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Seigneur vampire
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Le coin récits (de Gromdal) - Page 3 Empty Re: Le coin récits (de Gromdal)

Jeu 28 Nov 2019 - 19:36
Tu as coupé ses propos au beau milieu de sa tirade. Happy
Il manque le :
"J’aurais suffisamment de quoi entretenir lance et arc."
Qui suit après. Si elle dit que vous n'êtes pas ennuyeux, c'est qu'elle a de quoi ben, taper suffisamment d'entre vous. lol

Grom'

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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.


Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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Le coin récits (de Gromdal) - Page 3 Empty Re: Le coin récits (de Gromdal)

Lun 3 Aoû 2020 - 23:06
Hello tout le monde !

Force est de constater qu'il n'y a rien de mieux pour l'inspiration, en ce qui me concerne et en ce moment, que de bonnes campagnes de jeu de rôle qui donnent envie d'écrire un petit peu sur ses personnages. Voici donc un petit texte où, pour les non campagneux (car oui le petit machin qui va suivre met en scène des personnages d'une campagne Warhammer meujeutée par Hjalmar, avec vigik, Arca', Magnan et moi-même parmi les joueurs (ainsi qu'un ancien d'UvsN qui est un (très) bon ami).
Du coup, les non initiés risquent de ne guère comprendre les tenants et aboutissants de ce qui se déroule dans le texte. Enfin, c'est le jeu ma pauv' lucette, je l'ai en partie rédigé sur une proposition de Hjalmar pour étoffer mon RP et planifier la suite de mon personnage. ^^

Pour ceux qui ont besoin de contexte:

* * *

Les arbres ont grandi depuis la dernière fois qu’elle a visité l’endroit. Une poussée bien plus rapide que ce qu’on pourrait voir dans une forêt impériale. Mais ce n’en est plus une. Ce sont les Collines d’Ambres, la demeure des envoyés de la Laurelorn à la cour de Karl Franz, et elles commencent à montrer l’influence que la présence que les Eonir ont sur elles.

D’un élan naturel, les arbres, s’entrelacent harmonieusement, comme guidés par une main extérieure, et le vent de la vie souffle doucement. Ses brumes translucides, d’un vert chaleureux, serpentent paresseusement entre les jeunes troncs, élancés et plein de vigueur. Sur le bout de sa langue, elle peut sentir cette douce et familière fraîcheur de Ghyran ; elle émoustille le palais, comme le toucher d’une aiguille de pin sur la peau. Ce n’est pas sans lui rappeler la Laurelorn, et la forêt autour de l’arbre millénaire qui abrite la demeure de sa famille.

Elle est seule dans la petite clairière, à une heure où l’aube filtre à peine à travers les branches, ses rayons mordorés donnant encore plus de couleurs aux feuillages qui se couvrent d’or et d’orange, témoins de la lente arrivée de l’automne. Quelques feuilles tombées prématurément parsèment le sol moussu, et s’envolent sous ses pas alors qu’elle effectue, l’une après l’autre, les passes à la lance qu’elle a apprises pendant son adolescence, dans une clairière qui n’était pas si différente, non loin du palais estival de la Reine en la Laurelorn. La pointe de la lance avance, recule, tourne et virevolte, de même que les pans de sa robe fendue au rythme des mouvements de ses jambes.

Les yeux à moitié fermés, elle se souvient des mouvements des caidaithan, et s’en sert de modèle. Elle n’a pas la grâce, l’agilité, ni l’aisance avec laquelle les danseurs de guerre se meuvent dans l’air, presque lascivement, et elle ne les aura probablement jamais. Mais elle n’en a cure. Si elle s’exerce à la danse de la lance, c’est pour essayer de ne faire qu’un avec ce qui l’entoure, de sentir sa respiration faire écho au souffle de vie qui bat dans la forêt, vibrante. Il s’agit d’apaiser son esprit, de le laisser s’envoler, l’espace un instant, loin de tous les soucis, les angoisses, les peurs, loin de la solitude, de la nostalgie, du remords.

Ouvrant à nouveau les yeux, elle découvre qu’elle n’est plus seule. Orodhryal, seigneur et maître de tous les elfes des Collines d’Ambre, l’observe depuis la bordure de la clairière, les ombres de la frondaison parcourant ses riches habits de motifs tantôt sombres, tantôt mordorés.

Son bras retombe, et elle se tourne vers lui, s’arrêtant dans son exercice. Elle ne le remarque pas, mais, inconsciemment, elle a relâché ses épaules, elle qui pourtant se tient toujours si droite, si tendue. Son visage s’éclaire, et un petit sourire, léger, mais plein de douceur, s’y dessine. Elle ne le lui dira jamais en face, mais cela lui fait du bien, beaucoup de bien, de revoir son père.

Ce dernier, la voyant s’arrêter, s’est avancé dans la clairière, et s’arrête à deux pas devant elle. Il est toujours plus grand qu’elle, elle qui pourtant domine la plupart des habitants de l’endroit. Ses épaules, drapées d’une cape au velours émeraude, sont toujours aussi larges que dans ses plus vieux souvenirs. L’espace d’un instant, elle a envie de s’y lover, d’étreindre son père, et d’y rester un court moment. Mais elle n’est plus une enfant, et demeure impassible.

« Tu as bien progressé depuis la dernière fois que je t’ai vue, Aithibyll. » lui dit-il de sa voix calme, au rythme si mesuré, qui l’a toujours apaisée. Ses yeux, d’un brun de noisette, tout comme les siens, la toisent de haut en bas, impassibles. « J’ai l’impression que tes voyages te font grandir de plus d’une façon, car je crois reconnaître en toi un peu de la prestance de ta mère. »

L’intéressée, qui commençait à sourire un peu plus, doit se retenir de faire la moue à la mention de sa mère. Ce n’est pas à elle qu’elle a envie de ressembler, pas devant son père tout du moins.

« J’aurais préféré, entre la lance et la prestance, que tu complimentes ma lance… » ne peut-elle s’empêcher de murmurer entre ses dents. Et, presque immédiatement, elle baisse les yeux, se sentant honteuse de son comportement.  Un léger sourire se dessine aux coins des lèvres d’Orodhryal.

« Mais j’ai aussi complimenté cette dernière… Un jour, sans aucun doute, tu feras honneur au nom de la Lance Dansante. »

Levant les yeux, elle croit voir, l’espace d’un instant, une petite lumière pétiller dans le regard de son père.

« Mais je suppose que ce n’est pas pour me montrer tout cela que tu m’as fait mander, me trompe-je ? »

Elle se ressaisit, prend une courte inspiration, se redresse. « Oui, oui en effet. Je voulais te parler parce que j’ai besoin d’aide. »

Les sourcils de son père se haussent. « Tu n’es pas sans savoir que, présentement, je me déplace principalement en Bretonnie…
— À la Baronnie de Grenouille ? Oui, j’en ai entendu parler. » Les paroles, lancées sur le ton de la conversation, menacent de faire frissonner Aithibyll. Elle sait que sa famille, bien qu’elle ne le montre pas, suit plus ou moins ses mouvements. Mais à ce point… non.

« Oui. Certes. En l’occurrence, je suis sur les traces de Kurt Prochnow, et…
— Je croyais que les asrais s’occupaient de l’affaire ?
— Oui. Ils m’ont même affirmés qu’ils me tiendraient au courant. Mais tu sais comme ils sont. Et je ne préfère pas prendre risques avec cet … homme. Ce cultiste. Dégénéré.
— Ce qui ne t’as pas empêché de prendre du bon temps à la Baronnie de ce seigneur de Cadent…
— Père ! J’ai presque été piétinée à mort par un razorgor ! J’ai parlé avec un revenant nain d’avant la Thalu’Kenui, suivi les âmes en peine de nos ancêtres de cette même époque à travers un tombeau à ciel ouvert, ai failli mourir tuée par les bêtes corrompues dans une forêt liée aux racines du monde, mais coupée de ghyran… Je ne crois pas que l’on puisse dire que je n’ai pas tenté d’œuvré quelque peu pour le bien de ce monde et pour la Toile ! Et c’est pour cela que je suis ici, parce que j’ai besoin d’un peu de soutien dans cette tâche. »

Peu à peu, elle a haussé la voix d’indignation, et s’est rapprochée de son père jusqu’à n’être qu’à quelques cheveux de lui. Elle sent ses propres yeux le foudroyer, tandis que lui ne se décontenance pas, et se contente de lui rendre un regard calme. Elle a l’impression, même, de voir l’ombre d’un sourire amusé passer sur ses lèvres.

« Et cela, je le sais. Enfin, c’est un bien grand mot, et c’est pour cela que je voulais l’entendre de ta bouche. Et ta requête, donc ? »

Elle recule, quelque peu décontenancée, puis fronce les sourcils.

« J’ai besoin d’un cheval. » finit-elle par lâcher. « Cela fait quelques temps déjà, depuis mon… bannissement initial, que je ne dépense pas une bonne partie de ce que vous me faites parvenir pour subsister, ainsi que le peu que j’ai pu gagner durant mes aventures, mais cela prend quand même quelques temps, et je me disais que comme j’étais rétablie dans la famille, même si je ne suis toujours pas autorisée à rester aux Collines d’Ambre, que je pouvais demander quelque soutien pour ce faire. »

Pendant qu’elle disait tout cela, son père s’était mis à marcher dans la clairière, tout en l’écoutant. C’est donc en lui parlant derrière son dos qu’il répond : « Et tu as besoin d’un cheval pour poursuivre des revenants d’âge révolus et t’aider à combattre les scions des dieux sombres, toi qui n’a jamais été entrainée au combat monté ?
— Non, non bien sûr. C’est toi qui m’a mené sur ce terrain de discussion, en pleine connaissance de cause d’ailleurs ! Je n’ai fait qu’essayer de… m’adapter à ce que tu disais. »

Dans le regard d’Aithibyll, l’accusation est réelle. Son père hausse les épaules.

« Ta mère n’est pas là, il faut bien que quelqu’un tienne son rôle.
— Que crois-tu de la raison qui m’a poussée à te mander ? Je n’ai pas envie de me jeter dans la gueule du loup.
— Ha ! Bien répondu. Mais tu ne m’as toujours pas dit pourquoi tu voulais un cheval.
— Eh bien… Il n’est que normal qu’une héritière de la Lance Dansante, envoyée qui plus est chez les seigneurs humains, bénéfice de moyens de se déplacer à la hauteur de son rang, il en va de l’image de la famille.  Et je ne parle pas de la dangerosité et la longueur des voyages que je dois faire pour vous visiter, ainsi que ces dignitaires. Une héritière Eonir ne peut pas être raisonnablement exposée au danger de la sorte… »

Elle marque une pause, n’ayant plus d’arguments à avancer pour l’instant. Son père se retourne.

« Tu avais préparé tout cela à l’avance, n’est-ce pas ? lâche-t-il d’un air entendu.
— … Oui. Il le fallait bien.
— Et tu vas me faire croire que tu as besoin d’un cheval pour remplir tes responsabilités envers la famille, toi qui justement, n’a pas de responsabilités ?
— Un détail que je souhaiterais précisément soumettre à de grands changements. »

Son père s’arrête dans ses pas. Il n’y a plus d’ombre de sourire sur son visage, ni d’amusement dans son regard. Non, ses yeux la transpercent de part en part. Heureusement, se dit-elle, qu’elle s’est préparée à une telle réaction, sans quoi elle n’aurait pu s’empêcher de faire un pas de recul.

« Oh ? » dit-il alors, toujours aussi calmement. « J’écoute. »

« J’ai, comme tu le sais je suppose, encore quelques responsabilités que je me suis moi-même incombées qui, pour l’instant requièrent mon attention. Mais je pensais, une fois celles-ci réglées, demander à devenir ambassadrice pour la famille ou, plus largement, pour la Reine. Après tout, je ne peux pas encore vraiment demander à lever mon ban, et me dis que ce serait une manière de pouvoir tout de même contribuer à la famille malgré cela, grâce au fait que je voyage quelque peu, maintenant que vous m’avez rétablie à ma place. »

Elle n’est pas du tout certaine que ce qu’elle vient d’avancer convaincra son père. Elle n’est même pas sûre d’être convaincue elle-même. L’idée lui est venue sur un coup de tête, si récemment… Son père, en face d’elle, ne dit rien, perdu dans sa réflexion, totalement insondable. Après un moment qui lui semble durer bien trop longtemps, ses épaules se relâchent et il prend une grande inspiration.

« … Bien. Cela me convient, pour l’instant. Je devrai pouvoir te fournir un cheval équipé, d’ici à ce que tu repartes. Je crois pouvoir trouver quelque destrier qui maîtrise l’amble. Tu fourniras bien entendu tout ce que tu as économisé. »

Aithibyll hoche la tête silencieusement, et attend la suite. Car elle ne doute pas un instant que son père ne va pas s’arrêter là. Il n’est certes pas sa mère, mais il n’a jamais rien donné sans attendre quelque chose en retour.

« Je discuterai de ta requête avec ta mère, et nous verrons ce que nous ferons de toi. Tu peux encore vaquer à tes occupations pour l’instant, mais ne t’estime pas tirée d’affaire. Je juge que tu t’es, pour ce cheval, engagée envers nous pour que nous te trouvions un rôle adéquat à jouer… et que tu te tiendras à le jouer. »

Elle ne recule pas devant le regard inflexible qu’il lui jette, et hoche la tête.

« C’est entendu », dit-elle. « Tu ne m’as pas appris à donner ma parole dans le vent. Je suis une fille de la Lance Dansante, et je compte bien m’en montrer digne jusqu’au bout. »

Son père hoche la tête en retour, ce qui ne manque pas de la surprendre. Après un petit moment, il rajoute :

« Et saches que je prends note de tout ceci. Je n’ai pas menti en disant que tes voyages t’avaient fait grandir de plus d’une façon. Même ta mère, je pense, en sera peut-être un peu impressionnée…
— L’arrivée imminente de ce qu’on croyait être la Rhana Dhandra ne l’a pas impressionnée », le coupe Aithibyll, un sourcil levé.  
«  … certes. Nous verrons bien quelle sera sa réaction. Toujours est-il qu’il me plaît de te voir agir ainsi, ma fille. On croirait presque que tes récentes aventures t’ont inculqué quelque maturité. Je place de grands espoirs dans ce que tu m’as dit, et si tu agis bel et bien ainsi… alors tu te montreras digne du nom de la Lance Dansante. »

Surprise, Atihibyll lève les yeux pour regarder le visage de son père. Pour une fois, ses traits semblent s’être adoucis. Et en un instant, le tout disparaît à nouveau pour faire place à cette expression neutre et insondable qu’il arbore autrement en toute circonstance.

« Mais j’y pense seulement », reprend-il. « Sais-tu seulement t’occuper d’un cheval ? »

Il faut un instant à la jeune elfe pour se remettre de ce que son père vient de lui dire. Mais une fois cela fait, un sourire apparaît sur son visage.

« Un peu. Mais j’ai toujours Jam’y –hem, je veux dire, Jamethyl– avec moi pour le faire. »
— C’est vrai, il y a Jamethyl… » admet son père, d’un air pensif.

«  Tu sais comme il est », enchaîne-t-elle, « il saura s’occuper de n’importe quel destrier sans faillir.
— Hmmm… Tu as sûrement raison. Oui, cela me convient. » Après un petit moment de silence, il relève la tête, et continue : « Aurais-tu autre chose dont tu souhaiterais me parler ?
— Non… père.
— Fort bien, je vais me retirer et te laisser à ton exercice de la lance. Le soleil commence à être bien levé et mes devoirs vont bientôt commencer à me rattraper… Mais qui sait, peut-être qu’un jour prochain, je pourrai  peut-être venir jauger moi-même ce que tu as appris dernièrement à la lance ? »

Aithibyll ne peut s’empêcher de sourire : « Ne fais pas de promesse que tu ne peux tenir, tu n’as guère eu de temps pour tes enfants depuis que notre bien-aimée reine nous a envoyés au Collines d’Ambre… et de toute façon, tu me battrais à plates coutures, comme toujours. »

Alors qu’il commençait à se diriger vers la sortie de la clairière, Orodhryal laisse s’échapper à son tour un petit sourire.

« Il n’y a que comme cela qu’on apprend le mieux, tu devrais le savoir… De plus, il n’est pas exclus que, bientôt, tu commences à me donner du fil à retordre, j’en suis certain. »

Arrivé sous les frondaisons, il se retourne une dernière fois.

« Tiens. Je suis aussi certain que ton frère sera également ravi d’apprendre que tu cherches des responsabilités en tant qu’ambassadrice de la famille »

Il n’y a pas de trace d’humour dans le ton de son père, et le visage d’Aithibyll s’assombrit à ces propos.

« Qu’il ne se fasse pas d’idées non plus. Je suis avant tout autre chose une héritière de la Lance Dansante, et je compte bien le rester. »

Il laisse s’échapper un léger soupir, avant de continuer.

« Parfois, je regrette qu’il ressemble trop à sa mère, et toi à moi. Je te demande simplement de ne pas lui forcer la main.
— Je ne compte pas m’effacer devant lui. » répond-elle, se redressant, la main se resserrant sur sa lance l’espace d’un instant, avant de se relâcher. « Mais je ne compte pas non plus aller au-devant de mes ennuis, ni des siens, si cela peut te rassurer.
— Fort bien, je me résoudrai à devoir me contenter de cette réponse. » finit-il par répondre. « Ceci étant dit, quant à notre problème initial, je reviendrai vers toi, ou ferai mander quelqu’un, d’ici ce soir pour te donner des nouvelles de ton destrier. »

Elle s’incline bien bas.

« Merci, père. »

Ce dernier lui jette un dernier regard, dans lequel elle devine une expression étrange, qu’elle ne lui connaît pas. Sans un mot, il incline la tête avant de reprendre son chemin. Bientôt, il a disparu entre les arbres, et elle se retrouve à nouveau seule dans la clairière.


* * *
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Le coin récits (de Gromdal) - Page 3 2020_018
Les parents de cette brave Aithibyll, Orodhryal et Aithirya.


J'espère que, pour les peu que cette lecture aura tenté, ça vous aura plu. Smile

Des bisous (de sang), en attendant, restez bien hydraté, de préférence à grands renforts de breuvages maltés. Le coin récits (de Gromdal) - Page 3 1590391396

Grom'

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Lun 3 Aoû 2020 - 23:58
Je prend quelques minutes pour réagir.

C'est toujours un plaisir de lire tes textes. C'est fluide, bien écrit, et on sent une réelle personnalité chez les personnages, ce qui est en soit le plus dur à faire.

En tant que privilégié connaissant Aithibyll, je ne peux qu'en plus me réjouir de savoir qu'elle aura un cheval, enfin. Et en plus, on a ainsi des détails bien sympas, comme par exemple le vrai nom de Jam'y, ou la relation entre Aithibyll et son père.

Ça "l'humanise", à défaut d'un meilleur terme pour une elfe Sourire .

Mais bref, je le dis et je le redis, des textes comme ça on en veut d'autres. À la pelle, et même à la brouette !

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Le coin récits (de Gromdal) - Page 3 2442907557  "Et quand les morts se lèvent, leurs tombeaux sont remplis par les vivants"  Le coin récits (de Gromdal) - Page 3 2442907557

Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D

Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun

Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
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Jeu 27 Aoû 2020 - 14:09
Well well well, here we go again. Encore un petit récit inspiré de mes parties de jeu de rôle. Mais, pour une fois, ça ne sera pas cette bonne vieille Aithibyll. Même pas Warhammer en fait. Non non, aujourd’hui, c’est du Sails of Space au menu.

Pour ceux qui n’en auraient pas déjà eu vent, c’est un JDR 100% made in Magnan… qui est difficile à expliquer en fait. Si je devais le résumer, ça serait « JDR space-opera pirate oscillant entre 17e siècle et fin 19e, mi fantastique mi-steampunk ». Ouais, on se pose là quand on peut naviguer dans un warp fantasmagorique à bord d’un brigantin tout droit sorti du 18e siècle, mais avec des moteurs éthériques et dont l’équipage peut-être peuplé d’extraterrestres en tout genre.

Si vous avez besoin d’une confirmation, oui, Sails of Space, c’est le feu. (Mieux encore, dans notre campagne, c'est le feu sur un fond d'accordéon musette, parce qu'on s'est retrouvés à adopter le musette comme hymne de notre navire. Oui, nous sommes un peu fous, c'est comme ça qu'on... s'amuse comme des fous. XD)

Ah, et en prime, le généreux MJ (en la personne du créateur du JDR, soit donc Magnan), permet carrément de créer de nouvelles races d’aliens, voire d’en reprendre d’autres univers. C’est comme ça que je me retrouve avec une espèce d’asari de Mass Effect, mais retravaillée à la sauce SoS. Ce n’était qu’une question de temps avant que je craque à l’envie d’en écrire un peu plus sur mon personnage et sur son espèce que j’ai pas mal remodelée à partir de l’inspiration originelle, sous la tutelle de Magnan.

Spoiler:

Pour ceux qui auront envie de lire tout ça, je vous souhaite une bonne lecture. Wink


* * *


Alyra traverse les allées de la bibliothèque babialite, bordées d’étagères croulant sous le poids de tous ces livres épais qui débordent à chaque rangée. Avec curiosité, l’æsrei parcourt les différentes couvertures, murmurant à voix basse les titres qu’elle y lit. Sa main s’approche parfois d’un ouvrage, hésite et se retire, puis elle continue son avancée.

Finalement, elle s’arrête devant un tome discret, presque cachée entre deux ouvrages massifs qui dépassent largement de l’étagère sur laquelle ils se trouvent. « Culture Bovn et autres curiosités de Mitron ». La curiosité piquée au vif, elle s’empare du livre avec un sourire amusé. Voilà qui sera parfait pour remplir ce début de soirée, car elle compte éhontément profiter du laisser-passer de l’intendant de Muzzafer Bey et du retardement du départ du Millenium Condor pour passer un bon moment dans la bibliothèque réputée.

Son livre entre les mains, il ne lui reste plus qu’à chercher un pupitre, de préférence avec un siège, pour l’y étudier. Elle finit par en trouver un baignant dans les rayons teintés de couleurs chatoyantes par le soleil bas qui filtre à travers une large fenêtre. Sur cette dernière, entre des rouleaux de parchemins et les livres oubliés posés pêle-mêle, un large coussin de velours semble attendre que l’on s’installe dessus.

Intriguée de l’informalité d’un tel siège, elle s’assoit sur le banc du pupitre, où elle pose son précieux ouvrage sur la culture d’origine de Bartolomeo, qu’elle est curieuse de connaître plus avant. Elle se perd ainsi dans sa lecture, alors que la lumière qui filtre à travers les vitraux se teinte peu à peu d’or et de rouge, annonçant la tombée prochaine de la nuit.

Un mouvement dans un coin de son champ de vision la tire soudainement de sa lecture. Un renard s’est approché de son pupitre, et saute gracieusement sur le coussin au bord de la fenêtre. Placidement, il s’y roule en boule, la tête tournée vers elle. Alyra, justement, n’a pas quitté les yeux de l’animal. Quelque chose l’y interpelle, une sorte de… lueur d’intelligence, qui ne devrait pas se trouver dans le regard d’un simple animal.


C’est alors que dans ces yeux se met à briller une lumière qu’elle reconnait sur le champ. L’éclat violet qu’elle y voit ne lui laisse aucun doute sur le fait que la bête est en train de pratiquer la psychomancie.

Ta visite a ramené quelques amis autour de la bibliothèque.

Avant qu’elle n’ait pu réagir, la voix a retentit dans sa tête. Calme, presque posée, si l’on excepte le petit accent moqueur qui fait écho au regard perçant, mais pétillant, que lui envoie le renard. Alyra regarde autour d’elle, mais elle semble être seule. Seule… avec cet animal qui visiblement possède le don de la télépathie.


« Que veux-tu dire ? » lui-demande-t-elle alors, tentant de maîtriser les preuves visibles de son étonnement.

Le renard lui rend un regard encore plus pétillant.

Pas si fort… nous sommes dans une bibliothèque après tout, lui répond la voix, non sans amusement. Essaye plutôt de me suivre par l’esprit.

Je sais comment fonctionne la télépathie, merci, ne peut-elle s’empêcher de rétorquer.

Alors, utilise-la dès le départ ? lui dit le renard en penchant quelque peu sa tête.

Je suis désolée que ce ne soit pas la première chose à laquelle je puisse penser devant un renard télépathe ! renchérit-elle, piquée au vif.

C’est à peine si elle entend le renard soupirer dans sa tête, et lui-même secoue la sienne. [/i]Enfin. Que disais-je déjà ? Ah oui, les visiteurs.


Il se lève, et s’étire de tout son long sur le coussin. Alyra remarque alors qu’il porte une petite ceinture d’où pendent quelques bourses… ainsi qu’une dague et un pistolet. Elle ne peut s’empêcher de hausser un sourcil.

[i]Il semblerait que ta présence ici ait ramené quelques invités indésirables
, continue-t-il tout en s’étirant. S’ils n’ont pas bougé depuis que je suis passé devant, ils attendent patiemment devant l’entrée de la bibliothèque, essayant de se faire discrets, disséminés à tous les coins de rues. Mais je repérerais presque leurs faces de rufians par une nuit sans lune.

Je vois bien mais… quel rapport aurait-ce avec moi ? demande Alyra, restée perplexe.

Eh bien, j’ai tout vu depuis la fenêtre d’en face. Le premier gaillard est arrivé juste après toi. Puis deux autres. Ils sont cinq ou six maintenant, avec leur gros pyx de chef.

Alyra fronce les sourcils. Cela ne lui dit rien qui vaille. Un pyx ?

Une sacrée mocheté. Un méliandre je crois, ces poissons avec les bajoues grasses et tombantes, et la lanterne qui dépasse du chapeau. Faut pas oublier les petites dents bien vicieuses qui dépassent de leurs lèvres boursoufflées. Des fois, l’évolution aurait dû regarder ce qu’elle faisait et faire marche arrière, et c’est moi, une erreur de la nature, qui dit ça !


Elle ne réagit même pas à l’étrange remarque du renard. Un méliandre… avec un cache-œil et une marche de brûlure sur toute la partie droite du visage ?

Le renard penche à nouveau légèrement sa tête. Oui, c’est ça.


« Le capitaine Roccanera. » Alyra ne peut s’empêcher de jurer à voix haute. « Qu’est-ce que ce vieux fou pourrait encore à voir avec moi ? »

Le renard s’assied. Pas grand-chose de très amical en tout cas. Je les ai entendus parler de « sorcière » et de « peau bleue »… Besoin d’aide ? La seconde sortie de la bibliothèque n’est pas très loin d’ici, je doute qu’ils t’y attendent aussi.

Alors qu’elle s’apprête à acquiescer, elle finit par se retenir, fronçant les sourcils, ces affaires de sorcières ne lui disent rien qui vaille. Et qu’est-ce qui me garantit que je peux croire un renard télépathe qui sort ainsi de nulle part ?

Presque négligemment, l’intéressé se met à nettoyer sa patte avant. Déjà, ledit renard que je suis ne sort pas de nulle part. À vrai dire, je suis une sorte de mascotte ici, on s’amuse de moi, on me tolère. Même, on a installé ces petits coussins un peu partout pour que je puisse m’y poser. Evidemment, personne ne sait vraiment qui je suis, mais on aime bien avoir ce renard avec cette ceinture étrange qui parfois semble lire vos livres par-dessus votre dos. En contrepartie, j’apprécie cet endroit et, si possible, j’aimerais en conserver le calme. Alors parfois, j’agis en conséquence.

À nouveau, il la transperce de ses yeux au regard beaucoup trop intelligent pour un simple animal. Si tu veux t’assurer que je dis vrai, tu peux aller regarder la place devant l’entrée principale, depuis le vitrail du deuxième étage – on ne pourra qu’à peine te distinguer à travers le verre teinté. Tu ne peux pas rater les quelques gros bras qui font semblant de flâner à chaque coin de rue. Tout le monde autour de ce quartier est babialite, ou presque : ils ne peuvent pas plus détonner de la foule qu’ils ne le font déjà.


Fronçant encore plus les sourcils, Alyra se lève de son pupitre et ferme le tome qu’elle lisait. Ce n’est pas exactement la réponse qu’elle attendait. Au contraire, un mensonge évident de la part du renard l’aurait rassurée. Sûrement. Peut-être. Enfin bref, là, elle se doit de vérifier s’il dit vrai.

Il ne lui faut pas longtemps pour trouver une échelle qui grimpe entre les étagères jusqu’à la rambarde qui fait office de deuxième étage, mais qui n’est guère plus qu’un chemin de ronde posé à mi-hauteur de la bibliothèque, parce que de simples échelles comme celles qui y mènent n’auraient pu en atteindre le haut. Curieusement, le renard la suit, grimpant avec aisance aux barreaux de bois après avoir pris un peu d’élan. Il ne dit plus rien, et se contente de la regarder d’un air insondable. Après tout, Alyra n’a pas appris à lire les expressions sur les visages des animaux.

Le vitrail qui surplombe l’entrée principale est impossible à rater. À moins d’être aveugle, on ne peut pas ne pas remarquer cette gigantesque fresque vitrifiée, vibrante de couleurs avec le soleil couchant. La moitié des étagères de la bibliothèque de l’étage en-dessous baignent littéralement dans les motifs mordorés des éclats de verres qui représentent l’érudit fondateur de l’endroit, et de l’ordre des sages qui s’y trouvent. C’est par-dessus l’épaule du vieux sage – littéralement, puisque ses yeux arrivent juste au-dessus de la partie du vitrail qui marquent l’épaule drapée de velours – qu’Alyra observe la place en-dessous.

Le renard avait donc bien dit vrai. Quatre rues débouchent sur la placette devant la bibliothèque. Placette qui, à cette heure, commence à se faire vide. Les quelques rares étals qui en journée la bordent ont disparu, de même que leurs vendeurs, rentrés chez eux pour la soirée. Quelques badauds y flânent encore, autour de la fontaine, et Alyra ne voit guère plus que leurs turbans de là où elle est. Effectivement, aussi bien camouflés qu’un monitor de la Marine au milieu d’un port marchand, cinq individus à la mine patibulaire tapent du pied aux coins des rues.


Deux aliens, trois humains. Chemises de lin, bottes de cuir, sabre et pistolet à la ceinture. Au milieu des riches badauds babialites, ces marins aux airs de gros bras de pacotilles sortent effectivement bien du lot. C’est à peine s’ils essayent de se faire discrets. À vrai dire, ils ont plus l’air de s’ennuyer qu’autre chose, et de temps en temps, l’un d’eux jette un regard négligent vers la porte de la bibliothèque. Alyra se tourne vers le renard.

Alors, la deuxième sortie ne paraît pas si mal, finalement ?


* * *



Son couvre-chef visé sur sa tête pour être la moins reconnaissable possible, Alyra s’avance en profitant de l’ombre dans laquelle baigne la ruelle, dont le sol de terre battue ne projette plus tant de sable maintenant qu’a pointé la légère humidité de la soirée. Au bout de la voie, elle peut voir entre les deux bâtiments de pierre rouge, la placette devant la bibliothèque. Mieux encore, elle peut voir la forme trapue du vieux capitaine Roccanera, qui se dandine un peu en retrait. Sa peau orangée et plissée de graisse, pourtant si reconnaissable, est à peine visible dans les ombres.

Le coin récits (de Gromdal) - Page 3 User_s11

Ce n’est plus le moment de prendre des risques. Lentement, prudemment, Alyra avance, de derrière une carriole à derrière un tonneau, jusque sous une arche menant dans une petite allée attenante. Elle n’est plus très loin, à une dizaine de mètres seulement. Mais ils sont trop occupés à se parler entre eux et à jeter des coups d’œil vers la bibliothèque que personne ne fait véritablement attention à l’arrière des rues. Elle se demande même, l’espace d’un instant : si elle s’était avancée nonchalamment, comme une passante, auraient-ils fait attention à elle au milieu des quelques badauds ? Peut-être, peut-être pas. Elle n’a pas le temps de s’attarder à ces bêtises.

Elle bascule alors mentalement dans l’éther. Ses yeux tournent immédiatement au noir de jet, iris, blanc comme pupille, et commencent à émettre une légère lumière pourpre. De même, ses mains se mettent à briller du même halo. Puis, plus rien. Ou presque. Pour elle, la silhouette du capitaine pyx vient de s’entourer d’un léger halo violacé. Il ne le sait pas encore, mais dès qu’elle souhaite le faire mouvoir à selon sa volonté à elle, il ne pourra s’en défaire.

Mais ce n’est pas encore fini, parce que les gros bras veillent toujours, et elle doit faire attention à bien laisser au capitaine sa liberté de mouvement. Pour l’instant, elle a à nouveau besoin d’éther, et elle n’a pas de pierre sous la main. Lentement, son esprit s’étend, cherchant dans l’environnement de quoi puiser quelques réserves. Dans un premier temps, elle ne trouve rien, puis un léger filament teinté de jaune rencontre son esprit. Un reste d’électromancie, visiblement. Elle aurait préféré autre chose, mais de l’éther, quelle qu’en soit la couleur, reste de l’éther. Après un désagréable instant de picotement sur tout le visage, elle s’est emparée du filament, et le tire à elle. Voilà qui fera l’affaire.

Elle s’avance devant l’arche qui surplombe la ruelle et, d’un geste de la main, dresse le mur d’éther devant elle. De l’autre, elle enlève son chapeau, révélant son visage, puis dégaine un pistolet. C’est parti pour le spectacle.


« Eh, mais… qu’est-ce que ? »

Le capitaine Roccanera vient soudainement dans flotter dans les airs, et domine maintenant la place depuis la hauteur du premier étage de la maison à côté de lui. Alors que, alertés par ses cris, ses hommes de mains se rassemblent sous lui, son corps se tourne lentement pour faire face à la ruelle, et Alyra, qui s’y trouve bien en vue.

« Capitaine Roccanera. » s’exclame cette dernière. « On m’a dit que vous me cherchiez ? »

L’intéressé ne perd pas son temps à lui répondre, et sa tête s’agite frénétiquement sur son corps qu’elle maintient immobile.

« C’est elle ! C’est elle ! » hurle-t-il à l’attention de ses gros bras, qui commencent déjà à dégainer leurs armes. « Qu’est-ce que vous attendez, abattez là ! Abattez moi cette sorcière avant qu’elle ne me jette un autre sort ! »


Il ne faut pas longtemps pour que les premiers tirs retentissent, et bientôt chaque marin décharge son ou ses pistolets sur Alyra, barrant la ruelle d’un nuage de poudre. La brume nauséabonde se fait bientôt emporter par le vent, et révèle la silhouette de l’æsrei. À ses pieds, des balles de plomb, aplaties et pour certaines encore fumantes.

Intérieurement, Alyra a poussé un soupir de soulagement. Pas d’arme luminique, que de la poudre : ils ne pourront tirer avant d’avoir rechargé, et elle les verra venir. Mais elle a bien l’intention de les en dissuader. Alors que les marins commencent à s’échanger des regards interloqués, sa voix claire retentit dans la ruelle maintenant silencieuse, désertée par les quelques passants aux premiers coups de feu.

« Inutile de gaspiller vos balles, vous ne pouvez pas me toucher. Mais vous pouvez toujours essayer, si votre capitaine souhaite finir sa vie écrasé sur un mur d’une cité babialite… »

Et pour appuyer ses propos, elle envoie sans aucun ménagement la tête de l’intéressé rencontrer la pierre rugueuse de la maison la plus proche, et le fait lentement glisser contre cette dernière, ce qui lui fait arracher une grimace, bientôt suivie d’un cri étranglé.

« A-arrête !
— Quand j’aurais les réponses que je veux, Roccanera. D’abord, si tu veux que j’arrête de mettre en sang la moitié de ton visage qui n’est pas encore noyée dans les cicatrices, tu vas ordonner à tes hommes de poser leurs armes sur le sol. »


Mais le pyx ne lui répond pas. Sans même bouger autre chose que ses yeux, elle l’envoie s’étaler sur la maison de l’autre côté de la rue, avec un peu plus de force cette fois. Devant le cri de douleur que laisse échapper son chef, le marin qui avait commencé à recharger son arme s’arrête d’un seul coup, hésitant.

« Je ne t’ai pas entendu, Roccanera !
— J-je… d’accord ! Vous l’avez entendue, posez vos armes les gars, faites ce qu’elle dit ! » finit par céder le capitaine, dont la bouche déformée laisse s’échapper un mélange de bave et de sang sur les pierres du mur.

Alyra sourit. Jamais elle n’aurait imaginé, avant ces quelques mois passés sur le Millenium Condor, que l’éther pouvait avoir un aspect si intimidant sur les peuples extræsréïques. Et elle compte bien en profiter pour se sortir de cette situation on ne peut plus épineuse.

« C’est ça, faites les glisser vers moi ! s’exclame-t-elle. Et les sabres aussi ! Doucement, les mains bien en vue. »

Bientôt, ce sont sept pistolets et autant de lames qui jonchent la terre battue, entre elle et les marins. Enfin, elle se permet de laisser retomber la barrière éthérique devant elle. Et il était grand temps, un peu plus et elle n’aurait pu la maintenir.

« Bien. Maintenant, on peut parler. En voilà des façons d’accueillir ton ancienne navigatrice, capitaine Roccanera. »

Alyra a craché le nom du pyx comme une insulte, en y insufflant tout le dégoût qu’elle a pu rassembler. Le seul œil valide de ce dernier, qu’elle a écarté quelque peu du mur, lui renvoie une expression tout aussi méprisante. La moitié de son visage est couverte d’un mélange de sang et de poussière ocre arrachée au mur, qui goutte petit à petit sur sa chemise de lin noire, entrouverte sur son torse boursouflé.


« Tu nous avais caché que tu étais une sorcière, Alyra, finit-il par lâcher.
— Tu m’avais caché que vous n’étiez rien de moins que des pirates de bas étage sans foi ni loi, rétorque-t-elle amèrement. Nous sommes quittes.
— Tu ne peux pas t’enfuir indéfiniment ! Je connais bon nombre de personnes qui payeraient très cher pour avoir des « anomalies éthériques » sur leurs tables de dissection… »

Les yeux d’Alyra se plissent jusqu’à se réduire à de simples fentes donnant sur les ténèbres. C’était exactement ce qu’elle ne voulait pas entendre. D’une pression de la main, elle se remet à écraser l’homme-poisson contre le mur de pierre, qui se grogne derechef de douleur. Les marins, muets devant le spectacle, commencent à reculer. Sauf un, qu’un tir de pistolet luminique soulevant le sable devant ses pieds dissuade de tenter de s’approcher de l’æsrei.

« J’aurais dû me douter que tu te mettrais à ma poursuite après ce que tu as fait au biomancien sur Nélitra, et j’ai bien eu raison de te quitter à ce moment-là… siffle-t-elle entre ses dents. Qui as-tu mis au courant ? Qui ?
— Personne, personne ! se met à gémir le pyx. C’est un membre de l’équipage qui t’as vue faire de l’éther quand tu étais encore parmi nous. Mais personne n’est au courant en dehors du bateau, je… je ne voulais pas lâcher d’autres sur ta piste, pour rester discret.

— Ça ne me suffit pas ! crie Alyra en retour. Comment m’as-tu retrouvée alors ?
— Le capitaine Mordent ! s’exclame immédiatement Roccanera. J’ai discuté avec lui, par hasard. Il rêve encore de se venger du Millenium Condor, et il a laissé s’échapper que tu en étais la navigatrice. Avec le nom en poche, ce n’était qu’une question de temps avant qu’on te retrouve. »

Elle ne le montre pas, mais elle est soulagée. Tant que le secret n’est pas trop éventé, il y a encore moyen de limiter les dégâts. Alors même qu’elle se dit cela, elle entend une commotion venant de la place, bien reconnaissable. Les marins l’ont remarquée aussi, et commencent à montrer des signes de nervosité. C’est la garde qui s’approche.

« Très bien, messieurs. Moi et votre capitaine allons partir de notre côté. Et vous du vôtre. Mais ne vous inquiétez pas, je vous rendrai votre capitaine bien assez tôt, sain et sauf, une fois qu’il aura rempli son rôle de garant, garant que vous ne me suiviez pas. Me suis-je faite bien claire ? »

Les gros bras regardent leur chef, qui hoche nerveusement de la tête. Le cache-œil du pyx s’est presque détaché, dévoilant l’amas de chair brulée qui lui tient lieu d’œil gauche. Comme le pas de la garde se fait clairement entendre, les marins commencent à reculer dans les ruelles attenantes, sans même ramasser leurs armes.

Sans un bruit, Alyra fait venir Roccanera à elle, bien en l’air, et tous deux disparaissent dans la ruelle, l’æsrei courant vivement et le pyx flottant au-dessus d’elle, le visage fermé. Elle prend un virage brusque, puis un deuxième, et enfin un troisième, avant qu’elle n’en perde le compte.

Finalement, ils découchent sur une petite placette, flanquée d’un arbre centenaire. Le soleil s’est définitivement couché, et c’est dans les teintes bleutées de la nuit approchante que les feuilles s’agitent dans la brise. Tout est calme dans les environs, sans aucun badaud en vue. Les fenêtres sont fermées, hormis quelques-unes d’où filtre parfois une douce lumière orangée.


C’est Roccanera qui, la voyant s’arrêter, brise le silence et, par la même occasion, le charme de l’endroit, sa voix humide résonnant sur les murs.

« Tu ne peux pas espérer t’en tirer comme ça ! » crache-t-il. « Libère-moi, et je te poursuivrai jusqu’à ce que l’un de nous deux finisse mort dans une ruelle sombre ! »

Impassible, elle l’abaisse à son niveau, et le met en joue d’un de ses pistolets luminiques. Elle le sent se débattre dans sa gangue éthérique, alors qu’elle approche lentement le canon de son arme jusqu’à en toucher son front tremblotant et dégoulinant de sueur.


« Si je comprends bien, dit-elle calmement, tu me conseilles de te tuer, ici et maintenant ? »

Le pyx ne répond pas, mais ne peut s’empêcher de ravaler sa salive à grand bruit. Après l’avoir laissé suer encore quelques longues secondes, Alyra laisse retomber son masque de froideur, et rengaine son arme, satisfaite de son numéro. Bientôt, Roccanera se retrouve à s’élever dans les airs, accompagné par la voix de l’æsrei.

« Mais, vois-tu contrairement à toi, je tiens mes paroles, et j’ai dit à tes gros primates que je te laisserai partir sain et sauf. »

Elle finit par déposer le pyx au sommet de l’arbre, sur une branche qui grince et ploie quelque peu… mais ne casse pas sous son poids. Soudainement relâché, l’homme-poisson se voit obligé de se saisir rapidement des branchages pour ne pas chuter.

« Cela dit, je n’espérerais pas vivre encore très longtemps, si j’étais toi. » lui parvient la voix d’Alyra, qui quitte déjà la place d’un ton grave. « Je ne pense pas que j’aurais le déplaisir de contempler ton cadavre dans une ruelle, mais tu n’échapperas pas longtemps à ton sort. »


Le pyx lâche une branche d’une main pour se saisir de son pistolet, mais son mouvement trop brusque le force à se ragripper promptement sous peine de tomber.

« Tu ne perds rien pour attendre, sale pute ! » lâche-t-il alors de sa voix la plus hargneuse. « J’aurais ta peau, et rien ne me fera plus plaisir que de la vendre à un scientifique rénégat sans scrupules pour qu’il te dépèce jusqu’au moindre morceau ! »

Mais ses cris se perdent dans le vide. Alyra est déjà partie et, d’un pas vif, elle se dirige vers le port militaire, où se trouve le Millenium Condor. Elle espérait ne pas avoir à le faire de tout son voyage en dehors des planètes-mères, mais elle va devoir envoyer un message à la Gardienne la plus proche. Heureusement que nous sommes à Babiali, pense-t-elle, le lumigraphe pourra rapidement atteindre celle de la cité-capitale babialite, de l’autre côté de la même planète.


* * *



La lune a fini par se lever sur la cité portuaire babialite de Batman. À l’ouest de la cité se tient le spatioport civil, où sont ancrés quantité de bateaux à perte de vue, venant de tout l’espace gaïque. À cette heure, plus aucun vaisseau n’entre ou ne sort du port, et c’est sur les ponts mêmes des navires que continue l’activité débordante qui, de jour, règne sur les docks. Çà et là, des lanternes sont allumées, révélant les marins dansants, dont les chansons, de toutes les langues gaïques, résonnent dans le port.

C’est dans une ruelle sombre et, au milieu de la nuit, déserte, que s’ouvre soudainement une porte sur le vide, aux bords crépitants d’énergie. Depuis le rebord d’une fenêtre, un chat errant, seul témoin de la scène, s’enfuit de la ruelle sans demander son reste.

Une première tête jaillit de l’ouverture. C’est une æsrei à la peau grise, presque noire, parcourue d’arabesques d’un rouge crépitant, qui semblent presque briller au milieu de cette peau si sombre. Après avoir regardé de part et d’autre de la ruelle, elle sort complètement du portail, bientôt suivie par quatre autres de ses congénères. Elles sont toutes habillées de vêtements de cuir sombre, sauf la dernière, qui elle est vêtue des vêtements amples propres à Babiali. Après être sortie, cette dernière se retourne vers le portail et, d’un geste circulaire de sa main gauche, fait disparaître l’ouverture éthérique sans un bruit.


Elles avancent doucement dans les rues désertes, sans un bruit. Elles ne se parlent pas mais, sans même faire de gestes, se meuvent à l’unisson, passant devant les échoppes fermées et les hangars aux portails verrouillés. Avant qu’elles ne débouchent sur le port, l’une d’entre elles lève les bras. Ses mains, d’une peau où s’entremêlent des teintes de bleu à la fois sombre et froides, s’illuminent d’un halo bleu pâle. Le petit groupe s’arrête un moment, puis l’æsrei incantant hoche la tête, et elles reprennent leur avancée.


* * *


Sur le Conquérant, brigantin à la coque sombre portant des couleurs passées rappelant Hélios, l’humeur n’est pas à la fête dansante comme sur les trois navires marchands amarrés deux vaisseaux plus loin, sur le même ponton. Au contraire, éclairés par quelques lanternes dans la noirceur de la nuit, une dizaine de marins assis en cercle sur le pont écoutent deux de leurs camarades, un pyx et un humain, leur raconter à voix basse l’étrange rencontre qu’ils ont fait dans la soirée avec leur ancienne navigatrice.

Justement, la nuit commence à se faire un peu trop sombre pour ce genre de révélations et, alors que ses compagnons, bouches bées, écoutent le récit de leurs camarades, un Félid au pelage écaille-de-tortue se lève pour aller allumer une autre lanterne.

Il n’aime pas ça, la brume qui vient de tomber silencieusement sur tout le port ne lui dit rien qui vaille. Une telle purée de poids n’est pas exactement normale, surtout après une journée aussi sèche et estivale. Ou alors, c’est qu’il ne connaît pas assez bien la planète. Hmmm. Après tout, il a déjà vu des mondes où les gens vivaient sur des montagnes flottantes, et d’autres où les déluges de poissons étaient communs lors de la saison des pluies. Une fois qu’on a assez baroudé dans l’espace, on apprend à se faire à tout.

Haussant les épaules, le marin se saisit d’une lanterne posée sur les marches menant au pont batterie, un mouvement aperçu du coin de l’œil lui fait tourner la tête brusquement. Mais il n’y a personne. Cette partie du pont est déserte. Pourtant, il est certain d’avoir vu une ombre passer sur le sol. Mais il n’a rien entendu non plus. Étrange car, instinctivement, le poil de son dos s’est hérissé. À moins que ce ne soit la fraîcheur apportée par la brume, car après tout les nuits sont froides à Babiali, aussi froides que les journées sont chaudes.


Il parcourt le pont une dernière fois, plissant les yeux, mais n’y voit personne d’autre que ses camarades en train de discuter, près de la proue, qu’il devine au halo de leurs lanternes. Difficile de voir, en même temps, à plus de quelques pas à travers l’épaisse brume qui s’est répandue depuis la plaine, sans source de lumière. Peut-être qu’il va prendre deux lanternes au lieu d’une. Oui, oui, deux lanternes feront l’affaire.


* * *


Dans sa cabine, sa baie vitrée donnant sur l’étendue désertique de la plaine s’étendant à l’Ouest de Babiali, le capitaine Roccanera panse ses plaies en grognant. C’est tout juste s’il ne s’est pas brisé une arrête en chutant de ce maudit arbre. Heureusement, sa chair flasque a absorbé le gros du choc. Cela dit, quelle plaie de devoir la panser ensuite ! Avec une chair aussi molle, impossible de le faire correctement…

Maugréant contre la trop faible pression qui règne sur cette maudite planète – et le fait qu’il n’aurait dû n’engager que des pyxs dans son équipage pour régler la pression de la bulle atmosphérique à sa convenance – il continue de se couvrir de bangages, sans remarquer immédiatement l’ombre qui, à travers l’interstice de l’ouverture de sa porte, commence à se glisser sur le mur faisant face à son bureau, révélant une silhouette immanquablement féminine.


« Par l’Abysse des ancêtres ! » s’exclame-t-il lorsque, enfin, il remarque la silhouette qui s’étale en face de lui, entre deux lanternes pourtant allumées.

Figé devant le spectacle, il regarde les traits qui semblent se dessiner sur l’ombre, et finissent par se détacher en relief de cette dernière. C’est toute une personne qui jaillit ainsi de l’ombre, une femme dont des tentacules lui tiennent lieu de chevelure.

« **** de merde ! »

Reconnaissant une æsrei, il se tire de sa torpeur alors que l’ombre d’origine commence à se dissoudre et que se dessinent enfin aux pieds de l’æsrei les ombres projetées par les lanternes de sa cabine. Roccanera, se jette sur son pistolet, toujours rangé dans son baudrier et posé négligemment sur son bureau.

« Vous n’êtes pas Alyra ?! » demande-t-il, remarquant que la peau de l’æsrei est d’un gris presque noir, teinté de rouge chatoyant. « Qui êtes-vous, que voulez-vous ? »

La femme le regarde la mettre en joue, le regard insondable, les yeux entièrement noirs. Soudainement, ces derniers se mettent à briller. Alors même qu’il s’apprêtait à tirer, une douleur vive le saisit aux mains et, dans un cri de souffrance déchirant, son arme tombe au sol en fumant. Un coup part, envoyant le pistolet brûlant rouler dans un coin de la pièce.

Avant qu’il ne puisse agir autrement, une grande chaleur le prend à la gorge, et il commence à manquer d’air. Son œil valide brouillé de larmes, il se sent chuter. À travers sa vision vacillante, il a encore le temps de voir les pieds de l’æsrei se tourner vers la porte, et cette dernière s’ouvrir. Assailli de douleur, l’air finit par lui manquer définitivement, et il perd connaissance.


* * *


Une deuxième æsrei entre dans la pièce. La peau de cette dernière est d’un vert bleuté, taché çà et là de gris. Sans un regard pour sa consœur, dont les yeux ont d’ailleurs cessé de briller, elle se précipite aux côtés du pyx affalé sur le sol. Alors que ses propres yeux se teintent de noir, elle lui saisit la tête entre ses mains. Après un moment de silence, l’æsrei à la peau sombre lui adresse vivement la parole :


« Alors ? Elle disait vrai ? »

Il faut encore un instant avant que sa consœur détourne son visage du corps inerte de Roccanera et lui réponde.

« Oui, et il n’y a bien que lui et son équipage au courant. Je peux confirmer qu’il a bien fait en sorte que ces derniers n’aillent pas crier les raisons de leur traque sur les toits.
— Parfait ! Et justement, qu’en est-il du reste de l’équipage ?
— Affaire réglée, ou presque.
— Bien. La réserve d’armement ?
— Suffisamment conséquente.
— Alors c’est parfait ! On suit la procédure habituelle, je ne veux aucun survivant parmi ces salauds de chasseurs de manciens. »

L’æsrei à la peau bleu-vert hoche la tête d’un air grave avant de se relever et de quitter la pièce. Sa consœur à la peau grise lève la main, dont les arabesques rougeoyantes s’embrasent alors réellement, et c’est un torrent de flamme qui engloutit bientôt le bureau de bois massif dans un crépitement frénétique. Satisfaite, elle s’en retourne également d’un pas vif, laissant le capitaine Roccanera inconscient au milieu de la pièce en proie aux flammes.


* * *


Depuis les navires amarrés à côté du Conquérant, personne ne peut remarquer à travers la brume trop épaisse les quelques silhouettes qui semblent disparaître dans le néant sur le pont. Par contre, on remarque bientôt avec inquiétude les flammes qui se mettent à en lécher la coque, car le brouillard ne peut en cacher le halo orangé, beaucoup trop puissant.

Quelques marins tentent de s’approcher du vaisseau en proie aux flammes, mais beaucoup préfèrent tout simplement s’en éloigner précipitamment. Et ils ont bien raison : alors que retentit seulement la cloche du port et le clairon, lointain, de la barge volante des combattants du feu, une puissante explosion vient ébranler le navire et envoie des débris incandescents dans toutes les directions. La réserve de poudre vient de partir en fumée, disloquant une partie de la coque au passage. La proue se désagrège, basculant dans le vide, et ses restes rougeoyants s’éparpillent dans le sable de la plaine désertique en contrebas.

Mais le pire reste encore à venir, et il n’est plus question d’essayer de combattre le feu, qui a engloutit tout ce qui reste du vaisseau. La barge des combattants du feu, arrivée sur la scène, ne le voit que trop bien. Après avoir fait un tour du navire pour tenter, en vain, de repérer d’éventuels prisonniers des flammes, c’est sur les navires voisins qu’elle récupère les quelques marins qui n’ont pas encore fui la scène.

Bientôt, c’est une seconde explosion qui déchire le silence de la ville. Mais elle n’a rien à voir avec la première. Non, une gigantesque sphère de lumière bleue et aveuglante a réduit à l’état de miettes toute la poupe du Conquérant. Des éclairs bleutés partent dans toutes les directions. Le ponton auquel le navire était amarré tremble et cède, et tous les vaisseaux voisins sont secoués par le souffle puissant de l’explosion. Un mat chute sur un navire proche, puis un autre, plusieurs voiles prennent feu.

Il est temps pour les combattants du feu de tenter de contenir ce qui est à leur portée et, bientôt, des jets d’eau viennent éteindre les débuts de feu sur les autres navires. Sauver le Conquérant était une cause perdue, et l’implosion des moteurs éthériques n’était qu’une question de temps. La ruine qu’est le vaisseau se met à chuter lentement dans un nuage de fumée, et le squelette de la coque se disloque sous les flammes bleutées qui le dévorent, au milieu des restes, eux, rougeoyants, de la proue.


* * *


« Z’avez entendu, m’dame Valtordis ? »

La voix du timonier tire Alyra de sa rêverie, appuyée sur le bastingage du château de poupe du Millenium Condor. Sous le navire, la ville de Batman s’étend de toute sa taille, et disparaît peu à peu à travers les nuages alors qu’ils prennent leur envol pour quitter l’atmosphère de Babiali. Elle n’a absolument pas écouté ce que le jeune hyspadien à la barre aurait bien pu lui raconter.

« Qu’y a-t-il, Cristobal ? demande-t-elle en tournant légèrement la tête dans sa direction.
— Les ouvriers des entrepots disaient ce matin qu’un navire avait pris feu au beau milieu du port civil, avant de sauter complètement ! Une demi-douzaine de bateaux à côté n’ont pas pu partir à cause des dégâts occasionnés !
— Hmmm. Ce sont des accidents qui arrivent, et c’est pour cela qu’il faut toujours être vigilant avec les réserves de poudre.
— Mais m’dame, vous vous rendez compte ? Y paraît qu’y a fallu moins de dix minutes pour que les flammes prennent l’entièreté du navire ! Faut que ça soit un sacré accident pour ça quand même. »

Comme l’æsrei ne réagit pas, toujours appuyée contre le bastingage, le marin continue.

« Et les autorités babialites sont d’accord avec ça ! Ils vont enquêter bien sûr, j’espère qu’ils trouveront quelque chose !
— J’en doute, pour ça il leur faudrait des survivants.
— Comment ça m’dame ?
— J’ai déjà eu vent de l’incident. La totalité du bateau est partie en fumée, Cristobal, répond Alyra d’une voix lasse, et aucun membre d’équipage n’a pu s’échapper avant les explosions. Les seules personnes qui auraient pu nous renseigner dessus servent de nourriture aux crabes des sables babialites.
— Ah… ah oui, c’est sûr que vu comme ça… » Le timonier reste un moment silencieux, puis hausse les épaules. « Heh, dommage. D’aurais bien aimé avoir quelques ragots à glaner sur l’affaire la prochaine fois qu’on retournera ici ! »

Alyra ne répond pas, son regard perdu dans les nuages environnants.

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* * *

Grom'

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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.


Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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