Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Lun 12 Nov 2018 - 19:46
vg11k a écrit:Éventuellement je publierais l'intégralité des textes croisés et ordonné de mes compagnons d'aventures présentés plus haut. Car j'ai en effet TOUT conservé. Et c'est conséquent. Cependant… nous étions tous de gros noobs et la qualité d'écriture comme d'orthographe laissaient à désirer… les incohérences entre nous et vis à vis du lore j'en parle pas (la magie du crâne c'était presque des rayons dbz...) mais le plaisir était là.
J'avais présenté une première fois la bête ici et ai évoqué ce projet sur discord dans la journée. Et il est temps que je "passe à l'acte".
Résumons et approfondissons ce que j'ai déjà évoqué dans mon précédent post, au lien plus haut.
Lorsque j'ai débuté warhammer je l'ai fait sur un forum aujourd'hui disparut avec d'autres joyeux larrons. Pour nous motiver mutuellement, nous avons entreprit une sorte de CdA où nous développerions des bandes pour Mordheim. Bandes dont nous avions pour objectif de faire se taper dessus par textes inter-croisés.
Pour resituer j'avais alors 18ans, débarquant à la fac et deux trois trucs déjà écrit dans mes poches, mais rien d'aussi développé que ce qui a découlé de ce projet. A savoir Manesh'k, l'arc Lahmia et F&S. Dans ce groupe j'étais l'un des plus âgé, le plus jeune étant encore au collège si je ne m'abuse. Les niveaux d'écriture, de réflexion et d'orthographes de ce cercle de geeks était par conséquent très hétérogène. J'ai d'ailleurs encore beaucoup à faire, surtout sur ce dernier point
Ce que je vais partager ici est l'intégralité des textes croisés des sept participants. Si je vais m'efforcer de corriger les fautes d'orthographes et améliorer les tournures ne faisant aucun sens, je ne changerais pas les choix et dialogues rédigés à l'époque. Et ce même si certaines situations ponctuelles me laissaient sceptiques déjà à l'époque.
Pourquoi ne réaliser cela que maintenant ? En vrai, j'étais assez frileux à l'idée de partager ces textes croisés. Toutefois je souhaiterais avancer cet arc narratif de mon personnage Manesh'k en même temps que j'entame celui succédant à Feu & Sang, faisant d'ailleurs le lien entre F&S et mon one-shot Carmen. Or je voudrais exploiter le fluff construits ensemble et, sans partager celui-ci, cela va vite devenir la pagaille dans mes écrits...
J'édite rapido : afin de comprendre le pourquoi de mon personnage vampire, si vous n'êtes à jour que sur une partie de mes écrits je vous invite à jeter un oeil à ceci
Présentons les forces en présence. Nous avons :
les NAINS d'Arik
les ORQUES de Litrik
les HOMMES-BETES de Schattra
le CABARET ITINÉRANT d'Eol
les HAUT-ELFES de Yodan
les HOMMES-LÉZARDS de Kisame
les COMTES VAMPIRES de vg11k
Afin que tout le bazar à venir ai un semblant de sens, je vais indiquer qui rédigeait quelle section via le code-couleur indiqué plus haut.
Enfin, dernier détail : j'avais l'accord de Yodan et Litrik de faire approximativement ce que je veux de ces textes et leurs personnages à l'époque. Les autres en revanche je les ai malheureusement perdus de vue et vais m'auto - octroyer ce droit. Si d'aventure ils venaient à se manifester, je m'engage à respecter leurs directives quitter à retirer leurs parties de ce topic. Se sont LEURS personnages après tout et donc propriété intellectuelle.
Maintenant, fermez les yeux.
Imaginez un monde médiéval déchiré par les conflits, où les guerres sont destructrices et où les forces démoniaques menacent à tout moment d'annihiler toute vie dans ce monde... imaginez le monde de Warhammer.
Il y a de cela des années, un fléau venu du ciel s'est écrasé sur une citée prospère , réduisant en poussière ses citoyens ou les condamnant à la damnation... aujourd'hui cet endroit est devenus une immense ruine et recèle dans ses entrailles bien des présents...
MORDHEIM
Il y a dix ans, une expédition de nombreux mercenaires en Lustrie découvrit sur un temple « abandonné » selon eux. Au moment où ils allaient pénétrer dans le temple, une grêle de flèches et de projectiles empoisonnés leur tomba dessus, et la bataille commença. Des saurus sortirent de la jungle environnante, tandis que des skinks les couvraient de leurs sarbacanes. Au cours de la bataille, d'autres hommes sortirent eux aussi de la jungle, revenants du bateau où ils finissaient leurs préparatifs. Les sauriens, désormais en moins grand nombre furent assez vite dépassés, aussi Tenqualteq, prêtre skink chargé de la protection du temple, ordonna le repli afin d'essayer d'éviter le massacre, mais ils étaient encerclés. Les mercenaires en profitèrent, car pendant que les uns poursuivaient les lézards en fuite, les autres fouillaient le temple. Ceux-ci trouvèrent la relique. La plupart des hommes-lézards étant morts, les mercenaires rembarquèrent pour l'Arabie. Tenqualteq vit qu'il ne lui restait que deux guerriers, Sibli, un éclaireur skink, et Tempeq, guerrier totem du léopard. Peu après le départ des hommes, le prêtre somma ses meilleurs guerriers, restés à la cité-temple, de venir avec lui sur les traces des voleurs...
Sa route le mena jusqu'à un souk en Arabie. Jusqu'à un marchand à qui les mercenaires avaient vendu le médaillon. Voyant les sauriens s'approcher, le marchand envoya ses gardes du corps contre eux, détestant les lézards par dessus tout... L'escarmouche fut brève et violente, mais les fils des Anciens, surentrainés par des années de combat, gagnèrent sans déplorer de pertes. Tenqualteq lut dans les pensées de l'Arabien. Malheureusement, le marchand n'était plus en possession de l'antique bijou, vendu il y a quelques jours de ça à une femme, "Louise", et Tenqualteq commença ses recherches. Mais chaque fois qu'il pensait retrouver la relique, son propriétaire fuyait de nouveau. Jusqu'à l'Empire. Et dix ans plus tard, le prêtre n'avait toujours pas retrouvé le médaillon. Jusqu'au jour où tout changea. Le lézard avait retrouvé sa trace et elle se dirigeait vers Mordheim. C'était le moment d'en finir, Tenqualteq le sentait, mais de nombreuses embûches se dressaient encore sur la route de la cité des damnés.
*
- Madame ! Madame ! Dame Guide !
- Calmez-vous Saelfinn ! Qu'y a t-il ?
- Dame Finelion, je viens de recevoir un message du conseil d'interprétation ! Ils l'ont trouvé ! Ils l'ont localisé !
- Comment ! Où ça ? Est-ce fiable ?
- Plutôt oui ! Ils ont recoupé plusieurs prophéties et autres informations, et...
- OU ?
- A Mordheim, en Ostermark ! Ils...
- A Mordheim ! Mordheim... Aenur avait donc vu juste... Nous ne pouvons nous permettre de le perdre ! Envoyez immédiatement un corps expéditionnaire ! Discrètement ! Je préviens le Roi Phénix.
*
Dirigé de main de maître par son équipage elfique, le Vogueur des Larmes fendait les flots de la Mer des Griffes. Sur le pont, les gardes maritimes s'activaient afin que ses voiles blanches tirent le maximum de puissance des vents de l'automne. La cabine du commandant était le théâtre d'une discussion houleuse entre les chefs de l'expédition :
- Comment ça nous ne retournerons pas en Ulthuan ? s'écria le commandant Vaelic. Ma mission était de vous amener à bon port, puis de revenir à Lothern !
- Votre mission initiale était certes de nous amener à destination, enchaîna Kaenur. Néanmoins d'autres objectifs sont venus s'ajouter, et je vous prie de m'excuser de vous l'avoir caché. C'était un mal nécessaire : ce ne peut être dévoilé sur les terres d'Ulthuan, car si cela se révélait être un échec, le moral des Asurs ne s'en relèverait pas.
Ces paroles laissèrent place à un silence gêné dans la cabine. Le commandant interrogea du regard son second, Filnar, musicien du navire, et le cuisinier Valnir, puis il scruta les visages impassibles du maître des ombres Kaenur, et de ses lieutenants, les rôdeurs des ombres, ainsi que du grand Heaume, le noble Litaen Griffes de Lune. N'y tenant plus, il explosa :
- Mais de quoi parlez-vous ? Exprimez-vous clairement, par Isha !
- C'est on ne peut plus limpide : nous devons faire des recherches dans Mordheim. Et pour cela nous avons besoin d'une base arrière, pour nous assurer ravitaillement, renforts et contacts avec nos supérieurs. Et vous vous chargerez de cette base.
- Pas question que je pose ne fût-ce qu'un pied sur les froides terres de l'Empire !
- Et si votre consentement n'entrait pas en considération ? rétorqua Kaenur. Et si... c'était un ordre ?
-Un ordre ? Pour qui vous prenez vous ? Je n'ai d'ordres à recevoir de personne sur mon navire, et encore moins d'un guerrier fantôme !
Le maître fantôme sortit alors un pli de sa tunique, prenant visiblement plaisir à malmener le commandant.
- Ceci, entama Kaenur, est une ordonnance de votre seigneur Ailes-Tempête lui-même, selon laquelle vous êtes placé sous mes ordres tout le long de cette mission, ainsi que votre navire et votre équipage.
Le commandant ne lui fit pas l'offense de la lire. Il demanda :
- Et puis-je savoir pour quelles raisons le seigneur Ailes-Tempête vous fait autant confiance ?
- Parce que je dépends de quelqu'un de très haut placé. Un proche du Roi Phénix en personne, poursuivit le maître des ombres afin de couper à toute question. Et ma mission est de la plus haute importance pour Ulthuan et les Asurs.
- Et vous croyez que cela me suffit ? Vous...
- Cela devrait !
- Il va falloir m'en dire plus. Je suis certes sous vos ordres, mais vous avez besoin de mon approbation... assura le commandant, sa détermination se lisant sur son visage.
- Tiens dont ! répliqua Kaenur, sardonique.
- Libre à vous...
Le commandant se tourna vers son musicien, et lui demande l'air innocent :
- Hé, Filnar ! Tu sais quelle est la route la plus rapide vers Mordheim, toi ?
- Non, mon commandant ! Et vous ?
- Je vais essayer de faire de mon mieux..., répondit Vaelic d'un ton narquois.
Il poursuivit en souriant :
- Alors Kaenur, mon approbation ne vous intéresse toujours pas?
Ce dernier plissa des yeux :
- Je vois... Très bien ! Mais attention, le gourmand peut s'étouffer avec ce qu'il avale...
- Je m'en souviendrais.
- Et moi de même. Bien ! Connaissez-vous la Quête de la Nouvelle Aube ?
- Pas vraiment...
- Bon, alors je vais vous demander de ne pas m'interrompre.
Kaenur réfléchit, puis prit la parole d'un ton grave.
- La société, le monde commencèrent à décliner avec l'arrivée des fléaux, et au premier rang d'entre eux, les démons, serviteurs des Dieux Sombres et les guerriers adorateurs de ces même Dieux. Il existe au sein de la société Asure un groupe, la Quête de la Nouvelle Aube, qui cherche par tous les moyens à recréer cette harmonie d'antan. Nous en faisons partie, dit-il en désignant ses lieutenants. Ainsi que ceux qui ont embarqué sur ce navire et une minorité de nos concitoyens. Des personnes fiables et efficaces. Il y a peu, on nous a ordonné de partir à Mordheim pour rechercher des indices.
- Je n'en crois pas un mot ! Pourquoi un tel groupe serait-il resté secret ?
- Vous pouvez cependant nous croire. Valnir lui-même en fait partie. En réalité, c'est lui qui nous a conseillé vos services -il disait que vous comprendriez. Peut-être s'est-il trompé.
- Valnir ? Le cuisinier ? Est-ce vrai ? demanda Vaelic au concerné.
- Oui, mon commandant. Croyez-le, mon commandant. Vous ai-je déjà fait défaut ?
Vaelic grommela, puis se tourna vers le maître des Ombres et s'emporta :
- Mais alors pourquoi cette Quête est-elle restée secrète ? Elle aurait pu unifier les Asurs, plus qu'ils ne le sont ! Et quels sont donc ces moyens pour recréer l'harmonie d'antan, comme vous dites ? Et quels sont les indices que vous recherchez à Mordheim ? C'est surréaliste !
- Cette Quête est restée dans l'anonymat car il s'agit de la première piste que nous ayons depuis sa création, sous le règne de Morvael l'Impétueux. Les indices que nous recherchons sont en fait une personne, que vous connaissez sûrement et qui a commencé cette Quête il y a longtemps, à Mordheim. Il s'agit d'Aenur, guidé en songe par Asuryan lui-même, selon ses dires. Quelle pitié que nous ne l'ayons pas cru ! Nous aurions gagné un temps précieux !
Son regard tomba dans le vide, puis il se reprit :
- Notre discrétion est indispensable ! Lileath seule sait ce qui arrivera si nos ennemis découvrent l'importance de Mordheim à nos yeux. Quant aux moyens, cela fait partie des informations que vous ne pourriez encore digérer. Vous n'êtes pas encore prêt, tout comme le peuple Asur. La nouvelle d'un échec vous anéantirait. Contrairement à nous-mêmes Nagarythes.
Il eu un mouvement de recul. Son regard se perdit au loin et une douleur apparut sur son visage, éphémère autant qu'intense. Il murmura, comme à lui-même :
- Nous devons d'abord être sûrs, avant d'annoncer ceci aux Asurs.
Sa voix se raffermit soudainement :
- Nous avons l'aval du Roi... seriez-vous assez orgueilleux pour nous refuser votre approbation ?
- Certes non. Je vous aiderais de tout mon possible, dussè-je camper jour et nuit pendant trois siècles sur les terres des hommes.
- Trois siècles ne suffiront peut-être pas...
*
Très cher journal.
Voilà bien longtemps que je n'avais pris ma plume pour laisser une trace sur ton papier, usé par les années de voyage.
Ma situation n'était pas... Idéale pour tenir un quelconque compte rendu de mes journées. Je pense que s'y j'avais du relire les pages de ce que furent mes dernières années, j'en aurais très certainement pleuré... Tout du moins éprouvé de la pitié.
Si je reprends aujourd'hui un confident que j'ai trop longtemps délaissé, c'est que ma vie s'est nettement améliorée et ce grâce à Louise, et aux autres...
Mais reprenons au début. Tu as le droit de savoir, mon vieil ami, ce qui m'a conduit dans cette roulotte, dont tu dois très certainement ressentir les soubresauts sur les pierres jonchant la route.
Comme tu le sais, puisqu'à l'époque je noircissais tes pages, je fus un homme de lettres... Un poète...
Oh, rien d'extraordinaire, un petit artiste qui a fini par se lasser des repas de pain sec et d'eau. J'en suis venu à gagner ma vie auprès des grands de ce monde, au plus près de la noblesse d'Altdorf. Vantant les mérites de celle-ci au travers d'odes dénuées de charmes et de pamphlets hypocrites. Mais cela leur plaisait... J'y gagnais quelques pièces, des repas réguliers et un semblant de considération. Je vivais comme un parasite, loin des idéaux que j'avais jadis et que je suis venu à oublier totalement.
Vivant dans cette pseudo-bourgeoisie, j'ai commencé à dilapider l'argent que je gagnais et mon peu de reconnaissance dans l'alcool, les femmes et le jeu...
De Wolfgang le poète, j'ai doucement glissé vers Wolgang « 4 as », moins reconnu pour ses vers que ses talents aux cartes. Petit à petit ce don naturel pour les jeux m'a valu une réputation que je n'avais jamais eu en tant qu'artiste. J'ai délaissé l'aristocratie impériale pour m'immerger dans les vapeurs sombres de clubs très fermés. Ma « veine » en a agacé plus d'un... De joueur de carte, je suis devenu duelliste pour ma survie et ma réputation s'en est entachée. Trop chanceux aux cartes je ne trouvai plus d'adversaire, les tavernes me fermant leurs portes pour ne pas attirer la milice. Je n'étais plus qu'un paria, vivant de ce que je pouvais trouver ou de quelques parties clandestines sur les marchés... Je n'étais plus que l'ombre de moi-même...
Jusqu'à ce que Louise me trouve...
Comme à mon habitude, j'attendais quelque badaud dans un coin de la place du marché d'Altdorf. Une cagette retournée servant de table de jeu, je battais les cartes pour passer le temps, non sans me méfier de la garde qui avait pour habitude de passer dans le coin.
Une femme s'est approchée, belle et sûre d'elle, une gamine d'à peine plus d'une dizaine d'années flanquée dans ses basques et un colosse sur ses pas. Sa démarche faisait flotter son manteau long et voler sa jupe, ses bottes claquaient sur les pavés, les gens se retournaient sur son passage mais elle venait droit vers moi. Je crois bien avoir retenu mon souffle au moment où elle s'est arrêtée face à mon stand de fortune. Le visage fermé, sans le moindre sourire, elle me dévisagea un long moment et je ne pu ouvrir la bouche tout ce temps...
La petite fille s'accrochait nerveusement à sa jupe, et son garde du corps, une montagne de muscles à la barbe rousse, m'observait silencieusement, les bras croisés.
Lorsqu'elle pris la parole, sa voix assurée trancha net le silence qui s'était installé autour de nous :
« Wolgang Dichter dit « 4 as », j'ai un travail pour toi. »
C'est ainsi que j'ai rejoint « Les Ames Damnées », un cabaret itinérant dirigé par notre bienfaitrice Louise Devautour... Et me voici aujourd'hui à nouveau devant toi, mon journal, que j'ai si longtemps délaissé...
Je reprendrais la plume aussi souvent que je le pourrais désormais, mais pour l'heure je vais relayer Vigo qui mène la roulotte... A bientôt mon ami, mon confident...
*
La lune était haute dans le village de Dol'Valhar, et un brouillard glacé semblait monter du cimetière tout proche. Gimrik se pelotonna davantage encore dans sa couverture. Il détestait les nuits de pleine lune. Sa mère lui avait souvent raconté des histoires de héros fantastiques tel Valten ou Frantz leur bon roi, mais lui n'avait retenu que les démons et horribles créatures qu'ils avaient affrontés. Il frissonna de peur. Mais pourquoi son père était-il le fossoyeur du village ? Pourquoi justement Son père ?
Un rayon de lumière passa finalement entre ses volets cassés. Son paternel avait été trop occupé récemment avec les corps de fantassins retrouvés dépecés et écorchés pour les réparer, et Gimrik en payait maintenant le prix. Il était terrifié.
Il crut soudain entendre un sifflement aigu qui monta rapidement en intensité, faisant bourdonner ses oreilles. Il se recroquevilla davantage, fermant les yeux.
- Il n'y a rien dehors, il n'y a rien dehors, il n'y a rien dehors… Murmurait-il inlassablement, les joues humides, serrant sa couverture rappeuse contre lui…
Le bruit s'intensifia, et soudain une lumière traversa ses paupières étroitement closes.
- Il n'y a rien dehors, il n'y a rien de…
Son lit tremblât soudain, en même temps que tout l'édifice, lorsque qu'un choc violent ébranla toute la région.
Un corbeau poussa son sinistre croassement à l'extérieur, et passa en furie sous sa fenêtre, faisant un raffut de tous les diables, hystérique.
- Mamaan… murmura-t-il, souillant sa couche.
Il entendit bien les cris de panique de ses parents, se précipitant dehors à leur tour. Mais ils ne vinrent pas au petit garçon. Leurs voix chutèrent en direction du cimetière proche, et son cœur se resserra. Plus que jamais il se sentait trahit. Ils l'avaient abandonné. Une étrange lueur verdâtre semblait émaner de l'extérieur, mais il ne put la voir, encapuchonné dans sa couette humide.
Un cri de surprise déchira soudain la nuit, suivi d'un second hurlement, d'effroi. Sa mère puis son père criaient depuis le cimetière.
- Il n'y a rien dehors, il n'y a rien dehors, il n'y a rien dehors… ce n'est qu'un cauchemar, pleura-t-il.
Sa mère poussa un nouveau cri, avant d'être coupée net. L'écho se dissipa rapidement, et le silence revint. Pas un oiseau, pas la moindre brise, pas le moindre insecte ne se faisaient entendre. Un calme morbide régnait en maître. Seuls ses sanglots montaient à ses oreilles, le terrifiant davantage encore. Il lui semblât demeurer une éternité, terrifié, pleurant de peur et de colère envers ses parents.
- Ce n'est qu'un cauchemar, ce n'est qu'un cauchemar… recommença-t-il à se répéter.
Un craquement lugubre lui vint de l'extérieur. Il eut un frisson de terreur. Gimrik se pelotonna davantage encore, sa couverture humide sur le point de se déchirer. Il y eu un toquement et il ouvrit prudemment un œil. Sa chambre était illuminée par une lueur verdâtre venant de l'extérieur. Ses parents ne donnaient aucun signe de vie au cimetière. La brume montante semblait s'insinuer dans sa chambre, étendant ses tentacules intangibles.
Alors il la vit. Les yeux écarquillés d'horreur, quelque chose se trouvait sur le bord de sa fenêtre. Un rat ? Non, c'était visiblement trop gros. Le regard emplis de larmes chaudes, qui dégoulinaient sur ses joues, il vit la « chose » remuer. Des doigts semblaient palper le bois à la recherche d'une prise pour se hisser à l'intérieur, il perdit tout contrôle de sa vessie en reconnaissant bien une main, baignée de volutes brumeux et éclairée par cette lueur verdâtre pulsant plus fort que la pleine lune. Il ferma à nouveau les yeux et se cacha sous sa couverture. Lentement, une sorte de râle lui vint en même temps qu'une étrange odeur, qu'il reconnut pour l'avoir assez souvent humé sur son père : celle de la mort. La pourriture, la fange, le sang coagulé, la chair en décomposition… il flairait tout cela à cet instant même mais ce n'était rien comparé à cette odeur de mort qui s'engouffra dans sa chambre quand le plancher craqua. Une sensation de panique inconnue jusqu'alors l'envahi. Tous ses poils et cheveux se dressèrent, l'émotion stoppant soudain le flot de larmes. Un nouveau silence pesant envahi soudain la pièce. Il n'aurait su dire si ou non il était seul, si ce n'était cette odeur…
- C'est un cauchemar, c'est un cauchemar…recommença-t-il à murmure.
Il ne bougea pas lorsque, lentement, sa couverture glissa sur lui, et ne chercha pas non plus à la retenir. L'odeur était plus forte que jamais, et vint s'y mêler celle du sang frais et d'une haleine fétide. Il ouvrit grand les yeux écarquillés d'effroi lorsqu'une voix d'outre-tombe lui susurra à l'oreille :
- Le cauchemar ne fait que commenssser…
Re: Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Lun 12 Nov 2018 - 21:01
Son instinct, ou cette balise, qui l'attirait de la même manière qu'une lumière attire les insectes, le guida sur un quart de mile. Il marchait en réfléchissant à la façon dont il était arrivé sur cette terre. Il s'était réveillé un quart d'heure plus tôt trempé, et ankylosé, dans une position inconfortable sur les galets d'une plage. Le va-et-vient incessant de la marée lui chatouillait alors la main gauche. Il n'avait vu aucune trace de ses compagnons. Soudain la direction qui le captivait s'orienta progressivement vers sa gauche -vers la mer. Il la suivit et aperçu alors un morceau de tissu qui flottait au ras des vagues. Il s'en approcha et vit alors un Phénix brodé sur cette étoffe. Et alors il se souvint.
Il était sur le Vogueur des Larmes, et descendait vers les cabines. Il avait convoqué les membres de l'expédition afin de donner les ordres nécessaires à la réussite de la mission. Bien entendu lui-même était arrivé en retard -il se devait de réaffirmer son autorité après que le commandant Vaelic lui ait tenu tête. Quelle arrogance ! Mais Kaenur se souviendrait. Il se souvenait toujours quand quelqu'un s'opposait à lui. Et ensuite il lui faisait payer. Vaelic ne serait pas l'exception. Il se remémora l'expression sur son visage lorsque Kaenur avait fait son entrée fracassante dans la cabine. Le commandant n'avait pas eu le temps de cacher son agacement. Kaenur lui avait sourit.
- Maintenant que nous sommes tous présents, avait-il commencé, quelqu'un a-t-il quelque chose à dire avant que nous ne commencions ?
Il avait regardé fixement Vaelic.
- Personne ? Vraiment ? Parfait !
Ils avaient parlé pendant quelques heures de données stratégiques, de la situation à Mordheim, de la nécessité de retrouver Aenur le plus vite possible, et de bien d'autres choses encore. Puis quelqu'un avait évoqué la taille de la ville, et l'agencement anarchique des ruelles -comme si la ville s'était construite sans aucune organisation précise, comme par le fruit du hasard. Ce serait un miracle s'ils ne se perdaient dans ses ruines. C'est alors que le mage Amanethion avait pris la parole. Il s'était levé, dominant son auditoire, imposant le silence, et avait annoncé de sa voix grave qu'il détenait peut-être un début de solution, ou tout du moins une solution imparfaite, parcellaire, mais qui pourrait les aider. Il ne laissa pas le suspense rester bien longtemps, et enchaîna en vantant les mérites d'un objet ancien que lui avait confié la Guide. Cet objet disait-il, serait pour eux comme un phare, une fois qu'il l'aurait activé. Pour cela ils devaient tous toucher l'objet, pendant que lui-même entamerait l'incantation nécessaire. Puis il exhiba de sous sa robe une étoffe blanche sur laquelle était brodée un Phénix. Mais alors qu'il entamait le rituel, Kaenur avait senti une secousse brutale. Tout s'était passé très vite. La lumière s'était éteinte, le laissant dans la pénombre. Il avait chuté, et entendait divers objets tomber autour de lui sous les saccades du navire. Il s'était protégé le visage de ses avant-bras alors que du pont du navire montait les hurlements des matelots. Le mage continuait à réciter son sortilège, puis Kaenur s'était cogné la tête, et tout était devenu flou, les bruits s'altérèrent, puis disparurent. Il s'était évanouit.
Il s'était réveillé un peu plus tôt, trempé. Le navire avait donc fait naufrage. Que lui était-il arrivé ? Y avait-il eu d'autres survivants ?
La sensation de l'étoffe sur sa main fit revenir Kaenur à la réalité. Elle était douce, et étincelante. Le rituel avait fonctionné. L'étoffe l'avait guidé à elle comme un phare l'aurait fait. Et si elle l'avait guidé lui, elle le ferait aussi pour les autres. S'ils étaient toujours vivants.
Kaenur n'avait plus qu'à attendre qu'ils viennent à lui.
Le maître des Ombres avait décidé d'attendre ses compagnons une journée, puis de partir pour sa mission. Ils savaient tous qu'il se dirigerait vers Mordheim, mais que la mission ne pouvait souffrir d'aucun délai non-indispensable.
Il avait récupéré un arc et un carquois, non loin de l'endroit où il avait échoué, à côté de débris de bois ; son épée pendait toujours à son côté. De même il ne se séparait jamais de son couteau de chasse, et d'une sacoche accrochée à sa ceinture et contenant quelques rations et une gourde. La vie nomade au Pays des Ombres lui avait appris à toujours garder le nécessaire avec soi.
Il partit néanmoins à l'exploration des environs, afin de voir s'il pouvait trouver de la nourriture, et le meilleur emplacement pour un bivouac. Il se dirigea d'abord vers une avancée rocheuse dans la mer, à la recherche de coquillages. Alors qu'il brinquebalait avec hésitation dans les rochers, il vit le corps d'un humanoïde à l'extrémité du promontoire. Il portait l'uniforme des marins du Vogueur des Larmes. Il se précipita dans sa direction, et découvrit qu'il s'était fracturé les deux jambes -de multiples fractures ouvertes.
Il reconnut Vaelic, le commandant du navire. L'état de cet elfe ferait de lui un fardeau à transporter vers Mordheim.
Kaenur tenta de le réveiller, d'abord en lui versant de l'eau sur le visage, puis en le lui claquant ; et devant un double échec il versa de l'eau de mer sur les plaies ouvertes que Vaelic avait aux jambes. L'effet eut le résultat escompté : Vaelic se réveilla en sursaut, hurlant tout l'air de ses poumons, vomissant le contenu de son estomac et pleurant à flots sous l'effet de la douleur insoutenable qui s'était emparé de lui. Il tenta instinctivement de se recroqueviller en position fœtale, mais ses jambes heurtèrent les rochers saillants, accroissant encore la souffrance. Il sombra dans l'inconscience. Kaenur tenta à nouveau de le réveiller au bout de quelques minutes, réussissant dès que l'eau fut versée sur le visage du commandant. Ce dernier se réveilla plus doucement, haletant de douleur. Kaenur attendit qu'il se calme un peu, puis il prit la parole, le regardant droit dans les yeux :
-Tu es dans un piètre état, Vaelic.
-AAAaaaahh...
-Tu ferais presque pitié...
Le commandant hoqueta. Kaenur eut un petit rire, puis enchaîna :
- Tu m'as beaucoup déçu, l'autre jour... Quand tu as abusé de ta position, et que tu m'as soutiré des informations.
- Ai-aide-moi, haleta Vaelic.
- Je pourrais. Je pourrais te soigner, répondit Kaenur sur le ton de la discussion. Mais tu ne serais qu'un fardeau pour notre mission. Le temps que tes os se ressoudent, nous devrions te porter, te protéger. Tu nous ralentirais.
Il fit une pause, sourd aux gémissements du commandant.
- Tu comprends ? Tu serais plus efficace même que nos ennemis. Je ne peux pas laisser faire ça. J'ai reçu des ordres. Ceux d'accomplir ma mission. Et pour cela je me dois d'éliminer tout ce qui pourrait l'entraver, d'une manière ou d'une autre. Et tu es une de ces menaces, conclut-il.
- Non...
- Hélas je ne fais que constater les faits, Vaelic. Tu peux compter sur moi pour analyser la situation de la manière la plus froide et distante possible, tu sais. C'est ce qui fait de moi un bon chef. C'est ce qui me pousse désormais à te tuer, Vaelic. Si seulement tu n'avais pas fait montre de si peu d'égard à mon encontre, sur le navire... Si seulement... Je t'aurais alors peut-être effectivement tué moi-même...
Sa voix était presque devenue un murmure. Il éleva le ton :
- La marée monte, Vaelic ! L'eau salée sera sur toi dans quelques heures ! Elle remplira tes plaies, s'infiltrant partout là où c'est possible. Et elle sera un vrai régal pour tes sens ! Qu'y puis-je ? On n'arrête pas la marée.
Il laissa à Vaelic le temps de comprendre ces paroles, afin de voir la lueur d'effroi dans ses yeux. Il continua, enthousiaste :
- Bien ! Il est temps que j'y aille ! J'ai une mission à remplir... Au revoir, Vaelic. Profite bien de tes derniers instants...
Le commandant tenta de hurler, mais seul un son imperceptible sorti de sa bouche. Tout le trahissait en cette journée...
Kaenur partit sans se retourner.
Deux jours. Déjà deux jours que Linoir marchait. Il n'était pas seul, mais c'était tout comme.
Non, en fait, c'était pire. Son compagnon était un garde phénix. Et les gardes phénix ne causent pas. Jamais. Vraiment. Et c'est énervant. Soit ils te suivent à la trace, mais en silence, et on a l'impression qu'ils t'épient. Soit ils ne sont pas d'accord avec ton itinéraire, prennent le leur sans te demander ton avis, et refusent ensuite tout dialogue. Et tu es obligé d'emboîter leurs pas. Comme ça, comme si tu n'existais pas. C'est juste incroyable ! Quel dédain ! E-xa-spé-rant, tout simplement.
Asuryan lui-même leur aurait (disent-ils) révélé un immense savoir, dont les circonstances de leur propre mort. Et en échange de cela, ils font vœu de silence, et deviennent ses moines-guerriers. Linoir pesta. Ces Asurs-là sont encore plus arrogants que tous les autres. Plus même qu'un Caledorien. Même pas un bonjour. Même pas un sourire. Même pas une alerte. Rien.
Et comme si ça ne suffisait pas, Linoir était tombé sur le pire d'entre eux. Il le regardait, du haut de sa pureté... Agaçant. Et pour couronner le tout, ça avait vraiment mal commencé entre eux. Le garde l'avait trouvé en train de se débattre sous un bébé phoque. On ne pouvait pas trouver pire situation. Cet espèce de mollusque répugnant s'était glissé sur lui pendant qu'il était inconscient. Il tentait maladroitement de voler la nourriture qu'il avait sentie dans la sacoche du guerrier fantôme. Nourriture elle-même présente grâce à ce cher Kaenur, son mentor. « Toujours avoir le nécessaire sur soi »... Tu parles...
Ca y est, ça recommence. Linoir la voyait revenir. Cette lueur dans les yeux du garde phénix. Mélange de pitié et d'amusement... Cette fois, ça va chauffer...
Alathenar réfléchissait aux événements récents. Le navire, le choc, le naufrage. Il avait coulé à pic. Asuryan soit loué, il s'était rapidement débarrassé de sa lourde armure ornementée, et de son casque. Il n'avait gardé que son pagne, sa cape blanche et sa hallebarde (et c'était déjà un lourd fardeau). Puis il avait rencontré un guerrier fantôme, aux prises avec un animal bizarre. Il avait accouru pour l'aider, mais l'autre l'avait repoussé en criant, avait sorti son arme, et avait poignardé la malheureuse bête. Il s'était relevé d'un bond, furieux ou honteux, avait nettoyé sa dague sur le corps agonisant de sa victime, et avait vociféré son prénom. Linoir. Puis il était parti, non sans donner un dernier coup de pied au tas de chair. Quelle cruauté. Le pauvre devait être rongé par un terrible mal, un mal profond.
Ils étaient partis, ils ont marché longtemps. Puis, Linoir avait essayé de discuter. En vain.
Certains gardes phénix peu scrupuleux essayaient quelquefois de se faire comprendre des autres par le biais du langage corporel, ou des expressions faciales. Mais pas Alathenar. Lui avait compris le vrai sens de l'interdiction de parler. L'objectif était de ne pas s'exprimer, de ne pas communiquer aux autres, de quelques façons que ce soit, pour ne pas risquer de dévoiler un secret trop lourd à porter sans l'aide d'Asuryan.
Donc Alathenar ne répondait jamais. Il ne faisait même pas comprendre à son interlocuteur qu'il l'avait entendu. Il n'avait pas le droit. Hélas, l'Elfe en face de lui en souffrait. Et il n'était pas serein. Au contraire, il est toujours agité, toujours sur le point d'exploser. Comment quelqu'un peut-il être autant en colère ? Que lui a donc fait subir le monde, le destin, pour ressentir autant de hargne ? Qui s'acharne donc contre lui, pour qu'il soit continuellement dans cet état de nerf ? Le pauvre. Il doit avoir une vie bien difficile.
Alathenar ressentit alors le devoir de l'aider. Il avait enfin trouvé sa voie dans le grand dessein. Il savait qu'il mourrait des mains de Linoir - Asuryan le lui avait montré. Mais il savait aussi que son dieu veut qu'il l'aide à retrouver la paix, la tranquillité. Il...
C'est alors qu'il croisa le regard enragé de son compagnon...
Le pauvre garçon était recroquevillé dans sa cage, vêtu de seuls fluides vitaux et excréments. Sa cage… Sa raison avait vacillé quand il avait vu ce que la créature avait fait de ses parents. Puis s'était écroulée en constatant ce qu'elle avait décidé d'en faire. Ce seul souvenir suffisait encore à le faire sombrer dans l'horreur. Tout ce qu'il pouvait aujourd'hui raconter à mi-voix, c'était qu'ils étaient sa cage. Avant de sombrer dans une nouvelle crise de démence. Sautant et hurlant à la mort, les yeux révulsés et la bave aux lèvres. Il avait rapidement oublié qui il était et ce qu'il était. L'horreur l'avait facilement emporté.
La créature qui avait saigné, écorché et démembré ses parents ne cessait d'admirer Le bloc de pierre lumineuse. Plus grosse qu'un poing, elle tenait juste dans sa main sombre et luisait d'un éclat terne et verdâtre. Il restait les journées entières plongé dans la contemplation de son artefact, le regard vague. Ignorant les besoins primaire de son détenu.
Lorsqu'il sortait de sa torpeur, il montait les marches et disparaissait. Et chaque fois qu'il revenait, c'était avec le corps à l'agonie d'un nouveau malheureux. La gorge généralement à moitié arrachée. Alors il prenait tout son temps, se délectant des souffrances de son « invité » comme de son prisonnier.
Lorsqu'enfin il pressentait que sa victime était sur le point de rendre son dernier souffle, il l'achevait avec une violence inouïe. Il mutilait le corps et l'esprit sans aucun remords, exultant. Puis tout cessait aussi soudainement que cela avait commencé. Alors il se tournait vers celui qui auparavant s'appelait Gimrik, le regard brûlant de haine. Sans un mot, il lui jetait avec violence des morceaux de cadavres. Il savait pertinemment que l’estomac aurait finalement l'avantage sur la répulsion. Ce qui prit de moins en moins de temps au fur et à mesure que les semaines passait.
Rapidement, il ne sut faire la différence entre un aliment et ce qu'il lui donnait. Langues humides, morceaux de chair tendre, oeil encore chaud ou cervelle dégoulinante d'un crâne éclaté contre la pierre froide… Tout comme un chacun, la folie l'emporta.
Vint finalement le jour où un sourire étira sa peau régénérée, révélant ses crocs saillant.
- Enfin, murmura-t-il.
Ce qui fut Gimrik leva lentement la tête. Depuis cette nuit fatidique qui avait vu la mort de ses parents, et le début de son emprisonnement, il s'agissait de la première fois qu'il entendait sa voix. C’était aussi la première voix autre qu'un hurlement de souffrance qu’il entendait depuis cette même nuit.
La créature nocturne se tourna vers son animal de compagnie, dans sa cage d'ossement que jamais il n'aurait tenté de briser. Sa raison y était solidement emprisonnée, le retenant plus solidement encore que les os de ses parents. L'enfant méconnaissable sous la crasse, le sang séché et les lacérations se recroquevilla aussi loin que les barreaux lui permettaient. La créature passa un doigt entre ceux-ci, souriante.
- Je te l'ai promis, sssela ne fait que commenssser…
Il se redressa lentement et porta la main à sa pierre luisante. Les yeux clôt, il susurra quelques paroles alors que la pierre semblait pulser de radiance. Terrorisé, l'enfant poussa un cri, s'agitant dans sa cage. Les horreurs vécues avaient aiguisés ses sens et il parvenait à percevoir l'agitation à l'extérieur du frêle mausolée. Des choses s'agitaient dans la terre. Des morts de tous âges se retournaient dans leurs tombes sans comprendre où ils étaient. Mais la créature à la pierre lumineuse se contenta d'ignorer tout cela. Un grincement résonna dans la pièce, devenue un véritable charnier putrescent. Lentement, craquant et tombant en morceaux, les cadavres à divers stades de décomposition descendirent les marches rejoindre leur maître.
- Ssset endroit n'a plus rien à nous offrir, susurra la créature dans un souffle. Il est temps…
Alors, comme s'il le leur avait intimé, les revenants s'écartèrent. Ils lui firent une haie morbide dans laquelle il s'engouffra, la pierre au poing. Les morts-vivants le suivirent sans un mot, leurs effluves putrides prenant l'enfant à la gorge. Il était inconscient lorsque les derniers ressuscités soulevèrent sa cage et l'entraînèrent avec eux…
Lorsqu'il revint à lui, une nouvelle vision cauchemardesque s'offrait à lui. La cage avait été pendue à un arbre par une corde. Les jambes dans le vide, il avait une vue imprenable sur la scène se déroulant sur la petite place du village. Les enfants pleuraient, les femmes imploraient la pitié. Tous étaient dépassés. Les morts soumettaient les vivants.
Près de la moitié du village abreuvait déjà la terre de leurs fluides alors que le sang et la mort emplissaient les narines de l'enfant. La créature semblait jubiler. Le reste du village était agenouillé devant lui, soumis par leurs propres frères et sœur, parents et grands-parents. Méconnaissables. Un élan de lucidité perça un instant à travers la soif du monstre, qui prit la parole de sa voix doucereuse. Il leva sa pierre étincelante à la vue de tous.
- Humains, contemplez ssselui qui vous offre la vie éternelle ! D'isssi peu, chacun vous redoutera, et tousss trembleront en entendant le nom que la mort glisssera à leurs oreilles, ssselui de Mandrak… Mandrak von Naecraes… von Necrosis !
Et sous les yeux horrifiés de Gimrik, dont l'esprit avait refait surface à la vision de ses anciens pairs, les villageois s'effondrèrent comme leurs proches défunts les égorgaient d'un geste brusque et simultané.
- Un Vampiiire…murmura-t-il avant de sombrer à nouveau dans l'inconscience.
Sibli revint vers nous, une tête d'orque à la main.
- Nualeq, des orques, rap'el' Tenqualteq, nous al'ons attaquer le camp'ement.
Je fis ce qu'il dit, et nous reçûmes effectivement l'ordre d'attaquer le campement primitif. Je pris connaissance de la topographie du terrain, ce qui pourrait nous permettre d'arriver au contact sans subir de tirs, avec en plus l'effet de surprise. Nous étions dans une grande clairière, parsemée de collines et d'amas rocheux, puis au loin, un village délabré d'apparence fragile, d'où fumait une cheminée. Le champ de bataille idéal, me dis-je. Je pris donc la tête d'un groupe de saurus, chargés d'attaquer de front, alors que Sibli, quant à lui, les prenait par derrière. Nous apercevions au loin une pancarte marquée de :
- Nous les boyz du krâne bleu, on n'est avec la Fowwaaaaaagh !
"Primitif et incompréhensible", me dis-je, c'est créatures sous intelligentes n'avaient pas leur place dans le grand dessin des anciens. De nombreux cris de guerre fusèrent autour de moi, et nous chargeâmes...
Le premier contact fut extrêmement violent, mais nous prîmes quand même l'avantage. Je décapitais et éventrais tout ennemis sur mon chemins, et dès lors, les orques essayaient de m'éviter, aussi puis-je m'avancer vers le chef. De derrière les lignes orques, j'entendais moult projectiles siffler, et les orques, pris par surprise, subirent de nombreuses pertes. J'arrivais jusqu'au leader de ces idiots d'orques, et ma lance à double lame, bénie par les grands prêtres, me permit de parer la plupart des coups de mon adversaire. Après une rapide esquive que le laissa dans le vent, je pu entamer son armure à trois reprises, et ses plaies se mirent à saigner abondamment. L'orque s'énervait mais ses blessures le ralentissait, ainsi je pu en profiter pour trancher son ventre, lui faucher les jambes, avant de lui arracher la tête d'un coup sec. Ma victoire sonnait un repli chez les orques, et les skinks restés en retrait leur tendirent une embuscade, ainsi nous finîmes de les massacrer.
-Bel' battaille Sibli, dis-je.
-Oui, ces êtres n'avaient pas leurrr place ici.
Cela faisait des semaines, des mois même qu'ils parcouraient la région, à la recherche de l'objet. A présent Harek le Marcheur, un jeune noble nain, était sûr de l'avoir trouvé. La piste les avait menés, lui et ses quelques dizaines d'hommes, à un village puant, et complètement délabré. La palissade en bois semblait bien frêle, et les maisons, si on pouvait appeler ainsi les petites habitations, étaient faite de matériaux de récupération. Un village d'orque à n'en pas douter.
Bien que se détestant mutuellement, Harek avait tout d'abord essayé de parlementer avec les peaux vertes, mais son essai se vit ponctué d'un : « C'est pas nous k'on l'a ton truc » ainsi que de plusieurs gestes obscènes et quelques insultes. A présent il se préparait à lancer l'assaut sur le village, pour se venger de l'affront qui lui avait été fait, et par la même occasion, récupérer l'artefact.
L'objet de ses convoitises n'était autre que la Légendaire Chope de Grungni. Des légendes circulaient parmi les nains, racontant que cette chope avait le pouvoir de changer toute boisson qu'elle contenait en un puissant remède, pouvant guérir les blessures les plus terribles. Pendant des siècles, cet artefact fut considéré comme perdu, mais depuis peu, Harek était sûr d'avoir retrouvé sa trace. Il avait recueilli des informations dans des tavernes, quelques pièces d'or avaient changé de mains, et finalement, un Tueur du nom de Kregk lui avait proposé de le guider jusqu'à cette fameuse chope moyennant bien sûr un petit salaire.
Une seule question continuait de le hanter après tant de temps : pourquoi ? Pourquoi cette horrible créature l'avait-elle gardé en vie ? Pourquoi continuait-elle de le traîner dans son sillage sanglant ? L'obligeait à voir de ses yeux mortifiés les horreurs qu'elle commettait, le torturant aussi souvent que possible ? Une réponse commençait à lui venir à l'esprit : cela la distrayait. Ni plus ni moins.
Petit à petit, son esprit s'était métamorphosé. Et son corps avait rapidement suivi. Pour le plaisir, Mandrak continuait à le traîner dans sa cage dont il n'était jamais sorti. Mais il ne rechignait plus à dévorer avidement les morceaux de carcasses qui lui étaient jetés en pâtures. Quand bien même ceux-ci bougeaient encore. Gimrik n'était plus.
Mandrak avait aisément conquis le comté de Dol'Valhar. Et déjà des tombes gémissaient dans les cimetières de la plus proche cité : Mikalsdorf. Les fossoyeurs et soldats ne surent vite plus où donner de la tête.
Une horde de goules avait ravagé la ferme d'un paysan. Nulles traces de celui-ci ou de ses proches n'avait été retrouvée.
Des chasseurs avaient été surpris par le brouillard, en pleine journée. Ils avaient aperçus une macabre procession de créature ni mortes ni vivantes. Elles arpentaient un sentier forestier sans but apparent.
Un enfant fut kidnappé et les soldats emprisonnèrent ses parents. Jusqu'à l'échafaud ils jurèrent avoir vus une créature ailée emmener leur fils.
Ces détails n'attisèrent pas la méfiance des barons et petite noblesse locales. Mais le Comte de la proche Sylvanie ne fut pas dupe. Une délégation parti de Drakenhof, forte d'une dizaine de chevaliers aux armoiries écarlates qui fondit sur Mikalsdorf. Ils chevauchaient de nuit et disparaissaient durant le jour, ne laissant que mort et folie dans leur sillage.
Cependant Mandrak ne se présenta cependant pas aux émissaires de la nuit. Le vampire demeura insaisissable. Les kazstellans et leur sombre capitaine exterminèrent nombre des créatures récemment acquises par le nécromant, sans jamais le trouver. Cela n'eut pour effet qu'attiser le courroux des envoyés du Comte, en particulier leur meneur. Pendant tout un hiver, les émissaires de Drakenhof sillonnèrent les forêts. Ils abattirent toutes formes de vie et semèrent la mort sur leur passage.
Rien n'y fit. Il n'y eut pour conséquence que d'y avoir davantage encore de matière première pour l’insaisissable mort-vivant. Mikalsdorf finit par prendre conscience de la présence de terrifiant faucheurs près de ses murs. Le Comte de Sylvanie s'empressa de rapatrier ses émissaires qui revinrent à Drakenhof bredouilles.
Cependant, l'agitation ainsi créée avait forcé les dirigeants de Mikalsdorf à intervenir. Un groupe de mercenaires nains provenant de Karak Kadrin avait été recrutés et suivit les massacres, sans pouvoir intervenir. Mais le départ des kazstellans changea la donne. La première nuit succédant au départ des émissaires, le groupe fort d'une dizaine de guerriers fut attaqué. La lutte fut brutale et le carnage à la hauteur de la réputation des mercenaires. Nombre de goules et zombis périrent sous leurs haches. Cependant, face aux morts-vivant dont même les membres tranchés continuaient de ramper pour assaillir les mercenaires, aucune victoire n'était envisageable. Même quelques barbus arborant des crêtes oranges purent exaucer leur vœux.
Lorsque la lune fut au zénith, il ne demeura plus qu'un nain, exténué. De nombreuses blessures étaient visibles sous sa tunique déchirée et sa cuirasse déformée. Il avait la barbe poisseuse autant des fluides de ses victimes que de ses blessures. Cependant il leva une fois encore sa hache maintenant ébréchée en voyant s'avancer une sombre silhouette. Mandrak était venu en personne. Derrière lui, traînant sa cage d'os brisés, une misérable créature difforme l'observait, les yeux injectés de sang.
Durant sa vie, et principalement cette nuit, il avait vu et affronté nombre d'horreurs. Mais ce qu'il vit là le pétrifia. Cette créature était plus morte que vive et pourtant dans son regard, il crut un instant déceler une innocence désormais perdue. Qu'était-il donc arrivé à cette malheureuse chose ?
- Désires-tu réellement le sssavoir ? Susurra Mandrak, devinant ses pensées.
Le nain secoua la tête en se reprenant, mais la mort était passée. Une foule de membres suintant et puant se saisirent de lui et malgré ses efforts, il fut mis à terre. Il pouvait sentir leurs doigts avides le palper. Leur haleine fétide souffler sur sa peau. Leur appétit sans fin prêt à se rassasier. Pour la première fois depuis bien longtemps, il pleura. Son sang coula comme les mâchoires se refermaient. Implorant une fin rapide, il cessa finalement de lutter.
- Sss'est très bien, souffla à nouveau la voix maléfique comme soudain la marée s'immobilisait.
Il n'en crut pas ses yeux lorsque, lentement, ils reculèrent et formèrent un couloir entre lui et le nécromant. Ainsi que son horrible familier. Le nain ne put que rester muet, une main posée sur sa gorge blessée. Quand bien même aurait-il été indemne, il serait resté pétrifié. Tout autour de lui les goules et morts-vivants semblaient retenus par quelque sortilège, les empêchant de se jeter sur lui. Repensant à ce à quoi il venait d'échapper, il eut un haut-le-cœur.
- Que désires-tu ? Lui demanda la sombre apparition.
Il s'essuya barbe et lèvres du poignet. La voix tremblante, il répondit :
- Vivre.
Un sourire cauchemardesque s'étira sur le visage de Mandrak, révélant des canines sur-développées. Le nain en eu la chair de poule.
- J'ai un travail à te confier, déclara le vampire sans se départir de son monstrueux sourire. Sculpte un objet pour moi, et je te récompenssserais…
- Plutôt crever, cracha-t-il dans un élan, osant un instant faire affront au nécromant.
Sans s'offusquer, le seigneur de la nuit balaya le champ de bataille ressemblant désormais davantage à un charnier. Le courage du nain vacilla quand son regard se posa sur ses compagnons, réalisant la stupidité de sa réponse.
- En es-tu sssûr ? Tes amis aimeraient sssans doute pouvoir te conssseiller, qu'en penssses-tu ?
Tout en parlant, il tendit un bras vers l'un des cadavres, qui tressauta soudain. Le nain faillit tomber à la renverse, alors que les goules, les entrailles fumante du mort entre leurs crocs, avaient un sursaut de surprise.
- Je peux t'épargner sssela, continua-t-il en captant le regard du nain.
Ses yeux écarlates étaient deux braises dans la semi-pénombre. Ils emplissaient son esprit, alors qu'en arrière-plan les nécrophages reprenaient leur funeste festin avec plus d'avidité que jamais.
- Tu es en vie. Pourquoi te mentirais-je alors qu'il est sssi fasssile de te tuer ? Sssculpte un objet pour moi.
Le nain se ragaillardit progressivement, écartant toutes traces de remords. Alors qu'il croyait tout perdu, qu'il avait renoncé à la vie, une échappatoire lui était offert. Dans sa jeunesse, avant de perdre sa femme et devenir mercenaire, il avait été ciseleur à Karak Kadrin. Et il ne se séparait jamais de ses outils. Ciseler un objet ? Rien de plus facile.
Cette coïncidence tenait du miracle, aurait-il songé si son esprit n'avait pas alors été embrumé par la présence du vampire.
Mandrak lut son soulagement sur son visage et la réponse l'accompagnant. Le nain ravalait sa fierté et acceptait de le servir. Quel misérable insecte. Si facile à manipuler…
Le vampire tendit le bras et le nain put enfin voir le bloc. Celui-ci pulsait, émettant une lueur verdâtre qui lui hérissa les poils. Il frémit d'admiration et de dégoût en contemplant la pierre. Et il n’était pas le seul. La créature vautrée aux pieds du suceur de sang observait elle aussi la pierre lumineuse d'un air stupide, révélant ses dents brisées et suintantes.
- J'attends ! Cracha soudain Mandrak.
Ce fut comme un électrochoc pour le nain qui s'ébroua, toutes blessures oubliées. Il constata que la marée gémissante c'était reculée en lisière de la clairière où gisaient ses compagnons. Le cœur serré mais porté par l'espoir, il se précipita sur son sac. Les mains tremblantes, il en retira ses outils de tailleur. Il se retourna et étouffa un hoquet. Mandrak était apparu dans son dos sans aucun bruit. Alors que son hideux familier le rejoignait en gémissant, bavant sur son menton décharné. Mandrak lui brandit le bloc à hauteur des yeux.
- Taille un crâne dans la pierre. Je veux un crâne, un crâne parfait. Fais le et tu vivras, Nain. Abîme la et je te ferais regretter l'éternité… l'éternité de n'être pas déjà remplir l'essstomac de ssses immondissses !
Les yeux grands ouverts, tremblant de terreur, il ne put que hocher la tête. L'éclat de la pierre lui brûlait les yeux. Le nain tourna son regard vers celui de Mandrak et il pouvait y lire la colère infernale qui y faisait rage. Il ne s'agissait pas de menaces en l'air. Déglutissant, il leva lentement la main. La douleur fut telle qu'il faillit en lâcher le bloc. Il aurait damné son âme que plonger le poing dans une forge incandescente eut été moins douloureux.
- Entends ma voix, susurra Mandrak. Et mets-toi au travail.
En pleurs, le bras en feu, il s'agenouilla devant Mandrak et cala le bloc contre une motte de terre. Il se soustrayait un instant à la douleur infernale. Là où sa peau avait été en contact avec le bloc, elle avait viré noir. Il pouvait presque voir ses phalanges calcinées, saillant par en-dessous. Jamais il ne pourrait réaliser pareille chose, tailler ce matériau maléfique était au-dessus de ses forces. Mais la volonté de Mandrak était implacable. Il s'empara de son esprit. Et par sa détermination de fer, le vampire plia le nain à sa volonté. Il se mit au travail.
Toute la nuit il s'affaira sur la pierre, l'ébavurant, la taillant et la creusant. Il exprima toute le talent de ses ancêtres, coulant dans ses veines. Mû par le pouvoir de Mandrak, le poussant au-delà de la souffrance intenable qu'il éprouvait au contact de la pierre radiante, il sculpta.
Lorsque l'aube vira au violet, il parvint à lever un regard implorant au vampire. Ses outils étaient méconnaissables. Ses doigts, des moignons sanguinolent et fumant. Même les pointes de sa barbe crépitaient de pouvoir.
Mais il y était parvenu.
Le crâne reposait là, entre ses genoux. Quelques éclats fumants dans la fange perdaient lentement leur pouvoir. Mais le crâne, lui, irradiait plus que jamais. Ses dents impeccablement ciselées étaient ternies du sang du nain. Le fluide dégoulinait des orbites vides creusés sur plus d'un pouce vers l'intérieur. La pierre c'était révélée pratiquement incassable, mais ses outils portaient les runes naines de tailleurs de diamant de Karak Kadrin. Ils s'étaient brisés, mais il avait néanmoins persévéré, pleurant eau et sang son malheur.
Il fut incapable de tendre l'artefact forgé au seigneur de la nuit, trop épuisé physiquement et mentalement. Au fur et à mesure de son travail, il avait senti cette lumière impie lui brûler les yeux et désormais il ne pouvait voir que le crâne radiant. Sa tâche l'avait pratiquement rendu aveugle.
Sans un mot ni un regard pour lui, le vampire se pencha et ses doigts blafard se refermèrent sur le précieux objet. Étonnamment le mort-vivant ne semblait pas affecté par la brûlure. Sa chair était épargnée par les effets de la pierre. Il contempla le résultat en silence, les yeux écarquillés. Le nain osa lever la tête et parvint à le discerner, les yeux plissés et rouges de fatigue. Mandrak affichait un sourire satisfait.
- Sss'est très bien… susurra-t-il. Vraiment parfait…
La joie du nain fut sans commune mesure. Ses efforts n'avaient pas été vains. Il allait pouvoir vivre et retourn…
Le courroux du vampire s'abattit sur lui tel un ouragan. Gémissant pitoyablement, son familier fit un bond en retrait, terrifié. L'hémoglobine éclaboussa en cascade la pierre, jaillissant de la gorge déchiquetée du nain soulevé du sol. La gueule grande ouverte, le vampire lui déchira artères et trachée à grand coups de crocs. Il s'éclaboussait le visage autant qu'il arrosait la pierre irradiant de pouvoir qu'il tenait collée contre la plaie. Les spasmes du nain s'arrêtèrent brusquement lorsque sa colonne vertébrale céda finalement sous la mâchoire du mort-vivant. Après un instant, il laissa retomber le corps flasque sur lequel se précipita la horde affamée. La tête méconnaissable du nain à la main, Mandrak se délecta de la surprise et l'horreur qui luisaient encore dans son regard. La pierre luisante était teintée d'un éclat pourpre tellement elle s'était imbibée de sang.
Mandrak, la créature méconnaissable sur les talons, retourna tranquillement dans la sombre forêt. Se léchant le menton, il ne cessait d'admirer son artefact de malepierre nouvellement créé. Il abandonna la tête barbue à son familier qui s'empressa d'en gober les yeux encore tièdes. Dans leur dos, goules et zombis se repaissaient du reste du corps…
Kaenur sentait le vent sur son visage. Ses vêtements trempés collaient à son corps. Un goût salé lui remontait les narines, tandis qu'il entendait le fracas régulier des vagues sur le rivage. Quand il se décida à ouvrir les yeux, ce fut pour voir un ciel gris et terne, qui le plongea dans une humeur maussade. Il connaissait bien cette émotion. Elle était courante, chez lui. Et elle était toujours suivie d'une humeur massacrante. Il la sentait déjà poindre en lui. Quel monde pourri ! Corrompu par les forces du Chaos, il avait perdu toute beauté. Il n'y avait que chez lui que Kaenur se sentait bien. Sa terre, celle de ses pères, défendue ardemment, au prix de tous les sacrifices ! Et cela faisait longtemps qu'il n'y avait été. Trop longtemps, en vérité...
Le paysage qui l'entourait était totalement différent de chez lui : la mer, agitée, était trop grise, brumeuse. Il apercevait une forêt au loin, qui semblait particulièrement sombre et repoussante. Bien loin des forêts de Naggarythe, autrefois si belles, chaleureuses, et, bien que fournies, elles laissaient passer des rayons de soleil par endroit, rendant chaque moment en son sein un instant magique. Mais elles avaient souffert de la cruauté des Druchii. Ils les avaient brûlées afin de chasser les siens qui s'y étaient réfugié. Immondes traîtres, dépravés et sadiques, leurs « sombres cousins », comme les appelaient les humains, qui n'ont jamais été bien loin de l'erreur, mais qui dans ce cas avait dépassé tout ce que Kaenur croyait possible.
« Sombres cousins » !
Tssss... On ne pouvait pas être plus différent qu'un Druchii et un Asur. Les humains, et leur bêtise... Et c'est en eux que les Asurs doivent fonder leurs espoirs ? Mais comment peuvent-ils y croire ? Ils ne sont qu'une bande de barbares, rustauds et maladroits. On dit même que certains utilisent des armes de Nains. Non, ils n'apporteront rien de bon au Asurs. Ces derniers devraient s'en sortir seuls. Et Kaenur ferait tout pour les aider. Il doit accomplir sa mission. C'est leur dernière chance. Ils ne pourront pas contenir les assauts du Chaos bien longtemps.
« Les Humains nous aideront », prétendent certains optimistes...
Du vent ! Ils nous aident autant qu'ils aident l'ennemi ! Combien des leurs rejoignent les rangs chaotiques ? Combien succombent à l'appel des Dieux Sombres ? Ils sont faibles, et ont l'arrogance d'appeler leur territoire misérable un Empire ! Cet Empire n'est rien comparé à celui qu'Ulthuan s'était forgé au cours des siècles ! Des routes maritimes gigantesques, qui vont du Levant au Ponant ! Des cités somptueuses, éclatantes de blancheur, dominant les environs du haut de leurs tours effilées qui perçaient l'horizon, guidant vers des jardins fleuris, des places pavées, des théâtres majestueux, tel un phare indiquant le chemin de la civilisation aux égarés. Et tout s'est effondré. En une période si rapide qu'on ne sait si elle fut d'une minute ou d'une heure.
La Déchirure ! Les Asurs ont perdu tout ce qui leur restait ce jour-là ! Trahis par une grande partie des leurs, abandonnés par d'autres. Tout a disparu. Ulthuan n'est aujourd'hui que l'ombre de ce qu'elle fut. Peut-être même moins. Et quelque chose s'est brisé dans le cœur de tous les Asurs ce jour là. Certains ne sont devenus que des coquilles vides, qui ont perdu l'énergie pour tout reconstruire. D'autres se sont emplis de haine, mais la mûrissent au plus profond de leurs âmes, attendant un événement quelconque qui ne surviendra jamais. Ils restent là, inactifs, dans l'expectative. Quelle déchéance ! Quelle ... tristesse.
Heureusement certains Asurs ont encore les forces de se battre, mais beaucoup les gaspillent dans des guerres inutiles, que l'on ne peut que perdre sur le long terme. Un effort louable, mais futile. Les derniers enfin, une minorité, ont décidé de se battre pour restaurer l'âge d'or des Asurs. La Quête de la Nouvelle Aube...
Soudain Kaenur fut tiré de ses pensées. Il ressentait un besoin pressant de se diriger vers le Nord. Une direction l'attirait irrésistiblement sans qu'il ne sache pourquoi. Il ne connaissait même pas la région ! Cet attrait diminua aussi soudainement qu'il était venu, mais il demeurait clair dans son esprit. Intrigué, il décida de se mettre en route.
Bodork était assit sur son trône.
Ça faisait trois jours qu'il n'avait pas quitté le village avec sa tribu pour chasser de l'elfe sylvain, avec à leur tête son pire ennemi Eltarios.
Faut dire que depuis qu'il s'était autoproclamé Seigneur des Collines désolées, il avait chassé tous ennemis de la zone, même ces mystérieux elfes sylvains qui étaient sortis de leur forêt pour quelques raisons inconnues.
Ses orques s'impatientaient. Et quand il s'impatientaient, ils se battaient entre eux. Et Bodork réglait ça à coups de boules.
En tant qu'orque noir, il détestait indiscipline mais il commençait à lui-même ennuyer.
Soudain, un orque à moitié nu déboula dans la tente de Bodork.
Y s'agissait de Rashgaz, un des trois chamans « conseillers » du puissant chef :
- Chef ! Chef ! J'é trouvé un truk ! J'é rêvé de que'k chose !
- Bon, d'jà tu va t'calmer, ch'uis pas d'humeur a supporter tes kris.
- Alors voila... Y'a Gork et Mork y' son v'nus m'kauser dan mes rev's.
- Enkor ?' T'fous pas d'ma gueul' ! La dernièr' fois k'on m'a dit ca, c'était pour m'fair' chercher un kaillou k'on m'a dit k'il était magik qui nous avait servi a keudal et k'a boumé la moitié d'mon coin ou c'est k'y'a mé gars !
Le caillou en question n'était en fait une pierre gardienne des elfes.
Mork (ou peut-être Gork) avait dit à Zakou, un autre chaman, d'aller chercher cette pierre pour la retailler à l'effigie des dieux.
Mais Zakou tenta de la tailler avec de la magie au milieu de la place du village, ce qui eu pour effet de provoquer un retour d'énergie de la pierre gardienne qui fit sauter la moitié des bâtiments à proximité, sous les rires imbéciles des spectateurs peaux vertes.
- Mais là c'est différen' ! Dit alors Rashgaz.
- Et en koi sa s'rait différent ?
- Y s'agit eu'd faire d'venir' les z'orks maîtres du monde.
Bodork réfléchissait.
Oui, réfléchissait.
Cela pouvait paraitre étrange pour un orque, mais les Collines Désolées, ce massif rocailleux proche des Collines Hurlantes était couvert fréquemment d'un brouillard vert étrange et ce depuis des siècles, depuis la sombre nuit « Du Crachat d'Morrslieb » où de la pluie de malepierre liquide tomba.
Ce brouillard faisait muter tout les êtres vivants, si bien que, la zone était infestée de mutants et d'horreurs chaotiques.
Cependant, le mal semblait depuis toujours ne pas affecter les peaux vertes.
Ou du moins de la même façon que les autres races. Les peaux-vertes devenaient plus intelligents.
Bodork en premier.
C'est ce qui les avait poussés à devenir sédentaire et fonder le début d'un empire de peaux-vertes, dont le début serai le village de Bodork.
- Parl' ! Expose plus' ta vision...
- Ecoutez chef.... Vous z'allez trouver ça bizar', mais ils nous ont demandé de changer nos kostum' et d'servir' la plu grand' Waaagh ! Eu'd tout les temps qui s'prépar'.
- Kel' kostum' ?
- D'ja faut qu'vous changiez d'armur' , et k'on r'peintur' not' équip'ment en mô've, jô'ne et bleu. Mé y z'ont aussi dit k'on d'vait quitter les k'ollines pour z'aller à Mordaïme, la ville k'assée des z'homm'.
- Et pour'koi faire ? Et pour'koi enlever mon armur' ?
Bodork était anxieux.
Son armure magique il l'aimait. Elle avait été forgée par des nains a l'origine, mais fut capturée et réadaptée à sa taille. Elle le protégeait de tout, ou presque.
- N'vous ink'iètez pô' ! Les dieux z'y m'ont dit qu'vous aurez une nouvel' armur' magik'.
Ziiiiiooooooopscch ! Blam Dong dong dong.....
A peine le chaman avait-il fini sa phrase, que se matérialisa dans un grand flash vert et avec grand fracas, entre Rashgaz et Bodork, un amas de métal.
Méfiant, Rashgaz s'approcha et souleva l'amas de métal, qui était en fait très léger. Il s'agissait d'une armure très étrange, couverte de grandes piques dans le dos.
- Tu dizais donk' vrai ! Souffla Bodork émerveillé. Prépar' tes z'affair' et dit aux Boyz k'on va bientôt s'marrer ! On va à Mordaïme !
La malepierre. Elle était leur origine. Leur vie. Et provoquerait leur disparition. La chance avait voulue qu'ils se trouvent près de la surface lorsqu'elle celle-ci y avait plu. Retroussant ses babines humides, il tâta avec respect les fragments que contenait sa besace. Le haut-prophète du clan serait satisfait. Mais Skrash désirait davantage.
Devant lui, sa poignée de guerriers reniflait le sol et fouillait les tombes défoncées de l'intérieur. Mais Skrash n'avait pas besoin, comme eux, de se baisser pour sentir ce qui était si évident. La poussière de pierre magique planait encore ici. Bien qu'aucun fragment conséquent ne soit présent en ce lieu.
A son côté, son adepte assigné par le haut-prophète faisait frémir ses moustaches. Il flairait également la pierre, selon toute évidence.
- Nous nous mettons en chasse, articula Skrash dans leur langue composée de couinements en feulement incompréhensible aux autres races. L'objectif a été volé.
- Il était temps, lâcha l'adepte assassin en reniflant, ses pattes antérieures posées sur ses hanches où pendaient les fourreaux de ses dagues.
Il était sur le Vogueur des Larmes, et descendait vers les cabines. Il avait convoqué les membres de l'expédition afin de donner les ordres nécessaires à la réussite de la mission. Bien entendu lui-même était arrivé en retard -il se devait de réaffirmer son autorité après que le commandant Vaelic lui ait tenu tête. Quelle arrogance ! Mais Kaenur se souviendrait. Il se souvenait toujours quand quelqu'un s'opposait à lui. Et ensuite il lui faisait payer. Vaelic ne serait pas l'exception. Il se remémora l'expression sur son visage lorsque Kaenur avait fait son entrée fracassante dans la cabine. Le commandant n'avait pas eu le temps de cacher son agacement. Kaenur lui avait sourit.
- Maintenant que nous sommes tous présents, avait-il commencé, quelqu'un a-t-il quelque chose à dire avant que nous ne commencions ?
Il avait regardé fixement Vaelic.
- Personne ? Vraiment ? Parfait !
Ils avaient parlé pendant quelques heures de données stratégiques, de la situation à Mordheim, de la nécessité de retrouver Aenur le plus vite possible, et de bien d'autres choses encore. Puis quelqu'un avait évoqué la taille de la ville, et l'agencement anarchique des ruelles -comme si la ville s'était construite sans aucune organisation précise, comme par le fruit du hasard. Ce serait un miracle s'ils ne se perdaient dans ses ruines. C'est alors que le mage Amanethion avait pris la parole. Il s'était levé, dominant son auditoire, imposant le silence, et avait annoncé de sa voix grave qu'il détenait peut-être un début de solution, ou tout du moins une solution imparfaite, parcellaire, mais qui pourrait les aider. Il ne laissa pas le suspense rester bien longtemps, et enchaîna en vantant les mérites d'un objet ancien que lui avait confié la Guide. Cet objet disait-il, serait pour eux comme un phare, une fois qu'il l'aurait activé. Pour cela ils devaient tous toucher l'objet, pendant que lui-même entamerait l'incantation nécessaire. Puis il exhiba de sous sa robe une étoffe blanche sur laquelle était brodée un Phénix. Mais alors qu'il entamait le rituel, Kaenur avait senti une secousse brutale. Tout s'était passé très vite. La lumière s'était éteinte, le laissant dans la pénombre. Il avait chuté, et entendait divers objets tomber autour de lui sous les saccades du navire. Il s'était protégé le visage de ses avant-bras alors que du pont du navire montait les hurlements des matelots. Le mage continuait à réciter son sortilège, puis Kaenur s'était cogné la tête, et tout était devenu flou, les bruits s'altérèrent, puis disparurent. Il s'était évanouit.
Il s'était réveillé un peu plus tôt, trempé. Le navire avait donc fait naufrage. Que lui était-il arrivé ? Y avait-il eu d'autres survivants ?
La sensation de l'étoffe sur sa main fit revenir Kaenur à la réalité. Elle était douce, et étincelante. Le rituel avait fonctionné. L'étoffe l'avait guidé à elle comme un phare l'aurait fait. Et si elle l'avait guidé lui, elle le ferait aussi pour les autres. S'ils étaient toujours vivants.
Kaenur n'avait plus qu'à attendre qu'ils viennent à lui.
Le maître des Ombres avait décidé d'attendre ses compagnons une journée, puis de partir pour sa mission. Ils savaient tous qu'il se dirigerait vers Mordheim, mais que la mission ne pouvait souffrir d'aucun délai non-indispensable.
Il avait récupéré un arc et un carquois, non loin de l'endroit où il avait échoué, à côté de débris de bois ; son épée pendait toujours à son côté. De même il ne se séparait jamais de son couteau de chasse, et d'une sacoche accrochée à sa ceinture et contenant quelques rations et une gourde. La vie nomade au Pays des Ombres lui avait appris à toujours garder le nécessaire avec soi.
Il partit néanmoins à l'exploration des environs, afin de voir s'il pouvait trouver de la nourriture, et le meilleur emplacement pour un bivouac. Il se dirigea d'abord vers une avancée rocheuse dans la mer, à la recherche de coquillages. Alors qu'il brinquebalait avec hésitation dans les rochers, il vit le corps d'un humanoïde à l'extrémité du promontoire. Il portait l'uniforme des marins du Vogueur des Larmes. Il se précipita dans sa direction, et découvrit qu'il s'était fracturé les deux jambes -de multiples fractures ouvertes.
Il reconnut Vaelic, le commandant du navire. L'état de cet elfe ferait de lui un fardeau à transporter vers Mordheim.
Kaenur tenta de le réveiller, d'abord en lui versant de l'eau sur le visage, puis en le lui claquant ; et devant un double échec il versa de l'eau de mer sur les plaies ouvertes que Vaelic avait aux jambes. L'effet eut le résultat escompté : Vaelic se réveilla en sursaut, hurlant tout l'air de ses poumons, vomissant le contenu de son estomac et pleurant à flots sous l'effet de la douleur insoutenable qui s'était emparé de lui. Il tenta instinctivement de se recroqueviller en position fœtale, mais ses jambes heurtèrent les rochers saillants, accroissant encore la souffrance. Il sombra dans l'inconscience. Kaenur tenta à nouveau de le réveiller au bout de quelques minutes, réussissant dès que l'eau fut versée sur le visage du commandant. Ce dernier se réveilla plus doucement, haletant de douleur. Kaenur attendit qu'il se calme un peu, puis il prit la parole, le regardant droit dans les yeux :
-Tu es dans un piètre état, Vaelic.
-AAAaaaahh...
-Tu ferais presque pitié...
Le commandant hoqueta. Kaenur eut un petit rire, puis enchaîna :
- Tu m'as beaucoup déçu, l'autre jour... Quand tu as abusé de ta position, et que tu m'as soutiré des informations.
- Ai-aide-moi, haleta Vaelic.
- Je pourrais. Je pourrais te soigner, répondit Kaenur sur le ton de la discussion. Mais tu ne serais qu'un fardeau pour notre mission. Le temps que tes os se ressoudent, nous devrions te porter, te protéger. Tu nous ralentirais.
Il fit une pause, sourd aux gémissements du commandant.
- Tu comprends ? Tu serais plus efficace même que nos ennemis. Je ne peux pas laisser faire ça. J'ai reçu des ordres. Ceux d'accomplir ma mission. Et pour cela je me dois d'éliminer tout ce qui pourrait l'entraver, d'une manière ou d'une autre. Et tu es une de ces menaces, conclut-il.
- Non...
- Hélas je ne fais que constater les faits, Vaelic. Tu peux compter sur moi pour analyser la situation de la manière la plus froide et distante possible, tu sais. C'est ce qui fait de moi un bon chef. C'est ce qui me pousse désormais à te tuer, Vaelic. Si seulement tu n'avais pas fait montre de si peu d'égard à mon encontre, sur le navire... Si seulement... Je t'aurais alors peut-être effectivement tué moi-même...
Sa voix était presque devenue un murmure. Il éleva le ton :
- La marée monte, Vaelic ! L'eau salée sera sur toi dans quelques heures ! Elle remplira tes plaies, s'infiltrant partout là où c'est possible. Et elle sera un vrai régal pour tes sens ! Qu'y puis-je ? On n'arrête pas la marée.
Il laissa à Vaelic le temps de comprendre ces paroles, afin de voir la lueur d'effroi dans ses yeux. Il continua, enthousiaste :
- Bien ! Il est temps que j'y aille ! J'ai une mission à remplir... Au revoir, Vaelic. Profite bien de tes derniers instants...
Le commandant tenta de hurler, mais seul un son imperceptible sorti de sa bouche. Tout le trahissait en cette journée...
Kaenur partit sans se retourner.
*
Deux jours. Déjà deux jours que Linoir marchait. Il n'était pas seul, mais c'était tout comme.
Non, en fait, c'était pire. Son compagnon était un garde phénix. Et les gardes phénix ne causent pas. Jamais. Vraiment. Et c'est énervant. Soit ils te suivent à la trace, mais en silence, et on a l'impression qu'ils t'épient. Soit ils ne sont pas d'accord avec ton itinéraire, prennent le leur sans te demander ton avis, et refusent ensuite tout dialogue. Et tu es obligé d'emboîter leurs pas. Comme ça, comme si tu n'existais pas. C'est juste incroyable ! Quel dédain ! E-xa-spé-rant, tout simplement.
Asuryan lui-même leur aurait (disent-ils) révélé un immense savoir, dont les circonstances de leur propre mort. Et en échange de cela, ils font vœu de silence, et deviennent ses moines-guerriers. Linoir pesta. Ces Asurs-là sont encore plus arrogants que tous les autres. Plus même qu'un Caledorien. Même pas un bonjour. Même pas un sourire. Même pas une alerte. Rien.
Et comme si ça ne suffisait pas, Linoir était tombé sur le pire d'entre eux. Il le regardait, du haut de sa pureté... Agaçant. Et pour couronner le tout, ça avait vraiment mal commencé entre eux. Le garde l'avait trouvé en train de se débattre sous un bébé phoque. On ne pouvait pas trouver pire situation. Cet espèce de mollusque répugnant s'était glissé sur lui pendant qu'il était inconscient. Il tentait maladroitement de voler la nourriture qu'il avait sentie dans la sacoche du guerrier fantôme. Nourriture elle-même présente grâce à ce cher Kaenur, son mentor. « Toujours avoir le nécessaire sur soi »... Tu parles...
Ca y est, ça recommence. Linoir la voyait revenir. Cette lueur dans les yeux du garde phénix. Mélange de pitié et d'amusement... Cette fois, ça va chauffer...
Alathenar réfléchissait aux événements récents. Le navire, le choc, le naufrage. Il avait coulé à pic. Asuryan soit loué, il s'était rapidement débarrassé de sa lourde armure ornementée, et de son casque. Il n'avait gardé que son pagne, sa cape blanche et sa hallebarde (et c'était déjà un lourd fardeau). Puis il avait rencontré un guerrier fantôme, aux prises avec un animal bizarre. Il avait accouru pour l'aider, mais l'autre l'avait repoussé en criant, avait sorti son arme, et avait poignardé la malheureuse bête. Il s'était relevé d'un bond, furieux ou honteux, avait nettoyé sa dague sur le corps agonisant de sa victime, et avait vociféré son prénom. Linoir. Puis il était parti, non sans donner un dernier coup de pied au tas de chair. Quelle cruauté. Le pauvre devait être rongé par un terrible mal, un mal profond.
Ils étaient partis, ils ont marché longtemps. Puis, Linoir avait essayé de discuter. En vain.
Certains gardes phénix peu scrupuleux essayaient quelquefois de se faire comprendre des autres par le biais du langage corporel, ou des expressions faciales. Mais pas Alathenar. Lui avait compris le vrai sens de l'interdiction de parler. L'objectif était de ne pas s'exprimer, de ne pas communiquer aux autres, de quelques façons que ce soit, pour ne pas risquer de dévoiler un secret trop lourd à porter sans l'aide d'Asuryan.
Donc Alathenar ne répondait jamais. Il ne faisait même pas comprendre à son interlocuteur qu'il l'avait entendu. Il n'avait pas le droit. Hélas, l'Elfe en face de lui en souffrait. Et il n'était pas serein. Au contraire, il est toujours agité, toujours sur le point d'exploser. Comment quelqu'un peut-il être autant en colère ? Que lui a donc fait subir le monde, le destin, pour ressentir autant de hargne ? Qui s'acharne donc contre lui, pour qu'il soit continuellement dans cet état de nerf ? Le pauvre. Il doit avoir une vie bien difficile.
Alathenar ressentit alors le devoir de l'aider. Il avait enfin trouvé sa voie dans le grand dessein. Il savait qu'il mourrait des mains de Linoir - Asuryan le lui avait montré. Mais il savait aussi que son dieu veut qu'il l'aide à retrouver la paix, la tranquillité. Il...
C'est alors qu'il croisa le regard enragé de son compagnon...
*
Le pauvre garçon était recroquevillé dans sa cage, vêtu de seuls fluides vitaux et excréments. Sa cage… Sa raison avait vacillé quand il avait vu ce que la créature avait fait de ses parents. Puis s'était écroulée en constatant ce qu'elle avait décidé d'en faire. Ce seul souvenir suffisait encore à le faire sombrer dans l'horreur. Tout ce qu'il pouvait aujourd'hui raconter à mi-voix, c'était qu'ils étaient sa cage. Avant de sombrer dans une nouvelle crise de démence. Sautant et hurlant à la mort, les yeux révulsés et la bave aux lèvres. Il avait rapidement oublié qui il était et ce qu'il était. L'horreur l'avait facilement emporté.
La créature qui avait saigné, écorché et démembré ses parents ne cessait d'admirer Le bloc de pierre lumineuse. Plus grosse qu'un poing, elle tenait juste dans sa main sombre et luisait d'un éclat terne et verdâtre. Il restait les journées entières plongé dans la contemplation de son artefact, le regard vague. Ignorant les besoins primaire de son détenu.
Lorsqu'il sortait de sa torpeur, il montait les marches et disparaissait. Et chaque fois qu'il revenait, c'était avec le corps à l'agonie d'un nouveau malheureux. La gorge généralement à moitié arrachée. Alors il prenait tout son temps, se délectant des souffrances de son « invité » comme de son prisonnier.
Lorsqu'enfin il pressentait que sa victime était sur le point de rendre son dernier souffle, il l'achevait avec une violence inouïe. Il mutilait le corps et l'esprit sans aucun remords, exultant. Puis tout cessait aussi soudainement que cela avait commencé. Alors il se tournait vers celui qui auparavant s'appelait Gimrik, le regard brûlant de haine. Sans un mot, il lui jetait avec violence des morceaux de cadavres. Il savait pertinemment que l’estomac aurait finalement l'avantage sur la répulsion. Ce qui prit de moins en moins de temps au fur et à mesure que les semaines passait.
Rapidement, il ne sut faire la différence entre un aliment et ce qu'il lui donnait. Langues humides, morceaux de chair tendre, oeil encore chaud ou cervelle dégoulinante d'un crâne éclaté contre la pierre froide… Tout comme un chacun, la folie l'emporta.
Vint finalement le jour où un sourire étira sa peau régénérée, révélant ses crocs saillant.
- Enfin, murmura-t-il.
Ce qui fut Gimrik leva lentement la tête. Depuis cette nuit fatidique qui avait vu la mort de ses parents, et le début de son emprisonnement, il s'agissait de la première fois qu'il entendait sa voix. C’était aussi la première voix autre qu'un hurlement de souffrance qu’il entendait depuis cette même nuit.
La créature nocturne se tourna vers son animal de compagnie, dans sa cage d'ossement que jamais il n'aurait tenté de briser. Sa raison y était solidement emprisonnée, le retenant plus solidement encore que les os de ses parents. L'enfant méconnaissable sous la crasse, le sang séché et les lacérations se recroquevilla aussi loin que les barreaux lui permettaient. La créature passa un doigt entre ceux-ci, souriante.
- Je te l'ai promis, sssela ne fait que commenssser…
Il se redressa lentement et porta la main à sa pierre luisante. Les yeux clôt, il susurra quelques paroles alors que la pierre semblait pulser de radiance. Terrorisé, l'enfant poussa un cri, s'agitant dans sa cage. Les horreurs vécues avaient aiguisés ses sens et il parvenait à percevoir l'agitation à l'extérieur du frêle mausolée. Des choses s'agitaient dans la terre. Des morts de tous âges se retournaient dans leurs tombes sans comprendre où ils étaient. Mais la créature à la pierre lumineuse se contenta d'ignorer tout cela. Un grincement résonna dans la pièce, devenue un véritable charnier putrescent. Lentement, craquant et tombant en morceaux, les cadavres à divers stades de décomposition descendirent les marches rejoindre leur maître.
- Ssset endroit n'a plus rien à nous offrir, susurra la créature dans un souffle. Il est temps…
Alors, comme s'il le leur avait intimé, les revenants s'écartèrent. Ils lui firent une haie morbide dans laquelle il s'engouffra, la pierre au poing. Les morts-vivants le suivirent sans un mot, leurs effluves putrides prenant l'enfant à la gorge. Il était inconscient lorsque les derniers ressuscités soulevèrent sa cage et l'entraînèrent avec eux…
Lorsqu'il revint à lui, une nouvelle vision cauchemardesque s'offrait à lui. La cage avait été pendue à un arbre par une corde. Les jambes dans le vide, il avait une vue imprenable sur la scène se déroulant sur la petite place du village. Les enfants pleuraient, les femmes imploraient la pitié. Tous étaient dépassés. Les morts soumettaient les vivants.
Près de la moitié du village abreuvait déjà la terre de leurs fluides alors que le sang et la mort emplissaient les narines de l'enfant. La créature semblait jubiler. Le reste du village était agenouillé devant lui, soumis par leurs propres frères et sœur, parents et grands-parents. Méconnaissables. Un élan de lucidité perça un instant à travers la soif du monstre, qui prit la parole de sa voix doucereuse. Il leva sa pierre étincelante à la vue de tous.
- Humains, contemplez ssselui qui vous offre la vie éternelle ! D'isssi peu, chacun vous redoutera, et tousss trembleront en entendant le nom que la mort glisssera à leurs oreilles, ssselui de Mandrak… Mandrak von Naecraes… von Necrosis !
Et sous les yeux horrifiés de Gimrik, dont l'esprit avait refait surface à la vision de ses anciens pairs, les villageois s'effondrèrent comme leurs proches défunts les égorgaient d'un geste brusque et simultané.
- Un Vampiiire…murmura-t-il avant de sombrer à nouveau dans l'inconscience.
*
Sibli revint vers nous, une tête d'orque à la main.
- Nualeq, des orques, rap'el' Tenqualteq, nous al'ons attaquer le camp'ement.
Je fis ce qu'il dit, et nous reçûmes effectivement l'ordre d'attaquer le campement primitif. Je pris connaissance de la topographie du terrain, ce qui pourrait nous permettre d'arriver au contact sans subir de tirs, avec en plus l'effet de surprise. Nous étions dans une grande clairière, parsemée de collines et d'amas rocheux, puis au loin, un village délabré d'apparence fragile, d'où fumait une cheminée. Le champ de bataille idéal, me dis-je. Je pris donc la tête d'un groupe de saurus, chargés d'attaquer de front, alors que Sibli, quant à lui, les prenait par derrière. Nous apercevions au loin une pancarte marquée de :
- Nous les boyz du krâne bleu, on n'est avec la Fowwaaaaaagh !
"Primitif et incompréhensible", me dis-je, c'est créatures sous intelligentes n'avaient pas leur place dans le grand dessin des anciens. De nombreux cris de guerre fusèrent autour de moi, et nous chargeâmes...
Le premier contact fut extrêmement violent, mais nous prîmes quand même l'avantage. Je décapitais et éventrais tout ennemis sur mon chemins, et dès lors, les orques essayaient de m'éviter, aussi puis-je m'avancer vers le chef. De derrière les lignes orques, j'entendais moult projectiles siffler, et les orques, pris par surprise, subirent de nombreuses pertes. J'arrivais jusqu'au leader de ces idiots d'orques, et ma lance à double lame, bénie par les grands prêtres, me permit de parer la plupart des coups de mon adversaire. Après une rapide esquive que le laissa dans le vent, je pu entamer son armure à trois reprises, et ses plaies se mirent à saigner abondamment. L'orque s'énervait mais ses blessures le ralentissait, ainsi je pu en profiter pour trancher son ventre, lui faucher les jambes, avant de lui arracher la tête d'un coup sec. Ma victoire sonnait un repli chez les orques, et les skinks restés en retrait leur tendirent une embuscade, ainsi nous finîmes de les massacrer.
-Bel' battaille Sibli, dis-je.
-Oui, ces êtres n'avaient pas leurrr place ici.
*
Cela faisait des semaines, des mois même qu'ils parcouraient la région, à la recherche de l'objet. A présent Harek le Marcheur, un jeune noble nain, était sûr de l'avoir trouvé. La piste les avait menés, lui et ses quelques dizaines d'hommes, à un village puant, et complètement délabré. La palissade en bois semblait bien frêle, et les maisons, si on pouvait appeler ainsi les petites habitations, étaient faite de matériaux de récupération. Un village d'orque à n'en pas douter.
Bien que se détestant mutuellement, Harek avait tout d'abord essayé de parlementer avec les peaux vertes, mais son essai se vit ponctué d'un : « C'est pas nous k'on l'a ton truc » ainsi que de plusieurs gestes obscènes et quelques insultes. A présent il se préparait à lancer l'assaut sur le village, pour se venger de l'affront qui lui avait été fait, et par la même occasion, récupérer l'artefact.
L'objet de ses convoitises n'était autre que la Légendaire Chope de Grungni. Des légendes circulaient parmi les nains, racontant que cette chope avait le pouvoir de changer toute boisson qu'elle contenait en un puissant remède, pouvant guérir les blessures les plus terribles. Pendant des siècles, cet artefact fut considéré comme perdu, mais depuis peu, Harek était sûr d'avoir retrouvé sa trace. Il avait recueilli des informations dans des tavernes, quelques pièces d'or avaient changé de mains, et finalement, un Tueur du nom de Kregk lui avait proposé de le guider jusqu'à cette fameuse chope moyennant bien sûr un petit salaire.
*
Une seule question continuait de le hanter après tant de temps : pourquoi ? Pourquoi cette horrible créature l'avait-elle gardé en vie ? Pourquoi continuait-elle de le traîner dans son sillage sanglant ? L'obligeait à voir de ses yeux mortifiés les horreurs qu'elle commettait, le torturant aussi souvent que possible ? Une réponse commençait à lui venir à l'esprit : cela la distrayait. Ni plus ni moins.
Petit à petit, son esprit s'était métamorphosé. Et son corps avait rapidement suivi. Pour le plaisir, Mandrak continuait à le traîner dans sa cage dont il n'était jamais sorti. Mais il ne rechignait plus à dévorer avidement les morceaux de carcasses qui lui étaient jetés en pâtures. Quand bien même ceux-ci bougeaient encore. Gimrik n'était plus.
Mandrak avait aisément conquis le comté de Dol'Valhar. Et déjà des tombes gémissaient dans les cimetières de la plus proche cité : Mikalsdorf. Les fossoyeurs et soldats ne surent vite plus où donner de la tête.
Une horde de goules avait ravagé la ferme d'un paysan. Nulles traces de celui-ci ou de ses proches n'avait été retrouvée.
Des chasseurs avaient été surpris par le brouillard, en pleine journée. Ils avaient aperçus une macabre procession de créature ni mortes ni vivantes. Elles arpentaient un sentier forestier sans but apparent.
Un enfant fut kidnappé et les soldats emprisonnèrent ses parents. Jusqu'à l'échafaud ils jurèrent avoir vus une créature ailée emmener leur fils.
Ces détails n'attisèrent pas la méfiance des barons et petite noblesse locales. Mais le Comte de la proche Sylvanie ne fut pas dupe. Une délégation parti de Drakenhof, forte d'une dizaine de chevaliers aux armoiries écarlates qui fondit sur Mikalsdorf. Ils chevauchaient de nuit et disparaissaient durant le jour, ne laissant que mort et folie dans leur sillage.
Cependant Mandrak ne se présenta cependant pas aux émissaires de la nuit. Le vampire demeura insaisissable. Les kazstellans et leur sombre capitaine exterminèrent nombre des créatures récemment acquises par le nécromant, sans jamais le trouver. Cela n'eut pour effet qu'attiser le courroux des envoyés du Comte, en particulier leur meneur. Pendant tout un hiver, les émissaires de Drakenhof sillonnèrent les forêts. Ils abattirent toutes formes de vie et semèrent la mort sur leur passage.
Rien n'y fit. Il n'y eut pour conséquence que d'y avoir davantage encore de matière première pour l’insaisissable mort-vivant. Mikalsdorf finit par prendre conscience de la présence de terrifiant faucheurs près de ses murs. Le Comte de Sylvanie s'empressa de rapatrier ses émissaires qui revinrent à Drakenhof bredouilles.
Cependant, l'agitation ainsi créée avait forcé les dirigeants de Mikalsdorf à intervenir. Un groupe de mercenaires nains provenant de Karak Kadrin avait été recrutés et suivit les massacres, sans pouvoir intervenir. Mais le départ des kazstellans changea la donne. La première nuit succédant au départ des émissaires, le groupe fort d'une dizaine de guerriers fut attaqué. La lutte fut brutale et le carnage à la hauteur de la réputation des mercenaires. Nombre de goules et zombis périrent sous leurs haches. Cependant, face aux morts-vivant dont même les membres tranchés continuaient de ramper pour assaillir les mercenaires, aucune victoire n'était envisageable. Même quelques barbus arborant des crêtes oranges purent exaucer leur vœux.
Lorsque la lune fut au zénith, il ne demeura plus qu'un nain, exténué. De nombreuses blessures étaient visibles sous sa tunique déchirée et sa cuirasse déformée. Il avait la barbe poisseuse autant des fluides de ses victimes que de ses blessures. Cependant il leva une fois encore sa hache maintenant ébréchée en voyant s'avancer une sombre silhouette. Mandrak était venu en personne. Derrière lui, traînant sa cage d'os brisés, une misérable créature difforme l'observait, les yeux injectés de sang.
Durant sa vie, et principalement cette nuit, il avait vu et affronté nombre d'horreurs. Mais ce qu'il vit là le pétrifia. Cette créature était plus morte que vive et pourtant dans son regard, il crut un instant déceler une innocence désormais perdue. Qu'était-il donc arrivé à cette malheureuse chose ?
- Désires-tu réellement le sssavoir ? Susurra Mandrak, devinant ses pensées.
Le nain secoua la tête en se reprenant, mais la mort était passée. Une foule de membres suintant et puant se saisirent de lui et malgré ses efforts, il fut mis à terre. Il pouvait sentir leurs doigts avides le palper. Leur haleine fétide souffler sur sa peau. Leur appétit sans fin prêt à se rassasier. Pour la première fois depuis bien longtemps, il pleura. Son sang coula comme les mâchoires se refermaient. Implorant une fin rapide, il cessa finalement de lutter.
- Sss'est très bien, souffla à nouveau la voix maléfique comme soudain la marée s'immobilisait.
Il n'en crut pas ses yeux lorsque, lentement, ils reculèrent et formèrent un couloir entre lui et le nécromant. Ainsi que son horrible familier. Le nain ne put que rester muet, une main posée sur sa gorge blessée. Quand bien même aurait-il été indemne, il serait resté pétrifié. Tout autour de lui les goules et morts-vivants semblaient retenus par quelque sortilège, les empêchant de se jeter sur lui. Repensant à ce à quoi il venait d'échapper, il eut un haut-le-cœur.
- Que désires-tu ? Lui demanda la sombre apparition.
Il s'essuya barbe et lèvres du poignet. La voix tremblante, il répondit :
- Vivre.
Un sourire cauchemardesque s'étira sur le visage de Mandrak, révélant des canines sur-développées. Le nain en eu la chair de poule.
- J'ai un travail à te confier, déclara le vampire sans se départir de son monstrueux sourire. Sculpte un objet pour moi, et je te récompenssserais…
- Plutôt crever, cracha-t-il dans un élan, osant un instant faire affront au nécromant.
Sans s'offusquer, le seigneur de la nuit balaya le champ de bataille ressemblant désormais davantage à un charnier. Le courage du nain vacilla quand son regard se posa sur ses compagnons, réalisant la stupidité de sa réponse.
- En es-tu sssûr ? Tes amis aimeraient sssans doute pouvoir te conssseiller, qu'en penssses-tu ?
Tout en parlant, il tendit un bras vers l'un des cadavres, qui tressauta soudain. Le nain faillit tomber à la renverse, alors que les goules, les entrailles fumante du mort entre leurs crocs, avaient un sursaut de surprise.
- Je peux t'épargner sssela, continua-t-il en captant le regard du nain.
Ses yeux écarlates étaient deux braises dans la semi-pénombre. Ils emplissaient son esprit, alors qu'en arrière-plan les nécrophages reprenaient leur funeste festin avec plus d'avidité que jamais.
- Tu es en vie. Pourquoi te mentirais-je alors qu'il est sssi fasssile de te tuer ? Sssculpte un objet pour moi.
Le nain se ragaillardit progressivement, écartant toutes traces de remords. Alors qu'il croyait tout perdu, qu'il avait renoncé à la vie, une échappatoire lui était offert. Dans sa jeunesse, avant de perdre sa femme et devenir mercenaire, il avait été ciseleur à Karak Kadrin. Et il ne se séparait jamais de ses outils. Ciseler un objet ? Rien de plus facile.
Cette coïncidence tenait du miracle, aurait-il songé si son esprit n'avait pas alors été embrumé par la présence du vampire.
Mandrak lut son soulagement sur son visage et la réponse l'accompagnant. Le nain ravalait sa fierté et acceptait de le servir. Quel misérable insecte. Si facile à manipuler…
Le vampire tendit le bras et le nain put enfin voir le bloc. Celui-ci pulsait, émettant une lueur verdâtre qui lui hérissa les poils. Il frémit d'admiration et de dégoût en contemplant la pierre. Et il n’était pas le seul. La créature vautrée aux pieds du suceur de sang observait elle aussi la pierre lumineuse d'un air stupide, révélant ses dents brisées et suintantes.
- J'attends ! Cracha soudain Mandrak.
Ce fut comme un électrochoc pour le nain qui s'ébroua, toutes blessures oubliées. Il constata que la marée gémissante c'était reculée en lisière de la clairière où gisaient ses compagnons. Le cœur serré mais porté par l'espoir, il se précipita sur son sac. Les mains tremblantes, il en retira ses outils de tailleur. Il se retourna et étouffa un hoquet. Mandrak était apparu dans son dos sans aucun bruit. Alors que son hideux familier le rejoignait en gémissant, bavant sur son menton décharné. Mandrak lui brandit le bloc à hauteur des yeux.
- Taille un crâne dans la pierre. Je veux un crâne, un crâne parfait. Fais le et tu vivras, Nain. Abîme la et je te ferais regretter l'éternité… l'éternité de n'être pas déjà remplir l'essstomac de ssses immondissses !
Les yeux grands ouverts, tremblant de terreur, il ne put que hocher la tête. L'éclat de la pierre lui brûlait les yeux. Le nain tourna son regard vers celui de Mandrak et il pouvait y lire la colère infernale qui y faisait rage. Il ne s'agissait pas de menaces en l'air. Déglutissant, il leva lentement la main. La douleur fut telle qu'il faillit en lâcher le bloc. Il aurait damné son âme que plonger le poing dans une forge incandescente eut été moins douloureux.
- Entends ma voix, susurra Mandrak. Et mets-toi au travail.
En pleurs, le bras en feu, il s'agenouilla devant Mandrak et cala le bloc contre une motte de terre. Il se soustrayait un instant à la douleur infernale. Là où sa peau avait été en contact avec le bloc, elle avait viré noir. Il pouvait presque voir ses phalanges calcinées, saillant par en-dessous. Jamais il ne pourrait réaliser pareille chose, tailler ce matériau maléfique était au-dessus de ses forces. Mais la volonté de Mandrak était implacable. Il s'empara de son esprit. Et par sa détermination de fer, le vampire plia le nain à sa volonté. Il se mit au travail.
Toute la nuit il s'affaira sur la pierre, l'ébavurant, la taillant et la creusant. Il exprima toute le talent de ses ancêtres, coulant dans ses veines. Mû par le pouvoir de Mandrak, le poussant au-delà de la souffrance intenable qu'il éprouvait au contact de la pierre radiante, il sculpta.
Lorsque l'aube vira au violet, il parvint à lever un regard implorant au vampire. Ses outils étaient méconnaissables. Ses doigts, des moignons sanguinolent et fumant. Même les pointes de sa barbe crépitaient de pouvoir.
Mais il y était parvenu.
Le crâne reposait là, entre ses genoux. Quelques éclats fumants dans la fange perdaient lentement leur pouvoir. Mais le crâne, lui, irradiait plus que jamais. Ses dents impeccablement ciselées étaient ternies du sang du nain. Le fluide dégoulinait des orbites vides creusés sur plus d'un pouce vers l'intérieur. La pierre c'était révélée pratiquement incassable, mais ses outils portaient les runes naines de tailleurs de diamant de Karak Kadrin. Ils s'étaient brisés, mais il avait néanmoins persévéré, pleurant eau et sang son malheur.
Il fut incapable de tendre l'artefact forgé au seigneur de la nuit, trop épuisé physiquement et mentalement. Au fur et à mesure de son travail, il avait senti cette lumière impie lui brûler les yeux et désormais il ne pouvait voir que le crâne radiant. Sa tâche l'avait pratiquement rendu aveugle.
Sans un mot ni un regard pour lui, le vampire se pencha et ses doigts blafard se refermèrent sur le précieux objet. Étonnamment le mort-vivant ne semblait pas affecté par la brûlure. Sa chair était épargnée par les effets de la pierre. Il contempla le résultat en silence, les yeux écarquillés. Le nain osa lever la tête et parvint à le discerner, les yeux plissés et rouges de fatigue. Mandrak affichait un sourire satisfait.
- Sss'est très bien… susurra-t-il. Vraiment parfait…
La joie du nain fut sans commune mesure. Ses efforts n'avaient pas été vains. Il allait pouvoir vivre et retourn…
Le courroux du vampire s'abattit sur lui tel un ouragan. Gémissant pitoyablement, son familier fit un bond en retrait, terrifié. L'hémoglobine éclaboussa en cascade la pierre, jaillissant de la gorge déchiquetée du nain soulevé du sol. La gueule grande ouverte, le vampire lui déchira artères et trachée à grand coups de crocs. Il s'éclaboussait le visage autant qu'il arrosait la pierre irradiant de pouvoir qu'il tenait collée contre la plaie. Les spasmes du nain s'arrêtèrent brusquement lorsque sa colonne vertébrale céda finalement sous la mâchoire du mort-vivant. Après un instant, il laissa retomber le corps flasque sur lequel se précipita la horde affamée. La tête méconnaissable du nain à la main, Mandrak se délecta de la surprise et l'horreur qui luisaient encore dans son regard. La pierre luisante était teintée d'un éclat pourpre tellement elle s'était imbibée de sang.
Mandrak, la créature méconnaissable sur les talons, retourna tranquillement dans la sombre forêt. Se léchant le menton, il ne cessait d'admirer son artefact de malepierre nouvellement créé. Il abandonna la tête barbue à son familier qui s'empressa d'en gober les yeux encore tièdes. Dans leur dos, goules et zombis se repaissaient du reste du corps…
*
Kaenur sentait le vent sur son visage. Ses vêtements trempés collaient à son corps. Un goût salé lui remontait les narines, tandis qu'il entendait le fracas régulier des vagues sur le rivage. Quand il se décida à ouvrir les yeux, ce fut pour voir un ciel gris et terne, qui le plongea dans une humeur maussade. Il connaissait bien cette émotion. Elle était courante, chez lui. Et elle était toujours suivie d'une humeur massacrante. Il la sentait déjà poindre en lui. Quel monde pourri ! Corrompu par les forces du Chaos, il avait perdu toute beauté. Il n'y avait que chez lui que Kaenur se sentait bien. Sa terre, celle de ses pères, défendue ardemment, au prix de tous les sacrifices ! Et cela faisait longtemps qu'il n'y avait été. Trop longtemps, en vérité...
Le paysage qui l'entourait était totalement différent de chez lui : la mer, agitée, était trop grise, brumeuse. Il apercevait une forêt au loin, qui semblait particulièrement sombre et repoussante. Bien loin des forêts de Naggarythe, autrefois si belles, chaleureuses, et, bien que fournies, elles laissaient passer des rayons de soleil par endroit, rendant chaque moment en son sein un instant magique. Mais elles avaient souffert de la cruauté des Druchii. Ils les avaient brûlées afin de chasser les siens qui s'y étaient réfugié. Immondes traîtres, dépravés et sadiques, leurs « sombres cousins », comme les appelaient les humains, qui n'ont jamais été bien loin de l'erreur, mais qui dans ce cas avait dépassé tout ce que Kaenur croyait possible.
« Sombres cousins » !
Tssss... On ne pouvait pas être plus différent qu'un Druchii et un Asur. Les humains, et leur bêtise... Et c'est en eux que les Asurs doivent fonder leurs espoirs ? Mais comment peuvent-ils y croire ? Ils ne sont qu'une bande de barbares, rustauds et maladroits. On dit même que certains utilisent des armes de Nains. Non, ils n'apporteront rien de bon au Asurs. Ces derniers devraient s'en sortir seuls. Et Kaenur ferait tout pour les aider. Il doit accomplir sa mission. C'est leur dernière chance. Ils ne pourront pas contenir les assauts du Chaos bien longtemps.
« Les Humains nous aideront », prétendent certains optimistes...
Du vent ! Ils nous aident autant qu'ils aident l'ennemi ! Combien des leurs rejoignent les rangs chaotiques ? Combien succombent à l'appel des Dieux Sombres ? Ils sont faibles, et ont l'arrogance d'appeler leur territoire misérable un Empire ! Cet Empire n'est rien comparé à celui qu'Ulthuan s'était forgé au cours des siècles ! Des routes maritimes gigantesques, qui vont du Levant au Ponant ! Des cités somptueuses, éclatantes de blancheur, dominant les environs du haut de leurs tours effilées qui perçaient l'horizon, guidant vers des jardins fleuris, des places pavées, des théâtres majestueux, tel un phare indiquant le chemin de la civilisation aux égarés. Et tout s'est effondré. En une période si rapide qu'on ne sait si elle fut d'une minute ou d'une heure.
La Déchirure ! Les Asurs ont perdu tout ce qui leur restait ce jour-là ! Trahis par une grande partie des leurs, abandonnés par d'autres. Tout a disparu. Ulthuan n'est aujourd'hui que l'ombre de ce qu'elle fut. Peut-être même moins. Et quelque chose s'est brisé dans le cœur de tous les Asurs ce jour là. Certains ne sont devenus que des coquilles vides, qui ont perdu l'énergie pour tout reconstruire. D'autres se sont emplis de haine, mais la mûrissent au plus profond de leurs âmes, attendant un événement quelconque qui ne surviendra jamais. Ils restent là, inactifs, dans l'expectative. Quelle déchéance ! Quelle ... tristesse.
Heureusement certains Asurs ont encore les forces de se battre, mais beaucoup les gaspillent dans des guerres inutiles, que l'on ne peut que perdre sur le long terme. Un effort louable, mais futile. Les derniers enfin, une minorité, ont décidé de se battre pour restaurer l'âge d'or des Asurs. La Quête de la Nouvelle Aube...
Soudain Kaenur fut tiré de ses pensées. Il ressentait un besoin pressant de se diriger vers le Nord. Une direction l'attirait irrésistiblement sans qu'il ne sache pourquoi. Il ne connaissait même pas la région ! Cet attrait diminua aussi soudainement qu'il était venu, mais il demeurait clair dans son esprit. Intrigué, il décida de se mettre en route.
*
Bodork était assit sur son trône.
Ça faisait trois jours qu'il n'avait pas quitté le village avec sa tribu pour chasser de l'elfe sylvain, avec à leur tête son pire ennemi Eltarios.
Faut dire que depuis qu'il s'était autoproclamé Seigneur des Collines désolées, il avait chassé tous ennemis de la zone, même ces mystérieux elfes sylvains qui étaient sortis de leur forêt pour quelques raisons inconnues.
Ses orques s'impatientaient. Et quand il s'impatientaient, ils se battaient entre eux. Et Bodork réglait ça à coups de boules.
En tant qu'orque noir, il détestait indiscipline mais il commençait à lui-même ennuyer.
Soudain, un orque à moitié nu déboula dans la tente de Bodork.
Y s'agissait de Rashgaz, un des trois chamans « conseillers » du puissant chef :
- Chef ! Chef ! J'é trouvé un truk ! J'é rêvé de que'k chose !
- Bon, d'jà tu va t'calmer, ch'uis pas d'humeur a supporter tes kris.
- Alors voila... Y'a Gork et Mork y' son v'nus m'kauser dan mes rev's.
- Enkor ?' T'fous pas d'ma gueul' ! La dernièr' fois k'on m'a dit ca, c'était pour m'fair' chercher un kaillou k'on m'a dit k'il était magik qui nous avait servi a keudal et k'a boumé la moitié d'mon coin ou c'est k'y'a mé gars !
Le caillou en question n'était en fait une pierre gardienne des elfes.
Mork (ou peut-être Gork) avait dit à Zakou, un autre chaman, d'aller chercher cette pierre pour la retailler à l'effigie des dieux.
Mais Zakou tenta de la tailler avec de la magie au milieu de la place du village, ce qui eu pour effet de provoquer un retour d'énergie de la pierre gardienne qui fit sauter la moitié des bâtiments à proximité, sous les rires imbéciles des spectateurs peaux vertes.
- Mais là c'est différen' ! Dit alors Rashgaz.
- Et en koi sa s'rait différent ?
- Y s'agit eu'd faire d'venir' les z'orks maîtres du monde.
Bodork réfléchissait.
Oui, réfléchissait.
Cela pouvait paraitre étrange pour un orque, mais les Collines Désolées, ce massif rocailleux proche des Collines Hurlantes était couvert fréquemment d'un brouillard vert étrange et ce depuis des siècles, depuis la sombre nuit « Du Crachat d'Morrslieb » où de la pluie de malepierre liquide tomba.
Ce brouillard faisait muter tout les êtres vivants, si bien que, la zone était infestée de mutants et d'horreurs chaotiques.
Cependant, le mal semblait depuis toujours ne pas affecter les peaux vertes.
Ou du moins de la même façon que les autres races. Les peaux-vertes devenaient plus intelligents.
Bodork en premier.
C'est ce qui les avait poussés à devenir sédentaire et fonder le début d'un empire de peaux-vertes, dont le début serai le village de Bodork.
- Parl' ! Expose plus' ta vision...
- Ecoutez chef.... Vous z'allez trouver ça bizar', mais ils nous ont demandé de changer nos kostum' et d'servir' la plu grand' Waaagh ! Eu'd tout les temps qui s'prépar'.
- Kel' kostum' ?
- D'ja faut qu'vous changiez d'armur' , et k'on r'peintur' not' équip'ment en mô've, jô'ne et bleu. Mé y z'ont aussi dit k'on d'vait quitter les k'ollines pour z'aller à Mordaïme, la ville k'assée des z'homm'.
- Et pour'koi faire ? Et pour'koi enlever mon armur' ?
Bodork était anxieux.
Son armure magique il l'aimait. Elle avait été forgée par des nains a l'origine, mais fut capturée et réadaptée à sa taille. Elle le protégeait de tout, ou presque.
- N'vous ink'iètez pô' ! Les dieux z'y m'ont dit qu'vous aurez une nouvel' armur' magik'.
Ziiiiiooooooopscch ! Blam Dong dong dong.....
A peine le chaman avait-il fini sa phrase, que se matérialisa dans un grand flash vert et avec grand fracas, entre Rashgaz et Bodork, un amas de métal.
Méfiant, Rashgaz s'approcha et souleva l'amas de métal, qui était en fait très léger. Il s'agissait d'une armure très étrange, couverte de grandes piques dans le dos.
- Tu dizais donk' vrai ! Souffla Bodork émerveillé. Prépar' tes z'affair' et dit aux Boyz k'on va bientôt s'marrer ! On va à Mordaïme !
*
La malepierre. Elle était leur origine. Leur vie. Et provoquerait leur disparition. La chance avait voulue qu'ils se trouvent près de la surface lorsqu'elle celle-ci y avait plu. Retroussant ses babines humides, il tâta avec respect les fragments que contenait sa besace. Le haut-prophète du clan serait satisfait. Mais Skrash désirait davantage.
Devant lui, sa poignée de guerriers reniflait le sol et fouillait les tombes défoncées de l'intérieur. Mais Skrash n'avait pas besoin, comme eux, de se baisser pour sentir ce qui était si évident. La poussière de pierre magique planait encore ici. Bien qu'aucun fragment conséquent ne soit présent en ce lieu.
A son côté, son adepte assigné par le haut-prophète faisait frémir ses moustaches. Il flairait également la pierre, selon toute évidence.
- Nous nous mettons en chasse, articula Skrash dans leur langue composée de couinements en feulement incompréhensible aux autres races. L'objectif a été volé.
- Il était temps, lâcha l'adepte assassin en reniflant, ses pattes antérieures posées sur ses hanches où pendaient les fourreaux de ses dagues.
Re: Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Lun 12 Nov 2018 - 21:31
Mandrak humait l'air nocturne, ses narines pourtant immobiles. Aucune inspiration n'agita sa poitrine. L'air puait l'humus. Il sentait aussi la cendre, le chaume, le sang… lentement, un sourire macabre se se peignit sur ses traits. Avec une coordination sans faille, une multitude de créatures s'avança sur l'allée principale du village, trébuchantes, claudicantes, mais animées d'une volonté sans failles. D'un mouvement paisible le seigneur de la nuit enjamba le cadavre égorgé et exsangue du garde-porte de Stalimvil. Aussitôt, la créature voûtée sur ses talons se précipita sur le corps, y fourrant son visage. La carcasse remua comme il s'acharnait en vain sur l'abdomen du cadavre, incapable de percer la pansière de cuir. De dépit, il se rabattit sur le visage, arrachant une joue à grand coups de dents, la face déjà maculée de pourpre.
La marée de morts-vivants se déversa dans le village. Les revenants entraient dans les maisons d'un pas mal assuré. Peu après résonnaient à l'intérieur les cris d'horreur et d'agonie comme une femme, un fils, se réveillait en panique. Juste pour voir un proche parent ou amis se faire dévorer vivant. Griffant les murs, des goules escaladaient les murs et pénétraient dans les bâtisses directement par les fenêtres, portant la chair tiède de nouveau-nés ou adolescents à leurs crocs. Au milieu de l'allée se promenait le responsable de cette orgie de sang. Il avançait paisiblement au milieu des cris et gémissements.
Au centre du village, au pied d'un arbre mort au tronc noueux, il rejeta en arrière la cape usée prélevée sur l'une de ses créations, et leva le crâne lumineux. Il se plongea avec délectation dans son regard vide. La pierre l'avait ramené à la vie. Il était revenu d'entre les morts une seconde fois. Et il saignerait cette terre en l'honneur de cette nouvelle vie. Il resta un long moment en contemplation, le chaos l'entourant se calmant progressivement comme les villageois passaient de vie à trépas. Puis finissaient dans l'estomac des zombis pourrissants. Traînant une poignée d'entrailles odorantes derrière lui, le familier vivant vint s’asseoir à ses pieds. De bon cœur, il croqua à pleines dents dans son trophée.
Mandrak se détourna un instant de l'artefact, un sourcil froncé. Quelques mouvements rapides l'avertirent au dernier moment. D'un cri de rage il déploya un champ d'énergie verdâtre autour de lui, puisant dans la magie du crâne. Les projectiles s'y écrasèrent lamentablement avant de tomber dans la boue. Ils effrayèrent le chétif nécrophage qui vint se blottir contre la cape de son maître. Les crocs apparents et ses yeux rouges lançant des éclairs, le vampire avisa les silhouettes évoluant sur les quelques toits à double étage du village. Une multitude d'yeux également rougeoyants le scrutaient avec colère. Sans s'attarder sur l'origine du bouclier qu'il venait de produire, il leva le bras en direction de ses ennemis.
La malepierre étincela alors qu'il canalisait le vent sombre. D'une animation commune, les morts-vivant infestant tout le village se détournèrent de leur festin morbide. Les cadavres mutilés, repas quelques secondes plus tôt, se levèrent à leur tour pour leur emboîter le pas. Tous affluèrent vers le cœur du village d'une même volonté. Les rares personnes encore en vie virent leur cauchemar sortir de lui-même par portes et fenêtres des habitations, encore pétrifiés par la terreur.
Skrash contempla de ses yeux ébahit ce que ce cadavre ambulant détenait à la main. Sans nul doute, il aurait le pouvoir de détrôner l'unique technomage du clan Keare, avec un tel objet de pouvoir. Et peut-être même intégrer un clan siégeant au conseil !
Sans hésitation, il porta la poigne à sa bourse. Il fit rouler les pierres de pouvoir dans sa paume et commença à puiser dans leur pouvoir. Comme elles semblaient ternes comparé à ce crâne irradiant de pouvoir ! Ses moustaches frémirent d'excitation. Un frisson le parcourut du museau au bout de la queue, celle-ci ondulant d'impatience dans son dos. Il aurait le crâne, coûte que coûte.
D'un geste, l'adepte lança les guerriers à l'assaut. Les rues en-dessous semblaient s'animer comme lors de nuits de fêtes, macabre parodie d'événements passés. Les hommes-rats dévalèrent les murs à la verticale pour rejoindre les morts-vivants, se jouant de la gravité. Des goules décharnées jaillirent soudain des fenêtres, agrippant les skavens avant de les entraîner dans leur chute, en un déluge de crocs, de griffes et de fourrures. Les premiers atteignirent rapidement le sol, ondulant entre les lents mort-vivant de mouvements vifs. Ils se frayèrent un chemin en direction du vampire.
Après un renâclement de dégoût, l'adepte lui-même se résolut à prendre part à la bataille. Ayant suivit une formation auprès du mystérieux clan Eshin, il ne connaissait pas d'égal sur ce champ de bataille. Il bondit souplement du toit de chaume, provoquant la chute un frère et de l'une des répugnantes créatures dégénérées, jusqu'alors en lutte verticale. Il ce réceptionna au sol d'une roulade en projetant de côté un mort trop lent pour lui. Tenant ses dagues aux poings et à la queue, il entreprit de mutiler les corps. Il tranchait la chair décomposée et arrachait à grands coups de crocs les têtes des créatures, maître de son champ de bataille.
Index griffu pointé vers le vampire qui ne s'était pas déplacé, Skrash projeta un rayon d'énergie verdâtre et flamboyante. Contre sa paume, les fragments de malepierre s'échauffaient rapidement. Et il embrassait cette douce brûlure.
Mais levant l'imposant bloc, Mandrak intercepta le rayon. Il fut proprement absorbé par le crâne qui n'en fusa que davantage. Le sorcier skaven en feula de frustration, sa fourrure d'un brun sombre se hérissant de colère. Il tira d'une seconde besace son poignard gravé de glyphes profane. S'entaillant la queue, il aspergea ses pierres qui burent son sang sombre comme il levait de nouveau la patte. Cette fois, une dizaine de rayons fusèrent vers le ciel, illuminant le ciel bas ce soir là. Avant de retomber à tout allure sur le vampire. Tels de longs serpents lumineux, glissant droit sur leur proie.
Cette vermine agaça rapidement Mandrak comme les rayons percèrent son bouclier radiant, trouant le sol autour de lui. Terrifié par le duel magique, la créature lui servant de familier s'était réfugiée dans ses jambes, se collant à lui. Il la chassa d'un violent coup de pied, l'envoyant rouler près de la mêlée en gémissant, où elle resta inerte.
Il abandonna l'étrange bouclier de lumière l'ayant protégé plus tôt. Les traits déformés par la rage, il brandit le crâne lumineux. Gorgée de pouvoir, la mâchoire de malepierre prie vie. En grinçant, le crâne ouvrit grand la gueule. Copiant le sort de son ennemi, se fut une pluie de rayons vert incandescent qui jaillit en direction du rongeur. Apeuré, celui-ci s'éclipsa de son champ de vision, le sort criblant le bâtiment en toute pars. Il y laissa de profonds impacts crépitants et cernés de cendres. Aussitôt une multitude de goules émergèrent de cette bâtisse et se ruèrent à l'assaut du toit en bavant d'impatience. Il reporta son attention sur la bataille. Les rats taillaient ses zombis en pièces. Mais pour chacun de ses pions perdus, deux nouveaux surgissaient en gémissants. Un premier entravait la vermine depuis le sol. Un second venait l'écraser. Un troisième croquer cette chair juteuse. Uns par uns, les rats se faisaient dévorer.
Satisfait, Mandrak se détourna, faisant un pas en direction d'une ruelle au nord. Et s'immobilisa de stupéfaction. Une unique forme le fixait avec un calme désarmant. Le vampire rénégat plissa les yeux de colère. Sous son armure écarlate gothique où était incrustées de nombreuses pointes, un autre seigneur de la nuit le jaugeait. Il raffermit lentement sa prise sur le crâne comme le chevalier dégainait une lame de son fourreau en écartant son écu siglé. Les yeux brillant sous son casque orné d'ailes d'acier, le kasztellan du Comte bondit en avant. Sa cape miteuse claquant dans son dos, Mandrak s'élança à sa rencontre, serrant dans sa main droite le crâne de malepierre.
Avant d'être enfin au corps à corps il bondit lestement sur le mur longeant la partie droite de la ruelle. L'autre vampire planta un pied dans la fange pour stopper son élan comme le rénégat lui sautait à la gorge. D'une vitesse inhumaine le chevalier pivota sur ses appuis et Mandrak heurta l'écu lisse. Il glissa sur celui-ci et alla s'étaler au sol dans une projection de boue comme la lame sifflait au-dessus de lui, arrachant un morceau de tissu de sa cape. En un éclair, il fut debout et se jeta sur le combattant en armure, plus lent et déséquilibré son violent moulinet. Celui-ci tituba à l'impact et se tourna de nouveau face au vampire plus agile, qui de nouveau tentait de se faufiler du côté opposé de l'épée. Il fit volte-face, sa lame cinglant l'air face à Mandrak qui dut se jeter en arrière afin d'éviter l'arc de cercle. Mais le métal ondula soudain d'une magie perverse et mordit son épaule gauche, le projetant au sol.
Il roula au sol, serrant ses dents et s'entamant les lèvres. Le chevalier se précipita sur lui. Toujours au sol, Mandrak tendit son bras valide face à l'arme. Sa main aux doigts refermés sur le crâne inonda la ruelle de lumière. Plusieurs traits lumineux fusèrent, percutant de plein fouet le chevalier en armure écarlate. Des pointes d'acier volèrent de côté et tout un coin de son écu se couvrit de cendre. Mais aucun des tirs mortels ne le toucha. Il abattit sa lame comme Mandrak levait désespérément son artefact.
La mâchoire de l'humain dégénéré se referma sur l'oreille de Skrash. Il s'acharna sur sa prise, arquant le cou et tirant en arrière. Dans une giclée sombre, la chair se déchira. Il poussa un glapissement de douleur. Arquant le dos, le sorcier enroula soudainement sa queue autour du cou de la goule mastiquant son organe auditif. A l'aide de son appendice il délogea la bête puante de son dos, ses ongles acérés laissant plusieurs sillons sanglant sur les flancs couverts de fourrure du skaven. Crachant des sonorités discordantes, il se retourna brusquement d'un coup de reins. L'homme-rat colla sa paume ensanglantée contenant les pierres sur le front d'une seconde goule se tournant vers lui. Il y eu une explosion de lumière verte et celle-ci bascula dans la rue, répandant sa cervelle poisseuse. Trois autres encore lui faisaient face, leurs dents ébréchées dégoulinant de bave. La chair malade, même selon ses standards, défendit le skaven de tenter de les mordre lui aussi. Un frisson de répulsion parcourant sa fourrure, il fit volte-face et bondit lestement de l'autre côté de la rue. Skrash planta ses griffes dans la chaume et ses pattes postérieures patinèrent un instant dans le vide. Péniblement il se hissa. Se redressant vivement, l'homme-rat avisa les trois créatures sautant dans le vide à sa poursuite. Il regretta un moment que l'adepte n'ai pas laissé quelques guerriers à ses côtés. Puis bondit avec agilité de toits en toits, se fiant à son flair pour retrouver le porteur du crâne.
La frêle créature se recroquevilla lorsque deux corps enlacés lui roulèrent dessus, chacun cherchant à mordre l'autre, amas confus de bras et de fourrures. Le rat géant planta ses crocs dans la gorge de l'autre, avant de le sectionner le cou d'un mouvement vif de ses incisives et de s'asperger de fluides coagulés. Le museau trempé d'hémoglobine noire, il tourna son regard fou vers le familier terrifié. Retroussant les crocs, il agita la queue et le souleva de terre d'un coup de patte avant, lui lacérant l'abdomen. Voyant la créature voûtée inerte au sol, il se redressa, satisfait, avant de se ruer à nouveau dans la mêlée.
La lame ensorcelée et le crâne de malepierre se percutèrent violemment, grésillant d'étincelles lumineuses. Serrant les crocs, tous deux concentrèrent tout leur pouvoir sur leurs artefacts respectifs. La lame se teinta progressivement de vert clair en partant du contact avec la pierre magique. De son côté le crâne pulsait toujours plus puissamment de sa lueur jaune-vert. Soudain, dans un grand éclat de lumière, les deux objets se repoussèrent mutuellement. Le chevalier recula, secoué, le poignet d'épée paralysé par le choc. Ignorant la douleur engendrée à son propre avant-bras, Mandrak bondit sur ses pieds. Il se jeta en avant et frappa l'écu du crâne qui hurla d'un rire lugubre. Une nouvelle explosion retentit comme l'écu fumant retombait derrière le chevalier du Comte. Sonné, il s'adossa au mur pour ne pas s'effondrer. Continuant sur son avantage, le rénégat plaqua le poignet d'épée du chevalier au mur. Le vampire planta son crâne jubilant contre le casque de métal qui vola en éclat. L'autre poussa un hurlement étouffé et tout son corps s'agita un instant alors que le bloc de malepierre lui labourait le visage à grands coups de dents. A chaque bouchée il s'enfonçait davantage dans l'habitacle d'acier avec des projections de fluides et d'esquilles de cartilages. Le corps s'affaissa brusquement, mais Mandrak continua d'enfoncer la pierre avide. De l'hémoglobine et de la cervelle lui jaillissaient sur son poignet. Lui coulaient le long du bras.
Avec un soupir de satisfaction il retira la pierre et le corps s'effondra misérablement. Sa blessure à l'épaule se refermait déjà.
Soudain un feulement lui fit faire à nouveau volte-face. Dans un grand fracas, un nouveau chevalier en armure à pointes plaqua au sol l'un des rats géants qui geignit de surprise, coupé en plein élan. Dégainant deux épées, il l'éviscéra sans une hésitation et le jeta de côté d'un coup de botte. Le regard fou sautant de détail en détail, il dévisagea le cadavre de son compagnon. Puis son assassin et son artefact brillant. Plissant ses yeux sombres et dardant la langue le long de ses crocs, il articula d'une voix rauque :
- Mandrak !
Celui-ci ne put empêcher un sourire de se dessiner son son visage blafard.
- Ainsi Vlad a parlé de moi à ssses chiens de chassses, déclara-t-il en faisant sauter du sol l'épée ensorcelée d'un mouvement rapide du pied.
Il s'en saisi habilement, mais garda néanmoins la pointe vers le bas. Le crâne aux mâchoires refermées pulsait dans sa main droite. L'autre grogna comme une bête sauvage, une lueur maléfique dans le regard, ce qui fit sourire du vampire ressuscité. Derrière lui, la bataille semblait finalement terminée. Il entendait la fourrure les vermines craquer comme ses mort-vivant s'arrachaient les cadavres à dévorer.
- Je vais te renvoyer là où le maître lui-même t'a expédié, menaça le chevalier écarlate en levant ses deux lames.
- L'abyssses n'a pas voulu de moi, répondit Mandrak en levant son épée
Il plia le bras, prêt à projeter sa magie.
- Le pouvoir afflue toujours à ssseux qui le méritent, affirma-t-il en faisant crépiter le bloc de malepierre.
L'autre ricana. Les morts-vivants approchèrent « discrètement » dans son dos, se traînant avec peine.
L'affrontement avec les skavens en avait abîmé une bonne partie, estima silencieusement Mandrak. Mais ils pouvaient encore être suffisant.
Alors même qu'il pensait cela, il entendit dans son dos le bruit d'une lame que l'on tire de son fourreau.
Ou pas…
- Tu dis vrai, Nécrosis, répondit le chevalier aux deux épées. C'est pourquoi je vais pouvoir m'accaparer ce que tu as là une fois ta tête aux pieds de père.
- Tu trouveras sssela plus fasssile à dire qu'à faire, chien ! Cracha-t-il en pivotant pour avoir les deux chevaliers dans son champ de vision.
Ils étaient quatre en comptant l'ambidextre. Qui le prit alors de court, partant d'un rire dément, la gorge déployée et les crocs surdimensionné largement visible. Toute créature vivante l'entendant se recroquevilla. Folie et meurtre allaient de pair avec ce rire. Mandrak lui-même inclina la tête de côté, surpris.
- Pauvre ignorant, je suis Konrad ! Le..
- Le toutou de Vlad, coupa Mandrak. Qu'es-tu venu faire isssi ?
- Je suis venu chercher ta tête ! Cracha-t-il avec colère. Après, je ramasserais ce que tu tiens-là qui accompagnera la livraison de père !
- Quelle livraison ? Tenta de le questionner le vampire acculé.
Il tentait de gagner du temps, réfléchissant à toute allure. Dans son dos il devinait les autres chevaliers prêts à lui bondir dessus.
- Crois-tu que ce que tu tiens à la main soit le seul fragment de malepierre tombé il y a peu ? Pauvre ignorant ! Ce n'est là rien ! Rien !
Il leva ses lames pour charger, quand soudain une imposante forme le renversa. Toute en fourrure et en muscles, ses crocs et griffes raclèrent contre l'amure de Konrad.
- Pierre pour moi ! S'écria une voix aiguë dans une averse de rayons verdâtres.
Les chevaliers eurent un instant d'hésitation devant le barrage du sorcier skaven, mais pas Mandrak. Protégé par l'étrange bouclier du crâne, il pivota. Lame ensorcelée au poing, il bondit sur le toit opposé au sorcier d'une impulsion. Ce dernier feula en le voyant s'échapper, sa queue ondulant de colère. L'ignorant, Mandrak jeta un œil à Konrad.
Il était plaqué au sol par le Skaven éventré plus tôt. De son ventre gonflé débordait un monticule de chair bouffie qui n'existait pas auparavant. De la bave mousseuse dégoulinait de sa gueule agrandie.
Ce sorcier savait utiliser la malepierre à bon escient. Et l'imbécile en bas avait mentionné un fait intéressant : un gros gisement de malepierre se trouvait visiblement quelque part dans la région. Non loin.
Mandrak lorgna le sorcier feulant de rage comme les chevaliers se dispersaient pour leur faire face, à eux et à l'aberration affrontant Konrad. Une idée lui vint soudain.
Puisant quelques forces supplémentaires dans la magie crâne, il se propulsa de l'autre côté de la rue d'un bond. Avant que Skrash ne réagisse, le vampire le frappa au crâne du pommeau de son épée. Il s'effondra comme masse au pied de Mandrak, qui fit face au premier chevalier. Bondissant lui aussi de la ruelle malgré son armure lourde, un revers de l'épée le fit dégringoler du toit. Et les morts-vivant le submergèrent comme le combat entre Konrad et l'abomination tournait au pugilat. Les chevaliers hésitèrent quelques secondes entre leur donner la chasse et prêter main forte à leur meneur. Ce fut un temps suffisant pour que le renégat ne disparaisse, emportant le corps de fourrure inanimé.
Kerrhog resserra sa prise sur le manche de sa hache et s'autorisa un bref coup d'œil à la plaie béante qui lui entaillait le flanc gauche. La blessure était profonde, mais certainement pas mortelle. Pas à court terme en tout cas.
Un hurlement guttural, immédiatement suivi par le fracas de sabots galopant sur le sol détrempé de la clairière, le ramena à des préoccupations plus pressantes. La tête de la cognée de son adversaire décrivit un arc dans les cieux assombris par la tombée du jour, et l'aurait certainement coupé en deux s'il n'en avait détourné la course d'un revers du lourd couperet qu'il maniait de la main droite. Malgré tout, la force du coup le repoussa de quelques mètres en direction du brasier qui rugissait au centre de la clairière. Kerrhog reprit son équilibre et se remit en garde, un rictus de haine défigurant ses traits bestiaux. Face à lui, Barskhar, le Wargor du clan, moulinait l'air de sa gigantesque hache, sa lourde respiration se condensant en nuages de vapeur derrière son heaume de fer. Autour des deux combattants, les guerriers de la bande poussaient des cris d'encouragement, leurs voix bêlantes résonnant lugubrement sous les lunes. Aux oreilles de Kerrhog, cette clameur avait un goût amer. Beaucoup trop de bons combattants étaient morts durant la dernière attaque futile de Barskhar. Les humains les avaient attendu dans le village, en nombre et bien armés. La charge de la tribu s'était terminée sous une grêle de balles, forçant les rares survivants à se replier dans les bois. Malgré tout, Barskhar s'était vanté d'une grande victoire, comme à son habitude. Kerrhog avait jugé que le temps était venu de défier le vieux chef, blessé durant l'assaut comme beaucoup de guerriers. Il savait que le Wargor restait un adversaire redoutable, mais lui était sorti indemne de la bataille, et pareille opportunité ne se reproduirait peut-être plus.
Une nouvelle fois, les deux combattants se ruèrent l'un sur l'autre, leurs armes s'entrechoquant dans un vacarme indescriptible, et encore une fois, Kerrhog dut rompre l'échange avant que la hache de son adversaire ne le décapite. Malgré tout, il décelait les premiers signes d'épuisement chez le vieux guerrier, dont les attaques se faisaient plus lentes et moins précises. Comme pour confirmer cette impression, Barskhar secoua violemment la tête, comme pour chasser des visions d'ivresse. Tout en gardant son adversaire à distance, Kerrhog commença à décrire un cercle autour de la clairière, jusqu'à se retrouver dos au brasier qui nimbait la Pierre des Hardes de lueurs fantastiques. Il abaissa exagérément ses armes dans une attitude de mépris et, après s'être profondément raclé la gorge, envoya un crachat s'écraser aux pieds du Wargor. Ce dernier hurla de rage et se rua sur son rival, l'arme haute. Kerrhog le laissa approcher, armer son coup et frapper, la hache de Barskhar décrivant un arc fulgurant en direction de son torse. Au dernier moment, il se jeta en arrière, droit dans les flammes qui léchaient la pierre sacrée. Ignorant les brûlures, il prit appui sur cette dernière et se détendit comme un ressort, tête en avant. Barskhar, pris de court par la manœuvre de son adversaire, s'était laissé emporter par l'élan de son coup, et ne put éviter le choc qui l'envoya voler à travers la clairière sous les rugissement enfiévrés de la harde. Avant qu'il n'ait pu se relever, Kerrhog était déjà sur lui, la hache levée. Dans un brame de victoire, il abattit son arme sur son ennemi, savourant le contact de la lourde lame avec la chair du chef déchu. Son cimeterre suivit le même chemin, puis à nouveau sa hache, jusqu'à ce que les hurlements de douleur de Barskhar deviennent des gargouillis étouffés, puis cessent tout à fait.
Épuisé par cette débauche d'énergie, Kerrhog laissa un moment grisant passer pour reprendre son souffle. Ça y est, il était le chef de la harde! S'appuyant sur ses armes, il se remit debout, et, renversant sa tête cornue en arrière, hurla sa victoire aux cieux. Autour de lui, les guerriers s'étaient déjà précipités sur la dépouille de Barskhar, prêts à le dépecer pour se nourrir de sa chair, mais Kerrhog les écarta sans ménagement. Avant que le festin ne débute, il avait une dernière tâche à accomplir. Saisissant sa hache à deux mains, il l'abattit de toute sa force sur le cou de son rival, le sectionnant dans l'écœurant craquement des vertèbres brisées. Il leva son trophée au dessus de sa tête et proclama encore une fois son triomphe, constatant avec satisfaction qu'aucun guerrier n'osait soutenir son regard. Seul Morkhag, le chamane du clan, s'y risqua, son expression indéchiffrable derrière l'ombre projetée par sa lourde capuche. D'un pas décidé, Kerrhog se dirigea vers le brasier, la tête de Braskhar toujours en main. Arrivé devant le feu, il dépouilla cette dernière de son heaume d'acier noirci et s'en revêtit, scellant ainsi sa domination sur la harde. Une dernière fois, il contempla le visage de celui qu'il avait craint pendant toutes ces années, figé dans un rictus de douleur par la mort, puis lança son trophée dans les flammes. Lorsqu'il se retourna vers ses guerriers, ceux-ci l'acclamèrent, scandant son nom pendant qu'il se dirigeait vers la dépouille du chef déchu. Morkhag était agenouillé aux côtés de cette dernière, et se leva quand le nouveau Wargor fut assez prêt, le cœur du mort dans sa main griffue. Kerrhog se saisit de l'organe sanguinolent et l'engloutit d'un coup, sous les acclamations de sa bande.
"Kerrhog! Kerrhog le Brûlé!" criaient-ils, et ce surnom lui plut.
Le chamane l'entraîna ensuite à l'écart des guerriers affairés à découper la carcasse de Braskhar pour inspecter ses blessures. Après avoir suturé la plaie avec des tendons, il y apposa des herbes tirées de sa sacoche et les maintint en place avec un bandage crasseux.
- Tu seras bientôt guéri si les Dieux le veulent, dit Morkhag en reculant pour contempler son ouvrage.
Kerrhog grogna une réponse inarticulée et fit mine de se diriger vers le festin, mais le chamane n'en avait pas fini.
- Où nous mèneras-tu maintenant, Kerrhog Wargor, questionna l'oracle « maintenant que tu es chef ? Nous vengerons-nous des humains ?
Kerrhog sut que le chamane cherchait à le tester, et il choisit donc soigneusement ses mots.
- Je ne suis pas comme Braskhar, stupide et vantard comme un Ungor. Trop sont morts pour nous venger tout de suite. Partir maintenant. Trouver du butin, trouver des guerriers. Prouver ma valeur aux Dieux oui. Revenir plus tard quand nous serons fort à nouveau. Et puis vengeance, oui, vengeance.
Le Wargor sut qu'il avait bien répondu, même si le visage de Y resta impassible, comme toujours.
- Alors, où nous mèneras-tu, Kerrhog Wargor? » redemanda le chamane.
- Nous irons à la ville des Dieux, la ville détruite des hommes. Beaucoup de guerriers à recruter, beaucoup de butin à voler, beaucoup d'ennemis à tuer oui, répondit Kerrhog. Nous irons à Mordheim.
Le départ était imminent.
Bodork avait vêtu sa nouvelle armure. Elle lui sembla bien moins confortable que la précédente, certainement à cause de l'habitude.
Il avait fait son balochon « Al' arach' » tant il était pressé. Il l'avait mis sur son épaule au bout d'un bâton.
Il contenait un peu de viande de squig, d'auroch, et d'elfes (parce que c'est une viande ké bonne !), ainsi que son ancienne armure, afin de pouvoir l'avoir si la nouvelle n'était à la hauteur.
Il empoigna ses armes, et se retourna vers les autres orques qui se préparaient aussi. Il avait « convié » à sa quête ses meilleurs orques, mais laissait le reste des troupes sur place ainsi que Kurk, le chef « remplaçant » à leur tête pour défendre le village en son absence.
Rashgaz lui avait expliqué les tenants et les aboutissants à leur voyage à la cité maudite. Leur but était de récupérer une pierre cachée, un bout de la chose « k'est tombé du ciel là bas».
Cette pierre, extrêmement dangereuse, possèderai le pouvoir de rallier n'importe qui, de n'importe quelle race qu'il soit, a la cause de son porteur.
C'est la légendaire « Pièr' eud'karissm' »
Les dieux ont été clairs. Il fallait se fier pour trouver le chemin, à une créature mystique célèbre dans les légendes peaux-vertes : Le Grand Shadock Ardent, avatar de la furie de la waaagh !
Il dirent aussi « k'un grand pouvoâr se lève » et que « l'temps dé zom est terminé, l'temps d'la Fowaaagh ! est arrivé » et enfin que « sui ki port'ra la pièr' eud'Karissm', l'aura pour lé gouver'né tous, et dans le Grand vert, les lié ! »
Bodork préparait son baluchon, et avait devant lui l'étendu de sa collection d'objet précieux. Parmi se trouvaient divers choses plus on moins utiles.
On y voyait de gauche à droite, un vieux tromblon rouillé et hors d'usage, ses réserves de dents (sa richesse personnelle), un sac avec des petits os gravé dont Bodork n'avait jamais compris l'utilité, un instrument de musique étrange (un akordéon), un casque impériale, un tas de petit trophées récupérés sur les elfes sylvains, et surtout un vieux bock de bière poussiéreux, portant des runes assurément naine.
Notre seigneur cherchait à savoir si leur présence était indispensable au voyage à venir.
Il pris immédiatement le sac de dents, pour ne pas qu'on lui vole pendant son absence, et s'aperçut qu'il n'avait plus de place que pour un seul objet. Après un rapide examen, il prit le bock.
Ce bock, il l'aimait bien.
Il l'avait trouvé dans un vieux hall abandonné sous la colline voisine.
Abandonné, pas tellement que ça ! Il avait dû nettoyer la zone des horreurs naines mutantes qui occupaient la zone.
Le hall ressemblait désormais plus à une grotte, et ses occupants devaient être les nains qui se trouvaient dans la zone il y a longtemps, lors du crachat de Morslieb.
L'un d'eux, était tous aussi fou et agressif que les autres, mais semblait physiquement avoir mieux tenu le coup face aux mutations.
C'est ce nain, qui portait sur lui la chope luisante.
Bobork avait fini de se préparé, il dit alors :
- Cé bon ! On n'y va chui pré !
Les orques, armés jusqu'aux dents, quittèrent le village par la grossière porte de bric et de broc faite dans le mur qui entourait la ville, et marchèrent pendant une heure dans les collines, se filant parfois des coups de pied et se chamaillant. Mais au bout d'un moment ils cessèrent de marcher, par ordre de Rashgaz.
- Koa enkor ? Kest'a vu ? Grogna Bodork.
- Là bas derrièr' le narbre ! rgar'dé ! »
- Cété donc ça s'todeur depuis toutaleur ! déduisit le chef.
- Il zon pa l'air comme ceu k'on tape d'abitud'. Remarqua Pif, un des kosto de la bande, et qui adore trucider les elfes.
- Cé vrai. On dirai k'il zon des cask'pointu ! Et il zon dés zarmur', cè pa normal. On va s'approché pour mieu k'on va voir...
Ils avancèrent de quelques mètres et cela ne loupa pas, les hauts elfes les remarquèrent et leur tirèrent dessus.
Bodork voulu se mettre à l'abri, mais les flèches l'atteignirent quand même.
Il se passa quelque chose d'inattendu : Alors que les flèches percutaient l'armure, elles se consumèrent presque instantanément. Bodork n'en revenait pas, mais il n'avait pas le temps d'étudier plus le phénomène car les tirs continuaient de pleuvoir.
Non seulement sur Bodork, mais aussi sur ses camarades.
Pif avait un projectile fiché dans l'épaule droite, mais cela ne l'empêchait pas de courir en braillant Waaagh ! à tue tête. Bodork se joignis à lui pour la baston ainsi que les orques qui n'étaient pas encore à terre à cause des tirs.
10 mètres de course exaltante, et bientôt les tireurs furent à portée de sa hache.
Il abattit d'ailleurs celle-ci sur le premier elfe venu, provoquant un bruit immonde de chaire tranché, ou plutôt broyée compte tenu de la taille de la hache. Un autre elfe surgit de derrière le premier, un lancier.
Le guerrier aux oreilles pointu voulu donner un grand coup pour transpercer l'orque noir à un point sensible, mais celui-ci esquiva le coup en se balançant sur le côté. L'elfe frappa une seconde fois, d'estoc cette fois ci. Le coup percuta le flan de l'armure de Bodork, celle-ci émis alors une gerbe d'étincelles mais ne rompis pas.
Le lancier resta bouche bée, ce qui fut son erreur car la hache de son adversaire le décapita.
Bodork regarda autour de lui à la recherche d'un nouvel adversaire, ce qu'il vit le pris de stupeur. La bannière des elfes représentait un volatil de flamme sortant d'un sol de lave.
« Le Shadock ardent. » Dit-il tout haut pour lui-même.
Il avança alors au milieu des combats en direction du porteur du drapeau. Un autre combattant elfe vit alors un grand orque noir avec une armure de hérisson avancer tranquillement vers sa grande bannière, sans adversaire.
Il s'interposa alors toute armes dehors, mais Bodork le repoussa sans même le regarde, comme hypnotisé par le tissu flottant du drapeau.
L'elfe jeté à terre fut exécuté par le second kosto de la bande, Paf, qui passait par là. En mourant il vu impuissant le spectacle du porte-bannière se faire littéralement massacrer.
Le chef des elfes avait aussi vu la scène, et décida de venger son camarade de cette cruelle fin. Il finit d'exécuter son adversaire, et se dirigea vers l'orque noir, qui avait abaissé la bannière et la regardait comme si son tissu eu été en or.
Brandissant son glaive magique, il interpela :
- TOI ! Immonde créature, comment ose tu toucher cette merveille ? Tu n'es pas digne de l'art elfique !
- Imond' créatur' toa mèm ! Tu t'é vu avek tes zoreilles pointu ? Et pi ki vou ète d'abor' ?
- Je suis Kaenur ! Envoyé d'Ulthuan, et je vais t'occire ! Meurs !
- Rhaaaargh !
Bodork posa délicatement la bannière, et se prépara à se défendre face à son offenseur. A peine levait-il sa hache que les coups tombaient. Jamais il n'avait vu un elfe aussi rapide. Celui-ci était définitivement bien différent des elfes sylvains.
Bodork esquiva et para tant bien que mal les coups habiles de son adversaire, mais tous éraflaient son armures en une gerbe d'étincelles.
Il lui semblait impossible de pouvoir porter un seul coup tant il était occupé à se défendre, et ce qui devait arriver arriva.
Une frappe de la lame de l'elfe traversa l'armure. La lame brillait d'une lueur rouge alors qu'elle gouttait au sang de l'orque noir.
Bodork saignait, mais se devait de réagir. Il sentait bien la douleur de l'arme, c'était inhabituel, elle devait être magique, mais il profita que l'elfe ne pouvait pas l'utiliser pour porter un coup.
L'elfe tomba, sonné par la violence du choc sur son casque, mais il n'était pas blessé. Cependant Bodork n'avait pas la force de l'achever.
Il retira lentement la lame de sa poitrine, il savait que la blessure serai refermée dans une semaine ou deux, et que grâce à sa constitution d'orque noir, ne pouvait pas mourir de ça.
Il porta son regard sur la bannière, et pendant ce temps le chef elfe était emporté par un de ses alliés.
Les hauts elfes s'enfuyaient, ayant perdu moral après la prise de leur étendard et la mise hors d'état de nuire de leur chef.
Rashgaz arriva derrière Bodork qui était à genoux, tenant d'une main sa blessure, de l'autre la hampe de la bannière. Il regarda le chaman en esquissant un sourire carnassier il dit alors :
« Jé trouvé eul'Shadock ! »
Misérablement, se tordant de douleur à chaque mouvement, la frêle créature avançait, pas après pas. Il l'avait abandonné, mais elle ne cherchait qu'à le retrouver. Des images terrifiantes continuaient de la hanter, son maître le repoussant violemment, les horreurs de fourrures, les immenses chevaliers rouges… son tourment avait semblé ne jamais prendre fin. Mais tous étaient partis, et il s'était relevé avec le soleil, les yeux déchirés par la lumière qu'il n'avait contemplée depuis des mois. Titubant dans les ruelles dévastées, des cadavres trainant encore ici et là, démembrés, alors qu'une poignée de survivants humains tremblaient derrière leurs portes closes. Il les sentait, mais n'avait d'yeux que pour son maître. Même les grands chevaliers avaient préférés traquer Mandrak qu'achever la racaille humaine. S'enfonçant sur la piste du maître, il s'enfonça dans le sous-bois en direction de sa plus récente tanière…
Skrash revint brusquement à lui. Tournant la tête en tous sens, ses moustaches frémirent en reconnaissant l'odeur du vampire sur et près de lui. L'horrible créature avait chassé son propriétaire légitime d'un imposant cercueil, et restait à présent debout, en compagnie de quelques autres, immobiles, à observer vaguement dans sa direction. Si la plupart n'était qu'un amas de chair pourrie, quelques autres en revanches étaient de véritables sacs d'os, scrutant la paroi opposée de leurs orbites vides. Skrash renâcla en reconnaissant l'odeur d'un de ses compagnons dans le lot. Ainsi leur assaut avait été défait.
Machinalement il porta la patte à sa besace contenant ses pierres, mais trouva celle-ci vide. Sa fourrure se hérissant de rage, il se tourna vers le cercueil où le vampire était parfaitement immobile, les yeux clos. Il ne lui inspirait nulle terreur. Pas après toutes les choses auxquelles il avait été confronté durant sa courte vie.
Non, toute son attention allait à ce que le suceur tenait serré dans sa main droite, irradiant d'une lumière verdâtre qui éclairait le tombeau profané et ses sinistres occupants. Prudemment, Skrash s'approcha. La malepierre sculptée lui parlait, l'attirant vers elle comme un phalène une torche. Il s'approcha, ne pouvant résister à son appel, son sang bouillonnant du désir de s'emparer de l'artefact. Il leva la patte au-dessus en direction du crâne… et fut soudain arraché de terre, pris à la gorge par la poigne implacable du mort-vivant. Celui-ci, assis dans son cercueil, le souleva aisément de terre, comprimant sa gorge de sa main libre.
Les pattes du rat géant patinèrent dans le vide alors qu'il cherchait désespérément à agripper le bras du vampire, égratignant ses avant-bras, sans toutefois sembler le gêner. Des étoiles envahirent son champ de visions comme sa queue fouettait l'air dans son dos, l'air et le sang ne parvenant plus à son cerveau. Puis soudain, le seul contact qu'il ressenti fut celui de la pierre froide et poisseuse où il s'était réveillé. Les yeux du mort-vivant luisaient d'une colère sourde comme la vue lui revenait progressivement.
Le nécromant l'observa un moment, puis, avec aisance, s'extirpa du cercueil. Les morts-vivants demeurèrent immobiles alors qu'il s'accroupissait à hauteur du skaven sonné, le crâne au poing, tout sourire. Ses crocs blancs contrastaient avec l'organe sombre qui lécha ses lèvres. Le poil du sorcier skaven se hérissa tout le long de son dos…
- As-tu peur de moi ? Le questionna le mort-vivant.
Skrash plissa les paupières, réduisant ses yeux à deux fentes reflétant la lueur radiante du crâne.
- Non, je le vois dans ton regard, répondit lui-même le vampire en levant sa main blafarde, effleurant les moustaches du rongeur.
Il frémit de colère. Chez les siens un tel geste se finissait généralement en combat à mort. Cependant il parvint à réfréner ses pulsions. Son instinct l'avertissait qu'il aurait vraisemblablement été réduit en charpie. Soudain Mandrak lui attrapa le museau qu'il comprima violent, le skaven se plantant les crocs dans la langue de surprise. Il tenta de se débattre mais la poigne du vampire ne lui laissa aucune chance. Sa queue ondulant furieusement, ses moustaches immobilisées le brulant, il fut forcé de rendre son regard au vampire implacable.
- Je vais t'apprendre à me craindre ! Cracha-t-il, impitoyable, ses yeux injectés de sang flamboyants.
Puisant au fond de lui-même, Skrash parvint à se retenir de matérialiser un rayon d'énergie, oubliant dans sa colère qu'il n'avait plus ses précieux fragments de malepierre. Ses deux pattes antérieures étaient immobiles sur le poignet de Mandrak, mais sa queue s'enroulant et se déroulant sur elle-même comme un énorme lombric comme du sang gouttait de sa gueule. La panique commença soudain à lui nouer les entrailles, mais la lumière émanant du bloc de malepierre fut pour lui un plancher lui permettant de ne pas faire le faux-pas fatal.
Le vampire le rejeta en arrière, visiblement amusé.
- Tu possèdes un sssurprenant courage pour une vermine de ta rassse, le félicita-t-il en ricanant.
Alors que l'homme-rat frottait sa patte contre son museau meurtri et sanguinolent, la douleur lui lacérant la langue lui fit onduler la queue, il suivit du regard le Nécrøsis.
- Je sssais que tu convoite mon crâne de malepierre, susurra Mandrak, attirant l'attention du sorcier. Mais il ne t'appartiendra jamais. En revanche ssse que j'ai à te proposer pourrait t'interessser. Il ssse trouve qu'une partie de mes congénères ont déssselé un important gisement. S'ils mettent la main desssus ils risssquent d'être… gênants.
Un grincement au-dessus d'eux attira l'attention du skaven. Mandrak ne se retourna pas lorsque la ridicule créature vautrée à ses pieds lors de son combat avec Skrash dégringola l'escalier menant au fond de la tombe, geignant comme un nouveau-né. Le vampire l'ignora alors que celle-ci se traînait à ses pieds. Skrash renifla de dégoût.
- Mes créasssions ne me permettent pas de combattre seul un pareil adversssaire, reprit Mandrak. Acsssepte de me servir, et je te promets que je te ssséderais plus de malepierre que tout le clan Keare n'en as jamais vu.
Les yeux du skaven s'agrandirent de surprise à la mention de son clan natal prononcé dans la langue de la surface.
- Je sssais bien des choses sur toi, Ssskrash, siffla-t-il, une lueur amusée brillant dans ses yeux morts.
Il lui tourna le dos, marchant tranquillement jusqu'au cercueil, à laquelle était adossée l'épée dérobée au cadavre, sa lame teintée d'un bleu nuit malgré l'éclairage luisant du crâne de malepierre. Il s'en saisi, son pitoyable familier sur les talons.
- Ne sssous-essstime pas mes pouvoirs. Deviens mon ssservant… ou bien meurt ! Lui laissa-t-il le choix en pointant la lame ensorcelée vers lui.
Le regard du skaven alterna lentement entre l'œil funeste du vampire, la lame sombre et le crâne luminescent…
Le rat géant eu un hoquet de surprise en émergeant à la surface sous un ciel étoilé. Combien de temps diable était-il resté inconscient ? Il décocha un regard sombre au nouveau maître des lieux, une crypte abandonnée en pleine forêt… celui-ci observait la lune, son crâne de malepierre luisant dans une main et l'épée ensorcelée dans l'autre. Il avait été assez serein pour se reposer aux côtés d'un skaven inconscient pouvant se réveiller à tout moment, mais n'avait-il pas retardé ce réveil en question par quelques magies ? La forêt était silencieuse autour d'eux, et seul les pas traînants des sombres créations sortant progressivement du caveau arrivaient à ses oreilles à l'ouïe aiguisée.
Mandrak leva la pierre à la hauteur d'homme et y plongea son regard, entrant dans une sorte de contemplation morbide. Derrière eux les morts-vivant décharnés s'agglutinaient stupidement sur le seuil, empêchant les derniers de sortir qui les bousculaient bêtement. Deux goules sortirent accrochées au plafond tel des araignées, bavant sur leurs cousins décérébrés, avant de grimper sur l'édifice de pierres grises taillées par le temps. L'odeur dégagée par cette masse, entourée d'une nuée de moucherons, était tout simplement abominable. L'homme rat plissa les narines, mais l'odeur entêtante ne le quittait pas maintenant qu'il était resté enfermé avec eux.
- Sssais-tu où ssse trouve le gisement de malepierre dont a parlé ssset imbésssile de chien de chassse ? Demanda doucement la voix de Mandrak.
Le skaven haussa les épaules. S'il avait su où trouver un gisement de malepierre plus imposant encore que celui du cimetière il s'y serait directement rendu.
- Moi non plus, ricana Mandrak en levant haut le crâne, scrutant intensément ses orbites vides.
Il entama soudain une phrase incompréhensible pour le sorcier skaven qui frissonna en ne l'entendant plus accentuer la consonne “s”. D'une voix alternant entre sons gutturaux et chuchotements pernicieux, Mandrak incanta. Une légère brise souffla soudain entre les arbres, hérissant le poil du rat géant. Les morts-vivants s'agitèrent brusquement derrière eux, n'osant avancer mais piaffant sur le sol en tendant les bras vers Mandrak et Skrash d'un air affamé. Un cri retendit parmi eux, et bousculant ses congénères, le chétif et ridicule familier du nécromant roula vers eux, des marques de morsures aux bras et au cou.
Le sorcier eu un haut-le-cœur en s'imaginant un instant piégé dans cette masse grouillante, que seule la volonté du vampire maintenait debout, mais les empêchaient également de les dévorer vifs.
Il interrompit son flot de paroles d'un coup sec, les squelettes et autres immondes zombis se figeant soudain. Skrash se tourna lentement vers Mandrak, alors que les plaintes d'agonie de la goule-familier résonnaient dans son dos. Le vent semblait souffler vers eux, allongeant sa fourrure sombre contre son corps. Une forme blanchâtre et translucide faisait face au vampire qui la contemplait avec un sourire sadique, ses crocs largement apparents. Gémissant, ballotée par les vents de la non-vie, l'apparition torturée échappa un grognement de colère, son corps intangible se reformant partiellement. A présent ils avaient face à eux un homme nu et musclé, les observant avec colère, ses yeux dans blanc laiteux. Son corps flottait au-dessus du sol alors que ses cheveux longs ondulaient dans le vent. Le fantôme ouvrit la bouche pour parler, mais Mandrak le prit de vitesse.
- Je ne t'ai pas rendu ta tête pour t'entendre m'injurier mais pour que tu répondes à mes quessstions.
Une grimace méprisante déchira le visage du revenant et Skrash réalisa son erreur. Pas un humain…
- Où ssse trouve le gisement que Vashanesh cherche à acquérir ? Interrogea Mandrak sans préambule.
- Sale vermine puan… la phrase du spectre s'étouffa dans sa gorge comme lui et le crâne irradièrent soudain.
L'apparition étincela d'un blanc éclatant alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même. Un hurlement d'agonie déchira la nuit, résonant à la fois comme celui d'un homme torturé à mort et de mille verres cristallins jetés au sol. Mandrak demeura impassible comme le tourment du spectre se prolongeait. Lentement, le cri se tut, déchirant encore les oreilles sensibles du skaven.
- Je ne le répéterais pas, menaça Mandrak. Où se trouve le gisement ?
Le spectre sembla haleter quelques instants, oubliant un moment tout orgueil, avant de jeter un regard emplit de haine au nécromancien.
- Tu paieras… murmura le vampire-fantôme.
Mandrak garda le silence comme le crâne de malepierre étincelait de nouveau. Une fois encore l'apparition se recroquevilla, poussant un second hurlement qui résonna dans les sous-bois. Toutes créatures sur plus d'une lieue se terrèrent dans leurs nids et terriers, paniqués. Nécrosis fouetta soudain l'air entre lui et le spectre qui cessa soudain sa plainte d'agonie. De l’ectoplasme gluant éclaboussa l'herbe. Se redressant lentement, le revenant observa Mandrak, interdit. Son visage était couvert de la substance gélatineuse et une plaie suppurante lui barrait à présent le tronc. Ils se défièrent un moment du regard et les entrailles du skavens se nouèrent en songeant à ce que Mandrak lui ferait s'il osait encore le défier.
- Dois-je répéter ? Demanda-t-il en levant à nouveau l'épée sombre, celle du spectre lui-même.
Le crâne commença une nouvelle fois à luire quand l'autre répondit précipitamment, les yeux écarquillés par la peur :
- A Mordheim ! Le météore est tombé à Mordheim ! Révéla-t-il en montrant ses paumes ruisselantes au vampire, l'intimant de ne pas réitérer son sortilège.
Lentement, le sourire sur le visage de Mandrak se dessina. Déjà il devinait les changements qu'engendreraient cette révélation. Il observa avec une joie non dissimulée l'artefact lumineux.
- Je te laissse le choix…commença-t-il lentement, relevant la tête. Rejoins mes rangs ou…
- Plutôt endurer mille tourments ! Cracha le spectre avec un regain de fureur.
Skrash inclina la tête de côté, attendant la réaction du nécromancien, tout comme le revenant, regrettant visiblement déjà ses paroles osées. Lentement, la légère brise animant les cheveux du spectre gagna en puissance, se muant en violentes bourrasques.
Le ridicule familier geignit de terreur alors que les rafales secouaient les arbres et agitaient le revenant, des gouttes d'ectoplasme glacé arrosant tout le sous-bois.
- Sssoit. Tu es exausssé, déclara sombrement Mandrak, ses yeux brillant de haine.
L'invoqué ouvrit la bouche pour protester, avant de soudain avoir les membres écartés à leur extension maximale. Le crâne s'embrasa soudain, brulant les yeux du skaven surpris. Derrière lui il entendit la vingtaine de morts-vivants gémir en se marchant dessus les uns les autres. Le familier nécrophage pleura de terreur, se roulant en boule dans la boue, ses blessures dues aux skavens et aux mort-vivants se recouvrant de vase. Le hurlement saisissant de l'agonie du vampire-fantôme emplis les sous-bois. Durant plusieurs heures ses cris résonnèrent dans les sous-bois.
En silence, Mandrak enjamba la flaque d'ectoplasme encore frémissante. Visiblement, il était parvenu à tenir parole…
A sa suite les “agiles” nécrophages s'extirpèrent de l'eau, le suivant dans un silence relatif ponctué de frémissement et de sons spongieux n'ayant pas tous pour origines leurs pas sur le sol sec. Il flaira l'air, les moustaches frémissantes. Ce n'était pas encore l'idéal, mais leur odeur de viande pourrie et de sueur entêtante était largement atténuée. Grommelant, il reprit sa marche vers le nord, les immondes morts-vivants sur les talons.
- Part dans ssset direction et cherche l'odeur des chevaliers, avait-il ordonné.
Et pour faire bonne mesure, ce cadavre ambulant à la peau pâle l'avait flanqué de deux goules réticentes à le suivre dans la lumière. Portant la patte à sa bourse, il trembla de rage. Sur ses cinq fragments, le vampire ne lui en avait rendu que deux… Son pelage sombre se hérissa rien que d'y penser, sa queue bousculant le nécrophage stupide le suivant. Il poussa un glapissement en sursautant, avant de montrer ses crocs brisés et darder une langue faisant trois fois celle d'un individu normal. Le sorcier Skaven ne s'en offusqua pas le moins du monde. Une telle créature le dégoutait, mais après avoir vu de ses propres yeux les créations du clan Moudler, plus rien ou presque ne parvenait à l'effrayer. Rien… Il repensa au sort qu'avais subit le spectre rebelle, sort qui aurait très bien put lui arriver s'il ne s'était finalement plié au caprice du vampire. Le dégout et la honte l'avaient assaillit un moment, mais à présent il estimait précieux le don qu'il avait reçu en échange.
Il s'immobilisa soudain, l'une des goules lui rentrant stupidement dedans. Il fit un bon sur le côté en sifflant de colère, montrant les crocs, la fourrure maintenant poisseuse ondulant sur son corps. Craintivement, les deux créatures reculèrent, l'effet produit accentué par l'éclairage. Soupirant d'exaspération, le sorcier Keare se retourna face à la trouée. Selon Mandrak, il s'agissait de la plaine d"Eisig". Quel nom stupide. Mais peut lui importait. Quelque part, non loin au nord, se trouvait Mordheim. Et c'est à Mordheim qu'était tombé le météore de malepierre selon le chevalier-fantôme. Avec un calme rare pour ceux de sa race, il prit le temps de bien inspirer, sa cage thoracique se gonflant. Il ne souffrait plus à présent des griffures aux flancs récupérées lors de… il écarquilla ses yeux noirs en reconnaissant soudain l'odeur traversant ses narines. Des orques !
Ses babines se retroussèrent et son pelage se hérissa. Cette hideuse et crasseuse race était présente dans la plaine, non loin et en grand nombre d'après les effluves qu'il percevait. Les rats possèdent un flair hors du commun, qui dépasse largement celui des canidés. Et les Skavens en faisaient rarement cas, bien que l'utilisant plus souvent que leurs yeux. Aussi parvint-il à localiser leur camp uniquement avec son organe olfactif. Ses moustaches tremblèrent d'adrénaline. Un sourire se dessinant jusqu'à ses oreilles, le mutant s'élança soudain, les deux nécrophages mettant un moment à réagir derrière lui.
Il galopa quelques minutes dans le vent, les yeux fermés, se fiant uniquement à son odorat, silhouette brun-gris fusant entre les collines. Il grimpa rapidement une dernière colline avant de s'immobiliser juste à deux pas du sommet. Il se laissa tomber au sol et avec la vigueur d'un serpent, rampa jusqu'au sommet. Il avait bien évidement vu juste. Un campement aux allures de bidonville humain particulièrement bancal siégeait à une centaine de mètres. Plissant les yeux, il vit les peaux-vertes errer bêtement à leurs occupations. Orques et gobelins confondus. Il ferma de nouveau les yeux, tentant de compter au flair le nombre d'individu. La crasse régnant là le fit renâcler, mais après quelques minutes il parvint au nombre approximatif d'une soixantaine d'individus peau-verte, ainsi qu'une poignée de ses ridicules animaux de compagnie formés d'une simple gueule béante.
Alors que l'odeur des goules approchait avec une lenteur exaspérante, il décela encore une nouvelle odeur, triant mentalement la tapisserie olfactive que lui soufflait le vent capricieux. Ses poils de moustaches tremblèrent de colère en reconnaissant cette nouvelle odeur nauséabonde. Ils étaient une vingtaine à venir du sud.
Le seigneur orque noir avait quitté son village pour aller à Mordheim, cependant son remplaçant Kirk (qui se faisait toujours appeler capitaine en l'absence de Bodork) avait pris les rennes du village.
Il régnait sur celui-ci depuis environs 3 heures, donnant des ordres inutiles à tout va, et gouttant les joies de la vie de chef.
Mais déjà les responsabilités venaient sur lui :
- Heuuuuu Kirk ? Demanda un orque qui se marrait à moitié.
-Kapitain' ! Jé dit kon d'vait m'ap'lé Kapitain' Kirk ! Kombien d'foi va ki va falloar' ke j'vou l'diz' ?
Kirk envoya en direction de la tête de son interlocuteur, son paluche énorme. Le coup fit un énorme PAF, et le capitaine repris :
- Bon, k'est'tu voulé m'dir sinon ?
-Ya un nabot rigolo kif é l'mariole d'van la pallisad' ! Y di ki veu parlé au chef ! Dit le trouffion en se massant le joue.
-Oké.... J'y vé !
Arrivé au mur du village, il aperçu le nain en question.
Il n'était pas seul, il était accompagné par une vingtaine d'autre nain, mais Kirk comprit tout de suite que c'était celui la qui voulait lui parler car il était plus avancé par rapport au reste du groupe.
- Héla toi ! Le gros orque vert ! Là bas sur le mur ! Est-ce toi le chef de cette merde qui vous sert de village ?
Un autre nain s'avança, et lui chuchota qu'il avait dit une bêtise, parce qu'un orque c'est forcement vert, et que l'expression « le gros orque vert » ça fait pléonasme. Le chef nain haussa les épaules, et écouta la réponse du peau-verte :
- Ouais cé moa !
Kirk ne disait pas la vérité, il n'était pas le chef du village. Mais il hourdait un plan, lorsque Bodork rentrerait de son voyage, il le tuera et prendrai sa place de chef.
- K'ess tu nou veu ?
-Je sais que votre tribu possède la légendaire Choppe de Grugni ! Rendez là nous, et nous ne raserons pas votre gourbi !
-Mé on la pa ta chop' de merde ! Vien voar' par toa mèm si tu nou kroa pa ! On t'aten !
-Tu crois vraiment que j'vais me traîner dans ton trou à rat !? Mais t'es encore plus bête que t'en a l'air! On t'a collé une cervelle de grobi ou quoi ?
-Ha cé sa ? Hé bein j'vai vnir tpété ta cheutron ! WAAAGH ! »
Flanqué de Kregk et de Järk, son conseillé, ami et frère d'arme, il regardait la palissade, qui tenait à peine debout. Les orques se massaient devant elle, prêts à recevoir l'assaut des nains. Chacun des deux camps commença par échanger quelques tir, flèches pour les orques, carreaux d'arbalètes pour les nains. Harek se protégea de son bouclier, et senti l'impact des projectiles ricochant contre le métal. A côté de lui, il entendit un bruit sourd, et le Tueur grogna et se mit à insulter copieusement ses ennemis. En lui jetant un regard, Harek vit qu'une flèche était plantée dans sa cuisse.
Les peaux vertes se mirent à avancer. Comme convenus durant les préparatifs, la ligne naine ne bougea pas, se contentant de faire pleuvoir les carreaux sur l'ennemi. Mais ces derniers arrivèrent bien plus vite que prévus. Harek vit ses tireurs lâcher leurs arbalètes pour sortir les haches et les marteaux. Lui-même se porta à l'attaque, suivi de ses deux « gardes du corps ».
- Héla toi ! Le gros orque vert ! Là bas sur le mur ! Est-ce toi le chef de cette merde qui vous sert de village ? parvint-il à entendre malgré la distance.
Il se redressa soudain. Les deux nécrophages étaient dressés debout de pars et d'autre de lui, allongé au sol. Sifflant de colère, il les fit redescendre la butte. La queue s'enroulant sur elle-même de colère, il reporta son attention sur les créatures non loin. Tournées vers les nouveaux venus, personne ne les avaient remarqués. La bataille qui éclata soudain fut brève et violente, peaux-vertes et gnomes à la barbe ridicule s'entretuant avec une fureur qui le fit frissonner d'excitation. Il retint à grand-peine les deux morts-vivants qui commencèrent à tressaillir et baver de façon répugnante lorsqu'elle captèrent finalement l'odeur des tripes à l'air des orques.
Waaagh ! était le signal. Tout les orques posté sur les murs descendirent au niveau ces portes, et s'apprêtèrent à charger.
Un second WAAAGH ! tonitruant du pseudo chef donna le signal de la charge, et fut repris cette fois par les peaux vertes qui chargeaient.
Avant l'impact, plusieurs volées de flèches furent échangées entre les protagonistes. Carreaux d'arbalètes du côté des nains, flèches grossières cher les orques.
Les flèches des orques ne firent presque pas de dégâts chez les nains, mais du côté des archers se trouvait Kirk.
On pouvait trouver étrange qu'un « chef » orque préfère le tir au corps à corps, mais il faut dire que celui là était aussi lâche qu'un gobelin.
Kirk visait mieux que la plupart des orques, et s'amusait un peu. Il prit pour cible un nain, qu'il estima être le plus ridicule puisqu'il était presque tout nu, en plus, sa barbe était orange. Il le toucha à la jambe et passa quelques secondes à rigoler en le voyant boiter, puis repris un autre nabot pour cible.
Les orques avaient beau faire plusieurs tête de plus qu'eux, cela ne les empêchaient certes pas de leur ouvrir le ventre d'un bon coup de hache. Harek ne s'en privât d'ailleurs pas, répandant les tripes d'un orque à ses pieds. Il engagea le combat avec un autre peau verte. Contrant avec son bouclier, puis essayant d'atteindre son adversaire. Il se déplaçait de côté, se mouvant avec une rapidité que l'on ne soupçonnerait pas chez une personne de sa carrure. Malheureusement, son bras trop court n'arrivait pas à toucher l'orque. Un coup puissant fendit son bouclier en deux, et se répercuta dans son bras le paralysant quelques instant. Ayant recouvré ses facultés, il balança sa hache vers le genoux de son adversaire, puis au dernier moment remonta la lame vers la tête de l'orque. La lame en Gromril, forgée par un des meilleurs forgeron de sa forteresse d'origine, fit son travail en laissant un large sillon dans la poitrine de l'orque. Harek l'acheva d'un puissant revers qui lui ouvrit la gorge.
Il regarda autour de lui, et vit les corps qui jonchaient le sol. Il vit Kregk qui bataillait ferme avec deux peaux vertes. La flèche qu'il avait reçue empêchait le Tueur de se déplacer avec fluidité. Il se contentait de contrer les attaques de ses adversaires et de reculer. Harek n'en vit pas plus car lui aussi dû contrer une attaque. Il repartit dans une chorégraphie meurtrière, faisant jaillir le sang et se taillant un chemin dans la masse verte.
Voyant qu'il s'était trop enfoncé, il essaya de reculer, mais en vain, les orques allaient l'encercler. Il dansait d'un pied sur l'autre pour tenter d'esquiver les coups qui pleuvaient sur lui. Il eut le souffle coupé lorsqu'une massue armée de pointe lui frappa la poitrine, son armure n'était plus qu'un morceau de métal attaché à son corps. Sa vision commença à se troubler. A quoi bon se défendre, il allait sûrement mourir ici, autant en emporter le plus possible avec lui. Il fit décrire un mouvement circulaire à sa hache, tranchant ainsi un bras. Il se démenait, utilisait les quelques réserves d'énergie qui lui restait pour faire chanter son arme, alors que la chaude froideur de la mort l'enveloppait. Alors qu'il tombait dans la fange, il eut le temps de voir une forme orange se frayer un chemin jusqu'à lui, le défendant de son corps. Puis ses yeux se fermèrent, et il s'abandonna complètement au sombre néant qui l'attendait.
Le néant. Harek avait l'impression de flotter. Tout était noir autour de lui. Il avait froid aussi. Une sombre clarté se dirigeait vers lui. Il tendit le bras comme pour la saisir. Au moment où il la toucha, il commença à percevoir des bruits. Un choc métal contre métal, un cri d'agoni, le sien peut être. La douleur qui lui poignardait la poitrine se fit de plus en plus forte. Et soudain, il ouvrit les yeux.
Tout était flou autour de lui. La forme orange était toujours là, faisant barrage de son corps. Un coup de tonnerre achevât de le réveiller. Il vit que la forme n'était autre que Kregk, qui semblait danser d'un pied sur l'autre, ignorant la flèche toujours plantée dans sa jambe. A côté de lui se trouvait Järk, le pistolet qu'il avait lui-même confectionné dans la main, de la fumée s'en échappait, alors qu'un orque titubait non loin de là. Le Tueur acheva son dernier adversaire, observa les alentour, puis voyant que le danger était passé, se dirigea vers Harek.
Le jeunot tenta de se relever, mais ses jambes ne le supportèrent pas bien longtemps.
- Ne bouge pas, lui ordonna Kregk, il faut te retirer cette armure
La charge aboutit finalement.
Bien que tous les orques archers des murs avaient cessé le feu pour éviter de toucher leurs camarades, Kirk continuait. En même temps il observait le déroulement du combat. Il était bien parti au départ pour les orques, qui démembraient les gnomes à barbes, cependant la tendance s'inversa.
Les nains s'avérèrent plus coriaces que prévu. Surtout le petit arrogant qui avait osé l'insulter avant la bataille.
La bataille commençait vraiment à tourner à la débandade chez les orques. Kirk s'en rendit compte, et décida qu'il était urgent de se replier à l'intérieur du village, et d'aller chercher « ses » armes de baston dans la tente du chef.
En effet, une fois libéré de sa prison de métal, il respira plus librement. :
- Que se passe-t-il là bas ?
- Quelques combats ne sont pas encore terminés, les autres orques ont fui ou ont péris.
- Combien sont morts ?
- Nous avons subi de nombreuses pertes, intervint Järk, a vu de nez nous ne somme plus qu'une quinzaine.
- Plus que quatorze à présent, ironisa le Tueur qui regardait les combats se déroulant plus loin.
Il avait toujours eu un humour particulier. Harek fit la grimace, autant à cause de ces révélations qu'a cause de la douleur.
- Allons fouiller le village, dit-il, la chope doit sûrement y être.
Lorsqu'il y parvint, il ramassa une masse qui trainait par terre. Il se retourna pour sortir de la tente sombre. (Une belle tente très isolante que Bodork avait volée à un capitaine impérial)
Un grand orque, bloquait la sortie de la tente en croisant les bras. Kirk ne le reconnu pas, car il le voyait en contre jour.
- Barre toa d'mon ch'min abruti ! Obéiiiiis a ton chef.
- NON, répondit l'ombre.
Kirk était devenu vert pâle. Il avait tout de suite reconnu la grosse voix de Burg l'idio du village'.
Burg suivait toujours Bodork comme un petit squig-chien, et lui obéissait toujours sans poser de question. Il était très fort, malgrès le fait qu'il était un orque ordinaire, il égalait facilement un orque noir.
- Bodork ma d'mandé d'garder sa tente ! Alors j'gard' la tente, dit calmement la brute épaisse.
- Poz cèt mass par ter' sinon...
-Sinon koa ? t'va me tuer ?
-Exak'. »
Kirk abattit sa masse en direction de Burg, qui stoppa celle-ci avec sa main.
Burg jeta la masse dans le fond de la tente, avec Kirk par la même occasion.
Il tira son couteau de son fourreau, et pris un pal qui était dressé au milieu de la tente et sur lequel était déjà planté une tête d'humain (le capitaine anciennement proprio de la tente). Dans les yeux apeurés de Kirk, on voyait bien qu'il avait compris ce que Burg allait faire de lui.
La marée de morts-vivants se déversa dans le village. Les revenants entraient dans les maisons d'un pas mal assuré. Peu après résonnaient à l'intérieur les cris d'horreur et d'agonie comme une femme, un fils, se réveillait en panique. Juste pour voir un proche parent ou amis se faire dévorer vivant. Griffant les murs, des goules escaladaient les murs et pénétraient dans les bâtisses directement par les fenêtres, portant la chair tiède de nouveau-nés ou adolescents à leurs crocs. Au milieu de l'allée se promenait le responsable de cette orgie de sang. Il avançait paisiblement au milieu des cris et gémissements.
Au centre du village, au pied d'un arbre mort au tronc noueux, il rejeta en arrière la cape usée prélevée sur l'une de ses créations, et leva le crâne lumineux. Il se plongea avec délectation dans son regard vide. La pierre l'avait ramené à la vie. Il était revenu d'entre les morts une seconde fois. Et il saignerait cette terre en l'honneur de cette nouvelle vie. Il resta un long moment en contemplation, le chaos l'entourant se calmant progressivement comme les villageois passaient de vie à trépas. Puis finissaient dans l'estomac des zombis pourrissants. Traînant une poignée d'entrailles odorantes derrière lui, le familier vivant vint s’asseoir à ses pieds. De bon cœur, il croqua à pleines dents dans son trophée.
Mandrak se détourna un instant de l'artefact, un sourcil froncé. Quelques mouvements rapides l'avertirent au dernier moment. D'un cri de rage il déploya un champ d'énergie verdâtre autour de lui, puisant dans la magie du crâne. Les projectiles s'y écrasèrent lamentablement avant de tomber dans la boue. Ils effrayèrent le chétif nécrophage qui vint se blottir contre la cape de son maître. Les crocs apparents et ses yeux rouges lançant des éclairs, le vampire avisa les silhouettes évoluant sur les quelques toits à double étage du village. Une multitude d'yeux également rougeoyants le scrutaient avec colère. Sans s'attarder sur l'origine du bouclier qu'il venait de produire, il leva le bras en direction de ses ennemis.
La malepierre étincela alors qu'il canalisait le vent sombre. D'une animation commune, les morts-vivant infestant tout le village se détournèrent de leur festin morbide. Les cadavres mutilés, repas quelques secondes plus tôt, se levèrent à leur tour pour leur emboîter le pas. Tous affluèrent vers le cœur du village d'une même volonté. Les rares personnes encore en vie virent leur cauchemar sortir de lui-même par portes et fenêtres des habitations, encore pétrifiés par la terreur.
Skrash contempla de ses yeux ébahit ce que ce cadavre ambulant détenait à la main. Sans nul doute, il aurait le pouvoir de détrôner l'unique technomage du clan Keare, avec un tel objet de pouvoir. Et peut-être même intégrer un clan siégeant au conseil !
Sans hésitation, il porta la poigne à sa bourse. Il fit rouler les pierres de pouvoir dans sa paume et commença à puiser dans leur pouvoir. Comme elles semblaient ternes comparé à ce crâne irradiant de pouvoir ! Ses moustaches frémirent d'excitation. Un frisson le parcourut du museau au bout de la queue, celle-ci ondulant d'impatience dans son dos. Il aurait le crâne, coûte que coûte.
D'un geste, l'adepte lança les guerriers à l'assaut. Les rues en-dessous semblaient s'animer comme lors de nuits de fêtes, macabre parodie d'événements passés. Les hommes-rats dévalèrent les murs à la verticale pour rejoindre les morts-vivants, se jouant de la gravité. Des goules décharnées jaillirent soudain des fenêtres, agrippant les skavens avant de les entraîner dans leur chute, en un déluge de crocs, de griffes et de fourrures. Les premiers atteignirent rapidement le sol, ondulant entre les lents mort-vivant de mouvements vifs. Ils se frayèrent un chemin en direction du vampire.
Après un renâclement de dégoût, l'adepte lui-même se résolut à prendre part à la bataille. Ayant suivit une formation auprès du mystérieux clan Eshin, il ne connaissait pas d'égal sur ce champ de bataille. Il bondit souplement du toit de chaume, provoquant la chute un frère et de l'une des répugnantes créatures dégénérées, jusqu'alors en lutte verticale. Il ce réceptionna au sol d'une roulade en projetant de côté un mort trop lent pour lui. Tenant ses dagues aux poings et à la queue, il entreprit de mutiler les corps. Il tranchait la chair décomposée et arrachait à grands coups de crocs les têtes des créatures, maître de son champ de bataille.
Index griffu pointé vers le vampire qui ne s'était pas déplacé, Skrash projeta un rayon d'énergie verdâtre et flamboyante. Contre sa paume, les fragments de malepierre s'échauffaient rapidement. Et il embrassait cette douce brûlure.
Mais levant l'imposant bloc, Mandrak intercepta le rayon. Il fut proprement absorbé par le crâne qui n'en fusa que davantage. Le sorcier skaven en feula de frustration, sa fourrure d'un brun sombre se hérissant de colère. Il tira d'une seconde besace son poignard gravé de glyphes profane. S'entaillant la queue, il aspergea ses pierres qui burent son sang sombre comme il levait de nouveau la patte. Cette fois, une dizaine de rayons fusèrent vers le ciel, illuminant le ciel bas ce soir là. Avant de retomber à tout allure sur le vampire. Tels de longs serpents lumineux, glissant droit sur leur proie.
Cette vermine agaça rapidement Mandrak comme les rayons percèrent son bouclier radiant, trouant le sol autour de lui. Terrifié par le duel magique, la créature lui servant de familier s'était réfugiée dans ses jambes, se collant à lui. Il la chassa d'un violent coup de pied, l'envoyant rouler près de la mêlée en gémissant, où elle resta inerte.
Il abandonna l'étrange bouclier de lumière l'ayant protégé plus tôt. Les traits déformés par la rage, il brandit le crâne lumineux. Gorgée de pouvoir, la mâchoire de malepierre prie vie. En grinçant, le crâne ouvrit grand la gueule. Copiant le sort de son ennemi, se fut une pluie de rayons vert incandescent qui jaillit en direction du rongeur. Apeuré, celui-ci s'éclipsa de son champ de vision, le sort criblant le bâtiment en toute pars. Il y laissa de profonds impacts crépitants et cernés de cendres. Aussitôt une multitude de goules émergèrent de cette bâtisse et se ruèrent à l'assaut du toit en bavant d'impatience. Il reporta son attention sur la bataille. Les rats taillaient ses zombis en pièces. Mais pour chacun de ses pions perdus, deux nouveaux surgissaient en gémissants. Un premier entravait la vermine depuis le sol. Un second venait l'écraser. Un troisième croquer cette chair juteuse. Uns par uns, les rats se faisaient dévorer.
Satisfait, Mandrak se détourna, faisant un pas en direction d'une ruelle au nord. Et s'immobilisa de stupéfaction. Une unique forme le fixait avec un calme désarmant. Le vampire rénégat plissa les yeux de colère. Sous son armure écarlate gothique où était incrustées de nombreuses pointes, un autre seigneur de la nuit le jaugeait. Il raffermit lentement sa prise sur le crâne comme le chevalier dégainait une lame de son fourreau en écartant son écu siglé. Les yeux brillant sous son casque orné d'ailes d'acier, le kasztellan du Comte bondit en avant. Sa cape miteuse claquant dans son dos, Mandrak s'élança à sa rencontre, serrant dans sa main droite le crâne de malepierre.
Avant d'être enfin au corps à corps il bondit lestement sur le mur longeant la partie droite de la ruelle. L'autre vampire planta un pied dans la fange pour stopper son élan comme le rénégat lui sautait à la gorge. D'une vitesse inhumaine le chevalier pivota sur ses appuis et Mandrak heurta l'écu lisse. Il glissa sur celui-ci et alla s'étaler au sol dans une projection de boue comme la lame sifflait au-dessus de lui, arrachant un morceau de tissu de sa cape. En un éclair, il fut debout et se jeta sur le combattant en armure, plus lent et déséquilibré son violent moulinet. Celui-ci tituba à l'impact et se tourna de nouveau face au vampire plus agile, qui de nouveau tentait de se faufiler du côté opposé de l'épée. Il fit volte-face, sa lame cinglant l'air face à Mandrak qui dut se jeter en arrière afin d'éviter l'arc de cercle. Mais le métal ondula soudain d'une magie perverse et mordit son épaule gauche, le projetant au sol.
Il roula au sol, serrant ses dents et s'entamant les lèvres. Le chevalier se précipita sur lui. Toujours au sol, Mandrak tendit son bras valide face à l'arme. Sa main aux doigts refermés sur le crâne inonda la ruelle de lumière. Plusieurs traits lumineux fusèrent, percutant de plein fouet le chevalier en armure écarlate. Des pointes d'acier volèrent de côté et tout un coin de son écu se couvrit de cendre. Mais aucun des tirs mortels ne le toucha. Il abattit sa lame comme Mandrak levait désespérément son artefact.
La mâchoire de l'humain dégénéré se referma sur l'oreille de Skrash. Il s'acharna sur sa prise, arquant le cou et tirant en arrière. Dans une giclée sombre, la chair se déchira. Il poussa un glapissement de douleur. Arquant le dos, le sorcier enroula soudainement sa queue autour du cou de la goule mastiquant son organe auditif. A l'aide de son appendice il délogea la bête puante de son dos, ses ongles acérés laissant plusieurs sillons sanglant sur les flancs couverts de fourrure du skaven. Crachant des sonorités discordantes, il se retourna brusquement d'un coup de reins. L'homme-rat colla sa paume ensanglantée contenant les pierres sur le front d'une seconde goule se tournant vers lui. Il y eu une explosion de lumière verte et celle-ci bascula dans la rue, répandant sa cervelle poisseuse. Trois autres encore lui faisaient face, leurs dents ébréchées dégoulinant de bave. La chair malade, même selon ses standards, défendit le skaven de tenter de les mordre lui aussi. Un frisson de répulsion parcourant sa fourrure, il fit volte-face et bondit lestement de l'autre côté de la rue. Skrash planta ses griffes dans la chaume et ses pattes postérieures patinèrent un instant dans le vide. Péniblement il se hissa. Se redressant vivement, l'homme-rat avisa les trois créatures sautant dans le vide à sa poursuite. Il regretta un moment que l'adepte n'ai pas laissé quelques guerriers à ses côtés. Puis bondit avec agilité de toits en toits, se fiant à son flair pour retrouver le porteur du crâne.
La frêle créature se recroquevilla lorsque deux corps enlacés lui roulèrent dessus, chacun cherchant à mordre l'autre, amas confus de bras et de fourrures. Le rat géant planta ses crocs dans la gorge de l'autre, avant de le sectionner le cou d'un mouvement vif de ses incisives et de s'asperger de fluides coagulés. Le museau trempé d'hémoglobine noire, il tourna son regard fou vers le familier terrifié. Retroussant les crocs, il agita la queue et le souleva de terre d'un coup de patte avant, lui lacérant l'abdomen. Voyant la créature voûtée inerte au sol, il se redressa, satisfait, avant de se ruer à nouveau dans la mêlée.
La lame ensorcelée et le crâne de malepierre se percutèrent violemment, grésillant d'étincelles lumineuses. Serrant les crocs, tous deux concentrèrent tout leur pouvoir sur leurs artefacts respectifs. La lame se teinta progressivement de vert clair en partant du contact avec la pierre magique. De son côté le crâne pulsait toujours plus puissamment de sa lueur jaune-vert. Soudain, dans un grand éclat de lumière, les deux objets se repoussèrent mutuellement. Le chevalier recula, secoué, le poignet d'épée paralysé par le choc. Ignorant la douleur engendrée à son propre avant-bras, Mandrak bondit sur ses pieds. Il se jeta en avant et frappa l'écu du crâne qui hurla d'un rire lugubre. Une nouvelle explosion retentit comme l'écu fumant retombait derrière le chevalier du Comte. Sonné, il s'adossa au mur pour ne pas s'effondrer. Continuant sur son avantage, le rénégat plaqua le poignet d'épée du chevalier au mur. Le vampire planta son crâne jubilant contre le casque de métal qui vola en éclat. L'autre poussa un hurlement étouffé et tout son corps s'agita un instant alors que le bloc de malepierre lui labourait le visage à grands coups de dents. A chaque bouchée il s'enfonçait davantage dans l'habitacle d'acier avec des projections de fluides et d'esquilles de cartilages. Le corps s'affaissa brusquement, mais Mandrak continua d'enfoncer la pierre avide. De l'hémoglobine et de la cervelle lui jaillissaient sur son poignet. Lui coulaient le long du bras.
Avec un soupir de satisfaction il retira la pierre et le corps s'effondra misérablement. Sa blessure à l'épaule se refermait déjà.
Soudain un feulement lui fit faire à nouveau volte-face. Dans un grand fracas, un nouveau chevalier en armure à pointes plaqua au sol l'un des rats géants qui geignit de surprise, coupé en plein élan. Dégainant deux épées, il l'éviscéra sans une hésitation et le jeta de côté d'un coup de botte. Le regard fou sautant de détail en détail, il dévisagea le cadavre de son compagnon. Puis son assassin et son artefact brillant. Plissant ses yeux sombres et dardant la langue le long de ses crocs, il articula d'une voix rauque :
- Mandrak !
Celui-ci ne put empêcher un sourire de se dessiner son son visage blafard.
- Ainsi Vlad a parlé de moi à ssses chiens de chassses, déclara-t-il en faisant sauter du sol l'épée ensorcelée d'un mouvement rapide du pied.
Il s'en saisi habilement, mais garda néanmoins la pointe vers le bas. Le crâne aux mâchoires refermées pulsait dans sa main droite. L'autre grogna comme une bête sauvage, une lueur maléfique dans le regard, ce qui fit sourire du vampire ressuscité. Derrière lui, la bataille semblait finalement terminée. Il entendait la fourrure les vermines craquer comme ses mort-vivant s'arrachaient les cadavres à dévorer.
- Je vais te renvoyer là où le maître lui-même t'a expédié, menaça le chevalier écarlate en levant ses deux lames.
- L'abyssses n'a pas voulu de moi, répondit Mandrak en levant son épée
Il plia le bras, prêt à projeter sa magie.
- Le pouvoir afflue toujours à ssseux qui le méritent, affirma-t-il en faisant crépiter le bloc de malepierre.
L'autre ricana. Les morts-vivants approchèrent « discrètement » dans son dos, se traînant avec peine.
L'affrontement avec les skavens en avait abîmé une bonne partie, estima silencieusement Mandrak. Mais ils pouvaient encore être suffisant.
Alors même qu'il pensait cela, il entendit dans son dos le bruit d'une lame que l'on tire de son fourreau.
Ou pas…
- Tu dis vrai, Nécrosis, répondit le chevalier aux deux épées. C'est pourquoi je vais pouvoir m'accaparer ce que tu as là une fois ta tête aux pieds de père.
- Tu trouveras sssela plus fasssile à dire qu'à faire, chien ! Cracha-t-il en pivotant pour avoir les deux chevaliers dans son champ de vision.
Ils étaient quatre en comptant l'ambidextre. Qui le prit alors de court, partant d'un rire dément, la gorge déployée et les crocs surdimensionné largement visible. Toute créature vivante l'entendant se recroquevilla. Folie et meurtre allaient de pair avec ce rire. Mandrak lui-même inclina la tête de côté, surpris.
- Pauvre ignorant, je suis Konrad ! Le..
- Le toutou de Vlad, coupa Mandrak. Qu'es-tu venu faire isssi ?
- Je suis venu chercher ta tête ! Cracha-t-il avec colère. Après, je ramasserais ce que tu tiens-là qui accompagnera la livraison de père !
- Quelle livraison ? Tenta de le questionner le vampire acculé.
Il tentait de gagner du temps, réfléchissant à toute allure. Dans son dos il devinait les autres chevaliers prêts à lui bondir dessus.
- Crois-tu que ce que tu tiens à la main soit le seul fragment de malepierre tombé il y a peu ? Pauvre ignorant ! Ce n'est là rien ! Rien !
Il leva ses lames pour charger, quand soudain une imposante forme le renversa. Toute en fourrure et en muscles, ses crocs et griffes raclèrent contre l'amure de Konrad.
- Pierre pour moi ! S'écria une voix aiguë dans une averse de rayons verdâtres.
Les chevaliers eurent un instant d'hésitation devant le barrage du sorcier skaven, mais pas Mandrak. Protégé par l'étrange bouclier du crâne, il pivota. Lame ensorcelée au poing, il bondit sur le toit opposé au sorcier d'une impulsion. Ce dernier feula en le voyant s'échapper, sa queue ondulant de colère. L'ignorant, Mandrak jeta un œil à Konrad.
Il était plaqué au sol par le Skaven éventré plus tôt. De son ventre gonflé débordait un monticule de chair bouffie qui n'existait pas auparavant. De la bave mousseuse dégoulinait de sa gueule agrandie.
Ce sorcier savait utiliser la malepierre à bon escient. Et l'imbécile en bas avait mentionné un fait intéressant : un gros gisement de malepierre se trouvait visiblement quelque part dans la région. Non loin.
Mandrak lorgna le sorcier feulant de rage comme les chevaliers se dispersaient pour leur faire face, à eux et à l'aberration affrontant Konrad. Une idée lui vint soudain.
Puisant quelques forces supplémentaires dans la magie crâne, il se propulsa de l'autre côté de la rue d'un bond. Avant que Skrash ne réagisse, le vampire le frappa au crâne du pommeau de son épée. Il s'effondra comme masse au pied de Mandrak, qui fit face au premier chevalier. Bondissant lui aussi de la ruelle malgré son armure lourde, un revers de l'épée le fit dégringoler du toit. Et les morts-vivant le submergèrent comme le combat entre Konrad et l'abomination tournait au pugilat. Les chevaliers hésitèrent quelques secondes entre leur donner la chasse et prêter main forte à leur meneur. Ce fut un temps suffisant pour que le renégat ne disparaisse, emportant le corps de fourrure inanimé.
*
Kerrhog resserra sa prise sur le manche de sa hache et s'autorisa un bref coup d'œil à la plaie béante qui lui entaillait le flanc gauche. La blessure était profonde, mais certainement pas mortelle. Pas à court terme en tout cas.
Un hurlement guttural, immédiatement suivi par le fracas de sabots galopant sur le sol détrempé de la clairière, le ramena à des préoccupations plus pressantes. La tête de la cognée de son adversaire décrivit un arc dans les cieux assombris par la tombée du jour, et l'aurait certainement coupé en deux s'il n'en avait détourné la course d'un revers du lourd couperet qu'il maniait de la main droite. Malgré tout, la force du coup le repoussa de quelques mètres en direction du brasier qui rugissait au centre de la clairière. Kerrhog reprit son équilibre et se remit en garde, un rictus de haine défigurant ses traits bestiaux. Face à lui, Barskhar, le Wargor du clan, moulinait l'air de sa gigantesque hache, sa lourde respiration se condensant en nuages de vapeur derrière son heaume de fer. Autour des deux combattants, les guerriers de la bande poussaient des cris d'encouragement, leurs voix bêlantes résonnant lugubrement sous les lunes. Aux oreilles de Kerrhog, cette clameur avait un goût amer. Beaucoup trop de bons combattants étaient morts durant la dernière attaque futile de Barskhar. Les humains les avaient attendu dans le village, en nombre et bien armés. La charge de la tribu s'était terminée sous une grêle de balles, forçant les rares survivants à se replier dans les bois. Malgré tout, Barskhar s'était vanté d'une grande victoire, comme à son habitude. Kerrhog avait jugé que le temps était venu de défier le vieux chef, blessé durant l'assaut comme beaucoup de guerriers. Il savait que le Wargor restait un adversaire redoutable, mais lui était sorti indemne de la bataille, et pareille opportunité ne se reproduirait peut-être plus.
Une nouvelle fois, les deux combattants se ruèrent l'un sur l'autre, leurs armes s'entrechoquant dans un vacarme indescriptible, et encore une fois, Kerrhog dut rompre l'échange avant que la hache de son adversaire ne le décapite. Malgré tout, il décelait les premiers signes d'épuisement chez le vieux guerrier, dont les attaques se faisaient plus lentes et moins précises. Comme pour confirmer cette impression, Barskhar secoua violemment la tête, comme pour chasser des visions d'ivresse. Tout en gardant son adversaire à distance, Kerrhog commença à décrire un cercle autour de la clairière, jusqu'à se retrouver dos au brasier qui nimbait la Pierre des Hardes de lueurs fantastiques. Il abaissa exagérément ses armes dans une attitude de mépris et, après s'être profondément raclé la gorge, envoya un crachat s'écraser aux pieds du Wargor. Ce dernier hurla de rage et se rua sur son rival, l'arme haute. Kerrhog le laissa approcher, armer son coup et frapper, la hache de Barskhar décrivant un arc fulgurant en direction de son torse. Au dernier moment, il se jeta en arrière, droit dans les flammes qui léchaient la pierre sacrée. Ignorant les brûlures, il prit appui sur cette dernière et se détendit comme un ressort, tête en avant. Barskhar, pris de court par la manœuvre de son adversaire, s'était laissé emporter par l'élan de son coup, et ne put éviter le choc qui l'envoya voler à travers la clairière sous les rugissement enfiévrés de la harde. Avant qu'il n'ait pu se relever, Kerrhog était déjà sur lui, la hache levée. Dans un brame de victoire, il abattit son arme sur son ennemi, savourant le contact de la lourde lame avec la chair du chef déchu. Son cimeterre suivit le même chemin, puis à nouveau sa hache, jusqu'à ce que les hurlements de douleur de Barskhar deviennent des gargouillis étouffés, puis cessent tout à fait.
Épuisé par cette débauche d'énergie, Kerrhog laissa un moment grisant passer pour reprendre son souffle. Ça y est, il était le chef de la harde! S'appuyant sur ses armes, il se remit debout, et, renversant sa tête cornue en arrière, hurla sa victoire aux cieux. Autour de lui, les guerriers s'étaient déjà précipités sur la dépouille de Barskhar, prêts à le dépecer pour se nourrir de sa chair, mais Kerrhog les écarta sans ménagement. Avant que le festin ne débute, il avait une dernière tâche à accomplir. Saisissant sa hache à deux mains, il l'abattit de toute sa force sur le cou de son rival, le sectionnant dans l'écœurant craquement des vertèbres brisées. Il leva son trophée au dessus de sa tête et proclama encore une fois son triomphe, constatant avec satisfaction qu'aucun guerrier n'osait soutenir son regard. Seul Morkhag, le chamane du clan, s'y risqua, son expression indéchiffrable derrière l'ombre projetée par sa lourde capuche. D'un pas décidé, Kerrhog se dirigea vers le brasier, la tête de Braskhar toujours en main. Arrivé devant le feu, il dépouilla cette dernière de son heaume d'acier noirci et s'en revêtit, scellant ainsi sa domination sur la harde. Une dernière fois, il contempla le visage de celui qu'il avait craint pendant toutes ces années, figé dans un rictus de douleur par la mort, puis lança son trophée dans les flammes. Lorsqu'il se retourna vers ses guerriers, ceux-ci l'acclamèrent, scandant son nom pendant qu'il se dirigeait vers la dépouille du chef déchu. Morkhag était agenouillé aux côtés de cette dernière, et se leva quand le nouveau Wargor fut assez prêt, le cœur du mort dans sa main griffue. Kerrhog se saisit de l'organe sanguinolent et l'engloutit d'un coup, sous les acclamations de sa bande.
"Kerrhog! Kerrhog le Brûlé!" criaient-ils, et ce surnom lui plut.
Le chamane l'entraîna ensuite à l'écart des guerriers affairés à découper la carcasse de Braskhar pour inspecter ses blessures. Après avoir suturé la plaie avec des tendons, il y apposa des herbes tirées de sa sacoche et les maintint en place avec un bandage crasseux.
- Tu seras bientôt guéri si les Dieux le veulent, dit Morkhag en reculant pour contempler son ouvrage.
Kerrhog grogna une réponse inarticulée et fit mine de se diriger vers le festin, mais le chamane n'en avait pas fini.
- Où nous mèneras-tu maintenant, Kerrhog Wargor, questionna l'oracle « maintenant que tu es chef ? Nous vengerons-nous des humains ?
Kerrhog sut que le chamane cherchait à le tester, et il choisit donc soigneusement ses mots.
- Je ne suis pas comme Braskhar, stupide et vantard comme un Ungor. Trop sont morts pour nous venger tout de suite. Partir maintenant. Trouver du butin, trouver des guerriers. Prouver ma valeur aux Dieux oui. Revenir plus tard quand nous serons fort à nouveau. Et puis vengeance, oui, vengeance.
Le Wargor sut qu'il avait bien répondu, même si le visage de Y resta impassible, comme toujours.
- Alors, où nous mèneras-tu, Kerrhog Wargor? » redemanda le chamane.
- Nous irons à la ville des Dieux, la ville détruite des hommes. Beaucoup de guerriers à recruter, beaucoup de butin à voler, beaucoup d'ennemis à tuer oui, répondit Kerrhog. Nous irons à Mordheim.
*
Le départ était imminent.
Bodork avait vêtu sa nouvelle armure. Elle lui sembla bien moins confortable que la précédente, certainement à cause de l'habitude.
Il avait fait son balochon « Al' arach' » tant il était pressé. Il l'avait mis sur son épaule au bout d'un bâton.
Il contenait un peu de viande de squig, d'auroch, et d'elfes (parce que c'est une viande ké bonne !), ainsi que son ancienne armure, afin de pouvoir l'avoir si la nouvelle n'était à la hauteur.
Il empoigna ses armes, et se retourna vers les autres orques qui se préparaient aussi. Il avait « convié » à sa quête ses meilleurs orques, mais laissait le reste des troupes sur place ainsi que Kurk, le chef « remplaçant » à leur tête pour défendre le village en son absence.
Rashgaz lui avait expliqué les tenants et les aboutissants à leur voyage à la cité maudite. Leur but était de récupérer une pierre cachée, un bout de la chose « k'est tombé du ciel là bas».
Cette pierre, extrêmement dangereuse, possèderai le pouvoir de rallier n'importe qui, de n'importe quelle race qu'il soit, a la cause de son porteur.
C'est la légendaire « Pièr' eud'karissm' »
Les dieux ont été clairs. Il fallait se fier pour trouver le chemin, à une créature mystique célèbre dans les légendes peaux-vertes : Le Grand Shadock Ardent, avatar de la furie de la waaagh !
Il dirent aussi « k'un grand pouvoâr se lève » et que « l'temps dé zom est terminé, l'temps d'la Fowaaagh ! est arrivé » et enfin que « sui ki port'ra la pièr' eud'Karissm', l'aura pour lé gouver'né tous, et dans le Grand vert, les lié ! »
Bodork préparait son baluchon, et avait devant lui l'étendu de sa collection d'objet précieux. Parmi se trouvaient divers choses plus on moins utiles.
On y voyait de gauche à droite, un vieux tromblon rouillé et hors d'usage, ses réserves de dents (sa richesse personnelle), un sac avec des petits os gravé dont Bodork n'avait jamais compris l'utilité, un instrument de musique étrange (un akordéon), un casque impériale, un tas de petit trophées récupérés sur les elfes sylvains, et surtout un vieux bock de bière poussiéreux, portant des runes assurément naine.
Notre seigneur cherchait à savoir si leur présence était indispensable au voyage à venir.
Il pris immédiatement le sac de dents, pour ne pas qu'on lui vole pendant son absence, et s'aperçut qu'il n'avait plus de place que pour un seul objet. Après un rapide examen, il prit le bock.
Ce bock, il l'aimait bien.
Il l'avait trouvé dans un vieux hall abandonné sous la colline voisine.
Abandonné, pas tellement que ça ! Il avait dû nettoyer la zone des horreurs naines mutantes qui occupaient la zone.
Le hall ressemblait désormais plus à une grotte, et ses occupants devaient être les nains qui se trouvaient dans la zone il y a longtemps, lors du crachat de Morslieb.
L'un d'eux, était tous aussi fou et agressif que les autres, mais semblait physiquement avoir mieux tenu le coup face aux mutations.
C'est ce nain, qui portait sur lui la chope luisante.
Bobork avait fini de se préparé, il dit alors :
- Cé bon ! On n'y va chui pré !
Les orques, armés jusqu'aux dents, quittèrent le village par la grossière porte de bric et de broc faite dans le mur qui entourait la ville, et marchèrent pendant une heure dans les collines, se filant parfois des coups de pied et se chamaillant. Mais au bout d'un moment ils cessèrent de marcher, par ordre de Rashgaz.
- Koa enkor ? Kest'a vu ? Grogna Bodork.
- Là bas derrièr' le narbre ! rgar'dé ! »
- Cété donc ça s'todeur depuis toutaleur ! déduisit le chef.
- Il zon pa l'air comme ceu k'on tape d'abitud'. Remarqua Pif, un des kosto de la bande, et qui adore trucider les elfes.
- Cé vrai. On dirai k'il zon des cask'pointu ! Et il zon dés zarmur', cè pa normal. On va s'approché pour mieu k'on va voir...
Ils avancèrent de quelques mètres et cela ne loupa pas, les hauts elfes les remarquèrent et leur tirèrent dessus.
Bodork voulu se mettre à l'abri, mais les flèches l'atteignirent quand même.
Il se passa quelque chose d'inattendu : Alors que les flèches percutaient l'armure, elles se consumèrent presque instantanément. Bodork n'en revenait pas, mais il n'avait pas le temps d'étudier plus le phénomène car les tirs continuaient de pleuvoir.
Non seulement sur Bodork, mais aussi sur ses camarades.
Pif avait un projectile fiché dans l'épaule droite, mais cela ne l'empêchait pas de courir en braillant Waaagh ! à tue tête. Bodork se joignis à lui pour la baston ainsi que les orques qui n'étaient pas encore à terre à cause des tirs.
10 mètres de course exaltante, et bientôt les tireurs furent à portée de sa hache.
Il abattit d'ailleurs celle-ci sur le premier elfe venu, provoquant un bruit immonde de chaire tranché, ou plutôt broyée compte tenu de la taille de la hache. Un autre elfe surgit de derrière le premier, un lancier.
Le guerrier aux oreilles pointu voulu donner un grand coup pour transpercer l'orque noir à un point sensible, mais celui-ci esquiva le coup en se balançant sur le côté. L'elfe frappa une seconde fois, d'estoc cette fois ci. Le coup percuta le flan de l'armure de Bodork, celle-ci émis alors une gerbe d'étincelles mais ne rompis pas.
Le lancier resta bouche bée, ce qui fut son erreur car la hache de son adversaire le décapita.
Bodork regarda autour de lui à la recherche d'un nouvel adversaire, ce qu'il vit le pris de stupeur. La bannière des elfes représentait un volatil de flamme sortant d'un sol de lave.
« Le Shadock ardent. » Dit-il tout haut pour lui-même.
Il avança alors au milieu des combats en direction du porteur du drapeau. Un autre combattant elfe vit alors un grand orque noir avec une armure de hérisson avancer tranquillement vers sa grande bannière, sans adversaire.
Il s'interposa alors toute armes dehors, mais Bodork le repoussa sans même le regarde, comme hypnotisé par le tissu flottant du drapeau.
L'elfe jeté à terre fut exécuté par le second kosto de la bande, Paf, qui passait par là. En mourant il vu impuissant le spectacle du porte-bannière se faire littéralement massacrer.
Le chef des elfes avait aussi vu la scène, et décida de venger son camarade de cette cruelle fin. Il finit d'exécuter son adversaire, et se dirigea vers l'orque noir, qui avait abaissé la bannière et la regardait comme si son tissu eu été en or.
Brandissant son glaive magique, il interpela :
- TOI ! Immonde créature, comment ose tu toucher cette merveille ? Tu n'es pas digne de l'art elfique !
- Imond' créatur' toa mèm ! Tu t'é vu avek tes zoreilles pointu ? Et pi ki vou ète d'abor' ?
- Je suis Kaenur ! Envoyé d'Ulthuan, et je vais t'occire ! Meurs !
- Rhaaaargh !
Bodork posa délicatement la bannière, et se prépara à se défendre face à son offenseur. A peine levait-il sa hache que les coups tombaient. Jamais il n'avait vu un elfe aussi rapide. Celui-ci était définitivement bien différent des elfes sylvains.
Bodork esquiva et para tant bien que mal les coups habiles de son adversaire, mais tous éraflaient son armures en une gerbe d'étincelles.
Il lui semblait impossible de pouvoir porter un seul coup tant il était occupé à se défendre, et ce qui devait arriver arriva.
Une frappe de la lame de l'elfe traversa l'armure. La lame brillait d'une lueur rouge alors qu'elle gouttait au sang de l'orque noir.
Bodork saignait, mais se devait de réagir. Il sentait bien la douleur de l'arme, c'était inhabituel, elle devait être magique, mais il profita que l'elfe ne pouvait pas l'utiliser pour porter un coup.
L'elfe tomba, sonné par la violence du choc sur son casque, mais il n'était pas blessé. Cependant Bodork n'avait pas la force de l'achever.
Il retira lentement la lame de sa poitrine, il savait que la blessure serai refermée dans une semaine ou deux, et que grâce à sa constitution d'orque noir, ne pouvait pas mourir de ça.
Il porta son regard sur la bannière, et pendant ce temps le chef elfe était emporté par un de ses alliés.
Les hauts elfes s'enfuyaient, ayant perdu moral après la prise de leur étendard et la mise hors d'état de nuire de leur chef.
Rashgaz arriva derrière Bodork qui était à genoux, tenant d'une main sa blessure, de l'autre la hampe de la bannière. Il regarda le chaman en esquissant un sourire carnassier il dit alors :
« Jé trouvé eul'Shadock ! »
*
Misérablement, se tordant de douleur à chaque mouvement, la frêle créature avançait, pas après pas. Il l'avait abandonné, mais elle ne cherchait qu'à le retrouver. Des images terrifiantes continuaient de la hanter, son maître le repoussant violemment, les horreurs de fourrures, les immenses chevaliers rouges… son tourment avait semblé ne jamais prendre fin. Mais tous étaient partis, et il s'était relevé avec le soleil, les yeux déchirés par la lumière qu'il n'avait contemplée depuis des mois. Titubant dans les ruelles dévastées, des cadavres trainant encore ici et là, démembrés, alors qu'une poignée de survivants humains tremblaient derrière leurs portes closes. Il les sentait, mais n'avait d'yeux que pour son maître. Même les grands chevaliers avaient préférés traquer Mandrak qu'achever la racaille humaine. S'enfonçant sur la piste du maître, il s'enfonça dans le sous-bois en direction de sa plus récente tanière…
*
Skrash revint brusquement à lui. Tournant la tête en tous sens, ses moustaches frémirent en reconnaissant l'odeur du vampire sur et près de lui. L'horrible créature avait chassé son propriétaire légitime d'un imposant cercueil, et restait à présent debout, en compagnie de quelques autres, immobiles, à observer vaguement dans sa direction. Si la plupart n'était qu'un amas de chair pourrie, quelques autres en revanches étaient de véritables sacs d'os, scrutant la paroi opposée de leurs orbites vides. Skrash renâcla en reconnaissant l'odeur d'un de ses compagnons dans le lot. Ainsi leur assaut avait été défait.
Machinalement il porta la patte à sa besace contenant ses pierres, mais trouva celle-ci vide. Sa fourrure se hérissant de rage, il se tourna vers le cercueil où le vampire était parfaitement immobile, les yeux clos. Il ne lui inspirait nulle terreur. Pas après toutes les choses auxquelles il avait été confronté durant sa courte vie.
Non, toute son attention allait à ce que le suceur tenait serré dans sa main droite, irradiant d'une lumière verdâtre qui éclairait le tombeau profané et ses sinistres occupants. Prudemment, Skrash s'approcha. La malepierre sculptée lui parlait, l'attirant vers elle comme un phalène une torche. Il s'approcha, ne pouvant résister à son appel, son sang bouillonnant du désir de s'emparer de l'artefact. Il leva la patte au-dessus en direction du crâne… et fut soudain arraché de terre, pris à la gorge par la poigne implacable du mort-vivant. Celui-ci, assis dans son cercueil, le souleva aisément de terre, comprimant sa gorge de sa main libre.
Les pattes du rat géant patinèrent dans le vide alors qu'il cherchait désespérément à agripper le bras du vampire, égratignant ses avant-bras, sans toutefois sembler le gêner. Des étoiles envahirent son champ de visions comme sa queue fouettait l'air dans son dos, l'air et le sang ne parvenant plus à son cerveau. Puis soudain, le seul contact qu'il ressenti fut celui de la pierre froide et poisseuse où il s'était réveillé. Les yeux du mort-vivant luisaient d'une colère sourde comme la vue lui revenait progressivement.
Le nécromant l'observa un moment, puis, avec aisance, s'extirpa du cercueil. Les morts-vivants demeurèrent immobiles alors qu'il s'accroupissait à hauteur du skaven sonné, le crâne au poing, tout sourire. Ses crocs blancs contrastaient avec l'organe sombre qui lécha ses lèvres. Le poil du sorcier skaven se hérissa tout le long de son dos…
- As-tu peur de moi ? Le questionna le mort-vivant.
Skrash plissa les paupières, réduisant ses yeux à deux fentes reflétant la lueur radiante du crâne.
- Non, je le vois dans ton regard, répondit lui-même le vampire en levant sa main blafarde, effleurant les moustaches du rongeur.
Il frémit de colère. Chez les siens un tel geste se finissait généralement en combat à mort. Cependant il parvint à réfréner ses pulsions. Son instinct l'avertissait qu'il aurait vraisemblablement été réduit en charpie. Soudain Mandrak lui attrapa le museau qu'il comprima violent, le skaven se plantant les crocs dans la langue de surprise. Il tenta de se débattre mais la poigne du vampire ne lui laissa aucune chance. Sa queue ondulant furieusement, ses moustaches immobilisées le brulant, il fut forcé de rendre son regard au vampire implacable.
- Je vais t'apprendre à me craindre ! Cracha-t-il, impitoyable, ses yeux injectés de sang flamboyants.
Puisant au fond de lui-même, Skrash parvint à se retenir de matérialiser un rayon d'énergie, oubliant dans sa colère qu'il n'avait plus ses précieux fragments de malepierre. Ses deux pattes antérieures étaient immobiles sur le poignet de Mandrak, mais sa queue s'enroulant et se déroulant sur elle-même comme un énorme lombric comme du sang gouttait de sa gueule. La panique commença soudain à lui nouer les entrailles, mais la lumière émanant du bloc de malepierre fut pour lui un plancher lui permettant de ne pas faire le faux-pas fatal.
Le vampire le rejeta en arrière, visiblement amusé.
- Tu possèdes un sssurprenant courage pour une vermine de ta rassse, le félicita-t-il en ricanant.
Alors que l'homme-rat frottait sa patte contre son museau meurtri et sanguinolent, la douleur lui lacérant la langue lui fit onduler la queue, il suivit du regard le Nécrøsis.
- Je sssais que tu convoite mon crâne de malepierre, susurra Mandrak, attirant l'attention du sorcier. Mais il ne t'appartiendra jamais. En revanche ssse que j'ai à te proposer pourrait t'interessser. Il ssse trouve qu'une partie de mes congénères ont déssselé un important gisement. S'ils mettent la main desssus ils risssquent d'être… gênants.
Un grincement au-dessus d'eux attira l'attention du skaven. Mandrak ne se retourna pas lorsque la ridicule créature vautrée à ses pieds lors de son combat avec Skrash dégringola l'escalier menant au fond de la tombe, geignant comme un nouveau-né. Le vampire l'ignora alors que celle-ci se traînait à ses pieds. Skrash renifla de dégoût.
- Mes créasssions ne me permettent pas de combattre seul un pareil adversssaire, reprit Mandrak. Acsssepte de me servir, et je te promets que je te ssséderais plus de malepierre que tout le clan Keare n'en as jamais vu.
Les yeux du skaven s'agrandirent de surprise à la mention de son clan natal prononcé dans la langue de la surface.
- Je sssais bien des choses sur toi, Ssskrash, siffla-t-il, une lueur amusée brillant dans ses yeux morts.
Il lui tourna le dos, marchant tranquillement jusqu'au cercueil, à laquelle était adossée l'épée dérobée au cadavre, sa lame teintée d'un bleu nuit malgré l'éclairage luisant du crâne de malepierre. Il s'en saisi, son pitoyable familier sur les talons.
- Ne sssous-essstime pas mes pouvoirs. Deviens mon ssservant… ou bien meurt ! Lui laissa-t-il le choix en pointant la lame ensorcelée vers lui.
Le regard du skaven alterna lentement entre l'œil funeste du vampire, la lame sombre et le crâne luminescent…
*
Le rat géant eu un hoquet de surprise en émergeant à la surface sous un ciel étoilé. Combien de temps diable était-il resté inconscient ? Il décocha un regard sombre au nouveau maître des lieux, une crypte abandonnée en pleine forêt… celui-ci observait la lune, son crâne de malepierre luisant dans une main et l'épée ensorcelée dans l'autre. Il avait été assez serein pour se reposer aux côtés d'un skaven inconscient pouvant se réveiller à tout moment, mais n'avait-il pas retardé ce réveil en question par quelques magies ? La forêt était silencieuse autour d'eux, et seul les pas traînants des sombres créations sortant progressivement du caveau arrivaient à ses oreilles à l'ouïe aiguisée.
Mandrak leva la pierre à la hauteur d'homme et y plongea son regard, entrant dans une sorte de contemplation morbide. Derrière eux les morts-vivant décharnés s'agglutinaient stupidement sur le seuil, empêchant les derniers de sortir qui les bousculaient bêtement. Deux goules sortirent accrochées au plafond tel des araignées, bavant sur leurs cousins décérébrés, avant de grimper sur l'édifice de pierres grises taillées par le temps. L'odeur dégagée par cette masse, entourée d'une nuée de moucherons, était tout simplement abominable. L'homme rat plissa les narines, mais l'odeur entêtante ne le quittait pas maintenant qu'il était resté enfermé avec eux.
- Sssais-tu où ssse trouve le gisement de malepierre dont a parlé ssset imbésssile de chien de chassse ? Demanda doucement la voix de Mandrak.
Le skaven haussa les épaules. S'il avait su où trouver un gisement de malepierre plus imposant encore que celui du cimetière il s'y serait directement rendu.
- Moi non plus, ricana Mandrak en levant haut le crâne, scrutant intensément ses orbites vides.
Il entama soudain une phrase incompréhensible pour le sorcier skaven qui frissonna en ne l'entendant plus accentuer la consonne “s”. D'une voix alternant entre sons gutturaux et chuchotements pernicieux, Mandrak incanta. Une légère brise souffla soudain entre les arbres, hérissant le poil du rat géant. Les morts-vivants s'agitèrent brusquement derrière eux, n'osant avancer mais piaffant sur le sol en tendant les bras vers Mandrak et Skrash d'un air affamé. Un cri retendit parmi eux, et bousculant ses congénères, le chétif et ridicule familier du nécromant roula vers eux, des marques de morsures aux bras et au cou.
Le sorcier eu un haut-le-cœur en s'imaginant un instant piégé dans cette masse grouillante, que seule la volonté du vampire maintenait debout, mais les empêchaient également de les dévorer vifs.
Il interrompit son flot de paroles d'un coup sec, les squelettes et autres immondes zombis se figeant soudain. Skrash se tourna lentement vers Mandrak, alors que les plaintes d'agonie de la goule-familier résonnaient dans son dos. Le vent semblait souffler vers eux, allongeant sa fourrure sombre contre son corps. Une forme blanchâtre et translucide faisait face au vampire qui la contemplait avec un sourire sadique, ses crocs largement apparents. Gémissant, ballotée par les vents de la non-vie, l'apparition torturée échappa un grognement de colère, son corps intangible se reformant partiellement. A présent ils avaient face à eux un homme nu et musclé, les observant avec colère, ses yeux dans blanc laiteux. Son corps flottait au-dessus du sol alors que ses cheveux longs ondulaient dans le vent. Le fantôme ouvrit la bouche pour parler, mais Mandrak le prit de vitesse.
- Je ne t'ai pas rendu ta tête pour t'entendre m'injurier mais pour que tu répondes à mes quessstions.
Une grimace méprisante déchira le visage du revenant et Skrash réalisa son erreur. Pas un humain…
- Où ssse trouve le gisement que Vashanesh cherche à acquérir ? Interrogea Mandrak sans préambule.
- Sale vermine puan… la phrase du spectre s'étouffa dans sa gorge comme lui et le crâne irradièrent soudain.
L'apparition étincela d'un blanc éclatant alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même. Un hurlement d'agonie déchira la nuit, résonant à la fois comme celui d'un homme torturé à mort et de mille verres cristallins jetés au sol. Mandrak demeura impassible comme le tourment du spectre se prolongeait. Lentement, le cri se tut, déchirant encore les oreilles sensibles du skaven.
- Je ne le répéterais pas, menaça Mandrak. Où se trouve le gisement ?
Le spectre sembla haleter quelques instants, oubliant un moment tout orgueil, avant de jeter un regard emplit de haine au nécromancien.
- Tu paieras… murmura le vampire-fantôme.
Mandrak garda le silence comme le crâne de malepierre étincelait de nouveau. Une fois encore l'apparition se recroquevilla, poussant un second hurlement qui résonna dans les sous-bois. Toutes créatures sur plus d'une lieue se terrèrent dans leurs nids et terriers, paniqués. Nécrosis fouetta soudain l'air entre lui et le spectre qui cessa soudain sa plainte d'agonie. De l’ectoplasme gluant éclaboussa l'herbe. Se redressant lentement, le revenant observa Mandrak, interdit. Son visage était couvert de la substance gélatineuse et une plaie suppurante lui barrait à présent le tronc. Ils se défièrent un moment du regard et les entrailles du skavens se nouèrent en songeant à ce que Mandrak lui ferait s'il osait encore le défier.
- Dois-je répéter ? Demanda-t-il en levant à nouveau l'épée sombre, celle du spectre lui-même.
Le crâne commença une nouvelle fois à luire quand l'autre répondit précipitamment, les yeux écarquillés par la peur :
- A Mordheim ! Le météore est tombé à Mordheim ! Révéla-t-il en montrant ses paumes ruisselantes au vampire, l'intimant de ne pas réitérer son sortilège.
Lentement, le sourire sur le visage de Mandrak se dessina. Déjà il devinait les changements qu'engendreraient cette révélation. Il observa avec une joie non dissimulée l'artefact lumineux.
- Je te laissse le choix…commença-t-il lentement, relevant la tête. Rejoins mes rangs ou…
- Plutôt endurer mille tourments ! Cracha le spectre avec un regain de fureur.
Skrash inclina la tête de côté, attendant la réaction du nécromancien, tout comme le revenant, regrettant visiblement déjà ses paroles osées. Lentement, la légère brise animant les cheveux du spectre gagna en puissance, se muant en violentes bourrasques.
Le ridicule familier geignit de terreur alors que les rafales secouaient les arbres et agitaient le revenant, des gouttes d'ectoplasme glacé arrosant tout le sous-bois.
- Sssoit. Tu es exausssé, déclara sombrement Mandrak, ses yeux brillant de haine.
L'invoqué ouvrit la bouche pour protester, avant de soudain avoir les membres écartés à leur extension maximale. Le crâne s'embrasa soudain, brulant les yeux du skaven surpris. Derrière lui il entendit la vingtaine de morts-vivants gémir en se marchant dessus les uns les autres. Le familier nécrophage pleura de terreur, se roulant en boule dans la boue, ses blessures dues aux skavens et aux mort-vivants se recouvrant de vase. Le hurlement saisissant de l'agonie du vampire-fantôme emplis les sous-bois. Durant plusieurs heures ses cris résonnèrent dans les sous-bois.
En silence, Mandrak enjamba la flaque d'ectoplasme encore frémissante. Visiblement, il était parvenu à tenir parole…
*
A sa suite les “agiles” nécrophages s'extirpèrent de l'eau, le suivant dans un silence relatif ponctué de frémissement et de sons spongieux n'ayant pas tous pour origines leurs pas sur le sol sec. Il flaira l'air, les moustaches frémissantes. Ce n'était pas encore l'idéal, mais leur odeur de viande pourrie et de sueur entêtante était largement atténuée. Grommelant, il reprit sa marche vers le nord, les immondes morts-vivants sur les talons.
- Part dans ssset direction et cherche l'odeur des chevaliers, avait-il ordonné.
Et pour faire bonne mesure, ce cadavre ambulant à la peau pâle l'avait flanqué de deux goules réticentes à le suivre dans la lumière. Portant la patte à sa bourse, il trembla de rage. Sur ses cinq fragments, le vampire ne lui en avait rendu que deux… Son pelage sombre se hérissa rien que d'y penser, sa queue bousculant le nécrophage stupide le suivant. Il poussa un glapissement en sursautant, avant de montrer ses crocs brisés et darder une langue faisant trois fois celle d'un individu normal. Le sorcier Skaven ne s'en offusqua pas le moins du monde. Une telle créature le dégoutait, mais après avoir vu de ses propres yeux les créations du clan Moudler, plus rien ou presque ne parvenait à l'effrayer. Rien… Il repensa au sort qu'avais subit le spectre rebelle, sort qui aurait très bien put lui arriver s'il ne s'était finalement plié au caprice du vampire. Le dégout et la honte l'avaient assaillit un moment, mais à présent il estimait précieux le don qu'il avait reçu en échange.
Il s'immobilisa soudain, l'une des goules lui rentrant stupidement dedans. Il fit un bon sur le côté en sifflant de colère, montrant les crocs, la fourrure maintenant poisseuse ondulant sur son corps. Craintivement, les deux créatures reculèrent, l'effet produit accentué par l'éclairage. Soupirant d'exaspération, le sorcier Keare se retourna face à la trouée. Selon Mandrak, il s'agissait de la plaine d"Eisig". Quel nom stupide. Mais peut lui importait. Quelque part, non loin au nord, se trouvait Mordheim. Et c'est à Mordheim qu'était tombé le météore de malepierre selon le chevalier-fantôme. Avec un calme rare pour ceux de sa race, il prit le temps de bien inspirer, sa cage thoracique se gonflant. Il ne souffrait plus à présent des griffures aux flancs récupérées lors de… il écarquilla ses yeux noirs en reconnaissant soudain l'odeur traversant ses narines. Des orques !
Ses babines se retroussèrent et son pelage se hérissa. Cette hideuse et crasseuse race était présente dans la plaine, non loin et en grand nombre d'après les effluves qu'il percevait. Les rats possèdent un flair hors du commun, qui dépasse largement celui des canidés. Et les Skavens en faisaient rarement cas, bien que l'utilisant plus souvent que leurs yeux. Aussi parvint-il à localiser leur camp uniquement avec son organe olfactif. Ses moustaches tremblèrent d'adrénaline. Un sourire se dessinant jusqu'à ses oreilles, le mutant s'élança soudain, les deux nécrophages mettant un moment à réagir derrière lui.
Il galopa quelques minutes dans le vent, les yeux fermés, se fiant uniquement à son odorat, silhouette brun-gris fusant entre les collines. Il grimpa rapidement une dernière colline avant de s'immobiliser juste à deux pas du sommet. Il se laissa tomber au sol et avec la vigueur d'un serpent, rampa jusqu'au sommet. Il avait bien évidement vu juste. Un campement aux allures de bidonville humain particulièrement bancal siégeait à une centaine de mètres. Plissant les yeux, il vit les peaux-vertes errer bêtement à leurs occupations. Orques et gobelins confondus. Il ferma de nouveau les yeux, tentant de compter au flair le nombre d'individu. La crasse régnant là le fit renâcler, mais après quelques minutes il parvint au nombre approximatif d'une soixantaine d'individus peau-verte, ainsi qu'une poignée de ses ridicules animaux de compagnie formés d'une simple gueule béante.
Alors que l'odeur des goules approchait avec une lenteur exaspérante, il décela encore une nouvelle odeur, triant mentalement la tapisserie olfactive que lui soufflait le vent capricieux. Ses poils de moustaches tremblèrent de colère en reconnaissant cette nouvelle odeur nauséabonde. Ils étaient une vingtaine à venir du sud.
*
Le seigneur orque noir avait quitté son village pour aller à Mordheim, cependant son remplaçant Kirk (qui se faisait toujours appeler capitaine en l'absence de Bodork) avait pris les rennes du village.
Il régnait sur celui-ci depuis environs 3 heures, donnant des ordres inutiles à tout va, et gouttant les joies de la vie de chef.
Mais déjà les responsabilités venaient sur lui :
- Heuuuuu Kirk ? Demanda un orque qui se marrait à moitié.
-Kapitain' ! Jé dit kon d'vait m'ap'lé Kapitain' Kirk ! Kombien d'foi va ki va falloar' ke j'vou l'diz' ?
Kirk envoya en direction de la tête de son interlocuteur, son paluche énorme. Le coup fit un énorme PAF, et le capitaine repris :
- Bon, k'est'tu voulé m'dir sinon ?
-Ya un nabot rigolo kif é l'mariole d'van la pallisad' ! Y di ki veu parlé au chef ! Dit le trouffion en se massant le joue.
-Oké.... J'y vé !
Arrivé au mur du village, il aperçu le nain en question.
Il n'était pas seul, il était accompagné par une vingtaine d'autre nain, mais Kirk comprit tout de suite que c'était celui la qui voulait lui parler car il était plus avancé par rapport au reste du groupe.
- Héla toi ! Le gros orque vert ! Là bas sur le mur ! Est-ce toi le chef de cette merde qui vous sert de village ?
Un autre nain s'avança, et lui chuchota qu'il avait dit une bêtise, parce qu'un orque c'est forcement vert, et que l'expression « le gros orque vert » ça fait pléonasme. Le chef nain haussa les épaules, et écouta la réponse du peau-verte :
- Ouais cé moa !
Kirk ne disait pas la vérité, il n'était pas le chef du village. Mais il hourdait un plan, lorsque Bodork rentrerait de son voyage, il le tuera et prendrai sa place de chef.
- K'ess tu nou veu ?
-Je sais que votre tribu possède la légendaire Choppe de Grugni ! Rendez là nous, et nous ne raserons pas votre gourbi !
-Mé on la pa ta chop' de merde ! Vien voar' par toa mèm si tu nou kroa pa ! On t'aten !
-Tu crois vraiment que j'vais me traîner dans ton trou à rat !? Mais t'es encore plus bête que t'en a l'air! On t'a collé une cervelle de grobi ou quoi ?
-Ha cé sa ? Hé bein j'vai vnir tpété ta cheutron ! WAAAGH ! »
Flanqué de Kregk et de Järk, son conseillé, ami et frère d'arme, il regardait la palissade, qui tenait à peine debout. Les orques se massaient devant elle, prêts à recevoir l'assaut des nains. Chacun des deux camps commença par échanger quelques tir, flèches pour les orques, carreaux d'arbalètes pour les nains. Harek se protégea de son bouclier, et senti l'impact des projectiles ricochant contre le métal. A côté de lui, il entendit un bruit sourd, et le Tueur grogna et se mit à insulter copieusement ses ennemis. En lui jetant un regard, Harek vit qu'une flèche était plantée dans sa cuisse.
Les peaux vertes se mirent à avancer. Comme convenus durant les préparatifs, la ligne naine ne bougea pas, se contentant de faire pleuvoir les carreaux sur l'ennemi. Mais ces derniers arrivèrent bien plus vite que prévus. Harek vit ses tireurs lâcher leurs arbalètes pour sortir les haches et les marteaux. Lui-même se porta à l'attaque, suivi de ses deux « gardes du corps ».
- Héla toi ! Le gros orque vert ! Là bas sur le mur ! Est-ce toi le chef de cette merde qui vous sert de village ? parvint-il à entendre malgré la distance.
Il se redressa soudain. Les deux nécrophages étaient dressés debout de pars et d'autre de lui, allongé au sol. Sifflant de colère, il les fit redescendre la butte. La queue s'enroulant sur elle-même de colère, il reporta son attention sur les créatures non loin. Tournées vers les nouveaux venus, personne ne les avaient remarqués. La bataille qui éclata soudain fut brève et violente, peaux-vertes et gnomes à la barbe ridicule s'entretuant avec une fureur qui le fit frissonner d'excitation. Il retint à grand-peine les deux morts-vivants qui commencèrent à tressaillir et baver de façon répugnante lorsqu'elle captèrent finalement l'odeur des tripes à l'air des orques.
Waaagh ! était le signal. Tout les orques posté sur les murs descendirent au niveau ces portes, et s'apprêtèrent à charger.
Un second WAAAGH ! tonitruant du pseudo chef donna le signal de la charge, et fut repris cette fois par les peaux vertes qui chargeaient.
Avant l'impact, plusieurs volées de flèches furent échangées entre les protagonistes. Carreaux d'arbalètes du côté des nains, flèches grossières cher les orques.
Les flèches des orques ne firent presque pas de dégâts chez les nains, mais du côté des archers se trouvait Kirk.
On pouvait trouver étrange qu'un « chef » orque préfère le tir au corps à corps, mais il faut dire que celui là était aussi lâche qu'un gobelin.
Kirk visait mieux que la plupart des orques, et s'amusait un peu. Il prit pour cible un nain, qu'il estima être le plus ridicule puisqu'il était presque tout nu, en plus, sa barbe était orange. Il le toucha à la jambe et passa quelques secondes à rigoler en le voyant boiter, puis repris un autre nabot pour cible.
Les orques avaient beau faire plusieurs tête de plus qu'eux, cela ne les empêchaient certes pas de leur ouvrir le ventre d'un bon coup de hache. Harek ne s'en privât d'ailleurs pas, répandant les tripes d'un orque à ses pieds. Il engagea le combat avec un autre peau verte. Contrant avec son bouclier, puis essayant d'atteindre son adversaire. Il se déplaçait de côté, se mouvant avec une rapidité que l'on ne soupçonnerait pas chez une personne de sa carrure. Malheureusement, son bras trop court n'arrivait pas à toucher l'orque. Un coup puissant fendit son bouclier en deux, et se répercuta dans son bras le paralysant quelques instant. Ayant recouvré ses facultés, il balança sa hache vers le genoux de son adversaire, puis au dernier moment remonta la lame vers la tête de l'orque. La lame en Gromril, forgée par un des meilleurs forgeron de sa forteresse d'origine, fit son travail en laissant un large sillon dans la poitrine de l'orque. Harek l'acheva d'un puissant revers qui lui ouvrit la gorge.
Il regarda autour de lui, et vit les corps qui jonchaient le sol. Il vit Kregk qui bataillait ferme avec deux peaux vertes. La flèche qu'il avait reçue empêchait le Tueur de se déplacer avec fluidité. Il se contentait de contrer les attaques de ses adversaires et de reculer. Harek n'en vit pas plus car lui aussi dû contrer une attaque. Il repartit dans une chorégraphie meurtrière, faisant jaillir le sang et se taillant un chemin dans la masse verte.
Voyant qu'il s'était trop enfoncé, il essaya de reculer, mais en vain, les orques allaient l'encercler. Il dansait d'un pied sur l'autre pour tenter d'esquiver les coups qui pleuvaient sur lui. Il eut le souffle coupé lorsqu'une massue armée de pointe lui frappa la poitrine, son armure n'était plus qu'un morceau de métal attaché à son corps. Sa vision commença à se troubler. A quoi bon se défendre, il allait sûrement mourir ici, autant en emporter le plus possible avec lui. Il fit décrire un mouvement circulaire à sa hache, tranchant ainsi un bras. Il se démenait, utilisait les quelques réserves d'énergie qui lui restait pour faire chanter son arme, alors que la chaude froideur de la mort l'enveloppait. Alors qu'il tombait dans la fange, il eut le temps de voir une forme orange se frayer un chemin jusqu'à lui, le défendant de son corps. Puis ses yeux se fermèrent, et il s'abandonna complètement au sombre néant qui l'attendait.
Le néant. Harek avait l'impression de flotter. Tout était noir autour de lui. Il avait froid aussi. Une sombre clarté se dirigeait vers lui. Il tendit le bras comme pour la saisir. Au moment où il la toucha, il commença à percevoir des bruits. Un choc métal contre métal, un cri d'agoni, le sien peut être. La douleur qui lui poignardait la poitrine se fit de plus en plus forte. Et soudain, il ouvrit les yeux.
Tout était flou autour de lui. La forme orange était toujours là, faisant barrage de son corps. Un coup de tonnerre achevât de le réveiller. Il vit que la forme n'était autre que Kregk, qui semblait danser d'un pied sur l'autre, ignorant la flèche toujours plantée dans sa jambe. A côté de lui se trouvait Järk, le pistolet qu'il avait lui-même confectionné dans la main, de la fumée s'en échappait, alors qu'un orque titubait non loin de là. Le Tueur acheva son dernier adversaire, observa les alentour, puis voyant que le danger était passé, se dirigea vers Harek.
Le jeunot tenta de se relever, mais ses jambes ne le supportèrent pas bien longtemps.
- Ne bouge pas, lui ordonna Kregk, il faut te retirer cette armure
La charge aboutit finalement.
Bien que tous les orques archers des murs avaient cessé le feu pour éviter de toucher leurs camarades, Kirk continuait. En même temps il observait le déroulement du combat. Il était bien parti au départ pour les orques, qui démembraient les gnomes à barbes, cependant la tendance s'inversa.
Les nains s'avérèrent plus coriaces que prévu. Surtout le petit arrogant qui avait osé l'insulter avant la bataille.
La bataille commençait vraiment à tourner à la débandade chez les orques. Kirk s'en rendit compte, et décida qu'il était urgent de se replier à l'intérieur du village, et d'aller chercher « ses » armes de baston dans la tente du chef.
En effet, une fois libéré de sa prison de métal, il respira plus librement. :
- Que se passe-t-il là bas ?
- Quelques combats ne sont pas encore terminés, les autres orques ont fui ou ont péris.
- Combien sont morts ?
- Nous avons subi de nombreuses pertes, intervint Järk, a vu de nez nous ne somme plus qu'une quinzaine.
- Plus que quatorze à présent, ironisa le Tueur qui regardait les combats se déroulant plus loin.
Il avait toujours eu un humour particulier. Harek fit la grimace, autant à cause de ces révélations qu'a cause de la douleur.
- Allons fouiller le village, dit-il, la chope doit sûrement y être.
Lorsqu'il y parvint, il ramassa une masse qui trainait par terre. Il se retourna pour sortir de la tente sombre. (Une belle tente très isolante que Bodork avait volée à un capitaine impérial)
Un grand orque, bloquait la sortie de la tente en croisant les bras. Kirk ne le reconnu pas, car il le voyait en contre jour.
- Barre toa d'mon ch'min abruti ! Obéiiiiis a ton chef.
- NON, répondit l'ombre.
Kirk était devenu vert pâle. Il avait tout de suite reconnu la grosse voix de Burg l'idio du village'.
Burg suivait toujours Bodork comme un petit squig-chien, et lui obéissait toujours sans poser de question. Il était très fort, malgrès le fait qu'il était un orque ordinaire, il égalait facilement un orque noir.
- Bodork ma d'mandé d'garder sa tente ! Alors j'gard' la tente, dit calmement la brute épaisse.
- Poz cèt mass par ter' sinon...
-Sinon koa ? t'va me tuer ?
-Exak'. »
Kirk abattit sa masse en direction de Burg, qui stoppa celle-ci avec sa main.
Burg jeta la masse dans le fond de la tente, avec Kirk par la même occasion.
Il tira son couteau de son fourreau, et pris un pal qui était dressé au milieu de la tente et sur lequel était déjà planté une tête d'humain (le capitaine anciennement proprio de la tente). Dans les yeux apeurés de Kirk, on voyait bien qu'il avait compris ce que Burg allait faire de lui.
Re: Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Lun 12 Nov 2018 - 21:42
Ils allèrent d'abord porter secours aux survivants, laissant les blessés aux soins du médecin qui les accompagnait. Puis ils se dirigèrent vers les maisons. Pour des raisons évidentes de sécurité, Harek avait donné l'ordre aux survivants qui les avaient suivis de rester groupés. Un orque pouvait très bien jaillir et les prendre par surprise.
Un peu plus tard, Burg était sorti de la tente, après s'être équipé de son gantelet à pointe, ainsi que de sa masse, celle là même que Kirk avait prit et qu'il rangeait habituellement prêt de Bodork pour pouvoir le protéger en cas d'urgence.
Il entendit du bruit venant du bout de l'allée, il aperçut alors trois orques non armés, poursuivis par trois nains. Dès qu'ils arrivèrent à son niveau, il se mit à courir avec eux et leur demanda :
- Pourkoa vou ète pa d'van le village' ? Ya pa la baston là ba ?
- Si ! Y'avé, mé cé l'gro bordel maintenan ! Et eu dèrrièr y son pas conten !
Burg vit alors que les trois orques portaient sur eux des arbalètes, certainement volé aux nabots furieux qui les poursuivaient. Burg dit :
- V'né, on va sortir par eul'port' eud'dèrrièr' !
Il fit bien, car des qu'ils eurent quitté l'allée, le chef des nains arrivait et commençait son inspection de la tente de Bodork.
- v'né, on va r'joindre Bodork, not' Vrai chef !
Les habitations étaient tellement bancales qu'elles semblaient pouvoir être détruite par un coup de vent. Pas étonnant qu'ils essayaient de conquérir leurs forteresses. Du bois pourris, de la peau d'animal grossièrement taillé, et divers débris de métal, voilà de quoi était constitué le village. Bientôt ils parvinrent à une habitation beaucoup plus grande, et beaucoup plus luxueuse, si on peut la qualifier ainsi. Harek reconnu la tente d'un capitaine de l'Empire, sûrement dérobée suite à une bataille. Celle-ci était déchirait en maints endroits, et la peau de bête qui masquait l'entrée volait au grès du vent. C'était la tente du chef a n'en pas douter.
Harek pénétra à l'intérieur, suivi du Tueur et de l'ingénieur. Une odeur de pourriture les attaqua aussitôt, tournant la tête vers le côté droit de la tente, ils virent de quoi elle se dégageait. Un pique était planté dans le sol, et il exhibait une tête, encore hurlante de douleur, bien que son regard fut vide depuis longtemps. Toute trace de vie l'avait fui. Malgré l'urgence de la situation, Kregk ne put s'empêcher de laisser échapper un rire :
- Je crois qu'on a retrouvé le propriétaire de la tente.
Finalement, une dizaine de peaux-vertes réussirent à prendre la fuite, courant comme des dératés en direction du nord. Et de Mordheim. Les nains se rassemblèrent également du côté nord après un moment. Enfin Skrash laissa les deux goules affamées se ruer sur les corps exposés au soleil. Lui prit néanmoins le temps, dissimulé dans un buisson d'épines, d'observer les vainqueurs. Ils étaient une quinzaine, tous plus laids et répugnants que les autres, avec leur membres trapus et leurs poils faisant une crinière tout autour de la tête. L'un d'eux notamment, vêtu d'un pagne, arborait une fourrure rousse et s'exclamait exagérément fort.
Après plusieurs minutes de recherches dans le fatras qu'étais la tente, et quelques coupures minimes, le Tueur soupira, et dit, avec son dédain habituel :
- Bah j'crois bien qu'elle est pas là ta chope mon p'tit gars.
Harek jura :
- Alors ils sont morts pour rien, et par ma faute ! Venez, allons nous en d'ici.
Les trois nains eurent à peine le temps de poser un pied dehors, que déjà ils étaient entourés de cinq ennemis. Certes, ils étaient en sous nombre, mais cette petite « baston » comme la qualifiait le Tueur, serait une bonne distraction. En effet, leurs assaillants n'était autre que des gobelins, armés de couteaux ou de bâtons, pas vraiment de quoi casser trois pattes à un canard !
Kregk partit d'un grand rire... et partit tout court. En un mouvement circulaire il découpa un grobi en deux, et ouvrit le ventre d'un autre - celui-ci entama la danse du gobelin qu'a les tripes à l'air et qui voudrait les empêcher de tomber. Alors Järk entra en action, et plomba le gobelin le plus proche de lui avec son pistolet. Harek s'occupa des deux autres, parant un premier coup, il contre attaqua en coupant les jambes du premier, et en ouvrant le crâne du deuxième, ce qui eu pour effet de lui donner une idée de la taille du cerveau d'un gobelin.
Ils s'éloignèrent du lieu du combat, et marchèrent vers la sortit du village. Harek trouvait très étrange que la chope n'ait pas été dans la tente. Où pouvait elle bien se trouver ? Il jeta un regard au Tueur. Ces types étaient connus pour avoir commis un acte irréparable, mais Harek était sûr que le Tueur ne recommencerai pas. Il l'avait sûrement mené là ou il pensé trouver l'objet, mais celui ci n'y était plus. Kregk tiendrait sa promesse. Des voix fluettes leurs parvinrent interrompant ses pensées :
-Cé euh, cé euh ! A l'atak !
Un autre groupe de gobelins courait vers les trois nains. Ils étaient beaucoup plus nombreux que les précédents. La plupart étaient habillés bizarrement : ils portaient des toques de cuisiniers, ainsi que des couteaux, ou des louches. Harek esquiva un premier assaut, se retourna et eu tout juste le temps de lever sa hache. Il bloqua la lame et contre attaqua en plantant son arme dans le gobelin. Il n'eut pas le temps de la dégager qu'il devait déjà parer un nouveau coup avec le manche de sa hache. Son poing décrocha la mâchoire de l'ennemi.
Il regarda autour de lui, et vit que les deux autres se débrouillaient bien. De nouveau il fut assailli, mais il eut le temps de sortir son pistolet et d'interrompre la course du plus proche gobelin. Il dégagea sa hache du cadavre... et sentit une douleur à sa jambe droite. Il baissa les yeux et vit qu'un couteau y était enfoncé. Il punit l'opportun en lui envoyant un bon coup de boule. Et il put enfin respirer, le combat était fini. Kregk saignait de plusieurs endroits, et Järk semblait quelque peu sonné, mais dans l'ensemble, ils semblaient en bon état, contrairement aux gobelins. L'un d'eux respirait encore, le Tueur s'approcha de lui. Harek pensait qu'il allait l'achever bien vite, Mais celui-ci se mit à lui parler :
- Tu sais où elle est la Chope de Grungni toi ?
- Ché pas d'koi tu parle sal nabo ! Crachota-t-il.
- C'est un verre où on boit d'la bière, elle est grosse et y a un G dessus. Si tu parle j'abrègerai tes souffrance, promit-t-il.
- A oué, c'te truk ! C eul' chef Bodok ki la... parti cherché eul' Shadock... lé plu la.
Satisfait, Kregk tint sa promesse, et envoya un violent coup de poing dans le visage du gobelin. En se relevant, il croisa le regard de Harek :
- Ben quoi, j'ai dis que je lui abrégerai ses souffrance, il a eut un peu mal sur la fin, mais c'était rapide au moins.
- Bon, sortons d'ici.
Alors que les trois compagnons sortaient du village, ils ne remarquèrent pas les ombres qui bougeaient derrière eux. Ils rejoignirent vite le reste de la bande, et leur expliquèrent la situation.
Lorsqu'enfin ils furent loin, il pénétra dans le camp que les mort-vivants affamés étaient déjà en train de saccager. Ils avaient même déterrés des gnomes tombés durant le combat, qui avaient été inhumés sur le bord du camp.
Un mouvement furtif attira soudain son attention. Avec une grimace sadique, ses babines largement retroussées, il approcha du gobelin éventré. Celui-ci était trempé de sueur, souffrant visiblement le martyr, les boyaux exposés au soleil. Il poussa un glapissement en voyant qu'il s'était révélé et tenta de se trainer à l'opposé du Skaven qui avança avec un calme mortuaire. Les incisives d'un skaven pouvaient tout trancher. Tout…
Tous ceux qui étaient encore en état de marcher, c'est à dire une petite quinzaine comme l'avait prédit Järk, se mirent en route vers la forêt. Ils avaient à peine marché une lieue, que déjà une scène bien étrange s'offrait à leurs yeux. Des dizaines d'elfes se tenaient devant eux, des elfes morts. Après que Kregk fit remarquer qu'ils étaient mieux ainsi, Harek se rapprocha. Il vit la bannière elfique qui traînait dans la boue. Une bannière bizarre, puisqu'il en manquait une bonne partie. Le phénix qu'arboraient fièrement les représentants du beau peuple semblait avoir été découpé. Mais pour qu'elle raison ?
- Ca sent l'orque ici, fit remarquer un nain, aucun doute là-dessus, c'est eux qu'on fait ça.
Alors Harek se rappela des paroles étranges du gobelin : « partit chérché eul' Shadock ». Pouvait-il y avoir un lien entre ce chef, et ces orques qui avaient massacré les elfes ? Si oui, pourquoi avoir emporté leur emblème ?
- Nous sommes surement sur une piste, dit-il, continuons par là, nous verrons bien ce qu'il en est.
Dans le sous-sol de la cabane isolée au cœur de la forêt, Mandrak restait songeur, assis sur une table où le cadavre de l'ermite s'agitait à chaque coup de dents du ridicule nécrophage. Il était de nouveau plongé en contemplation dans le regard vide du crâne de malepierre l'ayant ressuscité. La lame maléfique de Vashanesh avait pourtant percé de part en part, la cicatrice sur son thorax en témoignant. Il avait senti son âme s'effilocher alors que le puissant seigneur de la nuit partait d'un grand rire, toute la force vitale de Mandrak allant à son rival et assassin. Mais aujourd'hui il était là. Il n'existait nul lieu après la mort pour les damnés. Lui comme Vlad avaient bu avec avidité la coupe de l'immortalité, se condamnant à vivre mort-vivant pour l'éternité, ou rejoindre le néant sans aucun échappatoire.
Pourtant, la pierre l'avait rappelé… tout comme elle avait rappelé le chevalier vampire dont elle avait arraché la vie. La malepierre pouvait ramener à la non-vie les damnés condamnés au néant, désormais il en était persuadé. Et alors, il pourrait la ramener…
S'égarant dans ses pensées, le bras ensanglanté du corps l'effleura. Avec un appétit féroce, barbouillé de sang et du contenu des entrailles de l'humain, l'ancien enfant humain avait achevé une nouvelle métamorphose. Mandrak l'observa avec amusement. Les fragments de malepierre avaient eu un effet tout à fait imprévisible sur lui, la peau se détachant soudainement de son corps, mettant ses os et organes suppurants à nus, tout en régénérant ses blessures dues aux Skavens et autre mort-vivants. Qui savait quels autres effets secondaires les pierres du sorcier auraient sur lui ?
Le sorcier… Il fut de nouveau songeur un moment. Jamais auparavant un mutant n'avait été exposé aux fluides d'un seigneur de la nuit. Ce n'était qu'une goutte, mais tout comme cette amusante créature, qui pouvait prédire quels miracles elle engendrerait ?
Le regard calme, il se replongea dans sa contemplation, la créature parvenant à briser une côte au corps avec un craquement sonore, qui fut suivit par un glapissement de joie, triomphal…
Le voyage s'éternisait.
Depuis la petite escarmouche contre les hauts elfes, ils n'avaient rencontré personne, mis à part un berger, qu'ils avaient dévoré avec le reste de son troupeau.
Ils marchaient, encore et encore depuis des jours, mais un événement inattendu arriva dans un grand bruit :
- CHEF ! CHEF ! CHEEEEEEEEEEEEF !
Trois orques couraient comme des dératés, rattrapant le groupe qui s'était arrêté pour les accueillir.
- Vou ? Mé kess vou fouté la ? Leur hurla le chaman de la bande.
- On sé barré, c'été l'gro bitzouf au village'. Répondit le premier arrivé, hors d'haleine.
- Essplik sa toud'suit' sinon chte mé ma main dans ta tronch' ! Menaça Bodork.
- Bein ya l'nabot ki sé engeullé avek Kirk, puis Kirk ya voulu k'on lui met' sur la tronche, sa tombé bien on s'ennuyé, mais y nous zon mi eune grosse raklé et y z'on brulé le village' !
- KOAAAA ? Mon bô village' ? Cé nabots y von le payé!
De rage, Bodork fendait l'air avec sa hache. Il était vraiment en furie, et personne n'osait dire mot après cette explication.
Quelques secondes passèrent, et Bodork se remit un peu de ses émotions après avoir cassé plusieurs objets passant à sa portée.
- Et d'abor' ! Cé koa cé truc que vou portez ?
- Pendant la baston, on s'é battu cont' un nabot à poilavek des ch'veux orange, sa hache été magik' et a cassé no kikoup' ! Du kou on cherché un truc pour tapé, et on a ramassé cé truc qu'été par terre. Mé après on a vu k'sété pas fait pour tapé, é ya des nabot ki nous on kouru apré, en disan k'sété a eux cé machin. On s'é barré, et on a trouvé Burg, vous savé vot' larbin deumeuré là !
- Yé pa deumeuré ! Il sé obéïr' aux zordre korrec'men lui ! Répliqua Bodork en collant un coup de pied à sont interlocuteur.
- ARRRGH ! Pa tapé ! Pa tapé !
- Oui d'akor ! Mé ou il é Burg si vou l'avé vu ?
- On l'a viré, y nou f'sé chié avek sé kestion débil' ! Alor on lui a di ki s'débrouilleré pour vou r'trouvé. Donk on sé pa ou il é. Et vou avé une idée d'a quoi sa ser le machin k'on a ramassé ?
- Cé une r'balètte andouille ! Cé avek sa k'lé nabot y z'envoyeu des flèches ! Bon, maint'nan k'vou lé zavé, apprené à vous en servir !
Après la dispute, qui dura quand même une dizaine de minute, Bodork décida qu'il était tant de se remettre en route.
La nouvelle de la destruction du village qu'il avait mis tant de temps à constituer le mis en rage, mais il se demanda si cela ne constituait justement pas une épreuve de Gork et Mork, une épreuve pour lui apprendre que l'unification des orques ne passerai pas par ce village.
La notion de village était contraire à l'idéologie nouvelle de la Fowaaagh ! qui est la Waaagh ! universelle.
Mais bientôt, alors que la bande faisait une halte dans des bosquets pour chercher des bêtes des forets à manger (parce que c'est bon les piafs), un boy le tira de ses réflexions :
- Hey chef ! Jé trouvé kek'chose, vené voir derrièr' l'arb' la ba ! dit un boy en chuchotant.
Bodork le suivit, en espérant que ce ne soit pas pour une autre bêtise.
Mais il s'avéra que ses soupçons étaient infondés, car ce qu'il vit l'amusa au plus haut point :
De l'autre côté du bosquet, s'étaient installés trois roulottes, et des humains semblaient s'agiter tout autours d'elle.
Au centre du cercle formé par les roulottes et les tentes montées à proximité, se trouvait une demie douzaine de femelles humaines, vêtues d'étonnante robes à froufrou, qu'elles agitaient en l'air avec leur mains, et en levant les jambes très hauts.
Un homme semblait les encourager en jouant de la mandoline et en leur criant des choses comme « C'est bien les filles ! » ou comme « Vous seraient parfaites pour la foire de Ziegelheim ! ». Il portait un chapeau haut de forme dont le dessus était décousu, produisant l'effet cocasse d'un chapeau qui a l'air de bailler à chaque mouvement du porteur.
Plusieurs autres hommes étaient affairés aux obligations du camp.
Mais ce qui retenait le plus l'attention de Bodork, c'était la femme qui se tenait sur le marchepied de la roulotte la mieux décorée.
Cette femme portait des beaux vêtements et des bijoux de valeur.
Il n'en faisait aucun doute de par son regard sévère et hautain qu'elle était le chef de la bande.
Tout proche d'elle une fillette qui devait à peine avoir plus d'une douzaine d'années, semblait trépigner d'impatience.
Elle demanda quelque chose à sa mère, qui défigea son visage sévère en un tendre sourire maternel pour lui répondre, sous l'œil d'un mec sapé en barman qui regardait la scène.
Bodork entendit un bruit sur sa droite, et regarda autours de lui, et vit que d'autres orques s'était mis à observer le spectacle la bave aux lèvres, surtout les danseuses.
Il faut dire que depuis le départ du village, quelques jours avaient passé, et les orques savaient que cela allait durer encore longtemps à cause de la destruction du village.
Les femelles orques étaient certainement mortes dans l'incendie, et il n'est pas rare qu'en cas de situation comme celle-ci, les orques s'intéressent à d'autre race.
Bodork voulu leur dire de s'en aller, car il avait l'air ridicules à se cacher derrière des tout petits buissons alors qu'ils sont bien trop grand. Mais il ne pouvait pas leur dire car sinon il aurai été entendu des humains.
C'était un miracle que les boys n'aient pas déjà été repérés. Les humains étaient certainement trop occupé pour faire attention à quoi que se soit.
Il continua alors de regarder le campement. La petite fille, qui s'était mise à côté du bonhomme au chapeau haut de forme se mit à crier elle aussi :
- Les amis ! Regardez moi je vais faire mon numéros pour samedi !
-On t'attend ma chérie, vas y ! répondit sa mère.
La petite fille fit la roue, puis un geste étrange avec les doigts, et il se passa une chose improbable :
Un flot de flamme jaillit de son index et s'accumule devant elle pour former..... Un moineau enflammé !
Suite a cette invocation, Bodork eu tout de suite le réflexe, il sauta de derrière son buisson en hurlant:
« SHADOOOOCK ! »
A partir de ce moment, tout devint confus.
Les autres orques suivirent sans réfléchir.
Bodork sauta sur la petite fille, mais ne l'attaqua pas. Il l'attrapa et la posa sur son épaule, en la maintenant fermement. La gamine le frappa dans le dos, mais sans parvenir à lui faire un quelconque mal.
Il se retourna et cria : « Lé gars ! On s'kass ! »
Puis il s'enfuit en direction du bosquet, pour rejoindre ses armes, qu'il avait laissé de l'autre côté.
Les autres orques qui ne savaient plus quoi faire. Se battre contre les humains on s'enfuir ? Finalement ils se replièrent et suivirent Bodork. Pas tous, car le type au chapeau avait sorti une paire de pistolet, et avait abattu deux peaux vertes de balles entre les yeux.
Une fois arrivé après sa folle course, Bodork tendit la gamine au chaman, qui ne comprenait rien à la situation mais qui la pris quand même.
Notre chef attrapa ses armes et son balluchon, et dit :
- On né pour'suivi ! Ya dé zom ki s'amène paske jé piké cte gamine' ! On s'barre !
La poursuite fut longue, mais les orques parvinrent à distancer les humains.
Dans sa course, Bordork fut rejoint par ceux qui l'avait suivit dans «l’espionnage» du camp des humains.
Parmi eux, les imbéciles qui c'était amené avec les arbalètes. Deux était en train de porter des danseuses sur leurs épaules, le dernier était occupé à se tenir le postérieur. Il avait réussit par on ne sait quel maladresse a se planter un carreau dans une fesse.
Un des zigotos dans sa course s'approcha de Bodork et lui dit :
« Chef, C'été sa le fanch' Cancan ? »
Après l'escarmouche contre les orques, nous continuâmes vers le nord, et nous prîmes une pause sur l'ordre de Tenqualteq, qui avait besoin de méditer sur la route à suivre. Sa transe dura jusqu'à la nuit, et ne le prêtre semblait ne pas vouloir être dérangé. Nous montâmes donc le campement sous le couvert d'un amas rocheux, près de la lisière d'un petit bois, et les tours de garde furent organisés. Je pris le premier, et une brise rafraîchissante glissait le long de mon dos. Le ciel se couvrit peu à peu, on apercevait des nuages sombres dans la nuit, et il se mit à pleuvoir, au début des gouttelettes, qui se transformèrent rapidement en trombes d'eau...
La pluie continuait de tomber, je redoublais de vigilance. Le moment était trop bon pour une attaque, mais je ne pu confirmer mes craintes dans les minutes qui suivirent. La nuit était éclairée par la clarté de la lune, et soudain, j'entendis un léger bruit, presque imperceptible, mais mes oreilles aguerries par des années de combat ne me trompèrent pas, quelqu'un ou quelque chose approchait. Un bruissement dans les feuilles mortes finit de me convaincre, aussi je décidai de réveiller les autres, puis je pris mon arme...
Ma douzaine de saurus était prête, en ordre de bataille, parée à toute éventualité. Soudain, des carreaux surgirent des ténèbres, et un d'eux transperça la gorge d'un de mes guerriers qui tituba quelques instants avant de tomber lourdement dans le boue. Heureusement, la plupart se contentèrent de rebondir contre nos écailles ou les transperçant superficiellement, et les autres se heurtèrent à nos boucliers. Des cris jaillirent du bois, m'indiquant que les skinks avaient trouvés et attaqués l'ennemi, aussi nous sommes passés à l'assaut. Je vis un cadavre percé de dards empoisonnés, je l'observai un court instant et la nature de nos ennemis m'apparut clairement...
Les cousins déchus de nos alliés d'Ulthuan, les druchiis si ma mémoire est bonne, réputés comme cruels et insaisissables. Soudain, un de ces êtres bondit sur moi, je réussis à l'esquiver de peu, avant de trancher sa gorge d'un revers de ma lance, et celui-ci s'écroula sur le sol humide. Partout autour de moi la bataille faisait rage, et tous mes saurus se battaient férocement. Un d'eux était en difficulté, aussi je bondis d'un rocher sur le druchii avec lequel il était aux prises, l'empalant sur le sol brutalement, le tuant sur le coup. Je continuai mon massacre autour de moi, répandant les tripes de l'un, décapitant l'autre...
La bataille touchait à sa fin, et les elfes noirs avaient subis de lourdes pertes, mais nos écailles dures nous protégeaient des coups. Je pourchassai les ennemis en fuite avec quelques frères, tandis que les autres s'occupaient des blessés. Un des nôtres poussa un cri, aussi je me retournai. Je vit un druchii qui allait éventrer un saurus au sol. Soudain, l'elfe s'affaissa, criblé de dards, et j'eu le temps d'apercevoir son visage tordu de douleur, et son teint devint rapidement verdâtre. Derrière lui se tenait Sibli, sa sarbacane à la main, et ses skinks. Je tint le compte des pertes peu après : trois saurus et quatre skinks étaient tombés. Nous les ramenâmes au camp, et commencèrent aussitôt les rites funéraires qui leur étaient dédiés...
La nuit vient de tomber et la plupart des membres de notre caravane s'est endormie... Je reste seul, près du feu, un plume entre les mains.
J'observe mes camarades, enroulés dans leur cape. Une bande de vauriens, de rejetés, de rebuts... Les âmes damnées de l'Empire et de diverses sociétés humaines.
Louise a bien choisit le nom de son cabaret.
Nous étions la lie, elle a fait de nous le vin... Certes pas un nectar digne des rois, mais nous sommes devenus quelque chose, et nous lui devons tout. C'est pour cela que nous avons tous décidé de la suivre jusqu'en enfer s'il le fallait... Et depuis quelques semaines nous en avions pris le chemin...
Depuis cette nuit là...
Nous étions en route pour la foire de Ziegelheim afin d'y présenter un spectacle que nous préparions depuis des mois. Nous avions fait halte pour la nuit aux abords d'une forêt. L'endroit semblait sûr et, dans cette région de l'Empire, il n'y avait pas de menaces majeures comme celles auxquelles nous avions du faire face aux abords de la Drakwald par exemple... Nous avons donc décidé de faire une dernière répétition avant notre grande représentation.
La majeure partie des numéros s'est déroulée sans problème. Nous venions d'achever la démonstration de nos danseuses et Yasmine a souhaité s'exercer à nouveau.
Ah Yasmine... Notre rayon de soleil à tous. La fille de Louise. Notre réservoir de joie de vivre et de sourires. Les rumeurs les plus folles circulent à son sujet au sein de notre petit groupe, et son enfance ne semble pas avoir été facile... Cependant elle gardait l'innocence des enfants de son âge...
Mais ce soir là... Elle a été enlevée...
Tout s'est passé très vite. Elle venait de lancer le sort du « chardonneret flamboyant », comme elle aimait l'appeler, lorsqu'un puissant hurlement nous fit sursauter. Des orques sortirent soudainement des fourrés alentour et se jetèrent confusément sur nous. L'un d'entre eux agrippa Yasmine et ordonna le repli. Nous parvînmes à en blesser certains mais plusieurs des nôtres tombèrent. Leur cible était clairement la petite aussi, ils ne prirent pas le temps de se battre.
Pistolets au poing, je me lançai à leur poursuite aux côtés de Vigo qui considérait Yasmine comme sa propre fille, pendant que Louise criait des ordres au reste du groupe pour organiser la chasse.
Mal préparés, mal équipés et surpris, les orques nous distancèrent facilement. Vigo et moi nous fûmes rattrapés par un petit groupe de nos amis mais il était déjà trop tard.
De retour au campement, la décision fut prise d'envoyer nos deux meilleurs chasseurs, Bleizh et Bran, traquer le groupe d'orques. Ils nous serviraient d'éclaireurs et nous pourrions les suivre à distance.
Nous avons pris le temps d'enterrer nos morts et à peine celui de les pleurer... Puis nous sommes partis...
Depuis nous sommes sur la route, voilà des semaines. Nos rêves de gloire ont été mis de côté pour retrouver la fille de celle qui nous a tiré de notre misère... Et ce même si nous devons rejoindre les kidnappeurs dans les ténèbres où ils ont décidé d'aller...
Un peu plus tard, Burg était sorti de la tente, après s'être équipé de son gantelet à pointe, ainsi que de sa masse, celle là même que Kirk avait prit et qu'il rangeait habituellement prêt de Bodork pour pouvoir le protéger en cas d'urgence.
Il entendit du bruit venant du bout de l'allée, il aperçut alors trois orques non armés, poursuivis par trois nains. Dès qu'ils arrivèrent à son niveau, il se mit à courir avec eux et leur demanda :
- Pourkoa vou ète pa d'van le village' ? Ya pa la baston là ba ?
- Si ! Y'avé, mé cé l'gro bordel maintenan ! Et eu dèrrièr y son pas conten !
Burg vit alors que les trois orques portaient sur eux des arbalètes, certainement volé aux nabots furieux qui les poursuivaient. Burg dit :
- V'né, on va sortir par eul'port' eud'dèrrièr' !
Il fit bien, car des qu'ils eurent quitté l'allée, le chef des nains arrivait et commençait son inspection de la tente de Bodork.
- v'né, on va r'joindre Bodork, not' Vrai chef !
Les habitations étaient tellement bancales qu'elles semblaient pouvoir être détruite par un coup de vent. Pas étonnant qu'ils essayaient de conquérir leurs forteresses. Du bois pourris, de la peau d'animal grossièrement taillé, et divers débris de métal, voilà de quoi était constitué le village. Bientôt ils parvinrent à une habitation beaucoup plus grande, et beaucoup plus luxueuse, si on peut la qualifier ainsi. Harek reconnu la tente d'un capitaine de l'Empire, sûrement dérobée suite à une bataille. Celle-ci était déchirait en maints endroits, et la peau de bête qui masquait l'entrée volait au grès du vent. C'était la tente du chef a n'en pas douter.
Harek pénétra à l'intérieur, suivi du Tueur et de l'ingénieur. Une odeur de pourriture les attaqua aussitôt, tournant la tête vers le côté droit de la tente, ils virent de quoi elle se dégageait. Un pique était planté dans le sol, et il exhibait une tête, encore hurlante de douleur, bien que son regard fut vide depuis longtemps. Toute trace de vie l'avait fui. Malgré l'urgence de la situation, Kregk ne put s'empêcher de laisser échapper un rire :
- Je crois qu'on a retrouvé le propriétaire de la tente.
Finalement, une dizaine de peaux-vertes réussirent à prendre la fuite, courant comme des dératés en direction du nord. Et de Mordheim. Les nains se rassemblèrent également du côté nord après un moment. Enfin Skrash laissa les deux goules affamées se ruer sur les corps exposés au soleil. Lui prit néanmoins le temps, dissimulé dans un buisson d'épines, d'observer les vainqueurs. Ils étaient une quinzaine, tous plus laids et répugnants que les autres, avec leur membres trapus et leurs poils faisant une crinière tout autour de la tête. L'un d'eux notamment, vêtu d'un pagne, arborait une fourrure rousse et s'exclamait exagérément fort.
Après plusieurs minutes de recherches dans le fatras qu'étais la tente, et quelques coupures minimes, le Tueur soupira, et dit, avec son dédain habituel :
- Bah j'crois bien qu'elle est pas là ta chope mon p'tit gars.
Harek jura :
- Alors ils sont morts pour rien, et par ma faute ! Venez, allons nous en d'ici.
Les trois nains eurent à peine le temps de poser un pied dehors, que déjà ils étaient entourés de cinq ennemis. Certes, ils étaient en sous nombre, mais cette petite « baston » comme la qualifiait le Tueur, serait une bonne distraction. En effet, leurs assaillants n'était autre que des gobelins, armés de couteaux ou de bâtons, pas vraiment de quoi casser trois pattes à un canard !
Kregk partit d'un grand rire... et partit tout court. En un mouvement circulaire il découpa un grobi en deux, et ouvrit le ventre d'un autre - celui-ci entama la danse du gobelin qu'a les tripes à l'air et qui voudrait les empêcher de tomber. Alors Järk entra en action, et plomba le gobelin le plus proche de lui avec son pistolet. Harek s'occupa des deux autres, parant un premier coup, il contre attaqua en coupant les jambes du premier, et en ouvrant le crâne du deuxième, ce qui eu pour effet de lui donner une idée de la taille du cerveau d'un gobelin.
Ils s'éloignèrent du lieu du combat, et marchèrent vers la sortit du village. Harek trouvait très étrange que la chope n'ait pas été dans la tente. Où pouvait elle bien se trouver ? Il jeta un regard au Tueur. Ces types étaient connus pour avoir commis un acte irréparable, mais Harek était sûr que le Tueur ne recommencerai pas. Il l'avait sûrement mené là ou il pensé trouver l'objet, mais celui ci n'y était plus. Kregk tiendrait sa promesse. Des voix fluettes leurs parvinrent interrompant ses pensées :
-Cé euh, cé euh ! A l'atak !
Un autre groupe de gobelins courait vers les trois nains. Ils étaient beaucoup plus nombreux que les précédents. La plupart étaient habillés bizarrement : ils portaient des toques de cuisiniers, ainsi que des couteaux, ou des louches. Harek esquiva un premier assaut, se retourna et eu tout juste le temps de lever sa hache. Il bloqua la lame et contre attaqua en plantant son arme dans le gobelin. Il n'eut pas le temps de la dégager qu'il devait déjà parer un nouveau coup avec le manche de sa hache. Son poing décrocha la mâchoire de l'ennemi.
Il regarda autour de lui, et vit que les deux autres se débrouillaient bien. De nouveau il fut assailli, mais il eut le temps de sortir son pistolet et d'interrompre la course du plus proche gobelin. Il dégagea sa hache du cadavre... et sentit une douleur à sa jambe droite. Il baissa les yeux et vit qu'un couteau y était enfoncé. Il punit l'opportun en lui envoyant un bon coup de boule. Et il put enfin respirer, le combat était fini. Kregk saignait de plusieurs endroits, et Järk semblait quelque peu sonné, mais dans l'ensemble, ils semblaient en bon état, contrairement aux gobelins. L'un d'eux respirait encore, le Tueur s'approcha de lui. Harek pensait qu'il allait l'achever bien vite, Mais celui-ci se mit à lui parler :
- Tu sais où elle est la Chope de Grungni toi ?
- Ché pas d'koi tu parle sal nabo ! Crachota-t-il.
- C'est un verre où on boit d'la bière, elle est grosse et y a un G dessus. Si tu parle j'abrègerai tes souffrance, promit-t-il.
- A oué, c'te truk ! C eul' chef Bodok ki la... parti cherché eul' Shadock... lé plu la.
Satisfait, Kregk tint sa promesse, et envoya un violent coup de poing dans le visage du gobelin. En se relevant, il croisa le regard de Harek :
- Ben quoi, j'ai dis que je lui abrégerai ses souffrance, il a eut un peu mal sur la fin, mais c'était rapide au moins.
- Bon, sortons d'ici.
Alors que les trois compagnons sortaient du village, ils ne remarquèrent pas les ombres qui bougeaient derrière eux. Ils rejoignirent vite le reste de la bande, et leur expliquèrent la situation.
Lorsqu'enfin ils furent loin, il pénétra dans le camp que les mort-vivants affamés étaient déjà en train de saccager. Ils avaient même déterrés des gnomes tombés durant le combat, qui avaient été inhumés sur le bord du camp.
Un mouvement furtif attira soudain son attention. Avec une grimace sadique, ses babines largement retroussées, il approcha du gobelin éventré. Celui-ci était trempé de sueur, souffrant visiblement le martyr, les boyaux exposés au soleil. Il poussa un glapissement en voyant qu'il s'était révélé et tenta de se trainer à l'opposé du Skaven qui avança avec un calme mortuaire. Les incisives d'un skaven pouvaient tout trancher. Tout…
Tous ceux qui étaient encore en état de marcher, c'est à dire une petite quinzaine comme l'avait prédit Järk, se mirent en route vers la forêt. Ils avaient à peine marché une lieue, que déjà une scène bien étrange s'offrait à leurs yeux. Des dizaines d'elfes se tenaient devant eux, des elfes morts. Après que Kregk fit remarquer qu'ils étaient mieux ainsi, Harek se rapprocha. Il vit la bannière elfique qui traînait dans la boue. Une bannière bizarre, puisqu'il en manquait une bonne partie. Le phénix qu'arboraient fièrement les représentants du beau peuple semblait avoir été découpé. Mais pour qu'elle raison ?
- Ca sent l'orque ici, fit remarquer un nain, aucun doute là-dessus, c'est eux qu'on fait ça.
Alors Harek se rappela des paroles étranges du gobelin : « partit chérché eul' Shadock ». Pouvait-il y avoir un lien entre ce chef, et ces orques qui avaient massacré les elfes ? Si oui, pourquoi avoir emporté leur emblème ?
- Nous sommes surement sur une piste, dit-il, continuons par là, nous verrons bien ce qu'il en est.
*
Dans le sous-sol de la cabane isolée au cœur de la forêt, Mandrak restait songeur, assis sur une table où le cadavre de l'ermite s'agitait à chaque coup de dents du ridicule nécrophage. Il était de nouveau plongé en contemplation dans le regard vide du crâne de malepierre l'ayant ressuscité. La lame maléfique de Vashanesh avait pourtant percé de part en part, la cicatrice sur son thorax en témoignant. Il avait senti son âme s'effilocher alors que le puissant seigneur de la nuit partait d'un grand rire, toute la force vitale de Mandrak allant à son rival et assassin. Mais aujourd'hui il était là. Il n'existait nul lieu après la mort pour les damnés. Lui comme Vlad avaient bu avec avidité la coupe de l'immortalité, se condamnant à vivre mort-vivant pour l'éternité, ou rejoindre le néant sans aucun échappatoire.
Pourtant, la pierre l'avait rappelé… tout comme elle avait rappelé le chevalier vampire dont elle avait arraché la vie. La malepierre pouvait ramener à la non-vie les damnés condamnés au néant, désormais il en était persuadé. Et alors, il pourrait la ramener…
S'égarant dans ses pensées, le bras ensanglanté du corps l'effleura. Avec un appétit féroce, barbouillé de sang et du contenu des entrailles de l'humain, l'ancien enfant humain avait achevé une nouvelle métamorphose. Mandrak l'observa avec amusement. Les fragments de malepierre avaient eu un effet tout à fait imprévisible sur lui, la peau se détachant soudainement de son corps, mettant ses os et organes suppurants à nus, tout en régénérant ses blessures dues aux Skavens et autre mort-vivants. Qui savait quels autres effets secondaires les pierres du sorcier auraient sur lui ?
Le sorcier… Il fut de nouveau songeur un moment. Jamais auparavant un mutant n'avait été exposé aux fluides d'un seigneur de la nuit. Ce n'était qu'une goutte, mais tout comme cette amusante créature, qui pouvait prédire quels miracles elle engendrerait ?
Le regard calme, il se replongea dans sa contemplation, la créature parvenant à briser une côte au corps avec un craquement sonore, qui fut suivit par un glapissement de joie, triomphal…
*
Le voyage s'éternisait.
Depuis la petite escarmouche contre les hauts elfes, ils n'avaient rencontré personne, mis à part un berger, qu'ils avaient dévoré avec le reste de son troupeau.
Ils marchaient, encore et encore depuis des jours, mais un événement inattendu arriva dans un grand bruit :
- CHEF ! CHEF ! CHEEEEEEEEEEEEF !
Trois orques couraient comme des dératés, rattrapant le groupe qui s'était arrêté pour les accueillir.
- Vou ? Mé kess vou fouté la ? Leur hurla le chaman de la bande.
- On sé barré, c'été l'gro bitzouf au village'. Répondit le premier arrivé, hors d'haleine.
- Essplik sa toud'suit' sinon chte mé ma main dans ta tronch' ! Menaça Bodork.
- Bein ya l'nabot ki sé engeullé avek Kirk, puis Kirk ya voulu k'on lui met' sur la tronche, sa tombé bien on s'ennuyé, mais y nous zon mi eune grosse raklé et y z'on brulé le village' !
- KOAAAA ? Mon bô village' ? Cé nabots y von le payé!
De rage, Bodork fendait l'air avec sa hache. Il était vraiment en furie, et personne n'osait dire mot après cette explication.
Quelques secondes passèrent, et Bodork se remit un peu de ses émotions après avoir cassé plusieurs objets passant à sa portée.
- Et d'abor' ! Cé koa cé truc que vou portez ?
- Pendant la baston, on s'é battu cont' un nabot à poilavek des ch'veux orange, sa hache été magik' et a cassé no kikoup' ! Du kou on cherché un truc pour tapé, et on a ramassé cé truc qu'été par terre. Mé après on a vu k'sété pas fait pour tapé, é ya des nabot ki nous on kouru apré, en disan k'sété a eux cé machin. On s'é barré, et on a trouvé Burg, vous savé vot' larbin deumeuré là !
- Yé pa deumeuré ! Il sé obéïr' aux zordre korrec'men lui ! Répliqua Bodork en collant un coup de pied à sont interlocuteur.
- ARRRGH ! Pa tapé ! Pa tapé !
- Oui d'akor ! Mé ou il é Burg si vou l'avé vu ?
- On l'a viré, y nou f'sé chié avek sé kestion débil' ! Alor on lui a di ki s'débrouilleré pour vou r'trouvé. Donk on sé pa ou il é. Et vou avé une idée d'a quoi sa ser le machin k'on a ramassé ?
- Cé une r'balètte andouille ! Cé avek sa k'lé nabot y z'envoyeu des flèches ! Bon, maint'nan k'vou lé zavé, apprené à vous en servir !
Après la dispute, qui dura quand même une dizaine de minute, Bodork décida qu'il était tant de se remettre en route.
La nouvelle de la destruction du village qu'il avait mis tant de temps à constituer le mis en rage, mais il se demanda si cela ne constituait justement pas une épreuve de Gork et Mork, une épreuve pour lui apprendre que l'unification des orques ne passerai pas par ce village.
La notion de village était contraire à l'idéologie nouvelle de la Fowaaagh ! qui est la Waaagh ! universelle.
Mais bientôt, alors que la bande faisait une halte dans des bosquets pour chercher des bêtes des forets à manger (parce que c'est bon les piafs), un boy le tira de ses réflexions :
- Hey chef ! Jé trouvé kek'chose, vené voir derrièr' l'arb' la ba ! dit un boy en chuchotant.
Bodork le suivit, en espérant que ce ne soit pas pour une autre bêtise.
Mais il s'avéra que ses soupçons étaient infondés, car ce qu'il vit l'amusa au plus haut point :
De l'autre côté du bosquet, s'étaient installés trois roulottes, et des humains semblaient s'agiter tout autours d'elle.
Au centre du cercle formé par les roulottes et les tentes montées à proximité, se trouvait une demie douzaine de femelles humaines, vêtues d'étonnante robes à froufrou, qu'elles agitaient en l'air avec leur mains, et en levant les jambes très hauts.
Un homme semblait les encourager en jouant de la mandoline et en leur criant des choses comme « C'est bien les filles ! » ou comme « Vous seraient parfaites pour la foire de Ziegelheim ! ». Il portait un chapeau haut de forme dont le dessus était décousu, produisant l'effet cocasse d'un chapeau qui a l'air de bailler à chaque mouvement du porteur.
Plusieurs autres hommes étaient affairés aux obligations du camp.
Mais ce qui retenait le plus l'attention de Bodork, c'était la femme qui se tenait sur le marchepied de la roulotte la mieux décorée.
Cette femme portait des beaux vêtements et des bijoux de valeur.
Il n'en faisait aucun doute de par son regard sévère et hautain qu'elle était le chef de la bande.
Tout proche d'elle une fillette qui devait à peine avoir plus d'une douzaine d'années, semblait trépigner d'impatience.
Elle demanda quelque chose à sa mère, qui défigea son visage sévère en un tendre sourire maternel pour lui répondre, sous l'œil d'un mec sapé en barman qui regardait la scène.
Bodork entendit un bruit sur sa droite, et regarda autours de lui, et vit que d'autres orques s'était mis à observer le spectacle la bave aux lèvres, surtout les danseuses.
Il faut dire que depuis le départ du village, quelques jours avaient passé, et les orques savaient que cela allait durer encore longtemps à cause de la destruction du village.
Les femelles orques étaient certainement mortes dans l'incendie, et il n'est pas rare qu'en cas de situation comme celle-ci, les orques s'intéressent à d'autre race.
Bodork voulu leur dire de s'en aller, car il avait l'air ridicules à se cacher derrière des tout petits buissons alors qu'ils sont bien trop grand. Mais il ne pouvait pas leur dire car sinon il aurai été entendu des humains.
C'était un miracle que les boys n'aient pas déjà été repérés. Les humains étaient certainement trop occupé pour faire attention à quoi que se soit.
Il continua alors de regarder le campement. La petite fille, qui s'était mise à côté du bonhomme au chapeau haut de forme se mit à crier elle aussi :
- Les amis ! Regardez moi je vais faire mon numéros pour samedi !
-On t'attend ma chérie, vas y ! répondit sa mère.
La petite fille fit la roue, puis un geste étrange avec les doigts, et il se passa une chose improbable :
Un flot de flamme jaillit de son index et s'accumule devant elle pour former..... Un moineau enflammé !
Suite a cette invocation, Bodork eu tout de suite le réflexe, il sauta de derrière son buisson en hurlant:
« SHADOOOOCK ! »
A partir de ce moment, tout devint confus.
Les autres orques suivirent sans réfléchir.
Bodork sauta sur la petite fille, mais ne l'attaqua pas. Il l'attrapa et la posa sur son épaule, en la maintenant fermement. La gamine le frappa dans le dos, mais sans parvenir à lui faire un quelconque mal.
Il se retourna et cria : « Lé gars ! On s'kass ! »
Puis il s'enfuit en direction du bosquet, pour rejoindre ses armes, qu'il avait laissé de l'autre côté.
Les autres orques qui ne savaient plus quoi faire. Se battre contre les humains on s'enfuir ? Finalement ils se replièrent et suivirent Bodork. Pas tous, car le type au chapeau avait sorti une paire de pistolet, et avait abattu deux peaux vertes de balles entre les yeux.
Une fois arrivé après sa folle course, Bodork tendit la gamine au chaman, qui ne comprenait rien à la situation mais qui la pris quand même.
Notre chef attrapa ses armes et son balluchon, et dit :
- On né pour'suivi ! Ya dé zom ki s'amène paske jé piké cte gamine' ! On s'barre !
La poursuite fut longue, mais les orques parvinrent à distancer les humains.
Dans sa course, Bordork fut rejoint par ceux qui l'avait suivit dans «l’espionnage» du camp des humains.
Parmi eux, les imbéciles qui c'était amené avec les arbalètes. Deux était en train de porter des danseuses sur leurs épaules, le dernier était occupé à se tenir le postérieur. Il avait réussit par on ne sait quel maladresse a se planter un carreau dans une fesse.
Un des zigotos dans sa course s'approcha de Bodork et lui dit :
« Chef, C'été sa le fanch' Cancan ? »
*
Après l'escarmouche contre les orques, nous continuâmes vers le nord, et nous prîmes une pause sur l'ordre de Tenqualteq, qui avait besoin de méditer sur la route à suivre. Sa transe dura jusqu'à la nuit, et ne le prêtre semblait ne pas vouloir être dérangé. Nous montâmes donc le campement sous le couvert d'un amas rocheux, près de la lisière d'un petit bois, et les tours de garde furent organisés. Je pris le premier, et une brise rafraîchissante glissait le long de mon dos. Le ciel se couvrit peu à peu, on apercevait des nuages sombres dans la nuit, et il se mit à pleuvoir, au début des gouttelettes, qui se transformèrent rapidement en trombes d'eau...
La pluie continuait de tomber, je redoublais de vigilance. Le moment était trop bon pour une attaque, mais je ne pu confirmer mes craintes dans les minutes qui suivirent. La nuit était éclairée par la clarté de la lune, et soudain, j'entendis un léger bruit, presque imperceptible, mais mes oreilles aguerries par des années de combat ne me trompèrent pas, quelqu'un ou quelque chose approchait. Un bruissement dans les feuilles mortes finit de me convaincre, aussi je décidai de réveiller les autres, puis je pris mon arme...
Ma douzaine de saurus était prête, en ordre de bataille, parée à toute éventualité. Soudain, des carreaux surgirent des ténèbres, et un d'eux transperça la gorge d'un de mes guerriers qui tituba quelques instants avant de tomber lourdement dans le boue. Heureusement, la plupart se contentèrent de rebondir contre nos écailles ou les transperçant superficiellement, et les autres se heurtèrent à nos boucliers. Des cris jaillirent du bois, m'indiquant que les skinks avaient trouvés et attaqués l'ennemi, aussi nous sommes passés à l'assaut. Je vis un cadavre percé de dards empoisonnés, je l'observai un court instant et la nature de nos ennemis m'apparut clairement...
Les cousins déchus de nos alliés d'Ulthuan, les druchiis si ma mémoire est bonne, réputés comme cruels et insaisissables. Soudain, un de ces êtres bondit sur moi, je réussis à l'esquiver de peu, avant de trancher sa gorge d'un revers de ma lance, et celui-ci s'écroula sur le sol humide. Partout autour de moi la bataille faisait rage, et tous mes saurus se battaient férocement. Un d'eux était en difficulté, aussi je bondis d'un rocher sur le druchii avec lequel il était aux prises, l'empalant sur le sol brutalement, le tuant sur le coup. Je continuai mon massacre autour de moi, répandant les tripes de l'un, décapitant l'autre...
La bataille touchait à sa fin, et les elfes noirs avaient subis de lourdes pertes, mais nos écailles dures nous protégeaient des coups. Je pourchassai les ennemis en fuite avec quelques frères, tandis que les autres s'occupaient des blessés. Un des nôtres poussa un cri, aussi je me retournai. Je vit un druchii qui allait éventrer un saurus au sol. Soudain, l'elfe s'affaissa, criblé de dards, et j'eu le temps d'apercevoir son visage tordu de douleur, et son teint devint rapidement verdâtre. Derrière lui se tenait Sibli, sa sarbacane à la main, et ses skinks. Je tint le compte des pertes peu après : trois saurus et quatre skinks étaient tombés. Nous les ramenâmes au camp, et commencèrent aussitôt les rites funéraires qui leur étaient dédiés...
*
La nuit vient de tomber et la plupart des membres de notre caravane s'est endormie... Je reste seul, près du feu, un plume entre les mains.
J'observe mes camarades, enroulés dans leur cape. Une bande de vauriens, de rejetés, de rebuts... Les âmes damnées de l'Empire et de diverses sociétés humaines.
Louise a bien choisit le nom de son cabaret.
Nous étions la lie, elle a fait de nous le vin... Certes pas un nectar digne des rois, mais nous sommes devenus quelque chose, et nous lui devons tout. C'est pour cela que nous avons tous décidé de la suivre jusqu'en enfer s'il le fallait... Et depuis quelques semaines nous en avions pris le chemin...
Depuis cette nuit là...
Nous étions en route pour la foire de Ziegelheim afin d'y présenter un spectacle que nous préparions depuis des mois. Nous avions fait halte pour la nuit aux abords d'une forêt. L'endroit semblait sûr et, dans cette région de l'Empire, il n'y avait pas de menaces majeures comme celles auxquelles nous avions du faire face aux abords de la Drakwald par exemple... Nous avons donc décidé de faire une dernière répétition avant notre grande représentation.
La majeure partie des numéros s'est déroulée sans problème. Nous venions d'achever la démonstration de nos danseuses et Yasmine a souhaité s'exercer à nouveau.
Ah Yasmine... Notre rayon de soleil à tous. La fille de Louise. Notre réservoir de joie de vivre et de sourires. Les rumeurs les plus folles circulent à son sujet au sein de notre petit groupe, et son enfance ne semble pas avoir été facile... Cependant elle gardait l'innocence des enfants de son âge...
Mais ce soir là... Elle a été enlevée...
Tout s'est passé très vite. Elle venait de lancer le sort du « chardonneret flamboyant », comme elle aimait l'appeler, lorsqu'un puissant hurlement nous fit sursauter. Des orques sortirent soudainement des fourrés alentour et se jetèrent confusément sur nous. L'un d'entre eux agrippa Yasmine et ordonna le repli. Nous parvînmes à en blesser certains mais plusieurs des nôtres tombèrent. Leur cible était clairement la petite aussi, ils ne prirent pas le temps de se battre.
Pistolets au poing, je me lançai à leur poursuite aux côtés de Vigo qui considérait Yasmine comme sa propre fille, pendant que Louise criait des ordres au reste du groupe pour organiser la chasse.
Mal préparés, mal équipés et surpris, les orques nous distancèrent facilement. Vigo et moi nous fûmes rattrapés par un petit groupe de nos amis mais il était déjà trop tard.
De retour au campement, la décision fut prise d'envoyer nos deux meilleurs chasseurs, Bleizh et Bran, traquer le groupe d'orques. Ils nous serviraient d'éclaireurs et nous pourrions les suivre à distance.
Nous avons pris le temps d'enterrer nos morts et à peine celui de les pleurer... Puis nous sommes partis...
Depuis nous sommes sur la route, voilà des semaines. Nos rêves de gloire ont été mis de côté pour retrouver la fille de celle qui nous a tiré de notre misère... Et ce même si nous devons rejoindre les kidnappeurs dans les ténèbres où ils ont décidé d'aller...
Re: Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Mer 14 Nov 2018 - 0:21
Extrait de « Mes Mémoires », carnet de voyage de Harek :
Cela fait plusieurs jours que nous avons quitté le village des orques. Au moment où j'écris, je suis assis devant du feu, avec Khyl. Kregk vient de me réveiller, c'est à mon tour de monter la garde.
D'après ma carte, nous n'allons plus tarder à arriver à proximité d'un village, et je n'en suis pas mécontent. La forêt, c'est bon pour les elfes et les orques. En plus, les arbres, c'est pas bon pour la santé, c'est ce que disait mon oncle Guldir... avant qu'un chêne ne lui tombe dessus. Après il ne disait plus rien du tout, le pauvre.
Il faudra acheter des armures et de nouvelles armes. J'espère que ces Umgi* auront des objets de bonne qualité. Il ne faut pas trop compter là-dessus, avec ces gars là.
Ce soir, c'est Järk qui a pris le premier tour de garde, accompagné par le plus jeune d'entre nous, Tjdorh. J'ai enfin pu me reposer tranquillement, au moins pendant quelques heures.
Je finirai donc là dessus, en espérant pouvoir continuer ce carnet dans les jours à venir, mais j'ai comme un mauvais pressentiment. Et vous, oui vous qui lisez ce carnet, vous qui m'avez suivi jusqu'ici, vous qui avez prouvé être digne de lire ces ligne, j'ai une question pour vous :
Croyez-vous au destin ?
Lorsque Harek ouvrit les yeux, Kregk était penché sur lui. Pendant un court instant il eut peur. Il faut dire que le Tueur n'avait pas une tête d'ange, avec ses cheveux et sa barbe orange, auxquels s'ajoutaient divers reste du Kuri mangé il y a quelques heures. Ajoutez à cela un sourire révélant des dents jaunâtres, et parfois même pas de dents du tout, et l'odeur de sueur qui se dégageait du nain, et vous avez... une crise cardiaque !
- Que se passe-t-il ? demanda Harek, une fois la surprise passé.
- Pas grand chose, à part quelques lièvres qui sont passé nous voir, j'en ai profiter pour remplir le sac de provisions, répondit le tueur, enfin bon, c'est ton tour chef.
Le jeune noble se leva péniblement, et sortit de sa tente. Le feu semblait sur le point de s'éteindre, mais Khyl, un des arbalétriers avec qui il passerait les trois prochaines heures, avait rapporté du bois. Tous les autres dormaient. Il s'assit à même le sol, et déplia une carte de l'Empire. Il l'étudia pendant plusieurs minutes, puis en déduisit une position approximative de leurs cibles.
-A ton avis Khyl, vers où se dirigent les orques ? Nous avons beau les poursuivre depuis des jours, je mettrai ma mains à couper qu'ils ont au moins deux jours d'avance sur nous.
L'intéressé parut surpris que le noble lui demande son avis.
-Et bien, d'après les trace que nous avons relevé, ils semblent se diriger vers l'ouest. Je ne vois pas très bien ce qu'ils veulent, ni où ils vont, mais une seule destination semble probable : La Cité des Damnés.
-Mordheim ? Que vont ils faire là bas. Ils se fichent pas mal des trésors qu'ils pourraient y ramasser.
Même s'il n'en laissait rien paraître, Harek était inquiet. Il avait déjà entendu parlé de cette cité. Certains nains en était revenus, riches pour certains, morts pour les autres. Il avait entendu dire que ce lieu avait été maudit par le Dieu humain, celui là même qui avait aidé son peuple, des siècles auparavant, à combattre une terrible armée d'orques.
Tout en réfléchissant, Harek sortit un carnet, et commença à écrire. Il le rangea au bout de quelques minutes, et se mit a observer les alentours du campement, guettant le moindre bruit. Les heures défilèrent, et bientôt il pût retourner se coucher.
Nous étions autour du feu de camp, tous réunis, pour mettre au point ce que nous savons sur nos poursuivants, nos ennemis, notre but. Tenqualteq recevait en ce moment même un message télépathique du slaan Inuiquinzi, nous en saurons surement plus tout à l'heure.
-Commensssons,dis-je.
Fertinzi prit le premier la parole.
-Nouss pourrrions dire que cess sutpides orques doivvent être en quêête de vengeansse.
Chacun donna son opinion à tour de rôle, et il ressortit vite nos ennemis potentiels. Des orques nous poursuivent surement à l'heure actuelle, des druchii pour on ne sait quel motif, et nous poursuivon donc un des femelles, une mère avec sa fille, dont nous ne savons rien. La situation n'était pas très encouragente, mais nous ne devions pas échoué.
Soudain, Tenqualteq vint vers nous la mine grave, ayant fini sa méditation.
-Less drucchii nous pourssuivent égallemennt le médaillon, pour l'uttiliser avec leurr immonde magie, et ilss penssent que nous l'avons. Malgré cett ennui, Ulthuan, selon Inuiquinzi, aurait des guerrriers ici, qui pourrront nous aider facce aux drucchii.
Il prononça ce dernier mot avec une haine qui ne lui ressemblait pas...
Ils avaient couru pendant longtemps. À travers les bois la plupart du temps, parfois dans les champs lorsque la forêt faisait place à la plaine. Ils avaient suivi les étoiles et la lune noire, toujours vers l'Est. Kerrhog n'avait jamais voyagé si loin du territoire de sa harde, mais il n'était pas inquiet. Il était en pèlerinage pour les Dieux, et nul ne pouvait se mettre sur son chemin.
Après dix jours de voyage, l'air s'était chargé de magie, au fur et à mesure que la cité déchue se faisait plus proche. Kerrhog la voyait dans ses rêves, il marchait dans ses rues désertes et désolées, à la recherche de quelque chose. Il entendait une voix dans sa tête, tantôt impérieuse, tantôt suppliante, l'incitant à se rendre au cœur de la ville, là où le cadeau des Dieux l'attendait. Chaque nouveau rêve le menait un peu plus loin dans le dédale des ruines et chaque réveil était plus difficile que le précédent. Il savait que ses guerriers étaient également affectés par la proximité de la cité, et Morkhag plus que tout autre. Le chamane parlait souvent durant son sommeil dans une langue inconnue du Wargor, mais prétendait ne se souvenir de rien après coup. Kerrhog savait qu'il mentait, mais ne pouvait pas le forcer à lui révéler ses visions. Pas encore.
À présent, ils n'étaient plus seuls. Beaucoup de guerriers convergeaient vers Mordheim, seuls ou en petits groupes. Des humains bien sûr, mais également des nains, des ogres et des peaux-vertes. Kerrhog avait même entrevu des hommes-rats et d'autres créatures encore plus étranges se diriger vers la cité. Il savait que tous poursuivaient le même but, même si ils n'en étaient pas conscients. Tous répondaient à l'appel des Dieux, à cette voix qui résonnait dans son crâne. Tous devenaient des adversaires mortels à vaincre pour accéder à l'ultime récompense, mais Kerrhog était confiant en sa force. Lui et sa harde pénétreraient bientôt dans la ville, et malheur à qui se dresserait sur leur route.
Encore une nuit près du feu... La fatigue nous gagne et ma plume s'en ressent. Notre traque dure depuis des semaines et nous ne semblons pas rattraper le retard que nous avons sur eux. Nous sommes lourdement chargés mais il n'était pas question d'abandonner les roulottes et le matériel.
Je ne sais pas si je dois écrire « heureusement » mais toujours est-il que nous connaissons leur destination. Lorsque le nom de cette ville maudite a été évoqué, un frisson d'horreur est passé dans le camp...
Pourquoi cette bande de sauvages a-t'elle décidée de se rendre droit en enfer... Je n'arrive pas à me l'expliquer, et les informations que nous avons réussi à soutirer à notre nouvelle « recrue » sont plus que floue.
Oui, nous avons un nouveau compagnon de route, même si cela ne me plait pas. Louise a toujours été tolérante et, après tout, le cabaret n'est qu'un ramassis de parjures, de hors la loi et autres rejetés, mais nous venons de franchir un cap dans l'acceptation des différences. Nous voyageons avec un orque.
Cet imbécile tentait lui aussi de rejoindre le groupe que nous poursuivions, et c'est nous qu'il a rattrapé. Il nous est tombé dessus de nuit, comme si c'était une tradition dans leur tribu... Mais seul contre le cabaret, il n'a pas pu faire grand chose. C'est Vigo qui l'a eu, d'un grand coup de marteau derrière la tête. Une sacré gueule de bois que ça lui a fait à la grenouille!
Au réveil nous avons été assez persuasifs pour qu'il nous raconte ce qu'il savait... Une sombre histoire de shadock que je n'ai pas franchement saisit... Je me rappelle juste avoir entendu un cri similaire lors de l'enlèvement de Jasmine.
Louise a été particulièrement convaincante et a réussi à faire gober à ce « Burg » que nous étions en chemin pour rejoindre, pacifiquement, ses amis. Sa fille était d'ailleurs avec eux de son plein gré en tant qu'émissaire du Grand Shadock, ou quelque chose de ce genre... A voir le visage ahuri et admiratif du crapaud, il n'a eu aucun doute.
Depuis Burg nous sert de guide.
Il n'est pas désagréable et même plutôt de bonne compagnie... Du moins pas pire que nos autres compagnons. Le seul réel point néfaste est le niveau sonore que peuvent atteindre ses ronflements! Si je suis, en ce moment même, en train d'écrire ces quelques lignes, des poches sous les yeux et le verbe bien moins sûr qu'à mon habitude, c'est que le grognement permanent qui émane de l'endroit où Burg s'est allongé m'empêche de trouver le sommeil. Il a pourtant eu la gentillesse de se coucher un peu à l'écart du camp...
Pourtant il va bientôt nous falloir toute notre attention et tous nos réflexes... Car il y a quelques jours Burg s'est souvenu du nom de la ville que ses congénères tentent actuellement de rallier. Le silence s'est soudainement abattu autour du feu. C'est un nom que je peine à écrire sur ce journal... Car désormais nous savons que nous nous rendons à Mordheim... La cité des Damnés...
Le lendemain matin, nous sommes repartis en direction de Mordheim, car c'est là-bas, apparemment, que se trouve le médaillon de Xualatipeq. Nous sommes donc sur nos gardes, car peu de choses se sont passées comme prévu depuis le début du voyage, de nombreuses embuscades entre autres.
- Nouss ssommes à mmi-cchemin de Morrdheim, nous annonce Tenqualteq, maiss nos épreuvves commenssset à peine...
Skrash observa le manège du mort-vivant avec une curiosité non feinte. La pitoyable créature était méconnaissable depuis le début de sa métamorphose. Une corne d'os massive avait poussé sur le côté de son crâne, déchirant le vêtement sombre dont le vampire l'avait affublé. Lui aussi se désintéressait momentanément des corps des elfes pour étudier le comportement imprévisible de son immonde familier. Contrairement aux goules ou à leurs récentes recrues de petite tailles, il ne c'était pas rué sur les corps. Non il avait erré un moment, se déplaçant en tanguant tel un manchot entre les corps, avant de s'immobiliser devant le cadavre d'un porte-bannière à l'armure défoncée. Mais là encore il avait ignoré les tripes à l'air de l'elfe, et avait vigoureusement agrippé le manche de la bannière.
Immobile sous la lune, Skrash discerna le sourire amusé qui ornait les traits du vampire se caressant machinalement le menton, alors que partout autour d'eux montaient les bruits horribles de mastication écœurants, succions, moelle qu'on aspire de leurs habitacles. Dans une odeur d'entrailles mise à nu sous la lune qui faisait frémir les moustaches du skaven, Mandrak avança et, attrapant l'extrémité du tissus soyeux de la bannière avec laquelle la créature lutait pour lever son sinistre trophée, il arracha ce qu'il restait d'étoffe et contempla un moment ce qu'il tenait à la main. Le phénix, emblème de cette race, avait soigneusement été découpé. Il eu un léger rire en imaginant les orques violer le symbole des oreilles pointues alors que son familier poussait des glapissements ravi en agitant le support de la bannière en tout sens. Il frappa sur le crâne l'un des gobelins aux poignets plongés dans un cadavre froid, le menton dégoulinant d'hémoglobine, un morceau d'intestins dépassant entre ses petites dents pointues.
Au campement fortifié des orques il avait lut dans les entrailles de l'une des peaux vertes, et après quelques minutes de silence, avait relevé une trentaine des plus petit personnages, pour le plus grand plaisir de son aberration de compagnie. A la bâtisse de l'ermite il avait laissé une vingtaine des morts-vivants humains, peut discrets, le skaven partant en avant chercher un refuge pour la prochaine nuit.
Des le lendemain, le sorcier skaven du clan Kaere rattrapa les nains qui avaient ravagé le campement, avançant lentement et trainant de lourds paquetages. De nouveau allongé au sommet d'une colline, il observait ces créatures vivant habituellement dans les montagnes. Ils étaient absolument tous pourvu d'une imposante toison de fourrure sur la partie inférieure du visage. L'hurluberlu arborant une crinière rousse beuglait et riait si fort que Skrash l'avait entendu bien avant de sentir leur présence,e t ce malgré son odorat sur développé. Cependant, l'un des guerriers nains pointa soudain son doigt boudiné dans sa direction en frappant son voisin du coude. Le mutant retroussa les babines et dégout et hérissa le poil, avant de brusquement faire volte-face et détaller dans les collines. Un conflit ouvert sans malepierre ni l'autorisation du vampire lui aurait probablement coûté cher...
Froech était le plus jeune de la bande. Originaire du Nord des montagnes, il venait d'avoir cinquante ans. On peut distinguer deux classes de jeunot : ceux qui écoutent les conseils des autres, qui obéissent au doigt et à l'œil, et qui forgent leur opinion sur celui de leurs ainés. Accessoirement, la plupart de ces jeunes sont aussi des mauviettes qui attendent leur premier combat comme si on les envoyait à l'abattoir, même s'ils se battent courageusement.
Froech, lui, faisait parti de l'autre classe, celle des braves que le courage menait bien souvent à la témérité. Il était de ceux qui font leurs propres expériences, ceux qui écoutent et respectent les anciens mais préfèrent se faire leur propre opinion sur le monde. Il avait savouré le combat contre les orques, s'était jeté dans la bataille corps et âme, provoquant ses ennemis et négligeant même son bouclier, dont il se servait comme d'une arme pour frapper son adversaire, laissant le soin à son armure de le protéger. Malheureusement, il s'était bien vite rendu compte que c'était une erreur lorsqu'il avait senti que le poing d'un orque avait défoncé son plastron au niveau de la poitrine (celle-ci s'en souvenait encore d'ailleurs !).
Le jeune poil-au-menton n'avait peur de rien. Il prenait d'ailleurs exemple sur Kregk, même si le Tueur n'était pas vraiment un modèle approprié, et aimait à écouter ses récits d'aventure et de chasse au dragon.
Ainsi, lorsque Harek leur avait annoncé qu'ils se dirigeaient vers la Cité des Damnés, il avait regardé son compagnon à crête, et avait essayé de calquer le même sourire sur ses lèvres, tout en paraissant sûr de lui. Ce qui n'avait que moyennement fonctionné. Comme tout le monde, il avait entendu des histoires, qui se rapprochaient plus du mythe pour certaines, sur cette cité. De plus, il venait de comprendre pourquoi le Tueur souriait : l'argent et les richesses que contenait la cité ne l'intéressaient que peu, mais il était à peu près sur d'y trouver la mort et ce, face à d'horribles monstres et en endurants de terribles souffrances. Quoi de plus engageant ?
Ils s'étaient donc remis en route, le cœur et l'esprit emplient de doutes pour la quasi-totalité du groupe, la crête au vent et les mouches collées aux dents tellement il souriait pour le dernier.
Après deux jours de marche, ponctués de quelques arrêts, le temps de reposer leurs jambes douloureuses et de satisfaire quelques besoins naturels, la petite bande (et non pas la bande naine comme disent certain plaisantins) monta enfin un campement pour la nuit. La Lune avait déjà pris la place de son confrère dans le ciel, et l'obscurité commençait à gagner du terrain.
Froech était de garde. S'ennuyant ferme, il avait sortit une hache de jet flambant neuve de son sac et s'était mis à l'astiquer, pas que celle-ci n'en ai vraiment besoin, mais comme tout les nains, Froech aimait les objets brillants. Son père, forgeron de son clan, la lui avait offerte lors de son départ pour rejoindre la bande d'Harek. Il ne s'en était encore jamais servi, mais il se dit en voyant un lapin à l'air effrayé, que celui-ci ferait parfaitement l'affaire pour un premier essai. Il empoigna son arme, ne prenant même pas la peine de viser, et rabaissa son bras en lâchant la hache au passage. Celle-ci tournoya rapidement en direction de la bête, et passa à un cheveu de sa tête, la faisant détaler à toute vitesse. Le jeunot grommela, la hache avait disparue dans la pénombre des arbres, que le feu n'arrivait pas à percer. Il se leva et marcha vers les arbres.
Froech regarda derrière lui : les flammes continuaient de lécher le bois de leurs langues incandescentes, mais elles paraissaient très lointaines. Le nain continua d'avancer dans le noir qui se faisait de plus en plus oppressant. Soudain, son cœur s'emballa, il arrêta de respirer et s'immobilisa. Là, devant lui, deux yeux qui l'observaient. Froech remarqua immédiatement que ce n'était pas un animal normal. Il pouvait distinguer une lueur d'intelligence dans ce regard. Soudain la bête siffla et se jeta sur lui. Malgré son poids, le jeunot se mouvait plutôt rapidement ce qui lui permit d'éviter les crocs acérés de la bête qu'il pouvait deviner malgré l'obscurité. Un second assaut lui fit toutefois perdre l'équilibre, et il se retrouva vite à terre. Il recula précipitamment et s'arrêta lorsque sa main buta contre un objet. Sa hache ! Il l'empoigna fermement et la lança sur son ennemi qui se ruait une nouvelle fois sur lui. La bête gémit et d'après ce qu'entendis Froech, s'enfuit précipitamment. Le nain se remit rapidement debout, s'attendant à revoir surgir l'animal. Au bout de quelques secondes, il fit mine de repartir vers le campement, pour finir par courir.
Lorsqu'il arriva au campement, le nain qui était de garde avec lui le fixa d'un air étonné. Apparemment, il n'avait rien entendu. Froech se précipita dans la tente d'Harek pour le réveiller.
Celà fait une heure que nous marchons, sous un soleil de plomb. Ce n'est pas bon pour nous, lézards à sang froid, aussi avons nous pris le risque de tomber dans un piège, en continuant notre route sous le couvert des arbres bordant la route. Ma foi, ceci est fort rafraichissant. Notre progression a été elle aussi facilité, car nous nous mouvons plus aisément dans les arbres et les racines. Ca semble trop beau pour qu'il n'y ait pas quelque chose de mauvais dans l'air...
Deux heures de plus à courir et slalomer entre les arbres, et nous étions à peine fatigués. J'aperçois d'ici la lisière de la forêt, nous continuerons donc sous ce terrible soleil.
- Preneez gardes, dis-je, ce serait le lieu idéal pour une embuscade.
Nous sommes sortis de la forêt et...... rien. Rien n'est arrivé. Rien ne s'est passé. Mes craintes n'étaient pas fondées, et heureusement ! Comme quoi, nous pouvons avoir de la chance sans qu'il y ait un coup fourré derrière...
Nous sommes désormais en fin de journée, et l'eau pure mais aussi les vivres commencent à manquer. Pour pouvoir se ravitailler jusqu'à la fin du voyage, Tenqualteq organise plusieurs groupes chargés de chasser, chercher de l'eau pure et trouver un abri pour la nuit. Avant de partir, nous avons pris une pause, pour pouvoir se revigorer avec ce qu'il nous reste à boire, pour pouvoir se donner le plus possible à la recherche de vivres...
*Passage dans la peau de Sibli, skink à grande crète pour les parties qui suivent.*
Mon groupe, composé de moi-même, Sibli, de Tincqi et Wincqi, deux éclaireurs skinks, a été chargé de trouver un endroit propice au sommeil de la cohorte. Nous avons pensé que le meilleur lieu serait en forêt, donc c'est dans un bois non-loin que nous avons commencé nos recherches. Après avoir quadriller les alentours pour ne pas avoir de mauvaises surprises, nous entrons dans la forêt. Il en ressortit assez vite un lieu, un clairière pour être précis, qui convenait à nos attentes. Un panneau nous a signalé son appelation, soit « clairière de Clairbois », et j'ai trouvé que ça lui allait très bien ! Au milieu siège une petite maison bancale, avec quelques humains males autour...
En nous approchant, nous voyons que ce n'est pas des humains... mais des zombies. Ils errent de ci de là, sans but. Nous ne connaissons pas bien les zombies, aussi nous nous sommes arpprochés prudemment de leur position. Un zombie se retourna dans notre direction, loucha sur nous, et... se retourna. Voyant leur stupidité et leur lenteur, nous passons tout de suite à l'attaque. Nous dégainons nos sarbacanes et libérons une pluie de projectiles mortels sur les zombie. Nombre d'entre eux s'écroulèrent et nous nous ruons sur les survivants. Je bondis en avant, en clouant un sur le sol de ma dague. Je me retourne, et les zombies commencent à réagir. Je ne perds pas de temps et je me jette sur les autres. Tincqi et Wincqi se débrouillant très bien, je me concentre sur mes adversaires, et je trance un bras de l'un, coupe en deux un autre...
Quelques minutes plus tard, plus aucun zombie n'est debout. Nous nous apprêtons à visiter la cabane, quand nous entendons un gémissement derrière, et nous constatons avec horreur que tous les zombies commencent à se relever ! Nous chargeons donc, et nous répondons leurs membres sur le sol humide de la clairière, déjà couvert de sang vermeille. Nous les massacrons donc pour la seconde fois et ils se re-relève. Après une bonne demi-heure de lutte, nous étions à bout et les zombies commencent à nous submerger. J'évalue rapidement la situation, nous sommes fatigués, il ne reste que peu de temps avant que les morts nous fassent passer au même état. Il doit bien y avoir une solution, me dis-je. C'est à ce moment là que j'aperçois, à l'autre bout de la clairière, un de ces monstres, armé duquel jaillit une lueur verte, la même que celle des corps des zombies qui se relèvent sans cesse.
- Couvvrez-moi, lançai-je à mes compagnons.
Ceux-ci rassemblèrent leurs dernières forces pour occuper les zombies...
Je m'élance vers la maison et grimpe en quelques secondes sur le toit. Je n'avais pas le droit à l'échec, la vie de Tincqi et Wincqi dépend de moi. Le zombie est loin, mais je peux l'avoir. Je sors ma sarbacane. Je vise. Je souffle. Le projectile sort à toute vitesse... et transperce le cerveau moisi du zombie, qui s'écroule lourdement dans la poussière. Les zombies aux prises avec mes skinks explosèrent dans une gerbe de sang, aspergeant goulument mes acolytes.
- Finalement, cet endroit n'est pa ssi propissse, dis-je...
A la mi-journée, il parvint finalement à trouver une ruines dont les entrailles satisferaient le mort-vivant, et rebroussa chemin. Cependant, à peine après avoir dépassé de nouveau les nains, et cette fois prit garde de ne pas être repéré, chose aisée grâce à ses sens largement supérieurs aux leurs, ils flaira l'odeur de chair en état de putréfaction qui peut à peut devenait habituelle pour lui. En moins d'une chandelle il fut sur eux. Les créatures mortes-vivantes se trainaient dans sa direction, avançant d'un pas lent et sans conviction. Un nuage d'insectes les entouraient à présent, les suivant comme une ombre morbide. Mais ils s'immobilisèrent en le rejoignant, et restèrent debout, immobile, sous l'œil étonné du skaven aux moustaches que l'odeur faisait frémir. Il balaya nerveusement le sol de sa queue. Visiblement le maître avait décidé qu'ils parcourraient une plus grande distance cette nuit, car sans ces cadavres réanimés la distance qu'ils auraient déjà parcourus était bien plus importante. Hérissant le poil, il s'élança de nouveau vers le nord, les créatures reprenant aussitôt leur avancée sans but, poussés par la volonté implacable du vampire nécromancien.
Il fut de retour aux ruines peut avant le couchant, et, pour la première fois depuis bientôt quatre jours, se roula en boule et put se reposer, la fatigue des aller-retour pour analyser la région avant l'arrivée de Mandrak saisissant la moindre parcelle de son corps. Ainsi lové dans les entrailles du bâtiment, il s'endormit instantanément. Il avait dut réaliser un large détour pour éviter des nabots barbus, car les cadavres n'avaient nullement le réflexe de se dissimuler ou contourner l'ennemi, se contentant de suivre la direction la plus rapide pour suivre le skaven.
Un peut avant minuit, Mandrak dévisagea avec un rictus méprisant la créature recroquevillée sur la pierre froide. Ses flancs amaigris ces derniers jours ondulaient au rythme de son souffle sifflant. L'homme-rat ne perçut à aucun moment la présence du vampire et son familier serrant contre le lui la hampe de bannière. Le crâne lumineux contre sa hanche, le seigneur nocturne tendit un index osseux et aux veines visibles sous sa peau blême. Murmurant du bout des lèvres d'anciennes paroles, la température de la pièce chuta brusquement, une légère brise animant les poussières.
La fourrure sombre du skaven frémis lentement, et sa queue ondula doucement. Lentement, une silhouette blafarde et silencieuse prit forme, gémissant et implorant sans bruit l'invocateur. Mais celui-ci, implacable, désigna le corps, et, mue par une volonté supérieure, l'esprit fut poussé vers le corps frémissant. Un halo de lumière nimba la jonction entre le spectre et le sorcier, mais, malgré les cris d'agonie inaudibles et ses supplication, l'essence du revenant se déversa dans le corps. Peut à peut sa taille diminua, seul son visage restant apparent.
Soudain Skrash repris conscience et bondit sur ses pattes, fouettant l'air entre Mandrak et lui et le menaçant instinctivement de ses crocs. Mais alors que la créature difforme a son côté se précipitait contre les bottes de son maître, celui-ci les ignora tout deux et acheva son envoûtement, les résidu de l'invocation brutalement inspirés par les narines du skaven. Ses yeux s'écarquillèrent subitement et il s'écroula en suffocant. Misérablement, il agonisa quelques instants sur le sol, aux pieds du vampire souriant.
- Je t'avais prévenu. Je t'apprendrais à me craindre. On ne refuse pas mes présents, déclara-t-il en virevoltant soudain.
En geignant, la créature enfoncée dans sa capuche de gobelin se précipita gauchement sur ses talons, traînant sa hampe derrière elle, rebondissant et raclant sur sol à chacune de ses petites enjambées.
Les minutes défilèrent, paraissant des heures à la créature. Il sentait... il sentait cette présence en lui, ondulant furieusement afin de se libérer de cette enveloppe la retenant, meurtrissant le sorcier homme-rat. Son corps s'agita de spasmes violents, une sueur gluante suintant de chaque pores de ça peau. Il sentait cette présence, là, contre lui, violant chaque parcelle de son corps, menaçant de l'anéantir, ravageant son corps... et soudain sa colère prit le dessus.
Guidé par une froide détermination forgée au cours des années écoulées dans la lutte de chaque instant de la nation skaven, Skrash écrasa soudain l'autre esprit, le broyant sans pitié avec une puissance qu'il ne se connaissait pas. Alors que l'instant précédent il se mourrait, il avait anéanti de sa simple volonté l'esprit ayant profané son corps. Encore tremblant, il se redressa, sa queue gisant mollement dans son dos. Ses moustaches pendantes frémirent. Et, lentement, il prit conscience d'une énergie jaillissant soudain en lui. Il redressa son museau allongé, chaque partie de son corps s'agitant de cette force l'investissant. Il gronda d'orgueil, et bondit soudain hors du sous-sol.
Une jambe en balancier, Mandrak attendait patiemment l'arrivée du sorcier depuis une hauteur. Un sinistre sourire s'étira sur ses lèvres comme l'homme-rat déboulait soudain et bondissait dans sa direction avec une colère palpable. Tout crocs et dagues à nus, il se rua sur Mandrak... et s'immobilisa aussi soudainement face à lui qu'il était apparu, faisant trébucher de surprise la créature osseuse et suintante qui s'emmêla dans son vêtement en poussant de petit cris. Grimaçant de rage, chaque partie de son corps tendue à se rompre, Skrash fusilla le vampire du regard.
- Tu ne pensssais pas qu'en t'offrant mes dons je te laissserais me trahir, susurra-t-il sans s'offusquer des efforts du skaven pour défaire les liens invisibles le retenant. Inutile de te démener, créature velue, cracha le vampire. Les liens qui te retiennent ne sssont pas matériels. Ils sont isssi... déclara-t-il doucement en touchant de l'index la tempe de la créature. ET ICI ! Cracha-t-il soudain en arrachant la moitiés de l'oreille droite du sorcier d'un mouvement vicieux de l'index dans une gerbe écarlate.
Mandrak se releva et dirigea dans la foulée sa cohorte morte-vivante au nord, laissant le skaven désemparé dans la ruine. Seul demeura avec le familier monstrueux, observant bêtement le mutant des deux boules rougeoyantes lui servant d'yeux. Laissant son étrange hochet au sol, il approcha timidement, et tendit un doigts osseux comme l'avait fait plut tôt son maître. L'œil jaunâtre et tacheté de vermeil du rat mutant se tourna brusquement dans sa direction, et l'instant suivant aberration osseuse roula a plus d'un mètre en piaillant, la queue noueuse et puissante de Skrash ondulant avec vivacité autour de lui. Il se tourna lentement vers l'astre lunaire, et ses babines se retroussèrent se colère, dénudant ses crocs.
Cela faisait deux jours que les orques couraient toute la journée, pour éviter que les humains qui les poursuivaient ne les rattrapent.
Cependant Bodork ordonna une pause. Il semblait avoir distancé les humains, de toute façon il pensait que ceux-ci n'irai de toute façon pas bien vite a cause de leurs roulotes.
- Stooooop ! Cé la poz' ! »
Bodork posa la fillette qu'il avait capturé qui se trouvait attachée dans son dos pendant les voyages. Il la regarda, et vit qu'elle pleurait.
Il décida de lui parler pour la première fois depuis qu'il l'avait enlevée :
- Pourkoi euk'tu chiale toi ?
- Vous voulez me manger ! répondit la petite en sanglotant à chaude larme.
- T'mangé ? MOUHAHAHA ! K'est y fait dir' ça ?
La gamine pointa alors sont doigt sur les autres orques qui s'étaient assis pour profiter de la pause : Tous lorgnais les danseuses enlevées (qui avait été ligotés et bâillonnées) avec la bave aux lèvres.
L'un d'eux détourna sont regard vers la petite fille terrifiée, et passa sa langue sur ses babines.
- Pourkoi k'vou rgardé les zumaines kom ça ?
- Kourir pendan 2 jour' tout' la jour'né ça kreuse le stoma ! répondit un orque qui était proche de son chef.
- N'y pensé mêm pa ! Il est or de kestion k'vou fouté vos pat' d'su ! Hurla Bodork. D'ja ke je vou zé pas permi de les piké au zom alor...
L'orque noir se leva pris les danseuses qui le regardaient terrifiées, et les mis en sécurité avec la fillette près de l'endroit ou il avait posé ces affaires.
- Vou zinkiété pa tan ke je sui là yora pa de problèm'.
Il fit durer la pause pendant une deux heures, et il voyait que les humaines le regardait avec une sorte de confiance désormais.
Il desserra leurs liens et enleva leur baillons, en leur faisant promettre de pas trop l'ouvrir pendant le voyage.
Il passa la première demie heure de la pause à expliquer aux femmes pourquoi il avait enlevé la fillette dont il connaissait désormais le nom, Yaks'min
Il leur expliqua également qu'il était hors de question que ses boys fassent du mal à "l'émizaire du gran shadock é cé zamie".
Il leur promis de les rendre a leurs semblable une fois la pierre de charisme trouvée.
Ce n'est pas la première fois qu'il se montrait "clément" avec les captives, déjà la première nuit de leur capture, lorsque le groupe s'était arrêté pour dormir quelques minutes, il avait foutu un bon coup de poing sur le crâne d'un orque qui s'empressait d'arracher les vêtements d'une des danseuses, visiblement pour abuser d'elle.
Depuis ce temps il garde toujours un œil sur le comportement de ses boys.
La suite de la pause était destinée à dormir, enfin en théorie.
Tout le monde dormait, sauf Bodork, qui ne veillait que d'un œil. Au bout d'un certain temps, il entendit un cri, et illico il était de nouveau sur pied.
Il vit qu'un orque s'était jeté sur une des danseuses avec un couteau à la main. Notre chef, se jeta sans arme dans la mêlée pour venir en aide à la femme en détresse : Il repoussa l'agresseur d'un grand geste et l'envoya valdinguer 2 mètres.
- Toaaaa ! Ke feuzé tu a cet' femme ?
- Mé chèf ! Jé faim é elle est tro apétissant' ! J'me disé kon pouré mangélé jamb', elle s'en serve' pa puisqu'on lé porte !
- GRRAAAAAA ! Jé dit non !
Bodork attrapa la gorge de l'impertinent pour l'étrangler. Celui-ci se débattit, mais ne pouvait rien contre un orque noir. Lorsque le gêneur s'arrêta de bouger, il le jeta au sol. Il fit que tout le monde était réveillé et le regardait.
- Ke ceci vou serv' d'examp' ! En attendan, ya d'la viand' fraiche au menu mé zamis !
Il se retourna pour voir si la danseuse n'avait pas de blessure, celle-ci l'attendait sans égratignures. Yasmine s'approcha, lui fit signe de s'abaisser, ce qu'il fit, et lui déposa un bisou sur la joue. Bodork passa du vert foncé au rose. Une voix de petite fille parvint ses oreilles:
- Merci Big Daddy !
Le hallebardier était fermement campé sur ses jambes, et pointait son arme sur le torse nu de Kerrhog, prêt à plonger la lourde lame dans la chair de l'homme-bête. Ce dernier ne ralentit pas son allure pour autant, et couvrit les quelques mètre qui le séparait de son ennemi d'un bond puissant en hurlant son cri de guerre. Le temps sembla se figer autour des deux combattants alors que Kerrhog, emporté par son élan, percutait de plein fouet le soldat. Une fraction de seconde avant de s'empaler sur l'hallebarde, le chef Homme-Bête la détourna d'un coup de hache, et son lourd couperet s'abattit sur la tête de l'humain, la fendant en deux dans un horrible craquement. Le corps fut parcouru de spasmes alors qu'il réalisait sa mort et glissa mollement au sol. Kerrhog planta un sabot sur le torse de son adversaire vaincu, et dans un cri de triomphe, dégagea sa lame. Autour de lui, l'escarmouche battait son plein, les cris des humains et des Gors se mêlant dans un vacarme assourdissant ponctué par le fracas de l'acier sur l'acier. Avant de plonger une nouvelle fois dans la mêlée, Kerrhog lança un regard en direction des cieux nocturnes. Morrslieb rougeoyait au firmament comme le cœur d'une bête immense, incitant les vrais croyants à toujours plus de carnage. Un sourire carnassier passa sur le visage bestial du champion Homme-Bête, qui se rua dans la bataille avec une fureur renouvelée.
Werner se réveilla brutalement lorsque le rat réussit à percer la peau au niveau des côtes. Avec horreur, il vit la forme noire et sinueuse du rongeur s'échapper de la plaie béante de son torse, sa fourrure rendue gluante par le sang. Le rat vit quelques pas sur le ventre de Werner et se retourna, plongeant ses petits yeux rouges dans ceux de l'humain pétrifié, avant d'éclater d'un rire caquetant et cruel. Un autre rat s'extrayit alors de l'horrible blessure, puis un autre, puis un autre encore. Des dizaines, des centaines de rats se déversaient du torse ravagé de Werner, recouvrant le monde de leur multitude crasseuse. Et toujours le premier d'entre eux riait d'un rire de dément, de plus en plus fort. Werner laissa échapper un long cri d'horreur et de souffrance inarticulé, et se réveilla pour de bon.
La réalité était à peine moins terrible que le cauchemar. Les rats avaient disparu, Sigmar soit loué, mais la douleur était toujours là, violente, exclusive, insupportable. Un rire cruel résonnait encore dans ses oreilles, avec une netteté douloureuse. Werner trouva la force de lever la tête en direction du ricanement, et réussit à apercevoir la forme malingre de l'Ungor qui se tenait devant lui. Ce dernier, surpris par le mouvement de l'humain, laissa tomber la baguette taillée en pointe qu'il utilisait pour torturer sa victime et recula craintivement derrière la forme rassurante du Gor le plus proche. La mémoire des dernières minutes revint brutalement à l'esprit embrumé de Werner: le bivouac dans les ruines de l'auberge fortifiée, la tombée de la nuit, le cri de la sentinelle prévenant de l'attaque, la bataille, et puis le monstrueux homme-bête au masque de fer arrachant la pointe brisée de sa lance de son flanc et le poignardant à son tour avec. Il baissa la tête, et constata l'étendue des dégâts: la plaie béait largement, laissant voir les organes internes à travers les esquilles d'os. Werner n'était pas médecin, mais ses années de soldats lui avaient appris à reconnaître une blessure grave quand il en voyait une, et celle-ci était très grave, très probablement mortelle même. Cette pensée le soulagea. Il connaissait la cruauté des Hommes-Bêtes, et ne tenait pas à souffrir la longue et douloureuse agonie que cette engeance démoniaque offrait toujours à ses victimes. Il espéra seulement que Sigmar lui donne la force de mourir dignement.
Son attention fut attirée vers des préoccupations plus terre à terre lorsque la forme imposante de Kerrhog vint se planter devant lui. Le chef Homme-Bête rayonnait d'une aura de puissance impie, et malgré le fait qu'il n'ai plus rien à perdre désormais, il ne put s'empêcher de détourner le regard lorsque le Gor planta ses yeux dans les siens. La voix du mutant, animale et rocailleuse, forma laborieusement des mots en Reikspiel:
- Où vous aller?
Werner ne répondit rien. Maintenant que son tour était venu, il voulait racheter sa vie de pêchés en défiant jusqu'au bout les ennemis de l'Empire, comme dans les histoires que sa grand-mère lui racontait, il y a tellement longtemps. Il ferma les yeux et ignora du mieux qu'il put les grognements inquiétants de son interlocuteur, qui répéta sa question avec difficulté. Encore une fois, Werner se tut et tenta de se souvenir d'une prière, n'importe laquelle.
Kerrhog rugit de colère devant le silence de son prisonnier, et se retint à grand peine de le couper en deux. Barskhar aurait agit ainsi, mais Barskhar était stupide, et Kerrhog ne l'était pas. Cet humain savait quelque chose, et il allait lui révéler, de gré ou de force. Seulement après, Kerrhog le laisserait mourir.
- Murzog
La silhouette torve de l'Ungor pénétra dans son champ de vision, la tête baissée en signe de soumission. Kerrhog renifla avec mépris, prévenant la misérable créature de l'approcher plus avant. Il désigna la forme prostrée de l'humain et vit avec dégoût une joie perverse illuminer les traits déformés de l'Homme-Bête. Il était humiliant d'être obligé de recourir aux talents de tortionnaire de l'Ungor, mais c'était sans doute le moyen le plus rapide et le plus efficace de faire parler le prisonnier. Murzog ramassa la baguette qu'il avait laissé tomber et s'approcha prudemment de Werner, partagé entre l'ardent désir d'infliger la souffrance à autrui et la crainte de voir sa victime se défendre. Constatant que cette dernière l'ignorait totalement, il laissa ses instincts les plus vils prendre le dessus.
Une nouvelle fois, le monde explosa dans une vague noire de souffrance autour de Werner, balayant en un instant la prière qu'il récitait mentalement et ses résolutions de mourir en héros. Il ouvrit les yeux, mais la douleur obscurcissait sa vision. Il pouvait seulement distinguer la silhouette penchée au-dessus de lui fouailler dans sa blessure avec un plaisir évident. Il crut entendre le rire du rat retentir à nouveau dans ses oreilles, mais il n'était plus sûr de rien, sauf de son agonie. C'était bien plus qu'il ne pouvait supporter, il fallait que ça cesse immédiatement, et tant pis pour Sigmar et pour les contes de sa grand-mère.
Werner hurla tout ce qu'il savait, et même plus, aux Hommes-Bêtes. Il ne put pas voir l'intérêt de leur chef à ses révélations, ni la bande repartir en direction de Mordheim, que lui n'atteindrait jamais. Avant de mourir, il renia tout ce en quoi il avait jamais cru, maudit tout ceux qu'il avait aimé, supplia son bourreau de mettre fin à ses souffrances, puis en désespoir de cause, se contenta de hurler sa douleur jusqu'à que sa voix se brise. Alors, et seulement alors, Murzog, après avoir longuement et vainement essayé de nouvelles tortures pour faire réagir son prisonnier, se résigna à rejoindre à son tour la harde.
Cela fait plusieurs jours que nous avons quitté le village des orques. Au moment où j'écris, je suis assis devant du feu, avec Khyl. Kregk vient de me réveiller, c'est à mon tour de monter la garde.
D'après ma carte, nous n'allons plus tarder à arriver à proximité d'un village, et je n'en suis pas mécontent. La forêt, c'est bon pour les elfes et les orques. En plus, les arbres, c'est pas bon pour la santé, c'est ce que disait mon oncle Guldir... avant qu'un chêne ne lui tombe dessus. Après il ne disait plus rien du tout, le pauvre.
Il faudra acheter des armures et de nouvelles armes. J'espère que ces Umgi* auront des objets de bonne qualité. Il ne faut pas trop compter là-dessus, avec ces gars là.
Ce soir, c'est Järk qui a pris le premier tour de garde, accompagné par le plus jeune d'entre nous, Tjdorh. J'ai enfin pu me reposer tranquillement, au moins pendant quelques heures.
Je finirai donc là dessus, en espérant pouvoir continuer ce carnet dans les jours à venir, mais j'ai comme un mauvais pressentiment. Et vous, oui vous qui lisez ce carnet, vous qui m'avez suivi jusqu'ici, vous qui avez prouvé être digne de lire ces ligne, j'ai une question pour vous :
Croyez-vous au destin ?
Lorsque Harek ouvrit les yeux, Kregk était penché sur lui. Pendant un court instant il eut peur. Il faut dire que le Tueur n'avait pas une tête d'ange, avec ses cheveux et sa barbe orange, auxquels s'ajoutaient divers reste du Kuri mangé il y a quelques heures. Ajoutez à cela un sourire révélant des dents jaunâtres, et parfois même pas de dents du tout, et l'odeur de sueur qui se dégageait du nain, et vous avez... une crise cardiaque !
- Que se passe-t-il ? demanda Harek, une fois la surprise passé.
- Pas grand chose, à part quelques lièvres qui sont passé nous voir, j'en ai profiter pour remplir le sac de provisions, répondit le tueur, enfin bon, c'est ton tour chef.
Le jeune noble se leva péniblement, et sortit de sa tente. Le feu semblait sur le point de s'éteindre, mais Khyl, un des arbalétriers avec qui il passerait les trois prochaines heures, avait rapporté du bois. Tous les autres dormaient. Il s'assit à même le sol, et déplia une carte de l'Empire. Il l'étudia pendant plusieurs minutes, puis en déduisit une position approximative de leurs cibles.
-A ton avis Khyl, vers où se dirigent les orques ? Nous avons beau les poursuivre depuis des jours, je mettrai ma mains à couper qu'ils ont au moins deux jours d'avance sur nous.
L'intéressé parut surpris que le noble lui demande son avis.
-Et bien, d'après les trace que nous avons relevé, ils semblent se diriger vers l'ouest. Je ne vois pas très bien ce qu'ils veulent, ni où ils vont, mais une seule destination semble probable : La Cité des Damnés.
-Mordheim ? Que vont ils faire là bas. Ils se fichent pas mal des trésors qu'ils pourraient y ramasser.
Même s'il n'en laissait rien paraître, Harek était inquiet. Il avait déjà entendu parlé de cette cité. Certains nains en était revenus, riches pour certains, morts pour les autres. Il avait entendu dire que ce lieu avait été maudit par le Dieu humain, celui là même qui avait aidé son peuple, des siècles auparavant, à combattre une terrible armée d'orques.
Tout en réfléchissant, Harek sortit un carnet, et commença à écrire. Il le rangea au bout de quelques minutes, et se mit a observer les alentours du campement, guettant le moindre bruit. Les heures défilèrent, et bientôt il pût retourner se coucher.
*
Nous étions autour du feu de camp, tous réunis, pour mettre au point ce que nous savons sur nos poursuivants, nos ennemis, notre but. Tenqualteq recevait en ce moment même un message télépathique du slaan Inuiquinzi, nous en saurons surement plus tout à l'heure.
-Commensssons,dis-je.
Fertinzi prit le premier la parole.
-Nouss pourrrions dire que cess sutpides orques doivvent être en quêête de vengeansse.
Chacun donna son opinion à tour de rôle, et il ressortit vite nos ennemis potentiels. Des orques nous poursuivent surement à l'heure actuelle, des druchii pour on ne sait quel motif, et nous poursuivon donc un des femelles, une mère avec sa fille, dont nous ne savons rien. La situation n'était pas très encouragente, mais nous ne devions pas échoué.
Soudain, Tenqualteq vint vers nous la mine grave, ayant fini sa méditation.
-Less drucchii nous pourssuivent égallemennt le médaillon, pour l'uttiliser avec leurr immonde magie, et ilss penssent que nous l'avons. Malgré cett ennui, Ulthuan, selon Inuiquinzi, aurait des guerrriers ici, qui pourrront nous aider facce aux drucchii.
Il prononça ce dernier mot avec une haine qui ne lui ressemblait pas...
*
Ils avaient couru pendant longtemps. À travers les bois la plupart du temps, parfois dans les champs lorsque la forêt faisait place à la plaine. Ils avaient suivi les étoiles et la lune noire, toujours vers l'Est. Kerrhog n'avait jamais voyagé si loin du territoire de sa harde, mais il n'était pas inquiet. Il était en pèlerinage pour les Dieux, et nul ne pouvait se mettre sur son chemin.
Après dix jours de voyage, l'air s'était chargé de magie, au fur et à mesure que la cité déchue se faisait plus proche. Kerrhog la voyait dans ses rêves, il marchait dans ses rues désertes et désolées, à la recherche de quelque chose. Il entendait une voix dans sa tête, tantôt impérieuse, tantôt suppliante, l'incitant à se rendre au cœur de la ville, là où le cadeau des Dieux l'attendait. Chaque nouveau rêve le menait un peu plus loin dans le dédale des ruines et chaque réveil était plus difficile que le précédent. Il savait que ses guerriers étaient également affectés par la proximité de la cité, et Morkhag plus que tout autre. Le chamane parlait souvent durant son sommeil dans une langue inconnue du Wargor, mais prétendait ne se souvenir de rien après coup. Kerrhog savait qu'il mentait, mais ne pouvait pas le forcer à lui révéler ses visions. Pas encore.
À présent, ils n'étaient plus seuls. Beaucoup de guerriers convergeaient vers Mordheim, seuls ou en petits groupes. Des humains bien sûr, mais également des nains, des ogres et des peaux-vertes. Kerrhog avait même entrevu des hommes-rats et d'autres créatures encore plus étranges se diriger vers la cité. Il savait que tous poursuivaient le même but, même si ils n'en étaient pas conscients. Tous répondaient à l'appel des Dieux, à cette voix qui résonnait dans son crâne. Tous devenaient des adversaires mortels à vaincre pour accéder à l'ultime récompense, mais Kerrhog était confiant en sa force. Lui et sa harde pénétreraient bientôt dans la ville, et malheur à qui se dresserait sur leur route.
*
Encore une nuit près du feu... La fatigue nous gagne et ma plume s'en ressent. Notre traque dure depuis des semaines et nous ne semblons pas rattraper le retard que nous avons sur eux. Nous sommes lourdement chargés mais il n'était pas question d'abandonner les roulottes et le matériel.
Je ne sais pas si je dois écrire « heureusement » mais toujours est-il que nous connaissons leur destination. Lorsque le nom de cette ville maudite a été évoqué, un frisson d'horreur est passé dans le camp...
Pourquoi cette bande de sauvages a-t'elle décidée de se rendre droit en enfer... Je n'arrive pas à me l'expliquer, et les informations que nous avons réussi à soutirer à notre nouvelle « recrue » sont plus que floue.
Oui, nous avons un nouveau compagnon de route, même si cela ne me plait pas. Louise a toujours été tolérante et, après tout, le cabaret n'est qu'un ramassis de parjures, de hors la loi et autres rejetés, mais nous venons de franchir un cap dans l'acceptation des différences. Nous voyageons avec un orque.
Cet imbécile tentait lui aussi de rejoindre le groupe que nous poursuivions, et c'est nous qu'il a rattrapé. Il nous est tombé dessus de nuit, comme si c'était une tradition dans leur tribu... Mais seul contre le cabaret, il n'a pas pu faire grand chose. C'est Vigo qui l'a eu, d'un grand coup de marteau derrière la tête. Une sacré gueule de bois que ça lui a fait à la grenouille!
Au réveil nous avons été assez persuasifs pour qu'il nous raconte ce qu'il savait... Une sombre histoire de shadock que je n'ai pas franchement saisit... Je me rappelle juste avoir entendu un cri similaire lors de l'enlèvement de Jasmine.
Louise a été particulièrement convaincante et a réussi à faire gober à ce « Burg » que nous étions en chemin pour rejoindre, pacifiquement, ses amis. Sa fille était d'ailleurs avec eux de son plein gré en tant qu'émissaire du Grand Shadock, ou quelque chose de ce genre... A voir le visage ahuri et admiratif du crapaud, il n'a eu aucun doute.
Depuis Burg nous sert de guide.
Il n'est pas désagréable et même plutôt de bonne compagnie... Du moins pas pire que nos autres compagnons. Le seul réel point néfaste est le niveau sonore que peuvent atteindre ses ronflements! Si je suis, en ce moment même, en train d'écrire ces quelques lignes, des poches sous les yeux et le verbe bien moins sûr qu'à mon habitude, c'est que le grognement permanent qui émane de l'endroit où Burg s'est allongé m'empêche de trouver le sommeil. Il a pourtant eu la gentillesse de se coucher un peu à l'écart du camp...
Pourtant il va bientôt nous falloir toute notre attention et tous nos réflexes... Car il y a quelques jours Burg s'est souvenu du nom de la ville que ses congénères tentent actuellement de rallier. Le silence s'est soudainement abattu autour du feu. C'est un nom que je peine à écrire sur ce journal... Car désormais nous savons que nous nous rendons à Mordheim... La cité des Damnés...
*
Le lendemain matin, nous sommes repartis en direction de Mordheim, car c'est là-bas, apparemment, que se trouve le médaillon de Xualatipeq. Nous sommes donc sur nos gardes, car peu de choses se sont passées comme prévu depuis le début du voyage, de nombreuses embuscades entre autres.
- Nouss ssommes à mmi-cchemin de Morrdheim, nous annonce Tenqualteq, maiss nos épreuvves commenssset à peine...
*
Skrash observa le manège du mort-vivant avec une curiosité non feinte. La pitoyable créature était méconnaissable depuis le début de sa métamorphose. Une corne d'os massive avait poussé sur le côté de son crâne, déchirant le vêtement sombre dont le vampire l'avait affublé. Lui aussi se désintéressait momentanément des corps des elfes pour étudier le comportement imprévisible de son immonde familier. Contrairement aux goules ou à leurs récentes recrues de petite tailles, il ne c'était pas rué sur les corps. Non il avait erré un moment, se déplaçant en tanguant tel un manchot entre les corps, avant de s'immobiliser devant le cadavre d'un porte-bannière à l'armure défoncée. Mais là encore il avait ignoré les tripes à l'air de l'elfe, et avait vigoureusement agrippé le manche de la bannière.
Immobile sous la lune, Skrash discerna le sourire amusé qui ornait les traits du vampire se caressant machinalement le menton, alors que partout autour d'eux montaient les bruits horribles de mastication écœurants, succions, moelle qu'on aspire de leurs habitacles. Dans une odeur d'entrailles mise à nu sous la lune qui faisait frémir les moustaches du skaven, Mandrak avança et, attrapant l'extrémité du tissus soyeux de la bannière avec laquelle la créature lutait pour lever son sinistre trophée, il arracha ce qu'il restait d'étoffe et contempla un moment ce qu'il tenait à la main. Le phénix, emblème de cette race, avait soigneusement été découpé. Il eu un léger rire en imaginant les orques violer le symbole des oreilles pointues alors que son familier poussait des glapissements ravi en agitant le support de la bannière en tout sens. Il frappa sur le crâne l'un des gobelins aux poignets plongés dans un cadavre froid, le menton dégoulinant d'hémoglobine, un morceau d'intestins dépassant entre ses petites dents pointues.
Au campement fortifié des orques il avait lut dans les entrailles de l'une des peaux vertes, et après quelques minutes de silence, avait relevé une trentaine des plus petit personnages, pour le plus grand plaisir de son aberration de compagnie. A la bâtisse de l'ermite il avait laissé une vingtaine des morts-vivants humains, peut discrets, le skaven partant en avant chercher un refuge pour la prochaine nuit.
Des le lendemain, le sorcier skaven du clan Kaere rattrapa les nains qui avaient ravagé le campement, avançant lentement et trainant de lourds paquetages. De nouveau allongé au sommet d'une colline, il observait ces créatures vivant habituellement dans les montagnes. Ils étaient absolument tous pourvu d'une imposante toison de fourrure sur la partie inférieure du visage. L'hurluberlu arborant une crinière rousse beuglait et riait si fort que Skrash l'avait entendu bien avant de sentir leur présence,e t ce malgré son odorat sur développé. Cependant, l'un des guerriers nains pointa soudain son doigt boudiné dans sa direction en frappant son voisin du coude. Le mutant retroussa les babines et dégout et hérissa le poil, avant de brusquement faire volte-face et détaller dans les collines. Un conflit ouvert sans malepierre ni l'autorisation du vampire lui aurait probablement coûté cher...
*
Froech était le plus jeune de la bande. Originaire du Nord des montagnes, il venait d'avoir cinquante ans. On peut distinguer deux classes de jeunot : ceux qui écoutent les conseils des autres, qui obéissent au doigt et à l'œil, et qui forgent leur opinion sur celui de leurs ainés. Accessoirement, la plupart de ces jeunes sont aussi des mauviettes qui attendent leur premier combat comme si on les envoyait à l'abattoir, même s'ils se battent courageusement.
Froech, lui, faisait parti de l'autre classe, celle des braves que le courage menait bien souvent à la témérité. Il était de ceux qui font leurs propres expériences, ceux qui écoutent et respectent les anciens mais préfèrent se faire leur propre opinion sur le monde. Il avait savouré le combat contre les orques, s'était jeté dans la bataille corps et âme, provoquant ses ennemis et négligeant même son bouclier, dont il se servait comme d'une arme pour frapper son adversaire, laissant le soin à son armure de le protéger. Malheureusement, il s'était bien vite rendu compte que c'était une erreur lorsqu'il avait senti que le poing d'un orque avait défoncé son plastron au niveau de la poitrine (celle-ci s'en souvenait encore d'ailleurs !).
Le jeune poil-au-menton n'avait peur de rien. Il prenait d'ailleurs exemple sur Kregk, même si le Tueur n'était pas vraiment un modèle approprié, et aimait à écouter ses récits d'aventure et de chasse au dragon.
Ainsi, lorsque Harek leur avait annoncé qu'ils se dirigeaient vers la Cité des Damnés, il avait regardé son compagnon à crête, et avait essayé de calquer le même sourire sur ses lèvres, tout en paraissant sûr de lui. Ce qui n'avait que moyennement fonctionné. Comme tout le monde, il avait entendu des histoires, qui se rapprochaient plus du mythe pour certaines, sur cette cité. De plus, il venait de comprendre pourquoi le Tueur souriait : l'argent et les richesses que contenait la cité ne l'intéressaient que peu, mais il était à peu près sur d'y trouver la mort et ce, face à d'horribles monstres et en endurants de terribles souffrances. Quoi de plus engageant ?
Ils s'étaient donc remis en route, le cœur et l'esprit emplient de doutes pour la quasi-totalité du groupe, la crête au vent et les mouches collées aux dents tellement il souriait pour le dernier.
Après deux jours de marche, ponctués de quelques arrêts, le temps de reposer leurs jambes douloureuses et de satisfaire quelques besoins naturels, la petite bande (et non pas la bande naine comme disent certain plaisantins) monta enfin un campement pour la nuit. La Lune avait déjà pris la place de son confrère dans le ciel, et l'obscurité commençait à gagner du terrain.
Froech était de garde. S'ennuyant ferme, il avait sortit une hache de jet flambant neuve de son sac et s'était mis à l'astiquer, pas que celle-ci n'en ai vraiment besoin, mais comme tout les nains, Froech aimait les objets brillants. Son père, forgeron de son clan, la lui avait offerte lors de son départ pour rejoindre la bande d'Harek. Il ne s'en était encore jamais servi, mais il se dit en voyant un lapin à l'air effrayé, que celui-ci ferait parfaitement l'affaire pour un premier essai. Il empoigna son arme, ne prenant même pas la peine de viser, et rabaissa son bras en lâchant la hache au passage. Celle-ci tournoya rapidement en direction de la bête, et passa à un cheveu de sa tête, la faisant détaler à toute vitesse. Le jeunot grommela, la hache avait disparue dans la pénombre des arbres, que le feu n'arrivait pas à percer. Il se leva et marcha vers les arbres.
Froech regarda derrière lui : les flammes continuaient de lécher le bois de leurs langues incandescentes, mais elles paraissaient très lointaines. Le nain continua d'avancer dans le noir qui se faisait de plus en plus oppressant. Soudain, son cœur s'emballa, il arrêta de respirer et s'immobilisa. Là, devant lui, deux yeux qui l'observaient. Froech remarqua immédiatement que ce n'était pas un animal normal. Il pouvait distinguer une lueur d'intelligence dans ce regard. Soudain la bête siffla et se jeta sur lui. Malgré son poids, le jeunot se mouvait plutôt rapidement ce qui lui permit d'éviter les crocs acérés de la bête qu'il pouvait deviner malgré l'obscurité. Un second assaut lui fit toutefois perdre l'équilibre, et il se retrouva vite à terre. Il recula précipitamment et s'arrêta lorsque sa main buta contre un objet. Sa hache ! Il l'empoigna fermement et la lança sur son ennemi qui se ruait une nouvelle fois sur lui. La bête gémit et d'après ce qu'entendis Froech, s'enfuit précipitamment. Le nain se remit rapidement debout, s'attendant à revoir surgir l'animal. Au bout de quelques secondes, il fit mine de repartir vers le campement, pour finir par courir.
Lorsqu'il arriva au campement, le nain qui était de garde avec lui le fixa d'un air étonné. Apparemment, il n'avait rien entendu. Froech se précipita dans la tente d'Harek pour le réveiller.
*
Celà fait une heure que nous marchons, sous un soleil de plomb. Ce n'est pas bon pour nous, lézards à sang froid, aussi avons nous pris le risque de tomber dans un piège, en continuant notre route sous le couvert des arbres bordant la route. Ma foi, ceci est fort rafraichissant. Notre progression a été elle aussi facilité, car nous nous mouvons plus aisément dans les arbres et les racines. Ca semble trop beau pour qu'il n'y ait pas quelque chose de mauvais dans l'air...
Deux heures de plus à courir et slalomer entre les arbres, et nous étions à peine fatigués. J'aperçois d'ici la lisière de la forêt, nous continuerons donc sous ce terrible soleil.
- Preneez gardes, dis-je, ce serait le lieu idéal pour une embuscade.
Nous sommes sortis de la forêt et...... rien. Rien n'est arrivé. Rien ne s'est passé. Mes craintes n'étaient pas fondées, et heureusement ! Comme quoi, nous pouvons avoir de la chance sans qu'il y ait un coup fourré derrière...
Nous sommes désormais en fin de journée, et l'eau pure mais aussi les vivres commencent à manquer. Pour pouvoir se ravitailler jusqu'à la fin du voyage, Tenqualteq organise plusieurs groupes chargés de chasser, chercher de l'eau pure et trouver un abri pour la nuit. Avant de partir, nous avons pris une pause, pour pouvoir se revigorer avec ce qu'il nous reste à boire, pour pouvoir se donner le plus possible à la recherche de vivres...
*Passage dans la peau de Sibli, skink à grande crète pour les parties qui suivent.*
Mon groupe, composé de moi-même, Sibli, de Tincqi et Wincqi, deux éclaireurs skinks, a été chargé de trouver un endroit propice au sommeil de la cohorte. Nous avons pensé que le meilleur lieu serait en forêt, donc c'est dans un bois non-loin que nous avons commencé nos recherches. Après avoir quadriller les alentours pour ne pas avoir de mauvaises surprises, nous entrons dans la forêt. Il en ressortit assez vite un lieu, un clairière pour être précis, qui convenait à nos attentes. Un panneau nous a signalé son appelation, soit « clairière de Clairbois », et j'ai trouvé que ça lui allait très bien ! Au milieu siège une petite maison bancale, avec quelques humains males autour...
En nous approchant, nous voyons que ce n'est pas des humains... mais des zombies. Ils errent de ci de là, sans but. Nous ne connaissons pas bien les zombies, aussi nous nous sommes arpprochés prudemment de leur position. Un zombie se retourna dans notre direction, loucha sur nous, et... se retourna. Voyant leur stupidité et leur lenteur, nous passons tout de suite à l'attaque. Nous dégainons nos sarbacanes et libérons une pluie de projectiles mortels sur les zombie. Nombre d'entre eux s'écroulèrent et nous nous ruons sur les survivants. Je bondis en avant, en clouant un sur le sol de ma dague. Je me retourne, et les zombies commencent à réagir. Je ne perds pas de temps et je me jette sur les autres. Tincqi et Wincqi se débrouillant très bien, je me concentre sur mes adversaires, et je trance un bras de l'un, coupe en deux un autre...
Quelques minutes plus tard, plus aucun zombie n'est debout. Nous nous apprêtons à visiter la cabane, quand nous entendons un gémissement derrière, et nous constatons avec horreur que tous les zombies commencent à se relever ! Nous chargeons donc, et nous répondons leurs membres sur le sol humide de la clairière, déjà couvert de sang vermeille. Nous les massacrons donc pour la seconde fois et ils se re-relève. Après une bonne demi-heure de lutte, nous étions à bout et les zombies commencent à nous submerger. J'évalue rapidement la situation, nous sommes fatigués, il ne reste que peu de temps avant que les morts nous fassent passer au même état. Il doit bien y avoir une solution, me dis-je. C'est à ce moment là que j'aperçois, à l'autre bout de la clairière, un de ces monstres, armé duquel jaillit une lueur verte, la même que celle des corps des zombies qui se relèvent sans cesse.
- Couvvrez-moi, lançai-je à mes compagnons.
Ceux-ci rassemblèrent leurs dernières forces pour occuper les zombies...
Je m'élance vers la maison et grimpe en quelques secondes sur le toit. Je n'avais pas le droit à l'échec, la vie de Tincqi et Wincqi dépend de moi. Le zombie est loin, mais je peux l'avoir. Je sors ma sarbacane. Je vise. Je souffle. Le projectile sort à toute vitesse... et transperce le cerveau moisi du zombie, qui s'écroule lourdement dans la poussière. Les zombies aux prises avec mes skinks explosèrent dans une gerbe de sang, aspergeant goulument mes acolytes.
- Finalement, cet endroit n'est pa ssi propissse, dis-je...
*
A la mi-journée, il parvint finalement à trouver une ruines dont les entrailles satisferaient le mort-vivant, et rebroussa chemin. Cependant, à peine après avoir dépassé de nouveau les nains, et cette fois prit garde de ne pas être repéré, chose aisée grâce à ses sens largement supérieurs aux leurs, ils flaira l'odeur de chair en état de putréfaction qui peut à peut devenait habituelle pour lui. En moins d'une chandelle il fut sur eux. Les créatures mortes-vivantes se trainaient dans sa direction, avançant d'un pas lent et sans conviction. Un nuage d'insectes les entouraient à présent, les suivant comme une ombre morbide. Mais ils s'immobilisèrent en le rejoignant, et restèrent debout, immobile, sous l'œil étonné du skaven aux moustaches que l'odeur faisait frémir. Il balaya nerveusement le sol de sa queue. Visiblement le maître avait décidé qu'ils parcourraient une plus grande distance cette nuit, car sans ces cadavres réanimés la distance qu'ils auraient déjà parcourus était bien plus importante. Hérissant le poil, il s'élança de nouveau vers le nord, les créatures reprenant aussitôt leur avancée sans but, poussés par la volonté implacable du vampire nécromancien.
Il fut de retour aux ruines peut avant le couchant, et, pour la première fois depuis bientôt quatre jours, se roula en boule et put se reposer, la fatigue des aller-retour pour analyser la région avant l'arrivée de Mandrak saisissant la moindre parcelle de son corps. Ainsi lové dans les entrailles du bâtiment, il s'endormit instantanément. Il avait dut réaliser un large détour pour éviter des nabots barbus, car les cadavres n'avaient nullement le réflexe de se dissimuler ou contourner l'ennemi, se contentant de suivre la direction la plus rapide pour suivre le skaven.
Un peut avant minuit, Mandrak dévisagea avec un rictus méprisant la créature recroquevillée sur la pierre froide. Ses flancs amaigris ces derniers jours ondulaient au rythme de son souffle sifflant. L'homme-rat ne perçut à aucun moment la présence du vampire et son familier serrant contre le lui la hampe de bannière. Le crâne lumineux contre sa hanche, le seigneur nocturne tendit un index osseux et aux veines visibles sous sa peau blême. Murmurant du bout des lèvres d'anciennes paroles, la température de la pièce chuta brusquement, une légère brise animant les poussières.
La fourrure sombre du skaven frémis lentement, et sa queue ondula doucement. Lentement, une silhouette blafarde et silencieuse prit forme, gémissant et implorant sans bruit l'invocateur. Mais celui-ci, implacable, désigna le corps, et, mue par une volonté supérieure, l'esprit fut poussé vers le corps frémissant. Un halo de lumière nimba la jonction entre le spectre et le sorcier, mais, malgré les cris d'agonie inaudibles et ses supplication, l'essence du revenant se déversa dans le corps. Peut à peut sa taille diminua, seul son visage restant apparent.
Soudain Skrash repris conscience et bondit sur ses pattes, fouettant l'air entre Mandrak et lui et le menaçant instinctivement de ses crocs. Mais alors que la créature difforme a son côté se précipitait contre les bottes de son maître, celui-ci les ignora tout deux et acheva son envoûtement, les résidu de l'invocation brutalement inspirés par les narines du skaven. Ses yeux s'écarquillèrent subitement et il s'écroula en suffocant. Misérablement, il agonisa quelques instants sur le sol, aux pieds du vampire souriant.
- Je t'avais prévenu. Je t'apprendrais à me craindre. On ne refuse pas mes présents, déclara-t-il en virevoltant soudain.
En geignant, la créature enfoncée dans sa capuche de gobelin se précipita gauchement sur ses talons, traînant sa hampe derrière elle, rebondissant et raclant sur sol à chacune de ses petites enjambées.
Les minutes défilèrent, paraissant des heures à la créature. Il sentait... il sentait cette présence en lui, ondulant furieusement afin de se libérer de cette enveloppe la retenant, meurtrissant le sorcier homme-rat. Son corps s'agita de spasmes violents, une sueur gluante suintant de chaque pores de ça peau. Il sentait cette présence, là, contre lui, violant chaque parcelle de son corps, menaçant de l'anéantir, ravageant son corps... et soudain sa colère prit le dessus.
Guidé par une froide détermination forgée au cours des années écoulées dans la lutte de chaque instant de la nation skaven, Skrash écrasa soudain l'autre esprit, le broyant sans pitié avec une puissance qu'il ne se connaissait pas. Alors que l'instant précédent il se mourrait, il avait anéanti de sa simple volonté l'esprit ayant profané son corps. Encore tremblant, il se redressa, sa queue gisant mollement dans son dos. Ses moustaches pendantes frémirent. Et, lentement, il prit conscience d'une énergie jaillissant soudain en lui. Il redressa son museau allongé, chaque partie de son corps s'agitant de cette force l'investissant. Il gronda d'orgueil, et bondit soudain hors du sous-sol.
Une jambe en balancier, Mandrak attendait patiemment l'arrivée du sorcier depuis une hauteur. Un sinistre sourire s'étira sur ses lèvres comme l'homme-rat déboulait soudain et bondissait dans sa direction avec une colère palpable. Tout crocs et dagues à nus, il se rua sur Mandrak... et s'immobilisa aussi soudainement face à lui qu'il était apparu, faisant trébucher de surprise la créature osseuse et suintante qui s'emmêla dans son vêtement en poussant de petit cris. Grimaçant de rage, chaque partie de son corps tendue à se rompre, Skrash fusilla le vampire du regard.
- Tu ne pensssais pas qu'en t'offrant mes dons je te laissserais me trahir, susurra-t-il sans s'offusquer des efforts du skaven pour défaire les liens invisibles le retenant. Inutile de te démener, créature velue, cracha le vampire. Les liens qui te retiennent ne sssont pas matériels. Ils sont isssi... déclara-t-il doucement en touchant de l'index la tempe de la créature. ET ICI ! Cracha-t-il soudain en arrachant la moitiés de l'oreille droite du sorcier d'un mouvement vicieux de l'index dans une gerbe écarlate.
Mandrak se releva et dirigea dans la foulée sa cohorte morte-vivante au nord, laissant le skaven désemparé dans la ruine. Seul demeura avec le familier monstrueux, observant bêtement le mutant des deux boules rougeoyantes lui servant d'yeux. Laissant son étrange hochet au sol, il approcha timidement, et tendit un doigts osseux comme l'avait fait plut tôt son maître. L'œil jaunâtre et tacheté de vermeil du rat mutant se tourna brusquement dans sa direction, et l'instant suivant aberration osseuse roula a plus d'un mètre en piaillant, la queue noueuse et puissante de Skrash ondulant avec vivacité autour de lui. Il se tourna lentement vers l'astre lunaire, et ses babines se retroussèrent se colère, dénudant ses crocs.
*
Cela faisait deux jours que les orques couraient toute la journée, pour éviter que les humains qui les poursuivaient ne les rattrapent.
Cependant Bodork ordonna une pause. Il semblait avoir distancé les humains, de toute façon il pensait que ceux-ci n'irai de toute façon pas bien vite a cause de leurs roulotes.
- Stooooop ! Cé la poz' ! »
Bodork posa la fillette qu'il avait capturé qui se trouvait attachée dans son dos pendant les voyages. Il la regarda, et vit qu'elle pleurait.
Il décida de lui parler pour la première fois depuis qu'il l'avait enlevée :
- Pourkoi euk'tu chiale toi ?
- Vous voulez me manger ! répondit la petite en sanglotant à chaude larme.
- T'mangé ? MOUHAHAHA ! K'est y fait dir' ça ?
La gamine pointa alors sont doigt sur les autres orques qui s'étaient assis pour profiter de la pause : Tous lorgnais les danseuses enlevées (qui avait été ligotés et bâillonnées) avec la bave aux lèvres.
L'un d'eux détourna sont regard vers la petite fille terrifiée, et passa sa langue sur ses babines.
- Pourkoi k'vou rgardé les zumaines kom ça ?
- Kourir pendan 2 jour' tout' la jour'né ça kreuse le stoma ! répondit un orque qui était proche de son chef.
- N'y pensé mêm pa ! Il est or de kestion k'vou fouté vos pat' d'su ! Hurla Bodork. D'ja ke je vou zé pas permi de les piké au zom alor...
L'orque noir se leva pris les danseuses qui le regardaient terrifiées, et les mis en sécurité avec la fillette près de l'endroit ou il avait posé ces affaires.
- Vou zinkiété pa tan ke je sui là yora pa de problèm'.
Il fit durer la pause pendant une deux heures, et il voyait que les humaines le regardait avec une sorte de confiance désormais.
Il desserra leurs liens et enleva leur baillons, en leur faisant promettre de pas trop l'ouvrir pendant le voyage.
Il passa la première demie heure de la pause à expliquer aux femmes pourquoi il avait enlevé la fillette dont il connaissait désormais le nom, Yaks'min
Il leur expliqua également qu'il était hors de question que ses boys fassent du mal à "l'émizaire du gran shadock é cé zamie".
Il leur promis de les rendre a leurs semblable une fois la pierre de charisme trouvée.
Ce n'est pas la première fois qu'il se montrait "clément" avec les captives, déjà la première nuit de leur capture, lorsque le groupe s'était arrêté pour dormir quelques minutes, il avait foutu un bon coup de poing sur le crâne d'un orque qui s'empressait d'arracher les vêtements d'une des danseuses, visiblement pour abuser d'elle.
Depuis ce temps il garde toujours un œil sur le comportement de ses boys.
La suite de la pause était destinée à dormir, enfin en théorie.
Tout le monde dormait, sauf Bodork, qui ne veillait que d'un œil. Au bout d'un certain temps, il entendit un cri, et illico il était de nouveau sur pied.
Il vit qu'un orque s'était jeté sur une des danseuses avec un couteau à la main. Notre chef, se jeta sans arme dans la mêlée pour venir en aide à la femme en détresse : Il repoussa l'agresseur d'un grand geste et l'envoya valdinguer 2 mètres.
- Toaaaa ! Ke feuzé tu a cet' femme ?
- Mé chèf ! Jé faim é elle est tro apétissant' ! J'me disé kon pouré mangélé jamb', elle s'en serve' pa puisqu'on lé porte !
- GRRAAAAAA ! Jé dit non !
Bodork attrapa la gorge de l'impertinent pour l'étrangler. Celui-ci se débattit, mais ne pouvait rien contre un orque noir. Lorsque le gêneur s'arrêta de bouger, il le jeta au sol. Il fit que tout le monde était réveillé et le regardait.
- Ke ceci vou serv' d'examp' ! En attendan, ya d'la viand' fraiche au menu mé zamis !
Il se retourna pour voir si la danseuse n'avait pas de blessure, celle-ci l'attendait sans égratignures. Yasmine s'approcha, lui fit signe de s'abaisser, ce qu'il fit, et lui déposa un bisou sur la joue. Bodork passa du vert foncé au rose. Une voix de petite fille parvint ses oreilles:
- Merci Big Daddy !
*
Le hallebardier était fermement campé sur ses jambes, et pointait son arme sur le torse nu de Kerrhog, prêt à plonger la lourde lame dans la chair de l'homme-bête. Ce dernier ne ralentit pas son allure pour autant, et couvrit les quelques mètre qui le séparait de son ennemi d'un bond puissant en hurlant son cri de guerre. Le temps sembla se figer autour des deux combattants alors que Kerrhog, emporté par son élan, percutait de plein fouet le soldat. Une fraction de seconde avant de s'empaler sur l'hallebarde, le chef Homme-Bête la détourna d'un coup de hache, et son lourd couperet s'abattit sur la tête de l'humain, la fendant en deux dans un horrible craquement. Le corps fut parcouru de spasmes alors qu'il réalisait sa mort et glissa mollement au sol. Kerrhog planta un sabot sur le torse de son adversaire vaincu, et dans un cri de triomphe, dégagea sa lame. Autour de lui, l'escarmouche battait son plein, les cris des humains et des Gors se mêlant dans un vacarme assourdissant ponctué par le fracas de l'acier sur l'acier. Avant de plonger une nouvelle fois dans la mêlée, Kerrhog lança un regard en direction des cieux nocturnes. Morrslieb rougeoyait au firmament comme le cœur d'une bête immense, incitant les vrais croyants à toujours plus de carnage. Un sourire carnassier passa sur le visage bestial du champion Homme-Bête, qui se rua dans la bataille avec une fureur renouvelée.
Werner se réveilla brutalement lorsque le rat réussit à percer la peau au niveau des côtes. Avec horreur, il vit la forme noire et sinueuse du rongeur s'échapper de la plaie béante de son torse, sa fourrure rendue gluante par le sang. Le rat vit quelques pas sur le ventre de Werner et se retourna, plongeant ses petits yeux rouges dans ceux de l'humain pétrifié, avant d'éclater d'un rire caquetant et cruel. Un autre rat s'extrayit alors de l'horrible blessure, puis un autre, puis un autre encore. Des dizaines, des centaines de rats se déversaient du torse ravagé de Werner, recouvrant le monde de leur multitude crasseuse. Et toujours le premier d'entre eux riait d'un rire de dément, de plus en plus fort. Werner laissa échapper un long cri d'horreur et de souffrance inarticulé, et se réveilla pour de bon.
La réalité était à peine moins terrible que le cauchemar. Les rats avaient disparu, Sigmar soit loué, mais la douleur était toujours là, violente, exclusive, insupportable. Un rire cruel résonnait encore dans ses oreilles, avec une netteté douloureuse. Werner trouva la force de lever la tête en direction du ricanement, et réussit à apercevoir la forme malingre de l'Ungor qui se tenait devant lui. Ce dernier, surpris par le mouvement de l'humain, laissa tomber la baguette taillée en pointe qu'il utilisait pour torturer sa victime et recula craintivement derrière la forme rassurante du Gor le plus proche. La mémoire des dernières minutes revint brutalement à l'esprit embrumé de Werner: le bivouac dans les ruines de l'auberge fortifiée, la tombée de la nuit, le cri de la sentinelle prévenant de l'attaque, la bataille, et puis le monstrueux homme-bête au masque de fer arrachant la pointe brisée de sa lance de son flanc et le poignardant à son tour avec. Il baissa la tête, et constata l'étendue des dégâts: la plaie béait largement, laissant voir les organes internes à travers les esquilles d'os. Werner n'était pas médecin, mais ses années de soldats lui avaient appris à reconnaître une blessure grave quand il en voyait une, et celle-ci était très grave, très probablement mortelle même. Cette pensée le soulagea. Il connaissait la cruauté des Hommes-Bêtes, et ne tenait pas à souffrir la longue et douloureuse agonie que cette engeance démoniaque offrait toujours à ses victimes. Il espéra seulement que Sigmar lui donne la force de mourir dignement.
Son attention fut attirée vers des préoccupations plus terre à terre lorsque la forme imposante de Kerrhog vint se planter devant lui. Le chef Homme-Bête rayonnait d'une aura de puissance impie, et malgré le fait qu'il n'ai plus rien à perdre désormais, il ne put s'empêcher de détourner le regard lorsque le Gor planta ses yeux dans les siens. La voix du mutant, animale et rocailleuse, forma laborieusement des mots en Reikspiel:
- Où vous aller?
Werner ne répondit rien. Maintenant que son tour était venu, il voulait racheter sa vie de pêchés en défiant jusqu'au bout les ennemis de l'Empire, comme dans les histoires que sa grand-mère lui racontait, il y a tellement longtemps. Il ferma les yeux et ignora du mieux qu'il put les grognements inquiétants de son interlocuteur, qui répéta sa question avec difficulté. Encore une fois, Werner se tut et tenta de se souvenir d'une prière, n'importe laquelle.
Kerrhog rugit de colère devant le silence de son prisonnier, et se retint à grand peine de le couper en deux. Barskhar aurait agit ainsi, mais Barskhar était stupide, et Kerrhog ne l'était pas. Cet humain savait quelque chose, et il allait lui révéler, de gré ou de force. Seulement après, Kerrhog le laisserait mourir.
- Murzog
La silhouette torve de l'Ungor pénétra dans son champ de vision, la tête baissée en signe de soumission. Kerrhog renifla avec mépris, prévenant la misérable créature de l'approcher plus avant. Il désigna la forme prostrée de l'humain et vit avec dégoût une joie perverse illuminer les traits déformés de l'Homme-Bête. Il était humiliant d'être obligé de recourir aux talents de tortionnaire de l'Ungor, mais c'était sans doute le moyen le plus rapide et le plus efficace de faire parler le prisonnier. Murzog ramassa la baguette qu'il avait laissé tomber et s'approcha prudemment de Werner, partagé entre l'ardent désir d'infliger la souffrance à autrui et la crainte de voir sa victime se défendre. Constatant que cette dernière l'ignorait totalement, il laissa ses instincts les plus vils prendre le dessus.
Une nouvelle fois, le monde explosa dans une vague noire de souffrance autour de Werner, balayant en un instant la prière qu'il récitait mentalement et ses résolutions de mourir en héros. Il ouvrit les yeux, mais la douleur obscurcissait sa vision. Il pouvait seulement distinguer la silhouette penchée au-dessus de lui fouailler dans sa blessure avec un plaisir évident. Il crut entendre le rire du rat retentir à nouveau dans ses oreilles, mais il n'était plus sûr de rien, sauf de son agonie. C'était bien plus qu'il ne pouvait supporter, il fallait que ça cesse immédiatement, et tant pis pour Sigmar et pour les contes de sa grand-mère.
Werner hurla tout ce qu'il savait, et même plus, aux Hommes-Bêtes. Il ne put pas voir l'intérêt de leur chef à ses révélations, ni la bande repartir en direction de Mordheim, que lui n'atteindrait jamais. Avant de mourir, il renia tout ce en quoi il avait jamais cru, maudit tout ceux qu'il avait aimé, supplia son bourreau de mettre fin à ses souffrances, puis en désespoir de cause, se contenta de hurler sa douleur jusqu'à que sa voix se brise. Alors, et seulement alors, Murzog, après avoir longuement et vainement essayé de nouvelles tortures pour faire réagir son prisonnier, se résigna à rejoindre à son tour la harde.
Re: Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Mer 14 Nov 2018 - 0:37
Toujours bouillonnant de rage, le skaven rejoignit Mandrak en plein milieu des bois, alors que la lueurs tremblante d'un feu de camp au-delà d'épais buissons l'éclairait par instant bref. Les créatures étaient demeurées loin en retrait, et il pouvait sentir la présence d'une quinzaine d'humains face à eux. Il retroussa a nouveau les crocs, et fit un pas en avant, mais fut immobilisé par la volonté inébranlable du vampire.
- Ssstupide rongeur. Ne sssens-tu pas les émanasssions du talisssment dans sssette roulotte ?
Sa haine envers le mort-vivant s'atténua légèrement comme sur son intimation voilée il étendit les parcelles de son pouvoir encore intactes malgré le manque de malepierre réclamé par son corps. Il sentait les quelques humains éveillés surveillant le camp et les corps enroulés dans leurs couvertures miteuses, à même le sol ou dans les ridicules chariotes. Il entendit même avant de sentir la présence malodorante d'un orque parmi eux. Mais c'est son instinct animal et ses sens invisibles qui perçurent la puissante aura émanant de l'une des-dit chariots. Ses babines se retroussèrent une fois de plus. Il fit un pas en avant. Cet objet, quel qu'il soit, lui permettrait de rivaliser avec la sorcellerie de ce maudit mort-vivant, et des multiples malédictions qu'il faisait pleuvoir sur le skaven. Mais Mandrak le retint comme une silhouette se levait dans la limite de la zone éclairée par le feu.
- Nous ne sssommes pas ici pour sssela, pour le moment... et ignorant la seconde silhouette sondant l'obscurité, il cligna des yeux une dernière fois et fit demi-tour, talonné par l'ombre lilliputienne oscillante à chaque pas.
Skrash demeura néanmoins un moment à espionner les humains visiblement mal à l'aise. Il aurait put si facilement les détruire et s'emparer de l'artefact, si facilement... mais la volonté du vampire, courant dans son sang et dans son esprit, l'emporta, et il suivit sans un bruit le seigneur de la nuit.
- Cette forêt est trop dangggereuse, nous dit Tenqualteq, ceppendant, nous avons pu refairre nos provisions. Nous nous reposerons plusss tard.
Cette dernière déclaration ne nous choqua pas le moins du monde, et nous repartîmes de bon pied en quête d'un endroit où se reposer. Nous sortîmes de la forêt sans encombre, juste quelques bruits de pas nous laissaient perplexes. Le terrain était maintenant plutôt rocailleux, et quelques touffes d'herbes sèches parsemaient ce paysage désolé. Les rochers écorchaient nos pieds, aussi nous accélérâmes le pas pour sortir au plus vite de cet enfer...
Au bout de la plaine caillouteuse se profilait un énorme rocher, l'abri idéal, me disais-je. Nous nous attendions à une embuscade, une attaque, mais quand nous nous approchâmes de la pierre, rien ni personne. Il était assez tôt dans la soirée, mais cela importait peu. Nous nous reposâmes tranquillement, toutefois sans trop trainer, car Mordheim et le médaillon nous attendaient. Tenqualteq, en ayant profité pour demander la voie à suivre aux slaans de sa cité-temple, nous dis que nous n'étions plus très loin, et qu'il sentait déjà l'aura magique de l'artefact...
Le prêtre nous réveilla à l'aube. La troupe fut sur pied en quelques minutes et sans le moindre bruit. Nous marchâmes pendant plusieurs jours, et nous nous arrêtions seulement quelques fois pour ne pas ralentir l'allure. Le paysage qui défilait semblait ne jamais changer, des plaines, encore des plaines, toujours des plaines. Seul Tenqualteq paraissait ne pas se fatiguer, animé par une volonté qui nous dépassait. Soudain, nous aperçûmes de la fumée au loin, oui, une fumée noire, épaisse.
- Nous y sommes, Mordheim, la cité des damnés, susurra le mage...
Pendant que nous contemplions une cité complètement chaotique, entourée de campements, de tentes, où se mélangeait commerçants et guerriers, riches et pauvres, voleur et marchands... Un bruit de sabots nous tira de nos pensées. Un groupe de cavaliers, venant de nous remarquer, s'apprêtait à nous charger. Le premier contact fut dévastateur côté lézard, les cavaliers fauchant les reptiles qui tentaient en vain de se défendre...
Je pris les choses en main, en contre-chargeant l'ennemi moi-même. Je me ruai sur un cavalier, tranchant les pattes avant de sa monture avant de lui déchirer la gorge d'un coup de mâchoire assassin. Les sauriens près de moi, galvanisés par mon attaque, se jetèrent violemment dans la mêlée. Nous mirent à bas de leur montures une demi-douzaine d'Impériaux, quant un carreau acéré transperça le cœur d'un saurus. Moult druchiis sortirent du bois non loin, mettant la panique dans les deux camps. Ils prenaient vite l'avantage dans les combats, quand un trait de mana à l'état pur traversa deux elfes noirs, leur trouant les poumons. Ces derniers s'écroulèrent en titubant, le sang leur sortant de la bouche par saccades irrégulières.
Tout le monde se retourna, et nous vîmes Tenqualteq, à un mètre du sol, les yeux clos, entouré d'une énergie vert-bleutée. Une vive lumière éclata et des éclairs jaillirent de son corps, massacrant les ennemis de ses frères. L'air crépitait littéralement de magie tant l'énergie qui émanait de Tenqualteq était puissante. Une odeur de chair brulée enveloppait nos narines, et même le vent provoqué par le sortilège ne parvenait à nous l'ôter. Nos ennemis étaient pétrifiés par la peur, aussi nous en profitâmes pour nous aussi mettre à mort ceux qui avaient enlevé la vie à nos semblables. La bataille se termina assez vite, et le constat fut sans appel : désastreux...
Sur la quarantaine d'hommes lézards qui étaient partis de Lustrie, il n'en restait qu'une douzaine tout au plus. Le champ de bataille offrait une vision affreuse de la guerre. Des hommes, des elfes et des lézards, gisaient dans la plaine, mutilés, l'herbe verte il y a à peine une heure désormais vermeille. Nous bénîmes les dépouilles de nos confrères, avant de les immolés sur un bûcher de fortune malgré nous. Ce fut dans une ambiance solennelle mais maussade que nous continuâmes notre route vers la cité des Damnés...
Ca pue...
Ca sent la mort et la pourriture.
Peut-être n'est-ce qu'une impression, une illusion, un avertissement que ma raison me lance à l'approche de la cité des damnés. Mais à des kilomètres de Mordheim le Mal se ressent.
Nous ne dormons plus très bien... D'ailleurs nous ne dormons plus vraiment, des nuits agitées et peuplées de cauchemars.
Dès demain nous atteindrons les portes de la ville pour nous mêler à la foule qui s'y presse en quête de gloire et d'argent. Nous espérons tous retrouver Yasmine rapidement et ne pas avoir à rester longtemps dans cet endroit maudit.
La tension est palpable au sein de la troupe... Certains d'entre nous sont même devenus subitement croyants. Ils prient pour notre survie.
L'arrivée d'une religieuse au sein de notre caravane n'est peut-être pas non plus pour rien dans cette conversion. Croisée sur la route, elle a décidé de nous accompagner et, bien que je ne sois pas friand de ses discours moralisateurs, sa présence n'est pas déplaisante... Elle aurait fait une très belle danseuse pour notre cabaret.
Un frisson glacé vient de me parcourir l'échine. Je nous sens observés depuis quelques nuits. Une présence malsaine rôde autour de nous. Et ce soir encore j'ai cru les apercevoir: deux pairs d'yeux luisants dans les fourrés, les uns rouges les autres dorés... Un regard glacial et mauvais... Encore une nuit où je ne dormirai pas...
- Nous devons arriver au plus vite à Mordheim, lui confessa Mandrak deux nuit plus tard, en rejoignant le skaven sa cohorte de cadavres ranimés. Les chevaliers de l'ordre du sssang pourraient déjà être sssur les lieux, et ne pas être ssseuls.
Tout en prononçant ces mots, il observait l'astre lunaire, loin au nord. S'asseyant à ses pieds, la créature ridicule qui ne le quittait plus jouait inlassablement avec son “hochet” surdimensionnée, alors que Skrash suivait le regard de son maître. Il eut un haussement d'épaules indifférent. Les conflits des morts-vivants n'étaient pas les siens. Lorsqu'il aurait mis la main sur le gisement de malepierre recherché à Mordheim, il anéantirait Mandrak, s'emparerait du crâne puis de l'artefact mystérieux des humains, rencontrés deux nuits auparavant. Là, plus rien ne pourrait se dresser sur son chemin, et il pourrait prendre la tête du clan Kaere, siéger au conseil des treize !
- En route, ordonna Mandrak en s'avançant dans la nuit, interrompant les projets futurs du mutant.
A la différence de Skrash et toutes les créatures mortes-vivantes, le vampire ne prenait pas la peine de marcher lors de leurs avancées nocturnes. Par le biais de ses pouvoirs nécromantiques, renforcés par l'artefact de malepierre, il matérialisait une créature inconnue du skaven. La lumière de la lune passait au travers de l'apparition bleutée, nimbée d'une brume glaciale. Celle-ci se déplaçait sur ses deux pattes arrière, hochant de la tête, laissant des trainées incandescentes là où ses yeux d'un rouge sanguin fendaient la brume. Nul doute que de son vivant, il s'était agi d'un terrible prédateur. Où le vampire avait-il pu le rencontrer, cela demeurait un mystère.
Au milieu de la nuit, les tours hautes des ruines de la cité des damnés étaient enfin en vue, et à leurs vues perçantes, ils purent voir l'imposant nombre de lumière tremblantes, témoins des campements provisoires entourant la cité. Le skaven renâcla à approcher davantage des autres races, la sueur, la bière et la crasse empestant de partout, mais le vampire s'avança sans plus d'hésitation. Skrash le suivait, progressant tantôt sur ses pattes postérieures tantôt sur les quatre pattes, demeurant non loin de l'invocateur et sa créature trottinant derrière lui en couinant. Derrière et à leurs côtés avançaient péniblement une flopée mixe d'humains et de peau-vertes, gémissant et claudicants.
N'importe quel humain croisant leur route aurait été pris de folie à la vue d'un tel cortège. Aux odeurs les entourant, le skaven put deviner que le campement qu'ils approchèrent le plus était composé d'orques et d'une poignée d'humains, décidément en bons termes dans cette région. Sa fourrure se hérissa de dégout. Ce n'est qu'en approchant des haut murs de l'imposante métropole que le vampire tendit d'un geste nonchalant son poing vers le skaven. Lorsqu'il l'ouvrit, il révéla trois pierres non taillée desquelles émanaient une lueur douce jaune-verte.
Ils se présentèrent aux portes sud de la cité sans rencontrer le moindre incident, les bêtes sauvages et rares humains rencontrés fuyants à leur approche. Les immenses portes renforcées d'acier gisaient lamentablement à terre, brisée et soufflée à plusieurs mètres par quelques maléfices. Un groupe hétéroclite d'humains et de halflings jaillit soudain des ouvertures abimées dans les corps de garde, sautant sur leurs victimes, et regrettèrent vite leur méprise lorsque celle-ci s'avancèrent vers eux, tendant leurs mains décharnées pour les saisir, leur soufflant leur haleine putride au visage. Ceux restés sur les hauteurs furent pétrifiés de terreur en voyant et entendant leurs compagnons de fortune se faire dévorer vifs, et après un instant, décochèrent plusieurs tir d'arbalète dans la masse de créatures claudicantes. Ceux-ci furent inefficaces et provoquèrent seulement l'assaut d'une quinzaine de morts-vivants aux membres déformés ignorant les quelques traits les ciblant, escaladant les parois verticale. Les archers paniquèrent et tentèrent de faire demi-tour, mais un feulement de colère résonna soudain à leurs oreilles avant qu'ils se soient enrobés de lueurs vertes radiantes.
Ignorant les combats dans les hauteurs et les cris des agonisant auquel ont dévorait les entrailles, Mandrak releva la tête, sa cicatrice au menton largement visible. Un nouveau sourire éclaira son visage. Il dissipa sa monture spectrale et repris son avancée, la horde de mort-vivant reprenant leur marche macabre dans son dos, suivant leur seigneur. Sans un bruit, le skaven bondit d'un toit et vint se positionner à sa gauche, l'aberration encapuchonnée trainant encore et toujours son jouet sur sa droite. Ainsi escorté, Mandrak sillonna la rue principale de la cité, les rares vivants fuyant à leur approche en hurlant de terreur avant d'être implacablement abattus par les éclairs émeraude. Guidé par les vents de magie sombre, Mandrak alla au nord, l'appontement rocheux s'élevant sur leur gauche, au milieu du fleuve, et un Colisée massif tenant encore sur ses fondations les surplombant sur la droite.
En un temps record, ils furent suivis par une nuée de volatiles, corbeaux sombres et chauves-souris aux yeux globuleux fendant le ciel dans leur sillage. Finalement, en vue des docks, le vampire s'immobilisa. Face à lui, de l'ouverture béante qu'une grille défoncée de l'intérieure remontait un souffle froid et pestilentiel. Il s'attarda un moment sur les alentours, alors que les premiers rayons du soleil perçaient le ciel nocturne. Il avisa une bicoque en bois où blanchissait un squelette humain incomplet, à moitié effondrée. Sur l'enseigne délavée, il pouvait encore voir en langage commun “visite catacombes”. Il remarqua alors la porte métallique en centre de la grille sur laquelle sautait le petit bouffon en cape sombre, agitant son bâton de métal elfique. Il eut un sourire amusé et embrassa du regard la masse de créatures immobiles, fidèles dans la mort, et le sorcier skaven à son côté qui observait distraitement les bâtiments alentour, les narines frémissantes et la queue s'agitant dans son dos. Il fit volte-face et s'engouffra dans les ténèbres. Oui. Le cauchemar prenait forme, et il ne faisait que commencer !
Yasmine était avec le groupe depuis maintenant 6 jours...
Au début, elle ne s'y sentait pas bien, mais dès que Bodork, le chef des peaux vertes, lui avait sauvé la vie, ainsi qu'a Nirnémilia et Éponine, elle se sentit un peu rassurée.
Bien sûr, elle cherchait le moyen de rejoindre au plus vite les siens et sa mère. Mais tant que bodork était là, elle était à la fois prisonnière et protégée. Elle utilisait des stratagèmes que lui on soufflé les deux danseuses, comme faire apparaitre au loin et en direction de l'endroit supposé de la caravane qui les poursuivait, des volatils enflammés qui attirent tant la convoitise des orques.
Ce pouvoir lui venait du collier étrange en or qu'elle portait toujours autour du cou, et qu'elle cachait sous le col de sa robe. Cependant elle ne le savait pas.
- Dis Big Daddy, on arrive quand ?
- Kan on sra arrivé ! Jé déjà du mal à mokipé dé boyz qui râlent alors poze pad'kestion tu veux ?
La zone traversée était un bois qui semblait hanté. Bodork était trop occupé à râler sur les autres peaux vertes pour le voir, mais les humaine du groupe l'avais bien remarqué. Des fourrés sur le bord du chemin elle se sentait épiée....
Le soir commençant a se coucher, Yasmine avais demandé a avoir une torche pour se rassurer. Elle regarda autour d'elle, et aperçu une créature massive et bovine, dont elle ne pu définir la taille exacte, courir d'un buisson a un autre.
- Big Daddy ! C'est vraiment important ! Là bas j'ai vu quelque chose !
- Rhaaa J'té dit qu'javais pa le temps pour tes kestions !
Au moment ou Bodork eu fini sa phrase, une dizaine de créatures mutante mi homme mi bouc surgirent des fourrés. Des hommes bêtes.
Les orques étaient occupé a se chamailler, ils ne virent alors que tardivement le danger. Mais Bodork se repris facilement de son erreur de n'avoir pas écouté les remarques de la fillette.
Après tout c'était un orque noir, un des meilleur de son espèce.
Ces hommes bêtes là ne possédaient que de petites cornes, et il savait qu'ils comptaient certainement parmi les membres les plus faibles de leur tribu.
« Waaaaagh ! »
Il se rua sur un des ungor le taillant de sa hache sans faire de manière.
En se retournant, pour attaquer un second mutant, une des piques de sont armures magique sembla comme se dévier pour exterminer un troisième ungor particulièrement traitre qui tentait d'attaquer l'orque noir dans le dos.
Alors qu'il terminait son geste, il entendit fuser un carreau d'arbalète suivi d'un immonde bruit humide, le carreau se fichant dans un autre homme bête.
C'est la première fois qu'un carreau tiré par les arbalètes naines modifiées faisait mouche.
Cependant tous les boys ne se débrouillaient pas aussi bien.
Le chaman était en mauvaise posture, les orques pris par surprise commençant à paniquer sur cette partie de la colonne de marche, l'énergie Waaagh ! nécessaire pour alimenter ses sorts était de mauvaise qualité.
Des éclairs verts sortirent de ses doigts tendus vers l'adversaire, cependant ils partirent en tout sens carbonisant deux acolytes peaux vertes et les ongles de Rashgaz qui aura bien besoin d'une manucure après cela.
Les orques mourraient en se battant du mieux qu'ils pouvaient.
La bataille tournait en faveur des ungors.
Comme si cela ne suffisait pas, un minotaure sortit de la forêt environnante, accompagnant les mutants plus petit, et apparemment attiré par l'odeur du sang et la perspective de perpétuer un massacre a lui tout seul..
Il observa quelques instant autour de lui et fonça droit sur la petite Yasmine terrorisée.
La fillette demeura pétrifiée par la peur. Mais au milieu de la charge de la bête, un réflexe de survie monta en elle :
Elle brandit alors sa torche au-dessus d'elle et celle-ci crépita soudain, des langues de feu en jaillissant et devenant de longs serpents brulants qui s'enroulèrent autour de la créature, enflammant la fourrure du monstre bovin.
Malheureusement ceci ne fit qu'attiser sa fureur, mais eu le don d'attirer l'attention de tous les protagonistes de la bataille.
Les orques voyant que les prodiges du Shadock Ardent étaient toujours avec eux reprirent courage, et les hommes bêtes prirent peur en voyant leur minotaure en mauvaise posture.
La panique s'inversa et les orques reprirent le dessus.
Le combat avec le minotaure n'en était pas fini pour autant.
Continuant sa course, il envoya valdinguer un orque ayant tenté d'arrêter courageusement mais en vain sa charge, et empalé encore un autre ainsi que l'ungor contre qui il se battait.
Tous les combattants s'écartèrent de la trajectoire du monstre après cela, trop occupé à se battre contre un autre adversaire pour essayer de le neutraliser, ou effrayé par son manque de discernement alliés/ennemis.
Finalement Bodork sauta sur le dos de la créature enflammée, ne se rendant pas compte du danger inérant au feu, et lui mis un énorme coup de hachoir entre les omoplates.
La bête continua de courir mais en ralentissant. Elle s'effondra finalement à quelque centimètre de Yasmine, complètement immobilisée par la peur.
Bodork descendit de la créature morte, ignorant les flammes qui commençait à le ronger lui aussi. Il souffla à Yasmine :
- Bien joué la gamine' ! C'machin il a frit, mais ya pa tou compri !
Voyant que la petite magicienne était fière d'elle, il repartit combattre les autres hommes bêtes, en tentant d'éteindre sa jambe, en s'apercevant qu'elle cramait.
Le coup de grâce du minotaure avait aussi été le coup de grâce des pleutres d'hommes bêtes.
Les guerriers verts continuèrent dans leur lancé d'enthousiasme.
Ils pourchassèrent les mutants pour les exterminer. Les éclairs du chaman devinrent plus contrôlables et déchiquetèrent quelques fuyards supplémentaires.
Au bout d'une petite poignée de minute, il ne restait plus rien qu'un tas de cadavres mutants, incendié par les orques, parce que le feu sur la fourrure c'est rigolo.
Le minotaure fut dépecé, car son crâne convenant à Bodork pour constituer un casque à son armure.
Et bientôt la marche reprit.
Les peaux vertes et leurs prisonnières humaines sortirent rapidement de la forêt. Les arbres disparurent rapidement, comme si une aura maléfique les empêchaient de pousser plus loin. Et un grand amas de ruines malsaines entourées de murailles se dressait devant eux : Ils étaient arrivés aux portes de Mordheim.
Une pause, enfin une pause sans ennemis pour nous agresser. De l'extérieur, nous paraissions inexpressif, lents, voir stupides, mais cela n'est pas le cas, une pause nous faisait aussi du bien. Les blessés se reposaient, nous pansions nos blessures, aiguisons nos armes, dormions un peu. Tenqualteq était étrange depuis que nous étions aux abords de Mordheim. C'était la première fois qu'il utilisait ses pouvoirs, qui témoignaient d'une puissance effroyable, tous nos ennemis ont été terrassés, en quelques secondes seulement. J’essayais de remonter le moral des autres lézards, quelque peu choqués par le nombre de mort de notre camp. Ils étaient tous assez jeunes, pas encore immunisés à ce genre d'émotions. L'aube se pointa et nous levâmes le camp...
Au vue de l'hostilité que les cavaliers impériaux avaient manifesté à notre égard, nous nous mîmes d'accord pour éviter les campements entourant la cité des damnés. Parfois les passages larges bloquaient les lignes de vues ou étaient étroits et donc difficilement praticables. Aussi nous dûmes massacrer quelques marchands et leurs gardes du corps, en faisant brutalement irruption dans leurs tentes, leur déchirant la gorge avant qu'ils n'aient pu appeler à l'aide. Heureusement, les installations se tenaient à distance respectables de Mordheim, et assez rapidement nous atteignîmes ses sombres portes...
Un groupe de mercenaires se rassemblait devant la cité. Sibli et moi detestions particulièrement les humains, ils étaient trop, hum... orgueilleux, et leurs expéditions mettaient à sac nos temples, tuaient nos frères. Ils étaient nombreux, bien armés, et nous avions subi assez de pertes lors de l'escarmouche contre les Impériaux. Etant agiles de nature, même nous les saurus, nous nous séparâmes en groupe de deux afin d'escalader les murailles aussi discrètement que possible. Ceux-ci étaient constitués d'un skink et un saurus, pour garder un équilibre agilité/force en cas de combat. La seule exception à cette règle était Tenqualteq, entouré par deux saurus et Sibli. Le premier groupe commença l'ascension, tout se passa comme prévu, et ils redescendirent de l'autre bord, pour monter la garde. L'escalade du second groupe était quand même plus laborieuse que celle du précédant, aussi mirent-ils un peu trop de temps pour les rejoindre à mon goût...
Je commençais à mon tour à monter, mes puissantes griffes trouvant ou créant des prises là où j'en avais besoin. Au bout de quelques minutes, je me hissais sur le rempart. De là, j'entendis le fracas d'un combat, mais je ne pouvais en distinguer les protagonistes à cause de cette satanée brume, lourde, noire, épaisse. J'entrepris de descendre rapidement, mais en restant prudent, paré à toute éventualité. Mon compagnon me suivait sans la moindre difficulté, et nous sautâmes en bas seulement une poignée de secondes après le départ...
Sibli tournait les yeux dans tous les sens, scrutant l'arrivée des autres, en faisant les cent pas.
- Ils metttent trop de tempsss, dis-je, nous avions convenus qu'ilss devraient donnner ddes nouvellles après le troisième passage. Comment pouvons-nous garantirrr la ssécurité de Tenqualteq ?
Je me résolu donc à escalader seul la muraille, repérer le haut, et redescendre de la même façon de l'autre côté. Cela m'inquiétait tout de même, ce n'était pas le genre de Tempeq de ne pas s'en tenir au plan. Les mercenaires avaient quitté leur poste, nous permettant d'accélérer l'escalade, nous montâmes donc en même temps. Je parvins au sommet fort rapidement, et je donnai le signal à Tenqualteq. La rapidité à laquelle le prêtre grimpa le rempart fut pour le moins surprenante. Son aspect chétif cachait une force et une agilité exceptionnelle, aussi dus-je n'attendre que peu de temps. Quand je posais mes pattes sur le sol, je vis qu'il était couvert de sang. Je levais mes yeux pour voir Tempeq et son groupe aux prises avec les mercenaires...
Revenons du côté de Tempeq...
Nous étions encerclés. Pris au piège. Comme de vulgaires insectes. Nous étions en carré autour des quatre tireurs, et nous repoussions avec de plus en plus de difficulté nos ennemis. Nous reculions, un pas après l'autre, jusqu'à être acculé à une maisonnette typique de l'architecture de l'Empire. Elle n'était pas, ou très peu abimée, car, selon moi, la catastrophe n'avait pas atteint les bordures. Soudain, une diversion inespérée se présenta, provoquée par l'arrivé de Sibli et des autres lézards. Un des mâles s'écroula, un projectile lui ayant traversé l'œil et était resté dans le cerveau. Je jaillis tel un fauve dans les rangs ennemis, je fauchais les jambes d'un mercenaire, avant d'arracher l'avant bras d'un second d'un coup de mâchoire. Les autres m'avaient suivi, et des volées de carreaux empoisonnés trouaient les rangs disciplinés de nos assaillants. Sibli repéra en même temps que moi le général adverse, et au moment au je lui sautais dessus, une flèche d'une terrible précision vint transpercer le cœur de ce dernier...
C'était la catastrophe.
Ne sachant pas comment entrer dans Mordheim, Bodork et ses boys tentèrent de passer par une des portes principales, malheureusement gardée par un gros contingent d'impériaux à la livré blanche et jaune.
En attendant de trouver un moyen, le chef orque noir avait ordonné à ses boyz de se préparer sans faire de bruit dans les fourrés, à une trentaine de mètre de la porte.
Le complexe de défense était particulièrement chaotique, mais difficile à forcer.
Un mic-mac de tente, planté en 5 rangée de 5 de chaque côté de la porte.
Un peu sur la droite du camp se trouve une tente plus grande, apparemment destinée à abriter des animaux.
A la place de la route qui mène à la porte, il ne restait qu'un vague chemin boueux à cause du passage incessant de sentinelles qui patrouillaient sans cesse.
Ces sentinelles, coiffée d'un heaume à plume ("Ridicule !" pensa Bodork), portaient des hallebardes.
Deux d'entre elles, semblaient patrouiller en plaisantant,parlant et riant fort.
Soudain Bodork vit une tête d'homme sortir d'une tente :
- Mais on peux plus se tripo.... jouer au taro tranquille ?
- C'est toujours la même chose quand vous êtes de garde ! Vous faites tellement de bruit qu'on se croirait dans un taverne ! Pas vrai les gars ?
-OUAAAAIS !
Au nombres de têtes qui étaient sortie pour manifester leur mécontentement, Bodork pu estimer le nombre de gardes à une centaine environ....
Lui et sa bande na passerai pas si facilement.
Pour savoir si il existe une option de passage rapide, il observa la porte elle même.
La tour, trapue et peu haute, qui gardait la porte, était surmontée d'un étendard représentant un cheval cabré.
- Ya dé keuvalier là dedan ..." Rumina Bodork.
- Cé dur a tuer des Keuvalier, cé gênant ! Par cont' les keuval, cé bon a bekter ! Hur hur hur...
Yasmine a côté de lui le regardait parler tout seul.
Elle le trouvait attachant, cet orque.
Du moins, tant qu'il parlait pas de manger des humains ou de faire des concours de coups de boule pendant les bivouacs.
L'orque a la peau sombre se retourna vers la fillette:
- Alor là on va s'battre. Cé marran mé cé danj'reux, alors com t'es rose et molle jt'e fille mon bouklier. Sers t'en pour pas t'prend dé flèches d'akor ?
Yasmine hocha la tête et agrippa le lourd bouclier en bois que Bodork lui donnait.
La bataille allait commencer.
Le chef peau verte rassemblais sa bande, il fallait d'abord passer l'aggloméra anarchique de tentes de campement qui occupait l'espace devant l'entrée.
- Lé boyz ! On va passer passer en kouran entre les z'hutte de touale et on va kasser la porte ! Zavé intéré a vous ékiper lourd'ment ! Rashgaz ? On va avouar b'zoin d' ta magie pour kasser la porte, et vite !
La bataille commença.
Les guerriers verts se précipitèrent comme un seul orque vers la porte massacrant les sentinelle en un rien de temps et ignorant les impériaux désarmés et effarés, qui sortait de leur abris de toile en tentant de comprendre la situation.
Une fois arrivé à la porte massive en chêne, les peau vertes commencèrent leur travail de sape.
Le chaman commençait a faire chauffer la porte d'un simple contact avec ses main, la gorgeant d'énergie jusqu'à la rendre verte.
Mais le bois était résistant, et ne cédait pas aussi facilement que Bodork l'avait voulu.
C'est a cette instant qu'une cloche d'alarme retenti, en haut de la tour, le gardien du mécanisme de la porte en criait en même temps:
- Des Orques tentent de rentrer ! Ils veulent forcer la porte !
Des arbalétriers pointèrent le bout de leur nez par dessus la muraille, et firent feu. Le chaman tomba à terre sonné par un tir qui ricocha sur sa caboche.
De concert, tout les hommes qui campaient dans les tentes se mirent à charger avec leur armure à moitié mise ou parfois juste en culotte impériale, et avec juste une épée.
Pire encore, les chevaliers que Bodork redoutait tant apparurent devant la tente écurie. Les carreaux se remirent à pleuvoir de plus belle. Heinrich, le gardien de la porte, celui là même qui à sonné l'alarme, jubilait.
- Quelles stupides créatures ! Tant que cette porte sera en ma responsabilité, personne ne la passera. Je serai le seul a profiter des pierres magiques de la ville.
Faut dire qu'il était confiant, lui, fils de noble, qui était sorti premier de son académie militaire. Sachant que la bataille était gagnée d'avance, il décida tout de même de s'amuser. Il attrapa son arquebuse et visa. Tiens, une petite créature semble se cacher sous un bouclier trop lourd pour elle.....
PAWFFFFFF !
Un nuage de fumée se forma après le tir, mais il fut dissipé en quelque secondes par les gesticulations du noble pressé de voir si il a fait mouche...
Non loin de là, Bodork et ses boyz se battaient. Aucun n'était mort, mai ça n'allais pas tarder si les carreaux et les coups d'épée ne cessaient pas de leur tomber. Le chef orque avait arrêté d'essayer de détruire la porte, et combattait l'ennemi en cherchant une solution à ce bourbier. Les chevalier arrivaient vite, et se mettait en position de charge.
Bodork comprit que l'entrée ne romprait pas si facilement, malgré le travail bien entamé du chaman. Il se retourna, et termina de tuer son adversaire d'un coup de coude dans la cage thoracique. C'est là qu'il vit Yasmine a terre.
La partie de bois du bouclier était défoncé, il ne restait plus que le cerclage en fer doté de pointe. Il se précipita vers la gamine en écrasant le crâne d'un autre impérial au passage. La pauvre enfant était touché a l'épaule par... un plomb d'arquebuse. Il se retourna vers la porte, et discerna sur le haut de la tour un homme en tenue extravagante qui était en train de la viser avec une arme a feu.
Heinrich riait de plus belle. Ce qui semblait être le chef des pitoyable créature qui attaquait son campement s'était mis sur sa trajectoire de tir, lui offrant une cible de choix. Il rechargea son arme rapidement, aussi rapidement que le permet une arquebuse, Tout en ne perdant pas de vue sa cible qui apparemment, l'avait repéré. Il fit la mise au point de la visée et.... son rictus se transforma en grimace de surprise.
Il avait vu que la première créature sur laquelle il avait tiré, n'était pas un gobelin, mais une jeune fille... Profitant que le noble semblait être déconcentré, Bodork se saisi du cerclage à pointe et le lança de toute ses forces en direction du tireur. Celui ci fut décapité sur le coup.
- YEAAAAAA ! Jé toujour' été trotrofor au lancé eud' Frizbi !
Le corps sans vie d'Heinrich resta debout pendant encore quelques seconde, comme refusant sa propre mort, puis s'éffondra sur un levier de machinerie proche. Les cavaliers a l'emblème de soleil qui s'était mis en position, chargèrent.
- Ya la porte qu'elle est entrin d'souvrir ! Cria un des boy, qui s'avéra être un des orques armé d'arbalète.
Profitant de l'occasion, Bodork pris Yasmine dans ses bras et couru à l'intérieur de Mordheim, bientôt suivit par les autres peaux-vertes.
Derrière la porte attendait de pied une dizaine de fantassins jaunes et blancs, mais les orques passèrent leur défense sans les tuer avant d'aller se cacher dans un bâtiment effondré en passant par une petite porte que ne passe pas un cavalier. C'est la cavalerie qui chargeait les orques qui piétina les fantassin impériaux, avant de se fracasser contre le mur de la ruine ou se cachait les boyz, qui observaient la scène en riant.
Les arbalétriers en haut des murs, confus à cause de l'ouverture soudaine de la porte, tirèrent sans viser, massacrant beaucoup de cavalier, de fantassin, mais très peu d'orques au final. Pendant que les peaux-vertes faisaient de la gymnastique avec leur zygomatiques, les danseuses humaines prisonnières qui étaient parvenue jusqu'ici porté par un boy, s'écrièrent:
- Par Sigmar ! Qu'est-il arrivé a Yasmine ?
-Elle ruissèle de sang c'est grave !
-Z'inkièté pa, on va la soigné !
Puis la bande reprit sa fuite, quittant l'abri de fortune qu'est la ruine pour fuir les tirs de carreaux vers le champs de désolation qu'est Mordheim... Mordheim la damnée semblait leur apporter bien de la chance..... Et des problèmes aussi....
Le sang ne cessait de couler, si bien que le joli teint hâlé de la jeune Yasmine commençait à devenir blafard.
Bodork tournait en rond, devant les deux danseuses qui essayait tant bien que mal de désinfecter les plaies de la gamine.
- Vous aviez dit que vous alliez la soigner ! Elle est en train de mourir et vous ne faites rien !
-Chuis en trin d'chercher sa se vouaa paaaa ?
Lassé et visiblement nerveux, Bodork s'aprocha du tas que constitue son baluchon, et l'ouvrit.
Il décida de voir ce qui pouvait éventuellement soigner quelqu'un, mais il ne trouvait rien.
- Rashgaz ! Viens vouar un ptit coup si tu peux souagner la môm', en nattendan je boua un pti kou...
L'Orque noir s'assit, de façon grotesque comme l'est toujours la façon de s'assoir de son espèce, en se laissant tomber sur ses fesses. Il avait soif, il prit alors en main son boc à bière nain, celui dans lequel il aimait tant boire....
A peine l'avait-il touché, que les runes antiques gravé sur le récipient s'allumèrent d'une lumière bleuté vive.
- Eurékorque !! S'écria l'orque en attirant beaucoup de regard sur lui.
Il s'empressa de regarder dans sa flasque.... Malheureusement vide.
Plus de liqueur de frelon. Depuis son départ il avait tout bu, et il commençait sérieusement à avoir soif même.
Un peu plus loin, il aperçut quelques boyz faire de même. Plus rien à boire et pour manger ça allait bientôt être pareil. Il fallait partir à la chasse dans cette ville.
Mais de quoi. Des humains ? Hors de question, ça fait peur à la petite. Il faudra chercher... Soudain Bodork entendit du chahut.
- Laisse moua bouar ! Yen a suffiz'ment pour' deuz'orque !
- Cé MAAAA gourd' ! T'en aura pa t'avéka en prend' pluss !
L'imposant chef arriva près de lieu de la dispute. L'ombre de sa silhouette imposante couvrait les deux boyz.
- Boy ! Ke kontien ta gourd' ?
- Euhhh.... L'a bièrr' de Squig ...
- Sa fra l'affèr. Donn' moua ta gourd'.
- Mé boss, cé karément injust' !
« PAF ! »
Tandis que quelques dents orkoïdes étaient projetées, Bodork récupéra la gourde. Il examina le contenu, puis le versa dans le boc.
La bière qui était sombre, devient progressivement plus claire, et très légèrement bleutée, comme les runes.
Il s'approcha de l'enfant souffrante et lui tendit le boc.
- Mon dieu mais qu'est-ce que ça ? Vous n'allez quand même pas lui faire boire ça ?
- Cé moua le boss, cé moi qui décide ! Tien boua sa Yaksmine.
Un peu réticente, Yasmine finit tout de même par boire une gorgée de l'étrange breuvage. Et sous les yeux ébahis des danseuses, Yasmine se mis à boire tout le contenu très rapidement jusqu'à la fin, comme si sa vie en dépendait.
Elle termina de boire, laissa tomber le boc, et tomba endormie. En quelques heures de sommeil, la plaie sur l'épaule de Yasmine avait d'elle-même régurgitée le plomb et s'était refermée, ne laissant qu'une cicatrice à peine visible.
Nous quittâmes le lieu couvert de sang d'homme, à la recherche d'un abri, provisoire ou non. Sibli suggéra de longer la muraille, car les maisons de la bordure sont souvent "moins" amochées. Nous trouvâmes une maisonnette typique de la région, très laide à mon goût. En entrant, nous fîmes fuir les quelques rats qui habitaient l'endroit. La maison était assez lugubre, étroite, et ne pouvais tous nous accueillir. Tenqualteq ne semblait pas pressé, aussi nous abattîmes les murs, les poutres, tout ce dans la maison qui pouvait être utile était récupéré, et le reste de la journée servit à monter ce qui nous servirait de camp, d'où nous pourrions lancer des recherches, nous ravitailler...
Tincqi, ayant quelques années auparavant suivi une formation d'architecte dans notre cité-temple supervisa la construction, tandis que Wincqi, lui anciennement scribe, dressa l'inventaire des matériaux. Leur aide fut précieuse, et nous aurions un toit sur la tête pour ce soir. L'ambiance était bonne, et chacun vaquait à ses occupations. Wincqi écrivait une missive au slaan de notre cité, Tenqualteq méditait, tandis que je supervisais l’entraînement de deux jeunes guerriers. Nous décidâmes que seuls les plus expérimentés partiraient en ville, Mordheim était plus dangereuse que jamais, avec toutes ces bandes en quête de "pierre magique" comme ils l'appelaient...
Je partirais demain explorer les alentours avec quelques lézards, pendant que les autres finiraient de construire l'abri, et y installerait une tour de guet, selon moi indispensable.
Le soleil, vital pour nous, tarda à se lever. Il était pourtant assez tard, mais dans Mordheim, tous les cycles étaient bouleversés. J'explorais les alentours, sans croiser personne, et Wincqi cartographiait le tout. Des squelettes jonchait les rues, signe que le quartier avait été dépouillé longtemps auparavant. "Tant mieux, pensais-je, ça nous évitera des ennuis inutiles". Je décidai qu'il était temps de rentrer, et au camp, la tour de guet était depuis longtemps déjà dressée.
- Ssstupide rongeur. Ne sssens-tu pas les émanasssions du talisssment dans sssette roulotte ?
Sa haine envers le mort-vivant s'atténua légèrement comme sur son intimation voilée il étendit les parcelles de son pouvoir encore intactes malgré le manque de malepierre réclamé par son corps. Il sentait les quelques humains éveillés surveillant le camp et les corps enroulés dans leurs couvertures miteuses, à même le sol ou dans les ridicules chariotes. Il entendit même avant de sentir la présence malodorante d'un orque parmi eux. Mais c'est son instinct animal et ses sens invisibles qui perçurent la puissante aura émanant de l'une des-dit chariots. Ses babines se retroussèrent une fois de plus. Il fit un pas en avant. Cet objet, quel qu'il soit, lui permettrait de rivaliser avec la sorcellerie de ce maudit mort-vivant, et des multiples malédictions qu'il faisait pleuvoir sur le skaven. Mais Mandrak le retint comme une silhouette se levait dans la limite de la zone éclairée par le feu.
- Nous ne sssommes pas ici pour sssela, pour le moment... et ignorant la seconde silhouette sondant l'obscurité, il cligna des yeux une dernière fois et fit demi-tour, talonné par l'ombre lilliputienne oscillante à chaque pas.
Skrash demeura néanmoins un moment à espionner les humains visiblement mal à l'aise. Il aurait put si facilement les détruire et s'emparer de l'artefact, si facilement... mais la volonté du vampire, courant dans son sang et dans son esprit, l'emporta, et il suivit sans un bruit le seigneur de la nuit.
*
- Cette forêt est trop dangggereuse, nous dit Tenqualteq, ceppendant, nous avons pu refairre nos provisions. Nous nous reposerons plusss tard.
Cette dernière déclaration ne nous choqua pas le moins du monde, et nous repartîmes de bon pied en quête d'un endroit où se reposer. Nous sortîmes de la forêt sans encombre, juste quelques bruits de pas nous laissaient perplexes. Le terrain était maintenant plutôt rocailleux, et quelques touffes d'herbes sèches parsemaient ce paysage désolé. Les rochers écorchaient nos pieds, aussi nous accélérâmes le pas pour sortir au plus vite de cet enfer...
Au bout de la plaine caillouteuse se profilait un énorme rocher, l'abri idéal, me disais-je. Nous nous attendions à une embuscade, une attaque, mais quand nous nous approchâmes de la pierre, rien ni personne. Il était assez tôt dans la soirée, mais cela importait peu. Nous nous reposâmes tranquillement, toutefois sans trop trainer, car Mordheim et le médaillon nous attendaient. Tenqualteq, en ayant profité pour demander la voie à suivre aux slaans de sa cité-temple, nous dis que nous n'étions plus très loin, et qu'il sentait déjà l'aura magique de l'artefact...
Le prêtre nous réveilla à l'aube. La troupe fut sur pied en quelques minutes et sans le moindre bruit. Nous marchâmes pendant plusieurs jours, et nous nous arrêtions seulement quelques fois pour ne pas ralentir l'allure. Le paysage qui défilait semblait ne jamais changer, des plaines, encore des plaines, toujours des plaines. Seul Tenqualteq paraissait ne pas se fatiguer, animé par une volonté qui nous dépassait. Soudain, nous aperçûmes de la fumée au loin, oui, une fumée noire, épaisse.
- Nous y sommes, Mordheim, la cité des damnés, susurra le mage...
Pendant que nous contemplions une cité complètement chaotique, entourée de campements, de tentes, où se mélangeait commerçants et guerriers, riches et pauvres, voleur et marchands... Un bruit de sabots nous tira de nos pensées. Un groupe de cavaliers, venant de nous remarquer, s'apprêtait à nous charger. Le premier contact fut dévastateur côté lézard, les cavaliers fauchant les reptiles qui tentaient en vain de se défendre...
Je pris les choses en main, en contre-chargeant l'ennemi moi-même. Je me ruai sur un cavalier, tranchant les pattes avant de sa monture avant de lui déchirer la gorge d'un coup de mâchoire assassin. Les sauriens près de moi, galvanisés par mon attaque, se jetèrent violemment dans la mêlée. Nous mirent à bas de leur montures une demi-douzaine d'Impériaux, quant un carreau acéré transperça le cœur d'un saurus. Moult druchiis sortirent du bois non loin, mettant la panique dans les deux camps. Ils prenaient vite l'avantage dans les combats, quand un trait de mana à l'état pur traversa deux elfes noirs, leur trouant les poumons. Ces derniers s'écroulèrent en titubant, le sang leur sortant de la bouche par saccades irrégulières.
Tout le monde se retourna, et nous vîmes Tenqualteq, à un mètre du sol, les yeux clos, entouré d'une énergie vert-bleutée. Une vive lumière éclata et des éclairs jaillirent de son corps, massacrant les ennemis de ses frères. L'air crépitait littéralement de magie tant l'énergie qui émanait de Tenqualteq était puissante. Une odeur de chair brulée enveloppait nos narines, et même le vent provoqué par le sortilège ne parvenait à nous l'ôter. Nos ennemis étaient pétrifiés par la peur, aussi nous en profitâmes pour nous aussi mettre à mort ceux qui avaient enlevé la vie à nos semblables. La bataille se termina assez vite, et le constat fut sans appel : désastreux...
Sur la quarantaine d'hommes lézards qui étaient partis de Lustrie, il n'en restait qu'une douzaine tout au plus. Le champ de bataille offrait une vision affreuse de la guerre. Des hommes, des elfes et des lézards, gisaient dans la plaine, mutilés, l'herbe verte il y a à peine une heure désormais vermeille. Nous bénîmes les dépouilles de nos confrères, avant de les immolés sur un bûcher de fortune malgré nous. Ce fut dans une ambiance solennelle mais maussade que nous continuâmes notre route vers la cité des Damnés...
*
Ca pue...
Ca sent la mort et la pourriture.
Peut-être n'est-ce qu'une impression, une illusion, un avertissement que ma raison me lance à l'approche de la cité des damnés. Mais à des kilomètres de Mordheim le Mal se ressent.
Nous ne dormons plus très bien... D'ailleurs nous ne dormons plus vraiment, des nuits agitées et peuplées de cauchemars.
Dès demain nous atteindrons les portes de la ville pour nous mêler à la foule qui s'y presse en quête de gloire et d'argent. Nous espérons tous retrouver Yasmine rapidement et ne pas avoir à rester longtemps dans cet endroit maudit.
La tension est palpable au sein de la troupe... Certains d'entre nous sont même devenus subitement croyants. Ils prient pour notre survie.
L'arrivée d'une religieuse au sein de notre caravane n'est peut-être pas non plus pour rien dans cette conversion. Croisée sur la route, elle a décidé de nous accompagner et, bien que je ne sois pas friand de ses discours moralisateurs, sa présence n'est pas déplaisante... Elle aurait fait une très belle danseuse pour notre cabaret.
Un frisson glacé vient de me parcourir l'échine. Je nous sens observés depuis quelques nuits. Une présence malsaine rôde autour de nous. Et ce soir encore j'ai cru les apercevoir: deux pairs d'yeux luisants dans les fourrés, les uns rouges les autres dorés... Un regard glacial et mauvais... Encore une nuit où je ne dormirai pas...
*
- Nous devons arriver au plus vite à Mordheim, lui confessa Mandrak deux nuit plus tard, en rejoignant le skaven sa cohorte de cadavres ranimés. Les chevaliers de l'ordre du sssang pourraient déjà être sssur les lieux, et ne pas être ssseuls.
Tout en prononçant ces mots, il observait l'astre lunaire, loin au nord. S'asseyant à ses pieds, la créature ridicule qui ne le quittait plus jouait inlassablement avec son “hochet” surdimensionnée, alors que Skrash suivait le regard de son maître. Il eut un haussement d'épaules indifférent. Les conflits des morts-vivants n'étaient pas les siens. Lorsqu'il aurait mis la main sur le gisement de malepierre recherché à Mordheim, il anéantirait Mandrak, s'emparerait du crâne puis de l'artefact mystérieux des humains, rencontrés deux nuits auparavant. Là, plus rien ne pourrait se dresser sur son chemin, et il pourrait prendre la tête du clan Kaere, siéger au conseil des treize !
- En route, ordonna Mandrak en s'avançant dans la nuit, interrompant les projets futurs du mutant.
*
A la différence de Skrash et toutes les créatures mortes-vivantes, le vampire ne prenait pas la peine de marcher lors de leurs avancées nocturnes. Par le biais de ses pouvoirs nécromantiques, renforcés par l'artefact de malepierre, il matérialisait une créature inconnue du skaven. La lumière de la lune passait au travers de l'apparition bleutée, nimbée d'une brume glaciale. Celle-ci se déplaçait sur ses deux pattes arrière, hochant de la tête, laissant des trainées incandescentes là où ses yeux d'un rouge sanguin fendaient la brume. Nul doute que de son vivant, il s'était agi d'un terrible prédateur. Où le vampire avait-il pu le rencontrer, cela demeurait un mystère.
Au milieu de la nuit, les tours hautes des ruines de la cité des damnés étaient enfin en vue, et à leurs vues perçantes, ils purent voir l'imposant nombre de lumière tremblantes, témoins des campements provisoires entourant la cité. Le skaven renâcla à approcher davantage des autres races, la sueur, la bière et la crasse empestant de partout, mais le vampire s'avança sans plus d'hésitation. Skrash le suivait, progressant tantôt sur ses pattes postérieures tantôt sur les quatre pattes, demeurant non loin de l'invocateur et sa créature trottinant derrière lui en couinant. Derrière et à leurs côtés avançaient péniblement une flopée mixe d'humains et de peau-vertes, gémissant et claudicants.
N'importe quel humain croisant leur route aurait été pris de folie à la vue d'un tel cortège. Aux odeurs les entourant, le skaven put deviner que le campement qu'ils approchèrent le plus était composé d'orques et d'une poignée d'humains, décidément en bons termes dans cette région. Sa fourrure se hérissa de dégout. Ce n'est qu'en approchant des haut murs de l'imposante métropole que le vampire tendit d'un geste nonchalant son poing vers le skaven. Lorsqu'il l'ouvrit, il révéla trois pierres non taillée desquelles émanaient une lueur douce jaune-verte.
Ils se présentèrent aux portes sud de la cité sans rencontrer le moindre incident, les bêtes sauvages et rares humains rencontrés fuyants à leur approche. Les immenses portes renforcées d'acier gisaient lamentablement à terre, brisée et soufflée à plusieurs mètres par quelques maléfices. Un groupe hétéroclite d'humains et de halflings jaillit soudain des ouvertures abimées dans les corps de garde, sautant sur leurs victimes, et regrettèrent vite leur méprise lorsque celle-ci s'avancèrent vers eux, tendant leurs mains décharnées pour les saisir, leur soufflant leur haleine putride au visage. Ceux restés sur les hauteurs furent pétrifiés de terreur en voyant et entendant leurs compagnons de fortune se faire dévorer vifs, et après un instant, décochèrent plusieurs tir d'arbalète dans la masse de créatures claudicantes. Ceux-ci furent inefficaces et provoquèrent seulement l'assaut d'une quinzaine de morts-vivants aux membres déformés ignorant les quelques traits les ciblant, escaladant les parois verticale. Les archers paniquèrent et tentèrent de faire demi-tour, mais un feulement de colère résonna soudain à leurs oreilles avant qu'ils se soient enrobés de lueurs vertes radiantes.
Ignorant les combats dans les hauteurs et les cris des agonisant auquel ont dévorait les entrailles, Mandrak releva la tête, sa cicatrice au menton largement visible. Un nouveau sourire éclaira son visage. Il dissipa sa monture spectrale et repris son avancée, la horde de mort-vivant reprenant leur marche macabre dans son dos, suivant leur seigneur. Sans un bruit, le skaven bondit d'un toit et vint se positionner à sa gauche, l'aberration encapuchonnée trainant encore et toujours son jouet sur sa droite. Ainsi escorté, Mandrak sillonna la rue principale de la cité, les rares vivants fuyant à leur approche en hurlant de terreur avant d'être implacablement abattus par les éclairs émeraude. Guidé par les vents de magie sombre, Mandrak alla au nord, l'appontement rocheux s'élevant sur leur gauche, au milieu du fleuve, et un Colisée massif tenant encore sur ses fondations les surplombant sur la droite.
En un temps record, ils furent suivis par une nuée de volatiles, corbeaux sombres et chauves-souris aux yeux globuleux fendant le ciel dans leur sillage. Finalement, en vue des docks, le vampire s'immobilisa. Face à lui, de l'ouverture béante qu'une grille défoncée de l'intérieure remontait un souffle froid et pestilentiel. Il s'attarda un moment sur les alentours, alors que les premiers rayons du soleil perçaient le ciel nocturne. Il avisa une bicoque en bois où blanchissait un squelette humain incomplet, à moitié effondrée. Sur l'enseigne délavée, il pouvait encore voir en langage commun “visite catacombes”. Il remarqua alors la porte métallique en centre de la grille sur laquelle sautait le petit bouffon en cape sombre, agitant son bâton de métal elfique. Il eut un sourire amusé et embrassa du regard la masse de créatures immobiles, fidèles dans la mort, et le sorcier skaven à son côté qui observait distraitement les bâtiments alentour, les narines frémissantes et la queue s'agitant dans son dos. Il fit volte-face et s'engouffra dans les ténèbres. Oui. Le cauchemar prenait forme, et il ne faisait que commencer !
*
Yasmine était avec le groupe depuis maintenant 6 jours...
Au début, elle ne s'y sentait pas bien, mais dès que Bodork, le chef des peaux vertes, lui avait sauvé la vie, ainsi qu'a Nirnémilia et Éponine, elle se sentit un peu rassurée.
Bien sûr, elle cherchait le moyen de rejoindre au plus vite les siens et sa mère. Mais tant que bodork était là, elle était à la fois prisonnière et protégée. Elle utilisait des stratagèmes que lui on soufflé les deux danseuses, comme faire apparaitre au loin et en direction de l'endroit supposé de la caravane qui les poursuivait, des volatils enflammés qui attirent tant la convoitise des orques.
Ce pouvoir lui venait du collier étrange en or qu'elle portait toujours autour du cou, et qu'elle cachait sous le col de sa robe. Cependant elle ne le savait pas.
- Dis Big Daddy, on arrive quand ?
- Kan on sra arrivé ! Jé déjà du mal à mokipé dé boyz qui râlent alors poze pad'kestion tu veux ?
La zone traversée était un bois qui semblait hanté. Bodork était trop occupé à râler sur les autres peaux vertes pour le voir, mais les humaine du groupe l'avais bien remarqué. Des fourrés sur le bord du chemin elle se sentait épiée....
Le soir commençant a se coucher, Yasmine avais demandé a avoir une torche pour se rassurer. Elle regarda autour d'elle, et aperçu une créature massive et bovine, dont elle ne pu définir la taille exacte, courir d'un buisson a un autre.
- Big Daddy ! C'est vraiment important ! Là bas j'ai vu quelque chose !
- Rhaaa J'té dit qu'javais pa le temps pour tes kestions !
Au moment ou Bodork eu fini sa phrase, une dizaine de créatures mutante mi homme mi bouc surgirent des fourrés. Des hommes bêtes.
Les orques étaient occupé a se chamailler, ils ne virent alors que tardivement le danger. Mais Bodork se repris facilement de son erreur de n'avoir pas écouté les remarques de la fillette.
Après tout c'était un orque noir, un des meilleur de son espèce.
Ces hommes bêtes là ne possédaient que de petites cornes, et il savait qu'ils comptaient certainement parmi les membres les plus faibles de leur tribu.
« Waaaaagh ! »
Il se rua sur un des ungor le taillant de sa hache sans faire de manière.
En se retournant, pour attaquer un second mutant, une des piques de sont armures magique sembla comme se dévier pour exterminer un troisième ungor particulièrement traitre qui tentait d'attaquer l'orque noir dans le dos.
Alors qu'il terminait son geste, il entendit fuser un carreau d'arbalète suivi d'un immonde bruit humide, le carreau se fichant dans un autre homme bête.
C'est la première fois qu'un carreau tiré par les arbalètes naines modifiées faisait mouche.
Cependant tous les boys ne se débrouillaient pas aussi bien.
Le chaman était en mauvaise posture, les orques pris par surprise commençant à paniquer sur cette partie de la colonne de marche, l'énergie Waaagh ! nécessaire pour alimenter ses sorts était de mauvaise qualité.
Des éclairs verts sortirent de ses doigts tendus vers l'adversaire, cependant ils partirent en tout sens carbonisant deux acolytes peaux vertes et les ongles de Rashgaz qui aura bien besoin d'une manucure après cela.
Les orques mourraient en se battant du mieux qu'ils pouvaient.
La bataille tournait en faveur des ungors.
Comme si cela ne suffisait pas, un minotaure sortit de la forêt environnante, accompagnant les mutants plus petit, et apparemment attiré par l'odeur du sang et la perspective de perpétuer un massacre a lui tout seul..
Il observa quelques instant autour de lui et fonça droit sur la petite Yasmine terrorisée.
La fillette demeura pétrifiée par la peur. Mais au milieu de la charge de la bête, un réflexe de survie monta en elle :
Elle brandit alors sa torche au-dessus d'elle et celle-ci crépita soudain, des langues de feu en jaillissant et devenant de longs serpents brulants qui s'enroulèrent autour de la créature, enflammant la fourrure du monstre bovin.
Malheureusement ceci ne fit qu'attiser sa fureur, mais eu le don d'attirer l'attention de tous les protagonistes de la bataille.
Les orques voyant que les prodiges du Shadock Ardent étaient toujours avec eux reprirent courage, et les hommes bêtes prirent peur en voyant leur minotaure en mauvaise posture.
La panique s'inversa et les orques reprirent le dessus.
Le combat avec le minotaure n'en était pas fini pour autant.
Continuant sa course, il envoya valdinguer un orque ayant tenté d'arrêter courageusement mais en vain sa charge, et empalé encore un autre ainsi que l'ungor contre qui il se battait.
Tous les combattants s'écartèrent de la trajectoire du monstre après cela, trop occupé à se battre contre un autre adversaire pour essayer de le neutraliser, ou effrayé par son manque de discernement alliés/ennemis.
Finalement Bodork sauta sur le dos de la créature enflammée, ne se rendant pas compte du danger inérant au feu, et lui mis un énorme coup de hachoir entre les omoplates.
La bête continua de courir mais en ralentissant. Elle s'effondra finalement à quelque centimètre de Yasmine, complètement immobilisée par la peur.
Bodork descendit de la créature morte, ignorant les flammes qui commençait à le ronger lui aussi. Il souffla à Yasmine :
- Bien joué la gamine' ! C'machin il a frit, mais ya pa tou compri !
Voyant que la petite magicienne était fière d'elle, il repartit combattre les autres hommes bêtes, en tentant d'éteindre sa jambe, en s'apercevant qu'elle cramait.
Le coup de grâce du minotaure avait aussi été le coup de grâce des pleutres d'hommes bêtes.
Les guerriers verts continuèrent dans leur lancé d'enthousiasme.
Ils pourchassèrent les mutants pour les exterminer. Les éclairs du chaman devinrent plus contrôlables et déchiquetèrent quelques fuyards supplémentaires.
Au bout d'une petite poignée de minute, il ne restait plus rien qu'un tas de cadavres mutants, incendié par les orques, parce que le feu sur la fourrure c'est rigolo.
Le minotaure fut dépecé, car son crâne convenant à Bodork pour constituer un casque à son armure.
Et bientôt la marche reprit.
Les peaux vertes et leurs prisonnières humaines sortirent rapidement de la forêt. Les arbres disparurent rapidement, comme si une aura maléfique les empêchaient de pousser plus loin. Et un grand amas de ruines malsaines entourées de murailles se dressait devant eux : Ils étaient arrivés aux portes de Mordheim.
*
Une pause, enfin une pause sans ennemis pour nous agresser. De l'extérieur, nous paraissions inexpressif, lents, voir stupides, mais cela n'est pas le cas, une pause nous faisait aussi du bien. Les blessés se reposaient, nous pansions nos blessures, aiguisons nos armes, dormions un peu. Tenqualteq était étrange depuis que nous étions aux abords de Mordheim. C'était la première fois qu'il utilisait ses pouvoirs, qui témoignaient d'une puissance effroyable, tous nos ennemis ont été terrassés, en quelques secondes seulement. J’essayais de remonter le moral des autres lézards, quelque peu choqués par le nombre de mort de notre camp. Ils étaient tous assez jeunes, pas encore immunisés à ce genre d'émotions. L'aube se pointa et nous levâmes le camp...
Au vue de l'hostilité que les cavaliers impériaux avaient manifesté à notre égard, nous nous mîmes d'accord pour éviter les campements entourant la cité des damnés. Parfois les passages larges bloquaient les lignes de vues ou étaient étroits et donc difficilement praticables. Aussi nous dûmes massacrer quelques marchands et leurs gardes du corps, en faisant brutalement irruption dans leurs tentes, leur déchirant la gorge avant qu'ils n'aient pu appeler à l'aide. Heureusement, les installations se tenaient à distance respectables de Mordheim, et assez rapidement nous atteignîmes ses sombres portes...
Un groupe de mercenaires se rassemblait devant la cité. Sibli et moi detestions particulièrement les humains, ils étaient trop, hum... orgueilleux, et leurs expéditions mettaient à sac nos temples, tuaient nos frères. Ils étaient nombreux, bien armés, et nous avions subi assez de pertes lors de l'escarmouche contre les Impériaux. Etant agiles de nature, même nous les saurus, nous nous séparâmes en groupe de deux afin d'escalader les murailles aussi discrètement que possible. Ceux-ci étaient constitués d'un skink et un saurus, pour garder un équilibre agilité/force en cas de combat. La seule exception à cette règle était Tenqualteq, entouré par deux saurus et Sibli. Le premier groupe commença l'ascension, tout se passa comme prévu, et ils redescendirent de l'autre bord, pour monter la garde. L'escalade du second groupe était quand même plus laborieuse que celle du précédant, aussi mirent-ils un peu trop de temps pour les rejoindre à mon goût...
Je commençais à mon tour à monter, mes puissantes griffes trouvant ou créant des prises là où j'en avais besoin. Au bout de quelques minutes, je me hissais sur le rempart. De là, j'entendis le fracas d'un combat, mais je ne pouvais en distinguer les protagonistes à cause de cette satanée brume, lourde, noire, épaisse. J'entrepris de descendre rapidement, mais en restant prudent, paré à toute éventualité. Mon compagnon me suivait sans la moindre difficulté, et nous sautâmes en bas seulement une poignée de secondes après le départ...
Sibli tournait les yeux dans tous les sens, scrutant l'arrivée des autres, en faisant les cent pas.
- Ils metttent trop de tempsss, dis-je, nous avions convenus qu'ilss devraient donnner ddes nouvellles après le troisième passage. Comment pouvons-nous garantirrr la ssécurité de Tenqualteq ?
Je me résolu donc à escalader seul la muraille, repérer le haut, et redescendre de la même façon de l'autre côté. Cela m'inquiétait tout de même, ce n'était pas le genre de Tempeq de ne pas s'en tenir au plan. Les mercenaires avaient quitté leur poste, nous permettant d'accélérer l'escalade, nous montâmes donc en même temps. Je parvins au sommet fort rapidement, et je donnai le signal à Tenqualteq. La rapidité à laquelle le prêtre grimpa le rempart fut pour le moins surprenante. Son aspect chétif cachait une force et une agilité exceptionnelle, aussi dus-je n'attendre que peu de temps. Quand je posais mes pattes sur le sol, je vis qu'il était couvert de sang. Je levais mes yeux pour voir Tempeq et son groupe aux prises avec les mercenaires...
Revenons du côté de Tempeq...
Nous étions encerclés. Pris au piège. Comme de vulgaires insectes. Nous étions en carré autour des quatre tireurs, et nous repoussions avec de plus en plus de difficulté nos ennemis. Nous reculions, un pas après l'autre, jusqu'à être acculé à une maisonnette typique de l'architecture de l'Empire. Elle n'était pas, ou très peu abimée, car, selon moi, la catastrophe n'avait pas atteint les bordures. Soudain, une diversion inespérée se présenta, provoquée par l'arrivé de Sibli et des autres lézards. Un des mâles s'écroula, un projectile lui ayant traversé l'œil et était resté dans le cerveau. Je jaillis tel un fauve dans les rangs ennemis, je fauchais les jambes d'un mercenaire, avant d'arracher l'avant bras d'un second d'un coup de mâchoire. Les autres m'avaient suivi, et des volées de carreaux empoisonnés trouaient les rangs disciplinés de nos assaillants. Sibli repéra en même temps que moi le général adverse, et au moment au je lui sautais dessus, une flèche d'une terrible précision vint transpercer le cœur de ce dernier...
C'était la catastrophe.
*
Ne sachant pas comment entrer dans Mordheim, Bodork et ses boys tentèrent de passer par une des portes principales, malheureusement gardée par un gros contingent d'impériaux à la livré blanche et jaune.
En attendant de trouver un moyen, le chef orque noir avait ordonné à ses boyz de se préparer sans faire de bruit dans les fourrés, à une trentaine de mètre de la porte.
Le complexe de défense était particulièrement chaotique, mais difficile à forcer.
Un mic-mac de tente, planté en 5 rangée de 5 de chaque côté de la porte.
Un peu sur la droite du camp se trouve une tente plus grande, apparemment destinée à abriter des animaux.
A la place de la route qui mène à la porte, il ne restait qu'un vague chemin boueux à cause du passage incessant de sentinelles qui patrouillaient sans cesse.
Ces sentinelles, coiffée d'un heaume à plume ("Ridicule !" pensa Bodork), portaient des hallebardes.
Deux d'entre elles, semblaient patrouiller en plaisantant,parlant et riant fort.
Soudain Bodork vit une tête d'homme sortir d'une tente :
- Mais on peux plus se tripo.... jouer au taro tranquille ?
- C'est toujours la même chose quand vous êtes de garde ! Vous faites tellement de bruit qu'on se croirait dans un taverne ! Pas vrai les gars ?
-OUAAAAIS !
Au nombres de têtes qui étaient sortie pour manifester leur mécontentement, Bodork pu estimer le nombre de gardes à une centaine environ....
Lui et sa bande na passerai pas si facilement.
Pour savoir si il existe une option de passage rapide, il observa la porte elle même.
La tour, trapue et peu haute, qui gardait la porte, était surmontée d'un étendard représentant un cheval cabré.
- Ya dé keuvalier là dedan ..." Rumina Bodork.
- Cé dur a tuer des Keuvalier, cé gênant ! Par cont' les keuval, cé bon a bekter ! Hur hur hur...
Yasmine a côté de lui le regardait parler tout seul.
Elle le trouvait attachant, cet orque.
Du moins, tant qu'il parlait pas de manger des humains ou de faire des concours de coups de boule pendant les bivouacs.
L'orque a la peau sombre se retourna vers la fillette:
- Alor là on va s'battre. Cé marran mé cé danj'reux, alors com t'es rose et molle jt'e fille mon bouklier. Sers t'en pour pas t'prend dé flèches d'akor ?
Yasmine hocha la tête et agrippa le lourd bouclier en bois que Bodork lui donnait.
La bataille allait commencer.
Le chef peau verte rassemblais sa bande, il fallait d'abord passer l'aggloméra anarchique de tentes de campement qui occupait l'espace devant l'entrée.
- Lé boyz ! On va passer passer en kouran entre les z'hutte de touale et on va kasser la porte ! Zavé intéré a vous ékiper lourd'ment ! Rashgaz ? On va avouar b'zoin d' ta magie pour kasser la porte, et vite !
La bataille commença.
Les guerriers verts se précipitèrent comme un seul orque vers la porte massacrant les sentinelle en un rien de temps et ignorant les impériaux désarmés et effarés, qui sortait de leur abris de toile en tentant de comprendre la situation.
Une fois arrivé à la porte massive en chêne, les peau vertes commencèrent leur travail de sape.
Le chaman commençait a faire chauffer la porte d'un simple contact avec ses main, la gorgeant d'énergie jusqu'à la rendre verte.
Mais le bois était résistant, et ne cédait pas aussi facilement que Bodork l'avait voulu.
C'est a cette instant qu'une cloche d'alarme retenti, en haut de la tour, le gardien du mécanisme de la porte en criait en même temps:
- Des Orques tentent de rentrer ! Ils veulent forcer la porte !
Des arbalétriers pointèrent le bout de leur nez par dessus la muraille, et firent feu. Le chaman tomba à terre sonné par un tir qui ricocha sur sa caboche.
De concert, tout les hommes qui campaient dans les tentes se mirent à charger avec leur armure à moitié mise ou parfois juste en culotte impériale, et avec juste une épée.
Pire encore, les chevaliers que Bodork redoutait tant apparurent devant la tente écurie. Les carreaux se remirent à pleuvoir de plus belle. Heinrich, le gardien de la porte, celui là même qui à sonné l'alarme, jubilait.
- Quelles stupides créatures ! Tant que cette porte sera en ma responsabilité, personne ne la passera. Je serai le seul a profiter des pierres magiques de la ville.
Faut dire qu'il était confiant, lui, fils de noble, qui était sorti premier de son académie militaire. Sachant que la bataille était gagnée d'avance, il décida tout de même de s'amuser. Il attrapa son arquebuse et visa. Tiens, une petite créature semble se cacher sous un bouclier trop lourd pour elle.....
PAWFFFFFF !
Un nuage de fumée se forma après le tir, mais il fut dissipé en quelque secondes par les gesticulations du noble pressé de voir si il a fait mouche...
Non loin de là, Bodork et ses boyz se battaient. Aucun n'était mort, mai ça n'allais pas tarder si les carreaux et les coups d'épée ne cessaient pas de leur tomber. Le chef orque avait arrêté d'essayer de détruire la porte, et combattait l'ennemi en cherchant une solution à ce bourbier. Les chevalier arrivaient vite, et se mettait en position de charge.
Bodork comprit que l'entrée ne romprait pas si facilement, malgré le travail bien entamé du chaman. Il se retourna, et termina de tuer son adversaire d'un coup de coude dans la cage thoracique. C'est là qu'il vit Yasmine a terre.
La partie de bois du bouclier était défoncé, il ne restait plus que le cerclage en fer doté de pointe. Il se précipita vers la gamine en écrasant le crâne d'un autre impérial au passage. La pauvre enfant était touché a l'épaule par... un plomb d'arquebuse. Il se retourna vers la porte, et discerna sur le haut de la tour un homme en tenue extravagante qui était en train de la viser avec une arme a feu.
Heinrich riait de plus belle. Ce qui semblait être le chef des pitoyable créature qui attaquait son campement s'était mis sur sa trajectoire de tir, lui offrant une cible de choix. Il rechargea son arme rapidement, aussi rapidement que le permet une arquebuse, Tout en ne perdant pas de vue sa cible qui apparemment, l'avait repéré. Il fit la mise au point de la visée et.... son rictus se transforma en grimace de surprise.
Il avait vu que la première créature sur laquelle il avait tiré, n'était pas un gobelin, mais une jeune fille... Profitant que le noble semblait être déconcentré, Bodork se saisi du cerclage à pointe et le lança de toute ses forces en direction du tireur. Celui ci fut décapité sur le coup.
- YEAAAAAA ! Jé toujour' été trotrofor au lancé eud' Frizbi !
Le corps sans vie d'Heinrich resta debout pendant encore quelques seconde, comme refusant sa propre mort, puis s'éffondra sur un levier de machinerie proche. Les cavaliers a l'emblème de soleil qui s'était mis en position, chargèrent.
- Ya la porte qu'elle est entrin d'souvrir ! Cria un des boy, qui s'avéra être un des orques armé d'arbalète.
Profitant de l'occasion, Bodork pris Yasmine dans ses bras et couru à l'intérieur de Mordheim, bientôt suivit par les autres peaux-vertes.
Derrière la porte attendait de pied une dizaine de fantassins jaunes et blancs, mais les orques passèrent leur défense sans les tuer avant d'aller se cacher dans un bâtiment effondré en passant par une petite porte que ne passe pas un cavalier. C'est la cavalerie qui chargeait les orques qui piétina les fantassin impériaux, avant de se fracasser contre le mur de la ruine ou se cachait les boyz, qui observaient la scène en riant.
Les arbalétriers en haut des murs, confus à cause de l'ouverture soudaine de la porte, tirèrent sans viser, massacrant beaucoup de cavalier, de fantassin, mais très peu d'orques au final. Pendant que les peaux-vertes faisaient de la gymnastique avec leur zygomatiques, les danseuses humaines prisonnières qui étaient parvenue jusqu'ici porté par un boy, s'écrièrent:
- Par Sigmar ! Qu'est-il arrivé a Yasmine ?
-Elle ruissèle de sang c'est grave !
-Z'inkièté pa, on va la soigné !
Puis la bande reprit sa fuite, quittant l'abri de fortune qu'est la ruine pour fuir les tirs de carreaux vers le champs de désolation qu'est Mordheim... Mordheim la damnée semblait leur apporter bien de la chance..... Et des problèmes aussi....
Le sang ne cessait de couler, si bien que le joli teint hâlé de la jeune Yasmine commençait à devenir blafard.
Bodork tournait en rond, devant les deux danseuses qui essayait tant bien que mal de désinfecter les plaies de la gamine.
- Vous aviez dit que vous alliez la soigner ! Elle est en train de mourir et vous ne faites rien !
-Chuis en trin d'chercher sa se vouaa paaaa ?
Lassé et visiblement nerveux, Bodork s'aprocha du tas que constitue son baluchon, et l'ouvrit.
Il décida de voir ce qui pouvait éventuellement soigner quelqu'un, mais il ne trouvait rien.
- Rashgaz ! Viens vouar un ptit coup si tu peux souagner la môm', en nattendan je boua un pti kou...
L'Orque noir s'assit, de façon grotesque comme l'est toujours la façon de s'assoir de son espèce, en se laissant tomber sur ses fesses. Il avait soif, il prit alors en main son boc à bière nain, celui dans lequel il aimait tant boire....
A peine l'avait-il touché, que les runes antiques gravé sur le récipient s'allumèrent d'une lumière bleuté vive.
- Eurékorque !! S'écria l'orque en attirant beaucoup de regard sur lui.
Il s'empressa de regarder dans sa flasque.... Malheureusement vide.
Plus de liqueur de frelon. Depuis son départ il avait tout bu, et il commençait sérieusement à avoir soif même.
Un peu plus loin, il aperçut quelques boyz faire de même. Plus rien à boire et pour manger ça allait bientôt être pareil. Il fallait partir à la chasse dans cette ville.
Mais de quoi. Des humains ? Hors de question, ça fait peur à la petite. Il faudra chercher... Soudain Bodork entendit du chahut.
- Laisse moua bouar ! Yen a suffiz'ment pour' deuz'orque !
- Cé MAAAA gourd' ! T'en aura pa t'avéka en prend' pluss !
L'imposant chef arriva près de lieu de la dispute. L'ombre de sa silhouette imposante couvrait les deux boyz.
- Boy ! Ke kontien ta gourd' ?
- Euhhh.... L'a bièrr' de Squig ...
- Sa fra l'affèr. Donn' moua ta gourd'.
- Mé boss, cé karément injust' !
« PAF ! »
Tandis que quelques dents orkoïdes étaient projetées, Bodork récupéra la gourde. Il examina le contenu, puis le versa dans le boc.
La bière qui était sombre, devient progressivement plus claire, et très légèrement bleutée, comme les runes.
Il s'approcha de l'enfant souffrante et lui tendit le boc.
- Mon dieu mais qu'est-ce que ça ? Vous n'allez quand même pas lui faire boire ça ?
- Cé moua le boss, cé moi qui décide ! Tien boua sa Yaksmine.
Un peu réticente, Yasmine finit tout de même par boire une gorgée de l'étrange breuvage. Et sous les yeux ébahis des danseuses, Yasmine se mis à boire tout le contenu très rapidement jusqu'à la fin, comme si sa vie en dépendait.
Elle termina de boire, laissa tomber le boc, et tomba endormie. En quelques heures de sommeil, la plaie sur l'épaule de Yasmine avait d'elle-même régurgitée le plomb et s'était refermée, ne laissant qu'une cicatrice à peine visible.
*
Nous quittâmes le lieu couvert de sang d'homme, à la recherche d'un abri, provisoire ou non. Sibli suggéra de longer la muraille, car les maisons de la bordure sont souvent "moins" amochées. Nous trouvâmes une maisonnette typique de la région, très laide à mon goût. En entrant, nous fîmes fuir les quelques rats qui habitaient l'endroit. La maison était assez lugubre, étroite, et ne pouvais tous nous accueillir. Tenqualteq ne semblait pas pressé, aussi nous abattîmes les murs, les poutres, tout ce dans la maison qui pouvait être utile était récupéré, et le reste de la journée servit à monter ce qui nous servirait de camp, d'où nous pourrions lancer des recherches, nous ravitailler...
Tincqi, ayant quelques années auparavant suivi une formation d'architecte dans notre cité-temple supervisa la construction, tandis que Wincqi, lui anciennement scribe, dressa l'inventaire des matériaux. Leur aide fut précieuse, et nous aurions un toit sur la tête pour ce soir. L'ambiance était bonne, et chacun vaquait à ses occupations. Wincqi écrivait une missive au slaan de notre cité, Tenqualteq méditait, tandis que je supervisais l’entraînement de deux jeunes guerriers. Nous décidâmes que seuls les plus expérimentés partiraient en ville, Mordheim était plus dangereuse que jamais, avec toutes ces bandes en quête de "pierre magique" comme ils l'appelaient...
Je partirais demain explorer les alentours avec quelques lézards, pendant que les autres finiraient de construire l'abri, et y installerait une tour de guet, selon moi indispensable.
Le soleil, vital pour nous, tarda à se lever. Il était pourtant assez tard, mais dans Mordheim, tous les cycles étaient bouleversés. J'explorais les alentours, sans croiser personne, et Wincqi cartographiait le tout. Des squelettes jonchait les rues, signe que le quartier avait été dépouillé longtemps auparavant. "Tant mieux, pensais-je, ça nous évitera des ennuis inutiles". Je décidai qu'il était temps de rentrer, et au camp, la tour de guet était depuis longtemps déjà dressée.
Re: Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Mer 14 Nov 2018 - 22:34
Trois jours étaient passés depuis l'incident dont Froech avait était le témoin autant que l'acteur. Trois jours durant lesquels la petite bande n'avait cessé de jeter des regards suspects aux arbres autours d'eux. Trois jours passés à insulter la forêt et ses habitants. A présent, Harek sentait qu'ils avaient passés une sorte de « barrière ». La cité des Damnés n'était plus très loin maintenant, et la tension était presque palpable. Une ancienne magie était à l'œuvre ici, une magie si sombre qu'elle pouvait empoisonner les esprits.
Quelques heures plus tôt, les nains avaient trouvé les restes d'un campement orque. L'odeur était sans équivoque. Seul bémol, ils avaient aussi trouvé une empreinte de main humaine dans la terre, une petite main. Qu'est ce ça pouvait bien signifier ?
Harek marchait en tête du groupe, hache à la main, ses yeux parcourant le paysage qui s'offrait à lui. A sa droite, Kregk observait un moineau posé sur une branche tout en se passant la langue sur les lèvres. Il continua néanmoins à marcher, ses pensées bien loin des épreuves qui les attendaient.
Alors qu'ils sortaient de la forêt, un étrange spectacle se dévoila à leurs yeux : ils étaient arrivés à Mordheim ! Encore quelques dizaines de minutes de marches, et ils arrivèrent à proximité des portes. Une scène des plus pittoresque se déroulait devant eux : des gardes, plus ou moins en forme se démenaient pour réparer et refermer l'énorme porte en bois. Tout autour les tentes avaient été piétinées, et ce qui semblait être un capitaine en caleçon (« I love Mordheim ! ») donnait des ordres à sa bande de bras cassés.
- Ouais comme ça, allez-y, un peu à gauche avancez encore, c'est parfait !
- Ca tient pas chef, on peut pas le mettre comme çaaahhh !!!
L'un des soldats avait mis malencontreusement le pied dans une flaque de sang, et en moins d'une seconde, il se retrouva sur les fesses. Le rondin de bois qu'il tenait quelques instants plus tôt tomba à terre et se mit à rouler de plus en plus vite en direction du « chef » qui ne réagit pas à temps. Il se ramassa lamentablement en essayant de sauter par-dessus l'obstacle. Une bordée de jurons et d'insultes arrivèrent jusqu'aux oreilles d'Harek ainsi qu'un « j'ai glissé chef. » de la part du soldat maladroit.
Le rondin avait continué sa route jusqu'à arriver à proximité de la bande de nain. Kregk fit signe aux autre de s'arrêter, se campa face au bout de bois, et le stoppa avec son pied. Il le ramassa d'une seule main et le posa sur son épaule.
Les nains suivirent le Tueur jusqu'à la porte où les deux zigotos se confondaient en excuses :
- Mais chef, on pouvait pas savoir nous qu'on allait glisser, hein Tassin - l'autre acquiesce - d'autant plus que si vous vous étiez pas trouvé là, ben vous seriez pas tombé, hein Tassin - nouvel acquiescement. Et pis, c'est quand même pas notre faute à nous si les orques ils nous ont attaqué hein Ta...
Les trois hommes se turent lorsqu'ils virent le Tueur arriver, rondin sur l'épaule, soufflant comme un bœuf. Ils le regardèrent passer avec une expression béate sur le visage.
- Oh chef ! Regardez, y a un nain qui nous a ra...
- C'est bon j'ai vu merci !
La bande ne tarda pas à rejoindre Kregk, et Harek s'avança vers l'homme en caleçons, ne portant que peu de jugement à la tenue de son interlocuteur :
- Je vous salut mon ami, je suis Harek, fils de Grahm et noble nain.
- Je vous retourne votre salut maître nain, répondit l'homme en s'inclinant, ce qui aurait put être approprié avec une autre tenue que celle qu'il portait. Chef Chaudard pour vous servir. Qu'est ce qui vous amène par ici ?
- Nous sommes en quêtes de trésors et venons chercher la richesse à Mordheim, et d'après ce que je peux voir, nous ne somme pas les seuls à être passé par ici.
- Ah ça, il a raison, hein Tassin ? ajoute le soldat maladroit.
- Oh oui Pithiviers, on s'en souvient encore, hein chef ? répond Tassin.
- Oh ça va, ça va. Une bande d'orque a débarqué hier et nous a complètement bousillé la porte. Pis un peu plus tôt dans la semaine, des sortes de gros lézards nous ont attaqués. Mais le plus embêtant, c'est qu'on ne retrouve plus notre régiment. Le capitaine aurait décidé de foutre le camp de ce fichu bled en emmenant avec lui les survivants du 7ème régiment.
- Qu'est ce que vous foutez encore là ? demanda Kregk avec son tact habituel.
- Ben vous savez, avec la semaine qu'on a eu, on avait décidé de se faire euh comment dire... une petite sieste !
- « Mais où est donc passé le 7ème régiment ? », ça sonne bien vous trouvez pas ? demanda Kregk hilare.
« Des orques sont donc entrés dans la cité des Damnés. S'ils sont arrivés hier, ils doivent être ici, quelque part, pensa Harek, et il n'y a aucune coïncidences possibles, ce sont à coup sûr les orques que nous pourchassons depuis des jours. ». Le jeune noble remercia Chaudard et entra dans Mordheim, aussitôt suivi par Kregk qui continuait de rire aux éclats en balançant des « j'ai glissé chef », accompagné par le reste de la bande. Dès que son pied toucha les pavé de la cité, Harek sût que les prochains jours ne seraient pas de tout repos.
La chasse à l'orque était ouverte !
Smakrash et ses rats étaient, comme les autres, partis à Mordheim en quête de malepierre. Il se devait de renverser le chef de son clan, qui lui avait volé la place. La pierre magique lui permettrait d'écraser son rival, et il deviendrait un puissant meneur, le rêve de tout skaven bas-gradé. Ils s'étaient faufilés dans Mordheim, entre deux arrivées de bandes, et avaient put passer sans le moindre encombre. Tout s'était bien passé depuis son départ, victoires, entre autres. Ils étaient arrivés dans un quartier, depuis un bout de temps déjà pillé, l'endroit idéal pour un camp...
Une brise légère vint nous réveiller, cette fois-ci très tôt, et n'arrivant pas à me rendormir, je sortis pour m'aérer un peu. D'autres saurus vinrent me rejoindre, et quand tout le monde fut levé, je convoquais les autres dans le hall. Oui, un hall, ce qui était une maisonnette au départ était maintenant devenu une petite forteresse, du moins miniature. Les vivres commençaient à manquer, nous nous devions de trouver une solution, sous peine de repartir à l'extérieur, et ça, il n'en était pas question. J'allais de nouveau parcourir la cité, en compagnie de Sibli, Nualeq et Inzi. Ce dernier, étant jeune pour nos standards, était en perpétuelle hésitation. Heureusement, en plein combat, il se montrait impitoyable et se montrait d'une agilité incroyable. Nualeq, lui, restait calme en toutes situations. Il était vaillant guerrier, et il arrivait, qu'il soit « posséder »par ses ancêtres, nous faisait signe de nous écarter. Il entrait alors dans une frénésie indomptable, et massacrait t out ennemi croisant son chemin. C'est donc en leur compagnie que je sortais de notre camp...
Je commençais à connaître un peu les ruelles qui nous entouraient, notamment grâce à la carte de Tincqi. Une odeur désagréable, oui très désagréable, commençait à infester mes narines. Ma curiosité fur piquée et je décidais d'aller voir la source de cette puanteur. Des skavens. Beaucoup de skavens. Ils avaient pris possession du territoire en une nuit seulement, « quelle vermine, me disais-je, mais ils sont trop nombreux pour nous seuls ». Trop, ils nous avaient repérés, aussi pris-je les devants en chargeant le premier. Ma lance à double lame démembrait avec aisance les hommes-rats, mais nécessitait de déployer une force considérable afin de la manier convenablement. Je fus assez vite déborder par leur nombre, et je vis qu'il en était pareil pour mes congénères. Soudain, Nualeq me fit un signe...
Ses yeux s'illuminèrent, prenant la couleur jaune du soleil. Les skavens paniquèrent un peu, mais leur chef à n'en pas douter, car plus grand et musclé, reforma ses rangs et attaqua. Je m'écartais pour ne pas gêner Nualeq, qui commença sa danse macabre, constituée de moulinets, de feintes et de coups brutaux, mais précis. Il se jetait sur les rats, les massacrait, et en sortait couvert de sang, mais pas une goutte du sien. Le chef adverse, sentant que la bataille allait lui échapper, se jeta lui-même sur le lézard. Celui-ci esquiva lestement, avant de trancher une main, puis la deuxième à son agresseur. Le skaven hurla de douleur, et Nualeq mit fin à ses souffrances en le tranchant en deux. Les rats fuyaient dans tous les sens, et le saurien les rattrapait, les massacrant impitoyablement...
Je décidais tout de même de poursuivre notre mission, car nous avions eu le temps de nous reposer, et Nualeq, qui avait combattu pratiquement seul les vermines, semblait n'être point fatigué, seules les taches de sang trahissaient sa bataille. Nous continuâmes donc jusqu'à la muraille, et Sibli eu une brillante idée, celle de faire un monte-charge. Nous construiront donc une échelle d'un côté, et de l'autre le dispositif. Des skinks surtout, plus agiles, iraient voler des provisions dans les campements. Nous étions satisfait de cette idée et nous rentrâmes au camp, en évitant soigneusement le charnier qu'était devenu le champ de bataille de tout à l'heure...
Tenqualteq approuva notre idée de monte-charge, et notre architecte Wincqi dressa dans la nuit le plan du dispositif. Nous nous levâmes, afin de ne point être dérangé par tous ces stupides mercenaires, qui affluaient de plus en plus nombreux vers Mordheim. J'envoyais une poignée de saurus chercher les matières premières dans les décombres qui constituaient la plupart de l'architecture actuelle de la cité de Damnées. Je partis seul avec Sibli afin de sécuriser la zone, et nous ne tuâmes qu'un orque violet et beige qui semblait fuir. Le reste de mes lézards qui n'étaient pas de garde arrivèrent quelques minutes après, les bars chargés de matériel en tout genre...
Nous construisîmes tout d'abord l'échelle, qui était d'une hauteur impressionnante, mais nécessaire pour atteindre les hautes murailles de la ville. Munzi proposa d'aller en haut pour placer l'échelle le plus sûrement possible. Il était d'une agilité et d'une vitesse hors du commun, il égalait Sibli dans la première, le dépassait dans la deuxième. Son seul défaut était sa faible force, mais comme il disait: "Je n'ais pas besoin de force pour égorger mes ennemis". Il faut en haut en un rien de tant. "Il m'étonnera toujours, il n'a que trente-neuf saison mais a la maturité de bien plus vieux", songeai-je. Le choc de l'échelle sur les murailles me tira de mes pensées...
L'échelle était stable, et saurus mêlés de skinks se succédaient sur ses barreaux. Entre temps, le monte-harge avait été assemblé, et, aidé de quelques lézards, nous le portâmes au pied des murs. Nous l'entourâmes de cordages solides, et je jetait les longues cordes aux lézards qui étaient en haut. Ils hissèrent le monte-charge, et l’installèrent en haut. Munzi, une fois encore, se porta volontaire pour tester l'engin le premier. Il s'avéra que celui-ci fonctionnait correctement, ce qui réglait le problème de provisions...
Sibli me tendit une liasse de parchemins. Je hochais la tête, lui disant que j'avais compris. Il se remémora la voix de Tenqualteq: "Pose ses parchemins autour de l'échelle, avait-il dis, tout être à sang chaud, mêle ou femelle, qui l'effleurera sera transpercé par un trait de mana. Ils sont liés à moi, tu n'as pas besoin de les changer, je leur transmettrai de ma magie". Je fis selon ses ordres et nous rentrâmes au camp. Là, Tenqualteq attendait. Il avait la mine grave, et paraissaient profondément troublé.
- J'ai parlé par télépathie à notre prêtre slaan. L'aura magique de Mordheim, l’empêchera de me transmettre ses ordres, et même nos alliés d'Ulthuan ne pourront nous aider. Nous sommes désormais, seuls.
Ces derniers mots eurent un impact sur tous les lézards présents....
Le matin venait d'arriver, et comme toujours, le ciel ne laissait filtrer aucune lumière.
"Maudite sois cette Mordheim, pensai-je, pas un seul rayon de soleil pour réchauffer ma peau". Cette nuit là, personne n'avait pu dormir. Nous commencions seulement à comprendre tout ce qu'impliquait la révélation de Tenqualteq. Les slaans ne nous aideraient plus. Aussi mis-je au point une tactique de combat de guérilla urbaine, pour économiser mes lézards.
La moitié de mes troupes resterait avec Wincqi et Tenqualteq. Ce premier élaborait de nouvelles protections pour notre base, car elle devait être le plus facilement défendable. Je pris la tête de l'autre moitiée, et nous décidâmes de patrouiller dans le quartier jusqu'au zénith du soleil, où nous nous aventurerions plus loin, notamment grâce au réseau d'égouts que Sibli avait découvert la veille.
Nous finîmes notre garde par l'échelle, et je constatai avec soulagement que rien ne s'y était passé. Soudain, nous entendîmes un concert de voix rauques qui hurlaient:
- On né dé boyz on né pas dé boss, mé on na tousk'il nou fo, dé kikoup, dé kikoup, dé zoms tout fré, dé zoms tout fré"
-"Des peaux-vertessss", susura Sibli à mon attention.
Je fis passer le message de se mettre en position de combat. Tous les skinks allèrent dans le couvert d'un batiment en ruine non loin, tandis que nous, saurus, mirent en place un mur de boucliers de lances.
Madork, boyz de son état, hurlait à tue tête leur hymne eud guerre. Il s'arrêta et vit des lézards qui pointait leur truc bizarres vers eux.
- Hé boss', y'a zoms bizarrs laba, dit-il en pointant de son doigt difforme les saurus, y zon des zécaï en pluss'.
- On s'en kogne, allez WAAAAGH les boyz, hurla le boss à plein poumons.
Aucun de me saurus ne broncha quand les orques se mirent à coururent vers eux, le boss à leur tête. Dès qu'il fut à portée, je fis signe à Melecq devant. Il se baissa, je courus et sauta de ses épaules sur le chef orque. Ma lame se ficha dans son épaule, et ses yeux s'injectèrent de sang.
Pendant ce temps, notre cher Madork remarqua des skinks dans le bâtiment voisin. Il s'apprêtait à le hurler quand un projectile vicieux vint se ficher dans son entrejambe. Il hurla de douleur et mourut aussitôt. Ainsi se termine la valeureuse histoire de Madork.
Leur chef était coriace, et ma lame était restée coincée dans son épaule. Ses attaques puissantes étaient cependant lentes, et je me dis qu'il me fallait attendre le bon moment. Cet instant arriva lorsque son arme resta fichée dans le sol le temps de quelques secondes.
Je me jetais sur lui, plantaient mes griffes dans ses yeux, les tournant deux fois avant d'esquiver un coup à l'aveugle de l'orque. Il enchaina avec un coup droit, je tentais de rettenir avec mes brassards en acier. Ma queue, couverte d'écailles tranchantes, vint lui fouetter ses mains. Il relâcha légèrement son emprise, ce qui me suffit pour retourner son épée et lui enfoncer dans la gorge.
Je récupérais ma lame dans l'épaule de l'orque, et je ne vis aucun de mes lézards par terre. Ma tactique avait fonctionner, et nombre d'orque n'avaient même pas atteint nos lignes. Un des derniers peaux-vertes fusa vers un des parchemins.
Au moment où son pied effleurait la surface parcheminée, cinq fils d’énergie verte transpercèrent le pied de l'orque, avant de s'enrouler autour des ses pieds, de ses bras et de sa têtes. Ils se resserrèrent et sectionnèrent les-dites parties de l'orque.
Au même moment, Tenqualteq sentit son mana, et sourit...
Pendant ces quelques heures, Bodork préparait avec son chaman, un plan destiné a trouver a boire et à manger au plus vite.... Le groupe avait essayé de dormir une nuit dans les décombres inconfortables de la ville.
Une fois réveillé, assez tôt, la bande mis en place le plan élaboré la veille par Bodork. Le plan était simple : Sortir dans la rue et effectuer une battue destinée à abattre ou capturer toutes les choses mangeables qui seraient croisées, à part les humains. C'est ainsi que tous en rang plus ou moins droit, le groupe de peaux-vertes accompagné de 3 humaines s'était avancé dans la rue.
- Yen à mar' ! Ya que dé rats kon peu bekté ici !
Les arbalétriers avaient arrêté de porter les danseuses, dans l'espoir de trouver un casse dalle eux aussi. Trainaient les 3 humaines un peu à l'arrière du groupe, et les 2 femmes guettaient discrètement un moment propice pour pouvoir s'évader. Tout en chuchotant l'une d'elle dit à l'autre :
- Nirnémilia ?
- Oui Éponine ?
- Regarde cette rue, là bas, là rue que l'ont a passé. Tout au bout elle tourne, et si on s'y prend vite on pourrai s'y cacher.
- Tu crois que c'est une bonne idée ? Tu viendrais avec nous Yasmine ?
- Non, je ne peux pas, Big Daddy serai furieux, et il m'a dit que Mordheim c'est dangeureux. Mais je peux vous aider à vous enfuir !
- Merci c'est gentil de ta part, mais tu es vraiment sûre de ne pas vouloir venir ?
- Oui, Big Daddy veille sur moi ne vous inquiétez pas. Je vais faire diversion, profitez en pour courir dans cette rue, allez y dès que les orques se mettent à courir d'accord ?
La gamine retint ses lames, et embrassa discrètement ses amies. Puis elle couru en avant du groupe de peaux-verte en criant :
- Là bas ! Un lapin !
Tout les orques pressèrent le pas à la recherche du lapin imaginaire, pendant que les danseuses rebroussaient chemin pour s'engouffrer dans la rue adjacente, espérant trouver une quelconque aide.
Yasmine jeta un regard par dessus son épaule, apercevant une dernière fois ses ainée, une larme coula....
- Mé pourkoi tu pleur' ?
Bodork approcha de la gamine, et maladroitement essuya les larmes de Yasmine de ses doigts rêches et squameux.
- C'est parce que j'ai crû voir un lapin alors qu'il n'y en avait pas, je m'excuse !
- Meuuu..... Cé pa grav' ! Sa arriv' de temps en temps.
Il donna le dernier bout de pain sec qu'il lui restait, ce qui fit sourire un peu la gosse. Soudain Bodork leva les yeux, et les ruine d'une ancienne brasserie se dressait devant lui , dans une rue adjacente.
- Lé Boyz ! On va la ba ! » Dit le chef avec des étoiles dans les yeux.
Une fois arrivé sur place, les orques s'aperçurent de l'étendu de leur butin.
Après avoir tué un vieux fou sénile (une perte nécessaire, mais Bodork promis à Yasmine qu'ils allais pas le manger) qui les a attaqués à coup de pelle et qui voulais défendre ce qu'il appelait son trésor, ils entrèrent dans ce qui restait du bâtiment. Des vaches (plus très fraiches, on va dire "faisandée") suspendues par les pattes, pendait des poutres encore solides. Des tonneaux, de ce qui s'avéra être de la bière et de l'eau, étaient entassés dans le fond de la pièce.
Le lieu était assez crasseux, mais par rapport à ce qu'on pouvait voir ailleurs dans Mordheim, on pouvait considérer cet abri comme un palais. Après avoir répartit les richesses du lieu, pour certain à coup de poings, Bodork décida qu'il fallait laisser quelques boyz pour surveiller l'abri, puis partir explorer les alentours avec son chaman Yasmine et deux autres orques. Une fois arrivé à une intersection, ils tombèrent étrangement nez à nez avec un autre peau-verte. Il était vêtu comme ceux de la bande à Bodork, c'est-à-dire en jaune, violet et bleu. Intrigué et surpris, le nouveau venu et le groupe se regardèrent pendant quelque seconde avec méfiance, avant que le mystérieux peau-verte n'entame la discussion avec un :
- B'jour m'sieur !
- B'jour. Répondit sèchement Bodork. Ki t'es toi ? Té pas d'ma bande j'tai jamé vu..
- Je sui un mézagé eud'Gork !
- Un méssagé tu kause ? T'a pa l'air chaman pour'tant...
Rashgaz étant méfiant. Une aura inconnue qui n'était pas l'énergie Waaagh ! émanait de l'individu. Cependant il laissait Bodork continuer la conversation.
- Donk té ici pour servir la Fowaaagh ! ?
- Euh..... Non, cé koa la Fowaaagh ! ?
- Tu t'fou d'moa ? K'es tu fé sappé komme sa si tu conné pas la Fowaaagh ! ?
- Bha euuuuuh...
- Et pui K'es tu nou veu ?
- Euuuuuh j'veu SA !
L'orque pointait son doigt crasseux vers la fillette.
- Tu veu Yaksmine ? Té malad' !
- Non pa cette Zom ! J'veux le kollier kelle a à son kou !
Bodork jeta un regard sur Yasmine, et celle-ci répond alors à l'inconnu:
- Hors de question que je donne mon collier ! C'est un cadeau de Maman !
- Cé pa une salle Zom ki v'a m'dir Eus'ke j'doi fèèèère !
L'orque inconnu esquissa une gifle envers la fillette, ce qui provoqua une réaction immédiate de Bodork, qui se jeta sur l'impotent en lui tordant le poignet. Les pupilles de l'orque inconnu s'affinèrent pour devenir des pupilles en amande de lézard, et il s'exprima avec une voix qui ne semblait pas être la sienne :
- Ignorant ! Tu ne sssssé donc pas à qui tu a affaire ! Orque !
- K'es ti di ? Répondit Bodork étonné de la mutation soudaine.
- Vous allez tousssss mourir ! Bandes de ssssous développé !
- Sou dévlopé toua même spèce d'avorton !
L'orque se dégagea de la prise du boss en face de lui en se mouvant d'une façon trop agile pour être orque. Il tenta d'attraper la hache attaché à la ceinture de son adversaire mais un coup de coup dur son crâne l'en empêcha en plus de l'envoyer s'écraser au sol. La hache tant convoitée fut dégainée par l'imposant orque noir, qui la logea entre les deux yeux perfides du « faux orque », au sous les yeux médusé des spectateurs. Alors que celui-ci mourrai, la voix se mit à dire :
- Par les...ssslaaans...le plan a é...choué...
Les ténèbres. Sans fin, l'écho de chaque sons se propageait dans toutes les directions en résonant contre les parois humides. Le bruit des liquides goutait irrégulièrement et troublait la surface immobile des nappes d'eau. Par moment, la course affolée de quelques vermines venait ponctuer cette symphonie morbide. L'air était vicié et pesant, transpirant l'angoisse.
Des piaillements et éclaboussures se profilèrent progressivement, dominant la pluie souterraine et le poids de la pierre tout autour. Dans un tel endroit et sans lumière, un homme aurait rapidement cédé à la panique. Pourtant, précédés des cris aigus et d'éclaboussures, deux paires d'yeux lumineux avançaient en silence. L'odeur prenante de la mort les embaumait tel un suaire. Ils passèrent, simplement. Peu après, de nombreuses éclaboussures résonnèrent et l'air devint pestilentiel. Une marrée agonisante passa à son tour, faite de râles et de bruits de succions…
Loin de là et pourtant si près, ignorant les horreurs évoluant une dizaine de mètres sous ses pieds, Jack, dit le Serpent, observait le halfling d'un œil sombre qui ne laissait rien entendre de bon.
- Et ces démons t'auraient miraculeusement ignoré, ricana-t-il, conservant sa capuche baissée, maintenant son visage dans une semi-obscurité.
Le voleur était déjà terrifié, tremblant de terreur et les yeux exorbités. Jack s'amusait à encore en rajouter. Cependant, il était déjà dans cet état en revenant à la planque…
- Je… Je me suis… sous Jim… sa… sa gorge… été a… arrachée et il…
- Oui, tu t'es planqué sous son corps en te faisant passer pour mort, compléta Jack, s'impatientant des bégaiements de son acolyte.
- Les… les… les morts-vivants… mangés…
- Bon tu m'énerves, craqua-t-il enfin en se levant, sa cape ondulant dans son dos de façon théâtrale.
Le petit homme le suivi du regard tandis qu'il grimpait l'échelle de cordages.
- Me laisse pas seul ! implora-t-il soudain, les larmes aux yeux.
Jack s'arrêta un instant, l'observant, avant de désigner la table du menton.
- Tu as de la lumière pour un bon moment, déclara-t-il en faisant référence aux bougies. Je serais pas long, reste caché.
Il referma la trappe en silence, abandonnant le pauvre halfling.
Il se remettra, songea-t-il.
Cependant, certains détails le troublaient. Des morts venant de l'extérieur ? Des rayons lumineux ? Mais de quoi s'agissait-il ? Qui dirigeait ces créatures ? Gizrath ? Shrieegn ? Kreal ? Jusqu'alors lui et sa bande de coupe-jarrets avaient toujours su conserver une longueur d'avance sur leurs ennemis, le nombre des sacs aux côté du halfling en témoignaient, mais là… ils n'avaient visiblement même pas eu le temps de fuir…
Sans un bruit et avec la souplesse d'un chat, il se déplaça aux ras du sol, les genoux effleurant les pavés à moitiés cachés par la crasse et inspecta longuement la ruelle par la vitre brisée. Cette planque était un endroit sûr, tant qu'elle resterait cachée.
Discrètement, il sorti et se hâta de s'éloigner, avant de partir en direction de la porte sud, rasant les murs, se cachant dans les ombres, ondulant entre les ruelles pour semer d'éventuels pisteurs et éviter les attroupements. Son foulard passé sur son visage, il prenait soin de ne respirer que l'air filtré par le tissu. Les histoires que l'on racontait sur les propriétés maléfiques de l'air même de la cité le laissaient sceptique. Mais dans le doute…
Shrieegn se redressa brusquement. Repoussant son étude, il resta là, hébété, le regard vague. Puis secoua la tête. Un rival avait pénétré son domaine et commencé à asservir ses sujets. Il le sentait. Il le savait. Grimaçant, il tenta de percevoir lequel d'entre eux avait osé. Birgith ? Gizrath ? Ou bien Urgal ? Impossible à dire pour le moment. Quoi qu'il en soit, au moins l'un des trois avait rompu l'accord de partage qu'ils avaient tous les quatre conclus ?
Il inspira péniblement un air déjà vicié, nauséabonds, jetant un œil à son étude. Il aurait bientôt besoin de nouvelles chandelles de toute façon. Autant en profiter pour sortir un peu à l'extérieur. Les cours cheveux à la base de sa nuque se dressèrent comme d'autres sujets disparaissaient rapidement de sa toile. Ils échappaient à son contrôle, uns à uns. Prenant à mains nues deux blocs de pierre verdâtre sur une étagère, chatoyantes, il pressa ses serviteurs de se rassembler au plus vite. La ligne directrice était de plus en plus claire dans la déchirure progressant à travers son réseau. Il était la cible directe de son rival. Peu importait. Il avait beau n'être qu'un vieillard rabougris, et même davantage s'ils avaient sût, mais il était prêt à en découdre.
Tout en cliquetis et craquements poussiéreux, ses sujets l'entourèrent rapidement, sans se concerter ou protester. Certains portaient un armement sommaire : épées, haches, casque, bottes, tuniques… tous de piètre qualités. Mais la plupart n'avaient que leurs mains. Tous produisaient les mêmes crissements auquel il était maintenant habitué. Tous avaient le même regard fascinant avec leurs orbites creux : vide et déterminé. Shrieegn n'en réclamais pas plus. La multitude de squelettes animés s'immobilisait aux pieds du nécromant dressant les vents de pouvoirs selon sa volonté. Et à son appel, d'autres s'extrayaient lentement des murs composants les parois, se relevaient dégoulinant des couloirs inondés, et reprenaient les armes, mû par les fils invisibles qu'il tissait sur chacun d'eux. Un sourire orgueilleux s'étira sur ses lèvres lorsqu'il perçut la brèche cesser de s'accroître dans son complexe enchevêtrement de tissus nécromantiques. Il était tout près de son repaire à présent et ne pouvait plus convertir les morts-vivants, l'emprise de Shriiegn se révélant la plus forte à une si faible distance. Il attendit l'assaut des troupes de l'autre nécromancien, prêt à retisser les liens des premiers tombés. Il attendit. Tendus. Et aucun ennemi n'attaqua.
Lentement, il sentit une faible présence se faufiler entre les automates d'os et de boue constituant sa petite armée. Au lieu de les combattre, elle ne faisait que passer entre eux, et eux, aussi incroyable que cela paraisse, ne l'attaquaient pas. Il faillit les pousser à le faire mais, examinant son empreinte astrale, demeura perplexe. Il était tout bonnement incapable de déterminer si ce qui approchait était vivant ou mort !
Aucun assaut n'ayant encore lieu, il forma un barrage d'os sur son chemin, réfléchissant. Cette seule créature, au vu de sa carrure, ne serais pas une menace pour lui et sa masse de sujets, même si ce n'était qu'une diversion. De plus, rien de ce qu'il ne connaissait ne semblait y correspondre. Sa curiosité l'emporta et il intima aux morts de laisser un passage jusqu'à lui. Après une poignée de minutes, il put voir un crâne évoluant au-dessus de ses marionnettes, penchant d'un côté et de l'autre. Il fut de nouveau incapable de déterminer la nature de la chose, même lorsqu'elle fut sous ses yeux incrédules. Brandissant de façon ridicule et dans un équilibre précaire la hampe ouvragée où était empalée un crâne humain, la créature lilliputienne s'avança en piaillant de plaisir.
Vêtue de loques sombres et poisseuses, la majorité de son anatomie demeurait dissimulée. En guise de mains, elle n'avait que trois griffes - de même qu'aux orteils d'après les sillons laissés dans la fange. Son visage n'était qu'os suppurants, alors qu'une excroissance difforme au côté du crâne déchirait le capuchon dont elle était affublée. Elle était à première vue aveugle de par l'absence de globes oculaires. Mais l'agitation au fond de ses orbites creuses, bien que plongés dans l'ombre de sa capuche, semblait affirmer l'inverse. Il regretta de ne pas avoir sa chandelle à la main, mais préférait garder ses fragments de malepierre, lui assurant un pouvoir conséquent. Rapidement, elle se posta devant le nécromancien ignorant encore de quoi il s'agissait. Elle poussa un cri aigu, et agita vigoureusement la hampe sous le nez du vieil homme.
Soudain les pierres à ses poings pulsèrent, s'illuminant. La créature poussa un cri de surprise et tomba en arrière avec son bâton, le nécromant faisant volte-face en jurant, ayant mordu à l'hameçon grossier. Partout résonna les grincements de l'os contre l'os. Deux nouveaux intrus lui faisaient face, la chandelle les éclairant de dos, projetant leurs ombres sur Shriiegn. Le premier, vouté, au museau allongé et à la queue noueuse, était sans erreur possible un skaven. Quant au second… Il eut un hoquet de surprise.
Nous étions revenus au camp après l'escarmouche afin de préparer l'expédition dans les égouts de cet après-zénith du soleil. Nous avions confectionner des masques de fortune pour protéger nos nez sensibles à l'odeur putride qui ne manquerait pas d'embaumer les souterrains. Ils n'étaient pas très élaborés, une simple étoffe de lin, joint par quatre fils torsadés.
Nous avions également pris une torche, nos nez étant bouchés, il nous faudrait nous servir que de nos yeux. Finalement, je me disais que l'exploration de nouveaux quartiers pourrait attendre demain.
J'enlevais sans faire de bruit la plaque d'égouts et nous rentrâmes dans les ténèbres. L'entrée du réseau puant était située sur une petite place de marché, où quelques demeures ressemblaient encore à quelque chose (enfin, c'est vite dis). Pour ne pas avoir de mauvaises surprises, je laissais deux gardes en haut...
Il y avait moults barreaux à descendre, qui témoignaient que les égouts étaient bien plus profonds qu'ils ne le semblaient. L'odeur nauséabonde qui se dégageait toujours de ce genre d'endroits était encore plus présente à Mordheim. J'avais pris Tincqi avec moi, pour qu'il cartographie aussi le réseau d'égouts. Avec la carte de notre quartier et celle des égouts, nous pourrions lancer des raids aisément.
Cela faisait à peine un quart d'heure que nous marchions dans le dédale, et déjà nous voyions des cadavres qui descendaient le cours d'eau. La tension montait peu à peu, et même des rats nous firent sursauter. Jusqu'à ce qu'au détour d'un couloir....
Je faillis tomber à la renverse dans l'eau souillée. Un cadavre mutilé était accroché de façon à n'être visible que quand on tournait. Sa gorge avait été sauvagement arrachée, ses yeux étaient révulsés de terreur,et ses poignets étaient des moignons de chair sanguinolente. Je me remettais sur pied rapidement, et je jetais le cadavre dans le cours d'eau.
- Ils sont trois autres, répondit rapidement le nécromancien sans oser croiser le regard du vampire.
D'un hochement de la tête amplement visible, Mandrak l'encouragea à continuer.
- Birgith est très jeune pour la nécromancie, alors que sa magie est principalement centrée sur des cadavres qu'elle utilise comme domestiques dans un bâtiment de la surface.
Sur le côté, semblant désintéressé mais n'en perdant pas une miette le skaven ricana silencieusement, ses moustaches et sa queue tressautant. A côté d'eux, l'aberration affublée du capuchon gobelin tapait d'un rythme régulier le manche de son bâton ridicule contre un crâne arborant des cornes noueuses. L'écho se propageait entre les guerriers immobiles, statues d'os pullulant dans les galeries alentours.
- Gizrath n'est qu'un mercenaire sans honte, une raclure dégénérée qui s'amuse à relever les cadavres dans les rues pour de l'or et de la malepierre… il joue les mercenaires, et n'est fidèle qu'au plus offrant. Enfin Urgal est pire encore dans le genre, cracha le nécromancien, les yeux luisant de haine. C'est un satyre.
Si Mandrak éprouva une quelconque émotion en apprenant cela, il le cacha à la perfection. Ce ne fut pas le cas du sorcier qui renâcla ouvertement en entendant cela, sa queue tressautant de haine à l'évocation du mutant chaotique.
- L'homme-bête est entouré de revenants appartenant à sa propre engeance. Il s'abreuve constamment de sang mêlé à de la malepierre broyée dont il dépouille tout ceux qu'il croise.
Mandrak demeura songeur, ses yeux écarlates dans le vague, alors que Shriiegn osait lever les yeux. Ils restèrent ainsi quelques instants, les toquements constants du lilliputien comblant le silence des galeries souterraines.
- Quels vont être vos prérogatives, mon seigneur ? Lui demanda le vieil humain, le tirant de sa béatitude passagère.
- J'ai besoin d'autant de forssse que posssible, murmura Mandrak, l'évaluant du regard. A commencer par un contact en surfassse. Tu n'es pas fait pour l'acsssion.
Le nécromancien perspicace mit un instant à saisir la question, alors que le skaven penchait la tête de côté, attendant avec une attention renouvelée la réponse du vieillard. Celui-ci sembla un instant plongé dans sa réflexion, bien ouvrit la bouche, sa barbe blanchâtre s'agitant.
- Le meilleur là-haut serait Krael, il dirige un grand groupe d'adorateur des forces chaotiques…
Devant la grimace que commença à afficher le vampire, il se précipita d'ajouter :
- Mais un homme connus sous le nom du “Serpent” pourrait aussi faire l'affaire !
- Et où pourrais-je le trouver ? L'interrogea aussitôt le nocturne.
Shriiegn s'affala dans son vieux fauteuil, usé jusqu'à la moelle. Ils étaient tous les trois partis depuis quelques instants. Leur réunion avait duré moins d'une demi-heure, mais semblait pour lui avoir duré des siècles. Il épongea nerveusement son front ridé et jaunâtre. Un vampire, un vrai seigneur de la nuit, était venu à lui. Nul doute qu'il le considérait à présent comme son esclave, c'est ce que Melkhior lui-même assurait que devaient être les serfs humains. Tous les serfs humains.
Effondré, il jeta un regard triste à la vieille copie du recueil écrit par le maitre nécrarque lui-même. Il n'aurait aucune chance de fuite. Il ne pouvait qu'obéir…
- Hâte-toi de gagner en puissanssse, avait ordonné le mort-vivant. Je reviendrais vous chercher, toi et tes… protégés, sssous peut.
- Et… vous, seigneur ? Avait-il osé demander. Qu'allez-vous…
- Je vais m'asservir le Serpent. Et une certaine nécromancienne attend désormais ma visite. Le rat va aller réparer l'affront que constitue cette charogne d'homme-bête.
Le concerné avait aussitôt redressé les oreilles, surpris. Ses babines c'étaient retroussées en une sorte d'horrible sourire…
Cependant, à présent, ce qu'il ne pouvait oublier alors que l'homme-rat avait déguerpis avec les zombis du vampire et quelques squelettes convertis à sa cause, c'était la créature qui semblait suivre le seigneur comme son ombre. Jamais il n'avait vu ou entendu parler de créatures similaires, ni totalement vivante ni totalement morte, sans pourtant avoir à aucun moment été tuée…
Machinalement, il porta la main, ressemblant plus à une serre rabougrie, à son ventre et retroussa ses habits troués. Il caressa nerveusement l'imposante pierre dissimulée là, luisante d'énergie. La chair était noircie et boursouflée à son contact. Mais les veines qui drainaient son énergie et lui permettaient de rester en vie après toute ces années étaient amplement visibles, saillantes sous la peau. Il s'en était fallu d'un rien, et il avait eu une peur panique que le skaven ne la flaire. Mais celui-ci, tellement obnubilé par l'artefact du seigneur, ne l'avait visiblement pas remarquée…
Son étrange familier sur les talons, Mandrak traversa via les souterrains une grande partie de la cité. Contournant instinctivement les culs de sacs et parties effondrées, il passa sous la rivière en furie coupant en deux la ville, l'écho des remous emplissant momentanément les galeries. Mais il entendait aussi autour de lui les déplacements d'autres créatures, sans chercher à les poursuivre. Il ne craignait aucune d'elles. La main éternellement refermée sur le crâne qu'il maintenait terne afin de ne pas attirer l'attention, il progressait dans une nuit totale. Seuls les piaillements et éclaboussures du gamin métamorphosé trahissaient sa présence. Quoique, si d'autres choses-rats erraient ici, elles le contournaient.
Il finit enfin par percevoir la présence non loin d'une nouvelle toile. Elle n'était pas aussi étendue que celle du vieux rapace qu'il avait trouvé dans les profondeurs, mais bien plus subtile. Tournant la tête de droite à gauche, ses yeux luisant dans la pénombre, il chercha un accès à la surface. De plus, patauger dans la boue du sous-sol de la cité commençait déjà à l'énerver. Et sa soif n'était pas pour arranger les choses. Depuis l'ermite dans la forêt, il n'avait rien avalé…
Visiblement, Gizrath n'y était pour rien dans les événements à la porte sud. Les hommes décérébrés, leurs blessures suppurantes infestées d'insectes vrombissant, erraient sans but apparent autour de la dernière demeure que leur marionnettiste avait investi. Celle-ci, sur la rive Est, avait encore son toit intact, ce qui devenait rare avec les effondrements. Jack roula sur le dos en silence. Il rampa en silence jusqu'à l'ouverture dans le toit, face au bâtiment empli de morts-vivants, et ressorti peu après par une ouverture dans le mur opposé. Il était invisible pour ceux ne s'attardant pas à observer les ombres s'allongeant en cette fin d'après-midi.
Aussi discret d'une brise de vent, il traversa tout un quartier, en direction du nord. Ce n'était pas Gizrath. Peu probable que Shriiegn, depuis les profondeurs, se risque à une quelconque sortie. S'il c'était agi des horreurs d'Urgal, Jim les auraient reconnues. Restaient donc Birgith et Krael. Or seule la première se trouvait sur cette rive.
Le temps qu'il traverse les quartiers et avenues, restant dans les ombres pendant qu'une patrouille d'hommes en jaune et blanc passait une large rue, le soleil n'était plus qu'un disque à l'horizon. Mais il atteignit la demeure de la sorcière, encore plus imposante que celle du mercenaire.
De nouveau, il escalada un bâtiment faisant face, et, s'enroulant dans sa cape pour se protéger du froid qui allait immanquablement accompagner la soirée, il se posta face à une fenêtre. Sa respiration calme et mesurée devint inaudible à travers le tissu couvrant la moitié de son visage. Il attendit, immobile.
Après à peine une heure, il fut convaincu qu'un seul garde protégeait l'accès, extérieur tout du moins, du bâtiment. Mais aucune activité interne ne signalait la présence d'une quelconque forme de vie ou non-vie à l'intérieur. Il frissonna. Les morts-vivants l'avaient toujours effrayé.
Embusqué dans l'ombre de la porte de la bicoque, il attendit patiemment le passage suivant du garde décérébré. Il passerait rapidement dans le dos de celui-ci et s'infiltrerait dans le bâtiment lui-même. Il était peu probable qu'il soit aussitôt assailli par de quelconques créatures démoniaques, mais dans le doute, il faisait confiance en ses capacités physiques pour distancer les morts-vivants qu'il savait long à la détente et peu dynamiques.
Le vigile apparut, éclairé entre deux ombres par l'une des lunes blafardes. Seul un examen attentif permettait de distinguer sa démarche peu fluide et dépourvue de volonté. Les pouvoirs de Birgith étaient décidément écœurants. Jack retint son souffle lorsqu'il s'apprêta à passer devant lui, mais un cri soudain le coupa en plein élan.
- Monsieur !
Le mort-vivant continua sa ronde, n'ayant visiblement même pas entendu l'appel. En revanche, Jack se tordit le cou dans sa capuche pour distinguer une, non deux, femmes accourant depuis une ruelle sombre, soulevant à bout de bras d'imposantes robes tout à fait déplacées en ces lieux, laissant voir leurs pieds nus. Celles-ci semblaient réellement souffrir de ce détail, grimaçant à chaque pas précipités, les chevilles et la plante des pieds mis à rude épreuve sur les pavés irréguliers…
- Monsieur attendez ! S'écria à nouveau la première.
Cette fois-ci le mort-vivant l'entendit, et, lentement, se retourna. Le destin voulu qu'il soit dans une portion d'ombre tandis que les deux femmes claudiquaient jusqu'à lui en pleine lumière.
Jack jura. Elles allaient tout faire capoter !
- Monsieur, on a besoin d'aide ! Continua-t-elle, croyant avoir trouvé une chance de salut. Des orques nous ont capturés et…
Sa voix mourra dans sa gorge lorsque la marionnette de chair leva lentement les bras en avançant vers elles, les yeux révulsés et commençant à baver.
- Foutez le camp, souffla-t-il entre ses dents.
Mais, peur, aveuglement ou stupidité, elles restèrent toute deux immobiles à le regarder approcher avidement.
- Monsieur vous allez bien ? Interrogèrent-elles le mort-vivant.
Alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres, elles réalisèrent avec effroi leur méprise, mais, avant qu'elle tourne les talons, que se fut la présence si proche de nourriture encore chaude ou quelque sorcellerie, le zombi accéléra soudain sa cadence et prit de vitesse les deux femmes. Il agrippa la plus proche par les épaules, coupée dans son élan, et tout deux tombèrent au sol, la seconde déguerpissant en hurlant.
- Ne me laisse pas ! L'implora la première.
Mais, malgré ses pieds nus, son amie avait déjà disparu dans la nuit, ses cris hystériques résonant déjà quelques ruelles plus loin. Elle tenta vainement de ramper, ses pleurs déjà nettement audibles, écorchant ses poignets et déchirant sa robe déjà en piteux état. Mais le poids du zombi qui gesticulait maladroitement l'entravait, et progressivement, il parvenait à rapprocher sa mâchoire avide et dégoulinante d'un fluide grumeleux de la gorge blanche que les cheveux tenus en chignon de la femme laissaient largement apparente. Elle poussa un hurlement d'agonie quand les mâchoires claquèrent contre sa peau, implorant une aide qui ne venait pas.
Et soudain, en un coup de vent, la tête cogna contre sa nuque, et elle poussa un nouveau cri de panique, au bord de la folie. Lentement, celle-ci roula sur le côté, comme le mort-vivant gesticulait pour agripper le corps chaud contre lui, les cheveux clairs de la femme inondée d'une humeur poisseuse. Et le corps fut poussé sans ménagement de côté. Avant qu'elle comprenne ce qui lui arrivait, elle fut saisi à la taille et soulevée de terre dans un cri aigu.
Elle vit, en sac à patate sur l'épaule du nouveau venu, le cadavre cherchant aveuglément à les poursuivre alors qu'ils s'éloignaient au pas de course de l'inconnu, celui-ci tenant fermement ses cuisses d'une main gantée.
- Fermez là, ordonna son sauveur, dont la cape claquait contre son visage au fil de sa course effrénée, son ventre malmené par l'épaule musclée de l'individu.
Elle tourna la tête autant qu'elle put pour voir son visage, mais celui-ci était dissimulé par une capuche tombante.
- Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle d'une voix tremblante, sans réclamer à être reposée au sol.
- Je vous ai dit de la fermer, répéta-t-il sans cesser de courir.
Elle était depuis longtemps perdu par l'enchainement de rues qu'il leurs faisait emprunter. Elle se retint de laisser sa tête balloter, et se contenta d'examiner le peut qu'elle voyait de lui. Hormis sa longue cape verdâtre, il portait une paire de bottes sombres semblant lui monter jusqu'aux genoux.
Soudain et sans avertissement, il la “déposa” au sol, dans l'ombre d'une ruelle, et s'accroupit pour reprendre son souffle. Elle remarqua qu'il conservait sa capuche baissée, et qu'une écharpe dont elle ne put déterminer la couleur lui enrobait le visage. C'était probablement pour cela qu'il c'était arrêté reprendre son souffle, mais pourquoi ne la retirait-il pas ?
- Eponine, se présenta-t-elle.
Il tourna vers lui son visage dissimulé dans l'ombre, et elle put voir l'agacement et la colère qui irradiait de ses yeux. Elle avait encore parlé. Retenant de nouvelles larmes, elle baissa la tête. Pourquoi tout cela était arrivé ? Depuis leur départ pour Ziegelheim, tout était allé de travers : l'embuscade orque, leur détention, leur évasion puis maintenant… ça.
- Jack, souffla l'inconnu.
Une lueur d'espoir la traversa, et elle tourna un visage illuminé vers lui mais il l'ignora. Lentement, lui tournant le dos, le Serpent se redressa. Elle suivi la direction indiquée par sa capuche et frissonna. Un individu avançait lentement vers eux, une besace d'un côté de la hanche, une épée de l'autre. Sans un mot, il dégaina celle-ci, ses yeux écarlates luisant dans la pénombre dont il émergea et fit face, sous les rayons pales de la lune, aux deux humains.
L'odeur de la peur se faisait de plus en plus forte comme il se rapprochait de l'épicentre de la toile nécromantique. Même, elle accourait vers lui. Se retenant de courir à sa rencontre, il mit le crâne luisant dans la besace de cuir pendant à sa hanche. Inutile d'être repéré dans le quartier par sa lueur éclatante. Il se reconcentra. Oui, ils approchaient. La soif prenant pas à pas l'ascendant sur ses convictions, il les vit. Un homme et une femme, tous deux dissimulés dans les ombres d'une ruelle. S'avançant avec une lenteur mesurée, il observa l'homme se redresser en le remarquant, alors qu'une mine terrifiée se dessinait sur le visage de la fille. Un simple regard lui confirma qu'elle aurait peu de chances de fuir.
- Parfait… songea-t-il en dégainant la lame dérobée au sbire de Vashanesh.
Les yeux étincelant, il se lécha les lèvres, l'homme faisant un pas dans sa direction. Ils se tinrent tout deux immobiles, se défiant du regard. Une grande cape à capuche dissimulait son visage et la majorité de son corps. Un tissu enroulé autour de son visage lui cachait son expression, néanmoins, aux bottes, aux gants et au pourpoint de cuir qu'il voyait, cet individu était tout sauf un simple mendiant. D'un geste vif il tira des replis de sa cape deux lames perpendiculaires à leur garde, protégeant ses avant-bras et se prolongeant comme des extensions de ses poings. Il pivota sur lui-même en les faisant rouler sur le dos de la main en un ballet hypnotisant de lames. Il se mit en garde, la jambe gauche en avant, vouté en une position dynamique et menaçante. Le vampire en eu l'eau à la bouche.
Le crâne pulsant à sa hanche, il fit également une courte démonstration de son habileté à l'épée, faisant rouler celle-ci d'une façon similaire tout en avançant, s'entourant à son tour d'un mur d'acier impénétrable. L'autre pencha sa tête sur le côté, ses yeux sombres apparaissant au clair de lune, calculateurs.
Le nouveau venu affichait avec un calme désemparant une habileté au moins égale à la sienne. Ce n'était vraiment pas le moment pour un duel. Eponine cria lorsque l'autre bondit soudain en faisant un arc de cercle mortel de son épée. L'air siffla au-dessus de la tête de jack comme il se glissait sous celle-ci et, pivotant dans le dos de son adversaire, plia son coude en offrant la pointe d'acier dans le dos de l’agresseur. Il ne perça que le tissu de sa cape, et l’autre lui assena une frappe verticale venant d’en haut en se dégageant dans une grande déchirure de tissu. Il para du bras droit et tressaillit sous la violence du choc, les genoux fléchissant afin de mieux absorber l'impact. Faisant glisser leurs deux armes l'une contre l'autre, il bondit en arrière. S'il n'avait pas paré, il est probable que son crâne aurait été pourfendu jusqu'à la pomme d'adam. Il en avait le bras encore tout engourdis…
Mandrak plissa le regard, savourant le doute déjà visible dans le regard de son ennemi. Faisant à nouveau rouler sa lame, le vampire bondit et frappa de nouveau, mais l’humain para encore du bras droit, faisant aussitôt glisser l'épée contre le long prolongement d'acier qu'il arborait. Aussitôt il lança la pointe de métal à la rencontre de l'abdomen exposé du vampire. Le mort-vivant, doué de réflexes surpassant ceux de tout mortel, attrapa le poignet de l'humain au vol en croisant les bras, la pointe de l’arme se perdant dans sa cape à un pouce à peine de son flanc. Il plongea son regard dans les yeux sombre de son ennemi entre leurs bras croisés. Contrairement à ses attentes, il ne lut nulle panique dans ceux-ci.
Un sourire s'étira sur ses lèvres alors que ses yeux flamboyaient de plus belle. Alors il vit les deux crocs saillant dépassant de sa bouche et un frisson le parcourut. Cette créature n'avait rien d'humain ! Il tenta de se dégager mais en vain, sa poigne était bien trop forte, lui compressant littéralement la main. Et son autre bras, croisé par-dessus cet enchevêtrement confus de membres, retenait la lame… S'il ne réagissait pas rapidement, il se ferait broyer le bras droit et s'en serait fini de lui. Serrant les dents, il libéra temporairement l’épée de l’agresseur en s'entourant le cou de son coude gauche. Sans perdre un instant il lui assena un coup de coude mortel. Mais, d'une vivacité prouvant qu'il n'était pas humain, l'autre rabattit sa lame sans qu'il comprenne comment sur son poignet maitrisé. Il réalisa en un instant la menace et, hurlant, parvint à pivoter suffisamment son bras immobilisé pour que l'acier stoppe l'épée sans lui trancher la main droite. Sans prendre le temps de se féliciter, il plia à nouveau le bras gauche pour l'empaler… mais l’autre s'était décalé, plongeant son visage dans la capuche de Jack, crocs saillants. L'écharpe fut déchirée en un instant comme il était frappé de stupeur, sa vie soudainement aspirée hors de son corps… Le bras sans force, il gémit, incapable de faire plus que poser l'acier contre les côtes de son bourreau, le hurlement de la fille éclatant dans la nuit.
Quelques heures plus tôt, les nains avaient trouvé les restes d'un campement orque. L'odeur était sans équivoque. Seul bémol, ils avaient aussi trouvé une empreinte de main humaine dans la terre, une petite main. Qu'est ce ça pouvait bien signifier ?
Harek marchait en tête du groupe, hache à la main, ses yeux parcourant le paysage qui s'offrait à lui. A sa droite, Kregk observait un moineau posé sur une branche tout en se passant la langue sur les lèvres. Il continua néanmoins à marcher, ses pensées bien loin des épreuves qui les attendaient.
Alors qu'ils sortaient de la forêt, un étrange spectacle se dévoila à leurs yeux : ils étaient arrivés à Mordheim ! Encore quelques dizaines de minutes de marches, et ils arrivèrent à proximité des portes. Une scène des plus pittoresque se déroulait devant eux : des gardes, plus ou moins en forme se démenaient pour réparer et refermer l'énorme porte en bois. Tout autour les tentes avaient été piétinées, et ce qui semblait être un capitaine en caleçon (« I love Mordheim ! ») donnait des ordres à sa bande de bras cassés.
- Ouais comme ça, allez-y, un peu à gauche avancez encore, c'est parfait !
- Ca tient pas chef, on peut pas le mettre comme çaaahhh !!!
L'un des soldats avait mis malencontreusement le pied dans une flaque de sang, et en moins d'une seconde, il se retrouva sur les fesses. Le rondin de bois qu'il tenait quelques instants plus tôt tomba à terre et se mit à rouler de plus en plus vite en direction du « chef » qui ne réagit pas à temps. Il se ramassa lamentablement en essayant de sauter par-dessus l'obstacle. Une bordée de jurons et d'insultes arrivèrent jusqu'aux oreilles d'Harek ainsi qu'un « j'ai glissé chef. » de la part du soldat maladroit.
Le rondin avait continué sa route jusqu'à arriver à proximité de la bande de nain. Kregk fit signe aux autre de s'arrêter, se campa face au bout de bois, et le stoppa avec son pied. Il le ramassa d'une seule main et le posa sur son épaule.
Les nains suivirent le Tueur jusqu'à la porte où les deux zigotos se confondaient en excuses :
- Mais chef, on pouvait pas savoir nous qu'on allait glisser, hein Tassin - l'autre acquiesce - d'autant plus que si vous vous étiez pas trouvé là, ben vous seriez pas tombé, hein Tassin - nouvel acquiescement. Et pis, c'est quand même pas notre faute à nous si les orques ils nous ont attaqué hein Ta...
Les trois hommes se turent lorsqu'ils virent le Tueur arriver, rondin sur l'épaule, soufflant comme un bœuf. Ils le regardèrent passer avec une expression béate sur le visage.
- Oh chef ! Regardez, y a un nain qui nous a ra...
- C'est bon j'ai vu merci !
La bande ne tarda pas à rejoindre Kregk, et Harek s'avança vers l'homme en caleçons, ne portant que peu de jugement à la tenue de son interlocuteur :
- Je vous salut mon ami, je suis Harek, fils de Grahm et noble nain.
- Je vous retourne votre salut maître nain, répondit l'homme en s'inclinant, ce qui aurait put être approprié avec une autre tenue que celle qu'il portait. Chef Chaudard pour vous servir. Qu'est ce qui vous amène par ici ?
- Nous sommes en quêtes de trésors et venons chercher la richesse à Mordheim, et d'après ce que je peux voir, nous ne somme pas les seuls à être passé par ici.
- Ah ça, il a raison, hein Tassin ? ajoute le soldat maladroit.
- Oh oui Pithiviers, on s'en souvient encore, hein chef ? répond Tassin.
- Oh ça va, ça va. Une bande d'orque a débarqué hier et nous a complètement bousillé la porte. Pis un peu plus tôt dans la semaine, des sortes de gros lézards nous ont attaqués. Mais le plus embêtant, c'est qu'on ne retrouve plus notre régiment. Le capitaine aurait décidé de foutre le camp de ce fichu bled en emmenant avec lui les survivants du 7ème régiment.
- Qu'est ce que vous foutez encore là ? demanda Kregk avec son tact habituel.
- Ben vous savez, avec la semaine qu'on a eu, on avait décidé de se faire euh comment dire... une petite sieste !
- « Mais où est donc passé le 7ème régiment ? », ça sonne bien vous trouvez pas ? demanda Kregk hilare.
« Des orques sont donc entrés dans la cité des Damnés. S'ils sont arrivés hier, ils doivent être ici, quelque part, pensa Harek, et il n'y a aucune coïncidences possibles, ce sont à coup sûr les orques que nous pourchassons depuis des jours. ». Le jeune noble remercia Chaudard et entra dans Mordheim, aussitôt suivi par Kregk qui continuait de rire aux éclats en balançant des « j'ai glissé chef », accompagné par le reste de la bande. Dès que son pied toucha les pavé de la cité, Harek sût que les prochains jours ne seraient pas de tout repos.
La chasse à l'orque était ouverte !
Smakrash et ses rats étaient, comme les autres, partis à Mordheim en quête de malepierre. Il se devait de renverser le chef de son clan, qui lui avait volé la place. La pierre magique lui permettrait d'écraser son rival, et il deviendrait un puissant meneur, le rêve de tout skaven bas-gradé. Ils s'étaient faufilés dans Mordheim, entre deux arrivées de bandes, et avaient put passer sans le moindre encombre. Tout s'était bien passé depuis son départ, victoires, entre autres. Ils étaient arrivés dans un quartier, depuis un bout de temps déjà pillé, l'endroit idéal pour un camp...
Une brise légère vint nous réveiller, cette fois-ci très tôt, et n'arrivant pas à me rendormir, je sortis pour m'aérer un peu. D'autres saurus vinrent me rejoindre, et quand tout le monde fut levé, je convoquais les autres dans le hall. Oui, un hall, ce qui était une maisonnette au départ était maintenant devenu une petite forteresse, du moins miniature. Les vivres commençaient à manquer, nous nous devions de trouver une solution, sous peine de repartir à l'extérieur, et ça, il n'en était pas question. J'allais de nouveau parcourir la cité, en compagnie de Sibli, Nualeq et Inzi. Ce dernier, étant jeune pour nos standards, était en perpétuelle hésitation. Heureusement, en plein combat, il se montrait impitoyable et se montrait d'une agilité incroyable. Nualeq, lui, restait calme en toutes situations. Il était vaillant guerrier, et il arrivait, qu'il soit « posséder »par ses ancêtres, nous faisait signe de nous écarter. Il entrait alors dans une frénésie indomptable, et massacrait t out ennemi croisant son chemin. C'est donc en leur compagnie que je sortais de notre camp...
Je commençais à connaître un peu les ruelles qui nous entouraient, notamment grâce à la carte de Tincqi. Une odeur désagréable, oui très désagréable, commençait à infester mes narines. Ma curiosité fur piquée et je décidais d'aller voir la source de cette puanteur. Des skavens. Beaucoup de skavens. Ils avaient pris possession du territoire en une nuit seulement, « quelle vermine, me disais-je, mais ils sont trop nombreux pour nous seuls ». Trop, ils nous avaient repérés, aussi pris-je les devants en chargeant le premier. Ma lance à double lame démembrait avec aisance les hommes-rats, mais nécessitait de déployer une force considérable afin de la manier convenablement. Je fus assez vite déborder par leur nombre, et je vis qu'il en était pareil pour mes congénères. Soudain, Nualeq me fit un signe...
Ses yeux s'illuminèrent, prenant la couleur jaune du soleil. Les skavens paniquèrent un peu, mais leur chef à n'en pas douter, car plus grand et musclé, reforma ses rangs et attaqua. Je m'écartais pour ne pas gêner Nualeq, qui commença sa danse macabre, constituée de moulinets, de feintes et de coups brutaux, mais précis. Il se jetait sur les rats, les massacrait, et en sortait couvert de sang, mais pas une goutte du sien. Le chef adverse, sentant que la bataille allait lui échapper, se jeta lui-même sur le lézard. Celui-ci esquiva lestement, avant de trancher une main, puis la deuxième à son agresseur. Le skaven hurla de douleur, et Nualeq mit fin à ses souffrances en le tranchant en deux. Les rats fuyaient dans tous les sens, et le saurien les rattrapait, les massacrant impitoyablement...
Je décidais tout de même de poursuivre notre mission, car nous avions eu le temps de nous reposer, et Nualeq, qui avait combattu pratiquement seul les vermines, semblait n'être point fatigué, seules les taches de sang trahissaient sa bataille. Nous continuâmes donc jusqu'à la muraille, et Sibli eu une brillante idée, celle de faire un monte-charge. Nous construiront donc une échelle d'un côté, et de l'autre le dispositif. Des skinks surtout, plus agiles, iraient voler des provisions dans les campements. Nous étions satisfait de cette idée et nous rentrâmes au camp, en évitant soigneusement le charnier qu'était devenu le champ de bataille de tout à l'heure...
*
Tenqualteq approuva notre idée de monte-charge, et notre architecte Wincqi dressa dans la nuit le plan du dispositif. Nous nous levâmes, afin de ne point être dérangé par tous ces stupides mercenaires, qui affluaient de plus en plus nombreux vers Mordheim. J'envoyais une poignée de saurus chercher les matières premières dans les décombres qui constituaient la plupart de l'architecture actuelle de la cité de Damnées. Je partis seul avec Sibli afin de sécuriser la zone, et nous ne tuâmes qu'un orque violet et beige qui semblait fuir. Le reste de mes lézards qui n'étaient pas de garde arrivèrent quelques minutes après, les bars chargés de matériel en tout genre...
Nous construisîmes tout d'abord l'échelle, qui était d'une hauteur impressionnante, mais nécessaire pour atteindre les hautes murailles de la ville. Munzi proposa d'aller en haut pour placer l'échelle le plus sûrement possible. Il était d'une agilité et d'une vitesse hors du commun, il égalait Sibli dans la première, le dépassait dans la deuxième. Son seul défaut était sa faible force, mais comme il disait: "Je n'ais pas besoin de force pour égorger mes ennemis". Il faut en haut en un rien de tant. "Il m'étonnera toujours, il n'a que trente-neuf saison mais a la maturité de bien plus vieux", songeai-je. Le choc de l'échelle sur les murailles me tira de mes pensées...
L'échelle était stable, et saurus mêlés de skinks se succédaient sur ses barreaux. Entre temps, le monte-harge avait été assemblé, et, aidé de quelques lézards, nous le portâmes au pied des murs. Nous l'entourâmes de cordages solides, et je jetait les longues cordes aux lézards qui étaient en haut. Ils hissèrent le monte-charge, et l’installèrent en haut. Munzi, une fois encore, se porta volontaire pour tester l'engin le premier. Il s'avéra que celui-ci fonctionnait correctement, ce qui réglait le problème de provisions...
Sibli me tendit une liasse de parchemins. Je hochais la tête, lui disant que j'avais compris. Il se remémora la voix de Tenqualteq: "Pose ses parchemins autour de l'échelle, avait-il dis, tout être à sang chaud, mêle ou femelle, qui l'effleurera sera transpercé par un trait de mana. Ils sont liés à moi, tu n'as pas besoin de les changer, je leur transmettrai de ma magie". Je fis selon ses ordres et nous rentrâmes au camp. Là, Tenqualteq attendait. Il avait la mine grave, et paraissaient profondément troublé.
- J'ai parlé par télépathie à notre prêtre slaan. L'aura magique de Mordheim, l’empêchera de me transmettre ses ordres, et même nos alliés d'Ulthuan ne pourront nous aider. Nous sommes désormais, seuls.
Ces derniers mots eurent un impact sur tous les lézards présents....
*
Le matin venait d'arriver, et comme toujours, le ciel ne laissait filtrer aucune lumière.
"Maudite sois cette Mordheim, pensai-je, pas un seul rayon de soleil pour réchauffer ma peau". Cette nuit là, personne n'avait pu dormir. Nous commencions seulement à comprendre tout ce qu'impliquait la révélation de Tenqualteq. Les slaans ne nous aideraient plus. Aussi mis-je au point une tactique de combat de guérilla urbaine, pour économiser mes lézards.
La moitié de mes troupes resterait avec Wincqi et Tenqualteq. Ce premier élaborait de nouvelles protections pour notre base, car elle devait être le plus facilement défendable. Je pris la tête de l'autre moitiée, et nous décidâmes de patrouiller dans le quartier jusqu'au zénith du soleil, où nous nous aventurerions plus loin, notamment grâce au réseau d'égouts que Sibli avait découvert la veille.
Nous finîmes notre garde par l'échelle, et je constatai avec soulagement que rien ne s'y était passé. Soudain, nous entendîmes un concert de voix rauques qui hurlaient:
- On né dé boyz on né pas dé boss, mé on na tousk'il nou fo, dé kikoup, dé kikoup, dé zoms tout fré, dé zoms tout fré"
-"Des peaux-vertessss", susura Sibli à mon attention.
Je fis passer le message de se mettre en position de combat. Tous les skinks allèrent dans le couvert d'un batiment en ruine non loin, tandis que nous, saurus, mirent en place un mur de boucliers de lances.
Madork, boyz de son état, hurlait à tue tête leur hymne eud guerre. Il s'arrêta et vit des lézards qui pointait leur truc bizarres vers eux.
- Hé boss', y'a zoms bizarrs laba, dit-il en pointant de son doigt difforme les saurus, y zon des zécaï en pluss'.
- On s'en kogne, allez WAAAAGH les boyz, hurla le boss à plein poumons.
Aucun de me saurus ne broncha quand les orques se mirent à coururent vers eux, le boss à leur tête. Dès qu'il fut à portée, je fis signe à Melecq devant. Il se baissa, je courus et sauta de ses épaules sur le chef orque. Ma lame se ficha dans son épaule, et ses yeux s'injectèrent de sang.
Pendant ce temps, notre cher Madork remarqua des skinks dans le bâtiment voisin. Il s'apprêtait à le hurler quand un projectile vicieux vint se ficher dans son entrejambe. Il hurla de douleur et mourut aussitôt. Ainsi se termine la valeureuse histoire de Madork.
Leur chef était coriace, et ma lame était restée coincée dans son épaule. Ses attaques puissantes étaient cependant lentes, et je me dis qu'il me fallait attendre le bon moment. Cet instant arriva lorsque son arme resta fichée dans le sol le temps de quelques secondes.
Je me jetais sur lui, plantaient mes griffes dans ses yeux, les tournant deux fois avant d'esquiver un coup à l'aveugle de l'orque. Il enchaina avec un coup droit, je tentais de rettenir avec mes brassards en acier. Ma queue, couverte d'écailles tranchantes, vint lui fouetter ses mains. Il relâcha légèrement son emprise, ce qui me suffit pour retourner son épée et lui enfoncer dans la gorge.
Je récupérais ma lame dans l'épaule de l'orque, et je ne vis aucun de mes lézards par terre. Ma tactique avait fonctionner, et nombre d'orque n'avaient même pas atteint nos lignes. Un des derniers peaux-vertes fusa vers un des parchemins.
Au moment où son pied effleurait la surface parcheminée, cinq fils d’énergie verte transpercèrent le pied de l'orque, avant de s'enrouler autour des ses pieds, de ses bras et de sa têtes. Ils se resserrèrent et sectionnèrent les-dites parties de l'orque.
Au même moment, Tenqualteq sentit son mana, et sourit...
*
Pendant ces quelques heures, Bodork préparait avec son chaman, un plan destiné a trouver a boire et à manger au plus vite.... Le groupe avait essayé de dormir une nuit dans les décombres inconfortables de la ville.
Une fois réveillé, assez tôt, la bande mis en place le plan élaboré la veille par Bodork. Le plan était simple : Sortir dans la rue et effectuer une battue destinée à abattre ou capturer toutes les choses mangeables qui seraient croisées, à part les humains. C'est ainsi que tous en rang plus ou moins droit, le groupe de peaux-vertes accompagné de 3 humaines s'était avancé dans la rue.
- Yen à mar' ! Ya que dé rats kon peu bekté ici !
Les arbalétriers avaient arrêté de porter les danseuses, dans l'espoir de trouver un casse dalle eux aussi. Trainaient les 3 humaines un peu à l'arrière du groupe, et les 2 femmes guettaient discrètement un moment propice pour pouvoir s'évader. Tout en chuchotant l'une d'elle dit à l'autre :
- Nirnémilia ?
- Oui Éponine ?
- Regarde cette rue, là bas, là rue que l'ont a passé. Tout au bout elle tourne, et si on s'y prend vite on pourrai s'y cacher.
- Tu crois que c'est une bonne idée ? Tu viendrais avec nous Yasmine ?
- Non, je ne peux pas, Big Daddy serai furieux, et il m'a dit que Mordheim c'est dangeureux. Mais je peux vous aider à vous enfuir !
- Merci c'est gentil de ta part, mais tu es vraiment sûre de ne pas vouloir venir ?
- Oui, Big Daddy veille sur moi ne vous inquiétez pas. Je vais faire diversion, profitez en pour courir dans cette rue, allez y dès que les orques se mettent à courir d'accord ?
La gamine retint ses lames, et embrassa discrètement ses amies. Puis elle couru en avant du groupe de peaux-verte en criant :
- Là bas ! Un lapin !
Tout les orques pressèrent le pas à la recherche du lapin imaginaire, pendant que les danseuses rebroussaient chemin pour s'engouffrer dans la rue adjacente, espérant trouver une quelconque aide.
Yasmine jeta un regard par dessus son épaule, apercevant une dernière fois ses ainée, une larme coula....
- Mé pourkoi tu pleur' ?
Bodork approcha de la gamine, et maladroitement essuya les larmes de Yasmine de ses doigts rêches et squameux.
- C'est parce que j'ai crû voir un lapin alors qu'il n'y en avait pas, je m'excuse !
- Meuuu..... Cé pa grav' ! Sa arriv' de temps en temps.
Il donna le dernier bout de pain sec qu'il lui restait, ce qui fit sourire un peu la gosse. Soudain Bodork leva les yeux, et les ruine d'une ancienne brasserie se dressait devant lui , dans une rue adjacente.
- Lé Boyz ! On va la ba ! » Dit le chef avec des étoiles dans les yeux.
Une fois arrivé sur place, les orques s'aperçurent de l'étendu de leur butin.
Après avoir tué un vieux fou sénile (une perte nécessaire, mais Bodork promis à Yasmine qu'ils allais pas le manger) qui les a attaqués à coup de pelle et qui voulais défendre ce qu'il appelait son trésor, ils entrèrent dans ce qui restait du bâtiment. Des vaches (plus très fraiches, on va dire "faisandée") suspendues par les pattes, pendait des poutres encore solides. Des tonneaux, de ce qui s'avéra être de la bière et de l'eau, étaient entassés dans le fond de la pièce.
Le lieu était assez crasseux, mais par rapport à ce qu'on pouvait voir ailleurs dans Mordheim, on pouvait considérer cet abri comme un palais. Après avoir répartit les richesses du lieu, pour certain à coup de poings, Bodork décida qu'il fallait laisser quelques boyz pour surveiller l'abri, puis partir explorer les alentours avec son chaman Yasmine et deux autres orques. Une fois arrivé à une intersection, ils tombèrent étrangement nez à nez avec un autre peau-verte. Il était vêtu comme ceux de la bande à Bodork, c'est-à-dire en jaune, violet et bleu. Intrigué et surpris, le nouveau venu et le groupe se regardèrent pendant quelque seconde avec méfiance, avant que le mystérieux peau-verte n'entame la discussion avec un :
- B'jour m'sieur !
- B'jour. Répondit sèchement Bodork. Ki t'es toi ? Té pas d'ma bande j'tai jamé vu..
- Je sui un mézagé eud'Gork !
- Un méssagé tu kause ? T'a pa l'air chaman pour'tant...
Rashgaz étant méfiant. Une aura inconnue qui n'était pas l'énergie Waaagh ! émanait de l'individu. Cependant il laissait Bodork continuer la conversation.
- Donk té ici pour servir la Fowaaagh ! ?
- Euh..... Non, cé koa la Fowaaagh ! ?
- Tu t'fou d'moa ? K'es tu fé sappé komme sa si tu conné pas la Fowaaagh ! ?
- Bha euuuuuh...
- Et pui K'es tu nou veu ?
- Euuuuuh j'veu SA !
L'orque pointait son doigt crasseux vers la fillette.
- Tu veu Yaksmine ? Té malad' !
- Non pa cette Zom ! J'veux le kollier kelle a à son kou !
Bodork jeta un regard sur Yasmine, et celle-ci répond alors à l'inconnu:
- Hors de question que je donne mon collier ! C'est un cadeau de Maman !
- Cé pa une salle Zom ki v'a m'dir Eus'ke j'doi fèèèère !
L'orque inconnu esquissa une gifle envers la fillette, ce qui provoqua une réaction immédiate de Bodork, qui se jeta sur l'impotent en lui tordant le poignet. Les pupilles de l'orque inconnu s'affinèrent pour devenir des pupilles en amande de lézard, et il s'exprima avec une voix qui ne semblait pas être la sienne :
- Ignorant ! Tu ne sssssé donc pas à qui tu a affaire ! Orque !
- K'es ti di ? Répondit Bodork étonné de la mutation soudaine.
- Vous allez tousssss mourir ! Bandes de ssssous développé !
- Sou dévlopé toua même spèce d'avorton !
L'orque se dégagea de la prise du boss en face de lui en se mouvant d'une façon trop agile pour être orque. Il tenta d'attraper la hache attaché à la ceinture de son adversaire mais un coup de coup dur son crâne l'en empêcha en plus de l'envoyer s'écraser au sol. La hache tant convoitée fut dégainée par l'imposant orque noir, qui la logea entre les deux yeux perfides du « faux orque », au sous les yeux médusé des spectateurs. Alors que celui-ci mourrai, la voix se mit à dire :
- Par les...ssslaaans...le plan a é...choué...
Les ténèbres. Sans fin, l'écho de chaque sons se propageait dans toutes les directions en résonant contre les parois humides. Le bruit des liquides goutait irrégulièrement et troublait la surface immobile des nappes d'eau. Par moment, la course affolée de quelques vermines venait ponctuer cette symphonie morbide. L'air était vicié et pesant, transpirant l'angoisse.
Des piaillements et éclaboussures se profilèrent progressivement, dominant la pluie souterraine et le poids de la pierre tout autour. Dans un tel endroit et sans lumière, un homme aurait rapidement cédé à la panique. Pourtant, précédés des cris aigus et d'éclaboussures, deux paires d'yeux lumineux avançaient en silence. L'odeur prenante de la mort les embaumait tel un suaire. Ils passèrent, simplement. Peu après, de nombreuses éclaboussures résonnèrent et l'air devint pestilentiel. Une marrée agonisante passa à son tour, faite de râles et de bruits de succions…
*
Loin de là et pourtant si près, ignorant les horreurs évoluant une dizaine de mètres sous ses pieds, Jack, dit le Serpent, observait le halfling d'un œil sombre qui ne laissait rien entendre de bon.
- Et ces démons t'auraient miraculeusement ignoré, ricana-t-il, conservant sa capuche baissée, maintenant son visage dans une semi-obscurité.
Le voleur était déjà terrifié, tremblant de terreur et les yeux exorbités. Jack s'amusait à encore en rajouter. Cependant, il était déjà dans cet état en revenant à la planque…
- Je… Je me suis… sous Jim… sa… sa gorge… été a… arrachée et il…
- Oui, tu t'es planqué sous son corps en te faisant passer pour mort, compléta Jack, s'impatientant des bégaiements de son acolyte.
- Les… les… les morts-vivants… mangés…
- Bon tu m'énerves, craqua-t-il enfin en se levant, sa cape ondulant dans son dos de façon théâtrale.
Le petit homme le suivi du regard tandis qu'il grimpait l'échelle de cordages.
- Me laisse pas seul ! implora-t-il soudain, les larmes aux yeux.
Jack s'arrêta un instant, l'observant, avant de désigner la table du menton.
- Tu as de la lumière pour un bon moment, déclara-t-il en faisant référence aux bougies. Je serais pas long, reste caché.
Il referma la trappe en silence, abandonnant le pauvre halfling.
*
Il se remettra, songea-t-il.
Cependant, certains détails le troublaient. Des morts venant de l'extérieur ? Des rayons lumineux ? Mais de quoi s'agissait-il ? Qui dirigeait ces créatures ? Gizrath ? Shrieegn ? Kreal ? Jusqu'alors lui et sa bande de coupe-jarrets avaient toujours su conserver une longueur d'avance sur leurs ennemis, le nombre des sacs aux côté du halfling en témoignaient, mais là… ils n'avaient visiblement même pas eu le temps de fuir…
Sans un bruit et avec la souplesse d'un chat, il se déplaça aux ras du sol, les genoux effleurant les pavés à moitiés cachés par la crasse et inspecta longuement la ruelle par la vitre brisée. Cette planque était un endroit sûr, tant qu'elle resterait cachée.
Discrètement, il sorti et se hâta de s'éloigner, avant de partir en direction de la porte sud, rasant les murs, se cachant dans les ombres, ondulant entre les ruelles pour semer d'éventuels pisteurs et éviter les attroupements. Son foulard passé sur son visage, il prenait soin de ne respirer que l'air filtré par le tissu. Les histoires que l'on racontait sur les propriétés maléfiques de l'air même de la cité le laissaient sceptique. Mais dans le doute…
*
Shrieegn se redressa brusquement. Repoussant son étude, il resta là, hébété, le regard vague. Puis secoua la tête. Un rival avait pénétré son domaine et commencé à asservir ses sujets. Il le sentait. Il le savait. Grimaçant, il tenta de percevoir lequel d'entre eux avait osé. Birgith ? Gizrath ? Ou bien Urgal ? Impossible à dire pour le moment. Quoi qu'il en soit, au moins l'un des trois avait rompu l'accord de partage qu'ils avaient tous les quatre conclus ?
Il inspira péniblement un air déjà vicié, nauséabonds, jetant un œil à son étude. Il aurait bientôt besoin de nouvelles chandelles de toute façon. Autant en profiter pour sortir un peu à l'extérieur. Les cours cheveux à la base de sa nuque se dressèrent comme d'autres sujets disparaissaient rapidement de sa toile. Ils échappaient à son contrôle, uns à uns. Prenant à mains nues deux blocs de pierre verdâtre sur une étagère, chatoyantes, il pressa ses serviteurs de se rassembler au plus vite. La ligne directrice était de plus en plus claire dans la déchirure progressant à travers son réseau. Il était la cible directe de son rival. Peu importait. Il avait beau n'être qu'un vieillard rabougris, et même davantage s'ils avaient sût, mais il était prêt à en découdre.
Tout en cliquetis et craquements poussiéreux, ses sujets l'entourèrent rapidement, sans se concerter ou protester. Certains portaient un armement sommaire : épées, haches, casque, bottes, tuniques… tous de piètre qualités. Mais la plupart n'avaient que leurs mains. Tous produisaient les mêmes crissements auquel il était maintenant habitué. Tous avaient le même regard fascinant avec leurs orbites creux : vide et déterminé. Shrieegn n'en réclamais pas plus. La multitude de squelettes animés s'immobilisait aux pieds du nécromant dressant les vents de pouvoirs selon sa volonté. Et à son appel, d'autres s'extrayaient lentement des murs composants les parois, se relevaient dégoulinant des couloirs inondés, et reprenaient les armes, mû par les fils invisibles qu'il tissait sur chacun d'eux. Un sourire orgueilleux s'étira sur ses lèvres lorsqu'il perçut la brèche cesser de s'accroître dans son complexe enchevêtrement de tissus nécromantiques. Il était tout près de son repaire à présent et ne pouvait plus convertir les morts-vivants, l'emprise de Shriiegn se révélant la plus forte à une si faible distance. Il attendit l'assaut des troupes de l'autre nécromancien, prêt à retisser les liens des premiers tombés. Il attendit. Tendus. Et aucun ennemi n'attaqua.
Lentement, il sentit une faible présence se faufiler entre les automates d'os et de boue constituant sa petite armée. Au lieu de les combattre, elle ne faisait que passer entre eux, et eux, aussi incroyable que cela paraisse, ne l'attaquaient pas. Il faillit les pousser à le faire mais, examinant son empreinte astrale, demeura perplexe. Il était tout bonnement incapable de déterminer si ce qui approchait était vivant ou mort !
Aucun assaut n'ayant encore lieu, il forma un barrage d'os sur son chemin, réfléchissant. Cette seule créature, au vu de sa carrure, ne serais pas une menace pour lui et sa masse de sujets, même si ce n'était qu'une diversion. De plus, rien de ce qu'il ne connaissait ne semblait y correspondre. Sa curiosité l'emporta et il intima aux morts de laisser un passage jusqu'à lui. Après une poignée de minutes, il put voir un crâne évoluant au-dessus de ses marionnettes, penchant d'un côté et de l'autre. Il fut de nouveau incapable de déterminer la nature de la chose, même lorsqu'elle fut sous ses yeux incrédules. Brandissant de façon ridicule et dans un équilibre précaire la hampe ouvragée où était empalée un crâne humain, la créature lilliputienne s'avança en piaillant de plaisir.
Vêtue de loques sombres et poisseuses, la majorité de son anatomie demeurait dissimulée. En guise de mains, elle n'avait que trois griffes - de même qu'aux orteils d'après les sillons laissés dans la fange. Son visage n'était qu'os suppurants, alors qu'une excroissance difforme au côté du crâne déchirait le capuchon dont elle était affublée. Elle était à première vue aveugle de par l'absence de globes oculaires. Mais l'agitation au fond de ses orbites creuses, bien que plongés dans l'ombre de sa capuche, semblait affirmer l'inverse. Il regretta de ne pas avoir sa chandelle à la main, mais préférait garder ses fragments de malepierre, lui assurant un pouvoir conséquent. Rapidement, elle se posta devant le nécromancien ignorant encore de quoi il s'agissait. Elle poussa un cri aigu, et agita vigoureusement la hampe sous le nez du vieil homme.
Soudain les pierres à ses poings pulsèrent, s'illuminant. La créature poussa un cri de surprise et tomba en arrière avec son bâton, le nécromant faisant volte-face en jurant, ayant mordu à l'hameçon grossier. Partout résonna les grincements de l'os contre l'os. Deux nouveaux intrus lui faisaient face, la chandelle les éclairant de dos, projetant leurs ombres sur Shriiegn. Le premier, vouté, au museau allongé et à la queue noueuse, était sans erreur possible un skaven. Quant au second… Il eut un hoquet de surprise.
*
Nous étions revenus au camp après l'escarmouche afin de préparer l'expédition dans les égouts de cet après-zénith du soleil. Nous avions confectionner des masques de fortune pour protéger nos nez sensibles à l'odeur putride qui ne manquerait pas d'embaumer les souterrains. Ils n'étaient pas très élaborés, une simple étoffe de lin, joint par quatre fils torsadés.
Nous avions également pris une torche, nos nez étant bouchés, il nous faudrait nous servir que de nos yeux. Finalement, je me disais que l'exploration de nouveaux quartiers pourrait attendre demain.
J'enlevais sans faire de bruit la plaque d'égouts et nous rentrâmes dans les ténèbres. L'entrée du réseau puant était située sur une petite place de marché, où quelques demeures ressemblaient encore à quelque chose (enfin, c'est vite dis). Pour ne pas avoir de mauvaises surprises, je laissais deux gardes en haut...
Il y avait moults barreaux à descendre, qui témoignaient que les égouts étaient bien plus profonds qu'ils ne le semblaient. L'odeur nauséabonde qui se dégageait toujours de ce genre d'endroits était encore plus présente à Mordheim. J'avais pris Tincqi avec moi, pour qu'il cartographie aussi le réseau d'égouts. Avec la carte de notre quartier et celle des égouts, nous pourrions lancer des raids aisément.
Cela faisait à peine un quart d'heure que nous marchions dans le dédale, et déjà nous voyions des cadavres qui descendaient le cours d'eau. La tension montait peu à peu, et même des rats nous firent sursauter. Jusqu'à ce qu'au détour d'un couloir....
Je faillis tomber à la renverse dans l'eau souillée. Un cadavre mutilé était accroché de façon à n'être visible que quand on tournait. Sa gorge avait été sauvagement arrachée, ses yeux étaient révulsés de terreur,et ses poignets étaient des moignons de chair sanguinolente. Je me remettais sur pied rapidement, et je jetais le cadavre dans le cours d'eau.
*
- Ils sont trois autres, répondit rapidement le nécromancien sans oser croiser le regard du vampire.
D'un hochement de la tête amplement visible, Mandrak l'encouragea à continuer.
- Birgith est très jeune pour la nécromancie, alors que sa magie est principalement centrée sur des cadavres qu'elle utilise comme domestiques dans un bâtiment de la surface.
Sur le côté, semblant désintéressé mais n'en perdant pas une miette le skaven ricana silencieusement, ses moustaches et sa queue tressautant. A côté d'eux, l'aberration affublée du capuchon gobelin tapait d'un rythme régulier le manche de son bâton ridicule contre un crâne arborant des cornes noueuses. L'écho se propageait entre les guerriers immobiles, statues d'os pullulant dans les galeries alentours.
- Gizrath n'est qu'un mercenaire sans honte, une raclure dégénérée qui s'amuse à relever les cadavres dans les rues pour de l'or et de la malepierre… il joue les mercenaires, et n'est fidèle qu'au plus offrant. Enfin Urgal est pire encore dans le genre, cracha le nécromancien, les yeux luisant de haine. C'est un satyre.
Si Mandrak éprouva une quelconque émotion en apprenant cela, il le cacha à la perfection. Ce ne fut pas le cas du sorcier qui renâcla ouvertement en entendant cela, sa queue tressautant de haine à l'évocation du mutant chaotique.
- L'homme-bête est entouré de revenants appartenant à sa propre engeance. Il s'abreuve constamment de sang mêlé à de la malepierre broyée dont il dépouille tout ceux qu'il croise.
Mandrak demeura songeur, ses yeux écarlates dans le vague, alors que Shriiegn osait lever les yeux. Ils restèrent ainsi quelques instants, les toquements constants du lilliputien comblant le silence des galeries souterraines.
- Quels vont être vos prérogatives, mon seigneur ? Lui demanda le vieil humain, le tirant de sa béatitude passagère.
- J'ai besoin d'autant de forssse que posssible, murmura Mandrak, l'évaluant du regard. A commencer par un contact en surfassse. Tu n'es pas fait pour l'acsssion.
Le nécromancien perspicace mit un instant à saisir la question, alors que le skaven penchait la tête de côté, attendant avec une attention renouvelée la réponse du vieillard. Celui-ci sembla un instant plongé dans sa réflexion, bien ouvrit la bouche, sa barbe blanchâtre s'agitant.
- Le meilleur là-haut serait Krael, il dirige un grand groupe d'adorateur des forces chaotiques…
Devant la grimace que commença à afficher le vampire, il se précipita d'ajouter :
- Mais un homme connus sous le nom du “Serpent” pourrait aussi faire l'affaire !
- Et où pourrais-je le trouver ? L'interrogea aussitôt le nocturne.
*
Shriiegn s'affala dans son vieux fauteuil, usé jusqu'à la moelle. Ils étaient tous les trois partis depuis quelques instants. Leur réunion avait duré moins d'une demi-heure, mais semblait pour lui avoir duré des siècles. Il épongea nerveusement son front ridé et jaunâtre. Un vampire, un vrai seigneur de la nuit, était venu à lui. Nul doute qu'il le considérait à présent comme son esclave, c'est ce que Melkhior lui-même assurait que devaient être les serfs humains. Tous les serfs humains.
Effondré, il jeta un regard triste à la vieille copie du recueil écrit par le maitre nécrarque lui-même. Il n'aurait aucune chance de fuite. Il ne pouvait qu'obéir…
- Hâte-toi de gagner en puissanssse, avait ordonné le mort-vivant. Je reviendrais vous chercher, toi et tes… protégés, sssous peut.
- Et… vous, seigneur ? Avait-il osé demander. Qu'allez-vous…
- Je vais m'asservir le Serpent. Et une certaine nécromancienne attend désormais ma visite. Le rat va aller réparer l'affront que constitue cette charogne d'homme-bête.
Le concerné avait aussitôt redressé les oreilles, surpris. Ses babines c'étaient retroussées en une sorte d'horrible sourire…
Cependant, à présent, ce qu'il ne pouvait oublier alors que l'homme-rat avait déguerpis avec les zombis du vampire et quelques squelettes convertis à sa cause, c'était la créature qui semblait suivre le seigneur comme son ombre. Jamais il n'avait vu ou entendu parler de créatures similaires, ni totalement vivante ni totalement morte, sans pourtant avoir à aucun moment été tuée…
Machinalement, il porta la main, ressemblant plus à une serre rabougrie, à son ventre et retroussa ses habits troués. Il caressa nerveusement l'imposante pierre dissimulée là, luisante d'énergie. La chair était noircie et boursouflée à son contact. Mais les veines qui drainaient son énergie et lui permettaient de rester en vie après toute ces années étaient amplement visibles, saillantes sous la peau. Il s'en était fallu d'un rien, et il avait eu une peur panique que le skaven ne la flaire. Mais celui-ci, tellement obnubilé par l'artefact du seigneur, ne l'avait visiblement pas remarquée…
*
Son étrange familier sur les talons, Mandrak traversa via les souterrains une grande partie de la cité. Contournant instinctivement les culs de sacs et parties effondrées, il passa sous la rivière en furie coupant en deux la ville, l'écho des remous emplissant momentanément les galeries. Mais il entendait aussi autour de lui les déplacements d'autres créatures, sans chercher à les poursuivre. Il ne craignait aucune d'elles. La main éternellement refermée sur le crâne qu'il maintenait terne afin de ne pas attirer l'attention, il progressait dans une nuit totale. Seuls les piaillements et éclaboussures du gamin métamorphosé trahissaient sa présence. Quoique, si d'autres choses-rats erraient ici, elles le contournaient.
Il finit enfin par percevoir la présence non loin d'une nouvelle toile. Elle n'était pas aussi étendue que celle du vieux rapace qu'il avait trouvé dans les profondeurs, mais bien plus subtile. Tournant la tête de droite à gauche, ses yeux luisant dans la pénombre, il chercha un accès à la surface. De plus, patauger dans la boue du sous-sol de la cité commençait déjà à l'énerver. Et sa soif n'était pas pour arranger les choses. Depuis l'ermite dans la forêt, il n'avait rien avalé…
*
Visiblement, Gizrath n'y était pour rien dans les événements à la porte sud. Les hommes décérébrés, leurs blessures suppurantes infestées d'insectes vrombissant, erraient sans but apparent autour de la dernière demeure que leur marionnettiste avait investi. Celle-ci, sur la rive Est, avait encore son toit intact, ce qui devenait rare avec les effondrements. Jack roula sur le dos en silence. Il rampa en silence jusqu'à l'ouverture dans le toit, face au bâtiment empli de morts-vivants, et ressorti peu après par une ouverture dans le mur opposé. Il était invisible pour ceux ne s'attardant pas à observer les ombres s'allongeant en cette fin d'après-midi.
Aussi discret d'une brise de vent, il traversa tout un quartier, en direction du nord. Ce n'était pas Gizrath. Peu probable que Shriiegn, depuis les profondeurs, se risque à une quelconque sortie. S'il c'était agi des horreurs d'Urgal, Jim les auraient reconnues. Restaient donc Birgith et Krael. Or seule la première se trouvait sur cette rive.
Le temps qu'il traverse les quartiers et avenues, restant dans les ombres pendant qu'une patrouille d'hommes en jaune et blanc passait une large rue, le soleil n'était plus qu'un disque à l'horizon. Mais il atteignit la demeure de la sorcière, encore plus imposante que celle du mercenaire.
De nouveau, il escalada un bâtiment faisant face, et, s'enroulant dans sa cape pour se protéger du froid qui allait immanquablement accompagner la soirée, il se posta face à une fenêtre. Sa respiration calme et mesurée devint inaudible à travers le tissu couvrant la moitié de son visage. Il attendit, immobile.
Après à peine une heure, il fut convaincu qu'un seul garde protégeait l'accès, extérieur tout du moins, du bâtiment. Mais aucune activité interne ne signalait la présence d'une quelconque forme de vie ou non-vie à l'intérieur. Il frissonna. Les morts-vivants l'avaient toujours effrayé.
Embusqué dans l'ombre de la porte de la bicoque, il attendit patiemment le passage suivant du garde décérébré. Il passerait rapidement dans le dos de celui-ci et s'infiltrerait dans le bâtiment lui-même. Il était peu probable qu'il soit aussitôt assailli par de quelconques créatures démoniaques, mais dans le doute, il faisait confiance en ses capacités physiques pour distancer les morts-vivants qu'il savait long à la détente et peu dynamiques.
Le vigile apparut, éclairé entre deux ombres par l'une des lunes blafardes. Seul un examen attentif permettait de distinguer sa démarche peu fluide et dépourvue de volonté. Les pouvoirs de Birgith étaient décidément écœurants. Jack retint son souffle lorsqu'il s'apprêta à passer devant lui, mais un cri soudain le coupa en plein élan.
- Monsieur !
Le mort-vivant continua sa ronde, n'ayant visiblement même pas entendu l'appel. En revanche, Jack se tordit le cou dans sa capuche pour distinguer une, non deux, femmes accourant depuis une ruelle sombre, soulevant à bout de bras d'imposantes robes tout à fait déplacées en ces lieux, laissant voir leurs pieds nus. Celles-ci semblaient réellement souffrir de ce détail, grimaçant à chaque pas précipités, les chevilles et la plante des pieds mis à rude épreuve sur les pavés irréguliers…
- Monsieur attendez ! S'écria à nouveau la première.
Cette fois-ci le mort-vivant l'entendit, et, lentement, se retourna. Le destin voulu qu'il soit dans une portion d'ombre tandis que les deux femmes claudiquaient jusqu'à lui en pleine lumière.
Jack jura. Elles allaient tout faire capoter !
- Monsieur, on a besoin d'aide ! Continua-t-elle, croyant avoir trouvé une chance de salut. Des orques nous ont capturés et…
Sa voix mourra dans sa gorge lorsque la marionnette de chair leva lentement les bras en avançant vers elles, les yeux révulsés et commençant à baver.
- Foutez le camp, souffla-t-il entre ses dents.
Mais, peur, aveuglement ou stupidité, elles restèrent toute deux immobiles à le regarder approcher avidement.
- Monsieur vous allez bien ? Interrogèrent-elles le mort-vivant.
Alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres, elles réalisèrent avec effroi leur méprise, mais, avant qu'elle tourne les talons, que se fut la présence si proche de nourriture encore chaude ou quelque sorcellerie, le zombi accéléra soudain sa cadence et prit de vitesse les deux femmes. Il agrippa la plus proche par les épaules, coupée dans son élan, et tout deux tombèrent au sol, la seconde déguerpissant en hurlant.
- Ne me laisse pas ! L'implora la première.
Mais, malgré ses pieds nus, son amie avait déjà disparu dans la nuit, ses cris hystériques résonant déjà quelques ruelles plus loin. Elle tenta vainement de ramper, ses pleurs déjà nettement audibles, écorchant ses poignets et déchirant sa robe déjà en piteux état. Mais le poids du zombi qui gesticulait maladroitement l'entravait, et progressivement, il parvenait à rapprocher sa mâchoire avide et dégoulinante d'un fluide grumeleux de la gorge blanche que les cheveux tenus en chignon de la femme laissaient largement apparente. Elle poussa un hurlement d'agonie quand les mâchoires claquèrent contre sa peau, implorant une aide qui ne venait pas.
Et soudain, en un coup de vent, la tête cogna contre sa nuque, et elle poussa un nouveau cri de panique, au bord de la folie. Lentement, celle-ci roula sur le côté, comme le mort-vivant gesticulait pour agripper le corps chaud contre lui, les cheveux clairs de la femme inondée d'une humeur poisseuse. Et le corps fut poussé sans ménagement de côté. Avant qu'elle comprenne ce qui lui arrivait, elle fut saisi à la taille et soulevée de terre dans un cri aigu.
Elle vit, en sac à patate sur l'épaule du nouveau venu, le cadavre cherchant aveuglément à les poursuivre alors qu'ils s'éloignaient au pas de course de l'inconnu, celui-ci tenant fermement ses cuisses d'une main gantée.
- Fermez là, ordonna son sauveur, dont la cape claquait contre son visage au fil de sa course effrénée, son ventre malmené par l'épaule musclée de l'individu.
Elle tourna la tête autant qu'elle put pour voir son visage, mais celui-ci était dissimulé par une capuche tombante.
- Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle d'une voix tremblante, sans réclamer à être reposée au sol.
- Je vous ai dit de la fermer, répéta-t-il sans cesser de courir.
Elle était depuis longtemps perdu par l'enchainement de rues qu'il leurs faisait emprunter. Elle se retint de laisser sa tête balloter, et se contenta d'examiner le peut qu'elle voyait de lui. Hormis sa longue cape verdâtre, il portait une paire de bottes sombres semblant lui monter jusqu'aux genoux.
Soudain et sans avertissement, il la “déposa” au sol, dans l'ombre d'une ruelle, et s'accroupit pour reprendre son souffle. Elle remarqua qu'il conservait sa capuche baissée, et qu'une écharpe dont elle ne put déterminer la couleur lui enrobait le visage. C'était probablement pour cela qu'il c'était arrêté reprendre son souffle, mais pourquoi ne la retirait-il pas ?
- Eponine, se présenta-t-elle.
Il tourna vers lui son visage dissimulé dans l'ombre, et elle put voir l'agacement et la colère qui irradiait de ses yeux. Elle avait encore parlé. Retenant de nouvelles larmes, elle baissa la tête. Pourquoi tout cela était arrivé ? Depuis leur départ pour Ziegelheim, tout était allé de travers : l'embuscade orque, leur détention, leur évasion puis maintenant… ça.
- Jack, souffla l'inconnu.
Une lueur d'espoir la traversa, et elle tourna un visage illuminé vers lui mais il l'ignora. Lentement, lui tournant le dos, le Serpent se redressa. Elle suivi la direction indiquée par sa capuche et frissonna. Un individu avançait lentement vers eux, une besace d'un côté de la hanche, une épée de l'autre. Sans un mot, il dégaina celle-ci, ses yeux écarlates luisant dans la pénombre dont il émergea et fit face, sous les rayons pales de la lune, aux deux humains.
*
L'odeur de la peur se faisait de plus en plus forte comme il se rapprochait de l'épicentre de la toile nécromantique. Même, elle accourait vers lui. Se retenant de courir à sa rencontre, il mit le crâne luisant dans la besace de cuir pendant à sa hanche. Inutile d'être repéré dans le quartier par sa lueur éclatante. Il se reconcentra. Oui, ils approchaient. La soif prenant pas à pas l'ascendant sur ses convictions, il les vit. Un homme et une femme, tous deux dissimulés dans les ombres d'une ruelle. S'avançant avec une lenteur mesurée, il observa l'homme se redresser en le remarquant, alors qu'une mine terrifiée se dessinait sur le visage de la fille. Un simple regard lui confirma qu'elle aurait peu de chances de fuir.
- Parfait… songea-t-il en dégainant la lame dérobée au sbire de Vashanesh.
Les yeux étincelant, il se lécha les lèvres, l'homme faisant un pas dans sa direction. Ils se tinrent tout deux immobiles, se défiant du regard. Une grande cape à capuche dissimulait son visage et la majorité de son corps. Un tissu enroulé autour de son visage lui cachait son expression, néanmoins, aux bottes, aux gants et au pourpoint de cuir qu'il voyait, cet individu était tout sauf un simple mendiant. D'un geste vif il tira des replis de sa cape deux lames perpendiculaires à leur garde, protégeant ses avant-bras et se prolongeant comme des extensions de ses poings. Il pivota sur lui-même en les faisant rouler sur le dos de la main en un ballet hypnotisant de lames. Il se mit en garde, la jambe gauche en avant, vouté en une position dynamique et menaçante. Le vampire en eu l'eau à la bouche.
Le crâne pulsant à sa hanche, il fit également une courte démonstration de son habileté à l'épée, faisant rouler celle-ci d'une façon similaire tout en avançant, s'entourant à son tour d'un mur d'acier impénétrable. L'autre pencha sa tête sur le côté, ses yeux sombres apparaissant au clair de lune, calculateurs.
*
Le nouveau venu affichait avec un calme désemparant une habileté au moins égale à la sienne. Ce n'était vraiment pas le moment pour un duel. Eponine cria lorsque l'autre bondit soudain en faisant un arc de cercle mortel de son épée. L'air siffla au-dessus de la tête de jack comme il se glissait sous celle-ci et, pivotant dans le dos de son adversaire, plia son coude en offrant la pointe d'acier dans le dos de l’agresseur. Il ne perça que le tissu de sa cape, et l’autre lui assena une frappe verticale venant d’en haut en se dégageant dans une grande déchirure de tissu. Il para du bras droit et tressaillit sous la violence du choc, les genoux fléchissant afin de mieux absorber l'impact. Faisant glisser leurs deux armes l'une contre l'autre, il bondit en arrière. S'il n'avait pas paré, il est probable que son crâne aurait été pourfendu jusqu'à la pomme d'adam. Il en avait le bras encore tout engourdis…
*
Mandrak plissa le regard, savourant le doute déjà visible dans le regard de son ennemi. Faisant à nouveau rouler sa lame, le vampire bondit et frappa de nouveau, mais l’humain para encore du bras droit, faisant aussitôt glisser l'épée contre le long prolongement d'acier qu'il arborait. Aussitôt il lança la pointe de métal à la rencontre de l'abdomen exposé du vampire. Le mort-vivant, doué de réflexes surpassant ceux de tout mortel, attrapa le poignet de l'humain au vol en croisant les bras, la pointe de l’arme se perdant dans sa cape à un pouce à peine de son flanc. Il plongea son regard dans les yeux sombre de son ennemi entre leurs bras croisés. Contrairement à ses attentes, il ne lut nulle panique dans ceux-ci.
*
Un sourire s'étira sur ses lèvres alors que ses yeux flamboyaient de plus belle. Alors il vit les deux crocs saillant dépassant de sa bouche et un frisson le parcourut. Cette créature n'avait rien d'humain ! Il tenta de se dégager mais en vain, sa poigne était bien trop forte, lui compressant littéralement la main. Et son autre bras, croisé par-dessus cet enchevêtrement confus de membres, retenait la lame… S'il ne réagissait pas rapidement, il se ferait broyer le bras droit et s'en serait fini de lui. Serrant les dents, il libéra temporairement l’épée de l’agresseur en s'entourant le cou de son coude gauche. Sans perdre un instant il lui assena un coup de coude mortel. Mais, d'une vivacité prouvant qu'il n'était pas humain, l'autre rabattit sa lame sans qu'il comprenne comment sur son poignet maitrisé. Il réalisa en un instant la menace et, hurlant, parvint à pivoter suffisamment son bras immobilisé pour que l'acier stoppe l'épée sans lui trancher la main droite. Sans prendre le temps de se féliciter, il plia à nouveau le bras gauche pour l'empaler… mais l’autre s'était décalé, plongeant son visage dans la capuche de Jack, crocs saillants. L'écharpe fut déchirée en un instant comme il était frappé de stupeur, sa vie soudainement aspirée hors de son corps… Le bras sans force, il gémit, incapable de faire plus que poser l'acier contre les côtes de son bourreau, le hurlement de la fille éclatant dans la nuit.
Re: Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Mer 14 Nov 2018 - 22:44
Tincqi me fit signe d'approcher et me susurra:
- Nous avonssss exxxploré le réssseau souss notre quartierr, je propose de rentrer maintenant.
Des bruits de pas, irréguliers, venaient vers nous. A mon commandement, personne n'hésita à glisser dans l'eau. Le courant était faible, donc nous n'avions nul besoin de nous accrocher.
Des hommes-bêtes étaient dans la même cité que lui ! La colère que lui inspirait cette information était palpable. Ses crocs étaient amplement visibles sous ses babines retroussées, et sa queue comme ses moustaches s'agitaient frénétiquement, ses oreilles aplaties contre son crâne. Les fragments à la main, illuminant le couloir, lui permit de voir la salle dans laquelle les pantins débouchaient. Une eau trouble où se reflétait la lueur des pierres magiques emplissait la majorité de l'endroit, alors qu'un mince chemin sec en faisait le contour. Bien entendu, les stupides carcasses animées, qu'elles soient d'os ou de chair, avancèrent droit dans l'eau insondable. Il secoua la tête, exaspéré. Son contrôle était plus que ténu sur les morts-vivants. Se serait à lui seul de vaincre le sorcier nommé Urgal.
Mes lézards et moi étions immergés depuis quelques minutes déjà. Les seuls sons que l'on percevait étaient des bruits de pas claudicants et irréguliers. Poc,poc,poc. Des gouttes d'eau sale ruisselantes du plafonds de pierre venaient rythmer l'inquiétant ensemble.
Une poignée supplémentaire de minutes s'écoula. « Ils n'en pouvent plus d'attendre, songeai-je en regardant les crispations sur la peau de Sibli ».Munzi s'apprêter de sortir, mais s'interrompit quand je lui retins la jambe.
Des gémissements se firent entendre, et l'écho qu'ils engendraient était d'autant plus inquiétant.
- Non mortsss, cracha Sibli. Et un sale rat.
Il prononçait ces mots avec une haine notable.
Une sensation étrange nous envahi progressivement. Notre instinct nous poussait de plus en plus à déguerpir d'ici. J'essayais de me remémorer les mises en garde de grand prêtre de notre cité par rapport à Mordheim.
Une douce lueur verte vint légèrement éclairer l'embranchement. Je fit le lien après une seconde de réflexion. La malepierre, un trésor pour les skavens. Je fis part de ma découverte aux autres, alors que les premières silhouettes trébuchantes se profilaient.
- Ilsss sssont tout près, murmura Nualeq, plongez...
Plongé dans ses pensées, il commença à contourner l'obstacle, alors que les marionnettes continuaient bêtement d'avancer aveuglément.
Nous les laissâmes passer, les morts étant stupides, nous pourrions les prendre par derrière sans qu'ils s'en rendent compte. Seul le raton posait un problème. Problème dont je me chargerai personnellement. Je transmis rapidement mes ordres par geste sous-marins, et un petit remous dans l'eau serait notre signal...
Au moment où les immondes pantins finissaient de passer, j'envoyais une vaguelette silencieuse. Nous attrapâmes les pieds et jambes des zombies en fin de file, précipitant leur chute.Je découpais en morceaux tout membre putride que j'apercevais avant de les déchiqueter sous l'eau...
Je jaillit du liquide puant et fusais vers le skaven au moment où les pantins commencèrent à réagir, et en profitais pour empaler quelques goules sur mon chemin. Inzi comprit ce que je voulais faire, et bondit également de l'eau afin de me couvrir. Il utilisait tout ses atouts reptiliens lorsqu'il combattait. Il sautait lame au clair sur ses ennemis, il griffait, mordait, fouettait, chacun de ses coups mutilants un adversaire. Il était redoutable en règle générale mais les zombies étaient très tenaces...
Il mit un instant à réagir lorsque dans de grandes éclaboussures, un chaos total engloba les morts. Dans une pluie d'écailles et de colère, des créatures jusque-là embusquée réduisirent en charpie les zombis et squelettes les plus proches, leurs bondissant au visage, refermant leurs crocs sur les gorges ou plantant leurs lames dans les corps flasques. Stupéfait, il secoua la tête et se mit à incanter rapidement. Pourquoi diable ne les avait-il ni entendu ni flairé ? Et pourquoi le vieillard ne leur avait-il pas parlé de…
L'une des créatures reptiliennes embrocha une goule qui s'affala dans l'eau en un gargouillis incompréhensible. Elle ouvrit grand la gueule en un grondement de défi. Skrash en eu un frisson, et faillit perdre le fil de son sort lorsqu'elle se précipita vers lui, toutes griffes dehors. Il tendit le bras gauche, tentant de le bruler sur place, mais la créature balaya l'air de son épée crantée, lui entaillant profondément le bras. Elle lui arracha une épaisse touffe de fourrure dans un giclement poisseux.
Je chargeais le skaven, et celui-ci stupéfait, bafouilla quelques paroles, ses poings étincelants d'énergie. Je ne cherchais même pas à comprendre de quoi il s'agissait. Le rat tendis sa patte lumineuse vers moi que je détournais d'une frappe de l'épée, lui arrachant une touffe de poils poisseux. Connaissant leur faiblesses pour les avoir affrontés bien des fois, ces maudits rats, j'écrasais brutalement sa queue avant de la labourer avec mes griffes, mettant pour l'occasion, fin à ses menaçantes lumières vertes.
Les styles de combats étaient particulièrement différents entre mes lézards. Munzi esquivait habilement et contre-attaquait plus violemment encore. Nualeq frappait toujours le premier et paraissait infatigable. Sibli quand à lui, faisait un duo avec Wincqi, ils sautaient l'un sur l'autre, retombant sur le dos des zombies qui se faisaient décapiter l'instant d'après.
Le skaven hurla de douleur quand je m'attaquais à sa queue, j'enchainais un coup de griffe verticale sur sa tête et son museau, le défigurant à vie. Il essayait en vain de se battre, il tenta une grossière griffure que j'esquivais sans peine, et je lui mis aussitôt un coup de pied en ventre, le pliant en deux. Il reculait désormais, et la peur se lisait à travers ses yeux de fouine.
Envahi par la panique, il tenta un bond en retrait, mais s'écroula lamentablement, retenu par son appendice noueux que son adversaire avait vicieusement cloué au sol. La terreur l'envahi lorsque le saurus se dressa, imposant, au-dessus de lui.
Énervé par ses couinements pitoyables, je clouais d'un coup sec sa queue au sol avec mon épée...Désormais, sans plus de chances de m'échapper, je lui enchainais coups de poings, de queue, avant de planter mon couteau rituel dans son œil dont la face était ravagée. Il leva la patte droite, ses pierres corruptrices fusant vers moi, mais elles ne firent que me frôler alors que ma gueule se refermait sur son poignet. D'une pulsion des muscles puissants de ma machoire couplés à mes crocs aiguisé, le lui tranchait le bras dans un craquement sinistre. Son moignon gesticulant alors que les pierres au sol redevenaient ternes, il glapit de douleur, s'arrachant la queue sur le coup.
Mes lézards, tout sortis de l'eau à présent, gagnaient du terrain face aux zombies, sans la moindre once de fatigue tant les morts étaient lents et stupides. Un reptile contre quelques abominations, qui malgré tout se relevaient sans cesse, le combat était assez équilibré. Munzi, le moins guerrier d'entre nous, se fit prendre le dos par une goule et les autres pantins allaient se jeter dessus... Quand une lance vint transpercer de part en part ladite goule. C'était celle de Nualeq. Il se trouvait donc désarmé face à la masse de non-morts sur lui, cependant, cela semblait à peine le gêner, et ses coups de poings bien placés décrochaient aisément les mâchoires des squelettes comme cadavres ambulants...
La bataille tournait court, les morts-vivants se faisant tailler en pièce, incapable de se coordonner face aux agiles créatures paraissant des milliers. Deux les décapitaient sauvagement de bonds lestes, ici les corps trébuchaient sans raison, s'effondrant dans l'eau. L'une des créatures, le regard luisant et couvert d'hémoglobine, à elle seule aurait pu triompher. Elle se taillait un chemin parmi les corps décérébrés, que ce soit des goules s'écartant craintivement, des squelettes audacieux ou des cadavres affamés. Elle perdis son arme, l'abandonnant au dernier corps défait en sauvant un de ses semblables, et continua à coup de griffes et de mâchoires sa sanglante moisson.
Les coups pleuvaient sur le skaven. Incapable de prendre la fuite, il ne pouvait que subir, tout le corps envahi d'élans de souffrance et de panique. L'autre le releva, terrifié, il ne put que voir la lame le plonger dans le néant. Il sentit, au supplice, la lame racler dans son orbites, sans pour autant atteindre le cerveau et mettre fin à son agonie. Bavant écarlate, la fourrure imprégnée de sang, il tenta maladroitement de plonger dans la gueule du lézard géant les fragments de malepierre qu'il tenait à la patte droite, mais celui-ci fut plus rapide, et dans un craquement qui transperça son corps entier, lui trancha le poignet d'un coup violent de mâchoire. Portant le moignon à ses moustaches, giclant de fluides et l'os saillant, il vit de son dernier œil le reptile lever son arme alors qu'il était pris de tremblements violents, de douleurs et de panique. Il se jeta au sol, se libérant au prix d'une partie de son appendice, et tenta maladroitement de ramper, laissant un sillon pourpre derrière lui. L'autre le suivi lentement, pesamment. Il tourna son œil valide vers la salle. Les autres approchaient également. La bataille était finie, et il allait mourir. Mourir…
Dans un dernier élan, il se jeta en arrière en hurlant. Il ne parvint pas à se relever, mais j'avisais un ultime fragment de malepierre qui se mit soudain à luire dans son poings serré.
Non ! jura-t-il intérieurement en prenant sur lui-même, parvenant par miracle à repousser les spasmes incontrôlables investissant son corps. Alors qu'une voix humaine résonnait soudain dans son crâne, ajoutant ses cris aux douleurs qu'il éprouvait, il focalisa son attention sur l'ultime fragment serré dans sa patte restante. Son dernier espoir. Non il ne mourrait pas seul… Il susurra de nouveau entre ses dents l'incantation, alors que son bourreau levait sa lame au-dessus de lui.
Avec une vigueur qui le surprit lui-même, il roula sur le dos, hurlant comme le possédé agonisant qu'il était les dernières sombres syllabes qui libérèrent le flot d'énergie. Ils firent un bond en retrait alors que le rayon les ratait tous largement. Il frappa la voute avec une puissance effroyable, et, en un instant, celle-ci se lézarda. Les premiers blocs tombèrent parmi les reptiles surpris qui battirent en retraite par l'autre ouverture alors que Skrash, à bout, pivotait à nouveau et, la voix martelant son crâne hurlant plus fort encore, senti la douleur s'atténuer. Il parvint à ramper quelques mètres dans la poussière de l'éboulement mortel et incontrôlable qu'il avait déclenché.
Un éclair vert jaillit de la main restante du skaven, éventrant le plafond. Des pierres commencèrent à tomber, aussi me jetais-je en arrière pour ne pas me faire assommer...
Quand la poussière retomba, un monticule de rocher nous barrait la route. Nous aurions pu enlever les rochers sans trop de soucis, mais nous n'avions ni le temps ni l'envie de continuer à explorer les égouts. Surtout que cette immonde vermine de skaven devait être morte, ensevelie sous les décombres...
J'avais perdu mon masque lors de l'affrontement, aussi nous nous dépêchâmes de sortir des égouts puants. Cependant, une question me titillait, et je ne trouvais aucune réponse satisfaisante. Qu'est-ce qu'un rat faisait avec des réveillés ? Aucune alliance n'était connue entre ces deux peuples. Et pourtant, je l'avais bien vu.
« J'en sifflerai quelques mots à Tenqualteq, pensais-je »
- Pas… Mourir… geignit-il pitoyablement alors que des pierres roulaient jusqu'à lui, menaçant de l'engloutir. Il s'étouffait presque dans son propre sang se répandant en une flaque sombre autour de lui.
Toute lumière magique s'éteignit lorsqu'il perdit connaissance, couvert de poussière et de gravats, les suppliques de l'esprit torturé par les douleurs partagées le suivant dans le néant…
Mandrak buvait avec avidité. Comme cela était bon, après tout ce temps… Quelques souvenirs de sa victime tremblante lui passant devant les yeux par le biais du fluide aspiré, il écarquilla les yeux de surprise. Violement, il rejeta l'humain, tremblant, qui le considéra un instant, avant de presser une main contre sa gorge pour endiguer l'hémoragie.
Cet humain… Le Serpent !
Non ! Pourquoi fallait-il qu'il tombe déjà sur lui, alors qu'il venait de gouter son divin nectar ? Rendu fou par la privation soudaine, la fille lui revint en mémoire. La fille… Il tourna son regard emplis de folie vers elle, qui poussa un nouveau cri en le remarquant. Sans réfléchir, il lâcha son arme et se précipita à grands pas vers elle, le regard fou et les crocs saillants, la gorge et les joues écarlates. Elle hurla de plus belle lorsque, sans peine, il la prit à la gorge et la leva au-dessus de lui, ses pieds nus battant dans le sol. Un instant, il se permit de humer son fumet enivrant, s'attardant sur ses seins compressés dans la robe en lambeaux et la terreur sans nom qu'elle dégageait. Il ignora ses suppliques comme le cri du Serpent, tentant vainement de se relever. Et, ouvrant grand la gueule, lui déchira la gorge, le sang éclaboussant le muret derrière elle. Elle hurla de plus belle, étouffant, la bouche emplie de fluides, ses pieds battant furieusement alors que sa vie s'envolait. Elle gesticula, se débattit, ses efforts vains allant décroissants. Sans pitié, le seigneur de la nuit la saigna, aspirant avec avidité jusqu'à la dernière goutte d'hémoglobine de ce corps magnifique. Ses souvenirs défilaient dans son crâne, son enfance, le départ pour rejoindre son bien aimé, son abandon et comment elle avait rejoint la troupe itinérante, la capture et la détention des orques, son évasion… Ses pieds cessèrent de s'agiter. Ivre de joie, il la jeta de côté, rassasié. Son corps exsangue s'affala au sol comme une poupée blanche désarticulée. Et il poussa un rire qui résonna dans les ruelles sous le regard incrédule du Serpent, ne pouvant croire l'horreur à laquelle il venait d'assister. Un démon affamé était lâché dans les rues de la cité des damnés.
Soudain, celui-ci cessa de rire, détournant brusquement la tête en direction du nord, ignorant totalement l'humain encore sous le choc. Une grimace de colère déforma son visage dégoulinant d'hémoglobine, ses crocs menaçants. Puis il coula son regard sur Jack qui ne put retenir un frisson de terreur. Le vampire avança jusqu'à lui, et ramassa son arme à ses pieds avant de s'accroupir, son visage empestant la mort frôlant le sien. Un sourire écarlate éclaira sa face.
- Jack le Ssserpent… J'ai du travail pour toi…
Ce n'était pas une question. Le ton qu'il employa n'acceptait aucune contestation.
Le matin même, ils étaient enfin arrivés à Mordheim. Les gardes humains avaient rechigné à leur ouvrir la porte, n'ayant jamais vu d'Elfes de leur misérable vie. La situation commençait à s'envenimer, Linoir se mêlant à la conversation, sans y avoir été invité, bien sûr. Ils étaient à deux doigts d'un accrochage en règles quand leur nouvelle recrue est intervenue. Un Halfling, Jean Bombeurre, avait monnayé leur passage à tous contre le meilleur rôti que ces humains aient jamais mangé. Et ils avaient accepté. Kaenur fut ravi de voir que ce nouveau leur servirait à autre chose qu'à consommer toutes leurs provisions, et amuser sa troupe.
La petite vingtaine d'Asurs qu'il avait réunis commençait l'exploration de la ville. Il leur fallait trouver un lieu sûr pour faire une base arrière, à la fois hôpital de campagne, centre de ravitaillement et base de repli en cas de danger. Ils s'étaient donc dispersés, couvrant un terrain d'une centaine de mètres. C'était risqué, surtout en combat de rue, mais le maître des Ombres comptait sur leur discrétion pour survivre en cas de pépin. Il avait gardé le Halfling à ses côtés, pour s'assurer qu'il ne ferait pas de gestes malheureux.
Kaenur n'entendait qu'une rivière couler non loin. Ils étaient dans une zone de maisons basses, sûrement un ancien faubourg où s'entassaient autrefois les pires marginaux de la ville. Cette zone était cependant à peu près épargnée par les déprédations des pillards et autres bandes avides de malepierre, car elle était éloignée du centre de la Cité des Damnés. Il y avait peu de chance d'affronter des ennemis par ici. Kaenur escalada une bâtisse plus haute que les autres, afin d'observer les environs. Il voyait ses elfes s'activer, explorant chaque habitation. Ils s'éloignaient de plus en plus les uns des autres. Le Halfing s'était assis près d'un buisson de mûres, et se mit à les cueillir. L'Asur commençait à douter sérieusement de l'intérêt d'un membre tel que lui dans sa bande. Il effleura même l'idée de l'abandonner dans ces ruines... Qu'il était ridicule, avec sa petite taille, aussi large que haut, son gilet rouge, son chapeau haut de forme, et son tout petit arc attaché dans son non moins petit dos. Et son sac de victuailles, quasiment aussi gros que lui ! Kaenur pouvait même entendre de là où il était les casseroles qui s'entrechoquaient. Non, il était plus dangereux qu'autre chose. Lent, bruyant, probablement incapable de se battre correctement. Inutile. Un poids mort -et quel poids ! ironisa Kaenur.
Soudain, il entendit une cavalcade sur la gauche. Des pas lourds martelaient des planches de bois. Il croyait aussi entendre des sabots. Ou peut-être étaient-ce des griffes. Il n'était pas sûr. Il fit un tour d'horizon, et aperçut une forme massive qui courait sur les toits, suivie par trois formes frêles. Des Elfes ! Que faisaient-ils ici ? Des survivants du naufrage, sûrement ! Il allait pouvoir augmenter la taille de sa troupe ! Et ces renforts ne seraient pas de trop. Il se concentra sur la forme massive. Elle semblait plus lente que les Elfes, mais elle possédait une queue qui lui conférait un très bon équilibre, ce qui lui permettait de maintenir ses poursuivants à distance - plus pour très longtemps.
A la sortie des égouts, la lumière était si violente pour nos yeux sans pupilles que nous ne pûmes avancer pendant quelques instants. Les souterrains étaient si sombres que même la luminosité, pourtant assez faible, nous éblouissait. Les deux lézards que j'avais postés à l'entrée gisaient, égorgés violemment. L'un d'un avait tracé un signe avec son sang.
Druchiis.
Soudain un carreau noir s'abattit sur un de mes reptiles, qui tituba quelques instants avec de s'écrouler lourdement sur les pavés de pierre.
- Repli, hurlais-je, ces fientes de téradons nous attendaient.
Tout le monde se mit à courir, avant de continuer en s'aidant de leurs pattes avant et de leurs griffes s'il fallait se frayer un passage.
Les elfes étaient nombreux, trop nombreux, mais surtout vifs et tout aussi vils que des serpents.
Tout leurs traits étaient dirigés contre moi, aussi, pour la sécurité du plus grand nombre, je fis signe aux autres lézards de prendre un autre chemin. Comme prévu, les impurs Druchiis me suivirent moi, et commençaient dangereusement à se rapprocher.
Je sautais par dessus les poutrelles, passait par les toits des maisons les plus basses, mais rien n'y faisait, je n'arrivais toujours pas à les distancer. Soudain, un druchii surgit devant moi...
Je ne réfléchis pas une seconde, et elfe noir gauche se sépara de elfe noir droit d'un coup de griffe vertical. Je continuais ma course effrénées, butant contre des poutres calcinées, mes muscles commençaient à moins me répondre, mes pieds glissaient sur le sol pavé de la cité.
Je tentais une dernière chose, insensée mais qui pourrait peut être me sauver. D'un coup de poing, dans lequel j'avais mis ce qu'il me restait de force, j'explosais les quelques pilliers affaiblis d'une vielle maison, qui s'écroula derrière moi...
Une rivière, voilà ce qu'il me fallait, et j'avais fait une diversion suffisante pour me laisser le temps de l'atteindre. Plus qu'une paire de pas. Un pas. J'étais à une griffe de mon échappatoire. Je bandais mes muscles endoloris et me jetais plus que je ne sautais dans le cours d'eau.
Je sentis une vive douleur, puis je poussais un râle de souffrance en voyant trois flèches respectivement fichées dans ma cuisse, mes côtes, et je sentis la dernière dans... mon œil. J'entendis juste quelques cris, un grand « plouf », puis plus rien...
Kaenur décida d'intercepter cette créature. Il siffla, alertant ses guerriers, et leur indiqua les nouveaux arrivants. Puis il bondit lestement sur un toit en contrebas, et commença à sauter de toit en toit. A cette vitesse, il arriverait derrière les autres Elfes. Il décida donc de s'orienter vers la rivière, pour acculer la proie, lui coupant toute fuite sur son flanc droit. Il devina ses troupes en train de courir vers la cible.
Puis il vit que cette dernière était un Saurus, un habitant de la Lustrie. Ils n'avaient aucun grief, théoriquement, contre le Hommes-Lézards. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Mais il était certain qu'il n'avait jamais rien contre une petite chasse. Oubliant son hésitation, il reparti de plus belle.
L'un des poursuivants dépassa le lézard, puis fit volte-face pour le donner un coup d'épée. Sans même s'arrêter, le Saurus le déchiqueta de ses griffes. La partie s'annonçait plus compliquée que prévue.
Puis, d'autres Elfes apparurent aux yeux de Kaenur. Combien étaient-ils ? Peut-être une quinzaine en tout ! Comment autant de monde a-t-il pu survivre au naufrage ? Asuryan soit loué ! C'est lui qui les protège, qui les aide. Ce ne pouvait être que ça.
A moins que...
Leurs armures étaient étrangement garnies de pointes, et leurs lames semblaient tordues et vicieuses...
Alors Kaenur comprit, et il vit rouge. D'un coup, toute la rage et la soif de vengeance revinrent. Des images de sang, de flammes et de chaos lui apparurent. Il repensa à tout ce que lui avaient fait perdre ces Elfes. Sa terre, son innocence, sa joie de vivre. Sa petite Nimielle. La confiance de ses semblables.
Toute cette haine, accumulée au fil de siècles de combats, de massacres et de tortures remonta en lui. Et soudain, elle explosa en un unique mot, pesté à s'en déchirer les poumons, comme si l'Elfe voulait s'en débarrasser pour éviter qu'il ne souille sa bouche.
- DRUCHIIIIIIIIIIIIIIII !
Il vit un de ses guerriers, qui arrivait en toute confiance au contact du lézard, se faire déchiqueter à bout portant par les carreaux des poursuivants. Il se précipita sur eux, oubliant son arc, oubliant de se préserver pour arriver frais au combat. Il voulait les tuer.
Ses guerriers commençaient à comprendre, eux aussi. L'un d'eux décocha une flèche dans la cuisse de son adversaire. Une blessure frustrante. La victime à une chance sur deux de mourir de l'hémorragie. Dans l'autre cas, elle est un boulet pour tous ses compagnons, pendant au moins deux voire trois semaines. L'Asur qui a tiré voulait humilier sa cible. Et il a réussi, se réjouit Kaenur.
Des estocades s'engageaient en plusieurs endroits, mues par la haine mutuelle que se vouaient Druchii et Guerriers fantômes. Mais ces derniers avaient un léger avantage de la surprise, et ils encerclaient presque les Elfes Noirs.
Jean Bombeurre mangeait tranquillement des mûres. C'était bien la seule chose bonne dans cette cité. Il ne comprenait pas pourquoi ses nouveaux amis s'activaient dans tous les sens, alors qu'il y avait là de très bons fruits, et pleins de sucre qui plus est. L'idéal pour reprendre des forces après une longue marche. Ca faisait presque deux heures qu'il n'avait rien mangé. Il sentait ses forces diminuer progressivement, et commençaient à craindre l'hypoglycémie. Mais heureusement, ces mûres étaient arrivées ! Alors il n'allait pas gigoter à tout-va, comme ces Elfes. Il entendit vaguement un sifflement, non loin. Kaenur faisait de grands gestes, du haut de sa tour. Que faisait-il là-haut ? Un vrai gamin ! Amusé, le halfling se détourna de cette distraction.
Elles étaient vraiment excellente, ces mûres ! Jean se disait qu'avec un petit plat en sauce, elles seraient exquises, sublimées par le sucré-salé. Il ouvrit son sac, sortit une casserole, un briquet à silex et se mit à chercher du bois mort autour de lui.
Alors, un cri retentit et résonna dans le quartier. « DRUCHIIIIIIIII ! » Jean sursauta, se prit les pieds dans les ronces, et s'affala de tous son long. Il rebondit sur son ventre, et retomba sur le dos, heurtant son sac et roulant sous le buisson. Ses ustensiles de cuisines firent un bruit d'enfer. Le silence qui s'ensuivit n'en parut que plus menaçant.
C'était la voix de Kaenur, à n'en pas douter, mais elle semblait déformée par l'émotion. Une vive émotion même.
Il essaya de se relever, mais ce n'était pas facile avec ses petits bras. Il entendit alors des pas. Plusieurs personnes couraient.
- Ca n'est pas loin ! siffla une voix acide, suivie par plusieurs grognements d'approbation.
Il vit un Elfe entrer dans son champ de vision. Il s'apprêta à signaler sa position, mais quelque chose le retint. Ceux-là étaient en armure de plates, hérissées de pointes. Leurs visages étaient encore plus pâles que ceux des amis. Ces Elfes ne mangent donc rien ? Pas étonnant qu'ils soient si maigres et blêmes. Et aigris, aussi. Comment voulez-vous être aimables, si vous n'avez rien dans le ventre ?
- Si je le trouve, je l'éventre, marmonna l'un des Elfes.
Jean sursauta. Pourquoi l'éventrer ? Il n'avait rien fait ! C'est ignoble ! Un autre apparut, une arbalète à répétition dans la main. Une arbalète ? Les Hauts Elfes n'utilisent pas cette arme ! Mais qui sont-ils ? s'interrogea le halfling.
Alors le semi-homme se souvint de contes de jeunesse que lui racontait son oncle au coin du feu. Que s'il n'était pas sage, des pirates viendraient le chercher. Ils étaient tels des revenants, livides, silencieux, décharnés. Ils ne mangeaient rien, ce qui n'était pas normal, pour sûr. Et ils avaient des arbalètes et des filets, pour capturer les enfants méchants.
Des Elfes Noirs.
Ils étaient au moins quatre autour de lui.
Kaenur n'était plus qu'à une vingtaine de pas des Druchii les plus proches. Cinq guerriers fantômes l'avaient rejoint. Le Saurus cherchait à s'enfuir par la rivière. Ses poursuivants étaient vraiment très proches. Linoir décapita d'un seul coup un ennemi qui venait de surgir du coin d'une rue. Quatre druchii étaient aux trousses du lézard. Ils n'étaient plus qu'à dix pieds de lui. Sept. Cinq. Leur proie fatiguait. Kaenur comprit qu'elle n'arriverait jamais à son salut.
- Prenez vos arcs ! rugit-il.
Ses Elfes obéirent, visèrent et tirèrent. Trois Druchii s'effondrèrent. Mais le dernier était à deux mains de sa cible, et il allait lui trancher l'épine dorsale comme du beurre avec sa lame acérée. Les Asurs tirèrent encore, et leurs traits transpercèrent l'ennemi, mais trois d'entre eux atteignirent le Saurus, dont l'un à l'œil lorsque ce dernier s'effondra à cause de celui qu'il reçut dans la cuisse. Puis il disparut dans la rivière.
Kaenur fit signe à deux de ses guerriers d'aller le repêcher :
- Il faut le sauver ! Nous devons en apprendre plus sur ces Druchii !
Le combat dura encore une bonne vingtaine de minute. Les Elfes Noirs s'étaient regroupés dans une masure proche de la rivière, pour achever leur tâche.
Kaenur avait réuni ses Asurs près du corps agonisant du Saurus. Ils avaient trouvé un abri dans le lit de la rivière, et échangeaient des traits avec les Elfes Noirs. Aucun des deux camps ne se risquerait dans le no man's land qui les séparait, sous peine de se prendre une volée.
Le maître des Ombres avait appliqué un baume sur les blessures du lézard. Il était encore en vie, avec une flèche dans l'œil. Incroyable ! Quelle constitution ! Mais il fallait vite trouver un médecin digne de ce nom, ou un mage, sinon il ne vivrait pas longtemps.
Kaenur se demandait ce qu'il restait de sa troupe. Les sept guerriers qu'il avait à ses côtés étaient-ils les derniers des siens dans ces ruines puantes ?
- Nous avonssss exxxploré le réssseau souss notre quartierr, je propose de rentrer maintenant.
Des bruits de pas, irréguliers, venaient vers nous. A mon commandement, personne n'hésita à glisser dans l'eau. Le courant était faible, donc nous n'avions nul besoin de nous accrocher.
*
Des hommes-bêtes étaient dans la même cité que lui ! La colère que lui inspirait cette information était palpable. Ses crocs étaient amplement visibles sous ses babines retroussées, et sa queue comme ses moustaches s'agitaient frénétiquement, ses oreilles aplaties contre son crâne. Les fragments à la main, illuminant le couloir, lui permit de voir la salle dans laquelle les pantins débouchaient. Une eau trouble où se reflétait la lueur des pierres magiques emplissait la majorité de l'endroit, alors qu'un mince chemin sec en faisait le contour. Bien entendu, les stupides carcasses animées, qu'elles soient d'os ou de chair, avancèrent droit dans l'eau insondable. Il secoua la tête, exaspéré. Son contrôle était plus que ténu sur les morts-vivants. Se serait à lui seul de vaincre le sorcier nommé Urgal.
Mes lézards et moi étions immergés depuis quelques minutes déjà. Les seuls sons que l'on percevait étaient des bruits de pas claudicants et irréguliers. Poc,poc,poc. Des gouttes d'eau sale ruisselantes du plafonds de pierre venaient rythmer l'inquiétant ensemble.
Une poignée supplémentaire de minutes s'écoula. « Ils n'en pouvent plus d'attendre, songeai-je en regardant les crispations sur la peau de Sibli ».Munzi s'apprêter de sortir, mais s'interrompit quand je lui retins la jambe.
Des gémissements se firent entendre, et l'écho qu'ils engendraient était d'autant plus inquiétant.
- Non mortsss, cracha Sibli. Et un sale rat.
Il prononçait ces mots avec une haine notable.
Une sensation étrange nous envahi progressivement. Notre instinct nous poussait de plus en plus à déguerpir d'ici. J'essayais de me remémorer les mises en garde de grand prêtre de notre cité par rapport à Mordheim.
Une douce lueur verte vint légèrement éclairer l'embranchement. Je fit le lien après une seconde de réflexion. La malepierre, un trésor pour les skavens. Je fis part de ma découverte aux autres, alors que les premières silhouettes trébuchantes se profilaient.
- Ilsss sssont tout près, murmura Nualeq, plongez...
Plongé dans ses pensées, il commença à contourner l'obstacle, alors que les marionnettes continuaient bêtement d'avancer aveuglément.
Nous les laissâmes passer, les morts étant stupides, nous pourrions les prendre par derrière sans qu'ils s'en rendent compte. Seul le raton posait un problème. Problème dont je me chargerai personnellement. Je transmis rapidement mes ordres par geste sous-marins, et un petit remous dans l'eau serait notre signal...
Au moment où les immondes pantins finissaient de passer, j'envoyais une vaguelette silencieuse. Nous attrapâmes les pieds et jambes des zombies en fin de file, précipitant leur chute.Je découpais en morceaux tout membre putride que j'apercevais avant de les déchiqueter sous l'eau...
Je jaillit du liquide puant et fusais vers le skaven au moment où les pantins commencèrent à réagir, et en profitais pour empaler quelques goules sur mon chemin. Inzi comprit ce que je voulais faire, et bondit également de l'eau afin de me couvrir. Il utilisait tout ses atouts reptiliens lorsqu'il combattait. Il sautait lame au clair sur ses ennemis, il griffait, mordait, fouettait, chacun de ses coups mutilants un adversaire. Il était redoutable en règle générale mais les zombies étaient très tenaces...
Il mit un instant à réagir lorsque dans de grandes éclaboussures, un chaos total engloba les morts. Dans une pluie d'écailles et de colère, des créatures jusque-là embusquée réduisirent en charpie les zombis et squelettes les plus proches, leurs bondissant au visage, refermant leurs crocs sur les gorges ou plantant leurs lames dans les corps flasques. Stupéfait, il secoua la tête et se mit à incanter rapidement. Pourquoi diable ne les avait-il ni entendu ni flairé ? Et pourquoi le vieillard ne leur avait-il pas parlé de…
L'une des créatures reptiliennes embrocha une goule qui s'affala dans l'eau en un gargouillis incompréhensible. Elle ouvrit grand la gueule en un grondement de défi. Skrash en eu un frisson, et faillit perdre le fil de son sort lorsqu'elle se précipita vers lui, toutes griffes dehors. Il tendit le bras gauche, tentant de le bruler sur place, mais la créature balaya l'air de son épée crantée, lui entaillant profondément le bras. Elle lui arracha une épaisse touffe de fourrure dans un giclement poisseux.
Je chargeais le skaven, et celui-ci stupéfait, bafouilla quelques paroles, ses poings étincelants d'énergie. Je ne cherchais même pas à comprendre de quoi il s'agissait. Le rat tendis sa patte lumineuse vers moi que je détournais d'une frappe de l'épée, lui arrachant une touffe de poils poisseux. Connaissant leur faiblesses pour les avoir affrontés bien des fois, ces maudits rats, j'écrasais brutalement sa queue avant de la labourer avec mes griffes, mettant pour l'occasion, fin à ses menaçantes lumières vertes.
Les styles de combats étaient particulièrement différents entre mes lézards. Munzi esquivait habilement et contre-attaquait plus violemment encore. Nualeq frappait toujours le premier et paraissait infatigable. Sibli quand à lui, faisait un duo avec Wincqi, ils sautaient l'un sur l'autre, retombant sur le dos des zombies qui se faisaient décapiter l'instant d'après.
Le skaven hurla de douleur quand je m'attaquais à sa queue, j'enchainais un coup de griffe verticale sur sa tête et son museau, le défigurant à vie. Il essayait en vain de se battre, il tenta une grossière griffure que j'esquivais sans peine, et je lui mis aussitôt un coup de pied en ventre, le pliant en deux. Il reculait désormais, et la peur se lisait à travers ses yeux de fouine.
Envahi par la panique, il tenta un bond en retrait, mais s'écroula lamentablement, retenu par son appendice noueux que son adversaire avait vicieusement cloué au sol. La terreur l'envahi lorsque le saurus se dressa, imposant, au-dessus de lui.
Énervé par ses couinements pitoyables, je clouais d'un coup sec sa queue au sol avec mon épée...Désormais, sans plus de chances de m'échapper, je lui enchainais coups de poings, de queue, avant de planter mon couteau rituel dans son œil dont la face était ravagée. Il leva la patte droite, ses pierres corruptrices fusant vers moi, mais elles ne firent que me frôler alors que ma gueule se refermait sur son poignet. D'une pulsion des muscles puissants de ma machoire couplés à mes crocs aiguisé, le lui tranchait le bras dans un craquement sinistre. Son moignon gesticulant alors que les pierres au sol redevenaient ternes, il glapit de douleur, s'arrachant la queue sur le coup.
Mes lézards, tout sortis de l'eau à présent, gagnaient du terrain face aux zombies, sans la moindre once de fatigue tant les morts étaient lents et stupides. Un reptile contre quelques abominations, qui malgré tout se relevaient sans cesse, le combat était assez équilibré. Munzi, le moins guerrier d'entre nous, se fit prendre le dos par une goule et les autres pantins allaient se jeter dessus... Quand une lance vint transpercer de part en part ladite goule. C'était celle de Nualeq. Il se trouvait donc désarmé face à la masse de non-morts sur lui, cependant, cela semblait à peine le gêner, et ses coups de poings bien placés décrochaient aisément les mâchoires des squelettes comme cadavres ambulants...
La bataille tournait court, les morts-vivants se faisant tailler en pièce, incapable de se coordonner face aux agiles créatures paraissant des milliers. Deux les décapitaient sauvagement de bonds lestes, ici les corps trébuchaient sans raison, s'effondrant dans l'eau. L'une des créatures, le regard luisant et couvert d'hémoglobine, à elle seule aurait pu triompher. Elle se taillait un chemin parmi les corps décérébrés, que ce soit des goules s'écartant craintivement, des squelettes audacieux ou des cadavres affamés. Elle perdis son arme, l'abandonnant au dernier corps défait en sauvant un de ses semblables, et continua à coup de griffes et de mâchoires sa sanglante moisson.
Les coups pleuvaient sur le skaven. Incapable de prendre la fuite, il ne pouvait que subir, tout le corps envahi d'élans de souffrance et de panique. L'autre le releva, terrifié, il ne put que voir la lame le plonger dans le néant. Il sentit, au supplice, la lame racler dans son orbites, sans pour autant atteindre le cerveau et mettre fin à son agonie. Bavant écarlate, la fourrure imprégnée de sang, il tenta maladroitement de plonger dans la gueule du lézard géant les fragments de malepierre qu'il tenait à la patte droite, mais celui-ci fut plus rapide, et dans un craquement qui transperça son corps entier, lui trancha le poignet d'un coup violent de mâchoire. Portant le moignon à ses moustaches, giclant de fluides et l'os saillant, il vit de son dernier œil le reptile lever son arme alors qu'il était pris de tremblements violents, de douleurs et de panique. Il se jeta au sol, se libérant au prix d'une partie de son appendice, et tenta maladroitement de ramper, laissant un sillon pourpre derrière lui. L'autre le suivi lentement, pesamment. Il tourna son œil valide vers la salle. Les autres approchaient également. La bataille était finie, et il allait mourir. Mourir…
Dans un dernier élan, il se jeta en arrière en hurlant. Il ne parvint pas à se relever, mais j'avisais un ultime fragment de malepierre qui se mit soudain à luire dans son poings serré.
Non ! jura-t-il intérieurement en prenant sur lui-même, parvenant par miracle à repousser les spasmes incontrôlables investissant son corps. Alors qu'une voix humaine résonnait soudain dans son crâne, ajoutant ses cris aux douleurs qu'il éprouvait, il focalisa son attention sur l'ultime fragment serré dans sa patte restante. Son dernier espoir. Non il ne mourrait pas seul… Il susurra de nouveau entre ses dents l'incantation, alors que son bourreau levait sa lame au-dessus de lui.
Avec une vigueur qui le surprit lui-même, il roula sur le dos, hurlant comme le possédé agonisant qu'il était les dernières sombres syllabes qui libérèrent le flot d'énergie. Ils firent un bond en retrait alors que le rayon les ratait tous largement. Il frappa la voute avec une puissance effroyable, et, en un instant, celle-ci se lézarda. Les premiers blocs tombèrent parmi les reptiles surpris qui battirent en retraite par l'autre ouverture alors que Skrash, à bout, pivotait à nouveau et, la voix martelant son crâne hurlant plus fort encore, senti la douleur s'atténuer. Il parvint à ramper quelques mètres dans la poussière de l'éboulement mortel et incontrôlable qu'il avait déclenché.
Un éclair vert jaillit de la main restante du skaven, éventrant le plafond. Des pierres commencèrent à tomber, aussi me jetais-je en arrière pour ne pas me faire assommer...
Quand la poussière retomba, un monticule de rocher nous barrait la route. Nous aurions pu enlever les rochers sans trop de soucis, mais nous n'avions ni le temps ni l'envie de continuer à explorer les égouts. Surtout que cette immonde vermine de skaven devait être morte, ensevelie sous les décombres...
J'avais perdu mon masque lors de l'affrontement, aussi nous nous dépêchâmes de sortir des égouts puants. Cependant, une question me titillait, et je ne trouvais aucune réponse satisfaisante. Qu'est-ce qu'un rat faisait avec des réveillés ? Aucune alliance n'était connue entre ces deux peuples. Et pourtant, je l'avais bien vu.
« J'en sifflerai quelques mots à Tenqualteq, pensais-je »
- Pas… Mourir… geignit-il pitoyablement alors que des pierres roulaient jusqu'à lui, menaçant de l'engloutir. Il s'étouffait presque dans son propre sang se répandant en une flaque sombre autour de lui.
Toute lumière magique s'éteignit lorsqu'il perdit connaissance, couvert de poussière et de gravats, les suppliques de l'esprit torturé par les douleurs partagées le suivant dans le néant…
*
Mandrak buvait avec avidité. Comme cela était bon, après tout ce temps… Quelques souvenirs de sa victime tremblante lui passant devant les yeux par le biais du fluide aspiré, il écarquilla les yeux de surprise. Violement, il rejeta l'humain, tremblant, qui le considéra un instant, avant de presser une main contre sa gorge pour endiguer l'hémoragie.
Cet humain… Le Serpent !
Non ! Pourquoi fallait-il qu'il tombe déjà sur lui, alors qu'il venait de gouter son divin nectar ? Rendu fou par la privation soudaine, la fille lui revint en mémoire. La fille… Il tourna son regard emplis de folie vers elle, qui poussa un nouveau cri en le remarquant. Sans réfléchir, il lâcha son arme et se précipita à grands pas vers elle, le regard fou et les crocs saillants, la gorge et les joues écarlates. Elle hurla de plus belle lorsque, sans peine, il la prit à la gorge et la leva au-dessus de lui, ses pieds nus battant dans le sol. Un instant, il se permit de humer son fumet enivrant, s'attardant sur ses seins compressés dans la robe en lambeaux et la terreur sans nom qu'elle dégageait. Il ignora ses suppliques comme le cri du Serpent, tentant vainement de se relever. Et, ouvrant grand la gueule, lui déchira la gorge, le sang éclaboussant le muret derrière elle. Elle hurla de plus belle, étouffant, la bouche emplie de fluides, ses pieds battant furieusement alors que sa vie s'envolait. Elle gesticula, se débattit, ses efforts vains allant décroissants. Sans pitié, le seigneur de la nuit la saigna, aspirant avec avidité jusqu'à la dernière goutte d'hémoglobine de ce corps magnifique. Ses souvenirs défilaient dans son crâne, son enfance, le départ pour rejoindre son bien aimé, son abandon et comment elle avait rejoint la troupe itinérante, la capture et la détention des orques, son évasion… Ses pieds cessèrent de s'agiter. Ivre de joie, il la jeta de côté, rassasié. Son corps exsangue s'affala au sol comme une poupée blanche désarticulée. Et il poussa un rire qui résonna dans les ruelles sous le regard incrédule du Serpent, ne pouvant croire l'horreur à laquelle il venait d'assister. Un démon affamé était lâché dans les rues de la cité des damnés.
Soudain, celui-ci cessa de rire, détournant brusquement la tête en direction du nord, ignorant totalement l'humain encore sous le choc. Une grimace de colère déforma son visage dégoulinant d'hémoglobine, ses crocs menaçants. Puis il coula son regard sur Jack qui ne put retenir un frisson de terreur. Le vampire avança jusqu'à lui, et ramassa son arme à ses pieds avant de s'accroupir, son visage empestant la mort frôlant le sien. Un sourire écarlate éclaira sa face.
- Jack le Ssserpent… J'ai du travail pour toi…
Ce n'était pas une question. Le ton qu'il employa n'acceptait aucune contestation.
*
Le matin même, ils étaient enfin arrivés à Mordheim. Les gardes humains avaient rechigné à leur ouvrir la porte, n'ayant jamais vu d'Elfes de leur misérable vie. La situation commençait à s'envenimer, Linoir se mêlant à la conversation, sans y avoir été invité, bien sûr. Ils étaient à deux doigts d'un accrochage en règles quand leur nouvelle recrue est intervenue. Un Halfling, Jean Bombeurre, avait monnayé leur passage à tous contre le meilleur rôti que ces humains aient jamais mangé. Et ils avaient accepté. Kaenur fut ravi de voir que ce nouveau leur servirait à autre chose qu'à consommer toutes leurs provisions, et amuser sa troupe.
La petite vingtaine d'Asurs qu'il avait réunis commençait l'exploration de la ville. Il leur fallait trouver un lieu sûr pour faire une base arrière, à la fois hôpital de campagne, centre de ravitaillement et base de repli en cas de danger. Ils s'étaient donc dispersés, couvrant un terrain d'une centaine de mètres. C'était risqué, surtout en combat de rue, mais le maître des Ombres comptait sur leur discrétion pour survivre en cas de pépin. Il avait gardé le Halfling à ses côtés, pour s'assurer qu'il ne ferait pas de gestes malheureux.
Kaenur n'entendait qu'une rivière couler non loin. Ils étaient dans une zone de maisons basses, sûrement un ancien faubourg où s'entassaient autrefois les pires marginaux de la ville. Cette zone était cependant à peu près épargnée par les déprédations des pillards et autres bandes avides de malepierre, car elle était éloignée du centre de la Cité des Damnés. Il y avait peu de chance d'affronter des ennemis par ici. Kaenur escalada une bâtisse plus haute que les autres, afin d'observer les environs. Il voyait ses elfes s'activer, explorant chaque habitation. Ils s'éloignaient de plus en plus les uns des autres. Le Halfing s'était assis près d'un buisson de mûres, et se mit à les cueillir. L'Asur commençait à douter sérieusement de l'intérêt d'un membre tel que lui dans sa bande. Il effleura même l'idée de l'abandonner dans ces ruines... Qu'il était ridicule, avec sa petite taille, aussi large que haut, son gilet rouge, son chapeau haut de forme, et son tout petit arc attaché dans son non moins petit dos. Et son sac de victuailles, quasiment aussi gros que lui ! Kaenur pouvait même entendre de là où il était les casseroles qui s'entrechoquaient. Non, il était plus dangereux qu'autre chose. Lent, bruyant, probablement incapable de se battre correctement. Inutile. Un poids mort -et quel poids ! ironisa Kaenur.
Soudain, il entendit une cavalcade sur la gauche. Des pas lourds martelaient des planches de bois. Il croyait aussi entendre des sabots. Ou peut-être étaient-ce des griffes. Il n'était pas sûr. Il fit un tour d'horizon, et aperçut une forme massive qui courait sur les toits, suivie par trois formes frêles. Des Elfes ! Que faisaient-ils ici ? Des survivants du naufrage, sûrement ! Il allait pouvoir augmenter la taille de sa troupe ! Et ces renforts ne seraient pas de trop. Il se concentra sur la forme massive. Elle semblait plus lente que les Elfes, mais elle possédait une queue qui lui conférait un très bon équilibre, ce qui lui permettait de maintenir ses poursuivants à distance - plus pour très longtemps.
A la sortie des égouts, la lumière était si violente pour nos yeux sans pupilles que nous ne pûmes avancer pendant quelques instants. Les souterrains étaient si sombres que même la luminosité, pourtant assez faible, nous éblouissait. Les deux lézards que j'avais postés à l'entrée gisaient, égorgés violemment. L'un d'un avait tracé un signe avec son sang.
Druchiis.
Soudain un carreau noir s'abattit sur un de mes reptiles, qui tituba quelques instants avec de s'écrouler lourdement sur les pavés de pierre.
- Repli, hurlais-je, ces fientes de téradons nous attendaient.
Tout le monde se mit à courir, avant de continuer en s'aidant de leurs pattes avant et de leurs griffes s'il fallait se frayer un passage.
Les elfes étaient nombreux, trop nombreux, mais surtout vifs et tout aussi vils que des serpents.
Tout leurs traits étaient dirigés contre moi, aussi, pour la sécurité du plus grand nombre, je fis signe aux autres lézards de prendre un autre chemin. Comme prévu, les impurs Druchiis me suivirent moi, et commençaient dangereusement à se rapprocher.
Je sautais par dessus les poutrelles, passait par les toits des maisons les plus basses, mais rien n'y faisait, je n'arrivais toujours pas à les distancer. Soudain, un druchii surgit devant moi...
Je ne réfléchis pas une seconde, et elfe noir gauche se sépara de elfe noir droit d'un coup de griffe vertical. Je continuais ma course effrénées, butant contre des poutres calcinées, mes muscles commençaient à moins me répondre, mes pieds glissaient sur le sol pavé de la cité.
Je tentais une dernière chose, insensée mais qui pourrait peut être me sauver. D'un coup de poing, dans lequel j'avais mis ce qu'il me restait de force, j'explosais les quelques pilliers affaiblis d'une vielle maison, qui s'écroula derrière moi...
Une rivière, voilà ce qu'il me fallait, et j'avais fait une diversion suffisante pour me laisser le temps de l'atteindre. Plus qu'une paire de pas. Un pas. J'étais à une griffe de mon échappatoire. Je bandais mes muscles endoloris et me jetais plus que je ne sautais dans le cours d'eau.
Je sentis une vive douleur, puis je poussais un râle de souffrance en voyant trois flèches respectivement fichées dans ma cuisse, mes côtes, et je sentis la dernière dans... mon œil. J'entendis juste quelques cris, un grand « plouf », puis plus rien...
Kaenur décida d'intercepter cette créature. Il siffla, alertant ses guerriers, et leur indiqua les nouveaux arrivants. Puis il bondit lestement sur un toit en contrebas, et commença à sauter de toit en toit. A cette vitesse, il arriverait derrière les autres Elfes. Il décida donc de s'orienter vers la rivière, pour acculer la proie, lui coupant toute fuite sur son flanc droit. Il devina ses troupes en train de courir vers la cible.
Puis il vit que cette dernière était un Saurus, un habitant de la Lustrie. Ils n'avaient aucun grief, théoriquement, contre le Hommes-Lézards. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Mais il était certain qu'il n'avait jamais rien contre une petite chasse. Oubliant son hésitation, il reparti de plus belle.
L'un des poursuivants dépassa le lézard, puis fit volte-face pour le donner un coup d'épée. Sans même s'arrêter, le Saurus le déchiqueta de ses griffes. La partie s'annonçait plus compliquée que prévue.
Puis, d'autres Elfes apparurent aux yeux de Kaenur. Combien étaient-ils ? Peut-être une quinzaine en tout ! Comment autant de monde a-t-il pu survivre au naufrage ? Asuryan soit loué ! C'est lui qui les protège, qui les aide. Ce ne pouvait être que ça.
A moins que...
Leurs armures étaient étrangement garnies de pointes, et leurs lames semblaient tordues et vicieuses...
Alors Kaenur comprit, et il vit rouge. D'un coup, toute la rage et la soif de vengeance revinrent. Des images de sang, de flammes et de chaos lui apparurent. Il repensa à tout ce que lui avaient fait perdre ces Elfes. Sa terre, son innocence, sa joie de vivre. Sa petite Nimielle. La confiance de ses semblables.
Toute cette haine, accumulée au fil de siècles de combats, de massacres et de tortures remonta en lui. Et soudain, elle explosa en un unique mot, pesté à s'en déchirer les poumons, comme si l'Elfe voulait s'en débarrasser pour éviter qu'il ne souille sa bouche.
- DRUCHIIIIIIIIIIIIIIII !
Il vit un de ses guerriers, qui arrivait en toute confiance au contact du lézard, se faire déchiqueter à bout portant par les carreaux des poursuivants. Il se précipita sur eux, oubliant son arc, oubliant de se préserver pour arriver frais au combat. Il voulait les tuer.
Ses guerriers commençaient à comprendre, eux aussi. L'un d'eux décocha une flèche dans la cuisse de son adversaire. Une blessure frustrante. La victime à une chance sur deux de mourir de l'hémorragie. Dans l'autre cas, elle est un boulet pour tous ses compagnons, pendant au moins deux voire trois semaines. L'Asur qui a tiré voulait humilier sa cible. Et il a réussi, se réjouit Kaenur.
Des estocades s'engageaient en plusieurs endroits, mues par la haine mutuelle que se vouaient Druchii et Guerriers fantômes. Mais ces derniers avaient un léger avantage de la surprise, et ils encerclaient presque les Elfes Noirs.
Jean Bombeurre mangeait tranquillement des mûres. C'était bien la seule chose bonne dans cette cité. Il ne comprenait pas pourquoi ses nouveaux amis s'activaient dans tous les sens, alors qu'il y avait là de très bons fruits, et pleins de sucre qui plus est. L'idéal pour reprendre des forces après une longue marche. Ca faisait presque deux heures qu'il n'avait rien mangé. Il sentait ses forces diminuer progressivement, et commençaient à craindre l'hypoglycémie. Mais heureusement, ces mûres étaient arrivées ! Alors il n'allait pas gigoter à tout-va, comme ces Elfes. Il entendit vaguement un sifflement, non loin. Kaenur faisait de grands gestes, du haut de sa tour. Que faisait-il là-haut ? Un vrai gamin ! Amusé, le halfling se détourna de cette distraction.
Elles étaient vraiment excellente, ces mûres ! Jean se disait qu'avec un petit plat en sauce, elles seraient exquises, sublimées par le sucré-salé. Il ouvrit son sac, sortit une casserole, un briquet à silex et se mit à chercher du bois mort autour de lui.
Alors, un cri retentit et résonna dans le quartier. « DRUCHIIIIIIIII ! » Jean sursauta, se prit les pieds dans les ronces, et s'affala de tous son long. Il rebondit sur son ventre, et retomba sur le dos, heurtant son sac et roulant sous le buisson. Ses ustensiles de cuisines firent un bruit d'enfer. Le silence qui s'ensuivit n'en parut que plus menaçant.
C'était la voix de Kaenur, à n'en pas douter, mais elle semblait déformée par l'émotion. Une vive émotion même.
Il essaya de se relever, mais ce n'était pas facile avec ses petits bras. Il entendit alors des pas. Plusieurs personnes couraient.
- Ca n'est pas loin ! siffla une voix acide, suivie par plusieurs grognements d'approbation.
Il vit un Elfe entrer dans son champ de vision. Il s'apprêta à signaler sa position, mais quelque chose le retint. Ceux-là étaient en armure de plates, hérissées de pointes. Leurs visages étaient encore plus pâles que ceux des amis. Ces Elfes ne mangent donc rien ? Pas étonnant qu'ils soient si maigres et blêmes. Et aigris, aussi. Comment voulez-vous être aimables, si vous n'avez rien dans le ventre ?
- Si je le trouve, je l'éventre, marmonna l'un des Elfes.
Jean sursauta. Pourquoi l'éventrer ? Il n'avait rien fait ! C'est ignoble ! Un autre apparut, une arbalète à répétition dans la main. Une arbalète ? Les Hauts Elfes n'utilisent pas cette arme ! Mais qui sont-ils ? s'interrogea le halfling.
Alors le semi-homme se souvint de contes de jeunesse que lui racontait son oncle au coin du feu. Que s'il n'était pas sage, des pirates viendraient le chercher. Ils étaient tels des revenants, livides, silencieux, décharnés. Ils ne mangeaient rien, ce qui n'était pas normal, pour sûr. Et ils avaient des arbalètes et des filets, pour capturer les enfants méchants.
Des Elfes Noirs.
Ils étaient au moins quatre autour de lui.
Kaenur n'était plus qu'à une vingtaine de pas des Druchii les plus proches. Cinq guerriers fantômes l'avaient rejoint. Le Saurus cherchait à s'enfuir par la rivière. Ses poursuivants étaient vraiment très proches. Linoir décapita d'un seul coup un ennemi qui venait de surgir du coin d'une rue. Quatre druchii étaient aux trousses du lézard. Ils n'étaient plus qu'à dix pieds de lui. Sept. Cinq. Leur proie fatiguait. Kaenur comprit qu'elle n'arriverait jamais à son salut.
- Prenez vos arcs ! rugit-il.
Ses Elfes obéirent, visèrent et tirèrent. Trois Druchii s'effondrèrent. Mais le dernier était à deux mains de sa cible, et il allait lui trancher l'épine dorsale comme du beurre avec sa lame acérée. Les Asurs tirèrent encore, et leurs traits transpercèrent l'ennemi, mais trois d'entre eux atteignirent le Saurus, dont l'un à l'œil lorsque ce dernier s'effondra à cause de celui qu'il reçut dans la cuisse. Puis il disparut dans la rivière.
Kaenur fit signe à deux de ses guerriers d'aller le repêcher :
- Il faut le sauver ! Nous devons en apprendre plus sur ces Druchii !
Le combat dura encore une bonne vingtaine de minute. Les Elfes Noirs s'étaient regroupés dans une masure proche de la rivière, pour achever leur tâche.
Kaenur avait réuni ses Asurs près du corps agonisant du Saurus. Ils avaient trouvé un abri dans le lit de la rivière, et échangeaient des traits avec les Elfes Noirs. Aucun des deux camps ne se risquerait dans le no man's land qui les séparait, sous peine de se prendre une volée.
Le maître des Ombres avait appliqué un baume sur les blessures du lézard. Il était encore en vie, avec une flèche dans l'œil. Incroyable ! Quelle constitution ! Mais il fallait vite trouver un médecin digne de ce nom, ou un mage, sinon il ne vivrait pas longtemps.
Kaenur se demandait ce qu'il restait de sa troupe. Les sept guerriers qu'il avait à ses côtés étaient-ils les derniers des siens dans ces ruines puantes ?
Re: Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Mer 14 Nov 2018 - 22:52
Eeeeeeeeeeet nous y voici. Tout ce qui suivra a présent a de nombreuses années d'écart avec ce qui a été écrit plus tôt. Et le sera en solo. Je vais m'efforcer de finir de corriger touuuut ce chantier que j'ai grossièrement collé et, si j'ai la foi, de trouver de meilleurs phrasés pour les orques et sauriens.
Enfin. Un chantier de plus
Les destructions qu’avait subies la cité étaient encore plus importantes que celles décrites par les rumeurs. Les bâtiments étaient éventrés. Des cadavres en état de décomposition ponctuaient chaque rue, festin d’animaux charognards qui ne fuyaient pas sa présence. Et partout, cette odeur de soufre la prenait à la gorge, faisait peser la sensation permanente d’être dans l’antre du démon lui-même. La cité était moins que l’ombre de ce qu’elle avait été. Elle était véritablement damnée. Et lorsqu’elle tournait son regard vers l’Est, les vapeurs et hurlements d’agonies ne laissaient rien présager de bon…
Finalement, elle déboucha sur la rive du Stir et put revoir cette ile qu’elle n’avait contemplée depuis son départ. A cette vision son cœur se resserra. De nombreuses fumées sortaient de plusieurs ouvertures et pour ce qu’elle voyait, pas un des si beaux vitraux ne subsistaient. L’abbaye autrefois si fièrement dressée sur le monticule de roche semblait voûté sous les coups de boutoirs qu’avait subis Mordheim.
Le pont également était endommagé. Un pilier de soutènement c’était effondré et plusieurs sections entières de pavées avaient dégringolées dans l’abîme grondant, une trentaine de mètres plus bas. Aucun charriot ou même monture ne pourrait plus le traverser, mais pour un individu à pied, c’était encore chose possible. Elle sauta plusieurs précipices sans vraiment penser aux flots n’attendant qu’elle, puis enjamba une carriole renversée en travers de l’allée, criblée de flèches. Ici et là gisaient les corps des assaillants. La puanteur de leurs dépouilles la prenait à la gorge. Mais elle n’avait d’yeux que pour l’édifice. Plusieurs tours défiaient encore les cieux tandis que les autres n’étaient plus qu’amas de gravats. Le cœur de l’abbaye, une solide forteresse, semblait avoir mieux résisté au souffle de la catastrophe. Toutefois, c’était de ses fenêtres et balcons que s’échappait l’épaisse fumée noire qu’elle avait vu de si loin.
Rapidement, elle contourna un tas de charognes et passa sous la herse d’acier éventrée avant de pénétrer dans la cour intérieure. Plusieurs corbeaux fuirent son approche en croassant péniblement. Il n’y avait nulle écurie à l’Abbaye du Roc. Les sœurs n’utilisaient pas de chevaux. Autrefois, les auberges proches se faisaient une joie de garder les montures des pèlerins. Elle traversa l’espace à ciel ouvert, le sable rougeâtre crissant sous ses bottes renforcées, puis posa la main sur le bois de la porte principale. Les souvenirs de son arrivée étant encore jeune fille, comme de son départ en furie il y a quelques années, lui revinrent à la figure avec la force d’un coup de tonnerre. Les épaules crispées, elle ne put que serrer les poings à s’en rendre les phalanges douloureuses sans réussir à retenir ses sanglots. Mais l’instant de faiblesse passa rapidement. Elle essuya ses yeux embués d’un revers et après un regard vers le ciel, se glissa dans la brèche taillée à coups de hache dans le bois renforcé.
A l’intérieur tout n’était que cendres et puanteur de la décomposition. Des cadavres, humains pour certains et pas totalement pour d’autres, ponctuaient régulièrement ses pas. Les tentures finement brodées par ses ainées avaient été décrochées, déchirées et maculées d’humeurs nauséabondes. Le mobilier était renversé en travers des couloirs, fracassé pour la majorité. Les étagères qui n’avaient pas été mises à bas étaient grandes ouvertes, plusieurs successions de pilleurs ayant déjà fait leurs offices. Elle ne s’arrêta pas là et alla droit à la chapelle principale. Elle ne courrait pas mais marchait calmement, telle une condamnée se dirigeant à la potence.
La porte en chêne massif pendait lamentablement sur ses gonds et grinça lorsque la femme entra. L’ampleur du cauchemar s’offrit à elle. Elle avait finalement retrouvé ses sœurs, mais n’y trouva nulle joie. Nul réconfort. Seulement la mort.
Elle renifla bruyamment en abaissant sa capuche blanche, maintenant tachée par la suie. Ses cheveux bruns tombèrent en cascade sur ses épaules alors qu’elle s’avançait dans la nef centrale. Elle passa entre les bancs renversés et enjamba l’un des lustres écrasés. Le marteau à sa hanche produisit une note grave en toquant sur l’une des barres de métal, la faisant frissonner. Mais elle s’arrêta avant le chœur. Une épaisse flaque de sang reposait devant ses pieds. Elle releva lentement les yeux et poussa un hoquet de surprise. C’est en se cachant la bouche de ses deux mains qu’elle identifia sa sœur, pendue au lustre par des fers plantés dans ses mollets. L’augure était facilement reconnaissable à son crâne rasé à l’exception d’une unique natte par laquelle gouttait son sang. La pauvre femme, aveugle, avait l’ensemble du corps écarlate.
Contournant la tâche coagulée sur le sol, la nouvelle venue continua en avant d’un pas de moins en moins assuré. Gravir les quelques marches du chœur fut une nouvelle épreuve. Ses semelles lui semblaient de plomb et collaient à la pierre poisseuse. Et lorsqu’elle y parvint, ce fut pour s’écrouler au pied de l’autel, hurlant sa souffrance et laissant éclater des sanglots trop longtemps retenus.
La matriarche était allongée sur l’autel couvert de sang séché. Ses habits avaient été arrachés et elle portait les traces de milles sévices. La survivante tenta de ne pas ciller, mais elle ne put contempler l’horreur une seconde de plus. Par Sigmar, la pauvre femme avait les yeux crevés et était bâillonnée avec ses propres entrailles !
Les joues ruisselantes de larmes, elle resta à genoux, n’ayant cure de ses habits qui virèrent écarlates. Devant elle, tout aussi souillées que leur guide spirituel, ses sœurs la contemplaient. Pour celles qui avaient encore leurs yeux, voire leurs têtes. Novices, Sœurs et Sœurs supérieures. Toutes avaient été crucifiées dans la chapelle, formant un arc-de-cercle de plusieurs rangs autour de l’autel. Chacune d’entre elle présentait des tortures plus abominables que ses voisines. Plus d’une quarantaine de corps avaient été abandonnés aux oiseaux charognards qui avaient pénétrés par les vitraux éclatés.
- Je vous vengerais… murmura-t-elle entre deux sanglots. Je vous en fais la promesse mes sœurs, vos tourments ne resteront pas impunis !
Prononçant ces serments, elle se redressa. Lentement. Puis hurla à plein poumons sa douleur et sa colère. L’écho de sa détresse, amplifié par le cœur de l’abbaye, résonna jusque sur les quais du fleuve.
Son regard écarlate luisait dans les ténèbres. D’un pas assuré, il progressait parmi les ombres. Jamais il n’avait arpenté ces étroits couloirs, mais il savait quelle direction prendre. Skrash n’était plus très loin. Quelques minutes plus tard, il se tenait au-dessus du corps mutilé de la bête à fourrure.
- Qu’est-ce que c’est que ça, renifla l’humain en arrivant quelques instants plus tard.
Levant la torche un peu plus haut, Jack éclaira la dépouille du skaven.
- Un rat ! cracha-t-il en faisant un pas en arrière. Vous m’avez amené jusqu’ici pour…
- Un ssserviteur, coupa Mandrak en lui jetant un regard glacial.
Son ton n’admettait aucune réplique. Et le monte-en-l’air se garda bien d’ajouter un commentaire. Il garda le silence, se contentant d’attendre la suite des évènements. Ce monstre l’avait facilement vaincu en combat singulier. Il réalisait maintenant que le mort-vivant n’avait fait que jouer avec lui comme un chat avec une souris. Et cette pauvre femme avait fait les frais de son impuissance. Eponine…
Il se força à rester calme et ne rien laisser paraître. Mandrak avait fait bien plus que lui enrouler l’écharpe autour du cou pour endiguer l’hémorragie, manquant au passage de l’étrangler. Il lui avait laissé ses dagues et lames-matraques. Ce démon aux crocs acérés étudiait l’éboulis derrière le cadavre du rat avec une curiosité innocente. Et pourtant en lui laissant ses armes, il lui faisait clairement comprendre qu’il ne le craignait pas. Et qu’il le tuerait sans sourciller si l'assassin ne satisfaisait pas ses désirs. Brusquement, Mandrak replia les jambes et examina un détail au sol, presque agenouillé. Jack n’aurait su dire s’il le mettait au défi de déjà le trahir ou s’il ne s’en souciait déjà plus…
- Des ssssaurus… murmura-t-il en se redressant tout aussi soudainement.
Il revint au tas de fourrure puant, visiblement excité.
- Il y a des sssaurus dans sssette sssité, qui l’eut cru…
- Sans vouloir vous offenser… qu’est-ce qu’un…
Le regard que lui lança le vampire foudroya à nouveau le mercenaire. Il retint son souffle quelques instants. Mais l’expression meurtrière du mort-vivant passa aussi vite qu’elle était apparue.
- Des hommes-lézards, déclara-t-il distraitement sans daigner lui accorder un regard.
Il se pencha et prit d’une main ferme le corps qu’il souleva sans peine apparente.
- Ils vivent en Lussstrie, de l’autre côté de l’Ossséan, poursuivit-il en étudiant la carcasse d’un œil critique. J’ignore ssse qu’ils font à Mordheim. Peut-être lui le sssaura…
- Cette… chose ? Renâcla-t-il. Vous êtes capables de faire parler les morts ?
- Qui te dit qu’il est mort ?
Comme pour confirmer ces dires, la chose eu un hoquet et cracha un peu de sang. Jack fit un bond en arrière, puis s’obligea à retrouver sa contenance. Déjà, la créature retrouvait le calme d’un trépassé. Mandrak esquissa un sourire moqueur.
- Mort ou pas, il n’en a plus pour longtemps, nota le Serpent alors que le corps brisé gouttait du sang sous leur yeux.
Dubitatif, le vampire leva le bras un peu plus haut afin d’examiner son esclave. Il haussa les épaules.
- N’ai crainte. Il posssède plus de resssources qu’il n’en a l’air.
Et il reparti d’où ils venaient, laissant planté là l’humain perplexe.
- Mais… Tout ce chemin… c’était uniquement pour cette chose à moitié morte ! Osa-t-il protester.
- Tu sssouhaites partager ssson sssort ? interrogea Mandrak en lui jetant malicieusement un coup d’œil par-dessus son épaule.
La lueur de la torche se refléta quelques instants dans le regard vermeil du mort-vivant. Aussi Jack s’empressa-t-il de lui faire signe que non.
Utilisant le manche de son marteau comme un levier, la sœur rescapée s’arc-bouta et parvint à faire sauter les gonds de la pièce tant convoitée. Elle s’essuya le front et y répandit un peu plus de suie, puis inspira avant d’entrer. Elle était incapable d’esquisser le moindre sourire en trouvant finalement ce qu’elle était venue chercher dans la réserve interdite. Seul le désespoir animait ses traits.
C’est avec précaution qu’elle sortit un à un les tonnelets de poix. Lors de son arrivée, elle n’avait remarqué aucune trace d’incendie devant les grilles. Ses ainées n’avaient pas eu l’occasion de s’en servir. Les cadavres indiquaient au contraire qu’elles avaient luttés furieusement pour chaque mètre concédé. Si leurs corps avaient été brisés et leur mémoire bafouée, au moins leur honneur était sauf. Piètre consolation… Mais ainsi elle pourrait offrir le repos que ses sœurs méritaient. La fournaise effacerait les sévices infligés à ses sœurs et serait le premier pas de la survivante sur le sentier de la rédemption.
C’est en déplaçant le dernier baril qu’elle remarqua un détail insolite. Une vaste partie de la réserve, située au plus profond de la forteresse, avait été dégagée. Mais restait vide. Sentant la colère recommencer à bouillir dans ses veines, elle s’avança plus avant dans l’obscurité et mit au jour un gouffre obscur. Cet endroit était l’un des rares de toute l’abbaye à ne pas être pavé de dalles, mais elle savait que ce puit n’était pas là à son départ. La roche grossièrement taillée et les gravats environnants témoignaient de l’excavation récente. Des pilleurs au culot et aux moyens effrayants c’étaient creusés un chemin à travers la roche du fort pour venir y dérober ce qu’il recelait. Mais de quoi pouvait-il s’agir ?
Déposant son marteau de guerre, elle examina la pièce avec plus d’attention. Toute une partie de la zone avait été ratissée pour ne rien laisser de ce qu’il y avait eu là. Toutefois, en y regardant bien, une fine couche de poussière subsistait. Elle y passa le doigt et le portant à hauteur d’yeux, constata avec étonnement que celle-ci luisait faiblement. Elle fronça les sourcils, l’incompréhension venant s’ajouter à sa peine.
- Mes sœurs… qu’avez-vous fait…
Quelques minutes plus tard, elle se trouvait dans le bureau de la matriarche. Celui-ci avait été saccagé, les bibliothèques et les tiroirs renversés. Mais rien n’avait été brulé. Parmi les parchemins piétinés, elle identifia un rouleau au sceau plus récent que les autres et l’ouvrit d’une main tremblante.
- Collecter de la pierre magique… mais qu’avez-vous fait… répéta-t-elle en levant les yeux au ciel.
Le vieux nécromant sursauta lorsqu'on déposa la carcasse du rat géant sur la table face à lui. Ahuri, il releva la tête vers l'importun qui accompagnait à présent le vampire. Shriiegn s'apprêtait à protester mais se ravisa en un instant. Lames-matraques, capuchon sombre et surtout le reptile enroulé grossièrement peint sur la cuirasse, au niveau de la poitrine. Jack le Serpent. Moins d'une journée après son arrivée en force ce foutu suceur de sang était déjà accompagné de l'un des assassins les plus redoutés des environs.
- Sssoigne le, grinça ledit suceur de sang en passant à côté du tueur. J'ai besoin de ssses ssservissses.
Shriiegn ne put retenir une mine grimaçante.
- Il est vraiment vivant ? Vous auriez…
- Il est vivant, trancha Mandrak d'un ton qui n'autorisait aucune contestation.
Levant les mains en signe de reddition, il n'insista pas. Mieux valait rester dans les bonnes grâces d'une telle créature.
- Je… ferais au mieux, répondit-il en s'efforçant d'imaginer un moyen de faire paraître vivant le skaven qui se vidait de son sang sous ses yeux.
En quête d'une quelconque aide, il se tourna néanmoins en direction de l'humain. Mais celui-ci se contenta de lui décocher un regard sombre. De toute évidence, lui non plus n'était pas ici de son plein gré…
- Tu as mensssionné trois autres nécromants plus tôt, grinça Mandrak en s'attardant sur la créature difforme qui trépignait d'excitation depuis leur retour.
Shriiegn attendit la suite de sa phrase quelques instants, avant de secouer la tête et bredouiller :
- Birgith, Gizrath et Urgal, un homme-b…
- Guide-moi jusqu'à ssse Birgith, l'interrompit Mandrak en s'adressant au Serpent.
Celui-ci eut un rictus.
- C'est une blague ? On en vient, c'est justement là que vous avez saigné cette fille qui…
Les mots lui manquèrent comme le vampire se plantait face à lui. Le regard étincelant de colère, il reprit la parole :
- Je ne t'ai épargné que pour me guider dans sssette ville, le menaça-t-il. Alors guide moi !
Déglutissant, Jack hocha la tête sans ajouter un mot.
Ils quittèrent la pièce souterraine peu après, talonnés par la chose et en capuchon noir. Soupirant, le sorcier se laissa retomber sur sa chaise. Comment diable allait-il remettre cette vermine sur pieds ? Elle présentait de multiples traces de morsures, une patte et une partie de sa queue avaient été amputés et un œil crevé… Ce rongeur n'avait plus beaucoup de temps à vivre. A moins que…
Écarquillant les yeux, il réalisa finalement que quelque chose n'allait pas. Oui, il aurait dû mourir bien plus tôt. Et pourtant, à présent qu'il ouvrait ses sens, Shriiegn réalisait ce qui se terrait au fond de cette carcasse. Non pas une âme pervertie par la ruine, mais deux. Ce fou de vampire avait damné sa marionnette à fourrure, emprisonnant un esprit dans ce corps brisé.
Cruauté ou génie, il n'aurait su trancher. Le bougre devait être sacrément tourmenté depuis, mais cela expliquait également sa résistance actuelle. Deux âmes s'accrochant a un même corps le poussaient davantage en avant qu'une, persuadant la chair de continuer à vivre avec davantage d'insistance.
Ses habits étaient poisseux et gouttaient du sang de ses sœurs. Son visage à la peau si claire était noir de suie. Elle rabaissa sa capuche écarlate sur ses cheveux incrustés de cendres. Marteau au poing, elle tourna le dos au bûcher et arpenta une dernière fois les allées du monastère. Lorsqu'elle fut enfin à l'air libre, elle se retint de jeter le moindre regard en arrière. Une colère sourde brillait dans ses yeux bleus, soulignés par les cernes. Elle nettoierait cette cité du mal qui s'y était installé ou périrait à la tâche.
Recroisant les documents à sa disposition, elle avait désormais une liste des factions présentes dressées par ses ainées. Possédés, homme-rats, morts-vivants, hommes-bêtes et malandrins en tout genres. Sa prise se resserra sur son arme.
Enfin. Un chantier de plus
Les destructions qu’avait subies la cité étaient encore plus importantes que celles décrites par les rumeurs. Les bâtiments étaient éventrés. Des cadavres en état de décomposition ponctuaient chaque rue, festin d’animaux charognards qui ne fuyaient pas sa présence. Et partout, cette odeur de soufre la prenait à la gorge, faisait peser la sensation permanente d’être dans l’antre du démon lui-même. La cité était moins que l’ombre de ce qu’elle avait été. Elle était véritablement damnée. Et lorsqu’elle tournait son regard vers l’Est, les vapeurs et hurlements d’agonies ne laissaient rien présager de bon…
Finalement, elle déboucha sur la rive du Stir et put revoir cette ile qu’elle n’avait contemplée depuis son départ. A cette vision son cœur se resserra. De nombreuses fumées sortaient de plusieurs ouvertures et pour ce qu’elle voyait, pas un des si beaux vitraux ne subsistaient. L’abbaye autrefois si fièrement dressée sur le monticule de roche semblait voûté sous les coups de boutoirs qu’avait subis Mordheim.
Le pont également était endommagé. Un pilier de soutènement c’était effondré et plusieurs sections entières de pavées avaient dégringolées dans l’abîme grondant, une trentaine de mètres plus bas. Aucun charriot ou même monture ne pourrait plus le traverser, mais pour un individu à pied, c’était encore chose possible. Elle sauta plusieurs précipices sans vraiment penser aux flots n’attendant qu’elle, puis enjamba une carriole renversée en travers de l’allée, criblée de flèches. Ici et là gisaient les corps des assaillants. La puanteur de leurs dépouilles la prenait à la gorge. Mais elle n’avait d’yeux que pour l’édifice. Plusieurs tours défiaient encore les cieux tandis que les autres n’étaient plus qu’amas de gravats. Le cœur de l’abbaye, une solide forteresse, semblait avoir mieux résisté au souffle de la catastrophe. Toutefois, c’était de ses fenêtres et balcons que s’échappait l’épaisse fumée noire qu’elle avait vu de si loin.
Rapidement, elle contourna un tas de charognes et passa sous la herse d’acier éventrée avant de pénétrer dans la cour intérieure. Plusieurs corbeaux fuirent son approche en croassant péniblement. Il n’y avait nulle écurie à l’Abbaye du Roc. Les sœurs n’utilisaient pas de chevaux. Autrefois, les auberges proches se faisaient une joie de garder les montures des pèlerins. Elle traversa l’espace à ciel ouvert, le sable rougeâtre crissant sous ses bottes renforcées, puis posa la main sur le bois de la porte principale. Les souvenirs de son arrivée étant encore jeune fille, comme de son départ en furie il y a quelques années, lui revinrent à la figure avec la force d’un coup de tonnerre. Les épaules crispées, elle ne put que serrer les poings à s’en rendre les phalanges douloureuses sans réussir à retenir ses sanglots. Mais l’instant de faiblesse passa rapidement. Elle essuya ses yeux embués d’un revers et après un regard vers le ciel, se glissa dans la brèche taillée à coups de hache dans le bois renforcé.
A l’intérieur tout n’était que cendres et puanteur de la décomposition. Des cadavres, humains pour certains et pas totalement pour d’autres, ponctuaient régulièrement ses pas. Les tentures finement brodées par ses ainées avaient été décrochées, déchirées et maculées d’humeurs nauséabondes. Le mobilier était renversé en travers des couloirs, fracassé pour la majorité. Les étagères qui n’avaient pas été mises à bas étaient grandes ouvertes, plusieurs successions de pilleurs ayant déjà fait leurs offices. Elle ne s’arrêta pas là et alla droit à la chapelle principale. Elle ne courrait pas mais marchait calmement, telle une condamnée se dirigeant à la potence.
La porte en chêne massif pendait lamentablement sur ses gonds et grinça lorsque la femme entra. L’ampleur du cauchemar s’offrit à elle. Elle avait finalement retrouvé ses sœurs, mais n’y trouva nulle joie. Nul réconfort. Seulement la mort.
Elle renifla bruyamment en abaissant sa capuche blanche, maintenant tachée par la suie. Ses cheveux bruns tombèrent en cascade sur ses épaules alors qu’elle s’avançait dans la nef centrale. Elle passa entre les bancs renversés et enjamba l’un des lustres écrasés. Le marteau à sa hanche produisit une note grave en toquant sur l’une des barres de métal, la faisant frissonner. Mais elle s’arrêta avant le chœur. Une épaisse flaque de sang reposait devant ses pieds. Elle releva lentement les yeux et poussa un hoquet de surprise. C’est en se cachant la bouche de ses deux mains qu’elle identifia sa sœur, pendue au lustre par des fers plantés dans ses mollets. L’augure était facilement reconnaissable à son crâne rasé à l’exception d’une unique natte par laquelle gouttait son sang. La pauvre femme, aveugle, avait l’ensemble du corps écarlate.
Contournant la tâche coagulée sur le sol, la nouvelle venue continua en avant d’un pas de moins en moins assuré. Gravir les quelques marches du chœur fut une nouvelle épreuve. Ses semelles lui semblaient de plomb et collaient à la pierre poisseuse. Et lorsqu’elle y parvint, ce fut pour s’écrouler au pied de l’autel, hurlant sa souffrance et laissant éclater des sanglots trop longtemps retenus.
La matriarche était allongée sur l’autel couvert de sang séché. Ses habits avaient été arrachés et elle portait les traces de milles sévices. La survivante tenta de ne pas ciller, mais elle ne put contempler l’horreur une seconde de plus. Par Sigmar, la pauvre femme avait les yeux crevés et était bâillonnée avec ses propres entrailles !
Les joues ruisselantes de larmes, elle resta à genoux, n’ayant cure de ses habits qui virèrent écarlates. Devant elle, tout aussi souillées que leur guide spirituel, ses sœurs la contemplaient. Pour celles qui avaient encore leurs yeux, voire leurs têtes. Novices, Sœurs et Sœurs supérieures. Toutes avaient été crucifiées dans la chapelle, formant un arc-de-cercle de plusieurs rangs autour de l’autel. Chacune d’entre elle présentait des tortures plus abominables que ses voisines. Plus d’une quarantaine de corps avaient été abandonnés aux oiseaux charognards qui avaient pénétrés par les vitraux éclatés.
- Je vous vengerais… murmura-t-elle entre deux sanglots. Je vous en fais la promesse mes sœurs, vos tourments ne resteront pas impunis !
Prononçant ces serments, elle se redressa. Lentement. Puis hurla à plein poumons sa douleur et sa colère. L’écho de sa détresse, amplifié par le cœur de l’abbaye, résonna jusque sur les quais du fleuve.
*
Son regard écarlate luisait dans les ténèbres. D’un pas assuré, il progressait parmi les ombres. Jamais il n’avait arpenté ces étroits couloirs, mais il savait quelle direction prendre. Skrash n’était plus très loin. Quelques minutes plus tard, il se tenait au-dessus du corps mutilé de la bête à fourrure.
- Qu’est-ce que c’est que ça, renifla l’humain en arrivant quelques instants plus tard.
Levant la torche un peu plus haut, Jack éclaira la dépouille du skaven.
- Un rat ! cracha-t-il en faisant un pas en arrière. Vous m’avez amené jusqu’ici pour…
- Un ssserviteur, coupa Mandrak en lui jetant un regard glacial.
Son ton n’admettait aucune réplique. Et le monte-en-l’air se garda bien d’ajouter un commentaire. Il garda le silence, se contentant d’attendre la suite des évènements. Ce monstre l’avait facilement vaincu en combat singulier. Il réalisait maintenant que le mort-vivant n’avait fait que jouer avec lui comme un chat avec une souris. Et cette pauvre femme avait fait les frais de son impuissance. Eponine…
Il se força à rester calme et ne rien laisser paraître. Mandrak avait fait bien plus que lui enrouler l’écharpe autour du cou pour endiguer l’hémorragie, manquant au passage de l’étrangler. Il lui avait laissé ses dagues et lames-matraques. Ce démon aux crocs acérés étudiait l’éboulis derrière le cadavre du rat avec une curiosité innocente. Et pourtant en lui laissant ses armes, il lui faisait clairement comprendre qu’il ne le craignait pas. Et qu’il le tuerait sans sourciller si l'assassin ne satisfaisait pas ses désirs. Brusquement, Mandrak replia les jambes et examina un détail au sol, presque agenouillé. Jack n’aurait su dire s’il le mettait au défi de déjà le trahir ou s’il ne s’en souciait déjà plus…
- Des ssssaurus… murmura-t-il en se redressant tout aussi soudainement.
Il revint au tas de fourrure puant, visiblement excité.
- Il y a des sssaurus dans sssette sssité, qui l’eut cru…
- Sans vouloir vous offenser… qu’est-ce qu’un…
Le regard que lui lança le vampire foudroya à nouveau le mercenaire. Il retint son souffle quelques instants. Mais l’expression meurtrière du mort-vivant passa aussi vite qu’elle était apparue.
- Des hommes-lézards, déclara-t-il distraitement sans daigner lui accorder un regard.
Il se pencha et prit d’une main ferme le corps qu’il souleva sans peine apparente.
- Ils vivent en Lussstrie, de l’autre côté de l’Ossséan, poursuivit-il en étudiant la carcasse d’un œil critique. J’ignore ssse qu’ils font à Mordheim. Peut-être lui le sssaura…
- Cette… chose ? Renâcla-t-il. Vous êtes capables de faire parler les morts ?
- Qui te dit qu’il est mort ?
Comme pour confirmer ces dires, la chose eu un hoquet et cracha un peu de sang. Jack fit un bond en arrière, puis s’obligea à retrouver sa contenance. Déjà, la créature retrouvait le calme d’un trépassé. Mandrak esquissa un sourire moqueur.
- Mort ou pas, il n’en a plus pour longtemps, nota le Serpent alors que le corps brisé gouttait du sang sous leur yeux.
Dubitatif, le vampire leva le bras un peu plus haut afin d’examiner son esclave. Il haussa les épaules.
- N’ai crainte. Il posssède plus de resssources qu’il n’en a l’air.
Et il reparti d’où ils venaient, laissant planté là l’humain perplexe.
- Mais… Tout ce chemin… c’était uniquement pour cette chose à moitié morte ! Osa-t-il protester.
- Tu sssouhaites partager ssson sssort ? interrogea Mandrak en lui jetant malicieusement un coup d’œil par-dessus son épaule.
La lueur de la torche se refléta quelques instants dans le regard vermeil du mort-vivant. Aussi Jack s’empressa-t-il de lui faire signe que non.
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Utilisant le manche de son marteau comme un levier, la sœur rescapée s’arc-bouta et parvint à faire sauter les gonds de la pièce tant convoitée. Elle s’essuya le front et y répandit un peu plus de suie, puis inspira avant d’entrer. Elle était incapable d’esquisser le moindre sourire en trouvant finalement ce qu’elle était venue chercher dans la réserve interdite. Seul le désespoir animait ses traits.
C’est avec précaution qu’elle sortit un à un les tonnelets de poix. Lors de son arrivée, elle n’avait remarqué aucune trace d’incendie devant les grilles. Ses ainées n’avaient pas eu l’occasion de s’en servir. Les cadavres indiquaient au contraire qu’elles avaient luttés furieusement pour chaque mètre concédé. Si leurs corps avaient été brisés et leur mémoire bafouée, au moins leur honneur était sauf. Piètre consolation… Mais ainsi elle pourrait offrir le repos que ses sœurs méritaient. La fournaise effacerait les sévices infligés à ses sœurs et serait le premier pas de la survivante sur le sentier de la rédemption.
C’est en déplaçant le dernier baril qu’elle remarqua un détail insolite. Une vaste partie de la réserve, située au plus profond de la forteresse, avait été dégagée. Mais restait vide. Sentant la colère recommencer à bouillir dans ses veines, elle s’avança plus avant dans l’obscurité et mit au jour un gouffre obscur. Cet endroit était l’un des rares de toute l’abbaye à ne pas être pavé de dalles, mais elle savait que ce puit n’était pas là à son départ. La roche grossièrement taillée et les gravats environnants témoignaient de l’excavation récente. Des pilleurs au culot et aux moyens effrayants c’étaient creusés un chemin à travers la roche du fort pour venir y dérober ce qu’il recelait. Mais de quoi pouvait-il s’agir ?
Déposant son marteau de guerre, elle examina la pièce avec plus d’attention. Toute une partie de la zone avait été ratissée pour ne rien laisser de ce qu’il y avait eu là. Toutefois, en y regardant bien, une fine couche de poussière subsistait. Elle y passa le doigt et le portant à hauteur d’yeux, constata avec étonnement que celle-ci luisait faiblement. Elle fronça les sourcils, l’incompréhension venant s’ajouter à sa peine.
- Mes sœurs… qu’avez-vous fait…
Quelques minutes plus tard, elle se trouvait dans le bureau de la matriarche. Celui-ci avait été saccagé, les bibliothèques et les tiroirs renversés. Mais rien n’avait été brulé. Parmi les parchemins piétinés, elle identifia un rouleau au sceau plus récent que les autres et l’ouvrit d’une main tremblante.
- Collecter de la pierre magique… mais qu’avez-vous fait… répéta-t-elle en levant les yeux au ciel.
*
Le vieux nécromant sursauta lorsqu'on déposa la carcasse du rat géant sur la table face à lui. Ahuri, il releva la tête vers l'importun qui accompagnait à présent le vampire. Shriiegn s'apprêtait à protester mais se ravisa en un instant. Lames-matraques, capuchon sombre et surtout le reptile enroulé grossièrement peint sur la cuirasse, au niveau de la poitrine. Jack le Serpent. Moins d'une journée après son arrivée en force ce foutu suceur de sang était déjà accompagné de l'un des assassins les plus redoutés des environs.
- Sssoigne le, grinça ledit suceur de sang en passant à côté du tueur. J'ai besoin de ssses ssservissses.
Shriiegn ne put retenir une mine grimaçante.
- Il est vraiment vivant ? Vous auriez…
- Il est vivant, trancha Mandrak d'un ton qui n'autorisait aucune contestation.
Levant les mains en signe de reddition, il n'insista pas. Mieux valait rester dans les bonnes grâces d'une telle créature.
- Je… ferais au mieux, répondit-il en s'efforçant d'imaginer un moyen de faire paraître vivant le skaven qui se vidait de son sang sous ses yeux.
En quête d'une quelconque aide, il se tourna néanmoins en direction de l'humain. Mais celui-ci se contenta de lui décocher un regard sombre. De toute évidence, lui non plus n'était pas ici de son plein gré…
- Tu as mensssionné trois autres nécromants plus tôt, grinça Mandrak en s'attardant sur la créature difforme qui trépignait d'excitation depuis leur retour.
Shriiegn attendit la suite de sa phrase quelques instants, avant de secouer la tête et bredouiller :
- Birgith, Gizrath et Urgal, un homme-b…
- Guide-moi jusqu'à ssse Birgith, l'interrompit Mandrak en s'adressant au Serpent.
Celui-ci eut un rictus.
- C'est une blague ? On en vient, c'est justement là que vous avez saigné cette fille qui…
Les mots lui manquèrent comme le vampire se plantait face à lui. Le regard étincelant de colère, il reprit la parole :
- Je ne t'ai épargné que pour me guider dans sssette ville, le menaça-t-il. Alors guide moi !
Déglutissant, Jack hocha la tête sans ajouter un mot.
Ils quittèrent la pièce souterraine peu après, talonnés par la chose et en capuchon noir. Soupirant, le sorcier se laissa retomber sur sa chaise. Comment diable allait-il remettre cette vermine sur pieds ? Elle présentait de multiples traces de morsures, une patte et une partie de sa queue avaient été amputés et un œil crevé… Ce rongeur n'avait plus beaucoup de temps à vivre. A moins que…
Écarquillant les yeux, il réalisa finalement que quelque chose n'allait pas. Oui, il aurait dû mourir bien plus tôt. Et pourtant, à présent qu'il ouvrait ses sens, Shriiegn réalisait ce qui se terrait au fond de cette carcasse. Non pas une âme pervertie par la ruine, mais deux. Ce fou de vampire avait damné sa marionnette à fourrure, emprisonnant un esprit dans ce corps brisé.
Cruauté ou génie, il n'aurait su trancher. Le bougre devait être sacrément tourmenté depuis, mais cela expliquait également sa résistance actuelle. Deux âmes s'accrochant a un même corps le poussaient davantage en avant qu'une, persuadant la chair de continuer à vivre avec davantage d'insistance.
*
Ses habits étaient poisseux et gouttaient du sang de ses sœurs. Son visage à la peau si claire était noir de suie. Elle rabaissa sa capuche écarlate sur ses cheveux incrustés de cendres. Marteau au poing, elle tourna le dos au bûcher et arpenta une dernière fois les allées du monastère. Lorsqu'elle fut enfin à l'air libre, elle se retint de jeter le moindre regard en arrière. Une colère sourde brillait dans ses yeux bleus, soulignés par les cernes. Elle nettoierait cette cité du mal qui s'y était installé ou périrait à la tâche.
Recroisant les documents à sa disposition, elle avait désormais une liste des factions présentes dressées par ses ainées. Possédés, homme-rats, morts-vivants, hommes-bêtes et malandrins en tout genres. Sa prise se resserra sur son arme.
- EssenSeigneur vampire
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Date d'inscription : 22/12/2013
Palmares : Organisateur des tournois du Fort du Sang, de la Reiksguard, des Duels de Lassenburg & de la ruée vers l'Eldorado
Re: Mordheim - Nécrosis - Résurrection : l'intégrale
Sam 24 Nov 2018 - 18:09
C'est toujours un moment de bonheur quand plusieurs écrivains se mettent ensemble sur un projet. On sent qu'au milieu des styles différents, chacun souhaite apporter sa pierre à l'édifice. La vision du monde de Warhammer n'en sort que plus complète et satisfaisante
Petit coup de cœur : Bodork l'orque noir. Je ne peux même pas parler de syndrome de Stockholm, ce personnage est véritablement une gemme parmi les héros qui ont sillonné le Vieux Monde
Petit coup de cœur : Bodork l'orque noir. Je ne peux même pas parler de syndrome de Stockholm, ce personnage est véritablement une gemme parmi les héros qui ont sillonné le Vieux Monde
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