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- GilgaladMaître floodeur
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Re: L'histoire de Gilgalad
Dim 4 Sep 2016 - 22:26
ethgri wyrda a écrit:porte, monstre, trésortext, lecture, commentaires
Oui mais non. Justement. Comme l'histoire évolue, il peut y avoir des éléments à corriger. Surtout que l'on peut avoir tendance à s'installer dans une certaine routine et à ne plus faire attention à certaines choses.ethgri wyrda a écrit:et bien… le problème quand un auteur du forum devient frénétique (positivement ) et commence à écrie autant (à vu de nez, je dirais 25-35 pages word?) en un mois, c'est que les commentaires risquent de se ressembler un peu…
Le premier est volontaire pour l'effet de famille. Peut-être pas à ce point cela dit. Pour le second, ce n'était absolument pas volontaire. C'est surtout l'exaspération de mon personnage que je voulais montrer. Mais c'est tant mieux si ça fait rire.ethgri wyrda a écrit:Alors, deux points nouveaux:
-La ressemblance entre la réaction de Gilgalad et de son père la première fois qu'ils rencontrent Aryana est bien rendue, même si on voit que le premier est quand même plus ouvert que le second. Du coup, ça accentue l'effet de famille entre les deux, j'aime bien
- "Dis-moi, gilgalad… tu le fait exprès de tomber que sur des auberges où il reste qu'une chambre?" ça plus la réaction de gilgalad:"Asuryan devait bien rire s’il voyait le destin s’acharner ainsi" m'a bien fait rire
"Merder" est ce que j'utilise parfois à la place d'un autre mot que l'on utilise régulièrement. Mais comme je ne sais pas si cela est autorisé sur le forum dans les récits, je préfère éviter. Je vais remplacer "nana". Ce n'a sûrement pas sa place comme tu le disethgri wyrda a écrit:En revanche, je suis un peu dérangé par deux trucs: Tu utilises des mots qui ne collent pas forcement avec le cadre: "petits nobliaux de merder" ou "nana" font un peu bizarre dans le texte…
Et puis, je trouve que tu passes un peu vite sur la recherche de l'armure: les indices pour trouver un objet aussi ancien devraient plutôt être dans des bibliothèques en Ulthuan que sur les routes impériales
Pour les indices, ce sera détaillé plus tard, dans un intermède (que je ferais sûrement cette semaine pour ne pas dépareiller avec la suite). C'est pour ça que je n'ai pas tout mis. C'est aussi pour avoir un minimum de suspens à la fin et qu'il y ait une certaine cohérence.
Ok, merci beaucoup pour le retour Ça me rassure parce que j'avais un peu cette impression en fait.ethgri wyrda a écrit:Par contre, le combat contre le troll était bien, et ne t'inquiète pas, ça fait pas boss final du tout: on aurait été déçu si il n'y avait rien eut pour garder le trésor! surtout, tu ne tombes pas dans la surenchère du gars qui trucide des trolls avec une seule main (facile après un démon!), mais qui nous rappel bien que c'était un exploit aidé par la chance!
Quand les affrontements sont à taille normale, j'aime!
Apparemment "Merdre" a été utilisé avant 1840, étant attribué dans une citation parlant de Talleyrand. Du moins dans le Larousse en ligne. Après, ils peuvent se tromper.Hjalmar Oksilden a écrit:
"Nobliau" et "merdre" datent de 1840 et 1896 en gros, il est vrai qu'ils ne font pas très renaissance, mais ça peut passer.
Mais sinon, il ne faut pas oublier que le peuple des hauts elfes a près de 8000 ans d'existence dans Warhammer entre la création par les Anciens et 2522. Bref, la langue a largement eu le temps d'évoluer entre temps. Surtout le langage familier.
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
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Re: L'histoire de Gilgalad
Dim 4 Sep 2016 - 22:31
le problème avec le cas présent, est que le merde en question sort de la bouche d'un des plus grand noble d'ulthuan… ça fait étrange!Mais sinon, il ne faut pas oublier que le peuple des hauts elfes a près de 8000 ans d'existence dans Warhammer entre la création par les Anciens et 2522. Bref, la langue a largement eu le temps d'évoluer entre temps. Surtout le langage familier.
Pour les indices, ce sera détaillé plus tard, dans un intermède (que je ferais sûrement cette semaine pour ne pas dépareiller avec la suite). C'est pour ça que je n'ai pas tout mis. C'est aussi pour avoir un minimum de suspens à la fin et qu'il y ait une certaine cohérence.
et bien… j'attends l'intermède (au passage, j'ai oublié d'écrire "la suite" la dernière fois, alors je le fais là)
LA SUITE!
désolé pour le retard
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Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
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Re: L'histoire de Gilgalad
Mar 6 Sep 2016 - 19:23
Dans toute cette histoire, je retiens une chose : Gilgalad a donc été vampirisé après avoir rencontré Aryana, et non avant. Mais que faisait-elle pendant que son cher maître était à la merci d'Abhorash ?
La suite !
La suite !
- GilgaladMaître floodeur
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Re: L'histoire de Gilgalad
Jeu 8 Sep 2016 - 11:11
Tu le sauras. Un jour.Von Essen a écrit:Dans toute cette histoire, je retiens une chose : Gilgalad a donc été vampirisé après avoir rencontré Aryana, et non avant. Mais que faisait-elle pendant que son cher maître était à la merci d'Abhorash ?
Elle arrive tout de suite.Von Essen a écrit:La suite !
Chapitre 5 : Aryana et L’auberge elfe
Je vis soudain une grande lumière dorée. J’étais dans un endroit gris. Je ne savais pas où. Il n’y avait rien autour de moi. Pas le moindre être vivant, rocher ou objet, peu importe ce qu’il est. C’était un néant absolu. Mais un néant gris. Lentement mais sûrement, cela vira au blanc pur. Je ne savais toujours pas où j’étais. Est-ce que j’étais mort ? Est-ce que je ne l’étais pas ? Allais-je me retrouver dans le domaine d’Ereth Kial ? Que m’arrivait-il ? Depuis combien de temps j’étais là ? Des secondes, des minutes, des heures, des jours, des mois ?
« Bonjour Gilgalad. »
Je me retournais d’un bloc. Je ne l’avais pas entendu arriver.
« Qui êtes-vous ? – Je ne le reconnaissais pas, même s’il me disait quelque chose. J’étais sur mes gardes, prêt au combat.
-Oh. Cela ne sert à rien de vouloir combattre ici. Nous n’avons pas d’existence matérielle dans ce lieu.
-Vous ne m’avez pas répondu. – Je devenais de plus en plus méfiant. Etais-je victime d’un sortilège ?
-Tu n’es pas victime d’un sortilège quelconque. Non. Ton esprit est sorti de ton corps. Avant que tu ne répliques, je suis prisonnier de la stase depuis des millénaires. Bien avant que les deux peuples des elfes ne se séparent. C’est grâce à des gens comme toi que j’ai des nouvelles du monde extérieur.
-Et j’ai le choix entre rester dans le monde des vivants et passer dans celui des morts, c’est cela ? – J’étais de plus en plus sceptique.
-Non. Tu n’as pas le choix. Tu vivras. Que tu le veuilles ou non. Néanmoins, je te remercie pour toutes les informations.
-Mais je n’ais rien dit.
-Je pouvais lire dans ton esprit. J’espère que nous n’aurons pas à nous revoir Gilgalad. »
Je sentis alors une grande douleur m’envahir. J’ouvris les yeux d’un coup. Une vive lumière orangée devant moi. Je clignais des yeux et vit que je n’étais plus là où nous avions combattu. J’étais à presque à l’entrée, juste au niveau d’un petit encochement avant l’extérieur. Il neigeait très fort dehors. Je pouvais voir l’entrée par laquelle tout le monde passait. Cette entré si difficile à percer. On ne voyait pas à dix pieds à partir de cette entrée. Soudain, je me rendis compte que quelque chose clochait. J’étais sous plusieurs couvertures. Mais nu comme un vers. Qu’est-ce qu’il avait bien pu se passer pendant ce temps ? Je réussis douloureusement, à tendre le bras vers une gourde posée à côté du feu. Je réussis à boire lentement. L’eau était brûlante mais cela faisait du bien. Il y avait quelques herbes à l’intérieur qui me donnèrent un peu de forces. Aryana n’était visible nul part. Les trois chevaux étaient un peu plus loin, vers l’ancienne auberge. Mon épée était cachée sous certaines de mes affaires. Je commençais à m’inquiéter quand je vis une ombre approcher dans la tempête. Je parvins à me saisir de mon épée et à faire semblant de dormir. Je sentis la personne s’approcher de moi et se baisser au-dessus de moi. Je sortis Amlugcrist d’un seul coup et tenta de lui percer le ventre. Mais mon coup fut paré en un éclair.
« Non mais ça va pas la tête ? Qu’est-ce qui te prend maintenant de m’attaquer ? »
Une voix de fille. Aryana ! Mais quel abruti ! J’avais attaqué Aryana.
« Je… Je suis désolé. Je ne savais pas que c’était toi.
-Oui, bah tu le sauras à l’avenir. Comment je pourrais te soigner si tu tentes de me tuer ? Hein ? Sérieusement ? Tu serais mort si je n’avais pas été là ! Alors tu me refais un coup comme ça et je te laisse te démerder tout seul dans ce trou perdu ! »
J’étais interloqué. Aryana était rouge de colère. Mais ses yeux semblaient un peu tristes. Et rassurés. Les deux en même temps. Mais elle n’avait pas encore terminé de me gronder. Quelle ironie ! Elle, l’élève, qui me grondait moi, son maître.
« Et ne t’avises plus d’être à deux doigts de mourir encore une fois espèce de couilles de griffon ! Parce que j’ai l’impression que tu t’en fichais complètement de moi ! De ce que je serais devenu, de ce que j’aurais pu ressentir, de ce que… »
Elle commença à pleurer. Je lui mis la tête contre mon épaule et la consola comme je pouvais. Le seul problème était sa cuirasse, très froide. Et ses larmes sur ma peau. Je ne savais pas ce qui lui arrivait. Etait-elle finalement émotive ? Peut-être que c’était seulement l’enchaînement des événements. Elle finit par se séparer de mon épaule. Elle commença la préparation du repas. De la viande de bouc grillée ce soir. Une fois qu’elle eût fini de préparer et que nous eûmes mangé, je lui demandais de me dire tout ce qui s’était passé depuis la fin du combat. Nous installâmes des couvertures pour s’asseoir l’un à côté de l’autre, face au feu. Je m’étais habillé au passage, pour ne plus être nu. Puis, elle commença à raconter.
En fait, cela fait cinq jours que tu étais tombé inconscient. Dès que j’ai achevé le troll, je me suis précipité vers toi. Mais tu ne pouvais plus me répondre. Ton cœur battait encore. Plutôt que de te laisser là, dans la puanteur et près du cadavre du troll, je t’ai porté jusqu’ici. J’ai aussi ramené nos montures pour qu’elles soient non loin. Je t’ai installé confortablement dans le creux dans la roche. Il était assez grand pour contenir tout le monde et vous cacher. J’ai bien été aidée parce que la tempête de neige s’était levée entre temps. D’ailleurs, elle n’a pas cessé depuis. L’entrée devient difficilement accessible. J’ai ensuite ramené ce que l’on été venus chercher. Tu as l’armure là-bas – elle montrait un endroit sous des couvertures près de nous – et j’ai gardé l’épée. Comme nos réserves s’amenuisaient, j’ai dû partir chasser. Mais jamais plus de quelques heures de suites, parce que je devais à chaque fois te nourrir. Le troisième jour, ton corps a commencé à se refroidir. J’ai essayé de le réchauffer en te rapprochant du feu, avec de nouveaux vêtements, de nouvelles couvertures. Mais rien ne marchait. J’ai essayé de te réchauffer de l’intérieur avec de l’eau chaude, mais ça ne faisait que stabiliser la température. Je t’ai alors déshabillé et j’ai fait de même avec moi. Je me suis blottie contre toi sous les couvertures pour te réchauffer. Et ça a marché. Heureusement que tu as passé cette nuit-là. Sinon je… – Elle ne finit pas sa phrase. – Après, je ne suis sortie chasser qu’aujourd’hui. Puis, tu as tenté de m’embrocher quand je tentais de voir comment tu allais.
Je sentis sa voix s’effondrer sur la fin. Et je vis, en la regardant de profil, des larmes couler à nouveau de ses yeux. Je ne sais pas ce qui me prit, mais je tournais sa tête pour l’embrasser sur la bouche. Elle me rendit le baiser. On s’embrassa ainsi pendant quelques secondes. Soudain, nous ouvrîmes les yeux en grand et nous séparâmes d’un bond. Aryana était toute rouge et je ne devais pas être en reste. Un grand blanc s’installa entre nous. Avant qu’elle ne baille et commença à s’endormir. Elle n’avait pas dû prendre beaucoup de repos depuis le combat contre le troll. Je lui dis que je monterais la garde. Et que je la réveillerais s’il y avait le moindre problème. Je pris Amlugcrist à côté de moi et m’assis dos à la paroi froide. Aryana s’allongea contre moi. Mais après deux heures, elle ne dormait toujours pas. Je me mis alors à chantonner (la justesse ne fut pas au rendez-vous cependant) une berceuse de Caledor (la traduction étant approximative puisqu’elle fut conçue dans la langue des Asurs) :
Mon amour, tu peux dormir maintenant,
Le grand dragon va pouvoir veiller sur toi.
Tu ne crains rien ni sous ce toit,
Ni sous ce firmament.
Dors mon amour, papa est là pour te protéger
Contre tous les méchants et les dangers,
Je serais encore et toujours là.
Pour te protéger de ce que te réserverons tous les mauvais pas.
Dors mon petit, ne crains rien ni personne,
Le Grand Dragon veillera toujours sur la maison
Peut importe nos ennemis, nous te protègerons
Envers et contre tout.
Aryana s’endormit en position fœtale, comme un enfant, contre moi. Tout en surveillant l’extérieur (nous étions parfaitement placés), je me mis à réfléchir. Qu’est-ce qui m’avait pris de l’embrasser comme ça sur la bouche ? Ça ne se fait pas. Je suis sensé la détester. Tout en elle est sensé me la faire détester. Le fait qu’elle veuille devenir un meilleur Prince Dragon, le fait même qu’elle soit une fille et dans l’Ordre, elle m’a fait prendre des décisions que je n’aurais jamais prises. Non c’est faux. C’est moi qui ais pris ces décisions. J’étais totalement libre d’en prendre d’autres. Ce n’est pas elle le responsable de ça. Mais tout de même. Elle avait peur des orages, avait trop d’émotions dès que l’on parlait de sa famille. Dans le même temps, elle jouait à la dure et semblait aussi inébranlable que les montagnes de Caledor. Qu’est-ce qui m’arrivait pour que je me comporte ainsi avec elle ? Certes je me sentais bien avec elle. Mais pourquoi je l’avais embrassée ? C’est mon apprentie, pas mon amante. D’un autre côté, rien ne nous interdisait de nous aimer dans le règlement. Absolument rien. Mais aussi, est-ce que je l’aimais réellement et je ne faisais pas cela par défaut ? Parce qu’elle était la seule femme elfe que je connaissais et que j’avais vue depuis notre départ de Marienburg ? Surtout, la seule à qui j’eu parlé depuis Lothern ? Etait-ce de l’opportunisme ? Je n’aurais été alors qu’un opportuniste. Mais était-ce plus profond ? Comment savoir ? Je ne pouvais demander à personne. Et certainement pas à elle. Cela serait trop étranger. Surtout si je trouvais le moyen de me perdre à nouveau dans ses magnifiques yeux. Pour le moment, j’étais surtout coincé ici, avec elle et nos trois chevaux. Ce qui ne faisait pas vraiment mes affaires. Il faudrait que je trouve une solution pour régler ce problème, d’une manière ou d’une autre.
Le jour arriva. Je la réveillais pour le lui signifier. Je parvenais à me nourrir tout seul désormais. Et mes bras ne me faisaient plus aussi mal. En revanche, j’avais toujours autant de mal à bouger. Ce qui me posa quelques problèmes d’ordres techniques pour certaines choses. L’après-midi, je me décidais à reprendre les leçons d’Aryana. Je ne pouvais tout lui montrer mais cela devrait aller. Je ne me trompais pas. Bien qu’elle mettait plus de temps à comprendre et à appliquer, elle y parvenait toujours. Le soir, elle me dit qu’elle irait chasser le lendemain. Elle veillerait la première partie de la nuit. La tempête s’était calmée, mais était encore violente. Malheureusement, je ne pourrais pas l’accompagner. Mais je resterais éveillé et essaierais de faire quelques exercices pour réhabituer mes jambes à marcher et qu’elles soient moins douloureuses. C’est ainsi que je m’endormis. Elle me réveilla quelques heures avant le lever du Soleil. Elle s’endormit rapidement toujours contre moi.
Aucun de nous n’avait reparlé de la veille, du baiser plus précisément. Mais aucun de nous ne parvenait à regarder l’autre dans les yeux maintenant. On évitait tout le temps de se regarder les yeux dans les yeux. J’ignorais pourquoi je faisais cela. Normalement, ce n’était qu’une erreur de jeunesse. Une faiblesse passagère. Une faiblesse qui n’aurait jamais due exister, mais une faiblesse quand même. Mais qu’est-ce qui me faisait si peur alors ? Que ce soit plus que ça ? Mais ce n’était pas plus que ça. Peut-être que si. Si seulement Iryana était là pour me conseiller. Elle aurait su quoi me dire et quoi faire. Elle me manquait quand même. Comme mère et mon petit frère et ma petite sœur. Je pourrais partir un jour, laissant Aryana ici. Non. Je lui avais fait une promesse. Et mon père ne reviendrait pas comme ça sur la sienne. Il ne fallait pas plaisanter avec ça non plus. Et voilà que je me mettais à penser à trahir un serment. Je devais être tombé bien bas pour avoir ces pensées.
Aryana partir chasser au petit matin, après le petit-déjeuner. La tempête s’était calmée désormais. On pouvait voir à plus d’une trentaine de pieds dedans. Mais guère plus loin. Elle revint le soir, comme elle me l’avait dit. Elle ramena un gros gibier et de quoi faire du feu. Nous survivions uniquement grâce à elle. Elle n’eut pas besoin de repartir chasser les jours suivants. Je ne sus pas pourquoi, mais j’en étais soulagé. L’entraînement repris pour elle. J’essayais de lui apprendre autant de choses que possible pour le combat. Nous étions vulnérables et en cas d’attaque, tout reposerait sur elle pour notre survie. J’avais donc décidé de remettre l’instruction tactique à plus tard. Dans le même temps, je rééduquais mes jambes. Chaque jour je progressais un peu plus dans mon réapprentissage. Aryana me soutenait en permanence. Ce qui avait commencé à m’exaspérer.
Un mois plus tard, je parvenais à marcher sans trop de difficultés. Du moins, j’arrivais à marcher un certain temps sans aide. L’entraînement d’Aryana avait progressé. Désormais, nous faisions le combat à cheval contre fantassins. Je faisais le fantassin. Nous réalisions ces entraînements dans l’ancienne écurie qu’elle avait aménagée pour nous héberger. Un jour, elle décida qu’elle devait partir à la chasse le lendemain. Elle voulait toujours avoir un stock conséquent de nourriture, en cas de tempête. La dernière s’était arrêtée depuis dix jours. Et la neige avait presque disparue depuis. Cependant, c’était la montagne et le temps pouvait changer rapidement. Elle partit au petit matin, devant rentrer quand le Soleil serait à son zénith. Mais elle ne rentra pas. A une heure de l’après-midi, je commençais à m’inquiéter. Elle était parfois en retard mais pas de plus d’une heure. Je me décidais à attendre un peu. Une demi-heure plus tard, je décidais d’y aller. J’aurais du mal à la rattraper à cause de mes problèmes pour la marche. Mais il le fallait. Je m’inquiétais de plus en plus. Je pris mon épée, installa les montures dans l’ancienne écurie, récupéra mon arc et son carquois avant de prendre une partie de mon armure et mon bouclier. Je sortis ensuite en dehors de l’ancienne auberge. L’astre solaire tapait fort. Je trouvais rapidement sa trace sur le sol encore légèrement enneigé. Il faisait froid à cause d’un fort vent. Je remontais ses traces petit à petit. Mais il y avait un problème. Au fil des heures, elles étaient de plus en plus fraîches. Je finis par la trouver à près de sept heures du soir. Elle était étendue sur le sol, ses armes à ses côtés. Sa tête était en sang et son épaule démise. Elle souffrait de plusieurs blessures sur le corps. Je pris ses armes et la souleva avant de la traîner. J’étais à bout de forces. Mais je savais que si je ne parvenais pas à notre campement avant la nuit, nous serions morts tous les deux. Au courage et au prix d’efforts intenses, je parvins à la ramener. Au passage, je réussis à tuer quelques animaux, qui serviraient de dîner et de repas pour les jours suivants. Je réussis à tout poser dans l’ancienne écurie. Les deux coursiers étaient encore là. Nous réussissions à les nourrir avec de l’herbe locale. Le troisième cheval était mort de maladie. Il nous apparut alors qu’il était clair que les montures humaines étaient loin d’être aussi résistantes que les montures d’Ulthuan.
Après avoir installé la nourriture dans ce qui nous servait de réserve et déposé toutes nos affaires, je m’occupais d’Aryana. Ses blessures avaient cicatrisé. Mais elles étaient sales. Par chance, nous avions une petite rivière qui prenait sa source dans la montagne. Et elle passait non loin de l’écurie. Je partis remplir nos gourdes et revint. Un problème se posait. Je ne voulais pas la déshabiller. Son corps lui appartenait et je n’avais à forcer son intimité. Mais en même temps, il fallait bien la nettoyer. Si je ne le faisais pas, les blessures pouvait toujours se rouvrir et s’infecter. Je pris mon courage à deux mains et entrepris de la déshabiller. Cela me gênait fortement de le faire. J’avais l’impression de violer son intimité. Puis, j’entrepris de la nettoyer des pieds à la tête. Elle avait de nombreuses blessures récentes. Et plusieurs autres bien plus anciennes. Je n’osais imaginer ce qui avait pu lui arriver avant qu’elle ne rentre dans l’Ordre des Princes Dragons. Cela avait dû être difficile.
Une fois le nettoyage fait et les blessures pansées, je voulus commencer à la rhabiller. Soudain, elle ouvrit les yeux. Je me précipitais à son chevet. Elle me prit le bras avec une force étonnante avant de me sortir en murmurant faiblement :
« Je t’aime Gilgalad. »
J’étais sonné. Complètement sonné. Au point que je n’arrivais plus à bouger. Elle venait de me dire qu’elle m’aimait. Est-ce que j’avais mal entendu ? Non. Quand même pas. Mon oreille était à quelques pouces de sa bouche. Et j’entendais clairement. C’était sûrement sous le coup des blessures et du délire. Ce devait être ça. C’était une obligation. Elle ne pouvait être amoureuse de moi. Ce n’était pas possible. C’était contre tout ce que je pensais envisageable. Mais surtout, comment aurait-elle pu tomber amoureuse de moi ? C’était inconcevable. Et puis, pourquoi cela m’avait perturbé ? Je ne ressentais pas la même chose pour elle. Je n’étais pas amoureux d’elle. A moins qu’elle ne me considère que comme un ami ? C’était peut-être possible alors. Mais elle ne me l’aurait pas dit avec un petit sourire heureux et en me regardant de cette manière. C’était impossible. Mais nom d’un griffon ! Pourquoi cela me perturbait-il autant ? Je me sentais bien avec elle et je ne voulais pas qu’elle meure pour ne pas avoir la perte de mon premier apprenti sous mes ordres. Mais était-ce uniquement cela ? Ou était-ce bien plus ? Je sentais qu’il y avait bien plus de mon côté mais qu’est-ce que c’était ? Si seulement Iryana était là. Elle pourrait m’aider à mettre de l’ordre dans mes idées. Mais encore une fois, je ne pouvais pas communiquer avec elle.
Aryana resta inconsciente les jours suivants. Je pus récupérer toutes mes facultés pour marcher et combattre. Je repris les entraînements personnels, seul. J’affrontais à chaque fois un adversaire invisible. En réalité, je m’imaginais Antanar. Il était évident qu’il était encore meilleur que moi, même après vingt années avec lui tous les jours. Je la nourrissais et changeait ses bandages régulièrement. La principale difficulté était que je devais tout mâcher jusqu’à réduire en bouillie pour lui faire avaler.
Mais elle finit par se réveiller. J’étais en train alors de préparer le repas du soir. Je faisais cuir un loup isolé que j’avais tué dans l’après-midi. Il avait pénétré l’entrée. Je l’avais tué avec mon arc avant qu’il ne sache où j’étais exactement. Aryana ouvrit légèrement les yeux. Puis de plus en plus largement. Elle finit par les ouvrir en entier. Ils m’avaient manqué. Même si j’avais du mal à me l’avouer. Elle tenta de se relever mais eut quelques difficultés. Elle refusa mon aide et parvint à s’asseoir, dos à un mur. Elle me demanda alors :
« Est-ce que j’ai dis quelque chose pendant que j’étais inconsciente ? »
Sans réfléchir, je lui répondis :
« A un moment, tu t’es réveillée et tu as dit que tu m’aimais. »
Je me rendis compte de mon erreur trop tard. J’aurais mieux fait de ne pas le dire. Ses yeux s’agrandirent de peur et son visage blanchit encore plus. Elle était bouche bée. Sa bouche tremblait légèrement et semblait vouloir fondre en larme. J’avais dis quelque chose qui ne devait pas être dit. Je tentais alors de rattraper mon erreur :
« Mais c’est sûrement pour dire que tu me considères presque comme un ami. Enfin je pense, j’espère… » Je vis son regard et compris que ce n’était pas ça. Elle était amoureuse de moi. C’était évident. Sinon elle ne m’aurait pas regardé ainsi. Je lui donnais à manger sa part et nous mangeâmes en silence.
Je pensais à ce qui venait de se passer. Elle m’avait dit indirectement qu’elle était amoureuse de moi. Mais comment cela était-il possible ? Comment pouvait-elle être amoureuse de moi ? Comment pouvait-elle en arriver là ? Qu’est-ce que je ressentais pour elle à vrai dire ? De l’amitié ? De l’amour ? Juste du respect ? Non. Il y avait plus que cela. Je n’osais pas la regarder. Je savais que la nuit serait intenable si nous n’avions pas clarifié la situation avant. Il fallait dire et faire quelque chose. Mais quoi ? Je ne savais pas ce que je ressentais pour elle. Si c’était de l’amour ou non. Pourtant j’allais devoir décider de quelque chose. Et selon la solution, l’avenir ne serait pas le même. Après avoir fini, je lui déclarais :
« Aryana, nous devons parler. – Je sus que cette formule n’était pas la plus appropriée quand elle écarquilla les yeux.
-Ecoute. Je n’y peux rien, c’est comme ça. Je n’y peux rien. Tu crois que je n’ais jamais tenté de résister ? Que je ne me suis jamais dit que ça ne serait jamais possible ? Qu’il fallait que je cherche quelqu’un d’autre ? Que je ne te connaissais pas assez ? Et pourtant si, je t’aime. Voilà, c’est dit. Je t’aime. Je m’en fiche si tu ne m’aimes pas. Je sais que tu me détestes. Je sais que tu penses que je n’ai pas ma place dans l’Ordre. Je sais que tu ne veux pas que j’apprenne à me battre et que tu le faits à contrecœur. Mais je…
-Je ne te déteste pas. Loin de là. – Elle semblait interloquée. – Je… C’est juste que… En fait, je ne savais pas où j’en étais. Jusqu’à maintenant.
-Comment ça « jusqu’à maintenant » ? »
Je venais de me rendre compte que je ne voulais pas que l’on soit séparés trop longtemps. Que je n’arriverais pas à vivre sans qu’elle ne soit là, avec moi. Je ne savais pas pourquoi mais d’un coup, l’évidence m’était apparue quand elle avait sa tirade. Je ne sus jamais pourquoi.
Je me levai et m’approchai d’elle. J’entendis son cœur battre de plus en plus vite. On se regardait les yeux dans les yeux. Je sentais mon propre cœur battre la chamade. J’avais l’impression que j’allais exploser. Puis, je l’embrassais, sur la bouche. C’était doux, chaud et réconfortant. J’avais envie que cela dure toute la vie. Mais il fallait reprendre son souffle. On se sépara avant que je ne mette à côté d’elle. Elle me dit alors :
« Alors, on en est où ? On est ensemble ou pas ? »
Je lui pris la main et l’embrassa sur les lèvres avant de lui répondre que oui.
Néanmoins, je voulais savoir ce qui lui était arrivé là-bas. Elle décida de tout me raconter avant de dormir.
Elle était en train de chasser un loup des montagnes quand soudain, les nuages masquèrent le Soleil. Un homme apparut subitement avant de l’attaquer. Elle avait bien tenté de lutter contre lui. Mais il était bien trop fort et trop rapide. Elle finit par tomber sur le sol et être inconsciente quelques secondes plus tard. Puis, ce fut le vide jusqu’à ce qu’elle se réveille quelques dizaines de minutes auparavant.
Cela m’intriguait fortement. Un homme ne pouvait apparaître ainsi. Sauf les sorciers de l’Ombre, les vampires et les sorciers du Chaos. Les démons le pouvaient, mais il n’y avait pas de faille non loin par laquelle s’échapper. Et le Chaos était ascendant depuis quelques décennies. Mais pas à ce point là. Ce n’était pas possible. J’espérais que ce n’était pas les deux derniers. Mais le combat qu’elle m’avait décrit semblait pourtant correspondre. Un sorcier humain ne pouvait faire une telle chose. Un vampire, oui. Un guerrier du Chaos aussi. Mais alors il devait être un excellent sorcier et guerrier à la fois. J’espérais juste qu’il ne suive pas la trace jusqu’ici. De plus Aryana ne manifestait aucun signe de vampirisme quelconque. Elle ne craignait pas l’argent (nous avions testé pour voir) ni les flammes, ni le feu, ni les symboles religieux. Elle avait encore son talisman d’Isha autour du cou et ne semblait pas l’affecter. C’était vraiment très étrange.
Peu après, nous décidâmes de nous coucher. Les deux chevaux s’endormirent alors que nous installions les couvertures pour la nuit. Je ne dormirais que d’un œil et Amlugcrist proche de moi. Il fallait être prudent. Aryana se blottit contre moi. Elle s’endormit presque aussitôt. Son visage semblait rayonner de joie lors qu’elle le posait contre mon épaule. Elle souriait. Elle était heureuse. Et cela me rendait heureux de la voir ainsi. Je finis toutefois par oublier ces problèmes en la regardant dormir. Je m’endormis un peu plus tard, après des minutes de contemplation de son visage.
Je fus réveillé bien avant elle. Je décidais d’aller m’entraîner dans la salle de l’auberge. Aussi, je pris mon armure (l’armure enchantée que nous avions trouvée), mon bouclier et Amlugcrist avant de partir dans la pièce en question. Il y avait plusieurs pièges à l’entrée de la grotte pour que l’on puisse entendre toute intrusion. Après avoir allumé toutes les torches, je réussis non sans mal à m’équiper entièrement. Je bénis les forgerons de Vaul de savoir fabriquer des armures aussi pratiques. On pouvait les mettre seuls. Un peu d’aide était parfois la bienvenue, notamment pour les canons d’avant-bras et d’arrière-bras. C’étaient les pièces les plus compliquées. Le reste était facile à installer. En effet, les épaulières étaient liées à la cuirasse. Des pointes surgissaient ci-et-là. Je pus profiter réellement de l’armure. Elle était rouge sang. Une légende disait que cela venait de la couleur des Dragons Solaires. Une autre légende disait que cela venait du sang des démons tués par les porteurs et qu’il était resté incrusté. La première version était la plus répandue dans l’Ordre des Princes Dragons. Surtout, celle qui était le plus souvent donnée aux étrangers. Tout dépendait de ce que l’on voulait dire.
Je pris mon bouclier et mon épée avant de commencer l’entraînement. J’avais complètement récupéré des coups du troll. J’étais en pleine possession de mes moyens. Alors autant en profiter pour faire un entraînement important. J’essayais de découvrir de nouveaux coups. Soudain, j’entendis un craquement de bois et un juron. Quelqu’un était dans l’entrée. Je me précipitais dans le couloir. Quelqu’un était rentré. Je repris facilement mon souffle avant de rentrer dans l’écurie. Quelqu’un était penché au cou d’Aryana encore endormie. Je lui dis de manière ferme :
« Vous avez besoin d’aide peut-être ? »
Il se retourna sur le champ. Je vis que le cou d’Aryana était encore vierge de toute marque. Il ouvrit la bouche et feula comme un chat. Je vis ses canines être plus longues que la normale. Un vampire. Voilà quelque chose qui n’allait pas m’aider. Je lui dis alors :
« Si tu veux te nourrir, il va d’abord falloir me combattre. »
Il ramassa son épée et se jeta sur moi. Je m’écartais au dernier moment et il alla s’étaler dans le couloir. Je me retournais pour le combat. Je devais l’éloigner d’elle. Il se releva prestement et me fit face.
Voilà, voilà. J'espère que cela vous a plu N'hésitez à me signaler des fautes qui se seraient glissées dans le texte malgré ma vigilance.
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Re: L'histoire de Gilgalad
Jeu 8 Sep 2016 - 14:07
J'ai vu
Sinon rien ne m'a réellement fait tiqué, mais je n'ai pas fait une analyse précise du texte.
C'est pas mal du tout je trouve Tu arrives à créer une certaine alchimie entre tes personnages et ça fait plaisir à voir.
Fait attention à certains termes familiers cependant : "me faire un coup comme ça", je suis hésitant parce que je l'aurais plutôt vu chez des des gens autres que nobles à vrai dire. Pour "démerder", même remarque.
Donc je demande... la suite (surtout que là tu nous laisses un gros cliffhanger )
On pouvait les mettre sans seuls
Sinon rien ne m'a réellement fait tiqué, mais je n'ai pas fait une analyse précise du texte.
C'est pas mal du tout je trouve Tu arrives à créer une certaine alchimie entre tes personnages et ça fait plaisir à voir.
Fait attention à certains termes familiers cependant : "me faire un coup comme ça", je suis hésitant parce que je l'aurais plutôt vu chez des des gens autres que nobles à vrai dire. Pour "démerder", même remarque.
Donc je demande... la suite (surtout que là tu nous laisses un gros cliffhanger )
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Terry Pratchett
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La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
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Re: L'histoire de Gilgalad
Ven 9 Sep 2016 - 13:31
Je plussoie mon compagnon de quête de spiritueux ! Vivement l'identité de ce nouveau personnage fort sympathique
La suite !
La suite !
Re: L'histoire de Gilgalad
Mer 14 Sep 2016 - 23:33
Alors alors alors.
Sur le fond l'histoire est originale. L'enfance puis l’ascension d'un noble elfe ? Je ne pense pas que ce soit quelque chose de développé dans les LA. Du coup ta vision de la chose est quelque chose de nouveau que j'apprécie.
Je souligne également le progrès de narration au fil des chapitres. Dès l'arrivée d'Aryana l'ensemble prends une nouvelle tournure. L'interaction avec cette "jeune" elfe et l'évolution de leur relation est ma foi sympathique. Les quêtes, scènes et péripéties sont au final assez classiques mais bien exploitées, ce qui fait plaisir à découvrir.
Je me demande si nous allons revoir tes compagnons de formation. Le musicien, le porte-étendard... ils ont fait un passage éclair, mais c'est con j'ai apprécié leur présence.
Sur la forme cependant...
Ton histoire est un récit narratif. Un peu comme si ton personnage (ou toi-même d'ailleurs, puisqu'il s'agit d'un texte autobiographique) se tenait à côté de nous et nous contait ses aventures.
Mais soit rigoureux dans les temps de conjugaison utilisés (imparfait, p-simple, p-composé, plus que parfait...). Par moment les choix que tu as réalisés "coupent" la dynamique de ton texte. Enfin c'est l'impression que j'en ai.
A cela j'ajoute l'emploi massif de "je" qui a déjà été signalé dans un précédent commentaire. C'est compliqué à éviter dans un texte autobiographique je l'admet, mais en l’occurrence cela nuit à son rythme.
Enfin troisième point, évites si possible les répétitions d'un même mot/adjectif à même pas une phrase d’intervalle. Ajoute à cela les quatre verbes de la ruine, les tant redoutés passe-partout, le quartet de la mortKiTue Avoir Etre Aller et Faire. Efforce toi d'inclure de la variété dans tes descriptions. Voire utilises un dico' des synonymes (le meilleur ami de l'auteur après le correcteur orthographique et la cafetière).
Pour résumer ses trois points : le tout manque de fluidité. C'est difficile à lire malgré la volonté évidente que tu mets dans ton texte et le plaisir palpable que tu éprouves à le rédiger.
C'est pas facile, mais essais de voir ce que tu écris comme si tu prenais le lecteur par la main pour l'emmener danser une balade : tu imposes le rythme, la cadence et les mouvements du ballet. Gracieux, fluide et tout en douceur. Même lorsque l'on dézingue du chaoteux à tour de bras. C'est peut-être abstrait (métaphorique?) mais c'est ainsi que je l'imagine
Un autre conseil, qui par contre est un choix personnel de mise en page : essai d'aérer ton texte en abrégeant les paragraphes voir en sautant des lignes pour bien les délimiter. Même si au final tu te retrouves avec des paragraphes de seulement 2-3 lignes pas de souci. Je prends vite peur quand je vois un gros pavé de 10-15 lignes ininterrompues. Or vu que tu as très peu de dialogues...
Mais ne désespères surtout pas devant ma critique. Comme souligné plus tôt dans mon com' déjà longuet, il y a du mieux au fil des chapitres sur ces quelques points et je ne souhaite que te voir continuer à progresser au fil des lignes
cela étant dit, envoies la suite. Je veux voir la dérouillée infligée à ce malandrin de noctambule et le baiser (de sang ?) qui s'ensuivra !
Sur le fond l'histoire est originale. L'enfance puis l’ascension d'un noble elfe ? Je ne pense pas que ce soit quelque chose de développé dans les LA. Du coup ta vision de la chose est quelque chose de nouveau que j'apprécie.
Je souligne également le progrès de narration au fil des chapitres. Dès l'arrivée d'Aryana l'ensemble prends une nouvelle tournure. L'interaction avec cette "jeune" elfe et l'évolution de leur relation est ma foi sympathique. Les quêtes, scènes et péripéties sont au final assez classiques mais bien exploitées, ce qui fait plaisir à découvrir.
Je me demande si nous allons revoir tes compagnons de formation. Le musicien, le porte-étendard... ils ont fait un passage éclair, mais c'est con j'ai apprécié leur présence.
Sur la forme cependant...
Ton histoire est un récit narratif. Un peu comme si ton personnage (ou toi-même d'ailleurs, puisqu'il s'agit d'un texte autobiographique) se tenait à côté de nous et nous contait ses aventures.
Mais soit rigoureux dans les temps de conjugaison utilisés (imparfait, p-simple, p-composé, plus que parfait...). Par moment les choix que tu as réalisés "coupent" la dynamique de ton texte. Enfin c'est l'impression que j'en ai.
A cela j'ajoute l'emploi massif de "je" qui a déjà été signalé dans un précédent commentaire. C'est compliqué à éviter dans un texte autobiographique je l'admet, mais en l’occurrence cela nuit à son rythme.
Enfin troisième point, évites si possible les répétitions d'un même mot/adjectif à même pas une phrase d’intervalle. Ajoute à cela les quatre verbes de la ruine, les tant redoutés passe-partout, le quartet de la mortKiTue Avoir Etre Aller et Faire. Efforce toi d'inclure de la variété dans tes descriptions. Voire utilises un dico' des synonymes (le meilleur ami de l'auteur après le correcteur orthographique et la cafetière).
Pour résumer ses trois points : le tout manque de fluidité. C'est difficile à lire malgré la volonté évidente que tu mets dans ton texte et le plaisir palpable que tu éprouves à le rédiger.
C'est pas facile, mais essais de voir ce que tu écris comme si tu prenais le lecteur par la main pour l'emmener danser une balade : tu imposes le rythme, la cadence et les mouvements du ballet. Gracieux, fluide et tout en douceur. Même lorsque l'on dézingue du chaoteux à tour de bras. C'est peut-être abstrait (métaphorique?) mais c'est ainsi que je l'imagine
Un autre conseil, qui par contre est un choix personnel de mise en page : essai d'aérer ton texte en abrégeant les paragraphes voir en sautant des lignes pour bien les délimiter. Même si au final tu te retrouves avec des paragraphes de seulement 2-3 lignes pas de souci. Je prends vite peur quand je vois un gros pavé de 10-15 lignes ininterrompues. Or vu que tu as très peu de dialogues...
Mais ne désespères surtout pas devant ma critique. Comme souligné plus tôt dans mon com' déjà longuet, il y a du mieux au fil des chapitres sur ces quelques points et je ne souhaite que te voir continuer à progresser au fil des lignes
- j'ai pas pu m'empêcher de penser à cette scène...:
- Gilgalad a écrit:
-On fait comment pour lui ?
-On attaque et on essaie de le tuer.
UTILISE TA TETE
probablement que vous pensez "au troll" (mauvais choix de mot..), mais perso même pour un maître elfique du combat, j'approuve totalement la strat. Simple, efficace et sans ambiguïté
cela étant dit, envoies la suite. Je veux voir la dérouillée infligée à ce malandrin de noctambule et le baiser (de sang ?) qui s'ensuivra !
- GilgaladMaître floodeur
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Re: L'histoire de Gilgalad
Jeu 15 Sep 2016 - 12:12
C'est un commentaire comme je les aime, c'est-à-dire très complet. Je te remercie de tes conseils sur la forme. J'ai déjà commencé à en tenir compte pour ce qui n'est pas encore publié en séparant les paragraphes en plusieurs parties.
Ce qui est assez drôle, c'est qu'une autre personne sur un autre forum, m'avait conseillé de faire au contraire des paragraphes plus longs (quand je faisais un autre récit). Mais comme le public est différent, je veux bien m'y adapter, surtout que cela ne me pose pas de problème majeur
Je ne vais pas répondre directement à ce que tu dis sur la forme partie par partie car je n'ai tout simplement rien à dire.
Ah oui, pour le combat contre le troll : c'est un troll de pierre et est assez difficile à passer De plus, mon personnage n'en a jamais affronté à pied, et dans une grotte. Du coup, il improvise. De mon point de vue, c'est aussi ce qui peut faire un grand combattant (je ne prétends pas que mon personnage le soit ou l'être IRL). A savoir, improviser quand on ne sait pas. Tout n'est pas affaire de planification.
Concernant la suite, elle va arriver avec du retard. Suite à ton commentaire, j'ai décidé de reprendre la partie 7. La partie 6 est prête à être publiée mais je préfère avoir terminé la partie 7 et bien entamé la partie 8 avant de poster la 6. Pourquoi ? Parce que cela rend plus aisée une éventuelle modification de l'histoire en fonction de l'évolution. Par ailleurs, j'ai complètement supprimé les deux pages écrites de la partie 8. C'était nul comme histoire et vraiment très mal écrit. Du coup, un peu de retard sur le planning. Mais pas la peine de faire comme si c'était anormal C'est habituel chez moi
EDIT (ok, après la suppression du message pour éviter un double-post) pour deux raisons.
La première d'abord. Il n'y aura pas qu'un petit peu de retard mais beaucoup. Une partie de la partie 7 ne me plaisait pas et j'ai décidé de changer une partie. Cela va aller plus lentement mais ce sera plus détaillé. La partie 8 ne sera pas du tout sur le même thème. Ce qui devait être raconté dans celle-ci sera reporté sur la partie 9 finalement.
La deuxième maintenant. Je vais changer de style à partir de la partie 8. Ce ne sera plus avec des "je" ou autres choses dans le même style. En effet, je vais prendre un point de vue plus omniscient. La raison est simple. Cette partie va raconter les intrigues de la cour à Lothern alors que mes personnages y sont. En conséquence, pour mieux les traiter et que ce soit plus compréhensible, je vais les traiter d'un point de vue omniscient ou presque (je ne dirais pas tout en permanence). Il en ira de même pour la partie 9 qui traitera du siège de Lothern. Cette dernière sera un peu plus courte que les autres. La partie 10 sera un peu plus longue par contre.
Ce qui est assez drôle, c'est qu'une autre personne sur un autre forum, m'avait conseillé de faire au contraire des paragraphes plus longs (quand je faisais un autre récit). Mais comme le public est différent, je veux bien m'y adapter, surtout que cela ne me pose pas de problème majeur
Je ne vais pas répondre directement à ce que tu dis sur la forme partie par partie car je n'ai tout simplement rien à dire.
Ah oui, pour le combat contre le troll : c'est un troll de pierre et est assez difficile à passer De plus, mon personnage n'en a jamais affronté à pied, et dans une grotte. Du coup, il improvise. De mon point de vue, c'est aussi ce qui peut faire un grand combattant (je ne prétends pas que mon personnage le soit ou l'être IRL). A savoir, improviser quand on ne sait pas. Tout n'est pas affaire de planification.
Ce n'est pas le but premier. Mais je veux expliquer l'histoire de mon personnage. Je suis donc obligé d'en passer par là La principale difficulté tient justement au fait que ce soit quelque chose de nouveau. En dehors de quelques bouquins pas terribles, il n'y a pas grand chose sur les Hauts Elfes, aussi bien d'un point de vue d'organisation de la société que description des paysages et villes. Il n'y a que quelques banalités que l'on retrouve partout. En fait, je m'inspire principalement de ce sujet-là sur le forum Ulthuan Vs Naggaroth. Toutefois, je ne le prends pas comme source absolue et en diverge par plusieurs points.vg11k a écrit:Sur le fond l'histoire est originale. L'enfance puis l’ascension d'un noble elfe ? Je ne pense pas que ce soit quelque chose de développé dans les LA. Du coup ta vision de la chose est quelque chose de nouveau que j'apprécie.
Hmmm, ce n'est pas vraiment au programme mais du coup, je viens d'avoir une idée concernant l'un d'eux en te lisant (pour la troisième fois avant de commenter). Du coup, je pense qu'il y a un des deux que vous verrez dans une des suites prochaines (pas la prochaine mais la suivante sûrement).vg11k a écrit:Je me demande si nous allons revoir tes compagnons de formation. Le musicien, le porte-étendard... ils ont fait un passage éclair, mais c'est con j'ai apprécié leur présence.
Concernant la suite, elle va arriver avec du retard. Suite à ton commentaire, j'ai décidé de reprendre la partie 7. La partie 6 est prête à être publiée mais je préfère avoir terminé la partie 7 et bien entamé la partie 8 avant de poster la 6. Pourquoi ? Parce que cela rend plus aisée une éventuelle modification de l'histoire en fonction de l'évolution. Par ailleurs, j'ai complètement supprimé les deux pages écrites de la partie 8. C'était nul comme histoire et vraiment très mal écrit. Du coup, un peu de retard sur le planning. Mais pas la peine de faire comme si c'était anormal C'est habituel chez moi
EDIT (ok, après la suppression du message pour éviter un double-post) pour deux raisons.
La première d'abord. Il n'y aura pas qu'un petit peu de retard mais beaucoup. Une partie de la partie 7 ne me plaisait pas et j'ai décidé de changer une partie. Cela va aller plus lentement mais ce sera plus détaillé. La partie 8 ne sera pas du tout sur le même thème. Ce qui devait être raconté dans celle-ci sera reporté sur la partie 9 finalement.
La deuxième maintenant. Je vais changer de style à partir de la partie 8. Ce ne sera plus avec des "je" ou autres choses dans le même style. En effet, je vais prendre un point de vue plus omniscient. La raison est simple. Cette partie va raconter les intrigues de la cour à Lothern alors que mes personnages y sont. En conséquence, pour mieux les traiter et que ce soit plus compréhensible, je vais les traiter d'un point de vue omniscient ou presque (je ne dirais pas tout en permanence). Il en ira de même pour la partie 9 qui traitera du siège de Lothern. Cette dernière sera un peu plus courte que les autres. La partie 10 sera un peu plus longue par contre.
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Re: L'histoire de Gilgalad
Mer 12 Oct 2016 - 16:48
Oui je sais, c'est un double-post Mais c'est pour la bonne cause, c'est la suite de mon histoire. Non, je n'ai pas avancé ailleurs. Mais j'ai eu soudainement envie de poster cette première suite.
Au fait, soyez indulgents. Elle n'est pas terrible au niveau de l'écriture.
Le vampire me fixait intensément. Il espérait peut-être que je le laisserais passer. Il semblait vouloir entamer un duel de volontés. Cela marchait peut-être sur un humain. Mais pas sur un elfe et encore moins un Prince Dragon de Caledor. Il me dit alors :
« Ecarte-toi et je ne te ferais pas souffrir.
-Dans tes rêves. »
Je voulais être très clair. S’il voulait se nourrir sur Aryana, il allait devoir me tuer avant. Il prit une deuxième épée, plus courte et chargea. Il rencontra mon bouclier. Il était plus grand que lui. Il ne parvint pas à le briser. Dès qu’il tentait de passer un coup par-dessus, je le parais. Puis, je donnais un grand coup et l’envoya à terre une nouvelle fois. Je ne voulais pas sortir de l’embrasure de l’ancienne porte. Il pouvait profiter d’une faille dans ma défense pour se glisser dans l’ancienne écurie et foncer vers Aryana. Celle-ci se réveillait à cause des bruits de combat. Je la vis émerger du coin de l’œil. Mais le vampire revenait à la charge. Je voulais tenir le plus longtemps possible. Une nouvelle passe d’arme s’engagea sans qu’il ne passe ma garde. Assommé sous un déluge de coups, je n’arrivais pas à placer une seule botte. J’entendis alors derrière moi :
« Baisse-toi à mon signal Gilgalad. » Elle devait avoir un plan. Je devais lui faire pleinement confiance. Quand le mort-vivant attaqua, j’entendis le mot Dragon. Ce devait être ça. Je me baissais. Une flèche vint stopper la course de mon ennemi. Je remerciais Aryana avant de passer à l’assaut. Cette fois, c’était à mon tour d’attaquer. Il parvint à parer quelques coups. Mais je réattaquais avec le bouclier ou Amlugcrist aussitôt. Il se releva après une nouvelle poussée loin de la porte. Il me déclara alors :
« Je suis Hans Von Rettermach. Tu as de la chance, maintenant c’est terminé pour toi. »
Il se jeta sur moi sur le champ. Je n’arrêtais pas de me demander où il avait appris à se battre. Sa technique était très primitive. Elle pouvait marcher contre des humains, des hommes-bêtes ou des peaux-vertes. Mais contre un elfe sûrement plus vieux que lui et avec une expérience du combat toute autre, ça ne pouvait pas marcher. Il m’avait suffi de laisser passer l’orage pour le déstabiliser. Alors qu’il se rapprochait de moi, je fléchis mes genoux et baissa Amlugcrist. Quand il arriva sur moi, je l’empalais par l’entrejambe, la lame remontant à l’intérieur du corps. Il hoqueta de surprise et ne put rien faire. Je retirais la lame après l’avoir envoyé au sol. Je me jetais sur lui en lui bloquant les membres. Je lui dis alors :
« Mon nom est Gilgalad Swiftblade. Je suis un Prince Dragon de Caledor. Je sais que je ne pourrais pas te tuer définitivement aujourd’hui. Mais je recommencerais autant de fois qu’il le faut jusqu’à le faire à jamais. Si tu veux un conseil, ne croise plus jamais ma route. Tu ne pourras jamais gagner contre moi. »
Amlugcrist se mit à briller d’une lumière bleutée. Je mis l’épée dans son cœur en le regardant bien dans les yeux. Son regard, si condescendant et vaniteux s’était mué en un regard de peur. Une peur terrible et primitive. Il était enfin remis à sa place. J’embrochais son cœur et laissa ma lame faire le travail. Hans hurla. Le corps explosa littéralement et fut réduit en cendres fumantes. Il ne nous importunerait plus avant très longtemps. J’avais de quoi améliorer largement mon niveau à l’épée avant. Cela dit, je devais être conscient d’une chose. Aryana l’avait affaibli avec sa flèche. Sans elle, je ne sais pas si j’aurais pu le vaincre aussi aisément. Voire le vaincre tout court. Aryana !
Je me rendis compte que j’avais oublié Aryana. Je me précipitais à son chevet. Je déposais mon épée, mon bouclier et mon heaume à côté d’elle avant de la prendre contre moi.
« Ho ça va hein. Je ne suis pas morte.
-Je…C’est que…Je… Je ne voulais pas te perdre.
-Je comprends mais là tu vas m’étouffer si tu continues à ce rythme.
-Pardon. – Je desserrais mon étreinte. – J’étais juste heureux que tu n’ais rien. Et merci pour l’aide.
-Je t’en prie. C’est normal d’aider son maître.
-Heu, à ce propos.
-Oui ? – Elle semblait inquiète. J’allais devoir bien choisir les mots.
-Officiellement rien ne nous interdit d’être ensemble. C’est contre toutes les traditions qui existent. Donc je pense qu’il vaut mieux attendre que j’aie officiellement terminé ta formation pour officialiser le tout. Du moins, un peu après.
-Tu as peur de ce que diront les autres de nous deux ? – Elle semblait triste.
-Non. C’est juste que certains – je pensais notamment à mon père – pourraient influencer Imrik pour qu’il refuse de valider la fin de la formation. Tu n’aurais alors jamais accès au rang de Capitaine Dragon. C’est juste que c’est mieux je pense. Pour toi. Moi je l’ai terminée. Mais je dois aussi penser à ton avenir au sein de l’ordre. Il te sera beaucoup plus difficile d’accomplir ta quête si tu ne le deviens pas.
-Je peux le faire en tant que Maître Dragon. Et tu devrais le savoir puisque tu as tué un Buveur de Sang.
-C’était un coup de chance. Il y a peu de probabilités que j’y arrive la prochaine fois. Il faut rester réaliste.
-Je comprends. Je veux bien faire comme si de rien n’était. Mais quoi faire pendant tout ce temps alors ? On n’a plus beaucoup d’argent.
-On devrait bien trouver de l’emploi dans l’Empire. Il me semble que les inquisiteurs cherchent parfois de bons guerriers. Et certains nobles très fortunés cherchent des maîtres d’armes. On devrait trouver. Du moins je l’espère.
-Et sinon ?
-Sinon, on se débrouillera. Mais entre l’Empire et la Bretonnie, on devrait trouver de quoi gagner de l’argent. Du moins je l’espère. Dans le cas contraire, tu pourras me maudire. – Je finis par sourire.
-Même pas en rêve. »
Elle n’avait pas sourit pour la dernière phrase. Je vis qu’elle était très sérieuse. Cependant, j’entendis son estomac crier famine. Tout comme le mien. J’enlevais mon armure et commençais à préparer le repas. Après avoir mangé, je m’occupais de ses blessures. Elles cicatrisaient parfaitement et Aryana semblait aller beaucoup mieux que la veille. Mais elle s’endormit quand même dans l’après-midi pour ne se réveiller que le soir, juste avant le repas. Aucun de nous ne parla pendant ce dernier. Nous avions trop faim. Je partis me rincer dans la rivière. Les branches en cas d’alerte étaient encore en place. J’avais mis de nouvelles dans l’après-midi. Il fallait prévenir de toute intrusion. Quand je revins, je remarquais que la température avait bien baissé. Dehors, la pluie se déchaînait. Je remis les couvertures en place, me changeai et me glissai dessous. Aryana était sur le côté. Elle recula et vint se blottir contre moi. Nos selles servaient d’oreillers. J’étais allongé sur le flanc droit, comme elle. Je mis mon bras droit au-dessus de ma tête et mon bras gauche sur le flanc de mon amante. Aussitôt, elle prit ma main dans la sienne et la serra contre sa poitrine. Je m’endormis ainsi, heureux.
Le lendemain fut assez calme. Aryana récupérait facilement des forces. Je pus voir que quelque chose avait changé dans son comportement. Elle était légèrement moins abrupte et sèche. Elle était légèrement plus douce. Mais rapidement, vint notre première dispute. Le motif ? Je voulais l’aider à aller à la source. Mais elle refusa mon aide :
« Je suis parfaitement capable de bouger toute seule.
-Mais tu as à peine assez de forces pour tenir debout. – Je ne voulais pas que quoi que ce soit lui arrive.
-Je vais y arriver je te dis. Si jamais par malheur j’ai besoin de toi je t’appellerai. Mais sinon, tu restes ici.
-Et pour te laver, tu feras comment ?
-Je m’arrangerais.
-Et pour le retour ?
-Je m’arrangerais je te dis, espèce de couille de cheval !
-Ah, ce n’est plus couille de griffon ? – Je m’étais mis à la taquiner, pour le plaisir.
-La ferme, abruti. »
Elle se renfrogna et décida de me faire la tête. Elle se leva après de nombreuses minutes d’essais et légers grognements de douleur. Puis, très lentement, elle partit vers la source. Elle se collait au mur pour ne pas tomber. Même si elle m’aimait, elle tenait énormément à son indépendance. Et ne voulait pas de mon aide. J’étais en permanence prêt à intervenir. Puis, je la suivis au son jusqu’à la source. Je fus rassuré en l’entendant entrer dans l’eau. J’avais suivi discrètement, au cas où. Mais toujours hors de vue. Je repartis vers l’entrée de l’auberge. Il pleuvait à verses. Heureusement que nous n’étions pas à l’extérieur. Rentrer dans ces conditions était invivable. Je me mis alors à penser à quoi faire après. Une fois que nous serions sortis.
Nous avons deux possibilités. Soit nous restons sur ce continent, soit nous rejoignons Ulthuan. Le problème est que si l’on rentre tout de suite, père risque de mal le prendre. Alors il vaut mieux attendre un peu. Apparemment, certains nobles humains ou ordres de chevaleries aimeraient employer des Asurs comme maîtres d’armes. Je devrais pouvoir trouver un emploi pour nous deux sans difficultés alors. La deuxième possibilité ne serait que si nous ne trouvons rien. On devient chasseurs de primes et mercenaires. Ça ne me plairait pas mais il faut bien gagner sa vie. Surtout si on veut payer un transport pour Lothern dans quelques années. Les prix sont assez élevés quand il faut transporter des montures. Bon, il devrait bien y avoir un ordre de chevalerie dans le Reikland ou quelque chose dans ce genre pour nous accepter et nous payer. On a quelques années devant nous pour attendre. Au pire, on s’allie avec des inquisiteurs. Qu’est-ce qu’on peut faire par amour quand même.
Soudain, j’entendis Aryana m’appeler. En un instant, j’étais déjà en train de courir vers la source. J’arrivais en quelques secondes. Elle avait un regard étonné :
« Mais pourquoi tu es arrivé aussi vite ?
-Je… - Je devais reprendre mon souffle – Je… Je pensais que tu avais eu un problème.
-Ah. Non, pas du tout. J’aimerais juste que tu me nettoies le dos. J’ai du mal à l’atteindre.
-Je croyais que tu n’aurais pas besoin de mon aide.
-S’il te plaît Gil’, aide-moi. – Elle prit un regard triste et implorant. C’était la première fois qu’elle faisait ça. Maudissant ma faiblesse intérieure, je pris l’éponge et m’agenouilla à côté de l’eau.
-Bon d’accord ça marche. Mais arrête de faire ça.
-Je ne vois pas de quoi tu parles. »
Je sentais un sourire sur sa bouche, même si elle me tournait le dos. Je vis encore les nombreuses marques assez anciennes. Cela me troublait encore et toujours. Mais si j’avais appris une chose avec ma sœur les fois où je l’avais vue, c’est qu’il ne fallait pas brusquer un elfe de sexe féminin sur des souvenirs douloureux. Et ces souvenirs devaient être douloureux à la fois physiquement et psychologiquement. Même si je voulais qu’elle en parle, je devais respecter sa volonté de ne pas en parler. Surtout si elle essayait de tout oublier. Je ne voulais pas lui faire de mal en lui faisant ressasser le passé. Ce dernier devait rester là où il était. Derrière nous. Je l’aidais ensuite à s’essuyer puisqu’elle était déjà fatiguée. Ensuite, je lui donnais ses vêtements. Par fierté, elle s’habilla toute seule. Pudiquement, je tournais la tête. Elle me sortit alors :
« Je sais que tu m’as déjà vue toute nue. Alors ça ne sert à rien de détourner la tête. Surtout si on est ensemble, tu vas nécessairement me voir dans mon plus simple appareil à un moment où l’autre. »
J’étais encore surpris par la franchise dont elle pouvait souvent faire preuve. Je me dis alors que si ça tenait entre nous, ce que j’espérais fortement, cela n’allait pas être de tout repos. Ce qui tombait bien, je n’aimais pas trop la monotonie. Je l’aidais ensuite à rejoindre l’ancienne écurie où nous logions. Il fallut ensuite préparer le repas. Elle mangea goulûment sa part. L’effort requis pour aller jusqu’à la source, se laver puis revenir avait dû être important pour elle. Surtout après plusieurs jours de sommeils et de repos forcé. Nous allâmes ensuite nous coucher, l’un contre l’autre et nous endormîmes peu après.
Les journées s’enchaînèrent les unes après les autres. Aryana récupéra rapidement. Mais je décidais de continuer l’entraînement sur place. Autant profiter de cette zone relativement calme. De plus, l’agencement se prêtait bien aux entraînements en milieu clos. Mais nous arrivions au milieu de la saison du Soleil. Il fallait repartir pour l’Empire avant qu’il ne se mette à neiger trop souvent et que les routes de montagnes ne deviennent impraticables pour nos montures. Cependant, je voulais vérifier s’il n’y avait pas d’autres objets enchantés dans l’auberge. Cela pouvait toujours être utile des les envoyer en Ulthuan. Je finis par trouver une armure enchantée assez ancienne. Quand je vis les inscriptions, je fus sidéré. L’armure des Liandin. Le hasard était parfois assez farceur. Je l’offris à Aryana, heureuse de retrouver un objet ayant appartenu à sa famille il y a des millénaires. L’armure était couleur sang et or, comme L’Armure Des Dragons. Les couleurs de la famille d’Aryana. Toutefois, son nom avait été oublié. Aussi, nous la rebaptisâmes L’Armure des Liandin. Restait à savoir ce qu’elle apporterait en plus par rapport à une simple armure dragon.
C’est ainsi que trois semaines après ces événements, nous partîmes de l’auberge. Nous avions des réserves de vivres pour plusieurs jours de marche. Cependant, nous mîmes à peine deux jours pour quitter les montagnes. Nous dormîmes dans une grotte assez étroite. Nous arrivâmes sur l’Averland. Vu des contreforts des Montagnes des Nains, la région était magnifique. Moins belle qu’Ulthuan certes. Mais très belle quand même. Nous arrivâmes dans un premier village alors que la nuit n’allait pas tarder. Toutefois, à peine entrés, les habitants commencèrent à se rassembler pour nous barrer la route. Le chef du village nous demanda ce que nous faisions sur place. Nous lui répondîmes poliment, en demandant de bien vouloir accepter de nous laisser pour dormir sur place, à l’auberge. Mais un habitant cria « Vampires ». Aussitôt, ils devinrent menaçants. Certains nous insultaient de démons, de bandits, de suppôts du Chaos, au choix. Nous tentâmes de leur expliquer mais même des soldats virent vers nous. Il n’y avait plus le choix. Il allait falloir passer en force. Nous enfilâmes nos heaumes et les gantelets, prîmes nos boucliers et sortîmes nos épées. Derrière nous, des soldats. Devant, les habitants. Nous aurions plus de chances avec les premiers. Il fallait faire sortir nos montures pour leur laisser la vie sauve. Il y avait dix soldats armés d’épées et une cinquantaine de miliciens. Nous chargeâmes sans nous retourner dans les soldats. Le massacre commença aussitôt. Chacun de nos coups tuait l’un d’eux. Nous ne faisions pas de quartiers. Nous finîmes par arriver aux portes en ayant tué les soldats et les miliciens. Comme la palissade qui entourait le village, elle était en bois et plus symbolique qu’autre chose. Nous la brisâmes d’un seul coup d’épée enchantée avant de mettre nos nobles montures dehors et de leur demander de se maintenir en vie. Puis, il fallut se tourner dans la direction des villageois. Ils arrivaient. A croire qu’aussi nombreux ils pourraient nous vaincre quand même. Nous étions dans l’embrasure de l’ancienne porte d’entrée. Nous regardions vers l’Ouest lointain. Vers le Soleil couchant. Cependant, il éclairait nos armures et cela semblait faire peur aux villageois. Nous les attaquâmes. Le massacre commença. Alors que les premiers tombaient, certains tentèrent de s’enfuir. Mais nous n’accordâmes aucune pitié. Ils avaient insulté l’honneur des Princes Dragons de Caledor. Il fallait le réparer. C’est ainsi que débuta la Légende Rouge de l’Averland. Seuls quelques villageois en réchappèrent. Mais encore moins parvinrent à atteindre en vie le prochain village où ils contèrent l’histoire de deux démons bardés d’armures rouges et or, un à forme d’homme et l’autre de femmes qui massacraient tout sur leur passage.
Nous parvînmes à récupérer nos montures en les appelant. Elles ne s’étaient guères éloignées, étant très fidèles. En revanche, nous savions qu’en cas de danger pour elles, elles seraient toujours plus loin. Les chevaux elfes étant beaucoup plus intelligents que leurs équivalents humains.
Nous repartîmes et décidâmes de ne pas nous arrêter dans des villages ou auberges isolées (et surtout pas des auberges naines) avant d’atteindre Nuln. Aryana et moi ne voulions pas de problèmes. Les journées s’organisaient ainsi. Le matin, nous prenions un repas puis partions sur les routes. Nous faisions une pause quand le soleil était à son zénith. Puis, je commençais l’entraînement de mon apprentie et amante. Etrangement, depuis que nous avions commencé à être ensemble, elle progressait plus vite. Un jour, je calculais rapidement. Il lui faudrait encore à peine une dizaine d’années pour atteindre le niveau qui était le mien. Ou en tout cas au point que je ne puisse plus lui apprendre quoi que ce soit, le reste étant à l’instinct. Je pourrais alors demander une dérogation pour les vingt années. Je savais qu’elle avait peu de chances d’être acceptée. Mais qui ne tente rien n’a rien me dis-je. Cela valait le coup d’essayer. Surtout si Aryana ne plaçait pas trop d’espoirs dedans. Je me mis à l’entraîner d’autant plus fortement et violemment. Toute trace d’amour disparaissait quand nous faisions nos passes d’armes. Une fois les entraînements terminés, nous établissions le campement pour la nuit avant de dormir. Nous dormions à tour de rôle, pour monter la garde. Puis, au réveil, la journée commençait comme la précédente.
Nous avancions lentement. Mais nous avions tous les deux beaucoup de temps devant nous. Il fallait en profiter. Nous finîmes par arriver à Nuln. Les forges fonctionnaient à plein et dans la chaleur de cette fin de saison du Soleil, l’astre du jour était caché par un immense nuage noir sur certains quartiers. Ce n’était bien sûr pas de la magie. Mais la poussière et la fumée recrachées par ces industries. Heureusement qu’elles n’étaient pas cette taille en Ulthuan. Nos bâtiments et magnifiques constructions seraient trop salis. Mais avant d’entrer dans la ville, il fallait passer par une grande porte flanquée de deux statues de griffons. Elles n’étaient pas moches et plutôt impressionnantes par leur taille. La file de personnes voulant entrer était assez grande. Aussi, nous mîmes pied à terre et patientâmes. Nous étions arrivés en début d’après-midi et ne pûmes entrer qu’une heure avant le coucher du Soleil. Nous tenions nos coursiers par la bride. A cause des nuages de pluie, nous avions mis de très grands manteaux avec une capuche. Ils nous couvraient du cou jusqu’aux pieds. Heureusement, nous avions nos titres de noblesse sur nous, écrits en Reikspiel. Nos bagages furent toutefois fouillés mais rien ne fut retenu. Le capitaine impérial qui surveillait nous recommanda d’aller voir chez le représentant elfe à Nuln.
Nous suivîmes son conseil. Heureusement, l’Altestadt était relativement propre. Après tout, c’était le quartier luxueux. Nous arrivâmes devant une bâtisse assez grande mais moins décorée que les autres. Surtout dans le plus pur style Asur. Nous toquâmes. Un valet humain ouvrit un panneau mobile. Nous lui demandâmes d’entrer et de voir le représentant du Roi Phénix sur place. Il nous referma le panneau au nez en nous disant d’attendre. Il revint vingt minutes plus tard. Il nous ouvrit la porte en nous disant :
« Il consent à vous recevoir trois jours dans sa demeure. Il vous prit de laisser ses écuyers porter vos affaires jusqu’à vos appartements et de suivre ce serviteur qui vous conduira jusqu’à lui. »
Nous obéîmes à ses consignes. Nos coursiers elfiques furent récupérés par des palefreniers, mais pas avant que nous ayons récupéré nos heaumes. Un servant récupéra nos manteaux tandis que nous vîmes deux autres récupérer nos affaires. Nous montâmes les escaliers. La décoration était luxueuse. Si l’extérieur était de bon goût, l’intérieur l’était beaucoup moins. Le représentant montrait ostensiblement sa richesse. Et c’était horrible à voir. Il nous fit patient vingt minutes dans l’antichambre. Il y avait plusieurs tableaux de lui chez lui, sûrement à Lothern. Nous finîmes par arriver devant lui. Il se présenta en nous disant d’une voix dédaigneuse :
« Je suis Antonian Ieran, représentant du Roi Phénix Finubar le Voyageur dans la cité humaine de Nuln. Qui ose m’importuner et se présenter devant moi ? »
Mon sang ne fit qu’un tour. Il osait me parler ainsi alors que mon sang était un million de fois plus noble que le sien. Mais je me contins légèrement et dit sèchement :
« Yrellian Swiftblade. Je vous somme de nous parler sur un autre ton à mon apprentie et moi. Parce que…
-Une apprentie ? Cette femme est votre apprentie ? Laissez-moi rire. Je dirais que c’est une fille que vous avez trouvée en Ulthuan et amenée ici pour lui donner du rêve. »
Il commençait à dépasser les bornes.
« Je réponds de sa noblesse, s’il le faut avec mon épée. Et je vous somme de me défier si vous prétendez qu’elle puisse ne pas être noble. Nous ne resterons que le temps que votre valet a dit. Nous partirons alors. Mais sachez une chose. Votre comportement envers le fils aîné d’un des plus nobles princes d’Ulthuan ne restera pas inconnu des oreilles du Roi Phénix. Maintenant, nous allons dans nos appartements. »
Nous partîmes aussitôt, guidés par un servant, dans les pièces qui nous avaient été réservées. Je ne voulais pas laisser le temps au représentant de répliquer. Il nous avait insulté tous les deux. Il n’y avait que deux pièces dans nos quartiers. Une chambre à coucher et une salle d’eau. Et un seul lit. Alors que nous n’avions rien dit ni laisser supposer. Une deuxième insulte à l’étiquette. Nous rangeâmes nos affaires. Il n’avait attribué aucun servant à nous. Or il savait pertinemment que tous les Princes Dragons de Caledor sont nobles. C’était une troisième insulte à l’étiquette. Je décidais de ne pas tenir compte du reste. Il y avait déjà trois violations manifestes des règles à l’accueil des nobles. Je pouvais passer sur la deuxième puisque nous étions ensemble Aryana et moi. Mais pas sur les deux autres.
Nous enlevâmes nos vêtements et armures en s’aidant. Aryana était épuisée par le voyage et les nombreux entraînements. Une nuit de sommeil dans un bon lit lui redonnerait des forces. Nous allâmes dans la salle d’eau. Heureusement, tout était bien en place comme il le fallait. Visiblement, l’apparence comptait plus que tout ici. Un servant vint nous affirmer que le repas du matin serait servi à huit heures précises dans notre chambre. Un autre serviteur nous réveillerait quelques minutes avant. Puis, il repartit. Nous pouvions enfin nous laver. A vrai dire, nous puions comme des animaux après des jours passés sans pouvoir se laver.
Ce fut un doux moment pour nous deux. J’étais contre le bord de la baignoire. Aryana avait collé son dos à ma poitrine et je la serrais dans mes bras. Je sentais son cœur contre ma main. Elle avait fermé les yeux et profitait du moment de paix ainsi. Je fermais les yeux. Je me sentais parfaitement heureux ainsi. En paix. Loin de tous les soucis qui pouvaient nous accabler. Nous décidâmes subitement de nous laver. Il valait mieux que l’eau ne refroidisse pas trop. Puis, nous sortîmes et nous séchâmes. Avant de mettre des chemises de nuit et d’aller nous coucher relativement tôt. Nous passâmes alors notre première nuit ensemble dans un lit et en profitâmes.
Le serviteur nous réveilla alors que les premiers rayons du jour pointaient leur nez. Peu après, nous pûmes prendre un bon repas. Nous décidâmes d’ensuite aller tenter notre chance en ville. Il fallait éventuellement passer par des quartiers malfamés. Et donc ne surtout pas prendre de pièces d’armure avec nous. Juste nos épées et une ou deux dagues. Cela pouvait toujours servir. Nous prîmes également des vêtements de voyage, pour ne pas paraître trop riches. Nous sortîmes par les arrières. Tant que nous étions dans l’Altestadt, nous étions tête nue. Il n’y avait aucun problème pour nous. Nous avions un laisser-passer pour passer les portes de gardes de la muraille intérieur. Celle qui séparait le quartier riche du quartier pauvre. Nous franchîmes les portes. Aussitôt, l’odeur devint terrible. Nous avions l’impression de nous retrouver sur un champ de bataille. Nous avions rabattu nos capuches pour qu’ils ne remarquent pas nos cheveux et oreilles. Nous allâmes dans une taverne qui n’était pas malfamée. Du moins ne l’était pas vraiment. Nous prîmes à boire et nous assîmes. Le vin était horrible mais bon, pour ce prix-là, nous ne pouvions nous attendre à beaucoup mieux. Personne n’osait s’approcher de nous. Soudain, un homme avec un très large chapeau, un grand manteau et un véritable arsenal entra. Il observa la salle et vit que les seules places libres étaient à côté d’Aryana et moi. Il vint s’asseoir en réclamant une pinte de bière. Tout le monde s’était écarté de sa route, semblant le craindre.
Une fois assit à côté de moi, il nous sorti :
« Dégagez de ma place bande de pourritures. »
Je fis signe des yeux à Aryana de ne pas réagir. Mais de se préparer à réagir en utilisant la manière forte s’il le fallait. Je dis alors à l’homme :
« Non. Premièrement, nous ne sommes pas des pourritures. Deuxièmement si le monde existe encore aujourd’hui, c’est grâce au sacrifice de nos ancêtres et pas grâce à l’humanité qui vivait encore dans des grottes. Troisièmement, je serais capable de tuer avant que ton cœur n’ait le temps de faire deux battements supplémentaires. »
Il me regarda par-dessous son chapeau, probablement intrigué. Il vit que nous étions plus grands que des hommes normaux, même si nous nous tassions pour faire plus petits. Il me répondit :
« Vous n’êtes pas humains.
-Elfes. – Je ne pouvais pas lui dire Asur, il ne comprendrait sûrement pas.
-Vous savez vous battre ?
-J’ai plus de quatre-vingts ans. Et elle en a plus de soixante. Et vous ne devez pas en avoir plus de trente. Vous croyez qu’on ne sait pas se battre ?
-A quel niveau ?
-Ça dépend.
-Moins bien qu’un capitaine impérial ?
-Ne nous insultez pas.
-Si vous êtes d’accord, je vais avoir besoin de votre aide. Je traque un vampire.
-Ah. Et en quoi cela nous concerne ?
-C’est un Dragon de Sang. Autrement dit, un spécialiste du combat rapproché. Je sais qu’il n’est pas loin d’ici. Je l’ai vu l’autre jour. Il a dit qu’il cherchait ceux qui ont massacré le village de cultistes à côté des Montagnes dans l’Averland.
-Cette histoire, c’était pour un village de cultistes ?
-Ouaip. Certains ont râlé mais j’ai un collègue qui enquêtait sur eux et qui avait trouvé des traces de corruption parmi les dirigeants. Mais ça, y’a pas grand monde qui le sait dans la populace. Ils préfèrent parler de la légende rouge. Ils ont juste dû se prendre un guerrier de Khorne qui passait par là ou un démon de Khorne invoqué. – Il fit le signe du marteau en même temps. – Du coup, vous en êtes ? »
J’interrogeais dans notre langue Aryana. Elle n’y voyait pas d’objection. Je repris la parole :
« C’est d’accord. Mais à deux conditions. La première est qu’il est à nous. On le bat, vous faites en sorte qu’il ne revienne plus. La deuxième : huit pistoles d’argent par jour. Et on compte les heures commencées.
-Vous êtes chers.
-C’est notre seule offre. Si vous refusez, vous allez vous trouvez quelqu’un d’autre et le risque est grand de vous faire tuer. Si vous payez, on peut faire le boulot à votre place.
-J’accepte. Où sont vos affaires ?
-Là où nous logeons.
-Bien. On se retrouve dans trois heures à la porte avec les Griffons. A l’extérieur.
-D’accord. »
Il se leva et partît. Nous fîmes de même quelques minutes plus tard. Il n’y avait pas de temps à perdre. Nous rejoignîmes la maison du représentant et récupérâmes nos affaires, passant nos armures au passage. Il fallait être prêt à rencontrer ce vampire à tout moment. Nous vérifiâmes que nous n’avions rien oublié et quittâmes la demeure sans regrets, prenant nos montures au passage. Dehors, nous rejoignîmes le répurgateur.
Au fait, soyez indulgents. Elle n'est pas terrible au niveau de l'écriture.
Chapitre 6 : Le vampire et les premiers pas dans les Terres des Hommes
Le vampire me fixait intensément. Il espérait peut-être que je le laisserais passer. Il semblait vouloir entamer un duel de volontés. Cela marchait peut-être sur un humain. Mais pas sur un elfe et encore moins un Prince Dragon de Caledor. Il me dit alors :
« Ecarte-toi et je ne te ferais pas souffrir.
-Dans tes rêves. »
Je voulais être très clair. S’il voulait se nourrir sur Aryana, il allait devoir me tuer avant. Il prit une deuxième épée, plus courte et chargea. Il rencontra mon bouclier. Il était plus grand que lui. Il ne parvint pas à le briser. Dès qu’il tentait de passer un coup par-dessus, je le parais. Puis, je donnais un grand coup et l’envoya à terre une nouvelle fois. Je ne voulais pas sortir de l’embrasure de l’ancienne porte. Il pouvait profiter d’une faille dans ma défense pour se glisser dans l’ancienne écurie et foncer vers Aryana. Celle-ci se réveillait à cause des bruits de combat. Je la vis émerger du coin de l’œil. Mais le vampire revenait à la charge. Je voulais tenir le plus longtemps possible. Une nouvelle passe d’arme s’engagea sans qu’il ne passe ma garde. Assommé sous un déluge de coups, je n’arrivais pas à placer une seule botte. J’entendis alors derrière moi :
« Baisse-toi à mon signal Gilgalad. » Elle devait avoir un plan. Je devais lui faire pleinement confiance. Quand le mort-vivant attaqua, j’entendis le mot Dragon. Ce devait être ça. Je me baissais. Une flèche vint stopper la course de mon ennemi. Je remerciais Aryana avant de passer à l’assaut. Cette fois, c’était à mon tour d’attaquer. Il parvint à parer quelques coups. Mais je réattaquais avec le bouclier ou Amlugcrist aussitôt. Il se releva après une nouvelle poussée loin de la porte. Il me déclara alors :
« Je suis Hans Von Rettermach. Tu as de la chance, maintenant c’est terminé pour toi. »
Il se jeta sur moi sur le champ. Je n’arrêtais pas de me demander où il avait appris à se battre. Sa technique était très primitive. Elle pouvait marcher contre des humains, des hommes-bêtes ou des peaux-vertes. Mais contre un elfe sûrement plus vieux que lui et avec une expérience du combat toute autre, ça ne pouvait pas marcher. Il m’avait suffi de laisser passer l’orage pour le déstabiliser. Alors qu’il se rapprochait de moi, je fléchis mes genoux et baissa Amlugcrist. Quand il arriva sur moi, je l’empalais par l’entrejambe, la lame remontant à l’intérieur du corps. Il hoqueta de surprise et ne put rien faire. Je retirais la lame après l’avoir envoyé au sol. Je me jetais sur lui en lui bloquant les membres. Je lui dis alors :
« Mon nom est Gilgalad Swiftblade. Je suis un Prince Dragon de Caledor. Je sais que je ne pourrais pas te tuer définitivement aujourd’hui. Mais je recommencerais autant de fois qu’il le faut jusqu’à le faire à jamais. Si tu veux un conseil, ne croise plus jamais ma route. Tu ne pourras jamais gagner contre moi. »
Amlugcrist se mit à briller d’une lumière bleutée. Je mis l’épée dans son cœur en le regardant bien dans les yeux. Son regard, si condescendant et vaniteux s’était mué en un regard de peur. Une peur terrible et primitive. Il était enfin remis à sa place. J’embrochais son cœur et laissa ma lame faire le travail. Hans hurla. Le corps explosa littéralement et fut réduit en cendres fumantes. Il ne nous importunerait plus avant très longtemps. J’avais de quoi améliorer largement mon niveau à l’épée avant. Cela dit, je devais être conscient d’une chose. Aryana l’avait affaibli avec sa flèche. Sans elle, je ne sais pas si j’aurais pu le vaincre aussi aisément. Voire le vaincre tout court. Aryana !
Je me rendis compte que j’avais oublié Aryana. Je me précipitais à son chevet. Je déposais mon épée, mon bouclier et mon heaume à côté d’elle avant de la prendre contre moi.
« Ho ça va hein. Je ne suis pas morte.
-Je…C’est que…Je… Je ne voulais pas te perdre.
-Je comprends mais là tu vas m’étouffer si tu continues à ce rythme.
-Pardon. – Je desserrais mon étreinte. – J’étais juste heureux que tu n’ais rien. Et merci pour l’aide.
-Je t’en prie. C’est normal d’aider son maître.
-Heu, à ce propos.
-Oui ? – Elle semblait inquiète. J’allais devoir bien choisir les mots.
-Officiellement rien ne nous interdit d’être ensemble. C’est contre toutes les traditions qui existent. Donc je pense qu’il vaut mieux attendre que j’aie officiellement terminé ta formation pour officialiser le tout. Du moins, un peu après.
-Tu as peur de ce que diront les autres de nous deux ? – Elle semblait triste.
-Non. C’est juste que certains – je pensais notamment à mon père – pourraient influencer Imrik pour qu’il refuse de valider la fin de la formation. Tu n’aurais alors jamais accès au rang de Capitaine Dragon. C’est juste que c’est mieux je pense. Pour toi. Moi je l’ai terminée. Mais je dois aussi penser à ton avenir au sein de l’ordre. Il te sera beaucoup plus difficile d’accomplir ta quête si tu ne le deviens pas.
-Je peux le faire en tant que Maître Dragon. Et tu devrais le savoir puisque tu as tué un Buveur de Sang.
-C’était un coup de chance. Il y a peu de probabilités que j’y arrive la prochaine fois. Il faut rester réaliste.
-Je comprends. Je veux bien faire comme si de rien n’était. Mais quoi faire pendant tout ce temps alors ? On n’a plus beaucoup d’argent.
-On devrait bien trouver de l’emploi dans l’Empire. Il me semble que les inquisiteurs cherchent parfois de bons guerriers. Et certains nobles très fortunés cherchent des maîtres d’armes. On devrait trouver. Du moins je l’espère.
-Et sinon ?
-Sinon, on se débrouillera. Mais entre l’Empire et la Bretonnie, on devrait trouver de quoi gagner de l’argent. Du moins je l’espère. Dans le cas contraire, tu pourras me maudire. – Je finis par sourire.
-Même pas en rêve. »
Elle n’avait pas sourit pour la dernière phrase. Je vis qu’elle était très sérieuse. Cependant, j’entendis son estomac crier famine. Tout comme le mien. J’enlevais mon armure et commençais à préparer le repas. Après avoir mangé, je m’occupais de ses blessures. Elles cicatrisaient parfaitement et Aryana semblait aller beaucoup mieux que la veille. Mais elle s’endormit quand même dans l’après-midi pour ne se réveiller que le soir, juste avant le repas. Aucun de nous ne parla pendant ce dernier. Nous avions trop faim. Je partis me rincer dans la rivière. Les branches en cas d’alerte étaient encore en place. J’avais mis de nouvelles dans l’après-midi. Il fallait prévenir de toute intrusion. Quand je revins, je remarquais que la température avait bien baissé. Dehors, la pluie se déchaînait. Je remis les couvertures en place, me changeai et me glissai dessous. Aryana était sur le côté. Elle recula et vint se blottir contre moi. Nos selles servaient d’oreillers. J’étais allongé sur le flanc droit, comme elle. Je mis mon bras droit au-dessus de ma tête et mon bras gauche sur le flanc de mon amante. Aussitôt, elle prit ma main dans la sienne et la serra contre sa poitrine. Je m’endormis ainsi, heureux.
Le lendemain fut assez calme. Aryana récupérait facilement des forces. Je pus voir que quelque chose avait changé dans son comportement. Elle était légèrement moins abrupte et sèche. Elle était légèrement plus douce. Mais rapidement, vint notre première dispute. Le motif ? Je voulais l’aider à aller à la source. Mais elle refusa mon aide :
« Je suis parfaitement capable de bouger toute seule.
-Mais tu as à peine assez de forces pour tenir debout. – Je ne voulais pas que quoi que ce soit lui arrive.
-Je vais y arriver je te dis. Si jamais par malheur j’ai besoin de toi je t’appellerai. Mais sinon, tu restes ici.
-Et pour te laver, tu feras comment ?
-Je m’arrangerais.
-Et pour le retour ?
-Je m’arrangerais je te dis, espèce de couille de cheval !
-Ah, ce n’est plus couille de griffon ? – Je m’étais mis à la taquiner, pour le plaisir.
-La ferme, abruti. »
Elle se renfrogna et décida de me faire la tête. Elle se leva après de nombreuses minutes d’essais et légers grognements de douleur. Puis, très lentement, elle partit vers la source. Elle se collait au mur pour ne pas tomber. Même si elle m’aimait, elle tenait énormément à son indépendance. Et ne voulait pas de mon aide. J’étais en permanence prêt à intervenir. Puis, je la suivis au son jusqu’à la source. Je fus rassuré en l’entendant entrer dans l’eau. J’avais suivi discrètement, au cas où. Mais toujours hors de vue. Je repartis vers l’entrée de l’auberge. Il pleuvait à verses. Heureusement que nous n’étions pas à l’extérieur. Rentrer dans ces conditions était invivable. Je me mis alors à penser à quoi faire après. Une fois que nous serions sortis.
Nous avons deux possibilités. Soit nous restons sur ce continent, soit nous rejoignons Ulthuan. Le problème est que si l’on rentre tout de suite, père risque de mal le prendre. Alors il vaut mieux attendre un peu. Apparemment, certains nobles humains ou ordres de chevaleries aimeraient employer des Asurs comme maîtres d’armes. Je devrais pouvoir trouver un emploi pour nous deux sans difficultés alors. La deuxième possibilité ne serait que si nous ne trouvons rien. On devient chasseurs de primes et mercenaires. Ça ne me plairait pas mais il faut bien gagner sa vie. Surtout si on veut payer un transport pour Lothern dans quelques années. Les prix sont assez élevés quand il faut transporter des montures. Bon, il devrait bien y avoir un ordre de chevalerie dans le Reikland ou quelque chose dans ce genre pour nous accepter et nous payer. On a quelques années devant nous pour attendre. Au pire, on s’allie avec des inquisiteurs. Qu’est-ce qu’on peut faire par amour quand même.
Soudain, j’entendis Aryana m’appeler. En un instant, j’étais déjà en train de courir vers la source. J’arrivais en quelques secondes. Elle avait un regard étonné :
« Mais pourquoi tu es arrivé aussi vite ?
-Je… - Je devais reprendre mon souffle – Je… Je pensais que tu avais eu un problème.
-Ah. Non, pas du tout. J’aimerais juste que tu me nettoies le dos. J’ai du mal à l’atteindre.
-Je croyais que tu n’aurais pas besoin de mon aide.
-S’il te plaît Gil’, aide-moi. – Elle prit un regard triste et implorant. C’était la première fois qu’elle faisait ça. Maudissant ma faiblesse intérieure, je pris l’éponge et m’agenouilla à côté de l’eau.
-Bon d’accord ça marche. Mais arrête de faire ça.
-Je ne vois pas de quoi tu parles. »
Je sentais un sourire sur sa bouche, même si elle me tournait le dos. Je vis encore les nombreuses marques assez anciennes. Cela me troublait encore et toujours. Mais si j’avais appris une chose avec ma sœur les fois où je l’avais vue, c’est qu’il ne fallait pas brusquer un elfe de sexe féminin sur des souvenirs douloureux. Et ces souvenirs devaient être douloureux à la fois physiquement et psychologiquement. Même si je voulais qu’elle en parle, je devais respecter sa volonté de ne pas en parler. Surtout si elle essayait de tout oublier. Je ne voulais pas lui faire de mal en lui faisant ressasser le passé. Ce dernier devait rester là où il était. Derrière nous. Je l’aidais ensuite à s’essuyer puisqu’elle était déjà fatiguée. Ensuite, je lui donnais ses vêtements. Par fierté, elle s’habilla toute seule. Pudiquement, je tournais la tête. Elle me sortit alors :
« Je sais que tu m’as déjà vue toute nue. Alors ça ne sert à rien de détourner la tête. Surtout si on est ensemble, tu vas nécessairement me voir dans mon plus simple appareil à un moment où l’autre. »
J’étais encore surpris par la franchise dont elle pouvait souvent faire preuve. Je me dis alors que si ça tenait entre nous, ce que j’espérais fortement, cela n’allait pas être de tout repos. Ce qui tombait bien, je n’aimais pas trop la monotonie. Je l’aidais ensuite à rejoindre l’ancienne écurie où nous logions. Il fallut ensuite préparer le repas. Elle mangea goulûment sa part. L’effort requis pour aller jusqu’à la source, se laver puis revenir avait dû être important pour elle. Surtout après plusieurs jours de sommeils et de repos forcé. Nous allâmes ensuite nous coucher, l’un contre l’autre et nous endormîmes peu après.
Les journées s’enchaînèrent les unes après les autres. Aryana récupéra rapidement. Mais je décidais de continuer l’entraînement sur place. Autant profiter de cette zone relativement calme. De plus, l’agencement se prêtait bien aux entraînements en milieu clos. Mais nous arrivions au milieu de la saison du Soleil. Il fallait repartir pour l’Empire avant qu’il ne se mette à neiger trop souvent et que les routes de montagnes ne deviennent impraticables pour nos montures. Cependant, je voulais vérifier s’il n’y avait pas d’autres objets enchantés dans l’auberge. Cela pouvait toujours être utile des les envoyer en Ulthuan. Je finis par trouver une armure enchantée assez ancienne. Quand je vis les inscriptions, je fus sidéré. L’armure des Liandin. Le hasard était parfois assez farceur. Je l’offris à Aryana, heureuse de retrouver un objet ayant appartenu à sa famille il y a des millénaires. L’armure était couleur sang et or, comme L’Armure Des Dragons. Les couleurs de la famille d’Aryana. Toutefois, son nom avait été oublié. Aussi, nous la rebaptisâmes L’Armure des Liandin. Restait à savoir ce qu’elle apporterait en plus par rapport à une simple armure dragon.
C’est ainsi que trois semaines après ces événements, nous partîmes de l’auberge. Nous avions des réserves de vivres pour plusieurs jours de marche. Cependant, nous mîmes à peine deux jours pour quitter les montagnes. Nous dormîmes dans une grotte assez étroite. Nous arrivâmes sur l’Averland. Vu des contreforts des Montagnes des Nains, la région était magnifique. Moins belle qu’Ulthuan certes. Mais très belle quand même. Nous arrivâmes dans un premier village alors que la nuit n’allait pas tarder. Toutefois, à peine entrés, les habitants commencèrent à se rassembler pour nous barrer la route. Le chef du village nous demanda ce que nous faisions sur place. Nous lui répondîmes poliment, en demandant de bien vouloir accepter de nous laisser pour dormir sur place, à l’auberge. Mais un habitant cria « Vampires ». Aussitôt, ils devinrent menaçants. Certains nous insultaient de démons, de bandits, de suppôts du Chaos, au choix. Nous tentâmes de leur expliquer mais même des soldats virent vers nous. Il n’y avait plus le choix. Il allait falloir passer en force. Nous enfilâmes nos heaumes et les gantelets, prîmes nos boucliers et sortîmes nos épées. Derrière nous, des soldats. Devant, les habitants. Nous aurions plus de chances avec les premiers. Il fallait faire sortir nos montures pour leur laisser la vie sauve. Il y avait dix soldats armés d’épées et une cinquantaine de miliciens. Nous chargeâmes sans nous retourner dans les soldats. Le massacre commença aussitôt. Chacun de nos coups tuait l’un d’eux. Nous ne faisions pas de quartiers. Nous finîmes par arriver aux portes en ayant tué les soldats et les miliciens. Comme la palissade qui entourait le village, elle était en bois et plus symbolique qu’autre chose. Nous la brisâmes d’un seul coup d’épée enchantée avant de mettre nos nobles montures dehors et de leur demander de se maintenir en vie. Puis, il fallut se tourner dans la direction des villageois. Ils arrivaient. A croire qu’aussi nombreux ils pourraient nous vaincre quand même. Nous étions dans l’embrasure de l’ancienne porte d’entrée. Nous regardions vers l’Ouest lointain. Vers le Soleil couchant. Cependant, il éclairait nos armures et cela semblait faire peur aux villageois. Nous les attaquâmes. Le massacre commença. Alors que les premiers tombaient, certains tentèrent de s’enfuir. Mais nous n’accordâmes aucune pitié. Ils avaient insulté l’honneur des Princes Dragons de Caledor. Il fallait le réparer. C’est ainsi que débuta la Légende Rouge de l’Averland. Seuls quelques villageois en réchappèrent. Mais encore moins parvinrent à atteindre en vie le prochain village où ils contèrent l’histoire de deux démons bardés d’armures rouges et or, un à forme d’homme et l’autre de femmes qui massacraient tout sur leur passage.
Nous parvînmes à récupérer nos montures en les appelant. Elles ne s’étaient guères éloignées, étant très fidèles. En revanche, nous savions qu’en cas de danger pour elles, elles seraient toujours plus loin. Les chevaux elfes étant beaucoup plus intelligents que leurs équivalents humains.
Nous repartîmes et décidâmes de ne pas nous arrêter dans des villages ou auberges isolées (et surtout pas des auberges naines) avant d’atteindre Nuln. Aryana et moi ne voulions pas de problèmes. Les journées s’organisaient ainsi. Le matin, nous prenions un repas puis partions sur les routes. Nous faisions une pause quand le soleil était à son zénith. Puis, je commençais l’entraînement de mon apprentie et amante. Etrangement, depuis que nous avions commencé à être ensemble, elle progressait plus vite. Un jour, je calculais rapidement. Il lui faudrait encore à peine une dizaine d’années pour atteindre le niveau qui était le mien. Ou en tout cas au point que je ne puisse plus lui apprendre quoi que ce soit, le reste étant à l’instinct. Je pourrais alors demander une dérogation pour les vingt années. Je savais qu’elle avait peu de chances d’être acceptée. Mais qui ne tente rien n’a rien me dis-je. Cela valait le coup d’essayer. Surtout si Aryana ne plaçait pas trop d’espoirs dedans. Je me mis à l’entraîner d’autant plus fortement et violemment. Toute trace d’amour disparaissait quand nous faisions nos passes d’armes. Une fois les entraînements terminés, nous établissions le campement pour la nuit avant de dormir. Nous dormions à tour de rôle, pour monter la garde. Puis, au réveil, la journée commençait comme la précédente.
Nous avancions lentement. Mais nous avions tous les deux beaucoup de temps devant nous. Il fallait en profiter. Nous finîmes par arriver à Nuln. Les forges fonctionnaient à plein et dans la chaleur de cette fin de saison du Soleil, l’astre du jour était caché par un immense nuage noir sur certains quartiers. Ce n’était bien sûr pas de la magie. Mais la poussière et la fumée recrachées par ces industries. Heureusement qu’elles n’étaient pas cette taille en Ulthuan. Nos bâtiments et magnifiques constructions seraient trop salis. Mais avant d’entrer dans la ville, il fallait passer par une grande porte flanquée de deux statues de griffons. Elles n’étaient pas moches et plutôt impressionnantes par leur taille. La file de personnes voulant entrer était assez grande. Aussi, nous mîmes pied à terre et patientâmes. Nous étions arrivés en début d’après-midi et ne pûmes entrer qu’une heure avant le coucher du Soleil. Nous tenions nos coursiers par la bride. A cause des nuages de pluie, nous avions mis de très grands manteaux avec une capuche. Ils nous couvraient du cou jusqu’aux pieds. Heureusement, nous avions nos titres de noblesse sur nous, écrits en Reikspiel. Nos bagages furent toutefois fouillés mais rien ne fut retenu. Le capitaine impérial qui surveillait nous recommanda d’aller voir chez le représentant elfe à Nuln.
Nous suivîmes son conseil. Heureusement, l’Altestadt était relativement propre. Après tout, c’était le quartier luxueux. Nous arrivâmes devant une bâtisse assez grande mais moins décorée que les autres. Surtout dans le plus pur style Asur. Nous toquâmes. Un valet humain ouvrit un panneau mobile. Nous lui demandâmes d’entrer et de voir le représentant du Roi Phénix sur place. Il nous referma le panneau au nez en nous disant d’attendre. Il revint vingt minutes plus tard. Il nous ouvrit la porte en nous disant :
« Il consent à vous recevoir trois jours dans sa demeure. Il vous prit de laisser ses écuyers porter vos affaires jusqu’à vos appartements et de suivre ce serviteur qui vous conduira jusqu’à lui. »
Nous obéîmes à ses consignes. Nos coursiers elfiques furent récupérés par des palefreniers, mais pas avant que nous ayons récupéré nos heaumes. Un servant récupéra nos manteaux tandis que nous vîmes deux autres récupérer nos affaires. Nous montâmes les escaliers. La décoration était luxueuse. Si l’extérieur était de bon goût, l’intérieur l’était beaucoup moins. Le représentant montrait ostensiblement sa richesse. Et c’était horrible à voir. Il nous fit patient vingt minutes dans l’antichambre. Il y avait plusieurs tableaux de lui chez lui, sûrement à Lothern. Nous finîmes par arriver devant lui. Il se présenta en nous disant d’une voix dédaigneuse :
« Je suis Antonian Ieran, représentant du Roi Phénix Finubar le Voyageur dans la cité humaine de Nuln. Qui ose m’importuner et se présenter devant moi ? »
Mon sang ne fit qu’un tour. Il osait me parler ainsi alors que mon sang était un million de fois plus noble que le sien. Mais je me contins légèrement et dit sèchement :
« Yrellian Swiftblade. Je vous somme de nous parler sur un autre ton à mon apprentie et moi. Parce que…
-Une apprentie ? Cette femme est votre apprentie ? Laissez-moi rire. Je dirais que c’est une fille que vous avez trouvée en Ulthuan et amenée ici pour lui donner du rêve. »
Il commençait à dépasser les bornes.
« Je réponds de sa noblesse, s’il le faut avec mon épée. Et je vous somme de me défier si vous prétendez qu’elle puisse ne pas être noble. Nous ne resterons que le temps que votre valet a dit. Nous partirons alors. Mais sachez une chose. Votre comportement envers le fils aîné d’un des plus nobles princes d’Ulthuan ne restera pas inconnu des oreilles du Roi Phénix. Maintenant, nous allons dans nos appartements. »
Nous partîmes aussitôt, guidés par un servant, dans les pièces qui nous avaient été réservées. Je ne voulais pas laisser le temps au représentant de répliquer. Il nous avait insulté tous les deux. Il n’y avait que deux pièces dans nos quartiers. Une chambre à coucher et une salle d’eau. Et un seul lit. Alors que nous n’avions rien dit ni laisser supposer. Une deuxième insulte à l’étiquette. Nous rangeâmes nos affaires. Il n’avait attribué aucun servant à nous. Or il savait pertinemment que tous les Princes Dragons de Caledor sont nobles. C’était une troisième insulte à l’étiquette. Je décidais de ne pas tenir compte du reste. Il y avait déjà trois violations manifestes des règles à l’accueil des nobles. Je pouvais passer sur la deuxième puisque nous étions ensemble Aryana et moi. Mais pas sur les deux autres.
Nous enlevâmes nos vêtements et armures en s’aidant. Aryana était épuisée par le voyage et les nombreux entraînements. Une nuit de sommeil dans un bon lit lui redonnerait des forces. Nous allâmes dans la salle d’eau. Heureusement, tout était bien en place comme il le fallait. Visiblement, l’apparence comptait plus que tout ici. Un servant vint nous affirmer que le repas du matin serait servi à huit heures précises dans notre chambre. Un autre serviteur nous réveillerait quelques minutes avant. Puis, il repartit. Nous pouvions enfin nous laver. A vrai dire, nous puions comme des animaux après des jours passés sans pouvoir se laver.
Ce fut un doux moment pour nous deux. J’étais contre le bord de la baignoire. Aryana avait collé son dos à ma poitrine et je la serrais dans mes bras. Je sentais son cœur contre ma main. Elle avait fermé les yeux et profitait du moment de paix ainsi. Je fermais les yeux. Je me sentais parfaitement heureux ainsi. En paix. Loin de tous les soucis qui pouvaient nous accabler. Nous décidâmes subitement de nous laver. Il valait mieux que l’eau ne refroidisse pas trop. Puis, nous sortîmes et nous séchâmes. Avant de mettre des chemises de nuit et d’aller nous coucher relativement tôt. Nous passâmes alors notre première nuit ensemble dans un lit et en profitâmes.
Le serviteur nous réveilla alors que les premiers rayons du jour pointaient leur nez. Peu après, nous pûmes prendre un bon repas. Nous décidâmes d’ensuite aller tenter notre chance en ville. Il fallait éventuellement passer par des quartiers malfamés. Et donc ne surtout pas prendre de pièces d’armure avec nous. Juste nos épées et une ou deux dagues. Cela pouvait toujours servir. Nous prîmes également des vêtements de voyage, pour ne pas paraître trop riches. Nous sortîmes par les arrières. Tant que nous étions dans l’Altestadt, nous étions tête nue. Il n’y avait aucun problème pour nous. Nous avions un laisser-passer pour passer les portes de gardes de la muraille intérieur. Celle qui séparait le quartier riche du quartier pauvre. Nous franchîmes les portes. Aussitôt, l’odeur devint terrible. Nous avions l’impression de nous retrouver sur un champ de bataille. Nous avions rabattu nos capuches pour qu’ils ne remarquent pas nos cheveux et oreilles. Nous allâmes dans une taverne qui n’était pas malfamée. Du moins ne l’était pas vraiment. Nous prîmes à boire et nous assîmes. Le vin était horrible mais bon, pour ce prix-là, nous ne pouvions nous attendre à beaucoup mieux. Personne n’osait s’approcher de nous. Soudain, un homme avec un très large chapeau, un grand manteau et un véritable arsenal entra. Il observa la salle et vit que les seules places libres étaient à côté d’Aryana et moi. Il vint s’asseoir en réclamant une pinte de bière. Tout le monde s’était écarté de sa route, semblant le craindre.
Une fois assit à côté de moi, il nous sorti :
« Dégagez de ma place bande de pourritures. »
Je fis signe des yeux à Aryana de ne pas réagir. Mais de se préparer à réagir en utilisant la manière forte s’il le fallait. Je dis alors à l’homme :
« Non. Premièrement, nous ne sommes pas des pourritures. Deuxièmement si le monde existe encore aujourd’hui, c’est grâce au sacrifice de nos ancêtres et pas grâce à l’humanité qui vivait encore dans des grottes. Troisièmement, je serais capable de tuer avant que ton cœur n’ait le temps de faire deux battements supplémentaires. »
Il me regarda par-dessous son chapeau, probablement intrigué. Il vit que nous étions plus grands que des hommes normaux, même si nous nous tassions pour faire plus petits. Il me répondit :
« Vous n’êtes pas humains.
-Elfes. – Je ne pouvais pas lui dire Asur, il ne comprendrait sûrement pas.
-Vous savez vous battre ?
-J’ai plus de quatre-vingts ans. Et elle en a plus de soixante. Et vous ne devez pas en avoir plus de trente. Vous croyez qu’on ne sait pas se battre ?
-A quel niveau ?
-Ça dépend.
-Moins bien qu’un capitaine impérial ?
-Ne nous insultez pas.
-Si vous êtes d’accord, je vais avoir besoin de votre aide. Je traque un vampire.
-Ah. Et en quoi cela nous concerne ?
-C’est un Dragon de Sang. Autrement dit, un spécialiste du combat rapproché. Je sais qu’il n’est pas loin d’ici. Je l’ai vu l’autre jour. Il a dit qu’il cherchait ceux qui ont massacré le village de cultistes à côté des Montagnes dans l’Averland.
-Cette histoire, c’était pour un village de cultistes ?
-Ouaip. Certains ont râlé mais j’ai un collègue qui enquêtait sur eux et qui avait trouvé des traces de corruption parmi les dirigeants. Mais ça, y’a pas grand monde qui le sait dans la populace. Ils préfèrent parler de la légende rouge. Ils ont juste dû se prendre un guerrier de Khorne qui passait par là ou un démon de Khorne invoqué. – Il fit le signe du marteau en même temps. – Du coup, vous en êtes ? »
J’interrogeais dans notre langue Aryana. Elle n’y voyait pas d’objection. Je repris la parole :
« C’est d’accord. Mais à deux conditions. La première est qu’il est à nous. On le bat, vous faites en sorte qu’il ne revienne plus. La deuxième : huit pistoles d’argent par jour. Et on compte les heures commencées.
-Vous êtes chers.
-C’est notre seule offre. Si vous refusez, vous allez vous trouvez quelqu’un d’autre et le risque est grand de vous faire tuer. Si vous payez, on peut faire le boulot à votre place.
-J’accepte. Où sont vos affaires ?
-Là où nous logeons.
-Bien. On se retrouve dans trois heures à la porte avec les Griffons. A l’extérieur.
-D’accord. »
Il se leva et partît. Nous fîmes de même quelques minutes plus tard. Il n’y avait pas de temps à perdre. Nous rejoignîmes la maison du représentant et récupérâmes nos affaires, passant nos armures au passage. Il fallait être prêt à rencontrer ce vampire à tout moment. Nous vérifiâmes que nous n’avions rien oublié et quittâmes la demeure sans regrets, prenant nos montures au passage. Dehors, nous rejoignîmes le répurgateur.
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Re: L'histoire de Gilgalad
Mer 26 Oct 2016 - 19:07
Je pense ne pas me tromper en disant que tu as nettement progressé dans ton style. Tu restes fidèle à l'esprit du récit : narration à la première personne du point de vue des elfes, descriptions qui se veulent plutôt neutres avec quelques touches de fierté elfique ; cependant, je trouve que la rédaction est bien plus fluide qu'avant : les paragraphes s'enchainent sans que le rythme ne s'essouffle, les actions et les réflexions des personnages sont intéressantes sans paraître exagérées, de manière générale il y a un fil directeur qui ne s'interrompt que lorsque tu décides de poster ta progression. Bref, une suite bien sympathique à lire alors que les vacances m'offrent le temps nécessaire pour bien la savourer
Et de manière très subtile, la question plane dans l'air : ce dragon de sang, serait-ce enfin Abhorash le Grand ?
La suite !
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Re: L'histoire de Gilgalad
Jeu 27 Oct 2016 - 9:42
Alors essayons de ne pas répéter ce qui a déjà été dit.
La forme mériterait quelques améliorations, tes phrases sont un peu courtes parfois. Une virgule suffirait de temps en temps pour enlever un côté parfois haché de tes descriptions. Mais après, c'est une remarque personnelle.
Le texte se suit relativement bien, surtout à partir du moment où tu rentres dans Nuln. La discussion avec le répurgateur se suivait toute seule, ce qui est bon signe
Maintenant, vu que je suis toujours curieux d'avoir ton avis sur le fluff, est-ce que l'incident du village était nécessaire? Vu ton niveau à toi et Aryana, vous auriez pu vous contenter d'assommer les habitants un par un plutôt que de les massacrer. Cela vous aurait évité quelques problèmes de réputation par la suite... Après, je ne sais pas comment les elfes réagissent à une insulte directe à leur honneur ainsi qu'un défi sommaire.
Et pour le répurgateur, je te conseillerais de le rendre un peu plus méfiant (à moins que tu ne soit tombé sur un répurgateur ouvert d'esprit, ce qui est plus que rare). Tout ce qui n'est pas humain et qui ne brille pas en jaune est considéré comme hérétique par ces cinglés d'habitude, donc il serait logique qu'il garde ses distances.
EDIT: Honte a moi, je n'ai pas demandé la très sainte suite!
La forme mériterait quelques améliorations, tes phrases sont un peu courtes parfois. Une virgule suffirait de temps en temps pour enlever un côté parfois haché de tes descriptions. Mais après, c'est une remarque personnelle.
Le texte se suit relativement bien, surtout à partir du moment où tu rentres dans Nuln. La discussion avec le répurgateur se suivait toute seule, ce qui est bon signe
Maintenant, vu que je suis toujours curieux d'avoir ton avis sur le fluff, est-ce que l'incident du village était nécessaire? Vu ton niveau à toi et Aryana, vous auriez pu vous contenter d'assommer les habitants un par un plutôt que de les massacrer. Cela vous aurait évité quelques problèmes de réputation par la suite... Après, je ne sais pas comment les elfes réagissent à une insulte directe à leur honneur ainsi qu'un défi sommaire.
Et pour le répurgateur, je te conseillerais de le rendre un peu plus méfiant (à moins que tu ne soit tombé sur un répurgateur ouvert d'esprit, ce qui est plus que rare). Tout ce qui n'est pas humain et qui ne brille pas en jaune est considéré comme hérétique par ces cinglés d'habitude, donc il serait logique qu'il garde ses distances.
EDIT: Honte a moi, je n'ai pas demandé la très sainte suite!
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
- GilgaladMaître floodeur
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Palmares : Champion d'Ubersreik
Re: L'histoire de Gilgalad
Ven 23 Déc 2016 - 16:28
Bon j'ai la flemme de citer les commentaires pour répondre en détails mais merci à vous pour vos réponses et j'en prends bien note. Cependant, ce ne sera pas toujours mis en application dans les prochains chapitres publiés parce qu'elles ont été écrites il y a quelques mois. Pourquoi je réponds ? Parce que tout simplement la suite arrive
Vraiment, nous ne devions pas avoir de chance. Rencontrer fréquemment des vampires, ce ne devait pas être courant. Le destin devait bien rire de nous. Déjà qu’il devait bien se moquer de moi. Après tout, j’avais insulté et détesté Aryana au premier regard. Et voilà que dans la journée, il nous arrivait de nous embrasser sur la bouche et de se faire des câlins. Même beaucoup plus que de simples câlins. Nous étions réellement amants. Ce qui n’apaiserait sûrement pas la colère de mon père envers moi.
En sortant de la ville, nous mîmes nos amples capes sombres et les fermâmes. Elles étaient destinées à éviter les regards vers nos armures. Nous rejoignîmes le répurgateur à l’extérieur des portes. Il nous dit qu’il se nommait Klaus Rigenberg. Nous vîmes qu’il avait à peine trente ans. Il devait être répurgateur depuis au mieux une décennie. Il nous dit que le vampire qu’il traquait était relativement puissant. Et excellent guerrier. Nous devrions être prudents lors du combat. Nous partîmes vers le Nord-Est et le Stirland. Et surtout la Sylvanie. Nous savions qu’un mal profond s’y trouvait. Et que ce mal était l’une des pires choses que l’humanité ait pu concevoir. Je trouvais dommage, tout comme de nombreux Asurs, que cette race ait pu se développer autant. Sans eux, nous aurions eu beaucoup moins de problèmes avec les forces obscures. Mais voilà, il était trop tard pour changer l’Histoire. Cependant, l’avantage est qu’ils constituaient un premier rempart contre les forces obscures assez pratique. En effet, ils tenaient bien leur rang. Une parole d’Aryana me ramena dans le présent :
« Dans quoi est-ce que tu nous a encore embarqués ?
-Il faut bien que l’on gagne notre vie, non ? Si un jour on veut rentrer, nous devrons payer le voyage du retour.
-Je m’en moque tant qu’on est ensemble. »
Je ne pus rien répliquer à cela. Aryana avait été extrêmement sérieuse et m’avait regardé droit dans les yeux. Elle ne mentait pas du tout. D’un autre côté, elle avait raison. Je nous avais encore embarqué dans une nouvelle aventure sans même savoir ce qui pouvait nous arriver. Peut-être que le vampire était autrement plus puissant que celui affronté jusqu’ici. On risquait bien plus que notre vie en l’affrontant. Soudainement, je ne sais pas pourquoi, je me remis à penser à un moment où ma mère m’avait expliqué la différence entre les hommes et les elfes. J’étais alors un simple enfant d’à peine quelques années, je savais à peine lire.
« Gilgalad, écoute-moi et restes calme. Pour la énième fois, tu poseras des questions quand j’aurais terminé TOUTES mes explications.
-Oui, maman.
-Bien. Et arrête de faire cette tête toute triste. Tu dois obéir aux ordres.
-Oui maman.
-C’est mieux. Alors voilà. Les hommes sont en général plus petits que les elfes. Nul ne sait pour quelles raisons cela est. Ils vivent également beaucoup moins longtemps. Il n’arrive presque jamais qu’un humain arrive à un seul siècle d’existence. La plupart meurent avant la moitié de cet âge. Ils ne sont pas résistants aux maladies, sauf s’ils se sont voués à un des dieux du Chaos. Ils ne sont pas non plus très gracieux et la grande majorité est assez rustre. Cependant ils ne rechignent pas à la tâche et sont capables d’aimer travailler pour le simple de fait de travailler. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux ne connaissent pratiquement que ça durant toute leur vie. Ils ont également moins de temps pour apprendre le maniement des armes. Ils ont également plusieurs langues différentes, même quand leurs pays sont frontaliers. La raison est que comme ils vivent peu de temps, ils n’ont pas les mêmes habitudes que les elfes. Les générations, et donc la langue, changent très vite. Cependant, cela induit aussi une certaine richesse quand on utilise toutes ces langues pour décrire certaines choses. Le défaut est que cela peut rendre compliquée la communication pour les étrangers quand ils quittent les grandes villes car ils parlent souvent des dérivés de ces mêmes langues. Ils appellent cela « patois ». Si l’on rajoute les accents, cela peut rendre leurs phrases incompréhensibles. Maintenant, tu sais le plus gros.
-Merci maman. Mais au fait, comment tu as rencontré papa ? – A l’époque, je n’avais pas remarqué qu’elle avait rougit après que je lui eus posé la question.
-Je… En fait, c’est assez long.
-Pas grave, j’aime bien les histoires.
-CE n’est pas grave, Gilgalad. Tu dois parler correctement.
-Ce n’est pas grave. Blablabla.
-Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?
-Bah un grand guerrier. – Je ne connaissais pas encore le concept de la question rhétorique, ce qui faisait toujours sourire mes parents et ma grande sœur à l’époque.
-J’espère bien. Sinon, revenons en au sujet. J’ai rencontré ton père quand nous avions à peine cent dix ans. Il était avec des heaumes d’argent et avaient décidé de se rendre à Chrace pour chasser des monstres. Ils passèrent par Tor Achare pour se reposer et prendre des forces avant de repartir chasser. Le résultat fut qu’ils logèrent chez des nobles locaux. C’est là que j’ai rencontré ton père. Il était hébergé chez le mien. La première que je me suis adressée à lui, j’ai un peu bégayé, ce qui l’a amusé. Nous avions un petit peu discuté durant le repas, mais ce fut très bref. Ils repartirent le lendemain. Cependant, il est repassé à la fin de l’expédition. Sans son unité. C’est là qu’il a demandé l’autorisation à mon père de me faire officiellement la cour. Ce qu’il a immédiatement accepté, je te rassure. Il était trop désespéré que je fasse fuir tous les autres prétendants qu’il estimait qu’un Prince Dragon pourrait me séduire. C’est comme cela que nous avons commencé à s’aimer. »
J’avais toujours adoré quand ma mère me racontait des histoires. Elle avait le don de captiver son auditoire. Et cela me manquait un petit peu.
Les jours passèrent les uns après les autres. Régulièrement, le répurgateur nous lançait des coups d’œil méfiants. Aryana et moi montions la garde la nuit quand il nous était impossible de dormir dans une auberge ou dans le château d’un nobliau local. Le pire était l’accueil des habitants. Ils étaient tous méfiants voire hostiles. Au point que je finis par me demander moi aussi dans quelle aventure je nous avais embarqué. Notre compagnon de route n’était pas très causant. Aussi, je me contentais d’apprendre la tactique à ma bien-aimée. Néanmoins, il finit par recruter une vingtaine de mercenaires pour la même tâche. Il m’apparu qu’il ne comptait pas vraiment sur nous. Mais ce qui avait fait rire Aryana était qu’ils étaient des chasseurs de primes humains. Sauf un, un nain. C’était un jour où il tombait des cordes qu’il les engagea. Nous étions alors dans une taverne quand il proclama une somme à ceux qui l’aideraient à traquer une créature de la nuit. Le nain, Gotrek Gurrisson, ne réalisa pas qu’Aryana et moi étions avec le répurgateur avant de signer. Mais il tint parole et vint avec nous à partir du lendemain. Le voyage dès lors, fut lugubre. Personne n’ouvrait la bouche. Nous fermions la marche et servions parfois d’éclaireurs au groupe, car nous avions les montures les plus rapides.
C’était quatre jours après le passage dans cette taverne qu’un premier événement arriva. Aryana était en éclaireur quand elle revint d’un seul coup au triple galop. Elle nous annonça qu’une grande bande d’hommes-bêtes arrivait sur ses talons. Au moins trente créatures. Les mercenaires et le nain descendirent de la charrette ou se préparent au combat tandis que le répurgateur sortait ses pistolets. Ma compagne se porta à mon niveau et nous nous aidâmes pour enfiler les pièces manquantes de nos armures, nous délester de nos bagages et tirer nos épées. Nous fûmes installés à l’arrière de la ligne formée par les humains et le nain. Je dis alors en Asur à Aryana :
« Ils croient pouvoir arrêter trente créatures à vingt-quatre ? Juste avec des épées, des boucliers et quelques pistolets ? On risque d’avoir du travail.
-Je sais, mais nous ne pouvons rien dire.
-Dès que l’on a l’opportunité, on trouve leur chef et on le tue. Mais avant, on comble les éventuelles brèches.
-Je suis d’accord. »
L’ennemi arriva en beuglant. Il marqua un temps d’arrêt en voyant notre troupe avant de charger. Je soupirais brièvement avant l’impact. Il fut terrible pour les humains. Une mêlée féroce s’engagea entre les deux camps. J’aurais aimé avoir des biscuits pour regarder en spectateur mais nous n’en avions pas. Même si les humains arrivaient à se coordonner, ils étaient bien trop faibles et n’étaient pas assez bons au combat. Seuls le nain et le répurgateur tenaient la route. Soudain, une bête franchit la barrière et se lança vers le chariot. Aryana lança sa monture. Il n’eut pas le temps de l’atteindre, décapité. Mais un autre passa de mon côté. Je me lançais à mon tour, voyant le carnage plus précisément. Quinze humains étaient déjà morts. Tous les autres étaient exténués. Après l’avoir abattu, j’ordonnais à Aryana de charger. La charge emporta plusieurs bêtes. Le massacre put commencer. Trancher, décapiter, tuer, parer, esquiver, démonter pour épargner le cheval, combattre. Plus rien d’autre ne comptait que tuer l’ennemi et aider les alliés. Finalement, après plus de dix minutes de lutte intense, ils furent tous tués. Le répurgateur incendia les corps de tous les morts avec sa bague enchantée avant d’ordonner de repartir. Les regards envers nous changèrent, hormis celui de Gotrek. Il ne nous regardait même plus avec haine. Le lendemain fut calme mais la nuit finit par arriver, nous forçant à établir le campement. J’étais de garde et veillait sur les alentours quand j’entendis le craquement d’une branche juste derrière moi. Je me retournais d’un bloc et vis Gotrek. Il vint s’asseoir à mes côtés.
La situation était étrange. Je ne savais pas quoi dire ou faire. Aussi, je décidais de continuer à monter la garde, Amlugcrist sur les genoux. C’est alors qu’il prit la parole, avec sa voix grave, en Reikspiel :
« Je sais de quelle famille vous êtes.
-Ah oui. Et de la quelle ?
-Vous êtes de la famille des Swiftblade.
-Qu’est-ce qui vous le fait dire ?
-Votre armure et votre épée lui appartiennent. De plus, j’ai entendu la fille avec vous vous appelez par votre nom de famille.
-Si vous le dites.
-Vous m’avez sauvé durant la bataille.
-Je ne m’en souviens pas.
-Mon clan a une dette envers vous.
-Il n’en a pas. Considérez que cela est une partie du paiement pour tout ce qu’à subi votre peuple.
-Non. Votre famille n’a jamais prit part à la Guerre de la Vengeance.
-En effet.
-Pourquoi ?
-Parce qu’ils estimaient que cela ne servait rien de faire la guerre pour l’orgueil mal placé d’un roi, fut-il de Caledor.
-Votre famille et mon clan ont été des alliés il y a des millénaires.
-C’est possible. Que devient le vôtre ?
-Il a été chassé de sa forteresse par un dragon de feu.
-Je suis navré pour vous. J’espère qu’il ne vient pas de Caledor.
-En effet. Pour m’avoir épargné un coup fatal durant la bataille, je ne tenterais jamais de vous tuer, vous et votre compagne, si vous ne faites aucun mal à mon peuple. En revanche, je ne répondrais pas des actes des autres nains.
-Vous en avez ma parole.
-Je ne peux pas m’y fier.
-Je sais. Mais je ne peux rien offrir d’autre.
-Alors je me tiendrais, en permanence, informé de vos faits et gestes autant que possible.
-Si cela vous chante. Dans tous les cas, puissiez-vous reprendre votre forteresse un jour prochain.
-Merci. »
Ce fut tout. Il alla se recoucher. Je fermais les yeux, me concentrant alors sur les bruits aux alentours et tenter d’oublier cette conversation qui fut plus qu’étrange. Tout était silencieux. Je vis alors de violentes images dans ma tête.
La mort et le désespoir. Les démons envahissant le monde connu du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Des légions d’elfes et de dragons combattant. Caledor Dompteur de Dragons combattant aux côtés de Grimnir en personne. La création du Vortex. La lutte des nains et des Asurs, épaule contre épaule pour repousser les bêtes du Chaos vers le Nord. La paix et l’amitié entre les deux peuples. La Guerre de la Barbe et ses nombreuses morts inutiles, ses destructions, le début de l’agonie de deux peuples. Saut de quelques millénaires. Un elfe encapuchonné tue un grand dragon dans une antique forteresse naine. Quelques jours plus tard, des nains réinvestissent la forteresse. Un elfe et un nain assis dans une étrange taverne avec des morts-vivants. L’elfe, buvant de la bière. Ils ont l’air tous les deux d’être de très bons amis. L’elfe est habillé exactement comme moi et me ressemble étrangement, mais en plus âgé et avec des yeux plus fatigués. Surtout, il a parfois les yeux qui deviennent rouges. Des vampires, un humain, deux elfes sylvains, un barbare aux alentours de la table. Aryana entre d’un seul coup et vient s’asseoir.
Je rouvris les yeux, choqué par ce que je viens de voir. C’était tout bonnement impossible. Moi ? Fraterniser avec nain ? Un nain, fraterniser avec un elfe ? Alors la Rhana Dandra devait être proche pour qu’une telle chose puisse arriver. Cependant, ma concentration revint bien vite. Je vis au loin, une forme parmi les arbres. Mais je n’allais pas quitter mon campement et la surveillance des personnes ensommeillées à la poursuite d’une ombre.
Le jour suivant fut comme les précédents, calme. Je parlais de la conversation et de ma vision avec Aryana qui crut un instant que j’avais eu une hallucination. Mais non, tout était bien réel. Sa plus grande question fut le dernier point. Une taverne semblable à celle de ma vision n’existait certainement pas. Et un tel rassemblement était encore moins possible. Il était bien connu que les elfes sylvestres n’allaient pas s’aventurer jusqu’en Sylvanie. Et un barbare seul ne descendait pas jusque là sans se faire occire. Nous décidâmes d’oublier cela. Une semaine après cet événement, nous entendîmes un bruit de bataille. Nous accélérâmes et tombâmes sur notre cible. En plein combat avec des gardes escortant un noble impérial. Les mercenaires se jetèrent dans la mêlée. Je retins Aryana pour juger notre adversaire et nous équiper entièrement. Gotrek fit de même. Les gardes finirent tous massacrés, de même que les mercenaires. Le nain se jeta sur le vampire. Mais il fut propulsé par une force prodigieuse et tomba sur le répurgateur. C’était à nous de jouer.
Nous entrâmes rapidement dans la mêlée pour attirer l’attention du vampire. Ce dernier laissa rapidement le noble seul pour s’intéresser à nous.
« Laissez-moi ou je vous tue tous les deux.
-N’y pensez pas. – Je voulais gagner un peu de temps pour avoir une position plus favorable. Il ne servirait à rien de l’épuiser puisqu’il avait manifestement bu beaucoup de sang il y a peu. Il allait falloir le vaincre rapidement.
-Je fais ce que je veux où je veux. Et je tue qui je veux. »
Cela marchait. Aryana le contourna discrètement. Soudain, il m’attaqua avec une vivacité digne d’un elfe. Je ne dus ma survie qu’à des réflexes gagnés au cours de nombreuses batailles comme lancier. Je pus alors prendre la mesure de l’adversaire. Nous n’allions pas pouvoir le battre sur le domaine de la vitesse. Alors ce serait dans le domaine des techniques de combat. Aryana passa rapidement à l’attaque mais ne put le toucher, devant parer des coups en permanence. Je la suivis quelques secondes plus tard. Ce fut de même. Je voulais laisser passer l’orage.
Cet étrange ballet avec l’alternance entre Aryana et moi pour le défi continua pendant de nombreuses minutes. Il ne parvenait pas à passer nos gardes, mais nous ne pouvions mieux faire. Il devait avoir au moins mon âge à la vue de son talent. Et lui avait passé toute son existence de vampire, si ce n’est plus, sur les routes, à combattre. Nous devrions jouer très finement pour éviter la mort. Soudain, Aryana et moi passâmes à l’assaut ensemble. Les coups s’enchaînèrent de plus en plus vite. Nous étions des elfes. Cela était presque instinctif. Son acier mordit néanmoins le bras droit d’Aryana. Mais il perdit son bras gauche, coupé à l’épaule par Glamdagnir, l’arme de mon amante. Il était affaibli, je pouvais le sentir. Aussi, mes coups redoublèrent d’intensité. Je finis par lui couper le bras droit. Désormais il était vulnérable au répurgateur. Ce dernier s’approcha avant de dire au vampire :
« Il aurait mieux valu pour toi de te laisser faire. Cela aurait été moins douloureux. »
Il ne lui laissa pas le temps de répondre et lui tira une balle en argent dans le cœur. Puis, il fit un bûcher et incendia sa carcasse et celle des autres soldats. Avant de mettre toutes leurs cendres dans une urne en argent. Il nous paya et s’en alla avec le nain qui nous fit un signe de la tête, plein de respect. Signe que nous lui rendîmes. Nous avions pas mal d’argent. Mais pas encore de quoi rentrer en Ulthuan. Le noble était resté là en permanence et nous observait. Je m’étais occupé du bras d’Aryana. Il irait mieux d’ici quelques jours. C’est ce moment qu’il choisit pour nous parler :
« Je vous prie de me pardonner si je vous importune nobles elfes, mais j’ai une demande particulière à vous faire. »
Voilà c'est terminé pour ce chapitre. Ce dernier et le suivants sont plus courts que la moyenne car en fait j'ai séparé ce chapitre en deux. J'ai rallongé les détails de la traque du vampire. A l'origine, on devait passer plus ou moins des premiers paragraphes aux tous derniers. Et les mercenaires ne devaient pas intervenir. Et la suite du chapitre devait être faite par la partie suivante.
Chapitre 7 : La traque du vampire et ce qui s'en suit
Vraiment, nous ne devions pas avoir de chance. Rencontrer fréquemment des vampires, ce ne devait pas être courant. Le destin devait bien rire de nous. Déjà qu’il devait bien se moquer de moi. Après tout, j’avais insulté et détesté Aryana au premier regard. Et voilà que dans la journée, il nous arrivait de nous embrasser sur la bouche et de se faire des câlins. Même beaucoup plus que de simples câlins. Nous étions réellement amants. Ce qui n’apaiserait sûrement pas la colère de mon père envers moi.
En sortant de la ville, nous mîmes nos amples capes sombres et les fermâmes. Elles étaient destinées à éviter les regards vers nos armures. Nous rejoignîmes le répurgateur à l’extérieur des portes. Il nous dit qu’il se nommait Klaus Rigenberg. Nous vîmes qu’il avait à peine trente ans. Il devait être répurgateur depuis au mieux une décennie. Il nous dit que le vampire qu’il traquait était relativement puissant. Et excellent guerrier. Nous devrions être prudents lors du combat. Nous partîmes vers le Nord-Est et le Stirland. Et surtout la Sylvanie. Nous savions qu’un mal profond s’y trouvait. Et que ce mal était l’une des pires choses que l’humanité ait pu concevoir. Je trouvais dommage, tout comme de nombreux Asurs, que cette race ait pu se développer autant. Sans eux, nous aurions eu beaucoup moins de problèmes avec les forces obscures. Mais voilà, il était trop tard pour changer l’Histoire. Cependant, l’avantage est qu’ils constituaient un premier rempart contre les forces obscures assez pratique. En effet, ils tenaient bien leur rang. Une parole d’Aryana me ramena dans le présent :
« Dans quoi est-ce que tu nous a encore embarqués ?
-Il faut bien que l’on gagne notre vie, non ? Si un jour on veut rentrer, nous devrons payer le voyage du retour.
-Je m’en moque tant qu’on est ensemble. »
Je ne pus rien répliquer à cela. Aryana avait été extrêmement sérieuse et m’avait regardé droit dans les yeux. Elle ne mentait pas du tout. D’un autre côté, elle avait raison. Je nous avais encore embarqué dans une nouvelle aventure sans même savoir ce qui pouvait nous arriver. Peut-être que le vampire était autrement plus puissant que celui affronté jusqu’ici. On risquait bien plus que notre vie en l’affrontant. Soudainement, je ne sais pas pourquoi, je me remis à penser à un moment où ma mère m’avait expliqué la différence entre les hommes et les elfes. J’étais alors un simple enfant d’à peine quelques années, je savais à peine lire.
« Gilgalad, écoute-moi et restes calme. Pour la énième fois, tu poseras des questions quand j’aurais terminé TOUTES mes explications.
-Oui, maman.
-Bien. Et arrête de faire cette tête toute triste. Tu dois obéir aux ordres.
-Oui maman.
-C’est mieux. Alors voilà. Les hommes sont en général plus petits que les elfes. Nul ne sait pour quelles raisons cela est. Ils vivent également beaucoup moins longtemps. Il n’arrive presque jamais qu’un humain arrive à un seul siècle d’existence. La plupart meurent avant la moitié de cet âge. Ils ne sont pas résistants aux maladies, sauf s’ils se sont voués à un des dieux du Chaos. Ils ne sont pas non plus très gracieux et la grande majorité est assez rustre. Cependant ils ne rechignent pas à la tâche et sont capables d’aimer travailler pour le simple de fait de travailler. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux ne connaissent pratiquement que ça durant toute leur vie. Ils ont également moins de temps pour apprendre le maniement des armes. Ils ont également plusieurs langues différentes, même quand leurs pays sont frontaliers. La raison est que comme ils vivent peu de temps, ils n’ont pas les mêmes habitudes que les elfes. Les générations, et donc la langue, changent très vite. Cependant, cela induit aussi une certaine richesse quand on utilise toutes ces langues pour décrire certaines choses. Le défaut est que cela peut rendre compliquée la communication pour les étrangers quand ils quittent les grandes villes car ils parlent souvent des dérivés de ces mêmes langues. Ils appellent cela « patois ». Si l’on rajoute les accents, cela peut rendre leurs phrases incompréhensibles. Maintenant, tu sais le plus gros.
-Merci maman. Mais au fait, comment tu as rencontré papa ? – A l’époque, je n’avais pas remarqué qu’elle avait rougit après que je lui eus posé la question.
-Je… En fait, c’est assez long.
-Pas grave, j’aime bien les histoires.
-CE n’est pas grave, Gilgalad. Tu dois parler correctement.
-Ce n’est pas grave. Blablabla.
-Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?
-Bah un grand guerrier. – Je ne connaissais pas encore le concept de la question rhétorique, ce qui faisait toujours sourire mes parents et ma grande sœur à l’époque.
-J’espère bien. Sinon, revenons en au sujet. J’ai rencontré ton père quand nous avions à peine cent dix ans. Il était avec des heaumes d’argent et avaient décidé de se rendre à Chrace pour chasser des monstres. Ils passèrent par Tor Achare pour se reposer et prendre des forces avant de repartir chasser. Le résultat fut qu’ils logèrent chez des nobles locaux. C’est là que j’ai rencontré ton père. Il était hébergé chez le mien. La première que je me suis adressée à lui, j’ai un peu bégayé, ce qui l’a amusé. Nous avions un petit peu discuté durant le repas, mais ce fut très bref. Ils repartirent le lendemain. Cependant, il est repassé à la fin de l’expédition. Sans son unité. C’est là qu’il a demandé l’autorisation à mon père de me faire officiellement la cour. Ce qu’il a immédiatement accepté, je te rassure. Il était trop désespéré que je fasse fuir tous les autres prétendants qu’il estimait qu’un Prince Dragon pourrait me séduire. C’est comme cela que nous avons commencé à s’aimer. »
J’avais toujours adoré quand ma mère me racontait des histoires. Elle avait le don de captiver son auditoire. Et cela me manquait un petit peu.
Les jours passèrent les uns après les autres. Régulièrement, le répurgateur nous lançait des coups d’œil méfiants. Aryana et moi montions la garde la nuit quand il nous était impossible de dormir dans une auberge ou dans le château d’un nobliau local. Le pire était l’accueil des habitants. Ils étaient tous méfiants voire hostiles. Au point que je finis par me demander moi aussi dans quelle aventure je nous avais embarqué. Notre compagnon de route n’était pas très causant. Aussi, je me contentais d’apprendre la tactique à ma bien-aimée. Néanmoins, il finit par recruter une vingtaine de mercenaires pour la même tâche. Il m’apparu qu’il ne comptait pas vraiment sur nous. Mais ce qui avait fait rire Aryana était qu’ils étaient des chasseurs de primes humains. Sauf un, un nain. C’était un jour où il tombait des cordes qu’il les engagea. Nous étions alors dans une taverne quand il proclama une somme à ceux qui l’aideraient à traquer une créature de la nuit. Le nain, Gotrek Gurrisson, ne réalisa pas qu’Aryana et moi étions avec le répurgateur avant de signer. Mais il tint parole et vint avec nous à partir du lendemain. Le voyage dès lors, fut lugubre. Personne n’ouvrait la bouche. Nous fermions la marche et servions parfois d’éclaireurs au groupe, car nous avions les montures les plus rapides.
C’était quatre jours après le passage dans cette taverne qu’un premier événement arriva. Aryana était en éclaireur quand elle revint d’un seul coup au triple galop. Elle nous annonça qu’une grande bande d’hommes-bêtes arrivait sur ses talons. Au moins trente créatures. Les mercenaires et le nain descendirent de la charrette ou se préparent au combat tandis que le répurgateur sortait ses pistolets. Ma compagne se porta à mon niveau et nous nous aidâmes pour enfiler les pièces manquantes de nos armures, nous délester de nos bagages et tirer nos épées. Nous fûmes installés à l’arrière de la ligne formée par les humains et le nain. Je dis alors en Asur à Aryana :
« Ils croient pouvoir arrêter trente créatures à vingt-quatre ? Juste avec des épées, des boucliers et quelques pistolets ? On risque d’avoir du travail.
-Je sais, mais nous ne pouvons rien dire.
-Dès que l’on a l’opportunité, on trouve leur chef et on le tue. Mais avant, on comble les éventuelles brèches.
-Je suis d’accord. »
L’ennemi arriva en beuglant. Il marqua un temps d’arrêt en voyant notre troupe avant de charger. Je soupirais brièvement avant l’impact. Il fut terrible pour les humains. Une mêlée féroce s’engagea entre les deux camps. J’aurais aimé avoir des biscuits pour regarder en spectateur mais nous n’en avions pas. Même si les humains arrivaient à se coordonner, ils étaient bien trop faibles et n’étaient pas assez bons au combat. Seuls le nain et le répurgateur tenaient la route. Soudain, une bête franchit la barrière et se lança vers le chariot. Aryana lança sa monture. Il n’eut pas le temps de l’atteindre, décapité. Mais un autre passa de mon côté. Je me lançais à mon tour, voyant le carnage plus précisément. Quinze humains étaient déjà morts. Tous les autres étaient exténués. Après l’avoir abattu, j’ordonnais à Aryana de charger. La charge emporta plusieurs bêtes. Le massacre put commencer. Trancher, décapiter, tuer, parer, esquiver, démonter pour épargner le cheval, combattre. Plus rien d’autre ne comptait que tuer l’ennemi et aider les alliés. Finalement, après plus de dix minutes de lutte intense, ils furent tous tués. Le répurgateur incendia les corps de tous les morts avec sa bague enchantée avant d’ordonner de repartir. Les regards envers nous changèrent, hormis celui de Gotrek. Il ne nous regardait même plus avec haine. Le lendemain fut calme mais la nuit finit par arriver, nous forçant à établir le campement. J’étais de garde et veillait sur les alentours quand j’entendis le craquement d’une branche juste derrière moi. Je me retournais d’un bloc et vis Gotrek. Il vint s’asseoir à mes côtés.
La situation était étrange. Je ne savais pas quoi dire ou faire. Aussi, je décidais de continuer à monter la garde, Amlugcrist sur les genoux. C’est alors qu’il prit la parole, avec sa voix grave, en Reikspiel :
« Je sais de quelle famille vous êtes.
-Ah oui. Et de la quelle ?
-Vous êtes de la famille des Swiftblade.
-Qu’est-ce qui vous le fait dire ?
-Votre armure et votre épée lui appartiennent. De plus, j’ai entendu la fille avec vous vous appelez par votre nom de famille.
-Si vous le dites.
-Vous m’avez sauvé durant la bataille.
-Je ne m’en souviens pas.
-Mon clan a une dette envers vous.
-Il n’en a pas. Considérez que cela est une partie du paiement pour tout ce qu’à subi votre peuple.
-Non. Votre famille n’a jamais prit part à la Guerre de la Vengeance.
-En effet.
-Pourquoi ?
-Parce qu’ils estimaient que cela ne servait rien de faire la guerre pour l’orgueil mal placé d’un roi, fut-il de Caledor.
-Votre famille et mon clan ont été des alliés il y a des millénaires.
-C’est possible. Que devient le vôtre ?
-Il a été chassé de sa forteresse par un dragon de feu.
-Je suis navré pour vous. J’espère qu’il ne vient pas de Caledor.
-En effet. Pour m’avoir épargné un coup fatal durant la bataille, je ne tenterais jamais de vous tuer, vous et votre compagne, si vous ne faites aucun mal à mon peuple. En revanche, je ne répondrais pas des actes des autres nains.
-Vous en avez ma parole.
-Je ne peux pas m’y fier.
-Je sais. Mais je ne peux rien offrir d’autre.
-Alors je me tiendrais, en permanence, informé de vos faits et gestes autant que possible.
-Si cela vous chante. Dans tous les cas, puissiez-vous reprendre votre forteresse un jour prochain.
-Merci. »
Ce fut tout. Il alla se recoucher. Je fermais les yeux, me concentrant alors sur les bruits aux alentours et tenter d’oublier cette conversation qui fut plus qu’étrange. Tout était silencieux. Je vis alors de violentes images dans ma tête.
La mort et le désespoir. Les démons envahissant le monde connu du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Des légions d’elfes et de dragons combattant. Caledor Dompteur de Dragons combattant aux côtés de Grimnir en personne. La création du Vortex. La lutte des nains et des Asurs, épaule contre épaule pour repousser les bêtes du Chaos vers le Nord. La paix et l’amitié entre les deux peuples. La Guerre de la Barbe et ses nombreuses morts inutiles, ses destructions, le début de l’agonie de deux peuples. Saut de quelques millénaires. Un elfe encapuchonné tue un grand dragon dans une antique forteresse naine. Quelques jours plus tard, des nains réinvestissent la forteresse. Un elfe et un nain assis dans une étrange taverne avec des morts-vivants. L’elfe, buvant de la bière. Ils ont l’air tous les deux d’être de très bons amis. L’elfe est habillé exactement comme moi et me ressemble étrangement, mais en plus âgé et avec des yeux plus fatigués. Surtout, il a parfois les yeux qui deviennent rouges. Des vampires, un humain, deux elfes sylvains, un barbare aux alentours de la table. Aryana entre d’un seul coup et vient s’asseoir.
Je rouvris les yeux, choqué par ce que je viens de voir. C’était tout bonnement impossible. Moi ? Fraterniser avec nain ? Un nain, fraterniser avec un elfe ? Alors la Rhana Dandra devait être proche pour qu’une telle chose puisse arriver. Cependant, ma concentration revint bien vite. Je vis au loin, une forme parmi les arbres. Mais je n’allais pas quitter mon campement et la surveillance des personnes ensommeillées à la poursuite d’une ombre.
Le jour suivant fut comme les précédents, calme. Je parlais de la conversation et de ma vision avec Aryana qui crut un instant que j’avais eu une hallucination. Mais non, tout était bien réel. Sa plus grande question fut le dernier point. Une taverne semblable à celle de ma vision n’existait certainement pas. Et un tel rassemblement était encore moins possible. Il était bien connu que les elfes sylvestres n’allaient pas s’aventurer jusqu’en Sylvanie. Et un barbare seul ne descendait pas jusque là sans se faire occire. Nous décidâmes d’oublier cela. Une semaine après cet événement, nous entendîmes un bruit de bataille. Nous accélérâmes et tombâmes sur notre cible. En plein combat avec des gardes escortant un noble impérial. Les mercenaires se jetèrent dans la mêlée. Je retins Aryana pour juger notre adversaire et nous équiper entièrement. Gotrek fit de même. Les gardes finirent tous massacrés, de même que les mercenaires. Le nain se jeta sur le vampire. Mais il fut propulsé par une force prodigieuse et tomba sur le répurgateur. C’était à nous de jouer.
Nous entrâmes rapidement dans la mêlée pour attirer l’attention du vampire. Ce dernier laissa rapidement le noble seul pour s’intéresser à nous.
« Laissez-moi ou je vous tue tous les deux.
-N’y pensez pas. – Je voulais gagner un peu de temps pour avoir une position plus favorable. Il ne servirait à rien de l’épuiser puisqu’il avait manifestement bu beaucoup de sang il y a peu. Il allait falloir le vaincre rapidement.
-Je fais ce que je veux où je veux. Et je tue qui je veux. »
Cela marchait. Aryana le contourna discrètement. Soudain, il m’attaqua avec une vivacité digne d’un elfe. Je ne dus ma survie qu’à des réflexes gagnés au cours de nombreuses batailles comme lancier. Je pus alors prendre la mesure de l’adversaire. Nous n’allions pas pouvoir le battre sur le domaine de la vitesse. Alors ce serait dans le domaine des techniques de combat. Aryana passa rapidement à l’attaque mais ne put le toucher, devant parer des coups en permanence. Je la suivis quelques secondes plus tard. Ce fut de même. Je voulais laisser passer l’orage.
Cet étrange ballet avec l’alternance entre Aryana et moi pour le défi continua pendant de nombreuses minutes. Il ne parvenait pas à passer nos gardes, mais nous ne pouvions mieux faire. Il devait avoir au moins mon âge à la vue de son talent. Et lui avait passé toute son existence de vampire, si ce n’est plus, sur les routes, à combattre. Nous devrions jouer très finement pour éviter la mort. Soudain, Aryana et moi passâmes à l’assaut ensemble. Les coups s’enchaînèrent de plus en plus vite. Nous étions des elfes. Cela était presque instinctif. Son acier mordit néanmoins le bras droit d’Aryana. Mais il perdit son bras gauche, coupé à l’épaule par Glamdagnir, l’arme de mon amante. Il était affaibli, je pouvais le sentir. Aussi, mes coups redoublèrent d’intensité. Je finis par lui couper le bras droit. Désormais il était vulnérable au répurgateur. Ce dernier s’approcha avant de dire au vampire :
« Il aurait mieux valu pour toi de te laisser faire. Cela aurait été moins douloureux. »
Il ne lui laissa pas le temps de répondre et lui tira une balle en argent dans le cœur. Puis, il fit un bûcher et incendia sa carcasse et celle des autres soldats. Avant de mettre toutes leurs cendres dans une urne en argent. Il nous paya et s’en alla avec le nain qui nous fit un signe de la tête, plein de respect. Signe que nous lui rendîmes. Nous avions pas mal d’argent. Mais pas encore de quoi rentrer en Ulthuan. Le noble était resté là en permanence et nous observait. Je m’étais occupé du bras d’Aryana. Il irait mieux d’ici quelques jours. C’est ce moment qu’il choisit pour nous parler :
« Je vous prie de me pardonner si je vous importune nobles elfes, mais j’ai une demande particulière à vous faire. »
Voilà c'est terminé pour ce chapitre. Ce dernier et le suivants sont plus courts que la moyenne car en fait j'ai séparé ce chapitre en deux. J'ai rallongé les détails de la traque du vampire. A l'origine, on devait passer plus ou moins des premiers paragraphes aux tous derniers. Et les mercenaires ne devaient pas intervenir. Et la suite du chapitre devait être faite par la partie suivante.
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: L'histoire de Gilgalad
Ven 23 Déc 2016 - 21:52
Je ne saurais expliquer pourquoi, mais je ressens une amélioration dans ton style à partir de la discussion avec Gotrek. Le tout se suit plus facilement je trouve.
D'ailleurs, c'est drôle, mais j'ai vraiment l'impression d'avoir le point de vue d'un elfe avec ce récit. On retrouve un peu un ton hautain elfique avec un point de vue où les asurs sont quand même un peu supérieur au reste -ceci n'est pas un reproche, c'est même le contraire vu que tu respectes à la lettre le fluff en faisant ça.
Ensuite, c'était osé de replacer un tel clin d'oeil à Gotrek Gurnisson qui est un sacré personnage en soi ! Mais pour le peu que je connais du gaillard, ça a l'air de tenir la route. Tu as d'ailleurs eu la bonne idée d'en faire un personnage plutôt secondaire, qui est juste là avec l'équipe. Cela laisse une sorte de mystère autour de ce personnage laconique et c'est vraiment appréciable.
Enfin, bravo pour l'autre clin d’œil à la taverne ! Maintenant que j'y pense, je n'ai jamais réellement expliqué la raison de mon arrivée dans l'établissement... Il va falloir que je me penche sur la question tiens. Mais ce serait comique d'avoir ton point de vue lors de l'arrivée des différent membres ou de ton arrivée à ladite taverne. Après, je ne sais pas ce que tu as prévu avec cette histoire.
Dans tous les cas, c'est du bon boulot et j'attends la suite pour savoir comment le tout va se goupiller.
NB2: Je le place à la suite parce que c'est lié, mais normalement les répurgateurs n'utilisent pas de magie. C'est une sorte de principe apparemment et Magnan me l'avait déjà reproché. Pour le cas de mon Holger cela passe parce que c'est un détraqué qui s'est dissocié de l'ordre, mais pour le tien je serais plus dubitatif. Un simple bucher à la torche serait plus logique.
D'ailleurs, c'est drôle, mais j'ai vraiment l'impression d'avoir le point de vue d'un elfe avec ce récit. On retrouve un peu un ton hautain elfique avec un point de vue où les asurs sont quand même un peu supérieur au reste -ceci n'est pas un reproche, c'est même le contraire vu que tu respectes à la lettre le fluff en faisant ça.
Ensuite, c'était osé de replacer un tel clin d'oeil à Gotrek Gurnisson qui est un sacré personnage en soi ! Mais pour le peu que je connais du gaillard, ça a l'air de tenir la route. Tu as d'ailleurs eu la bonne idée d'en faire un personnage plutôt secondaire, qui est juste là avec l'équipe. Cela laisse une sorte de mystère autour de ce personnage laconique et c'est vraiment appréciable.
Enfin, bravo pour l'autre clin d’œil à la taverne ! Maintenant que j'y pense, je n'ai jamais réellement expliqué la raison de mon arrivée dans l'établissement... Il va falloir que je me penche sur la question tiens. Mais ce serait comique d'avoir ton point de vue lors de l'arrivée des différent membres ou de ton arrivée à ladite taverne. Après, je ne sais pas ce que tu as prévu avec cette histoire.
Dans tous les cas, c'est du bon boulot et j'attends la suite pour savoir comment le tout va se goupiller.
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NB: Je vais devoir placer un droit d'auteur sur Holger Von Wütend il faut croire Si c'est une coïncidence, ce n'est pas grave mais il se trouve que j'ai un personnage répurgateur de "la quête improbable" qui fait de même. Si c'est volontaire, ce n'est pas grave aussi, je prends ça comme un hommage.Le répurgateur incendia les corps de tous les morts avec sa bague enchantée avant d’ordonner de repartir.
NB2: Je le place à la suite parce que c'est lié, mais normalement les répurgateurs n'utilisent pas de magie. C'est une sorte de principe apparemment et Magnan me l'avait déjà reproché. Pour le cas de mon Holger cela passe parce que c'est un détraqué qui s'est dissocié de l'ordre, mais pour le tien je serais plus dubitatif. Un simple bucher à la torche serait plus logique.
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
- ethgri wyrdaRoi revenant
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Re: L'histoire de Gilgalad
Dim 25 Déc 2016 - 12:51
et bien, ça en fait de la lecture!
…
…
…
rattrapé!
Comme Hjalmar, je trouve le point de vu elfique très bien dosé, avec juste ce qu'il faut de prétentions! La mort de 15 humains n'est pas choquante, et les elfes parlent avec mépris des hommes. l'apparition de Gotrek ne me gène pas!
Le petit morceau sur la langue humaine/elfique est très interressant…
Par contre, un petit detail me gène un peu dans la lecture: Tu découpes parfois les paragraphes étrangement, ce qui brouille un peu le rythme du récit: j'ai parfois le sentiment que le début d'un paragraphe ne parle pas du tout de la même chose que la fin de celui-ci, c'est parfois un peu perturbant…
La SUITE!
…
…
…
rattrapé!
D'experience, le destin a le sens de l'humour le plus douteux que je connaisse… pas forcement qu'en mal, mais douteux...Le destin devait bien rire de nous
Comme Hjalmar, je trouve le point de vu elfique très bien dosé, avec juste ce qu'il faut de prétentions! La mort de 15 humains n'est pas choquante, et les elfes parlent avec mépris des hommes. l'apparition de Gotrek ne me gène pas!
Le petit morceau sur la langue humaine/elfique est très interressant…
Par contre, un petit detail me gène un peu dans la lecture: Tu découpes parfois les paragraphes étrangement, ce qui brouille un peu le rythme du récit: j'ai parfois le sentiment que le début d'un paragraphe ne parle pas du tout de la même chose que la fin de celui-ci, c'est parfois un peu perturbant…
La SUITE!
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Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
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Re: L'histoire de Gilgalad
Mar 27 Déc 2016 - 11:06
J'aurai peu de choses à rajouter par rapport aux commentaires précédents... Juste une chose : MOI je suis choqué par la conduite inhumaine des elfes
La suite !
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Re: L'histoire de Gilgalad
Ven 30 Déc 2016 - 11:16
Hjalmar Oksilden a écrit:Je ne saurais expliquer pourquoi, mais je ressens une amélioration dans ton style à partir de la discussion avec Gotrek. Le tout se suit plus facilement je trouve.
D'ailleurs, c'est drôle, mais j'ai vraiment l'impression d'avoir le point de vue d'un elfe avec ce récit. On retrouve un peu un ton hautain elfique avec un point de vue où les asurs sont quand même un peu supérieur au reste -ceci n'est pas un reproche, c'est même le contraire vu que tu respectes à la lettre le fluff en faisant ça.
Tu le vois bien parce qu'il s'agit d'un de nos premiers contacts prolongés avec les humains. Et parce que beaucoup d'elfes sont comme ça. Dans les passages où les personnages sont en Ulthuan, tu auras du mal à ressentir la même chose car il n'y a pas de relations avec les humains.
C'est assez facile à justifier dans un sens ou dans l'autre. Il peut avoir trouvé une relique elfe, acheté cela à des Nains, acheté cela à des Elfes. Ce n'est pas Gotrek Gurnisson mais Gotrek Gurrison (avec un r à la place du n). Ce n'est donc pas le même personnage D'ailleurs, je n'ai jamais dit que c'était un Tueur Je l'ai introduit car mon personnage devait nécessairement le rencontrer à un moment où l'autre parce que le nain réapparaîtra plus tard dans l'histoire.Hjalmar Oksilden a écrit:Ensuite, c'était osé de replacer un tel clin d'oeil à Gotrek Gurnisson qui est un sacré personnage en soi ! Mais pour le peu que je connais du gaillard, ça a l'air de tenir la route. Tu as d'ailleurs eu la bonne idée d'en faire un personnage plutôt secondaire, qui est juste là avec l'équipe. Cela laisse une sorte de mystère autour de ce personnage laconique et c'est vraiment appréciable.
Merci Il n'était pas prévu à l'origine mais j'ai un peu improvisé et j'ai bien aimé le truc Il faut encore que je réfléchisse à quand et comment je la trouve, mais c'est une autre histoire.Hjalmar Oksilden a écrit:Enfin, bravo pour l'autre clin d’œil à la taverne ! Maintenant que j'y pense, je n'ai jamais réellement expliqué la raison de mon arrivée dans l'établissement... Il va falloir que je me penche sur la question tiens. Mais ce serait comique d'avoir ton point de vue lors de l'arrivée des différent membres ou de ton arrivée à ladite taverne. Après, je ne sais pas ce que tu as prévu avec cette histoire.
Ce n'est pas du tout volontaire à la base et tu n'aurais pas fait la remarque, je ne m'en serais pas aperçu. Mais il est bien possible, qu'inconsciemment, ton récit m'ait inspiré pour le répurgateur vu que j'aime bien ce dernier (le tien).Hjalmar Oksilden a écrit:NB: Je vais devoir placer un droit d'auteur sur Holger Von Wütend il faut croire Si c'est une coïncidence, ce n'est pas grave mais il se trouve que j'ai un personnage répurgateur de "la quête improbable" qui fait de même. Si c'est volontaire, ce n'est pas grave aussi, je prends ça comme un hommage.Le répurgateur incendia les corps de tous les morts avec sa bague enchantée avant d’ordonner de repartir.
Hjalmar Oksilden a écrit:NB2: Je le place à la suite parce que c'est lié, mais normalement les répurgateurs n'utilisent pas de magie. C'est une sorte de principe apparemment et Magnan me l'avait déjà reproché. Pour le cas de mon Holger cela passe parce que c'est un détraqué qui s'est dissocié de l'ordre, mais pour le tien je serais plus dubitatif. Un simple bucher à la torche serait plus logique.
Heu, tout comme pour Hjalmar, ce n'est pas le Gotrek habituel des bouquins. C'est un autre personnage totalement différent et qui n'est pas un Tueur pour commencer. Il réapparaîtra plus tard dans le récit (dans longtemps mais il sera présent). Sinon, merci pour le resteethgri wyrda a écrit:
Comme Hjalmar, je trouve le point de vu elfique très bien dosé, avec juste ce qu'il faut de prétentions! La mort de 15 humains n'est pas choquante, et les elfes parlent avec mépris des hommes. l'apparition de Gotrek ne me gène pas!
Le petit morceau sur la langue humaine/elfique est très interressant…
J'ai essayé de tenir compte de ta remarque. Mais pour ma défense, parfois que je suis obligé pour ne pas faire des paragraphes de quelques lignes à peine. Dans les deux ou trois prochains chapitre, ce devrait être un peu mieux mais comme cela fait longtemps qu'ils ont été écrits, j'y ai moins fait attention.ethgri wyrda a écrit:Par contre, un petit detail me gène un peu dans la lecture: Tu découpes parfois les paragraphes étrangement, ce qui brouille un peu le rythme du récit: j'ai parfois le sentiment que le début d'un paragraphe ne parle pas du tout de la même chose que la fin de celui-ci, c'est parfois un peu perturbant…
Elle sera plus humaine dans les parties suivantesVon Essen a écrit:J'aurai peu de choses à rajouter par rapport aux commentaires précédents... Juste une chose : MOI je suis choqué par la conduite inhumaine des elfes
Bon, maintenant les choses sérieuses. Je poste maintenant pour vous poster la suite du récit. En gros, le Chapitre 8. Pour information, je viens de débuter le Chapitre 15 qui se passe juste après ma transformation en vampire. J'ai donc pas mal de chapitres d'avance vu que j'écris pas mal pendant ces vacances entre deux moments de révision.
Le chapitre 8 est plus calme et a beaucoup moins d'action, sauf à la toute fin.
Chapitre 8 : Les Terres des Hommes
Je me mis à penser à toute vitesse. Qu’allait-il nous demander ? De le servir ? De le protéger ? Mais quoi donc ? J’espérais que ce soit assez calme. En réalité, je ne voulais pas en permanence parcourir les chemins avec Aryana. Cela finirait par causer notre perte un jour. Surtout avec les forces du Chaos qui se développaient. Il reprit après quelques instants de pause :
« J’ai vu vos talents au combat. Aussi, j’ai une proposition à vous faire. Je suis en train de former des unités de troupes régulières. Mais la plupart de mes soldats ne savent pas se battre. Et je n’ai que très peu d’unités d’expérience. Je vous propose donc ceci. Vous entraînez l’unité pendant les dix prochaines années. Je vous paye tous les mois une somme correcte, je vous nourris, je vous loge et vous fournis tout ce dont vous avez besoin. Vous aurez toute latitude pour les former.
-Je vous prierais de patienter quelques minutes. Je dois discuter avec elle. – Je montrais Aryana en disant cela. »
Avec mon amante, nous engageâmes la conversation, en Eltharin toutefois. Nous ne voulions pas nous faire comprendre du noble.
« Qu’est-ce que tu en penses Gil’ ? Ça peut être intéressant ?
-Cela peut l’être, en effet. L’inconvénient, c’est que je ne pourrais pas te former en affrontant des ennemis. Du moins, tu en affronteras beaucoup moins.
-Parce que tu en affronté beaucoup durant cette même période.
-Non, je l’avoue. Il est aussi vrai que nous ne pourrions pas les former au combat durant une journée complète. Ils restent humains.
-C’est vrai. Je pense que nous devrions accepter. Mais nous restons des Princes Dragons. On ne s’abaisse pas à ce genre de choses normalement.
-Gil’. On n’a pas le choix. On est presque en exil. Surtout sans les fonds de ta famille. Et mes frères ont tout emporté en nous trahissant. On n’a presque plus rien.
-Alors c’est convenu. On le fera. »
Je me retournais vers le noble et lui fit part de notre décision. Il l’accepta et nous demanda de le suivre vers le Nord. Notre travail commençait ici même. Et nous serions payés pour cela.
Le voyage dura plus de trois semaines jusque dans le sud du Reikland. Il n’y eut rien de notable. Le noble se nommait Anton Lukranberg. Il devait surveiller une zone particulière à ses frais. Il voulait former deux régiments de lanciers, un d’archers (cela coûte moins cher) et une unité de chevaliers d’un ordre. Quelques nobles avaient accepté de devenir chevaliers mais ils étaient sans expérience. Nous avions compris l’ampleur de la tâche qui nous incombait. Plus d’un millier d’hommes à entraîner militairement et tactiquement. Il y aurait du travail. Les entraînements d’Aryana se feraient le soir. Nous pouvions dormir très peu, ayant des techniques de repos particulières. Il faudrait alors en profiter pleinement.
Nous finîmes par arriver dans ce qui serait notre nouvelle demeure. C’était un grand château. Comme ceux des bretonniens. A l’intérieur, une véritable petite ville de quelques milliers d’âmes. La population semblait apprécier notre employeur. Ce qui était une bonne chose pour nous. Cela serait plus simple. Nous pouvions l’appeler par son prénom. Cependant, il en savait suffisamment sur les Asurs pour ne pas nous appeler par les nôtres. Il était remarquablement intelligent et dévoué à sa mission. Nous fîmes connaissance de sa femme, Margarita, ainsi que de son fils de deux ans Erik et de sa fille de dix ans, Magda. Il nous donna une grande chambre et une salle d’eau. Il nous laissa en permanence un serviteur à notre disposition. C’était simple mais fonctionnel et confortable. Il y avait deux grandes armoires, un grand lit (il savait que nous étions en couple), un grand bureau. Nous étions arrivés en fin d’après-midi. Aussi, il fallu se changer pour mettre des vêtements propres. Puis, nous descendîmes manger. La salle-à-manger était de taille respectable. Il y avait une grande table. Et un certain nombre de victuailles. Anton nous accueillit à table avec sa famille en nous disant ces mots :
« Je sais que ce que j’ai à vous offrir en nourriture est bien fade si l’on compare aux mets de votre lointain pays, mais c’est ce que nous avons de mieux.
-Cela ne nous dérange pas. Soyez sans crainte. – Ce fut Aryana qui lui répondit. »
Le repas fut plutôt bon malgré tout. Bien qu’étant loin d’être aussi éduqués que des Princes Asurs, ils savaient parfaitement se tenir et étaient très cultivés. Ils déploraient l’absence d’empereur pour unifier l’Empire. Il serait vulnérable à toute attaque venant du Nord. Ils nous apprirent aussi quelques éléments sur la société noble impériale. Une fois le repas terminé, nous partîmes nous coucher. Le lendemain matin, nous prîmes le premier repas de la journée dans la même salle. L’entraînement débutait peu après.
Avec Aryana, nous avions répartit le travail. Elle s’occuperait des lanciers. Moi des chevaliers et des archers. Nous étions dans des endroits fort éloignés. Ma première leçon pour les archers fut de faire quelques tests. Ils n’étaient pas très bons. Même pour des humains. Les cibles n’étaient pourtant pas très lointaines. Il allait falloir faire du renforcement musculaire. Je leur fis faire des exercices de musculation pendant des heures. Ils étaient variés et courts, pour ne pas les décourager. A la fin de la matinée, ils étaient épuisés. Je les envoyais se reposer pour le reste de la journée. L’après-midi serait consacré aux nouveaux chevaliers. Ils étaient une cinquantaine. Tous étaient d’anciens pistoliers et avaient déjà vu le feu. Aussi, je n’eu pas besoin de leur apprendre à monter à cheval. Ils formeraient l’Ordre de Lance de Feu. C’était en rapport avec le dragon présent sur mon bouclier. Ils reprirent le même symbole et le lendemain, tous les cavaliers avaient le même symbole sur les boucliers. Il me fallut les habituer à porter la lance sur le cheval. Ils s’étaient déjà habitués à l’armure. Cela me facilitait le travail. Je leur appris tel que je l’avais appris. La première leçon fut d’apprendre et de s’habituer à la tenir levée. Je vis rapidement que la charge en maintenant la ligne n’allait pas être faite rapidement. Le soir vint. Un nouveau repas et de nouvelles connaissances sur l’humanité. Cela était fructueux pour Aryana et moi. Puis, il y eut les entraînements entre elle et moi. J’avais repris ceux à dos de cheval avec la lance et l’épée. Quelques nouveaux chevaliers vinrent nous observer. Ils étaient époustouflés. Nous frappions avec une précision extrême les cibles. Néanmoins, je leur dis de ne pas tenter de faire la même chose pour le moment. Ils n’étaient pas encore prêts. Et ne le seraient jamais.
Les jours s’enchaînèrent. Sans aucun repos. Puis les semaines. Aryana et moi étions dévoués à cela. Les journées se ressemblaient. Puis les mois. C’était la même chose tous les jours. Pour dire vrai, nous n’avions plus de moments juste à nous. Nous regrettions presque la vieille auberge abandonnée où nous étions seuls, loin des soucis du monde. Cela nous manquait. Mais nous avions un contrat.
Les mois devinrent des années. Après trois ans, une première expédition put être menée. Une tribu de peaux-vertes arrivait par les Montagnes Grises et avançait droit vers la ville. Il était assez peu nombreuse pour la vaincre en rase campagne. Anton nous donna le commandement des troupes et nous sortîmes. Nous installâmes l’armée sur une position favorable et attendîmes. Ils étaient en déplacement. Mais il fallait attendre, ne pas se laisser emporter par la facilité apparente. Nous étions autour d’une colline. Un canon avait rejoint l’armée, envoyé depuis Altdorf. Il rejoindrait la garnison après cela. Les autres pièces étaient restées dans la ville, pour la protection de cette dernière. De même que la milice. Les archers étaient sur la colline, en deux régiments, autour du canon. Les lanciers formaient plusieurs unités en contre-bas. Ils étaient destinés à recevoir la charge. Cependant, je gardais une autre unité en réserve, pour couvrir une éventuelle retraite. Ou alors pour porter le coup décisif. Les chevaliers attaqueraient alors de flanc. J’étais sur la colline, aux côtés des archers. Aryana était à cheval, avec les chevaliers. Anton, lui, était dans une compagnie de lanciers.
Les orques et les gobelins se déployèrent n’importe comment. La seule unité d’orques noirs était derrière toute l’armée. Ils avancèrent rapidement. Le canon ne cessa de tonner, pour affaiblir l’ennemi. Les archers trépignaient d’impatience. Mais je les retins. Dès que l’ennemi fut à portée, je leur donnais l’ordre de faire feu à volonté. Les salves s’enchaînèrent, réduisant les ranges des gobelins et des orques. Mais ils finirent par arriver au contact. Cela fut brutal. Mais les lanciers tinrent bon. Je vis soudainement le flanc droit sur le point de lâcher. Je fis signe à Aryana de charger avec les chevaliers. Ils mirent en application mes nombreuses leçons et chargèrent très bien. C’était certes moins impressionnant qu’une charge de Princes Dragons, mais c’était très bien réalisé compte tenu de leur entraînement. Surprise, l’unité d’orques fut culbutée. Le flanc droit était sauvé. La compagnie de lanciers du secteur se reforma et reprit sa place dans la ligne de bataille. Cette dernière tournait à notre avantage dans le carnage au centre. Mais pas suffisamment. Je finis par repérer ma cible. Je donnais les dernières consignes aux archers et aux canonniers. Ces derniers devaient repartir vers la ville, au cas où. Une compagnie d’archers les escorterait. Je donnais l’ordre à la réserve de lanciers de charger sur le flanc gauche. Il fallait porter l’avantage à cet endroit pour tenter de rompre la ligne et tourner sur leur flanc. Les chevaliers passèrent derrière la colline et vinrent leur prêter main-forte. Au milieu, les orques noirs venaient d’entrer dans la mêlée. Mais le régiment qu’ils affrontaient était affaibli. Il ne tiendrait pas longtemps. Ce qui tombait bien était que ma cible était justement dans cette unité. Je les chargeais rapidement avant de défier leur chef en duel. Ce dernier vint vers moi. Le combat s’engagea rapidement. Après une rapide accélération, je le frappais souvent. Amlugcrist avait été forgée pour tuer des démons majeurs. Contre un chef orque, son pouvoir était d’autant plus violent. Il fut mis en pièce en quelques secondes, sans avoir le temps de porter un coup. Sa garde hésita un instant. Instant durant lequel les lanciers se ressaisirent. Et se reformèrent, présentant un mur de bouclier difficilement franchissable, bien qu’il n’atteigne pas la qualité des murs de boucliers des nains ou des guerriers en armures sombres du Chaos.
La bataille fut terminée deux heures plus tard. Aryana avait été redoutable, bien aidée par Glamdagnir. Après tout, l’arme ne s’appelait pas « La Tueuse d’Orques » pour rien. Il y avait une raison à cela. Nous récupérâmes nos morts et blessés avant de rentrer dans la petite ville. La victoire était à nous mais le prix payé avait été relativement élevé, c’est vrai. Les fois suivantes, je déciderais de sortir une pièce d’artillerie supplémentaire pour mieux affaiblir l’ennemi.
Les années passèrent ainsi les unes après les autres. J’améliorais aussi ma technique de combat au contact des chevaliers. Tout comme Aryana au contact des lanciers. Nos enseignements ne devaient pas être compliqués. Il fallait qu’ils soient efficaces. Il y avait régulièrement de nouvelles recrues pour les unités. Les anciens se chargeaient alors de leur apprendre ce qu’ils savaient déjà. Puis, la date de la fin du contrat arriva. Ils pouvaient se passer de nous à partir de ce moment. Déjà, les deux dernières années, nous n’étions pas nécessaires. J’avais repris l’entraînement d’Aryana de manière très intensive. Nous travaillons plus de quatorze heures par jour, tous les jours. Nous ne faisions que peu de pauses dans une journée.
Nous partîmes après maints adieux. La garnison nous appréciait fortement. Une cérémonie militaire fut organisée en notre honneur et Anton nous remit notre dernière paye. Puis, nous partîmes vers le Nord-Ouest et Marienburg. Je voulais continuer l’apprentissage d’Aryana. Encore deux ans et elle serait à mon niveau. Indépendamment de tout sentiment amoureux, elle méritait sa place dans l’Ordre, il n’y avait aucun doute. Nous mîmes deux mois pour arriver à Marienburg. Là, nous eûmes un transport à peine quelques minutes après être entrés dans Elfeville. Nous embarquâmes sur le champ avec nos montures avant de quitter le principal port des Terres des Hommes avant la nuit. L’entraînement continua à bord du navire durant toute la traversée. Nous arrivâmes à Lothern sans encombres, profitant de l’escorte d’un navire de guerre faisant le même trajet. Nous accostâmes derrière la porte de Rubis. Nous payâmes le capitaine après avoir pris nos montures et partîmes vers la partie réservée aux elfes. C’est à ce moment qu’une patrouille de Gardes Maritimes nous arrêta. Ils nous conduirent jusqu’au palais du Roi Phénix. Là, nos chevaux et bagages furent pris par des écuyers. Nous étions surpris. Aucun de nous deux ne s’attendait à telle chose. Quatre Lions Blancs vinrent nous récupérer. Ils nous conduirent jusque devant l’entrée des jardins. Le capitaine de la Garde Royale nous attendait là. C’était encore Khorian Glaive de Fer. Nous lui donnâmes nos armes qu’il fit accrocher et surveiller par un des gardes. Puis, il nous introduisit. Les jardins étaient sublimes. Il y avait de très nombreuses espèces de végétaux. Presque toutes celles d’Ulthuan étaient représentées. Et des milliers d’autres venant du monde entier aussi. Il nous conduisit au milieu de courtisans et nous arrivâmes devant le Roi Phénix. Nous nous agenouillâmes devant lui alors que son garde du corps nous présentait. Une fois qu’il eût terminé, le roi nous fit :
« Levez-vous et asseyez-vous. »
Après avoir obéi, nous pûmes le regarder. Il semblait soucieux. Il continua ensuite :
« J’aimerais entendre ce que vous avez à nous dire sur ce qui se passe dans l’Empire des Hommes, Gilgalad. Cela m’intéresse fortement. »
Je n’avais plus le choix. Je pris la résolution de tout dire.
L’Empire des Hommes n’est pour le moment toujours pas unifié en l’an 2301 de leur calendrier. Et aucun Comte Electeur ne semble se démarquer Votre Altesse. En revanche, peu avant notre départ, nous avons commencé à entendre parler d’un certain Magnus dans la cité de Nuln. Nous ne l’avons jamais vu. Mais certains disent qu’il prêche la foi de leur divinité principale, Sigmar. Il y a un autre problème majeur. Comme l’Empire n’est pas uni, il est peu probable que leurs armées puissent marcher ensemble vers le Nord. Je pense que si l’Ostermark et l’Ostland tiennent bon, il pourra survivre. Il faudrait aussi voir la résistance du royaume de Kislev. Or, je ne connais pas vraiment de Kislévites pour en juger.
Les armées humaines sont relativement bonnes. Elles sont bien entraînées mais il leur manque deux choses. Un commandement unifié et surtout des magiciens. Mais ils ont réussi à faire sans ces derniers jusqu’ici. Cela pourrait continuer encore un certain temps. Tout dépend de la puissance de l’invasion.
Le rapport continua ainsi en disant tout ce que je savais. Les courtisans buvaient nos paroles. Car elles les informaient sur ce qui se passait et les jeux de pouvoir. Je bénis Anton de nous avoir souvent parlé de cela durant les repas. Le Roi finit par nous demander à tous les deux, de rester à sa cour pour trois années. En effet, c’était le temps qu’il me restait pour finir l’apprentissage d’Aryana. Il nous accorda un appartement dans une aile du palais. Il nous y fit conduire par un serviteur. En tant qu’invités du Roi Phénix, nous avions une dizaine de ces derniers à notre disposition pleine et entière. Nous y parvînmes après une demi-heure de marche. Le chemin ne fut guère compliqué à mémoriser. Sur les murs des couloirs, tout était luxe et faste. Nous pouvions voir à quel point Lothern était désormais le centre politique d’Ulthuan. Ainsi que la plateforme principale du commerce du pays. Nos appartements étaient assez grands. Une grande marque de respect envers nous. Il y avait trois chambres : une avec un grand lit, deux avec un lit chacune. Il devait être au courant de quelque chose. Il y avait également deux salles d’eau, une chacun. Nous avions une grande terrasse, une salle-à-manger, une salle d’armes et une grande garde-robe avec un rideau de séparation au milieu. Le tout était très spacieux et très bien équipé. Malheureusement, nous n’avions pas vraiment de vêtements à nous pour la cour. Mais encore une fois, il semblait avoir tout prévu. De nombreux habits à nos couleurs respectives étaient présents dans les armoires et malles de différentes pièces.
Le Roi nous fit livrer un succulent repas. Il comportait de nombreux mets d’Ulthuan. Ces derniers nous avaient bien manqués. Je me sentais presque à la maison, à Tor Crevnan.
Je décidais de rompre immédiatement toute relation amoureuse avec Aryana. La raison était simple. Cela pouvait facilement remonter aux oreilles d’Imrik et de mon père. Cela compromettrait les chances d’Aryana d’accéder au même statut que le mien dans l’ordre. Il ne restait plus qu’à le lui annoncer. J’espérais qu’elle le prendrait relativement bien. Mais plus vite ce serait fait, mieux ce serait. J'étais longtemps préparé à ce moment. Mais j'étais plus effrayé que pour charger une bande de Guerriers du Chaos ou de Géants.
Je réussis à nous isoler d’éventuelles oreilles indiscrètes après le repas du soir. Elle ne se doutait visiblement de rien. Je lui annonçais alors :
« Je te demande juste de ne pas m’interrompre avant que j’ai terminé. Je ne sais pas s’il y a une meilleure manière de te l’annoncer. Mais on doit se séparer. – Elle ouvrait la bouche pour répondre. – Je t’aime encore. Mais c’est mieux pour toi et pour ton futur. Dans moins de cinq ans, je demanderais à Imrik de te mettre au même rang que moi dans l’ordre. Il vaut mieux éviter que l’on soit amants. Il y a beaucoup de gens qui pourraient tirer profit de cette information ici pour la livrer à des Seigneurs Dragons voire à Imrik. Il serait facile pour eux de remettre mon jugement en cause après cela.
-Et tu ne t’es pas dit que je m’en moquais peut-être ? Que cela m’est égal ?
-Comment voudrais-tu rétablir l’honneur de ta famille si tu es condamnée à ne pas pouvoir faire grand-chose en tant que Prince Dragon ? Tu crois que tu affronterais les ennemis les plus dangereux ? Ce sera le chef de ton unité qui les affrontera en défi, pas toi. Si tu es acceptée dans une unité. Tu crois que cela fonctionne comment ? Qu’il suffit de te présenter et ils t’acceptent sans problèmes ?
-Il y en a bien qui voudront de moi.
-Ne crois pas ça. L’immense majorité y sera réticente. Et ce quand bien même tu aurais fait tes preuves depuis des dizaines d’années.
-J’ai tué un troll je te rappelle.
-Et qui d’autre est au courant en dehors de moi dans l’ordre ? Personne. C’est pour ça que je ne peux pas le compter.
-Et tu n’as pas pensé à ce que je pourrais ressentir ? Au fait que cela peut m’indifférer ? Tu pouvais me consulter avant de prendre une telle décision. Je ne suis pas nécessairement d’accord. »
Aryana se mettait progressivement en colère. Son visage rougissait à cause de cela. Et des larmes de rages montaient à ses yeux. C’était bien ce que j’avais craint. Il me restait une dernière carte à abattre. Quand bien même cela me ferrait très mal au cœur, sans compter que c’était un mensonge. Cela couperait probablement toute chance que l’on s’entende bien un jour.
« Tu n’as pas le choix. J’ai toujours pensé à ce moment et savait qu’il arriverait. Ça ne pouvait pas durer éternellement entre nous. L’entraînement reprend demain que tu le veuilles ou non. »
Aryana m’observa avec un regard où se mélangeaient la tristesse, le dépit, la colère et l’incompréhension. Cette fois, les larmes n’étaient plus dues à la colère mais à la douleur. Je m’efforçais de conserver un regard dur et sans pitié. Elle fini par partir dans sa chambre individuelle.
C’était fait. C’était terminé. Il n’y avait plus de retour en arrière possible désormais. En l’entendant claquer la porte de sa chambre, je pus lâcher enfin les quelques larmes qui me venaient. Je partis dans la mienne et m’effondrais sur le lit, en pleurant. Je devais être fou pour vouloir m’infliger des choses pareilles. Je ressassais la conversation dans ma tête. J’essayais de me convaincre que j’avais pris la bonne décision. Mon père ne l’aurait jamais acceptée comme mon amante, encore moins comme ma femme. Son sang était moins noble que le nôtre. Je devais être fort et résister à la tentation de retomber dans ce qui devait rester comme une faiblesse. Voilà, cela devait rester une faiblesse. Je finis par m’endormir bien plus tard.
Pour le Chapitre 9, déjà complété depuis un certain temps, il faudra attendre quelques temps. Je veux finir le chapitre 15 qui n'est pas simple à écrire avant de le poster.
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Re: L'histoire de Gilgalad
Sam 31 Déc 2016 - 12:48
Une suite sympathique ma foi !
Je n'ai pas forcément beaucoup à ajouter par rapport aux autres fois, mais je noterais tout de même les suites de phrases courtes qui hache un peu le récit par moment. Mais c'est un point de vue personnel (ne part pas dans mes excès avec mes phrases alambiquées )
Je remarque aussi un léger changement d'attitude chez tes personnages. Il se mettraient presque à considérer les humains comme "potable". On sent que leur vision des choses a changé légèrement et je pense que c'est pour le mieux.
J'admire aussi ta rapidité de déplacement à travers de le monde. C'est peut-être un peu bref à mon goût, mais tu arrive sans problème à les faire traverses des étendues énormes en quelques lignes. C'est bête, mais j'en suis parfaitement incapable donc j'approuve la manœuvre
Ensuite pour la conclusion, le choix est osée (vu que l'on sait que vous allez vous remettre ensemble) mais logique. J'attends de voir comment tu vas te débrouiller pour la suite.
Je n'ai pas forcément beaucoup à ajouter par rapport aux autres fois, mais je noterais tout de même les suites de phrases courtes qui hache un peu le récit par moment. Mais c'est un point de vue personnel (ne part pas dans mes excès avec mes phrases alambiquées )
Je remarque aussi un léger changement d'attitude chez tes personnages. Il se mettraient presque à considérer les humains comme "potable". On sent que leur vision des choses a changé légèrement et je pense que c'est pour le mieux.
J'admire aussi ta rapidité de déplacement à travers de le monde. C'est peut-être un peu bref à mon goût, mais tu arrive sans problème à les faire traverses des étendues énormes en quelques lignes. C'est bête, mais j'en suis parfaitement incapable donc j'approuve la manœuvre
Ensuite pour la conclusion, le choix est osée (vu que l'on sait que vous allez vous remettre ensemble) mais logique. J'attends de voir comment tu vas te débrouiller pour la suite.
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
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Re: L'histoire de Gilgalad
Ven 6 Jan 2017 - 12:42
Bon, premier post de l'année 2017 dans la section Récits et premier de l'année 2017 pour le récit
Je profite de ce post pour vous annoncer que j'ai énormément avancé pendant les vacances avec près de neuf chapitres écrits au total (au rythme d'environ un chapitre en deux jours entre deux moments de révision). Par conséquent, je suis arrivé à environ l'an 2500 du Calendrier Impérial où il y a la création de notre forteresse dans les Montagnes Noires (l'ancienne colonie naine dont on a déjà parlé dans la Taverne de la Non-Vie).
J'en profite aussi pour vous parler de ce chapitre, non pas de l'histoire mais de la forme. Il est écrit à la troisième personne avec un point de vue plus général. Cependant, je n'ai pas du tout aimé l'écrire et je n'avais pas le courage de le reprendre de A à Z. Je le mets quand même car il faut que vous ayez au moins la suite de l'histoire entre mes deux personnages principaux. Je vous demande donc de ne pas le critiquer trop violemment En revanche, si vous avez des conseils pour l'améliorer un peu (ou si vous avez repéré des fautes), je suis tout-à-fait preneur. En effet, j'envisage de commencer un nouveau récit après avoir "terminé" celui-ci, mais ce dernier devrait être plus complexe et fait à la troisième personne a priori.
Bon, voici le chapitre 9 du coup (le pire que j'ai écrit pour ce récit je trouve).
Le lendemain matin fut assez difficile pour Gilgalad et Aryana. La dispute de la veille avait laissé des traces chez les deux elfes. Ils se levèrent comme tous les jours mais prirent le petit-déjeuner en silence. Aucun des deux n’osait regarder l’autre. Car chacun se sentait mal. Aryana espérait que ce ne soit qu’un mauvais rêve. Gilgalad espérait qu’elle soit passée à autre chose et ait accepté sa décision. Une fois le repas terminé, ils se préparèrent pour commencer l’entraînement. Mais un visiteur fut annoncé.
C’était un elfe dans la force de l’âge. Il était habillé avec un ensemble de robes bleues et blanches. Il était paré de nombreux bijoux venant de tous les royaumes d’Ulthuan. Il se présenta comme Aravir Liantan. Il devait leur faire visiter le palais. Le maître remit l’entraînement à plus tard alors que les deux invités du Roi Phénix allaient se changer. Ils revinrent une vingtaine de minutes plus tard, dans des tenues plus appropriées. La visite put débuter.
Les murs de marbres étaient couverts de grandes tapisseries. Elles montraient des événements majeurs, ou mineurs, de l’histoire des Asurs. Mais un grand nombre montrait tout simplement des paysages d’Ulthuan. Elles avaient été réalisées par les plus grands artisans de l’île. Peu de tapisseries au monde pouvaient les surpasser. Les trois elfes passèrent également dans la bibliothèque. La plus grande d’Ulthuan si l’on excepte celle de la Tour Blanche. Les étagères étaient toutes pleines de livres, anciens ou récents, en Eltharin ou non. Dans chaque allée, il y avait de nombreuses tables destinées à la lecture. Sur chaque table, des bougies allumées et d’autres pour servir de réserve à un lecteur. Tout le monde avait le droit d’y rentrer. Les principaux thèmes leurs furent présentés. Ils étaient les suivants : la stratégie, la tactique, l’économie, la guerre économique, la poésie, les légendes, les chroniques des Rois Phénix, les us, coutumes et traditions. C’étaient les sections les plus fournies et les plus visitées. La visite du palais fut alors interrompue par le déjeuner. L’opportunité pour les deux arrivants de faire plus ample connaissance avec leur guide.
Aravir était originaire de Lothern. C’était un Prince Marchant. Il avait déjà plus de six siècles derrière lui. Même si sa famille était déjà relativement fortuné, il avait fait fortune en commerçant avec les Terres des Hommes, Cathay et Nippon. Il avait réussi à avoir le monopole du commerce avec les deux derniers pendant plus d’un siècle. Cela l’avait rendu incontournable sur le marché. Ce n’était que récemment que cette exclusivité avait cessé. Il s’était retiré des affaires, son fils prenant la suite, et conseillait le Roi Phénix sur certaines affaires marchandes ou non. Il était relativement bien écouté par Finubar. Cependant, il manquait d’appuis de valeur à la cour. Les deux jeunes elfes comprirent rapidement. Il leur demandait un soutien. Si Aryana s’en moquait, ce n’était pas le cas de son maître. Cela l’intéressait au plus haut point. Néanmoins, il devrait faire attention à ce que leur guide ne le trahisse pas. Ce dernier continua de se présenter. Sa femme ne venait pas souvent à Lothern. Elle venait d’Ellyrion et préférait la campagne et ses grandes étendues à la ville. Il la comprenait fort bien. Lui-même aimait partir quelques jours dans un mois dans l’arrière-pays de Lothern.
La visite repris peu après. Ils commencèrent par visiter certaines pièces qui n’étaient utilisées que pour les grandes cérémonies. Le décor était faste. Il montrait la richesse et la puissance d’Ulthuan. Les tableaux, vitres, fresques et autres éléments de décors représentaient tous le plus grand luxe. Quelque chose d’inaccessible même pour les humains les plus riches. Les peintures et fresques représentaient plusieurs choses possibles. Il y avait souvent de grands moments de notre histoire. Le passage de la flamme par Ænarion. Un grand nombre de victoires contre les démons. Mais ce n’était pas tout. Il y avait aussi de nombreux paysages et cités d’Ulthuan représentés. Des villes comme Tor Elyr, Tor Achare, Lothern. On y trouvait la Tour Blanche, les plaines d’Ellyrion, les montagnes et forêts d’Avelorn et Chrace, les villes souterraines de Cothique, les volcans de l’Echine du Dragon. On pouvait voir une vieille carte de l’île. Elle datait d’avant la Déchirure. Les terres de Naggarythe et de Tiranoc étaient alors beaucoup plus étendues. Autrefois, ces deux royaumes étaient d’immenses plaines et les Annulii formaient les limites. Mais la Trahison de Malékith arriva et les deux royaumes finirent presque engloutis.
Le groupe finit par arriver dans les jardins de Finubar. Ils étaient grands. Les deux visiteurs n’avaient réellement pu profiter du spectacle la veille. Aussi, ils se rattrapèrent. Bien que préférant le minéral froid des montagnes, Aryana et Gilgalad admiraient les arbres, plantes et autres arbustes pleins de vie et de chaleur. Ils diffusaient une douce aura de chaleur réconfortante. Il était dit que cela pouvait apaiser des âmes tristes. Une autre rumeur disait qu’elles aidaient le Roi Phénix à prendre des décisions, par leur pouvoir. Elles l’aidaient à prendre du recul pour prendre la bonne décision. Chose d’autant plus importante que le monde semblait vouloir à nouveau sombrer dans les ténèbres.
Les jardins étaient composés de nombreuses plantes venant du monde entier. Dans les faits, il ne manquait que des plantes venant des terres de Lustrie et des Terres du Sud. Il manquait naturellement des plantes venant de Norsca et des Domaines du Chaos. Ainsi que quelques espèces de plantes.
Mais la visite ne s’arrêta pas là. Le trio passa à nouveau par de nombreux couloirs et visita les principales défenses du palais. Il était défendu à la fois par des Lions Blancs et des Gardes Maritimes, si le besoin s’en faisait sentir pour ces derniers. Cependant, il n’a jamais été attaqué. Ils arrivèrent dans une caserne de Lions Blancs. Ces derniers faisaient partie des elfes les plus forts. Venant uniquement de Chrace, ils gagnaient le droit de rejoindre la garde royale en tuant un lion blanc, un des animaux les plus dangereux de l’île. Certains allaient parfois au combat sur des chars tirés par ces animaux. Je n’en avais jamais encore vu au combat cependant. La visite se termina ainsi. Il était près de six heures du soir. Aravir les conduisit alors vers la cour et le Roi Phénix. Après avoir été contrôlés par le capitaine des Lions Blancs, ils purent les rejoindre.
La cour était en grand débat. La raison était la recrudescence d’arrestations d’espions des Naggarothiis et de cultistes. Chacun y voyait des signes différents. La conversation était devenue un brouhaha. En arrivant, les trois compagnons de visite virent que Finubar était visiblement ennuyé par la situation. Son esprit semblait vagabonder loin de ces disputes. En voyant des nouveaux-venus, son visage s’éclaira. Peut-être qu’ils auraient la décence de se contenir sur ce sujet polémique. Il se leva, imposant ainsi le silence à l’assemblée. Aryana, Gilgalad et Aravir s’inclinèrent pour saluer leur Roi. Ce dernier les fit se redresser avant de leur dire :
« Bienvenue. J’ai une question à vous poser à tous les trois. Vous répondrez un par un sans vous coupez et en exposant vos idées. De plus, personne ici ne pourra les interrompre – il eut un regard sévère sur les autres nobles et mages de sa cour – à l’exception de moi-même.
Voilà le problème. Ces derniers mois, le nombre d’arrestations, et d’exécutions de cultistes et d’espions des Naggarothiis a fortement augmenté. Il a presque été multiplié par deux. Certains ici pensent que nous avons juste plus de chance ou que la détection de ces derniers s’est améliorée. D’autres pensent qu’il faut y voir un signe d’une prochaine invasion. Quelle est votre opinion sur le sujet ? Aravir, vous commencerez. »
Aravir était dans une position délicate. Il rassembla ses idées et regarda dans le même temps la cour. De ce qu’il allait dire dépendrait certains appuis parmi les membres de l’entourage du Roi Phénix. Il finit par répondre au Roi :
« Je suis honoré que vous fassiez appel à moi Votre Altesse. Je pense que cela est surtout le signe d’une meilleure efficacité de nos méthodes de recherche. Décidées par votre personne. Peut-être qu’il y a un signe à y voir. Mais je rappelle que ce n’est pas la première fois. Sous le règne de votre prédécesseur, il y a eu plusieurs cas comme celui-ci. Pourtant, il n’y a jamais eu d’invasions ennemies peu après. Je ne pense pas qu’il faille s’inquiéter outre-mesure. »
La parole vint ensuite à Aryana :
« Pour être honnête Votre Majesté, je ne sais pas. Il faudrait savoir si une flotte ennemie se rapproche ou si l’un d’eux a révélé une possible attaque d’Ulthuan. Au-delà, je ne saurais pas vous dire. Mon expérience dans ce domaine est relativement limitée. »
Ce fut alors au tour de Gilgalad :
« Je pense qu’il y a des deux, Votre Majesté. Nos méthodes sont probablement plus efficaces, ou alors les cultistes et espions sont moins doués qu’avant. Je pense que ce dernier cas est peu probable, malheureusement pour nous. Ainsi, il est possible que le nombre d’espions ait augmenté ces derniers temps, ce qui augmenté le nombre de captures possibles. Selon, c’est un mauvais signe car le Chaos se prépare, selon de nombreux humains, à envahir à nouveau les terres des hommes. De plus, d’après ce que j’ai pu apprendre, le nombre de raids des Naggarothiis a augmenté ces dernières années sur les côtes de notre bien-aimée île. Ainsi, je pense qu’il vaut mieux se méfier tout en gardant raison. »
L’elfe de Caledor avait pesé ses mots. Il ne voulait pas s’aliéner la moitié de la cour en choisissant une solution plutôt qu’une autre. Il voulait se placer dans une situation intermédiaire. Elle avait l’avantage de ne pas le mettre en délicatesse si l’inverse se produisait. L’inconvénient, Gilgalad en était conscient, était qu’il aurait plus de mal à avoir des « amis » à la cour dans cette position.
Le Roi Phénix réfléchit pendant quelques instants avant de déclarer :
« Merci à tous et à toutes pour vos avis précieux. Je vais y réfléchir plus longuement avant de prendre une décision. En attendant, vous pouvez aller à vos occupations, je vais me retirer dans mes appartements pour réfléchir à ce problème. »
Joignant le geste à la parole, Finubar quitta ses jardins, laissant sa cour sur place. Le capitaine des Lions Blancs le suivit comme son ombre, son départ relâchant quelque peu l’atmosphère.
Aryana fut rapidement abordée par quelques nobles. Gilgalad connut la même chose quelques secondes plus tard. C’était un groupe de nobles de Saphery et d’Eataine, avides de récits de voyage et de nouvelles des Terres des Hommes. Le groupe partit se promener dans les jardins du Roi Phénix. Ils en avaient parfaitement le droit. Ce petit groupe en profita pour faire visiter au nouveau venu à la cour quelques petits coins reculés. Ces derniers étaient forts différents des autres. La flore venait de d’autres régions plus exotiques. Plus précisément de Lustrie et des terres du Sud. Les arbres semblaient étranges pour le calédorien qui n’avait jamais rien vu de pareil. Leur écorce et leurs feuilles sortaient de l’ordinaire pour lui. Naturellement, ses compagnons en profitèrent pour satisfaire sa curiosité. Cependant, il dut rapidement répondre aux questions qui se pressaient sur leurs lèvres. Car ils venaient de royaumes de rêveurs ou d’explorateurs. La grande majorité de ces nobles n’étaient pas allés dans les Terres des Hommes depuis de nombreuses décennies. Voire des siècles pour certains. En effet, l’un d’eux, Aravar de Saphery, avait participé à l’exploration de ces terres avec Finubar. Il en était revenu complètement changé.
Après quelques heures, le groupe d’elfes ressentit le besoin de se sustenter. Car même s’ils semblaient immortels pour les humains, ils n’en restaient pas moins des êtres vivants. Ils se dirigèrent lentement dans les appartements de l’un d’eux, Finrir. Ce dernier était un elfe de taille habituelle. En revanche, ses cheveux étaient blonds-roux et le Soleil leur donnait de magnifiques reflets. Il était taciturne dès que la conversation quittait le champ de l’exploration ou du commerce. Néanmoins, de son point de vue, l’amitié d’un Prince Dragon pourrait lui être d’un appui important à la cour. Surtout celui d’un qui avait tué un Buveur de Sang. Il se perdit alors quelque peu dans ses pensées alors que le groupe discutait derrière lui.
L’amitié, ou du moins une alliance, avec l’héritier direct des Swiftblade peut être très profitable. Son domaine est l’un des rares avec une forteresse sur la côte calédorienne du Grand Océan. Pour le commerce avec le Royaume, cela peut être réellement très profitable, d’un point de vue commerciale. En revanche, sa relation avec son apprentie est intrigante. Il y a quelque chose entre eux mais je ne saurais dire ce qu’il s’est passé exactement. En revanche, je suis sûr d’une chose. Elle lui en veut. Est-ce lié à son entraînement ? Ou est-ce pour sa famille ? Le destin de sa famille ne m’est pas inconnu. Peut-être l’a-t-il humiliée assez régulièrement ? Ou est-ce qu’il y a autre chose ? J’ai besoin de connaître la vérité pour que je puisse prendre une décision.
Le repas fut important et les elfes discutèrent de bon cœur. Gilgalad abordait régulièrement tous les détails politiques qu’il avait pu connaître en une dizaine d’années passées au sein des humains. Surtout, ses capacités à entraîner l’armée des impériaux semblait intéresser fortement un grand nombre de présents dans la salle.
Cependant, il dut finir par partir. L’entraînement avec Aryana devait avoir lieu. Elle devait être prête le jour où il la présenterait à Imrik. Aussi, il prit congé de son hôte. Mais, à sa grande surprise, ce dernier le raccompagna jusqu’à ces propres appartements. Si Gilgalad se doutait qu’il y avait assassin sous roche, il en était honoré. Il savait que cela était relativement rare. Il se doutait aussi que Finrir cherchait des informations sur Aryana. Il l’avait questionné régulièrement au cours du trajet. Mais le Prince Dragon ne lâcha pas un traître mot de l’histoire réelle. Il se bornait aux faits qui ne pouvaient prêter à confusion ou les trahir. Il ne laissa rien transparaître non plus. Car les elfes pouvaient non seulement lire entre les lignes, mais aussi lire parfaitement le langage corporel. Les mots n’avaient alors plus nécessairement le même sens.
Ils finirent par arriver à destination. Gilgalad laissa alors son compagnon de route et rentra. Aryana n’était pas encore là. Il chercha dans les quelques pièces, y compris la salle d’armes. Son élève n’était nulle part dans leurs appartements. Gilgalad commença alors à se changer et à faire quelques mouvements, pour faciliter la digestion du repas. Ensuite, il se reposa quelques dizaines de minutes sur son lit. Elle ne venait toujours pas. Puis, deux heures après son retour, le Prince Dragon se changea et enfila sa tenue d’entraînement. L’après-midi était déjà bien avancée et l’apprentie n’était pas encore rentrée. Elle le testait certainement. Il commença alors à s’exercer seul dans la grande pièce vide de tous meubles, hormis quelques mannequins pour s’entraîner. Le Prince Dragon débuta par des mouvements simples et lents. Mais il accéléra au fil du temps qui passait. Aryana n’était toujours pas là. Le repas finit par lui être servi. Il était simple, sur sa demande, mais copieux.
Son élève n’était toujours pas rentré alors qu’il se faisait vraiment tard. Gilgalad avait continué son entraînement puis s’était fait couler un bain. Puis, il en avait réellement profité, se demandant par la même occasion ce qui retenait son élève. Finalement, à la vue de l’heure, il prit une décision. Ce n’est qu’après avoir questionné son choix qu’il décida d’aller se coucher pour profiter d’une bonne nuit réparatrice.
Pendant ce temps, ses anciens compagnons parlaient entre eux. Ils réfléchissaient déjà à ce qu’ils pourraient faire de lui à leur profit. Il leur semblait malléable. A partir de là, il pourrait être utile à leurs différents intérêts. Si certains ne désiraient rien de plus qu’avoir de nouvelles connaissances sur les Terres des Hommes, d’autres voulaient tirer un avantage politique de sa présence à Lothern et du fait qu’il était plutôt écouté par le Roi Phénix malgré le fait qu’il soit un nouveau venu. Finrir parla aux autres de ses observations sur Aryana. Il fut convenu qu’il chercherait de plus amples informations.
Aryana finit par revenir quelques heures avant l’aube. Elle titubait et ses vêtements légèrement désordonnés. Elle entra silencieusement dans les appartements. Elle regarda au passage si son maître était encore éveillé. Heureusement, il semblait dormir à poings fermés. Elle alla dans sa chambre avant de déposer ses affaires et enfiler une tunique pour la nuit. Elle se glissa sous les couvertures. Elle s’endormit rapidement, fatiguée par la très longue journée. Aryana avait passé de nombreuses heures en compagnie de nouvelles connaissances et en avait profité pour séduire un noble célibataire de son âge. Ils n’étaient pas allés jusqu’à commettre l’irréparable mais elle jugeait que cela n’était qu’une question de temps.
La guerrière se réveilla alors que le soleil approchait déjà de son zénith. Elle se leva lentement et alla droit vers la salle-à-manger. Elle y trouva son maître. Son regard était glacial. Fatiguée et encore endormie, elle ne sentit pas l’avertissement. Il prit alors la parole, le ton tout aussi froid que ses magnifiques yeux bleus :
« Où étais-tu hier soir ?
-Avec des nouvelles connaissances. Est-ce que cela pose problème ?
-Nous étions censés avoir un entraînement.
-Je suis désolée. Cela ne se reproduira plus.
-En effet. Parce que j’en ai terminé avec toi. Tu as montré que tu te moquais de l’entraînement pourtant nécessaire. Si tu juges que tu n’en a pas besoin, je te laisse partir où tu veux. Moi je m’en irai demain, le temps de prévenir tout le monde. Tu n’a pas respecté ta part, ne compte plus sur moi pour t’aider à rendre son honneur à ton nom. »
Aryana était en état de choc. Il venait de la jeter comme on jette un torchon. Elle était bouche-bée devant sa froideur. Celui qui partageait sa couche il y a encore deux jours venait de la mettre à la porte. Elle le vit se lever et sortir des appartements. Elle resta immobile pendant plus d’une heure, en état de choc, pensant que c’était une mauvais rêve et qu’elle allait se réveiller. Elle mangea et s’habilla avant de s’entraîner.
Gilgalad était parti droit vers la cour du Roi Phénix. Il comptait lui annoncer en face son intention de quitter Lothern, laissant toutefois Aryana sur place. Il le trouva rapidement mais ne put le lui dire immédiatement. En effet, Finubar était dans une grande conversation avec un maître du savoir. Aussi, Gilgalad commença à discuter avec ses nouvelles connaissances. Cependant, il ne les informa pas de sa décision. Il ne voulait pas qu’elle se répande rapidement à travers toute la cour. Il tenait à ce que le Roi l’apprenne de sa bouche. L’avantage, est que malgré la conversation, il eut tout le temps de préparer ses arguments. Finalement, le Prince Dragon fut convoqué devant le Roi pour lui dire ce qu’il avait à dire.
« Bonjour Votre Majesté. Je vous ai demandé audience pour vous informer de mon départ prochain pour Tor Crevnan.
-Pour quelles raisons ?
-Ma ville natale me manque Votre Altesse. Je suis parti depuis très longtemps et il me tarde de rentrer chez moi. Aryana a été libérée de ses obligations envers moi. Par conséquent, je partirai seul, demain matin.
-Très bien. J’espère que vous aurez apprécié votre court séjour ici-même.
-En effet Votre Altesse. Cela aura été court mais très instructif sur de nombreux points. Par ailleurs, cela m’a rempli de joie de pouvoir discuter avec tant de nobles aussi intéressants les uns que les autres. J’ai beaucoup appris sur nombre de sujets.
-Vous m’en voyez ravis. Alors qu’il en soit ainsi. Rentrez dans vos appartements et préparez vos affaires, je suppose que vous rentrerez par la mer ?
-Cela est mon projet, en effet.
-Bien. Je vous accorderai un sauf-conduit royal. Je vous le ferai parvenir ce soir dans vos appartements. Il devra vous être remis en mains propres. – Le roi sentait bien qu’il y avait un problème entre Aryana et Gilgalad. Problème à l’origine du départ de ce dernier.
-Très bien Votre Majesté.
-Maintenant, affaire suivante. »
Gilgalad fut aussitôt entouré de nombreux courtisans désireux de lui présenter ses vœux de bonheur et de réussite pour la suite de sa vie. Il mangea avec certains d’entre eux, désireux d’avoir certaines de ses informations sur le monde des Hommes.
Pendant ce temps, Aryana enrageait contre elle-même. Elle n’arrêta pas au moment du repas. Elle s’en voulait d’avoir volontairement « oublié » l’entraînement. Elle avait juste voulu l’embêter mais n’avait jamais pensé qu’il pourrait réagir aussi violemment. Elle devrait tenter de le convaincre de rester. Elle s’entraînait encore quand elle l’entendit rentrer. Il alla directement à sa chambre. La guerrière attendit quelques dizaines de secondes et l’entendit préparer ses affaires. Puis, elle le reprit, toujours plus intensément. Sans qu’elle ne s’en rende compte, des larmes de tristesse coulaient le long de ses joues. Elle venait de tout perdre en l’espace d’une journée complète. L’homme qu’elle aimait réellement et son maître. Elle continua jusqu’au repas du soir, qu’ils prirent ensemble. Mais il n’y avait que les bruits des couverts et de mastication des deux elfes. Aryana regardait son assiette, tentant de trouver le courage de s’excuser et de tenter de le faire changer d’avis, au moins à propos de la formation. Ce n’est que quand il quitta la table qu’elle put lui adresser la parole :
« Je suis désolée. »
Il marqua un temps d’arrêt mais ne se retourna pas. Il repartit vers sa chambre. Le cœur d’Aryana se cassa en morceaux. Elle comprit que c’était irrécupérable désormais.
Ailleurs dans le palais, Finrir et quelques autres enrageaient. Ils avaient espéré qu’il resterait plus longtemps à la cour. Mais le pire était qu’il n’avait rien trouvé sur les relations entre Aryana et Gilgalad. Il en allait de même pour ses compagnons à la cour. Il aurait pu leur être très utile. A côté, son ancienne apprentie n’avait pas la même valeur. En effet, elle venait d’une famille honnie et qui n’avait pas réellement d’influence à Caledor, avant même les « problèmes » familiaux. Il allait falloir tenter de rester en contact avec le Prince Dragon. Cependant, il allait perdre une partie de son influence potentielle à la cour puisqu’il ne serait plus présent. Mais les différents courtisans pariaient sur une chose. Le fait qu’il finirait par revenir dans quelques décennies ou siècles, auréolé de gloire. A ce moment, il se souviendrait d’eux grâce à la correspondance entretenue. Et ils seraient en position de force. Ils faisaient un véritable pari sur l’avenir. Mais le récit de ses exploits, bien que venant d’un Prince Dragon, étaient impressionnant pour quelqu’un d’aussi jeune. Il ne faisait nul doute que s’il ne mourrait pas au combat, il deviendrait un des meilleurs guerriers d’Ulthuan. Et serait donc très apprécié par nombre de grands conseillers et par le Roi Phénix en personne. Surtout qu’il avait soif d’aventures et n’hésiterait pas à explorer le monde. Ce qui plairait encore plus à Finubar.
Gilgalad, en entendant Aryana, savait ce qu’elle allait dire. Pendant quelques secondes, il se mit à espérer qu’elle continuerait à parler. Il s’excuserait à son tour, ils se disputeraient un petit peu avant de s’enlacer et de passer la nuit dans le même lit, l’un contre l’autre. Tout redeviendrait comme avant et ils seraient heureux. Mais son cerveau reprit bien vite le contrôle et lui ordonna de continuer. Il alla se coucher après s’être changé et s’endormit rapidement. Le lendemain matin, il s’éveilla avant que le Soleil ne soit levé. Il sortit du lit, prit un petit-déjeuner et rassembla toutes ses affaires avant de sortir. Il passa devant la chambre d’Aryana. Elle était encore endormie et était toujours aussi belle ainsi. Il soupira un peu mais continua son chemin vers la sortie de leurs appartements. Puis, il alla à la sortie du palais. Sa monture l’attendait déjà avec un palefrenier. Il installa ses affaires, donna une pièce au servant pour le remercier d’avoir pris soin de sa monture, monta sur cette dernière et partir en direction du port. En passant dans la ville encore assoupie, il en profita pour admirer les bâtisses faites notamment de marbre. Puis, il arriva dans la partie pour les étrangers. Elle était déjà très animée malgré l’heure matinale. Il alla directement à la capitainerie. Par chance, il put rentrer immédiatement. Un navire de commerce partait pour Tor Crevnan dans deux heures. Il alla immédiatement au quai. Le capitaine du navire reconnu le fils de son seigneur et l’accepta immédiatement à bord. Un Prince Dragon aussi bon ne serait pas de trop sur le navire en cas de mauvaises rencontres en mer. Puis le navire partit de Lothern avant de mettre le cap sur l’Ouest et Caledor.
Aryana se réveilla peu après le lever du Soleil. Elle sortit immédiatement du lit, espérant avoir une dernière chance de s’expliquer. Mais elle s’effondra en larmes quand elle vit que son ancien maître était déjà parti. Elle se dit alors qu’elle n’aurait plus jamais de chance de se faire pardonner ou même de tout lui dire. Il avait été le seul à s’être réellement soucié d’elle. Pire, il l’avait protégée contre des créatures qu’elle n’était pas prête à affronter. Il l’avait soutenue en permanence. Mais par sa faute, elle avait tout cassé. Elle s’était rendue compte en se couchant la veille que le fait qu’ils aient rompu leur relation n’était que temporaire, le temps qu’elle soit présentée à Imrik. Mais elle ne l’avait pas réalisé avant et avait voulu le lui faire payer. Elle se promit de ne pas recommencer cette erreur. Du moins, si elle en avait l’opportunité.
A noter que je vous mettrais d'ici ce week-end ou la semaine prochaine le chapitre 10
Je profite de ce post pour vous annoncer que j'ai énormément avancé pendant les vacances avec près de neuf chapitres écrits au total (au rythme d'environ un chapitre en deux jours entre deux moments de révision). Par conséquent, je suis arrivé à environ l'an 2500 du Calendrier Impérial où il y a la création de notre forteresse dans les Montagnes Noires (l'ancienne colonie naine dont on a déjà parlé dans la Taverne de la Non-Vie).
J'en profite aussi pour vous parler de ce chapitre, non pas de l'histoire mais de la forme. Il est écrit à la troisième personne avec un point de vue plus général. Cependant, je n'ai pas du tout aimé l'écrire et je n'avais pas le courage de le reprendre de A à Z. Je le mets quand même car il faut que vous ayez au moins la suite de l'histoire entre mes deux personnages principaux. Je vous demande donc de ne pas le critiquer trop violemment En revanche, si vous avez des conseils pour l'améliorer un peu (ou si vous avez repéré des fautes), je suis tout-à-fait preneur. En effet, j'envisage de commencer un nouveau récit après avoir "terminé" celui-ci, mais ce dernier devrait être plus complexe et fait à la troisième personne a priori.
Bon, voici le chapitre 9 du coup (le pire que j'ai écrit pour ce récit je trouve).
Chapitre 9 : Lothern
Le lendemain matin fut assez difficile pour Gilgalad et Aryana. La dispute de la veille avait laissé des traces chez les deux elfes. Ils se levèrent comme tous les jours mais prirent le petit-déjeuner en silence. Aucun des deux n’osait regarder l’autre. Car chacun se sentait mal. Aryana espérait que ce ne soit qu’un mauvais rêve. Gilgalad espérait qu’elle soit passée à autre chose et ait accepté sa décision. Une fois le repas terminé, ils se préparèrent pour commencer l’entraînement. Mais un visiteur fut annoncé.
C’était un elfe dans la force de l’âge. Il était habillé avec un ensemble de robes bleues et blanches. Il était paré de nombreux bijoux venant de tous les royaumes d’Ulthuan. Il se présenta comme Aravir Liantan. Il devait leur faire visiter le palais. Le maître remit l’entraînement à plus tard alors que les deux invités du Roi Phénix allaient se changer. Ils revinrent une vingtaine de minutes plus tard, dans des tenues plus appropriées. La visite put débuter.
Les murs de marbres étaient couverts de grandes tapisseries. Elles montraient des événements majeurs, ou mineurs, de l’histoire des Asurs. Mais un grand nombre montrait tout simplement des paysages d’Ulthuan. Elles avaient été réalisées par les plus grands artisans de l’île. Peu de tapisseries au monde pouvaient les surpasser. Les trois elfes passèrent également dans la bibliothèque. La plus grande d’Ulthuan si l’on excepte celle de la Tour Blanche. Les étagères étaient toutes pleines de livres, anciens ou récents, en Eltharin ou non. Dans chaque allée, il y avait de nombreuses tables destinées à la lecture. Sur chaque table, des bougies allumées et d’autres pour servir de réserve à un lecteur. Tout le monde avait le droit d’y rentrer. Les principaux thèmes leurs furent présentés. Ils étaient les suivants : la stratégie, la tactique, l’économie, la guerre économique, la poésie, les légendes, les chroniques des Rois Phénix, les us, coutumes et traditions. C’étaient les sections les plus fournies et les plus visitées. La visite du palais fut alors interrompue par le déjeuner. L’opportunité pour les deux arrivants de faire plus ample connaissance avec leur guide.
Aravir était originaire de Lothern. C’était un Prince Marchant. Il avait déjà plus de six siècles derrière lui. Même si sa famille était déjà relativement fortuné, il avait fait fortune en commerçant avec les Terres des Hommes, Cathay et Nippon. Il avait réussi à avoir le monopole du commerce avec les deux derniers pendant plus d’un siècle. Cela l’avait rendu incontournable sur le marché. Ce n’était que récemment que cette exclusivité avait cessé. Il s’était retiré des affaires, son fils prenant la suite, et conseillait le Roi Phénix sur certaines affaires marchandes ou non. Il était relativement bien écouté par Finubar. Cependant, il manquait d’appuis de valeur à la cour. Les deux jeunes elfes comprirent rapidement. Il leur demandait un soutien. Si Aryana s’en moquait, ce n’était pas le cas de son maître. Cela l’intéressait au plus haut point. Néanmoins, il devrait faire attention à ce que leur guide ne le trahisse pas. Ce dernier continua de se présenter. Sa femme ne venait pas souvent à Lothern. Elle venait d’Ellyrion et préférait la campagne et ses grandes étendues à la ville. Il la comprenait fort bien. Lui-même aimait partir quelques jours dans un mois dans l’arrière-pays de Lothern.
La visite repris peu après. Ils commencèrent par visiter certaines pièces qui n’étaient utilisées que pour les grandes cérémonies. Le décor était faste. Il montrait la richesse et la puissance d’Ulthuan. Les tableaux, vitres, fresques et autres éléments de décors représentaient tous le plus grand luxe. Quelque chose d’inaccessible même pour les humains les plus riches. Les peintures et fresques représentaient plusieurs choses possibles. Il y avait souvent de grands moments de notre histoire. Le passage de la flamme par Ænarion. Un grand nombre de victoires contre les démons. Mais ce n’était pas tout. Il y avait aussi de nombreux paysages et cités d’Ulthuan représentés. Des villes comme Tor Elyr, Tor Achare, Lothern. On y trouvait la Tour Blanche, les plaines d’Ellyrion, les montagnes et forêts d’Avelorn et Chrace, les villes souterraines de Cothique, les volcans de l’Echine du Dragon. On pouvait voir une vieille carte de l’île. Elle datait d’avant la Déchirure. Les terres de Naggarythe et de Tiranoc étaient alors beaucoup plus étendues. Autrefois, ces deux royaumes étaient d’immenses plaines et les Annulii formaient les limites. Mais la Trahison de Malékith arriva et les deux royaumes finirent presque engloutis.
Le groupe finit par arriver dans les jardins de Finubar. Ils étaient grands. Les deux visiteurs n’avaient réellement pu profiter du spectacle la veille. Aussi, ils se rattrapèrent. Bien que préférant le minéral froid des montagnes, Aryana et Gilgalad admiraient les arbres, plantes et autres arbustes pleins de vie et de chaleur. Ils diffusaient une douce aura de chaleur réconfortante. Il était dit que cela pouvait apaiser des âmes tristes. Une autre rumeur disait qu’elles aidaient le Roi Phénix à prendre des décisions, par leur pouvoir. Elles l’aidaient à prendre du recul pour prendre la bonne décision. Chose d’autant plus importante que le monde semblait vouloir à nouveau sombrer dans les ténèbres.
Les jardins étaient composés de nombreuses plantes venant du monde entier. Dans les faits, il ne manquait que des plantes venant des terres de Lustrie et des Terres du Sud. Il manquait naturellement des plantes venant de Norsca et des Domaines du Chaos. Ainsi que quelques espèces de plantes.
Mais la visite ne s’arrêta pas là. Le trio passa à nouveau par de nombreux couloirs et visita les principales défenses du palais. Il était défendu à la fois par des Lions Blancs et des Gardes Maritimes, si le besoin s’en faisait sentir pour ces derniers. Cependant, il n’a jamais été attaqué. Ils arrivèrent dans une caserne de Lions Blancs. Ces derniers faisaient partie des elfes les plus forts. Venant uniquement de Chrace, ils gagnaient le droit de rejoindre la garde royale en tuant un lion blanc, un des animaux les plus dangereux de l’île. Certains allaient parfois au combat sur des chars tirés par ces animaux. Je n’en avais jamais encore vu au combat cependant. La visite se termina ainsi. Il était près de six heures du soir. Aravir les conduisit alors vers la cour et le Roi Phénix. Après avoir été contrôlés par le capitaine des Lions Blancs, ils purent les rejoindre.
La cour était en grand débat. La raison était la recrudescence d’arrestations d’espions des Naggarothiis et de cultistes. Chacun y voyait des signes différents. La conversation était devenue un brouhaha. En arrivant, les trois compagnons de visite virent que Finubar était visiblement ennuyé par la situation. Son esprit semblait vagabonder loin de ces disputes. En voyant des nouveaux-venus, son visage s’éclaira. Peut-être qu’ils auraient la décence de se contenir sur ce sujet polémique. Il se leva, imposant ainsi le silence à l’assemblée. Aryana, Gilgalad et Aravir s’inclinèrent pour saluer leur Roi. Ce dernier les fit se redresser avant de leur dire :
« Bienvenue. J’ai une question à vous poser à tous les trois. Vous répondrez un par un sans vous coupez et en exposant vos idées. De plus, personne ici ne pourra les interrompre – il eut un regard sévère sur les autres nobles et mages de sa cour – à l’exception de moi-même.
Voilà le problème. Ces derniers mois, le nombre d’arrestations, et d’exécutions de cultistes et d’espions des Naggarothiis a fortement augmenté. Il a presque été multiplié par deux. Certains ici pensent que nous avons juste plus de chance ou que la détection de ces derniers s’est améliorée. D’autres pensent qu’il faut y voir un signe d’une prochaine invasion. Quelle est votre opinion sur le sujet ? Aravir, vous commencerez. »
Aravir était dans une position délicate. Il rassembla ses idées et regarda dans le même temps la cour. De ce qu’il allait dire dépendrait certains appuis parmi les membres de l’entourage du Roi Phénix. Il finit par répondre au Roi :
« Je suis honoré que vous fassiez appel à moi Votre Altesse. Je pense que cela est surtout le signe d’une meilleure efficacité de nos méthodes de recherche. Décidées par votre personne. Peut-être qu’il y a un signe à y voir. Mais je rappelle que ce n’est pas la première fois. Sous le règne de votre prédécesseur, il y a eu plusieurs cas comme celui-ci. Pourtant, il n’y a jamais eu d’invasions ennemies peu après. Je ne pense pas qu’il faille s’inquiéter outre-mesure. »
La parole vint ensuite à Aryana :
« Pour être honnête Votre Majesté, je ne sais pas. Il faudrait savoir si une flotte ennemie se rapproche ou si l’un d’eux a révélé une possible attaque d’Ulthuan. Au-delà, je ne saurais pas vous dire. Mon expérience dans ce domaine est relativement limitée. »
Ce fut alors au tour de Gilgalad :
« Je pense qu’il y a des deux, Votre Majesté. Nos méthodes sont probablement plus efficaces, ou alors les cultistes et espions sont moins doués qu’avant. Je pense que ce dernier cas est peu probable, malheureusement pour nous. Ainsi, il est possible que le nombre d’espions ait augmenté ces derniers temps, ce qui augmenté le nombre de captures possibles. Selon, c’est un mauvais signe car le Chaos se prépare, selon de nombreux humains, à envahir à nouveau les terres des hommes. De plus, d’après ce que j’ai pu apprendre, le nombre de raids des Naggarothiis a augmenté ces dernières années sur les côtes de notre bien-aimée île. Ainsi, je pense qu’il vaut mieux se méfier tout en gardant raison. »
L’elfe de Caledor avait pesé ses mots. Il ne voulait pas s’aliéner la moitié de la cour en choisissant une solution plutôt qu’une autre. Il voulait se placer dans une situation intermédiaire. Elle avait l’avantage de ne pas le mettre en délicatesse si l’inverse se produisait. L’inconvénient, Gilgalad en était conscient, était qu’il aurait plus de mal à avoir des « amis » à la cour dans cette position.
Le Roi Phénix réfléchit pendant quelques instants avant de déclarer :
« Merci à tous et à toutes pour vos avis précieux. Je vais y réfléchir plus longuement avant de prendre une décision. En attendant, vous pouvez aller à vos occupations, je vais me retirer dans mes appartements pour réfléchir à ce problème. »
Joignant le geste à la parole, Finubar quitta ses jardins, laissant sa cour sur place. Le capitaine des Lions Blancs le suivit comme son ombre, son départ relâchant quelque peu l’atmosphère.
Aryana fut rapidement abordée par quelques nobles. Gilgalad connut la même chose quelques secondes plus tard. C’était un groupe de nobles de Saphery et d’Eataine, avides de récits de voyage et de nouvelles des Terres des Hommes. Le groupe partit se promener dans les jardins du Roi Phénix. Ils en avaient parfaitement le droit. Ce petit groupe en profita pour faire visiter au nouveau venu à la cour quelques petits coins reculés. Ces derniers étaient forts différents des autres. La flore venait de d’autres régions plus exotiques. Plus précisément de Lustrie et des terres du Sud. Les arbres semblaient étranges pour le calédorien qui n’avait jamais rien vu de pareil. Leur écorce et leurs feuilles sortaient de l’ordinaire pour lui. Naturellement, ses compagnons en profitèrent pour satisfaire sa curiosité. Cependant, il dut rapidement répondre aux questions qui se pressaient sur leurs lèvres. Car ils venaient de royaumes de rêveurs ou d’explorateurs. La grande majorité de ces nobles n’étaient pas allés dans les Terres des Hommes depuis de nombreuses décennies. Voire des siècles pour certains. En effet, l’un d’eux, Aravar de Saphery, avait participé à l’exploration de ces terres avec Finubar. Il en était revenu complètement changé.
Après quelques heures, le groupe d’elfes ressentit le besoin de se sustenter. Car même s’ils semblaient immortels pour les humains, ils n’en restaient pas moins des êtres vivants. Ils se dirigèrent lentement dans les appartements de l’un d’eux, Finrir. Ce dernier était un elfe de taille habituelle. En revanche, ses cheveux étaient blonds-roux et le Soleil leur donnait de magnifiques reflets. Il était taciturne dès que la conversation quittait le champ de l’exploration ou du commerce. Néanmoins, de son point de vue, l’amitié d’un Prince Dragon pourrait lui être d’un appui important à la cour. Surtout celui d’un qui avait tué un Buveur de Sang. Il se perdit alors quelque peu dans ses pensées alors que le groupe discutait derrière lui.
L’amitié, ou du moins une alliance, avec l’héritier direct des Swiftblade peut être très profitable. Son domaine est l’un des rares avec une forteresse sur la côte calédorienne du Grand Océan. Pour le commerce avec le Royaume, cela peut être réellement très profitable, d’un point de vue commerciale. En revanche, sa relation avec son apprentie est intrigante. Il y a quelque chose entre eux mais je ne saurais dire ce qu’il s’est passé exactement. En revanche, je suis sûr d’une chose. Elle lui en veut. Est-ce lié à son entraînement ? Ou est-ce pour sa famille ? Le destin de sa famille ne m’est pas inconnu. Peut-être l’a-t-il humiliée assez régulièrement ? Ou est-ce qu’il y a autre chose ? J’ai besoin de connaître la vérité pour que je puisse prendre une décision.
Le repas fut important et les elfes discutèrent de bon cœur. Gilgalad abordait régulièrement tous les détails politiques qu’il avait pu connaître en une dizaine d’années passées au sein des humains. Surtout, ses capacités à entraîner l’armée des impériaux semblait intéresser fortement un grand nombre de présents dans la salle.
Cependant, il dut finir par partir. L’entraînement avec Aryana devait avoir lieu. Elle devait être prête le jour où il la présenterait à Imrik. Aussi, il prit congé de son hôte. Mais, à sa grande surprise, ce dernier le raccompagna jusqu’à ces propres appartements. Si Gilgalad se doutait qu’il y avait assassin sous roche, il en était honoré. Il savait que cela était relativement rare. Il se doutait aussi que Finrir cherchait des informations sur Aryana. Il l’avait questionné régulièrement au cours du trajet. Mais le Prince Dragon ne lâcha pas un traître mot de l’histoire réelle. Il se bornait aux faits qui ne pouvaient prêter à confusion ou les trahir. Il ne laissa rien transparaître non plus. Car les elfes pouvaient non seulement lire entre les lignes, mais aussi lire parfaitement le langage corporel. Les mots n’avaient alors plus nécessairement le même sens.
Ils finirent par arriver à destination. Gilgalad laissa alors son compagnon de route et rentra. Aryana n’était pas encore là. Il chercha dans les quelques pièces, y compris la salle d’armes. Son élève n’était nulle part dans leurs appartements. Gilgalad commença alors à se changer et à faire quelques mouvements, pour faciliter la digestion du repas. Ensuite, il se reposa quelques dizaines de minutes sur son lit. Elle ne venait toujours pas. Puis, deux heures après son retour, le Prince Dragon se changea et enfila sa tenue d’entraînement. L’après-midi était déjà bien avancée et l’apprentie n’était pas encore rentrée. Elle le testait certainement. Il commença alors à s’exercer seul dans la grande pièce vide de tous meubles, hormis quelques mannequins pour s’entraîner. Le Prince Dragon débuta par des mouvements simples et lents. Mais il accéléra au fil du temps qui passait. Aryana n’était toujours pas là. Le repas finit par lui être servi. Il était simple, sur sa demande, mais copieux.
Son élève n’était toujours pas rentré alors qu’il se faisait vraiment tard. Gilgalad avait continué son entraînement puis s’était fait couler un bain. Puis, il en avait réellement profité, se demandant par la même occasion ce qui retenait son élève. Finalement, à la vue de l’heure, il prit une décision. Ce n’est qu’après avoir questionné son choix qu’il décida d’aller se coucher pour profiter d’une bonne nuit réparatrice.
Pendant ce temps, ses anciens compagnons parlaient entre eux. Ils réfléchissaient déjà à ce qu’ils pourraient faire de lui à leur profit. Il leur semblait malléable. A partir de là, il pourrait être utile à leurs différents intérêts. Si certains ne désiraient rien de plus qu’avoir de nouvelles connaissances sur les Terres des Hommes, d’autres voulaient tirer un avantage politique de sa présence à Lothern et du fait qu’il était plutôt écouté par le Roi Phénix malgré le fait qu’il soit un nouveau venu. Finrir parla aux autres de ses observations sur Aryana. Il fut convenu qu’il chercherait de plus amples informations.
Aryana finit par revenir quelques heures avant l’aube. Elle titubait et ses vêtements légèrement désordonnés. Elle entra silencieusement dans les appartements. Elle regarda au passage si son maître était encore éveillé. Heureusement, il semblait dormir à poings fermés. Elle alla dans sa chambre avant de déposer ses affaires et enfiler une tunique pour la nuit. Elle se glissa sous les couvertures. Elle s’endormit rapidement, fatiguée par la très longue journée. Aryana avait passé de nombreuses heures en compagnie de nouvelles connaissances et en avait profité pour séduire un noble célibataire de son âge. Ils n’étaient pas allés jusqu’à commettre l’irréparable mais elle jugeait que cela n’était qu’une question de temps.
La guerrière se réveilla alors que le soleil approchait déjà de son zénith. Elle se leva lentement et alla droit vers la salle-à-manger. Elle y trouva son maître. Son regard était glacial. Fatiguée et encore endormie, elle ne sentit pas l’avertissement. Il prit alors la parole, le ton tout aussi froid que ses magnifiques yeux bleus :
« Où étais-tu hier soir ?
-Avec des nouvelles connaissances. Est-ce que cela pose problème ?
-Nous étions censés avoir un entraînement.
-Je suis désolée. Cela ne se reproduira plus.
-En effet. Parce que j’en ai terminé avec toi. Tu as montré que tu te moquais de l’entraînement pourtant nécessaire. Si tu juges que tu n’en a pas besoin, je te laisse partir où tu veux. Moi je m’en irai demain, le temps de prévenir tout le monde. Tu n’a pas respecté ta part, ne compte plus sur moi pour t’aider à rendre son honneur à ton nom. »
Aryana était en état de choc. Il venait de la jeter comme on jette un torchon. Elle était bouche-bée devant sa froideur. Celui qui partageait sa couche il y a encore deux jours venait de la mettre à la porte. Elle le vit se lever et sortir des appartements. Elle resta immobile pendant plus d’une heure, en état de choc, pensant que c’était une mauvais rêve et qu’elle allait se réveiller. Elle mangea et s’habilla avant de s’entraîner.
Gilgalad était parti droit vers la cour du Roi Phénix. Il comptait lui annoncer en face son intention de quitter Lothern, laissant toutefois Aryana sur place. Il le trouva rapidement mais ne put le lui dire immédiatement. En effet, Finubar était dans une grande conversation avec un maître du savoir. Aussi, Gilgalad commença à discuter avec ses nouvelles connaissances. Cependant, il ne les informa pas de sa décision. Il ne voulait pas qu’elle se répande rapidement à travers toute la cour. Il tenait à ce que le Roi l’apprenne de sa bouche. L’avantage, est que malgré la conversation, il eut tout le temps de préparer ses arguments. Finalement, le Prince Dragon fut convoqué devant le Roi pour lui dire ce qu’il avait à dire.
« Bonjour Votre Majesté. Je vous ai demandé audience pour vous informer de mon départ prochain pour Tor Crevnan.
-Pour quelles raisons ?
-Ma ville natale me manque Votre Altesse. Je suis parti depuis très longtemps et il me tarde de rentrer chez moi. Aryana a été libérée de ses obligations envers moi. Par conséquent, je partirai seul, demain matin.
-Très bien. J’espère que vous aurez apprécié votre court séjour ici-même.
-En effet Votre Altesse. Cela aura été court mais très instructif sur de nombreux points. Par ailleurs, cela m’a rempli de joie de pouvoir discuter avec tant de nobles aussi intéressants les uns que les autres. J’ai beaucoup appris sur nombre de sujets.
-Vous m’en voyez ravis. Alors qu’il en soit ainsi. Rentrez dans vos appartements et préparez vos affaires, je suppose que vous rentrerez par la mer ?
-Cela est mon projet, en effet.
-Bien. Je vous accorderai un sauf-conduit royal. Je vous le ferai parvenir ce soir dans vos appartements. Il devra vous être remis en mains propres. – Le roi sentait bien qu’il y avait un problème entre Aryana et Gilgalad. Problème à l’origine du départ de ce dernier.
-Très bien Votre Majesté.
-Maintenant, affaire suivante. »
Gilgalad fut aussitôt entouré de nombreux courtisans désireux de lui présenter ses vœux de bonheur et de réussite pour la suite de sa vie. Il mangea avec certains d’entre eux, désireux d’avoir certaines de ses informations sur le monde des Hommes.
Pendant ce temps, Aryana enrageait contre elle-même. Elle n’arrêta pas au moment du repas. Elle s’en voulait d’avoir volontairement « oublié » l’entraînement. Elle avait juste voulu l’embêter mais n’avait jamais pensé qu’il pourrait réagir aussi violemment. Elle devrait tenter de le convaincre de rester. Elle s’entraînait encore quand elle l’entendit rentrer. Il alla directement à sa chambre. La guerrière attendit quelques dizaines de secondes et l’entendit préparer ses affaires. Puis, elle le reprit, toujours plus intensément. Sans qu’elle ne s’en rende compte, des larmes de tristesse coulaient le long de ses joues. Elle venait de tout perdre en l’espace d’une journée complète. L’homme qu’elle aimait réellement et son maître. Elle continua jusqu’au repas du soir, qu’ils prirent ensemble. Mais il n’y avait que les bruits des couverts et de mastication des deux elfes. Aryana regardait son assiette, tentant de trouver le courage de s’excuser et de tenter de le faire changer d’avis, au moins à propos de la formation. Ce n’est que quand il quitta la table qu’elle put lui adresser la parole :
« Je suis désolée. »
Il marqua un temps d’arrêt mais ne se retourna pas. Il repartit vers sa chambre. Le cœur d’Aryana se cassa en morceaux. Elle comprit que c’était irrécupérable désormais.
Ailleurs dans le palais, Finrir et quelques autres enrageaient. Ils avaient espéré qu’il resterait plus longtemps à la cour. Mais le pire était qu’il n’avait rien trouvé sur les relations entre Aryana et Gilgalad. Il en allait de même pour ses compagnons à la cour. Il aurait pu leur être très utile. A côté, son ancienne apprentie n’avait pas la même valeur. En effet, elle venait d’une famille honnie et qui n’avait pas réellement d’influence à Caledor, avant même les « problèmes » familiaux. Il allait falloir tenter de rester en contact avec le Prince Dragon. Cependant, il allait perdre une partie de son influence potentielle à la cour puisqu’il ne serait plus présent. Mais les différents courtisans pariaient sur une chose. Le fait qu’il finirait par revenir dans quelques décennies ou siècles, auréolé de gloire. A ce moment, il se souviendrait d’eux grâce à la correspondance entretenue. Et ils seraient en position de force. Ils faisaient un véritable pari sur l’avenir. Mais le récit de ses exploits, bien que venant d’un Prince Dragon, étaient impressionnant pour quelqu’un d’aussi jeune. Il ne faisait nul doute que s’il ne mourrait pas au combat, il deviendrait un des meilleurs guerriers d’Ulthuan. Et serait donc très apprécié par nombre de grands conseillers et par le Roi Phénix en personne. Surtout qu’il avait soif d’aventures et n’hésiterait pas à explorer le monde. Ce qui plairait encore plus à Finubar.
Gilgalad, en entendant Aryana, savait ce qu’elle allait dire. Pendant quelques secondes, il se mit à espérer qu’elle continuerait à parler. Il s’excuserait à son tour, ils se disputeraient un petit peu avant de s’enlacer et de passer la nuit dans le même lit, l’un contre l’autre. Tout redeviendrait comme avant et ils seraient heureux. Mais son cerveau reprit bien vite le contrôle et lui ordonna de continuer. Il alla se coucher après s’être changé et s’endormit rapidement. Le lendemain matin, il s’éveilla avant que le Soleil ne soit levé. Il sortit du lit, prit un petit-déjeuner et rassembla toutes ses affaires avant de sortir. Il passa devant la chambre d’Aryana. Elle était encore endormie et était toujours aussi belle ainsi. Il soupira un peu mais continua son chemin vers la sortie de leurs appartements. Puis, il alla à la sortie du palais. Sa monture l’attendait déjà avec un palefrenier. Il installa ses affaires, donna une pièce au servant pour le remercier d’avoir pris soin de sa monture, monta sur cette dernière et partir en direction du port. En passant dans la ville encore assoupie, il en profita pour admirer les bâtisses faites notamment de marbre. Puis, il arriva dans la partie pour les étrangers. Elle était déjà très animée malgré l’heure matinale. Il alla directement à la capitainerie. Par chance, il put rentrer immédiatement. Un navire de commerce partait pour Tor Crevnan dans deux heures. Il alla immédiatement au quai. Le capitaine du navire reconnu le fils de son seigneur et l’accepta immédiatement à bord. Un Prince Dragon aussi bon ne serait pas de trop sur le navire en cas de mauvaises rencontres en mer. Puis le navire partit de Lothern avant de mettre le cap sur l’Ouest et Caledor.
Aryana se réveilla peu après le lever du Soleil. Elle sortit immédiatement du lit, espérant avoir une dernière chance de s’expliquer. Mais elle s’effondra en larmes quand elle vit que son ancien maître était déjà parti. Elle se dit alors qu’elle n’aurait plus jamais de chance de se faire pardonner ou même de tout lui dire. Il avait été le seul à s’être réellement soucié d’elle. Pire, il l’avait protégée contre des créatures qu’elle n’était pas prête à affronter. Il l’avait soutenue en permanence. Mais par sa faute, elle avait tout cassé. Elle s’était rendue compte en se couchant la veille que le fait qu’ils aient rompu leur relation n’était que temporaire, le temps qu’elle soit présentée à Imrik. Mais elle ne l’avait pas réalisé avant et avait voulu le lui faire payer. Elle se promit de ne pas recommencer cette erreur. Du moins, si elle en avait l’opportunité.
A noter que je vous mettrais d'ici ce week-end ou la semaine prochaine le chapitre 10
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Re: L'histoire de Gilgalad
Dim 8 Jan 2017 - 12:27
Ça fait plaisir de voir que le récit avance !
Juste deux petites choses sur le chapitre précédent :
Maintenant par rapport à ce chapitre, juste trois coquilles :
Je suis curieux, qu'est-ce qui t'a motivé à changer de style ? J'aime beaucoup ton choix de la première personne, ça donne l'impression de lire les mémoires de ton personnage
La troisième personne est une manière différente de procéder, je pense que tu es encore en train de l'essayer, comme pour voir ce que ça donne J'ai envie de dire que tu y arrives bien, ça t'a permis notamment de passer du point de vue de ton héros au point de vue d'autres personnages (nobles) et ça t'a évité des répétitions dans tes descriptions. Là où tu devrais faire attention, c'est lors des actions de ton personnage principal : après ma lecture, j'ai parfaitement compris les motivations des nobles, et la motivation d'Aryana, mais je n'ai pas retrouvé le cheminement de pensée de Gilgalad :
Et c'est bien le seul élément qui fait fausse note, tout le reste est cohérent
Juste un petit retour sur les nombreuses descriptions : elles sont très fournies et pas trop lourdes en même temps, c'est très bien ! Eventuellement pour les rendre encore plus vivantes, tu pourrais y glisser des comparaisons, notamment pour les plantes exotiques (ex : un arbre grand comme un dragon, au feuillage ambré et aux fruits aussi rouges que le sang...).
Comme dit, je suis vraiment content que tu sois actif ! Si seulement j'avais plus de temps...
La suite !
Juste deux petites choses sur le chapitre précédent :
Trois régiments et une unité de chevaliers, je ne suis pas certain que ça fasse plus d'un millier d'hommes au total. Peut-être une centaine serait plus juste ? Ou alors tu pourrais parler plutôt de légions, en général plus populeuses que les régimentsIl voulait former deux régiments de lanciers, un d’archers (cela coûte moins cher) et une unité de chevaliers d’un ordre. (...) Plus d’un millier d’hommes à entraîner militairement et tactiquement.
Cette expression est généralement utilisée pour les chevaux... Puis-je te proposer "les archers s'impatientaient", plus simplement ?Les archers piaffaient d’impatience.
Maintenant par rapport à ce chapitre, juste trois coquilles :
- Spoiler:
- s’était fait coulé un bain.
- Spoiler:
- Mais par sa faute, elle avait tout casser
- Spoiler:
- Mon expérience dans ce domaine est relativement limitée. De plus, je ne connais pas réellement ce domaine.
Je suis curieux, qu'est-ce qui t'a motivé à changer de style ? J'aime beaucoup ton choix de la première personne, ça donne l'impression de lire les mémoires de ton personnage
La troisième personne est une manière différente de procéder, je pense que tu es encore en train de l'essayer, comme pour voir ce que ça donne J'ai envie de dire que tu y arrives bien, ça t'a permis notamment de passer du point de vue de ton héros au point de vue d'autres personnages (nobles) et ça t'a évité des répétitions dans tes descriptions. Là où tu devrais faire attention, c'est lors des actions de ton personnage principal : après ma lecture, j'ai parfaitement compris les motivations des nobles, et la motivation d'Aryana, mais je n'ai pas retrouvé le cheminement de pensée de Gilgalad :
Quelle logique impitoyable le pousse à le faire ? Le mystère aurait eu sa place si la narration se faisait du point de vue d'Aryana ou de quelqu'un d'autre que Gilgalad. Or, comme tu te places en narrateur externe, le mystère devient plutôt déconcertant. On connaît toutes les motivations, sauf celle-ci, ce qui jure avec le style choisi et fait comme une fausse note dans l'ensemble.Mais son cerveau reprit bien vite le contrôle et lui ordonna de continuer.
Et c'est bien le seul élément qui fait fausse note, tout le reste est cohérent
Juste un petit retour sur les nombreuses descriptions : elles sont très fournies et pas trop lourdes en même temps, c'est très bien ! Eventuellement pour les rendre encore plus vivantes, tu pourrais y glisser des comparaisons, notamment pour les plantes exotiques (ex : un arbre grand comme un dragon, au feuillage ambré et aux fruits aussi rouges que le sang...).
Comme dit, je suis vraiment content que tu sois actif ! Si seulement j'avais plus de temps...
A noter que je vous mettrais d'ici ce week-end ou la semaine prochaine le chapitre 10
La suite !
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Re: L'histoire de Gilgalad
Dim 8 Jan 2017 - 12:56
Je précise que j'ai légèrement modifié quelques chapitres pour faire correspondre des éléments du récit. Par exemple, dans le Chapitre 3 ou 4, ce ne sont plus tous les cousins, cousines et frères d'Aryana qui ont trahi Ulthuan mais juste ses frères.
Je suis curieux, qu'est-ce qui t'a motivé à changer de style ? J'aime beaucoup ton choix de la première personne, ça donne l'impression de lire les mémoires de ton personnage
[/quote]Vouloir tester une nouvelle chose. Je suis content d'apprendre ne pas m'être trop mal débrouillé. Mais évidemment, ça me demandera un peu de perfectionnement.
J'ai corrigé les coquilles que repérées dans le chapitre 9.
J'ai pris "note" de tes commentaires et les relirait plus en profondeurs quand le moment sera venu. En attendant, voilà le chapitre 10 du récit.
Après plusieurs jours de mer, j’arrivais enfin à Tor Crevnan en début d’après-midi. Au fil des jours qui passaient, j’étais de plus en plus impatient de rentrer chez moi. J’avais alors l’âge correct de quatre-vingt onze ans. J’allais sur mon premier siècle. J’avais l’impression que cela allait être quelque chose d’extraordinaire. Même si cela ne changerait rien à ma vie, je devais bien l’admettre. Après l’arrivée au port, je descendis du navire avec mon cheval. Je payais le voyage et entreprit la montée jusqu’à la forteresse. J’en avais pour deux bonnes heures de marche. Je vis alors que la population s’était agrandie, un nouveau quartier étant habité. J’en étais heureux. Une ville pleine de vie est toujours préférable à une ville vide et sans bruits. Quelques personnes me reconnurent et me saluèrent poliment. A chaque fois, je leur rendis leur salut. Je retrouvais ces maisons et ces rues au milieu desquelles je courrais quand j’étais petit. De nombreux souvenirs me revenaient en mémoire. Mais je n’eus guère le temps de m’appesantir dessus. J’arrivais déjà. Sans surprise, mon père attendait devant les portes de la forteresse.
« Bonjour Gilgalad.
-Bonjour père.
-Je vois que tu es de retour.
-En effet.
-Seul.
-Comme tu peux le voir.
-As-tu une raison ?
-Elle n’a pas respecté mes ordres et n’a pas daigné venir à un entraînement il y a plusieurs jours.
-C’est tout ?
-C’est suffisant. Surtout qu’elle est rentrée dans nos appartements du palais royal éméchée.
-Je comprends. Tu l’a renvoyée ?
-En effet.
-Tu es prêt à reprendre ta place dans la famille ?
-Si tu le désires.
-Evidemment. De toute manière, je ne t’avais pas renié. Ton petit frère et tes deux sœurs t’attendent avec impatience. Ils ont bien grandi pour les derniers. »
Nous rentrâmes alors à l’intérieur tandis qu’un servant prenait ma monture et mes affaires pour les monter dans ma chambre. Mon père me conduisit jusque dans la grande salle. Sur le trajet, il me questionna sur mes différentes aventures dans les Terres des Hommes. Je lui racontai le résumé, en omettant quelques détails pouvant le mettre en colère.
Soudain, une grande masse de cheveux blonds sur mon visage et quelqu’un qui me serre très fort.
« Tu m’a manqué petit frère adoré. » Iryana évidemment. Il n’y a qu’elle pour me serrer comme ça. Elle a toujours été proche de moi. Je saluais tant bien que mal ma mère, ayant toujours ma sœur dans mes bras, avant de demander où étaient les deux plus jeunes. Ils étaient en ville pour jouer. Je prévins que j’attendrais leur retour. Aussi, j’emportais ma grande sœur dans ma chambre. Elle m’aida à enlever certaines affaires avant de se tourner vers moi, le regard terminé. J’étais dans la mouise.
« Alors, Aryana ?
-Quoi Aryana ?
-Fais pas l’innocent. Papa a parlé de votre dispute à Lothern quand tu es partie dans les terres des Hommes. Et comme elle n’est pas venue avec toi, il n’y a que deux solutions. Soit elle est morte, soit tu l’a larguée et arrêter son entraînement. Ne t’en fais pas, je ne dirais rien à qui que ce soit.
-Je… Mais comment tu fais pour savoir tout ça ?
-Je suis magicienne et je me suis grandement améliorée depuis quelques décennies.
-T’es pas drôle.
-Dis-moi tout ou je le ferais par la force.
-Ah non, pas les chatouilles. On a passé l’âge.
-Vraiment ? – Elle s’approcha de moi, le sourire aux lèvres et les mains tendues. J’avais beau être un bon guerrier, en cas de bataille de chatouilles, je ne pesais rien face à ma sœur. Elle m’en faisait déjà dans mon berceau pour me faire rire.
-Bon d’accord, je te dirais tout. Mais pas un mot à père.
-Tu as ma parole.
-Je… On a été en couple.
-C’est vrai ? – Elle était radieuse. – Mais attends. Tu as utilisé le passé ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
-Quand on est revenu à Lothern, j’ai décidé que l’on ne devait plus continuer. Cela compromettrait ses chances devant Imrik si cela venait à se savoir. Je comptais tout reprendre comme avant après la présentation.
-Mais elle ne l’a pas compris et a tenté de se venger.
-Du coup j’ai mis fin à son entraînement. Elle n’avait pas respecté les ordres tout de même.
-Et maintenant, tu t’en veux. Tu te dis que tu aurais pu mieux faire entre autres choses.
-Je… Oui.
-Et tu l’aimes encore.
-Je n’ai jamais dit ça.
-Gil’, tes yeux mentent aussi mal qu’un nain qui sait monter à cheval.
-Je… Rah t’en chiante ! Oui je l’aime encore. Et alors ? Elle ne voudra plus jamais de moi ! Qu’est-ce que ça change ? »
Plutôt que de me répondre, elle me serra dans ses bras. Elle était légèrement plus petite que moi. J’enfouis ma tête dans son cou avant de lâcher quelques sanglots.
Nous restâmes ainsi pendant un certain temps. Jusqu’à ce que je lui demande si elle avait un prétendant. A sa manière de rougir à la question, je compris que oui. Un prince de Saphery qui plus est. Rencontré à la Tour Blanche. Mais je vis la limite quand je lui posais la question du mariage. Elle me répondit sèchement, comme depuis des décennies sur la question. Iryana ne voulait pas se marier. Je la taquinais souvent en lui disant que de toute manière, aucun mari ne pourrait la supporter. Ce à quoi elle me répondait toujours qu’il en serait de même pour une femme envers moi.
Nous finîmes par nous séparer, alors qu’Astarielle et Imrik, les deux plus jeunes, arrivèrent dans ma chambre. Mon frère était dans les heaumes d’argent et venait d’être promu Grand Heaume, reprenant ainsi mon ancienne fonction. Je le félicitais. Astarielle s’occupait principalement en apprenant la magie flamboyante. Son tempérament aidait beaucoup en cela.
Nous nous retrouvâmes tous pour manger. Nous en profitâmes pour rattraper une partie du temps perdu et nous raconter une partie des histoires. La natalité avait fortement augmenté en quelques années dans la ville. Ce qui était plutôt une bonne chose. Il y avait parfois des attaques éclairs des Naggarothiis mais elles étaient toujours repoussées et ils ne parvenaient jamais aux remparts. Une fois terminé, je partis me coucher rapidement, épuisé par toutes les conversations. Une fois au lit, je vis un petit pendentif dans mes affaires. Il m’avait été offert par Aryana quand nous étions chez Anton. Je me demandais ce qu’elle faisait et où elle était désormais. Tout comme Anton, sa femme et leurs enfants. Ils avaient été extraordinaires comme hôtes. Je m’endormis avec le visage de mon ancienne apprentie dans la tête.
Les journées passèrent ainsi pendant presque deux ans. Pour évacuer ma frustration, je commençais à m’entraîner avant que le Soleil ne soit lever et terminais après qu’il soit couché. Aussi, mon niveau s’améliora légèrement durant cette période. Iryana avait souvent un regard triste quand elle me regardait m’exercer. Mais mon frère me suivait dedans avec joie. Il voulait être prêt à rentrer dans les Princes Dragons quand le moment serait venu.
Peu avant les deux ans de mon retour, un réveil aux aurores fut brutal. La forteresse était en ébullition et le bruit infernal m’avait réveillé.
« Hé le gros dormeur, équipe-toi, on part en guerre.
-Hein ? Où ça ?
-On part vers le Sud-Est. Y’a quelqu’un qui a demandé notre aide. Alors Gil’, tu magnes ton arrière-train et tu vas t’habiller et t’équiper, on en a pour deux jours de marche. Et on part dans trois heures.
-D’accord Iryana, j’y vais. »
Grommelant, je retournais dans ma chambre et commença à trier mes affaires et à m’habiller. Même pas le temps de prendre en petit-déjeuner décent que je devais me préparer. J’aurais dû rentrer dans les ordres. Si seulement nous avions été prévenus hier soir. Mais je fus prêt au départ dans le temps imparti. Deux tenues de rechange plus celle sur moi, l’armure complète emportée (une partie dans les sacoches, une partie sur moi), Amlugcrist, l’épée de rechange, la lance de cavalerie, les dagues, le bouclier. Je descendis avec tous les sacs et vit que mon destrier était prêt. Il n’avait pas son caparaçon. Il serait emporté dans un chariot. Mon père m’attribua le commandement de l’une des unités de Princes Dragons de Tor Crevnan. Il y avait trois compagnies au total. La colonne était déjà formée quand j’arrivais et les rejoignis. Puis, l’armée se mit en branle, s’étendant sur des lieues et des lieues à travers les montagnes.
Je pris le temps de faire un minimum connaissance avec les guerriers sous mes ordres. La plupart étaient des Princes Dragons sortis il n’y a guère longtemps de la formation initiale. Ils n’avaient pas eu de maître personnel et s’étaient rassemblé à Tor Crevnan pour profiter de l’enseignement d’anciens. Le trajet fut assez calme. Il n’y eut aucune embuscade. Mais j’appris que nous allions affronter des forces de suppôts du Chaos. La manière employée pour arriver était un mystère. Probablement à travers les montagnes. Mais l’armée devait être très imposante à l’origine pour qu’il y ait besoin de notre aide. Nous arrivâmes sur place à l’aube du troisième jour. C’était une petite forteresse qui était assiégée. Nous étions face à une grande armée de maraudeurs aidés par une centaine de guerriers de chaos ainsi qu’un seigneur du chaos. Sous les ordres de mon père, toute l’armée se plaça en ordre de bataille tandis que l’ennemi se retournait. Je dus placer mon unité face à une compagnie de chevaliers du Chaos. Un défi à notre mesure. La bataille commença peu après alors que les armées avancèrent l’une vers l’autre. Je pus alors mieux voir la forteresse assiégée. De nombreuses colonnes de fumée s’en échappaient. L’ennemi avait dû pénétrer dans la ville et les forces s’être retirées dans le fort proprement dit. J’espérais que la population ait fait de même.
Rapidement, nous arrivâmes à portée de charge des chevaliers ennemis. Un duel de titans nous attendait. Nous étions à peine plus nombreux. Je serrais fort Amlugcrist dans ma main avant de lancer la charge une fois à six cents pas. Nous devions être à pleine vitesse. Le choc fut brutal. Des cavaliers des deux côtés furent désarçonnés et tués sur le coup. La mêlée s’engagea immédiatement. Le chef de l’unité ennemie me défia rapidement un duel. Un combat bref nous opposa. Il n’était de taille face à la puissance de ma lame. Et j’étais bien plus rapide que lui. Le combat tourna alors à notre avantage et nous pûmes massacrer tous nos ennemis. Mais presque les deux tiers l’unité avait été détruite. Un messager vint vers moi avec un message écrit de mon père :
A tous les régiments. Atteindre la ville le plus vite possible. N’oubliez pas de sécuriser vos flancs.
Mon flanc droit ne posait pas de soucis. Les maraudeurs n’étaient pas de taille face à des régiments de lanciers. Surtout quand les premiers avaient été « attendris » avec des salves de flèches. Sur le flanc gauche, une furieuse mêlée avec les maîtres des épées escortant Iryana et des guerriers du chaos vénérant Tzeentch. Mais les sorts de ma grande sœur rendaient leurs attaques inefficaces. Au vu de la puissances des sorts, les vents de magie devaient souffler très fort ce jour-là. Sûrement à cause du Chaos. J’ordonnais au régiment de lancier sur ma droite d’avancer avec nous droit vers la forteresse. Lentement mais sûrement, nous progressâmes, en profitant de l’occasion pour prendre de flanc l’armée ennemie et la couper en deux. Je vis au loin, sur la gauche de la bataille arriver la même chose. C’était peu étonnant. La charge de mon père avait enlevé plus de trois cents cavaliers, Heaumes d’Argent ou Princes Dragons. Il était évident que peu de monde pouvait résister à une telle charge. Pas même un régiment de guerriers des puissances de la Ruine. Je rejoignis ainsi mon père. Il me donna le commandement d’une partie de l’infanterie avec pour mission de nettoyer la cité. J’acceptais et donnais ma monture à un écuyer passant par là. Je rejoignis le régiment de lanciers le plus proche et nous partîmes vers la cité. Y rentrer ne fut pas difficile car l’ennemi nous laissa la pénétrer. Mais les combats à l’intérieur furent terribles. Il fallait se battre au milieu des cadavres de la population pour chaque maison, chaque étage et chaque pièce. Pour chaque rue, il fallait se battre pendant plusieurs heures. Cela dura toute l’après-midi et toute la nuit. J’avais perdu le compte d’ennemis tombés sous ma lame. J’étais couvert de leur sang des pieds à la tête. Je ne pouvais même plus voir les décorations sur Amlugcrist et la nettoyer était presque impossible. Mais nous parvînmes au fort, dont les portes avaient été forcées. Vers minuit, nous pûmes atteindre le dernier carré ennemi. Il était au même endroit que le principal point de résistance des Asurs de la forteresse.
Le combat fut féroce car il s’agissait d’élus du chaos. Et s’ils étaient peu nombreux, des simples miliciens n’étaient pas de taille. Seuls les Maîtres des Epées purent les vaincre, tout en essuyant des pertes importantes face à leurs lourdes hallebardes. Même moi, je fus plusieurs fois blessé. Une fois le dernier ennemi mort, celui qui devait être le seigneur des lieux s’avança vers moi :
« Je vous remercie d’être venu nous sauver. Je suis Aviar Liandin, seigneur de Tor Liandin, qui est cette ville. A qui ais-je l’honneur ? »
Les dieux devaient se moquer de moi. C’était impossible. Pas LUI ! Pas le père d’Aryana !! Elle lui avait parlé de moi dans ses lettres et il devait être au courant de tout. Je parvins néanmoins à articuler :
« Gilgalad Swiftblade. Mon père est à l’extérieur en train de tout organiser. Je peux vous conduire à lui.
-Ce sera avec grand plaisir. »
Sa voix s’était durcie d’un seul coup. Tout comme son regard. Et merdre, il sait. Je parvins à essuyer mon épée avant de la ranger. J’enlevais mon heaume et rangea mon bouclier dans mon dos avant de sortir, le père d’Aryana sur mes talons. A peine éloignés des autres troupes qui sympathisaient qu’il m’adressa la parole :
« Il me semble que vous connaissez ma fille.
-…
-Et que son cœur soit brisé à cause de vous.
-…
-Vous pourriez au moins dire quelque chose pour vous défendre.
-Vous a-t-elle raconté qu’elle avait désobéi aux ordres ?
-En effet. Elle me raconte tout. Mais cela n’excuse pas votre conduite.
-…
-Vous désirez que j’en parle à votre père ?
-Si cela vous chante.
-Très bien. Mais j’espère que vous vous excuserez auprès de ma fille.
-…
-Vous n’êtes pas très causant. Je vous l’imaginais un peu plus.
-...
-Bien. Quand est-ce que l’on arrive chez votre père ?
-Dans deux minutes. »
Il se tut jusqu’à ce que l’on arrive. Je le présentais à mon père qui me libéra de mes obligations. Je partis aussitôt vers ma tente installée sur la plaine pour me coucher. Je ne voulais plus penser à rien. Aryana me poursuivait partout où j’allais. Le lendemain, j’appris que nous devions rester une semaine sur place pour aider. Je soupirais intérieurement.
Pendant la journée, je m’entraînais avec des maîtres des épées ou des Princes Dragons, selon les cas. J’appris un nouveau coup au contact des premiers. Je passais le reste du temps avec ma grande sœur à discuter de tout et de rien. Mais cela ne se passa ainsi que pendant trois jours. Car le quatrième, une surprise m’attendait en sortant de la tente. Ma sœur était avec une personne étrangère autour de la grande table servant pour les repas. Mais ses cheveux blonds me disaient quelque chose. Tout comme l’armure que cette personne portait. En m’approchant, je vis Iryana me sourire et m’inviter à les rejoindre. Mais à quelques pas, je restais interdit. C’était Aryana. Les dieux devaient réellement me haïr pour me faire des coups pareils. Surtout Isha. Elle se retourna d’un bloc et son visage blanchit avant de rougir. J’étais bouche bée. Iryana semblait proche d’éclater de rire. Et finit par le faire.
« Qu’est-ce qu’il y a Iry’ ? – C’était son surnom.
-Oh rien. Enfin, à part que vous semblez toujours aussi amoureux l’un de l’autre.
-Ce n’est pas vrai. – On répondit violemment tous les deux en même temps.
-Oh que si, j’en ai la preuve. Et puis, qui est la magicienne parmi nous.
-Arrête de dire des bêtises et dis-moi ce qu’elle fait ici !
-ELLE a un prénom je te signale ! Alors tu peux m’appeler par ce dernier ! – Aryana s’énervait, ce qui était mauvais signe.
-Oui bah je fais ce que je veux. Tu n’as aucun ordre à me donner !
-Ah oui ? Bah on va voir ça ! »
Elle se leva du banc et dégaina en venant vers moi. Je fis de même. Avant que nous soyons tous les deux stoppés par la magie. Puis propulsés l’un contre l’autre, tombant ensemble. J’étais sur Aryana, nos deux visages à quelques pouces à peine, les yeux dans les yeux. D’un coup, nous nous embrassâmes de force. Il était doux et merveilleux. Je fermais les yeux et nous nous rendîmes mutuellement le baiser.
« Il faut vraiment que je fasse tout moi-même ici. »
Iryana. Je me séparais d’un coup de mon ancienne apprentie avant de tenter de me ruer sur ma sœur. Mais elle avait senti le coup venir et me stoppa en plein élan avant de venir me murmurer à l’oreille :
« Je serais toi, j’en profiterais pour passer du temps avec elle. Je sais que vous vous aimez encore. Ce serait bête que tu gâches ta vie et la sienne pour une simple question de fierté. Ordre de ta grande sœur. Et pas la peine de me faire tes yeux en colère. Je sais que c’est vrai. »
Elle me libéra après s’être éloignée de plusieurs dizaines de pieds. Aryana me retint de tomber sur le sol mais me lâcha une fois remis sur pied. On passa alors le reste de la matinée l’un à côté de l’autre, sans parler ni même se regarder. Le passé et le baiser restaient encore vivaces dans nos esprits. On finit par se lever presque en même temps pour aller se servir à la cuisine roulante avant d’aller se rasseoir, toujours en silence.
Nous aurions pu rester ainsi pendant des années à se regarder en chien de faïence. Aucun de nous ne disait mot. Et quand Iryana nous rejoignis pour manger, elle soupira de désespoir. Quand elle quitta la table, personne n’avait encore rien dit. Depuis que je m’étais assis pendant la matinée, de nombreuses pensées m’étaient passées par la tête.
Pourquoi est-ce qu’elle est revenue aussi vite ? Pourquoi est-ce qu’elle m’a embrassé alors que l’on se criait dessus juste avant ? Est-ce qu’elle m’en veut ? Ou peut-être pas ? Qu’est-ce qu’elle pense de ma décision ? Est-ce qu’elle est encore amoureuse de moi ou non ? Qu’est-ce que je dois faire ? La laisser parler la première ou commencer par dire quelque chose ? Si je commence je dis quoi ? Qu’est-ce que je peux faire ?
Ces pensées tournaient en boucle avec divers scénarios dans mon cerveau. J’essayais d’envisager toutes les possibilités en me montrant le plus neutre possible. J’en profitais pour détailler Aryana. Sa tenue était propre, elle était probablement arrivée la veille. Elle était habillée en tenue de guerre mais n’avait que sa cuirasse. Ses cheveux étaient lâchés sur ses épaules et son dos. Elle avait son épée, Glamogdagnir, dans son fourreau sur le flanc gauche. Elle avait une épée courte sur le flanc droit. Et c’était tout. Ses traits étaient tirés par la fatigue. Elle n’avait certainement pas beaucoup dormi ces derniers jours. Finalement, alors qu’il était environ trois heures de l’après-midi, Aryana parla la première :
« Je t’aime. – Je sentis qu’elle s’était libérée d’un poids important.
-Moi aussi je t’aime.
-C’est pour ça que je vais te demander de respecter ma décision.
-Qui est ? – Mon cœur s’accéléra.
-Je pars pour Arnheim. Je ne veux pas que tu tentes de m’en empêcher ou que tu viennes m’y rejoindre.
-Je…
-Gilgalad, s’il-te-plaît.
-D’accord. Tu as ma parole.
-Merci. Bonne chance à toi pour la suite. Qu’Isha veille sur toi.
-Bonne chance à toi. Qu’elle veille sur toi aussi. »
Aryana se leva et partit vers le fort dont la reconstruction avait débuté. Je lui demandais d’un seul coup :
« Pourquoi est-ce que tu y vas ?
-Tu le sais très bien. »
Elle s’était à peine arrêtée. Bien sûr que je le savais. On ne partait pour Arnheim quand on était déshonoré que pour une seule raison. Retrouver l’honneur en combattant et en mourant au combat là-bas. La ville était très régulièrement attaquée par nos ennemis jurés. Elle avait donc constamment besoin de défenseurs. Et quoi de mieux que d’aller se battre là où la survie après plusieurs batailles est rare quand le seul moyen de racheter son honneur est de se battre pour une cause noble et de se sacrifier pour elle. J’avais le cœur serré. Aryana pourrait bien évidemment se battre longtemps là-bas. Mais j’espérais qu’elle ne serait jamais faite prisonnière par les Naggarothiis. Son destin serait bien pire que la mort. Je la vis s’éloigner vers le fort et ressortir une heure plus tard, partant vers l’Est et les ports intérieurs. Elle allait certainement rejoindre Lothern où elle embarquerait pour la cité sur ce que les Hommes appellent le Nouveau Monde. J’étais complètement sonné. Je savais qu’il était peu probable que je la revoie un jour. Or je voulais qu’elle soit à mes côtés tous les jours. Cette évidence me frappa, comme toujours, au mauvais moment. Quand il était déjà trop tard.
Il se mit à pleuvoir peu de temps après alors que j’étais toujours dehors, dans la même tenue. J’étais complètement trempé quand ma sœur vint vers moi. Elle prit dans ses bras alors que je lui racontais la conversation. Elle me serra encore plus fort une fois que j’eu terminé de rapporter nos propos. Elle savait, elle aussi, parfaitement ce que voulait dire la dernière phrase. Je pouvais presque l’entendre dire que ce n’était pas comme cela que la conversation aurait dû se passer. Elle avait bien aimé Aryana, pour le peu qu’elles avaient discuté. Elle finit par me ramener dans ma tente et me sécher les cheveux et m’obliger à me changer. Quand je lui demandais de se tourner, elle me répliqua qu’elle avait déjà changer mes vêtements quand j’étais bébé et que donc elle m’avait déjà vu dans mon plus simple appareil. Elle ne voulait probablement pas que j’en profite pour m’éclipser. Puis, elle me demanda ce que je comptais faire désormais. Je lui répondis que j’allais probablement partir pour le Temple d’Asuryan, faire le pèlerinage. Mais après, je n’en savais rien. Peut-être aller voir nos grands parents à Tor Achare. Mais ce n’était pas certain. Pour le reste, c’était le flou total. Iryana me fit asseoir sur mon lit et alla me chercher à manger. J’avais l’impression d’être dans un rêve. Comme si tout cela était irréel. Comme si j’allais me réveiller d’un instant à l’autre et que je serais encore assis à la table, en train de parler à Aryana. Je mangeais et finis par me coucher, m’endormant assez vite.
Je me réveillais le lendemain matin, tout joyeux. J’étais persuadé que cela n’était qu’un mauvais rêve et qu’elle était là, à parler avec ma sœur. Mais en arrivant sous la tente pour le repas, la réalité me frappa à nouveau très durement. Peu après avoir terminé de manger, mon père m’attira à l’écart. Je sentais qu’il allait me dire quelque chose qui n’allait rien arranger encore une fois.
« Je vais te demander de ne pas m’interrompre avant d’avoir terminé. Je suis désolé pour Aryana. Je m’étais mis d’accord avec son père pour que vous puissiez avoir l’autorisation d’être ensemble et de vous marier plus tard. Ta sœur m’en avait convaincu. Il a tout essayé pour la retenir. Même le fait qu’elle pourrait être en permanence avec toi. Mais elle n’a rien voulu entendre. Je veux que tu saches que si je peux faire quoi que ce soit, je le ferais. Si tu veux, je peux même ordonner de la ramener ici.
-Merci père. Mais ce ne sera pas nécessaire.
-Pourquoi donc ?
-Il faudrait que je tienne au moins l’une de mes promesses envers elle.
-A savoir ?
-La laisser aller là-bas. Si je ne la tiens pas, ça ne servira à rien. Elle finira par me détester. Si elle veut revenir et qu’elle le peut, elle le fera. Mais sinon, je ne tenterais rien pour l’arrêter. Elle serait capable de me tuer si je le fais.
-Vraiment ? Te tuer toi alors qu’elle est plus jeune et est moins bonne combattante ?
-Si on se met entre elle et sa cible, elle a tendance à être très violente. Donc je préfère ne pas courir le risque. D’ailleurs, je dois t’annoncer que je pars demain matin pour le Temple d’Asuryan. Je vais y faire mon pèlerinage.
-Tant que tu ne rentres pas dans la Garde…
-Ça ne risque pas, je serais obligé de me taire. »
Mon père sourit à cette plaisanterie forcée et me serra furtivement contre lui avant de retourner à ses obligations.
Je passais le reste de la journée à me préparer pour le voyage. Il n’allait pas être très long. Juste deux jours jusqu’au port le plus proche, deux à quatre jours de mer jusqu’à Lothern et enfin quatre jours de mers jusqu’au Temple.
Je partis le lendemain matin avec ma monture. Je pris néanmoins un certain nombre d’armes. Les routes n’étaient pas toujours très sûres avec les monstres vivant parfois dans les montagnes. Sans compter les expéditions ennemies pour voler des œufs de dragon. Autant se prémunir contre ses risques. Je pris ainsi Amlugcrist, une épée de rechange, deux dagues, ma grande hache de bûcheron, un arc long et un carquois rempli de flèches. Sans compter mon bouclier bien sûr.
Selon comment avance le prochain chapitre en cours d'écriture, vous pourriez avoir la suite le week-end prochain. Cela dépendra surtout des examens. Sinon, ça devrait être le week-end suivant au maximum (pour une fois que je tiens mes délais).
A vrai dire, je ne suis pas très loin de l'avoir terminé. J'ai commencé hier le chapitre 21 et il m'en reste deux ou trois avec ma Fin des Temps personnelle. Je ne sais pas si je la ferais dans ce sujet ou dans un autre. Mais ça sera probablement mon plus gros récit puisqu'il devrait y avoir l'implication de la plupart des factions, des "témoignages" de combattants ou autres. Ainsi que la participation de membres du forum Pour les volontaires évidemment.Von Essen a écrit:Ça fait plaisir de voir que le récit avance !
Bah je ne sais pas si le terme légion est utilisé dans l'Empire. De plus, on parle là d'une petite ville certes, mais qui utilise la conscription avec un système similaire à celui d'Ulthuan qui est prévu plus tard. Par conséquent, il y a pas mal de monde de disponible et il y a la promesse d'un peu de calme pour les engagés Bref, les effectifs tournent autour du millier de soldats, pas beaucoup plus (1200 max en comptant une grosse centaine de mercenaires et la garde de la cité).Von Essen a écrit:
Trois régiments et une unité de chevaliers, je ne suis pas certain que ça fasse plus d'un millier d'hommes au total. Peut-être une centaine serait plus juste ? Ou alors tu pourrais parler plutôt de légions, en général plus populeuses que les régiments
Je suis curieux, qu'est-ce qui t'a motivé à changer de style ? J'aime beaucoup ton choix de la première personne, ça donne l'impression de lire les mémoires de ton personnage
[/quote]Vouloir tester une nouvelle chose. Je suis content d'apprendre ne pas m'être trop mal débrouillé. Mais évidemment, ça me demandera un peu de perfectionnement.
J'ai corrigé les coquilles que repérées dans le chapitre 9.
J'ai pris "note" de tes commentaires et les relirait plus en profondeurs quand le moment sera venu. En attendant, voilà le chapitre 10 du récit.
Chapitre 10 : Le retour et ce qui s’en suit
Après plusieurs jours de mer, j’arrivais enfin à Tor Crevnan en début d’après-midi. Au fil des jours qui passaient, j’étais de plus en plus impatient de rentrer chez moi. J’avais alors l’âge correct de quatre-vingt onze ans. J’allais sur mon premier siècle. J’avais l’impression que cela allait être quelque chose d’extraordinaire. Même si cela ne changerait rien à ma vie, je devais bien l’admettre. Après l’arrivée au port, je descendis du navire avec mon cheval. Je payais le voyage et entreprit la montée jusqu’à la forteresse. J’en avais pour deux bonnes heures de marche. Je vis alors que la population s’était agrandie, un nouveau quartier étant habité. J’en étais heureux. Une ville pleine de vie est toujours préférable à une ville vide et sans bruits. Quelques personnes me reconnurent et me saluèrent poliment. A chaque fois, je leur rendis leur salut. Je retrouvais ces maisons et ces rues au milieu desquelles je courrais quand j’étais petit. De nombreux souvenirs me revenaient en mémoire. Mais je n’eus guère le temps de m’appesantir dessus. J’arrivais déjà. Sans surprise, mon père attendait devant les portes de la forteresse.
« Bonjour Gilgalad.
-Bonjour père.
-Je vois que tu es de retour.
-En effet.
-Seul.
-Comme tu peux le voir.
-As-tu une raison ?
-Elle n’a pas respecté mes ordres et n’a pas daigné venir à un entraînement il y a plusieurs jours.
-C’est tout ?
-C’est suffisant. Surtout qu’elle est rentrée dans nos appartements du palais royal éméchée.
-Je comprends. Tu l’a renvoyée ?
-En effet.
-Tu es prêt à reprendre ta place dans la famille ?
-Si tu le désires.
-Evidemment. De toute manière, je ne t’avais pas renié. Ton petit frère et tes deux sœurs t’attendent avec impatience. Ils ont bien grandi pour les derniers. »
Nous rentrâmes alors à l’intérieur tandis qu’un servant prenait ma monture et mes affaires pour les monter dans ma chambre. Mon père me conduisit jusque dans la grande salle. Sur le trajet, il me questionna sur mes différentes aventures dans les Terres des Hommes. Je lui racontai le résumé, en omettant quelques détails pouvant le mettre en colère.
Soudain, une grande masse de cheveux blonds sur mon visage et quelqu’un qui me serre très fort.
« Tu m’a manqué petit frère adoré. » Iryana évidemment. Il n’y a qu’elle pour me serrer comme ça. Elle a toujours été proche de moi. Je saluais tant bien que mal ma mère, ayant toujours ma sœur dans mes bras, avant de demander où étaient les deux plus jeunes. Ils étaient en ville pour jouer. Je prévins que j’attendrais leur retour. Aussi, j’emportais ma grande sœur dans ma chambre. Elle m’aida à enlever certaines affaires avant de se tourner vers moi, le regard terminé. J’étais dans la mouise.
« Alors, Aryana ?
-Quoi Aryana ?
-Fais pas l’innocent. Papa a parlé de votre dispute à Lothern quand tu es partie dans les terres des Hommes. Et comme elle n’est pas venue avec toi, il n’y a que deux solutions. Soit elle est morte, soit tu l’a larguée et arrêter son entraînement. Ne t’en fais pas, je ne dirais rien à qui que ce soit.
-Je… Mais comment tu fais pour savoir tout ça ?
-Je suis magicienne et je me suis grandement améliorée depuis quelques décennies.
-T’es pas drôle.
-Dis-moi tout ou je le ferais par la force.
-Ah non, pas les chatouilles. On a passé l’âge.
-Vraiment ? – Elle s’approcha de moi, le sourire aux lèvres et les mains tendues. J’avais beau être un bon guerrier, en cas de bataille de chatouilles, je ne pesais rien face à ma sœur. Elle m’en faisait déjà dans mon berceau pour me faire rire.
-Bon d’accord, je te dirais tout. Mais pas un mot à père.
-Tu as ma parole.
-Je… On a été en couple.
-C’est vrai ? – Elle était radieuse. – Mais attends. Tu as utilisé le passé ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
-Quand on est revenu à Lothern, j’ai décidé que l’on ne devait plus continuer. Cela compromettrait ses chances devant Imrik si cela venait à se savoir. Je comptais tout reprendre comme avant après la présentation.
-Mais elle ne l’a pas compris et a tenté de se venger.
-Du coup j’ai mis fin à son entraînement. Elle n’avait pas respecté les ordres tout de même.
-Et maintenant, tu t’en veux. Tu te dis que tu aurais pu mieux faire entre autres choses.
-Je… Oui.
-Et tu l’aimes encore.
-Je n’ai jamais dit ça.
-Gil’, tes yeux mentent aussi mal qu’un nain qui sait monter à cheval.
-Je… Rah t’en chiante ! Oui je l’aime encore. Et alors ? Elle ne voudra plus jamais de moi ! Qu’est-ce que ça change ? »
Plutôt que de me répondre, elle me serra dans ses bras. Elle était légèrement plus petite que moi. J’enfouis ma tête dans son cou avant de lâcher quelques sanglots.
Nous restâmes ainsi pendant un certain temps. Jusqu’à ce que je lui demande si elle avait un prétendant. A sa manière de rougir à la question, je compris que oui. Un prince de Saphery qui plus est. Rencontré à la Tour Blanche. Mais je vis la limite quand je lui posais la question du mariage. Elle me répondit sèchement, comme depuis des décennies sur la question. Iryana ne voulait pas se marier. Je la taquinais souvent en lui disant que de toute manière, aucun mari ne pourrait la supporter. Ce à quoi elle me répondait toujours qu’il en serait de même pour une femme envers moi.
Nous finîmes par nous séparer, alors qu’Astarielle et Imrik, les deux plus jeunes, arrivèrent dans ma chambre. Mon frère était dans les heaumes d’argent et venait d’être promu Grand Heaume, reprenant ainsi mon ancienne fonction. Je le félicitais. Astarielle s’occupait principalement en apprenant la magie flamboyante. Son tempérament aidait beaucoup en cela.
Nous nous retrouvâmes tous pour manger. Nous en profitâmes pour rattraper une partie du temps perdu et nous raconter une partie des histoires. La natalité avait fortement augmenté en quelques années dans la ville. Ce qui était plutôt une bonne chose. Il y avait parfois des attaques éclairs des Naggarothiis mais elles étaient toujours repoussées et ils ne parvenaient jamais aux remparts. Une fois terminé, je partis me coucher rapidement, épuisé par toutes les conversations. Une fois au lit, je vis un petit pendentif dans mes affaires. Il m’avait été offert par Aryana quand nous étions chez Anton. Je me demandais ce qu’elle faisait et où elle était désormais. Tout comme Anton, sa femme et leurs enfants. Ils avaient été extraordinaires comme hôtes. Je m’endormis avec le visage de mon ancienne apprentie dans la tête.
Les journées passèrent ainsi pendant presque deux ans. Pour évacuer ma frustration, je commençais à m’entraîner avant que le Soleil ne soit lever et terminais après qu’il soit couché. Aussi, mon niveau s’améliora légèrement durant cette période. Iryana avait souvent un regard triste quand elle me regardait m’exercer. Mais mon frère me suivait dedans avec joie. Il voulait être prêt à rentrer dans les Princes Dragons quand le moment serait venu.
Peu avant les deux ans de mon retour, un réveil aux aurores fut brutal. La forteresse était en ébullition et le bruit infernal m’avait réveillé.
« Hé le gros dormeur, équipe-toi, on part en guerre.
-Hein ? Où ça ?
-On part vers le Sud-Est. Y’a quelqu’un qui a demandé notre aide. Alors Gil’, tu magnes ton arrière-train et tu vas t’habiller et t’équiper, on en a pour deux jours de marche. Et on part dans trois heures.
-D’accord Iryana, j’y vais. »
Grommelant, je retournais dans ma chambre et commença à trier mes affaires et à m’habiller. Même pas le temps de prendre en petit-déjeuner décent que je devais me préparer. J’aurais dû rentrer dans les ordres. Si seulement nous avions été prévenus hier soir. Mais je fus prêt au départ dans le temps imparti. Deux tenues de rechange plus celle sur moi, l’armure complète emportée (une partie dans les sacoches, une partie sur moi), Amlugcrist, l’épée de rechange, la lance de cavalerie, les dagues, le bouclier. Je descendis avec tous les sacs et vit que mon destrier était prêt. Il n’avait pas son caparaçon. Il serait emporté dans un chariot. Mon père m’attribua le commandement de l’une des unités de Princes Dragons de Tor Crevnan. Il y avait trois compagnies au total. La colonne était déjà formée quand j’arrivais et les rejoignis. Puis, l’armée se mit en branle, s’étendant sur des lieues et des lieues à travers les montagnes.
Je pris le temps de faire un minimum connaissance avec les guerriers sous mes ordres. La plupart étaient des Princes Dragons sortis il n’y a guère longtemps de la formation initiale. Ils n’avaient pas eu de maître personnel et s’étaient rassemblé à Tor Crevnan pour profiter de l’enseignement d’anciens. Le trajet fut assez calme. Il n’y eut aucune embuscade. Mais j’appris que nous allions affronter des forces de suppôts du Chaos. La manière employée pour arriver était un mystère. Probablement à travers les montagnes. Mais l’armée devait être très imposante à l’origine pour qu’il y ait besoin de notre aide. Nous arrivâmes sur place à l’aube du troisième jour. C’était une petite forteresse qui était assiégée. Nous étions face à une grande armée de maraudeurs aidés par une centaine de guerriers de chaos ainsi qu’un seigneur du chaos. Sous les ordres de mon père, toute l’armée se plaça en ordre de bataille tandis que l’ennemi se retournait. Je dus placer mon unité face à une compagnie de chevaliers du Chaos. Un défi à notre mesure. La bataille commença peu après alors que les armées avancèrent l’une vers l’autre. Je pus alors mieux voir la forteresse assiégée. De nombreuses colonnes de fumée s’en échappaient. L’ennemi avait dû pénétrer dans la ville et les forces s’être retirées dans le fort proprement dit. J’espérais que la population ait fait de même.
Rapidement, nous arrivâmes à portée de charge des chevaliers ennemis. Un duel de titans nous attendait. Nous étions à peine plus nombreux. Je serrais fort Amlugcrist dans ma main avant de lancer la charge une fois à six cents pas. Nous devions être à pleine vitesse. Le choc fut brutal. Des cavaliers des deux côtés furent désarçonnés et tués sur le coup. La mêlée s’engagea immédiatement. Le chef de l’unité ennemie me défia rapidement un duel. Un combat bref nous opposa. Il n’était de taille face à la puissance de ma lame. Et j’étais bien plus rapide que lui. Le combat tourna alors à notre avantage et nous pûmes massacrer tous nos ennemis. Mais presque les deux tiers l’unité avait été détruite. Un messager vint vers moi avec un message écrit de mon père :
A tous les régiments. Atteindre la ville le plus vite possible. N’oubliez pas de sécuriser vos flancs.
Mon flanc droit ne posait pas de soucis. Les maraudeurs n’étaient pas de taille face à des régiments de lanciers. Surtout quand les premiers avaient été « attendris » avec des salves de flèches. Sur le flanc gauche, une furieuse mêlée avec les maîtres des épées escortant Iryana et des guerriers du chaos vénérant Tzeentch. Mais les sorts de ma grande sœur rendaient leurs attaques inefficaces. Au vu de la puissances des sorts, les vents de magie devaient souffler très fort ce jour-là. Sûrement à cause du Chaos. J’ordonnais au régiment de lancier sur ma droite d’avancer avec nous droit vers la forteresse. Lentement mais sûrement, nous progressâmes, en profitant de l’occasion pour prendre de flanc l’armée ennemie et la couper en deux. Je vis au loin, sur la gauche de la bataille arriver la même chose. C’était peu étonnant. La charge de mon père avait enlevé plus de trois cents cavaliers, Heaumes d’Argent ou Princes Dragons. Il était évident que peu de monde pouvait résister à une telle charge. Pas même un régiment de guerriers des puissances de la Ruine. Je rejoignis ainsi mon père. Il me donna le commandement d’une partie de l’infanterie avec pour mission de nettoyer la cité. J’acceptais et donnais ma monture à un écuyer passant par là. Je rejoignis le régiment de lanciers le plus proche et nous partîmes vers la cité. Y rentrer ne fut pas difficile car l’ennemi nous laissa la pénétrer. Mais les combats à l’intérieur furent terribles. Il fallait se battre au milieu des cadavres de la population pour chaque maison, chaque étage et chaque pièce. Pour chaque rue, il fallait se battre pendant plusieurs heures. Cela dura toute l’après-midi et toute la nuit. J’avais perdu le compte d’ennemis tombés sous ma lame. J’étais couvert de leur sang des pieds à la tête. Je ne pouvais même plus voir les décorations sur Amlugcrist et la nettoyer était presque impossible. Mais nous parvînmes au fort, dont les portes avaient été forcées. Vers minuit, nous pûmes atteindre le dernier carré ennemi. Il était au même endroit que le principal point de résistance des Asurs de la forteresse.
Le combat fut féroce car il s’agissait d’élus du chaos. Et s’ils étaient peu nombreux, des simples miliciens n’étaient pas de taille. Seuls les Maîtres des Epées purent les vaincre, tout en essuyant des pertes importantes face à leurs lourdes hallebardes. Même moi, je fus plusieurs fois blessé. Une fois le dernier ennemi mort, celui qui devait être le seigneur des lieux s’avança vers moi :
« Je vous remercie d’être venu nous sauver. Je suis Aviar Liandin, seigneur de Tor Liandin, qui est cette ville. A qui ais-je l’honneur ? »
Les dieux devaient se moquer de moi. C’était impossible. Pas LUI ! Pas le père d’Aryana !! Elle lui avait parlé de moi dans ses lettres et il devait être au courant de tout. Je parvins néanmoins à articuler :
« Gilgalad Swiftblade. Mon père est à l’extérieur en train de tout organiser. Je peux vous conduire à lui.
-Ce sera avec grand plaisir. »
Sa voix s’était durcie d’un seul coup. Tout comme son regard. Et merdre, il sait. Je parvins à essuyer mon épée avant de la ranger. J’enlevais mon heaume et rangea mon bouclier dans mon dos avant de sortir, le père d’Aryana sur mes talons. A peine éloignés des autres troupes qui sympathisaient qu’il m’adressa la parole :
« Il me semble que vous connaissez ma fille.
-…
-Et que son cœur soit brisé à cause de vous.
-…
-Vous pourriez au moins dire quelque chose pour vous défendre.
-Vous a-t-elle raconté qu’elle avait désobéi aux ordres ?
-En effet. Elle me raconte tout. Mais cela n’excuse pas votre conduite.
-…
-Vous désirez que j’en parle à votre père ?
-Si cela vous chante.
-Très bien. Mais j’espère que vous vous excuserez auprès de ma fille.
-…
-Vous n’êtes pas très causant. Je vous l’imaginais un peu plus.
-...
-Bien. Quand est-ce que l’on arrive chez votre père ?
-Dans deux minutes. »
Il se tut jusqu’à ce que l’on arrive. Je le présentais à mon père qui me libéra de mes obligations. Je partis aussitôt vers ma tente installée sur la plaine pour me coucher. Je ne voulais plus penser à rien. Aryana me poursuivait partout où j’allais. Le lendemain, j’appris que nous devions rester une semaine sur place pour aider. Je soupirais intérieurement.
Pendant la journée, je m’entraînais avec des maîtres des épées ou des Princes Dragons, selon les cas. J’appris un nouveau coup au contact des premiers. Je passais le reste du temps avec ma grande sœur à discuter de tout et de rien. Mais cela ne se passa ainsi que pendant trois jours. Car le quatrième, une surprise m’attendait en sortant de la tente. Ma sœur était avec une personne étrangère autour de la grande table servant pour les repas. Mais ses cheveux blonds me disaient quelque chose. Tout comme l’armure que cette personne portait. En m’approchant, je vis Iryana me sourire et m’inviter à les rejoindre. Mais à quelques pas, je restais interdit. C’était Aryana. Les dieux devaient réellement me haïr pour me faire des coups pareils. Surtout Isha. Elle se retourna d’un bloc et son visage blanchit avant de rougir. J’étais bouche bée. Iryana semblait proche d’éclater de rire. Et finit par le faire.
« Qu’est-ce qu’il y a Iry’ ? – C’était son surnom.
-Oh rien. Enfin, à part que vous semblez toujours aussi amoureux l’un de l’autre.
-Ce n’est pas vrai. – On répondit violemment tous les deux en même temps.
-Oh que si, j’en ai la preuve. Et puis, qui est la magicienne parmi nous.
-Arrête de dire des bêtises et dis-moi ce qu’elle fait ici !
-ELLE a un prénom je te signale ! Alors tu peux m’appeler par ce dernier ! – Aryana s’énervait, ce qui était mauvais signe.
-Oui bah je fais ce que je veux. Tu n’as aucun ordre à me donner !
-Ah oui ? Bah on va voir ça ! »
Elle se leva du banc et dégaina en venant vers moi. Je fis de même. Avant que nous soyons tous les deux stoppés par la magie. Puis propulsés l’un contre l’autre, tombant ensemble. J’étais sur Aryana, nos deux visages à quelques pouces à peine, les yeux dans les yeux. D’un coup, nous nous embrassâmes de force. Il était doux et merveilleux. Je fermais les yeux et nous nous rendîmes mutuellement le baiser.
« Il faut vraiment que je fasse tout moi-même ici. »
Iryana. Je me séparais d’un coup de mon ancienne apprentie avant de tenter de me ruer sur ma sœur. Mais elle avait senti le coup venir et me stoppa en plein élan avant de venir me murmurer à l’oreille :
« Je serais toi, j’en profiterais pour passer du temps avec elle. Je sais que vous vous aimez encore. Ce serait bête que tu gâches ta vie et la sienne pour une simple question de fierté. Ordre de ta grande sœur. Et pas la peine de me faire tes yeux en colère. Je sais que c’est vrai. »
Elle me libéra après s’être éloignée de plusieurs dizaines de pieds. Aryana me retint de tomber sur le sol mais me lâcha une fois remis sur pied. On passa alors le reste de la matinée l’un à côté de l’autre, sans parler ni même se regarder. Le passé et le baiser restaient encore vivaces dans nos esprits. On finit par se lever presque en même temps pour aller se servir à la cuisine roulante avant d’aller se rasseoir, toujours en silence.
Nous aurions pu rester ainsi pendant des années à se regarder en chien de faïence. Aucun de nous ne disait mot. Et quand Iryana nous rejoignis pour manger, elle soupira de désespoir. Quand elle quitta la table, personne n’avait encore rien dit. Depuis que je m’étais assis pendant la matinée, de nombreuses pensées m’étaient passées par la tête.
Pourquoi est-ce qu’elle est revenue aussi vite ? Pourquoi est-ce qu’elle m’a embrassé alors que l’on se criait dessus juste avant ? Est-ce qu’elle m’en veut ? Ou peut-être pas ? Qu’est-ce qu’elle pense de ma décision ? Est-ce qu’elle est encore amoureuse de moi ou non ? Qu’est-ce que je dois faire ? La laisser parler la première ou commencer par dire quelque chose ? Si je commence je dis quoi ? Qu’est-ce que je peux faire ?
Ces pensées tournaient en boucle avec divers scénarios dans mon cerveau. J’essayais d’envisager toutes les possibilités en me montrant le plus neutre possible. J’en profitais pour détailler Aryana. Sa tenue était propre, elle était probablement arrivée la veille. Elle était habillée en tenue de guerre mais n’avait que sa cuirasse. Ses cheveux étaient lâchés sur ses épaules et son dos. Elle avait son épée, Glamogdagnir, dans son fourreau sur le flanc gauche. Elle avait une épée courte sur le flanc droit. Et c’était tout. Ses traits étaient tirés par la fatigue. Elle n’avait certainement pas beaucoup dormi ces derniers jours. Finalement, alors qu’il était environ trois heures de l’après-midi, Aryana parla la première :
« Je t’aime. – Je sentis qu’elle s’était libérée d’un poids important.
-Moi aussi je t’aime.
-C’est pour ça que je vais te demander de respecter ma décision.
-Qui est ? – Mon cœur s’accéléra.
-Je pars pour Arnheim. Je ne veux pas que tu tentes de m’en empêcher ou que tu viennes m’y rejoindre.
-Je…
-Gilgalad, s’il-te-plaît.
-D’accord. Tu as ma parole.
-Merci. Bonne chance à toi pour la suite. Qu’Isha veille sur toi.
-Bonne chance à toi. Qu’elle veille sur toi aussi. »
Aryana se leva et partit vers le fort dont la reconstruction avait débuté. Je lui demandais d’un seul coup :
« Pourquoi est-ce que tu y vas ?
-Tu le sais très bien. »
Elle s’était à peine arrêtée. Bien sûr que je le savais. On ne partait pour Arnheim quand on était déshonoré que pour une seule raison. Retrouver l’honneur en combattant et en mourant au combat là-bas. La ville était très régulièrement attaquée par nos ennemis jurés. Elle avait donc constamment besoin de défenseurs. Et quoi de mieux que d’aller se battre là où la survie après plusieurs batailles est rare quand le seul moyen de racheter son honneur est de se battre pour une cause noble et de se sacrifier pour elle. J’avais le cœur serré. Aryana pourrait bien évidemment se battre longtemps là-bas. Mais j’espérais qu’elle ne serait jamais faite prisonnière par les Naggarothiis. Son destin serait bien pire que la mort. Je la vis s’éloigner vers le fort et ressortir une heure plus tard, partant vers l’Est et les ports intérieurs. Elle allait certainement rejoindre Lothern où elle embarquerait pour la cité sur ce que les Hommes appellent le Nouveau Monde. J’étais complètement sonné. Je savais qu’il était peu probable que je la revoie un jour. Or je voulais qu’elle soit à mes côtés tous les jours. Cette évidence me frappa, comme toujours, au mauvais moment. Quand il était déjà trop tard.
Il se mit à pleuvoir peu de temps après alors que j’étais toujours dehors, dans la même tenue. J’étais complètement trempé quand ma sœur vint vers moi. Elle prit dans ses bras alors que je lui racontais la conversation. Elle me serra encore plus fort une fois que j’eu terminé de rapporter nos propos. Elle savait, elle aussi, parfaitement ce que voulait dire la dernière phrase. Je pouvais presque l’entendre dire que ce n’était pas comme cela que la conversation aurait dû se passer. Elle avait bien aimé Aryana, pour le peu qu’elles avaient discuté. Elle finit par me ramener dans ma tente et me sécher les cheveux et m’obliger à me changer. Quand je lui demandais de se tourner, elle me répliqua qu’elle avait déjà changer mes vêtements quand j’étais bébé et que donc elle m’avait déjà vu dans mon plus simple appareil. Elle ne voulait probablement pas que j’en profite pour m’éclipser. Puis, elle me demanda ce que je comptais faire désormais. Je lui répondis que j’allais probablement partir pour le Temple d’Asuryan, faire le pèlerinage. Mais après, je n’en savais rien. Peut-être aller voir nos grands parents à Tor Achare. Mais ce n’était pas certain. Pour le reste, c’était le flou total. Iryana me fit asseoir sur mon lit et alla me chercher à manger. J’avais l’impression d’être dans un rêve. Comme si tout cela était irréel. Comme si j’allais me réveiller d’un instant à l’autre et que je serais encore assis à la table, en train de parler à Aryana. Je mangeais et finis par me coucher, m’endormant assez vite.
Je me réveillais le lendemain matin, tout joyeux. J’étais persuadé que cela n’était qu’un mauvais rêve et qu’elle était là, à parler avec ma sœur. Mais en arrivant sous la tente pour le repas, la réalité me frappa à nouveau très durement. Peu après avoir terminé de manger, mon père m’attira à l’écart. Je sentais qu’il allait me dire quelque chose qui n’allait rien arranger encore une fois.
« Je vais te demander de ne pas m’interrompre avant d’avoir terminé. Je suis désolé pour Aryana. Je m’étais mis d’accord avec son père pour que vous puissiez avoir l’autorisation d’être ensemble et de vous marier plus tard. Ta sœur m’en avait convaincu. Il a tout essayé pour la retenir. Même le fait qu’elle pourrait être en permanence avec toi. Mais elle n’a rien voulu entendre. Je veux que tu saches que si je peux faire quoi que ce soit, je le ferais. Si tu veux, je peux même ordonner de la ramener ici.
-Merci père. Mais ce ne sera pas nécessaire.
-Pourquoi donc ?
-Il faudrait que je tienne au moins l’une de mes promesses envers elle.
-A savoir ?
-La laisser aller là-bas. Si je ne la tiens pas, ça ne servira à rien. Elle finira par me détester. Si elle veut revenir et qu’elle le peut, elle le fera. Mais sinon, je ne tenterais rien pour l’arrêter. Elle serait capable de me tuer si je le fais.
-Vraiment ? Te tuer toi alors qu’elle est plus jeune et est moins bonne combattante ?
-Si on se met entre elle et sa cible, elle a tendance à être très violente. Donc je préfère ne pas courir le risque. D’ailleurs, je dois t’annoncer que je pars demain matin pour le Temple d’Asuryan. Je vais y faire mon pèlerinage.
-Tant que tu ne rentres pas dans la Garde…
-Ça ne risque pas, je serais obligé de me taire. »
Mon père sourit à cette plaisanterie forcée et me serra furtivement contre lui avant de retourner à ses obligations.
Je passais le reste de la journée à me préparer pour le voyage. Il n’allait pas être très long. Juste deux jours jusqu’au port le plus proche, deux à quatre jours de mer jusqu’à Lothern et enfin quatre jours de mers jusqu’au Temple.
Je partis le lendemain matin avec ma monture. Je pris néanmoins un certain nombre d’armes. Les routes n’étaient pas toujours très sûres avec les monstres vivant parfois dans les montagnes. Sans compter les expéditions ennemies pour voler des œufs de dragon. Autant se prémunir contre ses risques. Je pris ainsi Amlugcrist, une épée de rechange, deux dagues, ma grande hache de bûcheron, un arc long et un carquois rempli de flèches. Sans compter mon bouclier bien sûr.
Selon comment avance le prochain chapitre en cours d'écriture, vous pourriez avoir la suite le week-end prochain. Cela dépendra surtout des examens. Sinon, ça devrait être le week-end suivant au maximum (pour une fois que je tiens mes délais).
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: L'histoire de Gilgalad
Lun 9 Jan 2017 - 21:34
Définitivement, ton récit est bien plus agréable avec un point de vue interne (Von Essen l'a déjà mentionné mais l'impression de lire tes mémoires fait grandement partie du charme).
Une suite qui complexifie ta relation avec Aryana d'ailleurs. On a beau connaître la fin, c'est toujours aussi sympathique Du coup, j'attends la suite !
Plus sérieusement, je suis réellement intéressé par l'idée ! A partir du moment où on me propose un projet commun d'écriture, je suis à fond Et le thème End of Times titille ma curiosité puisque j'ai moi aussi quelques projets avec ça
Une suite qui complexifie ta relation avec Aryana d'ailleurs. On a beau connaître la fin, c'est toujours aussi sympathique Du coup, j'attends la suite !
Gilgalad a écrit:Ainsi que la participation de membres du forum. Pour les volontaires évidemment.
- D'ailleurs en parlant de hype:
Plus sérieusement, je suis réellement intéressé par l'idée ! A partir du moment où on me propose un projet commun d'écriture, je suis à fond Et le thème End of Times titille ma curiosité puisque j'ai moi aussi quelques projets avec ça
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
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Re: L'histoire de Gilgalad
Ven 13 Jan 2017 - 12:15
Cette fameuse relation va un peu évoluer dans cette suite Mais ce sera surtout dans le chapitre suivant que cela va prendre de l'importanceHjalmar Oksilden a écrit:Une suite qui complexifie ta relation avec Aryana d'ailleurs. On a beau connaître la fin, c'est toujours aussi sympathique Du coup, j'attends la suite !
Sinon, je vous annonce que j'ai officiellement terminé le récit, qui compte au total vingt-et-un chapitres. Du coup, je posterais environ un à deux chapitres par semaine (plutôt un je pense) puisqu'il n'y aura plus rien de nouveau à écrire pour cette histoire, du moins pour le moment.
Chapitre 11 : Le Temple, Chrace et la Guerre
Le voyage de Tor Liandin jusqu’au port de Cremnar fut assez calme. Il n’y avait personne sur la route et je ne fus jamais dérangé. J’arrivais en début de matinée dans le port. Là, je me rendis compte que j’étais chanceux. Un navire partait dans l’après-midi pour Lothern. Le capitaine m’accepta immédiatement à bord en apprenant mon nom. Parfois, venir d’une grande famille aidait beaucoup. Je m’exerçais dans la cale du navire pendant les trois jours de mer. Le vent était assez faible ou alors était contraire, ralentissant le navire. Cependant, je finis par arriver à Lothern. Nous n’allâmes que dans le port intérieur. Il était de l’autre côté de la cité, près de la Mer Intérieure. On pouvait certes rejoindre en théorie par voie de mer le Grand Océan mais cela n’était que rarement utilisé pour éviter que des humains cachés ne pénètrent illégalement ailleurs que dans les zones autorisées. Je ne restais qu’une journée dans la capitale des Asurs. Le navire pour le Temple d’Asuryan partait le lendemain de mon arrivée. Je dormis dans une auberge pour noble proche du port intérieur.
Le voyage jusqu’au temple fut assez similaire à celui jusqu’à Lothern. Cependant, les passagers du navire avaient tous un point commun. Le pèlerinage. Il était obligatoire de se rendre au moins dans sa vie au Temple d’Asuryan, à moins que cela ne soit impossible, comme par exemple si l’on habitait à l’autre bout du monde dans une petite colonie.
Le Temple d’Asuryan fut construit sur une île appelée Île de la Flamme. Le nom a été décidé par rapport à la Flamme Eternelle à l’intérieur du Temple. C’est dans cette dernière que passèrent tous les Rois Phénix depuis le premier et le plus grand, Ænarion Le Défenseur. Le Temple fut construit sous la forme d’une immense pyramide blanche. A l’extérieur se trouvait une petite ville où l’on pouvait se loger et se nourrir. Il y en avait pour toutes les bourses. En effet, tous les elfes n’étaient pas nécessairement riches ou nobles. Il y avait également le port où passaient les navires de ravitaillement ou de transport de passagers. Sur les bords du temple, de nombreuses colonnes et flèches de pierre. Elles sont en permanence nimbées de flammes rouges à cause du vent d’Aqshy. Au sommet de ces dernières vivent les Phénix Spire de Feu.
Je débarquais du navire en début d’après-midi et avançais lentement à travers la foule. On était à l’équivalent du printemps pour les humains et il faisait beau. Alors les gens en profitaient pour faire le pèlerinage. Je parvins finalement à une auberge avec écurie. Le Dragon Dormant. Je donnai ma monture à un écuyer, récupérai mes affaires et rentrai dans le bâtiment. La salle commune n’était pas très remplie alors qu’il était l’heure du déjeuner. Elle était faite en bois et en pierre. Sur les murs, de grandes tapisseries avec les grandes batailles de l’histoire de Caledor et des grands rois donnés par le royaume à Ulthuan. Cette époque nous maquait à tous. Je m’assis à une table et vit le tenancier venir vers moi. Je commandais un bon repas qu’il vint me servir une vingtaine de minutes plus tard. Il était plutôt bon et valait le prix. Je montais ensuite dans ma chambre. Je laissais là la majorité de mes armes. Il pouvait toujours y avoir des assassins naggaorthiis dans la foule. Mais pas à l’intérieur du temple où il était interdit de pénétrer avec des armes. Les Gardes Phénix s’en assuraient. Je m’endormis peu après jusqu’au repas du soir. Je me levais peu avant, me changeais et descendit prendre le dîner. La taverne était pleine. Il y avait des Asurs de tous les horizons qui étaient présents. Mais je mangeais dans mon coin. Je n’avais pas envie de parler de quoi que ce soit. En revanche, j’appris par hasard que le prochain départ de renforts pour Arnheim partirait dans trois jours. Aryana devait en faire partie car le précédent était parti il y a plus d’un mois. Je partis me coucher peu après, priant pour qu’ils ne rencontrent pas d’Arches Noires sur leur chemin.
Le lendemain matin, je m’habillais humblement (pour un Prince Dragon) et sortis peu après avoir mangé. Je marchais tranquillement vers le temple, pensant à la suite de mon voyage. Je devais prendre un transport pour Avelorn d’où je gagnerais Chrace par voie de terre. J’arrivais rapidement au temple d’Asuryan. Il faisait à peine jour et il n’y avait pas encore grand monde dans les rues. Je donnais mes armes aux Gardes Phénix qui les entreposèrent dans un casier et me donnèrent un morceau de parchemin avec un numéro. Puis, je pus rentrer. Là encore, il n’y avait presque personne. Aussi, je pus tranquillement me diriger vers la Flamme Eternelle et prier devant. Tous les elfes connaissaient le chemin à partir de l’entrée et l’apprenaient dès qu’ils savaient marcher. Après une petite demi-heure de marche, j’arrivais enfin devant. Il y avait une bonne dizaine de Gardiens à proximité. Tenter quoi que ce soit serait de la pure folie. Je regardais la magnifique flamme d’un blanc pur juste devant moi. Je me mis alors à réciter la prière à Asuryan. Une fois terminée, je me perdis dans mes pensées tout en regardant la flamme.
Je repartis plusieurs heures après. C’était presque l’heure du déjeuner. Je redescendis directement à l’auberge, presque vide. J’avais réussi à y arriver rapidement malgré la foule dans les rues. En effet, il avait, dans les faits, moins de monde que dans le port de Lothern. Mais les rues étaient assez petites, tout comme les quartiers autour du temple. Je mangeais rapidement avant de monter prendre mes affaires. Une fois à nouveau en bas, je payais tous les repas et la nuit au comptoir. En laissant un supplément pour la qualité du service. Je récupérais ma monture et partis rapidement vers le port, presque à contre-courant de la foule. En arrivant, j’allai directement à la capitainerie après avoir demandé mon chemin. Je demandais les navires en partance pour Avelorn. Un partait dans quelques heures et était loin d’être plein il y a encore deux heures. Je rejoignis immédiatement le quai d’embarquement et vis le bateau, attendant sagement ses passagers. C’était un navire rapide et solide. Je demandais le capitaine qui arriva peu après. Il m’accepta immédiatement à son bord, moyennant une partie de la somme payée d’avance, ce qui fut rapidement fait. J’embarquais immédiatement. Etant le plus noble à bord, j’avais le droit à une cabine privée. J’installais mes affaires et m’allongeais. Je me demandais où était Aryana et ce qu’elle faisait. J’espérais qu’elle survivrait assez longtemps pour lui laisser une chance de revenir. Mais je me devais de l’oublier. Ressasser le passé ne servirait à rien sinon à me rendre malheureux. J’avais l’obligation d’aller vers l’avant.
Nous partîmes quelques heures plus tard, au moment prévu. Le Bénédiction d’Isha quitta lentement la rade avant de se mettre à contourner l’île. Je sortis pour admirer le spectacle. Le Temple d’Asuryan était magnifique ainsi. Nous nous éloignâmes de l’île alors que le soleil se couchait à l’ouest. Nous pûmes alors prendre de la vitesse, le vent soufflant plus fort. Le repas me fut servi dans ma cabine et je me couchais peu après. Le voyage terrestre allait être long et éprouvant. Dans l’après-midi du lendemain, nous arrivâmes au large de l’Île des Morts. Là où était le Vortex. J’étais sur le pont, appuyé sur le bastingage. J’avais l’impression d’entendre des voix qui criaient des sorts.
« Si vous entendez des voix, c’est normal monsieur. »
C’était le capitaine. Il m’expliqua que c’était le sort qui avait créé le Vortex et que la magie causait cela. Je ne pus détacher mon regard avant la nuit car certains de mes ancêtres étaient morts au combat là-bas pour permettre la création qui allait sauver le monde de la destruction ultime. Chose que beaucoup de monde ignorait.
Le navire arriva trois jours plus tard en Avelorn, dans un petit port dont j’ai oublié le nom. Après avoir payé pour la traversée (et un petit supplément) et fait des provisions importantes, je pris ma monture et partit droit vers le nord. Même si je ne voyais encore que la forêt, je savais qu’il y avait les Annulii au delà de cette dernière. Et ces montagnes étaient mon premier objectif. Je commençais ainsi le voyage par des plaines enchanteresses. Les rares elfes croisés semblaient heureux d’être là. Puis, j’entrais dans l’immense forêt ancestrale. Ici, il y avait des arbres vivants. Tous les êtres croisés semblaient être heureux. Pourtant, je savais qu’il y avait parfois des monstres qui descendaient des montagnes. Aussi, je restais sur mes gardes en permanence. Je ne dormais que d’un seul œil, au cas où. Mais la forêt restait apaisante. Parfois, j’entendais au loin des cris de joie et de fête. Ou bien je pouvais des petits palais construits au cœur des bois et épousant ces derniers. Certains ressemblaient par bien des points aux maisons des elfes sylvains habitant Athel Loren. J’avançais de jour, me repérant grâce au Soleil. Puis, finalement, près de deux mois après être rentré dans la forêt, je parvins aux contreforts des montagnes. L’épreuve la plus importante du voyage allait commencer. Je m’arrêtais brièvement dans un village pour faire des provisions. Je n’allais pas rencontrer de concentration de population avant les villages chraciens. Aussi, il fallait en profiter autant que possible. Puis, je commençais le franchissement du grand obstacle naturel. Il n’y avait pas réellement de passes entre Avelorn et Chrace. La majorité d’entre elles étaient solidement gardées mais je ne voulais pas vraiment me retrouver au milieu d’une garnison. Je me sentirais obligé de les aider. Or, je voulais aller dans la forêt. Le paysage était tout le temps à la fois semblable et à la fois différent. Tout était enneigé et soit blanc, soit gris. Mais les montagnes avaient toutes leurs particularités, comme si elles étaient des êtres vivants. Ce paysage ressemblait fortement à celui de Caledor. Et cela m’apaisa un peu, me faisant penser aux bons moments passés durant mon enfance. Après trois semaines de route, je finis par sortir des montagnes, pour plonger directement au cœur de la forêt chracienne. Là, je commençais à voyager sans but tout en tentant de ne pas tourner en rond. Après cinq semaines, je tuais rapidement un lion blanc devant d’autres chasseurs. Je pus gagner le droit d’utiliser sa fourrure comme cape contre le froid. Ce dont je ne me privais pas. J’accompagnais les locaux jusqu’à leur village car ils me l’avaient proposé. J’y resterais presque une année complète.
Le village n’avait qu’un bon millier d’âmes et était très austère. Mais ce n’était pas comparable non plus avec ceux des Terres des Hommes. Il était tout de même bien plus confortable. Il était situé bien au nord de Tor Achare, la capitale de Chrace. La vie était simple. Si les bêtes sauvages nous attaquaient très rarement, il n’en allait pas de même pour nos ennemis jurés. Le royaume était sur la route des invasions pour Ulthuan et il n’était pas rare qu’ils parviennent en nombre jusqu’ici. Aussi, je les aidais à se défendre. Chez eux, tout le monde combattait, hommes comme femmes. Et je finis même par m’attacher à l’une des leurs. Mais elle tomba au combat, dans une embuscade, peu de temps avant mon départ. Nous avions partagé plusieurs moments sympathiques sans aller plus loin que ce que la décence nous autorisait. Elle avait presque réussi à me faire oublier Aryana. Mais sa mort la ramena à mon esprit trop fortement. Je la ramenais au village et assistais à son enterrement. Je partis trois jours plus tard vers le sud. Je voulais rentrer chez moi.
Le voyage reprit ainsi à travers les forêts de Chrace, les montagnes, la forêt d’Avelorn, la Mer Intérieur et les montagnes de Caledor. J’étais heureux de retrouver mon royaume natal. Mais mon cœur saignait encore. J’étais persuadé de ne jamais pouvoir vivre heureux. Je commençais sérieusement à rentrer dans les Gardes Phénix alors que j’arrivais à Tor Crevnan. Ma famille m’accueilli avec joie, sauf Imrik, en campagne. Iryana tenta bien de me remonter le moral. Mais seule la bataille parvenait à me faire oublier ma peine. Et la plus terrible de toutes celles que j’avais connues jusque là allait se jeter sur nous.
Un peu moins de deux ans après mon retour, une flotte ennemie fut signalée par les avant-postes au nord du domaine. Il y avait quelques jours pour se préparer. Nous eûmes le temps de faire partir notre maigre flotte au large. Il fallait éviter qu’elle ne se fasse détruire. Elle partit rejoindre, avec assez de vivre, la Citadelle du Crépuscule, au Sud de la Lustrie, à l’abri des Naggarothiis. Mon père ordonna rapidement la mise en place de la défense de la cité. Mais les nouvelles tombèrent de tout Ulthuan. L’Île entière était envahie. Lothern était assiégée. Tout comme Tor Achare, Tor Elyr et les principales villes. Pratiquement plus aucune cité n’était libre de ses mouvements. Pire, l’ennemi s’était allié à des armées du Chaos et ils marchaient côte à côte. Il faudrait tenir aussi longtemps que possible en espérant que les dragons se réveillent. Nous avions cinquante ans de stocks de nourriture pour tenir sans se rationner. Cela devrait être suffisant. Très rapidement, la population fut évacuée jusque dans les montagnes, dans les caches prévues à l’avance. Il y avait de quoi faire vivre trois fois la population de la ville dans les immenses cavernes. Puis, je vis mon père s’enfoncer au cœur d’une autre montagne. Celle où il y avait les dragons. Aussitôt, je pus voir ma mère sortir de leurs appartements en tenue de combats. Elle avait l’air d’être une autre personne. Elle avait revêtue une armure lourde enchantée brillant au soleil. Sur ses épaules, une très grande cape en peau de lion. Une grande hache de bûcheron enchantée pendant sur son flanc gauche et une épée simple sur le droit. Tout le monde se mit à lui obéir immédiatement car c’était prévu en cas d’urgence. Alors que l’ennemi arrivait, nous étions prêts au combat. Des renforts nous étaient parvenus de nombreux villages qui avaient été abandonnés.
Les Naggarothiis arrivèrent en milieu de journée mais ne commencèrent pas immédiatement l’assaut. Ils devaient vouloir se reposer. Leur flotte, très nombreuse, établi un blocus. Plus loin, nous vîmes débarquer des troupes hors de portée des nôtres. Et un combat terrestre était trop risqué. Cela affaiblirait nos défenses, ce qui donnerait aux marins ennemis l’avantage d’attaquer sans que nous ayons des réserves. Finalement, nous fûmes assiégés pratiquement de tous les côtés. Seule l’autre versant de la montagne où étaient logés les civils était inaccessible. Ainsi, nous avions une porte pour le moment toujours libre.
Ils ne commencèrent à attaquer que trois semaines après être arrivés. Cela débuta pendant des jours et des jours par des bombardements ininterrompus à la baliste. Les nôtres répliquaient dès que possible et dès que cela servait. Car nos munitions étaient comptées malgré nos stocks très importants. Les servants devaient viser en priorité les navires de la flotte dès qu’ils s’aventuraient à portée de tir. Après un mois de tir, l’ennemi lança l’assaut sur la partie joignant la ville au port. Celle-ci fut rapidement coupée à cause de la puissance déployée. Ma mère m’ordonna alors de prendre trois compagnies de Princes Dragons et d’aller permettre aux hommes encerclés de rejoindre Tor Crevnan. Je les formais rapidement. J’ordonnais d’ouvrir les lourdes portes avant des les emmener. Des régiments de lanciers et d’archers se déployèrent derrière nous pour maintenir la possibilité ouverte. Mon dernier ordre avant la charge fut de ne jamais se laisser prendre vivant. Peu après, nous chargeâmes sur les rangs ennemis. C’étaient surtout des maraudeurs du Chaos. Ils furent culbutés. Je relançais autant de fois que possible les combats. Je taillais à gauche, à droite, à gauche, à droite. J’étais littéralement en transe. Nous parvînmes finalement sans trop de pertes jusqu’au port fortifié. Le commandant lança une sortie après avoir détruit tout ce qui ne pouvait être transporté. Il nous accompagna jusqu’à Tor Crevnan. Il fallut alors recommencer. Une fois les portes fermées, je pus constater l’ampleur des dégâts. Un dixième des unités était mort ou porté disparu au combat. Tout le monde sans exception était blessé. Mais la mission était réussie. Ma mère me félicita devant tout le monde.
Puis, le bombardement repris pendant des mois et des mois. En général, nous nous occupions en nous entraînant à l’intérieur du fort dans les salles d’armes. Ainsi, notre niveau augmentait. De temps à autre, il y avait des tentatives d’assaut qui étaient rapidement repoussées. Ce rythme dura ainsi pendant environ deux ans et demi, à partir du début du siège. Les nouvelles d’Ulthuan devinrent de plus en plus mauvaises. Lothern était assiégée, tout comme la Tour Blanche de Hœth. Tor Achare était agonisante sous les assauts. Presque le pays était occupé. Pire, la Reine Eternelle avait disparu sans laisser de traces. Avelorn brûlait. Les assauts se firent alors de plus en plus violents. Nous sentions que l’ennemi voulait en finir. C’est alors que nous apprîmes que les premiers dragons se réveillaient dans le royaume de Caledor. Les attaques étaient de plus en plus meurtrières. Nous avions de plus en plus de mal à repousser l’ennemi.
L’une d’elle débuta par un assaut au sud. Puis, ils attaquèrent de tous les côtés. J’étais alors sur les remparts du côté Est. Je combattais contre des lanciers Naggarothiis, au milieu de lanciers Asurs. Nous tentions de les repousser au-delà des remparts quand ils s’écartèrent pour laisser passer un elfe faisant une tête de plus qu’eux. Il avait un heaume étrange (même pour un Naggarothii), une armure rouge comme le sang et une énorme épée à deux mains. Un seigneur de la Cité Maudite et un cultiste de Khaine. Cela se voyait comme un dragon dans un tunnel. Il lança un défi. Je le relevais. C’était non seulement mon honneur de Prince Dragon mais aussi mon devoir en tant qu’héritier de cette ville que de défendre nos terres et de relever les défis. Je m’avançais alors que les guerriers autour de nous reculaient pour nous laisser de la place.
Il chargea le premier. Je parais le coup avec mon bouclier en tentant de donner un coup d’estoc. Mais il esquiva agilement avant de repartir au combat. La première passe s’acheva sans que l’un ne puisse toucher l’autre. Des éclairs bleus parcouraient sa lame. Elle devait donc être enchantée. Je serrais plus fort Amlugcrist et partis cette fois-ci à l’assaut. Je parvins à obtenir le premier sang mais fut blessé aussitôt après à la joue. Je sentis le sang poisseux couler le long du visage. Ce n’était pas la première fois mais cela me contrariait. Pire, la situation sur les remparts nous était défavorable. L’ennemi gagnait du terrain ailleurs. Et cela perturbait mon combat. Il perçut mon moment d’hésitation et attaqua. Je le repoussais vivement. Nous étions de talents égaux et de forces égales. Nous commençâmes alors à nous tourner autour. Jusqu’à ce qu’il dérape très légèrement sur un cadavre de lancier asur. J’avais enfin l’ouverture. J’attaquais, juste avant qu’il ne reprenne son équilibre, de toutes mes forces. Amlugcrist se mit à briller d’une intense lumière rouge et perça son armure avant de le tuer sur le coup. Le pouvoir de la lame était impressionnant. Encouragés, les lanciers repartirent à la charge devant des traîtres découragés. L’ennemi finit par être rejeté aux pieds du mur. Mais sur le reste des remparts, la situation était très critique. Je vis au loin mon frère et ma mère combattre une manticore et parvenir à la faire chuter mais des centaines d’ennemis arrivaient et les lanciers n’allaient pas pouvoir tout faire.
Soudain, un terrible rugissement empli l’air. Suivit d’un autre. Tout le monde s’arrêta, surpris. Il venait de la montagne. Une immense forme jaillit vers les remparts sud et dévasta les lignes ennemies. Un autre fit de même vers le nord, là où étaient ma mère et mon frère. Ce dernier portait un cavalier. Mon père. Les dragons se réveillaient. Je ralliais autant de troupes que possibles et partit en direction des remparts sud pour aider à les défendre. Sans dégarnir réellement les remparts est. Nos troupes poussèrent des cris de joie à la vue des deux dragons stellaires qui s’étaient joints au combat. Nous allions pouvoir tenir plus longtemps désormais.
Dans les semaines qui suivirent, je reçus l’invitation de commencer à monter le deuxième dragon, alors sans cavalier. Il se nommait Arsvagnir. Mon père m’apprit tout ce qu’il fallait sur l’art de monter et de combattre depuis un dragon. Ce fut le dragon qui m’apprit aussi le Chant d’Eveil. Même mon père ne le connaissait pas. La situation se retournait lentement en notre faveur. Avec l’aide des dragons, repousser l’ennemi était moins compliqué. Car les murailles avaient été conçues pour qu’ils puissent combattre dessus. Et ils étaient terribles dans ces espaces. Je pouvais voler dans les airs. Je pris un plaisir sans nom à le faire. C’était des sensations étranges et nouvelles. Mais extrêmement plaisantes. Cependant, je n’en oubliais pas la bataille. En raison de mes nombreux faits d’armes, mon père m’avait nommé Prince d’Ulthuan. Seul un prince le pouvait et il l’était. De plus, j’avais officiellement le droit de commander et de demander à rassembler des armées. Car même si nous avions plus de facilités à repousser l’ennemi, leurs assauts étaient toujours plus violents. Jusqu’à ce que presque tous les dragons de la montagne se réveillent. Un jour, il y eut ainsi une sortie massive d’une vingtaine de dragons solaires et de quelques dragons lunaires. L’ennemi prit peur. Nous rassemblâmes rapidement nos forces et organisâmes plusieurs sorties assez violentes. Le siège commençait à être brisé.
Dix jours plus tard, tous les soldats étaient bien reposés. En effet, l’ennemi n’avait plus attaqué et ses bombardements continus avaient baissé en intensité. Il pensait ses plaies, tout comme nous. Nous décidâmes d’organiser une sortie massive pour définitivement briser le siège. Surtout que deux autres armées de Caledor arrivaient vers nous pour nous aider. Elles arriveraient dans l’après-midi. L’assaut général fut lancé. Nous atteignîmes rapidement leurs campements. Le massacre put commencer. Je descendis rapidement de ma monture et tuait tous les soldats qui ne portaient pas un uniforme asur. Nous étions avides de vengeance envers tous nos frères et nos sœurs d’armes tués ou prisonniers. Car oui, les femmes s’étaient battues pour défendre la cité. Les simples citoyennes en avaient le droit chez nous, mais uniquement pour défendre la ville ou le fort. Pas pour les expéditions en dehors (sauf accord). L’avantage est que cela laissait toujours de quoi défendre Tor Crevnan en cas d’urgence. Je passais dans les tentes, mes arrières couverts par Arsvagnir. Nous nous entendions bien. Et malgré son âge assez important, son caractère ressemblait plus à celui d’un adolescent, dragon certes mais un adolescent quand même. Nous étions semblables sur bien des points au niveau du comportement.
Je tuais presque en permanence et sans aucun remord ni aucun regard en arrière. A vrai dire, cela me plaisait de tuer autant d’ennemis. Je vis au loin les dragons solaires détruire la flotte ennemies. Ils furent renforcés par ni plus ni moins que cinquante dragons dont Minaithir et Imrik, le Roi de Caledor en personne. Soudain, j’arrivais dans une très grande tente. Cela ressemblait plus à des appartements privés qu’à autre chose. Je vis une grande piscine remplie de sang. Malgré toutes les horreurs vues jusque là, j’eus un haut le cœur. Quelqu’un se jeta sur moi. Mais un seul coup d’épée suffit pour l’envoyer au sol, gravement blessé. Je vis alors une elfe nue, les bras et les jambes écartés et attachés à deux poteaux. Elle avait la tête baissée, de longs cheveux qui devaient être blonds mais qui étaient crasseux encadraient son visage. Elle avait de multiples coupures partout sur le corps. Je m’approchais, méfiant. Je me figeais d’un seul coup quand elle releva la tête. C’était Aryana. J’étais interdit. Que faisait-elle ici ? Dans cette situation ? Comment était-elle arrivée là ? Elle semblait endormie ou inconsciente jusqu’à ce que je la voie relever légèrement la tête. Son regard s’arrêta sur le mien. Elle me supplia dans un murmure :
« Tuez-moi. »
C’en était trop. Je rangeais ma lame et sortit une dague. Je la détachais et elle s’effondra dans mes bras. Elle était au bord de l’inconscience et probablement de la mort. Je la ramenais vers l’extérieur de la pièce et nous passâmes à côté du Naggarothii agonisant toujours. D’un coup, elle me prit un poignard et se jeta sur lui. Elle le poignarda violemment de nombreuses fois sans qu’il ne puisse résister. Il hurla de détresse alors qu’elle le massacrait. Je ne réagis pas, sachant qu’elle se vengeait de tout ce qu’elle avait subi. Et que ce dernier ne devait pas y être étranger. Son visage fut réduit à l’état de bouillie informe. Mais elle continuait encore et toujours. Je finis par détacher ma cape en peau de lion et m’approcher d’elle avant de l’entourer avec et de lui murmurer :
« C’est terminé, c’est terminé. Il ne pourra plus jamais rien te faire. »
Aryana s’effondra en larmes dans mes bras. Je repris ma dague et après l’avoir essuyée, je la rangeais. Puis, je pris Aryana dans mes bras et l’amenai à l’extérieur. C’était un carnage. La flotte ennemie brûlait sur place. Les campements étaient dévastés. Arsvagnir m’attendait et me demanda par la pensée :
« C’est donc elle ta petite amie ?
-On n’est pas ensemble.
-Mais tu l’aimes encore.
-Tu vas me lâcher oui ?
-Pas avant que tu ne me l’avoues.
-Qu’est-ce que ça peut te faire ?
-N’oublie pas que nous sommes liés jusqu’à ce que l’un de nous meurt désormais. Tout ce que tu fais à des répercussions sur moi et inversement.
-Je suis au courant.
-J’essaye juste de t’aider.
-Je ne l’aime pas.
-Redis-le moi dans les yeux. – Je tournais mon regard dans ses yeux.
-D’accord, t’as gagné. Je l’aime encore. Mais qui te dis qu’elle m’aime encore ?
-Sinon elle ne serait pas en vie.
-Mais oui bien sûr. – J’étais vraiment loin d’être convaincu.
-C’est ce qu’on verra. En tout cas, montez sur mon dos, je vous ramène à la tanière.
-La ville, pas la tanière.
-Ah oui pardon.
-Reptile imbécile. »
Il m’envoya un coup de queue très léger dans la tête. On aimait se taquiner l’un l’autre. C’était dans ce sens qu’il était encore un adolescent. Je m’installais solidement sur la selle en mettant Aryana devant moi. Puis, le dragon décolla vers Tor Crevnan. Nous arrivâmes deux minutes plus tard dans le grand hall du palais. Je descendis rapidement avant de porter la blessée jusque dans mes appartements. Elle serait au moins au calme là-bas. Puis, j’envoyais chercher des soigneurs alors que j’enlevais une partie de mon équipement. Ce fut Iryana qui arriva la première, apprenant que j’étais rentré avec une personne blessée. Elle s’approcha du lit et eut une grimace de dégoût. Elle me vit et me prit dans ses bras.
Les jours et semaines suivants furent affreux. Les soigneurs avaient bien réussis à panser toutes ses plaies. Mais elle était dans le coma. Et je ne pouvais rien faire. Même les nouvelles du retour de la Reine Eternelle, de la victoire d’un certain Tyrion à Finuval et la fin du siège de Lothern ne me consolèrent pas. Je ne voulais pas la perdre. Mon père m’annonça alors que nous devions partir pour le nord avec l’armée pour libérer Ulthuan. A contrecœur, je m’équipais et partis. Ma sœur me promit de veiller sur Aryana nuits et jours. Et de m’informer dès que possible du moindre changement de son état. Je la remerciais et partis avec mon père.
Même les batailles ne m’apportaient plus aucun plaisir. J’étais d’humeur massacrante selon tout le monde. Et j’évacuais ma frustration sur nos ennemis, acquérant une sinistre réputation dans les rangs ennemis. Si bien qu’une fois arrivés à Chrace, certains régiments ennemis commençaient à paniquer rien qu’en me voyant. Nous retrouvâmes le Roi Phénix à Tor Achare, ainsi que le fameux Tyrion. Je dois avouer que même s’il était très beau, excellent combattant et avait tout pour lui, je ne l’aimais pas. Je n’étais pas jaloux de lui, loin de là. Mais je ne l’aimais pas. Une expédition fut montée pour reprendre l’Île Blafarde. Ce qui fut fait en l’espace de trois jours. Puis, je m’occupais avec quelques troupes de nettoyer les îles aux alentours de toute présence ennemie. Mais cela eut une fin et il fallait rentrer à Tor Crevnan. J’espérais juste ne pas avoir de mauvaises nouvelles ou que ça ne tourne pas mal. Arsvagnir me conduisit jusque chez nous alors que les autres régiments que j’avais commandés rentraient dans leurs royaumes d’origine. J’avais été fier d’eux et nombre d’entre eux avaient promis de faire perdurer ma légende. Mon haussement d’épaule en surprit plus d’un. Ce n’était pas courant qu’un Prince Dragon, qui plus est monté sur un dragon stellaire, se moque d’une telle chose. Au contraire. Cela était la norme parmi nous que de vouloir faire perdurer nos exploits. Cependant, ils avaient tous deviné que quelque chose n’allait pas avec moi. Des rumeurs avaient couru un temps sur le fait que j’avais été maudit. Mais elles avaient été vite démenties. Finalement, ils avaient tous abandonné.
Une fois de retour, je m’occupais d’abord d’Arsvagnir dans les écuries pour dragon. Trois années étaient passées depuis mon départ. Tout avait été reconstruit depuis. D’après ma sœur, Aryana se réveillait parfois mais replongeait rapidement dans le coma pendant des semaines après avoir mangé. Cela durait depuis peu après mon départ. Je me rendis rapidement à son chevet après avoir salué mon père, ma mère, Imrik et Astarielle qui étaient eux aussi revenus des îles du nord. Ma grande sœur était juste à ses côtés. Elle dormait paisiblement, comme si elle était en paix. Je souris furtivement en voyant cela. Je m’assis de l’autre côté du lit en la regardant. Iryana me dit qu’elle allait légèrement mieux mais qu’elle n’arrivait pas à parler pour le moment.
Plusieurs jours après mon retour, j’étais à nouveau à côté du lit. Je dormais dans une autre chambre en attendant. Soudain, Aryana ouvrit les yeux et tourna sa tête vers moi avant de me dire :
« On se connaît ? »
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Re: L'histoire de Gilgalad
Lun 23 Jan 2017 - 12:51
Bon, voilà la suite Désolé pour le double-post mais c'est pour la bonne cause (allez pas râler, je tiens mes délais, enfin à peu près ). A noter que le chapitre 13 (qui ne porte pas malheur pour autant ) sera publié le week-end prochain
« Vous êtes qui ? »
La phrase résonnait dans ma tête. Comme définitive. Elle ne se souvenait pas de moi. Soit elle m’avait complètement oublié, soit elle était amnésique. Aussi, il fallut prendre une décision pour lui répondre.
« Je suis Gilgalad Swiftblade et tu es chez moi.
-Attendez, vous me connaissez ?
-Heu, oui. Je t’ai entraînée pendant une bonne dizaine d’années.
-Ah.
-Vous ne vous souvenez vraiment pas de moi ? – Ma voix se brisait sans que je ne me rende compte.
-Vous ne me tutoyez plus ?
-Bah si vous dites ne pas connaître il n’y a aucune raison de le faire. Mais vous n’avez pas répondu à ma question.
-Si vous le dites. Et sinon, non, je ne me souviens pas de vous.
-D’accord. Je vais prévenir que vous êtes réveillée. »
Alors que je m’en allais de la chambre pour aller chercher Iryana, elle éclata de rire. Je me retournais vivement et la vit complètement hilare. Je ne comprenais pas du tout ce qu’il se passait.
« Si tu avais vu ta tête !
-Je… De quoi vous parlez ?
-Evidemment que je me souviens de toi espèce de couilles de troll des marais !
-Ah… Euh… Je…
-C’est bien la première fois que tu perds tes mots, non ?
-…
-Je t’ai fait marché c’est tout.
-Mais donc tu te souviens de tout ?
-Du meilleur comme du pire.
-Ah. Bon bah je vais aller les prévenir.
-Attend. Tu peux t’approcher ? T’as quelque chose sur le coin de la bouche ?
-D’accord. »
Je soupirais en me demandant ce qu’elle avait vu. Mais une fois que je m’étais penché, elle me prit le visage et m’embrassa sur la bouche.
Je me séparais vivement, surpris. Je ne comprenais plus rien. Je la vis alors se renfrogner et commencer à avoir les larmes aux yeux. Je tentai de lui demander mais elle refusa de me répondre. Je partis alors voir ma sœur pour la prévenir. Elle était heureuse et courut dans la chambre pour aller au chevet de la nouvellement réveillée. Elles se parlèrent quelques instants juste avant qu’Iryana me sorte en se retournant :
« GILGALAD SWIFTBLADE !! ON DOIT PARLER !!
-Oh mince. »
Je sentais qu’elle était en colère. Et malgré tout le courage dont je pouvais faire preuve au combat, il fallait parfois savoir fuir quand le danger était trop grand. Et une grande sœur magicienne en colère faisait partie de cette catégorie-là de créatures à fuir et à ne surtout pas affronter. J’étais à peine plus rapide qu’elle, malgré mon entraînement car elle avait toujours aimé courir. Nous connaissions tous les deux les moindres recoins du palais et de la ville en dehors de l’intérieur des maisons et des échoppes. La course-poursuite dura des heures jusqu’à ce que je la sème enfin avant les écuries à dragons. Je sellais rapidement Arsvagnir et le monta avant de nous envoler. Nous passâmes juste au dessus d’Iryana. En faisant un tonneau à ce moment, je lui tirais la langue. Nous partîmes immédiatement vers l’est après l’avoir entendue rager contre nous.
« Tu es vraiment un grand enfant parfois.
-De la part du dragon qui veut absolument me caser avec une fille, peu importe qui elle est ?
-Non ce n’est pas vrai.
-Ah oui ? A Tor Elyr avec la fille du seigneur Finlain ? A Tor Achare avec ma cousine Astaria ? Et sans compter toutes celles de villages libérés ou autres femmes qui passaient ?
-Tu aurais bien pu te mettre avec l’une d’elles.
-Oui mais je ne voulais pas.
-Pourquoi tu repousses Aryana alors ?
-Je… Comment tu es au courant ?
-J’ai une ouïe très fine je te rappelle. Et quand Iryana hurle, c’est relativement bruyant.
-Ah oui d’accord. Sinon, ça te dit une petite balade jusqu’au coucher du soleil ?
-Ça me va. Même si j’ai pu pas mal voler ces derniers temps, ça faisait un petit peu trop longtemps que je n’avais pas volé.
-Combien de siècles ?
-Oh, déjà trente. Quand j’y pense, ça faisait vraiment trop longtemps. J’aurais dû me réveiller avant. Ça me manquait trop. Mais dans le même temps…. »
Arsvagnir était parti pour un de ses longs monologues dont il avait l’habitude. Tandis que nous volions à travers les cieux, j’en profitais pour regarder au loin. Si j’avais toujours aimé voir depuis des points élevés de la forteresse, depuis un dragon et en volant, c’était sans commune mesure. De plus, les sensations au cours du vol étaient extraordinaires. La plus incroyable d’entre elles était la sensation de liberté complète ressentie. Je me sentais libre d’aller et venir où je le voulais avec un dragon qui était mon meilleur ami.
Mais il fallait rentrer. A contrecœur, je demandais à mon ami de mettre le cap sur Tor Crevnan. Il pouvait voler pendant plus de trois jours sans se fatiguer. Ou alors voler sur la même distance que les trois jours à toute vitesse et faire la distance en une journée mais il devait alors se reposer pendant près d’une semaine. Souvent, les cavaliers et dragons préféraient la première solution si la zone à l’arrivée n’était pas sûre. Il fallait pouvoir évacuer en cas d’urgence ou pouvoir garder des forces pour un éventuel combat. La seconde possibilité n’était gardée qu’en cas d’urgence. De plus, elle épuisait aussi le cavalier à cause du froid et de la vitesse qui rendait impossible la vision ailleurs que devant soi.
Nous arrivâmes aux écuries. Je déposais le dragon et m’occupais de lui. Nous avions assisté au coucher de soleil. C’était l’été et il était donc très tard. Une fois « l’entretien » terminé, je repartis vers le palais, l’esprit libre. Je me dirigeais vers la grande salle à manger où nous prenions nos repas habituellement. Perdu dans mes rêves d’exploration, je percutais une personne juste devant moi. Iryana.
« Alors comme ça, on tente de tricher ?
-Heu… Non. C’est juste que je me bats avec mes armes, c’est tout. – Mon sourire était mal assuré.
-Mouais. Bon, on va manger. On t’attendais gros troll baveux.
-Hé ! »
Je la suivais et m’installais à table après avoir salué mes parents. Le repas n’allait pas tarder à être servi. Et je sentais déjà que j’allais me faire gronder par mes parents pour être parti toute la journée sans pratiquement aucune affaire et sans prévenir qui que ce soit. Au point que je m’imaginais déjà la conversation dans ma tête. Je l’avais déjà vécue de nombreuses fois dans mon enfance où je m’échappais du palais pour aller dans la ville. La seule différence est que là, j’étais parti à dos de dragon. Ce qui présentait moins de risques en y pensant. Il était plus facile pour un espion d’enlever un enfant seul que de tuer un dragon et de capturer vivant son cavalier sans se faire tuer. Et ce en partant du principe que le dragon ne puisse pas s’envoler et soit déjà au sol.
Tout le monde arriva peu après moi dans la salle. Etrangement, mon père et ma mère ne me dirent absolument rien. En revanche, mes frères et sœurs me faisaient la tête. A vrai dire, je m’en moquais. Je repensais aux sensations éprouvées durant le vol et ne prêtais pas du tout attention à la conversation qui portait sur les rares dernières reconstructions à effectuer. Elles concernaient surtout les murailles entre le port et Tor Crevnan. Ainsi que les protections magiques de la cité-forteresse. Je ne voyais plus mon avenir s’inscrire dans ces murs en tant que seigneur de ces lieux dans le futur. Je me demandais si c’était mon jeune âge ou bien autre chose. Mais je ne me voyais pas ici plus tard. Soudain, Aryana arriva au repas, les traits tirés par la fatigue. J’entendis vaguement mon père la prévenir que le sien arriverait en début de journée dans trois jours. Elle se tourna alors vers moi en me disant :
« Gilgalad, tu as l’air absent. Qu’est-ce qu’il y a ?
-Rien. – Je ne voulais pas être dérangé à vrai dire.
-Si. Quelque chose ne va pas. Tu peux nous le dire tu sais. Et si jamais tu ne veux pas que je le sache, je peux sortir de la pièce le temps que vous en parliez.
-Tu n’es pas sensée être à Arnheim toi ? Je veux être tranquille. Point final. Si vous n’êtes pas d’accord, ce n’est pas mon problème.
-Gilgalad, quel est ton problème ? – Mon père intervenait.
-Je veux juste pouvoir être tranquille. C’est tout. Maintenant je n’ai plus faim. Merci pour cet excellent repas. Je vais dans ma chambre. »
Je me levais et sortis de la pièce avant de me diriger vers mes appartements et m’allonger sur mon lit. Les affaires d’Aryana n’étaient plus là. Elles avaient dû être déménagées durant la journée. Cela ne me gêna guère. J’enlevais mes affaires et mis une tunique pour la nuit avant de m’allonger sur le côté. Je voulais être tranquille. Je ne savais pas trop ce qui m’avait pris de répondre comme ça à Aryana. Mais je m’en moquais complètement. Surtout qu’elle avait fait comme jamais ne s’était passé et qu’elle n’avait jamais décidé de partir pour Arnheim en me laissant en plan. Je finis par me dire qu’elle avait peut-être trouvé quelqu’un d’autre et que son baiser avait été juste pour prolonger la taquinerie au bout. C’était sûrement cela.
Soudain, quelqu’un s’allongea juste derrière moi. Je sentis un bras passer sur mon bassin et une main se poser sur mon ventre, par-dessus la couette.
« Je suis désolée pour ce matin.
-Tu ne devrais pas faire ça.
-Faire quoi ?
-Te mettre ainsi derrière moi.
-Et pourquoi ça ?
-Il y a sûrement une personne qui t’attend, non ?
-Non. Personne ne m’attend ou que ce soit si l’on excepte mes parents.
-Mais oui bien sûr. Et t’as fait quoi à Lothern pendant deux ans ? Des broderies peut-être ?
-Plusieurs personnes m’ont demandé ma main ou m’ont fait la cour mais j’ai toujours refusé.
-C’est pour ça que tu es partie à Arnheim.
-En partie. Au moins j’avais la paix là-bas.
-Et l’honneur de ta famille alors ?
-Mes deux frères ont été tué ici. Donc il est sauf.
-Ah bon ?
-Oui. Le type que j’ai tué dans la tente était le plus vieux. Apparemment l’autre a été tué sur les remparts contre un type en armure rouge.
-C’était peut-être moi mais vu qu’on est quelques-uns à en porter, je ne peux pas te l’affirmer.
-Si, c’était toi.
-Qu’est-ce qui te permet de l’affirmer ?
-Le rapport d’un lancier à mon traître de frère. Il a détaillé le combat et quand il a décrit la lame qui l’avait tué, j’ai compris qu’il s’agissait d’Amlugcrist. Il y avait deux possibilités. Soit tu étais mort, trop gravement blessé pour te battre ou prisonnier et quelqu’un d’autre la portait, soit c’était toi. Et ta sœur m’a confirmé que c’était toi.
-Ah.
-Je t’en remercie.
-Ça ne m’explique pas comment tu t’es retrouvée là alors que tu étais censée être à Arnheim.
-Je me suis faite capturée sur les remparts là-bas. C’est mon frère qui m’a faite prisonnière. Résultat, je lui ai servi de souffre-douleur pendant près de trois ans.
-Désolé.
-Je… Ça arrive. Mais il n’arrivait pas à faire trop de mal. Il voulait que je les rejoigne.
-Je n’ose pas imaginer ce que tu as subi.
-Ça faisait très mal quand même. Et il semblait aimer ça. Je ne sais même pas comment j’arrive à le qualifier de frère. Un frère ne devrait pas faire ça envers sa petite sœur. Il m’a surtout fait du mal à partir du moment où tu as tué son petit frère au combat.
-Je suis désolé.
-Tu ne pouvais pas savoir. Mais tu ne m’as pas dit ce qui t’arrivais à toi.
-Je… Je ne sais pas trop.
-Viens. – Elle me força à me mettre sur le dos. Aryana blottit alors sa tête contre mon épaule avant de continuer. – Je serais toujours là. Si jamais tu veux que l’on recommence, n’hésite pas à demander.
-Je… Merci.
-Je t’aime encore. C’est ce qui m’a permit de tenir pendant aussi longtemps. Surtout quand j’ai appris que j’étais à côté de Tor Crevnan.
-Je… Oh et puis zut. »
Je tournais la tête et me plaça juste au-dessus d’elle avant de l’embrasser sur la bouche. Elle me le rendit avant de me donner un coup de poing dans le ventre.
« Ça, c’était pour ne pas m’avoir rendu le baiser ce matin.
-Je…
-Chut. J’ai raison. Terminé. Sinon, tu veux bien que je passe sous la couverture, il fait un peu froid.
-Ah oui. Désolé.
-Mouais. »
Aryana passa sous la couverture avant de mettre sa tête sur mon épaule et une jambe par-dessus les miennes. Je passais le bras derrière elle. Elle s’endormit peu après. Je repensais rapidement à notre conversation avant de sombrer dans le sommeil.
Le réveil fut presque enchanteur. Je me réveillais un petit peu avant Aryana. Je me levais rapidement et partis chercher un petit-déjeuner sur un plateau. Le soleil était déjà levé depuis une ou deux heures. Quand je revins dans la chambre, elle était encore assoupie. Elle avait presque l’air d’être une enfant comme cela. Elle avait un sourire aux lèvres et semblait heureuse. Je la réveillais doucement. Puis, nous prîmes ensemble le repas. On alla ensuite s’habiller. J’ordonnais à Aryana de s’habiller chaudement. Elle m’obéit tout en se méfiant de ce qui allait arriver. Je fis de même et nous descendîmes jusqu’aux écuries à dragons. Ces dernières étaient très peu occupées. La plupart des dragons étaient retournés dormir après la guerre. J’y retrouvais Arsvagnir. Je le sellais tout en faisant les présentations. Je montais devant Aryana et nous nous envolâmes très haut dans le ciel. Le dragon fit rapidement de nombreuses figures comme des piqués, des vrilles, des décrochages, des tonneaux. Ce qui arracha des cris de frayeurs à la passagère. Mais il finit par stopper et planer. On était arrivé à près de trois lieues d’altitude. Et l’on pouvait voir l’horizon très loin. Aryana était serrée contre moi avec les bras autour de la taille. Je la sentis me lâcher progressivement et redresser la tête cachée dans mon cou. Nous pouvions voler dans les nuages, les toucher des doigts. C’était tout simplement magnifique. Nous nous arrêtâmes à la mi-journée pour se sustenter. La pause fut faite en Ellyrion, au milieu d’une plaine parcourue par des troupeaux de chevaux sauvages. Arsvagnir se posa près d’une rivière où il put pêcher beaucoup de poissons. Nous repartîmes après une petite sieste, protégés par la queue du monstre. Nous décollâmes vers trois heures pour commencer à rentrer. Une fois posés dans l’écurie, je pus voir qu’Aryana avait des étoiles dans les yeux. Elle avait l’étincelle procurée par la joie de voler dans les cieux. Je lui promis de recommencer son entraînement là où il s’était arrêté. Elle m’embrassa pour me remercier.
Le dîner se passa tranquillement si ce n’est qu’Iryana nous regardait en permanence avec un drôle de sourire. Sourire qui me perturba. Aryana était perdue dans ses pensées et sursauta quand ma mère lui demanda ce que son père aimait pour manger. A nouveau, nous nous couchâmes ensemble. Mais sans aller plus loin que ce que la décence et les règles le demandaient.
J’étais alors en train de l’entraîner. Mon père avait depuis longtemps accepté le fait que nous nous aimions. Heureusement pour nous car cela me permit de lui faire accepter le fait de reprendre la formation de celle que j’aimais. Cependant, nous ne pouvions pas tout de suite attaquer par des mouvements trop complexes. Cela faisait six ans qu’elle n’avait pas combattu voire n’avait pas réellement fait de sport en dehors des combats à mort contre des humains dans des sortes d’arènes. Et trois ans qu’elle n’avait presque pas bougé à cause de ses problèmes consécutifs à la torture. Ainsi, cela commença par une simple remise en forme. Nous nous arrêtâmes qu’au moment du déjeuner. C’est à ce moment que nous rencontrâmes le père d’Aryana, arrivé probablement peu avant. Je le saluai tendis qu’Aryana se jetais presque dans ses bras. Il fit le dernier pas et la serra contre elle. Ces démonstrations d’affections entre parents et enfants étaient extrêmement rares dans ma famille, même en privé. Aussi, cela me surprit quelque peu de voir une telle chose. Aviar nous informa qu’il était invité à rester quelques jours. Il demanda peu après si Aryana comptait rentrer avec lui ou nous. Elle lui répondit que j’avais repris sa formation. Par conséquent, elle aller où j’irais. Il accepta rapidement sans discuter. Finalement, nous passâmes à table. La plupart des discussions tournèrent autour de la guerre et des conséquences. Caledor n’avait pas été épargné malgré sa résistance et sa puissance. Heureusement, très peu de dragons avaient été tués au combat. Aussi, en cas de nouvel assaut, ils seraient tout de même prêts au combat, à condition d’être réveillés. L’après-midi fut à nouveau consacrée à l’entraînement d’Aryana.
Les semaines puis les mois puis les années passèrent ainsi avec l’entraînement. Aryana retrouva au bout d’une année son niveau quand je l’avais laissée à Lothern. Puis, elle se mit à progresser. Nous dormions toujours côte à côte, mais sans aller plus loin. Il ne valait mieux pas qu’il arrive un accident alors que nous n’étions pas mariés. Nous allions souvent nous entraîner en dehors de Tor Crevnan. Arsvagnir nous emportait alors jusque là où nous le désirions. Il n’était pas rare que nous partions pendant des semaines. Ce fut durant l’une de ces expéditions que nous partîmes pour Chrace. Elle y tua son premier lion de guerre. Je lui appris à faire une cape avec la peau de ce dernier. Elle l’utilisa à partir de là pour se prémunir contre le froid. L’entraînement dura ainsi pendant quatorze ans. Je m’améliorais aussi fortement pendant ce temps. Je voulais toujours faire en sorte d’être meilleur qu’elle pour qu’il continue jusqu’à la date prévue pour la fin. Je ne voulais plus essayer de passer outre les règles. L’inconvénient était que nous ne pouvions avoir des mots doux l’un envers l’autre que lorsque nous étions seuls. Nous n’étions même pas fiancés. Alors lui faire la cour, bien que j’ai eu l’accord secret de ses parents, était inenvisageable en public et même devant des témoins. Cette fois, elle l’avait parfaitement compris. La captivité semblait l’avoir faite murir. Cependant, elle refusait toujours de parler de ce qu’elle avait subi. Je ne m’en formalisais pas. J’avais déjà lu des témoignages (rares) de rescapés des prisons des Naggarothiis. Ils donnaient l’impression de sortir tout droit de l’enfer. Si certains avaient remis leurs témoignages en doute, il était communément admis que ce n’était pas le cas.
Mes relations avec Aryana pouvaient être considérées comme compliquées pour quelqu’un d’autre que nous ou qu’Iryana qui réussissait, on ne sut jamais comment, à avoir tous les détails. Nous nous disputions souvent à cause de nombreux sujets. Le principal était sa cuisine, pour le moins désastreuse. Sauf quand il s’agissait de faire des choses très simples. Or, même en expédition, nous aimions manger autre chose que simplement des poissons (même si Arsvagnir ne voyait pas réellement de problèmes là-dedans) ou des lapins (ce que je n’aimais pas vraiment). Nous nous bagarrions assez souvent. Ce fut lors de ces moments que j’appris qu’elle avait réellement une grande force. Bien que de loin inférieure à celle de Korhil, le nouveau capitaine des Lions Blancs de Chrace, elle était capable de frapper très fort avec ses poings. Il m’arrivait assez souvent de me prendre des bleus. De plus, elle était très protectrice envers moi en expédition. Ainsi, un jour, un lion blanc me percuta par surprise. Je n’eus pas le temps de me relever qu’elle s’approchait de lui en ayant tirer sa hache de bûcheron et en lui hurlant dessus. Au point que la bête hésita au moment de se jeter sur elle. Ce qui fut fatal à l’animal. Malgré cela, j’étais extrêmement heureux à ses côtés. Je n’arrivais pas à envisager mon futur sans elle. Le plus étrange fut quand elle me révéla qu’elle avait eut la vision d’elle et moi dans un immense fort, entourés de morts-vivants que nous commandions, quelque part dans les Montagnes Noires. Je pris cela pour une hallucination, comme celle que j’avais eue après la discussion avec Gotrek. Ou bien un cauchemar. Elle en subissait de nombreux durant son sommeil. Mais avec le temps, ils se calmèrent. Elle refusait toujours d’en parler. Aussi, quand elle en avait un, je le sentais et me réveillais. Je la serrais alors contre moi, la laissant pleurer sur mon épaule. Puis, elle finissait par se rendormir et je la recouchais avant de faire la même chose. Mais je fus le plus heureux des elfes durant cette période.
Quatorze ans après son réveil définitif, je décidais de présenter Aryana à Imrik pour qu’elle soit autorisée à monter en grade dans l’Ordre. Aussi, nous voyageâmes jusqu’à la capitale du royaume de Caledor. Elle était anxieuse bien qu’essayant de ne pas le montrer. Mais nous avions passé suffisamment de temps ensemble pour que je le sache. Nous arrivâmes sur le dos d’Arsvagnir dans la grande forteresse, déclenchant de nombreux regards envieux de la part de d’autres Princes Dragons. Même après l’invasion, les Princes Dragons montant des dragons étaient très rares. Mais très respectés et enviés. Ils étaient considérés comme faisant partie de l’élite de l’ordre. Aussi, ils pouvaient siéger au conseil s’ils le désiraient. Nous étions à peine une quinzaine à ce moment à avoir un dragon réveillé comme monture. Aussi, notre aide était très prisée et très recherchée pour toute armée d’Ulthuan partant en mission, que ce soit sur l’Île ou ailleurs dans le monde.
Je demandais rapidement audience à Imrik en personne. Cependant, il était occupé avec les affaires de la ville et nous allions devoir patienter, le temps qu’un conseil restreint soit réunis. Aussi, nous partîmes droit à la salle d’arme. Le temps virant à l’orage, de nombreux novices s’y trouvaient. Nous nous installâmes dans un coin et commençâmes l’entraînement avec les haches de bûcheron. Puis, nous passâmes à la dague, à l’épée et au bouclier et enfin à la hallebarde. Nous n’arrêtâmes que quand un serviteur vint nous annoncer que le Roi de Caledor était prêt à nous recevoir. Nous vîmes alors les regards éberlués des apprentis et entendîmes leurs instructeurs leur dire :
« Voilà là où vous pourrez arriver dans quelques décennies. Mais cela nécessite un entraînement long et intensif. ALORS ON RECOMMENCE TOUT DE SUITE !! »
Je souris à Aryana qui me le rendit. Nous étions tous les deux passés par ces moments-là. Et cela nous rappelait quelques bons souvenirs. Aussi, nous en parlâmes durant la grande montée des marches jusqu’à la grande salle où le Seigneur des Dragons nous attendait. L’escalier était très long. La dernière fois que je l’avais monté, j’étais redescendu avec Aryana. J’espérais ne pas avoir à former quelqu’un d’autre cette fois. Du moins s’il l’acceptait parmi la deuxième catégorie. Car ce n’était pas toujours déterminé à l’avance. En effet, il pouvait décider de « renvoyer en apprentissage » la personne qui lui était présentée. Cela était fort rare mais arrivait parfois. Or, il se faisait déjà tard dans l’après-midi. Il venait donc de terminer de gérer les affaires de sa cité avec les doléances. Il fallait espérer qu’il soit tout de même de relativement bonne humeur car cela était déterminant dans son choix. Il y avait cinq autres membres dans le conseil restreint. Ce dernier devait être réunis pour décider si une personne pouvait voir son apprentissage terminé si cela n’était pas demandé suite à une bataille.
Nous arrivâmes tout en haut après plusieurs dizaines de minutes de marche. Ils étaient déjà tous présents. Cependant, tous paraissaient ennuyés. Je nous présentai et dis ma requête. Soudain, alors que j’avançais un certain nombre d’arguments, l’un des membres m’interrompis :
« Pourquoi est-ce que nous accéderions à votre requête sachant que c’est une femme ?
-Elle est bien meilleure que moi au moment où j’avais terminé mon apprentissage auprès de mon maître.
-Ah oui ? Voyez-vous ça ? Ce serait une magicienne, elle pourrait devenir mage dragon. Mais Prince Dragon et au niveau supérieur ? Il se mettra à pleuvoir des dragons quand ce sera le cas !
-Merci pour ces remarques très pertinentes Arianar. – Imrik venait de l’interrompre. – As-tu un autre argument ?
-Non. Mais ce devrait déjà être suffisant. La coutume interdit cela.
-La coutume et non la loi. C’est différent. – Imrik commençait à s’impatienter.
-Elle vient d’une famille qui a en partie trahi la couronne. Rien que pour cela elle ne devrait pas approcher un dragon.
-Sauf votre respect seigneur, Arsvagnir, un dragon stellaire, l’a laissée approcher et même le monter en même temps que moi.
-Parce qu’il a été trompé !
-Il suffit ! – Imrik s’énervait pour de bon. – Vos disputes ne m’intéressent pas. Cela fait bien plus de vingt-cinq années que je l’ai confiée à ta charge. De plus, j’ai entendu dire que tu avais décidé de stopper son apprentissage. Que s’est-il passé ?
-Une grosse mésentente. J’ai alors décidé de le stopper. je suis rentré chez moi tandis qu’elle était restée sur Lothern où nous étions alors. Elle est partie pour Arnheim trois années plus tard. Je l’ai revue trois ans plus tard, lorsque l’on a définitivement brisé le siège de Tor Crevnan. Elle avait été faite prisonnière à Arnheim par ses frères. Ces derniers sont tous les deux morts au combat. Heureusement, aucune des reliques familiales portées par Aryana n’a été corrompues. Elles sont toutes sauves et elle les porte en ce moment. Je suis revenu trois ans plus tard à la fin de la guerre. C’est alors que j’ai décidé de reprendre son entraînement et de le mener au bout. Elle a pratiquement mon niveau.
-Merci Gilgalad pour ces précisions. Nous allons maintenant délibérer entre nous. »
Les six princes commencèrent à parler à voix basse. Après de nombreuses minutes de discussion, Imrik se retourna vers nous et déclara :
« Aryana sera testée demain dans l’arène à quinze heures précises. Le combat se fera contre un instructeur. Chacun utilisera l’arme de son choix, qui ne doit pas être enchantée ou empoisonnée. Il s’agira d’un combat à pied. Il sera terminé quand le premier sang aura été versé. Aucune blessure permanente ou mortelle ne sera tolérée. Si Aryana remporte le duel, la demande sera acceptée. Sinon, elle sera rejetée.
-Qui affrontera-t-elle ?
-Moi. – C’était Arianar.
-Vous pouvez rentrer dans vos appartements. »
C’est ainsi qu’Imrik clôt la conversation.
Aryana était sonnée. Je pouvais bien le voir. Cependant, une fois dans nos appartements, je décidais de la rassurer. Un combat n’était jamais perdu d’avance car tout pouvait arriver durant ce dernier. Et si on partait vaincu, nous étions battus à coup sûr. De plus, j’avais déjà vu Arianar se battre. Aussi, je pourrais l’aider à le battre. Elle reprit légèrement espoir en entendant cela. Mais je sentais qu’il était très faible. Nous mangeâmes un bout avant de nous coucher.
Je me réveillais bien avant les premières lueurs de l’aube. Je sortis Aryana du lit aussitôt après. Nous mangeâmes rapidement avant que je ne l’amène à la salle d’entraînement. Je lui demandais le choix de son arme. A défaut de prendre Glamogdagnir, elle prendrait la hache. Elle avait toujours aimé la manier au combat. Mais une hache utilisable à une seule main. Aryana m’expliqua qu’elle avait remarqué que c’était plus un duel dans l’habilité que la force. Aussi, la hache de bûcheron ne lui serait d’aucune utilité. J’étais fière d’elle. Je commençais l’entraînement peu après. Chacun de nous donna tout ce qu’il avait. Le repas de midi arriva bien vite. Elle en profita pour faire le plein de forces. Je m’avouais en silence que, moi aussi, je n’étais pas rassuré. Arianar était âgé de plus de six cents ans. Il avait connu d’innombrables guerres et batailles. Il avait une expérience hors du commun parmi les instructeurs. Sa nomination à ce poste m’avait surprise. En effet, ils étaient souvent moins prestigieux et d’un rang inférieur au sien. Mais nous ne pouvions rien changer. Même si de nombreux Princes Dragons m’adulaient pour avoir vaincu un Buveur de Sang, j’étais beaucoup plus conscient de mes capacités. Je pouvais le vaincre. Cependant, le résultat du combat serait incertain. Sauf s’il allait trop loin avec Aryana. Là, je ne le laisserais pas passer. Quitte à abuser de ma position pour une fois.
Nous reprîmes l’entraînement peu après. Jusqu’au moment fatidique. Je conduisis Aryana jusqu’à l’arène. Même si elle se montrait confiante, je voyais qu’elle était angoissée. Une fois dans les coulisses et à côté de la porte conduisant au sable, je la pris contre moi et l’embrassait furtivement sur la bouche. Puis, je lui murmurais :
« N’oublie pas ce que je t’ai appris. N’oublie aucun de tes combats, aucune leçon. Un combat n’est jamais gagné d’avance. Il a peut-être beaucoup d’expérience mais cela peut le rendre trop confiant. Utilise son arrogance contre lui. C’est un Prince de Caledor.
-Tu en es un aussi je te signale. – Elle sourit légèrement.
-Je sais. Mais moi c’est différent. Je ne serais pas loin et je regarderais.
-Je… Quoiqu’il arrive…
-Il ne t’arrivera rien de mal.
-Je sais. Mais on ne sait jamais. Je veux dire… Peut importe ce qu’il se passera. Je t’aime.
-Moi aussi je t’aime. »
La porte s’ouvrit juste après que nous nous soyons séparés. Aryana baissa son heaume, empoigna son bouclier et sa hache avant de rentrer tout en me lançant un regard froid. Je le lui rendis tout en hochant la tête. La porte se referma derrière elle. Je montais en vitesse durant le discours pour rejoindre ma place. En regardant en bas, je vis que le combat allait commencer.
Imrik finit par donner le signal et les deux combattants commencèrent à se tourner immédiatement. Puis, ils attaquèrent simultanément. Une tempête de coup suivit. Seuls des elfes pouvaient réellement voir ce qu’il se passaient. Ils s’enchaînaient à une vitesse bien supérieure à celle que les hommes pouvaient espérer atteindre. Cependant, je vis rapidement qu’Aryana avait le dessous. Elle était obligée de constamment défendre et n’arrivait pas à attaquer. De plus, elle ne pouvait pas avancer et devait reculer sous les coups d’Arianar. Elle prit plusieurs coups du plat de son épée, lui arrachant quelques grognements de douleurs. Jusqu’à ce que l’inévitable arrive. Elle était dos au mur. Les spectateurs étaient silencieux. Aussi, je pus entendre le prince dire :
« Abandonne tant qu’il est encore temps.
-Plutôt mourir. »
Elle ne comptait pas abandonner aussi rapidement. Je m’installais plus confortablement pour mieux suivre le duel. Les coups avaient repris et Aryana avait gagné du terrain. Mais elle en perdit à nouveau rapidement. J’espérais qu’elle trouverait une faille. Mais je n’en avais pas encore vue à travers tous les enchaînements du Seigneur Dragon. Je me mis à espérer qu’elle en trouverait une rapidement. Il lui arracha son heaume et brisa son bouclier en l’espace de quelques secondes. Mais Aryana ne perdit pas une once de combativité et saisit sa hache à deux mains. Il avait clairement l’avantage. Dans tous les domaines. Quand soudain, d’un mouvement de poignet, en parant l’épée, elle tourna autour et se rapprocha jusqu’au contact du prince. Ce dernier se figea une fraction de seconde qui suffit à ma bien-aimée pour lui asséner un très violent coup de poing dans le visage, avant qu’il ne puisse la repousser avec son bouclier, et l’assommer sur le coup. Connaissant la force de ces derniers à mes dépends, je ne pus retenir un « outch » compatissant. Un juge de l’arène s’approcha de l’elfe à terre et hocha la tête vers le Seigneur des Dragons. Imrik se leva alors dans sa tribune et déclara :
« Aryana Liandin est déclarée vainqueur du duel par victoire au premier sang. Retournez à vos occupations. Je demande à voir la combattante ainsi que son maître dans la grande salle de l’Ordre sans délais.
Je vis Aryana prendre son heaume et constater les dégâts de son bouclier. Je la rejoignis peu après au niveau de la porte avant de la prendre dans mes bras pour la féliciter. Elle me dit que son bouclier était mort et qu’il lui en faudrait un autre. Je souris à sa remarque avant que nous n’allions à la grande salle. Imrik nous attendait déjà. Il déclara alors :
« Votre requête est acceptée, Gilgalad Swiftblade. Aryana devient un Prince Dragon au même rang que vous. Elle pourra donc commander des unités sans faire de tournoi de Maître Dragon, monter des dragons s’ils lui en donnent la permission et autres privilèges détaillés dans le Règlement de l’Ordre et qui sont trop longs et ennuyeux à énumérés ici. Aryana, – il se tourna vers elle – je tiens à vous féliciter pour votre grande habilité. Malgré l’adversité, vous avez su triompher sans faire preuve de tricherie. Maintenant, rompez tous les deux. »
Nous étions en train de partir quand il ajouta :
« Ah oui j’oubliais. Je suis au courant pour vous deux. Mais je n’en parlerais à personne car je sais de source sûre que vous n’êtes pas allés plus loin que les conventions ne l’exigent. De plus, il serait bête de perdre deux de mes meilleurs éléments en les mettant dans une situation pareille. »
Nous partîmes sans demander notre reste après lui avoir adressé un regard reconnaissant. Nous quittâmes la ville le lendemain en fin de matinée après avoir dûment fêté la victoire d’Aryana à la salle commune au milieu des novices.
Chapitre 12 : La paix, première partie
« Vous êtes qui ? »
La phrase résonnait dans ma tête. Comme définitive. Elle ne se souvenait pas de moi. Soit elle m’avait complètement oublié, soit elle était amnésique. Aussi, il fallut prendre une décision pour lui répondre.
« Je suis Gilgalad Swiftblade et tu es chez moi.
-Attendez, vous me connaissez ?
-Heu, oui. Je t’ai entraînée pendant une bonne dizaine d’années.
-Ah.
-Vous ne vous souvenez vraiment pas de moi ? – Ma voix se brisait sans que je ne me rende compte.
-Vous ne me tutoyez plus ?
-Bah si vous dites ne pas connaître il n’y a aucune raison de le faire. Mais vous n’avez pas répondu à ma question.
-Si vous le dites. Et sinon, non, je ne me souviens pas de vous.
-D’accord. Je vais prévenir que vous êtes réveillée. »
Alors que je m’en allais de la chambre pour aller chercher Iryana, elle éclata de rire. Je me retournais vivement et la vit complètement hilare. Je ne comprenais pas du tout ce qu’il se passait.
« Si tu avais vu ta tête !
-Je… De quoi vous parlez ?
-Evidemment que je me souviens de toi espèce de couilles de troll des marais !
-Ah… Euh… Je…
-C’est bien la première fois que tu perds tes mots, non ?
-…
-Je t’ai fait marché c’est tout.
-Mais donc tu te souviens de tout ?
-Du meilleur comme du pire.
-Ah. Bon bah je vais aller les prévenir.
-Attend. Tu peux t’approcher ? T’as quelque chose sur le coin de la bouche ?
-D’accord. »
Je soupirais en me demandant ce qu’elle avait vu. Mais une fois que je m’étais penché, elle me prit le visage et m’embrassa sur la bouche.
Je me séparais vivement, surpris. Je ne comprenais plus rien. Je la vis alors se renfrogner et commencer à avoir les larmes aux yeux. Je tentai de lui demander mais elle refusa de me répondre. Je partis alors voir ma sœur pour la prévenir. Elle était heureuse et courut dans la chambre pour aller au chevet de la nouvellement réveillée. Elles se parlèrent quelques instants juste avant qu’Iryana me sorte en se retournant :
« GILGALAD SWIFTBLADE !! ON DOIT PARLER !!
-Oh mince. »
Je sentais qu’elle était en colère. Et malgré tout le courage dont je pouvais faire preuve au combat, il fallait parfois savoir fuir quand le danger était trop grand. Et une grande sœur magicienne en colère faisait partie de cette catégorie-là de créatures à fuir et à ne surtout pas affronter. J’étais à peine plus rapide qu’elle, malgré mon entraînement car elle avait toujours aimé courir. Nous connaissions tous les deux les moindres recoins du palais et de la ville en dehors de l’intérieur des maisons et des échoppes. La course-poursuite dura des heures jusqu’à ce que je la sème enfin avant les écuries à dragons. Je sellais rapidement Arsvagnir et le monta avant de nous envoler. Nous passâmes juste au dessus d’Iryana. En faisant un tonneau à ce moment, je lui tirais la langue. Nous partîmes immédiatement vers l’est après l’avoir entendue rager contre nous.
« Tu es vraiment un grand enfant parfois.
-De la part du dragon qui veut absolument me caser avec une fille, peu importe qui elle est ?
-Non ce n’est pas vrai.
-Ah oui ? A Tor Elyr avec la fille du seigneur Finlain ? A Tor Achare avec ma cousine Astaria ? Et sans compter toutes celles de villages libérés ou autres femmes qui passaient ?
-Tu aurais bien pu te mettre avec l’une d’elles.
-Oui mais je ne voulais pas.
-Pourquoi tu repousses Aryana alors ?
-Je… Comment tu es au courant ?
-J’ai une ouïe très fine je te rappelle. Et quand Iryana hurle, c’est relativement bruyant.
-Ah oui d’accord. Sinon, ça te dit une petite balade jusqu’au coucher du soleil ?
-Ça me va. Même si j’ai pu pas mal voler ces derniers temps, ça faisait un petit peu trop longtemps que je n’avais pas volé.
-Combien de siècles ?
-Oh, déjà trente. Quand j’y pense, ça faisait vraiment trop longtemps. J’aurais dû me réveiller avant. Ça me manquait trop. Mais dans le même temps…. »
Arsvagnir était parti pour un de ses longs monologues dont il avait l’habitude. Tandis que nous volions à travers les cieux, j’en profitais pour regarder au loin. Si j’avais toujours aimé voir depuis des points élevés de la forteresse, depuis un dragon et en volant, c’était sans commune mesure. De plus, les sensations au cours du vol étaient extraordinaires. La plus incroyable d’entre elles était la sensation de liberté complète ressentie. Je me sentais libre d’aller et venir où je le voulais avec un dragon qui était mon meilleur ami.
Mais il fallait rentrer. A contrecœur, je demandais à mon ami de mettre le cap sur Tor Crevnan. Il pouvait voler pendant plus de trois jours sans se fatiguer. Ou alors voler sur la même distance que les trois jours à toute vitesse et faire la distance en une journée mais il devait alors se reposer pendant près d’une semaine. Souvent, les cavaliers et dragons préféraient la première solution si la zone à l’arrivée n’était pas sûre. Il fallait pouvoir évacuer en cas d’urgence ou pouvoir garder des forces pour un éventuel combat. La seconde possibilité n’était gardée qu’en cas d’urgence. De plus, elle épuisait aussi le cavalier à cause du froid et de la vitesse qui rendait impossible la vision ailleurs que devant soi.
Nous arrivâmes aux écuries. Je déposais le dragon et m’occupais de lui. Nous avions assisté au coucher de soleil. C’était l’été et il était donc très tard. Une fois « l’entretien » terminé, je repartis vers le palais, l’esprit libre. Je me dirigeais vers la grande salle à manger où nous prenions nos repas habituellement. Perdu dans mes rêves d’exploration, je percutais une personne juste devant moi. Iryana.
« Alors comme ça, on tente de tricher ?
-Heu… Non. C’est juste que je me bats avec mes armes, c’est tout. – Mon sourire était mal assuré.
-Mouais. Bon, on va manger. On t’attendais gros troll baveux.
-Hé ! »
Je la suivais et m’installais à table après avoir salué mes parents. Le repas n’allait pas tarder à être servi. Et je sentais déjà que j’allais me faire gronder par mes parents pour être parti toute la journée sans pratiquement aucune affaire et sans prévenir qui que ce soit. Au point que je m’imaginais déjà la conversation dans ma tête. Je l’avais déjà vécue de nombreuses fois dans mon enfance où je m’échappais du palais pour aller dans la ville. La seule différence est que là, j’étais parti à dos de dragon. Ce qui présentait moins de risques en y pensant. Il était plus facile pour un espion d’enlever un enfant seul que de tuer un dragon et de capturer vivant son cavalier sans se faire tuer. Et ce en partant du principe que le dragon ne puisse pas s’envoler et soit déjà au sol.
Tout le monde arriva peu après moi dans la salle. Etrangement, mon père et ma mère ne me dirent absolument rien. En revanche, mes frères et sœurs me faisaient la tête. A vrai dire, je m’en moquais. Je repensais aux sensations éprouvées durant le vol et ne prêtais pas du tout attention à la conversation qui portait sur les rares dernières reconstructions à effectuer. Elles concernaient surtout les murailles entre le port et Tor Crevnan. Ainsi que les protections magiques de la cité-forteresse. Je ne voyais plus mon avenir s’inscrire dans ces murs en tant que seigneur de ces lieux dans le futur. Je me demandais si c’était mon jeune âge ou bien autre chose. Mais je ne me voyais pas ici plus tard. Soudain, Aryana arriva au repas, les traits tirés par la fatigue. J’entendis vaguement mon père la prévenir que le sien arriverait en début de journée dans trois jours. Elle se tourna alors vers moi en me disant :
« Gilgalad, tu as l’air absent. Qu’est-ce qu’il y a ?
-Rien. – Je ne voulais pas être dérangé à vrai dire.
-Si. Quelque chose ne va pas. Tu peux nous le dire tu sais. Et si jamais tu ne veux pas que je le sache, je peux sortir de la pièce le temps que vous en parliez.
-Tu n’es pas sensée être à Arnheim toi ? Je veux être tranquille. Point final. Si vous n’êtes pas d’accord, ce n’est pas mon problème.
-Gilgalad, quel est ton problème ? – Mon père intervenait.
-Je veux juste pouvoir être tranquille. C’est tout. Maintenant je n’ai plus faim. Merci pour cet excellent repas. Je vais dans ma chambre. »
Je me levais et sortis de la pièce avant de me diriger vers mes appartements et m’allonger sur mon lit. Les affaires d’Aryana n’étaient plus là. Elles avaient dû être déménagées durant la journée. Cela ne me gêna guère. J’enlevais mes affaires et mis une tunique pour la nuit avant de m’allonger sur le côté. Je voulais être tranquille. Je ne savais pas trop ce qui m’avait pris de répondre comme ça à Aryana. Mais je m’en moquais complètement. Surtout qu’elle avait fait comme jamais ne s’était passé et qu’elle n’avait jamais décidé de partir pour Arnheim en me laissant en plan. Je finis par me dire qu’elle avait peut-être trouvé quelqu’un d’autre et que son baiser avait été juste pour prolonger la taquinerie au bout. C’était sûrement cela.
Soudain, quelqu’un s’allongea juste derrière moi. Je sentis un bras passer sur mon bassin et une main se poser sur mon ventre, par-dessus la couette.
« Je suis désolée pour ce matin.
-Tu ne devrais pas faire ça.
-Faire quoi ?
-Te mettre ainsi derrière moi.
-Et pourquoi ça ?
-Il y a sûrement une personne qui t’attend, non ?
-Non. Personne ne m’attend ou que ce soit si l’on excepte mes parents.
-Mais oui bien sûr. Et t’as fait quoi à Lothern pendant deux ans ? Des broderies peut-être ?
-Plusieurs personnes m’ont demandé ma main ou m’ont fait la cour mais j’ai toujours refusé.
-C’est pour ça que tu es partie à Arnheim.
-En partie. Au moins j’avais la paix là-bas.
-Et l’honneur de ta famille alors ?
-Mes deux frères ont été tué ici. Donc il est sauf.
-Ah bon ?
-Oui. Le type que j’ai tué dans la tente était le plus vieux. Apparemment l’autre a été tué sur les remparts contre un type en armure rouge.
-C’était peut-être moi mais vu qu’on est quelques-uns à en porter, je ne peux pas te l’affirmer.
-Si, c’était toi.
-Qu’est-ce qui te permet de l’affirmer ?
-Le rapport d’un lancier à mon traître de frère. Il a détaillé le combat et quand il a décrit la lame qui l’avait tué, j’ai compris qu’il s’agissait d’Amlugcrist. Il y avait deux possibilités. Soit tu étais mort, trop gravement blessé pour te battre ou prisonnier et quelqu’un d’autre la portait, soit c’était toi. Et ta sœur m’a confirmé que c’était toi.
-Ah.
-Je t’en remercie.
-Ça ne m’explique pas comment tu t’es retrouvée là alors que tu étais censée être à Arnheim.
-Je me suis faite capturée sur les remparts là-bas. C’est mon frère qui m’a faite prisonnière. Résultat, je lui ai servi de souffre-douleur pendant près de trois ans.
-Désolé.
-Je… Ça arrive. Mais il n’arrivait pas à faire trop de mal. Il voulait que je les rejoigne.
-Je n’ose pas imaginer ce que tu as subi.
-Ça faisait très mal quand même. Et il semblait aimer ça. Je ne sais même pas comment j’arrive à le qualifier de frère. Un frère ne devrait pas faire ça envers sa petite sœur. Il m’a surtout fait du mal à partir du moment où tu as tué son petit frère au combat.
-Je suis désolé.
-Tu ne pouvais pas savoir. Mais tu ne m’as pas dit ce qui t’arrivais à toi.
-Je… Je ne sais pas trop.
-Viens. – Elle me força à me mettre sur le dos. Aryana blottit alors sa tête contre mon épaule avant de continuer. – Je serais toujours là. Si jamais tu veux que l’on recommence, n’hésite pas à demander.
-Je… Merci.
-Je t’aime encore. C’est ce qui m’a permit de tenir pendant aussi longtemps. Surtout quand j’ai appris que j’étais à côté de Tor Crevnan.
-Je… Oh et puis zut. »
Je tournais la tête et me plaça juste au-dessus d’elle avant de l’embrasser sur la bouche. Elle me le rendit avant de me donner un coup de poing dans le ventre.
« Ça, c’était pour ne pas m’avoir rendu le baiser ce matin.
-Je…
-Chut. J’ai raison. Terminé. Sinon, tu veux bien que je passe sous la couverture, il fait un peu froid.
-Ah oui. Désolé.
-Mouais. »
Aryana passa sous la couverture avant de mettre sa tête sur mon épaule et une jambe par-dessus les miennes. Je passais le bras derrière elle. Elle s’endormit peu après. Je repensais rapidement à notre conversation avant de sombrer dans le sommeil.
Le réveil fut presque enchanteur. Je me réveillais un petit peu avant Aryana. Je me levais rapidement et partis chercher un petit-déjeuner sur un plateau. Le soleil était déjà levé depuis une ou deux heures. Quand je revins dans la chambre, elle était encore assoupie. Elle avait presque l’air d’être une enfant comme cela. Elle avait un sourire aux lèvres et semblait heureuse. Je la réveillais doucement. Puis, nous prîmes ensemble le repas. On alla ensuite s’habiller. J’ordonnais à Aryana de s’habiller chaudement. Elle m’obéit tout en se méfiant de ce qui allait arriver. Je fis de même et nous descendîmes jusqu’aux écuries à dragons. Ces dernières étaient très peu occupées. La plupart des dragons étaient retournés dormir après la guerre. J’y retrouvais Arsvagnir. Je le sellais tout en faisant les présentations. Je montais devant Aryana et nous nous envolâmes très haut dans le ciel. Le dragon fit rapidement de nombreuses figures comme des piqués, des vrilles, des décrochages, des tonneaux. Ce qui arracha des cris de frayeurs à la passagère. Mais il finit par stopper et planer. On était arrivé à près de trois lieues d’altitude. Et l’on pouvait voir l’horizon très loin. Aryana était serrée contre moi avec les bras autour de la taille. Je la sentis me lâcher progressivement et redresser la tête cachée dans mon cou. Nous pouvions voler dans les nuages, les toucher des doigts. C’était tout simplement magnifique. Nous nous arrêtâmes à la mi-journée pour se sustenter. La pause fut faite en Ellyrion, au milieu d’une plaine parcourue par des troupeaux de chevaux sauvages. Arsvagnir se posa près d’une rivière où il put pêcher beaucoup de poissons. Nous repartîmes après une petite sieste, protégés par la queue du monstre. Nous décollâmes vers trois heures pour commencer à rentrer. Une fois posés dans l’écurie, je pus voir qu’Aryana avait des étoiles dans les yeux. Elle avait l’étincelle procurée par la joie de voler dans les cieux. Je lui promis de recommencer son entraînement là où il s’était arrêté. Elle m’embrassa pour me remercier.
Le dîner se passa tranquillement si ce n’est qu’Iryana nous regardait en permanence avec un drôle de sourire. Sourire qui me perturba. Aryana était perdue dans ses pensées et sursauta quand ma mère lui demanda ce que son père aimait pour manger. A nouveau, nous nous couchâmes ensemble. Mais sans aller plus loin que ce que la décence et les règles le demandaient.
J’étais alors en train de l’entraîner. Mon père avait depuis longtemps accepté le fait que nous nous aimions. Heureusement pour nous car cela me permit de lui faire accepter le fait de reprendre la formation de celle que j’aimais. Cependant, nous ne pouvions pas tout de suite attaquer par des mouvements trop complexes. Cela faisait six ans qu’elle n’avait pas combattu voire n’avait pas réellement fait de sport en dehors des combats à mort contre des humains dans des sortes d’arènes. Et trois ans qu’elle n’avait presque pas bougé à cause de ses problèmes consécutifs à la torture. Ainsi, cela commença par une simple remise en forme. Nous nous arrêtâmes qu’au moment du déjeuner. C’est à ce moment que nous rencontrâmes le père d’Aryana, arrivé probablement peu avant. Je le saluai tendis qu’Aryana se jetais presque dans ses bras. Il fit le dernier pas et la serra contre elle. Ces démonstrations d’affections entre parents et enfants étaient extrêmement rares dans ma famille, même en privé. Aussi, cela me surprit quelque peu de voir une telle chose. Aviar nous informa qu’il était invité à rester quelques jours. Il demanda peu après si Aryana comptait rentrer avec lui ou nous. Elle lui répondit que j’avais repris sa formation. Par conséquent, elle aller où j’irais. Il accepta rapidement sans discuter. Finalement, nous passâmes à table. La plupart des discussions tournèrent autour de la guerre et des conséquences. Caledor n’avait pas été épargné malgré sa résistance et sa puissance. Heureusement, très peu de dragons avaient été tués au combat. Aussi, en cas de nouvel assaut, ils seraient tout de même prêts au combat, à condition d’être réveillés. L’après-midi fut à nouveau consacrée à l’entraînement d’Aryana.
Les semaines puis les mois puis les années passèrent ainsi avec l’entraînement. Aryana retrouva au bout d’une année son niveau quand je l’avais laissée à Lothern. Puis, elle se mit à progresser. Nous dormions toujours côte à côte, mais sans aller plus loin. Il ne valait mieux pas qu’il arrive un accident alors que nous n’étions pas mariés. Nous allions souvent nous entraîner en dehors de Tor Crevnan. Arsvagnir nous emportait alors jusque là où nous le désirions. Il n’était pas rare que nous partions pendant des semaines. Ce fut durant l’une de ces expéditions que nous partîmes pour Chrace. Elle y tua son premier lion de guerre. Je lui appris à faire une cape avec la peau de ce dernier. Elle l’utilisa à partir de là pour se prémunir contre le froid. L’entraînement dura ainsi pendant quatorze ans. Je m’améliorais aussi fortement pendant ce temps. Je voulais toujours faire en sorte d’être meilleur qu’elle pour qu’il continue jusqu’à la date prévue pour la fin. Je ne voulais plus essayer de passer outre les règles. L’inconvénient était que nous ne pouvions avoir des mots doux l’un envers l’autre que lorsque nous étions seuls. Nous n’étions même pas fiancés. Alors lui faire la cour, bien que j’ai eu l’accord secret de ses parents, était inenvisageable en public et même devant des témoins. Cette fois, elle l’avait parfaitement compris. La captivité semblait l’avoir faite murir. Cependant, elle refusait toujours de parler de ce qu’elle avait subi. Je ne m’en formalisais pas. J’avais déjà lu des témoignages (rares) de rescapés des prisons des Naggarothiis. Ils donnaient l’impression de sortir tout droit de l’enfer. Si certains avaient remis leurs témoignages en doute, il était communément admis que ce n’était pas le cas.
Mes relations avec Aryana pouvaient être considérées comme compliquées pour quelqu’un d’autre que nous ou qu’Iryana qui réussissait, on ne sut jamais comment, à avoir tous les détails. Nous nous disputions souvent à cause de nombreux sujets. Le principal était sa cuisine, pour le moins désastreuse. Sauf quand il s’agissait de faire des choses très simples. Or, même en expédition, nous aimions manger autre chose que simplement des poissons (même si Arsvagnir ne voyait pas réellement de problèmes là-dedans) ou des lapins (ce que je n’aimais pas vraiment). Nous nous bagarrions assez souvent. Ce fut lors de ces moments que j’appris qu’elle avait réellement une grande force. Bien que de loin inférieure à celle de Korhil, le nouveau capitaine des Lions Blancs de Chrace, elle était capable de frapper très fort avec ses poings. Il m’arrivait assez souvent de me prendre des bleus. De plus, elle était très protectrice envers moi en expédition. Ainsi, un jour, un lion blanc me percuta par surprise. Je n’eus pas le temps de me relever qu’elle s’approchait de lui en ayant tirer sa hache de bûcheron et en lui hurlant dessus. Au point que la bête hésita au moment de se jeter sur elle. Ce qui fut fatal à l’animal. Malgré cela, j’étais extrêmement heureux à ses côtés. Je n’arrivais pas à envisager mon futur sans elle. Le plus étrange fut quand elle me révéla qu’elle avait eut la vision d’elle et moi dans un immense fort, entourés de morts-vivants que nous commandions, quelque part dans les Montagnes Noires. Je pris cela pour une hallucination, comme celle que j’avais eue après la discussion avec Gotrek. Ou bien un cauchemar. Elle en subissait de nombreux durant son sommeil. Mais avec le temps, ils se calmèrent. Elle refusait toujours d’en parler. Aussi, quand elle en avait un, je le sentais et me réveillais. Je la serrais alors contre moi, la laissant pleurer sur mon épaule. Puis, elle finissait par se rendormir et je la recouchais avant de faire la même chose. Mais je fus le plus heureux des elfes durant cette période.
Quatorze ans après son réveil définitif, je décidais de présenter Aryana à Imrik pour qu’elle soit autorisée à monter en grade dans l’Ordre. Aussi, nous voyageâmes jusqu’à la capitale du royaume de Caledor. Elle était anxieuse bien qu’essayant de ne pas le montrer. Mais nous avions passé suffisamment de temps ensemble pour que je le sache. Nous arrivâmes sur le dos d’Arsvagnir dans la grande forteresse, déclenchant de nombreux regards envieux de la part de d’autres Princes Dragons. Même après l’invasion, les Princes Dragons montant des dragons étaient très rares. Mais très respectés et enviés. Ils étaient considérés comme faisant partie de l’élite de l’ordre. Aussi, ils pouvaient siéger au conseil s’ils le désiraient. Nous étions à peine une quinzaine à ce moment à avoir un dragon réveillé comme monture. Aussi, notre aide était très prisée et très recherchée pour toute armée d’Ulthuan partant en mission, que ce soit sur l’Île ou ailleurs dans le monde.
Je demandais rapidement audience à Imrik en personne. Cependant, il était occupé avec les affaires de la ville et nous allions devoir patienter, le temps qu’un conseil restreint soit réunis. Aussi, nous partîmes droit à la salle d’arme. Le temps virant à l’orage, de nombreux novices s’y trouvaient. Nous nous installâmes dans un coin et commençâmes l’entraînement avec les haches de bûcheron. Puis, nous passâmes à la dague, à l’épée et au bouclier et enfin à la hallebarde. Nous n’arrêtâmes que quand un serviteur vint nous annoncer que le Roi de Caledor était prêt à nous recevoir. Nous vîmes alors les regards éberlués des apprentis et entendîmes leurs instructeurs leur dire :
« Voilà là où vous pourrez arriver dans quelques décennies. Mais cela nécessite un entraînement long et intensif. ALORS ON RECOMMENCE TOUT DE SUITE !! »
Je souris à Aryana qui me le rendit. Nous étions tous les deux passés par ces moments-là. Et cela nous rappelait quelques bons souvenirs. Aussi, nous en parlâmes durant la grande montée des marches jusqu’à la grande salle où le Seigneur des Dragons nous attendait. L’escalier était très long. La dernière fois que je l’avais monté, j’étais redescendu avec Aryana. J’espérais ne pas avoir à former quelqu’un d’autre cette fois. Du moins s’il l’acceptait parmi la deuxième catégorie. Car ce n’était pas toujours déterminé à l’avance. En effet, il pouvait décider de « renvoyer en apprentissage » la personne qui lui était présentée. Cela était fort rare mais arrivait parfois. Or, il se faisait déjà tard dans l’après-midi. Il venait donc de terminer de gérer les affaires de sa cité avec les doléances. Il fallait espérer qu’il soit tout de même de relativement bonne humeur car cela était déterminant dans son choix. Il y avait cinq autres membres dans le conseil restreint. Ce dernier devait être réunis pour décider si une personne pouvait voir son apprentissage terminé si cela n’était pas demandé suite à une bataille.
Nous arrivâmes tout en haut après plusieurs dizaines de minutes de marche. Ils étaient déjà tous présents. Cependant, tous paraissaient ennuyés. Je nous présentai et dis ma requête. Soudain, alors que j’avançais un certain nombre d’arguments, l’un des membres m’interrompis :
« Pourquoi est-ce que nous accéderions à votre requête sachant que c’est une femme ?
-Elle est bien meilleure que moi au moment où j’avais terminé mon apprentissage auprès de mon maître.
-Ah oui ? Voyez-vous ça ? Ce serait une magicienne, elle pourrait devenir mage dragon. Mais Prince Dragon et au niveau supérieur ? Il se mettra à pleuvoir des dragons quand ce sera le cas !
-Merci pour ces remarques très pertinentes Arianar. – Imrik venait de l’interrompre. – As-tu un autre argument ?
-Non. Mais ce devrait déjà être suffisant. La coutume interdit cela.
-La coutume et non la loi. C’est différent. – Imrik commençait à s’impatienter.
-Elle vient d’une famille qui a en partie trahi la couronne. Rien que pour cela elle ne devrait pas approcher un dragon.
-Sauf votre respect seigneur, Arsvagnir, un dragon stellaire, l’a laissée approcher et même le monter en même temps que moi.
-Parce qu’il a été trompé !
-Il suffit ! – Imrik s’énervait pour de bon. – Vos disputes ne m’intéressent pas. Cela fait bien plus de vingt-cinq années que je l’ai confiée à ta charge. De plus, j’ai entendu dire que tu avais décidé de stopper son apprentissage. Que s’est-il passé ?
-Une grosse mésentente. J’ai alors décidé de le stopper. je suis rentré chez moi tandis qu’elle était restée sur Lothern où nous étions alors. Elle est partie pour Arnheim trois années plus tard. Je l’ai revue trois ans plus tard, lorsque l’on a définitivement brisé le siège de Tor Crevnan. Elle avait été faite prisonnière à Arnheim par ses frères. Ces derniers sont tous les deux morts au combat. Heureusement, aucune des reliques familiales portées par Aryana n’a été corrompues. Elles sont toutes sauves et elle les porte en ce moment. Je suis revenu trois ans plus tard à la fin de la guerre. C’est alors que j’ai décidé de reprendre son entraînement et de le mener au bout. Elle a pratiquement mon niveau.
-Merci Gilgalad pour ces précisions. Nous allons maintenant délibérer entre nous. »
Les six princes commencèrent à parler à voix basse. Après de nombreuses minutes de discussion, Imrik se retourna vers nous et déclara :
« Aryana sera testée demain dans l’arène à quinze heures précises. Le combat se fera contre un instructeur. Chacun utilisera l’arme de son choix, qui ne doit pas être enchantée ou empoisonnée. Il s’agira d’un combat à pied. Il sera terminé quand le premier sang aura été versé. Aucune blessure permanente ou mortelle ne sera tolérée. Si Aryana remporte le duel, la demande sera acceptée. Sinon, elle sera rejetée.
-Qui affrontera-t-elle ?
-Moi. – C’était Arianar.
-Vous pouvez rentrer dans vos appartements. »
C’est ainsi qu’Imrik clôt la conversation.
Aryana était sonnée. Je pouvais bien le voir. Cependant, une fois dans nos appartements, je décidais de la rassurer. Un combat n’était jamais perdu d’avance car tout pouvait arriver durant ce dernier. Et si on partait vaincu, nous étions battus à coup sûr. De plus, j’avais déjà vu Arianar se battre. Aussi, je pourrais l’aider à le battre. Elle reprit légèrement espoir en entendant cela. Mais je sentais qu’il était très faible. Nous mangeâmes un bout avant de nous coucher.
Je me réveillais bien avant les premières lueurs de l’aube. Je sortis Aryana du lit aussitôt après. Nous mangeâmes rapidement avant que je ne l’amène à la salle d’entraînement. Je lui demandais le choix de son arme. A défaut de prendre Glamogdagnir, elle prendrait la hache. Elle avait toujours aimé la manier au combat. Mais une hache utilisable à une seule main. Aryana m’expliqua qu’elle avait remarqué que c’était plus un duel dans l’habilité que la force. Aussi, la hache de bûcheron ne lui serait d’aucune utilité. J’étais fière d’elle. Je commençais l’entraînement peu après. Chacun de nous donna tout ce qu’il avait. Le repas de midi arriva bien vite. Elle en profita pour faire le plein de forces. Je m’avouais en silence que, moi aussi, je n’étais pas rassuré. Arianar était âgé de plus de six cents ans. Il avait connu d’innombrables guerres et batailles. Il avait une expérience hors du commun parmi les instructeurs. Sa nomination à ce poste m’avait surprise. En effet, ils étaient souvent moins prestigieux et d’un rang inférieur au sien. Mais nous ne pouvions rien changer. Même si de nombreux Princes Dragons m’adulaient pour avoir vaincu un Buveur de Sang, j’étais beaucoup plus conscient de mes capacités. Je pouvais le vaincre. Cependant, le résultat du combat serait incertain. Sauf s’il allait trop loin avec Aryana. Là, je ne le laisserais pas passer. Quitte à abuser de ma position pour une fois.
Nous reprîmes l’entraînement peu après. Jusqu’au moment fatidique. Je conduisis Aryana jusqu’à l’arène. Même si elle se montrait confiante, je voyais qu’elle était angoissée. Une fois dans les coulisses et à côté de la porte conduisant au sable, je la pris contre moi et l’embrassait furtivement sur la bouche. Puis, je lui murmurais :
« N’oublie pas ce que je t’ai appris. N’oublie aucun de tes combats, aucune leçon. Un combat n’est jamais gagné d’avance. Il a peut-être beaucoup d’expérience mais cela peut le rendre trop confiant. Utilise son arrogance contre lui. C’est un Prince de Caledor.
-Tu en es un aussi je te signale. – Elle sourit légèrement.
-Je sais. Mais moi c’est différent. Je ne serais pas loin et je regarderais.
-Je… Quoiqu’il arrive…
-Il ne t’arrivera rien de mal.
-Je sais. Mais on ne sait jamais. Je veux dire… Peut importe ce qu’il se passera. Je t’aime.
-Moi aussi je t’aime. »
La porte s’ouvrit juste après que nous nous soyons séparés. Aryana baissa son heaume, empoigna son bouclier et sa hache avant de rentrer tout en me lançant un regard froid. Je le lui rendis tout en hochant la tête. La porte se referma derrière elle. Je montais en vitesse durant le discours pour rejoindre ma place. En regardant en bas, je vis que le combat allait commencer.
Imrik finit par donner le signal et les deux combattants commencèrent à se tourner immédiatement. Puis, ils attaquèrent simultanément. Une tempête de coup suivit. Seuls des elfes pouvaient réellement voir ce qu’il se passaient. Ils s’enchaînaient à une vitesse bien supérieure à celle que les hommes pouvaient espérer atteindre. Cependant, je vis rapidement qu’Aryana avait le dessous. Elle était obligée de constamment défendre et n’arrivait pas à attaquer. De plus, elle ne pouvait pas avancer et devait reculer sous les coups d’Arianar. Elle prit plusieurs coups du plat de son épée, lui arrachant quelques grognements de douleurs. Jusqu’à ce que l’inévitable arrive. Elle était dos au mur. Les spectateurs étaient silencieux. Aussi, je pus entendre le prince dire :
« Abandonne tant qu’il est encore temps.
-Plutôt mourir. »
Elle ne comptait pas abandonner aussi rapidement. Je m’installais plus confortablement pour mieux suivre le duel. Les coups avaient repris et Aryana avait gagné du terrain. Mais elle en perdit à nouveau rapidement. J’espérais qu’elle trouverait une faille. Mais je n’en avais pas encore vue à travers tous les enchaînements du Seigneur Dragon. Je me mis à espérer qu’elle en trouverait une rapidement. Il lui arracha son heaume et brisa son bouclier en l’espace de quelques secondes. Mais Aryana ne perdit pas une once de combativité et saisit sa hache à deux mains. Il avait clairement l’avantage. Dans tous les domaines. Quand soudain, d’un mouvement de poignet, en parant l’épée, elle tourna autour et se rapprocha jusqu’au contact du prince. Ce dernier se figea une fraction de seconde qui suffit à ma bien-aimée pour lui asséner un très violent coup de poing dans le visage, avant qu’il ne puisse la repousser avec son bouclier, et l’assommer sur le coup. Connaissant la force de ces derniers à mes dépends, je ne pus retenir un « outch » compatissant. Un juge de l’arène s’approcha de l’elfe à terre et hocha la tête vers le Seigneur des Dragons. Imrik se leva alors dans sa tribune et déclara :
« Aryana Liandin est déclarée vainqueur du duel par victoire au premier sang. Retournez à vos occupations. Je demande à voir la combattante ainsi que son maître dans la grande salle de l’Ordre sans délais.
Je vis Aryana prendre son heaume et constater les dégâts de son bouclier. Je la rejoignis peu après au niveau de la porte avant de la prendre dans mes bras pour la féliciter. Elle me dit que son bouclier était mort et qu’il lui en faudrait un autre. Je souris à sa remarque avant que nous n’allions à la grande salle. Imrik nous attendait déjà. Il déclara alors :
« Votre requête est acceptée, Gilgalad Swiftblade. Aryana devient un Prince Dragon au même rang que vous. Elle pourra donc commander des unités sans faire de tournoi de Maître Dragon, monter des dragons s’ils lui en donnent la permission et autres privilèges détaillés dans le Règlement de l’Ordre et qui sont trop longs et ennuyeux à énumérés ici. Aryana, – il se tourna vers elle – je tiens à vous féliciter pour votre grande habilité. Malgré l’adversité, vous avez su triompher sans faire preuve de tricherie. Maintenant, rompez tous les deux. »
Nous étions en train de partir quand il ajouta :
« Ah oui j’oubliais. Je suis au courant pour vous deux. Mais je n’en parlerais à personne car je sais de source sûre que vous n’êtes pas allés plus loin que les conventions ne l’exigent. De plus, il serait bête de perdre deux de mes meilleurs éléments en les mettant dans une situation pareille. »
Nous partîmes sans demander notre reste après lui avoir adressé un regard reconnaissant. Nous quittâmes la ville le lendemain en fin de matinée après avoir dûment fêté la victoire d’Aryana à la salle commune au milieu des novices.
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Re: L'histoire de Gilgalad
Lun 23 Jan 2017 - 15:53
La suite est toujours aussi plaisante à lire malgré la présence de quelques petites fautes d’inattentions par endroit mais rien de bien méchant. Mine de rien le tout va être relativement long en fait
Je suis un peu plus dubitatif en revanche avec le développement d'Aryana.
J'avais déjà été étonné par le choix de la torture par les elfes noirs et le coup de l'amnésie du précédent chapitre, mais je trouvais le raisonnement et l'idée intéressante donc je me suis abstenu de commenter pour voir le résultat. Cependant, dans le chapitre d'après, le ton plus léger détonne je trouve -même si le chapitre en lui-même est très bien. Le problème est que si elle ne souhaite pas parler de ce qui lui est arrivé, tout va pour le mieux pour elle. Le traumatisme d'avoir été un esclave et torturé par ses frères pendant trois années ne semblent donc pas avoir été un gros impact... Alors, je ne sais pas si tu avais prévu d'en reparler plus tard, mais une expérience pareille laisse normalement des marques chez les gens. Donc je suis un peu étonné par son absence de réaction vis-à-vis dudit traumatisme.
Mais je suis quand même intéressé de voir la suite !
Je suis un peu plus dubitatif en revanche avec le développement d'Aryana.
J'avais déjà été étonné par le choix de la torture par les elfes noirs et le coup de l'amnésie du précédent chapitre, mais je trouvais le raisonnement et l'idée intéressante donc je me suis abstenu de commenter pour voir le résultat. Cependant, dans le chapitre d'après, le ton plus léger détonne je trouve -même si le chapitre en lui-même est très bien. Le problème est que si elle ne souhaite pas parler de ce qui lui est arrivé, tout va pour le mieux pour elle. Le traumatisme d'avoir été un esclave et torturé par ses frères pendant trois années ne semblent donc pas avoir été un gros impact... Alors, je ne sais pas si tu avais prévu d'en reparler plus tard, mais une expérience pareille laisse normalement des marques chez les gens. Donc je suis un peu étonné par son absence de réaction vis-à-vis dudit traumatisme.
Mais je suis quand même intéressé de voir la suite !
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Re: L'histoire de Gilgalad
Lun 23 Jan 2017 - 19:13
Heu ouaip. Il reste encore 9 chapitres à publierHjalmar Oksilden a écrit:Mine de rien le tout va être relativement long en fait
Ce sera expliqué assez rapidement en fait. Non pas dans le prochain chapitre, mais dans le suivant. D'ailleurs, je préviens par avance que ce ne seront pas les paragraphes les plus joyeux de tout le récit. Et ce furent les plus douloureux à imaginer (il faut un esprit assez tordu pour décrire un truc pareil par le menu). Sinon, il y a deux raisons à sa torture. La première se trouve dans l'histoire de sa famille Je vous laisse deviner. La seconde est d'ordre "culturelle" chez les Elfes Noirs. Ils aiment torturer les Hauts Elfes plus que n'importe quelle autre race car leurs sensations sont exacerbées. Bref, de toute manière, elle aurait été torturée.Hjalmar Oksilden a écrit:
J'avais déjà été étonné par le choix de la torture par les elfes noirs
Bah, après un traumatisme pareil, tu n'en sors pas indemneHjalmar Oksilden a écrit:et le coup de l'amnésie du précédent chapitre,
En fait, je dirais que tu résonnes en humain normal, pas en tant qu'Haut Elfe, qui plus est Prince Dragon de Caledor qui a du bataillé pour avoir sa place. Le personnage n'a pas le droit de montrer sa faiblesse avant longtemps, du moins pas en public ou face à des ennemis (politiques ou ennemis tout court). Officiellement, le PTSD n'existe pas dans ces peuples D'ailleurs, même chez nous, il n'a été reconnu que très très très tard. Avant, c'était appelé de la lâcheté. Hors, cela est inenvisageable pour un Prince Dragon de faire preuve de lâcheté. Je ne parle pas d'une simple retraite sur le champ bataille parce que c'est perdu, non. Je parle du fait de craquer en public ou au combat L'éducation est telle que cela est interditHjalmar Oksilden a écrit:Cependant, dans le chapitre d'après, le ton plus léger détonne je trouve -même si le chapitre en lui-même est très bien. Le problème est que si elle ne souhaite pas parler de ce qui lui est arrivé, tout va pour le mieux pour elle. Le traumatisme d'avoir été un esclave et torturé par ses frères pendant trois années ne semblent donc pas avoir été un gros impact... Alors, je ne sais pas si tu avais prévu d'en reparler plus tard, mais une expérience pareille laisse normalement des marques chez les gens. Donc je suis un peu étonné par son absence de réaction vis-à-vis dudit traumatisme.
J'en suis fort raviHjalmar Oksilden a écrit:Mais je suis quand même intéressé de voir la suite !
- EssenSeigneur vampire
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Re: L'histoire de Gilgalad
Ven 27 Jan 2017 - 10:00
A un certain moment de ma lecture, j'étais prêt à assister à une scène digne du Retour des Sith : la victime qui expire dans les bras du héros, le regard du héros qui s'assombrit soudain, et le massacre qui s'ensuit... Mais tu continues à nous surprendre et ça, c'est bien !
J'aimerais par contre émettre une réserve au sujet du concours : pourquoi Aryana est-elle exemptée de tournoi de Maitres-dragons ? Au pire, tu aurais pu le passer sous ellipse, en disant qu'elle l'a passé les doigts dans le nez
La suite !
J'aimerais par contre émettre une réserve au sujet du concours : pourquoi Aryana est-elle exemptée de tournoi de Maitres-dragons ? Au pire, tu aurais pu le passer sous ellipse, en disant qu'elle l'a passé les doigts dans le nez
La suite !
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Re: L'histoire de Gilgalad
Ven 27 Jan 2017 - 10:49
Ça aurait été trop simple Et surtout vraiment, mais alors vraiment trop cliché je trouve. Et puis, va justifier le fait qu'Aryana soit encore en "vie" après celaVon Essen a écrit:A un certain moment de ma lecture, j'étais prêt à assister à une scène digne du Retour des Sith : la victime qui expire dans les bras du héros, le regard du héros qui s'assombrit soudain, et le massacre qui s'ensuit... Mais tu continues à nous surprendre et ça, c'est bien !
En fait, elle a battu quelqu'un d'un rang supérieur au sien ce qui la fait accéder au rang supérieur, en l'occurence Maître Dragon. Mais j'expliquerai dans un Intermède plus en détail ce que je pense de l'Ordre des Princes Dragons Mais ce sera une fois que ce récit sera terminé par contre.Von Essen a écrit:J'aimerais par contre émettre une réserve au sujet du concours : pourquoi Aryana est-elle exemptée de tournoi de Maitres-dragons ? Au pire, tu aurais pu le passer sous ellipse, en disant qu'elle l'a passé les doigts dans le nez
Figure-toi qu'elle arrive maintenant parce que j'en profite pour mettre le chapitre suivant et faire d'une pierre deux coupsVon Essen a écrit:La suite !
Ce chapitre est encore relativement calme et doux. Néanmoins, il y a un événement très important Pour finir, l'action reviendra dans le prochain, celui qui sera publié la semaine prochaine
Chapitre 13 : La paix, le retour de la guerre, le mariage
Nous rentrâmes rapidement à Tor Crevnan. Durant le trajet, sur le dos d’Arsvagnir, Aryana m’annonça qu’elle comptait rentrer chez elle après cela. J’acceptais rapidement sa décision. Je ne pouvais guère m’y opposer. Elle devait vouloir passer du temps avec le peu de famille qui lui restait. Aussi, trois jours après notre retour, elle partit de la forteresse pour sa ville natale. J’avais l’impression que quelque chose me manquait. Seuls les vols avec mon ami dragon me remontaient le moral. Nous essayâmes de nombreuses figures utilisables au combat. De même, je repris mon entraînement personnel de manière beaucoup plus intensive. Je passais la moitié de la journée sur le dos d’Arsvagnir et l’autre moitié à m’entraîner au sol ou à dos de coursier elfique. Les batailles se faisaient rares pour nous. Aussi, il devenait difficile d’évacuer sa frustration sur ses ennemis tout en faisant grandir sa gloire. Cependant, un autre événement fut prévu pour le jour de mes cent vingt ans. Le premier tournoi de courses de dragons depuis près de deux milliers d’années. C’était un grand événement. En général, seuls des dragons solaires montés y participaient. Mais Arsvagnir me proposa d’y participer. Il y avait vingt courses à travers tout Caledor. Ainsi qu’un classement. Je décidais rapidement d’y aller. Ce serait une bonne occasion de me mesurer à d’autres chevaucheurs de dragons. Pour gagner une course, il fallait mettre autant de vaches que possible dans son panier. Elles étaient catapultées en l’air et étaient au nombre de vingt, comme le nombre de tours. Une vache était catapultée par tour. Il était interdit d’utiliser des armes contre d’autres participants. Nous étions dix participants, dont huit sur dragons solaires, un sur dragon lunaire et un sur dragon stellaire.
La première course se déroula à Tor Crevnan. Elle se déroula à merveille pour moi. J’étais de loin le plus connaisseur des environs ce qui m’avantageait grandement. Je mis quinze vaches dans mon panier, remportant la course haut la main. Cependant, je savais que ce n’était pas aussi simple pour les suivantes. Les courses s’enchaînèrent très rapidement, tous les deux jours. Certaines se passèrent à merveille, d’autres beaucoup moins bien. Mais j’en remportais douze au final, finis quatre fois deuxième et sixième le reste du temps. Je remportais haut la main la compétition. Cependant, je ne désirais pas défendre mon titre l’année suivante. Je ne voulais pas me lasser. De plus, face à un dragons stellaire, les autres n’avaient guère de chances. Aussi, il n’y avait pas tout le temps eut d’adversité pour mes victoires. Ce qui ne présentait alors aucun intérêt selon moi.
Les années passèrent les unes après les autres. Je ne voyais Aryana qu’une ou deux fois par an, même si nous nous échangions de nombreuses lettres. Elle avait eue, presque par miracle, un petit frère suivi presque aussitôt d’une petite sœur. Il avait été nommé Finubar et elle Alarielle. Ils étaient nés quinze et seize ans après ma victoire aux courses de dragons. Aussi, je tentais de partir à l’étranger au sein d’une armée. Mais la seule expédition à laquelle je pris part fut le sac de Marienburg. Aislinn avait demandé mon aide pour abattre des pirates volant nombre de nos marchandises. Voulant un petit peu d’exercice, j’acceptais de participer. Nous traquâmes longtemps les pirates qui finirent par se réfugier dans le grand port humain. Cependant, au lieu de nous laisser les mains libres, les habitants et la gardes nous résistèrent. Ils ne purent rien faire contre les Gardes Maritimes. De mon côté, je surveillais les arrières ennemis. Quand l’un des seigneurs ennemis monta sur son griffon pour aller attaquer les troupes au sol, je l’interceptais. Il ne put me résister bien longtemps. Amlugcrist le coupa en deux tandis qu’Arsvagnir prenait son dixième repas de la journée en mangeant la créature qu’il montait quelques secondes avant. Le retour fut apparemment houleux à Lothern pour le Seigneur des Mers. Pour ma part, je n’en avais rien retiré de bon comme de mauvais. Je m’étais grandement ennuyé. Pas un seul cultiste présent dans la ville n’avait eu l’idée d’invoquer un démon du chaos relativement puissant.
Je décidais peu après de demander sa main à Aryana. J’étais prêt à le faire. Mais je mis trois ans à me décider, après l’expédition dans les terres des Hommes. Je préparais un voyage chez elle et arrivai à Tor Liandin au bout de quelques heures sur le dos d’Arsvagnir. Son père vint m’accueillir en personne, apparemment heureux d’avoir un petit peu de visite. Il me fit installer dans des appartements privés, où je pourrais me relaxer. Sa fille arriverait le lendemain, rentrant d’expédition dans le royaume de Cothique. Nous discutâmes ainsi pendant une partie de la journée et de la soirée, après le repas. Il m’expliqua que sa famille était à nouveau entrée en grâce pour son service durant l’invasion, même si elle continuait à être méprisée. Nous parlâmes rapidement de la situation politique à Caledor. Il se murmurait qu’Imrik avait de grands projets pour le Royaume. Mais personne n’en savait plus. La fin de la soirée arrivait quand il me dit :
« Au fait, je ne pense pas que vous soyez venus ici juste par simple courtoisie. Quel est donc le but de votre venue ? »
J’étais dos au mur. J’allais devoir jouer franc jeu et être honnête car cela déterminerait vraisemblablement sa réponse.
« Je suis venu vous demander la main de votre fille aînée.
-Je… – Il semblait interloqué. – Pour quelles raisons voudriez-vous l’épouser ?
-Je l’aime plus que tout et elle m’aime. Je n’arrive pas à m’imaginer sans elle. De plus, elle a de nombreuses qualités et j’aime tout autant ses défauts.
-Vous ne semblez pas très à l’aise.
-Je… Oui en effet. C’est la première fois que je demande une telle chose.
-Ça se voit. Pour autant, vous n’êtes pas le premier à me demander la main de ma fille aînée. Qu’est-ce que vous avez à lui offrir de plus que les autres avec le mariage ?
-De l’amour. Elle se moque des titres de noblesse, de l’argent ou de la famille. Je l’aime plus que tout et je n’hésiterais pas à vous le prouver si vous n’en êtes pas persuadés. Je serais incapable de la rendre malheureuse volontairement.
-Je ne vous donnerai pas ma réponse ce soir. Combien de temps restez-vous ici ?
-Deux semaines. J’avais prévu avec Aryana de la former un minimum au vol de dragon, au cas où elle doive voler sur l’un d’eux. Néanmoins, si ma présence vous dérange, nous pouvons remettre cela à plus tard. Je ne vous importunerais pas avec cela jusqu’à ce que vous me donniez une réponse.
-Très aimable à vous. Je vous souhaite une bonne nuit seigneur Gilgalad.
-Je vous souhaite également une bonne nuit mon seigneur. »
Je partis immédiatement dans mes appartements. Je me changeais à toute vitesse avant de me mettre au lit. Je sentais qu’il allait me dire non. Ce fut sur ces pensées que je m’endormis.
Le lendemain matin, je me levais avant l’aurore, qui était très tôt puisque nous étions alors en été. Je m’habillais vite avant de prendre un copieux petit-déjeuner, seul. Puis, je partis faire un vol matinal avec Arsvagnir. Je revins peu avant le déjeuner. Des écuyers s’occupèrent immédiatement de la créature plusieurs fois millénaire tandis qu’un autre me conduisant dans mes appartements où je pris un peu de temps avant de me changer. Je croisais Aryana peu avant d’arriver dans la grande salle à manger.
« Alors tu as demandé ma main à mon père ? Tu n’aurais pas pu me demander directement ?
-La loi dit clairement qu’il faut que je la demande directement à ton père.
-Dommage.
-Si tu n’es pas d’accord, je te conseille d’aller en parler à Imrik en personne.
-Oh sûrement pas. Il ne m’aime pas trop en ce moment.
-Pour quelle raison ?
-J’ai tué un héraut du chaos qu’il voulait défier.
-Il devrait rapidement passer outre. Il t’aime bien quand même.
-Si mon père dit non, tu feras quoi ?
-Rien.
-Comment ça « rien » ? Je ne vaux pas plus que ça ?
-Si. Mais je n’ai aucun moyen légal de m’opposer à sa volonté te concernant. S’il refuse, nous ne devrons plus être ensemble. Et je ne pourrais jamais la lui demander à nouveau.
-Iryana te tueras si tu ne fais rien.
-Elle me tueras aussi si je fais quelque chose d’interdit par les lois en vigueur.
-Par contre, s’il refuse, je sais ce que je vais faire à mon père.
-Non.
-Et pourquoi ça, hein ? Il n’a pas à déterminer qui peut me rendre heureuse ou non ?
-Il reste ton père et tu t’en voudras toute ta vie. De plus, tu vaux bien mieux que tes deux grands frères. »
La conversation fut close à ce moment car nous entrions enfin. Elle me présenta à son petit frère et à sa petite sœur. Ils étaient très mignons en me saluant avec un immense respect. Durant le repas, ils me bombardèrent de question sur la guerre. Si bien que leurs parents finirent par leur interdire de parler de peur de m’importuner. Je n’osais leur avouer que ce n’était pas le cas. Au contraire, j’aimais bien raconter les histoires parfois. Surtout, j’étais fier que les miennes soient racontées aux petits enfants. Mais, ne désirant pas faire de vagues, je ne répondis pas. La mère d’Aryana était calme et douce. Elle était une noble pour le moins classique. Elle était originaire de Lothern mais ne venait pas d’une grande famille. Son mariage avec le père de ses enfants avait été réalisé pour des questions politiques. Après le repas, je partis entraîner Aryana avec Arsvagnir. Cela commença par le nettoyage du dragon. Même s’il y avait toujours des serviteurs entraînés à cela dans les forteresses de Caledor et la majorité de celles d’Ulthuan, ils n’étaient pas toujours disponibles pour les expéditions. Aussi, il fallait savoir le faire soi-même. Puis, le soir tombant, nous rentrâmes pour prendre le dîner avant d’aller nous coucher. Je m’étais retenu de toute démonstration d’affection envers Aryana. Heureusement, elle l’avait compris et ne m’en tenait pas rigueur. Néanmoins, je n’étais pas réellement à l’aise de cette manière.
Cette sensation dura pendant les deux semaines. Je me sentais mal à chaque repas. J’avais, en permanence, peur de dire un mot ou une phrase de travers qui réduirait toutes les chances à néant. Aryana progressait vite. Néanmoins, il lui faudrait beaucoup plus de pratique. Or, cela ne pouvait s’acquérir réellement qu’avec un dragon « à soi ». En effet, il fallait ne faire qu’un avec lui. Or, avec un dragon monté en général par un autre cavalier, cela était impossible. Le reste des occupations était assez simple. Quand je ne lui apprenais pas ce qui avait trait aux dragons, nous nous entraînions au combat. Nous avions tous les deux progressé entre temps. J’avais toujours un léger avantage sur elle. Cependant, elle l’avait en partie comblé. Selon elle, c’était grâce à ses nombreux combats au sein d’armées d’Ulthuan. Le dernier jour avant mon départ, le père d’Aryana ne m’avait toujours pas donné sa réponse ni demandé à me voir. J’étais donc très mal à l’aise pendant toute la journée.
Le soir, je passais près d’un salon en partant vers mes appartements quand j’entendis une dispute entre Aryana et son père.
« COMMENT ÇA TU VEUX DIRE NON ?
-JE DIS CE QUE JE VEUX !! – Je savais de qui Aryana tenait son tempérament explosif maintenant. – CE NE SONT PAS TES AFFAIRES !!
-SI CE SONT LES MIENNES ! »
Cela continua dans le même registre pendant quelques minutes jusqu’à ce que je perçoive le bruit caractéristique de la hache sortant de son fourreau. Je compris rapidement et m’élançai vers l’entrée de la pièce. Je vis Aryana marcher, sa hache de bûcheron dans les mains, vers son père qui n’avait pas hésité une seconde à tirer son épée. Le combat risquait d’être violent. Je dégageai légèrement Amlugcrist de son fourreau pour être prêt à toutes les éventualités. J’entendis rapidement les premiers chocs de l’acier contre l’acier. Le combat était violent et Aryana ne retenait pratiquement pas ses coups. Elle était beaucoup plus entraînée que son père et commença rapidement à avoir le dessus. Elle le désarma peu après avant de se tourner vers et de traverser la pièce à grandes enjambées. Ses yeux lançaient des éclairs. Je ne l’avais jamais vue ainsi. A ma grande surprise, elle leva sa hache vers moi. J’eu à peine le temps de dégainer et de parer. Elle se lança alors dans une succession d’attaques que je parais ou esquivais en permanence. J’avais compris qu’elle voulait évacuer sa colère en frappant quelque chose. Aussi, je servis de mannequin d’entraînement. Après plus de vingt minutes ainsi, elle finit par lâcher la hache au sol dans un grand fracas avant de s’effondrer en larmes dans mes bras. Son père s’approcha, nous regarda avec un air pensif et me dit :
« Elle était souvent ainsi quand elle était votre apprentie ?
-Cela lui arrivait mais pas à ce point-là. Je ne l’ai jamais vue dans une telle colère.
-Mmmmh. – Il réfléchit quelques instants – Je vous accorde la main de ma fille.
-Je vous en remercie. Je prendrais soin d’elle.
-Je n’en doute pas. De plus, il le vaut mieux pour votre santé. Partirez-vous demain matin comme prévu ?
-Oui. Des affaires m’attendent chez moi. Je me dois de les résoudre.
-Bien. Je confierais un message à votre père que vous ne devrez pas ouvrir.
-Oui seigneur.
-Bonne nuit. »
Je n’eus pas le temps de répondre qu’il était déjà parti. Aryana continuait à pleurer. Je la rassurais en lui expliquant ce qui venait de se passer. Elle cria de joie avant d’aller se coucher. Quant à moi, je dormis enfin l’esprit en paix.
Je rentrais le lendemain à Tor Crevnan. Puis, ce fut au tour d’Aryana de venir chez moi. Les mois et les années passèrent ainsi. Nous nous fiançâmes officiellement et devant témoins deux ans après que j’eu demandé sa main à son père. Le mariage fut établi pour l’année de mes cent-soixante-dix ans. En effet, il y avait de nombreux éléments à établir dans le contrat de mariage, des accords entre les deux familles, de nombreuses invitations et autres. De plus, prévoir des années à l’avance le mariage permettait de ne pas décider de partir en expéditions peu avant, de peur de le rater. Officiellement fiancés, je pouvais enfin me montrer amoureux d’Aryana, tout comme elle pouvait le faire avec moi. Nous pensions pouvoir vivre éternellement en paix.
Mais la guerre arrivait à grands pas. Les raids des Naggarothiis reprenaient sur Chrace. Ils ne tarderaient pas à revenir sur Caledor, attirés comme toujours par les dragons et leurs œufs. Aussi, Imrik convoqua le Grand Conseil en l’an 188 du règne de Finubar le Voyageur. Il réunit tous les Seigneurs Dragons, Maîtres Dragons et de nombreux Princes et Mages Dragons. Après trois mois de négociations, il parvint à une décision. Caledor devait retrouver sa puissance passée. Il donna l’ordre de réveiller les dragons endormis. Les armées de Caledor allaient également devoir prendre des tours de garde dans les forteresses des Annulii tout comme dans la Citadelle du Crépuscule. Elles allaient prendre leur part dans la défense générale d’Ulthuan. Il fallait se préparer à la guerre car il fallait être prêt quand elle viendrait. Ainsi, à partir de ce moment, je partis souvent avec Aryana et des troupes de nos deux domaines à la porte du Dragon. Nous étions accueillis avec joie par les occupants car nous étions un renfort important contre les assauts épisodiques des Naggarothiis. Les combats reprirent alors pour nous deux contre nos ennemis ancestraux. Nous finîmes par avoir notre propre armée, presque permanente. Je commandais depuis les airs tandis qu’Aryana commandait au sol. Nous nous taillâmes une solide réputation dans tout Ulthuan, ce qui nous donna de la joie. Etrangement, tout le monde se mit à oublier le destin des frères d’Aryana quand il fallait faire appel à nous. Je me devais d’avouer que cela était plutôt ironique. Cependant, il n’y avait pas que les Naggarothiis qui revenaient. Les guerriers des dieux sombres le faisaient aussi. Les combats devinrent alors plus acharnés et violents. Les Asurs revenaient à leur mission d’origine de repousser les ténèbres, comme des millénaires auparavant.
Au cours de ces années, nous devînmes très proches de Finubar et de Téclis, malgré les conseils de la cour du premier. Le Roi Phénix appréciait ce que nous apportions à la défense d’Ulthuan, même si nous refusions d’être sous les ordres de Tyrion. Le second nous rejoignait souvent pour nous aider au cours des batailles, surtout contre le Chaos. Au fil du temps, Aryana et moi devenions de redoutables combattants. A cause des combats très fréquents, nous étions devenus parmi les meilleurs guerriers de Caledor. Il fut rapidement de notoriété publique que seul Imrik, à Caledor, pouvait vaincre l’un de nous deux. Cependant, au milieu de tout cela, il y eu un événement qui nous rempli de joie. Notre mariage.
Il se déroula à Tor Crevnan. Il devait se dérouler de nuit. Je n’avais pu voir Aryana des dix jours précédents. Le matin commença par un copieux petit-déjeuner. J’étais anxieux pendant tout la journée. Au point que mon père dut me calmer en m’assommant. J’eu du mal à avaler quoi que ce soit au déjeuner. J’avais tellement peur que quelque chose se passe mal. Mes frères et sœurs me raillèrent en disant que j’avais moins peur d’affronter un seigneur du chaos que de dire « oui » à une toute petite phrase. Je m’énervais mais cela ne fit que déclencher plus de rires de leur part. Finalement, le soir arriva. Je fus habillé avec des vêtements d’apparats de couleur rouge et blanche. Puis, je revêtis une armure de cérémonie avant de passer Amlugcrist à mon flanc gauche. Je fus conduis à travers les immenses couloirs de la forteresse jusque dans la cour supérieure. Elle était immense. Il y avait là une douzaine de dragons, solaires, lunaires ou stellaires. Il y avait d’immenses zones couvertes de fleurs de toutes les couleurs. Des arbres blancs plusieurs fois centenaires montaient haut dans le ciel. Des centaines d’elfes de Caledor et de Chrace étaient présents. Il y avait un grand nombre des plus hauts nobles d’Ulthuan. Il y avait également un immense buffet pour tous les invités. Je dus avancer jusqu’à l’autel d’Isha. Le soleil se couchait derrière moi quand Aryana apparut. Il me fallut un effort de volonté impressionnant pour ne pas regarder en arrière car cela portait malheur. Elle arriva finalement juste à mes côtés. Je me tournais légèrement. Elle était magnifique dans sa robe blanche, illuminée par le soleil couchant. La prêtresse d’Isha nous demanda de nous tourner vers l’autel. Elle se mit alors à réciter le texte suivant, d’une voix amplifiée par ses pouvoirs :
« Nous sommes ici, tous réunis, pour unir ces deux enfants d’Isha. Ils ont exprimé le vœu de vivre ensemble jusqu’à la fin de leurs jours et par delà la mort. Ils sont présents, ici devant vous pour manifester leur désir auprès des dieux et particulièrement de la déesse-mère. Ils ne sont pas présents devant cet autel comme des nobles ou des guerriers mais comme de simples Asurs. De simple enfants des dieux. Elle, qui chérit tous ses enfants et ne fait de différences envers eux, accepte cette union. Aussi, Aryana, de la maison Liandin, acceptez-vous de prendre pour époux Gilgalad, de la maison Swiftblade ? De le chérir et de le soutenir à travers toutes les épreuves par delà la mort ?
-Oui. – Elle avait presque murmuré mais étrangement, tout le monde entendit.
-Gilgalad de la maison Swiftblade, acceptez-vous de prendre pour épouse Aryana, de la maison Liandin ? De la chérir et de la soutenir à travers toutes les épreuves par delà la mort ?
-Oui.
-Au nom de la déesse-mère Isha, je vous déclare devant tous les dieux, mari et femme. Rien ne pourra vous séparer, pas même la mort. Si quelqu’un s’oppose à cette union, qu’il se prononce maintenant ou se taise à jamais. – Je pus presque sentir Iryana préparer un sort sur la première personne qui oserait dire non. Mais personne ne parla. La prêtresse ajouta tout bas – Vous pouvez vous embrassez. »
Nous ne nous les fîmes pas dire deux fois et nous nous embrassâmes sur la bouche assez brièvement. Nous étions tous les deux mal à l’aise avec les démonstrations d’affection publiques. Nous étions officiellement mariés. Je pris le bras gauche d’Aryana et nous descendîmes de l’autel pour aller jusqu’à la grande table. Tout le monde applaudit sur notre passage. Je pus voir nos parents respectifs avec une larme aux yeux. Ma grande sœur était aux anges. Finalement, nous parvînmes à nous asseoir. Le repas fut festif et délicieux. Il y avait de nombreux mets venant de tous les horizons et le vin coulait à flots. Les sujets de conversation étaient très divers. Cela allait de la robe de la mariée à des discussions sur l’intérêt d’utiliser un sort pour allumer la bougie quand on se levait le matin et qu’il faisait nuit en passant par la question de porter l’épée plus ou moins haut sur le flanc gauche. Le vin n’aida guère à avoir des sujets pertinents et presque tout le monde fut parti se coucher quelques heures avant l’aurore. De notre côté, Aryana et moi voulions attendre cette dernière pour pouvoir observer notre premier lever de soleil en tant que mariés. Nous quittâmes la table et montâmes sur la plus haute tour non sans difficultés. Les marches s’accommodaient mal de sa robe et je dus la porter assez régulièrement, pour son plus grand plaisir. Finalement, nous parvînmes en haut. Des gardes observaient l’horizon et nous saluaient avant de se reculer pour nous laisser atteindre les créneaux. Le Soleil se leva quelques minutes plus tard. Je serrais Aryana contre moi et l’embrassais longuement, heureux de ce qui m’arrivait.
Nous redescendîmes pour rejoindre nos appartements prêt d’une heure plus tard. Il fallait officiellement consommer le mariage. En arrivant, nous vîmes que le sol était parsemé de roses rouges et blanches. Nous sourîmes avant de rentrer dans ce qui serait désormais notre chambre. Je fermais les rideaux et les fenêtres pour qu’il fasse plus sombre. Puis, je me dirigeais vers ma nouvelle épouse. Elle me regardait avec un regard joueur avant de me tourner le dos. Je devais défaire tous les fils de sa robe. Cela était encore un élément symbolique car il représentait la patience pour construire un ménage stable sur le long terme. Après tout, nous pouvions vivre jusqu’à plus de deux millénaires pour les plus anciens. Pas une cinquantaine d’années comme les humains. Je soupirais devant la tâche à accomplir car la disposition était très complexe. Heureusement pour moi, Aryana m’enlevait de temps en temps une pièce de ma tenue d’apparat. Finalement, après environ deux heures de bataille acharnée contre la robe, nous pûmes nous glisser sous les couvertures et profiter de notre union et ainsi la consommer officiellement. Elle fut la première à s’endormir, dans mes bras. Je la suivis peu après. Nous nous réveillâmes vers la fin de l’après-midi. Je fus le premier à le faire et profitais de ce moment pour regarder Aryana dormir. Elle avait toujours le même air à la fois de la personne heureuse et ignorante de tout ce qu’il peut y avoir de mal. Aussi loin que je me souvienne, elle l’avait eu à chaque fois que l’on dormait non loin l’un de l’autre. Sauf les nuits d’orages. Elle n’avait toujours pas vaincu sa peur de ces derniers quand elle avait sommeil. Ma moitié finit par se réveiller et me dit :
« Bonjour mon amour.
-Bonjour ma chère. – Je souris en la voyant à moitié endormie.
-Je… Il est quelle heure ?
-Environ dix-sept heures.
-Hein ? Mais c’est bientôt l’heure du repas !
-Non, nous mangeons un petit peu plus tard ce soir, ne t’en fais pas.
-Je… Oui mais Imrik doit me voir.
-Lequel ?
-Le grand.
-Ah. D’accord. »
Nous sortîmes du lit avant de nous habiller avec des tenues plus adéquates à nos occupations habituelles. Je conduisis ensuite Aryana jusqu’à la grande cour intérieure. Minaithir et une dragonne attendaient là avec le Roi de Caledor. Je compris rapidement ce qui allait se passer. Je saluais mon supérieur avant de les laisser seuls.
Aryana me rejoignit pour le repas. Elle avait les yeux qui brillaient d’excitation. Elle me demanda de nombreuses choses sur les dragons et la manière de voler. Elle semblait avoir oublié nos leçons. Aussi, je lui dis absolument tout ce que je savais et pouvais lui dire pendant le repas. Iryana se moqua légèrement d’elle mais sans guère aller plus loin car elle était elle-même occupée avec un noble qui avait commencé à lui faire la cour durant le buffet juste avant le mariage. Le repas se termina très tard et nous partîmes nous coucher immédiatement, profitant à nouveau de notre union avant de nous endormir. Le matin, une fois levés et rassasiés, nous partîmes tous les deux vers les écuries pour les dragons, équipés pour un vol. C’est ici que je fis la connaissance d’Irskagna, la dragonne montée par Aryana. Cette dernière ressemblait à un gamin à qui l’on avait offert le cadeau de ses rêves. Arsvagnir était juste à côté de son homologue femelle. Ils avaient déjà fait connaissance la veille. Nous les sellâmes et partir pour un long vol qui dura toute la journée. Ce fut là que je commençais à apprendre à Aryana comment combattre que ce soit sur le dos d’un dragon ou avec lui, tous les deux au sol.
Quelques semaines passèrent ainsi, mais la guerre nous appelait à nouveau. Il fallait cette fois partir pour le Royaume des Ombres où une flotte du Chaos venait de débarquer. Nous devrions reporter le voyage de noces à plus tard. L’armée fut rassemblée en quelques jours. La surprise des soldats ne venant pas de Tor Crevnan et participant en général à nos rassemblements de voir deux dragons au lieu d’un seul fut grande. Mais ils furent tous ravis. Cela était à la fois un symbole important pour le courage tout en étant un marqueur de la puissance de Caledor. Ma sœur nous annonça peut avant notre départ qu’elle nous rejoignait avec sa compagnie de maîtres des épées. Elle ne venait pas seulement en tant que grande sœur, mais en tant que magicienne de très grand talent. Aussi, les deux autres magiciens de l’armée se placèrent immédiatement sous son commandement pour la magie. D’autres troupes, notamment d’Ellyrion et de Tiranoc nous rejoignirent sur le chemin. Nous franchîmes la Porte de l’Aigle avant de pénétrer sur les terres sombres du Royaume des Ombres, l’ancienne Nagarythe.
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: L'histoire de Gilgalad
Ven 27 Jan 2017 - 15:15
La suite est toujours aussi sympathique à lire. J'ai un peu le sentiment que ce passage te tenait à cœur vu la taille du récit qui y est consacré. En tous cas, ça fait plaisir un peu de bonne humeur dans ce monde violent qu'est Warhammer.
Et je demande la suite
Et je demande la suite
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
- EssenSeigneur vampire
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Re: L'histoire de Gilgalad
Sam 28 Jan 2017 - 13:22
Pour gagner une course, il fallait mettre autant de vaches que possible dans son panier. Elles étaient catapultées en l’air et étaient au nombre de vingt, comme le nombre de tours. Une vache était catapultée par tour.
Serait-ce par hasard la source de ton inspiration ?
- Spoiler:
Sinon, je rejoins Hjalmar dans le fait qu'il est agréable de voir un peu de tendresse dans ce monde de brutes
La suite !
- GilgaladMaître floodeur
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Re: L'histoire de Gilgalad
Sam 4 Fév 2017 - 12:22
Oui il me tenait à cœur Mais j'en suis plutôt contentHjalmar Oksilden a écrit:La suite est toujours aussi sympathique à lire. J'ai un peu le sentiment que ce passage te tenait à cœur vu la taille du récit qui y est consacré. En tous cas, ça fait plaisir un peu de bonne humeur dans ce monde violent qu'est Warhammer.
Elle arriveHjalmar Oksilden a écrit:Et je demande la suite
Nope. Ma source d'inspiration est ceci la vidéo dans ce lienVon Essen a écrit: Serait-ce par hasard la source de ton inspiration ?
- Spoiler:
Cela me surprend venant de ta partVon Essen a écrit: Sinon, je rejoins Hjalmar dans le fait qu'il est agréable de voir un peu de tendresse dans ce monde de brutes
A noter que dans ce chapitre, arrive un évènement très très très ... ... .... très important dans l'histoire du personnage A noter aussi que quelques paragraphes sont très déconseillés aux âmes sensibles.
Chapitre 14 : La guerre, Aryana et les terres des Hommes
Le Royaume des Ombres est la terre la plus désolée d’Ulthuan. Il est beaucoup plus petit qu’avant la Déchirure. En effet, l’un des retours magiques causés par les terribles sorts et contre-sorts noyèrent toute une partie ouest de Nagarythe et de Tiranoc. Ces deux royaumes ne s’en relevèrent pas. Le premier, occupés à ce moment dans son immense majorité par nos ennemis jurés, fut abandonné par ces derniers qui fuirent vers le Nord-Ouest et ce que les Hommes appelaient le Nouveau Monde, fondant ensuite Naggaroth. Les seconds, fidèles à la couronne, furent décimés (comme nombre d’autres royaumes) et devinrent amers mais restèrent redoutés pour leurs charges de chars. Mais leurs immenses plaines devinrent une mince bande de terre entre les montagnes et l’océan.
Le Royaume des Ombres était une terre complètement détruite. Pratiquement rien n’y poussait hormis quelques plantes poussant grâce au sang des millions d’elfes morts sur ces terres depuis plusieurs millénaires. Il n’y avait pratiquement aucune habitation et la population de ce domaine était faible. Pire, il y avait les Guerriers des Ombres. Ils ne se joignaient jamais à nos armées en prévenant à l’avance. Bien qu’étant utiles, ils n’hésitaient pas à massacrer tous leurs ennemis au point de se rapprocher parfois de leurs ennemis jurés, les Naggaorthiis. Le moral des troupes s’assombrit, comme toujours, en voyant ces paysages apocalyptiques. Tout le monde savait que c’était ce qui attendait Ulthuan si jamais nous perdions une guerre. Un destin peu enviable mais comparable à ce qu’avait subi une partie d’Ulthuan lors de la venue du Chaos.
Les jours passèrent sans que nos éclaireurs ne repèrent l’armée ennemie. Les garnisons des portes des Annulii ne l’avaient pas vue non plus. Aussi, il fallu traverser tout le territoire du sud vers le nord, en direction de Chrace. Les rares contacts avec les habitants locaux ne nous apprirent rien sur l’ennemi. Ils ne l’avaient pas vu. Etait-ce donc une armée de Tzeentch dissimulée ? Ou pire encore ?
Finalement, après des semaines de recherches infructueuses, nous tombâmes sur des éclaireurs ennemis qui menèrent les patrouilleurs ellyriens jusqu’au gros de l’armée. Ces derniers s’empressèrent de partir pour nous prévenir. Nous fîmes immédiatement changer de direction l’armée. Avec un peu de chance, nous pourrions les prendre par surprise dans une passe montagneuse. Ils étaient à quelques heures de marches et nous étions le matin. Cependant, nous les rencontrâmes dans une grande plaine, pour notre plus grand malheur. Heureusement, elle était inférieure en taille à la notre, mais elle était composée d’un grand nombre de guerriers en armure sombre. L’ennemi s’organisa avec des Elus au centre, encadrés par des régiments de Guerriers équipés de boucliers. Sur les flancs, des maraudeurs, cavaliers maraudeurs, chevaliers du chaos et ogres voués à Khorne. Par bonheur, ils n’avaient pas de monstre. Mais le pire étaient les démons qui restaient en deuxième ligne, sous les ordres d’un Buveur de Sang. J’organisais rapidement ma ligne de bataille autour de deux grandes collines. Je décidai d’attendre l’arrivée de l’ennemi et d’affaiblir ses flancs sous des nuées de flèches, sorts et traits de balistes. Le centre était bien trop résistant contre de simples morceaux de bois. Les cavaliers d’Ellyrion reçurent pour mission d’harceler l’ennemi et d’éviter le contact à tout prix. Surtout, ils devaient protéger nos propres arrières contre les cavaliers maraudeurs. Alors que l’ennemi s’approchait, la pluie de traits commença. De nombreux ennemis tombèrent mais d’autres suivirent, parfois remplacés par des démons. Alors qu’ils étaient de plus en plus proches, je finis par donner le commandement au sol à Iryana. Le Buveur de Sang faisait apparaître des nuages noirs et une pluie de cendres autour de nous. Ma sœur et ses acolytes avaient de plus en plus de mal à réfréner les ardeurs des combattants qui, poussés par la rage donnée par le monstre, voulaient se ruer au combat. Il n’y avait qu’un seul moyen pour éviter cela. Il fallait le tuer.
Nous nous envolâmes droit vers lui dans un grand cri de défi. Nous nous étions mis d’accord pour ne lancer aucun défi. Nous ne pouvions le vaincre qu’ensemble. Le combat s’engagea aussitôt le démon envoyé au sol par nos deux dragons. Nous étions plus rapides mais il venait tout droit du dieu de la guerre du Chaos. Et nous fûmes tous les deux blessés à quelques reprises, tout comme nos dragons. Arsvagnir et Irskagna lui rendaient coups pour coups, tout comme Aryana et moi. Cependant, il ne put rien faire quand Amlugcrist brilla d’une lumière intense et le fit exploser. Aussitôt, nous vîmes les démons vaciller et l’ennemi hésiter légèrement. Les nuages disparurent et la pluie maudite s’arrêta. Mais la victoire était loin d’être acquise car l’ennemi restait redoutable. Leurs guerriers et monstres finirent par arriver au contact, une bonne partie des sorts destinés à les ralentir étant dissipés par des mages qui répliquaient en envoyant des flammes sur nos troupes. Ils s’acharnèrent sur les Princes Dragons qui rirent en voyant que cela ne leur faisait rien, grâce à leurs armures.
Une fois au contact, la bataille put réellement commencer. Ce fut un massacre des deux côtés. Les Princes Dragons affrontaient les ogres de Khorne ainsi que des chevaliers servant les dieux sombres et s’ils parvinrent à les vaincre, ils subirent de nombreuses pertes. Au centre, les maîtres des épées limitèrent la casse face aux élus. Mais ils étaient inférieurs en nombre et il leur fallait de l’aide. N’écoutant que notre courage, Aryana et moi fonçâmes dans la mêlée. Le carnage put débuter. Malgré les hallebardes, ils n’étaient pas de taille face à deux monstres montés par des Princes Dragons réputés comme faisant partie des meilleurs guerriers de l’ordre. Mais ils étaient nombreux et cela prit du temps. Temps pendant lequel les guerriers sur les flancs purent pousser en arrière les lanciers. Les heaumes d’argent tentèrent bien d’intervenir dans les combats mais les maraudeurs se placèrent devant et les embourbèrent. C’est à ce moment qu’un sorcier ennemi très puissant vénérant Tzeentch, escorté par une unité de guerriers du même dieu, tenta de lancer un sort très puissant contre une compagnie de heaumes d’argent. Il en balaya la moitié mais une immense faille s’ouvrit sous pieds, engloutissant toute l’unité, le sorcier et des guerriers ennemis aux alentours. Cela signifia le début de la fin pour l’armée ennemie. Les Princes Dragons parvinrent à passer les écrans ennemis et à charger, avec l’aide des Heaumes d’Argent, massivement les flancs des guerriers ennemis. De même, Iryana vit sa capacité à passer des sorts augmenter de manière importante, libérée du duel magique avec le sorcier ennemi. Alors que le Soleil se couchait, l’armée ennemie finit d’être massacrée dans son intégralité. Aussitôt, nous établîmes un campement pour la nuit, secourûmes les blessés et fîmes les bûchers pour brûler les morts. Une fois cela terminé, nous pûmes nous reposer avant de repartir le lendemain pour nos contrées d’origine.
Les années passèrent ainsi, oscillant entre les périodes d’accalmies, les périodes de guerre, les gardes dans les Portes des Annulii et les expéditions dans les Terres des Hommes. Ces dernières consistaient généralement à aller défendre des pierres gardiennes menacées ou à récupérer des artefacts pour le comte du Royaume de Caledor ou de la Tour Blanche. Elles se déroulaient toujours de la même manière, hormis les combats. Cela commençait par l’annonce de celui, ou celle, qui voulait donner une mission qu’il avait besoin d’un général et de troupes. Des missives étaient envoyées dans de nombreux endroits d’Ulthuan et seuls les volontaires répondaient. Souvent, l’expédition était avalisée par le Roi Phénix qui ordonnait à la flotte de Lothern de transporter et escorter les troupes. La plupart des soldats et nobles désireux de faire partie de l’expédition se rejoignaient à Lothern à une date prévue à l’avance. Cela avait toujours lieu dans les zones interdites aux humains pour préserver le secret et éviter que des elfes trop parleurs ne dévoilent les destinations. Ensuite, tout le monde montait sur les navires qui partaient ensuite pour les Terres des Hommes, la plupart du temps. Nous accostions dans la zone la plus sûre et la plus proche possible du point de destination. Le reste du trajet se faisait à pied, à cheval ou à dos de dragon. Puis, une fois la mission remplie, il y avait le trajet du retour jusqu’au point d’embarquement. Il fallait ensuite faire le trajet du retour. Il y avait en permanence les risques de rencontrer des expéditions du Chaos, des pirates humains, des Arches Noires ou autres navires de nos ennemis jurés une fois en mer. Aussi, les marins étaient toujours en alerte. Aryana et moi volions en alternance pour surveiller les alentours. En effet, en volant très haut, nous avions une visibilité de loin meilleure que celle du meilleur elfe sur la vigie la plus haute du plus grand navire de guerre. Les flottes évitaient le combat autant que possible. Et s’il s’agissait d’un ou deux « petits » navires isolés que nous ne pouvions éviter, nous nous chargions personnellement des les incendier et de les détruire. Pour finir, il y avait le retour, victorieux la grande majorité du temps, à Lothern où nous étions reçus par le Roi Phénix. Ma moitié et moi devînmes des amis du roi à force de passer par Lothern. Il appréciait surtout les nouvelles « du terrain » que nous rapportions de nos expéditions dans les Terres des Hommes. Cela allait des coutumes aux méthodes de combat en comptant la magie enseignée par Téclis aux humains en passant par le commerce ou la situation politique.
Les périodes d’accalmies se déroulaient selon une routine bien établie au fil du temps et qui ne changeait que rarement. Les journées commençaient vers six heures du matin avec le petit-déjeuner. Ensuite, Aryana et moi allions voler pendant toute la matinée jusqu’au repas de midi. Puis, il y avait l’entraînement au combat, sous toutes ses formes. Parfois, il nous arrivait d’entraîner mon jeune frère qui était déjà un Maître Dragon. Le soir, après le repas, nous partions également faire un vol nocturne pour s’y entraîner. Un adage des Princes Dragons disait « Le vol de nuit est identique au vol de jour. Sauf qu’il fait nuit. ». Evidemment, ce n’était pas aussi simple, malgré la capacité des dragons et des elfes à voir de nuit. En effet, nous ne voyions pas comme en plein jour. Il fallait donc s’habituer. Ce fut dans cette période que j’appris à Aryana à ne faire qu’un avec Irskagna quand elles étaient en vol. C’était la condition pour atteindre un niveau optimum au combat et être à la hauteur de notre réputation. Celle-ci se devait d’être entretenue. Mon épouse ne se trouvait pratiquement plus aucun opposant au sein de l’Ordre. Elle avait réussi l’exploit de faire changer d’avis tout le monde, ce qui n’avait pas été une mince affaire. Au point que nous avions été tous les deux nommés au rang de Seigneur Dragon, à un âge excessivement jeune.
Ce fut également durant l’une de ces périodes qu’Aryana décida de me révéler ce qu’elle avait subi durant ses trois années d’emprisonnement. Cela commença un matin par lors du vol matinal. Mais au lieu de rentrer, elle me demanda que l’on parte pour Ellyrion, sur l’une des plages de la Mer Intérieure la plus au sud de ce royaume. J’acceptais, ne voyant aucun problème à cela. Je pensais alors qu’elle voulait s’entraîner dans un cadre différent de la cour ou de la salle d’arme. Cependant, après le repas de midi improvisé, elle s’assit et me demanda d’écouter ce qu’elle avait à me dire. Je sentis que quelque chose n’allait pas car elle avait presque les larmes aux yeux, chose fort rare. Quand je voulus la prendre dans mes bras, elle me repoussa. A ce moment, je craignis le pire, pensant qu’elle allait me dire qu’elle voulait que l’on se sépare. Puis, elle commença à parler, me demandant de ne pas l’interrompre avant qu’elle n’eut fini.
- Les paragraphes suivants contiennent des éléments pouvant heurter des personnes sensibles et sont déconseillés aux personnes mineures:
- Comme tu le sais, j’ai été, pendant trois ans, prisonnière de mes deux frères. Je vais tout te raconter parce que j’en ai besoin et je n’arrive plus à garder ça pour moi. J’ai été capturée en fin d’après-midi par le plus jeune des deux, celui que tu as tué sur les remparts. Il était équipé exactement de la même manière. Il m’a défiée en duel mais je n’ai pas réussi à le vaincre. Il m’avait désarmée et mise à terre. Cependant, je n’avais plus mon heaume sur la tête. Il m’a reconnue à ce moment et a ordonné à des soldats de m’emmener avec mon équipement jusque dans la tête du général sans me faire de mal, sans quoi ils seraient éviscérés devant tous les autres soldats et leurs familles le seraient également. J’ai bien tenté de résister mais ils m’ont assommée pour que je ne me débatte pas. Leur campement était horrible à voir, même si la plupart des soldats étaient au combat. On pouvait voir des prisonniers Asurs écorchés vivants ou pire encore. J’avais l’impression de me retrouver dans les Royaumes du Chaos. On a finit par arriver à la tente du général. On me mit à genoux dans une espèce de grande tente. Ma surprise fut grande quand je vis le plus vieux de mes frères me fixer de haut. Je l’ai salué. Mais il m’a répliqué avec une grande claque. Il a ensuite ordonné aux soldats de repartir au combat. Ils l’ont immédiatement écouté. Sans que je ne remarque avant, ils avaient attaché mes mains dans le dos. Aussi, je ne pouvais rien faire. Il commença à m’enlever toutes mes pièces d’armures. Puis, il a déchiré ma cotte de mailles. Il faisait ça très lentement et je n’arrivais pas à dire quoi que ce soit. Il avait un sourire sadique. Lui, qui m’a bercée quand j’étais petite et me racontait des histoires le soir, voulait me torturer et me faire du mal. Il me dit alors :
« Tu as faim ? Bien évidemment que tu as faim. Cela doit faire des heures et des heures que tu n’as rien mangé. D’après Evianar (le plus jeune des deux), tu as combattu depuis l’aube et sans t’arrêter. Tu dois avoir soif aussi. Si tu veux boire, tu peux. – Il me mit une gamelle avec de l’eau et une autre avec de la nourriture devant moi. – Cela dit, tu vas être obligée de manger comme un animal. Pardon, tu es un animal. »
Cela a continué ainsi pendant deux jours. Il m’avait laissée dans cette position, me relevant ou me faisant relever quand je m’endormais. J’avais toujours mes cheveux attachés dans le dos dans une longue natte. Puis, j’avais trop faim et je me suis baissée pour manger et boire comme un chien. J’en pleurais. A ce moment, il est venu vers moi en me disant :
« Finalement, tu as tenu plus longtemps que je ne le pensais. Mais ce n’était rien. On va voir jusqu’où peut aller ta volonté de résister. Le jeu est assez simple. Tu ne mourras jamais. Le seul moyen pour que j’arrête est que tu acceptes de rejoindre les elfes loyaux au véritable Roi d’Ulthuan. »
Il me déshabilla en déchirant mes vêtements. Puis, il me fit attacher les bras au-dessus de la tête et mettre debout. Je… Il a commencé ensuite à me frapper avec ses poings dans le ventre, sur la poitrine et enfin le visage. Le soir, il m’a remise à genoux et j’ai été obligée de manger comme un animal. Je me suis dit, à ce moment, que plus longtemps je tiendrais, plus il y avait de chances pour que je puisse être libérée un jour parce que tu finirais par venir jusqu’à Arnheim. Je savais que c’était insensé, mais c’était tout ce que j’avais pour espérer. La garnison ne faisait jamais de sortie et les prisonniers étaient considérés comme perdus et morts au combat. Cependant, j’ai eu un peu de chance car les troupes assiégeant la ville partaient pour Ulthuan. Il me laissa tranquille durant tout le voyage jusqu’à ce que sa tente soit à nouveau mise en place. C’est là que tout a réellement commencé.
Ils débutèrent par des simples coups de fouet devant de nombreux soldats. J’étais nue en permanence puisqu’ils voulaient m’humilier où que je sois. Je suivais le plus âgé des deux où qu’il aille, même dans les réunions d’état-major. C’est là que j’ai appris que l’on était devant Tor Crevnan. Quand j’appris par un soldat paniqué qu’un fou furieux en armure rouge menait une sortie pour sauver le port, j’ai su que c’était toi. Heureusement, mon frère n’a pas réussi à te trouver. Je ne sais pas ce qu’il aurait pu te faire alors. Ni ce que je serais devenue. J’aurais probablement craqué. C’est juste après que cela a commencé à devenir horrible. Il a commencé à me brûler des petits bouts de peau avec un morceau de charbon chaud. L’avantage étant que je n’aurais jamais de marques permanentes. Il voulait les garder pour plus tard, pour quand je me serais soumise à lui. Puis, il a repris les coups de fouet. Le pire était le plus jeune des deux. Il frappait beaucoup plus forts. Mais la chose la plus horrible est qu’ils n’hésitaient pas à me soigner entièrement. Ils ont aussi tout tenté pour me briser psychologiquement après avoir entendu ton nom dans mon sommeil. Ils ont plusieurs utilisé des prisonniers en tentant de me faire croire qu’il s’agissait de toi. Is les exécutaient devant moi pour tenter de me forcer la main. Mais je te connaissais trop bien pour cela. Cela a duré pendant des mois. Ensuite, ils ont décidé de faire un grand nombre de tortures, de manière beaucoup plus régulière. Je crois que ça doit être environ un an avant la fin du siège. Ils me faisaient baigner de force dans du sang de prisonniers asurs ou humains et faisaient semblant de me noyer dedans. C’était horrible. Dès que j’étais dehors, ils me frappaient, fouettaient ou torturaient avec d’autres objets. Le pire était quand ils me piquaient avec des aiguilles un peu partout sur le corps. Je les insultais en permanence parce que j’étais certaine que les dragons finiraient par se réveiller et qu’à ce moment, mes deux frères mourraient. J’ai plusieurs fois tenté de les menacer de cela mais ils ne m’écoutaient pas. Ils ont alors décidé de me briser psychologiquement. Mon plus vieux frère s’approcha de moi et me dit à l’oreille :
« Dis, tu es encore vierge, n’est-ce pas ?
-Je… - J’ai écarquillé les yeux en l’entendant. J’avais peur de la suite.
-C’est bien ce que je pensais.
-Non… S’il-te-plaît. Ne fais pas ça à ta petite sœur. – Je ne voulais pas savoir ce qui allait suivre.
-Si. Tu l’auras voulu. Ce n’est pas ton petit noble qui va venir te sauver. Comme toujours. Au fait, tu n’es plus ma sœur depuis que tu as décidé de rejoindre l’armée des Traîtres. »
Il m’a alors forcée à me mettre à genoux et baissa ma tête vers le sol. J’avais les mains attachées dans le dos. J’avais beau me débattre, j’étais trop affaiblie par la captivité et lui beaucoup trop fort. Il a ensuite écarté mes jambes avant de les fixer sur le sol. Puis je l’ai entendu se déshabiller devant avant qu’il ne commence à pénétrer. J’ai crié de douleur pendant tout ce temps-là. Se faire violer était horrible. Mais par son propre frère qui prenait soin de vous et jouait avec vous quand vous étiez petite, c’est encore pire. Pendant les mois qui ont suivi, j’ai servi de jouet sexuel pour lui. Il me faisait tout ce qui lui passait par la tête. Y compris me donner pendant des jours au service des Gardes Noirs présents qui pouvaient me violer comme et quand bon leur semblait. Je… Il m’a aussi forcée à manger sur la terre, des morceaux de cadavres ou mes propres excréments. Le pire était que cela était additionné avec les autres tortures. Il n’y avait que la nuit, quand il se reposait et que je n’étais pas livrée aux gardes, que je pouvais tenter de me reposer. Mais là encore, j’avais du mal. Ils avaient des insomnies à cause de la bataille qui n’avançait pas comme ils le voulaient et je servais à évacuer leur frustration.
Le pire a été quand tu as tué le plus jeune des deux. Il savait que c’était toi. Je… Il est rentré dans une colère et m’a frappée jusqu’à ce que je tombe inconsciente et même après. Puis, le lendemain, il m’a forcée à tuer un humain et à le vider de son sang dans le chaudron que tu as vu. Il aimait se baigner dedans parfois. Et me violer à l’intérieur. J’avais entendu quelques soldats rapporter que des dragons s’étaient réveillés. Je crois que c’est ce qui m’a permis de tenir les derniers jours. Sans quoi j’aurais probablement craqué. J’avais eu beau tenter de me suicider pendant des mois, je n’avais aucun moyen d’y parvenir. Je l’avais aussi supplié un nombre incalculable de fois de m’achever mais cela n’avait fait que l’énerver et il frappait encore plus fort.
Le dernier jour, au moment de la sortie, il ne s’y attendait pas. Néanmoins, il a eu le temps de me violer deux fois et de me fouetter tout en se faisant équiper ou en donnant des ordres. Il savait que l’un des chefs asurs viendrait directement à la tente pour tenter de le tuer. Il espérait que ce soit toi pour qu’il te tue sous mes yeux. Tu ne peux pas savoir combien j’ai été heureuse que tu me détaches de là. Et combien j’ai été heureuse de pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce. Je sais que cet acte de barbarie sur son visage n’est pas digne d’un Prince Dragon. Mais je voulais me venger pour tout ce qu’il m’avait fait subir.
Aryana continua ainsi son monologue. Elle n’avait pas pleuré ni versé une seule larme, même si elle menaçait de craquer à tout moment. Je réfléchissait à toute vitesse. Je savais qu’elle avait subi de très nombreux outrages. Toutes les marques sur son corps quand je l’avais récupérée l’attestaient. Peut-être pas à ce point. Mais je n’avais pas été loin de la vérité. Je ne l’écoutais plus me parler et pris une décision. J’avais juré de la soutenir dans toutes ses épreuves et je le ferais. J’avais pratiquement rompu avec ma famille pour elle. Je m’étais mis à la solde d’humains pour elle et j’avais plusieurs fois risqué ma vie pour elle. Elle m’avait parfois rendu la pareille mais je l’aimais plus que tout. Plus que n’importe qui. Hormis ma famille, mais c’était un amour différent. Aussi, je l’embrassais longuement sur la bouche pour la faire taire et lui montrer qu’elle pourrait compter sur moi. Puis, elle pleura longuement sur mon épaule. Puis, elle se sépara. Elle me demanda alors :
« Pourquoi est-ce que tu m’aimes ? » La question-piège la plus difficile de tous les temps, des elfes, des nains et de l’humanité confondus.
« Je… Parce que tu es toi.
-Pardon ? – J’étais sur des charbons ardents.
-Tu es belle comme une déesse, courageuse, intrépide, indépendante, très intelligente, excellente combattante et un très bon général. Tu as aussi un très fort caractère ainsi qu’un sens de l’humour à toi mais que j’aime beaucoup. Tu n’as pas vraiment peur de dire ce que tu penses. Et puis tu m’aimes malgré toutes les crasses que je t’ai faites.
-Je… Merci. Je…
-Oui ?
-Je veux te remercier d’avoir tué mon plus jeune frère et de m’avoir libérée. Je t’en serais éternellement reconnaissante.
-Je n’ai fait que mon devoir.
-Menteur. Je suis sûre que ton cœur s’est emballé quand tu m’as reconnue.
-Je… Non, ce n’est pas vrai.
-Tu mens. – C’était une affirmation.
-Comment tu pourrais le savoir ?
-Tu fais semblant de bouder et tu as une petite étincelle dans les yeux.
-Aarrh.
-Sinon, je ne veux pas que l’on soit séparés une seule minute pour le reste de notre vie.
-Il le faudra bien. J’ai envie d’avoir un petit peu d’intimité quand je vais aux latrines.
-Tu n’as aucun humour.
-Tais-toi et embrasse-moi. » Elle obéit immédiatement et nous nous embrassâmes encore une fois.
Nous rentrâmes à la nuit tombée à Tor Crevnan. Je sentis à partir de là qu’un poids important avait quitté ses épaules. Elle était enfin en paix avec elle-même. Quelques mois plus tard, alors que l’été touchait presque à sa fin, nous reçûmes l’ordre de partir pour les Terres des Hommes. Nous devions aller chercher tous les deux un artefact dans les Montagnes des Nains. Celles du Bord du Monde pour être plus précis. Il fut localisé avec une grande précision par les maîtres de la Tour Blanche. Ces derniers nous donnèrent un itinéraire précis à suivre. Il fallait être rapide et discret. Allez dire ça à deux Seigneurs Dragons chevauchant des Dragons Stellaires. Autant le premier était possible. Autant le second serait plus difficile. Surtout que l’objet en question était situé au niveau de Barak Varr, mais au beau milieu de la chaîne de montagnes. Cela avait l’air relativement facile. Il suffisait de programmer quelques pauses dans des endroits isolés de présence vivante pour être en sécurité. C’était aussi simple que de monter et combattre depuis un coursier elfique lancé à pleine vitesse.
Le voyage se déroula tranquillement jusqu’en Estalie où nous fîmes reposer les dragons pendant quelques jours avant de reprendre le trajet, exclusivement de nuit et de manière assez lente, en prévision du voyage du retour. En effet, il valait mieux éviter de se faire voir en plein jour. Malheureusement, nous n’eûmes guère le temps de faire des visites, à notre grand désespoir. Nous laissâmes Barak Varr derrière nous avant de partir droit vers les montagnes. Nous avions le moyen pour trouver l’endroit exact, mais fallait-il encore le repérer. Cela prit près de trois jours. C’était une simple caverne, anciennement habitée par des trolls vu l’odeur. A notre grande surprise, nous trouvâmes l’objet assez rapidement. Il n’y avait aucun piège, aucun gardien, aucun démon pour nous attaquer. C’était facile. Je donnais l’objet, un sceptre, à Aryana puis nous montâmes nos dragons et partîmes vers l’ouest. Cependant, quelques minutes plus tard, une violente tempête éclata et nous fûmes séparés. Arsvagnir fut touché par un éclair et nous tombâmes hors de la tempête, au sommet d’une montagne. Je fus désarçonné et roula en boule sur quelques pieds. Je me relevais rapidement et me dirigeais vers mon dragon. Il était légèrement blessé et quelques jours de repos complet suffiraient, avec une attelle que je fabriquais avec quelques morceaux de bois et de tissus dans mes affaires. Puis, j’observais les alentours. Tout était désolé. Il y avait seulement une immense caverne avec un grand squelette de dragon juste à côté. Il avait dû être occis il y a fort longtemps vu l’état des os. Dans le ciel, aucune trace d’Aryana. J’espérais qu’elle continuerait sa route car tels étaient les ordres puis qu’elle reviendrait pour me chercher.
Soudain, j’entendis quelqu’un s’approcher. Cela me surprit car je pensais cet endroit vide de toute présence. Je me tournais rapidement et vit un être humain approcher. Il avait une antique armure rouge que je n’avais vue quand dans quelques ouvrages traitant des humains habitant Nehekhara. Il portait plusieurs lames. J’avais l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. J’étais certain de l’avoir déjà vu. Il s’approcha de moi en me disant :
« Qui es-tu pour oser venir me déranger ?
-Gilgalad Swiftblade, Seigneur Dragon de Caledor. Et vous ?
-Tu le sauras peut-être un jour. Peut-être pas. A toi de voir. Que veux-tu ?
-Je désire juste pouvoir faire reposer mon dragon quatre ou cinq jours. Puis je partirais. Et si vous ne souhaitez pas être retrouvé, je ne parlerais de vous à personne.
-Hum. Intéressant. Mais si je veux que vous partiez maintenant ?
-Impossible. Le chemin n’est pas praticable pour un dragon. Et je me refuse à l’abandonner.
-Tu sembles l’aimer.
-C’est mon meilleur ami.
-Bien. Si tu gagnes, je te laisse t’en occuper. Si tu meures, je ne sais pas ce que je ferais. Je n’en sais rien.
-Vous voulez un défi ?
-Exactement.
-Très bien. »
Je dégainai Amlugcrist, mis mon heaume et pris mon bouclier. J’étais prêt à défendre Arsvagnir à n’importe quel prix. De plus, c’était sûrement un humain, relativement facile à vaincre, même si quelque chose me disait de me méfier de lui. L’homme tira une épée et attaqua immédiatement. J’esquivais un coup de justesse et para un second en catastrophe. Je réussis à porter une estocade sous sa garde et à le prendre à un défaut de son armure. Mais ce coup me fut fatal et je fus embrocher par l’épaule, sur un léger défaut de mon armure. Je tombais au sol et le vis alors se pencher au-dessus de moi. Je me souvins. Il avait affronté les orques lors de ma première expédition dans les Terres des Hommes. Un vampire qui ne craignait pas la lumière du soleil encore présent dans cette fin de journée. Il finit par s’accroupir et me murmurer à l’oreille :
« Tu es un excellent combattant. Je ne me souviens pas qu’Ulthuan ait formé d’aussi bons guerriers. Ton dragon vivra, sois sûr de cela. Je n’ai qu’une seule parole.
-Qui… Qui êtes-vous ?
-Je suis Abhorash, le premier des dragons de sang. C’est le dernier visage que tu verras avant de mourir. »
Il enfonça sa lame vers mon cœur. Il mentait. En fermant les yeux, je revis le visage d’Aryana le jour de notre mariage, comblée de bonheur. Je revis toute mon enfance, tous els bons moments, les courses-poursuites dans la ville et toute la forteresse avec ma grande sœur. Mes premiers entraînements à l’épée et à l’arc alors que je savais à peine marcher. Mes premiers entraînements en tant qu’archer. Mes premières batailles. L’entraînement de lancier et les batailles. La rentrée dans les Heaumes d’Argent. Les batailles. L’entraînement de Prince Dragon. L’acceptation comme Prince Dragon. La défaite du Buveur de Sang. La rencontre avec Aryana. Le départ pour les Terres des Hommes. Le duel avec le troll et mon inconscience. La déclaration d’Aryana qui me disait qu’elle m’aimait. Ma réponse et notre premier baiser, le plus doux de toute ma vie. Nos aventures dans les Terres des Hommes. Notre retour à Lothern et notre dispute. Mon retour à Tor Crevnan et la tristesse d’Iryana. La rencontre à Tor Liandin d’Aryana et son annonce de son départ pour Arnheim. Ma frustration. Le siège de Tor Crevnan puis mon premier vol à dos de dragon. La sortie générale et le sauvetage d’Aryana des mains de l’ennemi. La suite de la guerre. La reprise de l’entraînement de ma bien-aimée. Son duel dans l’arène et ma joie quand elle le remporte. Puis mon mariage des années plus tard avec elle et notre première nuit d’amour. Nos disputes et nos joies. Son premier vol sur Irskagna avec moi. Nos escapades dans tout Ulthuan. Nos combats épaule contre épaule au cœur de la mêlée. Le combat contre le Buveur de Sang. Aryana. Je vis les enfants que l’on aurait pu avoir. Toujours le visage d’Aryana. Je savais que je mourrais mais je mourrais au moins heureux. Mentalement, je lui envoyais un message. Je savais qu’elle ne pourrait jamais l’avoir. Mais au moins, j’étais en paix. J’avais vécu beaucoup de choses et j’avais pu épouser la femme qui était la plus formidable au monde.
Soudain, ce fut le néant.
La suite la semaine prochaine
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