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ethgri wyrda

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Roi revenant
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concours de recits 2017 : textes des candidats Empty concours de recits 2017 : textes des candidats

Lun 18 Sep 2017 - 23:05
Bonsoir à tous, glorieux concurrents pour le titre suprême!

C'est avec joie et retard que j'ouvre ce sujet qui accueillera les textes du concours de cette année!

Petit rappel des règles de cette année!

le thème est AVANT LA BATAILLE, et votre récit devra se dérouler dans le monde merveilleux de warhammer.

-La longueur maximale des textes est de deux pages word en taille 11 ou de 8000 caractères selon le choix des participants

un point bonus supplémentaire sera donné à ceux qui NE PLACERONT PAS dans leur texte les mots suivant:
mots:

-Ce sujet sera ouvert jusqu'au 30, sauf événement imprévu et après discussion sur le sujet de discussion

-Seuls les textes seront postés ci-dessous. Les votes se feront sur un sujet ouvert plus tard, et tout autre message sur le sujet de discussion

Dames et Seigneurs, à Vous! Clap

_________________
Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
vg11k

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Seigneur vampire
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concours de recits 2017 : textes des candidats Empty Re: concours de recits 2017 : textes des candidats

Ven 22 Sep 2017 - 14:28
Aller pour une fois, je me permet d'ouvrir le bal.
Voici ma contribution au cru 2017 que j'ai eu du mal à faire rentrer dans les clous : 7962 caractères Mr. Green

Bonne lecture, bonne compétition et que le meilleur seigneur de la nuit l'emporte ! La plume doit revenir aux ténèbres !




Ascension ardente



   Le clapotis régulier de l'eau le berçait paisiblement. Il sentait son corps flotter dans le néant, enveloppé d'une tiédeur agréable. Cette sensation était tellement différente de tout ce qu'il avait pu éprouver un jour... Si apaisante...

   Mais une courte brise vint troubler ce répit. Suivie d'un battement d'aile furtif. Cette perturbation, pourtant discrète, ramena sa conscience en surface. Il n'évoluait pas dans le néant. Le néant n'était pas empreint de lumière. Or il percevait un masque écarlate à travers ses paupières closes. Laborieusement, il s'obligea à ouvrir les yeux qu'il plissa aussitôt. Il était éblouit. Et pas par une simple flamme.

   Une panique viscérale le bouscula soudain. La lumière du jour ! Il allait brûler s'il ne s'en cachait pas au plus vite !

   Avec de grandes éclaboussures il roula de côté en glapissant d'effroi. Le visage crispé par son aveuglement, il balaya l'endroit du regard. Une grande pièce circulaire, recouverte de carreaux immaculés. Une fenêtre donnant sur l’extérieur. Une arche richement ornée donnant sur un couloir. Et pas la moindre trace d'ombre : il était fait comme un rat. Il se recroquevilla sur lui-même en gémissant, s'enveloppant de ses bras...

   Mâchoire serrée, il mit de longues secondes à réaliser que la douleur ne venait pas. Stupéfait, il releva lentement la tête et examina ses mains et ses épaules. Blafarde, sa peau n'en était pas moins vierge. Exempte de toutes cloques et autres signes de brûlures. Tout comme de ses cicatrices, constata-t-il avec étonnement.

   A la fois soulagé et sous le choc, il se laissa aller en arrière. Il baignait dans un bassin pédiluve. L'eau chatoyante coulait d'une fontaine sur le côté. Immobile, il tenta de se remémorer ses derniers souvenirs. Sa vue lentement accoutumée s'attarda sur une statue féminine trônant au-dessus de la fenêtre comme il faisait le tri dans ses pensées. Il laissa son regard errer sur son armure, sur la courbe de ses hanches et de ses épaules d'où dépassait une paire d'ailes. Ses derniers souvenirs...

   Les flammes... La poussière… Le sang… L'explosion lui revint à l'esprit avec la puissance d'un boulet de canon. D'un bond, il fut sur pieds. Son cousin... le mage... qu'était-ils... non... qu'était-il lui...

    -    Suis-je... mort ? Murmura-t-il en se tournant vers l'extérieur, frappé par son raisonnement.

   Dehors, une brume cotonneuse s'étendait à perte de vue sous un ciel bleu azur. Parfaitement uniforme. Sans le moindre astre céleste.

   Il revint au centre de la pièce, pataugeant dans l'eau. Sans s'attarder sur sa nudité, il chercha à comprendre où il se trouvait. L'extérieur était vide. Et à l’exception de la statue là-haut, ce lieu ne lui inspirait rien.

   -    Ce n'est pas ainsi que j'imaginais les geôles de Morr, songea-t-il à voix haute en se tournant à nouveau la fenêtre.

   Il fit un bond de surprise en découvrant la statue qui se tenait dans l'embrasure. Elle s'avança d'une vers lui d'une démarche féline, sans prononcer le moindre mot et s'immobilisa à un pas de lui.  Puis elle détendit ses ailes de toute leur envergure face à cet étranger abasourdit.

   Il recula lentement, étudiant son corps et tentant de retrouver son calme. Elle était vêtue d'un plastron métallique et d'un simple pagne de soie. Un casque lisse épousait son crâne et lui recouvrait la partie supérieure du visage. Une simple fente cyclopéenne lui permettait de voir.  Elle ne fit pas un geste. Ne prononça pas un mot. Ses lèvres bleutées restaient closes.

   -    Que... qui êtes... vous ? Osa-t-il après un moment, d'une voix qu'il aurait souhaité plus assurée.

   Lentement, elle inclina la tête de côté. Puis se contenta de le fixer sans répondre. Il se savait nu mais n'en avait cure.

   -    Je suis mort, n'est-ce pas ? Insista-t-il. Vous m'avez emmené dans l'autre monde.

   Lentement, il esquissa un sourire en dévorant du regard le corps magnifique de cette créature qui lui était offerte.

   -    La fête éternelle, commença-t-il avec euphorie. Les femmes, les festins...
   -    Les festins attendront.

   Il sursauta en réprimant un hoquet de stupeur. Faisant volte-face, il découvrit un individu immense dans l'entrée de la pièce, arrivé lui aussi sans un bruit. Celui-ci le toisait d'une bonne tête. Engoncé dans une armure épaisse d'un métal uniforme, pas un fragment de sa peau n'était visible. Même son visage était dissimulé par un masque de bronze. Il réprima un frisson lorsque la voix de stentor, amplifiée par son heaume intégral, reprit :

   -    Suis-moi.
   -    Mais...

   Se retournant, il eut juste le temps d'apercevoir les ailes de la femme qui s'esquivait par l'ouverture vers l'extérieur. Là encore en silence. Ignorant le colosse, il balbutia en tendant la main dans le vide. Pourquoi partait-elle ?

   -    C'est une vierge guerrière n'est-ce pas ? Qui emmène trinquer avec les dieux les héros tombés... Ces fous de norses avaient raison...

   Il traversa le bassin jusqu'à la fenêtre. Elle se trouvait en contrebas, filant à toute vitesse.

   -    Une Valk'yr... murmura-t-il en admirant son vol gracieux.

   La femme continua droit devant quelques instants, planant au-dessus du matelas cotonneux. Puis, alors qu'il plissait les yeux, elle disparue.

   -    Elle a... plongé dans les nuages ? Où est-elle allée ?
   -    Ton monde, commenta simplement l'inconnu de l'entrée. D'autres attendent sa venue.

   Il marqua une pause.

   -    Viens, reprit-il d'un ton monocorde.

   Et il s'engagea dans le couloir derrière eux. Sans un bruit.

   Toujours nu, l'homme jeta un dernier regard à la fenêtre puis lui emboîta le pas.

   -    Où sommes-nous ? Quel est cet endroit ? Qu'êtes vous ? Un héraut de l’attardé au marteau ?
   -    Si typique des mortels, répondit-il d'un ton que son interlocuteur interpréta comme un soupir. Ce besoin futile de tout nommer.

   Le nouvel arrivé grimaça mais n'insista pas. Visiblement, son guide n'était pas disposé à en dire plus.

   -    Où allons-nous ?
   -    Apprendre, répondit simplement le colosse. Tu n'es pas prêt. Faible.

   L'homme nu eu un rictus amusé en encaissant cette remarque.

   -    Apprendre quoi ?
   -    La guerre.
   -    Pardon ? S'étrangla-t-il. Quelle guerre ?
   -    L'éternel conflit. La fin des temps approche.
   -    Attends attends... tu veux dire que mourir immolé m'offre le droit d'aller à la guerre avec les dieux ? C'est une blague ?
   -    La guerre finale, insista son guide comme si de rien n'était. Pour que la lumière triomphe de l'obscurité.

   Il réprima un éclat de rire nerveux. Pour que la lumière triomphe ? Ce mastodonte avait-il seulement prit le temps de regarder la couleur de ses yeux ? Alors qu'ils progressaient dans un couloir monochrome, il étudia cette créature plus en détail. Elle portait une armure pompeuse. Et un glaive pendait à sa hanche. Tandis que lui était nu comme un ver. Et désarmé.

   -    Je peux mourir ici ? A nouveau je veux dire.

   L'autre ne prit pas la peine de répondre, continuant d'avancer. Il soupira. Pas de gloire. Pas de pouvoir. Ni de débauche. Cette autre vie n'était pas celle à laquelle il aspirait. Jetant un regard acéré au géant en armure, il n'hésita pas un instant de plus.

   Le glaive glissa de son fourreau sans un bruit. En un éclair et sans que le guerrier ne puisse réagir, il eut le jarret tranché net. Puis la lame se fraya un chemin entre l'épaulière et le plastron. Avec un râle, le colosse mit un genou à terre, manquant de s'écrouler. Le fourbe agresseur remarqua la note claire que fit la genouillère en rebondissant sur la céramique. Premier son que produisait cet idiot. Ou la délicieuse créature ailée d'ailleurs.

   Il le contourna pour se placer face à lui et eut la satisfaction de voir un liquide épais glisser à travers la grimace creusée dans le masque.

   -    Tu peux souffrir, déclara-t-il en laissant la lame dans sa blessure. Donc mourir. Toi aussi.

   Il lui prit le menton entre les mains. Puis lui releva la tête, faisant preuve d'une force insoupçonnée. Il reprit la parole d'un ton de mauvais augure :

   -    Tu vas m'expliquer comment retourner dans le monde des vivants. Si ce n'est pas la récompense promise, cet endroit ne m'intéresse pas. Car ta bisbille céleste ? J'en ai rien à cirer.
RIP
Essen

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concours de recits 2017 : textes des candidats Empty Re: concours de recits 2017 : textes des candidats

Dim 24 Sep 2017 - 14:56
     
     A mon tour, messieurs-dames ! Que le bal se poursuive dans l'allégresse !
                                                                                                                         







Hiver 2051



     Ils se couchèrent dans leurs cercueils, souriants, confiants et gorgés de malice. Qu’est-ce qu’ils étaient beaux, les cercueils comme leurs propriétaires !
     L’expression de ces derniers était celle d’enfants encore échaudés par leur journée, bien que, en vérité, la plupart d’entre eux avaient l’apparence d’adultes. Des hommes et des femmes de tout âge, qui se souhaitèrent un agréable repos, alors que leurs serviteurs refermaient les couvercles sur leurs maîtres.

     Les serviteurs sortirent de la tente de leurs maîtres, craintifs et tremblotants. Qu’est-ce qu’ils pouvaient être détestables, à trimer pour des monstres abjects !

     Le vent remuait les multiples bannières déchirées qui ornaient le vaste campement. Un abject campement ! Qui, parmi les Altdorfers, aurait pu s’imaginer qu’un jour, la plaine entourant les murailles de la cité soit piétinée par d’innombrables hordes de bêtes sanguinaires et de cadavres inapaisés ?!
     Le soleil qui se levait sur la plaine éclaira brièvement ces troupes morbides. Sur les remparts, certains soldats impériaux se seraient volontiers crevés les yeux, si seulement cela avait signifié que le cauchemar cesserait pour de vrai, et que la vie normale, dénuée de ces choses, pourrait reprendre.

     Les serviteurs mortels, craintifs et tremblotants, se retirèrent dans un coin qui leur était gracieusement réservé par leurs maîtres. Entouré de revenants aux armures solides et aux épées affûtées, ce coin était hors de portée des bêtes sanguinaires qui cherchaient constamment des proies.
     Epuisés par la nuit passée, les serviteurs s’y effondrèrent par terre, épuisés, et sombrèrent dans un sommeil de plomb.

     Nul n’aurait su dire qui était le plus à plaindre : ces misérables, ou les Altdorfers assiégés. Quel était le sort réservé à ceux qui choisissaient de résister, hormis la mort, puis la servitude dans la non-vie, en simple amas de chair et d’os destiné à rien d’autre qu’à détruire d’autres vies innocentes ? Jusqu’à présent, nulle armée ayant tenu tête aux morts-vivants n’y avait échappé.

     Altdorf s’éveillait lentement. Trois jours de siège avaient été trois jours de douleur sans fin. Assaut la nuit, répit le jour, et des pertes, innombrables, innombrables. Tenir, prier. Tenir, prier, hurler dans son propre sommeil, hurler en s’éveillant, pleurer, prier. Prier. Mais rien n’était perdu ! Rien n’était perdu ! Rien n’était perdu !! Sigmar, Sigmar leur donnerait la force, la force et la foi, Sigmar protégerait sa cité, et ceux qui croyaient en sa toute-puissance.


     « MANN !! »
     Le voleur tressaillit : le cri venait de résonner dans tout le grand temple d’Altdorf, la vaste nef décuplant sa puissance. Le voleur se retourna.
     « Ne me décevez pas. »
     Pour un peu, il aurait presque cru que Sigmar lui-même s’adressait à lui. Mais ce n’était que le Grand Théogoniste. Le voleur se contenta de lui adresser un salut des adeptes de Ranald, et s’en fut hors de l’édifice sacré.

     Le Reik accueillit le voleur avec toute la froideur de l’hiver. Dans sa petite barque, Mann était au sec, mais l’air tout autour était glacial, et l’eau – mortelle. Le voleur adressa une courte prière au dieu de la rivière, puis dirigea son embarcation vers l’est, et la sortie de la ville.
     Il ne vit personne sur les quais ; en cette triste matinée d’hiver, personne ne songeait à quitter son foyer ou abandonner son poste. L’avenir s’annonçait aussi sombre que le ciel voilé de nuages assommants.

     Marmonnant des prières sans arrêt, le voleur parvint sans trop de peine au campement maudit. Les seuls bruits qui en provenaient étaient le claquement des bannières et les cris monstrueux des bêtes humanoïdes qui parcouraient les environs. En dépit des dizaines de milliers de « soldats » cadavériques, il n’y avait qu’une seule tente, une seule, et pour comble, c’était une tente fort mal gardée.


     Un corbeau égaré se posa près de la tente, arrachant quelques bouts de chair à un bras bleuté qui trainait par là. Peu lui importait qu’un truc disparût dans une grande chose noire, puis en ressortit sur le champ, tenant dans sa poigne engourdie un larcin d’une valeur inouïe…



     Le soleil continua sa lente course à travers le firmament, toujours dissimulé du regard des vivants par une épaisse chape de plomb. Sur les remparts d’Altdorf, l’écrasante majorité des hommes dormait, se couvrant tant bien que mal du froid mordant. Bientôt, cependant, et bien trop vite pour ces défenseurs éreintés, le jour déclina, l’ombre se mua en ténèbres…

    « Que…

     Mon anneau…

     Mon anneau.

     Mon anneau !

     Mon anneau ! Mon anneau !! »

     « Que se passe-t-il, mon aimé ? »

     « Mon anneau ! ELLE DÉROBÉ MON ANNEAU !!! »


     Dehors, les serviteurs s’éveillèrent malgré eux, arrachés du sommeil par un cri aussi assourdissant que l’orage, aussi terrifiant que la mort.


    « Elle croit qu’elle va m’avoir comme ça ! CETTE GUEUSE ! CETTE CHIENNE !! »
     « Vlad… »
     « ELLE NE SAIT PAS CE QUI L’ATTEND ! ELLE NE SAIT PAS CE QUI L’ATTEND !! »


     Le feu noir de la dhar se répandit subitement dans tout le pavillon, n’épargnant que deux êtres se tenant au centre du brasier ; toutes les autres créatures se consumèrent dans d’atroces souffrances, hurlant de les épargner, mais leur seigneur ne les entendait pas, pire : il n’y avait guère d’autre issue pour eux que de mourir, ici et maintenant ! EUX, qui n’avaient pas su le servir convenablement ! EUX, qui se croyaient à tout jamais protégés du mauvais sort, alors que LUI, Vlad von Carstein, venait de souffrir un CRUEL revers de la fortune !!

     Isabella restait là, aussi terrifiée qu’admirative, à attendre que son époux donne libre cours à sa fureur.

     « TOUT  Altdorf brûlera ! TOUT  l’Empire brûlera jusqu’à ce que je la retrouve ! TOUT  le monde  SAURA  que l’on ne défie  PAS  Vlad von Carstein impunément !! »

     Les pans de tissu consumés révélèrent un ciel d’encre, auquel Vlad sembla s’adresser :

     « M’ENTENDS-TU, « PETITE FLEUR » !! TU NE SAIS PAS CE QUI T’ATTEND !! »




***

Thomov Le Poussiéreux

Thomov Le Poussiéreux





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concours de recits 2017 : textes des candidats Empty Re: concours de recits 2017 : textes des candidats

Mer 27 Sep 2017 - 0:30
Je prends donc la suite de mon aimable confrère avec cette modeste contribution:

Je ne suis pas de noble naissance, je n’ai pas eu cette chance.
Je ne suis qu’un vilain, un gueux, un roturier… Je sais que cela n’a pas la même signification partout de part le vaste monde, mais ici, dans ce pays si cher à mon cœur, c’est un fait d’une importance capitale. Je suis un sujet du Roy et un fidèle de La Dame depuis le jour de ma naissance et jusqu’à l’heure de ma mort.
La vie en Bretonnie n’est pas toujours simple pour qui n’est qu’un humble manant tel que moi, mais je n’ai pas tant à me plaindre ; La Dame m’a donné l’occasion de contempler maints spectacles étonnants depuis que je me suis fait Homme d’Arme.
La majorité des paysans vivent et meurent sans avoir jamais quitté leur Duché d’origine, la plupart n’aura sans doute jamais vu d’autres races que celle des ses semblables, ni même goûté la nourriture d’aucun autre pays.
Moi j’ai pu voyager. Certes, c’est la guerre qui fut la raison de chacune de mes nombreuses allées et venues, mais j’ai de ce fait pu contempler des choses que mes compatriotes n’imaginent pas même en rêve. J’ai pu voir de mes yeux la lisière de la Grande Forêt qui est le Royaume des Fées ; et je remercie La Dame que mon Seigneur ai décidé de rebrousser chemin plutôt que de s’y enfoncer, fut-ce d’une seule toise. Je me suis battu aux côtés d’une compagnie de Nains vénérables dans la passe du Montfort. J’ai fait la guerre contre les Orques brutaux et les Hommes-Boucs corrompus par le Chaos. J’ai sillonné l’Empire et les Principautés Frontalières en tous sens au fil des années. J’ai combattu des abominations non-mortes près de Moussillon, à demi-mort de peur moi-même et j’ai tremblé de désespoir devant les hordes sans fin de Gobelins et de Trolls qui déferlaient sur mon bon Duché de Bordeleau. J’ai vu de mes yeux les grandes nefs majestueuses des Elfes des Mers croiser au large de Languille…
Des souvenirs comme ceux-là, j’en ai la tête pleine. Mais ce n’est pas l’un d’entre eux qui a marqué le plus mon esprit. Ce qui m’a toujours fait tenir le coup au cœur d’une mêlée sauvage alors que tout semblait perdu, c’est ce qui se passe une fois que l’host de guerre est enfin rassemblé sur le pré, près à se battre. J’ai dû voir ce spectacle des dizaines de fois, des centaines même si ça se trouve, mais il m’émeut à chaque fois d’avantage.
C’est que nous autres Bretonniens n’allons pas à la mort sans respecter certains usages…

Aujourd’hui ne fait pas exception et le campement entier s’agite alors qu’il fait encore à moitié nuit.
Les lignes sont formées, chacun se trouve exactement à son poste et tous sont prêts à en découdre bravement. Une longue attente s’installe alors que le soleil se lève doucement.
Nous présentons un front de plus d’un millier d’hommes dans la froide lueur de l’aube ; depuis les régiments entiers d’hommes d’armes et d’archers jusqu’aux longilignes unités montées de la noblesse. Ceux qui les composent se dressent fièrement sur de puissants destriers dont l’élan provoque un bruit qui couvrirait sans mal un orage et fait vibrer le sol autour de vous comme si la terre elle-même était toute prête à se soulever. Une vibration qui vous prend droit aux tripes et vous les met à l’envers. Après toutes ces années passées en campagne, je n’ai encore jamais vu qui que soit, humain ou autre, capable de tenir la ligne quand une troupe entière de Chevaliers fonce à bride abattue, pointant de lourdes et longues lances de cavalerie droit sur l’ennemi. Je n’ai pas honte pour eux : c’est une chose terrible que de devoir se tenir là et de voir sa mort fondre sur soi à pleine vitesse.

Quand le soleil est assez haut pour y voir clair et qu’il dévoile les positions de nos adversaires, Dame Eloïse fait s’avancer sa monture de quelques pas élégants et lève haut son bâton de simple bois surmonté d’une fleur de lys dorée pour que tous puissent le contempler.
C’est le signal attendu et espéré par l’armée entière: la sainte bénédiction de La Dame. Les nobles descendent cérémonieusement de cheval et chacun des milliers et des milliers d’hommes rassemblés là, qu’il soit bien né ou simple gueux, ploie humblement le genou et recommande son âme à la bonne garde de La Dame. C’est un moment très personnel, intime, qui ne se partage pas ; une prière fervente non pas pour se garder des coups qui ne manqueront pas de pleuvoir bientôt, mais pour recevoir le courage de se dresser et de se battre jusqu’à la mort s’il en est besoin.

Une fois ce moment de grâce passé, sous le regard le plus souvent amusé de ceux d’en face, nous nous relevons comme un seul homme et les Chevaliers remontent en selle sans plus tarder. Mais nous ne bougeons pas encore, pas tout de suite. Il nous reste un dernier rite à accomplir avant que ne commencent les hostilités.
Une fois en paix avec La Dame, nous devons conjurer la rage qui sommeille encore en notre sein afin qu’elle s’empare de nous et donne force et puissance à nos bras.
Un silence de mort règne sur notre ligne alors que les rangs des braillards à moitié nus de l’autre côté agitent leurs armes grossières et nous injurient copieusement dans leur langue barbare.
Nous attendons un signal de plus et il ne tarde pas à retentir ; la sonnerie profonde et claire d’un cor de guerre qui emplit lentement l’espace autour de nous et nous fait vibrer tous à l’unisson.
D’un seul geste d’un bout à l’autre de la ligne se dressent alors tous les étendards de l’armée.
Je ne connais pas de nation plus haute en couleurs que la nôtre sur ce point ; sinople et gueule, argent, sable et or se mêlent majestueusement alors que les blasons de toutes les grandes maisons présentes resplendissent, comme si La Dame les faisait briller au soleil du matin.
Toutes ces bannières qui se lèvent c’est, comment vous dire…
…c’est comme si une nef colossale tendait d’un seul coup ses immenses voiles chatoyant de milles nuances armoriées.

Alors nous rugissons à plein poumons, plus sauvages encore que nos ennemis et nous levons haut nos armes et nous les cognons comme des possédés sur nos boucliers. Le bruit qui en résulte chasse comme rien toute la crainte qui pouvait habiter encore nos cœurs trop tendres et il faut toute la volonté d’un homme pour l’empêcher de se ruer seul à l’assaut dans un moment comme celui-là.

Enfin de grands sifflements sourds se font entendre de l’arrière de la ligne, suivis de claquement secs et sinistres alors que les grands trébuchets lancent une première salve. Et c’est alors, et alors seulement, que la partie s’engage.

_________________
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concours de recits 2017 : textes des candidats Empty Re: concours de recits 2017 : textes des candidats

Jeu 28 Sep 2017 - 1:11
Je vous présente ici ma modeste (sauf en taille) contribution à notre cher concours. Le texte fait 12 305 caractères (espaces compris).

Je n'ai malheureusement pas pu m'empêcher d'utiliser certains des mots de la liste. Certains sont durs à éviter cela dit (genre "avant").

Quand au mot-valise, j'en ai trouvé un fort adapté : le zombelfe (zombie+elfe), en espérant qu'il t'aidera à préparer tes valises  Devil .

Le prisonnier

Siegward regarda la carte d’un air satisfait. Oui, ce plan allait suffire, et il n’en était pas peu fier. Les défenses de ce campement d’adorateurs du chaos étaient bien érigées, mais il avait trouvé la faille. Trois groupes de fantassins feront diversion avant qu’il ne fasse sonner la charge de sa cavalerie, les prenant par derrière. À l’aube les nordiques seraient balayés. À cette pensée le maréchal esquissa un sourire, se voyant déjà revenir auréolé de gloire devant le comte Ludenhoff, lui annonçant que ses terres étaient débarrassées de ces pillards. Quelle allait bien pouvoir être sa récompense ? Des richesses ? Des terres ? C’est en se posant cette question que Siegward poussa la tenture pour se retrouver à l’extérieur. Il avait pris cette habitude, avant chaque bataille, d’aller saluer ses hommes, de discuter avec eux, de leurs vies, de leurs états d’esprit et de leurs ambitions. Cela lui importait de savoir qui ils étaient, de les connaître en tant que personnes et non en tant que nombres sur un carnet. Et eux lui en étaient reconnaissants.

Dehors la lumière déclinait peu à peu, annonçant l’arrivée imminente de la nuit par des teintes oranges et pourprées. La forêt était drue, mais ils avaient réussi à trouver cette zone plus clairsemée où il avait été possible de monter leurs tentes. Une ambiance détendue régnait parmi ses hommes, un léger vrombissement incessant se faisant entendre alors qu’ils parlaient en s’efforçant de respecter la consigne de faire le moins de bruit possible. Chacun vaquait à une occupation quelconque. Certains se reposaient, d’autres préparaient le repas, mais la plupart s’étaient réunis par petites assemblées pour discuter. À les voir, on n’aurait pas cru qu’un affrontement se préparait, affrontement dont certains n’allaient pas revenir. Mais c’était une assurance gagnées après de nombreuses batailles, même si le maréchal savait que certaines des dernières recrues étaient plus tendues qu’elles ne le montraient. Tournant la tête à droite et à gauche, il finit par se diriger vers un premier groupe de soldats réunis autour d’un feu, certains une chope à la main. En s’approchant d’eux Siegward y reconnut le capitaine Vassili, un kossar barbu et bourru mais qui avait toujours été un bon meneur d’hommes, et un soldat diablement efficace.

Oui.

Jusqu’à ce qu’il se fasse transpercer d’un coup d’épée au cœur.

Siegward tressaillit et se figea, les yeux fixés sur son Vassili. Le kislévite était pourtant bien là, vivant, riant d’une remarque de son voisin de droite. Mais alors d’où venait cette image fugace ? Siegward se détourna et avança mécaniquement dans une autre direction. Cela faisait trop longtemps qu’ils n’étaient pas rentrés, et la fatigue prenait son tribut. La nuit suivante il essaierait de dormir le plus longtemps possible. Mais pour l’heure il devait s’éloigner de ce feu. Il le sentait. Et croiser le regard de Vassili à cet instant lui semblait devenir la chose la plus difficile du monde.

Tout en réfléchissant à ce qu’il venait de vivre, Siegward s’approcha de la tente de Lazlo, le prêtre guerrier accompagnant l’armée. C’était un homme grave et sérieux, qui avait toujours été de bon conseil, et qui avait un penchant original pour la création artistique. De fait, sa tente était toujours remplie d’objets étranges, qu’il assemblait sur un établi disposé dans un coin. Mais pour l’heure Siegward le trouva à-genou en train de prier devant l’autel de Sigmar. Le bruissement de ses paroles saintes portait jusqu’aux oreilles du maréchal, dont la moustache se releva alors qu’il souriait. Un brave type ce Lazlo, surprenant mais brave.

Brave.

Du moins avant sa mort, décapité par un coup rageur.

Siegward pâlit, ses yeux s’écarquillant alors qu’il se détournait, attrapant sa tête de ses mains. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Le prêtre était vivant lui-aussi, et rien de tel ne s’était produit. Alors quoi ? Avait-il fait un mauvais rêve qui le hantait toujours ? Etait-il sous le coup d’une quelconque maladie aussi soudaine que bizarre ? Il se mit à regarder de droite et de gauche alors que son pas se faisait incertain, presque titubant. Il devait en parler à quelqu’un, mais à qui ? Certainement pas à Otto, son aide de camps, qui avait les dents si longues que Siegward était étonné qu’elles ne rayaient pas encore les parquets. Mais ce pavillon bleu là, c’était celui de Wilfried, le mage des cieux. Un curieux personnage, bâti comme un norse, qui tenait mieux l’alcool que Vassili – même si ce dernier n’avait jamais voulu l’admettre – et qui avait toujours une citation étrange adaptée à chaque situation. Oui, lui pourrait certainement l’écouter d’une oreille attentive. Et peut-être avoir une idée sur l’origine de ce phénomène, qui sait ?

Wilfried, vêtu d’une robe bleutée, était en train de lire un épais volume qu’il tenait d’une main tout en mangeant une pomme. Lorsqu’il vit entrer Siegward ses sourcils se haussèrent d’étonnement, et il referma le livre d’un claquement sec.

« Pui-je vous être utile maréchal ? » fit sa voix puissante aux accents reiklanders. Siegward le regarda d’un air las « Je ne sais pas Wilfried. J’ai juste besoin de parler et de me poser un peu. Je viens de vivre une expérience étrange, très étrange. Je dois être fatigué, ou malade, je ne sais pas. » Il était étonné de la tonalité de sa propre voix, bien plus rauque qu’à son habitude. Il réalisa, tout en s’asseyant dans une des chaises de la tente, qu’il avait soif. « Malade ? Mais ne le sommes-nous pas tous ? » répondit le mage d’un air amusé. « Mais je vous écoute, rentrez dans les détails. ».

Siegward se sentit rassuré. Au moins il n’avait pas de vision du mage en train de mourir. « J’ai eu des…hallucinations je pense. Je me promenais dans le camp, et j’ai vu le capitaine Vassili, sauf que… » Il hésita. « Sauf que mon esprit me disait qu’il était mort. Ça n’a aucun sens. Et ça s’est reproduit avec le prêtre, Lazlo. Je ne sais pas ce qui m’arrive, je les vois mourir alors qu’ils sont bien vivants. Comme si ils étaient les deux à la fois. » Alors qu’il parlait, il sentait que son discours prenait une tournure invraisemblable, et il s’aperçut soudain que le mage avait cessé de le regarder et lui tournait à présent le dos, fixant l’arrière de sa tente.

« Vous les voyez morts, maréchal ? » La voix de Wilfried s’était faite plus dure. « Mais après tout, n’est-ce pas normal ? » Siegward se releva, observant l’autre avec appréhension. « Que voulez-vous dire ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?! » Sa voix, rendue rauque par la déshydratation, se faisait de plus en plus tremblante alors que ses nerfs commençaient à lâcher, mais l’homme en robe bleue ne bougea pas d’un pouce.

« Mais parce que, maréchal… »

Wilfried se retourna, fixant Siegward de ses orbites vides, du sang dégoulinant du haut de son crâne, un éternel sourire figé sur sa mâchoire calcinée.

« …Nous le sommes tous ! ».

Siegward s’enfuit.

Que se passait-il ? Il n’y avait pas dix minutes tout allait pour le mieux, et à présent son esprit, ses pensées, plus rien n’avait de sens. Ses hommes étaient vivants, il le savait, mais une part de lui-même lui indiquait qu’ils étaient morts. Quelles étaient ces visions d’horreur, de mutilation et de mort ? La nuit était totalement tombée à présent, et le vrombissement de ses hommes avait cessé. Les feux restaient allumées, et projetaient sur le sol un réseau d’ombres plus distordues les unes que les autres, mais le campement était vide. Entièrement vide. Le tremblement des flammes générait un jeu macabre de projections, renforcé par l’absolue absence d’autres mouvements. Le silence régnait à présent, le silence et l’obscurité. Siegward courait toujours, serpentant entre les feux, les chaises, les tentes, les râteliers, se plaquant les mains sur les oreilles pour ne plus entendre la voix venant de ce crâne. Mais il l’entendait toujours. « Nous le sommes tous ». Le crâne riait. Et la soif se faisait cruellement ressentir.

Qu’est-ce qui lui arrivait ?

Siegward réalisa alors qu’il s’était arrêté devant une tente grise, sans ornement, mais qu’il reconnut pour en avoir eu l’utilité peu de temps auparavant. C’était la tente-prison. La mémoire lui revint peu à peu, comment quelques heures plus tôt ils avaient capturé un homme près d’ici. Un déserteur, qui proférait des propos incohérents, des élucubrations où il clamait être le seul survivant d’une bataille, son régiment s’étant fait surprendre par les pillards. Il avait été jeté au cachot. Pas moyen de se rappeler son nom cela dit. Et Siegward ne se rappelait pas non plus par quel moyen il était lui-même arrivé devant cette tente en particulier, mais quelque chose le poussait à entrer. Il pouvait presque sentir l’étrange appel provenant de derrière l’épaisse tenture grise, comme un picotement dans sa peau, qui le démangeait lorsqu’il cherchait à en détacher son regard.

Siegward entra dans la tente d’un pas lent, mesuré, comme pour s’assurer que Wilfried n’était pas là, alors qu’instinctivement il savait qu’il ne reverrait plus le mage. Plus jamais. À l’intérieur une unique torche jetait une faible lumière sur les cinq cages de fer posées les unes à côté des autres, le prisonnier étant dans celle du centre, à genoux, la tête baissée. La lumière tremblante de la torche laissait à peine voir la couleur de son uniforme, un orange sali et usé. Siegward se rapprocha, comme envouté, une étrange sensation lui indiquant qu’il fallait parler à ce prisonnier. Qu’il était la clé de tout.

La porte de la cellule était ouverte, et pourtant l’individu prostré ne faisait aucun geste pour s’enfuir, restant aussi immobile qu’une pierre. Siegward s’empara de la torche et la ramena dans la cage, faisant alors face à cet individu qui n’avait jusqu’alors rien dit.

Et toujours cette soif.

Son cœur battait désormais à tout rompre, les pulsations claquant à ses oreilles telles des tambours. La lueur de la torche éclairait le haut de la tête de l’homme devant lui. Et soudain celui-ci se mit à murmurer d’un ton presque inaudible.

« …sortir…i ».

Siegward se baissa lentement, incapable de comprendre ce que l’autre disait.

« Tu...sortir…i ».

Voulait-il sortir ? Il aurait apparemment pu le faire il y a longtemps. Siegward avança alors sa main vers l’homme, se rendant compte au passage que son bras tremblait. Il voulait comprendre ce que disait le prisonnier, mais il ne pouvait se résoudre à le toucher. Les derniers êtres dont il avait vu le visage avaient imprimé dans son esprit ces visions de mort, et il voulait éviter cela, à tout prix.

Et puis soudain, en une fraction de seconde, l’homme jusqu’alors immobile se redressa et saisit fermement son bras. Révélant son visage, il l’approcha à quelques centimètres de celui du maréchal, qui le reconnut aussitôt. Ces traits comme taillés dans un bois dur, ces yeux enfoncés, ce nez courbé, et cette moustache drue et taillée. Ce visage, il l’avait vu des centaines de fois, il l’avait vu grandir, vieillir, se raffermir. Il l’avait vu vivre la joie, la colère, l’amour, la haine, et il l’avait vu quelques heures plus tôt sur le corps d’un homme totalement différent.

Et c’est figé par l’horreur que Siegward vit ses propres lèvres prononcer les mots « Tu dois sortir d’ici ! ».

Tout lui revint alors. L’attaque surprise des nordiques. Ses hommes taillés en pièces, devant ses yeux. Vassili transpercé. Lazlo décapité. Wilfried frappé à la tête puis brûlé vif. Son sentiment d’impuissance, sa rage, son chagrin. Et puis après la solitude. L’errance. Et la soif, de plus en plus forte, encore et toujours. Des jours d’errance. Le délire qui s’en était ensuivi. Le remord, le regret, le chagrin, encore lui. Il devait sortir, il devait revenir à la réalité. Mais il leur avait failli. Siegward fit un pas en arrière, trébucha, tomba sur le sol. L’autre avait disparu, et déjà la vision se distordait, se muait. Il fallait sortir, mais comment ? Il se releva, courut vers la porte de la tente, vers la sortie, vers la réalité. Où étaient ses hommes ? Personne ne l’avait averti que le prisonnier s’était enfui. Mais il devait sortir. Tout devint blanc.



Siegward regarda la carte d’un air satisfait. Oui, ce plan allait suffire, et il n’en était pas peu fier. Les défenses de ce campement d’adorateurs du chaos étaient bien érigées, mais il avait trouvé la faille.

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Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
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Ven 29 Sep 2017 - 16:00
Le domaine Turdekson

Mornir Turdekson vida sa quatrième chope de bière. L'aube approchait et la suite des événements n'allait plus tarder. Au loin il entendait les éclats de rire des humains qui s'apprêtaient passer à l'assaut. Ils étaient aux ordres d'un nobliaux local, un certain Gunter Friedrich von Kelmis qui avait décidé de s'emparer de la mine d'or qu'occupait son clan depuis près de deux siècles. Son grand-père en avait commencé l'exploitation. Il était tombé sur un riche minerais d'or qu'il avait entrepris d'exploiter quand une poutre sans doute mal fixée lui avait écrasé de thorax en tombant. Son père en avait hérité et avait porté l'entreprise familiale à son apogée, puis il mourut sous les coups d'un troll découvert lors de l'excavation d'une caverne. Le bien familial fut alors transmis à Mordrik, le frère aîné de Mornir, qui à son tour périt écrasé par un wagon de minerai. Thandra, sa sœur, géra alors la propriété pendant quelques années mais tomba malencontreusement dans un puits sans fonds. Mornir tenait donc à son héritage comme à la prunelle de ses yeux, et pas un instant l'héritage familial ne serait souillé par ces chiens d'humains. Émus jusqu'aux larmes, le regard embrouillé par la nostalgie et la bière (il en était maintenant à sa huitième consommation) Mornir ralluma sa pipe et retourna dans la mine superviser les préparatifs. Ses guerriers mettaient la dernière touche à l'entretien du canon et au nettoyage de leurs arquebuses. De vrais nains, courageux et consciencieux.
- Bien le bonjour seigneur!" cria l'un d'eux.
- Salut gamin. Alors ou en sont les préparatifs?
- Chacune de ces merveilles faucherait un gobelin à deux-cent mètres. Ces humains avec leurs pétoires primitives n'ont aucune chance.
- Ils auraient besoin de plus gros calibres, renchérit un guerrier, hélas pour eux, c’est nous qui les avons.
Tous éclatèrent de rire de bon cœur. La perspective de ces barbares sans éducation écrasés comme des cloportes en fit tituber Mornir d'hilarité. L'alcool aidant, il trébucha sur un boulet, tomba tête la première sur la culasse du canon dont sa pipe enflamma la poudre.
-NON!!!

Dans le campement humain, l'on entendit une grande déflagration. Un épais nuage de fumée et de poussière émana de l'entrée de la mine de laquelle quelques nains ébêtés émergèrent en crachant et toussant.
Mornir Turdekson, unique survivant de son clan, n'était plus. Ses guerriers survivants se rendirent à von Kelmis qui s'empressa d'adjoindre la mine aux frontières de son domaine.
Klaus Freitag, l'aide de camp du comte, s'empressa vers son suzerain.
- Herr Graf, il semblerait que les nains aient eux-mêmes précipité leur perte. Une belle réussite, sans perdre un seul homme et sans même combattre. C'est d'autant plus méritoire. Mes félicitations!
- Certes, répondit le comte. La chance a été de notre côté. Sans la chance, en guerre, l'on n'accomplit rien, mon cher Klaus. C'est pour cela que je compte rebaptiser cet endroit "das Chance", en hommage à notre succès. Dès aujourd’hui j'irai visiter cette mine, m’imprégner de son dédale de couloirs, de ses différents passages et de ses nombreuses ramifications. Elle est notre héritage à présent. Dussè-je mourir bientôt, elle passera à mes enfants, qui la transmettront à leurs enfants, qui la transmettront aux leurs. "Das Chance" sera la source de notre longévité...
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Sam 30 Sep 2017 - 0:40
à moi! Bien que je sois fort tardif, voici ma contribution!

Pensées sous mes dernières étoiles

« Nous leurs avons brisé les jambes et ils sont tombés dans la boue…
Alors pourquoi reviennent-ils ?

Nous leurs avons fracassé le dos, derrière leurs carapaces de métal…
Alors comment peuvent-ils encore se tenir debout ?

Nous leurs avons brisé les côtes, je l’ai vu faire et je l’ai fais…
Alors comment certains peuvent-ils rirent ?

Nous leurs avons sorti les entrailles dans la mêlée de la bataille…
Alors où coule ce qu’ils boivent ?

Nous leurs avons percé le cœur, et nos lances sont devenus rouges…
Alors comment tant des leurs vivent ?

Nous avons fais toucher terre aux épaules de leurs guerriers…
Alors pourquoi encore se battre ?

Nous leurs avons coupé les mains, et les avons renvoyés chez eux…
Alors qu’est-ce qui tient leurs armes ?

Nous leurs avons tranché la gorge, parfois d’un coup de griffe qui faisait voler la chaire…
Alors pourquoi se tiennent-ils la tête haute ?

Nous leurs avons fracassé le crane, et les os ont craqués sous nos pas le soir…
Alors qu’est-ce qui porte leurs casques ?

Nous leurs avons crevé les yeux, et avons regardé les blessés lever les mains au visage…
Alors quels dieux leurs donnent ces regards avides ?

Nous leurs avons arraché la langue, et nos meutes s’en sont repus…
Alors d’où viennent ces cris de guerre ?

Nous avons déchiré leurs bannières, et les flammes ont dévorés les hampes
Alors que brandissent-ils au ciel ?

Nous avons exécutés leurs chefs, d’une flèche dans leurs fronts baissés
Alors qui hurle les ordres de ces armées ?


Nous aurions dû les pourchasser, avec nos chevaux et nos arcs
Tout aurait quitté les mémoires
Mais nous étions tous épuisés.

Nous aurions dû les empaler, et les mettre aux bords de nos terres
Ils auraient avertis ceux-là
Mais leur haine en aurait grandi

Nous aurions dû aller chez eux, pour achever ceux de leur peuple
Ils n’en seraient restés aucuns
Mais nous ne pensions qu’à notre paix

Nous aurions dû leur expliquer que nous voulons être tranquille
Peut-être nous auraient-ils compris ?
Mais c’est un espoir vain, je sais… »


J’arrête d’écrire, je crois que le texte est terminé. Je le range avec soin dans ma sacoche de voyage, celle que j’ai pris en partant de chez moi. Le petit encrier est calmement  rebouché et la plume déposée sur le tout. Puis je referme le sac. Autour de moi, c’est toujours le début de la nuit ; quelques animaux nocturnes commencent craintivement à apparaître ici et là, mais ils ne restent pas. C’est à cause du casque et du couteau que j’ai gardés avec moi, posés dans la mousse épaisse qui tapisse ce petit coin de calme. Je me relève enfin, je mets mon sac sur l’épaule, et le casque sous le bras.
Il fait sombre, les étoiles sont la seule lumière, la lune est sans doute timide ce soit ; même si au loin les quelques lueurs du camp apparaissent comme des petits feux follets mouvants entre les troncs. À propos de feux follets, si j’avais eu la tête à ça j’aurais suivis ces petites lueurs au crépuscule, ça en étaient surement…

Mais je n’avais pas la tête à ça, et les autres gardes en patrouille non plus d’ailleurs. On pense à peu de choses en faite avec un casque sur la tête…

Je titube un peu en enjambant les racines et en écartant les feuilles mortes ; on dirait qu’elles n’aiment pas tout ça elles non plus… comme si vous me reteniez ? Mais je dois y aller vous savez ? Ne vous en faite pas, je reviendrais ici bientôt, un autre soir… après la journée qui va venir…
Me voilà à la lisière du bois ; le visage maintenant véritablement dans la lumière vacillante des feux de camps, à contempler l’activité nocturne de la clairière. Je ne suis pas le seul sans sommeil apparemment ; tient, il y en a même qui écrivent aussi. Je vais faire le tour par là, il ne faut pas que les dérange dans ces derniers rêves éveillés. Ni que je réveille ceux qui sont endormis dans les tentes bien sûr, enfin pour ceux qui arrivent à dormir. C’est étrange, pendant tout le temps qu’on s’est préparé à tout ça, on a toujours cherché à être ensemble, groupés, en clans, à parler, à ne pas penser… Mais maintenant que c’est presque sur nous, c’est le calme, la solitude, la réflexion… c’est quand on craint que le futur soit court qu’on réfléchi à la longueur de ce qu’on a passé finalement…


J’ai marché encore un peu, la nuit s’est encore avancée. On m’a proposé une petite bouteille de vin, il est frai, fruité, et le donneur peu bavard, mais généreux je trouve. Je devrais trouver un moment pour l’en remercier encore si j’en ai l’occasion et… si je reviens... Je suis aussi passé à ma tente. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs… juste vérifier une énième fois que tout était en ordre ? Je n‘ai pas posé mes armes, et j’ai oublié de laisser ma sacoche. Tant pis, après tout je suis assis sur une souche, ça ne m’alourdit pas tellement…

Et je fais comme tous mes compagnons

J’attends le matin, que l’ordre soit donné…

Je tue le temps sous la lune, puis les nains sous le soleil…

_________________
Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
Hjalmar Oksilden

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Sam 30 Sep 2017 - 12:28
Vivre dans le vent
 
 
      Installé sur les remparts en bois, Fyodor Synivana Tereskovna attendait. Qu’attendait-il ? Cela, même lui n’en avait aucune idée et à vrai dire il préférait ne pas le savoir. Si c’était pour se retrouver à cauchemarder des jours durant en s’imaginant ce qui allait le tuer, alors cela n’en valait pas la peine.
 
      Devant lui s’étendait les immenses plaines de l’ouest du Kislev. Une toundra battue par les vents, rêche, grise et froide s’étalait ainsi jusqu’à l’horizon. Dans le lointain et ponctuellement, un arbre mort gisait au milieu de l’océan de rien qui l’entourait et ses branches craquaient de façon sinistre alors que la bise le tordait dans tous les sens. Fyodor se fit la réflexion qu’en un sens, la tirsa où il se trouvait subissait le même sort.
 
      Oui, définitivement, le Kislev vendait du rêve avec ses paysages enchanteurs.
 
      Cette pensée tira un gloussement à Fyodor qui entendit sa barbe de quelques jours craquer alors que le gel qui s’était formé dessus se fendillait. Avec un juron, le kislévite trentenaire passa sa main gantée sur son visage pour essayer d’enlever cette glace inopinée. Voilà ce qui arrivait quand on ne faisait pas attention alors qu’on était au poste de garde au début de l’hiver. Après quelques secondes passées à entendre sa peau produire divers sons rugueux au gré de ses efforts de nettoyage, Fyodor releva le col de son long manteau en cuir abimé par les années pour s’abriter d’autant plus à l’intérieur. Cela ne changea pas grand-chose, mais l’intention était là. Vivement la relève, rumina-t-il.
 
      Après plusieurs minutes de, eh bien, rien, après tout la toundra n’allait pas vomir un monstre de nulle part en plein jour, Fyodor se retourna sur son siège. Durant le mouvement, il garda sa lance sur l’épaule et fermement maintenue dans son gant en laine doublée. S’il la laissait tomber dans les restes de neige qui s’étaient accumulés autour de lui, il était bon pour la regraisser pendant un moment.
      De ce qu’il arrivait à voir depuis son épaule, ladite tirsa vivait sa vie. Ce n’était pas un danger de mort imminente qui allait changer quoi que ce soit chez les habitants après tout… En partie parce que « imminent » devrait plutôt être changé en « permanent » en fait. Avec un haussement d’épaule, Fyodor se retourna alors vers la toundra. En bas, parmi la populace, il n’y avait rien pour lui de toute manière. Les habitants étaient méfiants envers les kossars et généralement à raison. Il fallait dire que l’armée de métier du Kislev n’avait pas bonne mine avec ses rangs d’Ungols et de Gospodars graciés de leurs crimes d’antan. Certes, ils étaient respectés à leur juste valeur et les prouesses de leur corps d’armée étaient louées au travers des plaines… Mais la population qui les accueillaient à bras ouverts en cas de besoin tardait de les voir repartir au plus vite une fois leur service terminé.
      Fyodor soupira longuement, créant ainsi un petit nuage humide devant lui. C’était la routine du métier, il fallait juste s’y faire.
 
      Après une période de temps qui parut bien trop longue au Kislévite originaire d’Erengrad, il sortit une petite bouteille de la boîte sous sa chaise. Il déboucha rapidement le kvas et avala une bonne gorgée de l’alcool. Le liquide lui brûla la gorge en passant, mais ça réveillait. Peu de temps après un de ses camarades, celui qui était assigné aux rondes, passa par son poste. Fyodor lui tendit la bouteille sans même le regarder, ses yeux toujours braqués sur l’horizon. L’autre kossar attrapa le récipient, descendit une gorgée et la rendit au passage à Fyodor qui la rangea aussitôt. Pas une politesse ne fut échangée, pas un regard ne fut croisé, mais Fyodor savait que son camarade était reconnaissant. C’était aussi ça la routine du métier.
 
      Alors que l’autre kossar continuait sa route le long des hauts remparts - Fyodor n’avait d’ailleurs pas la moindre idée de qui il pouvait bien s’agir - le temps se gâta d’autant plus. Des rafales de vents virent lacérer en hurlant le visage du kislévite qui grimaça douloureusement.  
      Dans le village, la douce clameur de la vie quotidienne se tut lentement. Les gens étaient inquiets. Quand le vent soufflait du nord, ce n’était jamais bon signe. C’était d’ailleurs pour cela que lui et sa troupe avaient été assignés à cette tirsa. Certes, ils n’avaient pas encore vu le moindre norse pointer le bout de sa hache depuis des mois, mais tout le monde savait pertinemment qu’ils arrivaient.
      Alors que le silence était uniquement brisé par les hululements du vent, une voix forte se leva derrière Fyodor. Il n’eut même pas besoin de se retourner pour savoir qu’il s’agissait de l’hetman qui tentait de rassurer la population, que le boyar amènerait son armée bientôt, que tout allait bien se passer, qu’il fallait être fort pour le pays, … Le discours eu son effet sur les habitants qui reprirent leur vie quotidienne, quoique plus prudemment. En revanche, du côté des kossars, l’ambiance était plus morose. Ils avaient envie de croire ce que l’hetman venait de dire, mais ils savaient que c’était faux.
      La « rota » du boyar était stationné à Erengrad et elle n’allait certainement pas bouger le petit doigt pour un petit village perdu au nord-est à la frontière du pays des trolls… Et contrairement à ce que les gens en bas croyaient, les kossars n’étaient pas des éclaireurs venus pour préparer le terrain. Non, à la base, le régiment avait été envoyé ici pour évacuer le village. Cependant, les chariots n’étaient jamais arrivés du sud, pas plus que des ordres ou des nouvelles de l’éclaireur. Ils se retrouvaient donc coincés ici, sans savoir quoi faire, austère et oisifs à attendre le pire.
 
      Fyodor prit une autre gorgée de kvas. Il regarda sa main gauche qui tenait la bouteille. Elle tremblait légèrement. Puis, l’alcool finit par faire son effet et il retrouva son calme habituel. Le kislévite s’ébroua un moment puis souffla bruyamment. Maintenant un peu plus réveillé, il regarda au loin, vers le nord-ouest. Toujours rien à l’horizon. Mais pour combien de temps ?
 
      Ayant la bougeotte à présent, Fyodor se leva de sa chaise qui craqua sous l’effort. Il s’approcha des remparts, l’air bougon. Sans trop savoir quoi dire ou faire, il laissa ses yeux balayer la plaine et son ouïe se perdre dans les claquements du vent qui s’amplifiait à nouveau, s’infiltrant partout. Et pour la première fois depuis son arrivée ici, il vit une fine ligne noire s’ajouter à l’horizon. Une ligne qui s’épaississait à vue d’œil.
      En la voyant, Fyodor reprit étonnamment courage. Pour la simple et bonne raison que son instinct de soldat et de kislévite lui disait qu’il allait pouvoir protéger son pays, encore une fois. Avait-il peur ? Bien sûr, mais pas de mourir. Il était mort le jour où il avait pris les armes, comme le voulait la coutume du Kislev.
 
      Lentement, Fyodor attrapa le cor qui pendait à sa chaise et souffla dedans. Une clameur monta dans la tirsa alors que les troupes se mettaient en place et que la population prenait les armes.
 
      Sa vie aura été âpre, difficile et morose, mais il avait vécu pour le Kislev. Et ça, c’était tout ce qui comptait.
 
      C’était cela, vivre dans le vent.
 
      C’était ça, le Kislev.

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Terry Pratchett

Les livres dans le paquetage du nordique...:
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Sam 30 Sep 2017 - 17:50
Le début de la fin


La paix. Le calme. Le silence. Un monde unique, un monde rien que pour moi. Je flotte dans cette béatitude éternelle, heureux de vivre, d’exister juste par ces sensations. Je m’étire doucement, bercé, apaisé par les battements de mon cœur, en écho avec le cœur du monde. Je me love dans cette sérénité chaleureuse, sans penser, sans réfléchir. Juste en étant moi. Et vivant. Je sens la terre chaude sur mon dos, et les courants de vie qui y passent, qui se séparent en millions de petits chemins qui nourrissent le monde entier. Je me sens immortel. Ah… Quelle douce harmonie…

* * *

Rien n’a changé. Depuis quand suis-je ici ? Y avait-il au moins un début ? Sans début, il n’y aura pas de fin. Je souris. Pas de fin. Rester ici pour l’éternité. Dans la chaleur du monde, dans sa paix immuable. Je me laisse encore flotter, ressentant la vie dans chaque cellule de mon corps…

* * *

Qu’est-ce que c’était ? Un bruit infime, incongru… Pour la première fois, je me sens inquiet. Je sens le monde fragile. Que se passe-t-il ? Comment une si grande harmonie peut ainsi s’interrompre ?
Encore un. Plus présent. Comme si le ciel allait se déchirer. Ce bruit est odieux à mes oreilles. Mon cœur accélère, et je commence à gesticuler, à essayer de trouver d’où vient le problème. Le réparer, vite, je dois réparer ce monde. Mon monde. Je dois en prendre soin, je dois l’aider, retrouver cette paix si chère à mon âme.
Je pose ma main sur la paroi de la terre, cherchant une quelconque faille. Je ne sais pas encore comment je ferai, mais il doit y avoir un moyen. Là ! Quelque chose sous mes doigts, comme une crevasse dans le sol… Il faut que… Non ! Quel idiot ! Je n’ai fait qu’empirer la situation, j’ai senti la terre s’ouvrir sous ma main, se déchirer dans un bruit atroce. Je commence à paniquer, alors que la sérénité qui m’entoure s’évapore. Le monde fuit, s’échappe par ce trou. Je suffoque, cherchant désespérément un moyen de survivre, alors que la terre devient rêche contre mon visage. Le monde continue de s’assécher. Je me sens opprimé. C’est fini. Je vais mourir maintenant, je le sens. La fin est arrivée, celle que je redoutais. Je sens mon cœur accélérer en même temps que celui du monde. Je ferme les yeux et déglutis. Adieu …

* * *

Elle s’arrête soudain au milieu de la pièce, une main sur son ventre, les yeux ronds. Il fronce les sourcils et se lève, marchant vers elle.
- Tout va bien ?
- La prêtresse.
- Comment ?
- La prêtresse de Shallya. Va la chercher, vite ! Je… J’ai perdu les eaux !
Un grand sourire apparait sur le visage du père qui part à toute vitesse. Elle se dirige vers la chaise doucement et s’assoit avec précaution. Elle caresse son ventre avec amour.
Elle allait enfin donner la vie.

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concours de recits 2017 : textes des candidats Empty Re: concours de recits 2017 : textes des candidats

Sam 30 Sep 2017 - 21:03
A 21 heures et quelques, en exclusivité, voici, finalement (et oui, vous ne l'attendiez probablement plus), mon texte pour le concours de cette année Smile


L’attente :


L’armée du Chaos avait détruit sa maison, ravagé son champ, tué sa famille. Pourtant, Hans continuait à espérer. Bientôt, les armées impériales, renforcées par des forces des nains, affronteraient les Puissances de la Ruine. Il espérait que ces dernières soient repoussées. Il n’avait plus rien. Aussi avait-il décidé de combattre aux côtés des autres citoyens impériaux. Il avait envoyé sa famille au sud, dans le Talabecland. Il espérait qu’elle soit en sécurité. Les routes n’étaient jamais sûres, surtout avec toutes ces bêtes servant les dieux du Nord qui aimaient piller et massacrer. Il adressa une courte prière à Sigmar pour leur sécurité et se concentra sur ceux qui l’entouraient. Il s’était engagé pour la durée de la campagne militaire. Ou du moins ce qu’il en restait. Hans avait été incorporé dans un régiment d’hallebardiers de l’Ostland, sa région d’origine. Il avait la quarantaine bien tassée. Dans sa jeunesse, il avait déjà combattu plusieurs fois pour son comte électeur, le père de Valmir Von Raukov. Il avait pris sa retraite à vingt-cinq ans après avoir affronté une compagnie de démons de Khorne avec son régiment. Seulement la moitié de son unité avait survécu. Il avait alors démissionné, épuisé par les morts de ses frères d’armes.

Mais aujourd’hui, il se retrouvait à nouveau dans un uniforme, les armes à la main, la veille d’une nouvelle bataille. La première depuis longtemps. Il ne savait pas trop pourquoi il s’était engagé. Etait-ce que parce que ses amis du village l’avaient fait ? Etait-ce parce qu’il avait entendu un sermon d’un prêtre-guerrier ? Etait-ce par conviction et désir de sauver autant de vies que possible ? Hans n’en savait rien. Ce qu’il savait en revanche, c’était qu’il ressentait à nouveau ce qu’il avait ressentit la veille de toutes les batailles prévues. Il ressentait un mélange de peur et d’excitation. La peur de mourir, la peur d’être transformé en chose inhumaine comme il avait vu bien trop de camarades le devenir en affrontant les forces du Chaos. La peur de souffrir et de mourir lentement. La peur de ne jamais revoir sa famille. La peur d’être capturé par les forces du Chaos et de subir un véritable calvaire. Il deviendrait alors une chose et ne pourrait même plus être qualifié d’homme. Combien de prisonniers retrouvés avait-il vu être hagards ? La seule différence avec les zombies morts-vivants était que ces anciens prisonniers étaient bien vivants et ne mangeaient pas, du moins la plupart du temps, de chair humaine crue. Car il en avait vu et cela lui avait toujours retourné l’estomac.
Ce n’était pas tout. Il y avait aussi l’excitation. La joie du combat. Le moment où toute peur et crainte s’envole. Quand il n’est plus qu’un homme, seul face à son destin. Ce moment où il pourrait enfin se venger de toutes les atrocités commises par ces guerriers en armure sombre descendus du nord pour piller, tuer et incendier l’Empire. Il attendait avec impatience cette délivrance du combat. Quand il pouvait enfin distribuer la justice de Sigmar aux impurs.

Hans retrouvait toutes ces sensations, bien trop familières à son goût. Oh, il savait qu’il ne serait pas tétanisé le lendemain, lors des combats. Il avait vu bien trop de batailles pour cela. Voir un Buveur de Sang massacrer un régiment entier de Joueur d’Epées puis enchaîner avec une compagnie de chevaliers sans même être blessé était quelque chose de réellement effroyable. En plus de cette vue, il y avait alors la rage sanguinaire qui le prenait aux tripes. Il était avide de sang. Il voulait que le sang coule et le désirait ardemment. Il ne devenait alors qu’un simple spectateur de son corps massacrant à tout va les barbares du nord qui subissaient les mêmes effets. Cette peur de perdre sa propre humanité et d’assister à sa déchéance sans même pouvoir lutter le prenait aux tripes. Il ne voulait pas subir ce sort. Cela l’horrifiait complètement. Quand il voyait les hommes avec qui il combattait subir ce destin, il était incapable de bouger. Du moins, il l’avait été. A force de combattre les forces de la Ruine, il s’était endurci. Désormais, rares étaient les horreurs qui pouvaient l’effrayer. Il ne doutait pas un seul instant qu’il y en aurait le lendemain.

En dehors de tout cela, même s’il espérait passer la journée du lendemain, le hallebardier n’avait guère d’illusions. L’ennemi était aussi nombreux qu’eux, selon les rumeurs. Il n’avait guère d’espoirs de s’en sortir, même si un miracle était toujours possible. Cette fois, c’était probablement sa dernière bataille. Il était vieux et fatigué par la vie. Il était plus lent que dans sa jeunesse. En face, il s‘agissait de l’élite des forces de la Ruine. Des rumeurs venant des Pistoliers évoquaient des armées d’elfes et de nains approchant du champ de bataille. Il ne savait pas quoi en penser. Il ne croyait pas réellement à l’existence des premiers. En revanche, il avait déjà vu les seconds sur plusieurs champs de bataille. Si son régiment était près d’une unité naine, il aurait une chance de survivre. Mais il était pratiquement certain de son destin. Malgré cette certitude, il angoissait et continuait à avoir peur. Les ténèbres qui engloutissaient la terre en cette heure tardive n’arrangeaient rien. Elles oppressaient les hommes en les faisant sentir tout petits. Ils ne voyaient pas très loin. Des espions ennemis pourraient s’approcher très près sans qu’ils ne fussent repérés. Il avait la peur de sentir brutalement la lame d’un couteau contre sa gorge ou dans son dos. Seule la lueur des feux de camps pouvait le rassurer. Lui et tous les autres hommes qui composaient cette armée. Il regarda le ciel rempli d’étoiles. Les deux lunes n’étaient pas pleines et éclairaient d’une lueur blafarde et maladive les anciens champs dans lesquels ils campaient. Il était près de vingt-trois heures. Il n’arriverait plus à dormir, il le savait. Pourtant, inexplicablement, il serait en grande forme le lendemain. Les combats lui offraient cette énergie. Mais pour cela, il devrait passer l’attente avant la bataille. Cette peur qui prenait les tripes et les serraient alors qu’ils voyaient les rangs de l’ennemi, les monstres, des prisonniers exécutés ou suppliciés pour les terrifier, l’aura de mort qu’il y avait dans les rangs ennemis. Beaucoup d’hommes avaient craqué en voyant cela. Lui-même l’avait déjà fait.

Soudain, un son de cors et de tambours retentit derrière eux. Lentement mais sûrement, il vit au loin des torches arriver vers eux. Elles étaient extrêmement nombreuses. Les sons se rapprochaient à une vitesse importante et il avait l’impression qu’il ne s’agissait pas de forces du Chaos. Plusieurs hommes s’étaient réveillés ou étaient sortis de l’état léthargique dans lequel ils étaient. Certains s’équipèrent même, pensant à une armée ennemie. Mais quelle ne fut leur surprise en voyant arriver des colonnes entières d’elfes et de nains. La haine de ces deux peuples était légendaire. On racontait qu’ils s’étaient affrontés pour la gouvernance du Vieux Monde des millénaires avant la naissance de Sigmar. Il avait toujours eu du mal à y croire. Cependant, les regards meurtriers que se lançaient les guerriers des deux races ne laissaient guère de place au doute. Ils se haïssaient. Néanmoins, ils semblaient s’être entendus. Hans retourna à son lit de camp et se mit à espérer. Peut-être pourrait-il survivre le lendemain, avec un peu de chance. L’attente sera moins perturbante.




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concours de recits 2017 : textes des candidats Empty Re: concours de recits 2017 : textes des candidats

Sam 30 Sep 2017 - 22:29
Sang d'Encre

Il se frotta les mains, nerveux, contemplant la table devant lui.
Après tout ce temps, il était là, presque rattrapé par les événements.
Il aurait pourtant pu fuir facilement, aussi discret qu’une ombre. Mais il se l’était refusé. Trop souvent il avait abandonné, par faiblesse ; aujourd’hui, ce ne serait pas le cas.

Il serra sa tête entre ses mains, réfrénant une douleur sourde. Nombreux avaient été les obstacles qui s’étaient mis sur sa route ces derniers temps, et la maladie n’était que l’un d’entre eux. Maintes fois il avait songé à refuser l’affrontement qui se profitait au loin, et qui maintenant était sur lui. Il avait tenu à ne pas céder, et il devait à présent y faire face.

Malgré sa résignation, il était encore proie au doute. Saurait-il prévaloir ? Serait-il seulement à la hauteur, digne d’être parmi ses pairs ?  Ces derniers lui avaient affirmé que c’était le cas. Pourtant, son cœur avait été sourd à leurs paroles rassurantes, enfermé dans sa propre peur et son appréhension. Il savait au fond de lui-même qu’il était suffisamment capable, qu’il avait la pratique, l’expérience pour réussir. Mais l’ombre de l’échec ne l’avais jamais quitté, et le doute n’avait pas retiré ses griffes de son esprit. Il ne s’agissait pas de remporter la bataille, mais de se satisfaire lui-même : il était son pire ennemi. Cela faisait si longtemps qu’il ne s’était correctement exercé, et ses derniers combats avaient été si durs…

Pourquoi avait-il tenu jusqu’à maintenant, si c’était pour se laisser déconcentrer par ses peurs ?

Il se rappela les paroles de l’un de ses pairs. Oui, peut-être qu’il se mettait trop la pression.
Avec un sourire amusé, il prit son arme favorite, la trempa dans l’encre, et se concentra sur la feuille blanche devant lui.

Il arriverait bien à trouver de quoi écrire pour le Concours de la Crypte Noire.

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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.


Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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