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- Hjalmar OksildenKasztellan
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Palmares : Champion du Fort de Sang, Comte de la Crypte 2018 & 2022, Organisateur des affrontements festifs d'Ubersreik
Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Lun 28 Aoû 2017 - 18:21
Encore merci pour vos retours !
En résultat, j'ai un monstre de 134 pages A4 (et donc 288 pages en format de poche) avec un ridicule 76 000 mots ce qui m’amène à 3000 mots du premier Harry Potter Je n'en suis pas peu fier ma foi et je vais poster les suites un peu plus rapidement ces temps-ci. Attendez-vous peut-être à quelques fautes étant donné que mon relecteur n'a pas le temps de corriger ce pavé. J'ai fait ce que j'ai pu, mais je pense faire une autre relecture plus tard.
En attendant, bonne lecture.
Thyroax était las.
Las des chamailleries incessantes qui se jouaient devant lui durant ce conseil de guerre. Mais surtout las de devoir y prendre part et de devoir accepter certaines mesures contre son gré. Il était arrivé hier et il n’en pouvait déjà plus. Par réflexe, sa patte gauche gratta les contours de son œil de malepierre cerclé d’acier. Tout ce stress lui causait des démangeaisons. C’était horripilant pour le skaven et son humeur massacrante ne s’en voyait donc pas améliorée.
Le technomage se tenait ainsi avachi dans son fauteuil rafistolé à la dernière mode skaven – entendez qu’il tenait par miracle – et regardait dans le vide. Devant lui, une table vaguement ronde avec cinq sièges avait été montée dans le plus grand bâtiment du nouveau terrier d’opérations de Sub-Talabheim. Quatre des sièges, le sien compris, étaient occupés. Le dernier en revanche n’allait jamais l’être puisque son occupant supposé – le prophète gris Grachtol - avait subi… Non… rencontré un destin défavorable lors de l’effondrement malencontreusement accidentel du tunnel qu’il empruntait pour se rendre ici. C’était une histoire de manipulation maladroite d’après le rapport. De son côté, Thyroax soupçonnait surtout qu’il avait dû « maladroitement » recevoir trois dagues dans le dos au passage et que le tunnel ainsi sapé n’était « pas du tout là » pour couvrir ce fait...
De l’amateurisme, franchement.
Mais en résultat, avec cette absence évidente de chef direct pour diriger l’invasion, un conseil avait été formé par les membres les plus hauts placés de chaque clan en présence. Ainsi, le clan Skryre était représenté par Thyroax et les clans Moulder, Eshin et Mors étaient aussi représentés. Si ce dernier n’était pas un clan majeur, il avait sa place en ces lieux car c’était à la demande du clan Mors que l’invasion avait été programmée.
Le clan Pestilens, le quatrième clan majeur n’avait étrangement pas souhaité participer à l’attaque en invoquant des excuses comme de mauvais augures de la part du Rat Cornu. Pfeuh, Thyroax se gaussait bien de leurs excuses. Ils avaient juste peur d’envoyer leur troupes ces derniers temps. Ces moines de la peste devaient avoir perdu la raison à cause de toutes leurs maladies pour ne pas vouloir rejoindre cette glorieuse victoire contre les choses-hommes. Mais cela, c’était leur problème… Et en un sens, Thyroax appréciait aussi de ne pas avoir à traiter avec ces fanatiques dégénérés.
Un nouvel éclat de voix à sa droite raviva l’intérêt du technomage qui s’intéressa à nouveau à la discussion. Cette fois-ci, il s’agissait de Turglok le sauvage, comme il s’appelait lui-même, le chef désigné par le clan Moulder. Définitivement, Turglok représentait parfaitement son clan, il était deux fois plus gros que tous les autres skavens présents, couverts de cicatrices et un troisième bras difforme sortait de son épaule. Thyroax le trouvait ridicule quand il s’agitait de la sorte, car il montrait à tous son absence évidente d’intelligence. Mais comme il était influent et qu’il possédait des ressources importantes, il avait réussi à accéder à ce poste. Apparemment, Turglok était en train de s’énerver contre tout le monde ici présent parce que ses troupes venaient de se faire ensevelir il y a peu par une inondation dans les tunnels. Ben voyons. Et allez qu’il n’était pas content, et allez que c’était sûrement la faute du clan Skryre et… Attendez quoi ?!
« Qu’est-ce que tu dis-ment ? s’insurgea Thyroax »
Le technomage agrippa la table par colère et cette dernière émit un craquement sous la pression de son nouveau gantelet à malepierre.
« Le pont qui est cassé-tombé ! dégorgea Turglok. Par le clan Skryre, il a été monté ! Et comme par hasard, sur mes troupes il s’effondre !
-Hasard ? Et si tu l’avais fait-fait tombé sur tes troupes pour m’accuser ?
-Quoi-quoi ?! s’étrangla Turglok de rage. »
*Schtonck ! *
Thyroax et Turglok regardèrent l’espace qui les séparait en même temps et y virent une dague de lancer habilement plantée en plein milieu de la table. Les deux chefs se tournèrent ensuite vers le tireur évident : Quikill le représentant du clan Eshin. Ce dernier, drapé de vêtements noirs dans le plus pur style vestimentaire de son clan, vrillait les deux chefs de ses yeux perçants.
« Ce genre de disputes doivent cesser-stopper ! Nous avons plus important à dire-dire. »
Thyroax et Turglok se regardèrent en chien de faïence pendant quelques secondes encore et finirent par se rasseoir. Malgré la puissance de leurs clans, aucun des deux ne souhaitait risquer des représailles du clan Eshin. Ils étaient certes peu nombreux sur cette opération, mais les coureurs d’égouts et les assassins de Quikill étaient autant des alliés extrêmement précieux que des ennemis mortels… Ainsi, Thyroax et Turglok ne souhaitaient pas finir leur courte vie avec une fléchette d’acide dans l’œil à cause d’une bête dispute.
Après avoir fusillé Turglok du regard encore une fois, Thyroax se résigna et décrocha son gant de la table, dont les longues griffes en métal avaient profondément mordu le bois. Ensuite, le technomage examina l’assassin vétéran rapidement. Quikill était plus une ombre qu’autre chose, mais une ombre armée jusqu’aux crocs. Il avait beau ne presque pas parler, chacune de ses interventions avait servie à replacer le débat dans le droit chemin. Ils avaient un objectif et il semblait bien prêt à l’accomplir. Quand le chef du clan Eshin lui rendit son regard, Thyroax en eu des sueurs froides.
« Comme a dit-dit Quikill, reprenons le plan ! »
Cette fois, la voix était plus rauque, militaire. Elle venait à n’en pas douter de Griknott, l’impressionnant représentant à fourrure noire du clan Mors. Pendant que ce dernier enchainait en présentant le plan d’attaque sur la cité, Thyroax observa consciencieusement le chef qui parlait d’une voix forte et assurée. Entre sa gueule hérissée de crocs aiguisés et son regard perçant et déterminé, Griknott était la définition-même de menaçant. Des piques épaisses sortaient de son armure lourdement renforcée, augmentant ainsi sa stature déjà imposante. Juste derrière lui se tenaient des bannières de son clan représentant le M stylisé qui caractérisait le clan Mors. D’ailleurs, Griknott portait aussi ledit symbole sur son armure peinte en rouge vif et rehaussée de noir par endroit.
Le clan Mors avait été le premier à arriver et à mettre en place les installations et cela se voyait. Ils fournissaient les troupes là où les autres clans s’occupaient de la logistique et du support en matériel. Ainsi, le clan Moulder amenait ses horreurs de destructions massives, le clan Eshin ses assassins et le clan Skryre les machines de guerre et autres engins.
Thyroax n’appréciait pas vraiment le fait qu’un des clans en présence soit en surnombre évident, mais les milliers de guerriers du clan Mors étaient une menace suffisante pour qu’il ne dise rien à ce propos. Et puis, il avait beaucoup à retirer de la gloire d’une victoire contre les choses-hommes. Même s’il soupçonnait son maître Ikit la Griffe d’avoir accepté d’aider le clan Mors uniquement pour étudier le fonctionnement du clan mineur.
Ce clan posait beaucoup de problème au conseil des treize, en grande partie parce qu’un des membres du conseil venait dudit clan. Ils avaient gagné en puissance exponentiellement durant les dernières années en grande partie grâce à des attaques féroces et une discipline de fer jamais atteinte dans l’Empire souterrain auparavant. Les guerriers des clans du clan Mors étaient ainsi renommés pour faire partie des meilleurs guerriers skavens tout en ayant une confiance presque indéfectible en leur seigneur. Cela leur avait permis de prendre le contrôle d’une partie de Karak aux Huit pics, la cité des piliers, et ses richesses incommensurables.
Une telle cohésion était tout simplement ahurissante pour Thyroax, mais le technomage devait bien reconnaître que la tactique du clan Mors était diablement efficace.
La présentation du plan d’attaque dessinée sur une carte en peau humaine s’éternisant, Thyroax continua sa petite analyse. Il se demandait bien qui avait pu organiser l’assassinat de Gratchol. Non pas qu’il s’en plaignait, mais il avait bien envie de savoir qui des trois avait été assez courageux pour s’en prendre à un prophète gris et ainsi risquer les représailles du Conseil des Treize. Parce que si un prophète gris n’était pas un problème pour lui, alors un technomage n’en était clairement pas un non plus.
Après réflexion, Thyroax se dit que Turglok était bien trop stupide pour cela et que Quikill l’aurait fait de façon bien plus propre. Non, Griknott était tout désigné. Le clan Mors était très versatile et ils avaient leurs propres assassins, mais ces derniers n’étaient clairement pas aussi doués que ceux du clan Eshin. Dans ce cas, pourquoi ? Voulait-il réellement organiser un statu quo et un conseil temporaire qui allaient limiter son pouvoir ? Quoique, maintenant qu’il regardait mieux, c’était Griknott qui dirigeait cette opération à présent… Quikill ne disait rien, Turglok se contentait de son paiement et lui-même avait trop peu de troupes pour s’insurger. Griknott avait donc les mains libres sans la présence du représentant du conseil pour le rappeler à l’ordre.
L’idée de faire assassiner Griknott pointa dans l’esprit pervers de Thyroax, mais il l’oublia aussitôt. La hiérarchie du clan Mors était étonnamment solide et la mort du chef actuel ne servirait à rien puisqu’il serait aussitôt remplacé par un autre. Thyroax sentit qu’il était bloqué dans cette situation et cela ne lui plaisait pas le moins du monde.
Le technomage se rendit enfin compte que tous les autres membres le regardaient fixement. Après leur avoir lancé quelques regards inquiets, Thyroax fut soulagé d’entendre Griknott prendre la parole :
« Votre avis, nous voulons.
-Oh ! Oui-oui, dit Thyroax en feignant de réfléchir à la question. »
Tout en tentant de ne pas se faire voir, le technomage lança quelques regards aussi furtifs que paniqués en direction du plan sur la table pour l’analyser en vitesse. Apparemment, l’invasion devait commencer dans le quartier appelé « le suif » par les choses-hommes, une sorte de taudis d’après les descriptions. Son rôle, s’il le devinait bien grâce aux symboles de son clan posés ci et là, était de faire s’effondrer la porte principale puis de soutenir l’invasion avec ses machines de guerre en brisant les défenses. Le clan Moulder passerait en force dans les brèches et le clan Eshin irait assassiner les officiers et autres cibles importantes. C’était logique et implacablement efficace.
Quelque chose clochait donc.
Le plan était trop simple pour être honnête, mais Thyroax acquiesça néanmoins à la proposition. Pour le moment, il n’avait pas d’autres options. Cependant, alors qu’il quittait la salle et allait retrouver sa garde suréquipée d’engins clinquants comme ils les aimaient, le technomage se demandait encore quelle partie du plan n’avait pas été explicitement décrite par Griknott. Le technomage se permit un regard vers les autres chefs qui sortaient de la salle.
S’il vit à peine Quikill disparaitre dans les ombres de la caverne, le départ de Turglok était inratable. Sa garde nombreuse et déformée hurlait et criait sous les coups de fouets assénés par le maître corrupteur tandis qu’ils portaient son palanquin. A ses côtés, deux rats-ogres énormes, des tas de muscles magnifiquement décérébrés comme on en faisait plus à Malefosse, le flanquaient. Derrière, dans l’embrasure du bâtiment, Griknott observait la chose avec un air satisfait le visage, mais il semblait aussi examiner le spectacle. Il étudiait ses alliés ? Thyroax préféra jouer le jeu et fit semblant de ne pas l’avoir vu en hurlant des ordres à ses troupes. Quelque chose disait au technomage qu’il devait se méfier du jeu auquel Griknott était en train de jouer…
Sur le chemin vers le nouveau quartier du clan Skryre où ses troupes avaient monté le camp, un engin au poignet de Thyroax se mit à sonner en émettant des petits sifflements aigus de vapeurs. Le technomage tressauta de surprise et leva son autre main en prévision de l’utilisation du mécanisme de secours – qui rappelons-le consiste à envoyer l’objet au loin avant qu’il n’explose. Mais, au grand soulagement du technomage, il s’agissait uniquement de sa montre à vapeur qui lui signalait ainsi l’heure d’arrivée du malerail. Thyroax souffla un grand coup et fit changer la direction de marche de son escorte avec quelques coups de bâton bien placés. Au passage, il jeta quand même la montre. On n’était jamais assez prudent.
Le malerail transportait un certain nombre d’équipements de rechange pour ses troupes. Ce n’était pas vital, mais cela pouvait toujours servir. De plus, Ikit souhaitait faire de ce convoi une preuve de l’efficacité du système du transport sur cette nouvelle ligne. Un double intérêt donc, mais pour Thyroax, ce n’était jamais deux sans trois.
Il avait reçu un message de Traxki il y a peu qui lui annonçait que le chose-homme espion avait trouvé le chose-portail et qu’il le ramenait avec le malerail. La vermine de choc avait été très évasive à propos du sort du chose-homme espion, mais au final Thyroax s’en fichait bien. Le plus important était que ce chose-homme mystérieux allait être entre ses griffes.
Oh, il trépignait déjà d’impatience à l’idée de commencer les tests sur lui. Vu que le Rat Cornu l’avait mis sur sa route, ce chose-homme devait sûrement avoir tellement de potentiel que ses recherches allaient lui donner une gloire à ne plus savoir quoi en faire. Il avait déjà quelques idées à base de malefoudre…
Une fois arrivés sur le quai, les guerriers des clans autour du technomage s’écartèrent petit à petit quand ils virent l’état dans lequel leur seigneur se trouvait. En effet, ce dernier sautillait frénétiquement sur place en marmonnant des propos incompréhensibles. Leur seigneur avait donc l’air positivement joyeux et cela les mortifiaient d’autant plus.
À tout moment, ils s’attendaient ainsi à ce qu’un éclair vert les carbonise s’ils avaient le malheur de faire un pas de travers. Plusieurs des skavens s’échangèrent ensuite des regards inquiets au travers de leurs lunettes verdâtres, tentant de voir si quelqu’un comprenait ce qui pouvait bien se passer. Mais à part Thyroax en personne, personne n’avait l’air au courant.
Après quelques minutes de trépignement, le technomage finit par arrêter sa danse et son air joyeux se fit contrit. Le malerail n’était toujours pas arrivé. Thyroax pesta qu’il aurait dû vérifier sa montre avant de la jeter. Peut-être avait-elle été dérèglée par l’esclave qui la lui avait apportée ? Ou alors le malerail était en retard. Mais si c’était ce cas de figure, il se jura qu’il allait inviter de force les pilotes de l’engin à participer à un barbecue surprise. A cette idée, le bâton métallique de Thyroax en crépita d’impatience.
Un guerrier des clans plus courageux, ou inconscient c’est selon, se décida enfin à poser une question au technomage :
« Heum, grand seigneur tout-puissant et omniscient… Qu’est-ce que nous faire ici ? »
L’œil de malepierre de Thyroax se braqua sur le skaven ratatiné sur le sol, l’illuminant ainsi de toute sa malveillance.
« B…Bien-bien grand seigneur, bredouilla le skaven avant de repartir aussitôt dans les rangs en tremblotant. »
Quelques secondes passèrent ainsi, le silence se faisant toujours plus pesant. Mais au bout d’un moment, un autre mouvement à la droite de Thyroax, qui mordillait sa queue d’impatience, le fit se retourner brusquement.
« Quoi-quoi encore !? grogna-t-il. »
Étant sérieusement à bout de nerfs, le technomage canalisa son énergie magique dans son bâton et se prépara à lancer un éclair pour calmer définitivement les envies de questions de ses subordonnés.
« Un problème y a-t-il ? »
L’expression enragée de Thyroax se déconfit en quelques instants quand il comprit que c’était Griknott et sa garde qui venaient d’arriver à ses côtés. Ladite expression se transforma en horreur quand il comprit aussi que son sort avait dépassé le point de non-retour et qu’il devait le lancer maintenant sous peine d’imploser sur place. Thyroax fit donc un choix rapide et redirigea l’énergie sur le guerrier de son escorte qui lui avait posé une question plus tôt, c’était le seul dont il se souvenait de la position. Le pauvre skaven se fit donc foudroyer sur place sans sommation dans une gerbe d’étincelles verdâtres qui firent reculer tout le monde présent.
Griknott, qui avait moins reculé que ses troupes afficha une certaine inquiétude l’espace d’un instant. Il se savait en relative sécurité avec le statu quo entre les clans, mais il sentit bien que l’éclair aurait pu lui être destiné. Et toutes les protections qu’il avait sur lui n’auraient pas pu le protéger d’une telle décharge. Le seigneur de guerre du clan Mors passa alors son regard du tas de cendres encore fumantes au technomage qui ne savait pas où se mettre.
« Problème ? fit Thyroax d’un air qui se voulait nonchalant. Noooon, plus de problèmes maintenant, voyez ? Il n’était pas discipliné. Donc je le tue-brûle. »
Même Griknott plissa des yeux devant cette explication complètement foireuse. Pendant ce temps, Thyroax agitait ses moustaches nerveusement, cherchant du regard un quelconque moyen de se sortir de cette situation tout en gratifiant Griknott de son air le plus amical. Le résultat était effroyable et donnait l’impression que le visage de Thyroax était en pleine crise d’épilepsie. Ce qui confirma d’ailleurs l’impression du seigneur de guerre du clan Mors qui était maintenant sûr que le technomage était définitivement dérangé.
Mais alors que l’absence de dialogue commençait à installer une ambiance plus que malsaine, une série de sons métalliques se firent entendre dans le lointain. Les oreilles de Thyroax se dressèrent aussitôt en reconnaissant le bruit caractéristique du malerail en fin de course et le technomage se rua vers la rambarde du quai branlant. Elle était là son occasion de s’en tirer. Il n’avait plus qu’à attirer l’attention de Griknott sur le malerail et la gloire du clan Skryre qui allait avec et tout irait pour le mieux. Il redonnerait ainsi confiance au seigneur de guerre en ses capacités et cela devrait faire oublier à Griknott les représailles possibles pour lui avoir roussi la moustache avec de la malefoudre… Les yeux fixés sur le tunnel sombre, Thyroax se tourna à demi vers Griknott et lui lança :
« Parfait-parfait ! Vous allez assister au génie du clan Skryre ! »
Intrigué et les pattes croisées dans le dos, Griknott s’approcha à son tour de la rambarde mais quelques mètres en retrait, histoire d’être sûr de pouvoir opérer une retraite stratégique de survie. Comme beaucoup d’autres, il avait vu les esclaves du clan Skryre s’échiner à mettre en place tout un système de rails jusqu’ici mais il ne l’avait jamais vu fonctionner… Thyroax, lui, avait repris sa simili-danse de la joie et créait ainsi une cacophonie digne d’un opéra en pshiit-clonk mineur. Derrière lui, dans les environs du quai, une petite centaine de skavens s’étaient réunis pour voir l’arrivée « grandiose » du malerail. Même Turglok avait fait un léger détour pour voir ce qui se passait après avoir entendu la détonation de l’éclair de malefoudre. Il observait ainsi depuis un promontoire la suite des évènements en mastiquant le reste du bras d’un de ses esclaves.
Une minute passa durant laquelle on n’entendait plus que les crissements progressivement plus fort du malerail et les couinements enjoués de Thyroax. Ce manège continua jusqu’à ce qu’enfin le wagon de tête du malerail fasse son entrée triomphante en tournant par le bout du tunnel.
« Contemplez, le chef-d’œuvre ! fit un Thyroax aussi hystérique que soulagé d’enfin voir le malerail arriver. »
Le technomage se retint de laisser exploser sa joie en voyant que… que… Que le malerail continuait sans ralentir ? Et qu’il perdait des morceaux ? Et qu’il était en feu ?...
Toute l’assemblée put donc observer le wagon de tête, apparemment seul d’ailleurs, continuer sa course à une vitesse respectable dans une cacophonie de moteurs qui toussaient abondamment plus qu’ils ne tournaient. Course qui s’arrêta bien vite d’ailleurs puisque juste après avoir dépassé une partie du quai – devant les regards médusés d’un grand nombre de skavens en présence - le wagon finit par rentrer dans le mur en terre qui était au bout du rail dans un fracas de tôles pliées. Ne pouvant plus supporter tant de contraintes, les poutres de soutien liées au rail se voilèrent et finirent par lâcher, laissant ainsi tomber le wagon sur le sol juste en dessous avec fracas. Pour clôturer le tout, le moteur à malepierre n’eut même pas la force d’exploser et se contenta d’un petit bruit aigu et parfaitement ridicule qui mourut avec autant d’aplomb que le rire asthmatique d’un pingouin malformé.
Devant le spectacle navrant, la mâchoire inférieure de Thyroax en tomba aussitôt d’effroi, le laissant figé avec un air aussi idiot qu’ahuri. Maintenant qu’un silence gênant était retombé, Griknott s’approcha de Thyroax qui n’avait pas bougé d’un centimètre depuis que le malerail branlant l’avait dépassé.
« Thyroax ? demanda Griknott d’une voix agacée.
-…Hein ? fit le technomage hagard qui regardait toujours dans le vide en tenant la pose.
-Où est-il votre chef d’œuvre ? J’ai peur-peur de ne pas l’avoir vu. »
Griknott vit l’œil gauche du technomage, celui qui n’était pas en malepierre, tressauter de façon répétée plusieurs fois. Puis, les spasmes se propagèrent légèrement au reste du corps du skaven dont la quincaillerie clinqua de concert. Lentement, Thyroax agrippa son bâton qu’il avait posé sur la rambarde et se mit en marche vers les restes du malerail en dépassant Griknott. Tout le long du chemin, Thyroax marmonna ainsi la plus longue série d’insulte jamais prononcée dans l’Empire souterrain en étant atteint de ce qui ressemblait à une crise de Parkinson. Il était toujours suivi par sa garde, mais ces derniers avaient augmenté d’autant plus la distance de sécurité d’avec leur seigneur. Sauf l’un d’entre eux qui s’approcha du technomage.
« Maître-maître, laissez-nous y aller… »
Thyroax ne lui accorda même pas un regard et, sans ralentir, lança son gant en malepierre sur le crâne du garde qui couina de douleur quand les lames lui lacérèrent le visage. Cela ne dura pas longtemps, puisque l’instant d’après, les mécanismes chuintèrent et le gant broya la tête du skaven en une pulpe noirâtre. Imperturbable, Thyroax continua sa marche lente tout en continuant ses mouvements erratiques. Son œil le grattait horriblement, bien plus que d’habitude. De façon sporadique, Thyroax passait donc sa main sur le cerclage d’acier autour de son orbite, mais en vain. La démangeaison vira presque à la douleur vive alors que la colère bouillonnait en lui.
Quand ils arrivèrent aux abords de l’épave, quelques mètres plus bas. Un panneau en métal s’ouvrit misérablement et cracha ce qui restait d’un ingénieur. Ce dernier était miraculeusement encore en vie et rampa jusqu’à Thyroax.
« Sei…Seigneur ! Le convoi… problème… je lui-lui ai échappé mais… »
Ses bredouillements ne purent aller plus loin. Quand Thyroax vit un des pilotes de l’engin, de ce maudit engin qui venait de le ridiculiser devant des centaines de skavens ainsi que devant ses égaux, il perdit pied.
La respiration du technomage s’accéléra et son œil de malepierre brilla d’une intensité rarement atteinte. Il sortit alors un petit morceau de malepierre d’une de ses poches avec une patte tremblante et l’ingéra aussitôt. Son œil illumina alors littéralement les alentours alors que la fourrure du skaven se dressait en étant parcouru d’électricité statique. Avec un hurlement de rage tonitruant amplifié par la magie qui fit se dresser les poils de la nuque de nombres de skavens présents, Thyroax pointa son bâton métallique vers sa cible et déchaina un torrent de flammes d’un vert vif dans un rayon de plusieurs mètres. La puissance de la déflagration aveugla même les skavens restés en retrait qui durent se couvrir les yeux pour se protéger. Les flammes se déversèrent ainsi en crépitant d’électricité pendant une bonne minute avant que Thyroax ne sentent ses forces diminuer en même temps que l’effet de la malepierre s’estompait. Il arrêta alors le flot magique en haletant bruyamment.
A la place de l’ingénieur, il ne restait maintenant plus que de la roche et du sable vitrifié tandis que derrière, un bon morceau de l’acier du wagon avait fondu en gouttelettes qui refroidissaient en craquant à l’air libre. L’odeur de la malepierre envahit l’endroit, revigorant le technomage qui l’inspira à pleins poumons. Ça y était, sa démangeaison venait enfin de s’arrêter, se dit-il en soufflant lentement.
Le silence étant maintenant revenu, Thyroax jeta un regard furibond vers la plateforme. Là-haut, plus personne ne faisait de messes basses. Le technomage vit aussi que Griknott venait de tourner les talons. Bien. Au moins, malgré l’échec cuisant, il avait réussi à garder la face. Maintenant qu’il leur avait rappelé qu’il était un des derniers mages en présence, on le craignait à juste titre.
Alors que la foule venue assister au spectacle se dispersait, Thyroax inspecta les environs du malerail. Il devait bien pouvoir y trouver quelque chose d’utile… Mais même s’il avait pu se défouler abondamment et ainsi relâcher le gros de sa colère, Thyroax restait extrêmement contrarié. Rien ne s’était passé comme prévu et en plus le gros du matériel avait apparemment été lâché par inadvertance. Une telle incompétence était intolérable ! Qui avait donc pu remplacer l’équipage par des esclaves possédant l’intelligence d’huîtres zombies ? Mais surtout, comment allait-il expliquer cela à Ikit ?!... Et où était le chose-homme ?
Comme pour répondre à sa question, ce qui restait de la porte d’entrée du malerail se fit sortir de ses gonds instables par un choc puissant venant de l’intérieur. Alors qu’elle s’effondrait avec fracas, des bruits de pas métalliques se firent entendre depuis l’intérieur du malerail. Peu de temps après, sous le regard surpris des skavens, Hjalmar Oksilden sortit de ce qui restait du wagon de tête. Le nordique semblait perdu et regardait autour de lui tandis que ses poings gantés gouttaient encore d’un liquide noirâtre qui devait être du sang. Il était étonnamment en bon état, si ce n’était que ses cheveux étaient un peu ébouriffés.
Thyroax cligna des yeux plusieurs fois. C’était ça le chose-homme portail ? Traxki avait dû se moquer de lui. Il était bâti comme deux vermines de chocs ! En plus, il ne sentait aucune magie sortir du chose-homme, ce n’était donc pas le bon ! Le technomage se mit à ruminer de nouveau en faisant glisser sa patte le long de son bâton. Oh, il valait mieux pour Traxki qu’il soit déjà mort, sinon il allait s’assurer que son agonie soit la plus lente possible.
Ce chose-homme avait juste dû avoir la chance de survivre et ainsi pouvoir s’échapper lors du crash. Thyroax regarda vers la plateforme pour s’assurer que plus personne ne regardait, ce qui était le cas. Bonne nouvelle, au moins l’échec du malerail pouvait être imputé à ce nouveau venu et non pas à l’incompétence des ingénieurs de son clan qui avaient dû faire complètement capoter le convoi. Il n’aurait qu’à dire qu’un chose-homme s’était infiltré dans le wagon et avait causé le reste des problèmes.
Voyant que le nordique avait posé son regard froid sur lui, Thyroax cracha aussitôt un ordre à ses troupes en leur demandant de tuer l’impertinent. De toute façon, il ne lui servait à rien alors autant s’en débarrasser au plus vite... Et son regard le dérangeait.
Alors que ses troupes chargeaient, Thyroax soupira longuement avec déception. Quand même, pourquoi devait-il toujours être entouré d’incompétents ? Il demandait seulement un chose-homme bien précis, pourquoi n’étaient-ils donc pas capables de lui ramener ?
Le technomage reporta son attention sur ses troupes et leur cible. Cela devrait être rapide, se disait-il, après tout, ses troupes étaient équipés des meilleurs équipements de l’Empire souterrain et ils étaient en surnombre. Et effectivement, cela fut rapide, puisque le norse courut vers ses attaquants avec un cri bestial, attrapa le premier skaven à portée et lui déboita la nuque avant de l’utiliser pour balayer ses congénères. Bah, un coup de chance, le skaven avait dû trébucher. Bien, maintenant ses troupes allaient se reprendre et… et se faire broyer chacun leurs tours sous les coups furieux du nordique. Comment ? Cela virait au ridicule enfin !... Ah, l’un d’entre eux arrivait par l’arrière ! … Bon, le norse l’avait désarmé et lui avait planté la dague dans l’œil. Mais bon sang, où étaient donc passés ses soldats ? Pourquoi avaient-ils été remplacés par des esclaves incompétents ? Pourquoi ?... Oh.
C’est en voyant cette série d’actions inattendues que les paroles de l’ingénieur survivant revinrent à la mémoire de Thyroax : Il « lui avait échappé ». Maintenant Thyroax comprenait de quoi il parlait et en fin de compte, il aurait préféré ne pas le savoir.
A quelques mètres du technomage, les guerriers skavens survivants hésitèrent eux aussi devant le norse qui était en train de les massacrer deux par deux. Il ne leur fallut donc pas longtemps avant de sonner la retraite. Voyant ses troupes déguerpir, Thyroax fut tenté d’en carboniser un ou deux pour les faire se retourner, mais il était à sec à cause de son accès de rage précédent… Et en apercevant en plus les cadavres autour du nordique et son air déterminé, le technomage se décida finalement à suivre le mouvement parce qu’après tout, un chef se doit de montrer la marche à suivre, non ?
Ce fut donc une retraite stratégique – et non pas une débandade complète, pas le moins du monde, non - qui s’organisa aussitôt pour Thyroax et la demi-douzaine de skavens qui restaient de sa garde.
« Chose-homme ! fit alors une série de voix aigües venant de la plateforme non loin. »
Apparemment, les skavens encore présent là-haut venaient de remarquer la présence du norse. Thyroax n’eut même pas à regarder pour savoir que des centaines de rats devaient être en train de descendre jusqu’ici pour déchiqueter le malheureux… qui les poursuivait. Thyroax décida d’accélérer un peu sa course quand même.
Au passage, le technomage agrippa un de ses subordonnés qui avait eu la mauvaise idée de le dépasser dans sa fuite. D’un geste brutal, le technomage utilisa son gant mécanique pour propulser l’homme-rat en arrière sur le norse. Le projectile improvisé couina tout le long de son vol avant d’atterrir sur le poing fermé de Hjalmar qui l’envoya décoller une nouvelle fois au loin. Un résultat quelque peu décevant, Thyroax se dit qu’à l’avenir il faudrait qu’il pense à l’aérodynamisme de ses troupes.
Alors qu’ils accédaient à la plateforme, Thyroax et ce qui restait de ses troupes virent avec soulagement que les renforts venus pour les secourir étaient en place, toutes armes dehors et prêts à accueillir le nouveau venu. Tellement prêt d’ailleurs, qu’ils ne le laissaient pas passer en fait.
« Bougez vite-vite ! s’insurgea Thyroax qui parvint à utiliser un reste de magie pour faire crépiter son bâton »
Les troupes de guerriers des clans du Clan Mors n’y virent que de feu et un sentiment de panique finit par s’instiller chez eux. Ils s’écartèrent donc quelque peu à contrecœur… Apparemment, Griknott n’aurait pas été mécontent de le voir mourir sous les coups du chose-homme fou furieux. D’ailleurs, où en était-il celui-là ? Le nouveau vol plané d’un de ses gardes qui partit s’écraser dans les rangs des guerriers du clan Mors fut la réponse : il était juste derrière. En voyant cela, les guerriers des clans chargèrent en formation sur le nouveau venu, mais à nouveau le schéma se répéta et après quelques secondes et de nombreux morts, ils finirent par adopter la technique dite de la distance de sécurité.
Thyroax, qui était maintenant en arrière des lignes, observa le chose-homme qui se comportait presque comme un animal en cage. Il tournait sur place, cherchant un angle d’attaque, mais le tout se faisant en silence avec sorte de rage contenue et redirigée vers ses ennemis. Il avait surtout l’air de vouloir sortir d’ici. Maintenant équipé d’une lance skaven après l’avoir prise à un des guerriers, il harcelait la ligne pour trouver la faille et plusieurs hommes-rats finissaient embrochés au passage.
A présent, Thyroax se demandait sérieusement comment Traxki avait fait pour le ramener à bord du malerail sans perdre toutes ses troupes. Ce chose-homme seul arrivait à tenir un respect un régiment ! Sur ce, le technomage préféra reculer pour rejoindre un endroit sûr. Au loin, il voyait des troupes de tous les clans arriver. Dans celles du clan Skryre, il aperçut ses tireurs jezzails qui allaient être parfaits pour le trouer sur place… Moui, non, vu le gaillard, c’était presque de l’artillerie lourde qu’il fallait, mais cela devrait être suffisant.
Cependant, un hurlement bestial fit sortir Thyroax de ses pensées. Le technomage leva la tête pour s’apercevoir avec horreur qu’une masse de muscles était en train de lui tomber dessus. Le technomage se jeta sur le côté par pur réflexe et évita miraculeusement le rat-ogre qui venait d’atterrir sur le sol non loin. Imperturbable, la bête hurla à nouveau et fonça tout droit vers le chose-homme. Quand Thyroax se releva, il adressa une prière au Rat Cornu pour lui avoir permis d’esquiver la bête, mais il grogna presque en entendant assez distinctement Turglok se plaindre depuis son promontoire tout proche. Décidément, il était même trop stupide pour cacher ses tentatives d’assassinat « accidentelles ». Parce qu’apparemment, le maître corrupteur venait bel et bien de tenter de faire d’une pierre, deux coups en envoyant un de ses rat-ogre sur le chose-homme. Thyroax nota qu’il ferait bien de lui rendre la pareille à l’occasion, un tir perdu était si vite arrivé…
Tandis que Thyroax courait à corps perdu vers ses troupes, le rat-ogre entra en contact avec les guerriers du clan Mors. Le monstre de quatre mètres de haut éparpilla aussitôt les troupes skavens de ses bras surdéveloppés. En quelques secondes, la ligne de guerriers des clans avait été enfoncée et le rat-ogre, à peine conscient de ses actes car étant dirigé uniquement par sa bêtise aveugle, se tenait sur les cadavres démembrés des hommes-rats, juste en face du chose-homme que son maître lui avait demandé de tuer. Ni une, ni deux, le monstre, après un nouveau cri assourdissant, sauta sur Hjalmar qui se fit emporter avec la bête en contrebas de la plateforme.
Maintenant arrivé au niveau de ses troupes, Thyroax leur hurla une série d’ordres rapides en leur demandant de se mettre en place en vitesse. Les équipes de lances-feu, globadiers et autres ratlings s’installèrent ainsi au plus vite en demi-cercle pour viser la plateforme. Au loin, le combat entre le rat-ogre et le chose-homme battait son plein. Mais à la grande surprise du technomage (et de Turglok aussi apparemment), il s’éternisait presque. Malheureusement, à cause de la plateforme et du dénivelé prononcé, personne ne pouvait vraiment voir ce qui se passait en bas.
Thyroax chercha alors un moyen de résoudre tous ses problèmes d’un seul coup. Ce qui impliquait généralement de faire exploser l’endroit où se trouvaient les problèmes. Et cette occasion, Thyroax la trouva depuis son promontoire. En effet, son œil valide aperçut un détail intéressant sur le haut de la carcasse du malerail : le moteur était à l’arrêt mais toujours sous tension. Les lueurs vertes de la malepierre transparaissaient parmi les débris ! En contrebas cependant, le combat semblait s’être arrêté. Et même s’ils ne le voyaient pas, le cri de douleur assez prononcé du rat-ogre ne les rassura pas quant à son succès potentiel.
Le technomage n’attendit pas plus avant de donner deux ordres à la suite. Le premier, était de faire tirer un peu tout et n’importe quoi dans une direction proche de là où on pouvait estimer qu’était le chose-homme. Le deuxième ordre, était qu’un des jezzails tire sur le moteur du malerail pour le faire imploser et ainsi ensevelir le chose-homme. Ce dernier, bloqué sur place par le mitraillage, devrait forcément se prendre la déflagration ! La chose fut ainsi faite et suite à un « Feu-Feu ! » grandiloquent du technomage, un enfer de plomb, de flammes et de malepierre se déchaina aussitôt sur la plateforme et ses environs. Ils ne savaient pas du tout si le chose-homme était toujours là, mais ils s’en fichaient bien. Tant que quelque chose mourrait là-dessous, c’était le signe d’une réussite.
Forcément, il y eu quelques pertes collatérales et explosions dans ses propres rangs, mais rien de bien grave. Il fallait juste éviter de respirer quelques secondes quand un globe de malepierre ratait son tir. Finalement, le tir du jezzail résonna dans la caverne et le projectile partit se loger dans le moteur au loin. Après un petit jet de vapeur strident, la déflagration quasi-instantanée qui suivit fit trembler une grande partie du terrier pendant quelques secondes. Le souffle de l’explosion projeta une énorme quantité de terre en tous sens et dans une série de craquements assourdissants, le plafond s’effondra sur un bon morceau de ce qui était le quai d’arrivée du malerail.
Mais tandis que Thyroax se relevait en gesticulant pour ordonner le cessez-le-feu, quelque chose accrocha son regard. Tandis que la caverne s’effondrait, entre quelques monceaux de terres qui partaient s’écraser plus bas, le technomage aperçut très clairement la forme du norse en train de s’engouffrer dans le tunnel du malerail. D’un seul coup, le technomage n’eut plus vraiment envie de fêter l’évènement.
Plusieurs minutes plus tard, tandis que Turglok pleurnichait la mort de son rat-ogre préféré – suce-la-moelle de son doux nom – Griknott s’approcha de Thyroax qui observait les travaux d’excavations qui avaient déjà commencés. Il valait mieux remettre en état le malerail au plus vite, pour un nouveau chargement. Après tout, cet échec n’était absolument pas de la faute du clan Skryre ou du technomage ! C’était un chose-homme sauvage qui s’était malencontreusement infiltré sur un malerail en fonctionnement, rien d’autre… Et puis il n’avait aucune idée de comment il avait pu arriver là. C’était même sûrement la faute à un esclave négligent, ça oui.
Le seigneur de guerre du Clan Mors arriva donc au niveau de Thyroax et engagea la conversation. Ce qui fit presque sursauter le technomage qui était en train de mordiller sa queue d’inquiétude.
« Un chose-homme ? demanda Griknott dont le ton laissait clairement entendre que tous ces évènements étaient la faute du technomage. C’est vraiment un chose-homme qui a causé tout ça-ça ?
-Oui-oui, mais il est mort-mort maintenant.
-Il vaudrait mieux-mieux pour vous. L’invasion est repoussée. Demain, nous attaquerons, bien-bien ? Et pas-pas d’autres surprises ! »
Sur cette menace à peine cachée, Griknott tourna les talons et reparti vers ses troupes qui aidaient à l’excavation en soutien des machines du clan Skryre. Thyroax le regarda partir en remordillant sa queue d’autant plus, presque jusqu’au sang d’ailleurs. Il avait ostensiblement menti à Griknott, mais s’il lui avait dit que la majorité de ses troupes n’avaient même pas réussi à abattre un seul chose-homme, le peu de respect – et donc crainte - envers lui et le clan Skryre se serait envolé aussitôt. Il allait devoir trouver quelque chose pour régler ce problème et vite…
« Besoin de mes services, tu as ? »
La voix susurrante ayant l’aimabilité d’un poignard dans le dos ne laissa aucun doute à Thyroax. Quikill se tenait juste derrière lui, à moitié avalé par les ombres. Le technomage se retourna vers le maître assassin du clan Eshin et, à son grand soulagement, aucune arme ne se trouvait dans ses pattes… Pour l’instant. Apparemment, l’offre était sincère.
L’inquiétude de Thyroax se mit à lentement disparaître. Finalement, il avait peut-être trouvé un moyen de régler son problème. Mais cela allait lui coûter cher…
Eh bien, j'ai le plaisir de vous annoncer que, ben déjà la suite est ci-dessous, mais aussi que le récit est ter-mi-né ! Ce titanesque bordel a pris son temps, mais c'est bouclé !Gromdal a écrit:Bon… j’espère que tu nous feras moins languir pour la prochaine suite que pour celle-là.
En résultat, j'ai un monstre de 134 pages A4 (et donc 288 pages en format de poche) avec un ridicule 76 000 mots ce qui m’amène à 3000 mots du premier Harry Potter Je n'en suis pas peu fier ma foi et je vais poster les suites un peu plus rapidement ces temps-ci. Attendez-vous peut-être à quelques fautes étant donné que mon relecteur n'a pas le temps de corriger ce pavé. J'ai fait ce que j'ai pu, mais je pense faire une autre relecture plus tard.
En attendant, bonne lecture.
Thyroax était las.
Las des chamailleries incessantes qui se jouaient devant lui durant ce conseil de guerre. Mais surtout las de devoir y prendre part et de devoir accepter certaines mesures contre son gré. Il était arrivé hier et il n’en pouvait déjà plus. Par réflexe, sa patte gauche gratta les contours de son œil de malepierre cerclé d’acier. Tout ce stress lui causait des démangeaisons. C’était horripilant pour le skaven et son humeur massacrante ne s’en voyait donc pas améliorée.
Le technomage se tenait ainsi avachi dans son fauteuil rafistolé à la dernière mode skaven – entendez qu’il tenait par miracle – et regardait dans le vide. Devant lui, une table vaguement ronde avec cinq sièges avait été montée dans le plus grand bâtiment du nouveau terrier d’opérations de Sub-Talabheim. Quatre des sièges, le sien compris, étaient occupés. Le dernier en revanche n’allait jamais l’être puisque son occupant supposé – le prophète gris Grachtol - avait subi… Non… rencontré un destin défavorable lors de l’effondrement malencontreusement accidentel du tunnel qu’il empruntait pour se rendre ici. C’était une histoire de manipulation maladroite d’après le rapport. De son côté, Thyroax soupçonnait surtout qu’il avait dû « maladroitement » recevoir trois dagues dans le dos au passage et que le tunnel ainsi sapé n’était « pas du tout là » pour couvrir ce fait...
De l’amateurisme, franchement.
Mais en résultat, avec cette absence évidente de chef direct pour diriger l’invasion, un conseil avait été formé par les membres les plus hauts placés de chaque clan en présence. Ainsi, le clan Skryre était représenté par Thyroax et les clans Moulder, Eshin et Mors étaient aussi représentés. Si ce dernier n’était pas un clan majeur, il avait sa place en ces lieux car c’était à la demande du clan Mors que l’invasion avait été programmée.
Le clan Pestilens, le quatrième clan majeur n’avait étrangement pas souhaité participer à l’attaque en invoquant des excuses comme de mauvais augures de la part du Rat Cornu. Pfeuh, Thyroax se gaussait bien de leurs excuses. Ils avaient juste peur d’envoyer leur troupes ces derniers temps. Ces moines de la peste devaient avoir perdu la raison à cause de toutes leurs maladies pour ne pas vouloir rejoindre cette glorieuse victoire contre les choses-hommes. Mais cela, c’était leur problème… Et en un sens, Thyroax appréciait aussi de ne pas avoir à traiter avec ces fanatiques dégénérés.
Un nouvel éclat de voix à sa droite raviva l’intérêt du technomage qui s’intéressa à nouveau à la discussion. Cette fois-ci, il s’agissait de Turglok le sauvage, comme il s’appelait lui-même, le chef désigné par le clan Moulder. Définitivement, Turglok représentait parfaitement son clan, il était deux fois plus gros que tous les autres skavens présents, couverts de cicatrices et un troisième bras difforme sortait de son épaule. Thyroax le trouvait ridicule quand il s’agitait de la sorte, car il montrait à tous son absence évidente d’intelligence. Mais comme il était influent et qu’il possédait des ressources importantes, il avait réussi à accéder à ce poste. Apparemment, Turglok était en train de s’énerver contre tout le monde ici présent parce que ses troupes venaient de se faire ensevelir il y a peu par une inondation dans les tunnels. Ben voyons. Et allez qu’il n’était pas content, et allez que c’était sûrement la faute du clan Skryre et… Attendez quoi ?!
« Qu’est-ce que tu dis-ment ? s’insurgea Thyroax »
Le technomage agrippa la table par colère et cette dernière émit un craquement sous la pression de son nouveau gantelet à malepierre.
« Le pont qui est cassé-tombé ! dégorgea Turglok. Par le clan Skryre, il a été monté ! Et comme par hasard, sur mes troupes il s’effondre !
-Hasard ? Et si tu l’avais fait-fait tombé sur tes troupes pour m’accuser ?
-Quoi-quoi ?! s’étrangla Turglok de rage. »
*Schtonck ! *
Thyroax et Turglok regardèrent l’espace qui les séparait en même temps et y virent une dague de lancer habilement plantée en plein milieu de la table. Les deux chefs se tournèrent ensuite vers le tireur évident : Quikill le représentant du clan Eshin. Ce dernier, drapé de vêtements noirs dans le plus pur style vestimentaire de son clan, vrillait les deux chefs de ses yeux perçants.
« Ce genre de disputes doivent cesser-stopper ! Nous avons plus important à dire-dire. »
Thyroax et Turglok se regardèrent en chien de faïence pendant quelques secondes encore et finirent par se rasseoir. Malgré la puissance de leurs clans, aucun des deux ne souhaitait risquer des représailles du clan Eshin. Ils étaient certes peu nombreux sur cette opération, mais les coureurs d’égouts et les assassins de Quikill étaient autant des alliés extrêmement précieux que des ennemis mortels… Ainsi, Thyroax et Turglok ne souhaitaient pas finir leur courte vie avec une fléchette d’acide dans l’œil à cause d’une bête dispute.
Après avoir fusillé Turglok du regard encore une fois, Thyroax se résigna et décrocha son gant de la table, dont les longues griffes en métal avaient profondément mordu le bois. Ensuite, le technomage examina l’assassin vétéran rapidement. Quikill était plus une ombre qu’autre chose, mais une ombre armée jusqu’aux crocs. Il avait beau ne presque pas parler, chacune de ses interventions avait servie à replacer le débat dans le droit chemin. Ils avaient un objectif et il semblait bien prêt à l’accomplir. Quand le chef du clan Eshin lui rendit son regard, Thyroax en eu des sueurs froides.
« Comme a dit-dit Quikill, reprenons le plan ! »
Cette fois, la voix était plus rauque, militaire. Elle venait à n’en pas douter de Griknott, l’impressionnant représentant à fourrure noire du clan Mors. Pendant que ce dernier enchainait en présentant le plan d’attaque sur la cité, Thyroax observa consciencieusement le chef qui parlait d’une voix forte et assurée. Entre sa gueule hérissée de crocs aiguisés et son regard perçant et déterminé, Griknott était la définition-même de menaçant. Des piques épaisses sortaient de son armure lourdement renforcée, augmentant ainsi sa stature déjà imposante. Juste derrière lui se tenaient des bannières de son clan représentant le M stylisé qui caractérisait le clan Mors. D’ailleurs, Griknott portait aussi ledit symbole sur son armure peinte en rouge vif et rehaussée de noir par endroit.
Le clan Mors avait été le premier à arriver et à mettre en place les installations et cela se voyait. Ils fournissaient les troupes là où les autres clans s’occupaient de la logistique et du support en matériel. Ainsi, le clan Moulder amenait ses horreurs de destructions massives, le clan Eshin ses assassins et le clan Skryre les machines de guerre et autres engins.
Thyroax n’appréciait pas vraiment le fait qu’un des clans en présence soit en surnombre évident, mais les milliers de guerriers du clan Mors étaient une menace suffisante pour qu’il ne dise rien à ce propos. Et puis, il avait beaucoup à retirer de la gloire d’une victoire contre les choses-hommes. Même s’il soupçonnait son maître Ikit la Griffe d’avoir accepté d’aider le clan Mors uniquement pour étudier le fonctionnement du clan mineur.
Ce clan posait beaucoup de problème au conseil des treize, en grande partie parce qu’un des membres du conseil venait dudit clan. Ils avaient gagné en puissance exponentiellement durant les dernières années en grande partie grâce à des attaques féroces et une discipline de fer jamais atteinte dans l’Empire souterrain auparavant. Les guerriers des clans du clan Mors étaient ainsi renommés pour faire partie des meilleurs guerriers skavens tout en ayant une confiance presque indéfectible en leur seigneur. Cela leur avait permis de prendre le contrôle d’une partie de Karak aux Huit pics, la cité des piliers, et ses richesses incommensurables.
Une telle cohésion était tout simplement ahurissante pour Thyroax, mais le technomage devait bien reconnaître que la tactique du clan Mors était diablement efficace.
La présentation du plan d’attaque dessinée sur une carte en peau humaine s’éternisant, Thyroax continua sa petite analyse. Il se demandait bien qui avait pu organiser l’assassinat de Gratchol. Non pas qu’il s’en plaignait, mais il avait bien envie de savoir qui des trois avait été assez courageux pour s’en prendre à un prophète gris et ainsi risquer les représailles du Conseil des Treize. Parce que si un prophète gris n’était pas un problème pour lui, alors un technomage n’en était clairement pas un non plus.
Après réflexion, Thyroax se dit que Turglok était bien trop stupide pour cela et que Quikill l’aurait fait de façon bien plus propre. Non, Griknott était tout désigné. Le clan Mors était très versatile et ils avaient leurs propres assassins, mais ces derniers n’étaient clairement pas aussi doués que ceux du clan Eshin. Dans ce cas, pourquoi ? Voulait-il réellement organiser un statu quo et un conseil temporaire qui allaient limiter son pouvoir ? Quoique, maintenant qu’il regardait mieux, c’était Griknott qui dirigeait cette opération à présent… Quikill ne disait rien, Turglok se contentait de son paiement et lui-même avait trop peu de troupes pour s’insurger. Griknott avait donc les mains libres sans la présence du représentant du conseil pour le rappeler à l’ordre.
L’idée de faire assassiner Griknott pointa dans l’esprit pervers de Thyroax, mais il l’oublia aussitôt. La hiérarchie du clan Mors était étonnamment solide et la mort du chef actuel ne servirait à rien puisqu’il serait aussitôt remplacé par un autre. Thyroax sentit qu’il était bloqué dans cette situation et cela ne lui plaisait pas le moins du monde.
Le technomage se rendit enfin compte que tous les autres membres le regardaient fixement. Après leur avoir lancé quelques regards inquiets, Thyroax fut soulagé d’entendre Griknott prendre la parole :
« Votre avis, nous voulons.
-Oh ! Oui-oui, dit Thyroax en feignant de réfléchir à la question. »
Tout en tentant de ne pas se faire voir, le technomage lança quelques regards aussi furtifs que paniqués en direction du plan sur la table pour l’analyser en vitesse. Apparemment, l’invasion devait commencer dans le quartier appelé « le suif » par les choses-hommes, une sorte de taudis d’après les descriptions. Son rôle, s’il le devinait bien grâce aux symboles de son clan posés ci et là, était de faire s’effondrer la porte principale puis de soutenir l’invasion avec ses machines de guerre en brisant les défenses. Le clan Moulder passerait en force dans les brèches et le clan Eshin irait assassiner les officiers et autres cibles importantes. C’était logique et implacablement efficace.
Quelque chose clochait donc.
Le plan était trop simple pour être honnête, mais Thyroax acquiesça néanmoins à la proposition. Pour le moment, il n’avait pas d’autres options. Cependant, alors qu’il quittait la salle et allait retrouver sa garde suréquipée d’engins clinquants comme ils les aimaient, le technomage se demandait encore quelle partie du plan n’avait pas été explicitement décrite par Griknott. Le technomage se permit un regard vers les autres chefs qui sortaient de la salle.
S’il vit à peine Quikill disparaitre dans les ombres de la caverne, le départ de Turglok était inratable. Sa garde nombreuse et déformée hurlait et criait sous les coups de fouets assénés par le maître corrupteur tandis qu’ils portaient son palanquin. A ses côtés, deux rats-ogres énormes, des tas de muscles magnifiquement décérébrés comme on en faisait plus à Malefosse, le flanquaient. Derrière, dans l’embrasure du bâtiment, Griknott observait la chose avec un air satisfait le visage, mais il semblait aussi examiner le spectacle. Il étudiait ses alliés ? Thyroax préféra jouer le jeu et fit semblant de ne pas l’avoir vu en hurlant des ordres à ses troupes. Quelque chose disait au technomage qu’il devait se méfier du jeu auquel Griknott était en train de jouer…
Sur le chemin vers le nouveau quartier du clan Skryre où ses troupes avaient monté le camp, un engin au poignet de Thyroax se mit à sonner en émettant des petits sifflements aigus de vapeurs. Le technomage tressauta de surprise et leva son autre main en prévision de l’utilisation du mécanisme de secours – qui rappelons-le consiste à envoyer l’objet au loin avant qu’il n’explose. Mais, au grand soulagement du technomage, il s’agissait uniquement de sa montre à vapeur qui lui signalait ainsi l’heure d’arrivée du malerail. Thyroax souffla un grand coup et fit changer la direction de marche de son escorte avec quelques coups de bâton bien placés. Au passage, il jeta quand même la montre. On n’était jamais assez prudent.
Le malerail transportait un certain nombre d’équipements de rechange pour ses troupes. Ce n’était pas vital, mais cela pouvait toujours servir. De plus, Ikit souhaitait faire de ce convoi une preuve de l’efficacité du système du transport sur cette nouvelle ligne. Un double intérêt donc, mais pour Thyroax, ce n’était jamais deux sans trois.
Il avait reçu un message de Traxki il y a peu qui lui annonçait que le chose-homme espion avait trouvé le chose-portail et qu’il le ramenait avec le malerail. La vermine de choc avait été très évasive à propos du sort du chose-homme espion, mais au final Thyroax s’en fichait bien. Le plus important était que ce chose-homme mystérieux allait être entre ses griffes.
Oh, il trépignait déjà d’impatience à l’idée de commencer les tests sur lui. Vu que le Rat Cornu l’avait mis sur sa route, ce chose-homme devait sûrement avoir tellement de potentiel que ses recherches allaient lui donner une gloire à ne plus savoir quoi en faire. Il avait déjà quelques idées à base de malefoudre…
Une fois arrivés sur le quai, les guerriers des clans autour du technomage s’écartèrent petit à petit quand ils virent l’état dans lequel leur seigneur se trouvait. En effet, ce dernier sautillait frénétiquement sur place en marmonnant des propos incompréhensibles. Leur seigneur avait donc l’air positivement joyeux et cela les mortifiaient d’autant plus.
À tout moment, ils s’attendaient ainsi à ce qu’un éclair vert les carbonise s’ils avaient le malheur de faire un pas de travers. Plusieurs des skavens s’échangèrent ensuite des regards inquiets au travers de leurs lunettes verdâtres, tentant de voir si quelqu’un comprenait ce qui pouvait bien se passer. Mais à part Thyroax en personne, personne n’avait l’air au courant.
Après quelques minutes de trépignement, le technomage finit par arrêter sa danse et son air joyeux se fit contrit. Le malerail n’était toujours pas arrivé. Thyroax pesta qu’il aurait dû vérifier sa montre avant de la jeter. Peut-être avait-elle été dérèglée par l’esclave qui la lui avait apportée ? Ou alors le malerail était en retard. Mais si c’était ce cas de figure, il se jura qu’il allait inviter de force les pilotes de l’engin à participer à un barbecue surprise. A cette idée, le bâton métallique de Thyroax en crépita d’impatience.
Un guerrier des clans plus courageux, ou inconscient c’est selon, se décida enfin à poser une question au technomage :
« Heum, grand seigneur tout-puissant et omniscient… Qu’est-ce que nous faire ici ? »
L’œil de malepierre de Thyroax se braqua sur le skaven ratatiné sur le sol, l’illuminant ainsi de toute sa malveillance.
« B…Bien-bien grand seigneur, bredouilla le skaven avant de repartir aussitôt dans les rangs en tremblotant. »
Quelques secondes passèrent ainsi, le silence se faisant toujours plus pesant. Mais au bout d’un moment, un autre mouvement à la droite de Thyroax, qui mordillait sa queue d’impatience, le fit se retourner brusquement.
« Quoi-quoi encore !? grogna-t-il. »
Étant sérieusement à bout de nerfs, le technomage canalisa son énergie magique dans son bâton et se prépara à lancer un éclair pour calmer définitivement les envies de questions de ses subordonnés.
« Un problème y a-t-il ? »
L’expression enragée de Thyroax se déconfit en quelques instants quand il comprit que c’était Griknott et sa garde qui venaient d’arriver à ses côtés. Ladite expression se transforma en horreur quand il comprit aussi que son sort avait dépassé le point de non-retour et qu’il devait le lancer maintenant sous peine d’imploser sur place. Thyroax fit donc un choix rapide et redirigea l’énergie sur le guerrier de son escorte qui lui avait posé une question plus tôt, c’était le seul dont il se souvenait de la position. Le pauvre skaven se fit donc foudroyer sur place sans sommation dans une gerbe d’étincelles verdâtres qui firent reculer tout le monde présent.
Griknott, qui avait moins reculé que ses troupes afficha une certaine inquiétude l’espace d’un instant. Il se savait en relative sécurité avec le statu quo entre les clans, mais il sentit bien que l’éclair aurait pu lui être destiné. Et toutes les protections qu’il avait sur lui n’auraient pas pu le protéger d’une telle décharge. Le seigneur de guerre du clan Mors passa alors son regard du tas de cendres encore fumantes au technomage qui ne savait pas où se mettre.
« Problème ? fit Thyroax d’un air qui se voulait nonchalant. Noooon, plus de problèmes maintenant, voyez ? Il n’était pas discipliné. Donc je le tue-brûle. »
Même Griknott plissa des yeux devant cette explication complètement foireuse. Pendant ce temps, Thyroax agitait ses moustaches nerveusement, cherchant du regard un quelconque moyen de se sortir de cette situation tout en gratifiant Griknott de son air le plus amical. Le résultat était effroyable et donnait l’impression que le visage de Thyroax était en pleine crise d’épilepsie. Ce qui confirma d’ailleurs l’impression du seigneur de guerre du clan Mors qui était maintenant sûr que le technomage était définitivement dérangé.
Mais alors que l’absence de dialogue commençait à installer une ambiance plus que malsaine, une série de sons métalliques se firent entendre dans le lointain. Les oreilles de Thyroax se dressèrent aussitôt en reconnaissant le bruit caractéristique du malerail en fin de course et le technomage se rua vers la rambarde du quai branlant. Elle était là son occasion de s’en tirer. Il n’avait plus qu’à attirer l’attention de Griknott sur le malerail et la gloire du clan Skryre qui allait avec et tout irait pour le mieux. Il redonnerait ainsi confiance au seigneur de guerre en ses capacités et cela devrait faire oublier à Griknott les représailles possibles pour lui avoir roussi la moustache avec de la malefoudre… Les yeux fixés sur le tunnel sombre, Thyroax se tourna à demi vers Griknott et lui lança :
« Parfait-parfait ! Vous allez assister au génie du clan Skryre ! »
Intrigué et les pattes croisées dans le dos, Griknott s’approcha à son tour de la rambarde mais quelques mètres en retrait, histoire d’être sûr de pouvoir opérer une retraite stratégique de survie. Comme beaucoup d’autres, il avait vu les esclaves du clan Skryre s’échiner à mettre en place tout un système de rails jusqu’ici mais il ne l’avait jamais vu fonctionner… Thyroax, lui, avait repris sa simili-danse de la joie et créait ainsi une cacophonie digne d’un opéra en pshiit-clonk mineur. Derrière lui, dans les environs du quai, une petite centaine de skavens s’étaient réunis pour voir l’arrivée « grandiose » du malerail. Même Turglok avait fait un léger détour pour voir ce qui se passait après avoir entendu la détonation de l’éclair de malefoudre. Il observait ainsi depuis un promontoire la suite des évènements en mastiquant le reste du bras d’un de ses esclaves.
Une minute passa durant laquelle on n’entendait plus que les crissements progressivement plus fort du malerail et les couinements enjoués de Thyroax. Ce manège continua jusqu’à ce qu’enfin le wagon de tête du malerail fasse son entrée triomphante en tournant par le bout du tunnel.
« Contemplez, le chef-d’œuvre ! fit un Thyroax aussi hystérique que soulagé d’enfin voir le malerail arriver. »
Le technomage se retint de laisser exploser sa joie en voyant que… que… Que le malerail continuait sans ralentir ? Et qu’il perdait des morceaux ? Et qu’il était en feu ?...
Toute l’assemblée put donc observer le wagon de tête, apparemment seul d’ailleurs, continuer sa course à une vitesse respectable dans une cacophonie de moteurs qui toussaient abondamment plus qu’ils ne tournaient. Course qui s’arrêta bien vite d’ailleurs puisque juste après avoir dépassé une partie du quai – devant les regards médusés d’un grand nombre de skavens en présence - le wagon finit par rentrer dans le mur en terre qui était au bout du rail dans un fracas de tôles pliées. Ne pouvant plus supporter tant de contraintes, les poutres de soutien liées au rail se voilèrent et finirent par lâcher, laissant ainsi tomber le wagon sur le sol juste en dessous avec fracas. Pour clôturer le tout, le moteur à malepierre n’eut même pas la force d’exploser et se contenta d’un petit bruit aigu et parfaitement ridicule qui mourut avec autant d’aplomb que le rire asthmatique d’un pingouin malformé.
Devant le spectacle navrant, la mâchoire inférieure de Thyroax en tomba aussitôt d’effroi, le laissant figé avec un air aussi idiot qu’ahuri. Maintenant qu’un silence gênant était retombé, Griknott s’approcha de Thyroax qui n’avait pas bougé d’un centimètre depuis que le malerail branlant l’avait dépassé.
« Thyroax ? demanda Griknott d’une voix agacée.
-…Hein ? fit le technomage hagard qui regardait toujours dans le vide en tenant la pose.
-Où est-il votre chef d’œuvre ? J’ai peur-peur de ne pas l’avoir vu. »
Griknott vit l’œil gauche du technomage, celui qui n’était pas en malepierre, tressauter de façon répétée plusieurs fois. Puis, les spasmes se propagèrent légèrement au reste du corps du skaven dont la quincaillerie clinqua de concert. Lentement, Thyroax agrippa son bâton qu’il avait posé sur la rambarde et se mit en marche vers les restes du malerail en dépassant Griknott. Tout le long du chemin, Thyroax marmonna ainsi la plus longue série d’insulte jamais prononcée dans l’Empire souterrain en étant atteint de ce qui ressemblait à une crise de Parkinson. Il était toujours suivi par sa garde, mais ces derniers avaient augmenté d’autant plus la distance de sécurité d’avec leur seigneur. Sauf l’un d’entre eux qui s’approcha du technomage.
« Maître-maître, laissez-nous y aller… »
Thyroax ne lui accorda même pas un regard et, sans ralentir, lança son gant en malepierre sur le crâne du garde qui couina de douleur quand les lames lui lacérèrent le visage. Cela ne dura pas longtemps, puisque l’instant d’après, les mécanismes chuintèrent et le gant broya la tête du skaven en une pulpe noirâtre. Imperturbable, Thyroax continua sa marche lente tout en continuant ses mouvements erratiques. Son œil le grattait horriblement, bien plus que d’habitude. De façon sporadique, Thyroax passait donc sa main sur le cerclage d’acier autour de son orbite, mais en vain. La démangeaison vira presque à la douleur vive alors que la colère bouillonnait en lui.
Quand ils arrivèrent aux abords de l’épave, quelques mètres plus bas. Un panneau en métal s’ouvrit misérablement et cracha ce qui restait d’un ingénieur. Ce dernier était miraculeusement encore en vie et rampa jusqu’à Thyroax.
« Sei…Seigneur ! Le convoi… problème… je lui-lui ai échappé mais… »
Ses bredouillements ne purent aller plus loin. Quand Thyroax vit un des pilotes de l’engin, de ce maudit engin qui venait de le ridiculiser devant des centaines de skavens ainsi que devant ses égaux, il perdit pied.
La respiration du technomage s’accéléra et son œil de malepierre brilla d’une intensité rarement atteinte. Il sortit alors un petit morceau de malepierre d’une de ses poches avec une patte tremblante et l’ingéra aussitôt. Son œil illumina alors littéralement les alentours alors que la fourrure du skaven se dressait en étant parcouru d’électricité statique. Avec un hurlement de rage tonitruant amplifié par la magie qui fit se dresser les poils de la nuque de nombres de skavens présents, Thyroax pointa son bâton métallique vers sa cible et déchaina un torrent de flammes d’un vert vif dans un rayon de plusieurs mètres. La puissance de la déflagration aveugla même les skavens restés en retrait qui durent se couvrir les yeux pour se protéger. Les flammes se déversèrent ainsi en crépitant d’électricité pendant une bonne minute avant que Thyroax ne sentent ses forces diminuer en même temps que l’effet de la malepierre s’estompait. Il arrêta alors le flot magique en haletant bruyamment.
A la place de l’ingénieur, il ne restait maintenant plus que de la roche et du sable vitrifié tandis que derrière, un bon morceau de l’acier du wagon avait fondu en gouttelettes qui refroidissaient en craquant à l’air libre. L’odeur de la malepierre envahit l’endroit, revigorant le technomage qui l’inspira à pleins poumons. Ça y était, sa démangeaison venait enfin de s’arrêter, se dit-il en soufflant lentement.
Le silence étant maintenant revenu, Thyroax jeta un regard furibond vers la plateforme. Là-haut, plus personne ne faisait de messes basses. Le technomage vit aussi que Griknott venait de tourner les talons. Bien. Au moins, malgré l’échec cuisant, il avait réussi à garder la face. Maintenant qu’il leur avait rappelé qu’il était un des derniers mages en présence, on le craignait à juste titre.
Alors que la foule venue assister au spectacle se dispersait, Thyroax inspecta les environs du malerail. Il devait bien pouvoir y trouver quelque chose d’utile… Mais même s’il avait pu se défouler abondamment et ainsi relâcher le gros de sa colère, Thyroax restait extrêmement contrarié. Rien ne s’était passé comme prévu et en plus le gros du matériel avait apparemment été lâché par inadvertance. Une telle incompétence était intolérable ! Qui avait donc pu remplacer l’équipage par des esclaves possédant l’intelligence d’huîtres zombies ? Mais surtout, comment allait-il expliquer cela à Ikit ?!... Et où était le chose-homme ?
Comme pour répondre à sa question, ce qui restait de la porte d’entrée du malerail se fit sortir de ses gonds instables par un choc puissant venant de l’intérieur. Alors qu’elle s’effondrait avec fracas, des bruits de pas métalliques se firent entendre depuis l’intérieur du malerail. Peu de temps après, sous le regard surpris des skavens, Hjalmar Oksilden sortit de ce qui restait du wagon de tête. Le nordique semblait perdu et regardait autour de lui tandis que ses poings gantés gouttaient encore d’un liquide noirâtre qui devait être du sang. Il était étonnamment en bon état, si ce n’était que ses cheveux étaient un peu ébouriffés.
Thyroax cligna des yeux plusieurs fois. C’était ça le chose-homme portail ? Traxki avait dû se moquer de lui. Il était bâti comme deux vermines de chocs ! En plus, il ne sentait aucune magie sortir du chose-homme, ce n’était donc pas le bon ! Le technomage se mit à ruminer de nouveau en faisant glisser sa patte le long de son bâton. Oh, il valait mieux pour Traxki qu’il soit déjà mort, sinon il allait s’assurer que son agonie soit la plus lente possible.
Ce chose-homme avait juste dû avoir la chance de survivre et ainsi pouvoir s’échapper lors du crash. Thyroax regarda vers la plateforme pour s’assurer que plus personne ne regardait, ce qui était le cas. Bonne nouvelle, au moins l’échec du malerail pouvait être imputé à ce nouveau venu et non pas à l’incompétence des ingénieurs de son clan qui avaient dû faire complètement capoter le convoi. Il n’aurait qu’à dire qu’un chose-homme s’était infiltré dans le wagon et avait causé le reste des problèmes.
Voyant que le nordique avait posé son regard froid sur lui, Thyroax cracha aussitôt un ordre à ses troupes en leur demandant de tuer l’impertinent. De toute façon, il ne lui servait à rien alors autant s’en débarrasser au plus vite... Et son regard le dérangeait.
Alors que ses troupes chargeaient, Thyroax soupira longuement avec déception. Quand même, pourquoi devait-il toujours être entouré d’incompétents ? Il demandait seulement un chose-homme bien précis, pourquoi n’étaient-ils donc pas capables de lui ramener ?
Le technomage reporta son attention sur ses troupes et leur cible. Cela devrait être rapide, se disait-il, après tout, ses troupes étaient équipés des meilleurs équipements de l’Empire souterrain et ils étaient en surnombre. Et effectivement, cela fut rapide, puisque le norse courut vers ses attaquants avec un cri bestial, attrapa le premier skaven à portée et lui déboita la nuque avant de l’utiliser pour balayer ses congénères. Bah, un coup de chance, le skaven avait dû trébucher. Bien, maintenant ses troupes allaient se reprendre et… et se faire broyer chacun leurs tours sous les coups furieux du nordique. Comment ? Cela virait au ridicule enfin !... Ah, l’un d’entre eux arrivait par l’arrière ! … Bon, le norse l’avait désarmé et lui avait planté la dague dans l’œil. Mais bon sang, où étaient donc passés ses soldats ? Pourquoi avaient-ils été remplacés par des esclaves incompétents ? Pourquoi ?... Oh.
C’est en voyant cette série d’actions inattendues que les paroles de l’ingénieur survivant revinrent à la mémoire de Thyroax : Il « lui avait échappé ». Maintenant Thyroax comprenait de quoi il parlait et en fin de compte, il aurait préféré ne pas le savoir.
A quelques mètres du technomage, les guerriers skavens survivants hésitèrent eux aussi devant le norse qui était en train de les massacrer deux par deux. Il ne leur fallut donc pas longtemps avant de sonner la retraite. Voyant ses troupes déguerpir, Thyroax fut tenté d’en carboniser un ou deux pour les faire se retourner, mais il était à sec à cause de son accès de rage précédent… Et en apercevant en plus les cadavres autour du nordique et son air déterminé, le technomage se décida finalement à suivre le mouvement parce qu’après tout, un chef se doit de montrer la marche à suivre, non ?
Ce fut donc une retraite stratégique – et non pas une débandade complète, pas le moins du monde, non - qui s’organisa aussitôt pour Thyroax et la demi-douzaine de skavens qui restaient de sa garde.
« Chose-homme ! fit alors une série de voix aigües venant de la plateforme non loin. »
Apparemment, les skavens encore présent là-haut venaient de remarquer la présence du norse. Thyroax n’eut même pas à regarder pour savoir que des centaines de rats devaient être en train de descendre jusqu’ici pour déchiqueter le malheureux… qui les poursuivait. Thyroax décida d’accélérer un peu sa course quand même.
Au passage, le technomage agrippa un de ses subordonnés qui avait eu la mauvaise idée de le dépasser dans sa fuite. D’un geste brutal, le technomage utilisa son gant mécanique pour propulser l’homme-rat en arrière sur le norse. Le projectile improvisé couina tout le long de son vol avant d’atterrir sur le poing fermé de Hjalmar qui l’envoya décoller une nouvelle fois au loin. Un résultat quelque peu décevant, Thyroax se dit qu’à l’avenir il faudrait qu’il pense à l’aérodynamisme de ses troupes.
Alors qu’ils accédaient à la plateforme, Thyroax et ce qui restait de ses troupes virent avec soulagement que les renforts venus pour les secourir étaient en place, toutes armes dehors et prêts à accueillir le nouveau venu. Tellement prêt d’ailleurs, qu’ils ne le laissaient pas passer en fait.
« Bougez vite-vite ! s’insurgea Thyroax qui parvint à utiliser un reste de magie pour faire crépiter son bâton »
Les troupes de guerriers des clans du Clan Mors n’y virent que de feu et un sentiment de panique finit par s’instiller chez eux. Ils s’écartèrent donc quelque peu à contrecœur… Apparemment, Griknott n’aurait pas été mécontent de le voir mourir sous les coups du chose-homme fou furieux. D’ailleurs, où en était-il celui-là ? Le nouveau vol plané d’un de ses gardes qui partit s’écraser dans les rangs des guerriers du clan Mors fut la réponse : il était juste derrière. En voyant cela, les guerriers des clans chargèrent en formation sur le nouveau venu, mais à nouveau le schéma se répéta et après quelques secondes et de nombreux morts, ils finirent par adopter la technique dite de la distance de sécurité.
Thyroax, qui était maintenant en arrière des lignes, observa le chose-homme qui se comportait presque comme un animal en cage. Il tournait sur place, cherchant un angle d’attaque, mais le tout se faisant en silence avec sorte de rage contenue et redirigée vers ses ennemis. Il avait surtout l’air de vouloir sortir d’ici. Maintenant équipé d’une lance skaven après l’avoir prise à un des guerriers, il harcelait la ligne pour trouver la faille et plusieurs hommes-rats finissaient embrochés au passage.
A présent, Thyroax se demandait sérieusement comment Traxki avait fait pour le ramener à bord du malerail sans perdre toutes ses troupes. Ce chose-homme seul arrivait à tenir un respect un régiment ! Sur ce, le technomage préféra reculer pour rejoindre un endroit sûr. Au loin, il voyait des troupes de tous les clans arriver. Dans celles du clan Skryre, il aperçut ses tireurs jezzails qui allaient être parfaits pour le trouer sur place… Moui, non, vu le gaillard, c’était presque de l’artillerie lourde qu’il fallait, mais cela devrait être suffisant.
Cependant, un hurlement bestial fit sortir Thyroax de ses pensées. Le technomage leva la tête pour s’apercevoir avec horreur qu’une masse de muscles était en train de lui tomber dessus. Le technomage se jeta sur le côté par pur réflexe et évita miraculeusement le rat-ogre qui venait d’atterrir sur le sol non loin. Imperturbable, la bête hurla à nouveau et fonça tout droit vers le chose-homme. Quand Thyroax se releva, il adressa une prière au Rat Cornu pour lui avoir permis d’esquiver la bête, mais il grogna presque en entendant assez distinctement Turglok se plaindre depuis son promontoire tout proche. Décidément, il était même trop stupide pour cacher ses tentatives d’assassinat « accidentelles ». Parce qu’apparemment, le maître corrupteur venait bel et bien de tenter de faire d’une pierre, deux coups en envoyant un de ses rat-ogre sur le chose-homme. Thyroax nota qu’il ferait bien de lui rendre la pareille à l’occasion, un tir perdu était si vite arrivé…
Tandis que Thyroax courait à corps perdu vers ses troupes, le rat-ogre entra en contact avec les guerriers du clan Mors. Le monstre de quatre mètres de haut éparpilla aussitôt les troupes skavens de ses bras surdéveloppés. En quelques secondes, la ligne de guerriers des clans avait été enfoncée et le rat-ogre, à peine conscient de ses actes car étant dirigé uniquement par sa bêtise aveugle, se tenait sur les cadavres démembrés des hommes-rats, juste en face du chose-homme que son maître lui avait demandé de tuer. Ni une, ni deux, le monstre, après un nouveau cri assourdissant, sauta sur Hjalmar qui se fit emporter avec la bête en contrebas de la plateforme.
Maintenant arrivé au niveau de ses troupes, Thyroax leur hurla une série d’ordres rapides en leur demandant de se mettre en place en vitesse. Les équipes de lances-feu, globadiers et autres ratlings s’installèrent ainsi au plus vite en demi-cercle pour viser la plateforme. Au loin, le combat entre le rat-ogre et le chose-homme battait son plein. Mais à la grande surprise du technomage (et de Turglok aussi apparemment), il s’éternisait presque. Malheureusement, à cause de la plateforme et du dénivelé prononcé, personne ne pouvait vraiment voir ce qui se passait en bas.
Thyroax chercha alors un moyen de résoudre tous ses problèmes d’un seul coup. Ce qui impliquait généralement de faire exploser l’endroit où se trouvaient les problèmes. Et cette occasion, Thyroax la trouva depuis son promontoire. En effet, son œil valide aperçut un détail intéressant sur le haut de la carcasse du malerail : le moteur était à l’arrêt mais toujours sous tension. Les lueurs vertes de la malepierre transparaissaient parmi les débris ! En contrebas cependant, le combat semblait s’être arrêté. Et même s’ils ne le voyaient pas, le cri de douleur assez prononcé du rat-ogre ne les rassura pas quant à son succès potentiel.
Le technomage n’attendit pas plus avant de donner deux ordres à la suite. Le premier, était de faire tirer un peu tout et n’importe quoi dans une direction proche de là où on pouvait estimer qu’était le chose-homme. Le deuxième ordre, était qu’un des jezzails tire sur le moteur du malerail pour le faire imploser et ainsi ensevelir le chose-homme. Ce dernier, bloqué sur place par le mitraillage, devrait forcément se prendre la déflagration ! La chose fut ainsi faite et suite à un « Feu-Feu ! » grandiloquent du technomage, un enfer de plomb, de flammes et de malepierre se déchaina aussitôt sur la plateforme et ses environs. Ils ne savaient pas du tout si le chose-homme était toujours là, mais ils s’en fichaient bien. Tant que quelque chose mourrait là-dessous, c’était le signe d’une réussite.
Forcément, il y eu quelques pertes collatérales et explosions dans ses propres rangs, mais rien de bien grave. Il fallait juste éviter de respirer quelques secondes quand un globe de malepierre ratait son tir. Finalement, le tir du jezzail résonna dans la caverne et le projectile partit se loger dans le moteur au loin. Après un petit jet de vapeur strident, la déflagration quasi-instantanée qui suivit fit trembler une grande partie du terrier pendant quelques secondes. Le souffle de l’explosion projeta une énorme quantité de terre en tous sens et dans une série de craquements assourdissants, le plafond s’effondra sur un bon morceau de ce qui était le quai d’arrivée du malerail.
Mais tandis que Thyroax se relevait en gesticulant pour ordonner le cessez-le-feu, quelque chose accrocha son regard. Tandis que la caverne s’effondrait, entre quelques monceaux de terres qui partaient s’écraser plus bas, le technomage aperçut très clairement la forme du norse en train de s’engouffrer dans le tunnel du malerail. D’un seul coup, le technomage n’eut plus vraiment envie de fêter l’évènement.
Plusieurs minutes plus tard, tandis que Turglok pleurnichait la mort de son rat-ogre préféré – suce-la-moelle de son doux nom – Griknott s’approcha de Thyroax qui observait les travaux d’excavations qui avaient déjà commencés. Il valait mieux remettre en état le malerail au plus vite, pour un nouveau chargement. Après tout, cet échec n’était absolument pas de la faute du clan Skryre ou du technomage ! C’était un chose-homme sauvage qui s’était malencontreusement infiltré sur un malerail en fonctionnement, rien d’autre… Et puis il n’avait aucune idée de comment il avait pu arriver là. C’était même sûrement la faute à un esclave négligent, ça oui.
Le seigneur de guerre du Clan Mors arriva donc au niveau de Thyroax et engagea la conversation. Ce qui fit presque sursauter le technomage qui était en train de mordiller sa queue d’inquiétude.
« Un chose-homme ? demanda Griknott dont le ton laissait clairement entendre que tous ces évènements étaient la faute du technomage. C’est vraiment un chose-homme qui a causé tout ça-ça ?
-Oui-oui, mais il est mort-mort maintenant.
-Il vaudrait mieux-mieux pour vous. L’invasion est repoussée. Demain, nous attaquerons, bien-bien ? Et pas-pas d’autres surprises ! »
Sur cette menace à peine cachée, Griknott tourna les talons et reparti vers ses troupes qui aidaient à l’excavation en soutien des machines du clan Skryre. Thyroax le regarda partir en remordillant sa queue d’autant plus, presque jusqu’au sang d’ailleurs. Il avait ostensiblement menti à Griknott, mais s’il lui avait dit que la majorité de ses troupes n’avaient même pas réussi à abattre un seul chose-homme, le peu de respect – et donc crainte - envers lui et le clan Skryre se serait envolé aussitôt. Il allait devoir trouver quelque chose pour régler ce problème et vite…
« Besoin de mes services, tu as ? »
La voix susurrante ayant l’aimabilité d’un poignard dans le dos ne laissa aucun doute à Thyroax. Quikill se tenait juste derrière lui, à moitié avalé par les ombres. Le technomage se retourna vers le maître assassin du clan Eshin et, à son grand soulagement, aucune arme ne se trouvait dans ses pattes… Pour l’instant. Apparemment, l’offre était sincère.
L’inquiétude de Thyroax se mit à lentement disparaître. Finalement, il avait peut-être trouvé un moyen de régler son problème. Mais cela allait lui coûter cher…
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Lun 28 Aoû 2017 - 18:52
Hey, deuxième page !
Comme dit avant, bravo pour avoir fini le récit, la taille (presque) d'un Harry Potter 1, c'est plutôt pas mal (du tout, même, je dirais).
Suite ultra-fluide, action magnifiquement décrite, pas de longueurs... Rien à dire.
Allez, j'ai réussi à repérer deux-trois erreurs :
Du coup, je demande la suite, "Vite-vite !" comme diraient certains.
Grom'
Comme dit avant, bravo pour avoir fini le récit, la taille (presque) d'un Harry Potter 1, c'est plutôt pas mal (du tout, même, je dirais).
Suite ultra-fluide, action magnifiquement décrite, pas de longueurs... Rien à dire.
Allez, j'ai réussi à repérer deux-trois erreurs :
montéoù ses troupes avaient montées
poursuivaitle malheureux… qui les poursuivaient
Pas de faute, il manque juste l'alinéa en début de paragraphe.A présent, Thyroax se demandait sérieusement
Du coup, je demande la suite, "Vite-vite !" comme diraient certains.
Grom'
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Lun 28 Aoû 2017 - 18:53
Et bien, c'est une fort belle suite que tu nous as donnée là
Je n'ai pas grand chose à ajouter si ce n'est que je trouve toujours aussi bien décrits les réactions et dialogues des hommes-rats
Et vivement la suite
Je n'ai pas grand chose à ajouter si ce n'est que je trouve toujours aussi bien décrits les réactions et dialogues des hommes-rats
Et vivement la suite
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Lun 28 Aoû 2017 - 19:12
Mesdames et messieurs, je vous présente le chef du clan Mors :
Sinon je vais plussoyer mes collègues et demander la suite. Parce qu'il faut une suite. Oui, absolument.
Sinon je vais plussoyer mes collègues et demander la suite. Parce qu'il faut une suite. Oui, absolument.
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Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun
Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Mer 30 Aoû 2017 - 22:08
Le Grand Rat Cornu approuve ce récit.
Je le sais parce qu'il me l'a dit.
Je le sais parce qu'il me l'a dit.
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Sam 2 Sep 2017 - 11:22
Merci pour vos retours ! Et Arcanide, on ne se moque pas de mes méchants heuu !
Bon, passons et continuons le récit !
Un peu plus tard, devant l’une des portes du sud de Talabheim, un garde patientait tranquillement que l’on vienne le relever d’ici quelques heures. Quelle idée aussi de prendre le service de nuit en automne… Parce que forcément, ledit service s’arrêtait au lever du soleil, pas à une heure précise ! En voilà une belle pirouette que l’administration de Talabheim avait trouvée pour faire des passer des heures supplémentaires comme parfaitement normales. Belle bande d’arnaqueurs ceux-là. Enfin, faire partie du guet ou des « museaux » comme on les appelait à cause de la tête de loup mal dessinée sur leur bouclier, n’était pas le pire. Il aurait pu finir chez les « terriers » dans la brigade des tunnels.
Visant à la lueur des torches, le garde cracha dans le fossé en contrebas qui entourait la porte et raffermit sa prise sur sa hallebarde. Son uniforme blanc et rouge avait vécu de meilleurs jours, mais il tenait encore le coup, un peu comme lui au final. Il regarda encore une fois à l’horizon dans l’espoir de voir le soleil se lever, mais en vain. Il allait bien falloir encore deux bonnes heures avant que l’astre ne vienne pointer le bout de son rayon de lumière par-delà le Taalbastion.
Alors qu’il grommelait une nouvelle insulte pas piquée des hannetons à l’encontre de ses supérieurs, le garde remarqua alors un mouvement au loin sur la route qui menait à la ville. Deux personnes venaient vers lui en fait.
A cette heure ? Sérieusement ? Oh et puis non, il n’allait pas se plaindre. Au moins cela lui donnerait de quoi s’occuper en cette nuit un peu fraîche. Après s’être rapidement étiré les jambes, le garde s’avança donc au milieu du passage et prépara son discours. Au même moment, les deux personnes s’approchaient de lui.
« Déclinez votre identité, papiers et autres laissez-passer en vitesse ! aboya-t-il en baissant sa hallebarde.
-Sieghilde, tu t’en occupes ? fit l’un des deux personnages qui se révéla être un répurgateur ulricain.
-S’il le faut, répondit une prêtresse-guerrière de Sigmar. Bonjour, je suis Sieghilde Ingrimm… »
Tandis que la prêtresse commençait à déclamer toute une série de titres variés pour elle et l’ulricain, le garde les regarda avec un air mal à l’aise. C’était bien sa veine, il fallait qu’il tombe sur une religieuse haut-gradée et un répurgateur mystérieusement trempé à la fin de son service. Trop fatigué pour leur demander des papiers prouvant leur identité – seule chose demandée à des religieux de leurs rangs à Talabheim - le garde n’écouta même plus les demandes des nouveaux-venus. En roulant des yeux, il releva ainsi sa hallebarde en leur faisant signe de passer. Sincèrement, il préférait penser à dormir plutôt que de vérifier les papiers d’identités d’un bonhomme qui pouvait l’envoyer au buché sur un coup de tête. Et puis en plus, ils venaient du cratère. Du coup, ils avaient déjà dû passer la Grande porte et ils devaient avoir leurs papiers.
Holger et Sieghilde donc, regardèrent avec étonnement le garde s’écarter en grommelant alors que la prêtresse n’avait même pas fini la liste des titres… La sigmarite lança un regard interrogateur à l’ulricain qui lui répondit avec un haussement d’épaule et ils s’engouffrèrent dans la ville. Talabheim était réputé pour ses contrôles d’entrée drastiques qui prenaient des semaines, voire des mois le temps que les documents soient ratifiés pour autoriser les gens étrangers à la cité à rentrer en son sein. Holger n’y était jamais véritablement rentré, tout comme Sieghilde, mais il avait été mis au courant des pratiques un peu extrêmes des avocats de la ville. Ce qui expliquait quelque peu leur surprise devant ce contrôle bâclé en vitesse.
La nuit touchait à sa fin, mais l’obscurité régnait toujours. Ainsi, les rues de la ville étaient relativement vides. Le duo remonta ainsi la trouée des guildes sans problèmes, puis le Geltworld pour arriver sur le quartier de la loi, un des points culminant de la cité.
Étonnamment, malgré l’heure tardive, des avocats et autres hommes de lois arpentaient déjà les lieux, les bras encombrés de paperasses. Au centre de la grand place, entouré de plusieurs gardes du guet, un immense obélisque de marbre noir surplombait tous les bâtiments. À sa base, une énorme flopée de feuilles y avait été accrochées. Curieux, Sieghilde et Holger s’en approchèrent malgré la fatigue et remarquèrent qu’il s’agissait de textes de lois divers et variés. Au vu de leur état, certains semblaient même dater d’avant la Grande Guerre contre le Chaos. Alors qu’ils quittaient la place, un énergumène couru vers l’obélisque, farfouilla dans les feuilles et en arrache une en insultant les magistrats locaux. Dans les secondes qui suivirent, gardes, avocats et passants convergèrent aussitôt vers le fou et le matraquèrent en règle avant de remettre le papier en place. Puis, le guet emmena l’homme au loin pour qu’il soit enfermé. Devant cette scène, Sieghilde et Holger réalisèrent qu’ils avaient eu de la chance à la porte Sud en fait… On ne rigolait pas avec la loi à Talabheim.
Après quelques minutes de marches dans les rues pratiquement silencieuses, ils arrivèrent dans le quartier religieux, aussi appelé promenade des dieux, qui était située au nord de la ville. Ils n’eurent pas de difficultés à trouver le monastère de Sigmar, un petit bâtiment mais aux hautes tours dépassant même les murailles environnantes. Cette tentative un peu maladroite pour rappeler à tous leur présence montrait bien à quel point le dieu tutélaire de l’empire n’était pas forcément parfaitement représenté partout – et nous ne parlerons pas du Taalgarten, le gigantesque jardin de Taal, le patron de la cité, qui se tenait non loin.
Holger fut bien tenté de rejoindre son temple tutélaire, mais Sieghilde lui fit remarquer que leur mission n’était pas censée attirer l’attention. Et les Ulricains adoraient la vérité franche, ce qui n’était pas très pratique lorsque l’on essayait de rester discret. Avec quelques moues boudeuses, le répurgateur accepta de suivre Sieghilde dans le petit monastère.
Après s’être présenté à la porte, il ne fallut pas longtemps pour qu’un prêtre ne viennent les chercher en courant en entendant le rang de Sieghilde. L’homme, arborant une robe noire typique de l’ordre de la Torche, ne prêta même pas attention à Holger qui ronchonnait dans son coin et il les emmena vers un dortoir où ils pourraient se reposer. Il les informa aussi que le grand-prêtre Farador était indisponible en ce moment-même mais qu’il procédait à l’une de ses deux visites par semaine au temple demain. A cette occasion, ils pourraient alors rencontrer Farador à ce moment-là. A peine le prêtre fut-il sorti de la pièce qu’Holger soupira lourdement.
« Un problème, Holger ? lui demanda Sieghilde qui était déjà en train d’enlever son plastron.
-Ce type m’énerve. Cet endroit aussi. Et cette ville.
-Oh, si ce n’est que ça, lui répondit la prêtresse en gloussant. Allez plutôt vous reposer plutôt que de grogner en permanence. »
Holger grogna une réponse justement et partit s’étaler sur sa couche tel un tronc fraîchement coupé et il ne fallut pas longtemps avant que sa respiration ne se stabilise. La prêtresse se fit la réflexion qu’il devait être terrassé par la fatigue pour réussir à s’endormir aussi vite… De son côté, même si elle était aussi épuisée, dormir serait plus difficile vu qu’elle ruminait encore tous les évènements des derniers jours. Mais il allait falloir qu’elle se force à se reposer à son tour. Essayer de résoudre tous les problèmes du monde en étant en manque de sommeil ne les mèneraient nulle part après tout.
Cependant, à la première heure, ils iraient avertir le grand-prêtre de Talabheim. Il devait savoir ce qui se tramait et ils allaient avoir besoin de renforts au plus tôt. Cela ne devrait pas prendre bien longtemps pour le convaincre, si ?
« Non ! »
La voix grasse de Farador résonna avec force dans le petit bureau qui lui avait été aménagé dans le temple. Une rai de lumière matinale pointait d’un vitrail décoré et illuminait la pièce. L’endroit était peu utilisé au vu des nappes de poussières qui se soulevèrent quand le grand-prêtre tapa de son poing potelé sur sa table. Ensuite, tout en toussant un peu à cause de ladite poussière, Farador se rassit difficilement dans son siège qui semblait un peu trop petit pour sa corpulence.
« Comment ça non ? s’insurgea Holger dont le visage quelque peu fatigué s’empourpra de colère. On vient de vous dire que des hommes-rats sont…
-Non ! Non, non et non ! J’en ai assez de vous entendre déblatérer ces inepties !
-Inepties ? »
Cette fois, c’était Sieghilde qui venait de s’insurger.
« Nous les avons vu de nos propres yeux mon père, même été blessés par leurs lames !
-Ma mère, je voudrais croire en votre parole qui, je n’en doute pas, suit les préceptes de Sigmar en personne… Mais je n’en puis plus ! Toute la semaine, des gens sont venus me raconter des sornettes improbables à propos d’hommes-rats qui marcheraient sur deux pattes. Malgré toutes les troupes déployées, rien de tout cela n’a pu être prouvé et toutes les personnes impliquées ont, comme par hasard, disparues ! »
Farador prit quelques instants pour tousser encore un peu et se replacer dans son siège encore une fois.
« Ce ne sont que des racontars et des fauteurs de troubles qui veulent perturber la confiance des citoyens de l’Empire. Je m’attendais à mieux d’une femme d’église telle que vous, ne vous laissez pas corrompre par la bêtise de ces suppôts du chaos !
-Mais nous les avons vus et affrontés ! cria Sieghilde.
-Eh bien, bravo, vous avez débarrassé le monde de quelques hommes-bêtes dégénérés.
-Ils en restait une armée entière dans les sous-sols du Taalbastion et… !
-S’il vous plaît, voyons. Si c’était le cas, nous aurions déjà eu au moins un rapport les concernant. Nous avons des hommes qui ratissent les tunnels depuis des années. Et rien ! Pas la moindre queue de rat surdimensionnée ! Tout au plus une résurgence de rats plus gros que la moyenne qui viendrait manger les réserves dans le Suif ces derniers temps. C’est d’ailleurs surement de là que viennent toutes ces rumeurs... Bon excusez-moi, mais j’ai un sermon à donner. Les fidèles m’attendent pour être rassuré. »
Sur ce, Farador quitta le bureau après s’être extirpé avec difficulté de sa chaise et sortit de la pièce, laissant derrière lui une Sieghilde furibonde et un Holger enragé.
« Il s’en moque ? laissa enfin échapper Sieghilde. C’est une mauvaise plaisanterie ?
-Cela me gêne de l’admettre, enchaîna Holger, mais si tu m’avais fait le même discours il y a une semaine, j’aurais eu du mal à te croire moi aussi…
-Peut-être, mais tout de même ! »
Sieghilde se leva et tenta de dissiper sa colère en faisant les cent pas dans la pièce.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda-t-elle sèchement.
-On va devoir se débrouiller seul. Si un grand prêtre ne croit pas un autre grand-prêtre, on arrivera à rien avec la garde de la ville. Par contre, il a mentionné le Suif.
-Oui, c’est vrai. Si j’ai bien compris c’est le quartier pauvre ?
-Une véritable souricière d’après les locaux, il serait à moitié creusé dans la montagne et… Et en fait, ça me semble plus que logique d’y aller. »
S’étant retournée vers Holger lorsqu’il avait prononcé le mot souricière, Sieghilde avait retrouvé la petite étincelle dans ses yeux qui indiquait que sa motivation habituelle était revenue. La prêtresse se mit à farfouiller dans une des poches à sa ceinture d’où elle en tira une petite liasse de papiers craquelés. Il s’agissait des restes du dossier de Johannsen qu’elle avait sauvé de la noyade.
« Ce nom, le Suif, ça me rappelle quelque chose, dit-elle en tentant de lire quelque chose sur les pages à moitié effacées. Ah voilà, Farador avait mentionné le Suif comme étant le quartier dans lequel Hjalmar était sorti du portail. On peut toujours faire un crochet par là-bas, j’ai des bribes de l’adresse.
-On ne lui demande pas directement ? s’enquerra Holger alors que Sieghilde quittait la pièce en trombe.
-Qui ? Farador ? Vous rigolez ? Il ne voudra certainement plus nous adresser la parole après notre entretien. »
Le répurgateur haussa une nouvelle fois ses épaules en soupirant. Pourquoi fallait-il que ces sigmarites soient si bornés ? Holger partit donc à la suite de la prêtresse-guerrière.
Alors qu’ils passaient devant la grande salle de prière, ils entendirent des bribes du sermon de Farador qui déclamait parfois des vers en Khazalid, la langue naine, en honneur au peuple des nains alliés à Sigmar. L’ulricain ne comprit pas pourquoi Sieghilde pouffa légèrement en entendant un vers en particulier. Il dût attendre qu’ils soient sortis pour que Sieghilde lui explique que la majorité des prêtres lançaient des phrases en Khazalid ou en classique sans en comprendre le sens, juste pour la forme donc. Or, contrairement à d’autres, Sieghilde avait reçu une éducation en langue naine, brève mais efficace, de la part de son supérieur. Elle comprenait donc les textes ou les erreurs de formulations. Ainsi, d’après elle, Farador venait juste de crier un virulent « Je suis constipé » devant une assemblée inculte qui s’imaginait entendre une litanie.
On entendit Holger rire dans toute la Promenade des Dieux et même un peu au-delà.
Au même moment, dans le Suif, ce quartier plus proche d’une morgue à ciel ouvert que d’autre chose, deux voleurs se promenaient.
Oh, pour sûr, ils n’aimaient pas l’appellation puisque ce n’était jamais bien glorieux de se faire traiter comme tel. Et puis, ce n’est pas parce que leur métier était majoritaire dans ce quartier qu’il fallait forcément les ranger dans le même panier ! Non, eux ils y allaient en finesse. C’était un autre niveau, ça oui. Ils ne volaient pas, ils relocalisaient les richesses de gens peu consentants comme ils le disaient dans le quartier de la loi. Ce n’était pas pareil donc. Au revoir le banditisme, bienvenue à l’import-export de quartier à échelle humaine.
En ce jour cependant, les affaires ne marchaient pas très fort, il fallait le reconnaître. Les rats qui étaient arrivés la semaine dernière avaient mangés les trois-quarts des maigres réserves du quartier et tout le monde cherchait un moyen de se nourrir. La situation allait probablement finir en émeute sous peu, soi-disant que le problème s’était répandu à moindre échelle dans les autres quartiers.
Ainsi, les deux voleurs… Oh. Oui, pardon. Les deux imbéciles heureux qui pensaient échapper à la loi en prenant un nom de métier complètement incohérent donc, étaient en train de descendre une allée. Enfin, ce qui ressemblait à une allée selon les critères du suif. Donc de la terre parfois rehaussée d’un pavé solitaire qui avait perdu de vue ses congénères depuis belle lurette. Ils descendaient ainsi cette allée ombragée par la présence du Taalbastion en sifflotant tranquillement. Mais plutôt que le massacre en règle d’un hymne impérial, ils auraient préféré entendre le tintement caractéristique de piécettes dans une bourse. Et cela, dans le Suif, ce n’était pas commun. Mais Ranald, dieu des marchands et des voleurs, sembla leur sourire en ce jour puisque peu de temps après avoir dépassé un autre cloaque qui devait être un carrefour, ils virent quelque chose d’intéressant. Un grand bonhomme, sorte de barbu hirsute, relativement couvert de terre et l’air un peu fou, mais qui possédait une armure suffisamment ouvragée pour être revendue à un bon prix sur le marché noir. Et, autre point intéressant qui leur donna un peu de courage, il n’avait pas d’arme sur lui.
Les deux gaillards se regardèrent et, après s’être envoyé des sourires édentés et colorés par diverses maladies, ils se dirigèrent vers leur cible. Une fois à portée, l’un des deux dépassa le bonhomme qui avançait avec un air renfrogné. L’autre se plaça devant lui pour finir de l’encercler. Le barbu s’arrêta alors devant le voleur qui lui bloquait le chemin et baissa son regard froid vers lui, après tout il faisait bien une tête de plus que les deux autres.
« Eh… »
Voilà le seul mot que feu le voleur arriva à prononcer avant que le barbu ne lui attrape la gorge sans sommation tel un serpent. Juste après avoir posé sa deuxième main sur la tête du bandit qui se débattait farouchement, le barbu arracha littéralement la trachée du pauvre homme. Ce dernier partit ensuite s’étaler sur le sol avec force gargouillements sanglants.
Le deuxième voleur, qui avait encore son gourdin levé dans l’attente du signal de son collègue, écarquilla les yeux devant la scène. N’arrivant même pas à comprendre ce qui avait bien pu se passer en aussi peu de temps, il resta interdit, incapable de bouger. Le barbu, lui, était imperturbable en revanche. Il ne jeta même pas un vague regard vers le corps de l’homme qu’il venait de tuer et reprit ainsi sa marche lente en jetant à ses pieds le bout de chair ensanglanté. En voyant cela, les rares personnes encore présentes dans la rue préférèrent s’éloigner de son chemin.
Ranald avait un sens de l’humour bien à lui.
Après s’être sérieusement demandé pendant plusieurs minutes comment ce quartier pestilentiel pouvait exister, Sieghilde et Holger étaient entré dans le Suif.
Une escouade de mercenaires, qui se présentaient sous le nom des boucliers, les avaient interceptés peu de temps après pour leur proposer leurs services de protection. Mais le duo avait préféré ne pas attirer plus d’attention sur eux et avait refusé la proposition. De plus, leur parler de rats humanoïdes qui voulaient détruire la cité engendrait trop de risques qui n’en valait pas la chandelle. En guise de réponse, le capitaine des boucliers leur avait lancé un regard qui en disait long sur ce qu’il pensait de leurs chances de survie. Il accepta cependant de leur donner des directives vers la zone indiquée dans les documents de Johannsen tout en leur souhaitant bonne chance...
Cela faisait maintenant plusieurs minutes que les impériaux arpentaient le Suif et Holger avait déjà demandé plusieurs fois à Sieghilde s’il pouvait allumer une torche à cause de l’obscurité ambiante. La prêtresse-guerrière devait bien reconnaître que la disposition du lieu faisait que la lumière était quasiment occultée à longueur de journée par les édifices naturels ou non qui entouraient le quartier, mais là encore il valait mieux rester prudent. Déjà que les habitants de Talabheim n’étaient pas rassurés en passant par ici, il y avait probablement d’autres dangers qui rodaient. Ainsi, les attirer en se démarquant avec une torche n’était pas vraiment la meilleure marche à suivre et le risque d’incendie semblait élevé ici. Déçu, Holger grommela dans sa barbichette que foutre le feu à l’endroit ne pouvait lui faire que du bien de toute manière.
Mais l’ulricain n’eut pas le temps d’entamer sa troisième critique acide sur l’architecture locale puisqu’ils étaient apparemment arrivés sur place. La prêtresse-guerrière s’était postée au milieu de la rue et alternait son regard entre les masures et ses documents.
« D’après le rapport ce doit être une de ces maisons, lança Sieghilde en continuant son inspection
-Je vais parier sur celle dont la porte est grande ouverte et où des parchemins sigmarites ont été placardés autour de l’embrasure.
-La deuxième sur la droite ou celle avec un trou dans le toit ? demanda Sieghilde en pointant les édifices.
-Celle qui a des fenêtres.
-Ah ! D’accord. Celle-là... C’est une intuition ?
-Nan, les parchemins ont juste l’air plus récent.
-Ça se tient. Bon, on rentre en vitesse et on repart chercher une preuve de la présence des hommes-rats. »
Sur ce, Sieghilde et Holger entrèrent dans ce qui restait de la demeure – du moins supposèrent-ils que l’édifice avait été une demeure à un certain point dans le temps.
Une fois à l’intérieur, si on passait outre les odeurs de souffre et de décomposition de chairs carbonisés laissés là depuis des semaines, il n’y avait pas forcément beaucoup de choses à voir. Oh, ils surent directement que c’était le bon endroit. Les prêtres-guerriers et répurgateurs envoyés sur place pour purifier l’endroit n’avait pas pu brûler l’édifice à cause du risque d’incendie, mais ils avaient tenté quelques feux de joie miniatures. Ce qui faisait que des restes de cercles cabalistiques étaient toujours visibles sur le sol malgré les cendres et que çà et là des bougies avaient été dispersées. Pour que le travail de l’inquisition ait été aussi rapide, ils devaient avoir eu autre chose en tête au moment des faits. Par exemple, un norse de deux mètres qui venait de sortir d’un portail du Chaos… Le duo avança et se mit à chercher des indices.
« Ça concorde avec la version de Johannsen, commença Sieghilde qui jeta un œil aux restes de préparatifs occultes. Malheureusement, j’ai peur que l’on n’en tire rien de plus.
-De même, renchérit Holger qui jeta au loin un bout de couverture de livre carbonisée. » -L’ulricain resta cependant sur place, l’air préoccupé. – « Quand même, j’ai l’impression qu’on s’éloigne de Hjalmar plus qu’autre chose à chaque fois qu’on trouve une piste.
-On aura au moins essayé, lui répondit Sieghilde nonchalamment. Rien n’est jamais simple avec cet homme, mais on finira par le trouver.
-Plus facile à dire qu’à... »
La dernière phrase d’Holger ayant été brusquement coupée alors qu’il se retournait vers la porte d’entrée, Sieghilde suivit son regard effaré. Ce fut ainsi au tour de Sieghilde d’écarquiller les yeux de surprise lorsqu’elle s’aperçut, comme son confrère avant elle, que Hjalmar Oksilden se tenait à présent dans l’embrasure de la porte. Sa silhouette imposante était découpée par le peu de lumière qui entrait dans la pièce, ne laissant ainsi paraître que quelques éléments métalliques de son armure.
Aucun des deux impériaux n’osa faire ou dire quoi que ce soit. Ils ne savaient même pas s’ils pouvaient raisonner ce qui ressemblait au norse qu’ils avaient connu il y a plusieurs mois de cela. Le moindre mot de travers pouvait aussi bien déclencher une réaction dévastatrice que tomber dans l’oreille d’un sourd. Jusque-là, les récits qu’on leur avaient fait du nordique étaient rassurants, mais maintenant qu’ils l’avaient en face d’eux, ils n’en étaient plus si sûr. Holger sentit ses muscles se contracter quand il s’aperçut que des gouttes d’un liquide poisseux tombaient des poings gantés du norse. Il ne pouvait pas reconnaître la couleur à cause du manque de luminosité, mais il avait sa petite idée sur la question.
Plusieurs secondes se déroulèrent ainsi avant que Hjalmar ne se décide à bouger. Lentement, il fit quelques pas à l’intérieur de la maison, avant d’agripper ce qui restait de la porte et de la refermer derrière lui dans un claquement sonore. Les ombres s’emparèrent de la pièce aussitôt, ne laissant du terrain qu’à de maigres rais de lumière grises qui filtraient péniblement au travers des fenêtres crasseuses.
« Allumez une bougie, qu’on y voit quelque chose, fit la voix grave du norse dont l’accent roulant rassura imperceptiblement le duo. »
Holger s’exécuta et en quelques instants une bougie fut allumée, suivie d’une autre, grâce à la bague du répurgateur. Les tâches jaunâtres partirent s’étaler sur les murs environnants, donnant l’impression que la nuit était tombée depuis peu alors qu’il était encore le matin. Enfin, elle éclaira Hjalmar. Le fait de voir qu’il ne portait pas des cornes ou une quelconque mutation horrible apaisèrent un peu plus Sieghilde et Holger, mais ils restèrent sur leur garde. Hjalmar, lui, s’assit lentement en tailleur sur le sol et posa son menton dans le creux de sa main, un air contrit sur le visage et le regard dans le vague.
La prêtresse s’étonna de voir que le nordique semblait en pleine forme. Ses habits étaient en piteux état, certes, mais il n’avait pas l’air de porter autant de blessures que ce que Matilda avait décrit.
« Hj…Hjalmar ? commença Sieghilde. Qu’est-ce que tu…
-Pourquoi vous me suivez ? »
La question avait été posée sur un ton neutre et le norse n’avait même pas levé les yeux. Pas très rassurant, mais au moins il ne semblait pas prêt à les tuer dans l’instant. C’était déjà ça, se dit Sieghilde en déglutissant.
« Comment nous as-tu… ?
-Je t’ai posé une question, la coupa Hjalmar. »
Cette fois, le norse avait regardé Sieghilde droit dans les yeux l’espace d’un instant. Ce fut suffisant pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas vraiment le droit de répliquer pour le moment.
« Herr Johannsen, commandeur des Templiers de Sigmar nous as demandé de te retrouver après avoir appris ta… ton retour inopiné.
-Quelle gentille attention, ironisa le norse qui regardait toujours dans le vide. Pour m’enfermer dans un cachot impérial je suppose.
-… Oui.
-Et vous l’y aidez. Pourquoi déjà ?
-Nos supérieurs ne nous ont pas vraiment laissé le choix, reprit Holger. Et d’après eux, nous sommes les seuls agents des églises à te connaître suffisamment pour avoir une chance de te trouver… »
Tandis qu’Holger et Sieghilde résumèrent leur histoire en se corrigeant l’un l’autre, le norse passa le dos de son poignet - une des rares zone non couverte de sang - sur son visage. Il avait l’air pensif. Une fois le court récit terminé, il leva rapidement son regard vers les deux impériaux avant de le rediriger vers la même position qu’avant.
« Je vous aime bien et on s’est déjà battu côte à côte. Donc, je vais vous pardonner le fait de m’avoir pourchassé à travers l’Empire juste pour me mettre en prison, ou pire, et...
-On a accepté uniquement parce qu’on voulait savoir si c’était toujours toi et pas un démon qui était sorti de ce trou infernal ! s’insurgea Holger.
-…Et je vous remercie pour votre franchise, mais ça revient au même. Ensuite, pour te répondre Holger, oui je suis toujours moi. Du moins, je l’espère. »
Sieghilde remarqua enfin que Hjalmar regardait un point fixe et non le vide depuis le début de la conversation. La prêtresse-guerrière tourna subtilement la tête pour s’apercevoir que le norse observait en fait le centre de ce qui restait du cercle cabalistique.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé là-bas ? demanda-t-elle en pointant les symboles dessinés à la craie.
-Des choses qui ne vous concerne pas. Et qui ne vous concerneront jamais je l’espère. »
Hjalmar avait eu une grimace en prononçant ces mots. Apparemment, ces souvenirs gênèrent le nordique qui se releva en époussetant rapidement les cendres qui s’étaient accrochées à ses vêtements.
« Bon, merci d’être passé pour demander des nouvelles, mais je ne veux plus jamais vous revoir. La prochaine fois, je risque d’être moins aimable. Adieu. »
Mais alors que Hjalmar se retournait vers la porte, un cliquetis se fit entendre. Le son typique d’un pistolet que l’on arme.
« Non, pas tout de suite, lâcha Holger qui pointait son arme à feu sur le norse. Tu vas nous expliquer ta version des faits et maintenant.
-Holger… murmura Sieghilde.
-Si tu nous donnes ton point de vue, on te laissera tranquille. Simple, non ?! Parce que là, on a failli se faire tuer par des foutus hommes-rat en te traquant. Il est hors de question qu’on te laisse partir comme une fleur après avoir passé des jours à te chercher pour trouver lesdites foutues réponses !
-Je n’avais rien demandé, lâcha Hjalmar entre ses dents serrées. Le convoi, le village, les thaggoraki… Je n’en voulais pas. Rien de tout ça n’était voulu. Tout ce que je veux, c’est juste qu’on me laisse tranquille pour une fois.
-Ça ne me convient pas.
-Alors tires, qu’on en finisse. »
En entendant cela, Holger baissa son arme en grommelant de surprise. Le norse qui avait été tellement sanguin autrefois était à présent prêt à mourir à tout moment, même sans honneur ? Pour que Hjalmar soit prêt à se faire abattre comme ça, c’est que quelque chose n’allait pas.
« Ça ne me convient pas… Mais je vais te croire, reprit le répurgateur. On dira qu’on t’a perdu de vue. Et si tu veux un bon conseil, quitte l’Empire, sinon la traque ne s’arrêtera jamais.
-C’était l’idée, lui répondit Hjalmar par-dessus son épaule.
-Thaggoraki ? s’exclama Sieghilde. »
Cet éclat surprit les deux hommes qui se retournèrent vers la prêtresse-guerrière. Cette dernière semblait perplexe.
« C’est du Khazalid pour désigner les « skavens », ou hommes-rats comme vous les appelez, lui répondit le norse. Mon frère m’avait appris quelques termes il y a longtemps.
-Tu les connais ?
-Peu mais oui. On en trouve parfois en Norsca à chercher de la malepierre tombée du ciel. Rien que des couards incapables.
-Tu es donc conscient qu’il y a une armée entière de ces choses en dessous de la ville où nous sommes ?
-Ouais. Mais je me moque de sauver des gens qui veulent ma mort parce que je suis un soi-disant chaotique. Je serais parti avant le début de l’attaque.
-Mais ils t’avaient capturé non loin du village ! Ils doivent vouloir quelque chose de toi.
-Ils ont essayé de me tuer dès qu’ils m’ont trouvé dans leur machine. Ces imbéciles ont dû se tromper de personne. Et puis, ils ont dû abandonner les poursuites depuis que j’en ai tué un bon paquet dans les souterrains. Fin de l’histoire. »
Le norse se retourna et avança vers la porte d’entrée sans rien ajouter de plus qu’un signe de la main. Holger et Sieghilde, eux, se regardèrent sans trop savoir quoi ajouter. La menace était toujours présente et ils venaient de perdre un atout précieux, mais cet atout-là n’allait pas être convaincu par quoi que ce soit. Au final, ils réalisèrent qu’ils ne connaissaient pas tant que ça Hjalmar.
Une série de petits bruits secs venant du toit attira l’attention des sigmarites. Inquiets, ils se préparèrent à sortir leurs armes, mais en voyant une goutte d’eau transpirer du plafond ils soupirèrent. Ce n’était que de la pluie. Ainsi lorsque Hjalmar ouvrit la porte, le son caractéristique d’une averse passagère l’accueillit, emplissant le silence d’un fond sonore continu. Le norse se retourna une dernière fois et, d’un signe de tête rapide, confirma son départ avant de s’engouffrer sous le torrent d’eau qui obscurcissait encore plus le quartier du Suif. Tout en retenant un juron, Sieghilde fit un signe à Holger qu’ils devaient y aller à leur tour. Ils avaient des skavens à retrouver après tout.
En sortant, ils aperçurent le norse quelques mètres plus loin qui marchait tranquillement entre les flaques d’eau qui se formaient. Une odeur de terre mouillée emplissait l’espace et couvrait la pestilence de Suif.
Finalement, l’opération de récupération avait été un échec. De toute façon, Sieghilde savait très bien qu’ils n’auraient jamais pu arrêter le norse, quoi qu’en dise leur supérieur. Tout ce qu’ils voulaient, c’était avoir la confirmation que c’était bien lui et ils l’avaient eu. Et puis, sans l’intervention de Hjalmar, un chaotique ou un vampire auraient pu détruire les environs du Pays Perdu à leur guise… Et eux-mêmes seraient probablement morts plusieurs mois plus tôt. En somme, arrêter un non-chaotique qui avait aidé l’Empire, même involontairement, n’avait aucun intérêt en plus d’être injuste. Et puis, ils lui devaient bien ça.
Sieghilde frissonna alors qu’une goutte froide passait encore une fois sur l’arrière de sa nuque. Tout en se disant qu’elle avait tout intérêt à s’acheter une capuche à l’occasion, la prêtresse-guerrière essaya de voir quelque chose dans les alentours. C’est qu’il faisait presque nuit ici malgré l’heure matinale…
C’est à ce moment-là qu’elle aperçut une paire d’yeux rouges perchés sur le toit d’en face.
Si vous trouvez une quelconque coquille, je suis preneur
Bon, passons et continuons le récit !
Un peu plus tard, devant l’une des portes du sud de Talabheim, un garde patientait tranquillement que l’on vienne le relever d’ici quelques heures. Quelle idée aussi de prendre le service de nuit en automne… Parce que forcément, ledit service s’arrêtait au lever du soleil, pas à une heure précise ! En voilà une belle pirouette que l’administration de Talabheim avait trouvée pour faire des passer des heures supplémentaires comme parfaitement normales. Belle bande d’arnaqueurs ceux-là. Enfin, faire partie du guet ou des « museaux » comme on les appelait à cause de la tête de loup mal dessinée sur leur bouclier, n’était pas le pire. Il aurait pu finir chez les « terriers » dans la brigade des tunnels.
Visant à la lueur des torches, le garde cracha dans le fossé en contrebas qui entourait la porte et raffermit sa prise sur sa hallebarde. Son uniforme blanc et rouge avait vécu de meilleurs jours, mais il tenait encore le coup, un peu comme lui au final. Il regarda encore une fois à l’horizon dans l’espoir de voir le soleil se lever, mais en vain. Il allait bien falloir encore deux bonnes heures avant que l’astre ne vienne pointer le bout de son rayon de lumière par-delà le Taalbastion.
Alors qu’il grommelait une nouvelle insulte pas piquée des hannetons à l’encontre de ses supérieurs, le garde remarqua alors un mouvement au loin sur la route qui menait à la ville. Deux personnes venaient vers lui en fait.
A cette heure ? Sérieusement ? Oh et puis non, il n’allait pas se plaindre. Au moins cela lui donnerait de quoi s’occuper en cette nuit un peu fraîche. Après s’être rapidement étiré les jambes, le garde s’avança donc au milieu du passage et prépara son discours. Au même moment, les deux personnes s’approchaient de lui.
« Déclinez votre identité, papiers et autres laissez-passer en vitesse ! aboya-t-il en baissant sa hallebarde.
-Sieghilde, tu t’en occupes ? fit l’un des deux personnages qui se révéla être un répurgateur ulricain.
-S’il le faut, répondit une prêtresse-guerrière de Sigmar. Bonjour, je suis Sieghilde Ingrimm… »
Tandis que la prêtresse commençait à déclamer toute une série de titres variés pour elle et l’ulricain, le garde les regarda avec un air mal à l’aise. C’était bien sa veine, il fallait qu’il tombe sur une religieuse haut-gradée et un répurgateur mystérieusement trempé à la fin de son service. Trop fatigué pour leur demander des papiers prouvant leur identité – seule chose demandée à des religieux de leurs rangs à Talabheim - le garde n’écouta même plus les demandes des nouveaux-venus. En roulant des yeux, il releva ainsi sa hallebarde en leur faisant signe de passer. Sincèrement, il préférait penser à dormir plutôt que de vérifier les papiers d’identités d’un bonhomme qui pouvait l’envoyer au buché sur un coup de tête. Et puis en plus, ils venaient du cratère. Du coup, ils avaient déjà dû passer la Grande porte et ils devaient avoir leurs papiers.
Holger et Sieghilde donc, regardèrent avec étonnement le garde s’écarter en grommelant alors que la prêtresse n’avait même pas fini la liste des titres… La sigmarite lança un regard interrogateur à l’ulricain qui lui répondit avec un haussement d’épaule et ils s’engouffrèrent dans la ville. Talabheim était réputé pour ses contrôles d’entrée drastiques qui prenaient des semaines, voire des mois le temps que les documents soient ratifiés pour autoriser les gens étrangers à la cité à rentrer en son sein. Holger n’y était jamais véritablement rentré, tout comme Sieghilde, mais il avait été mis au courant des pratiques un peu extrêmes des avocats de la ville. Ce qui expliquait quelque peu leur surprise devant ce contrôle bâclé en vitesse.
La nuit touchait à sa fin, mais l’obscurité régnait toujours. Ainsi, les rues de la ville étaient relativement vides. Le duo remonta ainsi la trouée des guildes sans problèmes, puis le Geltworld pour arriver sur le quartier de la loi, un des points culminant de la cité.
Étonnamment, malgré l’heure tardive, des avocats et autres hommes de lois arpentaient déjà les lieux, les bras encombrés de paperasses. Au centre de la grand place, entouré de plusieurs gardes du guet, un immense obélisque de marbre noir surplombait tous les bâtiments. À sa base, une énorme flopée de feuilles y avait été accrochées. Curieux, Sieghilde et Holger s’en approchèrent malgré la fatigue et remarquèrent qu’il s’agissait de textes de lois divers et variés. Au vu de leur état, certains semblaient même dater d’avant la Grande Guerre contre le Chaos. Alors qu’ils quittaient la place, un énergumène couru vers l’obélisque, farfouilla dans les feuilles et en arrache une en insultant les magistrats locaux. Dans les secondes qui suivirent, gardes, avocats et passants convergèrent aussitôt vers le fou et le matraquèrent en règle avant de remettre le papier en place. Puis, le guet emmena l’homme au loin pour qu’il soit enfermé. Devant cette scène, Sieghilde et Holger réalisèrent qu’ils avaient eu de la chance à la porte Sud en fait… On ne rigolait pas avec la loi à Talabheim.
Après quelques minutes de marches dans les rues pratiquement silencieuses, ils arrivèrent dans le quartier religieux, aussi appelé promenade des dieux, qui était située au nord de la ville. Ils n’eurent pas de difficultés à trouver le monastère de Sigmar, un petit bâtiment mais aux hautes tours dépassant même les murailles environnantes. Cette tentative un peu maladroite pour rappeler à tous leur présence montrait bien à quel point le dieu tutélaire de l’empire n’était pas forcément parfaitement représenté partout – et nous ne parlerons pas du Taalgarten, le gigantesque jardin de Taal, le patron de la cité, qui se tenait non loin.
Holger fut bien tenté de rejoindre son temple tutélaire, mais Sieghilde lui fit remarquer que leur mission n’était pas censée attirer l’attention. Et les Ulricains adoraient la vérité franche, ce qui n’était pas très pratique lorsque l’on essayait de rester discret. Avec quelques moues boudeuses, le répurgateur accepta de suivre Sieghilde dans le petit monastère.
Après s’être présenté à la porte, il ne fallut pas longtemps pour qu’un prêtre ne viennent les chercher en courant en entendant le rang de Sieghilde. L’homme, arborant une robe noire typique de l’ordre de la Torche, ne prêta même pas attention à Holger qui ronchonnait dans son coin et il les emmena vers un dortoir où ils pourraient se reposer. Il les informa aussi que le grand-prêtre Farador était indisponible en ce moment-même mais qu’il procédait à l’une de ses deux visites par semaine au temple demain. A cette occasion, ils pourraient alors rencontrer Farador à ce moment-là. A peine le prêtre fut-il sorti de la pièce qu’Holger soupira lourdement.
« Un problème, Holger ? lui demanda Sieghilde qui était déjà en train d’enlever son plastron.
-Ce type m’énerve. Cet endroit aussi. Et cette ville.
-Oh, si ce n’est que ça, lui répondit la prêtresse en gloussant. Allez plutôt vous reposer plutôt que de grogner en permanence. »
Holger grogna une réponse justement et partit s’étaler sur sa couche tel un tronc fraîchement coupé et il ne fallut pas longtemps avant que sa respiration ne se stabilise. La prêtresse se fit la réflexion qu’il devait être terrassé par la fatigue pour réussir à s’endormir aussi vite… De son côté, même si elle était aussi épuisée, dormir serait plus difficile vu qu’elle ruminait encore tous les évènements des derniers jours. Mais il allait falloir qu’elle se force à se reposer à son tour. Essayer de résoudre tous les problèmes du monde en étant en manque de sommeil ne les mèneraient nulle part après tout.
Cependant, à la première heure, ils iraient avertir le grand-prêtre de Talabheim. Il devait savoir ce qui se tramait et ils allaient avoir besoin de renforts au plus tôt. Cela ne devrait pas prendre bien longtemps pour le convaincre, si ?
« Non ! »
La voix grasse de Farador résonna avec force dans le petit bureau qui lui avait été aménagé dans le temple. Une rai de lumière matinale pointait d’un vitrail décoré et illuminait la pièce. L’endroit était peu utilisé au vu des nappes de poussières qui se soulevèrent quand le grand-prêtre tapa de son poing potelé sur sa table. Ensuite, tout en toussant un peu à cause de ladite poussière, Farador se rassit difficilement dans son siège qui semblait un peu trop petit pour sa corpulence.
« Comment ça non ? s’insurgea Holger dont le visage quelque peu fatigué s’empourpra de colère. On vient de vous dire que des hommes-rats sont…
-Non ! Non, non et non ! J’en ai assez de vous entendre déblatérer ces inepties !
-Inepties ? »
Cette fois, c’était Sieghilde qui venait de s’insurger.
« Nous les avons vu de nos propres yeux mon père, même été blessés par leurs lames !
-Ma mère, je voudrais croire en votre parole qui, je n’en doute pas, suit les préceptes de Sigmar en personne… Mais je n’en puis plus ! Toute la semaine, des gens sont venus me raconter des sornettes improbables à propos d’hommes-rats qui marcheraient sur deux pattes. Malgré toutes les troupes déployées, rien de tout cela n’a pu être prouvé et toutes les personnes impliquées ont, comme par hasard, disparues ! »
Farador prit quelques instants pour tousser encore un peu et se replacer dans son siège encore une fois.
« Ce ne sont que des racontars et des fauteurs de troubles qui veulent perturber la confiance des citoyens de l’Empire. Je m’attendais à mieux d’une femme d’église telle que vous, ne vous laissez pas corrompre par la bêtise de ces suppôts du chaos !
-Mais nous les avons vus et affrontés ! cria Sieghilde.
-Eh bien, bravo, vous avez débarrassé le monde de quelques hommes-bêtes dégénérés.
-Ils en restait une armée entière dans les sous-sols du Taalbastion et… !
-S’il vous plaît, voyons. Si c’était le cas, nous aurions déjà eu au moins un rapport les concernant. Nous avons des hommes qui ratissent les tunnels depuis des années. Et rien ! Pas la moindre queue de rat surdimensionnée ! Tout au plus une résurgence de rats plus gros que la moyenne qui viendrait manger les réserves dans le Suif ces derniers temps. C’est d’ailleurs surement de là que viennent toutes ces rumeurs... Bon excusez-moi, mais j’ai un sermon à donner. Les fidèles m’attendent pour être rassuré. »
Sur ce, Farador quitta le bureau après s’être extirpé avec difficulté de sa chaise et sortit de la pièce, laissant derrière lui une Sieghilde furibonde et un Holger enragé.
« Il s’en moque ? laissa enfin échapper Sieghilde. C’est une mauvaise plaisanterie ?
-Cela me gêne de l’admettre, enchaîna Holger, mais si tu m’avais fait le même discours il y a une semaine, j’aurais eu du mal à te croire moi aussi…
-Peut-être, mais tout de même ! »
Sieghilde se leva et tenta de dissiper sa colère en faisant les cent pas dans la pièce.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda-t-elle sèchement.
-On va devoir se débrouiller seul. Si un grand prêtre ne croit pas un autre grand-prêtre, on arrivera à rien avec la garde de la ville. Par contre, il a mentionné le Suif.
-Oui, c’est vrai. Si j’ai bien compris c’est le quartier pauvre ?
-Une véritable souricière d’après les locaux, il serait à moitié creusé dans la montagne et… Et en fait, ça me semble plus que logique d’y aller. »
S’étant retournée vers Holger lorsqu’il avait prononcé le mot souricière, Sieghilde avait retrouvé la petite étincelle dans ses yeux qui indiquait que sa motivation habituelle était revenue. La prêtresse se mit à farfouiller dans une des poches à sa ceinture d’où elle en tira une petite liasse de papiers craquelés. Il s’agissait des restes du dossier de Johannsen qu’elle avait sauvé de la noyade.
« Ce nom, le Suif, ça me rappelle quelque chose, dit-elle en tentant de lire quelque chose sur les pages à moitié effacées. Ah voilà, Farador avait mentionné le Suif comme étant le quartier dans lequel Hjalmar était sorti du portail. On peut toujours faire un crochet par là-bas, j’ai des bribes de l’adresse.
-On ne lui demande pas directement ? s’enquerra Holger alors que Sieghilde quittait la pièce en trombe.
-Qui ? Farador ? Vous rigolez ? Il ne voudra certainement plus nous adresser la parole après notre entretien. »
Le répurgateur haussa une nouvelle fois ses épaules en soupirant. Pourquoi fallait-il que ces sigmarites soient si bornés ? Holger partit donc à la suite de la prêtresse-guerrière.
Alors qu’ils passaient devant la grande salle de prière, ils entendirent des bribes du sermon de Farador qui déclamait parfois des vers en Khazalid, la langue naine, en honneur au peuple des nains alliés à Sigmar. L’ulricain ne comprit pas pourquoi Sieghilde pouffa légèrement en entendant un vers en particulier. Il dût attendre qu’ils soient sortis pour que Sieghilde lui explique que la majorité des prêtres lançaient des phrases en Khazalid ou en classique sans en comprendre le sens, juste pour la forme donc. Or, contrairement à d’autres, Sieghilde avait reçu une éducation en langue naine, brève mais efficace, de la part de son supérieur. Elle comprenait donc les textes ou les erreurs de formulations. Ainsi, d’après elle, Farador venait juste de crier un virulent « Je suis constipé » devant une assemblée inculte qui s’imaginait entendre une litanie.
On entendit Holger rire dans toute la Promenade des Dieux et même un peu au-delà.
Au même moment, dans le Suif, ce quartier plus proche d’une morgue à ciel ouvert que d’autre chose, deux voleurs se promenaient.
Oh, pour sûr, ils n’aimaient pas l’appellation puisque ce n’était jamais bien glorieux de se faire traiter comme tel. Et puis, ce n’est pas parce que leur métier était majoritaire dans ce quartier qu’il fallait forcément les ranger dans le même panier ! Non, eux ils y allaient en finesse. C’était un autre niveau, ça oui. Ils ne volaient pas, ils relocalisaient les richesses de gens peu consentants comme ils le disaient dans le quartier de la loi. Ce n’était pas pareil donc. Au revoir le banditisme, bienvenue à l’import-export de quartier à échelle humaine.
En ce jour cependant, les affaires ne marchaient pas très fort, il fallait le reconnaître. Les rats qui étaient arrivés la semaine dernière avaient mangés les trois-quarts des maigres réserves du quartier et tout le monde cherchait un moyen de se nourrir. La situation allait probablement finir en émeute sous peu, soi-disant que le problème s’était répandu à moindre échelle dans les autres quartiers.
Ainsi, les deux voleurs… Oh. Oui, pardon. Les deux imbéciles heureux qui pensaient échapper à la loi en prenant un nom de métier complètement incohérent donc, étaient en train de descendre une allée. Enfin, ce qui ressemblait à une allée selon les critères du suif. Donc de la terre parfois rehaussée d’un pavé solitaire qui avait perdu de vue ses congénères depuis belle lurette. Ils descendaient ainsi cette allée ombragée par la présence du Taalbastion en sifflotant tranquillement. Mais plutôt que le massacre en règle d’un hymne impérial, ils auraient préféré entendre le tintement caractéristique de piécettes dans une bourse. Et cela, dans le Suif, ce n’était pas commun. Mais Ranald, dieu des marchands et des voleurs, sembla leur sourire en ce jour puisque peu de temps après avoir dépassé un autre cloaque qui devait être un carrefour, ils virent quelque chose d’intéressant. Un grand bonhomme, sorte de barbu hirsute, relativement couvert de terre et l’air un peu fou, mais qui possédait une armure suffisamment ouvragée pour être revendue à un bon prix sur le marché noir. Et, autre point intéressant qui leur donna un peu de courage, il n’avait pas d’arme sur lui.
Les deux gaillards se regardèrent et, après s’être envoyé des sourires édentés et colorés par diverses maladies, ils se dirigèrent vers leur cible. Une fois à portée, l’un des deux dépassa le bonhomme qui avançait avec un air renfrogné. L’autre se plaça devant lui pour finir de l’encercler. Le barbu s’arrêta alors devant le voleur qui lui bloquait le chemin et baissa son regard froid vers lui, après tout il faisait bien une tête de plus que les deux autres.
« Eh… »
Voilà le seul mot que feu le voleur arriva à prononcer avant que le barbu ne lui attrape la gorge sans sommation tel un serpent. Juste après avoir posé sa deuxième main sur la tête du bandit qui se débattait farouchement, le barbu arracha littéralement la trachée du pauvre homme. Ce dernier partit ensuite s’étaler sur le sol avec force gargouillements sanglants.
Le deuxième voleur, qui avait encore son gourdin levé dans l’attente du signal de son collègue, écarquilla les yeux devant la scène. N’arrivant même pas à comprendre ce qui avait bien pu se passer en aussi peu de temps, il resta interdit, incapable de bouger. Le barbu, lui, était imperturbable en revanche. Il ne jeta même pas un vague regard vers le corps de l’homme qu’il venait de tuer et reprit ainsi sa marche lente en jetant à ses pieds le bout de chair ensanglanté. En voyant cela, les rares personnes encore présentes dans la rue préférèrent s’éloigner de son chemin.
Ranald avait un sens de l’humour bien à lui.
Après s’être sérieusement demandé pendant plusieurs minutes comment ce quartier pestilentiel pouvait exister, Sieghilde et Holger étaient entré dans le Suif.
Une escouade de mercenaires, qui se présentaient sous le nom des boucliers, les avaient interceptés peu de temps après pour leur proposer leurs services de protection. Mais le duo avait préféré ne pas attirer plus d’attention sur eux et avait refusé la proposition. De plus, leur parler de rats humanoïdes qui voulaient détruire la cité engendrait trop de risques qui n’en valait pas la chandelle. En guise de réponse, le capitaine des boucliers leur avait lancé un regard qui en disait long sur ce qu’il pensait de leurs chances de survie. Il accepta cependant de leur donner des directives vers la zone indiquée dans les documents de Johannsen tout en leur souhaitant bonne chance...
Cela faisait maintenant plusieurs minutes que les impériaux arpentaient le Suif et Holger avait déjà demandé plusieurs fois à Sieghilde s’il pouvait allumer une torche à cause de l’obscurité ambiante. La prêtresse-guerrière devait bien reconnaître que la disposition du lieu faisait que la lumière était quasiment occultée à longueur de journée par les édifices naturels ou non qui entouraient le quartier, mais là encore il valait mieux rester prudent. Déjà que les habitants de Talabheim n’étaient pas rassurés en passant par ici, il y avait probablement d’autres dangers qui rodaient. Ainsi, les attirer en se démarquant avec une torche n’était pas vraiment la meilleure marche à suivre et le risque d’incendie semblait élevé ici. Déçu, Holger grommela dans sa barbichette que foutre le feu à l’endroit ne pouvait lui faire que du bien de toute manière.
Mais l’ulricain n’eut pas le temps d’entamer sa troisième critique acide sur l’architecture locale puisqu’ils étaient apparemment arrivés sur place. La prêtresse-guerrière s’était postée au milieu de la rue et alternait son regard entre les masures et ses documents.
« D’après le rapport ce doit être une de ces maisons, lança Sieghilde en continuant son inspection
-Je vais parier sur celle dont la porte est grande ouverte et où des parchemins sigmarites ont été placardés autour de l’embrasure.
-La deuxième sur la droite ou celle avec un trou dans le toit ? demanda Sieghilde en pointant les édifices.
-Celle qui a des fenêtres.
-Ah ! D’accord. Celle-là... C’est une intuition ?
-Nan, les parchemins ont juste l’air plus récent.
-Ça se tient. Bon, on rentre en vitesse et on repart chercher une preuve de la présence des hommes-rats. »
Sur ce, Sieghilde et Holger entrèrent dans ce qui restait de la demeure – du moins supposèrent-ils que l’édifice avait été une demeure à un certain point dans le temps.
Une fois à l’intérieur, si on passait outre les odeurs de souffre et de décomposition de chairs carbonisés laissés là depuis des semaines, il n’y avait pas forcément beaucoup de choses à voir. Oh, ils surent directement que c’était le bon endroit. Les prêtres-guerriers et répurgateurs envoyés sur place pour purifier l’endroit n’avait pas pu brûler l’édifice à cause du risque d’incendie, mais ils avaient tenté quelques feux de joie miniatures. Ce qui faisait que des restes de cercles cabalistiques étaient toujours visibles sur le sol malgré les cendres et que çà et là des bougies avaient été dispersées. Pour que le travail de l’inquisition ait été aussi rapide, ils devaient avoir eu autre chose en tête au moment des faits. Par exemple, un norse de deux mètres qui venait de sortir d’un portail du Chaos… Le duo avança et se mit à chercher des indices.
« Ça concorde avec la version de Johannsen, commença Sieghilde qui jeta un œil aux restes de préparatifs occultes. Malheureusement, j’ai peur que l’on n’en tire rien de plus.
-De même, renchérit Holger qui jeta au loin un bout de couverture de livre carbonisée. » -L’ulricain resta cependant sur place, l’air préoccupé. – « Quand même, j’ai l’impression qu’on s’éloigne de Hjalmar plus qu’autre chose à chaque fois qu’on trouve une piste.
-On aura au moins essayé, lui répondit Sieghilde nonchalamment. Rien n’est jamais simple avec cet homme, mais on finira par le trouver.
-Plus facile à dire qu’à... »
La dernière phrase d’Holger ayant été brusquement coupée alors qu’il se retournait vers la porte d’entrée, Sieghilde suivit son regard effaré. Ce fut ainsi au tour de Sieghilde d’écarquiller les yeux de surprise lorsqu’elle s’aperçut, comme son confrère avant elle, que Hjalmar Oksilden se tenait à présent dans l’embrasure de la porte. Sa silhouette imposante était découpée par le peu de lumière qui entrait dans la pièce, ne laissant ainsi paraître que quelques éléments métalliques de son armure.
Aucun des deux impériaux n’osa faire ou dire quoi que ce soit. Ils ne savaient même pas s’ils pouvaient raisonner ce qui ressemblait au norse qu’ils avaient connu il y a plusieurs mois de cela. Le moindre mot de travers pouvait aussi bien déclencher une réaction dévastatrice que tomber dans l’oreille d’un sourd. Jusque-là, les récits qu’on leur avaient fait du nordique étaient rassurants, mais maintenant qu’ils l’avaient en face d’eux, ils n’en étaient plus si sûr. Holger sentit ses muscles se contracter quand il s’aperçut que des gouttes d’un liquide poisseux tombaient des poings gantés du norse. Il ne pouvait pas reconnaître la couleur à cause du manque de luminosité, mais il avait sa petite idée sur la question.
Plusieurs secondes se déroulèrent ainsi avant que Hjalmar ne se décide à bouger. Lentement, il fit quelques pas à l’intérieur de la maison, avant d’agripper ce qui restait de la porte et de la refermer derrière lui dans un claquement sonore. Les ombres s’emparèrent de la pièce aussitôt, ne laissant du terrain qu’à de maigres rais de lumière grises qui filtraient péniblement au travers des fenêtres crasseuses.
« Allumez une bougie, qu’on y voit quelque chose, fit la voix grave du norse dont l’accent roulant rassura imperceptiblement le duo. »
Holger s’exécuta et en quelques instants une bougie fut allumée, suivie d’une autre, grâce à la bague du répurgateur. Les tâches jaunâtres partirent s’étaler sur les murs environnants, donnant l’impression que la nuit était tombée depuis peu alors qu’il était encore le matin. Enfin, elle éclaira Hjalmar. Le fait de voir qu’il ne portait pas des cornes ou une quelconque mutation horrible apaisèrent un peu plus Sieghilde et Holger, mais ils restèrent sur leur garde. Hjalmar, lui, s’assit lentement en tailleur sur le sol et posa son menton dans le creux de sa main, un air contrit sur le visage et le regard dans le vague.
La prêtresse s’étonna de voir que le nordique semblait en pleine forme. Ses habits étaient en piteux état, certes, mais il n’avait pas l’air de porter autant de blessures que ce que Matilda avait décrit.
« Hj…Hjalmar ? commença Sieghilde. Qu’est-ce que tu…
-Pourquoi vous me suivez ? »
La question avait été posée sur un ton neutre et le norse n’avait même pas levé les yeux. Pas très rassurant, mais au moins il ne semblait pas prêt à les tuer dans l’instant. C’était déjà ça, se dit Sieghilde en déglutissant.
« Comment nous as-tu… ?
-Je t’ai posé une question, la coupa Hjalmar. »
Cette fois, le norse avait regardé Sieghilde droit dans les yeux l’espace d’un instant. Ce fut suffisant pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas vraiment le droit de répliquer pour le moment.
« Herr Johannsen, commandeur des Templiers de Sigmar nous as demandé de te retrouver après avoir appris ta… ton retour inopiné.
-Quelle gentille attention, ironisa le norse qui regardait toujours dans le vide. Pour m’enfermer dans un cachot impérial je suppose.
-… Oui.
-Et vous l’y aidez. Pourquoi déjà ?
-Nos supérieurs ne nous ont pas vraiment laissé le choix, reprit Holger. Et d’après eux, nous sommes les seuls agents des églises à te connaître suffisamment pour avoir une chance de te trouver… »
Tandis qu’Holger et Sieghilde résumèrent leur histoire en se corrigeant l’un l’autre, le norse passa le dos de son poignet - une des rares zone non couverte de sang - sur son visage. Il avait l’air pensif. Une fois le court récit terminé, il leva rapidement son regard vers les deux impériaux avant de le rediriger vers la même position qu’avant.
« Je vous aime bien et on s’est déjà battu côte à côte. Donc, je vais vous pardonner le fait de m’avoir pourchassé à travers l’Empire juste pour me mettre en prison, ou pire, et...
-On a accepté uniquement parce qu’on voulait savoir si c’était toujours toi et pas un démon qui était sorti de ce trou infernal ! s’insurgea Holger.
-…Et je vous remercie pour votre franchise, mais ça revient au même. Ensuite, pour te répondre Holger, oui je suis toujours moi. Du moins, je l’espère. »
Sieghilde remarqua enfin que Hjalmar regardait un point fixe et non le vide depuis le début de la conversation. La prêtresse-guerrière tourna subtilement la tête pour s’apercevoir que le norse observait en fait le centre de ce qui restait du cercle cabalistique.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé là-bas ? demanda-t-elle en pointant les symboles dessinés à la craie.
-Des choses qui ne vous concerne pas. Et qui ne vous concerneront jamais je l’espère. »
Hjalmar avait eu une grimace en prononçant ces mots. Apparemment, ces souvenirs gênèrent le nordique qui se releva en époussetant rapidement les cendres qui s’étaient accrochées à ses vêtements.
« Bon, merci d’être passé pour demander des nouvelles, mais je ne veux plus jamais vous revoir. La prochaine fois, je risque d’être moins aimable. Adieu. »
Mais alors que Hjalmar se retournait vers la porte, un cliquetis se fit entendre. Le son typique d’un pistolet que l’on arme.
« Non, pas tout de suite, lâcha Holger qui pointait son arme à feu sur le norse. Tu vas nous expliquer ta version des faits et maintenant.
-Holger… murmura Sieghilde.
-Si tu nous donnes ton point de vue, on te laissera tranquille. Simple, non ?! Parce que là, on a failli se faire tuer par des foutus hommes-rat en te traquant. Il est hors de question qu’on te laisse partir comme une fleur après avoir passé des jours à te chercher pour trouver lesdites foutues réponses !
-Je n’avais rien demandé, lâcha Hjalmar entre ses dents serrées. Le convoi, le village, les thaggoraki… Je n’en voulais pas. Rien de tout ça n’était voulu. Tout ce que je veux, c’est juste qu’on me laisse tranquille pour une fois.
-Ça ne me convient pas.
-Alors tires, qu’on en finisse. »
En entendant cela, Holger baissa son arme en grommelant de surprise. Le norse qui avait été tellement sanguin autrefois était à présent prêt à mourir à tout moment, même sans honneur ? Pour que Hjalmar soit prêt à se faire abattre comme ça, c’est que quelque chose n’allait pas.
« Ça ne me convient pas… Mais je vais te croire, reprit le répurgateur. On dira qu’on t’a perdu de vue. Et si tu veux un bon conseil, quitte l’Empire, sinon la traque ne s’arrêtera jamais.
-C’était l’idée, lui répondit Hjalmar par-dessus son épaule.
-Thaggoraki ? s’exclama Sieghilde. »
Cet éclat surprit les deux hommes qui se retournèrent vers la prêtresse-guerrière. Cette dernière semblait perplexe.
« C’est du Khazalid pour désigner les « skavens », ou hommes-rats comme vous les appelez, lui répondit le norse. Mon frère m’avait appris quelques termes il y a longtemps.
-Tu les connais ?
-Peu mais oui. On en trouve parfois en Norsca à chercher de la malepierre tombée du ciel. Rien que des couards incapables.
-Tu es donc conscient qu’il y a une armée entière de ces choses en dessous de la ville où nous sommes ?
-Ouais. Mais je me moque de sauver des gens qui veulent ma mort parce que je suis un soi-disant chaotique. Je serais parti avant le début de l’attaque.
-Mais ils t’avaient capturé non loin du village ! Ils doivent vouloir quelque chose de toi.
-Ils ont essayé de me tuer dès qu’ils m’ont trouvé dans leur machine. Ces imbéciles ont dû se tromper de personne. Et puis, ils ont dû abandonner les poursuites depuis que j’en ai tué un bon paquet dans les souterrains. Fin de l’histoire. »
Le norse se retourna et avança vers la porte d’entrée sans rien ajouter de plus qu’un signe de la main. Holger et Sieghilde, eux, se regardèrent sans trop savoir quoi ajouter. La menace était toujours présente et ils venaient de perdre un atout précieux, mais cet atout-là n’allait pas être convaincu par quoi que ce soit. Au final, ils réalisèrent qu’ils ne connaissaient pas tant que ça Hjalmar.
Une série de petits bruits secs venant du toit attira l’attention des sigmarites. Inquiets, ils se préparèrent à sortir leurs armes, mais en voyant une goutte d’eau transpirer du plafond ils soupirèrent. Ce n’était que de la pluie. Ainsi lorsque Hjalmar ouvrit la porte, le son caractéristique d’une averse passagère l’accueillit, emplissant le silence d’un fond sonore continu. Le norse se retourna une dernière fois et, d’un signe de tête rapide, confirma son départ avant de s’engouffrer sous le torrent d’eau qui obscurcissait encore plus le quartier du Suif. Tout en retenant un juron, Sieghilde fit un signe à Holger qu’ils devaient y aller à leur tour. Ils avaient des skavens à retrouver après tout.
En sortant, ils aperçurent le norse quelques mètres plus loin qui marchait tranquillement entre les flaques d’eau qui se formaient. Une odeur de terre mouillée emplissait l’espace et couvrait la pestilence de Suif.
Finalement, l’opération de récupération avait été un échec. De toute façon, Sieghilde savait très bien qu’ils n’auraient jamais pu arrêter le norse, quoi qu’en dise leur supérieur. Tout ce qu’ils voulaient, c’était avoir la confirmation que c’était bien lui et ils l’avaient eu. Et puis, sans l’intervention de Hjalmar, un chaotique ou un vampire auraient pu détruire les environs du Pays Perdu à leur guise… Et eux-mêmes seraient probablement morts plusieurs mois plus tôt. En somme, arrêter un non-chaotique qui avait aidé l’Empire, même involontairement, n’avait aucun intérêt en plus d’être injuste. Et puis, ils lui devaient bien ça.
Sieghilde frissonna alors qu’une goutte froide passait encore une fois sur l’arrière de sa nuque. Tout en se disant qu’elle avait tout intérêt à s’acheter une capuche à l’occasion, la prêtresse-guerrière essaya de voir quelque chose dans les alentours. C’est qu’il faisait presque nuit ici malgré l’heure matinale…
C’est à ce moment-là qu’elle aperçut une paire d’yeux rouges perchés sur le toit d’en face.
Si vous trouvez une quelconque coquille, je suis preneur
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
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La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Sam 2 Sep 2017 - 12:16
Magnifique suite où l'on sort enfin des souterrain C'est globalement assez calme mais c'est extrêmement intéressant quand même puisque l'on a enfin la rencontre entre Holger et Sieghilde d'un côté et Hjalmar de l'autre
D'ailleurs, en lisant, j'avais comme le sentiment que le récit était bientôt terminé. Je me trompe ou pas ?
Et vivement la suite
D'ailleurs, en lisant, j'avais comme le sentiment que le récit était bientôt terminé. Je me trompe ou pas ?
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Sam 2 Sep 2017 - 15:50
Gilgalad a écrit:D'ailleurs, en lisant, j'avais comme le sentiment que le récit était bientôt terminé. Je me trompe ou pas ?
- Ma réaction:
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Mer 6 Sep 2017 - 22:51
Et voici une petite suite !
Peu de temps auparavant, Knill, assassin professionnel du clan Eshin, se tenait à l’affut sur un toit délabré. Dans la maison en face de lui se trouvait sa, ou plutôt ses cibles. Cela n’avait pas été prévu qu’ils soient trois mais le grand chose-homme avait apparemment des alliés dans cette ville misérable. Qu’à cela ne tienne, ils mourront eux aussi, tels étaient les ordres de Quikill. Et ils valaient mieux suivre les ordres de Quikill à la lettre. L’erreur n’était pas une option, se remémora Knill tandis qu’il sentait une goutte de sueur mouiller la fourrure dans son cou.
L’assassin s’ébroua rapidement. Non, il ne devait pas avoir peur. Pas maintenant. Il avait été entraîné pour ces genres de situations durant des années. Ce n’était pas parce que leur cible était un demi-monstre qui avait massacré un grand nombre de skavens à lui tout seul que forcément cela allait mal se passer… Il fallait juste le prendre par surprise. Knill observa ses alentours, les coureurs d’égouts se tenaient tous prêts. Leurs lames toujours dans leurs fourreaux ou cachés sous leur cape noire pour éviter d’être repérés. De temps à autre, ils jetaient de courts regards nerveux vers lui, dans l’attente de l’ordre fatidique.
Une douzaine de skavens surentraînés dans l’art du meurtre par les grands maîtres du clan dans la lointaine Cathay. C’est tout ce qu’il fallait pour se débarrasser d’un chose-homme gênant. Knill se remémora ces longues années justement. Son arrivée au temple des Milles lames, sa première épreuve au gouffre des lamentations et les dizaines de tentatives d’assassinats sur sa personne - dont il soupçonnait la moitié de provenir de son propre maître. Tout cela n’avait pas été fait en vain. Il était la mort silencieuse que personne, et certainement pas un chose-homme, ne pouvait éviter.
Knill resserra sa prise sur la lame recourbée qu’il tenait dans sa main droite ainsi que sur celle qu’il tenait avec sa queue. Tout allait… Mais ? Qu’est-ce que ? D’où provenaient ces bruits liquides ? Mais cela le touchait en plus ! Il y en avait partout ! Le Rat Cornu le protège, que se passait-il ici ?!
Après s’être débattu rapidement avec panique en sentant toute une série d’aiguilles froides toucher sa fourrure, Knill s’arrêta aussitôt. De l’eau. C’était de l’eau qui tombait du ciel ? Ah, oui, ce que les choses de la surface appelaient : « la pluie ». Knill n’en avait plus du tout l’habitude après toutes ces années passées sous terre. C’était aussi pour cela qu’il se sentait mal à l’aise à l’idée de rien avoir au-dessus de sa tête en ce moment. Pour un skaven, le ciel infiniment haut était un concept troublant, alors de l’eau qui tombait sans prévenir depuis les hauteurs… Heureusement que l’obscurité ambiante aidait à rendre le tout acceptable, même s’il apercevait au loin des quartiers plus éclairés malgré l’averse.
Tentant de regagner son calme, Knill se repositionna sans dire un mot sous les regards inquiets de ses troupes qui l’avaient vu s’agiter sans raison. Heureusement pour lui c’était aussi à ce moment-là que la porte de la maison dans laquelle le chose-homme était s’ouvrit. Knill leva sa patte pour indiquer aux troupes de se tenir prêtes. Les festivités allaient pouvoir commencer. D’un rapide regard derrière lui, Knill s’assura que l’arme secrète était toujours là. Parfait. Parfaitement parfait. Même si cette eau du ciel était un brin gênant.
Quand Knill reporta son regard vers la porte d’entrée, le chose-homme était déjà parti. Il remontait la rue sous la pluie un peu plus loin tandis que les deux autres choses-hommes, dont une femelle en armure, sortaient à leur tour. Sauf qu’à la grande surprise de Knill, la femelle se mit à le regarder subitement droit dans les yeux et une touche de surprise anima ainsi son visage.
Elle les avait vus.
Knill se releva aussitôt de toute sa hauteur, dégaina ses lames et hurla aussitôt :
« Tuez-tuez !! »
Sieghilde fut la première à réagir et, malgré la pluie froide qui engourdissait ses membres, elle dégaina un de ses marteaux en vitesse tout en hurlant :
« Holger, sur le toit ! »
La réponse ne se fit pas attendre et le répurgateur dégaina un de ses pistolets avec un calme militaire. Mais l’arme fit long-feu aussitôt, la poudre ayant pris l’humidité… L’ulricain loin d’être décontenancé, s’arma d’un couteau qui était sur son torse, le marteau-fléau étant peu adapté contre de tels adversaires.
Dès le début du combat, les skavens drapés de noirs lancèrent toute une série de projectiles divers. Des sortes d’étoiles métalliques filèrent ainsi dans les airs, mais aucune ne toucha sa cible. Apparemment, l’averse rendait leurs tirs imprécis. Or, la prêtresse-guerrière remarqua avec horreur que l’un des projectiles qui s’était fiché dans une poutre derrière elle était enduit d’un liquide poisseux qui rongeait le bois à une vitesse alarmante.
« Ils utilisent du poison, esquivez ! Ne parer pas ! »
Les deux impériaux coururent alors aussi vite qu’ils le pouvaient. Autour d’eux les séries de tintements métalliques indiquèrent la multitude de tirs ratés. Finalement, Holger tenta une autre salve et cette fois, la poudre était assez sèche pour que la balle parte érafler le bras d’un des assassins qui couina de douleur en lâchant sa dague de lancer.
Une autre série de couinements plus rapides se fit entendre, mais cette fois-ci, c’était des ordres. Comme un seul homme-rat, les coureurs d’égouts se lancèrent à l’assaut depuis le toit. Les lames de leurs poignards brillant sous la pluie encadraient leurs yeux rougeâtres avides de meurtre… Sauf que, avec la pluie, les tuiles étaient devenues glissantes. En résultat, ce qui s’annonçait comme une charge triomphante devient rapidement un carambolage absurde alors que la totalité des hommes-rats dérapèrent et tombèrent du toit dans une série de piaillements effrayés. Quelques-uns d’entre eux tombèrent sur leurs propres armes et moururent sur le coup. Les plus chanceux, après que le sol ait amorti leur chute, se relevèrent en titubant et essayèrent de menacer tant bien que mal les impériaux désemparés par la scène.
Mais le statu quo ne demeura pas longtemps, au moment où un des hommes-rats allait se jeter sur Sieghilde, ce qui ressemblait à un pavé lui enfonça le crâne en lui rentrant dedans à haute vitesse. Toute l’assemblée regarda dans la direction d’origine du projectile pour apercevoir un norse barbu en armure lourde qui courait à grandes enjambées vers eux. Hjalmar avait en effet fait demi-tour en entendant le vacarme et il n’avait pas l’air content.
L’assaut surprise prit bien vite des tournures de massacre en règle alors que le trio maintenant réuni commençait à démembrer autant qu’il ne repoussait les assassins. Si Holger et Sieghilde se battait dos à dos pour protéger leurs arrières, Hjalmar, lui, fauchaient les coureurs d’égouts par paires à chacun de ses coups de poings. A la grande surprise des impériaux, les cadavres des coureurs d’égouts se liquéfiait peu de temps après leur mort, les transformant ainsi en flaques noirâtres nauséabondes. Ils en conclurent que cela devait sûrement être un moyen pour cacher les preuves de leur existence en cas de problèmes.
Non loin, Knill comprit bien vite que la situation n’allait être pas en sa faveur et il se décida non seulement à rester en haut du toit pour... Heum… Soutenir ses troupes depuis un point stratégique. Voilà. Mais il se disait aussi qu’il était temps d’utiliser l’arme secrète. L’assassin se tourna donc vers une grande forme derrière lui en pointant le trio qui était en train de terminer l’escouade de coureurs d’égouts.
« Roh’jé ! Attaque-tue ! piailla-t-il. »
L’être imposant sembla se réveiller subitement d’une sorte de pause comateuse et, alors qu’une lueur primale s’animait dans ses petits yeux, il s’élança. La force de son départ faillit faire tomber le bâtiment en ruines sur lequel Knill se tenait, mais l’assassin souriait vicieusement. L’arme expérimentale était certes un brin aléatoire, mais elle devait fournir des résultats intéressants… Après tout, il avait été entrainé pour tuer !
L’énorme bête atterrit au milieu du groupe en écrasant un coureur d’égout malchanceux et se releva de toute sa hauteur. Quelle ne fut pas la surprise du trio que de voir ainsi ce qui ressemblait à un rat-ogre leur tomber dessus de nulle part. Sauf que ledit rat-ogre était pour le moins original. Il possédait toutes les caractéristiques physiques classiques de ce genre de monstre comme une taille impressionnante, une masse musculaire absurde et un cerveau atrophié, mais celui-là était complètement recouvert de tissus noirs. A vrai dire, on aurait dit un coureur d’égouts, mais trois tailles au-dessus. Le rat-ogre du clan Eshin se mit ensuite à effectuer des mouvements improbables qui ressemblaient vaguement à un art martial devant le trio qui se demanda sérieusement si ce n’était pas une énorme blague. Mais ils déchantèrent bien vite quand ledit rat-ogre sortit une étoile de lancer, car elle-aussi était trois tailles au-dessus.
Heureusement pour eux, la bête était aussi incapable de viser que de penser et le projectile partit éclater un mur non loin. Mais maintenant, Holger, Sieghilde et Hjalmar étaient décidés : ce rat-ogre était dangereux. Pour confirmer cette hypothèse, le dénommé Roh’jé dégaina deux dagues – ces dernières étant plus proches du Kikoup de peau-verte que de l’arme d’assassinat – et il se mit à faire de grands mouvements maladroits avec. Sûrement pour indiquer qu’il pensait savoir s’en servir.
Hjalmar, dont la patience avait apparemment atteint ses limites, se jeta sur le rat-ogre avec une dague qu’il avait récupéré sur un des coureurs d’égouts. Son adversaire tenta une parade, mais ce fut un échec complet et le norse perfora la cage thoracique du skaven surdéveloppé. Le rat-ogre, qui était maintenant énervé, lâcha aussitôt ses lames et envoya un crochet du droit en plein sur le nordique qui ne put l’esquiver. Alors que Hjalmar finissait dans un mur proche dans un grand fracas, Roh’jé se replaça sur ses quatre pattes et tenta un hurlement enragé. Certes, le résultat se rapprocha d’un petit « Mwaaah » à peine audible à cause d’un manque de cordes vocales évident, mais l’intention était là. Puis, le rat-ogre assassin sauta pour tenter d’écraser le nordique. Hjalmar, justement, sortit des ruines en vitesse au dernier moment, évitant par la même occasion d’être réduit en purée et il partit alors rejoindre Holger et Sieghilde qui s’étaient mis en formation non loin. L’impact fut bien évidemment bruyant et le bâtiment branlant s’effondra sous le poids du monstre qui ressortit avec un autre « mwaah » pathétique des décombres. Son regard était clair, il voulait tout simplement tuer tout le monde.
Toujours sur le toit non loin, Knill, lui, était en train de se décomposer sur place. Il regardait maintenant avec horreur la nouvelle arme censée révolutionner les « attaques de précision sur cibles difficiles » qui était en train de jeter par la fenêtre la totalité de son entrainement. Cinq années de formations atrocement longues venaient d’être réduites à néant en quelques instants… Par le Rat Cornu, ces maudits chefs de meutes du clan Moulder allaient entendre parler de cela. Ils leur avaient promis un rat-ogre obéissant, un peu plus petit que la moyenne, incapable de crier et avec des coussinets aux pattes pour faire moins de bruits… Pas un idiot qui redevenait bestial à la première blessure ! C’était à coup sûr un coup monté pour le ridiculiser lui et son clan !
Tandis que Knill brouxait ses dents de rage, il s’aperçut soudainement que Roh’jé allait se frapper le torse de ses poings avant de charger. L’assassin skaven n’eut même pas la force de lui crier de ne pas le faire. C’était juste trop bête. Ainsi, quand le rat-ogre envoya les sacs à patates qui lui servaient de mains s’écraser sur sa cage thoracique, il s’arrêta dès le premier coup. Et, lentement, son cerveau apathique comprit qu’un objet long et froid venait de rentrer dans son corps, car oui, Roh’jé venait d’activer par erreur les lames rétractables attachées à ses poignets. S’ensuivit bien vingt secondes avant que le monstre contre-nature ne s’effondre en avant avec un air idiot durant lesquelles le trio pu clairement entendre la plainte désespérée de Knill provenant du toit non loin.
D’ailleurs, en entendant cela, Hjalmar se retourna vers Knill qui se redressa aussitôt. Le nordique le pointa du doigt et s’adressa à lui sur son ton le plus menaçant :
« Ce qui ne me tue pas devrait courir. »
Qu’il ait compris ou non le message, l’assassin skaven tourna les talons l’instant d’après et entama une fuite effrénée. Holger et Sieghilde, en voyant cela, se mirent aussitôt à le poursuivre. Ils avaient enfin l’occasion d’attraper un skaven en vie pour prouver leurs dires aux instances de cette ville, il ne fallait donc pas le laisser partir ! Tous les autres cadavres, y compris celui du rat-ogre s’était décomposés en quelques secondes, ils étaient donc inutilisables. Sur le chemin, Sieghilde se retourna pour remercier Hjalmar de les avoir aidés malgré sa volonté de partir d’ici au plus vite. Mais, à sa grande surprise, le nordique était en train de les suivre dans leur traque. Il les dépassait même. Et son air déterminé indiquait clairement qu’il avait bien l’intention d’aller jusqu’au bout.
La prêtresse-guerrière se reconcentra alors sur la chasse du skaven dont l’ombre était difficile à suivre à cause de la pluie et de l’obscurité ambiante. Mais, heureusement pour eux, l’homme-rat n’était pas habitué comme eux aux éléments de la surface et il glissait assez souvent sur des flaques d’eau. Cela leur permit de le rattraper en plusieurs occasions jusqu’à ce qu’enfin l’assassin s’engouffre précipitamment dans un petit tunnel qui devait être un des rares passages vers les égouts de ce quartier.
Essoufflés après une telle course à travers les chemins tortueux du Suif, le trio prit quelques secondes pour respirer. L’assassin était à présent dans son élément et l’y suivre tête baissée était équivalent à un suicide. Donc autant se reposer et y entrer calmement pour éviter de faire une erreur fatale. Pendant ce petit temps de latence durant lequel ils s’étaient abrités de la pluie sous un reste de toit, Sieghilde se tourna vers Hjalmar :
« Pourquoi nous suivez-vous ? Je croyais que vous vouliez quitter cette ville.
-D’après votre histoire, les skavens ne vous connaissent pas. Donc, c’était après moi que ces assassins avaient été envoyés. » - Après avoir fait une moue agacée, le nordique soupira longuement avant de reprendre – « Si je ne m’en occupe pas, ils vont me poursuivre encore longtemps. J’ai été trop optimiste de croire que je pouvais m’en sortir aussi facilement.
-Vous en occupez ? lança Holger qui nettoyait machinalement son pistolet. Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »
Hjalmar regarda le répurgateur en biais et, avec un petit sourire en coin, leur répondit :
« C’est simple. Je vais tellement leur faire regretter de m’avoir pris comme cible qu’à la fin de cette journée ils me supplieront de partir le plus loin possible d’eux. »
La menace avait été prononcée sur un ton calme quoiqu’un peu amusé et la prêtresse-guerrière y retrouva un peu du Hjalmar qu’elle avait connue. Le fameux guerrier sans peur qui ne vivait que pour le combat, etc, etc… Mais, alors que le norse se dirigeait à présent d’un pas déterminé vers l’embouchure des égouts, Sieghilde ne put réprimer une pointe d’inquiétude. En effet, s’il s’agissait bel et bien du même norse, elle le trouvait aussi… moins contrôlé, plus direct. Et l’idée d’un Hjalmar hors de contrôle était bien loin de la rassurer.
Sieghilde s’ébroua rapidement pour retrouver ses esprits. Ils avaient un skaven à retrouver en premier lieu. Elle partit ainsi rejoindre Holger qui était en train de s’engouffrer à la suite du norse dans la petite galerie. La chasse continuait.
Plus bas, dans les galeries instables creusées par les hommes-rats, Thyroax se déplaçait en compagnie de sa garde nouvellement formée. Il fallait dire qu’avec tous les évènements des derniers jours les effectifs du régiment avaient fondus comme neige au soleil. Une relève était donc la bienvenue pour le technomage qui devenait de plus en plus paranoïaque ces derniers temps. En effet, il était convaincu que Griknott manigançait quelque chose. Enfin, ça c’était normal pour un chef skaven, ou un skaven tout court en fait. Mais là, Thyroax trouvait que ces manigances le concernaient d’un peu trop près. Depuis le fiasco du malerail, dont les réparations s’étaient terminées un peu plus tôt, le seigneur de guerre du clan Mors le regardait avec insistance. Et en plus, entre les préparatifs de l’invasion qui devait avoir lieu ce soir, Griknott avait l’air de planifier une seconde opération en secret.
Il n’en fallu pas plus pour convaincre Thyroax que ses jours étaient comptés. Or, le technomage n’était pas du genre à se laisser faire. Oh non, bien au contraire… Ainsi, il comptait profiter de sa visite au terrier du clan Eshin pour demander quelques informations supplémentaires en plus de se renseigner sur la mort du chose-homme barbu.
Une fois arrivé dans la partie la moins éclairée et la plus étriquée des tunnels du grand terrier de guerre, ils surent qu’ils étaient arrivés à destination. Thyroax ordonna alors à ses troupes de se tenir prêtes. Les quartiers du clan Eshin avaient été créé dans le but de maximiser les possibilités d’assassinat après tout. Sur le chemin, le technomage se retourna de temps en temps vers ses guerriers. Leur air inquiet le rassura. Il avait prétexté vouloir apporter quelques armes à Quikill et cette excuse avait amplement suffit pour convaincre ses subordonnés de le suivre sans poser de question. Et cela valait mieux. Personne ne devait savoir que le chose-homme s’était échappé. Sans quoi Griknott allait certainement le désavouer en le traitant de menteur, ce qui allait automatiquement signer son arrêt de mort.
La galerie s’ouvrit enfin sur une série de constructions recouvertes de tissus noirs entourant un plus grand bâtiment presque caché dans la pénombre. Le tout était bien entendu recouvert de la rune du clan Eshin. Avec le peu de place dont ils disposaient, réussir à installer autant de choses ici forçait le respect. Thyroax fit signe à ses troupes de l’attendre devant le grand bâtiment et il s’y engouffra en traversant le rideau mangé par les mites qui servait de porte d’entrée.
A peine avait-il passé ledit rideau qu’une vague odorante le prit aux narines et des fumées lui piquèrent les yeux. Surpris, Thyroax pensa à un gaz mortel et il se prit la gorge en paniquant et en toussant à plusieurs reprises. Mais, au moment où il allait appeler à l’aide, le technomage réalisa qu’en fait la pièce contenait un bon nombre de bâtonnets d’encens qui se consumaient lentement. C’était de là que venait toutes ces vapeurs étranges dont l’odeur l’insupportait au plus haut point. Décidément, les assassins du clan Eshin pensaient à tout. Ils ne mettaient pas ces bâtonnets pour faire joli ou sentir bon, ils les utilisaient pour cacher les muscs qu’ils pouvaient produire. Ainsi, aucun skaven ne pouvait les sentir venir ou deviner leurs émotions même après une longue inspection… Et en plus, cela désorientait les membres des autres clans. Cet encens à la saveur de fruits des bois était tout simplement machiavélique.
Toujours occupé à contempler les bâtonnets, le technomage n’entendit pas arriver Quikill qui venait d’apparaître de derrière un rideau. Cette apparition surprise hérissa le poil de Thyroax mais il essaya de ne pas trop le montrer.
« Vous êtes venu pour le rapport, oui-oui ? commença Quikill dans un murmure parfaitement audible.
-Oui, je…
-Paye-paye alors. »
La forme drapée de l’assassin n’avait pas esquissé le moindre mouvement alors que Thyroax avait eu un pas de recul. Ce qui produisit la fanfare mécanique habituelle.
« Heum… Bien-bien. »
Le technomage farfouilla dans sa robe sous le regard perçant de l’assassin qui semblait prêt à bondir en cas de menace. Le stress fit que l’opération prit un peu plus de temps que prévu mais Thyroax arriva enfin à sortir une petite bourse. Il l’ouvrit et en déversa le contenu sur une sorte de table basse rafistolée non loin. Des piécettes grossièrement taillées dans de la malepierre de trop mauvaise qualité pour être utilisé pour quoi que ce soit d’autre roulèrent ainsi hors du sac en cuir. Quikill s’en approcha et après avoir étudié trois d’entre elles avec intérêt, il hocha la tête. Thyroax en souffla de soulagement.
« Alors-alors ? Le chose-homme est mort ?
-Pas la moindre idée, répondit nonchalamment Quikill.
-Quoi-quoi ? s’emporta Thyroax.
-Le rapport arrive-venir bientôt. Ils doivent être en chemin. »
Thyroax était pris d’un début de tremblement qu’il calma aussitôt. Il venait de payer pour rien ! Le subordonné de Quikill avait intérêt à arriver au plus vite, sinon…
« Une autre question vous avez ? reprit Quikill qui avait empoché la somme.
-Grblmblbm… Oui-oui. » - Thyroax jeta un œil aux alentours pour s’assurer qu’il n’y avait personne d’autre et reprit, à voix basse – « Est-ce que Griknott veut ma mort-mort ?
-Griknott ? Non. D’intérêts il n’a pas à… »
Thyroax sortit un autre sac dont la lueur verdâtre en provenant ne laissait aucun doute sur la qualité exceptionnelle de la malepierre contenue à l’intérieur. Le technomage déposa lentement le sac sur la table tout en regardant Quikill qui avait arrêté son discours aussitôt. L’assassin regarda le sac, puis Thyroax et reprit sur le même ton détaché :
« Il veut te tuer-tuer, durant l’assaut. Ainsi que Turglok. Nous avons reçu l’ordre hier.
-Oublie-annule l’ordre qui me concerne alors.
-Bien-bien, répondit Quikill d’une voix suave alors qu’il regardait avec attention le nouveau sac. »
Ils étaient tellement faciles à acheter, se dit Thyroax en souriant pour lui-même. Voilà un problème de résolu, mais c’était loin d’être terminé. Griknott avait ses propres assassins et il savait s’en servir, l’absence du prophète gris Gratchol en attestait. En tout cas, le clan Mors voulait apparemment la gloire pour lui tout seul. Ikit allait devoir être mis au courant de tout cela.
Mais alors que Thyroax réfléchissait à la suite des évènements, une ombre paniquée se glissa au travers du rideau derrière Quikill. L’assassin en chef se retourna vers Knill dont l’essoufflement portait gravement atteinte à son aura menaçante.
« Ra…Rapport, tenta de dire Knill.
-Mission accomplie ? cracha Quikill.
-N…Non-non. Plus de coureurs, tous morts. L’arme a échouée. J’ai été suivi-pourchassé. Pitié grand… »
Knill ne put aller plus loin puisqu’une dague lancée par la queue de Quikill lui arriva dans la tempe. L’assassin en chef eu un sifflement agacé et laissa le corps en décomposition de Knill se dissoudre dans le sol sans même un regard.
« Ils ont échoués-ratés ? grogna Thyroax. Rendez-moi ma monnaie, incapable-idiot ! »
La lueur qui pointa dans le regard que Quikill adressa à Thyroax suffit à doucher les ardeurs du technomage dans l’instant.
« Je vais-vais m’occuper de cela. Sortez. »
Thyroax se dit finalement qu’il n’aurait pas dû faire confiance au clan Eshin. Rien que des incapables, voilà ce qu’ils étaient ! Il voulait partir avec le payement, voilà la vérité ! Le technomage fulminait et son œil en malepierre devait le montrer, car Quikill détourna le regard pour aller s’occuper de récupérer sa dague dans la flaque noirâtre qui était autrefois Knill. Profitant de cet occasion, Thyroax lança un petit éclair sur le sac contenant l’éclat de malepierre lumineux qu’il avait offert à l’assassin peu de temps avant. Puis, d’un pas décidé, Thyroax sortit de la pièce en lançant :
« Finalement, tu peux-peux garder la monnaie. »
Malgré la cacophonie ambulante de ses mécanismes, Thyroax entendit clairement qu’il avait rappelé à Quikill la présence de la roche de bonne qualité et les pas peu précautionneux de l’assassin lui dire qu’il était parti la regarder. De plus, si le technomage voyait juste, une bonne partie du clan Eshin devait observer le bâtiment et avait donc vu Knill entrer. Parfait.
Ainsi, alors qu’il passait le rideau, le technomage se mit soudainement à hurler comme un forcené en agitant les bras dans tous les sens. Derrière lui, un petit sifflement aigu prit de l’ampleur.
« Assassin ! On attaque Quikill ! Vite-vite, à l’aide ! »
Thyroax courut alors vers ses troupes qui s’étaient déjà rassemblées pour le protéger, le tout en essayant bien sûr d’alerter le plus possible de membres du clan Eshin. Cela eu son effet immédiat et toute une flopée de figures drapées de noir sortirent des ombres pour converger vers le grand bâtiment. Mais alors qu’ils commençaient à l’atteindre, un cri de rage monta de l’intérieur du bâtiment qui explosa dans une gerbe de flammes vertes et de shrapnels incandescents. Un grand nombre des coureurs d’égouts venu en renfort furent soufflés ou tués par l’explosion anormale et une panique complète s’installa alors que les bâtiments autour prenaient feu. Thyroax, lui, observa l’explosion par-dessus son épaule tandis qu’il fuyait les lieux sous le couvert des boucliers de ses guerriers, un grand sourire aux babines.
De la malepierre modifiée conçue pour rester inoffensive la majorité du temps, mais qui explosait violemment quand elle rentrait en contact avec un sort magique. Le technomage en était fière de cette invention-là. C’était le meilleur moyen pour transformer une monnaie d’échange en arme en cas de besoin. Par exemple, quand certains skavens s’étaient révélés incapables et possédaient des informations dangereuses pour la santé d’un certain technomage…
Maintenant que le clan Eshin n’était plus un problème, Thyroax se dit qu’il était temps d’informer Ikit. Et vite. Surtout qu’il allait devoir penser à une solution au problème du chose-homme dans le même temps.
Peu de temps auparavant, Knill, assassin professionnel du clan Eshin, se tenait à l’affut sur un toit délabré. Dans la maison en face de lui se trouvait sa, ou plutôt ses cibles. Cela n’avait pas été prévu qu’ils soient trois mais le grand chose-homme avait apparemment des alliés dans cette ville misérable. Qu’à cela ne tienne, ils mourront eux aussi, tels étaient les ordres de Quikill. Et ils valaient mieux suivre les ordres de Quikill à la lettre. L’erreur n’était pas une option, se remémora Knill tandis qu’il sentait une goutte de sueur mouiller la fourrure dans son cou.
L’assassin s’ébroua rapidement. Non, il ne devait pas avoir peur. Pas maintenant. Il avait été entraîné pour ces genres de situations durant des années. Ce n’était pas parce que leur cible était un demi-monstre qui avait massacré un grand nombre de skavens à lui tout seul que forcément cela allait mal se passer… Il fallait juste le prendre par surprise. Knill observa ses alentours, les coureurs d’égouts se tenaient tous prêts. Leurs lames toujours dans leurs fourreaux ou cachés sous leur cape noire pour éviter d’être repérés. De temps à autre, ils jetaient de courts regards nerveux vers lui, dans l’attente de l’ordre fatidique.
Une douzaine de skavens surentraînés dans l’art du meurtre par les grands maîtres du clan dans la lointaine Cathay. C’est tout ce qu’il fallait pour se débarrasser d’un chose-homme gênant. Knill se remémora ces longues années justement. Son arrivée au temple des Milles lames, sa première épreuve au gouffre des lamentations et les dizaines de tentatives d’assassinats sur sa personne - dont il soupçonnait la moitié de provenir de son propre maître. Tout cela n’avait pas été fait en vain. Il était la mort silencieuse que personne, et certainement pas un chose-homme, ne pouvait éviter.
Knill resserra sa prise sur la lame recourbée qu’il tenait dans sa main droite ainsi que sur celle qu’il tenait avec sa queue. Tout allait… Mais ? Qu’est-ce que ? D’où provenaient ces bruits liquides ? Mais cela le touchait en plus ! Il y en avait partout ! Le Rat Cornu le protège, que se passait-il ici ?!
Après s’être débattu rapidement avec panique en sentant toute une série d’aiguilles froides toucher sa fourrure, Knill s’arrêta aussitôt. De l’eau. C’était de l’eau qui tombait du ciel ? Ah, oui, ce que les choses de la surface appelaient : « la pluie ». Knill n’en avait plus du tout l’habitude après toutes ces années passées sous terre. C’était aussi pour cela qu’il se sentait mal à l’aise à l’idée de rien avoir au-dessus de sa tête en ce moment. Pour un skaven, le ciel infiniment haut était un concept troublant, alors de l’eau qui tombait sans prévenir depuis les hauteurs… Heureusement que l’obscurité ambiante aidait à rendre le tout acceptable, même s’il apercevait au loin des quartiers plus éclairés malgré l’averse.
Tentant de regagner son calme, Knill se repositionna sans dire un mot sous les regards inquiets de ses troupes qui l’avaient vu s’agiter sans raison. Heureusement pour lui c’était aussi à ce moment-là que la porte de la maison dans laquelle le chose-homme était s’ouvrit. Knill leva sa patte pour indiquer aux troupes de se tenir prêtes. Les festivités allaient pouvoir commencer. D’un rapide regard derrière lui, Knill s’assura que l’arme secrète était toujours là. Parfait. Parfaitement parfait. Même si cette eau du ciel était un brin gênant.
Quand Knill reporta son regard vers la porte d’entrée, le chose-homme était déjà parti. Il remontait la rue sous la pluie un peu plus loin tandis que les deux autres choses-hommes, dont une femelle en armure, sortaient à leur tour. Sauf qu’à la grande surprise de Knill, la femelle se mit à le regarder subitement droit dans les yeux et une touche de surprise anima ainsi son visage.
Elle les avait vus.
Knill se releva aussitôt de toute sa hauteur, dégaina ses lames et hurla aussitôt :
« Tuez-tuez !! »
Sieghilde fut la première à réagir et, malgré la pluie froide qui engourdissait ses membres, elle dégaina un de ses marteaux en vitesse tout en hurlant :
« Holger, sur le toit ! »
La réponse ne se fit pas attendre et le répurgateur dégaina un de ses pistolets avec un calme militaire. Mais l’arme fit long-feu aussitôt, la poudre ayant pris l’humidité… L’ulricain loin d’être décontenancé, s’arma d’un couteau qui était sur son torse, le marteau-fléau étant peu adapté contre de tels adversaires.
Dès le début du combat, les skavens drapés de noirs lancèrent toute une série de projectiles divers. Des sortes d’étoiles métalliques filèrent ainsi dans les airs, mais aucune ne toucha sa cible. Apparemment, l’averse rendait leurs tirs imprécis. Or, la prêtresse-guerrière remarqua avec horreur que l’un des projectiles qui s’était fiché dans une poutre derrière elle était enduit d’un liquide poisseux qui rongeait le bois à une vitesse alarmante.
« Ils utilisent du poison, esquivez ! Ne parer pas ! »
Les deux impériaux coururent alors aussi vite qu’ils le pouvaient. Autour d’eux les séries de tintements métalliques indiquèrent la multitude de tirs ratés. Finalement, Holger tenta une autre salve et cette fois, la poudre était assez sèche pour que la balle parte érafler le bras d’un des assassins qui couina de douleur en lâchant sa dague de lancer.
Une autre série de couinements plus rapides se fit entendre, mais cette fois-ci, c’était des ordres. Comme un seul homme-rat, les coureurs d’égouts se lancèrent à l’assaut depuis le toit. Les lames de leurs poignards brillant sous la pluie encadraient leurs yeux rougeâtres avides de meurtre… Sauf que, avec la pluie, les tuiles étaient devenues glissantes. En résultat, ce qui s’annonçait comme une charge triomphante devient rapidement un carambolage absurde alors que la totalité des hommes-rats dérapèrent et tombèrent du toit dans une série de piaillements effrayés. Quelques-uns d’entre eux tombèrent sur leurs propres armes et moururent sur le coup. Les plus chanceux, après que le sol ait amorti leur chute, se relevèrent en titubant et essayèrent de menacer tant bien que mal les impériaux désemparés par la scène.
Mais le statu quo ne demeura pas longtemps, au moment où un des hommes-rats allait se jeter sur Sieghilde, ce qui ressemblait à un pavé lui enfonça le crâne en lui rentrant dedans à haute vitesse. Toute l’assemblée regarda dans la direction d’origine du projectile pour apercevoir un norse barbu en armure lourde qui courait à grandes enjambées vers eux. Hjalmar avait en effet fait demi-tour en entendant le vacarme et il n’avait pas l’air content.
L’assaut surprise prit bien vite des tournures de massacre en règle alors que le trio maintenant réuni commençait à démembrer autant qu’il ne repoussait les assassins. Si Holger et Sieghilde se battait dos à dos pour protéger leurs arrières, Hjalmar, lui, fauchaient les coureurs d’égouts par paires à chacun de ses coups de poings. A la grande surprise des impériaux, les cadavres des coureurs d’égouts se liquéfiait peu de temps après leur mort, les transformant ainsi en flaques noirâtres nauséabondes. Ils en conclurent que cela devait sûrement être un moyen pour cacher les preuves de leur existence en cas de problèmes.
Non loin, Knill comprit bien vite que la situation n’allait être pas en sa faveur et il se décida non seulement à rester en haut du toit pour... Heum… Soutenir ses troupes depuis un point stratégique. Voilà. Mais il se disait aussi qu’il était temps d’utiliser l’arme secrète. L’assassin se tourna donc vers une grande forme derrière lui en pointant le trio qui était en train de terminer l’escouade de coureurs d’égouts.
« Roh’jé ! Attaque-tue ! piailla-t-il. »
L’être imposant sembla se réveiller subitement d’une sorte de pause comateuse et, alors qu’une lueur primale s’animait dans ses petits yeux, il s’élança. La force de son départ faillit faire tomber le bâtiment en ruines sur lequel Knill se tenait, mais l’assassin souriait vicieusement. L’arme expérimentale était certes un brin aléatoire, mais elle devait fournir des résultats intéressants… Après tout, il avait été entrainé pour tuer !
L’énorme bête atterrit au milieu du groupe en écrasant un coureur d’égout malchanceux et se releva de toute sa hauteur. Quelle ne fut pas la surprise du trio que de voir ainsi ce qui ressemblait à un rat-ogre leur tomber dessus de nulle part. Sauf que ledit rat-ogre était pour le moins original. Il possédait toutes les caractéristiques physiques classiques de ce genre de monstre comme une taille impressionnante, une masse musculaire absurde et un cerveau atrophié, mais celui-là était complètement recouvert de tissus noirs. A vrai dire, on aurait dit un coureur d’égouts, mais trois tailles au-dessus. Le rat-ogre du clan Eshin se mit ensuite à effectuer des mouvements improbables qui ressemblaient vaguement à un art martial devant le trio qui se demanda sérieusement si ce n’était pas une énorme blague. Mais ils déchantèrent bien vite quand ledit rat-ogre sortit une étoile de lancer, car elle-aussi était trois tailles au-dessus.
Heureusement pour eux, la bête était aussi incapable de viser que de penser et le projectile partit éclater un mur non loin. Mais maintenant, Holger, Sieghilde et Hjalmar étaient décidés : ce rat-ogre était dangereux. Pour confirmer cette hypothèse, le dénommé Roh’jé dégaina deux dagues – ces dernières étant plus proches du Kikoup de peau-verte que de l’arme d’assassinat – et il se mit à faire de grands mouvements maladroits avec. Sûrement pour indiquer qu’il pensait savoir s’en servir.
Hjalmar, dont la patience avait apparemment atteint ses limites, se jeta sur le rat-ogre avec une dague qu’il avait récupéré sur un des coureurs d’égouts. Son adversaire tenta une parade, mais ce fut un échec complet et le norse perfora la cage thoracique du skaven surdéveloppé. Le rat-ogre, qui était maintenant énervé, lâcha aussitôt ses lames et envoya un crochet du droit en plein sur le nordique qui ne put l’esquiver. Alors que Hjalmar finissait dans un mur proche dans un grand fracas, Roh’jé se replaça sur ses quatre pattes et tenta un hurlement enragé. Certes, le résultat se rapprocha d’un petit « Mwaaah » à peine audible à cause d’un manque de cordes vocales évident, mais l’intention était là. Puis, le rat-ogre assassin sauta pour tenter d’écraser le nordique. Hjalmar, justement, sortit des ruines en vitesse au dernier moment, évitant par la même occasion d’être réduit en purée et il partit alors rejoindre Holger et Sieghilde qui s’étaient mis en formation non loin. L’impact fut bien évidemment bruyant et le bâtiment branlant s’effondra sous le poids du monstre qui ressortit avec un autre « mwaah » pathétique des décombres. Son regard était clair, il voulait tout simplement tuer tout le monde.
Toujours sur le toit non loin, Knill, lui, était en train de se décomposer sur place. Il regardait maintenant avec horreur la nouvelle arme censée révolutionner les « attaques de précision sur cibles difficiles » qui était en train de jeter par la fenêtre la totalité de son entrainement. Cinq années de formations atrocement longues venaient d’être réduites à néant en quelques instants… Par le Rat Cornu, ces maudits chefs de meutes du clan Moulder allaient entendre parler de cela. Ils leur avaient promis un rat-ogre obéissant, un peu plus petit que la moyenne, incapable de crier et avec des coussinets aux pattes pour faire moins de bruits… Pas un idiot qui redevenait bestial à la première blessure ! C’était à coup sûr un coup monté pour le ridiculiser lui et son clan !
Tandis que Knill brouxait ses dents de rage, il s’aperçut soudainement que Roh’jé allait se frapper le torse de ses poings avant de charger. L’assassin skaven n’eut même pas la force de lui crier de ne pas le faire. C’était juste trop bête. Ainsi, quand le rat-ogre envoya les sacs à patates qui lui servaient de mains s’écraser sur sa cage thoracique, il s’arrêta dès le premier coup. Et, lentement, son cerveau apathique comprit qu’un objet long et froid venait de rentrer dans son corps, car oui, Roh’jé venait d’activer par erreur les lames rétractables attachées à ses poignets. S’ensuivit bien vingt secondes avant que le monstre contre-nature ne s’effondre en avant avec un air idiot durant lesquelles le trio pu clairement entendre la plainte désespérée de Knill provenant du toit non loin.
D’ailleurs, en entendant cela, Hjalmar se retourna vers Knill qui se redressa aussitôt. Le nordique le pointa du doigt et s’adressa à lui sur son ton le plus menaçant :
« Ce qui ne me tue pas devrait courir. »
Qu’il ait compris ou non le message, l’assassin skaven tourna les talons l’instant d’après et entama une fuite effrénée. Holger et Sieghilde, en voyant cela, se mirent aussitôt à le poursuivre. Ils avaient enfin l’occasion d’attraper un skaven en vie pour prouver leurs dires aux instances de cette ville, il ne fallait donc pas le laisser partir ! Tous les autres cadavres, y compris celui du rat-ogre s’était décomposés en quelques secondes, ils étaient donc inutilisables. Sur le chemin, Sieghilde se retourna pour remercier Hjalmar de les avoir aidés malgré sa volonté de partir d’ici au plus vite. Mais, à sa grande surprise, le nordique était en train de les suivre dans leur traque. Il les dépassait même. Et son air déterminé indiquait clairement qu’il avait bien l’intention d’aller jusqu’au bout.
La prêtresse-guerrière se reconcentra alors sur la chasse du skaven dont l’ombre était difficile à suivre à cause de la pluie et de l’obscurité ambiante. Mais, heureusement pour eux, l’homme-rat n’était pas habitué comme eux aux éléments de la surface et il glissait assez souvent sur des flaques d’eau. Cela leur permit de le rattraper en plusieurs occasions jusqu’à ce qu’enfin l’assassin s’engouffre précipitamment dans un petit tunnel qui devait être un des rares passages vers les égouts de ce quartier.
Essoufflés après une telle course à travers les chemins tortueux du Suif, le trio prit quelques secondes pour respirer. L’assassin était à présent dans son élément et l’y suivre tête baissée était équivalent à un suicide. Donc autant se reposer et y entrer calmement pour éviter de faire une erreur fatale. Pendant ce petit temps de latence durant lequel ils s’étaient abrités de la pluie sous un reste de toit, Sieghilde se tourna vers Hjalmar :
« Pourquoi nous suivez-vous ? Je croyais que vous vouliez quitter cette ville.
-D’après votre histoire, les skavens ne vous connaissent pas. Donc, c’était après moi que ces assassins avaient été envoyés. » - Après avoir fait une moue agacée, le nordique soupira longuement avant de reprendre – « Si je ne m’en occupe pas, ils vont me poursuivre encore longtemps. J’ai été trop optimiste de croire que je pouvais m’en sortir aussi facilement.
-Vous en occupez ? lança Holger qui nettoyait machinalement son pistolet. Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »
Hjalmar regarda le répurgateur en biais et, avec un petit sourire en coin, leur répondit :
« C’est simple. Je vais tellement leur faire regretter de m’avoir pris comme cible qu’à la fin de cette journée ils me supplieront de partir le plus loin possible d’eux. »
La menace avait été prononcée sur un ton calme quoiqu’un peu amusé et la prêtresse-guerrière y retrouva un peu du Hjalmar qu’elle avait connue. Le fameux guerrier sans peur qui ne vivait que pour le combat, etc, etc… Mais, alors que le norse se dirigeait à présent d’un pas déterminé vers l’embouchure des égouts, Sieghilde ne put réprimer une pointe d’inquiétude. En effet, s’il s’agissait bel et bien du même norse, elle le trouvait aussi… moins contrôlé, plus direct. Et l’idée d’un Hjalmar hors de contrôle était bien loin de la rassurer.
Sieghilde s’ébroua rapidement pour retrouver ses esprits. Ils avaient un skaven à retrouver en premier lieu. Elle partit ainsi rejoindre Holger qui était en train de s’engouffrer à la suite du norse dans la petite galerie. La chasse continuait.
Plus bas, dans les galeries instables creusées par les hommes-rats, Thyroax se déplaçait en compagnie de sa garde nouvellement formée. Il fallait dire qu’avec tous les évènements des derniers jours les effectifs du régiment avaient fondus comme neige au soleil. Une relève était donc la bienvenue pour le technomage qui devenait de plus en plus paranoïaque ces derniers temps. En effet, il était convaincu que Griknott manigançait quelque chose. Enfin, ça c’était normal pour un chef skaven, ou un skaven tout court en fait. Mais là, Thyroax trouvait que ces manigances le concernaient d’un peu trop près. Depuis le fiasco du malerail, dont les réparations s’étaient terminées un peu plus tôt, le seigneur de guerre du clan Mors le regardait avec insistance. Et en plus, entre les préparatifs de l’invasion qui devait avoir lieu ce soir, Griknott avait l’air de planifier une seconde opération en secret.
Il n’en fallu pas plus pour convaincre Thyroax que ses jours étaient comptés. Or, le technomage n’était pas du genre à se laisser faire. Oh non, bien au contraire… Ainsi, il comptait profiter de sa visite au terrier du clan Eshin pour demander quelques informations supplémentaires en plus de se renseigner sur la mort du chose-homme barbu.
Une fois arrivé dans la partie la moins éclairée et la plus étriquée des tunnels du grand terrier de guerre, ils surent qu’ils étaient arrivés à destination. Thyroax ordonna alors à ses troupes de se tenir prêtes. Les quartiers du clan Eshin avaient été créé dans le but de maximiser les possibilités d’assassinat après tout. Sur le chemin, le technomage se retourna de temps en temps vers ses guerriers. Leur air inquiet le rassura. Il avait prétexté vouloir apporter quelques armes à Quikill et cette excuse avait amplement suffit pour convaincre ses subordonnés de le suivre sans poser de question. Et cela valait mieux. Personne ne devait savoir que le chose-homme s’était échappé. Sans quoi Griknott allait certainement le désavouer en le traitant de menteur, ce qui allait automatiquement signer son arrêt de mort.
La galerie s’ouvrit enfin sur une série de constructions recouvertes de tissus noirs entourant un plus grand bâtiment presque caché dans la pénombre. Le tout était bien entendu recouvert de la rune du clan Eshin. Avec le peu de place dont ils disposaient, réussir à installer autant de choses ici forçait le respect. Thyroax fit signe à ses troupes de l’attendre devant le grand bâtiment et il s’y engouffra en traversant le rideau mangé par les mites qui servait de porte d’entrée.
A peine avait-il passé ledit rideau qu’une vague odorante le prit aux narines et des fumées lui piquèrent les yeux. Surpris, Thyroax pensa à un gaz mortel et il se prit la gorge en paniquant et en toussant à plusieurs reprises. Mais, au moment où il allait appeler à l’aide, le technomage réalisa qu’en fait la pièce contenait un bon nombre de bâtonnets d’encens qui se consumaient lentement. C’était de là que venait toutes ces vapeurs étranges dont l’odeur l’insupportait au plus haut point. Décidément, les assassins du clan Eshin pensaient à tout. Ils ne mettaient pas ces bâtonnets pour faire joli ou sentir bon, ils les utilisaient pour cacher les muscs qu’ils pouvaient produire. Ainsi, aucun skaven ne pouvait les sentir venir ou deviner leurs émotions même après une longue inspection… Et en plus, cela désorientait les membres des autres clans. Cet encens à la saveur de fruits des bois était tout simplement machiavélique.
Toujours occupé à contempler les bâtonnets, le technomage n’entendit pas arriver Quikill qui venait d’apparaître de derrière un rideau. Cette apparition surprise hérissa le poil de Thyroax mais il essaya de ne pas trop le montrer.
« Vous êtes venu pour le rapport, oui-oui ? commença Quikill dans un murmure parfaitement audible.
-Oui, je…
-Paye-paye alors. »
La forme drapée de l’assassin n’avait pas esquissé le moindre mouvement alors que Thyroax avait eu un pas de recul. Ce qui produisit la fanfare mécanique habituelle.
« Heum… Bien-bien. »
Le technomage farfouilla dans sa robe sous le regard perçant de l’assassin qui semblait prêt à bondir en cas de menace. Le stress fit que l’opération prit un peu plus de temps que prévu mais Thyroax arriva enfin à sortir une petite bourse. Il l’ouvrit et en déversa le contenu sur une sorte de table basse rafistolée non loin. Des piécettes grossièrement taillées dans de la malepierre de trop mauvaise qualité pour être utilisé pour quoi que ce soit d’autre roulèrent ainsi hors du sac en cuir. Quikill s’en approcha et après avoir étudié trois d’entre elles avec intérêt, il hocha la tête. Thyroax en souffla de soulagement.
« Alors-alors ? Le chose-homme est mort ?
-Pas la moindre idée, répondit nonchalamment Quikill.
-Quoi-quoi ? s’emporta Thyroax.
-Le rapport arrive-venir bientôt. Ils doivent être en chemin. »
Thyroax était pris d’un début de tremblement qu’il calma aussitôt. Il venait de payer pour rien ! Le subordonné de Quikill avait intérêt à arriver au plus vite, sinon…
« Une autre question vous avez ? reprit Quikill qui avait empoché la somme.
-Grblmblbm… Oui-oui. » - Thyroax jeta un œil aux alentours pour s’assurer qu’il n’y avait personne d’autre et reprit, à voix basse – « Est-ce que Griknott veut ma mort-mort ?
-Griknott ? Non. D’intérêts il n’a pas à… »
Thyroax sortit un autre sac dont la lueur verdâtre en provenant ne laissait aucun doute sur la qualité exceptionnelle de la malepierre contenue à l’intérieur. Le technomage déposa lentement le sac sur la table tout en regardant Quikill qui avait arrêté son discours aussitôt. L’assassin regarda le sac, puis Thyroax et reprit sur le même ton détaché :
« Il veut te tuer-tuer, durant l’assaut. Ainsi que Turglok. Nous avons reçu l’ordre hier.
-Oublie-annule l’ordre qui me concerne alors.
-Bien-bien, répondit Quikill d’une voix suave alors qu’il regardait avec attention le nouveau sac. »
Ils étaient tellement faciles à acheter, se dit Thyroax en souriant pour lui-même. Voilà un problème de résolu, mais c’était loin d’être terminé. Griknott avait ses propres assassins et il savait s’en servir, l’absence du prophète gris Gratchol en attestait. En tout cas, le clan Mors voulait apparemment la gloire pour lui tout seul. Ikit allait devoir être mis au courant de tout cela.
Mais alors que Thyroax réfléchissait à la suite des évènements, une ombre paniquée se glissa au travers du rideau derrière Quikill. L’assassin en chef se retourna vers Knill dont l’essoufflement portait gravement atteinte à son aura menaçante.
« Ra…Rapport, tenta de dire Knill.
-Mission accomplie ? cracha Quikill.
-N…Non-non. Plus de coureurs, tous morts. L’arme a échouée. J’ai été suivi-pourchassé. Pitié grand… »
Knill ne put aller plus loin puisqu’une dague lancée par la queue de Quikill lui arriva dans la tempe. L’assassin en chef eu un sifflement agacé et laissa le corps en décomposition de Knill se dissoudre dans le sol sans même un regard.
« Ils ont échoués-ratés ? grogna Thyroax. Rendez-moi ma monnaie, incapable-idiot ! »
La lueur qui pointa dans le regard que Quikill adressa à Thyroax suffit à doucher les ardeurs du technomage dans l’instant.
« Je vais-vais m’occuper de cela. Sortez. »
Thyroax se dit finalement qu’il n’aurait pas dû faire confiance au clan Eshin. Rien que des incapables, voilà ce qu’ils étaient ! Il voulait partir avec le payement, voilà la vérité ! Le technomage fulminait et son œil en malepierre devait le montrer, car Quikill détourna le regard pour aller s’occuper de récupérer sa dague dans la flaque noirâtre qui était autrefois Knill. Profitant de cet occasion, Thyroax lança un petit éclair sur le sac contenant l’éclat de malepierre lumineux qu’il avait offert à l’assassin peu de temps avant. Puis, d’un pas décidé, Thyroax sortit de la pièce en lançant :
« Finalement, tu peux-peux garder la monnaie. »
Malgré la cacophonie ambulante de ses mécanismes, Thyroax entendit clairement qu’il avait rappelé à Quikill la présence de la roche de bonne qualité et les pas peu précautionneux de l’assassin lui dire qu’il était parti la regarder. De plus, si le technomage voyait juste, une bonne partie du clan Eshin devait observer le bâtiment et avait donc vu Knill entrer. Parfait.
Ainsi, alors qu’il passait le rideau, le technomage se mit soudainement à hurler comme un forcené en agitant les bras dans tous les sens. Derrière lui, un petit sifflement aigu prit de l’ampleur.
« Assassin ! On attaque Quikill ! Vite-vite, à l’aide ! »
Thyroax courut alors vers ses troupes qui s’étaient déjà rassemblées pour le protéger, le tout en essayant bien sûr d’alerter le plus possible de membres du clan Eshin. Cela eu son effet immédiat et toute une flopée de figures drapées de noir sortirent des ombres pour converger vers le grand bâtiment. Mais alors qu’ils commençaient à l’atteindre, un cri de rage monta de l’intérieur du bâtiment qui explosa dans une gerbe de flammes vertes et de shrapnels incandescents. Un grand nombre des coureurs d’égouts venu en renfort furent soufflés ou tués par l’explosion anormale et une panique complète s’installa alors que les bâtiments autour prenaient feu. Thyroax, lui, observa l’explosion par-dessus son épaule tandis qu’il fuyait les lieux sous le couvert des boucliers de ses guerriers, un grand sourire aux babines.
De la malepierre modifiée conçue pour rester inoffensive la majorité du temps, mais qui explosait violemment quand elle rentrait en contact avec un sort magique. Le technomage en était fière de cette invention-là. C’était le meilleur moyen pour transformer une monnaie d’échange en arme en cas de besoin. Par exemple, quand certains skavens s’étaient révélés incapables et possédaient des informations dangereuses pour la santé d’un certain technomage…
Maintenant que le clan Eshin n’était plus un problème, Thyroax se dit qu’il était temps d’informer Ikit. Et vite. Surtout qu’il allait devoir penser à une solution au problème du chose-homme dans le même temps.
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Dim 10 Sep 2017 - 16:55
Enchainons avec la suite !
Un peu plus tôt, dans les tunnels humides qui s’étendaient sous la capitale Talabaclandaise, trois personnes se dirigeaient à la lueur d’une torche improvisée. Sieghilde et Holger suivaient ainsi Hjalmar qui menait la marche puisqu’il était en train de pister l’assassin d’un œil expert rompu à la traque. Et Sieghilde devait bien le reconnaître, sans le norse, ils n’auraient jamais retrouvé le skaven vu que ce dernier laissait aussi peu de traces qu’un fantôme.
Au détour d’un carrefour, Hjalmar, qui devait se tenir penché à cause de la petite taille des tunnels, leva son bras pour indiquer l’arrêt. Il farfouilla à ses pieds, récupéra quelque chose qui ressemblait vaguement à quelques poils courts et, après un hochement de tête, reprit sa marche en tournant à gauche. Les impériaux suivirent sans rien dire, restant aux aguets.
Le manège dura ainsi pendant plusieurs minutes et de nombreux détours furent prit après diverses analyses. Mais, en arrivant dans une caverne plus grande d’où partait une bonne dizaine de tunnels - d’après ce qu’ils en apercevaient à la lueur de leur torche - Hjalmar laissa échapper un grognement.
« Un problème ? murmura Sieghilde qui tenait continuellement un de ses marteaux en main.
-Je l’ai perdu, grogna le norse. On va devoir continuer à l’aveuglette maintenant… Foutu rat. »
Holger pesta à son tour et s’avança dans la caverne pour l’étudier. Il savait pertinemment qu’il ne trouverait rien, le norse était trop compétent pour se tromper dans ce domaine. Mais il avait toujours l’espoir et l’obstination pour continuer à chercher quelque chose. Ainsi, pendant que le répurgateur enchaînait les jurons de l’autre côté de la caverne, Sieghilde s’approcha du nordique. Ce dernier s’était assis et, après avoir scruté les environs pour trouver un chemin à suivre, se mit à étudier diverses parties de son corps. Il regardait entre les déchirures dans ses vêtements et fronçait les sourcils quand il ne voyait pas de blessures apparente.
« Vous m’avez dit pourquoi vous nous suiviez, commença Sieghilde qui s’était assise à ses côtés. Mais, je ne sais toujours pas comment vous nous avez retrouvé dans le Suif.
-Une sorte d’intuition, grommela Hjalmar.
-C’est votre intuition qui vous a fait sortir des tunnels skavens sous Talabheim et venir exactement jusqu’à l’endroit où vous êtes réapparu dans notre monde ? »
Le norse soupira longuement, ferma les yeux et rabaissa son bras gauche qu’il était en train d’observer. Puis, il se tourna à demi vers la prêtresse-guerrière. Sieghilde remarqua alors que Hjalmar avait surtout l’air fatigué à vrai dire.
« Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai été… comme guidé inconsciemment vers l’endroit. Voilà, comme ça. Je savais juste que je devais y aller. Aucune idée de pourquoi, ni comment. Et une fois là-bas, ce besoin avait mystérieusement disparu.
-C’est… définitivement étrange. Avez-vous entendu des voix récemment ? »
Le norse sembla hésiter l’espace d’un instant avant de jeter un œil aux entailles dans ses vêtements. Plus précisément, là où malgré les tissus imbibés de sang aucune blessure apparente n’était présente.
« Si je réponds oui, qu’est-ce que ça implique ? Pour autant que je me souvienne, j’ai entendu mes « dieux » pendant longtemps et ce n’était pas un problème… Même si ça c’est de l’histoire ancienne.
-Cela pourrait indiquer l’influence d’un démon ou quelque chose du genre. Vous êtes revenu des royaumes chaotiques en vie et sans mutation ou fanatisme envers les dieux noirs. C’est une première pour ce que j’en sais. Mais cela n’exclue pas la possibilité de séquelles. »
Hjalmar resta silencieux, le regard dans le vague. Il semblait penser à quelque chose.
« En tout cas, reprit Sieghilde. Si quelque chose vous parle, ne l’écoutez pas. Quoi que ce soit, ce n’est rien de plus qu’une illusion.
-Oh, il est bien réel malheureusement… »
En entendant cela, Sieghilde se prépara à enchainer sur une autre question à ce propos, mais un cri de Holger attira leur attention.
« J’ai entendu une explosion ! Par-là ! »
Et le répurgateur, impatient comme toujours, s’engouffra dans le tunnel qu’il pointait du doigt, torche à la main. Sieghilde en oublia les dires de Hjalmar et se lança à la poursuite de son collègue. Le norse, après quelques secondes, partit à leur suite en jurant contre quelque chose dans sa langue natale.
Le quartier du clan Skryre était situé quelque peu en hauteur par rapport au reste du terrier. Pour vous représenter cette notion d’altitude, imaginez-vous une sorte de grand U aux bords malformé qui se tiendrait dans le Taalbastion et donc dans les montagnes formant le cratère de Talabheim.
En bas, dans le creux, se situait le gros du terrier avec le quartier du clan Mors, le malerail et les restes maintenant fumants du clan Eshin. Sur la branche gauche du U, à hauteur du Suif environ, se tenait la principale porte de sortie de l’invasion, détenue par le clan Moulder. Et sur la branche droite, qui elle remontait bien plus haut dans le Taalbastion, était installée le clan Skryre, tout en haut d’une série d’échafaudages grimpants. Ainsi, le clan des ingénieurs fous possédait une vue impeccable sur la cité du cratère. Et par vue impeccable, cela signifiait un champ de tir gigantesque pour une batterie de canons à malefoudre.
Thyroax, toujours entouré par sa garde, allait au pas de course. C’est qu’il devait atteindre le couineloin installé ici par les ingénieurs du clan au plus vite. Mais, sur le chemin ascendant, il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil auxdits canons à malefoudre qui patientait là justement. La batterie au grand complet regardait des pans de roches fragilisées au préalable qui devaient être détruit lors du moment opportun pour dévoiler la cité en contrebas. Même s’il était légèrement paniqué, Thyroax trouvait toujours aussi réconfortante la vue de tels engins de guerre.
Le technomage arracha enfin son regard des canons en entendant les cliquetis et autres bruits métalliques qui lui indiquait la présence toute proche d’un laboratoire de son glorieux clan. Ils étaient enfin arrivés à destination. Maintenant un brin plus rassuré en entendant la cacophonie absurde parsemée des cris des assistants en train de mourir, Thyroax s’engagea dans le laboratoire sous les salutations et compliments des ingénieurs qui le voyaient passer.
L'endroit était un fatras incompréhensible et bordélique au possible avec une non-organisation toute skaven. Quelques lumières d’un vert vif indiquaient la haute teneur en malepierre du lieu. Il fallut ainsi plusieurs minutes au technomage pour atteindre le couineloin à force d’éviter les étincelles et autres explosions mineures. Une fois arrivé là-bas et après avoir couiné quelques ordres, ladite machine fut mise en œuvre et Thyroax fut laissé seul devant l’engin et son miroir étrange. Bien vite, une image se forma à partir des volutes de fumée éthérés et Thyroax s’aplatit au sol aussitôt.
« Ô grand et omniscient artificier, je… !
-Ikit la gri…fe est en réunion pour le moment. Rappelez-parlez plus tard. »
Thyroax s’en redressa aussitôt avec un air ahuri.
« Quoi-quoi ? Réunion ? Comment ça réunion ?
-Le seigneur du grand cl… Skryre n’est pas-pas disponible. Honorez le Rat Cornu et laissez-dites un couinement ap…rès le squeeek… *Squeeek*»
En guise de réponse, le technomage adressa ainsi au messager un regard vide digne d’un troll s’essayant à la poésie scaldique. Après quelques secondes de silence pesant, Thyroax tenta de prononcer quelque chose :
« Je…
-Le couinement a été … gistré. Il sera dit-dit au grand Ikit la…
-Je suis THYROAX ! hurla subitement le skaven qui venait de sortir de ses gonds. Technomage de haut-haut rang et envoyé d’Ikit ! Et au génial seigneur du clan Skryre, j’exige de parler maintenant ! »
La menace subite eu apparemment son effet puisque la forme du messager disparu aussitôt du miroir. Il sembla à Thyroax que des cris effrayés provenaient du couineloin. Que ce soit le cas ou non, un si beau son eu raison des velléités du technomage qui se calma lentement. Quelques minutes plus tard, une autre forme apparut dans le miroir.
« Quoi-quoi ? »
Le ton mécanique et rauque ne laissa aucun doute sur l’identité de son interlocuteur et Thyroax s’étala à nouveau museau contre terre dans l’instant.
« Ô grand…
-J’aime toujours aut… tes supplications Thyroax. Mais-mais je n’ai pas le temps pour ça.
-Oh... Heum… Je viens vous apporter de terribles-mauvaises nouvelles maître ! Griknott du clan Mors veut ma mort-mort !
-Et ?
-Et… Et c’est… Heu… Problématique-ennuyeux pour l’invasion ? tenta timidement Thyroax qui venait de se rappeler que son maître se moquait bien de son sort.
-L’invasion ? Elle a été …
-Quoi-quoi grand maître ? Je vous entends-comprends mal ?
-…A été annulée ! »
Thyroax réitéra son numéro fabuleux du regard vide pendant quelques secondes.
« Mais… On attaque ce soir-soir !
-Morskittar m’a dit-dit que le cons… à mal prit la mort de Gratchol. Ils veulent annuler ...vasion.
-Pourquoi n’ai-je pas reçu-eu de message !
-La décision… récente ! Et je n’ai pas pu te …oindre de la journée. L’envoyé du clan Moulder va … au courant aussi. Le seigneur Ronj a tenté …que chose dans l’Empire, mais il a été trop avide-idiot. Il sera forcé …désavouer Griknott… Conseil a ordonné sa mort. Occupe-t’en.
-Et l’invasion des choses-hommes ? paniqua Thyroax qui ne comprenait plus grand-chose.
-Elle attendra. Installe le …rrier en attendant. Des renforts arriveront-viendront … malerail dans quelques heures pour tuer Grik… Ne me déçois pas. »
Et c’est sur cette ultime menace que la communication se coupa, laissant Thyroax désemparé devant la nouvelle tournure des évènements. Il allait devoir tuer Griknott ? Mais comment ? Les forces du clan Mors étaient bien plus nombreuses ! Il pouvait bien utiliser ses machines de guerre, mais les amener en bas allait prendre du temps… Temps qu’il pouvait gagner en utilisant le clan Moulder. Si le clan Skryre et Moulder attaquaient en même temps des deux côtés, ils avaient une chance. Si on rajoute les renforts par malerail, il y avait moyen de faire quelque chose. Mais cela allait demander une sacrée coordination. Et vite puisque le temps était compté avant que Griknott ne comprenne ce qu’il se passait. En tout cas, il allait falloir agir avant le début de l’invasion. L’effet de surprise devait rester leur arme principale contre les choses-hommes. Donc les avertir avec un début d’assaut du clan Mors n’allait pas arranger les plans de son maître.
Thyroax se retourna et laissa le couineloin qui sifflait doucement dans la salle. Même si cela le répugnait, il allait devoir rencontrer Turglok. L’autre problème était qu’il allait devoir passer deux fois au travers du camp du clan Mors. La première fois devait pouvoir passer, mais la deuxième…
A moins que…
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? demanda Sieghilde. »
A cette question, ni Holger, ni Hjalmar n’avait une réponse. En même temps, il était difficile d’expliquer la combustion spontanée de ce qui semblait être un terrier skaven couvert de tissus noirs.
« Sincèrement, je m’en moque, lâcha Hjalmar. Ça fait toujours des thaggoraki en moins et, pour ce que j’en sais, je crois que c’était la tanière des assassins que l’on poursuivait.
-Bonne nouvelle alors, maugréa Holger. Mais on a toujours aucune preuve de leur présence en ces lieux. »
En disant cela, le répurgateur avait pointé du pied des flaques noirâtres qui devaient être les restes des coureurs d’égouts du clan Eshin.
« Continuons alors, dit Sieghilde après une longue inspiration. »
Deux heures plus tard, Turglok, qui était avachi dans sa litière personnelle tout en mâchonnant un morceau d’esclave un peu trop sec à son goût, reçut la visite d’un de ses subordonnés. Ce dernier avait l’air plus agité que d’habitude et son museau atrophié gigotant trahissait une certaine angoisse.
« Seigneur… Vous avez-avez des visiteurs.
-Qui-qui ? cracha (littéralement) Turglok.
-Thyroax, mon maître… Ils ont creusé une galerie-tunnel avec leur machine jusqu’ici. »
Lorsqu’il comprit les dires de son serviteur, Turglok en lâcha le tibia qu’il tenait et se redressa aussitôt – ce qui signifiait qu’il avait gagné quelques centimètres de position assise.
« Emmenez-moi ! Maintenant-tout de suite ! »
Une foule d’esclaves apparu aussitôt de tous les recoins de la tente du clan Moulder. Tous ensemble, ils se jetèrent sur la litière de guerre pour la soulever avec difficulté avant d’emmener leur souverain à l’extérieur. Il fallut à Turglok une bonne série de coups de fouets pour arriver à bon port, mais il rejoignit assez vite l’endroit où se tenait maintenant un trou béant de deux mètres de diamètre aux orées de son camp. Aux alentours, une petite délégation du clan Skryre entourait un engin fumant en forme de cône, sûrement une des foreuses à malepierre du clan de Thyroax, se dit le maître corrupteur avec mépris.
« Turglok ! couina joyeusement l’intéressé en le voyant arriver. Quel plaisir-joie de te voir, ô grand mutateur parmi les mutateurs ! »
Devant un tel compliment, Turglok ne put même pas répliquer pour demander à Thyroax ce qu’il pouvait ficher ici. A vrai dire, il s’était senti flatté par la remarque. Affichant alors un sourire idiot, Turglok indiqua d’un signe de main que Thyroax pouvait continuer.
Le technomage sourit à son tour, mais de manière discrète. Il ne lui avait fallu qu’un seul faux compliment pompeux pour arriver à ses fins. Comme quoi, cela allait être encore plus facile que prévu finalement.
« J’ai à te parler de Griknott… Tu as dû recevoir le message, oui-oui ?
-Peut-être, dit le maître corrupteur d’un air pensif en se curant les crocs.
-Dans ce cas, parlons-couinons du plan d’attaque, hmm ? »
« Est-ce que ces galeries ont une fin ? s’insurgea Holger en agitant ses bras de rage.
-Taisez-vous, bon sang ! lâcha Sieghilde entre ses dents. Vous voulez alerter tous les hommes-rats de la région ?
-Et si c’était le cas ? Au moins, on en trouvera plus facilement si on les attire ! »
Sieghilde soupira en levant les yeux au ciel devant tant d’obstination. Elle le savait bien, son confrère était à bout de nerfs et il lui fallait quelque chose à incendier sous peu pour se calmer. Mais quand il était dans cet état-là, on avait bien vite l’impression d’essayer de raisonner un mur, ce qui pouvait se révéler frustrant dans les situations difficiles. D’ailleurs, devant l’absence de réponse de la prêtresse-guerrière, Holger ne se gêna pas pour continuer son pamphlet.
« Si vous avez une meilleure idée, allez-…
-Fermez-la, grogna sobrement le nordique qui s’était retourné à demi. »
La phrase du norse avait été suffisamment menaçante pour leur faire comprendre à tous les deux qu’il valait mieux suivre son conseil. Apparemment, ils ne suivaient pas le nordique, ils avaient plutôt été « autorisé » à rejoindre sa traque, rien de plus.
L’impériale se retint de maugréer un juron à son tour. Déjà que l’ambiance n’était pas au beau fixe, voilà que le norse s’y mettait aussi. Fantastique. Maintenant, elle se demandait combien de temps il allait falloir avant qu’un des bourrins ci-présents ne se décide à courir en ligne droite tout en hurlant pour se défouler… S’ils ne rencontraient pas des skavens sous peu, leur expédition allait vite tourner au désastre, s’inquiéta Sieghilde.
Après un énième détour dans le boyau qui leur semblait interminable, ils débouchèrent enfin sur une caverne. Mais les odeurs de brûlés qui se répandaient depuis ledit lieu avaient rapidement eu raison de leur enthousiasme avant même qu’ils ne sortent de leur tunnel. En effet, malgré tous leurs détours dans ce maudit passage annexe, ils en étaient revenus au point de départ dans la grotte aux teintures noires carbonisées.
« Mais… ! s’exclama Holger
-Ah, pas un mot ! aboya Hjalmar qui devait être tout autant à bout de nerfs que le répurgateur. »
S’ensuivit alors un silence lourd durant lequel personne ne parla. Il fallait laisser retomber la frustration avant de prendre une décision. Partir bille-en-tête dans un terrain inconnu n’allait pas être en leur faveur et ce détour inutile en était une preuve édifiante.
Toujours en silence, ils se mirent à arpenter la petite caverne d’un commun accord, pour essayer de repérer un signe quelconque qui pourrait les conduire vers quelque part d’utile. Par précaution, ils étudièrent les symboles gravés dans la roche autour du premier tunnel qu’ils avaient empruntés et de celui d’où ils étaient arrivés. Leur hypothèse fut simple, si on évitait les entrées avec ces symboles, on devait bien trouver quelque chose de nouveau. C’était typiquement hasardeux, mais ils n’avaient pas mieux pour essayer de comprendre la psychologie architecturale skaven. Une fois le recoupement effectué, ils choisirent un des rares tunnels sans aucun des symboles précédents et ils s’y engouffrèrent aussitôt. Autant ne pas attendre plus longtemps de toute manière, se disaient-ils. Le plus tôt ils sortaient d’ici, le mieux ce serait.
Après quelques minutes, ils arrivèrent dans une cavité un peu particulière. De petites colonnes de pierres naturelles habitaient la caverne qui ne faisait que quelques mètres de large. Leur mouvement n’était pas vraiment gêné pour la traverser, mais ils préférèrent prendre leur temps vu que leur ligne de vue était occultée par endroit. Et ils eurent bien raison, car au moment où ils étaient entrés dans la caverne, toute une série de grattements et de couinements se fit entendre de l’autre côté.
Les trois compagnons se raidirent en entendant cela. Ils avaient enfin trouvé des skavens, mais, comme ils n’avaient pas le temps d’éteindre leur torche, ils allaient perdre l’effet de surprise. Et cela ne manqua pas, car à peine quelques secondes plus tard un cri aigu retentit :
« Intrus-intrus ! Capturez ! »
Suivant le cri d’alerte, toute une foule de couinements enragés retentirent et ce qui leur parut être un grand nombre d’hommes-rats convergea vers leur position. Le trio sortit ses armes, prêt à recevoir la charge et les impériaux se placèrent dos à dos. Hjalmar, lui, semblait vouloir s’en prendre seul à l’ennemi et à main nues, faute de lames à utiliser.
La horde ne se fit pas attendre pour autant et la torche d’Holger finit enfin par éclairer les premiers hommes-rats qui rentraient dans son cercle lumineux orangé. Portant des armures rouges et des boucliers, ces guerriers des clans étaient en bien meilleur état que les misérables esclaves qu’ils avaient pu rencontrer jusqu’alors. Les marteaux de Sieghilde chantèrent peu de temps après et versèrent le premier sang, suivi par la dague longue du répurgateur. Ce dernier ne pouvait pas utiliser mieux puisque l’endroit était trop exigu pour son marteau-fléau à cause des colonnes et trop sombre pour tirer. De plus, il portait une torche avec sa main droite. Mais la petite lame fit des merveilles sur les gorges trop à découvert des premiers rongeurs guerriers. Hjalmar, lui, se contentait de leur décocher des crochets ou des coups de solerets à tout va pour repousser les assaillants méthodiquement.
Devant les pertes grandissantes, les hommes-rats finirent par reculer et terminer leur encerclement du groupe en bloquant même le boyau d’où ils étaient venus. Ils abaissèrent une série de lances et commencèrent à les harceler sans relâche jusqu’à ce que mort s’ensuive. Or, Hjalmar, qui était toujours aussi imprévisible, agrippa une des lances et désarma son adversaire pour s’en servir comme moyen de contre-attaque.
Cependant, alors que la formation des skavens s’en retrouvait ébranlé et que la victoire semblait à portée, un couinement plus grave et puissant se fit entendre. Aussitôt, certains skavens sautèrent en arrière pour laisser passer une forme rouge plus grosse que les autres guerriers. Armé d’un bouclier triangulaire cerclé d’acier, d’une armure lourde complète d’un rouge vif et d’une épée grossière mais à l’apparence solide, une sorte de haut-gradé venait d’entrer dans le combat. Profitant de sa vitesse surhumaine, il s’abattit sur Holger avant que quiconque ne puisse faire quoi que ce soit et lui décocha un coup de la tranche de son bouclier en plein visage. Le répurgateur fut sonné par le choc et en lâcha sa torche qui roula sur le sol. Opportuniste, un guerrier sauta sur le flambeau et l’éteignit en le piétinant avec force cris de douleurs. Mais maintenant, la totalité de la cave était dans l’obscurité.
Tout ce que le trio pu voir fut une multitude de petits yeux rouges qui les regardaient avec malice. Il y eu un grand cri annonçant une charge massive, puis plus rien.
Après une période de temps indéterminée, Sieghilde fut réveillée par la rencontre aussi inattendue que brutale entre son visage et le sol rocailleux. Tout en gémissant, la prêtresse essaya d’ouvrir les yeux, mais la douleur des coups qu’elle avait pris les fit se refermer. Se relever fut tout aussi ardu puisqu’à peine s’était-elle vaguement décollée du sol qu’une hampe en bois lui enfonça le flanc plusieurs fois. Après être retombée lourdement au sol avec un cri, la prêtresse-guerrière entendit une voix éraillée lui crier :
« Pas bouger-se lever, chose-homme ! Chef Griknott a dit-dit ! »
C’est à ce moment-là que la mémoire de la prêtresse revint dans un flash. Ils avaient été capturés par les hommes-rats. La réalisation eu l’effet d’une douche froide pour Sieghilde qui en écarquilla aussitôt les yeux. Tel un animal blessé, elle tenta à nouveau de se relever avec précipitation, mais la hampe du guerrier des clans qui la surveillait revint à la charge. Après un coup en pleine tempe, Sieghilde reparti s’étaler sur le sol dans un fracas métallique à cause de son armure de plates. Ce coup à la tête sonna complètement l’impériale qui ne perçu que des sons distordus pendant quelques secondes avant qu’elle n’arrive à reprendre ses esprits.
Comprenant qu’elle n’arriverait à rien pour le moment, la prêtresse se résigna à rester au sol. Son corps entier la faisait encore trop souffrir pour tenter quoi que ce soit de toute manière. Ainsi allongée par terre, elle essaya de regarder ses environs. Bien évidemment, elle n’avait plus d’armes. A côté d’elle se tenait un garde skaven, qui était lui aussi en armure rouge. Apparemment, ils étaient dans une espèce de tente branlante mais pourtant spacieuse et remplie de drapeaux miteux qui arboraient tous un symbole noir sur fond rouge, une sorte de grand M stylisé. Le même genre de symbole que l’on trouvait sur les armures ou les boucliers des soldats skavens. L’endroit était faiblement éclairé par tout une série de lumières vertes qui passaient dans des tuyaux étranges.
Tournant la tête, Sieghilde aperçut Holger qui était adossé à la paroi derrière elle, lui aussi était surveillé par un garde. Le répurgateur affichait une mine grave, voire colérique, sa pommette droite était sacrément contusionnée et même un peu ouverte puisque sa joue droite était recouverte de traces de sang caillé. Quand il vit que Sieghilde était réveillée, il lui décocha cependant un petit sourire triste. Comme quoi même dans l’adversité, Holger restait lui-même. Le répurgateur adressa ensuite un signe rapide du menton dans une direction que la prêtresse suivit du regard.
Un peu loin dans la salle, au centre, se trouvait Hjalmar. Il était à genoux, les mains dans le dos et nouées par une sorte de corde. Une bonne demi-douzaine de gardes avait leurs lances pointées sur la gorge du nordique. Elle ne le voyait que de dos, mais au vu de sa posture droite, les skavens n’avaient pas dû réussir à lui faire bien grand mal.
Soudain, trois gardes entrèrent et se mirent au garde-à-vous. Aussitôt, les autres gardes dans la pièce en firent de même, sauf ceux autour de Hjalmar qui se contentèrent de baisser leurs museaux en signe de respect. C’est alors que celui qui devait être leur supérieur entra dans la tente.
Sieghilde ne l’avait qu’entre-aperçu plus tôt, mais elle le reconnu aussitôt. L’imposant skaven en armure lourde à la fourrure noire qui se tenait dans l’embrasure était celui qui avait précipité leur capture. La série de pics agrémenté de divers crânes qui se tenaient dans son dos le rendaient encore plus impressionnant surtout qu’il devait être aussi grand qu’Holger. Il leur lança un regard rapide et méprisant avant de lever une patte vers les gardes du fond de la tente.
« Amenez-les ! cracha-t-il avant de s’avancer. »
Lesdits gardes s’exécutèrent avec force coups de hampes et après quelques instants, Sieghilde et Holger avaient rejoint Hjalmar, à genoux au milieu de la pièce. Maintenant qu’elle arrivait à le voir de face, elle s’aperçut que l’armure du norse avait plutôt soufferte, mais que lui-même allait bien, si ce n’était un beau bleu sur le front.
« Mon nom est Griknott ! couina le chef skaven sur un ton militaire. Du grand clan Mors ! »
Maintenant que sa présentation avait été effectuée, Griknott prit plusieurs secondes à observer ses prisonniers. Il regardait particulièrement Hjalmar.
« Vous êtes des-des proies difficiles… Beaucoup de mes guerriers sont morts-morts à cause de lui-lui ! »
Le nordique en eu un ricanement moqueur. Ceci ne plut pas à Griknott qui, après avoir retroussé ses babines pour montrer ses dents, récupéra une lance et envoya un coup de hampe en plein visage à Hjalmar. Le norse ne semblait pas vraiment gêné par cela, mais il arrêta de rire.
« Silence-Silence ! » - Le chef du clan Mors calma sa respiration haletante, puis redonna la lance à son subordonné. – « Le clan Eshin, vous avez brulé ? Vous veniez de là-bas quand je vous-vous ai trouvés choses-hommes.
-Je n’vois pas de quoi tu parles, grommela Holger. »
Cette fois, Griknott utilisa son pied gauche pour rabattre le caquet d’Holger qui partit violemment en arrière sous le choc. Il fut rattrapé par les gardes qui le ramenèrent brutalement sur ses genoux, brinquebalant et encore sonné. Sa joue s’était rouverte et un filet de sang avait commencé à couler à nouveau.
« Insolent chose-homme ! … C’était donc bien Thyroax, murmura-t-il méchamment entre ses crocs. »
L’attention du skaven se reporta vers Hjalmar. Il prit le visage du norse et le bougea dans divers angles pour l’étudier.
« Tu étais dans le-le malerail ?
-Si tu parles de votre engin souterrain, ouais… »
Griknott en lâcha le norse de surprise. Puis sa surprise se mua en rage. Apparemment cette nouvelle l’insupportait au plus haut point puisqu’il se mit à gigoter dans tous les sens en criant.
« Raah ! Il m’a menti-floué !! Le traître ! Je le tuerais-dépècerais cet incapable ! … Mais en temps voulu… »
La respiration rauque, Griknott se tenait voûté, l’air prêt à déchiqueter le premier impertinent qui lui tomberait sous la main. Manque de chance pour ledit impertinent, il arriva dans la tente en courant à travers le rideau de tissu.
« Maître-maître ! Thyroax est…
-Graaaah ! »
Dégainant sa lame, Griknott décapita le messager skaven aussitôt avant de commencer à s’acharner sur son cadavre. Une fois que le sol eut définitivement prit une nouvelle couleur noirâtre et qu’il ne restait du skaven qu’un tas de chairs sanguinolentes, Griknott s’arrêta enfin. Mais au moment où il se releva, il comprit enfin le nom que le messager avait prononcé avant de mourir : Thyroax. Quelque chose se passait avec Thyroax.
« Amenez-les dehors, vite-vite ! ordonna-t-il. »
Avec un couinement inquiet, Griknott sortit de la tente en trombe, son arme toujours à la main, sous les regards perdus de ses soldats. Le chef du clan Mors bougea son museau dans tous les sens, son regard progressivement paniqué cherchant une quelconque trace du maudit technomage.Et il le trouva. Les préparatifs pour l’invasion allaient bon train et l’armée du clan Skryre s’était positionnée sur la montée en face de son clan. Ce qui était sacrément moins normal, était que le clan Skryre était en train de descendre un canon à malefoudre ici alors qu’ils devaient rester en haut pour pilonner la cité des choses-hommes. Quelque chose n’allait donc pas ici.
Ensuite, une série de cris gutturaux se firent entendre et Griknott se retourna vers eux. Devant ses yeux horrifiés, les monstres du clan Moulder étaient en train de charger vers son camp depuis l’autre côté. Puis, le boucan caractéristique d’un malerail en train d’arriver lui parvint depuis le tunnel rénové il y a peu… Il était pris en tenaille ! C’était un complot contre lui et son clan ! Mais surtout lui, à n’en pas douter.
Déjà, ses troupes étaient en train de converger vers les trois différents fronts, mais la bataille s’annonçait très mal même si leurs effectifs étaient les plus importants. Avec les préparatifs, ils n’avaient même pas suspecté les mouvements de troupes !
Hors de lui, Griknott hurla de rage un cri qui se réverbéra dans une bonne partie de la caverne.
Un peu plus tôt, dans les tunnels humides qui s’étendaient sous la capitale Talabaclandaise, trois personnes se dirigeaient à la lueur d’une torche improvisée. Sieghilde et Holger suivaient ainsi Hjalmar qui menait la marche puisqu’il était en train de pister l’assassin d’un œil expert rompu à la traque. Et Sieghilde devait bien le reconnaître, sans le norse, ils n’auraient jamais retrouvé le skaven vu que ce dernier laissait aussi peu de traces qu’un fantôme.
Au détour d’un carrefour, Hjalmar, qui devait se tenir penché à cause de la petite taille des tunnels, leva son bras pour indiquer l’arrêt. Il farfouilla à ses pieds, récupéra quelque chose qui ressemblait vaguement à quelques poils courts et, après un hochement de tête, reprit sa marche en tournant à gauche. Les impériaux suivirent sans rien dire, restant aux aguets.
Le manège dura ainsi pendant plusieurs minutes et de nombreux détours furent prit après diverses analyses. Mais, en arrivant dans une caverne plus grande d’où partait une bonne dizaine de tunnels - d’après ce qu’ils en apercevaient à la lueur de leur torche - Hjalmar laissa échapper un grognement.
« Un problème ? murmura Sieghilde qui tenait continuellement un de ses marteaux en main.
-Je l’ai perdu, grogna le norse. On va devoir continuer à l’aveuglette maintenant… Foutu rat. »
Holger pesta à son tour et s’avança dans la caverne pour l’étudier. Il savait pertinemment qu’il ne trouverait rien, le norse était trop compétent pour se tromper dans ce domaine. Mais il avait toujours l’espoir et l’obstination pour continuer à chercher quelque chose. Ainsi, pendant que le répurgateur enchaînait les jurons de l’autre côté de la caverne, Sieghilde s’approcha du nordique. Ce dernier s’était assis et, après avoir scruté les environs pour trouver un chemin à suivre, se mit à étudier diverses parties de son corps. Il regardait entre les déchirures dans ses vêtements et fronçait les sourcils quand il ne voyait pas de blessures apparente.
« Vous m’avez dit pourquoi vous nous suiviez, commença Sieghilde qui s’était assise à ses côtés. Mais, je ne sais toujours pas comment vous nous avez retrouvé dans le Suif.
-Une sorte d’intuition, grommela Hjalmar.
-C’est votre intuition qui vous a fait sortir des tunnels skavens sous Talabheim et venir exactement jusqu’à l’endroit où vous êtes réapparu dans notre monde ? »
Le norse soupira longuement, ferma les yeux et rabaissa son bras gauche qu’il était en train d’observer. Puis, il se tourna à demi vers la prêtresse-guerrière. Sieghilde remarqua alors que Hjalmar avait surtout l’air fatigué à vrai dire.
« Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai été… comme guidé inconsciemment vers l’endroit. Voilà, comme ça. Je savais juste que je devais y aller. Aucune idée de pourquoi, ni comment. Et une fois là-bas, ce besoin avait mystérieusement disparu.
-C’est… définitivement étrange. Avez-vous entendu des voix récemment ? »
Le norse sembla hésiter l’espace d’un instant avant de jeter un œil aux entailles dans ses vêtements. Plus précisément, là où malgré les tissus imbibés de sang aucune blessure apparente n’était présente.
« Si je réponds oui, qu’est-ce que ça implique ? Pour autant que je me souvienne, j’ai entendu mes « dieux » pendant longtemps et ce n’était pas un problème… Même si ça c’est de l’histoire ancienne.
-Cela pourrait indiquer l’influence d’un démon ou quelque chose du genre. Vous êtes revenu des royaumes chaotiques en vie et sans mutation ou fanatisme envers les dieux noirs. C’est une première pour ce que j’en sais. Mais cela n’exclue pas la possibilité de séquelles. »
Hjalmar resta silencieux, le regard dans le vague. Il semblait penser à quelque chose.
« En tout cas, reprit Sieghilde. Si quelque chose vous parle, ne l’écoutez pas. Quoi que ce soit, ce n’est rien de plus qu’une illusion.
-Oh, il est bien réel malheureusement… »
En entendant cela, Sieghilde se prépara à enchainer sur une autre question à ce propos, mais un cri de Holger attira leur attention.
« J’ai entendu une explosion ! Par-là ! »
Et le répurgateur, impatient comme toujours, s’engouffra dans le tunnel qu’il pointait du doigt, torche à la main. Sieghilde en oublia les dires de Hjalmar et se lança à la poursuite de son collègue. Le norse, après quelques secondes, partit à leur suite en jurant contre quelque chose dans sa langue natale.
Le quartier du clan Skryre était situé quelque peu en hauteur par rapport au reste du terrier. Pour vous représenter cette notion d’altitude, imaginez-vous une sorte de grand U aux bords malformé qui se tiendrait dans le Taalbastion et donc dans les montagnes formant le cratère de Talabheim.
En bas, dans le creux, se situait le gros du terrier avec le quartier du clan Mors, le malerail et les restes maintenant fumants du clan Eshin. Sur la branche gauche du U, à hauteur du Suif environ, se tenait la principale porte de sortie de l’invasion, détenue par le clan Moulder. Et sur la branche droite, qui elle remontait bien plus haut dans le Taalbastion, était installée le clan Skryre, tout en haut d’une série d’échafaudages grimpants. Ainsi, le clan des ingénieurs fous possédait une vue impeccable sur la cité du cratère. Et par vue impeccable, cela signifiait un champ de tir gigantesque pour une batterie de canons à malefoudre.
Thyroax, toujours entouré par sa garde, allait au pas de course. C’est qu’il devait atteindre le couineloin installé ici par les ingénieurs du clan au plus vite. Mais, sur le chemin ascendant, il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil auxdits canons à malefoudre qui patientait là justement. La batterie au grand complet regardait des pans de roches fragilisées au préalable qui devaient être détruit lors du moment opportun pour dévoiler la cité en contrebas. Même s’il était légèrement paniqué, Thyroax trouvait toujours aussi réconfortante la vue de tels engins de guerre.
Le technomage arracha enfin son regard des canons en entendant les cliquetis et autres bruits métalliques qui lui indiquait la présence toute proche d’un laboratoire de son glorieux clan. Ils étaient enfin arrivés à destination. Maintenant un brin plus rassuré en entendant la cacophonie absurde parsemée des cris des assistants en train de mourir, Thyroax s’engagea dans le laboratoire sous les salutations et compliments des ingénieurs qui le voyaient passer.
L'endroit était un fatras incompréhensible et bordélique au possible avec une non-organisation toute skaven. Quelques lumières d’un vert vif indiquaient la haute teneur en malepierre du lieu. Il fallut ainsi plusieurs minutes au technomage pour atteindre le couineloin à force d’éviter les étincelles et autres explosions mineures. Une fois arrivé là-bas et après avoir couiné quelques ordres, ladite machine fut mise en œuvre et Thyroax fut laissé seul devant l’engin et son miroir étrange. Bien vite, une image se forma à partir des volutes de fumée éthérés et Thyroax s’aplatit au sol aussitôt.
« Ô grand et omniscient artificier, je… !
-Ikit la gri…fe est en réunion pour le moment. Rappelez-parlez plus tard. »
Thyroax s’en redressa aussitôt avec un air ahuri.
« Quoi-quoi ? Réunion ? Comment ça réunion ?
-Le seigneur du grand cl… Skryre n’est pas-pas disponible. Honorez le Rat Cornu et laissez-dites un couinement ap…rès le squeeek… *Squeeek*»
En guise de réponse, le technomage adressa ainsi au messager un regard vide digne d’un troll s’essayant à la poésie scaldique. Après quelques secondes de silence pesant, Thyroax tenta de prononcer quelque chose :
« Je…
-Le couinement a été … gistré. Il sera dit-dit au grand Ikit la…
-Je suis THYROAX ! hurla subitement le skaven qui venait de sortir de ses gonds. Technomage de haut-haut rang et envoyé d’Ikit ! Et au génial seigneur du clan Skryre, j’exige de parler maintenant ! »
La menace subite eu apparemment son effet puisque la forme du messager disparu aussitôt du miroir. Il sembla à Thyroax que des cris effrayés provenaient du couineloin. Que ce soit le cas ou non, un si beau son eu raison des velléités du technomage qui se calma lentement. Quelques minutes plus tard, une autre forme apparut dans le miroir.
« Quoi-quoi ? »
Le ton mécanique et rauque ne laissa aucun doute sur l’identité de son interlocuteur et Thyroax s’étala à nouveau museau contre terre dans l’instant.
« Ô grand…
-J’aime toujours aut… tes supplications Thyroax. Mais-mais je n’ai pas le temps pour ça.
-Oh... Heum… Je viens vous apporter de terribles-mauvaises nouvelles maître ! Griknott du clan Mors veut ma mort-mort !
-Et ?
-Et… Et c’est… Heu… Problématique-ennuyeux pour l’invasion ? tenta timidement Thyroax qui venait de se rappeler que son maître se moquait bien de son sort.
-L’invasion ? Elle a été …
-Quoi-quoi grand maître ? Je vous entends-comprends mal ?
-…A été annulée ! »
Thyroax réitéra son numéro fabuleux du regard vide pendant quelques secondes.
« Mais… On attaque ce soir-soir !
-Morskittar m’a dit-dit que le cons… à mal prit la mort de Gratchol. Ils veulent annuler ...vasion.
-Pourquoi n’ai-je pas reçu-eu de message !
-La décision… récente ! Et je n’ai pas pu te …oindre de la journée. L’envoyé du clan Moulder va … au courant aussi. Le seigneur Ronj a tenté …que chose dans l’Empire, mais il a été trop avide-idiot. Il sera forcé …désavouer Griknott… Conseil a ordonné sa mort. Occupe-t’en.
-Et l’invasion des choses-hommes ? paniqua Thyroax qui ne comprenait plus grand-chose.
-Elle attendra. Installe le …rrier en attendant. Des renforts arriveront-viendront … malerail dans quelques heures pour tuer Grik… Ne me déçois pas. »
Et c’est sur cette ultime menace que la communication se coupa, laissant Thyroax désemparé devant la nouvelle tournure des évènements. Il allait devoir tuer Griknott ? Mais comment ? Les forces du clan Mors étaient bien plus nombreuses ! Il pouvait bien utiliser ses machines de guerre, mais les amener en bas allait prendre du temps… Temps qu’il pouvait gagner en utilisant le clan Moulder. Si le clan Skryre et Moulder attaquaient en même temps des deux côtés, ils avaient une chance. Si on rajoute les renforts par malerail, il y avait moyen de faire quelque chose. Mais cela allait demander une sacrée coordination. Et vite puisque le temps était compté avant que Griknott ne comprenne ce qu’il se passait. En tout cas, il allait falloir agir avant le début de l’invasion. L’effet de surprise devait rester leur arme principale contre les choses-hommes. Donc les avertir avec un début d’assaut du clan Mors n’allait pas arranger les plans de son maître.
Thyroax se retourna et laissa le couineloin qui sifflait doucement dans la salle. Même si cela le répugnait, il allait devoir rencontrer Turglok. L’autre problème était qu’il allait devoir passer deux fois au travers du camp du clan Mors. La première fois devait pouvoir passer, mais la deuxième…
A moins que…
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? demanda Sieghilde. »
A cette question, ni Holger, ni Hjalmar n’avait une réponse. En même temps, il était difficile d’expliquer la combustion spontanée de ce qui semblait être un terrier skaven couvert de tissus noirs.
« Sincèrement, je m’en moque, lâcha Hjalmar. Ça fait toujours des thaggoraki en moins et, pour ce que j’en sais, je crois que c’était la tanière des assassins que l’on poursuivait.
-Bonne nouvelle alors, maugréa Holger. Mais on a toujours aucune preuve de leur présence en ces lieux. »
En disant cela, le répurgateur avait pointé du pied des flaques noirâtres qui devaient être les restes des coureurs d’égouts du clan Eshin.
« Continuons alors, dit Sieghilde après une longue inspiration. »
Deux heures plus tard, Turglok, qui était avachi dans sa litière personnelle tout en mâchonnant un morceau d’esclave un peu trop sec à son goût, reçut la visite d’un de ses subordonnés. Ce dernier avait l’air plus agité que d’habitude et son museau atrophié gigotant trahissait une certaine angoisse.
« Seigneur… Vous avez-avez des visiteurs.
-Qui-qui ? cracha (littéralement) Turglok.
-Thyroax, mon maître… Ils ont creusé une galerie-tunnel avec leur machine jusqu’ici. »
Lorsqu’il comprit les dires de son serviteur, Turglok en lâcha le tibia qu’il tenait et se redressa aussitôt – ce qui signifiait qu’il avait gagné quelques centimètres de position assise.
« Emmenez-moi ! Maintenant-tout de suite ! »
Une foule d’esclaves apparu aussitôt de tous les recoins de la tente du clan Moulder. Tous ensemble, ils se jetèrent sur la litière de guerre pour la soulever avec difficulté avant d’emmener leur souverain à l’extérieur. Il fallut à Turglok une bonne série de coups de fouets pour arriver à bon port, mais il rejoignit assez vite l’endroit où se tenait maintenant un trou béant de deux mètres de diamètre aux orées de son camp. Aux alentours, une petite délégation du clan Skryre entourait un engin fumant en forme de cône, sûrement une des foreuses à malepierre du clan de Thyroax, se dit le maître corrupteur avec mépris.
« Turglok ! couina joyeusement l’intéressé en le voyant arriver. Quel plaisir-joie de te voir, ô grand mutateur parmi les mutateurs ! »
Devant un tel compliment, Turglok ne put même pas répliquer pour demander à Thyroax ce qu’il pouvait ficher ici. A vrai dire, il s’était senti flatté par la remarque. Affichant alors un sourire idiot, Turglok indiqua d’un signe de main que Thyroax pouvait continuer.
Le technomage sourit à son tour, mais de manière discrète. Il ne lui avait fallu qu’un seul faux compliment pompeux pour arriver à ses fins. Comme quoi, cela allait être encore plus facile que prévu finalement.
« J’ai à te parler de Griknott… Tu as dû recevoir le message, oui-oui ?
-Peut-être, dit le maître corrupteur d’un air pensif en se curant les crocs.
-Dans ce cas, parlons-couinons du plan d’attaque, hmm ? »
« Est-ce que ces galeries ont une fin ? s’insurgea Holger en agitant ses bras de rage.
-Taisez-vous, bon sang ! lâcha Sieghilde entre ses dents. Vous voulez alerter tous les hommes-rats de la région ?
-Et si c’était le cas ? Au moins, on en trouvera plus facilement si on les attire ! »
Sieghilde soupira en levant les yeux au ciel devant tant d’obstination. Elle le savait bien, son confrère était à bout de nerfs et il lui fallait quelque chose à incendier sous peu pour se calmer. Mais quand il était dans cet état-là, on avait bien vite l’impression d’essayer de raisonner un mur, ce qui pouvait se révéler frustrant dans les situations difficiles. D’ailleurs, devant l’absence de réponse de la prêtresse-guerrière, Holger ne se gêna pas pour continuer son pamphlet.
« Si vous avez une meilleure idée, allez-…
-Fermez-la, grogna sobrement le nordique qui s’était retourné à demi. »
La phrase du norse avait été suffisamment menaçante pour leur faire comprendre à tous les deux qu’il valait mieux suivre son conseil. Apparemment, ils ne suivaient pas le nordique, ils avaient plutôt été « autorisé » à rejoindre sa traque, rien de plus.
L’impériale se retint de maugréer un juron à son tour. Déjà que l’ambiance n’était pas au beau fixe, voilà que le norse s’y mettait aussi. Fantastique. Maintenant, elle se demandait combien de temps il allait falloir avant qu’un des bourrins ci-présents ne se décide à courir en ligne droite tout en hurlant pour se défouler… S’ils ne rencontraient pas des skavens sous peu, leur expédition allait vite tourner au désastre, s’inquiéta Sieghilde.
Après un énième détour dans le boyau qui leur semblait interminable, ils débouchèrent enfin sur une caverne. Mais les odeurs de brûlés qui se répandaient depuis ledit lieu avaient rapidement eu raison de leur enthousiasme avant même qu’ils ne sortent de leur tunnel. En effet, malgré tous leurs détours dans ce maudit passage annexe, ils en étaient revenus au point de départ dans la grotte aux teintures noires carbonisées.
« Mais… ! s’exclama Holger
-Ah, pas un mot ! aboya Hjalmar qui devait être tout autant à bout de nerfs que le répurgateur. »
S’ensuivit alors un silence lourd durant lequel personne ne parla. Il fallait laisser retomber la frustration avant de prendre une décision. Partir bille-en-tête dans un terrain inconnu n’allait pas être en leur faveur et ce détour inutile en était une preuve édifiante.
Toujours en silence, ils se mirent à arpenter la petite caverne d’un commun accord, pour essayer de repérer un signe quelconque qui pourrait les conduire vers quelque part d’utile. Par précaution, ils étudièrent les symboles gravés dans la roche autour du premier tunnel qu’ils avaient empruntés et de celui d’où ils étaient arrivés. Leur hypothèse fut simple, si on évitait les entrées avec ces symboles, on devait bien trouver quelque chose de nouveau. C’était typiquement hasardeux, mais ils n’avaient pas mieux pour essayer de comprendre la psychologie architecturale skaven. Une fois le recoupement effectué, ils choisirent un des rares tunnels sans aucun des symboles précédents et ils s’y engouffrèrent aussitôt. Autant ne pas attendre plus longtemps de toute manière, se disaient-ils. Le plus tôt ils sortaient d’ici, le mieux ce serait.
Après quelques minutes, ils arrivèrent dans une cavité un peu particulière. De petites colonnes de pierres naturelles habitaient la caverne qui ne faisait que quelques mètres de large. Leur mouvement n’était pas vraiment gêné pour la traverser, mais ils préférèrent prendre leur temps vu que leur ligne de vue était occultée par endroit. Et ils eurent bien raison, car au moment où ils étaient entrés dans la caverne, toute une série de grattements et de couinements se fit entendre de l’autre côté.
Les trois compagnons se raidirent en entendant cela. Ils avaient enfin trouvé des skavens, mais, comme ils n’avaient pas le temps d’éteindre leur torche, ils allaient perdre l’effet de surprise. Et cela ne manqua pas, car à peine quelques secondes plus tard un cri aigu retentit :
« Intrus-intrus ! Capturez ! »
Suivant le cri d’alerte, toute une foule de couinements enragés retentirent et ce qui leur parut être un grand nombre d’hommes-rats convergea vers leur position. Le trio sortit ses armes, prêt à recevoir la charge et les impériaux se placèrent dos à dos. Hjalmar, lui, semblait vouloir s’en prendre seul à l’ennemi et à main nues, faute de lames à utiliser.
La horde ne se fit pas attendre pour autant et la torche d’Holger finit enfin par éclairer les premiers hommes-rats qui rentraient dans son cercle lumineux orangé. Portant des armures rouges et des boucliers, ces guerriers des clans étaient en bien meilleur état que les misérables esclaves qu’ils avaient pu rencontrer jusqu’alors. Les marteaux de Sieghilde chantèrent peu de temps après et versèrent le premier sang, suivi par la dague longue du répurgateur. Ce dernier ne pouvait pas utiliser mieux puisque l’endroit était trop exigu pour son marteau-fléau à cause des colonnes et trop sombre pour tirer. De plus, il portait une torche avec sa main droite. Mais la petite lame fit des merveilles sur les gorges trop à découvert des premiers rongeurs guerriers. Hjalmar, lui, se contentait de leur décocher des crochets ou des coups de solerets à tout va pour repousser les assaillants méthodiquement.
Devant les pertes grandissantes, les hommes-rats finirent par reculer et terminer leur encerclement du groupe en bloquant même le boyau d’où ils étaient venus. Ils abaissèrent une série de lances et commencèrent à les harceler sans relâche jusqu’à ce que mort s’ensuive. Or, Hjalmar, qui était toujours aussi imprévisible, agrippa une des lances et désarma son adversaire pour s’en servir comme moyen de contre-attaque.
Cependant, alors que la formation des skavens s’en retrouvait ébranlé et que la victoire semblait à portée, un couinement plus grave et puissant se fit entendre. Aussitôt, certains skavens sautèrent en arrière pour laisser passer une forme rouge plus grosse que les autres guerriers. Armé d’un bouclier triangulaire cerclé d’acier, d’une armure lourde complète d’un rouge vif et d’une épée grossière mais à l’apparence solide, une sorte de haut-gradé venait d’entrer dans le combat. Profitant de sa vitesse surhumaine, il s’abattit sur Holger avant que quiconque ne puisse faire quoi que ce soit et lui décocha un coup de la tranche de son bouclier en plein visage. Le répurgateur fut sonné par le choc et en lâcha sa torche qui roula sur le sol. Opportuniste, un guerrier sauta sur le flambeau et l’éteignit en le piétinant avec force cris de douleurs. Mais maintenant, la totalité de la cave était dans l’obscurité.
Tout ce que le trio pu voir fut une multitude de petits yeux rouges qui les regardaient avec malice. Il y eu un grand cri annonçant une charge massive, puis plus rien.
Après une période de temps indéterminée, Sieghilde fut réveillée par la rencontre aussi inattendue que brutale entre son visage et le sol rocailleux. Tout en gémissant, la prêtresse essaya d’ouvrir les yeux, mais la douleur des coups qu’elle avait pris les fit se refermer. Se relever fut tout aussi ardu puisqu’à peine s’était-elle vaguement décollée du sol qu’une hampe en bois lui enfonça le flanc plusieurs fois. Après être retombée lourdement au sol avec un cri, la prêtresse-guerrière entendit une voix éraillée lui crier :
« Pas bouger-se lever, chose-homme ! Chef Griknott a dit-dit ! »
C’est à ce moment-là que la mémoire de la prêtresse revint dans un flash. Ils avaient été capturés par les hommes-rats. La réalisation eu l’effet d’une douche froide pour Sieghilde qui en écarquilla aussitôt les yeux. Tel un animal blessé, elle tenta à nouveau de se relever avec précipitation, mais la hampe du guerrier des clans qui la surveillait revint à la charge. Après un coup en pleine tempe, Sieghilde reparti s’étaler sur le sol dans un fracas métallique à cause de son armure de plates. Ce coup à la tête sonna complètement l’impériale qui ne perçu que des sons distordus pendant quelques secondes avant qu’elle n’arrive à reprendre ses esprits.
Comprenant qu’elle n’arriverait à rien pour le moment, la prêtresse se résigna à rester au sol. Son corps entier la faisait encore trop souffrir pour tenter quoi que ce soit de toute manière. Ainsi allongée par terre, elle essaya de regarder ses environs. Bien évidemment, elle n’avait plus d’armes. A côté d’elle se tenait un garde skaven, qui était lui aussi en armure rouge. Apparemment, ils étaient dans une espèce de tente branlante mais pourtant spacieuse et remplie de drapeaux miteux qui arboraient tous un symbole noir sur fond rouge, une sorte de grand M stylisé. Le même genre de symbole que l’on trouvait sur les armures ou les boucliers des soldats skavens. L’endroit était faiblement éclairé par tout une série de lumières vertes qui passaient dans des tuyaux étranges.
Tournant la tête, Sieghilde aperçut Holger qui était adossé à la paroi derrière elle, lui aussi était surveillé par un garde. Le répurgateur affichait une mine grave, voire colérique, sa pommette droite était sacrément contusionnée et même un peu ouverte puisque sa joue droite était recouverte de traces de sang caillé. Quand il vit que Sieghilde était réveillée, il lui décocha cependant un petit sourire triste. Comme quoi même dans l’adversité, Holger restait lui-même. Le répurgateur adressa ensuite un signe rapide du menton dans une direction que la prêtresse suivit du regard.
Un peu loin dans la salle, au centre, se trouvait Hjalmar. Il était à genoux, les mains dans le dos et nouées par une sorte de corde. Une bonne demi-douzaine de gardes avait leurs lances pointées sur la gorge du nordique. Elle ne le voyait que de dos, mais au vu de sa posture droite, les skavens n’avaient pas dû réussir à lui faire bien grand mal.
Soudain, trois gardes entrèrent et se mirent au garde-à-vous. Aussitôt, les autres gardes dans la pièce en firent de même, sauf ceux autour de Hjalmar qui se contentèrent de baisser leurs museaux en signe de respect. C’est alors que celui qui devait être leur supérieur entra dans la tente.
Sieghilde ne l’avait qu’entre-aperçu plus tôt, mais elle le reconnu aussitôt. L’imposant skaven en armure lourde à la fourrure noire qui se tenait dans l’embrasure était celui qui avait précipité leur capture. La série de pics agrémenté de divers crânes qui se tenaient dans son dos le rendaient encore plus impressionnant surtout qu’il devait être aussi grand qu’Holger. Il leur lança un regard rapide et méprisant avant de lever une patte vers les gardes du fond de la tente.
« Amenez-les ! cracha-t-il avant de s’avancer. »
Lesdits gardes s’exécutèrent avec force coups de hampes et après quelques instants, Sieghilde et Holger avaient rejoint Hjalmar, à genoux au milieu de la pièce. Maintenant qu’elle arrivait à le voir de face, elle s’aperçut que l’armure du norse avait plutôt soufferte, mais que lui-même allait bien, si ce n’était un beau bleu sur le front.
« Mon nom est Griknott ! couina le chef skaven sur un ton militaire. Du grand clan Mors ! »
Maintenant que sa présentation avait été effectuée, Griknott prit plusieurs secondes à observer ses prisonniers. Il regardait particulièrement Hjalmar.
« Vous êtes des-des proies difficiles… Beaucoup de mes guerriers sont morts-morts à cause de lui-lui ! »
Le nordique en eu un ricanement moqueur. Ceci ne plut pas à Griknott qui, après avoir retroussé ses babines pour montrer ses dents, récupéra une lance et envoya un coup de hampe en plein visage à Hjalmar. Le norse ne semblait pas vraiment gêné par cela, mais il arrêta de rire.
« Silence-Silence ! » - Le chef du clan Mors calma sa respiration haletante, puis redonna la lance à son subordonné. – « Le clan Eshin, vous avez brulé ? Vous veniez de là-bas quand je vous-vous ai trouvés choses-hommes.
-Je n’vois pas de quoi tu parles, grommela Holger. »
Cette fois, Griknott utilisa son pied gauche pour rabattre le caquet d’Holger qui partit violemment en arrière sous le choc. Il fut rattrapé par les gardes qui le ramenèrent brutalement sur ses genoux, brinquebalant et encore sonné. Sa joue s’était rouverte et un filet de sang avait commencé à couler à nouveau.
« Insolent chose-homme ! … C’était donc bien Thyroax, murmura-t-il méchamment entre ses crocs. »
L’attention du skaven se reporta vers Hjalmar. Il prit le visage du norse et le bougea dans divers angles pour l’étudier.
« Tu étais dans le-le malerail ?
-Si tu parles de votre engin souterrain, ouais… »
Griknott en lâcha le norse de surprise. Puis sa surprise se mua en rage. Apparemment cette nouvelle l’insupportait au plus haut point puisqu’il se mit à gigoter dans tous les sens en criant.
« Raah ! Il m’a menti-floué !! Le traître ! Je le tuerais-dépècerais cet incapable ! … Mais en temps voulu… »
La respiration rauque, Griknott se tenait voûté, l’air prêt à déchiqueter le premier impertinent qui lui tomberait sous la main. Manque de chance pour ledit impertinent, il arriva dans la tente en courant à travers le rideau de tissu.
« Maître-maître ! Thyroax est…
-Graaaah ! »
Dégainant sa lame, Griknott décapita le messager skaven aussitôt avant de commencer à s’acharner sur son cadavre. Une fois que le sol eut définitivement prit une nouvelle couleur noirâtre et qu’il ne restait du skaven qu’un tas de chairs sanguinolentes, Griknott s’arrêta enfin. Mais au moment où il se releva, il comprit enfin le nom que le messager avait prononcé avant de mourir : Thyroax. Quelque chose se passait avec Thyroax.
« Amenez-les dehors, vite-vite ! ordonna-t-il. »
Avec un couinement inquiet, Griknott sortit de la tente en trombe, son arme toujours à la main, sous les regards perdus de ses soldats. Le chef du clan Mors bougea son museau dans tous les sens, son regard progressivement paniqué cherchant une quelconque trace du maudit technomage.Et il le trouva. Les préparatifs pour l’invasion allaient bon train et l’armée du clan Skryre s’était positionnée sur la montée en face de son clan. Ce qui était sacrément moins normal, était que le clan Skryre était en train de descendre un canon à malefoudre ici alors qu’ils devaient rester en haut pour pilonner la cité des choses-hommes. Quelque chose n’allait donc pas ici.
Ensuite, une série de cris gutturaux se firent entendre et Griknott se retourna vers eux. Devant ses yeux horrifiés, les monstres du clan Moulder étaient en train de charger vers son camp depuis l’autre côté. Puis, le boucan caractéristique d’un malerail en train d’arriver lui parvint depuis le tunnel rénové il y a peu… Il était pris en tenaille ! C’était un complot contre lui et son clan ! Mais surtout lui, à n’en pas douter.
Déjà, ses troupes étaient en train de converger vers les trois différents fronts, mais la bataille s’annonçait très mal même si leurs effectifs étaient les plus importants. Avec les préparatifs, ils n’avaient même pas suspecté les mouvements de troupes !
Hors de lui, Griknott hurla de rage un cri qui se réverbéra dans une bonne partie de la caverne.
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Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
- Arcanide valtekSeigneur vampire
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Lun 11 Sep 2017 - 10:42
Hum, je n'ai qu'une chose à dire : ça sent bon la baston.
On peut dire que ce piège est une vraie...souricière !
Ok, je sors, je sors.
EDIT BLAGUE POURRIE 1 : certains des protagonistes ont les dents si longues qu'elles rayent le parquet. De vrais rats.
On peut dire que ce piège est une vraie...souricière !
Ok, je sors, je sors.
EDIT BLAGUE POURRIE 1 : certains des protagonistes ont les dents si longues qu'elles rayent le parquet. De vrais rats.
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Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun
Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Lun 11 Sep 2017 - 11:14
Je confirme les propos d'Arca' à propos de la baston Ça sent pas très bon pour certaines personnes (ou rats) tout ça-tout ça.
Vivement la suite pour le coup
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Mar 12 Sep 2017 - 17:02
Toujours autant de justesse et d'affection dans ta narration du monde skaven et de leurs voisins humains ! Je trouve que depuis la Quête Improbable, ton style s'est amélioré de manière exponentielle, tant sur le fond que sur la forme
J'ai aperçu quelques coquilles, fais gaffe notamment aux terminaisons de l'imparfait, mais c'est bien la seule chose que j'ai à reprocher au récit
Vite-vite la suite-suite !
J'ai aperçu quelques coquilles, fais gaffe notamment aux terminaisons de l'imparfait, mais c'est bien la seule chose que j'ai à reprocher au récit
Vite-vite la suite-suite !
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Mar 3 Oct 2017 - 15:00
Enfin ! J'ai enfin le temps de poster cette maudite suite Désolé pour le retard, mais mon mois de septembre fut mouvementé et éprouvant.
M'enfin, la fin du récit (en deux parties) est à votre disposition
Depuis les hauteurs de la vallée souterraine, Thyroax était en train d’arriver sur le front, encore et toujours entouré de sa garde personnelle. Ayant une vue plongeante sur la situation, il put observer ses troupes de guerriers des clans qui formaient une ligne parfaite – selon les standards skavens - pour protéger les rangs des tirailleurs et autres machines de guerres qui formaient la majorité de ses forces. Le canon à malefoudre était en place, l’énorme rocher de malepierre qui lui servait de batterie pulsait par intermittence. Il n’avait plus qu’à tirer.
Parfait, tout se passait selon le plan, se dit-il en frottant ses pattes l’une contre l’autre. Griknott allait se faire humilier et accessoirement massacrer sous peu…
Un concert de cris gutturaux parvint de l’autre côté de la caverne en même temps que les grincements du malerail. Le timing était impeccable pour ce dernier, mais cet idiot de Turglok venait de lancer l’assaut bien trop tôt ! Même le cri de rage de ce qu’il pensait être Griknott ne lui remonta pas assez le moral.
« Raah, mais quel incapable-idiot ! grogna Thyroax de dépit. Feu-feu ! »
Autant donner l’ordre de tir plutôt que d’attendre encore, se dit le technomage. Le front allait bien vite devenir un chaos complet sous peu de toute manière. Suivant les ordres de leur seigneur, les artilleurs enclenchèrent aussitôt leurs diverses machines et armes de tirs et un enfer vert s’abattit sur le camp du clan Mors. Des incendies se déclaraient entre les explosions tandis que des gaz mortels étaient lâchés en plein dans les formations de skavens en armures rouge qui avançaient vers eux. Le clan Mors tenta bien de répliquer avec certaines de ses armes, mais ils étaient bien trop submergés par la masse de tirs pour pouvoir faire quelque chose. Ils tentèrent alors de profiter de leur nombre et envoyèrent une charge massive vers le front Skryre.
Thyroax, lui, observait toujours la bataille depuis le promontoire du canon à malefoudre, la vue était bien meilleure ici. Malheureusement, leurs lignes n’allaient finalement peut-être pas tenir aussi longtemps que prévu… Curieux de voir comment la situation avançait sur les autres fronts, il sortit une petite longue-vue rouillée d’un pli de sa robe.
Apparemment, le clan Moulder avançait bien mais lentement contre les formations de lanciers. Les rats-ogres étaient de formidables ennemis, mais ils étaient trop peu nombreux ici pour faire suffisamment de dégâts aux hordes du clan Mors.
Thyroax reporta ensuite son attention sur le malerail qui était lui aussi entouré. Après être resté immobile pendant un temps, une porte latérale s’ouvrit sur la machine. Le technomage ne vit pas ce qu’il y avait à l’intérieur, mais cela venait de terrifier les lignes du clan Mors qui étaient en train de fuir à toute vitesse. Maintenant que Thyroax y pensait, Ikit n’avait pas daigné lui dire quel était la nature des renforts…
Soudainement, un éclair de malefoudre partit de l’intérieur du malerail et explosa dans les rangs des fuyards. Un deuxième suivit aussitôt en craquant dans l’air, illuminant les quais avec des flashs verts fluorescents. Puis, deux formes rondes bondirent du malerail et foncèrent droit dans les rangs du clan Mors, rentrant dans les lignes comme des aiguilles chauffées à blanc dans du beurre. Pour ce qu’il en voyait, on aurait dit deux grandes roues en bois de trois mètres de diamètre, cerclées de fer et qui tournaient pour avancer avec un petit canon à malefoudre et des piques en fer à l’avant. Les roues étaient mises en mouvement par une multitude de petits rats dopés à la malepierre et c’était ce mouvement qui rechargeait les diverses armes de l’engin.
Deux roues infernales, murmura Thyroax pour lui-même. Ikit lui avait envoyé deux roues infernales pour exterminer ses ennemis. Le regain de fierté envers son clan fut si fort que le technomage en eu la larme à l’œil. Mais comme la larme venait de sortir du côté de son œil de malepierre, la goutte de liquide lui brûla légèrement la peau. Après s’être rapidement essuyé la joue en pestant, le technomage reprit son examen.
Maintenant concentré sur ce qui passait sur le front du malerail, Thyroax regarda religieusement les engins de destruction massive faire leurs œuvres en bas. Des vermines de chocs suréquipés étaient sortis du malerail et se contentaient de protéger la machine de transport. Compréhensible puisque personne de sensé ne voulait vraiment se battre au côté d’une roue infernale. Après tout, c’était l’engin le plus destructeur du clan Skryre mais aussi un des plus instables. Et ce n’était pas le technomage drogué à outrance – il n’y avait que ça pour le faire monter à l’intérieur - qui contrôlait la machine tel un possédé qui allait prouver le contraire. Mais entre les tirs de malefoudre qui partaient en tous sens et la vitesse absurde de l’engin qui lui donnait un potentiel de destruction inimaginable, le front des quais était en train de tomber en morceau rapidement.
Observant à nouveau le champ de bataille général, Thyroax remarqua du mouvement vers le centre du campement du clan Mors, à côté de la tente de Griknott. Avec sa longue-vue il put enfin s’apercevoir que le chef en question était justement là-bas, en train d’hurler des ordres à plusieurs de ses sous-chefs - certains se faisant d’ailleurs exécuter sommairement.
Avec un sourire narquois, Thyroax eu une idée fabuleuse en regardant le canon à malefoudre qui se tenait à côté de lui.
Il fit donc descendre l’artilleur pour prendre sa place au poste de tir. Après tout, si quelqu’un devait tirer, c’était bien lui ! Il régla alors tous les paramètres pour lancer le mécanisme de tir et jeta un coup d’œil dans le réticule doté d’une loupe qui avait été installée par ses soins sur la pièce d’artillerie. Alors que le noyau de malepierre, qui devait faire trois mètres de large, se mit à pulser de plus en plus vite, signe que le tir allait se faire sous peu, Thyroax ajusta la position du tir et… Aperçu Hjalmar et deux autres choses-hommes juste à côté de Griknott.
« Oh non… NON-NON ! »
Le technomage perdit tous ses moyens en réalisant qu’il avait totalement oublié le cas du chose-homme avec toute cette histoire de bataille. Ainsi, dans la panique, il dérègla la machine pour qu'elle tire dans l’instant sur ce maudit fauteur de troubles qui l’avait ridiculisé devant toute une assemblée. La rage doublée de la terreur qu’il avait ressenti en le fuyant la dernière fois se combina et le technomage fit tout dans la précipitation la plus totale. Malheureusement pour lui, un canon à malefoudre était un engin précis et sacrément capricieux, ce qui fit que le tir partit brutalement alors que les préparatifs de redirection n’étaient même pas terminés.
Dans un craquement tonitruant ainsi qu’un flash aveuglant, la malepierre libéra son énergie qui fut canalisé dans le canon en cuivre situé à l’avant de l’engin. Un éclair surpuissant en partit ensuite pour s’écraser sur la grande tente du terrier du clan Mors qui fut soufflée par l’impact, mais ratant complètement ses cibles par la même occasion.
Thyroax, toujours sur les nerfs, se tourna vers un technicien à côté de lui :
« Toi-toi ! Remets en marche le canon, vite-vite ! »
Puis le technomage lui envoya gratuitement une décharge d’énergie dans le museau, ce qui tua le pauvre skaven sur place. Après quelques secondes, Thyroax réalisa qu’il avait été un peu rapide en besogne et se tourna vers un autre technicien bien plus apeuré.
« Toi-toi ! Si le tir à raté-raté, c’était à cause de lui ! C’était un traître du clan Mors. Mais je suis clairvoyant, et je-je l’ai démasqué ! Maintenant, soit-soit meilleur et recharge. Vite-vite ! »
Ledit technicien ne se fit pas attendre et courut aussitôt vers les commandes et divers câbles au grand bonheur de Thyroax qui était déjà en train de changer les coordonnées de tir…
Au nom du Rat Cornu, il allait l’avoir ce maudit chose-homme. Oh ça oui, il allait l’avoir !
Dans l’embrasure de l’entrée de la tente de Griknott, quand le trio vit la semi-apocalypse au-dehors, ils se dirent qu’il était temps d’en profiter. Surtout que les gardes avaient relâchés leur surveillance et regardaient à présent un peu partout en se demandant ce qui pouvait bien se passer.
Alors quand un éclair verdâtre sortit de nulle part frappa la tente en la pulvérisant, Hjalmar fut le premier à agir et sauta sur ses pieds avant de rentrer dans un garde qui ne le regardait plus. Holger en désarma un autre et Sieghilde récupéra la lance du garde assommé par le norse. S’ensuivit une échauffourée brutale durant laquelle les gardes décidèrent de fuir plutôt que de revivre l’épisode de la caverne. Surtout que bon, ils n’étaient pas venus pour se faire frire par de la malefoudre en prime. Griknott lui-même avait pris la poudre d’escampette dès que l’éclair avait frappé sa tente. Il était convaincu qu’il en était la cible, alors autant rester en mouvement.
Maintenant libres, les impériaux libérèrent ensuite Hjalmar de ses liens.
« On les charge, lança subitement le nordique en récupérant une lance et un hachoir sur le sol.
-Mais on est trois ! s’insurgea Sieghilde.
-Hmm... Ouais, c’est vrai… Vous restez-là, j’y vais.
-Hjalmar ! cria Sieghilde mais en vain, le norse était déjà parti.
-Il faut qu’on bouge ! lui hurla Holger par-dessus le vacarme de la bataille. »
Quand Sieghilde regarda le répurgateur, ce dernier était en train de pointer la vague d’hommes-rats qui étaient en train de foncer vers eux en fuyant devant ce qui semblait être une énorme roue de rongeur. Mais après avoir vu rapidement de quoi elle était capable, Sieghilde se dit qu’elle ferait mieux de fuir elle-aussi surtout que les mouvements de l’engin semblaient erratiques au possible.
Elle saisit Holger par la manche de son long manteau de cuir et l’entraîna à la suite du nordique. Il était hors de question qu’ils l’abandonnent seul ici… Et puis il était le plus à même de survivre dans ce merdier, alors autant le suivre.
Quelques zigzags entre des structures branlantes et autres bâtiments skavens plus loin, Hjalmar pourchassait toujours Griknott. Ce dernier avait fini par remarquer la présence du nordique durant sa fuite et cela n’avait pas aidé à calmer sa panique grandissante.
Au détour d’une tente, le chef du clan Mors arriva sur la petite place qui entourait la garnison des vermines de chocs. Le régiment d’élite avait été réquisitionné un peu partout sur les divers fronts, mais il restait encore quatre d’entre eux qui montaient la garde. Impeccable, se dit Griknott. Il devait probablement s’agir de peureux qui avaient trouvé une piteuse excuse pour rester derrière, mais ils feraient l’affaire.
Griknott s’approcha donc des vermines qui se mirent au garde-à-vous en le voyant arriver. Sans dire un mot, il agrippa le bouclier d’un des gardes et utilisa sa queue pour dégainer la courte lame qui pendait à sa ceinture.
« Formation ! Vite-vite ! Un chose-homme arrive ! »
Les vermines de chocs regardèrent avec étonnement leur chef, comment est-ce qu’un chose-homme pouvait être ici en plein milieu de cette bataille ? Mais aucune des quatre vermines ne pipa mot, après tout il valait mieux ne pas contredire les ordres de Griknott. En même temps, ce dernier avait été une vermine de choc lui-même et il savait faire preuve de la brutalité qui venait avec cette condition.
Les quatre gardes se placèrent en demi-cercle, devant Griknott, boucliers en avant pour deux d’entre eux et les hallebardes levées pour les deux autres. Le chose-homme ne se fit pas attendre puisqu’il déboula juste après de là d’où venait le chef du clan Mors.
Sans même ralentir devant la menace, il fonça dans la formation en balançant sa lance en plein sur le bouclier d’une des vermines. L’arme de jet se planta dans le bois dans un bruit sourd tout en le traversant un petit peu. L’homme-rat en armure lourde eu de la chance que son bouclier puisse tenir le choc, mais maintenant il était sans défense puisque sa targe était trop lourd pour être utilisable à présent.
Les autres vermines chargèrent le norse, mais ce dernier n’aimait pas que l’on se mette sur son chemin et même des soldats d’élite skavens n’allaient pas l’arrêter. Après une série d’esquives et de coups de poings agrémentés de tailles de hachoir dans la jugulaire, les quatre vermines de chocs s’effondrèrent l’une après l’autre avec divers gargouillis de douleur. Griknott, lui, regarda la scène d’un air blasé puis pesta. Il fallait donc tout faire soi-même ? comprenant que le chose-homme n’allait jamais le lâcher et qu’il ne trouverait pas grand-chose à lui envoyer dessus pour le tuer, le chef skaven se décida à charger alors que Hjalmar achevait la dernière vermine.
Surpris, le norse ne put parer le coup de la tranche du bouclier triangulaire et se le prit en plein visage. Griknott tenta ensuite d’éviscérer son adversaire, mais le nordique était bien plus difficile à assommer qu’il ne l’imaginât et ce dernier sauta en arrière par réflexe pour éviter le coup.
Après avoir craché sa haine envers le chose-homme, Griknott lui tourna autour pour trouver une faille dans sa défense. Ce petit temps d’accalmie fut utilisé par Hjalmar pour qu’il puisse récupérer la hallebarde d’une des vermines de chocs. Soudainement, la queue de Griknott frétilla un instant et lança la lame qu’il tenait avec sur le nordique. Suivant le mouvement, le skaven fit un pas de côté et sauta pour attaquer de deux côtés différents… Mais il n’avait pas prévu que Hjalmar allait attraper la dague en plein vol plutôt que de l’esquiver.
Ainsi le norse eu tout le loisir de décaler sa hallebarde pour que Griknott aille s’empaler dessus puis de lui enfoncer ladite dague dans la tempe. Feu le chef du clan Mors n’eut même pas le temps de couiner sa frustration avant de mourir.
Un peu plus loin en revanche, quelqu’un d’encore bien vivant fit clairement savoir qu’il était frustré, lui.
Thyroax, toujours assis sur le poste de l’artilleur du canon à malefoudre, s’impatientait de plus en plus. En même temps, l’engin n’avait toujours pas été remis en marche et le bouton de mise à feu le démangeait atrocement. Les contours métalliques de son œil aussi d’ailleurs. Mais le pire était que tout ce retard était soi-disant dû à un manque de personnel.
Pfeuh, quelle mauvaise foi, se disait le technomage ! Et quelle tentative médiocre pour mettre sur son dos leur propre incompétence. Oui, il avait carbonisé quatre techniciens durant les dernières minutes, et alors ? Cela ne devait pas les empêcher de faire leur travail ! Au contraire, ils devraient être plus qu’heureux d’aider leur supérieur à relâcher son stress !
Grâce à sa longue-vue, Thyroax observait nerveusement le cours de la bataille qui tournait à peu près en leur faveur. A peu près, car si les roues infernales démolissaient une bonne partie de l’armée du clan Mors à elles seules, le clan Moulder peinait à avancer et son propre front n’était pas au meilleur de sa forme. Malgré les tirs dévastateurs de son artillerie et de ses équipes de tirailleurs, la ligne principale faiblissait à vue d’œil contre les troupes supérieures en nombre et mieux entrainées du clan Mors.
Mais dans tout cela, ce qui lui faisait se mordiller sa queue jusqu’au sang était le duel entre Griknott et le chose-homme. A vrai dire, il aurait préféré que ce soit Griknott qui le gagne, lui au moins il se disait qu’il pouvait le tuer. C’était d’ailleurs pour cela qu’il avait carbonisé un de ses gardes par dépit quand le chose-homme avait massacré l’ancien chef de clan. Pourquoi donc ne mourait-il pas ?!
« M… Maître Thyroax ? tenta timidement un des techniciens.
-Quoi-quoi ? hurla Thyroax en faisant crépiter des étincelles dans sa patte.
-Le canon est prêt-prêt. Pitié ! ... »
Effectivement, quand le technomage le regarda, le canon s’était remis à pulser lentement mais sûrement. Surpris par cette nouvelle, Thyroax se résigna à ne pas incendier cet impudent… Pas encore du moins.
Avec un petit rire sadique, Thyroax se replaça tranquillement sur son siège et ajusta son tir. Il était impeccable. Le nordique avait été rejoint par les deux autres choses-hommes, de quoi faire ainsi d’un tir, trois morts.
Mais au moment où il allait enfin appuyer sur le bouton de mise à feu et que le canon pulsait de plus en plus fort, une série de râles se fit entendre derrière le technomage. Étrange, il était pourtant le seul autorisé à tuer ses subordonnés ici, non ? Thyroax se retourna alors sur son siège et remarqua avec horreur que six figures drapées de rouge et de noir se tenaient au-dessus de membres de sa garde personnelle. Et ils regardaient vers lui en cherchant ce qui semblait être des armes de lancer sous leur cape. Des assassins du clan Mors, pensa aussitôt Thyroax qui était maintenant en sueur. Les autres skavens du clan Skryre n’avaient soit même pas remarqués leur présence, soit étaient trop terrifiés pour tenter quoi que ce soit. Ses subordonnés n’étaient donc vraiment que des bandes de couards incapables ! Comment avaient-ils pu laisser passer une telle menace ?!
Mais le technomage ne préféra même pas essayer de répondre à cette question et il sauta derrière le panneau de commande du canon à malefoudre alors que divers projectiles se fichaient dans le bois et le métal là où il se trouvait précédemment. Le Rat cornu soit béni, ses réflexes étaient toujours aussi bons. En revanche, les armes de jets avaient apparemment déréglé le canon qui s’était décalé en grinçant. Thyroax jura, encore, mais il décida de s’occuper d’abord de son problème principal. Maintenant, il devait donc répliquer et en vitesse.
Le technomage sortit de sa cachette pour s’apercevoir que le reste de sa garde s’était faite éliminée par les assassins. Des étincelles vertes crépitèrent dans les pattes du technomage et il leva son bras en espérant pouvoir lancer une série d’éclairs punitifs à temps. Mais quelqu’un le dépassa dans sa besogne puisque les assassins s’effondrèrent soudainement les uns après les autres. Thyroax ne comprit pas vraiment ce qui avait bien pu se passer et fut tellement surpris qu’il en annulât son sort aussitôt. Puis, sortant des ombres du plafond comme par enchantement, une forme sombre atterrit au milieu des cadavres. Le museau du technomage frémit en captant les humeurs et diverses odeurs qui provenaient du nouveau venu : une odeur de brûlé… qui recouvrait en partie un parfum d’encens.
Quikill se releva, lentement. Le maître assassin semblait fulminer autant au sens propre que littéral. Sa cape était trouée par endroits et ce qu’on pouvait apercevoir du skaven sous sa capuche n’était pas vraiment beau à voir. Thyroax, qui était en train de se liquéfier de terreur à présent, aperçut dans les yeux injectés de sang du skaven du clan Eshin un désir de vengeance et de meurtre sans pareille mesure. D’un mouvement fluide, l’assassin dégaina deux lames enduites d’une substance verte aux reflets violets. Du poison qui, connaissant Quikill, devait être assez puissant pour tuer un dragon-ogre sur le coup.
« Tu… cracha Quikill difficilement. Tu es à moi-MOI ! »
Thyroax, après avoir relâché la totalité de son musc de la peur, fut pris d’effroi. Mais pourquoi est-ce que ses cibles ne mourraient donc jamais ?! Les jambes tremblotantes du technomage tentèrent de l’emmener loin de l’assassin alors que ce dernier venait de faire un saut prodigieux vers le technomage, ses dagues levées et prêtes à délivrer une mort aussi brutale que douloureuse.
Mais, alors qu’il essayait de fuir en contournant le panneau de commande, Thyroax trébucha sur un câble et tomba à la renverse de l’échafaudage qui maintenait le canon à malefoudre. Quikill, alors en plein vol, ne put ajuster sa trajectoire et frappa là où se tenait le technomage juste avant. C’est-à-dire pile devant la batterie en malepierre de la pièce d’artillerie.
L’impact sur le canon qui était déjà chargé et prêt à tirer, additionné au poison sur les lames de l’assassin causèrent une réaction chimique qui provoqua la mise à feu (la malepierre était une substance sensible et immensément capricieuse). La foudre gronda alors en sortant du canon, mais aussi lorsqu’elle électrocuta le pauvre assassin qui ne put que crier de douleur alors que l’électricité impie parcourait son corps en le liquéfiant lentement. Thyroax, qui s’était éclipsé durant tout cela ne put qu’assister à la scène abominable avec horreur. Mais étonnamment, rien ne semblait vouloir arrêter le tir du canon qui au lieu d’être une impulsion puissante était devenu une série d’impulsions puissantes. Apparemment, les commandes avaient été bien plus abîmées que prévu.
La malepierre réagit d’ailleurs tellement mal à la chose, que la structure du canon se mit à fondre elle-aussi, même le bois. Les tirs anormalement continus du canon ne s’arrêtèrent pas pour autant et comme le canon bougeait en tous sens, les rayons semèrent la mort et la destruction dans toute la caverne alors que le faisceau balayait au hasard divers endroits. Des poutres de soutènements sautèrent en même temps que tous les camps en présence accusaient des pertes aussi diverses qu’imprévisibles. Forcément, au vacarme s’ajoutèrent les cris de panique de milliers de skavens. Le canon, lui, continuait toujours de tonner.
Un tir arriva non loin d’une roue infernale dont le pilote forcené fut soudainement pris de panique et retourna vers le malerail. Évidemment, comme avec beaucoup de roues infernales, il n’avait aucune idée d’où pouvait bien être le frein et lorsqu’il rentra dans le malerail, ce fut à grande vitesse et en hurlant à plein poumons. L’explosion qui s’ensuivit n’aida en rien pour calmer le chaos ambiant et fit même s’effondrer encore plus vite une bonne partie de la caverne. Les réparations de la dernière fois ayant été faites en vitesse, elles aggravèrent la situation en cassant.
Thyroax observa donc devant ses yeux ahuris la totalité de la caverne qui était en train de craquer et gronder avant de commencer à s’effondrer dans un fracas abominable en commençant par le plafond au-dessus de ce qui restait du malerail et du clan Moulder. Un des tirs du canon à malefoudre avait d’ailleurs pulvérisé la litière de Turglok, quant à savoir s’il avait survécu dans cette confusion générale, c’était impossible à savoir. Mais maintenant la panique avait gagné les maîtres corrupteurs et leurs bêtes qui s’entredéchiraient en panique alors que des rochers de la taille d’une maison les écrasaient les uns après les autres.
Plusieurs technomages et techniciens du clan Skryre se tournèrent vers Thyroax, l’air perdu et demandant quoi faire alors que l’effondrement avançait rapidement vers eux. Thyroax les regarda successivement en affichant son plus beau regard bovin et leur dit en tremblotant :
« Courez-courez. »
Sur ce, la totalité des troupes du clan Skryre qui n’avaient pas encore commencées à fuir rattrapèrent leur retard et tentèrent aussi vite que possible de gagner les hauteurs jusqu’au quartiers du clan où ils devraient être en sécurité.
Lorsqu’Holger et Sieghilde avaient rejoint Hjalmar, ils l’avaient trouvé en train d’achever le chef skaven qui les avaient capturés plus tôt. Rien de bien étonnant de la part d’un homme qui était monté sur un dragon mort-vivant pour s’amuser, au final.
Mais ils n’eurent pas vraiment le temps de fêter cette victoire, car la guerre civile skaven, elle, continuait. Elle faisait rage même. Ainsi, lorsqu’une série d’éclairs explosifs se mirent à pleuvoir dans leurs environs, ils se dirent qu’il était vraiment temps de mettre les voiles. S’ils hésitèrent sur la marche à suivre pendant environ vingt secondes, ce fut avant de comprendre que la galerie s’effondrait dans leur direction. Courant à présent dans la direction opposée à toute jambes, ils essayaient d’éviter les rochers énormes qui leur tombaient dessus au hasard alors que le plafond s’abattait indistinctement sur eux et les hommes-rats.
Après avoir parcouru une centaine de mètres, Hjalmar hurla soudainement :
« A terre ! »
Son cri fut à peine audible à cause du fracas ambiant, mais Holger et Sieghilde l’entendirent. Ne comprenant pas ce que le norse voulait dire, ils tentèrent de regarder derrière eux. La prêtresse-guerrière ne put voir qu’un flash vert aveuglant avant de se sentir bousculé avec force par le nordique qui la plaqua au sol. L’éclair de malefoudre qui lui passa en craquant au-dessus de sa tête lui fit dire qu’à l’avenir elle ne remettrait plus en question les avertissements du norse…
Hjalmar avait plaqué Holger au sol dans le même temps mais une demi-seconde plus tard, ce qui fit que le chapeau du répurgateur avait perdu un petit morceau de son bord qui avait été carbonisé au passage. Le juron qui suivit lorsqu’Holger s’en rendit compte fut étonnamment audible malgré le vacarme ambiant.
Un instant plus tard, une grande forme ronde les dépassa en trombe avec un boucan de mécanique aléatoire. Apparemment, la roue étrange les avait pris pour cible, car au lieu de continuer à fuir dans la direction de la montée vers laquelle convergeaient les hommes-rats, l’engin fit demi-tour et les chargea à nouveau. Les trois compagnons sautèrent alors sur leurs pieds et esquivèrent une deuxième charge en se jetant sur les côtés.
Voyant l’effondrement s’approcher d’eux à une vitesse alarmante, ils réalisèrent que ce maudit engin allait leur coûter la vie si cela continuait ainsi. Mais, alors qu’ils venaient de sauter une nouvelle fois pour éviter une charge effrénée, Holger haussa la voix pour couvrir le grondement de la roche :
« J’crois que j’ai une idée ! »
Quand Sieghilde et Hjalmar remarquèrent que le répurgateur pointait du doigt la machine infernale, le norse sourit à pleine dents tandis que la prêtresse-guerrière blêmit en comprenant ce qu’il voulait dire...
M'enfin, la fin du récit (en deux parties) est à votre disposition
Depuis les hauteurs de la vallée souterraine, Thyroax était en train d’arriver sur le front, encore et toujours entouré de sa garde personnelle. Ayant une vue plongeante sur la situation, il put observer ses troupes de guerriers des clans qui formaient une ligne parfaite – selon les standards skavens - pour protéger les rangs des tirailleurs et autres machines de guerres qui formaient la majorité de ses forces. Le canon à malefoudre était en place, l’énorme rocher de malepierre qui lui servait de batterie pulsait par intermittence. Il n’avait plus qu’à tirer.
Parfait, tout se passait selon le plan, se dit-il en frottant ses pattes l’une contre l’autre. Griknott allait se faire humilier et accessoirement massacrer sous peu…
Un concert de cris gutturaux parvint de l’autre côté de la caverne en même temps que les grincements du malerail. Le timing était impeccable pour ce dernier, mais cet idiot de Turglok venait de lancer l’assaut bien trop tôt ! Même le cri de rage de ce qu’il pensait être Griknott ne lui remonta pas assez le moral.
« Raah, mais quel incapable-idiot ! grogna Thyroax de dépit. Feu-feu ! »
Autant donner l’ordre de tir plutôt que d’attendre encore, se dit le technomage. Le front allait bien vite devenir un chaos complet sous peu de toute manière. Suivant les ordres de leur seigneur, les artilleurs enclenchèrent aussitôt leurs diverses machines et armes de tirs et un enfer vert s’abattit sur le camp du clan Mors. Des incendies se déclaraient entre les explosions tandis que des gaz mortels étaient lâchés en plein dans les formations de skavens en armures rouge qui avançaient vers eux. Le clan Mors tenta bien de répliquer avec certaines de ses armes, mais ils étaient bien trop submergés par la masse de tirs pour pouvoir faire quelque chose. Ils tentèrent alors de profiter de leur nombre et envoyèrent une charge massive vers le front Skryre.
Thyroax, lui, observait toujours la bataille depuis le promontoire du canon à malefoudre, la vue était bien meilleure ici. Malheureusement, leurs lignes n’allaient finalement peut-être pas tenir aussi longtemps que prévu… Curieux de voir comment la situation avançait sur les autres fronts, il sortit une petite longue-vue rouillée d’un pli de sa robe.
Apparemment, le clan Moulder avançait bien mais lentement contre les formations de lanciers. Les rats-ogres étaient de formidables ennemis, mais ils étaient trop peu nombreux ici pour faire suffisamment de dégâts aux hordes du clan Mors.
Thyroax reporta ensuite son attention sur le malerail qui était lui aussi entouré. Après être resté immobile pendant un temps, une porte latérale s’ouvrit sur la machine. Le technomage ne vit pas ce qu’il y avait à l’intérieur, mais cela venait de terrifier les lignes du clan Mors qui étaient en train de fuir à toute vitesse. Maintenant que Thyroax y pensait, Ikit n’avait pas daigné lui dire quel était la nature des renforts…
Soudainement, un éclair de malefoudre partit de l’intérieur du malerail et explosa dans les rangs des fuyards. Un deuxième suivit aussitôt en craquant dans l’air, illuminant les quais avec des flashs verts fluorescents. Puis, deux formes rondes bondirent du malerail et foncèrent droit dans les rangs du clan Mors, rentrant dans les lignes comme des aiguilles chauffées à blanc dans du beurre. Pour ce qu’il en voyait, on aurait dit deux grandes roues en bois de trois mètres de diamètre, cerclées de fer et qui tournaient pour avancer avec un petit canon à malefoudre et des piques en fer à l’avant. Les roues étaient mises en mouvement par une multitude de petits rats dopés à la malepierre et c’était ce mouvement qui rechargeait les diverses armes de l’engin.
Deux roues infernales, murmura Thyroax pour lui-même. Ikit lui avait envoyé deux roues infernales pour exterminer ses ennemis. Le regain de fierté envers son clan fut si fort que le technomage en eu la larme à l’œil. Mais comme la larme venait de sortir du côté de son œil de malepierre, la goutte de liquide lui brûla légèrement la peau. Après s’être rapidement essuyé la joue en pestant, le technomage reprit son examen.
Maintenant concentré sur ce qui passait sur le front du malerail, Thyroax regarda religieusement les engins de destruction massive faire leurs œuvres en bas. Des vermines de chocs suréquipés étaient sortis du malerail et se contentaient de protéger la machine de transport. Compréhensible puisque personne de sensé ne voulait vraiment se battre au côté d’une roue infernale. Après tout, c’était l’engin le plus destructeur du clan Skryre mais aussi un des plus instables. Et ce n’était pas le technomage drogué à outrance – il n’y avait que ça pour le faire monter à l’intérieur - qui contrôlait la machine tel un possédé qui allait prouver le contraire. Mais entre les tirs de malefoudre qui partaient en tous sens et la vitesse absurde de l’engin qui lui donnait un potentiel de destruction inimaginable, le front des quais était en train de tomber en morceau rapidement.
Observant à nouveau le champ de bataille général, Thyroax remarqua du mouvement vers le centre du campement du clan Mors, à côté de la tente de Griknott. Avec sa longue-vue il put enfin s’apercevoir que le chef en question était justement là-bas, en train d’hurler des ordres à plusieurs de ses sous-chefs - certains se faisant d’ailleurs exécuter sommairement.
Avec un sourire narquois, Thyroax eu une idée fabuleuse en regardant le canon à malefoudre qui se tenait à côté de lui.
Il fit donc descendre l’artilleur pour prendre sa place au poste de tir. Après tout, si quelqu’un devait tirer, c’était bien lui ! Il régla alors tous les paramètres pour lancer le mécanisme de tir et jeta un coup d’œil dans le réticule doté d’une loupe qui avait été installée par ses soins sur la pièce d’artillerie. Alors que le noyau de malepierre, qui devait faire trois mètres de large, se mit à pulser de plus en plus vite, signe que le tir allait se faire sous peu, Thyroax ajusta la position du tir et… Aperçu Hjalmar et deux autres choses-hommes juste à côté de Griknott.
« Oh non… NON-NON ! »
Le technomage perdit tous ses moyens en réalisant qu’il avait totalement oublié le cas du chose-homme avec toute cette histoire de bataille. Ainsi, dans la panique, il dérègla la machine pour qu'elle tire dans l’instant sur ce maudit fauteur de troubles qui l’avait ridiculisé devant toute une assemblée. La rage doublée de la terreur qu’il avait ressenti en le fuyant la dernière fois se combina et le technomage fit tout dans la précipitation la plus totale. Malheureusement pour lui, un canon à malefoudre était un engin précis et sacrément capricieux, ce qui fit que le tir partit brutalement alors que les préparatifs de redirection n’étaient même pas terminés.
Dans un craquement tonitruant ainsi qu’un flash aveuglant, la malepierre libéra son énergie qui fut canalisé dans le canon en cuivre situé à l’avant de l’engin. Un éclair surpuissant en partit ensuite pour s’écraser sur la grande tente du terrier du clan Mors qui fut soufflée par l’impact, mais ratant complètement ses cibles par la même occasion.
Thyroax, toujours sur les nerfs, se tourna vers un technicien à côté de lui :
« Toi-toi ! Remets en marche le canon, vite-vite ! »
Puis le technomage lui envoya gratuitement une décharge d’énergie dans le museau, ce qui tua le pauvre skaven sur place. Après quelques secondes, Thyroax réalisa qu’il avait été un peu rapide en besogne et se tourna vers un autre technicien bien plus apeuré.
« Toi-toi ! Si le tir à raté-raté, c’était à cause de lui ! C’était un traître du clan Mors. Mais je suis clairvoyant, et je-je l’ai démasqué ! Maintenant, soit-soit meilleur et recharge. Vite-vite ! »
Ledit technicien ne se fit pas attendre et courut aussitôt vers les commandes et divers câbles au grand bonheur de Thyroax qui était déjà en train de changer les coordonnées de tir…
Au nom du Rat Cornu, il allait l’avoir ce maudit chose-homme. Oh ça oui, il allait l’avoir !
Dans l’embrasure de l’entrée de la tente de Griknott, quand le trio vit la semi-apocalypse au-dehors, ils se dirent qu’il était temps d’en profiter. Surtout que les gardes avaient relâchés leur surveillance et regardaient à présent un peu partout en se demandant ce qui pouvait bien se passer.
Alors quand un éclair verdâtre sortit de nulle part frappa la tente en la pulvérisant, Hjalmar fut le premier à agir et sauta sur ses pieds avant de rentrer dans un garde qui ne le regardait plus. Holger en désarma un autre et Sieghilde récupéra la lance du garde assommé par le norse. S’ensuivit une échauffourée brutale durant laquelle les gardes décidèrent de fuir plutôt que de revivre l’épisode de la caverne. Surtout que bon, ils n’étaient pas venus pour se faire frire par de la malefoudre en prime. Griknott lui-même avait pris la poudre d’escampette dès que l’éclair avait frappé sa tente. Il était convaincu qu’il en était la cible, alors autant rester en mouvement.
Maintenant libres, les impériaux libérèrent ensuite Hjalmar de ses liens.
« On les charge, lança subitement le nordique en récupérant une lance et un hachoir sur le sol.
-Mais on est trois ! s’insurgea Sieghilde.
-Hmm... Ouais, c’est vrai… Vous restez-là, j’y vais.
-Hjalmar ! cria Sieghilde mais en vain, le norse était déjà parti.
-Il faut qu’on bouge ! lui hurla Holger par-dessus le vacarme de la bataille. »
Quand Sieghilde regarda le répurgateur, ce dernier était en train de pointer la vague d’hommes-rats qui étaient en train de foncer vers eux en fuyant devant ce qui semblait être une énorme roue de rongeur. Mais après avoir vu rapidement de quoi elle était capable, Sieghilde se dit qu’elle ferait mieux de fuir elle-aussi surtout que les mouvements de l’engin semblaient erratiques au possible.
Elle saisit Holger par la manche de son long manteau de cuir et l’entraîna à la suite du nordique. Il était hors de question qu’ils l’abandonnent seul ici… Et puis il était le plus à même de survivre dans ce merdier, alors autant le suivre.
Quelques zigzags entre des structures branlantes et autres bâtiments skavens plus loin, Hjalmar pourchassait toujours Griknott. Ce dernier avait fini par remarquer la présence du nordique durant sa fuite et cela n’avait pas aidé à calmer sa panique grandissante.
Au détour d’une tente, le chef du clan Mors arriva sur la petite place qui entourait la garnison des vermines de chocs. Le régiment d’élite avait été réquisitionné un peu partout sur les divers fronts, mais il restait encore quatre d’entre eux qui montaient la garde. Impeccable, se dit Griknott. Il devait probablement s’agir de peureux qui avaient trouvé une piteuse excuse pour rester derrière, mais ils feraient l’affaire.
Griknott s’approcha donc des vermines qui se mirent au garde-à-vous en le voyant arriver. Sans dire un mot, il agrippa le bouclier d’un des gardes et utilisa sa queue pour dégainer la courte lame qui pendait à sa ceinture.
« Formation ! Vite-vite ! Un chose-homme arrive ! »
Les vermines de chocs regardèrent avec étonnement leur chef, comment est-ce qu’un chose-homme pouvait être ici en plein milieu de cette bataille ? Mais aucune des quatre vermines ne pipa mot, après tout il valait mieux ne pas contredire les ordres de Griknott. En même temps, ce dernier avait été une vermine de choc lui-même et il savait faire preuve de la brutalité qui venait avec cette condition.
Les quatre gardes se placèrent en demi-cercle, devant Griknott, boucliers en avant pour deux d’entre eux et les hallebardes levées pour les deux autres. Le chose-homme ne se fit pas attendre puisqu’il déboula juste après de là d’où venait le chef du clan Mors.
Sans même ralentir devant la menace, il fonça dans la formation en balançant sa lance en plein sur le bouclier d’une des vermines. L’arme de jet se planta dans le bois dans un bruit sourd tout en le traversant un petit peu. L’homme-rat en armure lourde eu de la chance que son bouclier puisse tenir le choc, mais maintenant il était sans défense puisque sa targe était trop lourd pour être utilisable à présent.
Les autres vermines chargèrent le norse, mais ce dernier n’aimait pas que l’on se mette sur son chemin et même des soldats d’élite skavens n’allaient pas l’arrêter. Après une série d’esquives et de coups de poings agrémentés de tailles de hachoir dans la jugulaire, les quatre vermines de chocs s’effondrèrent l’une après l’autre avec divers gargouillis de douleur. Griknott, lui, regarda la scène d’un air blasé puis pesta. Il fallait donc tout faire soi-même ? comprenant que le chose-homme n’allait jamais le lâcher et qu’il ne trouverait pas grand-chose à lui envoyer dessus pour le tuer, le chef skaven se décida à charger alors que Hjalmar achevait la dernière vermine.
Surpris, le norse ne put parer le coup de la tranche du bouclier triangulaire et se le prit en plein visage. Griknott tenta ensuite d’éviscérer son adversaire, mais le nordique était bien plus difficile à assommer qu’il ne l’imaginât et ce dernier sauta en arrière par réflexe pour éviter le coup.
Après avoir craché sa haine envers le chose-homme, Griknott lui tourna autour pour trouver une faille dans sa défense. Ce petit temps d’accalmie fut utilisé par Hjalmar pour qu’il puisse récupérer la hallebarde d’une des vermines de chocs. Soudainement, la queue de Griknott frétilla un instant et lança la lame qu’il tenait avec sur le nordique. Suivant le mouvement, le skaven fit un pas de côté et sauta pour attaquer de deux côtés différents… Mais il n’avait pas prévu que Hjalmar allait attraper la dague en plein vol plutôt que de l’esquiver.
Ainsi le norse eu tout le loisir de décaler sa hallebarde pour que Griknott aille s’empaler dessus puis de lui enfoncer ladite dague dans la tempe. Feu le chef du clan Mors n’eut même pas le temps de couiner sa frustration avant de mourir.
Un peu plus loin en revanche, quelqu’un d’encore bien vivant fit clairement savoir qu’il était frustré, lui.
Thyroax, toujours assis sur le poste de l’artilleur du canon à malefoudre, s’impatientait de plus en plus. En même temps, l’engin n’avait toujours pas été remis en marche et le bouton de mise à feu le démangeait atrocement. Les contours métalliques de son œil aussi d’ailleurs. Mais le pire était que tout ce retard était soi-disant dû à un manque de personnel.
Pfeuh, quelle mauvaise foi, se disait le technomage ! Et quelle tentative médiocre pour mettre sur son dos leur propre incompétence. Oui, il avait carbonisé quatre techniciens durant les dernières minutes, et alors ? Cela ne devait pas les empêcher de faire leur travail ! Au contraire, ils devraient être plus qu’heureux d’aider leur supérieur à relâcher son stress !
Grâce à sa longue-vue, Thyroax observait nerveusement le cours de la bataille qui tournait à peu près en leur faveur. A peu près, car si les roues infernales démolissaient une bonne partie de l’armée du clan Mors à elles seules, le clan Moulder peinait à avancer et son propre front n’était pas au meilleur de sa forme. Malgré les tirs dévastateurs de son artillerie et de ses équipes de tirailleurs, la ligne principale faiblissait à vue d’œil contre les troupes supérieures en nombre et mieux entrainées du clan Mors.
Mais dans tout cela, ce qui lui faisait se mordiller sa queue jusqu’au sang était le duel entre Griknott et le chose-homme. A vrai dire, il aurait préféré que ce soit Griknott qui le gagne, lui au moins il se disait qu’il pouvait le tuer. C’était d’ailleurs pour cela qu’il avait carbonisé un de ses gardes par dépit quand le chose-homme avait massacré l’ancien chef de clan. Pourquoi donc ne mourait-il pas ?!
« M… Maître Thyroax ? tenta timidement un des techniciens.
-Quoi-quoi ? hurla Thyroax en faisant crépiter des étincelles dans sa patte.
-Le canon est prêt-prêt. Pitié ! ... »
Effectivement, quand le technomage le regarda, le canon s’était remis à pulser lentement mais sûrement. Surpris par cette nouvelle, Thyroax se résigna à ne pas incendier cet impudent… Pas encore du moins.
Avec un petit rire sadique, Thyroax se replaça tranquillement sur son siège et ajusta son tir. Il était impeccable. Le nordique avait été rejoint par les deux autres choses-hommes, de quoi faire ainsi d’un tir, trois morts.
Mais au moment où il allait enfin appuyer sur le bouton de mise à feu et que le canon pulsait de plus en plus fort, une série de râles se fit entendre derrière le technomage. Étrange, il était pourtant le seul autorisé à tuer ses subordonnés ici, non ? Thyroax se retourna alors sur son siège et remarqua avec horreur que six figures drapées de rouge et de noir se tenaient au-dessus de membres de sa garde personnelle. Et ils regardaient vers lui en cherchant ce qui semblait être des armes de lancer sous leur cape. Des assassins du clan Mors, pensa aussitôt Thyroax qui était maintenant en sueur. Les autres skavens du clan Skryre n’avaient soit même pas remarqués leur présence, soit étaient trop terrifiés pour tenter quoi que ce soit. Ses subordonnés n’étaient donc vraiment que des bandes de couards incapables ! Comment avaient-ils pu laisser passer une telle menace ?!
Mais le technomage ne préféra même pas essayer de répondre à cette question et il sauta derrière le panneau de commande du canon à malefoudre alors que divers projectiles se fichaient dans le bois et le métal là où il se trouvait précédemment. Le Rat cornu soit béni, ses réflexes étaient toujours aussi bons. En revanche, les armes de jets avaient apparemment déréglé le canon qui s’était décalé en grinçant. Thyroax jura, encore, mais il décida de s’occuper d’abord de son problème principal. Maintenant, il devait donc répliquer et en vitesse.
Le technomage sortit de sa cachette pour s’apercevoir que le reste de sa garde s’était faite éliminée par les assassins. Des étincelles vertes crépitèrent dans les pattes du technomage et il leva son bras en espérant pouvoir lancer une série d’éclairs punitifs à temps. Mais quelqu’un le dépassa dans sa besogne puisque les assassins s’effondrèrent soudainement les uns après les autres. Thyroax ne comprit pas vraiment ce qui avait bien pu se passer et fut tellement surpris qu’il en annulât son sort aussitôt. Puis, sortant des ombres du plafond comme par enchantement, une forme sombre atterrit au milieu des cadavres. Le museau du technomage frémit en captant les humeurs et diverses odeurs qui provenaient du nouveau venu : une odeur de brûlé… qui recouvrait en partie un parfum d’encens.
Quikill se releva, lentement. Le maître assassin semblait fulminer autant au sens propre que littéral. Sa cape était trouée par endroits et ce qu’on pouvait apercevoir du skaven sous sa capuche n’était pas vraiment beau à voir. Thyroax, qui était en train de se liquéfier de terreur à présent, aperçut dans les yeux injectés de sang du skaven du clan Eshin un désir de vengeance et de meurtre sans pareille mesure. D’un mouvement fluide, l’assassin dégaina deux lames enduites d’une substance verte aux reflets violets. Du poison qui, connaissant Quikill, devait être assez puissant pour tuer un dragon-ogre sur le coup.
« Tu… cracha Quikill difficilement. Tu es à moi-MOI ! »
Thyroax, après avoir relâché la totalité de son musc de la peur, fut pris d’effroi. Mais pourquoi est-ce que ses cibles ne mourraient donc jamais ?! Les jambes tremblotantes du technomage tentèrent de l’emmener loin de l’assassin alors que ce dernier venait de faire un saut prodigieux vers le technomage, ses dagues levées et prêtes à délivrer une mort aussi brutale que douloureuse.
Mais, alors qu’il essayait de fuir en contournant le panneau de commande, Thyroax trébucha sur un câble et tomba à la renverse de l’échafaudage qui maintenait le canon à malefoudre. Quikill, alors en plein vol, ne put ajuster sa trajectoire et frappa là où se tenait le technomage juste avant. C’est-à-dire pile devant la batterie en malepierre de la pièce d’artillerie.
L’impact sur le canon qui était déjà chargé et prêt à tirer, additionné au poison sur les lames de l’assassin causèrent une réaction chimique qui provoqua la mise à feu (la malepierre était une substance sensible et immensément capricieuse). La foudre gronda alors en sortant du canon, mais aussi lorsqu’elle électrocuta le pauvre assassin qui ne put que crier de douleur alors que l’électricité impie parcourait son corps en le liquéfiant lentement. Thyroax, qui s’était éclipsé durant tout cela ne put qu’assister à la scène abominable avec horreur. Mais étonnamment, rien ne semblait vouloir arrêter le tir du canon qui au lieu d’être une impulsion puissante était devenu une série d’impulsions puissantes. Apparemment, les commandes avaient été bien plus abîmées que prévu.
La malepierre réagit d’ailleurs tellement mal à la chose, que la structure du canon se mit à fondre elle-aussi, même le bois. Les tirs anormalement continus du canon ne s’arrêtèrent pas pour autant et comme le canon bougeait en tous sens, les rayons semèrent la mort et la destruction dans toute la caverne alors que le faisceau balayait au hasard divers endroits. Des poutres de soutènements sautèrent en même temps que tous les camps en présence accusaient des pertes aussi diverses qu’imprévisibles. Forcément, au vacarme s’ajoutèrent les cris de panique de milliers de skavens. Le canon, lui, continuait toujours de tonner.
Un tir arriva non loin d’une roue infernale dont le pilote forcené fut soudainement pris de panique et retourna vers le malerail. Évidemment, comme avec beaucoup de roues infernales, il n’avait aucune idée d’où pouvait bien être le frein et lorsqu’il rentra dans le malerail, ce fut à grande vitesse et en hurlant à plein poumons. L’explosion qui s’ensuivit n’aida en rien pour calmer le chaos ambiant et fit même s’effondrer encore plus vite une bonne partie de la caverne. Les réparations de la dernière fois ayant été faites en vitesse, elles aggravèrent la situation en cassant.
Thyroax observa donc devant ses yeux ahuris la totalité de la caverne qui était en train de craquer et gronder avant de commencer à s’effondrer dans un fracas abominable en commençant par le plafond au-dessus de ce qui restait du malerail et du clan Moulder. Un des tirs du canon à malefoudre avait d’ailleurs pulvérisé la litière de Turglok, quant à savoir s’il avait survécu dans cette confusion générale, c’était impossible à savoir. Mais maintenant la panique avait gagné les maîtres corrupteurs et leurs bêtes qui s’entredéchiraient en panique alors que des rochers de la taille d’une maison les écrasaient les uns après les autres.
Plusieurs technomages et techniciens du clan Skryre se tournèrent vers Thyroax, l’air perdu et demandant quoi faire alors que l’effondrement avançait rapidement vers eux. Thyroax les regarda successivement en affichant son plus beau regard bovin et leur dit en tremblotant :
« Courez-courez. »
Sur ce, la totalité des troupes du clan Skryre qui n’avaient pas encore commencées à fuir rattrapèrent leur retard et tentèrent aussi vite que possible de gagner les hauteurs jusqu’au quartiers du clan où ils devraient être en sécurité.
Lorsqu’Holger et Sieghilde avaient rejoint Hjalmar, ils l’avaient trouvé en train d’achever le chef skaven qui les avaient capturés plus tôt. Rien de bien étonnant de la part d’un homme qui était monté sur un dragon mort-vivant pour s’amuser, au final.
Mais ils n’eurent pas vraiment le temps de fêter cette victoire, car la guerre civile skaven, elle, continuait. Elle faisait rage même. Ainsi, lorsqu’une série d’éclairs explosifs se mirent à pleuvoir dans leurs environs, ils se dirent qu’il était vraiment temps de mettre les voiles. S’ils hésitèrent sur la marche à suivre pendant environ vingt secondes, ce fut avant de comprendre que la galerie s’effondrait dans leur direction. Courant à présent dans la direction opposée à toute jambes, ils essayaient d’éviter les rochers énormes qui leur tombaient dessus au hasard alors que le plafond s’abattait indistinctement sur eux et les hommes-rats.
Après avoir parcouru une centaine de mètres, Hjalmar hurla soudainement :
« A terre ! »
Son cri fut à peine audible à cause du fracas ambiant, mais Holger et Sieghilde l’entendirent. Ne comprenant pas ce que le norse voulait dire, ils tentèrent de regarder derrière eux. La prêtresse-guerrière ne put voir qu’un flash vert aveuglant avant de se sentir bousculé avec force par le nordique qui la plaqua au sol. L’éclair de malefoudre qui lui passa en craquant au-dessus de sa tête lui fit dire qu’à l’avenir elle ne remettrait plus en question les avertissements du norse…
Hjalmar avait plaqué Holger au sol dans le même temps mais une demi-seconde plus tard, ce qui fit que le chapeau du répurgateur avait perdu un petit morceau de son bord qui avait été carbonisé au passage. Le juron qui suivit lorsqu’Holger s’en rendit compte fut étonnamment audible malgré le vacarme ambiant.
Un instant plus tard, une grande forme ronde les dépassa en trombe avec un boucan de mécanique aléatoire. Apparemment, la roue étrange les avait pris pour cible, car au lieu de continuer à fuir dans la direction de la montée vers laquelle convergeaient les hommes-rats, l’engin fit demi-tour et les chargea à nouveau. Les trois compagnons sautèrent alors sur leurs pieds et esquivèrent une deuxième charge en se jetant sur les côtés.
Voyant l’effondrement s’approcher d’eux à une vitesse alarmante, ils réalisèrent que ce maudit engin allait leur coûter la vie si cela continuait ainsi. Mais, alors qu’ils venaient de sauter une nouvelle fois pour éviter une charge effrénée, Holger haussa la voix pour couvrir le grondement de la roche :
« J’crois que j’ai une idée ! »
Quand Sieghilde et Hjalmar remarquèrent que le répurgateur pointait du doigt la machine infernale, le norse sourit à pleine dents tandis que la prêtresse-guerrière blêmit en comprenant ce qu’il voulait dire...
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Mar 3 Oct 2017 - 15:19
Et la deuxième partie !
Courir. Voilà ce qu’un skaven savait faire de mieux avec sa propension à toujours trouver un coup tordu à accomplir. Et ce don inné à leur race, Thyroax était en train de l’appliquer avec une ferveur fanatique pour remonter les pentes en colimaçon vers un endroit sûr en hauteur.
Ainsi, il se trouvait à la tête de la fui… Hum, retraite stratégique et glorieuse de son clan. Il se disait qu’il prenait la responsabilité importante de diriger le mouvement, car il était du devoir d’un chef de montrer la marche à suivre. Dans les faits, c’était aussi en partie parce que tous ceux qui avaient eu l’audace de le dépasser avaient fini avec un voltage anormalement puissant dans le museau.
Durant cette course effrénée, l’effondrement non plus n’avait pas démérité et il avait continué sa marche grondante et impitoyable. Heureusement pour Thyroax et une bonne partie de son clan, ils se trouvaient suffisamment haut dans les échafaudages de leur terrier pour pouvoir survivre aux tonnes de roches et de terre qui tombaient en contrebas. Les guerriers des clans Moulder et Mors avaient très certainement été ensevelis sans distinction et, des troupes skavens, ils ne devaient rester à présent que le petit contingent d’artilleurs et de technomages qui remontaient à présent la pente.
Sentant que le sol tremblait de moins en moins sous ses pattes, Thyroax se risqua pendant un instant à jeter un œil en arrière, mais tout en continuant à courir bien entendu. C’était que le terrier de son clan n’était plus qu’à une dizaine de mètres à présent. Il vit que le bas du tunnel presque vertical était complètement enseveli par l’éboulement, mais ce dernier avait l’air de s’être enfin arrêté. Le technomage souffla lourdement, une bonne nouvelle, enfin.
Quoi que.
Maintenant qu’il regardait mieux, il semblait y avoir un problème plus bas. Apparemment une des roues infernales avait réussi à atteindre les échafaudages et autres excavations qui formaient la sorte d’escalier montant qui amenaient au terrier. Mais cette dernière écrasait les troupes en fonçant n’importe comment !
Se rendant compte que l’engin allait le rattraper sous peu à ce rythme, Thyroax accéléra sa course à s’endommager les muscles. Une petite larme de douleur se mit à perler à son œil encore valide tandis que son souffle s’accélérait. Les cris des victimes de la roue infernale se firent plus proches. Maudits équipements de soi-disant technologie qui le ralentissaient, pesta Thyroax ! Il jeta à bas son paquetage et les cuves en cuivre pour gagner en mobilité aussitôt, se moquant bien des éloges qu’il leur adressait deux jours plus tôt.
A bout de souffle, des morceaux de sa tenue en moins car ayant été jetés en toute hâte et accompagné d’une poignée de techniciens seulement, Thyroax surgit du passage vers les niveaux inférieurs en s’étalant au sol. Cela se fit devant les yeux inquiets et plutôt surpris des quelques technomages et troupes du clan Skryre qui étaient restés pour surveiller les canons à malefoudre. Mais ces derniers ne purent pas faire grand-chose avant qu’une roue infernale ne saute littéralement au-dessus de Thyroax à cause de sa vitesse. L’apparition surprise d’un tel engin qui ne semblait pas vouloir s’arrêter créa une panique complète dans le terrier et tout le monde se mit à fuir la machine incontrôlable en hurlant.
Thyroax, lui, essaya de reprendre son souffle en s’aidant de son bâton métallique qu’un de ses serviteurs venait de lui amener.
« Par le Rat Cornu, mais qu’est-ce qui se passe-passe encore ?! grogna-t-il en brûlant la fourrure dudit serviteur. »
En entendant les cris de douleurs paniqués de l’esclave, le technomage retrouva peu à peu ses esprits et se reconcentra sur la panique générale. C’est alors que son regard se porta enfin avec plus de précision sur la roue infernale, cause de tous ses maux en cet instant. Devant ses yeux épouvantés, il s’aperçut qu’à la place de l’homme-rat qui devait piloter l’engin se trouvait en fait deux choses-hommes et à l’arrière de la machine se tenait en plus le chose-homme barbu qui lui avait causé tant de souci. L’équipage improbable semblait avoir du mal à contrôler la chose et, entre deux cris de panique, ils changeaient brutalement de trajectoire ou faisaient tirer le canon à malefoudre au hasard. En voyant qu’un des plus beaux engins du clan Skryre était ainsi ridiculisé par des choses-hommes, le sang du technomage ne fit qu’un tour.
« FEU-FEU ! hurla-t-il en invoquant une foule d’éclairs autour de son bâton. Détruisez les choses-hommes !»
Dans la roue infernale, Holger, qui était aux commandes, essayait en vain de trouver une position acceptable malgré la petite taille du poste de pilotage. Sieghilde, qui se tenait à côté de lui, tentait tant bien que mal d’aider son collègue à se diriger et à comprendre comment cette chose pouvait marcher. Le tout bien entendu en évitant de tomber dans les rats mutants qui faisaient avancer la machine juste en-dessous. Ils avaient bien essayé de tirer quelques informations de l’ancien pilote, mais ce dernier était tellement intenable qu’ils avaient dû s’en débarrasser après avoir vaguement compris les commandes de bases. La phase de test qui avait suivie avait bien failli tous les tuer à plusieurs reprises, mais à présent Holger semblait être capable d’aller en ligne droite pendant une durée acceptable.
Derrière, debout sur la petite plateforme attachée à l’engin, Hjalmar envoyait des coups d’hallebarde de vermine de choc sur tous ceux qui passaient à sa portée. Aucun des trois ne comprenait vraiment où ils pouvaient bien être, mais voir les multiples alcôves qui abritaient chacune un canon à malefoudre ne les rassura pas vraiment.
Plus loin, un skaven à moitié en armure et à l’air particulièrement énervé préparait une sorte de sort.
« Dépêchez-vous de trouver un moyen pour qu’on sorte d’ici ! Ils… ! » - Le norse fut coupé dans sa phrase lorsqu’il dû se baisser pour esquiver un tir qui ricocha sur la roue derrière lui - « Ils nous tirent dessus bon sang !
-Eh bien faisons de même ! répliqua Holger en ricanant. »
Le répurgateur activa une manette qui, après une série de crépitements, déclencha la création d’un éclair de malefoudre qui partit droit vers des tirailleurs skavens. Mais, au même moment, un autre éclair provenant du technomage était parti vers la roue infernale. Les deux traits de malefoudre se rencontrèrent sur le chemin et se condensèrent en une grande sphère luminescente.
De son côté Thyroax jura sensiblement fort et, reconnaissant là un retour de magie, partit se mettre à l’abri juste avant que la sphère d’énergie n’implose en relâchant les éclairs qui partirent en sens inverse. L’un des deux failli donc carboniser le technomage et l’autre frôla la roue infernale pour aller s’éclater finalement dans une paroi. Dans l’engin justement, Holger éclata de rire.
« Vous m’avez l’air de prendre beaucoup trop de plaisir à utiliser cet engin impie Holger ! lui fit remarquer Sieghilde qui serrait les dents à force d’être ballotée en tous sens.
-Ça nous maintient en vie tout en tuant ces saloperies, donc pour l’instant j’en profite ! On verra après pour la purification et tout le toutim. Bon, à quoi sert ce levier ?
-Attention à droite ! cria Sieghilde.
-Oui j’l’ai vu, je sais ! »
Après avoir évité au dernier moment un affleurement rocheux surmonté d’une mitrailleuse ratling qui était en train de se lancer, l’engin fit une embardée qui profita à Hjalmar pour qu’il puisse décapiter la vermine qui manipulait l’arme.
« Voilà, ça se passe bien.
-Vous vous moquez de moi ? s’insurgea Sieghilde. Laissez-moi conduire cette chose !
-Nan ! C’est moi qui conduis on avait dit !
-Holger, ne faites pas l’enfant !
-J’fais ce que j’veux ! »
Pour accompagner le geste à la parole, Holger activa une nouvelle fois un tir de malefoudre avec une moue boudeuse et revancharde à destination de Sieghilde. Ce qu’il n’avait pas prévu, était que son tir allait arriver juste à côté d’un canon à malefoudre. La machine de guerre explosa dans les règles, mais, étonnamment, au lieu d’une simple explosion de roche, ce fut un trou lumineux qui résulta du tir hasardeux. L’apparition surprise de la lumière naturelle dans la grotte mal éclairée aveugla les skavens pendant quelques instants, ces derniers le faisant savoir avec forces couinements.
Il ne fallut pas longtemps au trio pour comprendre qu’en fait les parois rocheuses devant les canons à malefoudre étaient plutôt fines et étaient vouées à être brisées le moment venu pour libérer le champ de tir. Ni une, ni deux, Holger fonça littéralement vers ce trou, le roulement de la roue infernale s’intensifiant au fur et à mesure de sa prise de vitesse.
« Holger ? s’inquiéta Sieghilde.
-Accrochez-vous !
-De quoi ? cria Hjalmar depuis l’arrière. »
Puis, ce fut le choc.
Le reste de la paroi de roche fine déjà fragilisée par le tir précédent d’Holger fut broyée par la roue infernale lancée à pleine vitesse. Et, pendant quelques secondes, le trio fut aveuglé par la vive lumière naturelle du soleil qui leur parvint enfin. Quand ils réussirent à retrouver la vue, ils se rendirent d’abord compte qu’ils volaient un peu, la belle cité de Talabheim se présentant sous leurs pieds en bas de la pente du cercle intérieur du Taalbastion. Mais pas pour longtemps puisque la paroi se rapprocha à une vitesse inquiétante et un deuxième choc eu lieu lorsque la roue entra en contact.
« Par Ulric et son foutu hiver ! lâcha Holger qui avait failli perdre les commandes. »
La roue infernale finit par tourner difficilement et entama une descente de biais plutôt que tout droit, cela permettant de ne pas prendre trop de vitesse. Pendant quelques secondes, le trio pu ainsi observer à nouveau le cratère à la lumière du soleil de fin d’après-midi qui leur avait manqué cruellement ces dernières heures. En dessous d’eux, le Suif s’étalait tel un cloaque à ciel ouvert, mais un cloaque qui leur semblait bien plus accueillant à présent que n’importe tunnel souterrain. La descente allait prendre quelques minutes cependant, après tout, ils devaient être à bien cent mètres au-dessus du sol…
Mais les skavens n’avaient pas l’intention de les laisser partir comme ça. Peu de temps après leur évasion surprise, deux autres pans de roches explosèrent et laissèrent passer chacun le fût d’un canon à malefoudre. A côté de l’un d’eux, Thyroax gesticulait dans tous les sens en couinant ses ordres. Sieghilde cru même le voir tuer un de ses techniciens au passage.
Comprenant que sa situation allait vite se dégrader en voyant les générateurs en malepierre des canons se mettre à pulser, Sieghilde hurla à Holger de zigzaguer autant que possible. Juste après, deux éclairs verts venaient s’écraser là où ils s’étaient trouvés quelques instants plus tôt. D’après le couinement de douleur qui venait de retentir, un technicien de plus avait subi la fureur de Thyroax à cause de cet échec.
« Holger ! lança Hjalmar depuis l’arrière.
-Ouais ?
-Continue, attends le prochain tir, puis fait demi-tour !
-Hein ? Mais pourquoi ? »
Mais le répurgateur ne put demander plus d’explications au nordique qui avait sauté de la roue infernale pour se réceptionner sur un affleurement rocheux un peu plus bas après avoir roulé-boulé plusieurs fois.
« Mais il a perdu la raison ? s’exclama Sieghilde.
-Il en avait une ? lui rétorqua Holger. »
L’instant d’après, deux éclairs partirent à nouveau, mais sur des cibles différentes cette fois-ci : un alla vers Hjalmar et l’autre vers la roue infernale. Les tirs ayant apparemment été fait en toute hâte, ils loupèrent leurs cibles pour aller se terminer dans le Suif.
Se souvenant de la demande de Hjalmar, Holger fit faire demi-tour à l’engin avec difficulté. Une fois dans l’autre sens, ils virent que Hjalmar courait vers eux à toute jambes.
« Je ne comprends toujours pas ce qu’il fabrique bon sang ! pesta Sieghilde. Pourq… »
C’est alors que Sieghilde se rappela de la réaction précédente lorsque l’éclair du skaven avait rencontré celui de leur engin. Les deux étaient retournés à l’envoyeur. Lorsqu’ils dépassèrent en trombe Hjalmar, Sieghilde sût aussitôt que le norse l’avait compris lui aussi, car il souriait à pleine dents.
Depuis son promontoire, Thyroax était en train de contrôler le tir d’un des canons à malefoudre. Ce qui signifiait, au vu de son état, qu’il martelait les commandes en piaillant des insultes. Il avait ordonné à ce que l’autre pièce d’artillerie continue de viser la roue infernale pendant que lui irait faire « frire ce maudit chose-homme ».
Le technomage était tellement en rage qu’il en avait de l’écume aux lèvres. De plus, la fourrure autour de son œil de malepierre était en sang à force d’avoir été grattée continuellement pour combattre en vain la douleur causée par l’éclat de roche verdâtre. Ce dernier brillait d’ailleurs tellement fort que l’alcôve était baigné dans sa lumière, donnant au technomage une aura abominable.
Autour de lui se trouvaient quatre cadavres carbonisés de skavens qui avaient eu l’audace de le questionner. Le questionner ? LUI ?! Comment avaient-ils osé lui demander s’il allait bien ? Ce n’était rien qu’une bande de traîtres impertinents qui l’empêchaient de se concentrer ! Ils n’avaient qu’à fuir, ils les rattraperaient en temps voulu !
Son œil le gratta encore plus et Thyroax, après s’être presque lacéré le visage, ramena sa main vers les commandes. Il ne vit même pas les gouttes de sang qui perlaient au bout de sa patte.
Si le Rat Cornu était réellement clément, alors il allait lui accorder ce foutu tir pour en terminer une bonne fois pour toutes ! Au chaos la discrétion et la révélation de leur race aux choses-hommes. Ces derniers étaient faibles et idiots ! Ils oublieraient tout dès le lendemain de toute manière ! Mais maintenant… Ce chose-homme… Ce chose-homme increvable qui lui pourrissait la vie et ses plans… Ce chose-homme qui n’avait apporté que ruine et malheur à la grande race skaven…
« Ce chose-homme MEEEUUUURT !!! brailla Thyroax en écrasant le bouton de mise à feu de tout son poids. »
Au même moment, l’autre canon tira lui aussi et les deux éclairs partirent vers leurs cibles. Oui ! Ça y était, enfin. Il le voyait ! Le Rat Cornu guidait ce trait lumineux d’un vert parfait ! Il allait enfin CRE-VER ! Et… Et les deux éclairs se rencontrèrent, formant une sphère luminescente.
« Quoi-quoi… ? murmura Thyroax qui sentit un froid glacial le parcourir lentement, lui congelant la colonne vertébrale de peur. »
Et à ce moment-là, il se souvint. Il avait vu passer une ombre devant le chose-homme juste avant de tirer. L’ombre de la roue infernale. Donc… Donc les trajectoires des deux traits lumineux allaient se croiser puisque les cibles s’étaient-elles-même croisées.
Le technomage se leva de son siège sur le canon à malefoudre, lentement. Fuir n’était plus une option, la réaction en chaîne allait probablement tout détruire. Il n’en voulait même pas à l’autre équipage pour ne pas avoir pensé à changer son angle de tir alors le sien était parfait. Non. Pour la première fois dans sa vie, Thyroax en voulu au Rat Cornu.
Ainsi, alors que la sphère de magie condensée éruptait en deux traits incandescents qui leur revenaient directement dessus, Thyroax dirigea son regard accusateur vers Morrslieb - la lune verte et malsaine, celle qui représentait le symbole ultime du Rat Cornu… Et, sans la moindre hésitation, Thyroax lui adressa le geste le plus obscène qu’il connaissait en maudissant de tous les noms sa divinité tutélaire. Cela ne servirait certainement à rien, se dit Thyroax alors que lumière verte l’aveuglait à présent. Mais parce que ce soi-disant dieu l’avait encore laissé tomber à ce point, alors ce résidu gastrique d’esclave incompétent l’avait bien mérité.
Le technomage mourut ainsi, dans la plus pure tradition skaven. Fièrement installé sur un canon à malefoudre, blâmant quelqu’un d’autre pour ses échecs à répétition et avec la satisfaction d’être parti dans un grand boum.
Holger Von Wütend se réveilla en sursaut dans ce qui sembla être un lit. Un brin paniqué car ses derniers souvenirs le ramenaient dans un engin infernal sur le flanc du Taalbastion à esquiver des débris et autres éboulements de masse, il se releva brusquement. Bien mal lui en prit, car sa jambe droite lui causa une douleur intense au niveau du tibia et il s’effondra aussitôt sur le sol en marbre froid.
« Pour l’amour de Sigmar, Holger ! Pourquoi n’êtes-vous donc pas capable de rester en place… »
La voix, féminine avec un ton dur et quelque peu exaspéré, provenait à n’en pas douter de Sieghilde Ingrimm. Le répurgateur releva la tête, les dents toujours serrées par la douleur, et s’aperçut que sa collègue se trouvait assise sur un lit semblable au sien de l’autre côté de la pièce. Une petite fenêtre illuminait l’endroit en laissant passer une douce lumière matinale dans ce qui semblait être une chambre d’un édifice religieux. La prêtresse-guerrière avait un bras en bandoulière ainsi que des bandages autour de la cuisse gauche. Le bâton de marche à côté de son lit en disait long sur sa capacité à marcher.
« Comme vous le constatez, je vais avoir du mal à vous remettre sur vos pieds. Donc faites-moi plaisir et allez-y doucement. Un os dans votre jambe droite est brisé et votre tête s’est prise un mauvais coup. Et je ne parle pas des divers bleus sur le torse, pour ça j’ai la même chose que vous.
-Où… Où sommes-nous ?
-Dans le sanatorium de la ville, il est l’après-midi. Cela fait quatre jours que vous dormez. Les prêtresses de Shallya se sont occupées de nous.
-Et les skavens ? Hjalmar ? L’attaque ?! cria Holger qui en oublia sa jambe invalide, ce qui lui tira un autre cri de douleur. »
Après avoir roulé des yeux une nouvelle fois, Sieghilde finit par se lever. Une fois bien positionnée sur sa canne, elle s’approcha d’Holger pour essayer de lui tendre son épaule. Le répurgateur tenta tant bien que mal d’utiliser l’aide de la prêtresse-guerrière et, après forces grognements de douleurs des deux blessés, ils se rassirent dans leurs couches respectives.
« Bon, maintenant que vous êtes assis convenablement, reprenons calmement. Jusqu’où vous souvenez-vous des évènements ?
-Nous étions dans la machine, nous venions de dépasser Hjalmar » - dit Holger en plissant les yeux sous l’effort. Le répurgateur passa ensuite sa main sur les bandages qui enserraient son front. Ils lui faisaient un mal de chien – « Et puis, les tirs de leurs machines de guerre avaient réagi comme avant. Ils s’étaient condensés puis étaient reparti vers les hommes-rats. Puis, il y a eu… une explosion. Des éboulis, puis plus rien.
-C’est bien ce que je pensais, murmura Sieghilde pour elle-même. Après ladite explosion, vous vous êtes pris un débris en pleine tête, cela vous a assommé sur le coup. Forcément le… transport étrange a perdu tout contrôle et j’ai dû vous en sortir moi-même. C’est en tombant de là qu’un des pics sur la machine m’a ouvert la jambe. »
La prêtresse-guerrière montra alors le bandage à sa cuisse que le répurgateur avait remarqué plus tôt.
« Ensuite, ça a été une longue descente avec forces roulades et chocs jusqu’au Suif. Je n’ai pas vraiment su ce qui s’était passé ensuite. J’ai dû moi-même subir un choc et perdre connaissance.
-Comment avons-nous seulement survécu à ça ?
-La machine nous avait éloignée de l’éboulement principal, lui répondit Sieghilde en massant son flanc gauche. Pour ce que j’en ai vu, les traits magiques ont provoqué une réaction en chaîne, du coup l’éboulement était séparé en diverses vagues.
-D’accord… Donc quelqu’un nous a trouvé, inconscient, en bas de la pente dans les restes de la bordure du Suif ?
-Pour ça, je pense que l’on peut remercier Hjalmar… Avant que vous ne me demandiez où il se trouve, je n’en ai aucune idée. Mais vu que je me suis réveillée le lendemain matin, une prêtresse m’a dite qu’un grand bonhomme barbu nous avait trainé jusqu’ici avant de partir sans dire un mot.
-Elle est sûre de ce qu’elle dit ?
-C’était la panique dans le Suif pour ce qu’on m’en a dit. Les habitants avaient déjà fui le quartier en entendant l’effondrement de la caverne, alors quand la paroi au-dessus d’eux a explosée pour cracher des éclairs verts, ils n’ont pas demandé leur reste. Il n’y avait que Hjalmar pour nous trouver dans ce chaos.
-Certes, mais… Pourquoi est-ce que cet homme semble être aussi indestructible ? C’en est effrayant à force ! s’emporta Holger avant de grimacer à cause d’un mauvais mouvement. Bon sang, quatre jours que je dors, il doit être loin maintenant. »
Sieghilde haussa des épaules devant cette question à laquelle elle n’avait pas plus de réponse. Elle était juste un peu déçue de ne pas avoir pu faire ses adieux en bonne et due forme avec le nordique. Puis, la porte s’ouvrit doucement, laissant passer le visage doux d’une prêtresse de Shallya.
« Heum… Ma mère, monsieur Von Wütend, vous avez de la visite.
-Qui donc ? »
*Tin ta la tin ta tin tsouin tsouin*
« Sérieusement ? maugréa Sieghilde dont tout espoir venait de mourir aussitôt. »
La Shalléenne qui n’avait pas l’air de savoir où se placer fut brusquement poussée hors de l’embrasure et la porte s’ouvrit à la volée, laissant apparaître un Steve Von Talos qui semblait exulter en tenant sa mandoline.
« Ah AH ! Lé prêtre-guerreros … ExTRAorDinAire à la rescoussé !!
-Oh pitié non, pas lui…
-Ouééé, Steeeve ! cria Holger à son tour. Vieux brigand, qu’est-ce que tu fous ici !
-Yé appris pour les évènements… Paranormalés… alors que mon équipage, que y’avait rétrouvé, allait partir. Mais quand yé suis arrivé dans la ville, il n’y avait plous qué dés rouines ! Du coup, grâce à mes talents de prêtre-guerrier ExTRAorDinAire, y’ai pou obténir des infourmations ! Et quand yé appris qu’on vous avait retrouvé là-bas, eh bien, yé accouru ! Ainsi, mé voilà !»
Le prêtre-guerrier accompagna aussitôt cette annonce de quelques accords de son instrument à corde, pour le plus grand malheur de Sieghilde. Elle ne croyait pas une seule seconde à la possibilité que cet estalien étrange ait pu les trouver si facilement, mais il l’avait étrangement fait. Résigné et n’ayant pas vraiment envie de questionner le fonctionnement de ce personnage improbable, Sieghilde se dit qu’il valait mieux qu’elle laisse couler plutôt que de s’emporter encore une fois.
La prêtresse de Shallya, qui s’était retrouvée face contre terre, sorti de la pièce avec un regard furieux envers l’estalien qui ne la remarqua même pas. Du moins c’est ce que le prêtre-guerrier voulu lui faire croire. La prêtresse fut à peine sortie qu’il referma la porte avec discrétion mais rapidité et se retourna vers les deux impériaux avec un air grave. Ce genre d’émotion n’étant pas commune chez Steve Von Talos, Sieghilde et Holger comprirent que quelque chose n’allait pas.
« Yé né sait pas dans quoi vous vous être fourré tous les deux, mais sé n’est pas yoli-yoli… Vous avez toute oune compagnie de répourgators qui vous récherchent. Et avec ce qui s’est passé il y a quèlqué yours, ça les a énervés !
-C’est sûr que sans contexte, cela peut sembler étrange, réalisa Holger. Pour Johannsen, il vient de perdre un contingent de ses troupes à Kortlheim et on réapparait mystérieusement à Talabheim en un temps record dans une explosion inexpliquée. Il faut qu’on leur montre l’engin skaven, cela devait peut-être les convaincre.
-Un engin des ratas ? Ah ma yé trouvé oune morceau de la pierre bizarre qu’ils outilisent dans les gravats, mais rien dé plous. Quelque chose avait déjà fouillé l’endroit et les témoins ont tous disparous. Tout lé monde pense à oune problèma magique.
-Ils auraient déjà tout nettoyé derrière eux ? Mordiable ! Nous n’avons donc aucune preuve de leur existence… Attendez, vous connaissez les skavens ?
-Ah sì séniorita. Yé connait toutes les ménaces dans l’Empire ! Mais lé prêtre dé Sigmar de la ville, oune gaillard qui s’appelle Farador, a renseigné les répourgators sur ce qué vous lui avez dit… Ils n’avaient pas l’air d’aimer vos « fausses » histoires dé rata.
-Comment nous avez-vous vraiment retrouvé Steve ? dit Sieghilde en se raidissant.
-… Yétait avec les répourgators. Ils m’ont réquisitionné avec d’autres sigmarites alors que yé sortait du port et qu’ils arrivaient sour oune bateau à vapeur. Y’ai appris très vite votre pousition en démandant par hasard aux sœurs dé Shallya mais yé ne leur ai rien dit. Yé les aient envoyés sur d’autre pistes pendant ce temps. Cependanté, ils ne vont pas tarder à comprendre ! Vous dévriez fouir.
-Fuir ? s’étonna Holger. C’est une blague ? On travaille pour eux ! On va aller les voir et leur expliquer, voilà tout.
-Leur expliquer ? Nada mon bon amigo, ils veulent vous captourer pour vous interroger. Ils m’ont dit que vous étiez des traîtres à l’Empire… Mais yé sait que c’est faux, c’est pour céla que yé vous avertit ! »
Holger et Sieghilde se regardèrent mutuellement pendant quelques instants avant de revenir vers Steve Von Talos. Le prêtre-guerrier estalien était plutôt impressionnant et n’usurpait pas son titre d’apprenti de l’archidiacre Coteaz pour avoir réussi à obtenir autant d’informations en si peu de temps.
« Merci Steve, lui répondit Sieghilde. Nous allons partir dès que possible. Mais avec Holger dans cet état et moi-même qui ne suis pas mieux, nous n’irons pas bien loin.
-C’est là que y’interviens… lança Von Talos avec un grand sourire. Yé vous avait parlé dé mon équipage, sì ? Ils ont oune bateau à Talagaad… Et nous allons à Marienburg, oune ville plous libré qu’ici de la présence des répourgators. »
Le prêtre-guerrier ouvrit doucement la porte, laissant Sieghilde voir qu’un soldat en armure clinquant tel une machinerie à vapeur se tenait dans l’embrasure.
« Franziskus ! murmura Steve. »
L’ingénieur impérial, se retourna avec force cliquetis puis acquiesça avant de donner un sac à Von Talos.
« Mettez vos affaires là-dédans. Il y a deux robes dé Taal à l’intérior pour vous. Nous vous réjoindrons à l’entrée de la ville, dans oune heure. Les répourgators cherchent encore lé Souif, vous devriez être tranquille. Vous né pourrez pas nous louper. Soyez discret ! »
Sur ces mots, Steve se mit à crier une bonne série d’idioties banales avant de repartir avec quelques accords de mandoline en compagnie de son ami en armure. En sortant de la pièce, il adressa un clin d’œil au duo.
Maintenant que le silence était revenu, Holger et Sieghilde réalisèrent enfin que leur situation était bien plus précaire que prévue… L’aide providentielle de Von Talos était presque surréaliste en un sens, mais ils n’allaient pas s’en plaindre.
Pour le moment, ils étaient traqués par l’Empire sûrement pour avoir pris part à des évènements inexpliqués et n’avoir donné aucune nouvelle de Hjalmar depuis trop longtemps. Holger regarda le sac en toile contenant les deux robes de taalites avec un air agacé que Sieghilde comprenait bien. Le répurgateur Ulricain détestait être poursuivi puisqu’il était le chasseur d’habitude. De plus, il avait perdu son marteau-fléau après leur capture dans les souterrains. C’était de même pour Sieghilde dont les marteaux jumeaux étaient aux abonnés absents.
Une belle situation de merdre en somme.
Les deux impériaux soupirèrent longuement. Tout ça, toutes ces péripéties pour être finalement traqués par leurs propres employeurs. Résignés à l’idée de devoir faire profil bas jusqu’à ce qu’ils trouvent une preuve de leur innocence, le duo se prépara à sortir.
Plus tard, lorsqu’ils rejoignirent les membres plutôt ésotériques de l’équipage de l’Aigle d’Argent et Steve Von Talos, ce dernier leur apprit qu’un grand norse hirsute était venu l’accoster peu de temps après leur discussion. Il avait bien essayé de faire semblant de ne rien savoir, mais le nordique semblait très bien connaître Sieghilde et Holger. Steve l’avait donc renseigné à propos de la situation des deux impériaux et des répurgateurs qui les suivaient. Mais, alors qu’il allait lui proposer de venir avec eux jusqu’à Marienburg, le norse était parti en disant simplement :
« Je leur dois bien ça. »
Une heure plus tard, un conflit avait éclaté dans le Suif et les répurgateurs avaient été massacrés en grand nombre là-bas par un assaillant inconnu qui clamait avoir tué une prêtresse de Sigmar et un répurgateur Ulricain. La voie étant donc d’autant plus libre, l’opération pour faire sortir Sieghilde et Holger de Talabheim en douce s’effectua sans problème.
Le duo savait très bien de quel norse il s’agissait. Et ils se doutaient bien que Hjalmar essayait de se racheter du fait de les avoir involontairement mis en danger. Un acte dont ils prirent bonne note, malgré son caractère inutilement violent.
Lorsqu’ils embarquèrent à bord du navire au couleur du Middenstag à Talagaad, après avoir fait connaissance avec l’équipage étrange mais chaleureux dirigé d’une main de fer par le capitaine Von Kieffenbach, ils purent mettre les voiles vers Marienburg.
En sortant du port, Sieghilde cru apercevoir la grande figure du nordique qui les saluait une dernière fois depuis la berge nord du Hochland, avant de disparaître entre les arbres de la Drakwald. Hallucination ou réalité, Sieghilde avait fait son choix bien vite. Et ce fut avec un petit sourire amusé que la prêtresse-guerrière se tint au bastingage du navire.
Elle ne garda cette bonne humeur que douze minutes, avant que Steve Von Talos et Holger ne se décident à pêcher des anguilles à la bombe. Fait amusant, le capitaine du navire s’allia à elle dans ses réprimandes envers les deux forcenés.
Comme quoi, même quand l’avenir était incertain, certaines choses ne changeaient jamais.
Quelques minutes plus tard, le crépuscule s’était installé et la Drakwald, au nord de Talabheim, résonnait des cris d’animaux nocturnes plus ou moins dangereux. Entre les grands arbres de cette forêt bien plus étouffante que celle du Talabecland, une forme humaine dépassait difficilement les troncs des anciens résineux.
Après quelques pas hésitants, l’homme, qui se révéla être un norse plutôt imposant, tomba à genoux. Il fut soudainement pris de tremblements et grogna à plusieurs reprises en se tenant son flanc qui était blessé… Du moins, il l’était avant. À présent il sentait les chairs se reconstruire lentement et surtout douloureusement, comme dans le malerail ou après l’éboulement. C’est ce qui lui avait permit de se relever et d’aller sortir les deux impériaux de là. Au moins, il espérait leur avoir épargné une partie des ennuis qu’il leur avait malheureusement apportés. Une fois la véritable torture qu’était ce processus terminé, il ramena sa main ensanglantée de son flanc, une petite balle en argent entre les doigts. Un souvenir des répurgateurs qu’il avait affronté dans Talabheim plus tôt.
Jetant l’objet au loin avec un juron, le nordique tâta la peau fraichement reconstruite à l’emplacement du trou dans ses protections en cuir. Ne sentant absolument rien d’anormal, il retint un cri de colère et frappa le sol de son poing deux fois de suite avec un juron dans sa langue natale.
« Arrête ça ! finit-il par lancer à son environnement puisque personne ne se trouvait physiquement là. »
Plusieurs secondes de silence passèrent durant lesquelles Hjalmar attendit avec une colère grandissante, car il savait qu’il le faisait languir. Ce maudit… Il semblait aimer jouer avec lui, mais il finissait toujours par répondre.
Enfin, comme le nordique s’y attendait, un murmure lointain qui résonna comme un cri dans son crâne finit par être prononcé. La voix ne faisait presque pas de sens et ne pouvait être décrite que comme un paradoxe sonore qui prenait forme dans sa tête uniquement.
« Pourquoi donc ?
-Pourquoi ? Tu oses me poser la question ? Tu… »
Hjalmar patienta quelques secondes, pour reprendre son souffle et réfléchir à ce qu’il allait bien pouvoir lui dire.
« Tu… Tu rends tout trop facile. Au final, tu ne vaux pas mieux que les autres, à vouloir me protéger sans raison juste pour me voir courir de par le monde pour ton amusement.
-…
-Pas de réponse à cela, hein ? » - Hjalmar soupira longuement – « Vous êtes tous les même au final.
-D’accord.
-C’est-à-dire d’accord ?
-J’arrête de te faire cadeaux de mes dons.
-Quoi comme ça ? Je t’ai « convaincu » d’arrêter ?
-Oui, lança la voix nonchalamment. »
Ne lui faisant pas confiance, Hjalmar attrapa un caillou tranchant par terre et s’écorcha la paume de sa main droite vivement. Une perle de couleur bordeaux coula paresseusement de la blessure. Hjalmar regarda sa plaie pendant une bonne minute et, ne voyant pas de changement ou de quelconque guérison miracle, il conclut que l’autre avait bel et bien tenu parole.
« Pourquoi ce changement soudain ? demanda Hjalmar avec suspicion. Dans la machine des thaggoraki tu n’avais pas l’air très ouvert à la négociation.
-Je l’ai fait parce que tu en avais besoin. Et je l’ai défait parce que je sais qu’un jour tu me les redemanderas. Certaines choses sont inévitables.
-Et on recommence avec les énigmes. »
Hjalmar cracha par terre en se relevant, l’air passablement agacé.
« Saches aussi une chose.
-Quoi ? ronchonna Hjalmar, les bras ballants.
-Contrairement à ceux qui t’ont trahi… J’ai des plans pour toi, de grands plans. Te regarder battre la plaine inutilement ne m’intéresse guère.
-Ce serait bien que me les dévoiler alors, histoire que je puisse les refuser tout net.
-En temps voulu, ricana la voix. Mais, en attendant, te souviens-tu de mon nom ? »
Le norse allait cracher une autre insulte à l’encontre de son interlocuteur, mais cette question le gêna cette fois-ci. En effet, pour la première fois, il avait la réponse. Il s’en était souvenu quelque peu par hasard un jour plus tôt, comme toujours avec certains souvenirs enfouis qui tendaient à refaire surface au moment qu’ils trouvaient opportuns. Hjalmar se raidit, régurgita bruyamment puis prononça enfin le nom de celui qui s’était intéressé à son sort envers et contre tout. Celui qu’il savait être son allié, même si cela le répugnait, car ils partageaient la haine d’un ennemi commun :
« Ton nom est Malal. »
Un rire abyssal et fourmillant retentit dans les tréfonds du cerveau du nordique. Puis, la voix reprit plus calmement, mais avec une touche de joie sadique :
« Parfait ! Nous allons donc pouvoir commencer. »
AINSI SE TERMINE FOI FURIEUSE, TROISIÈME TOME DE LA SAGA D’OKSILDEN
Courir. Voilà ce qu’un skaven savait faire de mieux avec sa propension à toujours trouver un coup tordu à accomplir. Et ce don inné à leur race, Thyroax était en train de l’appliquer avec une ferveur fanatique pour remonter les pentes en colimaçon vers un endroit sûr en hauteur.
Ainsi, il se trouvait à la tête de la fui… Hum, retraite stratégique et glorieuse de son clan. Il se disait qu’il prenait la responsabilité importante de diriger le mouvement, car il était du devoir d’un chef de montrer la marche à suivre. Dans les faits, c’était aussi en partie parce que tous ceux qui avaient eu l’audace de le dépasser avaient fini avec un voltage anormalement puissant dans le museau.
Durant cette course effrénée, l’effondrement non plus n’avait pas démérité et il avait continué sa marche grondante et impitoyable. Heureusement pour Thyroax et une bonne partie de son clan, ils se trouvaient suffisamment haut dans les échafaudages de leur terrier pour pouvoir survivre aux tonnes de roches et de terre qui tombaient en contrebas. Les guerriers des clans Moulder et Mors avaient très certainement été ensevelis sans distinction et, des troupes skavens, ils ne devaient rester à présent que le petit contingent d’artilleurs et de technomages qui remontaient à présent la pente.
Sentant que le sol tremblait de moins en moins sous ses pattes, Thyroax se risqua pendant un instant à jeter un œil en arrière, mais tout en continuant à courir bien entendu. C’était que le terrier de son clan n’était plus qu’à une dizaine de mètres à présent. Il vit que le bas du tunnel presque vertical était complètement enseveli par l’éboulement, mais ce dernier avait l’air de s’être enfin arrêté. Le technomage souffla lourdement, une bonne nouvelle, enfin.
Quoi que.
Maintenant qu’il regardait mieux, il semblait y avoir un problème plus bas. Apparemment une des roues infernales avait réussi à atteindre les échafaudages et autres excavations qui formaient la sorte d’escalier montant qui amenaient au terrier. Mais cette dernière écrasait les troupes en fonçant n’importe comment !
Se rendant compte que l’engin allait le rattraper sous peu à ce rythme, Thyroax accéléra sa course à s’endommager les muscles. Une petite larme de douleur se mit à perler à son œil encore valide tandis que son souffle s’accélérait. Les cris des victimes de la roue infernale se firent plus proches. Maudits équipements de soi-disant technologie qui le ralentissaient, pesta Thyroax ! Il jeta à bas son paquetage et les cuves en cuivre pour gagner en mobilité aussitôt, se moquant bien des éloges qu’il leur adressait deux jours plus tôt.
A bout de souffle, des morceaux de sa tenue en moins car ayant été jetés en toute hâte et accompagné d’une poignée de techniciens seulement, Thyroax surgit du passage vers les niveaux inférieurs en s’étalant au sol. Cela se fit devant les yeux inquiets et plutôt surpris des quelques technomages et troupes du clan Skryre qui étaient restés pour surveiller les canons à malefoudre. Mais ces derniers ne purent pas faire grand-chose avant qu’une roue infernale ne saute littéralement au-dessus de Thyroax à cause de sa vitesse. L’apparition surprise d’un tel engin qui ne semblait pas vouloir s’arrêter créa une panique complète dans le terrier et tout le monde se mit à fuir la machine incontrôlable en hurlant.
Thyroax, lui, essaya de reprendre son souffle en s’aidant de son bâton métallique qu’un de ses serviteurs venait de lui amener.
« Par le Rat Cornu, mais qu’est-ce qui se passe-passe encore ?! grogna-t-il en brûlant la fourrure dudit serviteur. »
En entendant les cris de douleurs paniqués de l’esclave, le technomage retrouva peu à peu ses esprits et se reconcentra sur la panique générale. C’est alors que son regard se porta enfin avec plus de précision sur la roue infernale, cause de tous ses maux en cet instant. Devant ses yeux épouvantés, il s’aperçut qu’à la place de l’homme-rat qui devait piloter l’engin se trouvait en fait deux choses-hommes et à l’arrière de la machine se tenait en plus le chose-homme barbu qui lui avait causé tant de souci. L’équipage improbable semblait avoir du mal à contrôler la chose et, entre deux cris de panique, ils changeaient brutalement de trajectoire ou faisaient tirer le canon à malefoudre au hasard. En voyant qu’un des plus beaux engins du clan Skryre était ainsi ridiculisé par des choses-hommes, le sang du technomage ne fit qu’un tour.
« FEU-FEU ! hurla-t-il en invoquant une foule d’éclairs autour de son bâton. Détruisez les choses-hommes !»
Dans la roue infernale, Holger, qui était aux commandes, essayait en vain de trouver une position acceptable malgré la petite taille du poste de pilotage. Sieghilde, qui se tenait à côté de lui, tentait tant bien que mal d’aider son collègue à se diriger et à comprendre comment cette chose pouvait marcher. Le tout bien entendu en évitant de tomber dans les rats mutants qui faisaient avancer la machine juste en-dessous. Ils avaient bien essayé de tirer quelques informations de l’ancien pilote, mais ce dernier était tellement intenable qu’ils avaient dû s’en débarrasser après avoir vaguement compris les commandes de bases. La phase de test qui avait suivie avait bien failli tous les tuer à plusieurs reprises, mais à présent Holger semblait être capable d’aller en ligne droite pendant une durée acceptable.
Derrière, debout sur la petite plateforme attachée à l’engin, Hjalmar envoyait des coups d’hallebarde de vermine de choc sur tous ceux qui passaient à sa portée. Aucun des trois ne comprenait vraiment où ils pouvaient bien être, mais voir les multiples alcôves qui abritaient chacune un canon à malefoudre ne les rassura pas vraiment.
Plus loin, un skaven à moitié en armure et à l’air particulièrement énervé préparait une sorte de sort.
« Dépêchez-vous de trouver un moyen pour qu’on sorte d’ici ! Ils… ! » - Le norse fut coupé dans sa phrase lorsqu’il dû se baisser pour esquiver un tir qui ricocha sur la roue derrière lui - « Ils nous tirent dessus bon sang !
-Eh bien faisons de même ! répliqua Holger en ricanant. »
Le répurgateur activa une manette qui, après une série de crépitements, déclencha la création d’un éclair de malefoudre qui partit droit vers des tirailleurs skavens. Mais, au même moment, un autre éclair provenant du technomage était parti vers la roue infernale. Les deux traits de malefoudre se rencontrèrent sur le chemin et se condensèrent en une grande sphère luminescente.
De son côté Thyroax jura sensiblement fort et, reconnaissant là un retour de magie, partit se mettre à l’abri juste avant que la sphère d’énergie n’implose en relâchant les éclairs qui partirent en sens inverse. L’un des deux failli donc carboniser le technomage et l’autre frôla la roue infernale pour aller s’éclater finalement dans une paroi. Dans l’engin justement, Holger éclata de rire.
« Vous m’avez l’air de prendre beaucoup trop de plaisir à utiliser cet engin impie Holger ! lui fit remarquer Sieghilde qui serrait les dents à force d’être ballotée en tous sens.
-Ça nous maintient en vie tout en tuant ces saloperies, donc pour l’instant j’en profite ! On verra après pour la purification et tout le toutim. Bon, à quoi sert ce levier ?
-Attention à droite ! cria Sieghilde.
-Oui j’l’ai vu, je sais ! »
Après avoir évité au dernier moment un affleurement rocheux surmonté d’une mitrailleuse ratling qui était en train de se lancer, l’engin fit une embardée qui profita à Hjalmar pour qu’il puisse décapiter la vermine qui manipulait l’arme.
« Voilà, ça se passe bien.
-Vous vous moquez de moi ? s’insurgea Sieghilde. Laissez-moi conduire cette chose !
-Nan ! C’est moi qui conduis on avait dit !
-Holger, ne faites pas l’enfant !
-J’fais ce que j’veux ! »
Pour accompagner le geste à la parole, Holger activa une nouvelle fois un tir de malefoudre avec une moue boudeuse et revancharde à destination de Sieghilde. Ce qu’il n’avait pas prévu, était que son tir allait arriver juste à côté d’un canon à malefoudre. La machine de guerre explosa dans les règles, mais, étonnamment, au lieu d’une simple explosion de roche, ce fut un trou lumineux qui résulta du tir hasardeux. L’apparition surprise de la lumière naturelle dans la grotte mal éclairée aveugla les skavens pendant quelques instants, ces derniers le faisant savoir avec forces couinements.
Il ne fallut pas longtemps au trio pour comprendre qu’en fait les parois rocheuses devant les canons à malefoudre étaient plutôt fines et étaient vouées à être brisées le moment venu pour libérer le champ de tir. Ni une, ni deux, Holger fonça littéralement vers ce trou, le roulement de la roue infernale s’intensifiant au fur et à mesure de sa prise de vitesse.
« Holger ? s’inquiéta Sieghilde.
-Accrochez-vous !
-De quoi ? cria Hjalmar depuis l’arrière. »
Puis, ce fut le choc.
Le reste de la paroi de roche fine déjà fragilisée par le tir précédent d’Holger fut broyée par la roue infernale lancée à pleine vitesse. Et, pendant quelques secondes, le trio fut aveuglé par la vive lumière naturelle du soleil qui leur parvint enfin. Quand ils réussirent à retrouver la vue, ils se rendirent d’abord compte qu’ils volaient un peu, la belle cité de Talabheim se présentant sous leurs pieds en bas de la pente du cercle intérieur du Taalbastion. Mais pas pour longtemps puisque la paroi se rapprocha à une vitesse inquiétante et un deuxième choc eu lieu lorsque la roue entra en contact.
« Par Ulric et son foutu hiver ! lâcha Holger qui avait failli perdre les commandes. »
La roue infernale finit par tourner difficilement et entama une descente de biais plutôt que tout droit, cela permettant de ne pas prendre trop de vitesse. Pendant quelques secondes, le trio pu ainsi observer à nouveau le cratère à la lumière du soleil de fin d’après-midi qui leur avait manqué cruellement ces dernières heures. En dessous d’eux, le Suif s’étalait tel un cloaque à ciel ouvert, mais un cloaque qui leur semblait bien plus accueillant à présent que n’importe tunnel souterrain. La descente allait prendre quelques minutes cependant, après tout, ils devaient être à bien cent mètres au-dessus du sol…
Mais les skavens n’avaient pas l’intention de les laisser partir comme ça. Peu de temps après leur évasion surprise, deux autres pans de roches explosèrent et laissèrent passer chacun le fût d’un canon à malefoudre. A côté de l’un d’eux, Thyroax gesticulait dans tous les sens en couinant ses ordres. Sieghilde cru même le voir tuer un de ses techniciens au passage.
Comprenant que sa situation allait vite se dégrader en voyant les générateurs en malepierre des canons se mettre à pulser, Sieghilde hurla à Holger de zigzaguer autant que possible. Juste après, deux éclairs verts venaient s’écraser là où ils s’étaient trouvés quelques instants plus tôt. D’après le couinement de douleur qui venait de retentir, un technicien de plus avait subi la fureur de Thyroax à cause de cet échec.
« Holger ! lança Hjalmar depuis l’arrière.
-Ouais ?
-Continue, attends le prochain tir, puis fait demi-tour !
-Hein ? Mais pourquoi ? »
Mais le répurgateur ne put demander plus d’explications au nordique qui avait sauté de la roue infernale pour se réceptionner sur un affleurement rocheux un peu plus bas après avoir roulé-boulé plusieurs fois.
« Mais il a perdu la raison ? s’exclama Sieghilde.
-Il en avait une ? lui rétorqua Holger. »
L’instant d’après, deux éclairs partirent à nouveau, mais sur des cibles différentes cette fois-ci : un alla vers Hjalmar et l’autre vers la roue infernale. Les tirs ayant apparemment été fait en toute hâte, ils loupèrent leurs cibles pour aller se terminer dans le Suif.
Se souvenant de la demande de Hjalmar, Holger fit faire demi-tour à l’engin avec difficulté. Une fois dans l’autre sens, ils virent que Hjalmar courait vers eux à toute jambes.
« Je ne comprends toujours pas ce qu’il fabrique bon sang ! pesta Sieghilde. Pourq… »
C’est alors que Sieghilde se rappela de la réaction précédente lorsque l’éclair du skaven avait rencontré celui de leur engin. Les deux étaient retournés à l’envoyeur. Lorsqu’ils dépassèrent en trombe Hjalmar, Sieghilde sût aussitôt que le norse l’avait compris lui aussi, car il souriait à pleine dents.
Depuis son promontoire, Thyroax était en train de contrôler le tir d’un des canons à malefoudre. Ce qui signifiait, au vu de son état, qu’il martelait les commandes en piaillant des insultes. Il avait ordonné à ce que l’autre pièce d’artillerie continue de viser la roue infernale pendant que lui irait faire « frire ce maudit chose-homme ».
Le technomage était tellement en rage qu’il en avait de l’écume aux lèvres. De plus, la fourrure autour de son œil de malepierre était en sang à force d’avoir été grattée continuellement pour combattre en vain la douleur causée par l’éclat de roche verdâtre. Ce dernier brillait d’ailleurs tellement fort que l’alcôve était baigné dans sa lumière, donnant au technomage une aura abominable.
Autour de lui se trouvaient quatre cadavres carbonisés de skavens qui avaient eu l’audace de le questionner. Le questionner ? LUI ?! Comment avaient-ils osé lui demander s’il allait bien ? Ce n’était rien qu’une bande de traîtres impertinents qui l’empêchaient de se concentrer ! Ils n’avaient qu’à fuir, ils les rattraperaient en temps voulu !
Son œil le gratta encore plus et Thyroax, après s’être presque lacéré le visage, ramena sa main vers les commandes. Il ne vit même pas les gouttes de sang qui perlaient au bout de sa patte.
Si le Rat Cornu était réellement clément, alors il allait lui accorder ce foutu tir pour en terminer une bonne fois pour toutes ! Au chaos la discrétion et la révélation de leur race aux choses-hommes. Ces derniers étaient faibles et idiots ! Ils oublieraient tout dès le lendemain de toute manière ! Mais maintenant… Ce chose-homme… Ce chose-homme increvable qui lui pourrissait la vie et ses plans… Ce chose-homme qui n’avait apporté que ruine et malheur à la grande race skaven…
« Ce chose-homme MEEEUUUURT !!! brailla Thyroax en écrasant le bouton de mise à feu de tout son poids. »
Au même moment, l’autre canon tira lui aussi et les deux éclairs partirent vers leurs cibles. Oui ! Ça y était, enfin. Il le voyait ! Le Rat Cornu guidait ce trait lumineux d’un vert parfait ! Il allait enfin CRE-VER ! Et… Et les deux éclairs se rencontrèrent, formant une sphère luminescente.
« Quoi-quoi… ? murmura Thyroax qui sentit un froid glacial le parcourir lentement, lui congelant la colonne vertébrale de peur. »
Et à ce moment-là, il se souvint. Il avait vu passer une ombre devant le chose-homme juste avant de tirer. L’ombre de la roue infernale. Donc… Donc les trajectoires des deux traits lumineux allaient se croiser puisque les cibles s’étaient-elles-même croisées.
Le technomage se leva de son siège sur le canon à malefoudre, lentement. Fuir n’était plus une option, la réaction en chaîne allait probablement tout détruire. Il n’en voulait même pas à l’autre équipage pour ne pas avoir pensé à changer son angle de tir alors le sien était parfait. Non. Pour la première fois dans sa vie, Thyroax en voulu au Rat Cornu.
Ainsi, alors que la sphère de magie condensée éruptait en deux traits incandescents qui leur revenaient directement dessus, Thyroax dirigea son regard accusateur vers Morrslieb - la lune verte et malsaine, celle qui représentait le symbole ultime du Rat Cornu… Et, sans la moindre hésitation, Thyroax lui adressa le geste le plus obscène qu’il connaissait en maudissant de tous les noms sa divinité tutélaire. Cela ne servirait certainement à rien, se dit Thyroax alors que lumière verte l’aveuglait à présent. Mais parce que ce soi-disant dieu l’avait encore laissé tomber à ce point, alors ce résidu gastrique d’esclave incompétent l’avait bien mérité.
Le technomage mourut ainsi, dans la plus pure tradition skaven. Fièrement installé sur un canon à malefoudre, blâmant quelqu’un d’autre pour ses échecs à répétition et avec la satisfaction d’être parti dans un grand boum.
Holger Von Wütend se réveilla en sursaut dans ce qui sembla être un lit. Un brin paniqué car ses derniers souvenirs le ramenaient dans un engin infernal sur le flanc du Taalbastion à esquiver des débris et autres éboulements de masse, il se releva brusquement. Bien mal lui en prit, car sa jambe droite lui causa une douleur intense au niveau du tibia et il s’effondra aussitôt sur le sol en marbre froid.
« Pour l’amour de Sigmar, Holger ! Pourquoi n’êtes-vous donc pas capable de rester en place… »
La voix, féminine avec un ton dur et quelque peu exaspéré, provenait à n’en pas douter de Sieghilde Ingrimm. Le répurgateur releva la tête, les dents toujours serrées par la douleur, et s’aperçut que sa collègue se trouvait assise sur un lit semblable au sien de l’autre côté de la pièce. Une petite fenêtre illuminait l’endroit en laissant passer une douce lumière matinale dans ce qui semblait être une chambre d’un édifice religieux. La prêtresse-guerrière avait un bras en bandoulière ainsi que des bandages autour de la cuisse gauche. Le bâton de marche à côté de son lit en disait long sur sa capacité à marcher.
« Comme vous le constatez, je vais avoir du mal à vous remettre sur vos pieds. Donc faites-moi plaisir et allez-y doucement. Un os dans votre jambe droite est brisé et votre tête s’est prise un mauvais coup. Et je ne parle pas des divers bleus sur le torse, pour ça j’ai la même chose que vous.
-Où… Où sommes-nous ?
-Dans le sanatorium de la ville, il est l’après-midi. Cela fait quatre jours que vous dormez. Les prêtresses de Shallya se sont occupées de nous.
-Et les skavens ? Hjalmar ? L’attaque ?! cria Holger qui en oublia sa jambe invalide, ce qui lui tira un autre cri de douleur. »
Après avoir roulé des yeux une nouvelle fois, Sieghilde finit par se lever. Une fois bien positionnée sur sa canne, elle s’approcha d’Holger pour essayer de lui tendre son épaule. Le répurgateur tenta tant bien que mal d’utiliser l’aide de la prêtresse-guerrière et, après forces grognements de douleurs des deux blessés, ils se rassirent dans leurs couches respectives.
« Bon, maintenant que vous êtes assis convenablement, reprenons calmement. Jusqu’où vous souvenez-vous des évènements ?
-Nous étions dans la machine, nous venions de dépasser Hjalmar » - dit Holger en plissant les yeux sous l’effort. Le répurgateur passa ensuite sa main sur les bandages qui enserraient son front. Ils lui faisaient un mal de chien – « Et puis, les tirs de leurs machines de guerre avaient réagi comme avant. Ils s’étaient condensés puis étaient reparti vers les hommes-rats. Puis, il y a eu… une explosion. Des éboulis, puis plus rien.
-C’est bien ce que je pensais, murmura Sieghilde pour elle-même. Après ladite explosion, vous vous êtes pris un débris en pleine tête, cela vous a assommé sur le coup. Forcément le… transport étrange a perdu tout contrôle et j’ai dû vous en sortir moi-même. C’est en tombant de là qu’un des pics sur la machine m’a ouvert la jambe. »
La prêtresse-guerrière montra alors le bandage à sa cuisse que le répurgateur avait remarqué plus tôt.
« Ensuite, ça a été une longue descente avec forces roulades et chocs jusqu’au Suif. Je n’ai pas vraiment su ce qui s’était passé ensuite. J’ai dû moi-même subir un choc et perdre connaissance.
-Comment avons-nous seulement survécu à ça ?
-La machine nous avait éloignée de l’éboulement principal, lui répondit Sieghilde en massant son flanc gauche. Pour ce que j’en ai vu, les traits magiques ont provoqué une réaction en chaîne, du coup l’éboulement était séparé en diverses vagues.
-D’accord… Donc quelqu’un nous a trouvé, inconscient, en bas de la pente dans les restes de la bordure du Suif ?
-Pour ça, je pense que l’on peut remercier Hjalmar… Avant que vous ne me demandiez où il se trouve, je n’en ai aucune idée. Mais vu que je me suis réveillée le lendemain matin, une prêtresse m’a dite qu’un grand bonhomme barbu nous avait trainé jusqu’ici avant de partir sans dire un mot.
-Elle est sûre de ce qu’elle dit ?
-C’était la panique dans le Suif pour ce qu’on m’en a dit. Les habitants avaient déjà fui le quartier en entendant l’effondrement de la caverne, alors quand la paroi au-dessus d’eux a explosée pour cracher des éclairs verts, ils n’ont pas demandé leur reste. Il n’y avait que Hjalmar pour nous trouver dans ce chaos.
-Certes, mais… Pourquoi est-ce que cet homme semble être aussi indestructible ? C’en est effrayant à force ! s’emporta Holger avant de grimacer à cause d’un mauvais mouvement. Bon sang, quatre jours que je dors, il doit être loin maintenant. »
Sieghilde haussa des épaules devant cette question à laquelle elle n’avait pas plus de réponse. Elle était juste un peu déçue de ne pas avoir pu faire ses adieux en bonne et due forme avec le nordique. Puis, la porte s’ouvrit doucement, laissant passer le visage doux d’une prêtresse de Shallya.
« Heum… Ma mère, monsieur Von Wütend, vous avez de la visite.
-Qui donc ? »
*Tin ta la tin ta tin tsouin tsouin*
« Sérieusement ? maugréa Sieghilde dont tout espoir venait de mourir aussitôt. »
La Shalléenne qui n’avait pas l’air de savoir où se placer fut brusquement poussée hors de l’embrasure et la porte s’ouvrit à la volée, laissant apparaître un Steve Von Talos qui semblait exulter en tenant sa mandoline.
« Ah AH ! Lé prêtre-guerreros … ExTRAorDinAire à la rescoussé !!
-Oh pitié non, pas lui…
-Ouééé, Steeeve ! cria Holger à son tour. Vieux brigand, qu’est-ce que tu fous ici !
-Yé appris pour les évènements… Paranormalés… alors que mon équipage, que y’avait rétrouvé, allait partir. Mais quand yé suis arrivé dans la ville, il n’y avait plous qué dés rouines ! Du coup, grâce à mes talents de prêtre-guerrier ExTRAorDinAire, y’ai pou obténir des infourmations ! Et quand yé appris qu’on vous avait retrouvé là-bas, eh bien, yé accouru ! Ainsi, mé voilà !»
Le prêtre-guerrier accompagna aussitôt cette annonce de quelques accords de son instrument à corde, pour le plus grand malheur de Sieghilde. Elle ne croyait pas une seule seconde à la possibilité que cet estalien étrange ait pu les trouver si facilement, mais il l’avait étrangement fait. Résigné et n’ayant pas vraiment envie de questionner le fonctionnement de ce personnage improbable, Sieghilde se dit qu’il valait mieux qu’elle laisse couler plutôt que de s’emporter encore une fois.
La prêtresse de Shallya, qui s’était retrouvée face contre terre, sorti de la pièce avec un regard furieux envers l’estalien qui ne la remarqua même pas. Du moins c’est ce que le prêtre-guerrier voulu lui faire croire. La prêtresse fut à peine sortie qu’il referma la porte avec discrétion mais rapidité et se retourna vers les deux impériaux avec un air grave. Ce genre d’émotion n’étant pas commune chez Steve Von Talos, Sieghilde et Holger comprirent que quelque chose n’allait pas.
« Yé né sait pas dans quoi vous vous être fourré tous les deux, mais sé n’est pas yoli-yoli… Vous avez toute oune compagnie de répourgators qui vous récherchent. Et avec ce qui s’est passé il y a quèlqué yours, ça les a énervés !
-C’est sûr que sans contexte, cela peut sembler étrange, réalisa Holger. Pour Johannsen, il vient de perdre un contingent de ses troupes à Kortlheim et on réapparait mystérieusement à Talabheim en un temps record dans une explosion inexpliquée. Il faut qu’on leur montre l’engin skaven, cela devait peut-être les convaincre.
-Un engin des ratas ? Ah ma yé trouvé oune morceau de la pierre bizarre qu’ils outilisent dans les gravats, mais rien dé plous. Quelque chose avait déjà fouillé l’endroit et les témoins ont tous disparous. Tout lé monde pense à oune problèma magique.
-Ils auraient déjà tout nettoyé derrière eux ? Mordiable ! Nous n’avons donc aucune preuve de leur existence… Attendez, vous connaissez les skavens ?
-Ah sì séniorita. Yé connait toutes les ménaces dans l’Empire ! Mais lé prêtre dé Sigmar de la ville, oune gaillard qui s’appelle Farador, a renseigné les répourgators sur ce qué vous lui avez dit… Ils n’avaient pas l’air d’aimer vos « fausses » histoires dé rata.
-Comment nous avez-vous vraiment retrouvé Steve ? dit Sieghilde en se raidissant.
-… Yétait avec les répourgators. Ils m’ont réquisitionné avec d’autres sigmarites alors que yé sortait du port et qu’ils arrivaient sour oune bateau à vapeur. Y’ai appris très vite votre pousition en démandant par hasard aux sœurs dé Shallya mais yé ne leur ai rien dit. Yé les aient envoyés sur d’autre pistes pendant ce temps. Cependanté, ils ne vont pas tarder à comprendre ! Vous dévriez fouir.
-Fuir ? s’étonna Holger. C’est une blague ? On travaille pour eux ! On va aller les voir et leur expliquer, voilà tout.
-Leur expliquer ? Nada mon bon amigo, ils veulent vous captourer pour vous interroger. Ils m’ont dit que vous étiez des traîtres à l’Empire… Mais yé sait que c’est faux, c’est pour céla que yé vous avertit ! »
Holger et Sieghilde se regardèrent mutuellement pendant quelques instants avant de revenir vers Steve Von Talos. Le prêtre-guerrier estalien était plutôt impressionnant et n’usurpait pas son titre d’apprenti de l’archidiacre Coteaz pour avoir réussi à obtenir autant d’informations en si peu de temps.
« Merci Steve, lui répondit Sieghilde. Nous allons partir dès que possible. Mais avec Holger dans cet état et moi-même qui ne suis pas mieux, nous n’irons pas bien loin.
-C’est là que y’interviens… lança Von Talos avec un grand sourire. Yé vous avait parlé dé mon équipage, sì ? Ils ont oune bateau à Talagaad… Et nous allons à Marienburg, oune ville plous libré qu’ici de la présence des répourgators. »
Le prêtre-guerrier ouvrit doucement la porte, laissant Sieghilde voir qu’un soldat en armure clinquant tel une machinerie à vapeur se tenait dans l’embrasure.
« Franziskus ! murmura Steve. »
L’ingénieur impérial, se retourna avec force cliquetis puis acquiesça avant de donner un sac à Von Talos.
« Mettez vos affaires là-dédans. Il y a deux robes dé Taal à l’intérior pour vous. Nous vous réjoindrons à l’entrée de la ville, dans oune heure. Les répourgators cherchent encore lé Souif, vous devriez être tranquille. Vous né pourrez pas nous louper. Soyez discret ! »
Sur ces mots, Steve se mit à crier une bonne série d’idioties banales avant de repartir avec quelques accords de mandoline en compagnie de son ami en armure. En sortant de la pièce, il adressa un clin d’œil au duo.
Maintenant que le silence était revenu, Holger et Sieghilde réalisèrent enfin que leur situation était bien plus précaire que prévue… L’aide providentielle de Von Talos était presque surréaliste en un sens, mais ils n’allaient pas s’en plaindre.
Pour le moment, ils étaient traqués par l’Empire sûrement pour avoir pris part à des évènements inexpliqués et n’avoir donné aucune nouvelle de Hjalmar depuis trop longtemps. Holger regarda le sac en toile contenant les deux robes de taalites avec un air agacé que Sieghilde comprenait bien. Le répurgateur Ulricain détestait être poursuivi puisqu’il était le chasseur d’habitude. De plus, il avait perdu son marteau-fléau après leur capture dans les souterrains. C’était de même pour Sieghilde dont les marteaux jumeaux étaient aux abonnés absents.
Une belle situation de merdre en somme.
Les deux impériaux soupirèrent longuement. Tout ça, toutes ces péripéties pour être finalement traqués par leurs propres employeurs. Résignés à l’idée de devoir faire profil bas jusqu’à ce qu’ils trouvent une preuve de leur innocence, le duo se prépara à sortir.
Plus tard, lorsqu’ils rejoignirent les membres plutôt ésotériques de l’équipage de l’Aigle d’Argent et Steve Von Talos, ce dernier leur apprit qu’un grand norse hirsute était venu l’accoster peu de temps après leur discussion. Il avait bien essayé de faire semblant de ne rien savoir, mais le nordique semblait très bien connaître Sieghilde et Holger. Steve l’avait donc renseigné à propos de la situation des deux impériaux et des répurgateurs qui les suivaient. Mais, alors qu’il allait lui proposer de venir avec eux jusqu’à Marienburg, le norse était parti en disant simplement :
« Je leur dois bien ça. »
Une heure plus tard, un conflit avait éclaté dans le Suif et les répurgateurs avaient été massacrés en grand nombre là-bas par un assaillant inconnu qui clamait avoir tué une prêtresse de Sigmar et un répurgateur Ulricain. La voie étant donc d’autant plus libre, l’opération pour faire sortir Sieghilde et Holger de Talabheim en douce s’effectua sans problème.
Le duo savait très bien de quel norse il s’agissait. Et ils se doutaient bien que Hjalmar essayait de se racheter du fait de les avoir involontairement mis en danger. Un acte dont ils prirent bonne note, malgré son caractère inutilement violent.
Lorsqu’ils embarquèrent à bord du navire au couleur du Middenstag à Talagaad, après avoir fait connaissance avec l’équipage étrange mais chaleureux dirigé d’une main de fer par le capitaine Von Kieffenbach, ils purent mettre les voiles vers Marienburg.
En sortant du port, Sieghilde cru apercevoir la grande figure du nordique qui les saluait une dernière fois depuis la berge nord du Hochland, avant de disparaître entre les arbres de la Drakwald. Hallucination ou réalité, Sieghilde avait fait son choix bien vite. Et ce fut avec un petit sourire amusé que la prêtresse-guerrière se tint au bastingage du navire.
Elle ne garda cette bonne humeur que douze minutes, avant que Steve Von Talos et Holger ne se décident à pêcher des anguilles à la bombe. Fait amusant, le capitaine du navire s’allia à elle dans ses réprimandes envers les deux forcenés.
Comme quoi, même quand l’avenir était incertain, certaines choses ne changeaient jamais.
Quelques minutes plus tard, le crépuscule s’était installé et la Drakwald, au nord de Talabheim, résonnait des cris d’animaux nocturnes plus ou moins dangereux. Entre les grands arbres de cette forêt bien plus étouffante que celle du Talabecland, une forme humaine dépassait difficilement les troncs des anciens résineux.
Après quelques pas hésitants, l’homme, qui se révéla être un norse plutôt imposant, tomba à genoux. Il fut soudainement pris de tremblements et grogna à plusieurs reprises en se tenant son flanc qui était blessé… Du moins, il l’était avant. À présent il sentait les chairs se reconstruire lentement et surtout douloureusement, comme dans le malerail ou après l’éboulement. C’est ce qui lui avait permit de se relever et d’aller sortir les deux impériaux de là. Au moins, il espérait leur avoir épargné une partie des ennuis qu’il leur avait malheureusement apportés. Une fois la véritable torture qu’était ce processus terminé, il ramena sa main ensanglantée de son flanc, une petite balle en argent entre les doigts. Un souvenir des répurgateurs qu’il avait affronté dans Talabheim plus tôt.
Jetant l’objet au loin avec un juron, le nordique tâta la peau fraichement reconstruite à l’emplacement du trou dans ses protections en cuir. Ne sentant absolument rien d’anormal, il retint un cri de colère et frappa le sol de son poing deux fois de suite avec un juron dans sa langue natale.
« Arrête ça ! finit-il par lancer à son environnement puisque personne ne se trouvait physiquement là. »
Plusieurs secondes de silence passèrent durant lesquelles Hjalmar attendit avec une colère grandissante, car il savait qu’il le faisait languir. Ce maudit… Il semblait aimer jouer avec lui, mais il finissait toujours par répondre.
Enfin, comme le nordique s’y attendait, un murmure lointain qui résonna comme un cri dans son crâne finit par être prononcé. La voix ne faisait presque pas de sens et ne pouvait être décrite que comme un paradoxe sonore qui prenait forme dans sa tête uniquement.
« Pourquoi donc ?
-Pourquoi ? Tu oses me poser la question ? Tu… »
Hjalmar patienta quelques secondes, pour reprendre son souffle et réfléchir à ce qu’il allait bien pouvoir lui dire.
« Tu… Tu rends tout trop facile. Au final, tu ne vaux pas mieux que les autres, à vouloir me protéger sans raison juste pour me voir courir de par le monde pour ton amusement.
-…
-Pas de réponse à cela, hein ? » - Hjalmar soupira longuement – « Vous êtes tous les même au final.
-D’accord.
-C’est-à-dire d’accord ?
-J’arrête de te faire cadeaux de mes dons.
-Quoi comme ça ? Je t’ai « convaincu » d’arrêter ?
-Oui, lança la voix nonchalamment. »
Ne lui faisant pas confiance, Hjalmar attrapa un caillou tranchant par terre et s’écorcha la paume de sa main droite vivement. Une perle de couleur bordeaux coula paresseusement de la blessure. Hjalmar regarda sa plaie pendant une bonne minute et, ne voyant pas de changement ou de quelconque guérison miracle, il conclut que l’autre avait bel et bien tenu parole.
« Pourquoi ce changement soudain ? demanda Hjalmar avec suspicion. Dans la machine des thaggoraki tu n’avais pas l’air très ouvert à la négociation.
-Je l’ai fait parce que tu en avais besoin. Et je l’ai défait parce que je sais qu’un jour tu me les redemanderas. Certaines choses sont inévitables.
-Et on recommence avec les énigmes. »
Hjalmar cracha par terre en se relevant, l’air passablement agacé.
« Saches aussi une chose.
-Quoi ? ronchonna Hjalmar, les bras ballants.
-Contrairement à ceux qui t’ont trahi… J’ai des plans pour toi, de grands plans. Te regarder battre la plaine inutilement ne m’intéresse guère.
-Ce serait bien que me les dévoiler alors, histoire que je puisse les refuser tout net.
-En temps voulu, ricana la voix. Mais, en attendant, te souviens-tu de mon nom ? »
Le norse allait cracher une autre insulte à l’encontre de son interlocuteur, mais cette question le gêna cette fois-ci. En effet, pour la première fois, il avait la réponse. Il s’en était souvenu quelque peu par hasard un jour plus tôt, comme toujours avec certains souvenirs enfouis qui tendaient à refaire surface au moment qu’ils trouvaient opportuns. Hjalmar se raidit, régurgita bruyamment puis prononça enfin le nom de celui qui s’était intéressé à son sort envers et contre tout. Celui qu’il savait être son allié, même si cela le répugnait, car ils partageaient la haine d’un ennemi commun :
« Ton nom est Malal. »
Un rire abyssal et fourmillant retentit dans les tréfonds du cerveau du nordique. Puis, la voix reprit plus calmement, mais avec une touche de joie sadique :
« Parfait ! Nous allons donc pouvoir commencer. »
AINSI SE TERMINE FOI FURIEUSE, TROISIÈME TOME DE LA SAGA D’OKSILDEN
La suite se passe ici : https://whcv.forumactif.com/t6521-la-saga-d-oksilden-neige-anthracite
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
- EssenSeigneur vampire
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Dim 8 Oct 2017 - 15:08
J'aime, j'aime, j'aime !
J'aime d'autant plus que je sens presque le plaisir que tu prends à donner vie à cette saga fantastique, et c'est bien grisant, si je puis employer le terme ainsi
Très bel hommage à la technologie skaven ! On ne saurait imaginer un Vieux Monde sans roues infernales, canons à malepierre et autres joyeusetés du genre !
J'apprécie tout autant le discret hommage à la bonne vieille infanterie... Ce n'est pas parce qu'on a des bêtes monstrueuses qu'on l'emporte facilement ! Vive les hordes de vermines du clan Mors !
Fin parfaitement amenée, je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler d'éventuels lecteurs qui ne font pas gaffe.
Tout laisse à penser que ce chapitre de la saga est clos, et que l'autre est bien annoncé. Que demande le peuple !
La suite !
J'aime d'autant plus que je sens presque le plaisir que tu prends à donner vie à cette saga fantastique, et c'est bien grisant, si je puis employer le terme ainsi
Très bel hommage à la technologie skaven ! On ne saurait imaginer un Vieux Monde sans roues infernales, canons à malepierre et autres joyeusetés du genre !
J'apprécie tout autant le discret hommage à la bonne vieille infanterie... Ce n'est pas parce qu'on a des bêtes monstrueuses qu'on l'emporte facilement ! Vive les hordes de vermines du clan Mors !
Fin parfaitement amenée, je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler d'éventuels lecteurs qui ne font pas gaffe.
Tout laisse à penser que ce chapitre de la saga est clos, et que l'autre est bien annoncé. Que demande le peuple !
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Dim 8 Oct 2017 - 15:33
C'est une très belle fin que tu nous a donnée
J'ai bien aimé les parties avec les Skavens, qui étaient plus drôles à lire assez souvent
Et du coup, vivement le prochain chapitre de la saga
J'ai bien aimé les parties avec les Skavens, qui étaient plus drôles à lire assez souvent
Et du coup, vivement le prochain chapitre de la saga
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Ven 13 Oct 2017 - 10:12
Merci pour vos retours
Pour ceux qui souhaiterait disposer du livre en version pdf bien mis en page, je vous donne le lien suivant : https://drive.google.com/open?id=0B3aF0GdhUpvYSGJMMVFYREw5Nk0
Je mettrais les autres liens dans ma signature, comme cela vous pourrez posséder les trois livres au format informatique avant les versions papiers que j'espère sortir un jour prochain
Le quatrième tome a déjà un bon morceau d'écrit, mais je vais devoir en revoir une partie. Celui-là ne sortira pas de sitôt je pense. Entre autres parce que j'ai quelques projets sur le feu et d'autres idées un peu originales que j'aimerais développer avant de lancer le prochain tome. On verra bien comment le tout se goupille.
Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'essaie encore une fois un style différent de point de vue pour l'écriture. J'aime me rendre la vie compliquée ... Mais c'est aussi cela qui rend la saga intéressante pour moi puisqu'elle m'apprend à m'améliorer tout du long.
J'étais en train d'écrire le troisième tome à ce moment, la connexion s'est faite assez vite. Du coup, j'ai ingurgité "Les fils du Rat Cornu" du jdr V2, le LA des skavens et deux livres sur Thanquol pour me mettre dans l'ambiance. (En plus des "Héritiers de Sigmar" et "Terreur à Talabheim") Résultat, j'ai passé facilement trois mois à avoir des idées complètement loufoques et tordues comme des dirigeables bombardier marchant à la malepierre avec des rats-ogres volants autour et des ratlings DCA.
L'expérience fut fort amusante, mais un brin dangereuse donc Néanmoins, je pense écrire à nouveau avec les skavens un jour ou l'autre, pas forcément dans la saga, mais encore une fois c'est à voir.
En tout cas, ce n'est pas la dernière fois que vous entendrez parler d'Oksilden ou d'autres personnages. Après tout la saga est censée faire au moins 7 tomes. Et je dis bien au moins
Pour ceux qui souhaiterait disposer du livre en version pdf bien mis en page, je vous donne le lien suivant : https://drive.google.com/open?id=0B3aF0GdhUpvYSGJMMVFYREw5Nk0
Je mettrais les autres liens dans ma signature, comme cela vous pourrez posséder les trois livres au format informatique avant les versions papiers que j'espère sortir un jour prochain
Le quatrième tome a déjà un bon morceau d'écrit, mais je vais devoir en revoir une partie. Celui-là ne sortira pas de sitôt je pense. Entre autres parce que j'ai quelques projets sur le feu et d'autres idées un peu originales que j'aimerais développer avant de lancer le prochain tome. On verra bien comment le tout se goupille.
Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'essaie encore une fois un style différent de point de vue pour l'écriture. J'aime me rendre la vie compliquée ... Mais c'est aussi cela qui rend la saga intéressante pour moi puisqu'elle m'apprend à m'améliorer tout du long.
Pour l'anecdote, je n'aimais pas vraiment les skavens jusqu'au tournoi de Géorgie. Et encore, c'était moyennement ma tasse de thé. Il a fallu attendre que je lise le deuxième Gotrek et Félix : "Tueur de skavens" pour que la passion naisse.Von Essen a écrit:Très bel hommage à la technologie skaven !
J'étais en train d'écrire le troisième tome à ce moment, la connexion s'est faite assez vite. Du coup, j'ai ingurgité "Les fils du Rat Cornu" du jdr V2, le LA des skavens et deux livres sur Thanquol pour me mettre dans l'ambiance. (En plus des "Héritiers de Sigmar" et "Terreur à Talabheim") Résultat, j'ai passé facilement trois mois à avoir des idées complètement loufoques et tordues comme des dirigeables bombardier marchant à la malepierre avec des rats-ogres volants autour et des ratlings DCA.
L'expérience fut fort amusante, mais un brin dangereuse donc Néanmoins, je pense écrire à nouveau avec les skavens un jour ou l'autre, pas forcément dans la saga, mais encore une fois c'est à voir.
En tout cas, ce n'est pas la dernière fois que vous entendrez parler d'Oksilden ou d'autres personnages. Après tout la saga est censée faire au moins 7 tomes. Et je dis bien au moins
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Ven 13 Oct 2017 - 14:18
he bien. J'ai finalement dévoré mon retard sur ces deux sagas que j'avais sur le feu. Et y'a pas à dire, c'est très... oksildien si je puis me permettre
la patte est très reconnaissable, tant par l'originalité des scènes que le vocabulaire parfois loufoque. L'effort sur la mise en page m'a également donné la larmichette, aussi.
Il va cependant falloir que tu m'expliques, comme Essen lorsqu'il a débarqué, COMMENT tu fais pour rédiger autant en si peu de temps. C'est tellement ouf que s'en devient louche voire suspect.
Beau tableau sinon de la société skaven trop rarement représentée je trouve dans les récits, officiels comme des fans, à la fois très fidèle et innovateur.
j'y jetterais toutefois un œil pour la mise en page & cie
la patte est très reconnaissable, tant par l'originalité des scènes que le vocabulaire parfois loufoque. L'effort sur la mise en page m'a également donné la larmichette, aussi.
Il va cependant falloir que tu m'expliques, comme Essen lorsqu'il a débarqué, COMMENT tu fais pour rédiger autant en si peu de temps. C'est tellement ouf que s'en devient louche voire suspect.
Beau tableau sinon de la société skaven trop rarement représentée je trouve dans les récits, officiels comme des fans, à la fois très fidèle et innovateur.
un bel effort de plus, qui malheureusement arrive un poil trop tard pour moiHjalmar Oksilden a écrit:Pour ceux qui souhaiterait disposer du livre en version pdf bien mis en page
j'y jetterais toutefois un œil pour la mise en page & cie
Diante ! Mais que quelqu'un fasse quelque chose ! Piquez lui son encre, enfilez lui une camisole, changez le mot de passe du wifi ! On ne l'arrête plus !Hjalmar Oksilden a écrit:la saga est censée faire au moins 7 tomes
- coquilles:
Niveau scenar c'est suffisamment rodé/enjolivé/wtf pour que je n'ai rien à redire. Toutefois, en plus du mp que nous avons échangés, j'ai relevé trois petites coquilles dans les derniers textes. Des gouttes d'eau compte tenu de la consistance de l'oeuvre.
esquivez ! Ne parer pas !
Si Holger et Sieghilde se battait dos à dos pour protéger leurs arrières, Hjalmar, lui, fauchaient les coureurs
les cadavres des coureurs d’égouts se liquéfiait
la formation des skavens s’en retrouvait ébranlé
- Ha et puis:
Mise au placard par gw il y a bien longtemps, cette bonne vieille Malice a pourtant toujours la cotte parmi les fans
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Ven 13 Oct 2017 - 16:09
Encore merci pour les coquilles, je vais effectuer des séances de relecture (encore) un jour ou l'autre, histoire de corriger celles qui restent, y compris dans les anciens récits. Étant donné que mon relecteur habituel n'est plus disponible pour cette tâche éprouvante, il faut que je m'améliore sensiblement dans ce domaine...
Je ne sais donc pas vraiment comme cela va se passer dans les mois à venir, mais j'espère réussir à garder un rythme acceptable pour garder la saga sur les rails.
En tous cas, cette saga sera foutrement épique une fois terminée. Elle l'est déjà un peu certes, mais j'ai prévu de l'emmener jusqu'au bout et je dis cela dans tous les sens du terme. J'ai envie de jouer avec des concepts récents ou anciens (cf ton spoiler d'ailleurs) et de voir jusqu’où je peux aller avec. Cependant, mon envie en ce moment, est de terminer le 4e tome pour ENFIN avoir un Hjalmar après la tempête du chaos. Je veux faire ça bien, donc ça prend malheureusement du temps. Mais une fois cela fait, le norse semi-taré pourra enfin revenir sur la scène des tournois et autres récits communs !! (Arca, j'ai toujours en tête l'idée avec Wilhelm ) Et là, on va pouvoir s'amuser encore plus
L'héritage Pratchettien a son effet sur mon vocabulaire et mes tournures de phrases. Le résultat se ressent apparemment Pour la mise en page, j'ai suivi ton conseil à vrai dire. C'est une vraie plaie à faire sur le forum, mais c'est pour assurer un confort de lecture.Vg11k a écrit:La patte est très reconnaissable, tant par l'originalité des scènes que le vocabulaire parfois loufoque. L'effort sur la mise en page m'a également donné la larmichette, aussi.
Merci ! D'après tous les retours, j'ai réussi mon coup avec nos rongeurs préférés (ou haïs, c'est au choix), mais pfiouu ce ne fut pas facile. Comme dit plus tôt, j'ai dû en manger un bon paquet du fluff skaven pour me plonger dedans. La politique, les rapports de forces, les plans tordus, tout cela n'est pas dans mon registre habituel normalement. Du coup, c'était très proche d'un exercice de style étrange que de se plonger dans le monde skaven. Je suis fier du résultat, mais c'était un brin éprouvant.Vg11k a écrit:Beau tableau sinon de la société skaven trop rarement représentée je trouve dans les récits, officiels comme des fans, à la fois très fidèle et innovateur.
J'avais commencé à écrire ce récit dès la fin du deuxième (donc en février). Il y a bien sûr eu des pauses un peu partout de durée variable, mais il est vrai que pour celui-là j'ai mis sacrément moins de temps et c'est le plus long de tous Je vais mettre la faute sur mon emploi du temps quelque peu relâché par endroits durant mon projet de fin d'étude et mon stage qui ont permis des séances d'écritures de plusieurs heures... Ben, au boulot. C'est mal et je préfèrerais éviter, mais comme j'étais dans une optique de travail, j'étais hyper productif. J'ai commencé à poster plus tard, car je voulais avoir de l'avance... Mais au final j'ai raté mon coup et mon rythme de post hebdomadaire à périclité vers la fin. La faute au fait que je n'avais pas prévu que la fin serait aussi complexe à écrire.Vg11k a écrit:Il va cependant falloir que tu m'expliques, comme Essen lorsqu'il a débarqué, COMMENT tu fais pour rédiger autant en si peu de temps. C'est tellement ouf que s'en devient louche voire suspect.
Je ne sais donc pas vraiment comme cela va se passer dans les mois à venir, mais j'espère réussir à garder un rythme acceptable pour garder la saga sur les rails.
J'ai les grandes idées de la saga depuis la fin de la quête improbable en fait. Là je me contente de remplir les grandes lignes Comme dit plus tôt, j'expérimente des styles différents, des fluffs différents, etc. Du coup, le tout reste frais en quelque sorte malgré l'ampleur de la chose et le fait que j'utilise constamment le même personnage. Et le fait que j'écrive des petits trucs à côté aide à me changer les idées. Mais au final, oui, je reconnais que j'ai un débit d'écriture qui est assez absurde. Surtout quand on sait que j'ai commencé en janvier 2015 avec le tournoi de Havras et qu'avant j'avais horreur de ça. Le déclic fut brutalVg11k a écrit:Diantre ! Mais que quelqu'un fasse quelque chose ! Piquez lui son encre, enfilez lui une camisole, changez le mot de passe du wifi ! On ne l'arrête plus !
En tous cas, cette saga sera foutrement épique une fois terminée. Elle l'est déjà un peu certes, mais j'ai prévu de l'emmener jusqu'au bout et je dis cela dans tous les sens du terme. J'ai envie de jouer avec des concepts récents ou anciens (cf ton spoiler d'ailleurs) et de voir jusqu’où je peux aller avec. Cependant, mon envie en ce moment, est de terminer le 4e tome pour ENFIN avoir un Hjalmar après la tempête du chaos. Je veux faire ça bien, donc ça prend malheureusement du temps. Mais une fois cela fait, le norse semi-taré pourra enfin revenir sur la scène des tournois et autres récits communs !! (Arca, j'ai toujours en tête l'idée avec Wilhelm ) Et là, on va pouvoir s'amuser encore plus
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Jeu 19 Oct 2017 - 23:11
Tout lu !
Quel final mes aïeux, quel final. J'aimerais dire qu'il faudrait que tu arrêtes avec tes cliff-hangers inter-tomes, mais ça serait comme garder la régénération de Malal : ça rendrait tout trop facile...
Respect envers Thyroax, mort de la plus belle des manières, un bon doigt d'honneur "à la skaven", envers et contre tout. Savoir rester insultant dans l'adversité, en voilà une qualité qu'il est bon d'emporter avec soi dans la mort.
Bon, ben... Rendez-vous avez Arca' pour une suite qui envoie du pâté ?
Grom'
Quel final mes aïeux, quel final. J'aimerais dire qu'il faudrait que tu arrêtes avec tes cliff-hangers inter-tomes, mais ça serait comme garder la régénération de Malal : ça rendrait tout trop facile...
Respect envers Thyroax, mort de la plus belle des manières, un bon doigt d'honneur "à la skaven", envers et contre tout. Savoir rester insultant dans l'adversité, en voilà une qualité qu'il est bon d'emporter avec soi dans la mort.
Bon, ben... Rendez-vous avez Arca' pour une suite qui envoie du pâté ?
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Jeu 14 Déc 2017 - 11:21
J'ai ENFIN tout terminé !
Quelle fin, mes aïeux, c'était magnifique. La fin de Thyroax dans le plus pur style skaven, le grand bordel final dans la caverne, et la toute fin qui laisse présager une suite encore plus stylée !
Je suis admiratif, et hypé.
C'est quand le tome 4 ?
EDIT : je viens de regarder qui est Malal, et ça m'a rendu encore plus impatient de voir la suite.
Quelle fin, mes aïeux, c'était magnifique. La fin de Thyroax dans le plus pur style skaven, le grand bordel final dans la caverne, et la toute fin qui laisse présager une suite encore plus stylée !
Je suis admiratif, et hypé.
C'est quand le tome 4 ?
EDIT : je viens de regarder qui est Malal, et ça m'a rendu encore plus impatient de voir la suite.
Gromdal a écrit:Bon, ben... Rendez-vous avez Arca' pour une suite qui envoie du pâté ?
Si j'ai bien compris, l'apparition de Wilhelm serait après le 4eme tome, vu que les tournois se déroulent après la tempête du chaos. Du coup ça n'est pas pour tout de suite.Hjalmar Oksilden a écrit:Cependant, mon envie en ce moment, est de terminer le 4e tome pour ENFIN avoir un Hjalmar après la tempête du chaos. Je veux faire ça bien, donc ça prend malheureusement du temps. Mais une fois cela fait, le norse semi-taré pourra enfin revenir sur la scène des tournois et autres récits communs !! (Arca, j'ai toujours en tête l'idée avec Wilhelm ) Et là, on va pouvoir s'amuser encore plus
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Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Jeu 14 Déc 2017 - 11:32
Merci pour ton retour ! Je suis content de voir que ça t'a plu Il se trouve que je voulais garder Thyroax en vie à la base... Mais sa mort étant trop grandiose, j'ai laissé tomber l'idée. Et un méchant skaven récurent, ça ressemble trop à Gotrek et Félix pour le coup.
Nous verrons cela en temps voulu, mais j'avoue être impatient de les faire se rencontrer nos deux zouaves.
Une grande question que voilà Le tome 4 est déjà bien entamé (environ 13 000 mots), mais il me pose quelques problèmes par rapport aux développements des personnages. J'ai envie de faire ça bien et relativement cohérent, du coup ça prend du temps.Arcanide Valtek a écrit:C'est quand le tome 4 ?
C'est ça. Le 4e tome me servira de tremplin pour enfin rattraper la timeline du forum Après cela, le 5e tome, situé post-tempête donc, permettra diverses joyeusetés. En l’occurrence, le fait que Wilhelm parte en Norsca/Kislev tombera plutôt bien puisque Hjalmar y sera toujours, à voir ensuite pour la durée du caméo.Arcanide Valtek a écrit:Si j'ai bien compris, l'apparition de Wilhelm serait après le 4eme tome, vu que les tournois se déroulent après la tempête du chaos. Du coup ça n'est pas pour tout de suite.
Nous verrons cela en temps voulu, mais j'avoue être impatient de les faire se rencontrer nos deux zouaves.
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Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
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Re: La Saga d'Oksilden : Foi Furieuse
Lun 17 Sep 2018 - 23:38
KABOUM! FINIIIIIII!
fini!
fini...
fini?
finiiiiiiiiiii!
ha, non, ça va, la suite est là, ouf encore assez de drogue
J'adore tes textes, vraiment c'est excellent, hilarant, prenant Bravo
(tu as failli me faire confisquer mon portable quand j'ai explosé de rire en cours quand Thyroax a tué un serviteur à qui il venait de donner un ordre )
vraiment un super récit, je suis grand fan des skavens
fini!
fini...
fini?
finiiiiiiiiiii!
ha, non, ça va, la suite est là, ouf encore assez de drogue
J'adore tes textes, vraiment c'est excellent, hilarant, prenant Bravo
(tu as failli me faire confisquer mon portable quand j'ai explosé de rire en cours quand Thyroax a tué un serviteur à qui il venait de donner un ordre )
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Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
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