- GilgaladMaître floodeur
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Re: Vampire at war : présentation
Dim 5 Jan 2014 - 14:56
Toujours aussi bien qu'avant. Le texte est assez plaisant. Manon a apparemment terminé sa première crise d'indépendance. Mais on ne peut que se demander quand va arriver la suivante.
Sinon je suis d'accord avec la premier paragraphe d'alexy999.
Et vivement la suite, où il se passera forcément quelque chose vu le dernier texte.
Gilgalad
Sinon je suis d'accord avec la premier paragraphe d'alexy999.
Et vivement la suite, où il se passera forcément quelque chose vu le dernier texte.
Gilgalad
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
- EssenSeigneur vampire
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Re: Vampire at war : présentation
Dim 5 Jan 2014 - 20:44
Oh ? Troisième page ? A la tav... Oh non, j'ai eu assez de sang aujourd'hui...
Bonne lecture !
16ème partie.
- Vous oubliez encore une chose, comtesse. Je suis aussi fin nécromancien que maître Friedrich, - dit Ashur en s’approchant d’elle.
- A la bonne heure, mon cher, - elle lui adressa tout de même un regard avant de reprendre. – Descendons !
Ils empruntèrent ainsi le même chemin sur lequel avaient naguère marché les hordes de la non-vie.
Manon fut immédiatement folle de joie que sa forêt avait été épargnée, et qu’elle y entendait les bruits de ses créatures favorites. Deux ou trois chauves-souris sillonnèrent les nuages au dessus de leurs têtes.
Ils y arrivèrent enfin : un vaste plateau recouvert de neige. Rien n’évoquait à présent la grande bataille qui y avait eu lieu. Cependant, pas pour le maître Friedrich…
- Messire Ashur, si votre attention est bien de me donner un coup de main, alors le moment est venu !
- Volontiers, cher maître, - lui répondit le vampire millénaire, savourant l’occasion d’une énième démonstration de ses pouvoirs.
Ils s’en allèrent tous deux se promener sur la mince couche de neige, sentant parfois un os craqueler sous les pieds. Les dames restèrent en retrait. Toutefois, la comtesse tendit les deux mains, comme elle l’avait fait il y a quelques jours dans son manoir…
Elle ne put cacher son plaisir d’avoir surpris les deux invocateurs, qui virent soudain la neige trembler à un endroit… D’abord, les os. Assemblés de manière parfaite. Puis l’armure. Puis les armes en main. Juché sur sa monture spectrale.
Juché sur sa monture spectrale, un roi revenant toisait à présent le vampire millénaire et le vieux maître de son regard vide évoquant la mort. Autour de lui, ses hommes se reformaient lentement, la dhar tourbillonnait autour d’eux et de la comtesse. La bannière royale à présent tendue fermement vers le ciel étoilé, une unité de neuf chevaliers noirs, conduite par sa Majesté, faisait désormais face aux deux maîtres nécromanciens. Ils se retournèrent, chacun offrant un regard, ironique pour l’un, respectueux pour l’autre, à la dame d’Essen, puis repartirent à leur besogne.
Le vent se leva. On voyait encore quelques lumières allumées, loin, très loin, en bas de la montagne, puis elles aussi s’éteignirent. Ashur et le nécromancien eurent une brève discussion sur la manière dont ils allaient s’y prendre :
- Je pense que nous sommes d’accord sur un point, maître : la piétaille est irrécupérable.
- A quelques cadavres près, oui. Heureusement assez pour rebâtir la charrette macabre et renommer un conducteur.
- Je parlais aussi des squelettes.
- Là, il n’y pas de doute, je devrai reformer toute la légion.
- Je ne connais pas votre armée. Dites-moi quoi faire, je le ferai.
- Bon. Pour commencer, sachez qu’il est extrêmement peu aisé de faire revenir la dhar là où il n’y en a plus une trace.
- Maître, épargnez-moi votre théorie.
Von Nettesheim était fatigué. Le voyage l’avait épuisé, au point qu’il en devenait facilement irritable…
- Vous m’écouterez, triple buse ! Je… - il se rendit compte de son erreur trop tard.
Ashur rehaussa un sourcil. Cependant, sentant le regard de la comtesse posé sur lui, et sachant qu’elle les entendait malgré la distance, il retira sa main de son épée.
- Continuez, maître, - lui dit-il, se détournant de lui.
- Hum, j’aurai avant tout besoin des vents que vous pourrez canaliser. Il vaut mieux de me laisser le soin de les insuffler dans les cadavres, car j’y ai ajouté quelques aménagements de ma propre invention… - il devina l’impatience du vampire. – Asseyez-vous, messire, et envoyez-moi toute la dhar qui vous passe par la main.
- A la bonne heure ! – il s’assit, chassant quelque peu les autres vents qui l’entouraient, et se concentra sur le vent nécromantique.
Lentement, pour ne pas succomber à la tentation du chaos, le maître Friedrich rassembla autour de soi la dhar qui planait au dessus de champ de bataille.
Enfin, sur un ordre informulé, la non-vie vint s’insuffler dans des squelettes engoncés chacun dans une armure lourde… Leurs orbites vides s’illuminèrent d’un éclat rosâtre, puis s’éteignirent. Puis, dispersant la neige de leurs membres décharnés, les gardes des cryptes commencèrent à se relever, un par un, jusqu’à reformer le régiment initial de vingt-huit soldats. Silencieux, ils allèrent se ranger aux côtés des chevaliers noirs.
Von Nettesheim souffla un coup avant de reprendre, recevant dans la foulée un intense afflux de dhar du vampire millénaire…
Pendant ce temps, la vampirette s’amusa à relever autant de zombies qu’elle pouvait, et à les envoyer rebâtir une charrette qui transporterait la cloche à attirer les vents de la non-vie.
Un bruit de branches cassées se fit entendre dans la forêt environnante : le nécromancien invoquait de nouveaux arbres morts, les anciens ayant été réduits à l’état de sciures par les cimeterres de Nehekhara.
Soudain, il interrompit sa magie :
- Messire Ashur ! Ce cas-là me dépasse, j’aurai besoin de votre art à vous !
- Quoi ? – le vampire millénaire se releva.
- Les cinq chevaliers bretonniens, ils sont encore là.
- Allons donc…
Il envoya la dhar sonder les environs, et aperçut effectivement les carcasses des cavaliers vampires, et celles de leurs montures.
- Ils sont cinq ! Il m’a fallu plusieurs jours pour vous faire revenir à la vie, alors pour ces tristes sires, il me faudra un mois !
- Mon assistance pourrait-elle réduire ce délai ?
- … Oui, sans doute, mais expliquez moi, maître, que faisons-nous là, à relever toutes ces troupes ? A quoi bon… - il s’arrêta, voyant le regard pleinement serein du nécromancien.
Il y lut : « Comment, vous ne l’avez donc point lu dans son regard ? Notre dame veut se venger des rois des tombes, et ce, aussi prestement que ses serviteurs peuvent l’y aider. »
17ème partie.
La mobilisation continua dès lors. Pendant qu’Ashur entamait une longue transe sur les restes par endroits carbonisés des dragons de sang, Von Nettesheim partit en bas de la montagne, évitant prudemment les routes régulièrement fréquentées par les impériaux et les nains, qui avaient une forteresse à une dizaine de lieues du manoir, enfin, de ce qu’il en restait.
Le vampire millénaire l’avait au départ interrompu pour lui demander qui allait l’aider dans sa transe, mais le vieux nécromancien, un sourire en coin, lui eut rappelé par la pensée qu’il le laissait en compagnie de deux nécromanciennes qui n’attendaient que d’en apprendre plus sur les arcanes vampiriques…
Le vieux grincheux n’aura pas fini de m’étonner, - se dit Ashur en appelant la comtesse et sa fille à l’assister.
« Le vieux grincheux » atteint finalement un petit village de l’Ostermark au lever du jour, petit hameau de pêchers installés sur les rives du Stir du Nord. L’un des villageois accepta de bon cœur de faire traverser la rivière à « un pauvre vieillard en route vers ses proches résidant à Blutfort », et le nécromancien se retrouva au but de son périple : les collines de l'effroi, vaste étendue de vallons et de tertres entre la rivière Blut et la ville d’Essen. Lieu maudit par tous les impériaux du coin, il était fameux pour le nombre de batailles sanglantes qui y ont eu lieu, ainsi que par les innombrables maraudeurs qui y ont perdu la raison en détroussant les cadavres.
C’était là que von Nettesheim allait recruter ses nouvelles troupes.
Profitant que ce lieu était peu fréquenté, il piqua un somme avant de passer au rituel. Ses rêves furent remplis de squelettes, de zombies, de goules, Ashur qui va le transpercer avec son sabre, puis la comtesse qui s’interpose, prenant le coup sur soi-même, puis s’effondre… Ashur enlève son masque, et ce n’est plus lui-même, mais un répurgateur dans l’armure d’Ashur ; au lieu du sabre, il porte à la main une torche, avec laquelle il commence a brûler les mains du nécromancien…
- Ghaaaaaah !
Le vieux maître se réveilla en sueurs froides. Le ciel était voilé de nuages, quelques flocons de neige avaient commencé à tomber. Il se releva lentement, veillant à ne pas causer de douleurs à son dos, et vérifia que toutes ses affaires étaient bien à leurs places. Rassuré, il marcha encore un moment, avant d’arriver à une vaste plaine où il voyait encore nombre de cadavres à demi-décomposés ou abimés par les corbeaux et les loups. Le rituel pouvait commencer.
- Dhar… - dit-il dans un souffle.
Il tendit ses doigts, son esprit fouillant chaque recoin de la plaine, ressentant la moindre concentration du vent nécromantique. Et la dhar répondit à son toucher, et voulut le rejoindre, mais le vieux maître, repérant d’un œil affuté les cadavres encore utilisables, la fit rentrer dans les corps inanimés des anciens soldats.
Ils se mirent à se relever, d’abord trois, puis cinq, puis dix, puis vingt-et-un, de plus en plus, jusqu’à former une horde conséquente qu’il pouvait à présent reconduire au haut col. Par expérience, il savait ce genre de traversée sans grand risque ; du moment qu’il évitait les humains, ils préféraient laisser passer la marche des morts plutôt que de s’interposer.
- Tiens, mais qu’avons-nous là ? On dirait que nous ne sommes pas les seuls à connaître les bons endroits.
Von Nettesheim se retourna, foudroyé de stupeur, et envoya la dhar sous forme d’énergie brute sur tout ce qu’il y avait devant lui. Hélas, il avait trop dépensé de sa force mentale pour lever l’armée des morts, et vit son sort se dissiper instantanément.
Deux cavaliers le toisaient, tous deux portant un équipement complet de chevalier, les yeux luisant dans la pénombre.
- Belle performance, mortel, - dit l’un, en baissant sa main. – Tu as failli m’avoir.
- Qui sers-tu ? – dit l’autre ?
Leurs visières étaient rabaissées, le vieux maître ne pouvait alors lire dans leurs esprits. Il échafauda alors un rapide mensonge.
- Friedrich von Nettesheim, - dit-il en s’inclinant. – Je sers mes propres intérêts…
- Vraiment ? – le coupa celui qui avait dissipé son sort. – Quelle audace ! – il émit un rire amusé. – Alors pourquoi me caches-tu tes pensées, mortel ?
L’autre le regarda, puis se retourna de suite vers le nécromancien.
- Comment oses-tu !
- Halte ! – son compagnon leva la main aussitôt, lui signifiant de se taire. – Tu m’impressionnes, mortel, tes capacités vont bien au-delà du nécromancien de basse fosse que nous connaissons tous. J’aurais aimé te faire une proposition aimable, mais tu voiles ta face devant tes maîtres. Tu vas donc devoir nous suivre. Et avec ton armée si fraichement collectée…
- Et estime-toi heureux d’avoir toujours la tête sur les épaules ! – cracha l’autre chevalier, souhaitant visiblement lui aussi faire preuve d’autorité.
Pesant le pour et le contre, von Nettesheim ne trouva pas d’autre issue que de suivre les deux vampires, qu’il avait facilement reconnus comme tels. L’armée des morts avança lentement derrière lui.
Bonne lecture !
16ème partie.
- Vous oubliez encore une chose, comtesse. Je suis aussi fin nécromancien que maître Friedrich, - dit Ashur en s’approchant d’elle.
- A la bonne heure, mon cher, - elle lui adressa tout de même un regard avant de reprendre. – Descendons !
Ils empruntèrent ainsi le même chemin sur lequel avaient naguère marché les hordes de la non-vie.
Manon fut immédiatement folle de joie que sa forêt avait été épargnée, et qu’elle y entendait les bruits de ses créatures favorites. Deux ou trois chauves-souris sillonnèrent les nuages au dessus de leurs têtes.
Ils y arrivèrent enfin : un vaste plateau recouvert de neige. Rien n’évoquait à présent la grande bataille qui y avait eu lieu. Cependant, pas pour le maître Friedrich…
- Messire Ashur, si votre attention est bien de me donner un coup de main, alors le moment est venu !
- Volontiers, cher maître, - lui répondit le vampire millénaire, savourant l’occasion d’une énième démonstration de ses pouvoirs.
Ils s’en allèrent tous deux se promener sur la mince couche de neige, sentant parfois un os craqueler sous les pieds. Les dames restèrent en retrait. Toutefois, la comtesse tendit les deux mains, comme elle l’avait fait il y a quelques jours dans son manoir…
Elle ne put cacher son plaisir d’avoir surpris les deux invocateurs, qui virent soudain la neige trembler à un endroit… D’abord, les os. Assemblés de manière parfaite. Puis l’armure. Puis les armes en main. Juché sur sa monture spectrale.
Juché sur sa monture spectrale, un roi revenant toisait à présent le vampire millénaire et le vieux maître de son regard vide évoquant la mort. Autour de lui, ses hommes se reformaient lentement, la dhar tourbillonnait autour d’eux et de la comtesse. La bannière royale à présent tendue fermement vers le ciel étoilé, une unité de neuf chevaliers noirs, conduite par sa Majesté, faisait désormais face aux deux maîtres nécromanciens. Ils se retournèrent, chacun offrant un regard, ironique pour l’un, respectueux pour l’autre, à la dame d’Essen, puis repartirent à leur besogne.
Le vent se leva. On voyait encore quelques lumières allumées, loin, très loin, en bas de la montagne, puis elles aussi s’éteignirent. Ashur et le nécromancien eurent une brève discussion sur la manière dont ils allaient s’y prendre :
- Je pense que nous sommes d’accord sur un point, maître : la piétaille est irrécupérable.
- A quelques cadavres près, oui. Heureusement assez pour rebâtir la charrette macabre et renommer un conducteur.
- Je parlais aussi des squelettes.
- Là, il n’y pas de doute, je devrai reformer toute la légion.
- Je ne connais pas votre armée. Dites-moi quoi faire, je le ferai.
- Bon. Pour commencer, sachez qu’il est extrêmement peu aisé de faire revenir la dhar là où il n’y en a plus une trace.
- Maître, épargnez-moi votre théorie.
Von Nettesheim était fatigué. Le voyage l’avait épuisé, au point qu’il en devenait facilement irritable…
- Vous m’écouterez, triple buse ! Je… - il se rendit compte de son erreur trop tard.
Ashur rehaussa un sourcil. Cependant, sentant le regard de la comtesse posé sur lui, et sachant qu’elle les entendait malgré la distance, il retira sa main de son épée.
- Continuez, maître, - lui dit-il, se détournant de lui.
- Hum, j’aurai avant tout besoin des vents que vous pourrez canaliser. Il vaut mieux de me laisser le soin de les insuffler dans les cadavres, car j’y ai ajouté quelques aménagements de ma propre invention… - il devina l’impatience du vampire. – Asseyez-vous, messire, et envoyez-moi toute la dhar qui vous passe par la main.
- A la bonne heure ! – il s’assit, chassant quelque peu les autres vents qui l’entouraient, et se concentra sur le vent nécromantique.
Lentement, pour ne pas succomber à la tentation du chaos, le maître Friedrich rassembla autour de soi la dhar qui planait au dessus de champ de bataille.
Enfin, sur un ordre informulé, la non-vie vint s’insuffler dans des squelettes engoncés chacun dans une armure lourde… Leurs orbites vides s’illuminèrent d’un éclat rosâtre, puis s’éteignirent. Puis, dispersant la neige de leurs membres décharnés, les gardes des cryptes commencèrent à se relever, un par un, jusqu’à reformer le régiment initial de vingt-huit soldats. Silencieux, ils allèrent se ranger aux côtés des chevaliers noirs.
Von Nettesheim souffla un coup avant de reprendre, recevant dans la foulée un intense afflux de dhar du vampire millénaire…
Pendant ce temps, la vampirette s’amusa à relever autant de zombies qu’elle pouvait, et à les envoyer rebâtir une charrette qui transporterait la cloche à attirer les vents de la non-vie.
Un bruit de branches cassées se fit entendre dans la forêt environnante : le nécromancien invoquait de nouveaux arbres morts, les anciens ayant été réduits à l’état de sciures par les cimeterres de Nehekhara.
Soudain, il interrompit sa magie :
- Messire Ashur ! Ce cas-là me dépasse, j’aurai besoin de votre art à vous !
- Quoi ? – le vampire millénaire se releva.
- Les cinq chevaliers bretonniens, ils sont encore là.
- Allons donc…
Il envoya la dhar sonder les environs, et aperçut effectivement les carcasses des cavaliers vampires, et celles de leurs montures.
- Ils sont cinq ! Il m’a fallu plusieurs jours pour vous faire revenir à la vie, alors pour ces tristes sires, il me faudra un mois !
- Mon assistance pourrait-elle réduire ce délai ?
- … Oui, sans doute, mais expliquez moi, maître, que faisons-nous là, à relever toutes ces troupes ? A quoi bon… - il s’arrêta, voyant le regard pleinement serein du nécromancien.
Il y lut : « Comment, vous ne l’avez donc point lu dans son regard ? Notre dame veut se venger des rois des tombes, et ce, aussi prestement que ses serviteurs peuvent l’y aider. »
17ème partie.
La mobilisation continua dès lors. Pendant qu’Ashur entamait une longue transe sur les restes par endroits carbonisés des dragons de sang, Von Nettesheim partit en bas de la montagne, évitant prudemment les routes régulièrement fréquentées par les impériaux et les nains, qui avaient une forteresse à une dizaine de lieues du manoir, enfin, de ce qu’il en restait.
Le vampire millénaire l’avait au départ interrompu pour lui demander qui allait l’aider dans sa transe, mais le vieux nécromancien, un sourire en coin, lui eut rappelé par la pensée qu’il le laissait en compagnie de deux nécromanciennes qui n’attendaient que d’en apprendre plus sur les arcanes vampiriques…
Le vieux grincheux n’aura pas fini de m’étonner, - se dit Ashur en appelant la comtesse et sa fille à l’assister.
« Le vieux grincheux » atteint finalement un petit village de l’Ostermark au lever du jour, petit hameau de pêchers installés sur les rives du Stir du Nord. L’un des villageois accepta de bon cœur de faire traverser la rivière à « un pauvre vieillard en route vers ses proches résidant à Blutfort », et le nécromancien se retrouva au but de son périple : les collines de l'effroi, vaste étendue de vallons et de tertres entre la rivière Blut et la ville d’Essen. Lieu maudit par tous les impériaux du coin, il était fameux pour le nombre de batailles sanglantes qui y ont eu lieu, ainsi que par les innombrables maraudeurs qui y ont perdu la raison en détroussant les cadavres.
C’était là que von Nettesheim allait recruter ses nouvelles troupes.
Profitant que ce lieu était peu fréquenté, il piqua un somme avant de passer au rituel. Ses rêves furent remplis de squelettes, de zombies, de goules, Ashur qui va le transpercer avec son sabre, puis la comtesse qui s’interpose, prenant le coup sur soi-même, puis s’effondre… Ashur enlève son masque, et ce n’est plus lui-même, mais un répurgateur dans l’armure d’Ashur ; au lieu du sabre, il porte à la main une torche, avec laquelle il commence a brûler les mains du nécromancien…
- Ghaaaaaah !
Le vieux maître se réveilla en sueurs froides. Le ciel était voilé de nuages, quelques flocons de neige avaient commencé à tomber. Il se releva lentement, veillant à ne pas causer de douleurs à son dos, et vérifia que toutes ses affaires étaient bien à leurs places. Rassuré, il marcha encore un moment, avant d’arriver à une vaste plaine où il voyait encore nombre de cadavres à demi-décomposés ou abimés par les corbeaux et les loups. Le rituel pouvait commencer.
- Dhar… - dit-il dans un souffle.
Il tendit ses doigts, son esprit fouillant chaque recoin de la plaine, ressentant la moindre concentration du vent nécromantique. Et la dhar répondit à son toucher, et voulut le rejoindre, mais le vieux maître, repérant d’un œil affuté les cadavres encore utilisables, la fit rentrer dans les corps inanimés des anciens soldats.
Ils se mirent à se relever, d’abord trois, puis cinq, puis dix, puis vingt-et-un, de plus en plus, jusqu’à former une horde conséquente qu’il pouvait à présent reconduire au haut col. Par expérience, il savait ce genre de traversée sans grand risque ; du moment qu’il évitait les humains, ils préféraient laisser passer la marche des morts plutôt que de s’interposer.
- Tiens, mais qu’avons-nous là ? On dirait que nous ne sommes pas les seuls à connaître les bons endroits.
Von Nettesheim se retourna, foudroyé de stupeur, et envoya la dhar sous forme d’énergie brute sur tout ce qu’il y avait devant lui. Hélas, il avait trop dépensé de sa force mentale pour lever l’armée des morts, et vit son sort se dissiper instantanément.
Deux cavaliers le toisaient, tous deux portant un équipement complet de chevalier, les yeux luisant dans la pénombre.
- Belle performance, mortel, - dit l’un, en baissant sa main. – Tu as failli m’avoir.
- Qui sers-tu ? – dit l’autre ?
Leurs visières étaient rabaissées, le vieux maître ne pouvait alors lire dans leurs esprits. Il échafauda alors un rapide mensonge.
- Friedrich von Nettesheim, - dit-il en s’inclinant. – Je sers mes propres intérêts…
- Vraiment ? – le coupa celui qui avait dissipé son sort. – Quelle audace ! – il émit un rire amusé. – Alors pourquoi me caches-tu tes pensées, mortel ?
L’autre le regarda, puis se retourna de suite vers le nécromancien.
- Comment oses-tu !
- Halte ! – son compagnon leva la main aussitôt, lui signifiant de se taire. – Tu m’impressionnes, mortel, tes capacités vont bien au-delà du nécromancien de basse fosse que nous connaissons tous. J’aurais aimé te faire une proposition aimable, mais tu voiles ta face devant tes maîtres. Tu vas donc devoir nous suivre. Et avec ton armée si fraichement collectée…
- Et estime-toi heureux d’avoir toujours la tête sur les épaules ! – cracha l’autre chevalier, souhaitant visiblement lui aussi faire preuve d’autorité.
Pesant le pour et le contre, von Nettesheim ne trouva pas d’autre issue que de suivre les deux vampires, qu’il avait facilement reconnus comme tels. L’armée des morts avança lentement derrière lui.
- ArkenMaîtresse des fouets
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Re: Vampire at war : présentation
Dim 5 Jan 2014 - 21:07
Ahah ! Enfin un événement-imprévu extérieur aux caractères des tes personnages... Je suppose qu'ils vont réussir à se souder les coudes pour sauver ce vieux maître !
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Ceux qui ne croient pas en la magie ne la trouveront jamais.
- EssenSeigneur vampire
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Re: Vampire at war : présentation
Dim 5 Jan 2014 - 21:10
Exact ! Et je m'engouffre dans un océan d'intrigues dont je ne saisis pas encore moi-même tout le sens, mais ça va venir !
- alexy999Loup funeste
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Re: Vampire at war : présentation
Dim 5 Jan 2014 - 22:07
Adieu vieux maître, je vous aimais bien ...
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I'm Back
Mouhahahaha !!!
- EssenSeigneur vampire
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Re: Vampire at war : présentation
Dim 5 Jan 2014 - 22:16
- ArkenMaîtresse des fouets
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Re: Vampire at war : présentation
Dim 5 Jan 2014 - 22:21
Adieuuuu monsieur le vieux maitre...
On ne vous oubliera jamais...
Von Essen : est-ce normal que ton texte soit coloré ? Car d'habitude c'est les modos qui utilisent des couleurs... (oh, mais attends, c'est de l'orange ! L'interface ferait-elle à nouveau des siennes ? )
On ne vous oubliera jamais...
Von Essen : est-ce normal que ton texte soit coloré ? Car d'habitude c'est les modos qui utilisent des couleurs... (oh, mais attends, c'est de l'orange ! L'interface ferait-elle à nouveau des siennes ? )
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- EssenSeigneur vampire
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Re: Vampire at war : présentation
Dim 5 Jan 2014 - 22:31
Haha, clique dessus
- EssenSeigneur vampire
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 6 Jan 2014 - 12:08
*Le vent s'engouffre dans la taverne presque vide, retrouvant von Essen allongé au comptoir sur une pile de paperasse jaunie par l'usure. Quelques parchemins à l'encre encore fraiche trainent à côté de lui...*
18ème partie.
Les flocons de neige qui tombaient du ciel s’épaississaient d’heure en heure. Les nuages recouvraient à présent toute la contrée, du Stir au Blut, s’arrêtant devant les cimes des Monts du Bord du Monde. Cette intempérie faisait non seulement grelotter le nécromancien, mais en plus réduisait à néant le faible espoir de voir ses ravisseurs s’arrêter pour la journée. Leur lente traversée vers le Sud continuait inexorablement, jusqu’à atteindre les rives du fleuve qu’il avait traversé la veille, mais plus en aval ; au loin, von Nettesheim vit un large pont en bois…
- Tu vas voiler tes pensées encore longtemps, mortel ? – le chevalier « intelligent », comme il avait choisi de l’appeler, le regardait, l’air las.
- Que monseigneur me pardonne, mais toutes mes pensées lui sont ouvertes.
- Mentir ne te mènera à rien, mortel. Il y a mille et une façon de te faire parler, même sans que je descende de ma monture. Pourquoi te caches-tu ? Il n’y a pourtant aucun danger.
- Monseigneur, si je puis me permettre, vos derniers propos décrivent fort mal ma situation.
- C’est juste ! Alors trêve de paroles et ouvre-moi ton esprit !
Le vieux maître sentit soudain les yeux du vampire s’immiscer en lui. Leur éclat rougeâtre semblait vouloir percer à travers la pénombre dont il s’était entouré. Cependant, plus ils progressaient, plus ils s’enfonçaient dans une noirceur impénétrable, puis tout d’un coup, une image des émissaires de la comtesse jaillit à leur vue…
- Ouh ! – tout immunisé à la terreur qu’il était, le vampire sembla un peu secoué par la vision cauchemardesque des faucheurs d’outre-tombe.
Sa concentration avait été brisée, et il regardait à présent le nécromancien à travers sa visière, agacé.
- Très amusant, Friedrich von Nettesheim, très amusant…
Son compagnon le regardait, sans dire un mot. Il reprit :
- Quand nous aurons traversé ce pont, - dit-il, - nous serons en Sylvanie. Vous connaissez ce nom, naturellement ?
- Ma foi…
Il pouffa subitement.
- Ta foi, mortel ? Ta foi ?? Mais en quoi as-tu foi, nécromancien ? Quelle foi n’aurais-tu pas abandonnée pour t’adonner à l’art sombre que tu pratiques ? Quelle foi te protègerait des vents du chaos, des dieux de la corruption, de tes propres doutes et regrets qui s’avèrent souvent bien plus mortels que toutes les malédictions que nous connaissions ? Réponds, mortel, quelle foi pourrait bien te guider ?
- Monseigneur, aucune. Pardonnez les mots trop hâtifs d’un vieil érudit…
- Menteur ! Ton érudition te sauve la vie, encore une fois ! Tu es bien trop doué pour ne pas être utilisé dans nos desseins ! Mais tant que nous n’en sauront pas plus sur tes allégeances, tu pourras dire adieu à toute forme de liberté que tu as pu connaître ! Allons !
Ces paroles signifièrent la fin de leur conversation, et la reprise de leur pénible avancée vers une destination que le vieux maître ne pouvait que deviner.
Il devina par ailleurs que le grand pont qu’il voyait droit devant ne pouvait conduire qu’à deux villes de sa connaissance : Hundham ou Waldenhof, capitale attitrée de la Sylvanie. Dans les deux cas, la pensée de traverser une ville avec une horde de morts-vivants derrière eux lui déplut au plus haut point. De plus, il ne pouvait comprendre les raisons d’une telle indiscrétion : les villageois, tous terrifiés qu’ils étaient par les créatures de la non-vie, devaient bien abriter quelque solide garnison avec au moins un bon prêtre guerrier qui leur tiendrait tête…
Mais il n’en fut rien. Quand ils traversèrent enfin le pont qui enjambait le Stir du Nord (d’ailleurs, y avait-il un pont à cet endroit, la dernière fois qu’il y était passé ?), von Nettesheim vit qu’il n’y avait presqu’aucune agitation dans la ville. C’est à peine s’il eut entendu quelques portes se refermer violemment au moment de leur entrée. Il lut sur une grande pierre polie les inscriptions qui y étaient gravées : « Waldenhof ».
L’armée des morts se tassa derrière lui, titubante, gigotante, gargouillante, remplaçant le silence ambiant par une cacophonie des moins ragoûtantes. Mis à part l’épais nuage de dhar qui en émanait, le maître Friedrich sentit également le vent de la mort se balader dans la plupart des maisons. Une épidémie…
Les deux chevaliers démontèrent devant une grande bâtisse qui ressemblait soit à une maison de bourgmestre, soit à une auberge pour bourgeois aisés. Leurs chevaux s’en allèrent d’eux-mêmes dans des écuries annexes. Une sensation de morbide envahit le vieux nécromancien…
- Mortel ! Si la faim vous tenaille, il serait de bon sens que vous rentriez ! – ce ton narquois appartenait toujours au même chevalier « intelligent ».
C’était aussi le ton qui indiquait qu’aucun refus ne serait toléré.
L’intéressé se vit alors contraint de franchir la porte d’entrée, et de s’engouffrer dans une grande salle éclairée par quelques lampes à huile suspendues au plafond, ainsi que par la lumière hésitante qui perçait à travers les rideaux fermés des fenêtres. Le feu dans le grand âtre au fond de la salle était éteint. Quelques buches à moitié calcinées y gisaient encore. Les murs de la salle étaient décorés d’objets de chasse : arcs, carquois, cors, cravaches et longs couteaux. Une gigantesque tête d’ours trônait au dessus du foyer de cheminée.
C’était bien une auberge de fort bon goût, seulement à présent elle semblait à l’abandon, une épaisse couche de poussière recouvrant la plupart des tables et des chaises en bois. Les deux chevaliers prirent chacun une chaise et s’assirent. Le nécromancien n’attendit pas de se faire prier et suivit leur exemple, soulagé de pouvoir reposer ses vieilles jambes.
Les deux chevaliers sourirent. « L’intelligent » prit de nouveau la parole :
- Nous nous arrêtons là parce que toi, mortel, a besoin de répit et de pitance. Alors maintenant, si tu es bien sage et ne tentes rien qui pourrait courroucer tes maîtres, tu pourras avoir droit aux meilleurs mets que cette bourgade quasiment endormie par la mort puisse t’offrir.
Von Nettesheim hocha simplement la tête.
- Nous autres allons en profiter également, et enlèverons nos heaumes. Ah ! Quelle grande joie, te dis-tu, de pouvoir lire à présent dans nos esprits ! Non ? Cela est au-delà de tes capacités ? Ha, ha, ha. Menteur. Sans le lire dans ta pauvre vieille tête, je le devine facilement. Alors écoute-moi bien, mortel : à la moindre tentative sur moi ou sur mon compagnon d’armes, tu seras estropié à vie ! Suis-je clair ? Fort bien !
Ils enlevèrent tous deux leurs coiffes protectrices, et le nécromancien put voir que tous deux avaient le crâne rasé, leurs traits se ressemblant légèrement, mais peut-être était-ce la pénombre régnante qui troublait sa vue ? Il se rappela qu’il voyait dans la nuit à travers la dhar ; il n’y avait plus de doute. Les deux se ressemblaient comme deux gouttes d’eau : les mêmes lèvres minces, les mêmes joues creuses, les mêmes yeux luisants de malice. Seule différence qu’il parvint à voir : l’oreille gauche du compagnon de « l’intelligent » manquait, tranchée nette par quelque lame impitoyable d’antan.
19ème partie.
Ils furent partis. La question de l’évasion fusa dans la tête du vieux maître tel un feu d’artifice. Cependant, il ressentait encore leur présence dans l’arrière de l’auberge, son ouïe lui sembla même indiquer les échos d’une discussion qui devait s’y dérouler. Trop tôt, trop risqué, - se dit-il. Peu de temps après, alors qu’il replaçait confortablement ses jambes, un aubergiste qui avait l’air tout aussi vieux que lui vint lui servir un copieux déjeuner composé de gibier grillé à la broche, de soupe au lard, de pain et de fruits secs. Il parvint même à y ajouter un cruchon de vin, mais le nécromancien n’y toucha pas, tellement l’odeur qui s’en dégageait lui sembla infecte. Il entama le reste du repas avec appétit, se disant qu’il n’en aurait peut-être jamais d’autre occasion…
« Occasion » fit tinter dans sa tête l’occasion de s’évader, vu qu’il ne ressentait plus la présence des deux chevaliers dans l’auberge. En revanche, l’aubergiste qui le servit devait être encore dans le coin, et son unique client lut dans son regard une expression de soumission totale aux deux maîtres de la nuit. Ce n’était donc plus qu’un simple tenancier, mais un garde vigilant qui pourrait même aller le retenir au péril de sa vie.
Il repensa la possibilité de tenir tête à ses ravisseurs, mais dut se résigner à la rejeter : le temps qu’il puisse mettre à venir à bout de l’un, l’autre aurait tout le loisir de le hacher en petits morceaux. La seule issue qui lui restait était d’envoyer un quelconque message de détresse à ses vrais maîtres, la comtesse, Ashur, mademoiselle… Tous terrifiants qu’ils étaient, il voyait qu’ils tenaient à lui comme lui tenait à eux. Les servantes de Madame étaient fort aimables avec lui et…
La solution s’offrit à lui si subitement qu’il manqua de renverser le pichet. Il y avait un lien de dhar qui le liait à une créature de la non-vie, similaire à celui de la comtesse et des chevaliers noirs : son apprenti au violon démoniaque.
Espèce d’entité nécromantique qu’il avait rencontrée au cours d’une brève excursion en Sylvanie, ce devait être jadis un mortel ménestrel particulièrement doué, ou inversement, abominable, qui avait été rompu à l’art de la nécromancie par il ne savait plus quel maître de la non-vie qu’il aurait pu croiser sur sa route.
Tout étrange qu’il était, il accepta après un court affrontement de le suivre et d’apprendre les arcanes vampiriques auprès de lui, le maître Friedrich von Nettesheim, qui d’ailleurs ne parvint jamais à comprendre le fonctionnement de son instrument musical. Était-ce une malédiction qui s’était incrustée dans le bois, ou bien le résultat de longues expériences toutes aussi hasardeuses que dangereuses, peu lui importait à présent.
Il y avait une malédiction qui rendait son apprenti plus affilié à la non-vie qu’il l’était lui-même : le seul et unique destin que pouvait lui réserver l’ennemi si jamais il en venait à bout était de le pendre par les cordes de son propre violon ; ce qui au final s’avérait une condamnation inutile, l’instrument reconnaissant son maître, et l’apprenti s’en sortait toujours indemne quand lui ou la comtesse le retrouvaient. Formidable malédiction parmi d’autres !
Toutefois, ce n’était pas ce qui l’inquiétait le plus à cet instant.
Il saisit le lien en question (comment avait-il pu l’avoir oublié au manoir ?), et chercha à rejoindre mentalement l’esprit de son disciple.
…
- Was ? Meister Friedrich ?
La concentration du vieux maître était à son comble. Son interlocuteur était à l’autre bout de la contrée, quelque part vers le Moot, et le lien qui les unissait était extrêmement faible.
- Ludwig !! – son propre cri mental lui déchira l’esprit.
Il se reprit tant bien que mal.
- Ludwig, revenez immédiatement au manoir ! Dites à la comtesse que j’ai été saisi par deux chevaliers vampires qui me conduisent en Sylvanie ! Dites que j’ai besoin d’aide ! Verstehen Sie ?
…
- Jawohl, Meister ! Jawohl, Meister !
- Gut…
La transe se rompit comme une corde trop tendue. Devant lui, le nécromancien aperçut le vieux tenancier qui écarquillait les yeux.
Gott verdammt, - pensèrent-ils tous les deux, - ce vieux ne m’apportera que des ennuis.
Le maître se reprit en premier :
- Excellente cuisine que la votre, mon brave…
Mais celui à qui il s’adressait s’enfuit à toutes jambes dans l’arrière de la bâtisse.
Peu de temps après, les deux chevaliers furent de retour, visiblement satisfaits de leur temps d’absence. Ils n’eurent cependant pas le temps de prendre la parole, car le malheureux tenancier déboula à toute vitesse dans la salle, presque en pleurs, et se prosterna misérablement devant les vampires. Il leur parla très, très vite, dans une langue que le nécromancien ne comprit pas, mais il vit les traits des deux nosferatu se durcir en entendant les nouvelles… Ils se tournèrent enfin vers lui, laissant le vieux se retirer en rampant vers la sortie. Von Nettesheim les dévisagea sans la moindre trace d’intimidation.
- Alors, mortel, on s’amuse à faire des bêtises en notre absence ? – ce fut le vampire mutilé qui parla en premier. – On abuse de l’hospitalité de ses maîtres, on les trahit dans leurs dos ?
Il les écoutant, laissant d’abord venir le chef d’accusation.
- Réponds ! Réponds, ver de terre ! Réponds ou je te fais très mal avec cette lame d’acier impérial !
Le vampire mutilé dégaina son épée. « L’intelligent » le laissa faire. - Pour l’instant, - se dit le vieux maître.
- Si messeigneurs veulent bien m’expliquer la raison de leur colère…
« L’intelligent » réprima un rire. Ce vieux était vraiment épatant. Ou complètement fou, sinon les deux.
- Ton insolence devrait être punie par la mort ! – rugit le vampire mutilé et s’apprêta à frapper. Le nécromancien le dévisageait, impassible.
- Tu l’auras voulu !
La lame s’abattit, mais comme la victime s’y attendait, elle s’arrêta à un cheveu de sa tempe. Son bourreau le regardait, ébahi par tant de sang-froid, l’éclat de ses yeux évoquant une colère toute nouvelle…
- Je m’en vais te couper un bras !
- Laisse ! – « l’intelligent » prit enfin la parole. – Les méthodes traditionnelles n’ont pas d’effet sur lui. Nous sommes chanceux, toi et moi, d’avoir trouvé une perle si rare, – il regarda le nécromancien droit dans les yeux. – Faisons plus simple : soit tu parles, soit je t’inflige ce que tu peux maintenant voir dans mon regard…
Von Nettesheim regarda et frémit. Peut-être s’agissait-il d’une simple coïncidence, ou alors ce vampire avait trouvé un moyen de se glisser dans son esprit à son insu. Ce n’était pas bon. Il devait dire quelque chose, ne serait-ce que pour gagner du temps…
- Messire, si vous avez devant vous un maître aussi accompli, ce n’est que grâce à une pratique régulière et appliquée…
Le vampire ne put retenir un franc coup de fou-rire. Mentir aussi aisément, devant sa propre mort, de manière aussi subtile est décontractée, il ne l’avait encore jamais vu. Une telle insolence, non, une telle arrogance venant de la bouche d’un mortel ne pouvait que le rendre plus charismatique à ses yeux. Cependant, une petite correction s’imposait.
Il se tourna alors vers son acolyte :
- Prépare les chevaux et attends nous dehors avec. Une monture pour le mortel aussi, il doit bien en avoir au moins une vivante dans notre noble capitale. Quant à moi, je vais avoir une discussion prolongée avec notre impertinent serviteur.
Il invita le maître à le suivre, et s’éloigna dans l’arrière de la taverne avec lui. Bientôt, des cris d’atroces souffrances se firent entendre…
18ème partie.
Les flocons de neige qui tombaient du ciel s’épaississaient d’heure en heure. Les nuages recouvraient à présent toute la contrée, du Stir au Blut, s’arrêtant devant les cimes des Monts du Bord du Monde. Cette intempérie faisait non seulement grelotter le nécromancien, mais en plus réduisait à néant le faible espoir de voir ses ravisseurs s’arrêter pour la journée. Leur lente traversée vers le Sud continuait inexorablement, jusqu’à atteindre les rives du fleuve qu’il avait traversé la veille, mais plus en aval ; au loin, von Nettesheim vit un large pont en bois…
- Tu vas voiler tes pensées encore longtemps, mortel ? – le chevalier « intelligent », comme il avait choisi de l’appeler, le regardait, l’air las.
- Que monseigneur me pardonne, mais toutes mes pensées lui sont ouvertes.
- Mentir ne te mènera à rien, mortel. Il y a mille et une façon de te faire parler, même sans que je descende de ma monture. Pourquoi te caches-tu ? Il n’y a pourtant aucun danger.
- Monseigneur, si je puis me permettre, vos derniers propos décrivent fort mal ma situation.
- C’est juste ! Alors trêve de paroles et ouvre-moi ton esprit !
Le vieux maître sentit soudain les yeux du vampire s’immiscer en lui. Leur éclat rougeâtre semblait vouloir percer à travers la pénombre dont il s’était entouré. Cependant, plus ils progressaient, plus ils s’enfonçaient dans une noirceur impénétrable, puis tout d’un coup, une image des émissaires de la comtesse jaillit à leur vue…
- Ouh ! – tout immunisé à la terreur qu’il était, le vampire sembla un peu secoué par la vision cauchemardesque des faucheurs d’outre-tombe.
Sa concentration avait été brisée, et il regardait à présent le nécromancien à travers sa visière, agacé.
- Très amusant, Friedrich von Nettesheim, très amusant…
Son compagnon le regardait, sans dire un mot. Il reprit :
- Quand nous aurons traversé ce pont, - dit-il, - nous serons en Sylvanie. Vous connaissez ce nom, naturellement ?
- Ma foi…
Il pouffa subitement.
- Ta foi, mortel ? Ta foi ?? Mais en quoi as-tu foi, nécromancien ? Quelle foi n’aurais-tu pas abandonnée pour t’adonner à l’art sombre que tu pratiques ? Quelle foi te protègerait des vents du chaos, des dieux de la corruption, de tes propres doutes et regrets qui s’avèrent souvent bien plus mortels que toutes les malédictions que nous connaissions ? Réponds, mortel, quelle foi pourrait bien te guider ?
- Monseigneur, aucune. Pardonnez les mots trop hâtifs d’un vieil érudit…
- Menteur ! Ton érudition te sauve la vie, encore une fois ! Tu es bien trop doué pour ne pas être utilisé dans nos desseins ! Mais tant que nous n’en sauront pas plus sur tes allégeances, tu pourras dire adieu à toute forme de liberté que tu as pu connaître ! Allons !
Ces paroles signifièrent la fin de leur conversation, et la reprise de leur pénible avancée vers une destination que le vieux maître ne pouvait que deviner.
Il devina par ailleurs que le grand pont qu’il voyait droit devant ne pouvait conduire qu’à deux villes de sa connaissance : Hundham ou Waldenhof, capitale attitrée de la Sylvanie. Dans les deux cas, la pensée de traverser une ville avec une horde de morts-vivants derrière eux lui déplut au plus haut point. De plus, il ne pouvait comprendre les raisons d’une telle indiscrétion : les villageois, tous terrifiés qu’ils étaient par les créatures de la non-vie, devaient bien abriter quelque solide garnison avec au moins un bon prêtre guerrier qui leur tiendrait tête…
Mais il n’en fut rien. Quand ils traversèrent enfin le pont qui enjambait le Stir du Nord (d’ailleurs, y avait-il un pont à cet endroit, la dernière fois qu’il y était passé ?), von Nettesheim vit qu’il n’y avait presqu’aucune agitation dans la ville. C’est à peine s’il eut entendu quelques portes se refermer violemment au moment de leur entrée. Il lut sur une grande pierre polie les inscriptions qui y étaient gravées : « Waldenhof ».
L’armée des morts se tassa derrière lui, titubante, gigotante, gargouillante, remplaçant le silence ambiant par une cacophonie des moins ragoûtantes. Mis à part l’épais nuage de dhar qui en émanait, le maître Friedrich sentit également le vent de la mort se balader dans la plupart des maisons. Une épidémie…
Les deux chevaliers démontèrent devant une grande bâtisse qui ressemblait soit à une maison de bourgmestre, soit à une auberge pour bourgeois aisés. Leurs chevaux s’en allèrent d’eux-mêmes dans des écuries annexes. Une sensation de morbide envahit le vieux nécromancien…
- Mortel ! Si la faim vous tenaille, il serait de bon sens que vous rentriez ! – ce ton narquois appartenait toujours au même chevalier « intelligent ».
C’était aussi le ton qui indiquait qu’aucun refus ne serait toléré.
L’intéressé se vit alors contraint de franchir la porte d’entrée, et de s’engouffrer dans une grande salle éclairée par quelques lampes à huile suspendues au plafond, ainsi que par la lumière hésitante qui perçait à travers les rideaux fermés des fenêtres. Le feu dans le grand âtre au fond de la salle était éteint. Quelques buches à moitié calcinées y gisaient encore. Les murs de la salle étaient décorés d’objets de chasse : arcs, carquois, cors, cravaches et longs couteaux. Une gigantesque tête d’ours trônait au dessus du foyer de cheminée.
C’était bien une auberge de fort bon goût, seulement à présent elle semblait à l’abandon, une épaisse couche de poussière recouvrant la plupart des tables et des chaises en bois. Les deux chevaliers prirent chacun une chaise et s’assirent. Le nécromancien n’attendit pas de se faire prier et suivit leur exemple, soulagé de pouvoir reposer ses vieilles jambes.
Les deux chevaliers sourirent. « L’intelligent » prit de nouveau la parole :
- Nous nous arrêtons là parce que toi, mortel, a besoin de répit et de pitance. Alors maintenant, si tu es bien sage et ne tentes rien qui pourrait courroucer tes maîtres, tu pourras avoir droit aux meilleurs mets que cette bourgade quasiment endormie par la mort puisse t’offrir.
Von Nettesheim hocha simplement la tête.
- Nous autres allons en profiter également, et enlèverons nos heaumes. Ah ! Quelle grande joie, te dis-tu, de pouvoir lire à présent dans nos esprits ! Non ? Cela est au-delà de tes capacités ? Ha, ha, ha. Menteur. Sans le lire dans ta pauvre vieille tête, je le devine facilement. Alors écoute-moi bien, mortel : à la moindre tentative sur moi ou sur mon compagnon d’armes, tu seras estropié à vie ! Suis-je clair ? Fort bien !
Ils enlevèrent tous deux leurs coiffes protectrices, et le nécromancien put voir que tous deux avaient le crâne rasé, leurs traits se ressemblant légèrement, mais peut-être était-ce la pénombre régnante qui troublait sa vue ? Il se rappela qu’il voyait dans la nuit à travers la dhar ; il n’y avait plus de doute. Les deux se ressemblaient comme deux gouttes d’eau : les mêmes lèvres minces, les mêmes joues creuses, les mêmes yeux luisants de malice. Seule différence qu’il parvint à voir : l’oreille gauche du compagnon de « l’intelligent » manquait, tranchée nette par quelque lame impitoyable d’antan.
19ème partie.
Ils furent partis. La question de l’évasion fusa dans la tête du vieux maître tel un feu d’artifice. Cependant, il ressentait encore leur présence dans l’arrière de l’auberge, son ouïe lui sembla même indiquer les échos d’une discussion qui devait s’y dérouler. Trop tôt, trop risqué, - se dit-il. Peu de temps après, alors qu’il replaçait confortablement ses jambes, un aubergiste qui avait l’air tout aussi vieux que lui vint lui servir un copieux déjeuner composé de gibier grillé à la broche, de soupe au lard, de pain et de fruits secs. Il parvint même à y ajouter un cruchon de vin, mais le nécromancien n’y toucha pas, tellement l’odeur qui s’en dégageait lui sembla infecte. Il entama le reste du repas avec appétit, se disant qu’il n’en aurait peut-être jamais d’autre occasion…
« Occasion » fit tinter dans sa tête l’occasion de s’évader, vu qu’il ne ressentait plus la présence des deux chevaliers dans l’auberge. En revanche, l’aubergiste qui le servit devait être encore dans le coin, et son unique client lut dans son regard une expression de soumission totale aux deux maîtres de la nuit. Ce n’était donc plus qu’un simple tenancier, mais un garde vigilant qui pourrait même aller le retenir au péril de sa vie.
Il repensa la possibilité de tenir tête à ses ravisseurs, mais dut se résigner à la rejeter : le temps qu’il puisse mettre à venir à bout de l’un, l’autre aurait tout le loisir de le hacher en petits morceaux. La seule issue qui lui restait était d’envoyer un quelconque message de détresse à ses vrais maîtres, la comtesse, Ashur, mademoiselle… Tous terrifiants qu’ils étaient, il voyait qu’ils tenaient à lui comme lui tenait à eux. Les servantes de Madame étaient fort aimables avec lui et…
La solution s’offrit à lui si subitement qu’il manqua de renverser le pichet. Il y avait un lien de dhar qui le liait à une créature de la non-vie, similaire à celui de la comtesse et des chevaliers noirs : son apprenti au violon démoniaque.
Espèce d’entité nécromantique qu’il avait rencontrée au cours d’une brève excursion en Sylvanie, ce devait être jadis un mortel ménestrel particulièrement doué, ou inversement, abominable, qui avait été rompu à l’art de la nécromancie par il ne savait plus quel maître de la non-vie qu’il aurait pu croiser sur sa route.
Tout étrange qu’il était, il accepta après un court affrontement de le suivre et d’apprendre les arcanes vampiriques auprès de lui, le maître Friedrich von Nettesheim, qui d’ailleurs ne parvint jamais à comprendre le fonctionnement de son instrument musical. Était-ce une malédiction qui s’était incrustée dans le bois, ou bien le résultat de longues expériences toutes aussi hasardeuses que dangereuses, peu lui importait à présent.
Il y avait une malédiction qui rendait son apprenti plus affilié à la non-vie qu’il l’était lui-même : le seul et unique destin que pouvait lui réserver l’ennemi si jamais il en venait à bout était de le pendre par les cordes de son propre violon ; ce qui au final s’avérait une condamnation inutile, l’instrument reconnaissant son maître, et l’apprenti s’en sortait toujours indemne quand lui ou la comtesse le retrouvaient. Formidable malédiction parmi d’autres !
Toutefois, ce n’était pas ce qui l’inquiétait le plus à cet instant.
Il saisit le lien en question (comment avait-il pu l’avoir oublié au manoir ?), et chercha à rejoindre mentalement l’esprit de son disciple.
…
- Was ? Meister Friedrich ?
La concentration du vieux maître était à son comble. Son interlocuteur était à l’autre bout de la contrée, quelque part vers le Moot, et le lien qui les unissait était extrêmement faible.
- Ludwig !! – son propre cri mental lui déchira l’esprit.
Il se reprit tant bien que mal.
- Ludwig, revenez immédiatement au manoir ! Dites à la comtesse que j’ai été saisi par deux chevaliers vampires qui me conduisent en Sylvanie ! Dites que j’ai besoin d’aide ! Verstehen Sie ?
…
- Jawohl, Meister ! Jawohl, Meister !
- Gut…
La transe se rompit comme une corde trop tendue. Devant lui, le nécromancien aperçut le vieux tenancier qui écarquillait les yeux.
Gott verdammt, - pensèrent-ils tous les deux, - ce vieux ne m’apportera que des ennuis.
Le maître se reprit en premier :
- Excellente cuisine que la votre, mon brave…
Mais celui à qui il s’adressait s’enfuit à toutes jambes dans l’arrière de la bâtisse.
Peu de temps après, les deux chevaliers furent de retour, visiblement satisfaits de leur temps d’absence. Ils n’eurent cependant pas le temps de prendre la parole, car le malheureux tenancier déboula à toute vitesse dans la salle, presque en pleurs, et se prosterna misérablement devant les vampires. Il leur parla très, très vite, dans une langue que le nécromancien ne comprit pas, mais il vit les traits des deux nosferatu se durcir en entendant les nouvelles… Ils se tournèrent enfin vers lui, laissant le vieux se retirer en rampant vers la sortie. Von Nettesheim les dévisagea sans la moindre trace d’intimidation.
- Alors, mortel, on s’amuse à faire des bêtises en notre absence ? – ce fut le vampire mutilé qui parla en premier. – On abuse de l’hospitalité de ses maîtres, on les trahit dans leurs dos ?
Il les écoutant, laissant d’abord venir le chef d’accusation.
- Réponds ! Réponds, ver de terre ! Réponds ou je te fais très mal avec cette lame d’acier impérial !
Le vampire mutilé dégaina son épée. « L’intelligent » le laissa faire. - Pour l’instant, - se dit le vieux maître.
- Si messeigneurs veulent bien m’expliquer la raison de leur colère…
« L’intelligent » réprima un rire. Ce vieux était vraiment épatant. Ou complètement fou, sinon les deux.
- Ton insolence devrait être punie par la mort ! – rugit le vampire mutilé et s’apprêta à frapper. Le nécromancien le dévisageait, impassible.
- Tu l’auras voulu !
La lame s’abattit, mais comme la victime s’y attendait, elle s’arrêta à un cheveu de sa tempe. Son bourreau le regardait, ébahi par tant de sang-froid, l’éclat de ses yeux évoquant une colère toute nouvelle…
- Je m’en vais te couper un bras !
- Laisse ! – « l’intelligent » prit enfin la parole. – Les méthodes traditionnelles n’ont pas d’effet sur lui. Nous sommes chanceux, toi et moi, d’avoir trouvé une perle si rare, – il regarda le nécromancien droit dans les yeux. – Faisons plus simple : soit tu parles, soit je t’inflige ce que tu peux maintenant voir dans mon regard…
Von Nettesheim regarda et frémit. Peut-être s’agissait-il d’une simple coïncidence, ou alors ce vampire avait trouvé un moyen de se glisser dans son esprit à son insu. Ce n’était pas bon. Il devait dire quelque chose, ne serait-ce que pour gagner du temps…
- Messire, si vous avez devant vous un maître aussi accompli, ce n’est que grâce à une pratique régulière et appliquée…
Le vampire ne put retenir un franc coup de fou-rire. Mentir aussi aisément, devant sa propre mort, de manière aussi subtile est décontractée, il ne l’avait encore jamais vu. Une telle insolence, non, une telle arrogance venant de la bouche d’un mortel ne pouvait que le rendre plus charismatique à ses yeux. Cependant, une petite correction s’imposait.
Il se tourna alors vers son acolyte :
- Prépare les chevaux et attends nous dehors avec. Une monture pour le mortel aussi, il doit bien en avoir au moins une vivante dans notre noble capitale. Quant à moi, je vais avoir une discussion prolongée avec notre impertinent serviteur.
Il invita le maître à le suivre, et s’éloigna dans l’arrière de la taverne avec lui. Bientôt, des cris d’atroces souffrances se firent entendre…
- ArkenMaîtresse des fouets
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 6 Jan 2014 - 13:47
Hum... Comment ce pauvre tavernier a su ce qu'il faisait ? Pauvre, pauvre maitre...
La suite !
La seule qui m'a dérangé dans ma lecturequ’il voyait droit devant ne pouvait conduire au’à deux villes de sa connaissance
La suite !
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Re: Vampire at war : présentation
Mar 7 Jan 2014 - 11:22
J'aime terminer mes parties sur une note ... sentimentale.
20ème partie.
Les tombes remuaient sous ses pas. Au clair de la pleine Mannslieb, Ludwig le ménéstrel arpentait librement les routes sylvaniennes, avec un sentiment d'être à nouveau chez soi.
Quand il revint à lui, là haut, sur le champ de bataille, il n’y avait plus personne, ni ses maîtres, ni ses ennemis. Jugeant le moment propice à se décrocher de l’arbre qui lui servait de potence, il fit un ordre informulé à son violon, et le nœud coulant se défit de lui-même. Il atterrit sur ses pieds, se releva, puis se mit à marcher tranquillement vers le bas de la montagne, vérifiant dans la foulée la consonance de son instrument nouvellement raccordé. Il avait l’habitude.
Il pouvait marcher comme cela nuit et jour sans se fatiguer, jouant de son violon de temps à autre, voyant quelquefois les cimetières se dépeupler lorsque ses cordes grinçaient à côté. Mourey ne se rappelait plus qui il était vraiment, ni pourquoi il arpentait les routes de la sorte. Il savait juste que cela le remplissait de joie pure, de folie, lui a-t-on souvent dit, mais qu’importe…
Il se nourrissait d’eau de pluie, de champignons, de racines et d’herbes, de tout ce qui était comestible et se retrouvait le long des routes. Rien ne pouvait endiguer sa danse endiablée quand c’était Morrslieb qui éclairait son chemin. Les paysans sylvaniens qui croisaient sa route étaient soit terrifiés et fuyaient en hurlant, soit émerveillés et se joignaient les mains dans une farandole impie.
On se rappelait de lui dans la contrée, c’était comme s’il faisait partie du temps qu’il fait, du vent qui passe, de la folie quotidienne de tous ces pauvres villageois.
Quand ce fut son futur maître qui le rencontra, il vit d’abord en lui un virtuose, un chef d’orchestre, un génie de la nécromancie qu’il se devait de confronter au moins une fois, ne serait-ce que pour le faire, folie ou pas folie ! Friedrich von Nettesheim, comme le vieux en noir se présenta, eut tôt fait de venir à bout de sa musique, il ne sut pas vraiment comment par ailleurs. Brûlant de curiosité, il s’empressa de suivre celui-ci, lui montrant tout ce dont il était capable, jusqu’au moment où le vieux maître se tourna enfin vers lui et lui proposa de le prendre en qualité d’apprenti.
Le ménestrel ne se rappelait plus des batailles auxquelles il avait pu prendre part, car peu lui en importait, lui qui ne voulait que faire glisser son archet sur ses cordes…
- Ludwig !!
Ach, ce devait être son cher maître qui l’appelait. Il l’entendit lui transmettre un message, qu’il mémorisa, et s’empressa de faire demi-tour vers les montagnes, d’une démarche tout aussi nonchalante que si on lui avait demandé de ramener une poignée de zombies au manoir.
Von Nettesheim et le chevalier vampire sortirent en même temps de la taverne, l’un – l’air épuisé, l’autre – souriant sous sa visière. L’autre chevalier les attendait avec les deux destriers morts-vivants et une jument tout aussi squelettique, mais bien vivante, elle avait toute sa peau sur les os.
Il les dévisagea tous deux, mais ne souffla mot.
Peu de temps après qu’ils étaient sur leurs montures et chevauchaient tranquillement vers la sortie sud de la ville, le vampire « intelligent » se tourna vers son compagnon et déclama :
- Sois tranquille, notre serviteur m’a tout révélé, n’est-ce pas, Friedrich ?
Le nécromancien, juché sur sa jument derrière ses deux ravisseurs, ne lui offrit qu’un regard vide de signification. Le vampire éclata de rire.
- Et il s’amuse à reconstruire ses barrières à présent ! Fabuleux, ce mortel est tout bonnement fabuleux !
- Qu’a-t-il dit ? – son compagnon ne cachait pas sa curiosité.
Sans calmer son humeur enjouée, le vampire lui répondit :
- Rien ! Il n’a absolument rien dit, mon frère !
- Que… - son compagnon le coupa soudain.
Le vampire fit également une grimace de dégoût, mais se reprit rapidement.
- Ah, aucune importance, il l’aurait deviné sous peu de toute façon…
- … Soit. Mais… Il n’a rien dit ?
- Il n’a pas eu le besoin. Hein, Friedrich, que tu n’as pas eu ce besoin ? Il se tait, l’abruti.
- Mais comment…
« L’intelligent » aimait visiblement se vanter :
- Admire le maître à l’œuvre ! Tu sais comme moi que les méthodes traditionnelles ne fonctionnent pas sur celui-là ? Bon, eh bien j’ai eu recours à des procédés moins orthodoxes, plus tâtonnants, plus expérimentaux.
Son compagnon lui fit signe de continuer.
- Il n’y a rien de plus précieux pour un nécromancien que les outils qui lui servent à pratiquer son art. Alors quel est l’outil le plus précieux du nécromancien ? Mais ses doigts, pardi ! Et puis bon, tu t’attends peut-être à ce que je les fasse couper ? Que nenni, ce serait long à faire réparer, mon cher. Il faut les brûler à petit feu !
- Les brûler à petit feu ?
- Tu m’as bien entendu. Mais j’ai fait encore mieux, un coup de maître, te dis-je ! Que dirait… tu sais qui, si jamais nous ramenions notre fardeau tout abimé et plein de rancœur envers nous ? Rien de bon, c’est certain, alors au lieu de m’attaquer à son endurance charnelle, je me suis attaqué à son endurance mentale.
- Quoi ? Mais les résultats peuvent être encore pire…
- Mais non ! Jamais je n’irais aussi loin, tu le sais bien ! Allez, réfléchis, qu’est-ce qui peut bien faire bouger les défenses mentales d’un mortel ?
- … Ah oui ! … Mais… Ça a marché sur celui-là ?
- Je te l’ai dit, c’était une expérience, je n’étais sûr de rien ! Mais au final, le résultat fut royal ! Je ne m’attendais pas à ce qu’il cède aussi rapidement !
- Mais le mortel que tu as torturé à sa place, est-il…
- Encore en vie ? Pourquoi cette question ? Enfin, si ça t’intéresse, notre cher tenancier s’en sort avec quelques sévères brûlures à sa main gauche, et presque rien à sa main droite ! C’est pour te dire à quel point ce fut rapide…
- Je m’incline, cher frère, devant tant de finesse. Mais au final, qu’a-t-il dit ?
- Pas mal de choses, mon frère, pas mal de choses… J’ai vu dans son esprit des images… sublimes ! Et aussi une grosse menace ! Une très grosse menace ! Je te laisse le loisir de spéculer sur ces informations, car tu n’en sauras plus que lors du rapport détaillé que je ferai à …
- A lui.
- Oui, à lui.
- Fort bien.
Von Nettesheim les regardait ainsi discutailler, la mine assombrie. Sa concentration s’était effondrée à la vision du vieux tenancier mutilé juste devant lui. Son bourreau n’eut alors aucun mal à pénétrer ses pensées.
- Ashur ! Où est encore passée Manon !
La comtesse le dévisageait d’un air inquisiteur. Cependant il n’en savait rien et était le dernier vampire à pouvoir le savoir, occupé qu’il était à reconstituer la chair carbonisée des dragons de sang abattus par la prêtresse de la lumière.
- Aucune idée, Delphine. Vous pourriez aller voir du côté de la forêt…
- Je n’ai rien ressenti dans la forêt, Ashur, rien. Elle n’y est pas et ça m’inquiète.
Quelle mère protectrice elle faisait… Le vampire millénaire ne cessait d’ironiser sur le sujet. Manon était grande, elle avait vu les armes à poudre, elle a vécu UN SIECLE, ce qui était tout à fait honorable pour une enfant de la nuit. Même tout à fait acceptable pour qu’elle ne soit plus considérée comme telle. Il se rappelait avoir lu dans ses yeux la petite flamme de rébellion qui s’était allumée en elle pendant leur absence, et ne pouvait que l’approuver.
- Delphine, vous vous faites trop de souci pour elle. Déjà qu’elle dégaine son épée plus vite que moi…
- Ashur !
- Comtesse, - il la regarda droit dans les yeux, - votre fille s’affranchit de votre tutelle.
Les mots partirent de sa bouche plus vit qu’il ne s’en aperçut. Il vit la comtesse le regarder comme si elle s’était pris un coup de massue sur le crâne. Une lueur de colère apparut dans son regard, puis disparut tout aussi soudainement. Elle baissa les bras et s’assit à côté de lui.
- Je sais, - dit-elle tristement, - mais je m’inquiète quand même.
20ème partie.
Les tombes remuaient sous ses pas. Au clair de la pleine Mannslieb, Ludwig le ménéstrel arpentait librement les routes sylvaniennes, avec un sentiment d'être à nouveau chez soi.
Quand il revint à lui, là haut, sur le champ de bataille, il n’y avait plus personne, ni ses maîtres, ni ses ennemis. Jugeant le moment propice à se décrocher de l’arbre qui lui servait de potence, il fit un ordre informulé à son violon, et le nœud coulant se défit de lui-même. Il atterrit sur ses pieds, se releva, puis se mit à marcher tranquillement vers le bas de la montagne, vérifiant dans la foulée la consonance de son instrument nouvellement raccordé. Il avait l’habitude.
Il pouvait marcher comme cela nuit et jour sans se fatiguer, jouant de son violon de temps à autre, voyant quelquefois les cimetières se dépeupler lorsque ses cordes grinçaient à côté. Mourey ne se rappelait plus qui il était vraiment, ni pourquoi il arpentait les routes de la sorte. Il savait juste que cela le remplissait de joie pure, de folie, lui a-t-on souvent dit, mais qu’importe…
Il se nourrissait d’eau de pluie, de champignons, de racines et d’herbes, de tout ce qui était comestible et se retrouvait le long des routes. Rien ne pouvait endiguer sa danse endiablée quand c’était Morrslieb qui éclairait son chemin. Les paysans sylvaniens qui croisaient sa route étaient soit terrifiés et fuyaient en hurlant, soit émerveillés et se joignaient les mains dans une farandole impie.
On se rappelait de lui dans la contrée, c’était comme s’il faisait partie du temps qu’il fait, du vent qui passe, de la folie quotidienne de tous ces pauvres villageois.
Quand ce fut son futur maître qui le rencontra, il vit d’abord en lui un virtuose, un chef d’orchestre, un génie de la nécromancie qu’il se devait de confronter au moins une fois, ne serait-ce que pour le faire, folie ou pas folie ! Friedrich von Nettesheim, comme le vieux en noir se présenta, eut tôt fait de venir à bout de sa musique, il ne sut pas vraiment comment par ailleurs. Brûlant de curiosité, il s’empressa de suivre celui-ci, lui montrant tout ce dont il était capable, jusqu’au moment où le vieux maître se tourna enfin vers lui et lui proposa de le prendre en qualité d’apprenti.
Le ménestrel ne se rappelait plus des batailles auxquelles il avait pu prendre part, car peu lui en importait, lui qui ne voulait que faire glisser son archet sur ses cordes…
- Ludwig !!
Ach, ce devait être son cher maître qui l’appelait. Il l’entendit lui transmettre un message, qu’il mémorisa, et s’empressa de faire demi-tour vers les montagnes, d’une démarche tout aussi nonchalante que si on lui avait demandé de ramener une poignée de zombies au manoir.
Von Nettesheim et le chevalier vampire sortirent en même temps de la taverne, l’un – l’air épuisé, l’autre – souriant sous sa visière. L’autre chevalier les attendait avec les deux destriers morts-vivants et une jument tout aussi squelettique, mais bien vivante, elle avait toute sa peau sur les os.
Il les dévisagea tous deux, mais ne souffla mot.
Peu de temps après qu’ils étaient sur leurs montures et chevauchaient tranquillement vers la sortie sud de la ville, le vampire « intelligent » se tourna vers son compagnon et déclama :
- Sois tranquille, notre serviteur m’a tout révélé, n’est-ce pas, Friedrich ?
Le nécromancien, juché sur sa jument derrière ses deux ravisseurs, ne lui offrit qu’un regard vide de signification. Le vampire éclata de rire.
- Et il s’amuse à reconstruire ses barrières à présent ! Fabuleux, ce mortel est tout bonnement fabuleux !
- Qu’a-t-il dit ? – son compagnon ne cachait pas sa curiosité.
Sans calmer son humeur enjouée, le vampire lui répondit :
- Rien ! Il n’a absolument rien dit, mon frère !
- Que… - son compagnon le coupa soudain.
Le vampire fit également une grimace de dégoût, mais se reprit rapidement.
- Ah, aucune importance, il l’aurait deviné sous peu de toute façon…
- … Soit. Mais… Il n’a rien dit ?
- Il n’a pas eu le besoin. Hein, Friedrich, que tu n’as pas eu ce besoin ? Il se tait, l’abruti.
- Mais comment…
« L’intelligent » aimait visiblement se vanter :
- Admire le maître à l’œuvre ! Tu sais comme moi que les méthodes traditionnelles ne fonctionnent pas sur celui-là ? Bon, eh bien j’ai eu recours à des procédés moins orthodoxes, plus tâtonnants, plus expérimentaux.
Son compagnon lui fit signe de continuer.
- Il n’y a rien de plus précieux pour un nécromancien que les outils qui lui servent à pratiquer son art. Alors quel est l’outil le plus précieux du nécromancien ? Mais ses doigts, pardi ! Et puis bon, tu t’attends peut-être à ce que je les fasse couper ? Que nenni, ce serait long à faire réparer, mon cher. Il faut les brûler à petit feu !
- Les brûler à petit feu ?
- Tu m’as bien entendu. Mais j’ai fait encore mieux, un coup de maître, te dis-je ! Que dirait… tu sais qui, si jamais nous ramenions notre fardeau tout abimé et plein de rancœur envers nous ? Rien de bon, c’est certain, alors au lieu de m’attaquer à son endurance charnelle, je me suis attaqué à son endurance mentale.
- Quoi ? Mais les résultats peuvent être encore pire…
- Mais non ! Jamais je n’irais aussi loin, tu le sais bien ! Allez, réfléchis, qu’est-ce qui peut bien faire bouger les défenses mentales d’un mortel ?
- … Ah oui ! … Mais… Ça a marché sur celui-là ?
- Je te l’ai dit, c’était une expérience, je n’étais sûr de rien ! Mais au final, le résultat fut royal ! Je ne m’attendais pas à ce qu’il cède aussi rapidement !
- Mais le mortel que tu as torturé à sa place, est-il…
- Encore en vie ? Pourquoi cette question ? Enfin, si ça t’intéresse, notre cher tenancier s’en sort avec quelques sévères brûlures à sa main gauche, et presque rien à sa main droite ! C’est pour te dire à quel point ce fut rapide…
- Je m’incline, cher frère, devant tant de finesse. Mais au final, qu’a-t-il dit ?
- Pas mal de choses, mon frère, pas mal de choses… J’ai vu dans son esprit des images… sublimes ! Et aussi une grosse menace ! Une très grosse menace ! Je te laisse le loisir de spéculer sur ces informations, car tu n’en sauras plus que lors du rapport détaillé que je ferai à …
- A lui.
- Oui, à lui.
- Fort bien.
Von Nettesheim les regardait ainsi discutailler, la mine assombrie. Sa concentration s’était effondrée à la vision du vieux tenancier mutilé juste devant lui. Son bourreau n’eut alors aucun mal à pénétrer ses pensées.
- Ashur ! Où est encore passée Manon !
La comtesse le dévisageait d’un air inquisiteur. Cependant il n’en savait rien et était le dernier vampire à pouvoir le savoir, occupé qu’il était à reconstituer la chair carbonisée des dragons de sang abattus par la prêtresse de la lumière.
- Aucune idée, Delphine. Vous pourriez aller voir du côté de la forêt…
- Je n’ai rien ressenti dans la forêt, Ashur, rien. Elle n’y est pas et ça m’inquiète.
Quelle mère protectrice elle faisait… Le vampire millénaire ne cessait d’ironiser sur le sujet. Manon était grande, elle avait vu les armes à poudre, elle a vécu UN SIECLE, ce qui était tout à fait honorable pour une enfant de la nuit. Même tout à fait acceptable pour qu’elle ne soit plus considérée comme telle. Il se rappelait avoir lu dans ses yeux la petite flamme de rébellion qui s’était allumée en elle pendant leur absence, et ne pouvait que l’approuver.
- Delphine, vous vous faites trop de souci pour elle. Déjà qu’elle dégaine son épée plus vite que moi…
- Ashur !
- Comtesse, - il la regarda droit dans les yeux, - votre fille s’affranchit de votre tutelle.
Les mots partirent de sa bouche plus vit qu’il ne s’en aperçut. Il vit la comtesse le regarder comme si elle s’était pris un coup de massue sur le crâne. Une lueur de colère apparut dans son regard, puis disparut tout aussi soudainement. Elle baissa les bras et s’assit à côté de lui.
- Je sais, - dit-elle tristement, - mais je m’inquiète quand même.
- GilgaladMaître floodeur
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Palmares : Champion d'Ubersreik
Re: Vampire at war : présentation
Mar 7 Jan 2014 - 20:20
En effet, cela finit sur une note sentimentale. Mais si c'est bien fait, comme ici, ce n'est pas gênant.
Sinon, c'est toujours aussi bien écrit. Ton style est impeccable pour ce récit (enfin c'est mon point de vue).
Et je ne peux que demander la suite.
Gilgalad
PS: te serais-tu inspiré de ma mère pour la comtesse ? Parce que même quand j'avais dix-huit ans elle voulait faire ma valise quand je partais en voyage de classe (si si ce'est vrai)
Sinon, c'est toujours aussi bien écrit. Ton style est impeccable pour ce récit (enfin c'est mon point de vue).
Et je ne peux que demander la suite.
Gilgalad
PS: te serais-tu inspiré de ma mère pour la comtesse ? Parce que même quand j'avais dix-huit ans elle voulait faire ma valise quand je partais en voyage de classe (si si ce'est vrai)
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
- MrPekhalSquelette
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Re: Vampire at war : présentation
Mar 7 Jan 2014 - 21:54
Bien le bonsoir, camarade de la non-vie !
J'ai lu les deux premiers de tes textes, et dois avouer qu'ils m'ont beaucoup plu dans leur ensemble ! Les dialogues sont ma foi plaisants à suivre, et j'ai franchement rigolé devant la dispute des ex-bretonniens ( qui ne fut pas sans m'évoquer Sacré-Graal ).
Cependant, la description de la bataille était un peu trop "en mode pavé" à mon goût, je trouve que ça rend la lecture moins fluide. Attention aussi aux concordances des temps quand tu écris ce genre de scène, après je conçois que le travail de relecture doit être de longue haleine. Mais ça n'en rendrait ton récit que plus agréable à lire
Je vais de ce pas m'atteler à la suite !
J'ai lu les deux premiers de tes textes, et dois avouer qu'ils m'ont beaucoup plu dans leur ensemble ! Les dialogues sont ma foi plaisants à suivre, et j'ai franchement rigolé devant la dispute des ex-bretonniens ( qui ne fut pas sans m'évoquer Sacré-Graal ).
Cependant, la description de la bataille était un peu trop "en mode pavé" à mon goût, je trouve que ça rend la lecture moins fluide. Attention aussi aux concordances des temps quand tu écris ce genre de scène, après je conçois que le travail de relecture doit être de longue haleine. Mais ça n'en rendrait ton récit que plus agréable à lire
Je vais de ce pas m'atteler à la suite !
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In brightest day, in darkness night,
No evil shall escape my sight.
Let those who worship evil's might,
Beware my power-Green Lantern's Light !
- EssenSeigneur vampire
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Re: Vampire at war : présentation
Mar 7 Jan 2014 - 22:11
Nouveau lecteur !
Tu as raison, MrPekhal, et j'ai enfin bougé mon clavier pour remédier à ce problème. Bonne lecture à toi, et attention, car je publie la suite sous peu
Tu as raison, MrPekhal, et j'ai enfin bougé mon clavier pour remédier à ce problème. Bonne lecture à toi, et attention, car je publie la suite sous peu
- MrPekhalSquelette
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Re: Vampire at war : présentation
Mar 7 Jan 2014 - 22:38
Je t'en prie, appelle-moi Pekhal...
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- EssenSeigneur vampire
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Re: Vampire at war : présentation
Mar 7 Jan 2014 - 23:54
Pekhal, fort bien
Plus j'écris, plus je me rends compte à quel point la condition des vampires est maudite...
21ème partie.
« Je m’inquiète quand même… »
Dieux des enfers !
La bête se rua violemment contre les portes de sa cage. Ashur la dévisagea, le regard portant une marque de démence. Elle s’inquiète ! La bête rugit en retour, exprimant sa compréhension. Ashur se sentait profondément, viscéralement agacé. C’était cette impression de déjà-vu qui apparaissait à nouveau, suivie d’une multitude de visions de mortels qui s’inquiètent pour quelqu’un pour quelqu’un ou quelque chose. Pourquoi lui, Ashur, devait-il s’inquiéter comme eux ?
Tu paies le prix de ton immortalité.
Cette voix… La bête et Ashur hurlèrent à l’unisson, exprimant leur ultime dégoût contre ce doux tyran qu’était sa conscience. Ils étaient bien, seuls, dans la grotte, sans jamais se soucier de la moindre des choses, égorgeant leurs proies sans le moindre remords, ne sentant rien d’autre que la liberté… Et la haine, - se dit-il soudain.
La bête refermait en elle sa haine de tout ce qu’il ressentait : ses amours, ses peurs, son sabre, son honneur, ses joies et ses peines, son immortalité. Oui, la bête et lui haïssaient leur propre existence, simple étoile de la non-vie, perdue au firmament de l’être et du non-être, étoile qui ne veut point s’éteindre, qui perdure, qui demeure, malgré ses perpétuels changements, mutations, perversions qui font que plus jamais Ashur ne saura qui il a été lorsqu’il n’était encore qu’un mortel. « Qu’un mortel… » Que ce dédain envers Ghyran, la vie, lui sembla vain, tout d’un coup… Encore cette sensation de déjà-vu !
Oui ! Il le savait ! Ce n’était point la première fois qu’il se plaignait de son sort, qu’il hurlait à l’agonie alors que tout semblât fleurir autour de lui ! C’était sa peine, sa sentence, l’éternelle roue de la vie qui se répète en lui inlassablement, jusqu’à ce qu’un jour un mortel trop téméraire vienne lui planter un pieu en plein cœur !
- Ashur !
- Quoi ! – il se retourna.
La comtesse s’était écartée de lui, effarée, alors que sous son armure, sa tunique dégageait une épaisse fumée grise. Il avait inconsciemment attisé la chaleur d’Aqshy. La dhar avait complètement délaissé les cadavres qu’il était sensé requinquer.
Il se releva brusquement, les dents serrées.
- Comtesse, je vais suivre l’exemple de Manon et prendre l’air, moi aussi.
Il s’en alla, sous les yeux éberlués de sa bien aimée qui, surprise, n’osa le stopper.
Il disparut peu après sur le chemin vers la vallée.
Pourquoi ? – osa-t-elle seulement se demander.
Elle n’avait pas vu le changement d’expression de son visage. Elle avait juste ressenti son armure se chauffer à rouge. Le moment d’après, elle le vit prendre congé.
Ce fut alors pour la première fois depuis bien des années qu’elle se sentit laissée à l’abandon, seule, sans défenses.
Soudain, la bête se remua en elle.
Il est tien !
Que… Quoi ?
Il est tien ! Il ne peut partir !
Mais elle ne comprit pas sans doute. Pas tout de suite. Ces pensées lui étaient étrangères, et elle y décelait une malice qui n’était pas sienne. Toutefois, maintenant qu’elles étaient apparues, elle ne put les refouler complètement, les laissant quelque part de côté, comme un objet lourd et encombrant, mais qu’on ne peut mettre ailleurs.
Depuis sa cage, la bête s’efforçait subrepticement de le faire marcher, courir, ramper, sauter, tomber…
Ashur parvint enfin à reprendre le contrôle après avoir dévalé une pente roulé en boule. Hélas, il sentait que lui-même ne serait pas calmé tant qu’il ne ferait pas ce qu’il faisait le mieux : tuer. Il courut droit devant, tel un chien enragé, dévala une autre pente, sauta d’une falaise, atterrit sans encombre pour se mettre à courir encore plus vite…
ARRETE-TOI !
Il courut tout le reste de la nuit.
C’était un nouveau jour qui commençait, tout aussi chargé de nuages que le précédent. Dans la petite ville de Blutfurt, un petit marché ouvrait ses échoppes l’une après l’autre dans la Grand’rue. Les premiers passants se croisaient, taciturnes ou rayonnants, occupés ou oisifs, sans se préoccuper de la menace qui se rapprochait de leur ville à grands pas… Comment pouvaient ces malheureux s’en douter !
La ronde matinale se poursuivait normalement sur la haute palissade en bois récemment reconstruite après une attaque de peaux vertes datant d’il y a un mois. La relève saluait les gardes partant au repos, quand soudain l’un d’eux aperçut au loin quelqu’un qui semblait se rapprocher à toute vitesse de la ville. Il n’y prêta pas attention.
Ashur courait.
Arrête-toi !
Ashur courait.
C’est contraire à ton honneur !
La bête rugit ; quelque chose de railleur s’entendait dans ce rugissement. La vampire n’aurait jamais du quitter sa tanière, - se dit-elle, - car à présent, il était condamné.
Les gardes aperçurent un homme en armure foncer à une vitesse phénoménale en direction des portes. Alertés, quelques uns tentèrent de l’interpeller ; voyant qu’il ne répondait pas, les plus aguerris se mirent en joue et firent une dernière sommation. Trop tard, l’homme courait trop vite.
Les portes, robuste assemblage de barres d’acier et de troncs d’arbres, volèrent en éclats. Les villageois qui habitaient ou qui passaient par là furent soit seulement interpellés, soit fortement bousculés par la petite déflagration. Puis la poussière retomba.
Un homme se tenait parmi les décombres. Il sourit, puis posa la main sur ce qui ressemblait à la poignée d’une épée. Un hurlement retentit :
- Aqshy ! Guide ma lame !
22ème partie.
Manon était contente, tout simplement contente de pouvoir voler librement sur Rêve brisé. Partir sans rien ne dire à personne l’enchantait de plus en plus. Cependant elle se doutait que sa mère s’inquiétait, et décida de ne plus se faire attendre. Elle fit encore quelques tours, juste en dessous des nuages, puis entama une descente en vol plané vers le plateau où devaient se trouver Ashur et la comtesse. Elle jouit du vent caressant ses cheveux une dernière fois avant d’ordonner à son pégase de se poser, puis se rapprocha de sa mère.
Delphine d’Essen était debout, elle avait senti sa fille arriver il y a un moment, et préparait dans sa tête des mots de reproche qu’elle allait lui dire à son arrivée. Cependant, plus Manon se rapprochait, plus ses pensées lui semblaient confuses.
Au final, elle se contenta de soupirer en voyant sa fille lui dire bonjour et pardon d’être partie sans rien dire. L’attitude d’Ashur avait déteint sur elle, cela ne faisait plus de doute. Et elle aussi, toute aristocrate qu’elle était, se sentait à présent démunie et indigne de faire la morale à sa fille.
Que… Elle ? Indigne ?
Il suffit.
Non ! Jamais ! Elle allait se venger ! Elle allait montrer à sa fille…
Il suffit.
Pourquoi !
Il faut laisser le temps…
Je vis hors du temps !
Elle sentit sa fille la serrer fort contre elle dans son dos. Stupéfiée, la comtesse essaya de se retourner pour voir son visage. Manon souriait.
- Maître Friedrich disait vrai, lui dit-elle, - ce n’est pas difficile de voir dans l’esprit des gens.
Ashur déchainait toute sa fureur sur la garde impériale. Tout lui était sorti de la tête : Delphine, le vieux maître, le Nippon… Il se sentait revivre alors que les balles des arquebuses le rataient de peu, alors que sa lame tranchait leurs corps, alors qu’Aqshy grondait joyeusement sur la palissade et sur les maisons les plus proches. Ça se passait très vite, plus vite qu’il ne l’espérait : en quelques instants, tous les mortels qui avaient osé l’attaquer gisaient par terre, morts ou mourants. Il avait gagné. Il avait vaincu. C’était trop facile.
Il sentit d’autres mortels courir vers lui. Son bras se retourna machinalement dans leur direction, canalisant le vent du feu, puis soudain enfermant ses assaillants dans un mur de flammes écarlates. Il ne pouvait perdre. C’était trop facile. Dans son esprit, il se tourna vers la bête, la mine dégoûtée. Il la vit rugir dans sa cage, ne lui prêtant aucune attention, admirant passionnément le spectacle que lui, le vampire, lui offrait. Se servait-elle de lui ?
Malheureux !
Encore cette voix.
Tu as de nouveau trahi ton honneur !
Quoi ?
Tu t’es de nouveau condamné !
NON !
Des gerbes de flammes jaillirent de lui dans tous les sens. Il sentit Aqshy lui échapper. Les milliards de sourires réapparurent sur le vent, qui se colora subitement de noir. L’air se condensa autour du vampire millénaire, puis se dilata, répandant une intense déflagration d’énergie chaotique.
Ashur tint bon. Son corps nécromantique encaissa l’explosion.
Il n’y avait plus grand monde pour l’arrêter, à présent. Cependant…
PAN ! PAN !
Deux balles le traversèrent de part en part.
Deux gardes se terraient encore dans les décombres crépitants de la palissade. Ashur les sentit. Il hurla, le bête rugit de triomphe, tendant ses griffes vers la porte ouverte de la cage, quand au dernier moment, il la referma.
La tête prête à éclater de douleur, il aperçut la sortie, survola les deux gardes dans un bond surhumain, puis courut aussi loin et aussi vite qu’il le put, voilant ses ennemis du miasme mystificateur de Melkoth dans un dernier effort de volonté.
« Pour un mortel, la fin de toute vie est de rencontrer dignement la mort. Mais alors, quelle fin est réservée aux immortels ? »
Plus j'écris, plus je me rends compte à quel point la condition des vampires est maudite...
21ème partie.
« Je m’inquiète quand même… »
Dieux des enfers !
La bête se rua violemment contre les portes de sa cage. Ashur la dévisagea, le regard portant une marque de démence. Elle s’inquiète ! La bête rugit en retour, exprimant sa compréhension. Ashur se sentait profondément, viscéralement agacé. C’était cette impression de déjà-vu qui apparaissait à nouveau, suivie d’une multitude de visions de mortels qui s’inquiètent pour quelqu’un pour quelqu’un ou quelque chose. Pourquoi lui, Ashur, devait-il s’inquiéter comme eux ?
Tu paies le prix de ton immortalité.
Cette voix… La bête et Ashur hurlèrent à l’unisson, exprimant leur ultime dégoût contre ce doux tyran qu’était sa conscience. Ils étaient bien, seuls, dans la grotte, sans jamais se soucier de la moindre des choses, égorgeant leurs proies sans le moindre remords, ne sentant rien d’autre que la liberté… Et la haine, - se dit-il soudain.
La bête refermait en elle sa haine de tout ce qu’il ressentait : ses amours, ses peurs, son sabre, son honneur, ses joies et ses peines, son immortalité. Oui, la bête et lui haïssaient leur propre existence, simple étoile de la non-vie, perdue au firmament de l’être et du non-être, étoile qui ne veut point s’éteindre, qui perdure, qui demeure, malgré ses perpétuels changements, mutations, perversions qui font que plus jamais Ashur ne saura qui il a été lorsqu’il n’était encore qu’un mortel. « Qu’un mortel… » Que ce dédain envers Ghyran, la vie, lui sembla vain, tout d’un coup… Encore cette sensation de déjà-vu !
Oui ! Il le savait ! Ce n’était point la première fois qu’il se plaignait de son sort, qu’il hurlait à l’agonie alors que tout semblât fleurir autour de lui ! C’était sa peine, sa sentence, l’éternelle roue de la vie qui se répète en lui inlassablement, jusqu’à ce qu’un jour un mortel trop téméraire vienne lui planter un pieu en plein cœur !
- Ashur !
- Quoi ! – il se retourna.
La comtesse s’était écartée de lui, effarée, alors que sous son armure, sa tunique dégageait une épaisse fumée grise. Il avait inconsciemment attisé la chaleur d’Aqshy. La dhar avait complètement délaissé les cadavres qu’il était sensé requinquer.
Il se releva brusquement, les dents serrées.
- Comtesse, je vais suivre l’exemple de Manon et prendre l’air, moi aussi.
Il s’en alla, sous les yeux éberlués de sa bien aimée qui, surprise, n’osa le stopper.
Il disparut peu après sur le chemin vers la vallée.
Pourquoi ? – osa-t-elle seulement se demander.
Elle n’avait pas vu le changement d’expression de son visage. Elle avait juste ressenti son armure se chauffer à rouge. Le moment d’après, elle le vit prendre congé.
Ce fut alors pour la première fois depuis bien des années qu’elle se sentit laissée à l’abandon, seule, sans défenses.
Soudain, la bête se remua en elle.
Il est tien !
Que… Quoi ?
Il est tien ! Il ne peut partir !
Mais elle ne comprit pas sans doute. Pas tout de suite. Ces pensées lui étaient étrangères, et elle y décelait une malice qui n’était pas sienne. Toutefois, maintenant qu’elles étaient apparues, elle ne put les refouler complètement, les laissant quelque part de côté, comme un objet lourd et encombrant, mais qu’on ne peut mettre ailleurs.
Depuis sa cage, la bête s’efforçait subrepticement de le faire marcher, courir, ramper, sauter, tomber…
Ashur parvint enfin à reprendre le contrôle après avoir dévalé une pente roulé en boule. Hélas, il sentait que lui-même ne serait pas calmé tant qu’il ne ferait pas ce qu’il faisait le mieux : tuer. Il courut droit devant, tel un chien enragé, dévala une autre pente, sauta d’une falaise, atterrit sans encombre pour se mettre à courir encore plus vite…
ARRETE-TOI !
Il courut tout le reste de la nuit.
C’était un nouveau jour qui commençait, tout aussi chargé de nuages que le précédent. Dans la petite ville de Blutfurt, un petit marché ouvrait ses échoppes l’une après l’autre dans la Grand’rue. Les premiers passants se croisaient, taciturnes ou rayonnants, occupés ou oisifs, sans se préoccuper de la menace qui se rapprochait de leur ville à grands pas… Comment pouvaient ces malheureux s’en douter !
La ronde matinale se poursuivait normalement sur la haute palissade en bois récemment reconstruite après une attaque de peaux vertes datant d’il y a un mois. La relève saluait les gardes partant au repos, quand soudain l’un d’eux aperçut au loin quelqu’un qui semblait se rapprocher à toute vitesse de la ville. Il n’y prêta pas attention.
Ashur courait.
Arrête-toi !
Ashur courait.
C’est contraire à ton honneur !
La bête rugit ; quelque chose de railleur s’entendait dans ce rugissement. La vampire n’aurait jamais du quitter sa tanière, - se dit-elle, - car à présent, il était condamné.
Les gardes aperçurent un homme en armure foncer à une vitesse phénoménale en direction des portes. Alertés, quelques uns tentèrent de l’interpeller ; voyant qu’il ne répondait pas, les plus aguerris se mirent en joue et firent une dernière sommation. Trop tard, l’homme courait trop vite.
Les portes, robuste assemblage de barres d’acier et de troncs d’arbres, volèrent en éclats. Les villageois qui habitaient ou qui passaient par là furent soit seulement interpellés, soit fortement bousculés par la petite déflagration. Puis la poussière retomba.
Un homme se tenait parmi les décombres. Il sourit, puis posa la main sur ce qui ressemblait à la poignée d’une épée. Un hurlement retentit :
- Aqshy ! Guide ma lame !
22ème partie.
Manon était contente, tout simplement contente de pouvoir voler librement sur Rêve brisé. Partir sans rien ne dire à personne l’enchantait de plus en plus. Cependant elle se doutait que sa mère s’inquiétait, et décida de ne plus se faire attendre. Elle fit encore quelques tours, juste en dessous des nuages, puis entama une descente en vol plané vers le plateau où devaient se trouver Ashur et la comtesse. Elle jouit du vent caressant ses cheveux une dernière fois avant d’ordonner à son pégase de se poser, puis se rapprocha de sa mère.
Delphine d’Essen était debout, elle avait senti sa fille arriver il y a un moment, et préparait dans sa tête des mots de reproche qu’elle allait lui dire à son arrivée. Cependant, plus Manon se rapprochait, plus ses pensées lui semblaient confuses.
Au final, elle se contenta de soupirer en voyant sa fille lui dire bonjour et pardon d’être partie sans rien dire. L’attitude d’Ashur avait déteint sur elle, cela ne faisait plus de doute. Et elle aussi, toute aristocrate qu’elle était, se sentait à présent démunie et indigne de faire la morale à sa fille.
Que… Elle ? Indigne ?
Il suffit.
Non ! Jamais ! Elle allait se venger ! Elle allait montrer à sa fille…
Il suffit.
Pourquoi !
Il faut laisser le temps…
Je vis hors du temps !
Elle sentit sa fille la serrer fort contre elle dans son dos. Stupéfiée, la comtesse essaya de se retourner pour voir son visage. Manon souriait.
- Maître Friedrich disait vrai, lui dit-elle, - ce n’est pas difficile de voir dans l’esprit des gens.
Ashur déchainait toute sa fureur sur la garde impériale. Tout lui était sorti de la tête : Delphine, le vieux maître, le Nippon… Il se sentait revivre alors que les balles des arquebuses le rataient de peu, alors que sa lame tranchait leurs corps, alors qu’Aqshy grondait joyeusement sur la palissade et sur les maisons les plus proches. Ça se passait très vite, plus vite qu’il ne l’espérait : en quelques instants, tous les mortels qui avaient osé l’attaquer gisaient par terre, morts ou mourants. Il avait gagné. Il avait vaincu. C’était trop facile.
Il sentit d’autres mortels courir vers lui. Son bras se retourna machinalement dans leur direction, canalisant le vent du feu, puis soudain enfermant ses assaillants dans un mur de flammes écarlates. Il ne pouvait perdre. C’était trop facile. Dans son esprit, il se tourna vers la bête, la mine dégoûtée. Il la vit rugir dans sa cage, ne lui prêtant aucune attention, admirant passionnément le spectacle que lui, le vampire, lui offrait. Se servait-elle de lui ?
Malheureux !
Encore cette voix.
Tu as de nouveau trahi ton honneur !
Quoi ?
Tu t’es de nouveau condamné !
NON !
Des gerbes de flammes jaillirent de lui dans tous les sens. Il sentit Aqshy lui échapper. Les milliards de sourires réapparurent sur le vent, qui se colora subitement de noir. L’air se condensa autour du vampire millénaire, puis se dilata, répandant une intense déflagration d’énergie chaotique.
Ashur tint bon. Son corps nécromantique encaissa l’explosion.
Il n’y avait plus grand monde pour l’arrêter, à présent. Cependant…
PAN ! PAN !
Deux balles le traversèrent de part en part.
Deux gardes se terraient encore dans les décombres crépitants de la palissade. Ashur les sentit. Il hurla, le bête rugit de triomphe, tendant ses griffes vers la porte ouverte de la cage, quand au dernier moment, il la referma.
La tête prête à éclater de douleur, il aperçut la sortie, survola les deux gardes dans un bond surhumain, puis courut aussi loin et aussi vite qu’il le put, voilant ses ennemis du miasme mystificateur de Melkoth dans un dernier effort de volonté.
« Pour un mortel, la fin de toute vie est de rencontrer dignement la mort. Mais alors, quelle fin est réservée aux immortels ? »
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Re: Vampire at war : présentation
Jeu 9 Jan 2014 - 11:30
J'ai rattrapé mon petit retard
Et je dois dire que cela me plait beaucoup... Ton style est génial, il me fait plonger dans ton récit et m'y garde enfermée... Ah non, ça c'est la bête
La façon que tu as de décrire les sentiments et les questions existentielles de tes personnages est très subtile et donc agréable à lire. Ça donne une profondeur à tes personnages qui après nous semblent presque réels
Juste deux petits oublis dans le dernier texte :
Je veux la suite !
Et je dois dire que cela me plait beaucoup... Ton style est génial, il me fait plonger dans ton récit et m'y garde enfermée... Ah non, ça c'est la bête
La façon que tu as de décrire les sentiments et les questions existentielles de tes personnages est très subtile et donc agréable à lire. Ça donne une profondeur à tes personnages qui après nous semblent presque réels
Juste deux petits oublis dans le dernier texte :
Dans la petite [ville] de Blutfurt
Alors c'est soit "SE déchainait DE toute sa fureur", soit "déchainait toute sa fureur"Ashur se déchainait toute sa fureur sur la garde impériale.
Je veux la suite !
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Re: Vampire at war : présentation
Jeu 9 Jan 2014 - 11:36
Moi aussi j'ai rattrapé mon retard examens obligent.
Je n'ai rien de particulier à dire si ce n'est que c'est de plus en plus agréable à lire et j'ai du mal à me défaire de l'histoire.
J'attends donc avec impatience la suite.
Gilgalad
Je n'ai rien de particulier à dire si ce n'est que c'est de plus en plus agréable à lire et j'ai du mal à me défaire de l'histoire.
J'attends donc avec impatience la suite.
Gilgalad
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
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Re: Vampire at war : présentation
Ven 10 Jan 2014 - 20:59
Petite suite, j'espère que vous apprécierez autant que les précédentes.
23ème partie.
Von Nettesheim voyait au loin une autre ville, plus petite que la précédente. Il ne pouvait dire si elle était habitée, mais peu lui importait. Ses ravisseurs semblaient s’y diriger sans détour, ce qui devait signifier qu’ils ne craignaient aucun danger de ses habitants, s’il y en avait encore.
La route était devenue une espèce de fondrière de neige et de boue, répugnant mélange brunâtre qui ralentissait leur avancée. La contrée aux alentours était comme endormie, repliée sur elle-même, aplatie par l’air froid et humide de l’hiver sylvanien. Seule l’armée des morts et les trois cavaliers devant eux faisaient l’exception à l’immobilité et la torpeur ambiantes.
Le nécromancien se sentait glacé jusqu’aux os, sa robe noire ayant depuis longtemps perdu son utilité à cause de l’usure. Il avait été contraint de ne pas la quitter depuis leur séjour forcé dans la grotte du vampire millénaire. Il se sentait claquer des dents, il sentait ses doigts engourdis, ses pieds étant la seule partie encore bien protégée par une paire d’épaisses bottes de cuir.
Cependant, le maître tentait de se concentrer pour ne pas y prêter attention. Une idée lui était venue à l’esprit, une idée qu’il se devait de tenter, à ses risques et périls si jamais il échouait.
Son regard se posa sur ses ravisseurs qui chevauchaient devant lui. Ils lui offraient une chance en or en ayant tous les deux le dos tourné.
Un ordre informulé suffit pour faire accélérer l’allure des cadavres ambulants. Leurs pieds animés par la dhar se mirent à labourer plus vigoureusement la mélasse hivernale. Quelques uns tombèrent puis se relevèrent. Le nécromancien attendit.
Quelle qu’en pouvait être la raison, les deux chevaliers ne semblaient pas pour l’instant alarmés par le bruit de fond que causaient les zombies dans leur précipitation. Alors que les premiers cadavres rattrapaient leur invocateur, « l’intelligent » se retourna. Trop tard.
- Le sale petit…
L’autre vampire se retourna lui aussi, pour voir le vieux mortel sur sa jument s’éloigner de plus en plus à travers la foule de corps animés.
Les deux chevaliers se ruèrent à sa poursuite, mais leurs montures se cabrèrent aussitôt, acculées de toutes parts par l’armée des morts.
- TOI ! – beugla le chevalier mutilé en voyant sa proie s’enfuir au galop.
Il tendit soudain sa main. Sur sa jument, von Nettesheim sentit soudain Shyish le saisir à la gorge.
- Non ! – « l’intelligent » saisit son frère au bras. – Il nous le faut vivant !
Mort, vous ne m’aurez pas non plus, - pensa le maître en dissipant le sort avec facilité. Il avait réussi, il s’était enfui. Il s’était enfui…
Enfui ?
Que nenni, il allait leur montrer à présent… la non-vie…
Les deux chevaliers virent le nécromancien arrêter sa monture, puis se retourner vers eux. « L’intelligent » n’eut pas besoin d’efforts pour lire la volonté de les voir mourir dans son regard.
Les vampires eurent tôt fait de dégainer leurs épées, et tranchaient à présent à tort et à travers, assaillis qu’ils étaient par une marée montante de cadavres.
« L’intelligent » récita rapidement un sortilège, mais von Nettesheim le dissipa brutalement. Non, il ne verrait pas ses zombies tomber en poussière. A son tour, à présent…
Le vieux maître se contenta de dire un mot de pouvoir, puis un autre. Aucun ne put être contré par les vampires. La dhar se propagea parmi l’armée des morts, coordonnant leurs mouvements, renforçant leurs muscles pourris. Des dizaines, des centaines de bras agrippèrent les deux chevaliers.
Les cadavres tombés se relevaient, animés par les paroles impies de Nehek, déclamées par leur invocateur.
Il entendit leurs cris de rage couvrir momentanément les râles incessants des zombies, puis s’éteindre. Ils étaient submergés, leurs armures arrachées, leurs montures – déchiquetées, leurs armes quittant leurs corps avec leurs bras, enfin…
Von Nettesheim rappela ses troupes. Jetant un dernier regard à la pile de charnier derrière lui, il quitta la route, et se dirigea vers le Nord-Est. Les cadavres le suivaient de près. Il ne se laisserait plus prendre.
EDIT : seconde moitié de la 23ème partie, rédigée plus tardivement, pour mon plus grand plaisir...
EDIT : ...et le votre, j'ose espérer !
Ashur courait. Si son corps avait résisté aux forces déchainées du chaos, son esprit ne pouvait trouver la paix, tellement de sensations différentes l’assaillaient en même temps… Il courait et riait, d’un rire nerveux et paniqué, entrecoupé de cris de joie et de cris de rage, il ne savait que penser.
Pourquoi ?
Il s’arrêta soudain. La ville était loin derrière lui. La route se voyait non loin, pavée de blocs de pierre, plutôt étrangement bien entretenue. Juste devant lui débutait une forêt de grands chênes et de noisetiers. La lumière peinait à percer à travers l’épaisse chape de neige qui recouvrait les branchages.
Ulgu l’invitait. Ghur l’invitait. Hysh disparaissait peu à peu. Aqshy se taisait. Les autres vents aussi. Au fond de sa cage, la bête ruminait sa récente occasion de se libérer, arrachée à un cheveu du succès.
Pressentant quelque chose, quelque chose d’autre, de moins humain, de moins horrible, le vampire millénaire s’engouffra dans les talus recouverts de givre.
L’obscurité l’accueillit à bras ouverts. Peu à peu la faible lumière venant de la clairière s’estompa, ne laissant plus qu’une agréable pénombre régnant entre les cimes des arbres et le sol humide et terreux de la forêt. Ashur continuait de marcher à grands pas, enjambant les racines et les ravines, sentant les odeurs des arbres qui se mêlaient à présent à la forte odeur de sang imprégnant son armure. Les images de mortels tombant sous les atrocités de sa lame se changeaient en troncs noueux, en tapis de mousse... imprégnée de son sang ?!
La supercherie ne pouvait durer. Il avait fait un nouveau massacre, la forêt ne l’empêcherait pas de le réaliser encore et encore pendant bien des jours. La vision de la palissade en feu le hanterait encore pendant longtemps, tout comme l’amère sensation d’avoir abusé de son pouvoir pour… la bête. Pour rien. Pour peut-être un instant de… de… Il ne savait quoi. D’habitude, le silence de la forêt l’aidait à réfléchir. Il se rappelait de nombreuses forêts qu’il avait visitées, en hiver comme en été, sous la pluie ou sous la neige, vieilles, le plus souvent vieilles comme le monde, créées en mêmes temps que les mortels…
Il se remémorait qui il était, pourquoi il était là et pas ailleurs, pourquoi les vents de magie l’entouraient, pourquoi Ghur semblait comme endormi parmi la Nature crispée par le froid hivernal, alors que Hysh était absent, alors qu’Ulgu trônait en maître parmi les ombres des branchages enneigés.
La bête, elle, s’en fichait et se faisait un devoir de rappeler au vampire qui il était et pourquoi il devait être encore là-bas à tuer des mortels alors qu’il était ici à se tourner les pouces. Un vaste monde…
« Un vaste monde l’attendait », mais il ne la laissa pas dire, et elle n’insista pas. Le monde, il le connaissait depuis le temps. Il l’avait vu, encore et encore, à travers maintes vies vécues auprès des mortels, à travers des errances spirituelles qu’il effectua une ou deux fois lors de son ermitage, à travers ses divers amours, ses quelques amitiés, ses trahisons, ses défaites plus que ses victoires, son immortalité, son immortalité...
Il s’était arrêté quelque part aux abords d’une montée qui devait probablement conduire vers les montagnes, et cet arrêt le rendit un moment indécis, comme s’il ne savait plus quelle direction prendre ensuite. Le vent fit frémir les branchages et le talus, apportant du Sud une faible odeur de forge et de bière. Ailleurs, ce n’était rien d’autre que la forêt… Sauf à l’Ouest : l’odeur du sang et du bois brûlé lui rappela d’où il venait. Il ne voulait pas revenir à l’Ouest. Au Sud, il sentait qu’il ne serait pas non plus le bienvenu. Cette pensée l’irrita, il n’avait qu’à se tailler un chemin vers ceux qui lui seraient aimables… Mais non, trop de risques pour un résultat aussi désastreux que sa petite « promenade » parmi les mortels humains ; il ne lui manquerait plus que les mortels nabots ne viennent compléter ses visions. Non, il irait d’abord à l’Est, puis tournerait au Sud, laissant dans la montagne les mortels nabots, lui passant par-dessus, par le col du Pic, puis vers le haut col…
Une image floue et indécise de la comtesse apparut dans son esprit. Il essaya de se concentrer pour rendre l’image plus nette, mais n’y arriva pas.
Par les enfers ! Le vieux grincheux ! – l’image du maître Friedrich apparut vivement devant ses yeux tout d’un coup. Longue barbe, longue robe déchirée, rides aussi profondes que sa sagesse, ou était-ce autrement qu’ils le disaient dans les livres… Lui, lui devait savoir que faire ! Lui pourrait lui indiquer quelque chose que lui, l’immortel, n’avait pas remarqué ! Et s’il n’y arrivait pas, eh bien, il le tuer… Non, il… Enfin, il verrait alors, mais pour l’instant, il devait se raccrocher à cette idée et rejoindre la comtesse et sa fille (le visage rayonnant de Manon d'Essen illumina soudain ses pensées), tout de suite, sans plus attendre ! A l’Est, puis au Sud ! Dépêchons ! Dépêchons !
Il se mit à remonter rapidement la pente boisée.
23ème partie.
Von Nettesheim voyait au loin une autre ville, plus petite que la précédente. Il ne pouvait dire si elle était habitée, mais peu lui importait. Ses ravisseurs semblaient s’y diriger sans détour, ce qui devait signifier qu’ils ne craignaient aucun danger de ses habitants, s’il y en avait encore.
La route était devenue une espèce de fondrière de neige et de boue, répugnant mélange brunâtre qui ralentissait leur avancée. La contrée aux alentours était comme endormie, repliée sur elle-même, aplatie par l’air froid et humide de l’hiver sylvanien. Seule l’armée des morts et les trois cavaliers devant eux faisaient l’exception à l’immobilité et la torpeur ambiantes.
Le nécromancien se sentait glacé jusqu’aux os, sa robe noire ayant depuis longtemps perdu son utilité à cause de l’usure. Il avait été contraint de ne pas la quitter depuis leur séjour forcé dans la grotte du vampire millénaire. Il se sentait claquer des dents, il sentait ses doigts engourdis, ses pieds étant la seule partie encore bien protégée par une paire d’épaisses bottes de cuir.
Cependant, le maître tentait de se concentrer pour ne pas y prêter attention. Une idée lui était venue à l’esprit, une idée qu’il se devait de tenter, à ses risques et périls si jamais il échouait.
Son regard se posa sur ses ravisseurs qui chevauchaient devant lui. Ils lui offraient une chance en or en ayant tous les deux le dos tourné.
Un ordre informulé suffit pour faire accélérer l’allure des cadavres ambulants. Leurs pieds animés par la dhar se mirent à labourer plus vigoureusement la mélasse hivernale. Quelques uns tombèrent puis se relevèrent. Le nécromancien attendit.
Quelle qu’en pouvait être la raison, les deux chevaliers ne semblaient pas pour l’instant alarmés par le bruit de fond que causaient les zombies dans leur précipitation. Alors que les premiers cadavres rattrapaient leur invocateur, « l’intelligent » se retourna. Trop tard.
- Le sale petit…
L’autre vampire se retourna lui aussi, pour voir le vieux mortel sur sa jument s’éloigner de plus en plus à travers la foule de corps animés.
Les deux chevaliers se ruèrent à sa poursuite, mais leurs montures se cabrèrent aussitôt, acculées de toutes parts par l’armée des morts.
- TOI ! – beugla le chevalier mutilé en voyant sa proie s’enfuir au galop.
Il tendit soudain sa main. Sur sa jument, von Nettesheim sentit soudain Shyish le saisir à la gorge.
- Non ! – « l’intelligent » saisit son frère au bras. – Il nous le faut vivant !
Mort, vous ne m’aurez pas non plus, - pensa le maître en dissipant le sort avec facilité. Il avait réussi, il s’était enfui. Il s’était enfui…
Enfui ?
Que nenni, il allait leur montrer à présent… la non-vie…
Les deux chevaliers virent le nécromancien arrêter sa monture, puis se retourner vers eux. « L’intelligent » n’eut pas besoin d’efforts pour lire la volonté de les voir mourir dans son regard.
Les vampires eurent tôt fait de dégainer leurs épées, et tranchaient à présent à tort et à travers, assaillis qu’ils étaient par une marée montante de cadavres.
« L’intelligent » récita rapidement un sortilège, mais von Nettesheim le dissipa brutalement. Non, il ne verrait pas ses zombies tomber en poussière. A son tour, à présent…
Le vieux maître se contenta de dire un mot de pouvoir, puis un autre. Aucun ne put être contré par les vampires. La dhar se propagea parmi l’armée des morts, coordonnant leurs mouvements, renforçant leurs muscles pourris. Des dizaines, des centaines de bras agrippèrent les deux chevaliers.
Les cadavres tombés se relevaient, animés par les paroles impies de Nehek, déclamées par leur invocateur.
Il entendit leurs cris de rage couvrir momentanément les râles incessants des zombies, puis s’éteindre. Ils étaient submergés, leurs armures arrachées, leurs montures – déchiquetées, leurs armes quittant leurs corps avec leurs bras, enfin…
Von Nettesheim rappela ses troupes. Jetant un dernier regard à la pile de charnier derrière lui, il quitta la route, et se dirigea vers le Nord-Est. Les cadavres le suivaient de près. Il ne se laisserait plus prendre.
EDIT : seconde moitié de la 23ème partie, rédigée plus tardivement, pour mon plus grand plaisir...
EDIT : ...et le votre, j'ose espérer !
Ashur courait. Si son corps avait résisté aux forces déchainées du chaos, son esprit ne pouvait trouver la paix, tellement de sensations différentes l’assaillaient en même temps… Il courait et riait, d’un rire nerveux et paniqué, entrecoupé de cris de joie et de cris de rage, il ne savait que penser.
Pourquoi ?
Il s’arrêta soudain. La ville était loin derrière lui. La route se voyait non loin, pavée de blocs de pierre, plutôt étrangement bien entretenue. Juste devant lui débutait une forêt de grands chênes et de noisetiers. La lumière peinait à percer à travers l’épaisse chape de neige qui recouvrait les branchages.
Ulgu l’invitait. Ghur l’invitait. Hysh disparaissait peu à peu. Aqshy se taisait. Les autres vents aussi. Au fond de sa cage, la bête ruminait sa récente occasion de se libérer, arrachée à un cheveu du succès.
Pressentant quelque chose, quelque chose d’autre, de moins humain, de moins horrible, le vampire millénaire s’engouffra dans les talus recouverts de givre.
L’obscurité l’accueillit à bras ouverts. Peu à peu la faible lumière venant de la clairière s’estompa, ne laissant plus qu’une agréable pénombre régnant entre les cimes des arbres et le sol humide et terreux de la forêt. Ashur continuait de marcher à grands pas, enjambant les racines et les ravines, sentant les odeurs des arbres qui se mêlaient à présent à la forte odeur de sang imprégnant son armure. Les images de mortels tombant sous les atrocités de sa lame se changeaient en troncs noueux, en tapis de mousse... imprégnée de son sang ?!
La supercherie ne pouvait durer. Il avait fait un nouveau massacre, la forêt ne l’empêcherait pas de le réaliser encore et encore pendant bien des jours. La vision de la palissade en feu le hanterait encore pendant longtemps, tout comme l’amère sensation d’avoir abusé de son pouvoir pour… la bête. Pour rien. Pour peut-être un instant de… de… Il ne savait quoi. D’habitude, le silence de la forêt l’aidait à réfléchir. Il se rappelait de nombreuses forêts qu’il avait visitées, en hiver comme en été, sous la pluie ou sous la neige, vieilles, le plus souvent vieilles comme le monde, créées en mêmes temps que les mortels…
Il se remémorait qui il était, pourquoi il était là et pas ailleurs, pourquoi les vents de magie l’entouraient, pourquoi Ghur semblait comme endormi parmi la Nature crispée par le froid hivernal, alors que Hysh était absent, alors qu’Ulgu trônait en maître parmi les ombres des branchages enneigés.
La bête, elle, s’en fichait et se faisait un devoir de rappeler au vampire qui il était et pourquoi il devait être encore là-bas à tuer des mortels alors qu’il était ici à se tourner les pouces. Un vaste monde…
« Un vaste monde l’attendait », mais il ne la laissa pas dire, et elle n’insista pas. Le monde, il le connaissait depuis le temps. Il l’avait vu, encore et encore, à travers maintes vies vécues auprès des mortels, à travers des errances spirituelles qu’il effectua une ou deux fois lors de son ermitage, à travers ses divers amours, ses quelques amitiés, ses trahisons, ses défaites plus que ses victoires, son immortalité, son immortalité...
Il s’était arrêté quelque part aux abords d’une montée qui devait probablement conduire vers les montagnes, et cet arrêt le rendit un moment indécis, comme s’il ne savait plus quelle direction prendre ensuite. Le vent fit frémir les branchages et le talus, apportant du Sud une faible odeur de forge et de bière. Ailleurs, ce n’était rien d’autre que la forêt… Sauf à l’Ouest : l’odeur du sang et du bois brûlé lui rappela d’où il venait. Il ne voulait pas revenir à l’Ouest. Au Sud, il sentait qu’il ne serait pas non plus le bienvenu. Cette pensée l’irrita, il n’avait qu’à se tailler un chemin vers ceux qui lui seraient aimables… Mais non, trop de risques pour un résultat aussi désastreux que sa petite « promenade » parmi les mortels humains ; il ne lui manquerait plus que les mortels nabots ne viennent compléter ses visions. Non, il irait d’abord à l’Est, puis tournerait au Sud, laissant dans la montagne les mortels nabots, lui passant par-dessus, par le col du Pic, puis vers le haut col…
Une image floue et indécise de la comtesse apparut dans son esprit. Il essaya de se concentrer pour rendre l’image plus nette, mais n’y arriva pas.
Par les enfers ! Le vieux grincheux ! – l’image du maître Friedrich apparut vivement devant ses yeux tout d’un coup. Longue barbe, longue robe déchirée, rides aussi profondes que sa sagesse, ou était-ce autrement qu’ils le disaient dans les livres… Lui, lui devait savoir que faire ! Lui pourrait lui indiquer quelque chose que lui, l’immortel, n’avait pas remarqué ! Et s’il n’y arrivait pas, eh bien, il le tuer… Non, il… Enfin, il verrait alors, mais pour l’instant, il devait se raccrocher à cette idée et rejoindre la comtesse et sa fille (le visage rayonnant de Manon d'Essen illumina soudain ses pensées), tout de suite, sans plus attendre ! A l’Est, puis au Sud ! Dépêchons ! Dépêchons !
Il se mit à remonter rapidement la pente boisée.
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Re: Vampire at war : présentation
Dim 12 Jan 2014 - 23:18
Bon, un peu de sang neuf dans un récit qui en a grand besoin.
Grande bataille, deux contre deux, 1500 points chacun, hauts elfes contre comtes vampires, jouée aujourd'hui-même.
Des listes plutôt acceptables, très orientées fluff.
Hélas, des erreurs tactiques agrémentées de jets de dés pas très encourageants firent accélérer la défaite des comtes vampires, par exemple : goules VS heaumes d'argent et GdC VS gardes du phénix, l'inverse eut été préférable.
Je dénonce le PAM utilisé contre une invocation de Nehek lancée en bonne et due forme, pratique dans les règles, mais particulièrement désagréable lorsqu'on se base essentiellement sur la magie pour l'emporter...
Enfin, ce fut quand même une belle aprèm et une belle bataille, bravo aux vainqueurs
24ème partie :
Hihihi, hihahaa ! HAAHAAHAA !
Les rires ne cessaient pas.
Infatigable seigneur de la non-vie, Ashur continuait à monter de plus haut, laissant les arbres de côté, tranchant les buissons s’ils lui barraient le chemin, et à chaque fois qu’il tranchait, les rires reprenaient de plus belle. Il voyait toujours les visages des mortels devant soi. Aux rebords de sa folie, retranchées dans les profondeurs de son être, la bête et la conscience ne pouvaient qu’attendre, incapables d’intervenir sur le chaos qui régnait dans l’esprit du vampire millénaire.
Hahahaa ! Que de gloire ! Que de sang, brave Ashur ! Que de victoires ! Rien ne t’arrête, ô puissant sabreur du Nippon, cent fois maudit, une fois pardonné pour tuer encore !
Quelle déception, quelle vilénie ! Que… Ce n’était pas possible. Cela faisait des siècles qu’il aurait du s’ouvrir le ventre, mais quel mortel l’aurait vraiment osé ? Et lui, ancien vampire parmi les anciens, quel gâchis ferait-il s’il s’ouvrait le ventre… Non, il s’aimait trop lui-même pour en venir à de telles stupides extrémités. Qui prendrait sa place après lui ? Qui labourerait les champs ? Qui…
Réalisant que ses pensées ne crachaient qu’absurdité sur absurdité, Ashur essaya de se forcer à arrêter de penser. Il se rappela qu’il y était arrivé, il y a bien longtemps, lors de son ermitage, plusieurs fois. Il devait pouvoir le faire maintenant…
Brave Ashur !
Non.
Sublime Ashur !
Non !
Tu…
Il se jeta, la tête droit devant, contre un arbre. Le tronc s’enfonça et se fissura, mais tint bon… Puis se fissura une fois encore, puis encore… Quelques instants après l’arbre s’écroula tout entier. Il ne savait pas de quel arbre il s’agissait et il s’en fichait. Sa folie l’avait quitté pour quelques instants, et c’était ce qui importait. Il pensa un moment invoquer le destrier d’ombre, mais voyant que la pente devenait de plus en plus raide, il se résigna à continuer à pieds, ruminant contre le détour qu’il s’était lui-même imposé. Sa folie le suivait telle une ombre.
Hihi.
L’armée de la non-vie ne pouvait progresser plus rapidement sur les champs encore plus boueux que la route. Néanmoins, les cadavres avaient le mérite de ne jamais se plaindre, même s’il leur arriver assez souvent de se piétiner les uns les autres, ou de trébucher par dizaines sur une même motte de terre.
Von Nettesheim avait le regard fixé vers l’Est. Il voyait une autre grande ville, semblable à celle de Waldenhof, qui devait alors être Hundham, située à l’endroit où se rejoignent le Stir du Sud et le Stir du Nord. Aucune activité ne semblait l’animer. Les champs aux alentours étaient aussi délaissés, mais cela pouvait s’expliquer par le fait que les dernières recoltes eurent été ramassées bien avant la première neige... A présent, les habitants devaient se terrer chez eux, goutant amèrement le début de l’hiver.
Les troupes se dirigèrent directement vers la ville.
Le nécromancien grelottait de plus en plus.
Allons, - se disait-il, croyons une fois de plus à la chance. Si ces imbéciles de villageois sont aussi pleutres que ceux de Waldenhof, ils m’offriront le logis et le couvert, et ceux qui refusent rejoindront mon armée…
Une heure, deux heures des marches. La ville n’était plus qu’à une lieue…
De… Des armures. Il voyait, par delà la légère brume qui planait sur la plaine, l’éclat d’armures devant les maisons. D’abord seulement quelques cavaliers, puis des fantassins, de plus en plus, des bannières colorées flottant dans la brise glacée.
L’armée s’arrêta. Le vieux maître observa de loin de plus en plus d’humains en armure étincelante remplir l’espace devant Hundham. Étrange, tant de faste pour une bourgade sylvanienne…
Il fut horrifié de trouver la réponse à ses doutes en scrutant les vents de magie. Non, cela ne se pouvait, aussi loin de chez eux, en Sylvanie ! Mais seuls les mages d’Ulthuan, lointaine patrie des hauts-elfes, pouvaient dégager cette aura si particulière… Qhaysh ! La magie de la Tour Blanche !
Telle qu’il s’en rappelait de ses nombreuses lectures, cette puissance toute particulière ne lui indiquait rien de rassurant. Lui qui avait besoin de magie ne serait-ce que pour relever ses troupes, un domaine réputé pour calmer les vents du chaos ne pouvait que lui nuire. Il ne se faisait aucune illusion à présent : cette garnison, quelle que soit la raison de leur présence dans Hundham, n’aurait d’autre dessein que de les faire disparaitre, lui et sa horde de cadavres.
Trop lents pour battre en retraite, - se dit-il en jurant contre le destin qui paraissait s’acharner contre lui. Mais qu’importe, il fallait agir.
Une solution désespérée s’imposa à lui d’elle-même : disperser la dhar aussi loin qu’il le pouvait, en quête de créatures à asservir. Un faible espoir reposait sur la réputation maudite de la contrée.
Le vent nécromantique tourbillonna autour de lui, puis se dispersa dans toutes les directions. L’appel fut lancé, et, le nécromancien ne tarda pas à bénir les malédictions qui planent encore et toujours sur le fief des von Carstein.
Alors que des chars et des cavaliers ralliaient les flancs des hauts elfes, von Nettesheim vit qu’il avait attiré des esprits errants, âmes tourmentées par quelque noir pêché commis lors de leur existence charnelle, qui ne pouvaient ou ne voulaient rejoindre le royaume de Morr. Parmi eux, sept se distinguaient particulièrement : voilés de draperies d’outre-tombe, ils portaient de lourdes faux ensanglantées, faucheurs maudits par les dieux et les hommes, nécromanciens de temps oubliés ; lui aussi en deviendrait un, peut-être, un jour.
Mieux encore : regardant à l’Est, von Nettesheim vit un grand nombre de… goules qui s’avançaient dans leur direction. Grandement réjoui, le nécromancien dut d’abord se calmer légèrement pour ensuite se rendre compte que ces créatures n’étaient pas sous ses ordres. Ami ou ennemi ? Le souvenir des deux chevaliers vampires ne l’encourageait pas à nouer des relations avec les seigneurs de la nuit locaux.
Il vit parmi la foule qui s’avançait des guerriers de la non-vie brandissant de grandes haches de bûcheron, leurs corps décharnés protégés par des espèces de grossiers tabards en cuir et en bois.
Un rugissement bestial, puis un véritable ouragan de Ghur obscurcirent ses sens l’espace d’un instant. La grosse masse qu’il aperçut parmi les morts-vivants arrivants concentrait en soi la dhar et le vent de la bête réunis. Il en avait entendu parler, le nom lui échappait…
Il fut interpellé soudain par ce qu’il prit d’abord pour un vampire, tellement la dhar qui en émanait était puissante :
- Oh ! Qui a appelé !
La question était posée simplement, et si vite que le vieux maître hésita avant de répondre. Cette voix caverneuse, elle lui paraissait… vivante. Elle ne devait pas appartenir à un vampire, il en était presque sûr.
- QUI a appelé ?
Un nécromancien. C’était un nécromancien comme lui. Sigmar (il se mordit la langue en le prononçant) soit béni, un nécromancien.
- Friedrich von Nettesheim, érudit et maître mortel de la non-vie.
- Friedrich ? – il déclama quelques mots incompréhensibles puis reprit. – Vous n’êtes pas d’ici, Friedrich. Et vous très stupide, car les elfes auraient pu passer leur chemin.
Intrigué par l’accent de son confrère sylvanien, mais surtout désespérément en besoin de son soutien, von Nettesheim ignora le reproche. Voyant les guerriers en armure étincelante se rapprocher à une vitesse alarmante il parla très vite :
- C’est fort dommage de ma part, en effet. A qui ai-je l’honneur ? Puis-je compter sur votre soutien ?
Le sorcier lui donna un nom impossible à prononcer, puis l’assura de son assistance dans la bataille prochaine. Son ton placide déconcerta quelque peu le vieux maître, on eût dit un fermier qui allait l’aider à reconstruire le toit de sa chaumière. Mais une fois de plus, les nécessités militaires prirent le dessus sur les considérations superflues.
Chacun contrôlant au mieux ses troupes, les deux nécromanciens se placèrent face à leur ennemi commun ; entre eux et les hauts elfes se dressait une modeste grange de deux étages, avec un toit plat, ainsi que quelques pauvres clôtures paysannes, et une petite haie à l’autre bout du champ boueux. Son allié semblait parler à quelqu’un dans son régiment de… gardes des cryptes, crut comprendre von Nettesheim, qui par ailleurs s’étonnait de voir son confrère toujours monté sur un cheval recouvert du même cuir renforcé que les gardes, alors que lui-même avait depuis longtemps préféré laisser partir sa monture, afin de s’abriter dans la foule de zombies…
25ème partie.
Plusieurs cris rauques venant des nuages attirèrent l’attention des deux maîtres de la dhar : des colosses faits de muscles et de tendons atterrirent soudain près des nuées d’esprits de von Nettesheim. Leurs ailes membraneuses se replièrent, dévoilant au regard de leur invocateur des visages grotesques affublés d’une espèce de groin, aux oreilles longues et aux dents acérées, la gueule déformée dans un rictus de haine et de soif de sang. Il savait comment ces créatures s’appelaient, comme le monstre qui se tenait sous les ordres de son confrère… Les vargheists ! Et la grosse bête devait alors être un var… ghulf, un varghulf… Vampire ayant abandonné sa raison pour s’adonner à la bête… Comment Ashur y avait-il échappé ? – se demanda le vieux maître, mais n’y prêta plus pensée, voyant la garnison elfique se rassembler droit devant.
- Elfes viennent de l’Est. Sont passés sur la rivière sur un bateau des leurs vers l’Est, puis sont revenus. Si toi, Friedrich, n’étais pas passé par Hundham, ils seraient repartis vers l’Ouest !
La voix toujours aussi placide et caverneuse résonna jusqu’aux oreilles du vieux maître, couvrant de son timbre si particulier le tumulte des zombies. Qu’est-ce que cela pouvait lui faire, à présent ! Il préféra ne pas répondre. En face de lui, il vit Qhaysh s’activer soudain, et se prépara à parer. Hélas, cela tourna vite au désastre : Qhaysh se décomposa soudain, puis se remélangea, mais en vents chaotiques cette fois-ci, explosant dans le régiment de guerriers armés d’hallebardes. Il vit l’un d’eux s’effondrer. Toutefois, une bourrasque du chaos se détacha du mage qui avait dû la provoquer, et vint s’écraser quelque part dans les gardes des cryptes armés de haches. Des bucherons ranimés, - pensa le maître Friedrich. Ses reflexions furent subitement bousculées par un cri de rage venant de la même unité. Étrange, il ne vit pourtant aucun dommage…
Il fallait agir, charger les chars droit devant lui avant qu’ils ne chargent ses cadavres. Son confrère devait penser la même chose, car lui aussi fit avancer ses troupes du mieux qu’il put.
Un autre cri résonna dans les cieux, mais il ne signifiait pas la venue de nouveaux serviteurs de la dhar. En face des colosses sanguinaires, un grand aigle se posa, portant sur lui un haut-elfe qui se distinguait des autres par son armure et ses armes beaucoup plus somptueuses. Puis d’autres aigles vinrent, sans cavalier cette fois, leurs yeux perçants semblant chercher le nécromancien parmi ses corps animés.
Oh non ! Il ne se laisserait pas faire ! La dhar se concentra entre ses doigts, ardente et mortelle, dévastatrice à l’état pur qu’il lui conférait : le regard de Nagash était un sort qui avait fait ses preuves lors de maintes batailles. Von Nettesheim, voyant deux des nobles rapaces se poser droit devant lui, envoya sur eux la décharge d’énergie chaotique.
Le craquement des os, l’odeur de plumes brûlées et les cris agonisants de ses cibles lui indiqua que son sort fut meurtrier. Du côté des elfes, des cris d’indignation et de colère se firent entendre. La bataille reprit.
Les vargheists, avides de sang, s’étaient avancés au milieu du champ. Ils entendirent des cris de bravoures qui pour eux signifiaient de la chair fraiche, et l’instant d’après sentirent des lances légères frôler leurs côtes : les cavaliers elfes avaient chargé. Les monstres, qui déjà avant avaient vu un des leurs tomber sous des flèches bien envoyées depuis des chars, engagèrent le combat avec une hargne quasi-palpable.
L’elfe qui semblait diriger les troupes d’Ulthuan chargea sans peur les faucheurs maudits. Monté sur son aigle, un combat à trois contre un ne paraissait nullement l’effrayer. Bravant également leurs craintes de la non-vie, les chars tirés par de splendides étalons blancs lui emboitèrent le pas et vinrent enfoncer une horde de cadavres ambulants. La ruade insolente du noble commandant se transforma subitement en charge généralisée : von Nettesheim vit des chevaliers scintillants baisser leurs lances sur les goules de son confrère, alors que les hallebardiers qui abritaient la Qhaysh foncèrent sur les gardes des cryptes. Une décharge incontrôlée du vent de haute magie percuta de plein fouet trois autres faucheurs, les envoyant instantanément dans l’au-delà.
Le maître nécromancien ne comprenait pas l’eltharin, mais voyait dans leurs esprits que les hauts-elfes s’étaient enhardis. Un peu trop vite à son goût. Sentant la dhar palpiter au sein de chacun de ses serviteurs, il les exhorta à contrer l’élite d’Ulthuan du mieux qu’ils pouvaient.
La cavalerie légère ayant chargé les vargheists fut stoppée net dans son élan. Les monstes sanguinaires, lacérant elfes et chevaux sans distinction, en massacra la moitié en l’espace d’un instant. Des cris d’horreur se firent entendre, et le noble elfe sur son aigle, ayant pourfendu les trois spectres des caïrns, se tourna vers ses hommes, prêt à voler à leur rescousse.
Bien que la moitié des cadavres eût été écrasée sous les roues des chars, l’autre moitié s’acharna, et l’un des chars ploya sous la masse de corps qui s’abattait sur sa coque renforcée. Voyant le destin atroce de leurs compatriotes, écartelés par des dizaines de mains pourrissantes, les autres conducteurs de chars sentirent leurs mains faiblir, et ne prendre force que pour tirer les rênes de leurs chevaux vers l’arrière, tournant leurs chars, tournant leurs dos aux forces du nécromancien.
Ce dernier, quoique ravi de voir la fuite des soldats les plus réputés pour leur adresse dans le Vieux Monde, décida de positionner ses troupes de sorte à les dresser en rempart à l’infatigable général des hauts elfes, tellement terrifiant dans sa colère, le visage maculé du sang noir des vargheists qu’il eut pourfendu, que ses cavaliers paraissaient avoir plus peur de lui que de leurs ennemis…
Mais cela n’était pas bon. Le spectre de la défaite lui revint en mémoire.
Son confrère galopait dans tous les sens, évitant habilement les chars et les cavaliers des elfes, mais fut finalement assailli par un aigle survivant, que la dhar ne parvint pas à stopper. Par un artifice de Qhaysh qui lui était totalement inconnu, son invocation suprême des vents de dhar fut contrée. D’ailleurs, les troupes de son confrère fondaient elles aussi comme neige au soleil, et il avait perdu de vue le varghulf…
Le destin s’acharnait à nouveau contre lui ! Il avait certes vu ses cadavres déchiqueter la source de Qhaysh parmi les guerriers hallebardiers qui semblaient protégés par une aura qu’aucune arme ne pouvait pénétrer, et ses nuées d’esprits lui avaient remporté une petite victoire en faisant fuir les archers elfes, mais il devait fuir. Les hallebardes étaient venues à bout des haches, les lances de cavalerie allaient franchir une montagne de corps empilés de ses zombies pour se jeter sur lui, et au loin, il aperçut enfin une baliste qui tirait ses traits meurtriers sur tout le champ de bataille.
Il devait fuir. Rassemblant les cadavres ambulants qui lui restaient, il se rua vers l’Ouest, espérant contourner le combat et rejoindre le Stir du Nord…
Trois cavaliers survivants lui barrèrent la route. Piètre rempart ! Quelle audace ! Il chargea les trois têtes brûlées sans plus attendre. Il voyait le général non loin, mais si seulement il pouvait lui filer entre les doigts, laissant ses derniers zombies s’en occuper…
Il lut une bravoure éhontée dans le regard des cavaliers alors qu’ils tentèrent de lui planter leurs lances dans le corps. Que nenni ! Il faudrait plus que cela pour l’abattre ! Il esquiva ce qu’il put, laissant les pointes glisser sur un écran de dhar qui ne le quittait jamais ; ses troupes firent le reste. Voyant leurs attaques déviées et un nouveau mort parmi eux, les deux survivants prirent leurs jambes à leur cou.
L’esprit inondé d’espoir, von Nettesheim ordonna à ses zombies de poursuivre, peut-être pourrait-il éviter le fatal affrontement avec le général…
Horreur. Jurons. L’aigle, trop rapide, s’en prit à l’un des cadavres, et les autres s’arrêtèrent machinalement, intéressés par cette nouvelle énorme masse de chair emplumée.
Hélas, son cavalier ne le voyait pas de cet œil. Toujours sans montrer aucune trace de frayeur, il se défendit avec toute l’adresse d’un des meilleurs fils d’Ulthuan, puis aperçut le nécromancien parmi la foule.
Von Nettesheim l’entendit déclamer quelque chose en eltharin, alors qu’il le chargeait sur son aigle majestueux. Maudit volatile, - pensa-t-il.
Un coup d’épée, un autre, son écran de dhar vola en éclats, bloquant une ultime attaque. Les serres de l’aigle qui se plantèrent profondément dans sa chair. La douleur l’aveugla, et Friedrich von Nettesheim s’effondra devant le seigneur elfique.
Grande bataille, deux contre deux, 1500 points chacun, hauts elfes contre comtes vampires, jouée aujourd'hui-même.
Des listes plutôt acceptables, très orientées fluff.
Hélas, des erreurs tactiques agrémentées de jets de dés pas très encourageants firent accélérer la défaite des comtes vampires, par exemple : goules VS heaumes d'argent et GdC VS gardes du phénix, l'inverse eut été préférable.
Je dénonce le PAM utilisé contre une invocation de Nehek lancée en bonne et due forme, pratique dans les règles, mais particulièrement désagréable lorsqu'on se base essentiellement sur la magie pour l'emporter...
Enfin, ce fut quand même une belle aprèm et une belle bataille, bravo aux vainqueurs
24ème partie :
Hihihi, hihahaa ! HAAHAAHAA !
Les rires ne cessaient pas.
Infatigable seigneur de la non-vie, Ashur continuait à monter de plus haut, laissant les arbres de côté, tranchant les buissons s’ils lui barraient le chemin, et à chaque fois qu’il tranchait, les rires reprenaient de plus belle. Il voyait toujours les visages des mortels devant soi. Aux rebords de sa folie, retranchées dans les profondeurs de son être, la bête et la conscience ne pouvaient qu’attendre, incapables d’intervenir sur le chaos qui régnait dans l’esprit du vampire millénaire.
Hahahaa ! Que de gloire ! Que de sang, brave Ashur ! Que de victoires ! Rien ne t’arrête, ô puissant sabreur du Nippon, cent fois maudit, une fois pardonné pour tuer encore !
Quelle déception, quelle vilénie ! Que… Ce n’était pas possible. Cela faisait des siècles qu’il aurait du s’ouvrir le ventre, mais quel mortel l’aurait vraiment osé ? Et lui, ancien vampire parmi les anciens, quel gâchis ferait-il s’il s’ouvrait le ventre… Non, il s’aimait trop lui-même pour en venir à de telles stupides extrémités. Qui prendrait sa place après lui ? Qui labourerait les champs ? Qui…
Réalisant que ses pensées ne crachaient qu’absurdité sur absurdité, Ashur essaya de se forcer à arrêter de penser. Il se rappela qu’il y était arrivé, il y a bien longtemps, lors de son ermitage, plusieurs fois. Il devait pouvoir le faire maintenant…
Brave Ashur !
Non.
Sublime Ashur !
Non !
Tu…
Il se jeta, la tête droit devant, contre un arbre. Le tronc s’enfonça et se fissura, mais tint bon… Puis se fissura une fois encore, puis encore… Quelques instants après l’arbre s’écroula tout entier. Il ne savait pas de quel arbre il s’agissait et il s’en fichait. Sa folie l’avait quitté pour quelques instants, et c’était ce qui importait. Il pensa un moment invoquer le destrier d’ombre, mais voyant que la pente devenait de plus en plus raide, il se résigna à continuer à pieds, ruminant contre le détour qu’il s’était lui-même imposé. Sa folie le suivait telle une ombre.
Hihi.
L’armée de la non-vie ne pouvait progresser plus rapidement sur les champs encore plus boueux que la route. Néanmoins, les cadavres avaient le mérite de ne jamais se plaindre, même s’il leur arriver assez souvent de se piétiner les uns les autres, ou de trébucher par dizaines sur une même motte de terre.
Von Nettesheim avait le regard fixé vers l’Est. Il voyait une autre grande ville, semblable à celle de Waldenhof, qui devait alors être Hundham, située à l’endroit où se rejoignent le Stir du Sud et le Stir du Nord. Aucune activité ne semblait l’animer. Les champs aux alentours étaient aussi délaissés, mais cela pouvait s’expliquer par le fait que les dernières recoltes eurent été ramassées bien avant la première neige... A présent, les habitants devaient se terrer chez eux, goutant amèrement le début de l’hiver.
Les troupes se dirigèrent directement vers la ville.
Le nécromancien grelottait de plus en plus.
Allons, - se disait-il, croyons une fois de plus à la chance. Si ces imbéciles de villageois sont aussi pleutres que ceux de Waldenhof, ils m’offriront le logis et le couvert, et ceux qui refusent rejoindront mon armée…
Une heure, deux heures des marches. La ville n’était plus qu’à une lieue…
De… Des armures. Il voyait, par delà la légère brume qui planait sur la plaine, l’éclat d’armures devant les maisons. D’abord seulement quelques cavaliers, puis des fantassins, de plus en plus, des bannières colorées flottant dans la brise glacée.
L’armée s’arrêta. Le vieux maître observa de loin de plus en plus d’humains en armure étincelante remplir l’espace devant Hundham. Étrange, tant de faste pour une bourgade sylvanienne…
Il fut horrifié de trouver la réponse à ses doutes en scrutant les vents de magie. Non, cela ne se pouvait, aussi loin de chez eux, en Sylvanie ! Mais seuls les mages d’Ulthuan, lointaine patrie des hauts-elfes, pouvaient dégager cette aura si particulière… Qhaysh ! La magie de la Tour Blanche !
Telle qu’il s’en rappelait de ses nombreuses lectures, cette puissance toute particulière ne lui indiquait rien de rassurant. Lui qui avait besoin de magie ne serait-ce que pour relever ses troupes, un domaine réputé pour calmer les vents du chaos ne pouvait que lui nuire. Il ne se faisait aucune illusion à présent : cette garnison, quelle que soit la raison de leur présence dans Hundham, n’aurait d’autre dessein que de les faire disparaitre, lui et sa horde de cadavres.
Trop lents pour battre en retraite, - se dit-il en jurant contre le destin qui paraissait s’acharner contre lui. Mais qu’importe, il fallait agir.
Une solution désespérée s’imposa à lui d’elle-même : disperser la dhar aussi loin qu’il le pouvait, en quête de créatures à asservir. Un faible espoir reposait sur la réputation maudite de la contrée.
Le vent nécromantique tourbillonna autour de lui, puis se dispersa dans toutes les directions. L’appel fut lancé, et, le nécromancien ne tarda pas à bénir les malédictions qui planent encore et toujours sur le fief des von Carstein.
Alors que des chars et des cavaliers ralliaient les flancs des hauts elfes, von Nettesheim vit qu’il avait attiré des esprits errants, âmes tourmentées par quelque noir pêché commis lors de leur existence charnelle, qui ne pouvaient ou ne voulaient rejoindre le royaume de Morr. Parmi eux, sept se distinguaient particulièrement : voilés de draperies d’outre-tombe, ils portaient de lourdes faux ensanglantées, faucheurs maudits par les dieux et les hommes, nécromanciens de temps oubliés ; lui aussi en deviendrait un, peut-être, un jour.
Mieux encore : regardant à l’Est, von Nettesheim vit un grand nombre de… goules qui s’avançaient dans leur direction. Grandement réjoui, le nécromancien dut d’abord se calmer légèrement pour ensuite se rendre compte que ces créatures n’étaient pas sous ses ordres. Ami ou ennemi ? Le souvenir des deux chevaliers vampires ne l’encourageait pas à nouer des relations avec les seigneurs de la nuit locaux.
Il vit parmi la foule qui s’avançait des guerriers de la non-vie brandissant de grandes haches de bûcheron, leurs corps décharnés protégés par des espèces de grossiers tabards en cuir et en bois.
Un rugissement bestial, puis un véritable ouragan de Ghur obscurcirent ses sens l’espace d’un instant. La grosse masse qu’il aperçut parmi les morts-vivants arrivants concentrait en soi la dhar et le vent de la bête réunis. Il en avait entendu parler, le nom lui échappait…
Il fut interpellé soudain par ce qu’il prit d’abord pour un vampire, tellement la dhar qui en émanait était puissante :
- Oh ! Qui a appelé !
La question était posée simplement, et si vite que le vieux maître hésita avant de répondre. Cette voix caverneuse, elle lui paraissait… vivante. Elle ne devait pas appartenir à un vampire, il en était presque sûr.
- QUI a appelé ?
Un nécromancien. C’était un nécromancien comme lui. Sigmar (il se mordit la langue en le prononçant) soit béni, un nécromancien.
- Friedrich von Nettesheim, érudit et maître mortel de la non-vie.
- Friedrich ? – il déclama quelques mots incompréhensibles puis reprit. – Vous n’êtes pas d’ici, Friedrich. Et vous très stupide, car les elfes auraient pu passer leur chemin.
Intrigué par l’accent de son confrère sylvanien, mais surtout désespérément en besoin de son soutien, von Nettesheim ignora le reproche. Voyant les guerriers en armure étincelante se rapprocher à une vitesse alarmante il parla très vite :
- C’est fort dommage de ma part, en effet. A qui ai-je l’honneur ? Puis-je compter sur votre soutien ?
Le sorcier lui donna un nom impossible à prononcer, puis l’assura de son assistance dans la bataille prochaine. Son ton placide déconcerta quelque peu le vieux maître, on eût dit un fermier qui allait l’aider à reconstruire le toit de sa chaumière. Mais une fois de plus, les nécessités militaires prirent le dessus sur les considérations superflues.
Chacun contrôlant au mieux ses troupes, les deux nécromanciens se placèrent face à leur ennemi commun ; entre eux et les hauts elfes se dressait une modeste grange de deux étages, avec un toit plat, ainsi que quelques pauvres clôtures paysannes, et une petite haie à l’autre bout du champ boueux. Son allié semblait parler à quelqu’un dans son régiment de… gardes des cryptes, crut comprendre von Nettesheim, qui par ailleurs s’étonnait de voir son confrère toujours monté sur un cheval recouvert du même cuir renforcé que les gardes, alors que lui-même avait depuis longtemps préféré laisser partir sa monture, afin de s’abriter dans la foule de zombies…
25ème partie.
Plusieurs cris rauques venant des nuages attirèrent l’attention des deux maîtres de la dhar : des colosses faits de muscles et de tendons atterrirent soudain près des nuées d’esprits de von Nettesheim. Leurs ailes membraneuses se replièrent, dévoilant au regard de leur invocateur des visages grotesques affublés d’une espèce de groin, aux oreilles longues et aux dents acérées, la gueule déformée dans un rictus de haine et de soif de sang. Il savait comment ces créatures s’appelaient, comme le monstre qui se tenait sous les ordres de son confrère… Les vargheists ! Et la grosse bête devait alors être un var… ghulf, un varghulf… Vampire ayant abandonné sa raison pour s’adonner à la bête… Comment Ashur y avait-il échappé ? – se demanda le vieux maître, mais n’y prêta plus pensée, voyant la garnison elfique se rassembler droit devant.
- Elfes viennent de l’Est. Sont passés sur la rivière sur un bateau des leurs vers l’Est, puis sont revenus. Si toi, Friedrich, n’étais pas passé par Hundham, ils seraient repartis vers l’Ouest !
La voix toujours aussi placide et caverneuse résonna jusqu’aux oreilles du vieux maître, couvrant de son timbre si particulier le tumulte des zombies. Qu’est-ce que cela pouvait lui faire, à présent ! Il préféra ne pas répondre. En face de lui, il vit Qhaysh s’activer soudain, et se prépara à parer. Hélas, cela tourna vite au désastre : Qhaysh se décomposa soudain, puis se remélangea, mais en vents chaotiques cette fois-ci, explosant dans le régiment de guerriers armés d’hallebardes. Il vit l’un d’eux s’effondrer. Toutefois, une bourrasque du chaos se détacha du mage qui avait dû la provoquer, et vint s’écraser quelque part dans les gardes des cryptes armés de haches. Des bucherons ranimés, - pensa le maître Friedrich. Ses reflexions furent subitement bousculées par un cri de rage venant de la même unité. Étrange, il ne vit pourtant aucun dommage…
Il fallait agir, charger les chars droit devant lui avant qu’ils ne chargent ses cadavres. Son confrère devait penser la même chose, car lui aussi fit avancer ses troupes du mieux qu’il put.
Un autre cri résonna dans les cieux, mais il ne signifiait pas la venue de nouveaux serviteurs de la dhar. En face des colosses sanguinaires, un grand aigle se posa, portant sur lui un haut-elfe qui se distinguait des autres par son armure et ses armes beaucoup plus somptueuses. Puis d’autres aigles vinrent, sans cavalier cette fois, leurs yeux perçants semblant chercher le nécromancien parmi ses corps animés.
Oh non ! Il ne se laisserait pas faire ! La dhar se concentra entre ses doigts, ardente et mortelle, dévastatrice à l’état pur qu’il lui conférait : le regard de Nagash était un sort qui avait fait ses preuves lors de maintes batailles. Von Nettesheim, voyant deux des nobles rapaces se poser droit devant lui, envoya sur eux la décharge d’énergie chaotique.
Le craquement des os, l’odeur de plumes brûlées et les cris agonisants de ses cibles lui indiqua que son sort fut meurtrier. Du côté des elfes, des cris d’indignation et de colère se firent entendre. La bataille reprit.
Les vargheists, avides de sang, s’étaient avancés au milieu du champ. Ils entendirent des cris de bravoures qui pour eux signifiaient de la chair fraiche, et l’instant d’après sentirent des lances légères frôler leurs côtes : les cavaliers elfes avaient chargé. Les monstres, qui déjà avant avaient vu un des leurs tomber sous des flèches bien envoyées depuis des chars, engagèrent le combat avec une hargne quasi-palpable.
L’elfe qui semblait diriger les troupes d’Ulthuan chargea sans peur les faucheurs maudits. Monté sur son aigle, un combat à trois contre un ne paraissait nullement l’effrayer. Bravant également leurs craintes de la non-vie, les chars tirés par de splendides étalons blancs lui emboitèrent le pas et vinrent enfoncer une horde de cadavres ambulants. La ruade insolente du noble commandant se transforma subitement en charge généralisée : von Nettesheim vit des chevaliers scintillants baisser leurs lances sur les goules de son confrère, alors que les hallebardiers qui abritaient la Qhaysh foncèrent sur les gardes des cryptes. Une décharge incontrôlée du vent de haute magie percuta de plein fouet trois autres faucheurs, les envoyant instantanément dans l’au-delà.
Le maître nécromancien ne comprenait pas l’eltharin, mais voyait dans leurs esprits que les hauts-elfes s’étaient enhardis. Un peu trop vite à son goût. Sentant la dhar palpiter au sein de chacun de ses serviteurs, il les exhorta à contrer l’élite d’Ulthuan du mieux qu’ils pouvaient.
La cavalerie légère ayant chargé les vargheists fut stoppée net dans son élan. Les monstes sanguinaires, lacérant elfes et chevaux sans distinction, en massacra la moitié en l’espace d’un instant. Des cris d’horreur se firent entendre, et le noble elfe sur son aigle, ayant pourfendu les trois spectres des caïrns, se tourna vers ses hommes, prêt à voler à leur rescousse.
Bien que la moitié des cadavres eût été écrasée sous les roues des chars, l’autre moitié s’acharna, et l’un des chars ploya sous la masse de corps qui s’abattait sur sa coque renforcée. Voyant le destin atroce de leurs compatriotes, écartelés par des dizaines de mains pourrissantes, les autres conducteurs de chars sentirent leurs mains faiblir, et ne prendre force que pour tirer les rênes de leurs chevaux vers l’arrière, tournant leurs chars, tournant leurs dos aux forces du nécromancien.
Ce dernier, quoique ravi de voir la fuite des soldats les plus réputés pour leur adresse dans le Vieux Monde, décida de positionner ses troupes de sorte à les dresser en rempart à l’infatigable général des hauts elfes, tellement terrifiant dans sa colère, le visage maculé du sang noir des vargheists qu’il eut pourfendu, que ses cavaliers paraissaient avoir plus peur de lui que de leurs ennemis…
Mais cela n’était pas bon. Le spectre de la défaite lui revint en mémoire.
Son confrère galopait dans tous les sens, évitant habilement les chars et les cavaliers des elfes, mais fut finalement assailli par un aigle survivant, que la dhar ne parvint pas à stopper. Par un artifice de Qhaysh qui lui était totalement inconnu, son invocation suprême des vents de dhar fut contrée. D’ailleurs, les troupes de son confrère fondaient elles aussi comme neige au soleil, et il avait perdu de vue le varghulf…
Le destin s’acharnait à nouveau contre lui ! Il avait certes vu ses cadavres déchiqueter la source de Qhaysh parmi les guerriers hallebardiers qui semblaient protégés par une aura qu’aucune arme ne pouvait pénétrer, et ses nuées d’esprits lui avaient remporté une petite victoire en faisant fuir les archers elfes, mais il devait fuir. Les hallebardes étaient venues à bout des haches, les lances de cavalerie allaient franchir une montagne de corps empilés de ses zombies pour se jeter sur lui, et au loin, il aperçut enfin une baliste qui tirait ses traits meurtriers sur tout le champ de bataille.
Il devait fuir. Rassemblant les cadavres ambulants qui lui restaient, il se rua vers l’Ouest, espérant contourner le combat et rejoindre le Stir du Nord…
Trois cavaliers survivants lui barrèrent la route. Piètre rempart ! Quelle audace ! Il chargea les trois têtes brûlées sans plus attendre. Il voyait le général non loin, mais si seulement il pouvait lui filer entre les doigts, laissant ses derniers zombies s’en occuper…
Il lut une bravoure éhontée dans le regard des cavaliers alors qu’ils tentèrent de lui planter leurs lances dans le corps. Que nenni ! Il faudrait plus que cela pour l’abattre ! Il esquiva ce qu’il put, laissant les pointes glisser sur un écran de dhar qui ne le quittait jamais ; ses troupes firent le reste. Voyant leurs attaques déviées et un nouveau mort parmi eux, les deux survivants prirent leurs jambes à leur cou.
L’esprit inondé d’espoir, von Nettesheim ordonna à ses zombies de poursuivre, peut-être pourrait-il éviter le fatal affrontement avec le général…
Horreur. Jurons. L’aigle, trop rapide, s’en prit à l’un des cadavres, et les autres s’arrêtèrent machinalement, intéressés par cette nouvelle énorme masse de chair emplumée.
Hélas, son cavalier ne le voyait pas de cet œil. Toujours sans montrer aucune trace de frayeur, il se défendit avec toute l’adresse d’un des meilleurs fils d’Ulthuan, puis aperçut le nécromancien parmi la foule.
Von Nettesheim l’entendit déclamer quelque chose en eltharin, alors qu’il le chargeait sur son aigle majestueux. Maudit volatile, - pensa-t-il.
Un coup d’épée, un autre, son écran de dhar vola en éclats, bloquant une ultime attaque. Les serres de l’aigle qui se plantèrent profondément dans sa chair. La douleur l’aveugla, et Friedrich von Nettesheim s’effondra devant le seigneur elfique.
- GilgaladMaître floodeur
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 10:08
C'est bizarre, cette bataille me dit un truc
En ce qui concerne les deux derniers récits, c'est toujours aussi bien fait.
Pour le premier, le questionnement intérieur d'Ashur est très bien fait. Du coup, on ne sait pas vraiment ce qu'il va faire.
De plus, l'introduction ds elfes sur le champ de bataille a été très bien faite. En elle-même la bataille est bien raconté. Personnellement, je vois ce que tu veux à chaque fois et à quel moment cela correspond. Et je suis impatient de voir comment von Nettesheim va s'en sortir.
C'est-à-dire : vivement la suite !!!!!!!!!!!
Gilgalad
Je dois rajouter que vous n'avez pas eu de chance avec les vents de magie ce qui n'as pas aidé non plus.Je dénonce le PAM utilisé contre une invocation de Nehek lancée en bonne et due forme, pratique dans les règles, mais particulièrement désagréable lorsqu'on se base essentiellement sur la magie pour l'emporter...
En ce qui concerne les deux derniers récits, c'est toujours aussi bien fait.
Pour le premier, le questionnement intérieur d'Ashur est très bien fait. Du coup, on ne sait pas vraiment ce qu'il va faire.
De plus, l'introduction ds elfes sur le champ de bataille a été très bien faite. En elle-même la bataille est bien raconté. Personnellement, je vois ce que tu veux à chaque fois et à quel moment cela correspond. Et je suis impatient de voir comment von Nettesheim va s'en sortir.
C'est-à-dire : vivement la suite !!!!!!!!!!!
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
- alexy999Loup funeste
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 11:22
Von Essen a écrit:Trois cavaliers survivaient lui barrèrent la route.
Survivants non ?
Très bon rapport de bataille, vivement la suite !
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Mouhahahaha !!!
- EssenSeigneur vampire
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 13:08
alexy999 a écrit:Von Essen a écrit:Trois cavaliers survivaient lui barrèrent la route.
Survivants non ?
Exact. Il était un peu tard, je me sentais à moitié endormi vers la fin
Semaine de partiels qui commence, donc la suite... pas pour bientôt, mais ça va venir
- ArkenMaîtresse des fouets
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 21:12
Ça y est, j'ai rattrapé mon retard
Alors, la première suite est aussi intéressante que les autres, et agréable à lire...
La deuxième, est comment dire... Hum...
Déjà, réclamation : le nécromancien ami n'a pas fait d'erreur stratégique en alignant ses goules et GDC, puisqu'il les a placés AVANT que les elfes ne se forment Mais c'est plutôt les elfes qui ont bien analysé les troupes adverses (maudits bonhommes en collant...)
PS : malgré toutes ces injustices et fourberies que je ne citerai pas (PAM), ce fut une belle journée, parsemée d'humour malsain et de tricherie version jus de pomme
A refaire !
Alors, la première suite est aussi intéressante que les autres, et agréable à lire...
La deuxième, est comment dire... Hum...
Déjà, réclamation : le nécromancien ami n'a pas fait d'erreur stratégique en alignant ses goules et GDC, puisqu'il les a placés AVANT que les elfes ne se forment Mais c'est plutôt les elfes qui ont bien analysé les troupes adverses (maudits bonhommes en collant...)
Je réclame vengeance ! Qu'on récupère le cadavre de ce mage, qu'on lui redonne conscience pour le torturer, le tuer et le ressusciter pour le refaire encore et encore !Ses reflexions furent subitement bousculées par un cri de rage venant de la même unité. Étrange, il ne vit pourtant aucun dommage…
Tu n'avais pas trouvé plus subtil ?Un rugissement bestial, puis un véritable ouragan de Ghur obscurcirent ses sens l’espace d’un instant. La grosse masse qu’il aperçut parmi les morts-vivants arrivants concentrait en soi la dhar et le vent de la bête réunis. Il en avait entendu parler, le nom lui échappait…
PS : malgré toutes ces injustices et fourberies que je ne citerai pas (PAM), ce fut une belle journée, parsemée d'humour malsain et de tricherie version jus de pomme
A refaire !
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- EssenSeigneur vampire
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 21:43
Bon, je supposerai que ma réussite scolaire est intimement liée à la progression de mon récit.
26ème partie.
- Mère ?
- Oui, Manon ?
- L’enchantement de maître Friedrich sur mon armure, il a disparu.
L’armée des morts se dissipait de minute en minute.
La dhar quitta les cadavres, qui tombèrent les uns après les autres, tels des pantins dont les cordes eurent été coupées. Le commandant haut elfe s’apprêta à s’envoler vers les nuées d’esprits qui menaçaient encore la baliste, quand une vision plus abominable que tout ce qu’il eût vu au cours de la bataille le cloua sur place : les archers qui gisaient sans vie près de la haie s’agitèrent soudain, puis se relevèrent en titubant, tâchés de leur sang, le regard vide. Les fantômes étaient juste derrière, mais atterrir sur ses propres hommes… La pensée lui fit perdre quelques précieux instants à tergiverser.
Le nécromancien sylvanien marmonnait les sombres paroles de la non-vie. Lui aussi avait vu qu’il ne pourrait plus longtemps résister aux « sales elfes », et eut recours à « mille ruses » pour s’en sortir : les elfes zombifiés n’étaient « qu’un début ». Il parvint à ressusciter quelques goules afin de retenir les cavaliers d’Ulthuan qui avaient assailli le flanc de son armée. Enfin, avant d’envoyer un dernier rayon de dhar dans les rangs des hallebardiers, il fit s’animer le cadavre de l’aigle qu’il venait de vaincre à grand peine, puis sauta sur lui et s’envola haut dans les airs.
Il devina juste : le commandant serait trop occupé à sauver ses hommes pour aller à sa poursuite. Il soupira, pensant au « pauvre et stupide Friedrich », et s’envola vers la forêt à l’Est.
Les cris de victoire résonnaient sur le champ boueux de Hundham. Des cris et des paroles de deuil s’entendaient aussi : certains d’entre eux ne reverraient jamais leur patrie.
Les dernières forces maudites avaient été détruites, - croyaient-ils. Cependant le commandant, bien plus expérimenté que la plupart d’entre eux, ordonna immédiatement que l’on brûle tous les cadavres des morts-vivants, afin qu’ils soient effacés de cette terre pour de bon.
Malheureusement pour lui, ce fut comme si la Sylvanie s’opposa à ses desseins purificateurs : le ciel, lourd de nuages, se mit tout d’un coup à cracher des trombes d’eau, étouffant toute flamme que pouvaient procurer les briquets elfiques.
Le commandant serra les poings. Il était prêt à attendre autant qu’il le faudrait pour mettre le feu aux charniers ; mais l’envoyé du Roi Phénix qu’il avait pour ordre de protéger lui fit comprendre qu’ils feraient mieux de partir au plus vite. La région demeurait dangereuse, et ceux qui avaient péri devaient être enterrés chez eux, à Ulthuan, et les elfes survivants devaient se presser pour que les corps de leurs morts soient ramenés à temps avant la décomposition.
La mort dans l’âme, le commandant ordonna le retrait des troupes, et le retour vers le bateau qui les attendait à Hundham.
Ashur courait. Le col du Pic n'était plus très loin.
Montée sur son pégase mort-vivant, Manon était en train à la fois de sentir les moindres odeurs dans l’air et de scruter les vents de magie. Elle revoyait encore et encore dans sa tête l’expression de peur extrême sur le visage de sa mère quand celle-ci entendit que la dhar avait quitté l’armure de sa fille. Elle-même avait compris ce que cela voulait dire l’instant d’après et se sentait au moins aussi terrifiée : quelque part, le vieux maître venait de se faire tuer. La comtesse lui dit alors :
- Trouve-moi Ashur.
- Euh, mère ?
- Monte sur Rêve brisé et trouve-moi Ashur ! Je pars à la recherche de von Nettesheim.
- Mère, mais…
- Ecoute-moi et obéis ! – la voix de la comtesse était ferme, forte, menaçante même. - Je sais où il va d’habitude et j’aurai besoin d’Ashur pour le ressusciter ! Toi seule peux retrouver cet imbécile ! Vole haut, regarde loin ! Débrouille-toi, utilise ton flair s’il le faut, - son visage se faisait de plus en plus blême. – Fais comme tu veux, tue s’il le faut, mais trouve-le !
Manon n’osait plus parler.
Delphine d’Essen se reprit à grand peine, puis continua de parler, d’une voix brisée mais remplie d’affection :
- Tu es une brave fille, Manon, tu sais te battre, tu connais mieux la magie que moi. Tu sauras comment faire. Tu sauras aussi me retrouver après ; si je n’aurai pas trouvé notre maître, nous continuerons les recherches ensemble. Va, ma fille, vole de tes propres ailes !
Bouleversée par ces instructions, Manon courut enfin vers son pégase, réprimant des larmes, puis s’efforça quand même à adresser un sourire à sa mère avant de galoper dans les airs.
La comtesse la regarda partir, prise elle aussi par ses émotions quelques instants, mais pas plus.
Sa Majesté et ses chevaliers semblaient attendre un signal. Les gardes des cryptes restaient figés dans la même position de garde-à-vous qu’ils l’étaient au moment de leur retour à la non-vie. Les arbres maléfiques, en revanche, gisaient immobiles, la dhar ne se sentait plus dans leurs troncs morts.
Elle pouvait ne pas être forte en nécromancie, mais elle en savait assez pour invoquer une monture. Un des destriers des dragons de sang ferait l’affaire. Elle concentra la dhar puis la dirigea vers la créature souhaitée. Quelques instants après, le cauchemar au caparaçon écarlate attendait sa cavalière.
Elle monta en selle. Des rapides ordres informulés, inutile de faire des discours. Les gardes des cryptes restèrent sur place afin de protéger les dépouilles des chevaliers vampires. Les nazguls et le roi revenant se joignirent à la chevauchée endiablée de la dame d’Essen.
26ème partie.
- Mère ?
- Oui, Manon ?
- L’enchantement de maître Friedrich sur mon armure, il a disparu.
L’armée des morts se dissipait de minute en minute.
La dhar quitta les cadavres, qui tombèrent les uns après les autres, tels des pantins dont les cordes eurent été coupées. Le commandant haut elfe s’apprêta à s’envoler vers les nuées d’esprits qui menaçaient encore la baliste, quand une vision plus abominable que tout ce qu’il eût vu au cours de la bataille le cloua sur place : les archers qui gisaient sans vie près de la haie s’agitèrent soudain, puis se relevèrent en titubant, tâchés de leur sang, le regard vide. Les fantômes étaient juste derrière, mais atterrir sur ses propres hommes… La pensée lui fit perdre quelques précieux instants à tergiverser.
Le nécromancien sylvanien marmonnait les sombres paroles de la non-vie. Lui aussi avait vu qu’il ne pourrait plus longtemps résister aux « sales elfes », et eut recours à « mille ruses » pour s’en sortir : les elfes zombifiés n’étaient « qu’un début ». Il parvint à ressusciter quelques goules afin de retenir les cavaliers d’Ulthuan qui avaient assailli le flanc de son armée. Enfin, avant d’envoyer un dernier rayon de dhar dans les rangs des hallebardiers, il fit s’animer le cadavre de l’aigle qu’il venait de vaincre à grand peine, puis sauta sur lui et s’envola haut dans les airs.
Il devina juste : le commandant serait trop occupé à sauver ses hommes pour aller à sa poursuite. Il soupira, pensant au « pauvre et stupide Friedrich », et s’envola vers la forêt à l’Est.
Les cris de victoire résonnaient sur le champ boueux de Hundham. Des cris et des paroles de deuil s’entendaient aussi : certains d’entre eux ne reverraient jamais leur patrie.
Les dernières forces maudites avaient été détruites, - croyaient-ils. Cependant le commandant, bien plus expérimenté que la plupart d’entre eux, ordonna immédiatement que l’on brûle tous les cadavres des morts-vivants, afin qu’ils soient effacés de cette terre pour de bon.
Malheureusement pour lui, ce fut comme si la Sylvanie s’opposa à ses desseins purificateurs : le ciel, lourd de nuages, se mit tout d’un coup à cracher des trombes d’eau, étouffant toute flamme que pouvaient procurer les briquets elfiques.
Le commandant serra les poings. Il était prêt à attendre autant qu’il le faudrait pour mettre le feu aux charniers ; mais l’envoyé du Roi Phénix qu’il avait pour ordre de protéger lui fit comprendre qu’ils feraient mieux de partir au plus vite. La région demeurait dangereuse, et ceux qui avaient péri devaient être enterrés chez eux, à Ulthuan, et les elfes survivants devaient se presser pour que les corps de leurs morts soient ramenés à temps avant la décomposition.
La mort dans l’âme, le commandant ordonna le retrait des troupes, et le retour vers le bateau qui les attendait à Hundham.
Ashur courait. Le col du Pic n'était plus très loin.
Montée sur son pégase mort-vivant, Manon était en train à la fois de sentir les moindres odeurs dans l’air et de scruter les vents de magie. Elle revoyait encore et encore dans sa tête l’expression de peur extrême sur le visage de sa mère quand celle-ci entendit que la dhar avait quitté l’armure de sa fille. Elle-même avait compris ce que cela voulait dire l’instant d’après et se sentait au moins aussi terrifiée : quelque part, le vieux maître venait de se faire tuer. La comtesse lui dit alors :
- Trouve-moi Ashur.
- Euh, mère ?
- Monte sur Rêve brisé et trouve-moi Ashur ! Je pars à la recherche de von Nettesheim.
- Mère, mais…
- Ecoute-moi et obéis ! – la voix de la comtesse était ferme, forte, menaçante même. - Je sais où il va d’habitude et j’aurai besoin d’Ashur pour le ressusciter ! Toi seule peux retrouver cet imbécile ! Vole haut, regarde loin ! Débrouille-toi, utilise ton flair s’il le faut, - son visage se faisait de plus en plus blême. – Fais comme tu veux, tue s’il le faut, mais trouve-le !
Manon n’osait plus parler.
Delphine d’Essen se reprit à grand peine, puis continua de parler, d’une voix brisée mais remplie d’affection :
- Tu es une brave fille, Manon, tu sais te battre, tu connais mieux la magie que moi. Tu sauras comment faire. Tu sauras aussi me retrouver après ; si je n’aurai pas trouvé notre maître, nous continuerons les recherches ensemble. Va, ma fille, vole de tes propres ailes !
Bouleversée par ces instructions, Manon courut enfin vers son pégase, réprimant des larmes, puis s’efforça quand même à adresser un sourire à sa mère avant de galoper dans les airs.
La comtesse la regarda partir, prise elle aussi par ses émotions quelques instants, mais pas plus.
Sa Majesté et ses chevaliers semblaient attendre un signal. Les gardes des cryptes restaient figés dans la même position de garde-à-vous qu’ils l’étaient au moment de leur retour à la non-vie. Les arbres maléfiques, en revanche, gisaient immobiles, la dhar ne se sentait plus dans leurs troncs morts.
Elle pouvait ne pas être forte en nécromancie, mais elle en savait assez pour invoquer une monture. Un des destriers des dragons de sang ferait l’affaire. Elle concentra la dhar puis la dirigea vers la créature souhaitée. Quelques instants après, le cauchemar au caparaçon écarlate attendait sa cavalière.
Elle monta en selle. Des rapides ordres informulés, inutile de faire des discours. Les gardes des cryptes restèrent sur place afin de protéger les dépouilles des chevaliers vampires. Les nazguls et le roi revenant se joignirent à la chevauchée endiablée de la dame d’Essen.
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 21:55
J'aime bien la sortie remplie de dignité du sylvanien...
C'est juste dommage que tu marques juste deux phrases pour Ashur. Je voyais bien juste quelques mots sur ses pensées/humeur au moment de ce flash narratif.
Et oui, c'est tout à fait normal que tu écris en période d'examen... Je crois que c'est à ce moment que j'écris le plus aussi Sans doute le stress que nous évacuons dans un autre monde...
La suite ?
C'est juste dommage que tu marques juste deux phrases pour Ashur. Je voyais bien juste quelques mots sur ses pensées/humeur au moment de ce flash narratif.
Et oui, c'est tout à fait normal que tu écris en période d'examen... Je crois que c'est à ce moment que j'écris le plus aussi Sans doute le stress que nous évacuons dans un autre monde...
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 22:12
Parlant vraiment de méthode narrative, les deux phrases consacrées à Ashur servent à mon sens de petit passage "tampon" entre les deux grandes parties. Sans trop s'y attarder.
Au départ, elles n'y étaient même pas, mais je me suis dit qu'un passage direct vers les pensées de la vampirette serait un peu trop brusque...
En somme, il y a un certain nombre de fois dans le récit (ou plutôt, dans son intégralité...) où les passages se succèdent "au feeling" de l'auteur.
Vos commentaires me permettent de savoir si mes choix ont été judicieux
Au départ, elles n'y étaient même pas, mais je me suis dit qu'un passage direct vers les pensées de la vampirette serait un peu trop brusque...
En somme, il y a un certain nombre de fois dans le récit (ou plutôt, dans son intégralité...) où les passages se succèdent "au feeling" de l'auteur.
Vos commentaires me permettent de savoir si mes choix ont été judicieux
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 22:22
Je fais aussi des passages 'tampons' de temps en temps, mais je les développe un peu plus. Dans le sens où si tu mets un passage, c'est qu'il sert à quelque chose, qu'il apporte un petit plus à la lecture et à la réflexion du lecteur. Ça permet de donner un peu plus de fond à ce qui devait être un simple passage de forme et de structure.
Mais après, ce n'est pas non plus le truc le plus dérangeant du monde. Si tu préfères cette manière de faire, c'est ton choix
PS : Cela n'aurait pas été choquant le passage direct aux pensées de Manon. Pense que si ton imagination est passée d'une scène à l'autre naturellement, c'est que ça le fait et qu'il n'y a pas de problème (dans 99% des cas )
Mais après, ce n'est pas non plus le truc le plus dérangeant du monde. Si tu préfères cette manière de faire, c'est ton choix
PS : Cela n'aurait pas été choquant le passage direct aux pensées de Manon. Pense que si ton imagination est passée d'une scène à l'autre naturellement, c'est que ça le fait et qu'il n'y a pas de problème (dans 99% des cas )
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 22:31
Exact. Habituellement je "sens" quand un passage mérite d'être développé un peu plus, et en l'occurrence, je suis au contraire persuadé que la situation d'Ashur a déjà été narrée précédemment : le "flash" narratif comme tu dis est plus porté à simplement informer le lecteur que le personnage est en mouvement, et qu'il a conscience de sa destination. Très bref, je l'admets, mais implicitement signifiant que le vampire millénaire n'est pas pour l'instant en proie à des réflexions qui méritent d'être détaillées, peut-être heureusement pour lui
Ashur courait ! That's important, Goddamn it !
EDIT : et puis zut, tu m'as mis le doute. Après faire souffrir les lecteurs, tu passes aux auteurs, bah bravo !
Ashur courait ! That's important, Goddamn it !
EDIT : et puis zut, tu m'as mis le doute. Après faire souffrir les lecteurs, tu passes aux auteurs, bah bravo !
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Re: Vampire at war : présentation
Lun 13 Jan 2014 - 22:46
Mais qu'est-ce que vous avez tous contre lui ? Vous avez sorti deux Périapte noir et ça ne vous a pas gênémalgré toutes ces injustices et fourberies que je ne citerai pas (PAM)
Je confirme, surtout que c'était mes elfes en face.Déjà, réclamation : le nécromancien ami n'a pas fait d'erreur stratégique en alignant ses goules et GDC, puisqu'il les a placés AVANT que les elfes ne se forment
Sinon, en ce qui concerne le texte en lui-même, c'est très bien comme ça. Même si moi aussi j'aurais bien aimé un peu plus d'explications sur les pensées d'Ashur. Mais c'est bien comme ça. Par contre on ne sait toujours pas si von Nettesheim a "juste" été gravement blessé ou s'il est mort. Ce qui rajoute du suspense. De plus, la "retraite stratégique" de l'autre nécromancien est très bien écrite et parfaitement crédible en plus.
Pour finir :
+ 1000ce fut une belle journée, parsemée d'humour malsain et de tricherie version jus de pomme
Et je suis aussi pour qu'on en refasse
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