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- EssenSeigneur vampire
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Palmares : Organisateur des tournois du Fort du Sang, de la Reiksguard, des Duels de Lassenburg & de la ruée vers l'Eldorado
Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 25 Juil 2017 - 21:15
Ah, les institutions parlementaires auront beau avoir pris de dessus de nos jours, on ne cessera jamais de rêver de rois !
Cela dit, qu'est-ce qu'un roi sans terres et sans sujets à gouverner ? Notre roi revenant serait-il à la recherche d'un royaume ?
Je préviens que l'Empire est déjà réservé par les von Carstein, que les striges veulent rebâtir les terres de Strigos, et que les lahmianes veulent gouverner le monde. La concurrence va être ardue !
Chapeau pour ton écriture élégante, et, comme qui dirait, la suite !
Cela dit, qu'est-ce qu'un roi sans terres et sans sujets à gouverner ? Notre roi revenant serait-il à la recherche d'un royaume ?
Je préviens que l'Empire est déjà réservé par les von Carstein, que les striges veulent rebâtir les terres de Strigos, et que les lahmianes veulent gouverner le monde. La concurrence va être ardue !
Chapeau pour ton écriture élégante, et, comme qui dirait, la suite !
Re: [Récit] Le Roi Muet
Jeu 27 Juil 2017 - 21:43
(Ici se trouvait auparavant le poème reporté à la fin du passage suivant.)
Comme dirait l'autre : demandez, et vous serez servis.
Monsieur est un souverain sans terre, s'il trouve une terre sans souverain... Ben il ne crachera pas dessus.Von Essen a écrit:Cela dit, qu'est-ce qu'un roi sans terres et sans sujets à gouverner ? Notre roi revenant serait-il à la recherche d'un royaume ?
Grom'
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
- GilgaladMaître floodeur
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Jeu 27 Juil 2017 - 22:43
Dis-moi cher nain préféré (bon en même temps, t'es le seul avec Nick qu'on ne voit jamais), est-ce que le Roi Muet se serait appelé Jean dans une autre vie par hasard ?Gromdal a écrit:
Monsieur est un souverain sans terre, s'il trouve une terre sans souverain... Ben il ne crachera pas dessus.
Sinon, joli poème
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
- EssenSeigneur vampire
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 5 Aoû 2017 - 11:16
Par les sourcils de Nagash, ce ménestrel aurait-il croisé la route de notre Roi pour rédiger un tel sonnet ?
Très réussi en tout cas
Très réussi en tout cas
Direction : les Principautés FrontalièresGrom' a écrit:Monsieur est un souverain sans terre, s'il trouve une terre sans souverain... Ben il ne crachera pas dessus.
Re: [Récit] Le Roi Muet
Jeu 10 Aoû 2017 - 21:52
Aucune parenté avec un certain Jean, roi d'Angleterre...
Le passage qui suit est sensé être placé avant le sonnet précédent (qui, j'imagine que vous l'avez plus ou moins deviné marque la montée en renommée du Roi Muet et donc fait une ellipse dans le récit), car je trouvais qu'il me fallait un peu plus développer les débuts de la relation naissante entre nos deux personnages. Cette suite imprévue a bousculé mon calendrier d'écriture (car j'avais déjà écrit plusieurs suites avant celle-ci, qui du coup on du attendre que je finisse celle-ci). D'ailleurs je rajouterais le sonnet à la fin de ce post, pour l'enlever du précédent. Enfin bref.
Portant une petite torche dont la maigre flamme peinait à éclairer la large pièce aux pierres poussiéreuses, Hiéronymus regardait le revenant en face de lui s'émerveiller devant les restes de la fresque qui avait jadis orné la totalité du plafond et des murs. Aujourd'hui, là où plafond et parois tenaient encore, seules quelques traces de peintures, morceaux de scènes dont on ne pouvait seulement deviner toute l'ampleur et la richesse, étaient encore visible. Ailleurs, la pierre était nue, ou absente, et laissait entrevoir le ciel voilé qui déversait des trombes d'eau sur l'endroit.
Les nuages avaient été lourds et gris, mais la pluie s'était abattue sans avertissement, brusque et torrentielle, les prenant par surprise alors qu'ils arrivaient en haut de la colline d'où ils avaient aperçu les ruines du château, dans lequel ils s'étaient promptement réfugiés. La réaction du Roi Muet avait d'ailleurs étonné le vieux sorcier. La pluie était glacée en cette fin d'hiver, transperçant sans peine sa cape et ses vêtements de toile épaisse, et Hiéronymus avait maudit le temps, pas assez froid pour que l'averse glaciale se transforme en douce chute de neige. Dégoulinant d'eau en quelques instants seulement, il s'était préparé à devoir braver l'intempérie aux côtés du revenant qui lui était insensible à ces affres.
Mais non : dès les premières gouttes, le Roi Muet avait secoué énergiquement les rênes de sa monture, la lançant promptement dans la pente, et avait intimé le sorcier l’ordre de le suivre jusqu'au château. Même avec la monture de Robert de Sceaux, qu'il avait délestée de son propriétaire décédé après leur rencontre trois jours auparavant, le vieux sorcier avait peiné à coller au train de la monture squelettique.
Dès qu'ils s'étaient arrêtés, à l'abri sous le porche qui avait jadis marqué l'entrée principale du château, le nécromant avait questionné le revenant sur sa réaction. Ce dernier avait haussé les épaules et répondu platement qu'il n'aimait pas la pluie... Hiéronymus n'avait pas insisté.
Ainsi, comme le Roi Muet ne voulait pas rester en place en attendant que la pluie, qui semblait s'être installée pour quelques heures sur la région, ils s'étaient retrouvés à abandonner leurs montures pour explorer les ruines de fond en comble, pour le plus grand plaisir apparent du revenant.
Hiéronymus était étonné : le château en ruine était gigantesque, monstruosité de pierre étendant sa masse sur toute la longue colline, et on peinait à croire qu'il put avoir été laissé à l'abandon d'une telle manière, ou tout du moins sans que cela ne se sache.
Et pourtant, cela faisait visiblement des années, probablement plusieurs siècles, que le fort avait été laissé à l'abandon : les hautes tours rondes avaient été pour la plupart jetées à bas par le temps et les éléments, leurs pierres se mélangeant avec celles des parcelles effondrées des murs. Du chemin de ronde, il ne restait plus aucune trace, pas plus que des mâchicoulis et autres sommets de remparts.
Les succursales de l’imposant donjon, seul bâtiment dont le toit et les murs n’avaient pas été éventrés par l’action du temps, avaient pour certaines d'impressionnantes dimensions, sombres pièces aux épais piliers, où perçait parfois un rais de lumière depuis un trou dans un mur ou le plafond. Accompagnant les échos de leurs pas, le doux bruit de la pluie résonnait dans les grandes salles, omniprésent.
La forteresse était absolument vide : pas une seule trace de mobilier ni de ses anciens habitants, il ne restait que la poussière et des blocs de pierres éparpillés. Hiéronymus s'étonna que la nature n'ait pas repris ses droits sur l'endroit : là où le lierre et la mousse auraient dû couvrir les murs et les herbes folles courir entre les pavés, il n'y avait que des parois nues et de la poussière, comme si la nature elle aussi avait décidé d'abandonner la vieille forteresse. Le Roi Muet, lui, trop occupé à se gorger les yeux de l'endroit, n'avait pas l'air de l'avoir remarqué, et encore moins de s'en soucier.
Revenant comme sorcier se firent bientôt, malgré l'absence de mobilier, une idée de la richesse passée du lieu : armé d'une torche de fortune, car sa vue ne pouvait percer la pénombre comme celle du Roi Muet, Hiéronymus apporta la lumière dans l'endroit, dévoilant à leurs yeux les restes des fastes peintures murales qui avaient jadis orné les grandes salles du donjon. Les scènes complètent avaient depuis longtemps perdu leur sens avec la plupart de leurs couches de peinture ; cela dit, çà et là, des ou trois personnages et éléments de décors étaient encore visibles. Vêtus de leurs vêtements d'époques, nobles, chevaliers, marchands et troubadours se promenaient sur les murs et vaquaient encore à leurs occupations quotidiennes. Comparées à l’austérité qui autrement régnait sur le lieu, les peintures paraissaient presque incongrues au milieu du donjon vide.
Le vieux sorcier se surprit lui-même à se prendre au jeu et à contempler, émerveillé, les restes des somptueuses fresques. L'artiste avait dû être particulièrement doué, car son sens du détail était impressionnant : il y avait ici un danseur garni d'un bonnet à grelots et avec son singe de compagnie ; là, un chevalier à la monture fougueuse levait haut son fléau d'armes, son heaume orné d'une réplique du saint graal. Ailleurs, à côté d'un seigneur au front ceint d'une couronnée dorée, une gente dame à la longue robe levait un carré d'étoffe, sans doute à l'attention d'un quelconque preux chevalier. La fresque ne semblait pas avoir de fin. Il paraissait même au vieux nécromant qu’il y avait une seconde œuvre, bien plus ancienne, qu’avait recouverte la première. Mais il n’en restait presque rien, deux ou trois traces éparses ici et là, souvent trop abimées pour qu’on puisse y distinguer quoique ce soit. Hiéronymus crut y apercevoir quelques nains. Sûrement, sa vue devait le tromper.
Au bout d'un moment, le vieux sorcier se lassa d'être courbé en deux à regarder les petits personnages, et finit par détacher ses yeux des peintures. À côté de lui, le Roi Muet ne semblait pas près de faire de même, et ses doigts parcouraient la fresque, suivant les mouvements son regard.
Résigné à devoir attendre son soi-disant maître, Hiéronymus avisa un large bloc de pierre sur lequel il s'assit lentement, posant la torche sur le sol à côté de lui. Il resta ainsi un moment, les mains posées sur ses genoux, à regarder le Roi Muet déambuler sur les murs et contempler le plafond.
Ce dernier s'apprêtait à gravir les marches d'une large estrade où avait dû se tenir, en son temps, un trône somptueux aujourd'hui disparu, lorsque la voix sèche du nécromant parvint jusqu'à lui.
« Pourquoi tout cela ? »
S'arrêtant dans son mouvement, un pied sur la première marche, le revenant se retourna pour regarder le vieux sorcier.
Pardon ?
« Cela fait trois jours que je suis avec vous... Vous flânez en chemin, vous vous arrêtez pour regarder tel ou tel temple abandonné, vous vous cachez sur les petites routes en journée... Et je vous ai vu, vous vérifiez souvent sur votre carte pour passer par les endroits les moins fréquentés, et maintenant vous faites escales dans un vieux château pour le visiter ? »
Hiéronymus avait haussé le ton au fur et à mesure de sa tirade. En face de lui, le vieux roi était impassible.
Et donc ?
« Mais quel est donc votre but ? À quoi rime tout cela ? Je veux bien comprendre que vous voulez que je vous suive, mais j'avoue ne rien comprendre d'où vous allez... »
Je ne vais nulle part.
Ce fut au tour du sorcier de se figer.
« Pardon ? »
Je n'ai d'autre but que d'errer, et je n'ai d'autre envie que de contempler ce que la nature m'offre comme paysage dans mes errances.
La Mort est couronnée,
Un destrier infernal
Pour un faucheur sépulcral
À la course effrénée
Dans les ombres de la nuit
Brille un feu peu amène
Les flammes de sa haine
Toujours brûlent sans répit
Les guerriers de la Dame
Par cette ire inassouvie
Sont tombés sous sa lame
Longtemps faudra-t-il prier
Que vienne l’homme qui taira
Le revenant meurtrier ?
Poème du ménestrel Yann de l’Anguille, extrait du Livre des Fléaux.
Les rumeurs vont bon train de nos jours...Von Essen a écrit:Par les sourcils de Nagash, ce ménestrel aurait-il croisé la route de notre Roi pour rédiger un tel sonnet ?
C'est pas faux... Mais notre cher Roi Muet n'en connaît même pas le nom.Von Essen a écrit:Direction : les Principautés Frontalières
Le passage qui suit est sensé être placé avant le sonnet précédent (qui, j'imagine que vous l'avez plus ou moins deviné marque la montée en renommée du Roi Muet et donc fait une ellipse dans le récit), car je trouvais qu'il me fallait un peu plus développer les débuts de la relation naissante entre nos deux personnages. Cette suite imprévue a bousculé mon calendrier d'écriture (car j'avais déjà écrit plusieurs suites avant celle-ci, qui du coup on du attendre que je finisse celle-ci). D'ailleurs je rajouterais le sonnet à la fin de ce post, pour l'enlever du précédent. Enfin bref.
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Pour un peu plus d'ambiance, je peux vous conseiller cette musique, sur laquelle ce texte a été écrit : https://www.youtube.com/watch?v=RrJ0Q45F9Zs
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Portant une petite torche dont la maigre flamme peinait à éclairer la large pièce aux pierres poussiéreuses, Hiéronymus regardait le revenant en face de lui s'émerveiller devant les restes de la fresque qui avait jadis orné la totalité du plafond et des murs. Aujourd'hui, là où plafond et parois tenaient encore, seules quelques traces de peintures, morceaux de scènes dont on ne pouvait seulement deviner toute l'ampleur et la richesse, étaient encore visible. Ailleurs, la pierre était nue, ou absente, et laissait entrevoir le ciel voilé qui déversait des trombes d'eau sur l'endroit.
Les nuages avaient été lourds et gris, mais la pluie s'était abattue sans avertissement, brusque et torrentielle, les prenant par surprise alors qu'ils arrivaient en haut de la colline d'où ils avaient aperçu les ruines du château, dans lequel ils s'étaient promptement réfugiés. La réaction du Roi Muet avait d'ailleurs étonné le vieux sorcier. La pluie était glacée en cette fin d'hiver, transperçant sans peine sa cape et ses vêtements de toile épaisse, et Hiéronymus avait maudit le temps, pas assez froid pour que l'averse glaciale se transforme en douce chute de neige. Dégoulinant d'eau en quelques instants seulement, il s'était préparé à devoir braver l'intempérie aux côtés du revenant qui lui était insensible à ces affres.
Mais non : dès les premières gouttes, le Roi Muet avait secoué énergiquement les rênes de sa monture, la lançant promptement dans la pente, et avait intimé le sorcier l’ordre de le suivre jusqu'au château. Même avec la monture de Robert de Sceaux, qu'il avait délestée de son propriétaire décédé après leur rencontre trois jours auparavant, le vieux sorcier avait peiné à coller au train de la monture squelettique.
Dès qu'ils s'étaient arrêtés, à l'abri sous le porche qui avait jadis marqué l'entrée principale du château, le nécromant avait questionné le revenant sur sa réaction. Ce dernier avait haussé les épaules et répondu platement qu'il n'aimait pas la pluie... Hiéronymus n'avait pas insisté.
Ainsi, comme le Roi Muet ne voulait pas rester en place en attendant que la pluie, qui semblait s'être installée pour quelques heures sur la région, ils s'étaient retrouvés à abandonner leurs montures pour explorer les ruines de fond en comble, pour le plus grand plaisir apparent du revenant.
Hiéronymus était étonné : le château en ruine était gigantesque, monstruosité de pierre étendant sa masse sur toute la longue colline, et on peinait à croire qu'il put avoir été laissé à l'abandon d'une telle manière, ou tout du moins sans que cela ne se sache.
Et pourtant, cela faisait visiblement des années, probablement plusieurs siècles, que le fort avait été laissé à l'abandon : les hautes tours rondes avaient été pour la plupart jetées à bas par le temps et les éléments, leurs pierres se mélangeant avec celles des parcelles effondrées des murs. Du chemin de ronde, il ne restait plus aucune trace, pas plus que des mâchicoulis et autres sommets de remparts.
Les succursales de l’imposant donjon, seul bâtiment dont le toit et les murs n’avaient pas été éventrés par l’action du temps, avaient pour certaines d'impressionnantes dimensions, sombres pièces aux épais piliers, où perçait parfois un rais de lumière depuis un trou dans un mur ou le plafond. Accompagnant les échos de leurs pas, le doux bruit de la pluie résonnait dans les grandes salles, omniprésent.
La forteresse était absolument vide : pas une seule trace de mobilier ni de ses anciens habitants, il ne restait que la poussière et des blocs de pierres éparpillés. Hiéronymus s'étonna que la nature n'ait pas repris ses droits sur l'endroit : là où le lierre et la mousse auraient dû couvrir les murs et les herbes folles courir entre les pavés, il n'y avait que des parois nues et de la poussière, comme si la nature elle aussi avait décidé d'abandonner la vieille forteresse. Le Roi Muet, lui, trop occupé à se gorger les yeux de l'endroit, n'avait pas l'air de l'avoir remarqué, et encore moins de s'en soucier.
Revenant comme sorcier se firent bientôt, malgré l'absence de mobilier, une idée de la richesse passée du lieu : armé d'une torche de fortune, car sa vue ne pouvait percer la pénombre comme celle du Roi Muet, Hiéronymus apporta la lumière dans l'endroit, dévoilant à leurs yeux les restes des fastes peintures murales qui avaient jadis orné les grandes salles du donjon. Les scènes complètent avaient depuis longtemps perdu leur sens avec la plupart de leurs couches de peinture ; cela dit, çà et là, des ou trois personnages et éléments de décors étaient encore visibles. Vêtus de leurs vêtements d'époques, nobles, chevaliers, marchands et troubadours se promenaient sur les murs et vaquaient encore à leurs occupations quotidiennes. Comparées à l’austérité qui autrement régnait sur le lieu, les peintures paraissaient presque incongrues au milieu du donjon vide.
Le vieux sorcier se surprit lui-même à se prendre au jeu et à contempler, émerveillé, les restes des somptueuses fresques. L'artiste avait dû être particulièrement doué, car son sens du détail était impressionnant : il y avait ici un danseur garni d'un bonnet à grelots et avec son singe de compagnie ; là, un chevalier à la monture fougueuse levait haut son fléau d'armes, son heaume orné d'une réplique du saint graal. Ailleurs, à côté d'un seigneur au front ceint d'une couronnée dorée, une gente dame à la longue robe levait un carré d'étoffe, sans doute à l'attention d'un quelconque preux chevalier. La fresque ne semblait pas avoir de fin. Il paraissait même au vieux nécromant qu’il y avait une seconde œuvre, bien plus ancienne, qu’avait recouverte la première. Mais il n’en restait presque rien, deux ou trois traces éparses ici et là, souvent trop abimées pour qu’on puisse y distinguer quoique ce soit. Hiéronymus crut y apercevoir quelques nains. Sûrement, sa vue devait le tromper.
Au bout d'un moment, le vieux sorcier se lassa d'être courbé en deux à regarder les petits personnages, et finit par détacher ses yeux des peintures. À côté de lui, le Roi Muet ne semblait pas près de faire de même, et ses doigts parcouraient la fresque, suivant les mouvements son regard.
Résigné à devoir attendre son soi-disant maître, Hiéronymus avisa un large bloc de pierre sur lequel il s'assit lentement, posant la torche sur le sol à côté de lui. Il resta ainsi un moment, les mains posées sur ses genoux, à regarder le Roi Muet déambuler sur les murs et contempler le plafond.
Ce dernier s'apprêtait à gravir les marches d'une large estrade où avait dû se tenir, en son temps, un trône somptueux aujourd'hui disparu, lorsque la voix sèche du nécromant parvint jusqu'à lui.
« Pourquoi tout cela ? »
S'arrêtant dans son mouvement, un pied sur la première marche, le revenant se retourna pour regarder le vieux sorcier.
Pardon ?
« Cela fait trois jours que je suis avec vous... Vous flânez en chemin, vous vous arrêtez pour regarder tel ou tel temple abandonné, vous vous cachez sur les petites routes en journée... Et je vous ai vu, vous vérifiez souvent sur votre carte pour passer par les endroits les moins fréquentés, et maintenant vous faites escales dans un vieux château pour le visiter ? »
Hiéronymus avait haussé le ton au fur et à mesure de sa tirade. En face de lui, le vieux roi était impassible.
Et donc ?
« Mais quel est donc votre but ? À quoi rime tout cela ? Je veux bien comprendre que vous voulez que je vous suive, mais j'avoue ne rien comprendre d'où vous allez... »
Je ne vais nulle part.
Ce fut au tour du sorcier de se figer.
« Pardon ? »
Je n'ai d'autre but que d'errer, et je n'ai d'autre envie que de contempler ce que la nature m'offre comme paysage dans mes errances.
« Mais sûrement vous devez avoir un but à... »
Non. J'ai autrefois caressé l'idée de régner sur mon propre royaume, mais j'ai depuis longtemps abandonné l'idée, avec mes rencontres avec les mortels.
De prime à bord surpris, Hiéronymus ne put qu'acquiescer doucement. Aucune personne saine d'esprit, humain, elfe ou même vampire, n'accepterait de prêter allégeance à un revenant. Le Roi Muet, d'ailleurs continuait :
Je n'avais pas de but à mon existence dans ce monde. Alors j'ai décidé de le parcourir jusqu'à ce que j'en trouve un. Avec toi, nécromant, qui peut entendre ma volonté et la transmettre aux mortels, je suis déjà moins perdu.
L'interpellé n'était pas convaincu :
« Si vous le dites. » répondit-il simplement. Le sorcier ne voyait pas encore l'intérêt que le revenant avait à le garder avec lui. Qui pouvait vouloir converser avec ceux qui voulaient le tuer ?
Mais le revenant n'avait pas l'air de s'en préoccuper. Il s'éloignait de plus en plus de Hiéronymus, guidé par sa curiosité seule. Poussant un soupir, le vieux sorcier se leva lentement et prit la torche pour l'accompagner.
Arrivant au bout de la grande salle du trône, ils trouvèrent un passage, sans doute barré par une porte depuis longtemps disparue, qui s'enfonçait plus loin dans les entrailles du donjon. Ils passèrent ainsi plusieurs pièces, tantôt basses, tantôt hautes et garnie de fins piliers, parfois effondrées et exposées aux éléments.
Plus ils s’enfonçaient et plus les pièces se faisaient sombres, ayant survécu aux affres du temps. Les larges fenêtres étaient remplacées par de fines meurtrières, et les murs de pierres semblaient absorber le peu de lumière qui y entrait, la teintant de leur couleur rouge sombre.
La pierre était justement un autre mystère pour le vieux sorcier : de grès, elle arborait une impressionnante couleur bordeaux, que le temps avait assombrie. Cela détonnait de la pierre locale, grise, ocre ou blanche, avec lesquels les châteaux de la région étaient bâtis. À vrai dire, ce genre de pierre rouge se trouvait au nord de la Bretonnie, principalement dans le massif des Sœurs Pâles : cette forteresse n'aurait pas dû exister ici, en plein milieu des plaines de Bastogne.
Bientôt, les portes se firent de plus en plus rares : de plus en plus, le couloir ressemblait à un boyau dans lequel Hiéronymus et le Roi Muet s’enfonçaient, toujours plus plongé dans la pénombre. Peu à peu le clapotement de la pluie fit place aux échos de leurs pas sur le sol dallé… Jusqu’à ce que eux aussi disparaissent, comme absorbés par les murs. Ils étaient seuls dans le silence, avec pour unique lumière leur torche mourante, dont l’éclat faiblissant ne semblait que créer encore plus de ténèbres, vague halo rougeâtre qui s’étendait quelques mètres autour d’eux dans le couloir.
Plongé dans ses questions sur la véritable nature de l’endroit, le vieux sorcier mit un certain temps avant de se rendre compte qu’ils s’enfonçaient dans le même couloir depuis plusieurs minutes. En regardant derrière lui, il constata la porte par laquelle ils étaient entrés n’était plus visible, et les ténèbres fermaient la marche derrière comme devant eux. Pourtant, le donjon, même avec sa taille massive, ne pouvait contenir un corridor d’une telle longueur. Pour Hiéronymus, il y avait deux solutions : soit le couloir était imperceptiblement incliné et ils s’enfonçaient dans la colline elle-même, soit… soit il y avait de la magie à l’œuvre, ce qui pourrait justifier les étranges anomalies qu’il avait observé dans la forteresse.
Cependant, le sorcier ne détectait aucune trace d’arcanes magiques. Non, il semblait ne rien y avoir dans ce château, absolument rien. C’était là juste une carcasse vide, exempte de vie, laissée à l’abandon et malgré tout toujours écrasante de sa lourde présence, qui semblait à elle seule emplir le vide entre les murs.
Et pourtant. Hiéronymus n’arrivait pas à se défaire du sentiment que quelque chose n’allait pas. Il y avait dans ce vide, dans ce silence, dans ces ténèbres, quelque chose d’imperceptible mais toujours présent, qui faisait se hérisser les poils du vieux nécromant, et le poussait à se retourner derrière-lui en permanence.
Même le Roi Muet, qui auparavant n’avait pas semblé porter attention aux détails étranges du château, montrait maintenant des signes d’hésitations. Depuis un moment déjà, il ralentissait le pas pour lui aussi jeter des regards en arrière de plus en plus fréquents. Au bout d’un moment, il finit par se tourner vers Hiéronymus.
C’était une mauvaise idée de venir ici.
Le vieux sorcier eut une petite moue.
« Content de voir que nous sommes d’accord sur un point. Je propose de faire demi-tour sans plus tar… »
Ah, trop tard. Nous voilà au bout.
Hiéronymus s’arrêta net, rentrant presque dans le revenant devant lui.
« Oh. »
Le mur en face d’eux avait jailli subitement des ténèbres. À leurs pieds s’ouvrait comme une bouche béante un escalier en colimaçon qui s’enfonçait dans les entrailles de la colline. C’était comme si le château les avait entendus et, ne voulant pas qu’ils fassent demi-tour, leur avait présenté la suite de leur voyage.
Le roi et le nécromant contemplaient depuis un petit moment les marches qui se fondaient dans les ombres, lorsque Hiéronymus sentit comme une brise remonter de l’escalier. Plus qu’une brise, car aucun vent ne soufflait en ses lieux, c’était un relent qui lui provenait des profondeurs. Un relent que seul un nécromant pouvait sentir, porteur de mort et de décrépitude, qui le frappa plus fort qu’une gifle au visage.
Là, dans les ténèbres des profondeurs, en bas de cet escalier, se tenait un gigantesque charnier.
Hiéronymus se demanda comment il ne l’avait pas repéré plus tôt : il sentait là plusieurs centaines de dépouilles, un poids énorme dont il aurait d’habitude repéré la trace à plusieurs lieues de l’endroit… C’était comme si il leur avait été dissimulé.
Le Roi Muet, même sans pouvoir l’identifier, avait lui aussi sentit que quelque chose n’allait pas, et avait dégainé son épée.
Il y a quelque chose en bas, dit-il simplement. Son regard trahissait ses émotions, et Hiéronymus lisait en lui l’intensité de son attention : tous ses sens étaient en éveil.
« On dirait une gigantesque nécropole, je sens beaucoup de morts. »
Le revenant regarda le couloir derrière eux, puis l’escalier à leurs pieds. Finalement, il haussa les épaules, résigné.
Puisqu’il en est ainsi…
Et il commença à descendre dans les ténèbres.
Avec un dernier regard en arrière, le Hiéronymus le suivit, avec beaucoup moins de détermination. Il était beaucoup moins convaincu qu'ils trouveraient quoique ce soit d'intérêt dans les entrailles de cette... chose, qu'était la forteresse. Les morts étaient son élément, mais en ce moment présent leur présence ne le réconfortait pas. Au contraire, un tel cimetière, au milieu de ce château, n’avait rien pour le rassurer.
Mais, quoiqu'ils rencontrent avant de sortir de ce maudit fort, Hiéronymus préférait le faire avec une armée de morts derrière lui.
Ils passèrent ainsi d'innombrables marches qui s'enfonçaient toujours plus profond dans la colline. Le sorcier s'attendait à descendre jusqu'à ne plus en pouvoir et que seulement au dernier moment le palier leur apparaisse, comme avec le couloir qui n'en finissait pas. Mais bientôt, bien plus vite qu'il ne l'aurait cru, ils arrivèrent à sur le palier de la nécropole.
Aussi loin que portait la flamme de leur torche maintenant bien entamée, ils voyaient des piliers innombrables, soutenant le plafond voûté de la salle, qui semblait s'étendre à l'infini. Tout partout autour d'eux, le sol dallé était jonché de restes desséchés et couverts de poussières, qui avaient été jetés là bien des années auparavant, leurs orbites vides comme deux trous béants au milieu de leur visage, et leurs bouches ouvertes dans un cri sans fin. Les ombres sur leur peau parcheminée ondulaient à la lumière de la torche de Hiéronymus.
De là où ils étaient, ils en voyaient des dizaines, et il y en avait probablement plusieurs centaines tapis dans les ténèbres, car la salle semblait, à l'instar du château lui-même, gigantesque : à la suite du Roi Muet qui enjambait les cadavres avec circonspection, Hiéronymus avançait sans voir sa flamme éclairer un quelconque mur.
Là où le temps avait effacé les singularités des visages en les desséchant jusqu'à ce que la peau se flétrisse sur les os, on ne pouvait que constater leur diversité à travers ce qui restait de leurs vêtements et attirails, le tout baignant dans un air sec et lourd de particules de poussière qui faisaient tousser le vieux sorcier. Assez étonnamment, cette nécropole de corps desséchés possédait une odeur similaire à une vieille bibliothèque, l'absence totale d'humidité ayant évité aux corps de se décomposer en pourrissant. Dans le silence le plus total, sorcier comme revenant observaient les corps qui défilaient dans la lumière orangée.
Là-bas, un vieux moine reposait dans sa bure, et elle pendait maintenant lâchement sur ses os. En face de lui, une robe qui autrefois devait être d'un vert flamboyant, aujourd'hui terne et passé, flottait sur le squelette de sa porteuse dont le hennin au long voile de gaze fort abimé avait roulé à ses côtés, sous les jambes aux bas bariolés d'un jongleur de rue ou fou de roi. Ils continuèrent d'avancer, et un vieux heaume leur renvoya la lumière de leur torche, sa coiffe garnie d'une réplique du saint graal ayant depuis longtemps perdu son éclat doré. Des épées rouillées dépassaient des restes de leurs fourreaux dont le cuir s'était effrité, s'échappant des ceintures de leurs propriétaires dont les cottes de maille ne renvoyaient plus aucun éclat, depuis longtemps perdues à la poussière et à la rouille.
Il semblait ne pas y avoir de fin aux cadavres qui passaient devant leurs yeux : tout ce que l'on pouvait trouver comme métier ou fonction en Bretonnie semblait y avoir laissé ses victimes. Il y avait même les restes d'animaux de compagnies : là, un chien à côté de son seigneur en habits d'apparat, ailleurs, ce qui apparemment avait été un singe reposait à côté de son maître troubadour, son chapeau à grelots de travers sur son crâne dégarni.
Hiéronymus s'arrêta net.
Un horrible pressentiment lui enserra les entrailles, et envoya des sueurs froides dans son dos. Il se souvenait clairement avoir vu un troubadour avec un singe et un chapeau de fou sur la fresque, de même que la dame en vert au hennin, qui secouait un carré de tissu à l'encontre d'un quelconque chevalier. Le vieux sorcier regarda les ténèbres derrière lui, là où il avait fugacement aperçu un heaume qu'il avait lui aussi croisé sur les peintures. Maintenant qu'il y faisait attention, ils étaient encerclés de silhouettes qu’ils avaient croisé sur la fresque.
Le sang battant à ses oreilles comme un tambour, il se tourna vers le revenant. Il lui tournait le dos, immobile.
« Je... » Hiéronymus avait voulu parler d'une voix forte et assurée, mais ne réussit qu'à sortir un murmure à moitié étranglé. Il valait mieux ne pas troubler le sommeil des morts. « Je crois qu'il y a quelque chose qui ne va pas. »
Le Roi Muet se tourna vers lui, et dans la pénombre, les flammes de ses orbites semblaient briller d'une étonnante intensité.
Toi aussi, tu as remarqué ?
« Oui, ce... ils sont tous sur les peintures de la grande salle. »
Le squelette hocha lentement la tête, sans un mot. Tout d'un coup, les ombres s'étaient faites plus épaisses, et les ténèbres plus aventureuses, au-delà du maigre cercle protecteur, vacillant, de la torche de fortune.
On les a tués, puis peints et laissé là...
Mais Hiéronymus n'arrêtait pas là.
« Je ne pense pas. » La sueur perlait sur le front plissé du nécromant. « On aurait vu des marques de combats, ou n'importe quoi d'autre, sur au moins un des corps... Et certains sont récents. Beaucoup trop récents... Ils sont arrivés ici bien après l'abandon du château. »
Alors comme ont-ils atterri sur les fresques ? Le château ne peut pas les avoir peints lui-même ? Il doit bien y avoir une explication !
Le vieux sorcier était beaucoup trop soucieux pour s’offusquer des propos du revenant.
« Je... je ne sais pas. Il y a beaucoup trop de choses qui m'échappent ici. C’est… je ne sens aucune magie. Absolument aucune… C’est impossible ! Il y a toujours quelque chose… »
Pour l’instant, essayons juste de ne pas finir comme eux.
Comme pour appuyer son propos, le Roi Muet poussa négligemment du pied le cadavre d'un chevalier devant lui. Le vieux squelette s'affaissa, et son chapel de fer glissa de son crâne pour rebondir sur le sol dans un fracas de métal qui retentit dans la crypte toute entière, ses multiples échos rebondissant sur les murs invisibles, cachés dans les ténèbres.
Sorcier comme revenant n'osèrent bouger tant que le silence n'était pas retombé, mais alors que Hiéronymus allait se tourner vers le revenant, un grondement sourd leur remonta depuis les profondeurs de la crypte. C'était un bruit de tonnerre, comme un millier de pierres se fracassant les unes contre les autres dans le lointain, un éboulis de montagne qui dura longtemps avant de réduire peu à peu, et finit comme deux ou trois cailloux dévalant une pente dont la chute résonnait entre les piliers.
Le sorcier tourna la tête vers le Roi Muet.
« Je propose d'éviter de toucher à quoique ce soit à partir de maintenant. »
Mais toute la volonté du monde ne pouvait arrêter ce qui avait été mis en marche, et au loin retentissait à nouveau le grondement, comme si la terre tremblait, un battement de cœur comme un glas lentement répété. Le bruit semblait venir de tout autour d'eux : tantôt le tambour tonnait à leur gauche, tantôt derrière eux, et parfois de tous les côtés à la fois, comme s'il cherchait à les envelopper dans sa chape sonore. Ils avaient réveillé quelque chose qui aurait mieux fait d'être laissé dans son sommeil.
Revenant et sorcier se regardèrent, puis sondèrent les ténèbres qui s'animaient autour d'eux, l'un l'épée tirée, l'autre la torche levée. Le battement s'amplifiait et prenait de la vitesse, comme s'il se rapprochait, mais tournait sous le couvert des ombres.
Puis, là où rien n'avait jusqu'à lors troublé la lente chute des particules de poussières dans la crypte souffla une drôle de brise, chargée des odeurs de décrépitude de la nécropole, lent souffle funeste qui provenait de leur dos. Bientôt les battements ne vinrent plus que de cette direction, et ils ne sonnaient plus comme un vieux cœur fatigué mais comme des pas lourds et vigoureux, la danse des ténèbres à la lumière de la torche mourante comme célébrant l'arrivée de leur maître tant attendu.
Nécromant ?
« Oui ? »
Le moment serait bienvenu de mettre quelques morts de notre côté.
« J'essaye, mais quelque chose m'en empêche. Il y a ici une volonté qui soustrait les morts au contrôle de la dhar... »
Le sorcier allait continuer, mais s'arrêta dans ses paroles. Le vieux roi vit qu'il ne bougeait plus et que les traits de son visage étaient tirés par l'effort : il faisait de son mieux pour repousser ce qui s'opposait à lui, tentant de garder son calme face à ce qui se dirigeait vers eux.
Le revenant sonda les ténèbres dans la direction de la chose, mais pour une fois, sa vue était aussi incapable que ceux d'un mortel pour percer les ombres de cette crypte maudite. Les ténèbres lui refusaient de voir ce qui les approchait. Autour d’eux le bruit devenait assourdissant, signe que la chose était toute proche.
Et si nous nous éloignions ?
Hiéronymus ne se fit pas prier, et s’élança à la suite du Roi Muet qui s’était mis à courir à l’opposée d’où provenait le terrible son. À la vitesse de la course effrénée, la flamme de la torche vacillait à chacun de ses pas, menaçant de s’éteindre à tout moment, les corps les entravant dans leur fuite, les menaçant de chuter à chaque pas.
Soudain, la lumière fut : le Roi Muet dégaina une courte dague, dont l’éclat illumina la salle, éclairant les visages desséchés des défunts, et ils semblaient leur hurler de fuir, leurs bouches éternellement figées dans un rictus béant.
Le Roi Muet faillit être perturbé dans sa course : il n’avait jamais vu sa dague elfique s’illuminer d’une telle manière, et la malice de plusieurs hommes arrivait à peine à faire s’éclairer la lame d’une faible lueur : pour qu’elle s’illumine ainsi, la soif de meurtre et la noirceur de ce qui les poursuivait dépassait tout ce qu’il avait pu rencontrer auparavant. Sans s’arrêter, il enjambait les corps avec l’énergie du désespoir.
Les grondements se faisaient plus proche que jamais. Dans leur dos, la brise s’était transformée de la lente respiration au souffle puissant d’une gigantesque bête, et elle soulevait les cheveux du vieux sorcier.
Soudainement, jaillissant quelques mètres devant eux, le mur émergea des ténèbres, condamnant le duo. Mais, avant même qu’ils puissent ralentir, la paroi s’ouvrit devant eux dans un grand bruit qui fut emporté dans le vacarme ambiant. C’était comme si la terre se déchirait devant eux, la pierre et la terre se disloquant et s’effondrant pour former une échappatoire providentielle d’où au loin, derrière les racines et les mottes de terres qui chutaient encore, Hiéronymus apercevait l’éclat de la lumière extérieure. Sans plus réfléchir, ils foncèrent tous les deux à travers l’ouverture encore mouvante.
Ils émergèrent ainsi sur le flanc de la colline, courbés sur eux-mêmes, un bras devant eux pour se protéger de la terre qui tombait dans le tunnel, accueillis par le ciel gris et la pluie, l’odeur de l’herbe humide comme un agréable signe de leur retour à la normale.
Dans un ultime coup de tonnerre, l’ouverture s’effondra sur elle-même, refermant le chemin vers la crypte et son mystérieux habitant. Il n’y avait plus aucune trace de leur passage dans les entrailles du château, seuls quelques cailloux dévalant la pente leur fournissant une preuve qu’ils n’avaient pas rêvé.
Au-dessus d’eux, à moitié caché par la pluie, le château était toujours là, sa masse en ruine les toisant depuis le haut de la colline.
Avisant des formes mouvantes qui se dirigeaient vers eux depuis le fort, le Roi Muet reconnut leurs montures, son destrier squelettique ouvrant le chemin à celui, bien vivant, de Hiéronymus. Ils avaient fui le château, probablement à cause du vacarme qui avait dû résonner dans tous le fort. Ayant reconnus leurs maîtres au loin, ils venaient les rejoindre sous la pluie, réduite à un léger crachin.
Le revenant regarda le vieux sorcier, courbé en deux, les mains sur ses genoux, le souffle encore rauque de l'effort qu'il venait de donner : son corps n'était plus rodé à ce genre de péripéties depuis déjà quelques années...
Qu'est-ce que c'était ?
« Je… je ne sais pas, répondit le sorcier essoufflé. Je propose de partir, et dès que nous nous serons éloignés de cette… chose, nous pourrons en parler à nouveau. »
Le Roi Muet hocha la tête. Lui aussi ne souhaitait pas rester dans l’ombre de la forteresse.
Quand enfin, les chevaux les rejoignirent, ils saisirent leurs rênes et montèrent prestement en selle. Sous la bruine humide, ils descendirent la colline maudite et son château abandonné.
Alors, qu’était-ce ?
Flouté par le rideau de la fine, le vieux fort était toujours visible dans le lointain.
Les gouttes d’eaux roulaient sur la feutrine du vieux chapeau de Hiéronymus, et tombaient une à une sur ses lourdes robes grises, laissant son visage au sec et dans l’ombre. Le Roi Muet devinait sa mine pensive.
« Comme tout le vieux monde, la Bretonnie est terre de nombreuses légendes… J'avoue que je ne m'attendais pas à tomber un jour sur une qui m'était inconnue. »
Le revenant était plus impatient : Et donc ?
« Et donc je ne sais pas vraiment ce que nous avons rencontré. En tout cas, ça n'a pas voulu de nous. »
Comment ça ?
« Eh bien, sinon, au lieu de nous faire chasser à force de cris et grondements, nous aurions fini comme ces pauvres hères dont les corps décharnés jonchent la crypte depuis la nuit des temps. Nul doute que nos jolis portraits auraient ornés les fresques avec tous ces autres joyeux lurons. »
Alors vous ne pensez pas que le château tue les voyageurs qu'il rencontre pour garnir sa fresque ? C'est insensé !
Le vieux sorcier haussa les épaules en signe d'impuissance.
« Je ne sais pas ! Peut-être que quelqu'un serait venu après pour nous tirer le portrait, ou que sais-je ! Ce château n'est pas normal. Vous avez déjà vu un tunnel s'ouvrir devant vous, comme par magie ? Pas moi. Et tous ces bruits, toutes ces coïncidences... Je n'ai jamais vu ça autrement que chez un prédateur jouant avec sa proie. »
Mais si c'était le cas vous auriez senti une quelconque magie, non ?
Le vieux sorcier fit la moue, frustrée.
« Non, justement, je n'ai rien senti à l'intérieur du château, rien ! Or la magie est partout... c'est impossible qu'il n'y ait rien entre ces maudites pierres. »
Alors...
« Alors tout est possible. Je suis impuissant… Mais je le dis et le maintiens, ce château est vivant. Il repousse la nature, efface toute trace de ses précédents visiteurs, et leurre les nouveaux dans ses entrailles... »
Vous avez dit qu'il n'avait pas voulu de nous ?
« Oui. Vous avez bien vu, la fresque étalait la vie en Bretonnie dans toute sa splendeur... J'imagine que vous et moi aurions fait tache dessus. Le château n'a pas voulu de nous dans sa collection. »
Alors vous maintenez que c'est le fort lui-même qui est derrière tout ça ?
Hiéronymus le toisa de haut sous son chapeau.
« Vous pouvez toujours essayer de trouver autre chose qui fasse du sens. »
Le Roi Muet ne répondit pas pendant un moment, pensif.
Eh bien, je me contenterai de cette explication, dit-il finalement.
Hiéronymus eut un sourire sans joie.
« Vous savez, ce ne serait pas la première fois que quelqu’un tombe sur une bâtisse douée de conscience... Le château Drachenfells est renommé pour avoir gardé, même après la disparition de son maître, une volonté qui lui est propre. Les quelques aventuriers qui s'y sont risqués ces dernières années y ont tous laissé leur raison... quand ils en sont ressortis tout court. »
Le Roi Muet jeta un regard au vieux sorcier.
Tu as l'air de bien connaître le pays.
Le chapeau se souleva, révélant les yeux durs de son propriétaire.
« J'ai parcouru cette foutue contrée, et au-delà, de long en large. Je ne dirais pas que je la connais mieux que quiconque... mais je ne dois pas en être loin. »
Le revenant détourna le regard et hocha la tête. Voilà pourrait se montrer bien utile en son temps.
Hiéronymus le regarda prendre les devants, comme il en l'avait fait ces derniers jours ; le revenant ne semblait pas enclin à de longues discussions, peut-être par manque d'aise... la solitude réduisait les plus éloquents des hommes au silence.
Le vieux sorcier haussa les épaules et fit avancer sa monture à la suite du revenant. Dans les jours à venir, un vieux château hanté allait être le moindre de leurs soucis : le Roi Muet avait refusé de l’écouter, mais nul doute que le futur prouverait raison au nécromant. Hiéronymus attendait avec appréhension les retombées que la fuite de l’écuyer finirait par faire s’abattre sur eux.
Doucement, le soleil fit place à la pluie, et la lumière finit par percer les lourds nuages, qui partaient en lambeaux et laissaient apparaître le ciel bleu.
Arrivant sur un haut plateau bordant une forêt bourgeonnante, ils s'arrêtèrent pour contempler à nouveau la plaine qu'ils avaient laissée derrière eux. Interloqués, ils restèrent un moment au bord du plateau, les yeux dans le vide, tournés vers la colline solitaire qui baignait dans les rayons du soleil.
De même que la pluie, le château avait disparu.* * *
*
* * *
*
* * *
La Mort est couronnée,
Un destrier infernal
Pour un faucheur sépulcral
À la course effrénée
Dans les ombres de la nuit
Brille un feu peu amène
Les flammes de sa haine
Toujours brûlent sans répit
Les guerriers de la Dame
Par cette ire inassouvie
Sont tombés sous sa lame
Longtemps faudra-t-il prier
Que vienne l’homme qui taira
Le revenant meurtrier ?
Poème du ménestrel Yann de l’Anguille, extrait du Livre des Fléaux.
* *
_________________
Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 11 Aoû 2017 - 15:41
He bien... quel chapitre ! J'ai peu de mots à ajouter à cela. Fluide, bien construit, prenant. Et au passage la relation Hiéronymus/RM qui s'étoffe tranquillement.
Drôle de bestiole sinon que voilà. Je me demande où tu as été imaginer ce genre de créature / bâtiment. J'ai un instant à un épisode de Doc' Who, mais on en est loin. Bien trouvé
- 2-3 p'tites incohérences niveau formulation:
- Les scènes complètent avaient
des ou trois personnages
suivant les mouvements son regard.
il constata la porte par laquelle ils
Drôle de bestiole sinon que voilà. Je me demande où tu as été imaginer ce genre de créature / bâtiment. J'ai un instant à un épisode de Doc' Who, mais on en est loin. Bien trouvé
- GilgaladMaître floodeur
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Palmares : Champion d'Ubersreik
Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 11 Aoû 2017 - 19:30
Bah suffit de me demander Sont bêtes ces bretonniens quand mêmeGromdal a écrit:
Longtemps faudra-t-il prier
Que vienne l’homme qui taira
Le revenant meurtrier ?
Sinon, pour être plus sérieux, c'est un fort beau chapitre. A un moment, ça a un peu tiré en longueur j'ai trouvé, mais après, c'est allé mieux. Je ne sais pas si c'est moi ou si c'est réel. Mais je penche plutôt pour la première théorie.
Sinon, très bien trouvé pour le château. Un truc pareil ne doit pas être courant en Bretonnie.
Et j'attends la suite avec impatience
_________________
Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 11 Aoû 2017 - 21:18
C'est ça le comble de se relire : on ne pense pas à relire les rajouts faits pendant la relecture.vg11k a écrit:2-3 p'tites incohérences niveau formulation
C'est bien drôle puisqu'effectivement j'ai pensé moi aussi à un épisode de Doctor Who en écrivant ce château . Je me souviens pas exactement le nom et la saison, mais c'était un épisode avec des êtres d'un univers en deux dimensions qui s'invitaient dans le notre et commençaient à coller les gens sur les murs.vg11k a écrit:Drôle de bestiole sinon que voilà. Je me demande où tu as été imaginer ce genre de créature / bâtiment. J'ai un instant à un épisode de Doc' Who, mais on en est loin. Bien trouvé
Pour le reste, je me suis inspiré un peu du château Drachenfells et j'ai laissé mon imagination se débrouiller toute seule, visiblement j'ai bien fait.
Je pense plutôt pour la 1e théorie également (difficile de planquer une distorsion temporelle entre deux mots ), j'avoue que j'ai essayé de garder un rythme tout du long, et je suis le premier à admettre que j'ai pas vraiment réussi.Gilgalad a écrit:A un moment, ça a un peu tiré en longueur j'ai trouvé, mais après, c'est allé mieux. Je ne sais pas si c'est moi ou si c'est réel. Mais je penche plutôt pour la première théorie.
En tout cas je suis content que ça vous plaise, ce genre d'ambiance m'a fait sortir de mes sentiers battus, je suis content de voir que je m'en suis bien tiré.
Grom'
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 12 Aoû 2017 - 13:12
C'est la volonté du château. Comme avec le couloir sans fin, comme avec l'escalier sans fin, on commence à trouver le temps long, puis *boum*, ça va mieux !Gilgalad a écrit:A un moment, ça a un peu tiré en longueur j'ai trouvé, mais après, c'est allé mieux.
Un chapitre fort intéressant, ma foi. Et le choix de musique d'accompagnement est excellent
Je suis totalement ignorant quant à Docteur Who, mais...
- Spoiler:
La suite !
Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 12 Aoû 2017 - 15:07
Pour le coup le tambour et la menace lointaine viennent d'une l'inspiration parfaitement consciente, celle d'une nouvelle de Maupassant. Pas de Balrog sous le château, donc.
J'ai déjà la suite de prête (et même quelques suites d'avances), mais je laisse un peu "reposer" avant de la poster.
Grom'
J'ai déjà la suite de prête (et même quelques suites d'avances), mais je laisse un peu "reposer" avant de la poster.
Grom'
Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 18 Aoû 2017 - 14:30
* *
Cela faisait deux semaines que Hiéronymus et le Roi Muet voyageaient ensemble, voyage qui les avait amenés à la frontière entre Bastogne, Gisoreux et la maudite Moussillon. La présence de la forêt d'Artois se faisait sentir, même au-delà du fleuve Grismerie, et les arbres se faisaient plus hauts, plus sombres et plus menaçants.
Cela ne perturbait aucunement le roi revenant qui, comme à son habitude, parcourait les chemins de la Bretonnie du pas placide de son destrier squelette. Son plaisir était toujours celui d'admirer les paysages qui se dévoilaient devant lui, et maintes fois Hiéronymus l'avait attendu alors qu'il contemplait telle vallée, telle rivière ou tel château.
Routine qui ne changeait jamais, avec le soir venait presque irrémédiablement le moment de l'écriture : éclairé par les derniers rayons du soleil, le Roi Muet s'arrêtait pour écrire.
L'exercice avait étonné le vieux sorcier, tant la concentration du revenant était intense. Finalement, le nécromant en était venu à revoir son jugement sur ce qu'il avait d'abord jugé comme un exercice futile : il y avait dans ce vieux squelette animé une volonté de continuer à vivre des plus admirables que Hiéronymus avait appris à respecter.
Le Roi Muet, s'il écrivait, n'en était pas plus loquace pour autant : il passait le plus clair de son temps dans ses pensées, admirant en silence les tableaux qu'offrait la Bretonnie en ce début de printemps. Clairement, la solitude et son mutisme forcé avaient renfermé le vieux roi sur lui-même, au point qu'il ne parlait que très peu.
Cependant, une fois que l'on arrivait à lui délier, pour ainsi dire, la langue, le revenant se révélait de bonne compagnie, et après l'écriture du soir, ils agrémentaient souvent leur voyage d'une petite heure d'échange, le vieux roi se montrant d’un naturel étonnamment curieux. Il se nourrissait avec avidité de ce que lui racontait le sorcier, que ce soit sur ce qu'il savait de la Bretonnie ou, parfois, quelques questions sur la nécromancie. L’attitude curieuse, l’esprit empli de questions et avide de savoir, ainsi que les quelques remarques souvent pleines de sens de ce dernier, avaient surpris le vieux sorcier qui s’était étonné à prendre un certain plaisir à discuter avec revenant. En retour, car le Roi Muet était avare de détails sur sa propre personne, préférant entendre parler du monde que parler de lui-même, le vieux sorcier avait droit à quelques anecdotes sur les aventures du roi squelette, notamment celle du Tournoi du Fort de Sang, dont les rumeurs avaient en leur temps parcouru la Bretonnie toute entière.
Hormis ces heures éparses d’échange, et Hiéronymus le regrettait quelque peu, ils ne parlaient que rarement, le nécromant se contentant de suivre le revenant dans ses pérégrinations, car le vieux roi ne se réjouissait que peu d'être tiré de ses contemplations, à moins qu’il n’eût indiqué le contraire auparavant, et ne répondait que peu au sorcier.
Éventuellement, ce dernier servait d'intermédiaire lorsqu'ils croisaient un chevalier errant. À défaut de pouvoir éviter les affrontements, le Roi Muet était au moins dûment présenté et, ou tout du moins ainsi pensait Hiéronymus, il devait être en train de se faire un nom en tant qu'adversaire honnis de la chevalerie.
Car force était d'admettre que le Roi Muet était un formidable adversaire, rodé qui plus est à affronter les serviteurs de la Dame. Si quelques combats s'étaient éternisés outre mesure, dont un ayant bien failli se solder par une prompte décapitation du revenant, le vieux roi semblait affronter les chevaliers avec une aisance déconcertante : clairement, il savait tirer ses leçons de tous les affrontements qui avaient laissés leurs marques sur son armure, dont les multiples entailles témoignaient d'une expérience âprement gagnée au combat.
C'était souvent à l'aube ou au crépuscule qu'ils faisaient ces rencontres irrémédiablement funestes, lorsqu'ils ne quittaient pas assez rapidement la grand'route pour des chemins détournés.
En vérité, se disait le sorcier, c'était là arrogance de la part du revenant que de vouloir passer par les grands chemins, même seulement de nuit. Mais le Roi Muet tenait à ne pas se laisser reléguer aux voies abandonnées et se montrait inflexible dans ses choix, refusant de faire plier son voyage au profit de la sécurité. S'il était le plus souvent d’une exemplaire droiture, il parfois se montrer d'une rigidité d'esprit qui avait étonné Hiéronymus.
Cependant après ces deux semaines passées en compagnie du Roi Muet, le vieux sorcier commençait à considérer avec circonspection le revenant. Ce dernier lui avait dit que si jamais il se trouvait un fief, il s'y installerait, mais il s'en était montré si peu convaincu lui-même… De toute façon, ce dernier se contentait beaucoup trop facilement de sa vie d'errance, errance sur laquelle Hiéronymus ne se sentait guère passer le restant de ses jours à l'accompagner.
Le vieux sorcier ruminait précisément ces pensées alors qu'ils voyageaient tranquillement sur une route bordée de profonds fossés, derrière lesquels s'étendaient des champs déserts hésitant entre givre et rosée : l'atmosphère beaucoup trop calme qui régnait en ce début de matinée avait fait se perde le nécromant dans ses pensées.
Tout de même, il était suffisamment alerte pour sentir le Roi Muet se raidir, percevant l'alarme qui perça la mer de ses pensées. Hiéronymus n'y prêta pas trop attention : sa vue était bien plus mauvaise que celle du squelette, et c'était souvent lui qui repérait les cavaliers solitaires qui s'approchaient au loin.
Mais cette fois, quelque chose n'était pas normal. Il y avait trop d'inquiétude perçant les pensées du Roi Muet et, en relevant la tête, Hiéronymus vit que le revenant s'était arrêté et fixait un point à l'horizon. Inquiet à son tour, le sorcier s'arrêta lui aussi et plissa les yeux pour discerner ce qu'avait vu le revenant.
Il lui fallut un moment pour les repérer, et encore plus pour les voir distinctement. Ils étaient une dizaine, voire même une quinzaine, leurs capes colorées frappées de leurs blasons ou brodées de leurs couleurs volant au vent sur les armures rutilantes. Leurs heaumes renvoyaient la lumière naissante du soleil, et ils galopaient sur la route les épées au clair.
Hiéronymus comprenant à présent l'alarme du Roi Muet. Il n'y avait qu'eux deux et les chevaliers bretonniens sur la route, et si ces derniers chargeaient leurs lames dégainées, ce ne pouvait être que pour une seule raison : ils les avaient vus, et ils venaient pour eux.
Le vieux sorcier regarda autour de lui en quête d'échappatoire, mais il ne trouva rien : champs déserts à perte de vue, ils n'avaient nulle part où aller.
Le Roi Muet en était arrivé à la même conclusion : l'affrontement était inévitable. Et quant à leurs chances de survies...
Le vieux roi avait pris sa décision : puisque la retraite était impossible, il ne reculerait pas devant l'affrontement. Tirant sur ses rênes, il se tourna vers Hiéronymus.
Nécromant, je te libère de tes services. Tu es libre.
« Pardon ? »
Fuis.
« Mais... »
Fuis !
Presque à contrecœur, le nécromant fit faire demi-tour à son cheval et rebroussa prestement chemin. Le Roi Muet le regarda disparaître sur la route.
Lorsque tout est perdu, un roi doit avant tout penser à ses sujets, se dit-il à lui-même avant de se retourner pour faire face à la cavalcade bretonnienne. Résigné, il tira son épée de son fourreau.
Les chevaliers s'arrêtèrent à bonne distance du Roi Muet, leurs chevaux caparaçonnés envoyant voler de lourdes mottes de terre sur le chemin. C'était là plus que de simples chevaliers errants : leurs montures étaient fières, leurs caparaçons lourds et aux décorations finement brodées. De même, les armures, gambisons et cottes de mailles étaient rutilants, témoignant d'un entretien régulier. Même avec sa perception limitée des couleurs, le Roi Muet remarquait l’excellente facture de leurs tissus bariolés et finement ornementés. Le plus impressionnant cependant étaient les heaumes : ornés de panaches, cornes, bois et effigies du Saint Graal, il semblait ne pas y avoir de limites à leurs formes et leurs décorations.
Ce fut un guerrier porteur d'une lourde cape sombre brodée de trèfles d'argent, et au heaume garni de larges bois de cerf, qui s'avança. Il pointa sa lame vers le roi revenant, et sa voix résonna sous sa visière lorsqu'il prit la parole.
« Créature de la nuit ! Es-tu le Roi Muet, le souverain sans terres ? »
Le vieux roi hocha la tête. Cette fois, ce fut un doigt accusateur qui lui fut adressé :
« Alors ta sinistre carrière prend fin ici et maintenant, monstre ! Cette cavalcade de preux chevaliers, commanditée par le noble Raymond de Mérineaux, seigneur de ces terres, n'a qu'un seul but : ton annihilation ! Aujourd'hui est le dernier jour où tu affronteras des chevaliers ! »
Le Roi Muet regretta un instant d’avoir relâché le vieux sorcier de son service. Il aurait aimé pouvoir rétorquer que si les chevaliers qu'il avait occis l'avaient affronté, ce n'était que par leur propre faute. Mais il avait choisi de donner une chance à Hiéronymus, et il ne regrettait pas sa décision. En guise de réponse, il se contenta donc d'empoigner son épée à deux mains, se préparant à la charge à venir.
La réponse du chevalier ne se fit pas attendre : il leva bien haut sa lame.
« Mes amis ! Voici venu le moment de venger nos compagnons ! Pour la Dame ! »
Reprenant son cri, tous baissèrent leurs épées et chargèrent le revenant, dont la monture s'élança elle aussi dans un hennissement d'outre-tombe.
L'espace d'un instant, le Roi Muet souhaita avoir encore eu en sa possession son vieux bouclier, qui lui aurait été bien utile face à la pluie de coups qui se préparait. Mais il n'avait que sa fidèle épée, et il saurait s'en contenter. Il avait tenu à affronter les chevaliers la tête haute, et il chargea ainsi dans la masse sans fléchir. Cette fois si, il n'était pas attaqué par surprise au milieu du brouillard. Il était guidé par une résignation et une volonté sans failles, l'esprit clair et le cœur fermé.
Le choc se révéla moins brutal que prévu : il passa rapidement entre les deux premiers cavaliers qui s'opposèrent à lui. Il esquiva un coup du premier, puis avisant une faille dans la garde du second, laissa son épée lui mordre la gorge sous son heaume.
Il rentra ainsi dans le fer de lance, et rencontra immédiatement quatre chevaliers.
Le temps n'était plus à la finesse, ni aux coups honorables : il fallait vaincre, vite et efficacement ; le moindre échec se solderait par la mort. Le Roi Muet esquiva une première épée, pour sentir une deuxième lui arriver au cou : il y eut un éclair de lumière alors que son amulette déviait la lame. Un troisième coup, amorcé avant que le chevalier ne soit aveuglé par la lumière, mordit l'épaule du revenant, faisant voler quelques pièces de sa spalière. Mais il n'y prêta pas attention : au lieu de cela, il frappa vite et fort, visant les montures. Un premier cheval s'effondra, la gorge tranchée, tandis qu'un deuxième se cabrait, un œil en sang sous son chanfrein enfoncé.
Mais le Roi Muet avait été trop lent : le dernier chevalier du groupe avait eu le temps de se remettre de l'éclair et était déjà sur lui. Il tenta hâtivement de parer le coup, mais ne put arrêter l'épée qui fila droit vers son crâne exposé. Dans un dernier élan de survie, le Roi Muet pencha la tête et sentit sa couronne s'arracher de son camail, balayée par le coup puissant. Nul doute que sa tête eût volé s’il n’avait eu son réflexe salutaire.
Sans qu'il ne puisse leur porter plus de coups, le groupe le dépassa, aussitôt remplacé par une poignée de cavaliers, probablement une demi-douzaine.
Fort heureusement pour le revenant, si une charge de cavalerie est efficace pour ce qui est de percer des rangs d'infanterie, c'est un tout autre cas contre un seul homme, qui plus est lui aussi monté. Aussi, entourant le Roi Muet, les chevaliers se gênaient mutuellement les coups et la vue. Ainsi, en dépassant le groupe, le revenant n'avait à déplorer que de nouvelles entailles, certes profondes, dans son plastron, alors que deux autres montures ennemies mordaient la poussière.
Mais le Roi Muet qui, en s'extirpant du groupe, ne vit pas le chevalier aux bois de cerfs fondre sur lui, et ce dernier lui asséna un coup terrible qui mordit profondément l'épaule droite, entaillant au passage le plastron au niveau du torse. L'épaulette passa devant les yeux du revenant, arrachée : si ce n'avait été pour son armure, ç'aurait été son bras qui aurait été emporté.
Le Roi Muet dépassa son adversaire sans pouvoir le frapper, et les trois derniers chevaliers se lancèrent contre le revenant.
Il écarta la première épée qui s'abattait sur lui, pour en sentir une deuxième mordre son plastron. N'importe quel humain aurait eu l'estomac arraché, mais pour le squelette le coup ne fit que lui briser quelques côtes. Plus que jamais, l'antique plastron se rapprochait de l'état de tôle maltraitée.
Poussant un cri de rage intérieur, le Roi Muet envoya voler l'épée qui avait porté le coup, avant de transpercer l'épaule de son propriétaire. Avant qu’il ne s’éloigne, il frappa le premier chevalier du groupe et lui trancha la gorge.
La monture du troisième et dernier chevalier se cabra devant lui, ce qui aurait pu le surprendre en d'autres occasions. Mais dans sa sourde colère, il déchira l'abdomen vulnérable qui se présentait à lui, et le cheval s'effondra dans un hennissement de douleur, emportant son cavalier sous lui.
Porté par l'élan de son destrier squelette, le Roi Muet parcourut encore quelques pas avant de s'arrêter et de se retourner pour contempler ce qui restait de la cavalcade des chevaliers.
Tenant encore sur leurs selles malgré leur décès, deux chevaliers pendaient mollement de leurs montures, le sang coulant à grands flots de leurs blessures fatales. Un troisième se tenait à grand peine sur sa selle, sa main valide crispée sur son épaule blessée, sans pour autant pouvoir limiter l'effusion de sang qui souillait la tunique sur son armure.
Devant eux, sept chevaliers indemnes étaient encore en celle, et en encadraient quatre autres à pied, leurs montures mises à mal par le roi revenant. Le dernier d'entre eux, apparemment indemne, peinait encore à extirper sa jambe de sous son cheval décédé.
Le Roi Muet sentit leurs regards silencieux emplis de haine alors qu'ils s'écartaient pour laisser passer leurs compagnons encore en selle, qui se préparaient pour une seconde charge.
Le vieux roi réaffirma sa prise sur son épée, trahissant une certaine nervosité, sa colère retombée. Il n'était pas sorti indemne de ce premier assaut, et n'y avait survécu que grâce à une bonne dose de chance : sa couronne envolée était là pour en témoigner ; son plastron éventré laissa voir ses côtes brisées, et ce qui restait de ses spalières n'était plus que métal torturé. De plus, et il ne l'avait pas remarqué dans la cohue, un coup avait percé le gambison de sa monture, le déchirant sur une bonne longueur en effleurant les côtes du destrier.
Malgré tout, le Roi Muet éprouvait une certaine satisfaction. Enfin, son expérience si durement acquise payait : face à tous ces chevaliers arrogants et enragés, il leur tenait tête vaillamment.
Ainsi, lorsque les cavaliers restants s'élancèrent dans une deuxième charge, il lança à nouveau sa monture pour aller à leur rencontre.
Mais cette fois, pas question de prendre le groupe de plein fouet : à la dernière seconde, il fit virer son cheval, passant à gauche des chevaliers et leur refusant ainsi la charge.
La manœuvre était audacieuse : il avait ainsi toutes ses chances pour les frapper, eux et leurs montures, faisant face à leur côté non protégé par leurs écus. Son épée mordit promptement un premier bras, forçant le chevalier à lâcher son arme. Un second cavalier tenta de parer, mais le Roi Muet décida d'en viser la monture à la place, et lui déchira le flanc. Le troisième chevalier, pris de court, fut frappé mortellement à la gorge.
Il passa ainsi les six premiers des cavaliers, qui fonçaient à deux de front, les trois de droite incapable de le frapper à travers leurs voisins.
Seul le dernier chevalier du groupe, qui se révéla être celui aux bois de cerfs, fut assez rapide pour anticiper la manœuvre du roi revenant, et décida de jaillir de derrière le groupe alors que le vieux roi retirait sa lame du corps du troisième chevalier.
Pris de court, le Roi Muet sut qu'il ne pourrait parer à temps, ni esquiver. En désespoir de cause, il opposa à l'épée bretonnienne non pas son arme mais son bras gauche.
Les os de sa main volèrent en éclat. La lame enfonça la protection de l'avant-bras, réduisant le radius et le cubitus en morceau, et termina sa course dans l'humérus, qu'elle brisa en arrachant quelques mailles protectrices.
Le Roi Muet, bien que secoué, sut conserver un restant de lucidité et ne ralentit pas après avoir passé les cavaliers, dépassant ainsi les chevaliers à pied avant qu'ils ne puissent agir. De son côté, son fidèle destrier squelette faisait de son mieux pour éviter les corps qui jonchaient la route. Malgré tout, le revenant sentit au passage une épée mordre le cuir de sa botte, et lui érafler le tibia.
Pour la deuxième fois, le vieux roi se retourna pour faire de nouveau face à ses adversaires.
Derrière un mur de cinq chevaliers à pied se tenaient quatre cavaliers encore en selle, et un dernier d'entre eux lui aussi à pied. Des deux autres chevaliers qui avaient chargés la seconde fois, l'un gisait au sol alors que l'autre serrait son bras droit douloureux et sanglant, incapable de se battre.
Entre les chevaux à terre et les quelques chevaliers que le Roi Muet avait abattus, la route était jonchée de corps. Le revenant sentait encore les tremblements de son destrier tant la traverser lui avait demandé une intense concentration : que ce soit pour lui ou pour les chevaliers, charger une troisième fois aurait plus de chance de se solder par une chute mortelle que par un affrontement.
Avantage d'être mort, le Roi Muet ne ressentait aucune douleur de ses « blessures », et il rengaina brièvement pour descendre de selle, avec autant de grâce que de n'avoir qu'un bras le permettait. En face, les chevaliers profitaient eux aussi de se répit pour se regrouper. Intimés par le chevalier au bois de cerfs, les chevaliers encore montés descendirent de leurs destriers.
Le roi revenant flatta le flanc de son fidèle cheval, lui intimant de partir. La monture squelettique tourna doucement la tête pour regarder son maître de ses yeux incandescents. Finalement, elle fit demi-tour et s'éloigna, d'abord à petit trop, puis au galop.
Le vieux roi se détourna pour faire face à ses adversaires. Il eut aimé regarder disparaître sur la route, mais il n'en avait pas le temps : les chevaliers, maintenant tous à pied, s'étaient regroupés et attendaient de le charger, regardant son manège. Beaucoup le regardaient la mine grave, mais il entendit quelques insultes et d'autres invectives jaillir d'entre leurs rangs.
Alors le revenant ouvrit les bras, ou ce qu'il en restait, sa manière de dire « Qu'attendez-vous ? » aux chevaliers. Il était prêt à les recevoir comme il le devait.
Avec un panache amoindri, mais un désir de vengeance bien plus intense qu'auparavant, les chevaliers chargèrent les épées hautes, leurs regards brûlant de haine.
En face d'eux, le Roi Muet attendait, immobile, serrant son épée de sa main restante. Il était à seul contre dix, blessé, son équilibre brisé, mais avec un peu de chance, il emporterait un dernier chevalier avec lui.
Un premier coup fusa, mais il esquiva. Le roi revenant frappa en retour, mais son attaque fut parée. Les chevaliers étaient sur lui, l'entouraient, mais il ne se laisserait pas démonter.
Puis le monde bascula devant ses yeux.
Le temps sembla s'arrêter pour le Roi Muet, et il vit que l'un des chevaliers, d'un puissant coup de pied, lui avait brisé la jambe : face au pied en armure, son os, vieux et sec, avait cédé.
Tout tournoya devant ses yeux. À travers les mailles de sa cote qui volaient devant ses yeux, il entr’aperçut les visages haineux des chevaliers, puis leurs torses, pour finir par leurs bottes et la dure et froide terre de la route.
Dès lors, tout se passa très vite. Les épées des chevaliers s'abattirent sur lui, et il sentit la pluie de coups le transpercer de part en part, éventrer son plastron, déchirer sa cotte de maille et briser ses os. Il sentait les coups rageurs éclater son armure et disperser ses restes. Une épée lui passa devant les yeux, et défonça ses cervicales. Sous la puissance du coup, sa tête s'envola, roula entre les jambes des chevaliers, et termina sa course dans le fossé qui bordait la route.
Puis ce fut le calme.
* *
Depuis le temps que ça se profilait, il fallait bien que ça arrive. Avec ça, je vais pouvoir en profiter pour faire une pause dans le récit, le temps de savoir comme je peux reprendre après ça.
Nan je blague, la suite la semaine prochaine. Voire même avant, si je me sens généreux.
Comme d’hab’, dites-moi ce que vous pensez de tout ça, s’il y a besoin de corriger quoi que ce soit !
Grom’
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
- EssenSeigneur vampire
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 18 Aoû 2017 - 18:18
...
Sur la forme, c'est toujours aussi bien écrit ! Les précisions anatomiques sont amusantes, je trouve
Il me semble avoir vu 1-2 coquilles au début, une relecture devrait suffire pour les repérer
Sur le fond, eh... voila une chute de laquelle notre héros principal aura du mal à se relever !
- Spoiler:
- Cela dit, je vois venir Hiéronymus, gros comme un camion, à la rescousse de son roi muet favori
J'aurai juste une petite remarque : on comprend que tous les chevaliers (ou presque) sont des chevaliers du Graal. On comprend également que tous ressentent de la haine vis-à-vis du Roi Muet. Pourquoi pas, mais pour ma part, je ne verrais pas des graaleux éprouver de la haine, mais plutôt une détermination sans faille, une conviction à toute épreuve d'oeuvrer pour le bien.
- Nyklaus von CarsteinSeigneur vampire
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 19 Aoû 2017 - 0:55
Malgré le fait que ça soit attendu, ma réaction a été semblable à...
Du coup j'ai besoin de préciser également que c'est une superbe suite pleine d'émotions, que j'ai l'impression que Hiéronymus va sûrement venir (en tout cas je l'espère parce que le titre de cette histoire c'est quand même le Roi Muet donc j'espère qu'il va survire ou revenir) ?
Mais du coup un Roi Revenant qui est tué mais qui revient ça s'appelle comment ? Un Roi Re-revenant ?
Moi je dis juste qu'on le saura sûrement dans une suite ou dans une autre donc je réclame ladite....
... La fameux SUITE !!!
- ça:
Du coup j'ai besoin de préciser également que c'est une superbe suite pleine d'émotions, que j'ai l'impression que Hiéronymus va sûrement venir (en tout cas je l'espère parce que le titre de cette histoire c'est quand même le Roi Muet donc j'espère qu'il va survire ou revenir) ?
Mais du coup un Roi Revenant qui est tué mais qui revient ça s'appelle comment ? Un Roi Re-revenant ?
Moi je dis juste qu'on le saura sûrement dans une suite ou dans une autre donc je réclame ladite....
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- GilgaladMaître floodeur
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 19 Aoû 2017 - 11:09
Ah les parties où on fait croire que le héros meure pour toujours alors qu'en fait pas du tout J'adore faire des trucs comme ça. Cela évite les pirouettes scénaristiques où il s'en sort malgré tout et de manière pas crédible.
Sinon, cette partie est vraiment très bien à lire. On s'y prend et tout est bien décrit. Sinon, je pense aussi que le petit nécro de compagnie va revenir et remettre le squelette sur pattes.
Pour le fun, s'il a besoin d'un domaine, il peut gérer une partie de la forteresse de Gilgalad et Aryana On recrute pour combattre les peaux-vertes et autres skavens
Sinon, cette partie est vraiment très bien à lire. On s'y prend et tout est bien décrit. Sinon, je pense aussi que le petit nécro de compagnie va revenir et remettre le squelette sur pattes.
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 19 Aoû 2017 - 11:26
Merci pour vos retours !
Grom'
Damned ! J'ai du me relire trop vite avant de poster.Von Essen a écrit:Il me semble avoir vu 1-2 coquilles au début, une relecture devrait suffire pour les repérer
Ah nan, ce sont des chevaliers du royaume... C'est juste que comparés au chevaliers errants qui font le lot habituel du Roi Muet, ils sont vachement mieux sapés. Si j'avais dit que c'étaient là des graaleux, j'aurais mentionné des épées enflammées etc etc... Cela dit, il va peut-être falloir que je change deux-trois trucs pour que ce soit bien clair.Von Essen a écrit:J'aurai juste une petite remarque : on comprend que tous les chevaliers (ou presque) sont des chevaliers du Graal. On comprend également que tous ressentent de la haine vis-à-vis du Roi Muet. Pourquoi pas, mais pour ma part, je ne verrais pas des graaleux éprouver de la haine, mais plutôt une détermination sans faille, une conviction à toute épreuve d'oeuvrer pour le bien.
Re-roi Re-revenant (de Nantes).Nyklaus a écrit:Mais du coup un Roi Revenant qui est tué mais qui revient ça s'appelle comment ? Un Roi Re-revenant ?
C'est ça.Gilgalad a écrit:Cela évite les pirouettes scénaristiques où il s'en sort malgré tout et de manière pas crédible.
T'inquiètes, je gère.Gilgalad a écrit:Pour le fun, s'il a besoin d'un domaine, il peut gérer une partie de la forteresse de Gilgalad et Aryana On recrute pour combattre les peaux-vertes et autres skavens
Grom'
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 22 Aoû 2017 - 20:51
Je me suis généreux aujourd'hui. Et comme cette suite et la prochaine sont courtes, vous y aurez droit avant la fin de la semaine.
« C'est bon, je crois qu'il est mort »
Après le silence qui avait précédé la fin de l'assaut rageur sur le corps du Roi Muet, la voix métallique qui sortait du casque du chevalier retentit clairement dans la plaine.
On entendit le léger grincement d'un deuxième Bretonnien qui soulevait sa visière.
« On a éparpillé ses restes sur toutes la route, rien ne pourrait survivre à ça.
— C'est pas très pratique d'ailleurs, j'aurais bien pris la tête en trophée, mais j'arrive pas à la trouver. »
Les armures des chevaliers cliquetaient alors qu'ils se déplaçaient lentement sur la route.
« À votre place, dit le premier, je prendrais autre chose. Les crânes et tous les trucs du genre, c'est maudit jusqu'à la moelle, avec ou sans l'esprit dedans.
— On pourrait prendre la couronne par exemple, suggéra un autre.
— Attendez ! J'ai trouvé mieux : regardez-moi ça.
— Faites-voir ? »
Les armures s'entrechoquaient alors que les Bretonniens se rassemblaient autour du chevalier.
« Ventredieu !
— Qu'est-ce qu'une telle chose faisait sur un vieux squelette croulant ?
— Volée pour sûr, et pas à n'importe qui... Cette dague doit valoir autant que nos armures réunies ! Je parie que c'est elfique, ça.
— Elle ne serait pas être naine, plutôt ?
— Non, c'est bien trop délicat pour...
— ASSEZ ! »
La voix avait coupé court à la discussion. C'était celle du chevalier au bois de cerf.
« Nous ne sommes pas de vulgaires pillards. Ce poignard fera un parfait souvenir de notre victoire sur ce démon. Point de palabres sur sa nature, gardez-le, Gaston.
— Eh bien, en fait, je comptais le donner à Jehan, il lui revient plus qu'à moi.
— Pour sûr, appuyait un second chevalier, c'est lui qui a souffert de ce diable en premier, et qui l'a poursuivi le plus longtemps, il mérite ça plus que nous tous réuni.
— Non, gardez-le, fit une voix plus jeune. Je veux dire, merci, mais le savoir vaincu me suffit. Donnez-la plutôt au seigneur de Mérineaux, c'est lui qui a perdu le plus d'hommes aujourd'hui : le souvenir de cette victoire et du noble sacrifice de ses vassaux lui revient.
— Un bien noble sentiment, jeune sire d'Avillon, répondit le chevalier aux bois de cerf. Le sire de Mérineaux saura apprécier ce geste.
— Merci, sieur de Valois. »
Il y eut un court moment de silence, avant qu'un chevalier ne le brise à nouveau :
« Bien, que faisons non du reste ?
— Laissons tout cela dans le fossé, ce démon ne mérite pas mieux. Mettons nos morts à reposer sur le côté... Malégac, Héronveaux, Aucourt et Colbert, ils étaient tous de valeureux serviteurs de la Dame. Il nous faudra les ramener à Mérineaux pour leur donner les adieux qu'ils méritent.
— Oui, sieur de Valois.
— Si vous voulez, proposa un autre, De Kernac et moi-même pouvons aller en réquisitionner au village que nous avons passé un peu plus tôt. Nos chevaux sont encore debout et vaillants.
— Oui, faites, répondit Valois, nous vous attendrons avec impatience. »
Les chevaliers acquiescèrent avant de partir au triple galop.
« Et que faisons-nous de son compagnon ?
— Pardon ?
— Eh bien, n'avons-nous pas vu quelqu'un avec le Roi Muet, tout-à-l'heure ? Et si je ne me méprends point, des rumeurs parlaient d'un vieil homme voyageant avec lui.
— Oui, très bonne remarque... » Le chevalier de Valois était perplexe. « J'avoue ne pas être sûr de la marche à suivre. Enfin, j'imagine qu'il fera profil bas pendant un moment, et si jamais nous entendons parler de lui... nous le traquerons. Pour le moment, je pense que nous avons mérité un peu de répit pour nous occuper de nos compagnons.
— Bien, c'est ce que je pensais aussi. Le combat avec ce démon nous a bien malmenés. »
La discussion s'arrêta là. Sans plus de cérémonie, les Bretonniens lancèrent les restes du revenant dans le fossé, souvent en les poussant du pied plutôt que de les prendre dans les mains. Ils terminèrent en alignant soigneusement leurs morts sur le bord de la route, solennels.
Il se passa un moment sans que l'on entende le bruit des sabots qui annonçait le retour de Kernac et son compagnon. Ils étaient accompagnés du grincement des roues de bois d'une lourde charrette, sur laquelle ils disposèrent leurs morts et les caparaçons de leurs destriers.
Montant les chevaux ramenés par leurs compagnons, les Bretonniens prirent leur départ promptement.
* *
« C'est bon, je crois qu'il est mort »
Après le silence qui avait précédé la fin de l'assaut rageur sur le corps du Roi Muet, la voix métallique qui sortait du casque du chevalier retentit clairement dans la plaine.
On entendit le léger grincement d'un deuxième Bretonnien qui soulevait sa visière.
« On a éparpillé ses restes sur toutes la route, rien ne pourrait survivre à ça.
— C'est pas très pratique d'ailleurs, j'aurais bien pris la tête en trophée, mais j'arrive pas à la trouver. »
Les armures des chevaliers cliquetaient alors qu'ils se déplaçaient lentement sur la route.
« À votre place, dit le premier, je prendrais autre chose. Les crânes et tous les trucs du genre, c'est maudit jusqu'à la moelle, avec ou sans l'esprit dedans.
— On pourrait prendre la couronne par exemple, suggéra un autre.
— Attendez ! J'ai trouvé mieux : regardez-moi ça.
— Faites-voir ? »
Les armures s'entrechoquaient alors que les Bretonniens se rassemblaient autour du chevalier.
« Ventredieu !
— Qu'est-ce qu'une telle chose faisait sur un vieux squelette croulant ?
— Volée pour sûr, et pas à n'importe qui... Cette dague doit valoir autant que nos armures réunies ! Je parie que c'est elfique, ça.
— Elle ne serait pas être naine, plutôt ?
— Non, c'est bien trop délicat pour...
— ASSEZ ! »
La voix avait coupé court à la discussion. C'était celle du chevalier au bois de cerf.
« Nous ne sommes pas de vulgaires pillards. Ce poignard fera un parfait souvenir de notre victoire sur ce démon. Point de palabres sur sa nature, gardez-le, Gaston.
— Eh bien, en fait, je comptais le donner à Jehan, il lui revient plus qu'à moi.
— Pour sûr, appuyait un second chevalier, c'est lui qui a souffert de ce diable en premier, et qui l'a poursuivi le plus longtemps, il mérite ça plus que nous tous réuni.
— Non, gardez-le, fit une voix plus jeune. Je veux dire, merci, mais le savoir vaincu me suffit. Donnez-la plutôt au seigneur de Mérineaux, c'est lui qui a perdu le plus d'hommes aujourd'hui : le souvenir de cette victoire et du noble sacrifice de ses vassaux lui revient.
— Un bien noble sentiment, jeune sire d'Avillon, répondit le chevalier aux bois de cerf. Le sire de Mérineaux saura apprécier ce geste.
— Merci, sieur de Valois. »
Il y eut un court moment de silence, avant qu'un chevalier ne le brise à nouveau :
« Bien, que faisons non du reste ?
— Laissons tout cela dans le fossé, ce démon ne mérite pas mieux. Mettons nos morts à reposer sur le côté... Malégac, Héronveaux, Aucourt et Colbert, ils étaient tous de valeureux serviteurs de la Dame. Il nous faudra les ramener à Mérineaux pour leur donner les adieux qu'ils méritent.
— Oui, sieur de Valois.
— Si vous voulez, proposa un autre, De Kernac et moi-même pouvons aller en réquisitionner au village que nous avons passé un peu plus tôt. Nos chevaux sont encore debout et vaillants.
— Oui, faites, répondit Valois, nous vous attendrons avec impatience. »
Les chevaliers acquiescèrent avant de partir au triple galop.
« Et que faisons-nous de son compagnon ?
— Pardon ?
— Eh bien, n'avons-nous pas vu quelqu'un avec le Roi Muet, tout-à-l'heure ? Et si je ne me méprends point, des rumeurs parlaient d'un vieil homme voyageant avec lui.
— Oui, très bonne remarque... » Le chevalier de Valois était perplexe. « J'avoue ne pas être sûr de la marche à suivre. Enfin, j'imagine qu'il fera profil bas pendant un moment, et si jamais nous entendons parler de lui... nous le traquerons. Pour le moment, je pense que nous avons mérité un peu de répit pour nous occuper de nos compagnons.
— Bien, c'est ce que je pensais aussi. Le combat avec ce démon nous a bien malmenés. »
La discussion s'arrêta là. Sans plus de cérémonie, les Bretonniens lancèrent les restes du revenant dans le fossé, souvent en les poussant du pied plutôt que de les prendre dans les mains. Ils terminèrent en alignant soigneusement leurs morts sur le bord de la route, solennels.
Il se passa un moment sans que l'on entende le bruit des sabots qui annonçait le retour de Kernac et son compagnon. Ils étaient accompagnés du grincement des roues de bois d'une lourde charrette, sur laquelle ils disposèrent leurs morts et les caparaçons de leurs destriers.
Montant les chevaux ramenés par leurs compagnons, les Bretonniens prirent leur départ promptement.
* *
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 22 Aoû 2017 - 23:22
Alors là, il y en a qui vont au devant de très graves problèmes avec des elfes-vampires monteurs de dragons Surtout des Princes Dragons Il vaut mieux éviter que des elfes ne repèrent ce truc ou ils pourraient en subir de grosses conséquences. Une arme elfique a tellement de valeur pour les humains que ça ne se trouve pas comme ça. Bref, ils ont intérêt à bien la planquer avant que ça ne remonte aux oreilles des elfes
Sinon, c'est une très bonne suite malgré quelque coquilles, qui seront rapidement réglées après une petit relecture.
Et vivement la suite
Sinon, c'est une très bonne suite malgré quelque coquilles, qui seront rapidement réglées après une petit relecture.
Et vivement la suite
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mer 23 Aoû 2017 - 14:28
Pendant un moment, j'avais cru à une apparition éclair du sire Roland de Boisserands (heaume orné de bois de cerf, toussa...). Cette suite vient de mettre un terme à mes doutes : ce n'est pas lui !
Il n'empêche que cette suite riche en dialogue est bien sympathique, et indique clairement que la scène se vide pour ne laisser que les restes du Roi Muet dans un fossé. Hiéronymus va-t-il réapparaître ?
La suite !
Il n'empêche que cette suite riche en dialogue est bien sympathique, et indique clairement que la scène se vide pour ne laisser que les restes du Roi Muet dans un fossé. Hiéronymus va-t-il réapparaître ?
La suite !
Re: [Récit] Le Roi Muet
Lun 28 Aoû 2017 - 19:35
* *
Le Roi Muet, lui était toujours là. Incapable de bouger, il avait écouté, impuissant, le déroulement de la discussion, son regard tourné vers le ciel sans qu'il puisse le tourner. Séparé de son corps, le crâne du revenant gisait au fond du fossé, seul.
Par une quelconque diablerie, lui qui croyait mourir s'était vu refusé de quitter son corps. Son esprit était resté piégé dans son crâne, alors même que son corps était mis en pièces par les Bretonniens vengeurs. Peut-être, si sa tête avait été fracassée, en eut-il été autrement. Mais, par chance ou par malchance, il n'avait pas été libéré de sa prison corporelle.
Le vieux roi se remit bien vite de sa surprise, et se concentra sur le moment présent. Mais il se trouvait bien impuissant : incapable de sentir le reste de son corps, incapable de bouger, de parler ou d'émettre le moindre son, il lui était impossible de faire quoique ce soit, ne serait-ce que se tourner légèrement pour arrêter de fixer le ciel et les bords du fossé au fond duquel il gisait.
Les heures passaient. À l'aube succéda le soleil de midi, qui enfin commença de se coucher.
Le Roi Muet passait par toutes les émotions. Tantôt lassé, résigné, tantôt paniqué, se retournant dans tous les sens à l'intérieur de sa prison osseuse, cherchant désespérément une échappatoire à sa condition. Son impuissance parfois le désolait, sinon le rendait fou. Il était si privé de liberté, si faible, qu'il ne pouvait pas même s'arrêter de regarder ce maudit ciel vide et immuable.
Parfois, Il se maudissait lui-même pour s’être fait chasser d’une telle manière, et l’instant d’après portait sa colère sur les maudits chevaliers de la fatidique cavalcade. Mais souvent son ire se focalisait sur un seul nom, sur lequel il ne pouvait pas encore mettre de visage : « Mérineaux ».
Le vieux roi réservait une place spéciale dans son esprit pour le seigneur qui avait précipité sa chute, et plus que tout qui lui avait volé sa précieuse dague elfique, seul témoin de sa rencontre avec les êtres fantastiques après le Tournoi du Fort de Sang. Avec sa fidèle plume et son encrier, il n’avait pas de possession plus précieuse, et s’il se laissait parfois aller au désespoir au cours des heures qui filaient, toujours la haine qu’il portait déjà contre cet illustre inconnu le faisait tenir encore et encore vaillamment. Le Roi Muet n’était pourtant pas prompt à la violence et encore moins la vengeance, mais pour le seigneur de Mérineaux, et celui qui était apparu comme son bras droit, le chevalier de Valois, il ferait bien une exception.
Puis vinrent les corbeaux. Probablement attirés par l'odeur du sang et des cadavres de chevaux que les chevaliers n'avaient pas ramenés avec eux, faute de mieux, il ne prêta guère attention aux croassements des charognards qui parvenaient jusqu'au fond de son fossé depuis la route.
Au bout d'un moment, il hésita à les appeler. Il se sentait à court d'idées, et les volatiles seraient bien les seuls êtres vivants qu'il croiserait sur cette route déserte, à moins que quelqu'un ne vienne s'occuper des restes des destriers bretonniens.
Plusieurs corbeaux passèrent au bord du fossé, entrant dans son champ de vision. Mais ils étaient sourds aux cris de son esprit, et ne prêtaient guère attention au vieux crâne dépourvu de chair qui gisait au fond du trou. À les voir, le Roi Muet se doutait que les flammes qui d'ordinaires dansaient au fond de ses orbites s'étaient éteintes en même temps que son corps.
Le crépuscule approcha. Le vieux roi se laissait aller au désespoir. Il avait tout essayé, et rien n'y faisait. Il était toujours, seul, impuissant et abandonné de tous.
Juste au moment où il formulait cette pensée, une ombre s'avançait sur la route, se dirigea lentement vers le fossé et bientôt, la vision du revenant s'obscurcit, le tirant de ses pensées noires. Dans un ricanement, une voix grinçante résonna dans le fossé.
« Alors, on est bien mal en point ? »
* *
Hop ! La fin de la semaine est passée, mais tant pis. J'aurais du dire 7 jours ouvrés.
Pour la peine je voulais mettre deux suites pour le prix d'une, mais non, vous n'aurez que cette courte page pour le moment... La fin de la semaine pour la suite.
En attendant, n'hésitez pas à laisser vos avis !
Grom'
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La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
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Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Lun 28 Aoû 2017 - 19:44
Aaaah, il n'était donc pas re-mort On est trop fort
Sinon, bah vivement la fin de la semaine du coup
Sinon, bah vivement la fin de la semaine du coup
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mer 30 Aoû 2017 - 22:06
Que dire ? Si ses adversaires avaient été des chevaliers du Graal, je pense que son âme aurait été expulsée de son corps cadavérique dès le premier coup. Mais comme cela n'a pas été le cas...
La suite !
- Spoiler:
- Tel Chewbacca dans L'Empire contre-attaque, Hiéronymus va réassembler notre C3PO mort-vivant déglingué.
La suite !
Re: [Récit] Le Roi Muet
Jeu 31 Aoû 2017 - 0:53
Le Roi Muet ne mourra pas aujourd'hui.Von Essen a écrit:Si ses adversaires avaient été des chevaliers du Graal, je pense que son âme aurait été expulsée de son corps cadavérique dès le premier coup. Mais comme cela n'a pas été le cas...
- Spoiler:
Tel Chewbacca dans L'Empire contre-attaque, Hiéronymus va réassembler notre C3PO mort-vivant déglingué.
- Spoiler:
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 14 Oct 2017 - 15:39
* *
Hiéronymus ?
« Eh oui, c'est moi ! » Le sorcier ricanait de plus belle, souriant de toutes ses dents jaunies.
Mais qu'est-ce que vous faites là ?
« Eh bien, je ne pouvais pas vous laisser là, voyons ! Après toute cette démonstration de bravoure, personne ne pourrait vous laisser terminer comme ça ! »
Mais...
« Et puis, hein, vous avez eu votre part d'actions charitables aujourd'hui : laisser s'échapper votre fidèle serviteur, votre monture... Laissez-en aux autres enfin ! »
Le sorcier scrutait le fossé, et se déplaçait pour mieux voir. Cependant, rien ne semblait pouvoir l'arrêter de parler.
Mais...
« Écoutez, j'ai décidé de vous sauver à mon tour, un point c'est tout. Maintenant, laissez-moi faire mon travail. »
Pris de court par le ton du sorcier, le revenant se tut immédiatement.
« Remerciez la providence qu'ils aient pris une route déserte pour vous affronter, imaginez la peine de vous ramener si tout s'était déroulé sur la grand'route du commerce en plein été… »
Se taisant, le nécromant inspira profondément, tendit ses bras au-dessus du fossé, plia et déplia ses doigts. Son expression était de marbre
Il resta ainsi un moment, immobile, ses narines se dilatant au rythme de sa respiration. Le Roi Muet n'osait parler tant sa concentration était intense ; immobile au fond du trou, il observait.
Puis le sorcier commença à entonner son incantation.
C'était une langue sombre, qui résonnait dans les coins de l'esprit du revenant même s'il ne la comprenait pas. Ses accents sifflants parlaient aux parts d'ombre de son âme et semblaient réveiller en celle-ci des pulsions primales, de violence et de peur. C'était de ses chants rituels qui lorsqu'on les écoute, semblent étouffer les sons tout autour, jusqu'à ce que l'on ne puisse entendre qu'eux, déformant l'ouïe mais aussi la vision… Il semblait au Roi Muet que l'espace autour du nécromant se dilatait comme si le monde s'étirait pour se rapprocher de lui.
Puis, tout redevint normal : les croassements des corbeaux reprirent de plus belle et le vent se mit à souffler à nouveau dans les champs. Seule une chose avait changé, preuve que le monde des morts venait d'entrer dans celui des vivants : comme si un feu invisible s'était allumé sous lui, le nécromant était éclairé d'une lumière à la teinte verdâtre qui illuminait le dessous de son chapeau, soulignant ses orbites creusées et la peau parcheminée de son visage.
Hiéronymus lui-même était resté impassible, son expression inchangée. On lisait néanmoins dans ses yeux une certaine lueur de soulagement : la première étape du rituel était achevée.
Les incantations reprirent de plus belle. Les yeux fermés, le nécromant murmurait ses paroles, le visage empreint de concentration, les mains tendues au-dessus du fossé.
Soudain, des langues de fumées verdâtres commencèrent à s'échapper de la pointe de ses doigts et, lentement, au rythme de son incantation, descendirent jusqu'au sol, où elles se divisèrent en d'innombrables serpents éthérés qui zigzaguèrent de terre et disparurent à la vue limitée du Roi Muet au fond de son fossé.
Il se passa ainsi un petit moment, sans que rien ne se bouge aux yeux du revenant, le nécromant murmurant toujours son chant tandis que les langues de fumées continuaient de se déverser du bout de ses doigts tendus.
Puis, le Roi Muet se sentit trembler : quelque chose soulevait son crâne. Son champ de vision se troubla momentanément, surpris par les brusques mouvements qui lui étaient imposés : le crâne roula au fond du fossé, donnant finalement au roi revenant une vue d'ensemble de la scène.
Telle une main décharnée aux mille doigts, les langues de fumées s'étendaient dans le fossé et tous les environs, et s'enroulaient autour des restes du squelette qu'elles tentaient ensuite de ramener sous les mains tendues du nécromant : là, une moitié de tibia cahotait en descendant la pente du fossé. En face, un trait de fumée trainait le vieux plastron éventré du revenant, qui avançait péniblement sur le sol inégal, et se faisait doubler par d’autres serpents éthérés trainant des pièces d’armures plus légères. Comme un millier de fourmis travailleuses les langues de brumes rassemblaient lentement mais méticuleusement tous les restes du Roi Muet.
Mais le rituel ne faisait pas que réunir ce qui formait jadis le squelette et son armure : du coin de l'œil, le revenant aperçu deux morceaux d'un os se réunir, s'emboiter et se souder mystérieusement, ne laissant aucune trace de la fracture fatale. Partout, sur la route, dans le fossé et dans le champ, les pièces d'armure cabossées et déchirées qui se déplaçaient péniblement gémissaient en se gondolant, reprenant leur forme initiale. Le tout formait un ballet hypnotique dont le centre se trouvait sous les doigts tendus du nécromant. Là, petit à petit, armures et os s'emboitaient les uns dans les autres, pour reconstituer ce qui pour l'instant n'était qu'une carcasse aux allures de roi revenant, mais qui se rapprochait lentement du corps allongé du Roi Muet.
Le vieux roi eut le temps de contempler encore quelques temps le rituel, jusqu'à ce que la majeure partie de son corps soit assemblée. Puis il sentit que l'on poussait son crâne vers ses restes, et sa vision se brouilla lorsque ce dernier se mit à rouler sur lui-même. Dans un claquement sec, il s'emboita sur ses vertèbres, presque immédiatement, son camail de cuir lui glissa sur la tête, bientôt rejoint par l'étau familier de sa couronne métallique.
Et là, soudainement, il n'était plus qu'un esprit enfermé dans un crâne : il était de nouveau maître de lui-même, de la tête aux pieds. C'était une sensation... indescriptible, un soulagement sans limite : il n'avait passé que quelques heures avec sa tête seule, mais l'expérience l'avait marqué, et il se sentait seulement maintenant complet à nouveau, enfin maître de lui-même, et surtout libre de ses mouvements.
Alors qui reprenait lentement conscience du retour de son corps, Hiéronymus au-dessus de lui, arrêta enfin sa litanie, et baissa les bras avec un soulagement non feint. Sur son front perlait un peu de sueur, et sa respiration était hachée : visiblement, le rituel lui avait beaucoup demandé. Cela dit, il s'octroya un petit sourire satisfait.
« Eh bien, dit-il entre deux inspirations, vous réanimer n'est pas de tout repos, dites. Faites plus attention la prochaine fois que vous affronterez une douzaine de chevaliers enragés. »
Le roi revenant se montra circonspect face à la touche d'humour du sorcier. S'il en avait encore, ses sourcils se seraient haussés. Mais il ne la reprocha plus que cela et, en guise de réponse, il se releva lentement. Lorsqu'il leva la tête, il put voir la main tendue du sorcier, depuis le haut du fossé.
« Allez, montez, j'ai là un vieil ami qui veut vous voir. »
Le Roi Muet eut un moment d'hésitation, puis saisit fermement la main de Hiéronymus qui l'aida à s'extirper du profond fossé. Sur la route, à côté du cheval bien vivant du nécromant, se tenait son fidèle destrier squelette, qui piaffa doucement de sa voix spectrale en reconnaissant son maître.
Toi, mais... comment ? Le vieux roi l'avait vu s'enfuir au galop sur le chemin, et ne cacha pas sa surprise en le voyant devant lui.
« Il m'a fallu un moment pour le trouver. » Le sorcier pointa le cheval du bout de son chapeau. « Il s'était arrêté au premier bosquet et s'y était dissimulé en attendant que les choses se calment. Quand il m'a reconnu, il m'a suivi... C'est un cheval très intelligent que vous avez là, j'aimerais bien savoir où vous l'avez dégotté. »
Le Roi Muet se souvint de la fuite après la bataille finale du Fort de Sang.
Ce n'est pas la première fois qu'il me surprend... Il m'avait retrouvé par lui-même après l'assaut des Bretonniens, au Fort de Sang. Comme s'il entendait ses paroles, le destrier s'avança, et le roi revenant passa distraitement la main sur ce qui lui restait de son museau. Décidément, te voilà plein de surprises.
Derrière lui, Hiéronymus eut un petit rire. « Il faut croire que vous savez vous entourer des bonnes personnes. »
En effet... Il se retourna pour faire face au sorcier. Tu es revenu, je suis... surpris.
Le nécromant passa une main sous son chapeau, comme embarrassé. Le revenant ne sut le dire quelle était l’émotion qui transparaissait sur son visage.
« Disons que c'est une vie pour une vie : vous m'avez donné l'occasion de fuir, je vous ai remis sur pied. »
Le revenant n'insista pas : sa curiosité se porta sur la fin de la réponse du sorcier.
Et quelle remise sur pied ! Il fit jouer ses épaules, comme pour attester de la qualité. Comment as-tu fait cela ?
Le nécromant haussa les épaules, comme si le travail n'avait été qu'une bagatelle.
« Rien de bien compliqué, j me suis juste immiscé parmi les sorts qui, hum, disons, qui vous constituent et vous maintiennent en un seul bloc... Un petit coup de pouce, de l'énergie, et tout ce beau monde se remet en place ! »
Le roi revenant, qui s'apprêtait à s'emparer des rênes de son destrier s'arrêta dans son geste, et le sorcier sentit sa suspicion plus qu'il ne la lut dans son regard.
Et cela veut dire... que vous avez pris contrôle de moi ?
Hiéronymus ne put s'empêcher un sourire presque condescendant face à l’ignorance du revenant quant aux arcanes magiques.
« Pas d'inquiétude : je n'ai fait que donner un petit coup de pouce aux enchantements qui vous entourent, rien de plus. Il est facile de de raviver un feu en y rajoutant un peu de bois mort, que de l'éteindre pour le rallumer par soi-même... Je n'ai pas remplacé vos anciens sorts pas les miens, cela m'aurait coûté bien trop d'efforts ; vous restez votre propre maître. »
Le Roi Muet laissa pointer son soulagement, ses épaules redescendant quelque peu. Cependant, il ne bougea pas tout de suite.
Je vois. Une dernière question... Qu'en est-il de l'armure ?
« Pardon ? Oh, vous voulez dire, comment j'ai fait pour la contrôler comme le reste ? C'est simple : la complexité d'un roi revenant vient des efforts qui ont été fournis pour sa, disons... restitution. Le rituel forme en fait un complexe réseau de sorts qui, principalement, maintiennent en places les bons os aux bons endroits – c'est eux que j'ai sollicités pour vous remettre sur pied. Mais en plus de ces sorts, il y a quelques enchantements supplémentaires qui font en sorte que les armures tiennent correctement en place. Question d’intimidation, voyez. Ces sorts ne marchent qu'à moitié – après tout ce n'est pas vraiment de la nécromancie – mais elles aident à conserver l'aura du revenant. Et accessoirement à s'assurer qu'il ne perde pas ses pièces d'armures au milieu des combats. »
Hiéronymus pointa du doigt les canons d'avant-bras du Roi Muet.
« Vous ne vous êtes jamais demandé comment les revenants faisaient pour garder leurs armures en place ? Tenez, prenez ça par exemple : la seule chose qui les empêche de tomber de vos bras, ce sont ces fameux sorts. Et donc, la remise en forme, eh bien c'est un peu de la même manière que pour vos os cassés. J'ai un peu altéré les sorts qui les maintiennent en place, de façon à ce que tout ce beau monde se gondole de sorte à leur redonner leur forme initiale. »
Le sorcier s'arrêta un moment pour faire la moue.
« Bon, je n'ai pas pu faire grand-chose à part réparer les bosses, ce sont les os et pas les armures que je sais ressouder. »
Mais le Roi Muet ne semblait pas s'attarder sur ce détail. Au contraire, il faisait jouer son armure réparée avec un entrain non feint : non seulement elle avait été réparée des affres du combat précédent, mais la plupart des débats qu’elle avait subis pendant ses errances passées avaient également disparus.
Hiéronymus n'avait pas besoin de se concentrer pour voir que le revenant était satisfait : sa vieille carcasse émanait la satisfaction par tous les pores. Et un peu de soulagement, aussi. Apparemment, le Roi Muet était bien content d'être sorti de sa précédente condition plutôt... limitée.
Allons, en selle. Nous allons couper à travers ces champs pour mettre cette maudite route derrière nous. Je ne me ferai pas traquer à nouveau.
Et, d'un mouvement fluide, le Roi Muet mit un pied dans ses étriers et monta en selle. Avec un peu plus de difficulté, Hiéronymus monta à son tour sur son cheval, et suivit le Roi Muet. Ils parcoururent un moment la route avant de trouver un endroit où le fossé se faisait plus facilement franchissable, et passèrent sur les champs d'où ils disparurent au regard des derniers corbeaux qui s'amassaient autour des derniers restes du combat entre le revenant et la traque des chevaliers.
* *
Ahem. La rentrée est passée par là. Dans l'idéal, je mettrais moins de temps pour la prochaine.Gromdal a écrit:La fin de la semaine pour la suite.
En attendant n'hésitez pas à commenter, ça fait toujours plaisir.
Grom'
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 14 Oct 2017 - 16:04
Cette partie est assez sympa à lire puisque l'on voit enfin le rituel permettant à notre Roi Muet préféré de revenir entier. Bref, c'est très bien décrit et j'ai pu visualiser la reconstitution du corps
Sinon, j'espère que l'on aura la suite la semaine prochaine
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- EssenSeigneur vampire
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Lun 16 Oct 2017 - 10:46
Il s'agit d'une des plus belles descriptions de nécromancie qu'il m'a été donné de voir
Maintenant que la route reprend, où va-t-elle mener nos (anti-)héros ?
La suite
Maintenant que la route reprend, où va-t-elle mener nos (anti-)héros ?
La suite
Re: [Récit] Le Roi Muet
Jeu 19 Oct 2017 - 22:26
Mais, qu'est-ce donc ? Je suis... à l'heure ?
Ils s'arrêtèrent bien après la tombée de la nuit, dans une clairière bordée d'arbres aux larges troncs, bien éloignés de toutes les grandes routes des environs. L'on disait que les bois étaient peuplés de créatures monstrueuses qui ne sortaient qu'après le coucher du soleil, mais elles devaient sentir que les deux individus apparemment humains étaient tout aussi, voire plus, dangereuses qu'elles, car ils ne furent pas dérangés.
À l'abri des regards indiscrets, ils s'étaient octroyés d'allumer un petit feu, Hiéronymus se plaignant de ses vieux os en ces nuits froides et humides. D'ailleurs, s'il ne le disait pas, le Roi Muet n'était pas lui non plus insensible aux affres du temps, et ne refusait pas la douce chaleur d'un bon feu lorsque l'occasion s'y prêtait.
Cette nuit-là, ils étaient assis l'un en face de l'autre de part et d'autre du petit foyer. L'un comme l'autre avait le regard perdu dans les flammes, plongés dans leurs pensées : pour sa part, le Roi Muet revivait sa folle journée, toujours étonné du retour du vieux sorcier et de ses prouesses magiques.
Ce fut ce dernier qui brisa le silence en premier, l'expression sérieuse.
« Dites, je peux vous parler un moment ? »
Le Roi Muet le considéra un moment en silence, la tête légèrement penchée sur le côté.
Oui.
Hiéronymus se serrait les mains l'une dans l'autre avec une certaine nervosité.
« Bon... Je ne vous ai pas parlé de mon maître pendant ces dernières semaines, non ? »
Oui, confirma le revenant.
« Eh bien, après ce que vous avez fait aujourd'hui... Disons que je vous le dois bien. Et, je dois dire, vous n'êtes pas ce dont vous avez l'air. »
Le Roi Muet pencha à nouveau la tête sur le côté. Un monstre ?
« Un type bien. Enfin, je veux dire : vous êtes un type bien. Et je pense savoir quelque chose qui pourrait vous intéresser. »
Le vieux roi ne répondit pas : il attendait que le sorcier continue.
« Avant que vous me trouviez – bien avant, même – j'avais un maître. Un vampire. Rien à voir avec vous. Pour le coup, il était exactement ce dont il avait l'air : un vrai salaud. Entre autres, c'est à cause de lui que je suis devenu nécromant, et pas de mon plein gré. Enfin bref, toujours est-il qu'il est mort il y a quelques années... et pas n'importe où d'ailleurs : il est mort au Tournoi du Fort de Sang. »
Le Roi Muet se redressa légèrement, interloqué.
Vraiment ? Qui était-il donc ?
« Malkir, de Moussillon. Une belle plante à l'extérieur, mais complètement rongé de l'intérieur. »
Je ne me rappelle pas avoir croisé un sieur de Moussillon pendant les joutes.
« C'est normal. À ce que j'ai entendu, il s'est fait tuer en allant s'y inscrire. Je n'ai pas eu droit aux détails, mais apparemment, c'était pour une broutille... En tout cas, il ne m'a pas manqué. »
Et comment avez-vous quitté les lieux du tournoi ?
« Oh, je me suis fait discret avant de m'éclipser doucement avant que ça pète. Et d'après ce que vous m'avez raconté, dieux que ça a pété. »
Le Roi Muet ne bougea pas, mais le nécromant lut l'amusement dans ses pensées.
Et après ?
Le nécromant écarta la question d'un revers de main.
« Rien de bien mirobolant, j'ai fait profil bas quand tous les chevaliers qui avaient survécu au Fort de Sang ont envahi le pays, à la recherche des derniers survivants de la non-vie comme vous. Comme ça chauffait un peu, je suis passé dans l'Empire pendant un an, avant de revenir pour me faire une peau neuve. J'étais en train de chercher des squelettes de, disons, qualité, quand j'ai senti votre trace, et vous connaissez la suite. »
Le revenant ne réagit pas tout de suite : c'était la première fois que le vieux sorcier lui parlait de sa vie d'avant leur rencontre. Mais, alors qu'il allait prendre la parole, le nécromant repartit de plus belle.
« Mais je m'égare, ce n'est pas de ça dont je voulais parler... Ce que je voulais dire, c'est que, avant de mourir, ce cher Malkir de Montrémy avait un fief. Un petit château croulant et abandonné de tous, tout au bord de Moussillon, mais un fief tout de même. Et qui plus est, avec la mort de son seigneur, il est libre. » Hiéronymus leva la main comme pour nuancer son propos. « Enfin, le fief était libre aux dernières nouvelles. Vu le trou perdu que c'est, il devrait l'être encore, mais on ne peut être sûr de rien en Moussillon. »
Il frappa ses mains contre ses cuisses, se redressant après son monologue.
« Voilà, j'ai fait ce que je voulais faire. Vous m'aviez dit que vous cherchiez un fief, et je me suis dit qu'avec ce que vous aviez fait aujourd'hui, il était temps que je vous mette au courant. Ce lopin de terre n'est certes pas bien reluisant, mais il est à vous, si toutefois vous en voulez. »
Il y eut un moment de silence alors que l'un et l'autre se regardaient à travers les flammes, sans rien dire. Puis le Roi Muet se pencha doucement en avant.
Je suis un roi, mais un roi sans terre n'est jamais un vrai roi, je prendrai ce « lopin de terre », comme tu dis, avec grand plaisir.
Comme pour appuyer ses propos, il se redressa et inclina la tête à l'encontre du roi revenant.
Je te remercie pour avoir partagé cela avec moi.
Hiéronymus leva sa main en réponse, secouant sa tête.
« Ne me remerciez pas... ou plutôt pas tout de suite. Je ne sais pas ce que vous connaissez sur Moussillon, mais pour la plus grande part il reste un duché de la Bretonnie. Vous n'êtes pas à la tête de ce fief pour l'instant, et la tâche n'en sera pas moins ardue... Il vous faudra quelques préparations pour y arriver... et tout au moins de quoi dissimuler votre nature. Mais ne vous en faites pas, je connais le coin, et c'est déjà un bon avantage ; nous aurons tout le temps d'y réfléchir en route. »
De nouveau, le Roi Muet inclina la tête. Il ne dit rien, mais le vieux sorcier sentait son approbation, et il n'avait pas besoin de plus. D'une certaine manière, il était le seul qui pouvait, au-delà de ce crâne à l'expression éternellement figée, deviner les véritables émotions du revenant comme s'il voyait son vrai visage.
Repose-toi sorcier, lui disait ce visage. Nous aurons une longue route à parcourir demain matin.
« Vous savez que j'ai moins besoin de sommeil que le commun des mortels, n'est-ce pas ? »
Ce n'est pas une raison pour ne pas profiter de notre répit temporaire. Je vais me... reposer moi-même.
Hiéronymus haussa un sourcil.
« Vous reposer ? Vous pouvez dormir, vous ? »
Le Roi Muet leva une main en réponse.
Pas vraiment, je médite, plutôt.
« Je comprends mieux. Difficile de dormir quand le sommeil n'a plus de sens pour votre corps, non ? »
Le revenant hocha simplement la tête. La discussion touchant à sa fin, le sorcier se leva et alla chercher une vieille couverture enroulée derrière la selle de son cheval, puis alla s'adosser à un arbre, s'emmitouflant dans le rude tissu.
« Bon, eh bien, bonne méditation, alors. »
Le Roi Muet s'était lui aussi adossé à un arbre proche, le dos bien droit. En guise de réponse, le sorcier eut droit à un mouvement de tête presque imperceptible.
En cette nuit encore hivernale, il n'y avait d'autre bruit que le faible crépitement des dernières flammes du feu qui lui aussi, commençait à s'endormir. Il sembla au sorcier que les flammes illuminaient les orbites du revenant diminuaient elles aussi en intensité. À part cela, il était parfaitement immobile. Amusé, le vieux sorcier fixait le Roi Muet, s'attendant à le voir se mouvoir d'un moment à un autre pour une quelconque raison.
Mais lorsque ses yeux se fermèrent enfin, lourds de sommeil, le revenant n'avait toujours pas bougé.
On en apprend plus sur Hiéronymus, et c'est important.
Grom'
*** ***
Ils s'arrêtèrent bien après la tombée de la nuit, dans une clairière bordée d'arbres aux larges troncs, bien éloignés de toutes les grandes routes des environs. L'on disait que les bois étaient peuplés de créatures monstrueuses qui ne sortaient qu'après le coucher du soleil, mais elles devaient sentir que les deux individus apparemment humains étaient tout aussi, voire plus, dangereuses qu'elles, car ils ne furent pas dérangés.
À l'abri des regards indiscrets, ils s'étaient octroyés d'allumer un petit feu, Hiéronymus se plaignant de ses vieux os en ces nuits froides et humides. D'ailleurs, s'il ne le disait pas, le Roi Muet n'était pas lui non plus insensible aux affres du temps, et ne refusait pas la douce chaleur d'un bon feu lorsque l'occasion s'y prêtait.
Cette nuit-là, ils étaient assis l'un en face de l'autre de part et d'autre du petit foyer. L'un comme l'autre avait le regard perdu dans les flammes, plongés dans leurs pensées : pour sa part, le Roi Muet revivait sa folle journée, toujours étonné du retour du vieux sorcier et de ses prouesses magiques.
Ce fut ce dernier qui brisa le silence en premier, l'expression sérieuse.
« Dites, je peux vous parler un moment ? »
Le Roi Muet le considéra un moment en silence, la tête légèrement penchée sur le côté.
Oui.
Hiéronymus se serrait les mains l'une dans l'autre avec une certaine nervosité.
« Bon... Je ne vous ai pas parlé de mon maître pendant ces dernières semaines, non ? »
Oui, confirma le revenant.
« Eh bien, après ce que vous avez fait aujourd'hui... Disons que je vous le dois bien. Et, je dois dire, vous n'êtes pas ce dont vous avez l'air. »
Le Roi Muet pencha à nouveau la tête sur le côté. Un monstre ?
« Un type bien. Enfin, je veux dire : vous êtes un type bien. Et je pense savoir quelque chose qui pourrait vous intéresser. »
Le vieux roi ne répondit pas : il attendait que le sorcier continue.
« Avant que vous me trouviez – bien avant, même – j'avais un maître. Un vampire. Rien à voir avec vous. Pour le coup, il était exactement ce dont il avait l'air : un vrai salaud. Entre autres, c'est à cause de lui que je suis devenu nécromant, et pas de mon plein gré. Enfin bref, toujours est-il qu'il est mort il y a quelques années... et pas n'importe où d'ailleurs : il est mort au Tournoi du Fort de Sang. »
Le Roi Muet se redressa légèrement, interloqué.
Vraiment ? Qui était-il donc ?
« Malkir, de Moussillon. Une belle plante à l'extérieur, mais complètement rongé de l'intérieur. »
Je ne me rappelle pas avoir croisé un sieur de Moussillon pendant les joutes.
« C'est normal. À ce que j'ai entendu, il s'est fait tuer en allant s'y inscrire. Je n'ai pas eu droit aux détails, mais apparemment, c'était pour une broutille... En tout cas, il ne m'a pas manqué. »
Et comment avez-vous quitté les lieux du tournoi ?
« Oh, je me suis fait discret avant de m'éclipser doucement avant que ça pète. Et d'après ce que vous m'avez raconté, dieux que ça a pété. »
Le Roi Muet ne bougea pas, mais le nécromant lut l'amusement dans ses pensées.
Et après ?
Le nécromant écarta la question d'un revers de main.
« Rien de bien mirobolant, j'ai fait profil bas quand tous les chevaliers qui avaient survécu au Fort de Sang ont envahi le pays, à la recherche des derniers survivants de la non-vie comme vous. Comme ça chauffait un peu, je suis passé dans l'Empire pendant un an, avant de revenir pour me faire une peau neuve. J'étais en train de chercher des squelettes de, disons, qualité, quand j'ai senti votre trace, et vous connaissez la suite. »
Le revenant ne réagit pas tout de suite : c'était la première fois que le vieux sorcier lui parlait de sa vie d'avant leur rencontre. Mais, alors qu'il allait prendre la parole, le nécromant repartit de plus belle.
« Mais je m'égare, ce n'est pas de ça dont je voulais parler... Ce que je voulais dire, c'est que, avant de mourir, ce cher Malkir de Montrémy avait un fief. Un petit château croulant et abandonné de tous, tout au bord de Moussillon, mais un fief tout de même. Et qui plus est, avec la mort de son seigneur, il est libre. » Hiéronymus leva la main comme pour nuancer son propos. « Enfin, le fief était libre aux dernières nouvelles. Vu le trou perdu que c'est, il devrait l'être encore, mais on ne peut être sûr de rien en Moussillon. »
Il frappa ses mains contre ses cuisses, se redressant après son monologue.
« Voilà, j'ai fait ce que je voulais faire. Vous m'aviez dit que vous cherchiez un fief, et je me suis dit qu'avec ce que vous aviez fait aujourd'hui, il était temps que je vous mette au courant. Ce lopin de terre n'est certes pas bien reluisant, mais il est à vous, si toutefois vous en voulez. »
Il y eut un moment de silence alors que l'un et l'autre se regardaient à travers les flammes, sans rien dire. Puis le Roi Muet se pencha doucement en avant.
Je suis un roi, mais un roi sans terre n'est jamais un vrai roi, je prendrai ce « lopin de terre », comme tu dis, avec grand plaisir.
Comme pour appuyer ses propos, il se redressa et inclina la tête à l'encontre du roi revenant.
Je te remercie pour avoir partagé cela avec moi.
Hiéronymus leva sa main en réponse, secouant sa tête.
« Ne me remerciez pas... ou plutôt pas tout de suite. Je ne sais pas ce que vous connaissez sur Moussillon, mais pour la plus grande part il reste un duché de la Bretonnie. Vous n'êtes pas à la tête de ce fief pour l'instant, et la tâche n'en sera pas moins ardue... Il vous faudra quelques préparations pour y arriver... et tout au moins de quoi dissimuler votre nature. Mais ne vous en faites pas, je connais le coin, et c'est déjà un bon avantage ; nous aurons tout le temps d'y réfléchir en route. »
De nouveau, le Roi Muet inclina la tête. Il ne dit rien, mais le vieux sorcier sentait son approbation, et il n'avait pas besoin de plus. D'une certaine manière, il était le seul qui pouvait, au-delà de ce crâne à l'expression éternellement figée, deviner les véritables émotions du revenant comme s'il voyait son vrai visage.
Repose-toi sorcier, lui disait ce visage. Nous aurons une longue route à parcourir demain matin.
« Vous savez que j'ai moins besoin de sommeil que le commun des mortels, n'est-ce pas ? »
Ce n'est pas une raison pour ne pas profiter de notre répit temporaire. Je vais me... reposer moi-même.
Hiéronymus haussa un sourcil.
« Vous reposer ? Vous pouvez dormir, vous ? »
Le Roi Muet leva une main en réponse.
Pas vraiment, je médite, plutôt.
« Je comprends mieux. Difficile de dormir quand le sommeil n'a plus de sens pour votre corps, non ? »
Le revenant hocha simplement la tête. La discussion touchant à sa fin, le sorcier se leva et alla chercher une vieille couverture enroulée derrière la selle de son cheval, puis alla s'adosser à un arbre, s'emmitouflant dans le rude tissu.
« Bon, eh bien, bonne méditation, alors. »
Le Roi Muet s'était lui aussi adossé à un arbre proche, le dos bien droit. En guise de réponse, le sorcier eut droit à un mouvement de tête presque imperceptible.
En cette nuit encore hivernale, il n'y avait d'autre bruit que le faible crépitement des dernières flammes du feu qui lui aussi, commençait à s'endormir. Il sembla au sorcier que les flammes illuminaient les orbites du revenant diminuaient elles aussi en intensité. À part cela, il était parfaitement immobile. Amusé, le vieux sorcier fixait le Roi Muet, s'attendant à le voir se mouvoir d'un moment à un autre pour une quelconque raison.
Mais lorsque ses yeux se fermèrent enfin, lourds de sommeil, le revenant n'avait toujours pas bougé.
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On en apprend plus sur Hiéronymus, et c'est important.
Grom'
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Jeu 19 Oct 2017 - 23:28
Hmmm, c'est ici une discussion assez simple mais très importante Je sens que l'histoire prend une nouvelle direction maintenant. Mais du coup, quid de la dague elfique ? Va-t-il tenter tout de même de la récupérer ?
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
Re: [Récit] Le Roi Muet
Jeu 19 Oct 2017 - 23:47
La dague et le fief sont tous deux sur la liste (petite, mais qui ne demande qu'à grandir...) des grands plans du Roi Muet. Donc oui, il ne se sentira pleinement satisfait qu'avec sa dague a ses côtés. C'est juste que la récupérer va être compliqué.Gilgalad a écrit:Mais du coup, quid de la dague elfique ? Va-t-il tenter tout de même de la récupérer ?
Grom'
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Jeu 19 Oct 2017 - 23:51
Il vaut qu'il la récupère lui-même, en effet. Parce que si jamais un haut elfe la découvre sur le bretonnien, ça risque de déclencher une guerre puisqu'il présumera qu'il l'a prise sur le cadavre d'un elfe. Pire encore, si c'est Gilgalad ou Aryana qui la découvre. Là, ce serait un carnage Mais pour cela, encore faut-il qu'ils daignent s'intéresser à une contrée ne regorgeant pas de créatures réellement féroces. Il n'y a pas de dragons, peu de géants ou autres là-bas. Au moins il y a des trucs plus intéressants dans l'Empire
Plus sérieusement, ce sera intéressant à lire. Sinon, il se fait une liste comme Arya Stark ?
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 20 Oct 2017 - 0:07
Je doute que des elfes veulent passer dans ce coin paumé de la Bretonnie, et encore moins daigner rendre visite au seigneur humain du coin pour le voir exhiber ladite dague...
Grom'
Il a une assez bonne mémoire pour ne pas avoir besoin de se la répéter tout les soirs.Gilgalad a écrit:Plus sérieusement, ce sera intéressant à lire. Sinon, il se fait une liste comme Arya Stark ?
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