne fallait-il le sous-estimer, et ses plans, quels qu’ils soient, devaient être découverts (et au besoin détournés, on ne sait jamais).
Quant aux deux chevaliers qui venaient de passer, Helmut mit à profit chaque seconde d’observation pour mieux anticiper l’avenir. L’un d’entre eux était distinctement un chevalier du Graal (encore un) et qui plus est un des plus puissants qu’il lui avait été donné de voir. Helmut se fit la réflexion qu’il allait encore falloir consulter quelques rapports impériaux top secrets dans pas longtemps, histoire de savoir de qui il s’agissait. Mais l’autre était définitivement plus intéressant. D’apparence il s’agissait d’un vieux chevalier, au grade de Grand-Maître de la reiksguard si on en croyait son armure, et son âge correspondait à cette hypothèse (on ne devient pas grand-maître à trente ans). Mais c’est tout le reste qui fit qu’Helmut le fixa pendant le trajet que fit l’homme dans la cour du fort. Il se mouvait avec une grâce presque féline, et ses mouvements trahissaient une surveillance quasi-instinctive de son environnement tout en minimisant les angles morts. Comme s’il s’attendait à être attaqué à tout instant. Helmut n’avait vu ce genre de comportement que chez un certain type de personnes : les gens comme lui, qui agissaient dans l’ombre et le secret. Jusqu’à présent les chevaliers qu’il avait vus avaient plutôt l’habitude de se mettre en valeur, mais celui-ci au contraire semblait préférer la discrétion. L’omniscience de l’homme semblait telle que sur le coup, Helmut eut hésité à fermer les volets de sa fenêtre, avant de se rendre compte que cela ne servirait justement qu’à se faire remarquer.
Retournant à ses notes, Helmut observa du coin de l’œil le sire Kruger se mettre à enchaîner les passes sur le terrain d’entraînement. Si personne ne l’a encore repéré, l’humanité est définitivement perdue, pensa-t-il. Revenant à ses pensées initiales, il décida de prendre le plus tôt possible des informations sur les deux nouveaux arrivants. Leur nom, leur activité officielle, et surtout tout ce qui pouvait avoir à trait à une quelconque activité parallèle. Il y avait un mystère là-dessous, et il n’avait jamais pu résister aux mystères.
***
- EssenSeigneur vampire
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Re: Combats et intrigues du Grand Tournoi de la Reiksguard
Ven 26 Mai 2017 - 0:19
"Vous les voyez vous ? - demanda Sire Robin Osbourne, shérif de la ville albionnaise de Rottingham à son compagnon de voyage.
- Non, - lui répondit celui-ci, un chevalier répondant au nom de Gerciflet de Hauteville.
- Ah bah tourné vers là-bas c'est sûr, moi non plus je ne vois rien… - persifla Robin, agacé.
- Ah, oui, vous avez raison ! Enfin, vous savez bien que depuis cette blessure à la tête, il m'arrive parfois de perdre mes esprits.
- Mes excuses, je ne voulais point vous courroucer".
Les deux hommes étaient dans une sale situation. En route pour le grand tournoi de la Reiksguard, ils escortaient une charrette remplie de feux d'artifice destinés à illuminer les soirées des joutes. Sire Robin, en effet, était versé dans l'art de la pyrotechnie, et comptait à la fois participer au tournoi et assurer l'animation. Le voyage vers Altdorf s'était jusque-là déroulé sans encombre, mais lors de la traversée d'une forêt, l'attelage s'était approché un peu trop près d'un campement orque. Heureusement, les deux chevaliers les avaient aperçus à temps et avaient convenu de faire un détour. La manœuvre semblait avoir réussi, mais au dernier moment, les orques les avaient repérés et se dirigeaient à présent droit sur eux.
"Messire, avez-vous un plan ? - demanda Gerciflet.
- J'y travaille. Hum. On pourrait faire comme les scorpions qui se suicident lorsqu'ils sont entourés par le feu. On fait un feu en forme de cercle autour d'eux et… hum, non. Nous n'avons pas le temps d'allumer un feu aussi grand. Voyons voir… Il doit y avoir autre chose, - dit Robin, les yeux dans le vague.
- Pourquoi ne pas utiliser la saucisse de Géorgie ? - interrogea Gerciflet, désignant un des coffres dans la charrette.
- Bonté, non ! Cette substance est un peu instable, - répondit le shérif. - On va déjà tirer quelques fusées dans leur direction, avec un peu de chance, ça va les effrayer".
*****
Enfin, Altdorf, et la commanderie de l'ordre de la Reiksguard ! Après une journée perdue à essayer de semer ces maudits orques en rase campagne ! Sire Robin s'autorisa un soupir de soulagement.
"Enfin, la commanderie de l'ordre de la Reiksguard ! Je vais m'inscrire et leur dire que les feux d'artifices sont là. Sans doute auront-ils prévu quelque endroit pour les stocker… Pourriez-vous veiller sur le chariot pendant quelques instants, messire ? - demanda Sire Robin tout en descendant de cheval.
- Naturellement".
*****
"Bonsoir ! Désolé du retard, mais nous avons eu droit à des orques sur le trajet, - dit Robin au clerc, le tirant de sa somnolence.
- Gaar… Oh. Excusez-moi, je m'étais assoupi, - lui répondit le responsable des inscriptions.
- Pas d'inquiétudes. Je suis Sire Robin Osbourne, je viens pour les épreuves à pied…
L'homme commença à fouiller sa liste.
- Robin Osbourne… je vois. Ah. Attendez. LE Robin Osbourne, celui des feux d'artifices du Fort de Sang ? On avait justement prévu des feux d'artifices…
- C'est cela. Je viens pour les épreuves à pied et pour les feux d'artifice. J'en ai un plein chariot dehors, j'aimerais les entreposer en lieu sûr.
- Nous avons prévu une chambre forte pour vous dans la commanderie. Allez chercher votre chariot, je m'occupe des formalités."
Le chevalier se dirigea vers la porte.
Lorsque Sire Robin sortit de la commanderie, Gerciflet et la charrette avaient disparu.
***
Fourbu, Hans Friedrich von Hansa s’apprêta à quitter son poste. Les charrettes bourrées d’explosifs, le genre qui se perd en pleine métropole, ce n’était pas de son ressort. Il préviendrait les autorités compétentes et irait ce coucher. Et puis, le sire Osbourne allait enquêter…
- Eh ! Hep ! Attendez !
- Hein ?...
Dans l’obscurité naissante, le greffier distingua un chevalier, manifestement bretonnien d’après l’armure, assez jeune d’après la voix. Las, mais fidèle à ses obligations, il se rassit.
- Abrams Göttlichglück, chevalier errant !
- Vous portez bien votre nom, les inscriptions allaient fermer… - Hans retint un bâillement.
- Je viens pour les joutes !
- Naturlich… Eh bien, voila qui est noté, bonne chance à vous, messire…
- La chance est mon deuxième nom, héhé !
- Ah oui… Eh bien, bonne nuit…
- Merci messire ! Bonne nuit également !
***
Altdorf. Les annexes de la caserne, une chambre spartiate.
- Je t'en ai trouvé un. Il sera parfait.
- Descends donc de cette fenêtre.
- Tu comptes vraiment rester ici tout ce temps ?
- C'est une chambre comme une autre. C'est toujours mieux que la tienne.
- Les étoiles sont de bonne compagnie, tu devrais essayer.
- Donc, un cheval ?
- Oui. J'ai sondé son esprit. Courageux, docile, endurant. Un cheval de guerre quoi.
- Parfait. Je l'appellerai Neige.
- Il est noir.
- Peu m'importe... J'ai croisé une femme aux inscriptions, de la même nature que nous.
- Oh, oui, on m'a dit que d'autres y participaient. Tu devrais faire attention, il n'y aura pas que des mortels en face de toi.
- Cela ne rajoutera que plus de défi. Je suis là pour ça après tout.
- Je trouve toujours que c'est une mauvaise idée.
- Si tu t'inquiètes tellement pour moi, tu n'as qu'à faire mon écuyer. Tu seras aux premières loges.
- Ahah ! Moi ! Ton écuyer !
- Eh bien ?
- C'est une excellente idée. Serai-je payée au moins ?
- J'ai également cru reconnaître ton "amie". Mais elle ne m'a pas vue.
- Oui. Elle a quelques intérêts dans certains participants.
- Une femme de son espèce n'agit que par intérêt, de toute manière.
- Tu devrais faire attention à ce que tu dis. Elle connait mon affection pour toi, mais si tu lui poses problème, je ne pourrai rien faire.
- Je ne comprends pas l'estime que tu lui portes. Elle ressemble tellement à...
- Non, justement. Je n'accorde le respect qu'à ceux qui en ont en retour. Topaze n'avait aucun respect, aucun honneur.
- Si tu le dis... Laisse-moi maintenant s'il te plait, il me faut méditer et me reposer avant les premiers combats.
- Kat' ?
- Hum ?
- Fais attention.
La lune haute, la ville endormie vit passer une silhouette encapuchonnée sur les toits. Un corbeau plana en direction de la forêt. A l'aube, le tournoi commencerait.
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