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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 2 Sep 2016 - 13:16
Merci à tous pour vos retours !
Honnêtement, je ne pense pas que le comportement du Roi Muet change beaucoup. Il sera simplement moins étonné de la réaction des gens, et plus résigné lorsqu'il devra les affronter.
Je trouverai également sympathique de retrouver le bambin adulte (pas dans 50 ans par contre, parce qu'il serait probablement mort depuis longtemps), mais c'est quasiment impossible au vu du déroulement du passage... Il faut y réfléchir.
Grom'
PS : J'ai rajouté un petit avertissement pour les futurs lecteurs ne connaissant par le tournoi du Fort de Sang avant le passage avec Gilgalad, pour les rediriger vers le tournoi.
Effectivement, le mot s'est perdu lors du copier-coller, merci de l'avoir précisé.Gilgalad a écrit:Je crois qu'il manque un mot ici Qui doit peut-être être "l'intérieur" au vu du contexteGromdal a écrit:
Il n’eut pas à attendre longtemps : laissé seul dans le froid naissant de la nuit, le nourrisson se réveilla, et bientôt ses pleurs s’élevèrent depuis l’autre côté de la route, et la fermière ne tarda pas à apparaître à la porte. Il y eut un moment de battement alors qu’elle appelait son mari, puis tous trois disparurent à
Honnêtement, je ne pense pas que le comportement du Roi Muet change beaucoup. Il sera simplement moins étonné de la réaction des gens, et plus résigné lorsqu'il devra les affronter.
Je trouverai également sympathique de retrouver le bambin adulte (pas dans 50 ans par contre, parce qu'il serait probablement mort depuis longtemps), mais c'est quasiment impossible au vu du déroulement du passage... Il faut y réfléchir.
Je n'ai jamais dit qu'il l'avait quittée.Hjalmar Oksilden a écrit:NB: Je ne savais pas qu'on était en Bretonnie en fait, c'est voyant "Par la Dame" que j'ai compris ^^'
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PS : J'ai rajouté un petit avertissement pour les futurs lecteurs ne connaissant par le tournoi du Fort de Sang avant le passage avec Gilgalad, pour les rediriger vers le tournoi.
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 2 Sep 2016 - 13:30
Disons que c'est déjà beaucoup vu de là où il vient.Gromdal a écrit:Honnêtement, je ne pense pas que le comportement du Roi Muet change beaucoup. Il sera simplement moins étonné de la réaction des gens, et plus résigné lorsqu'il devra les affronter.
C'est sûr qu'arriver à 50 ans en habitant dans la forêt et en étant un paysan bretonnien, c'est compliqué. Peut-être avant alors. Il faudrait voir les pérégrinations possibles du Roi Muet.Gromdal a écrit:Je trouverai également sympathique de retrouver le bambin adulte (pas dans 50 ans par contre, parce qu'il serait probablement mort depuis longtemps), mais c'est quasiment impossible au vu du déroulement du passage... Il faut y réfléchir.
Excellente suggestion. Ça aide à comprendre le passage je pense. Après il est vrai que le passage avait été conçu à l'origine pour aussi servir d'épilogue pour le Tournoi pour nos personnages. C'est pour cela que ça peut faire étrange de le trouver au milieu ici.Gromdal a écrit:PS : J'ai rajouté un petit avertissement pour les futurs lecteurs ne connaissant par le tournoi du Fort de Sang avant le passage avec Gilgalad, pour les rediriger vers le tournoi.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 2 Sep 2016 - 17:03
Encore un joli passage! vraiment, un mort-vivant gentil, ça change!
il autant du le déposer en Athel Loren, on s'en serait occupé et puis, le problème de 50ans se poserait plus
Maintenant, niveau scénario, j'ai deux questions:
- quelles sont les chances de survie du bambin dans l'année, sachant que les quasi-voisins vont probablement lancer une chasse aux sorcières pour tuer le "bébé diabolique à la tache de vin"
-Mais quand donc compte-t-il aller aménager son château gagné par intérim au tournois?! je veux un dessin du Roi muet balayant la cours d'un château avec un paillasson "sweet home" devant le pont-levis!
sinon, j'attends évidement la suite du récit!
Je me demande soudainement quelle serait la réaction d'une troupe de marchands nains qui croiseraient le roi revenant avec la page "Muet" en main…
il autant du le déposer en Athel Loren, on s'en serait occupé et puis, le problème de 50ans se poserait plus
Maintenant, niveau scénario, j'ai deux questions:
- quelles sont les chances de survie du bambin dans l'année, sachant que les quasi-voisins vont probablement lancer une chasse aux sorcières pour tuer le "bébé diabolique à la tache de vin"
-Mais quand donc compte-t-il aller aménager son château gagné par intérim au tournois?! je veux un dessin du Roi muet balayant la cours d'un château avec un paillasson "sweet home" devant le pont-levis!
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Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 2 Sep 2016 - 17:14
Moi j'aurais plutôt dit "enlever vos bottes et mettez ces pantoufles"ethgri wyrda a écrit:
-Mais quand donc compte-t-il aller aménager son château gagné par intérim au tournois?! je veux un dessin du Roi muet balayant la cours d'un château avec un paillasson "sweet home" devant le pont-levis!
Mais ce n'est pas Oldrick qui a gagné le Tournoi ? De mémoire. J'ai peut-être loupé un passage cela dit.
Je n'y avais pas pensé. Cela dit, je pense que ce sera assez simple. Ils tenteront de le renvoyer dans la tombe avec plus ou moins de succès.ethgri wyrda a écrit:Je me demande soudainement quelle serait la réaction d'une troupe de marchands nains qui croiseraient le roi revenant avec la page "Muet" en main…
Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 2 Sep 2016 - 17:21
Aucun commentaire.ethgri wyrda a écrit:il aurait du le déposer en Athel Loren, on s'en serait occupé et puis, le problème de 50ans se poserait plus
C'est une bonne question, que je ne m'étais pas posée d'ailleurs. Du coup... eh bien je ne sais pas.ethgri wyrda a écrit:quelles sont les chances de survie du bambin dans l'année, sachant que les quasi-voisins vont probablement lancer une chasse aux sorcières pour tuer le "bébé diabolique à la tache de vin"
Damned ! Il va falloir ce pencher là-dessus.
Ce que je peux déjà dire, c'est que je ne pense pas qu'ils soient quasi-voisins, vu qu'ils sont à plus d'une heure de cheval l'un de l'autre. Par contre, tels que je vois le couple de bûcherons, ils n'iront pas à la chasse aux sorcières. Ils se terreront chez eux en essayant d'oublier leur mésaventure, voire déménageront. Et qu'ils entendent la véritable origine du gamin de leurs "quasi-voisins" est peu probable également.
Ça reste certes un problème auquel il faut que je réfléchisse.
Oldrick avait promis au Roi Muet de lui céder le château s'il gagnait.Gilgalad a écrit:Moi j'aurais plutôt dit "enlever vos bottes et mettez ces pantoufles"ethgri wyrda a écrit:-Mais quand donc compte-t-il aller aménager son château gagné par intérim au tournois?! je veux un dessin du Roi muet balayant la cours d'un château avec un paillasson "sweet home" devant le pont-levis!
Mais ce n'est pas Oldrick qui a gagné le Tournoi ? De mémoire. J'ai peut-être loupé un passage cela dit.
Mais la suite de la finale du Tournoi à quelque peu rendu le deal entre Von Essen et le Duc... caduque. Essaye donc de voir le Roi Muet aller réclamer au bon duc de Parravon son dû.
Ils sont assez lents pour que le Roi Muet puisse les éviter. Et cela reste quand même très rare. Je crois avoir lu (bon c'était sur la bibli' impériale donc je peux juger de la fiabilité) que les nains étaient très peu nombreux en Bretonnie.ethgri wyrda a écrit:Je me demande soudainement quelle serait la réaction d'une troupe de marchands nains qui croiseraient le roi revenant avec la page "Muet" en main…
Pour la suite... Ce ne sera pas dans l'immédiat, j'avoue avoir grillé toute mon avance pour le moment.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 6 Sep 2016 - 18:51
Tout a été dit avant moi, je ne rajoute qu'une seule chose : vivement le moment où le Roi Muet croise un minotaure C'est que ces pauvres hommes-bêtes doivent garder rancune contre lui depuis le temps...
La suite !
La suite !
Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 13 Jan 2017 - 12:06
' La carriole avançait lentement sur la petite route caillouteuse, un unique bœuf au pas lourd tirant charrette bringuebalante. C’était un maigre convoi parfaitement ordinaire à première vue, un vieillard sec courbé sur son banc guidant le bovin placide et assailli par les mouches.
En y regardant de plus près cependant, on ne pouvait pas manquer la profonde entaille qui parcourait la gorge du bœuf sur toute sa largeur. La peau en décomposition tombait en lambeaux et révélait les nombreuses larves qui grouillaient dans la chair faisandée. Pourtant morte, la bête tirait la carriole.
Venait ensuite le conducteur, un homme visiblement âgé, maigre, desséché et vêtu de gris, qui tenait fermement dans sa main un bâton de bois noir et noueux. Insondable, il se tenait parfaitement immobile sur son banc, le visage caché sous un chapeau à large bord.
Soudain, ses narines se dilatèrent, et il se redressa d’un seul coup, comme à l’affût, et le bovin s’arrêta au milieu de la route. Le temps sembla s’étirer à l’infini alors que l’homme regardait tout autour de lui, sa tête tournant lentement sur son cou décharné. Ses narines s’élargirent et se rétrécirent tour à tour, comme s’il essayait de humer une odeur ténue dans le vent. À part lui, rien ne bougeait sur la route, et le silence était omniprésent.
Puis, le vieil homme se fixa soudainement vers une direction connue de lui seul et, sous l’ombre de son chapeau, ses yeux s’illuminèrent d’un éclat de lumière blafarde. Il resta ainsi un court instant, tout aussi figé que la nature autour de lui, puis se rassit prestement, comme si rien ne s’était passé. Seul demeurait l’éclat de ses yeux, qui brillaient d’un éclat déterminé sous son chapeau. Alors, le bœuf s’élança sur la route avec une énergie renouvelée. Bientôt, la carriole disparut du chemin.
Haha, I'm back !
Grom'
En y regardant de plus près cependant, on ne pouvait pas manquer la profonde entaille qui parcourait la gorge du bœuf sur toute sa largeur. La peau en décomposition tombait en lambeaux et révélait les nombreuses larves qui grouillaient dans la chair faisandée. Pourtant morte, la bête tirait la carriole.
Venait ensuite le conducteur, un homme visiblement âgé, maigre, desséché et vêtu de gris, qui tenait fermement dans sa main un bâton de bois noir et noueux. Insondable, il se tenait parfaitement immobile sur son banc, le visage caché sous un chapeau à large bord.
Soudain, ses narines se dilatèrent, et il se redressa d’un seul coup, comme à l’affût, et le bovin s’arrêta au milieu de la route. Le temps sembla s’étirer à l’infini alors que l’homme regardait tout autour de lui, sa tête tournant lentement sur son cou décharné. Ses narines s’élargirent et se rétrécirent tour à tour, comme s’il essayait de humer une odeur ténue dans le vent. À part lui, rien ne bougeait sur la route, et le silence était omniprésent.
Puis, le vieil homme se fixa soudainement vers une direction connue de lui seul et, sous l’ombre de son chapeau, ses yeux s’illuminèrent d’un éclat de lumière blafarde. Il resta ainsi un court instant, tout aussi figé que la nature autour de lui, puis se rassit prestement, comme si rien ne s’était passé. Seul demeurait l’éclat de ses yeux, qui brillaient d’un éclat déterminé sous son chapeau. Alors, le bœuf s’élança sur la route avec une énergie renouvelée. Bientôt, la carriole disparut du chemin.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 13 Jan 2017 - 12:09
Ça t'a pris autant de temps pour écrire un passage aussi petit ? Non parce que là, on reste sur notre faim quand même
Bon sinon, j'attends la suite avec impatience en espérant qu'elle soit un peu plus conséquente
Bon sinon, j'attends la suite avec impatience en espérant qu'elle soit un peu plus conséquente
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 13 Jan 2017 - 18:49
Un retour que j'attendais avec impatience !! C'est que ça me manquait les aventures du Roi Muet Ton style d'écriture est toujours aussi riche et détaillé, ça fait plaisir à voir.Gromdal a écrit:Haha, I'm back !
Je plussoie Gil', la suite!
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
Terry Pratchett
- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
- EssenSeigneur vampire
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 13 Jan 2017 - 21:33
- Kaamelott forever:
- Encore un vieux ? Mais ce n'était pas une vieille ?
Ce court texte lourd de menace à peine voilée est un délicieux apéritif ! Je désire la suite !
Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 31 Jan 2017 - 20:50
Foutus partiels ! À cause de tout ça je n'ai pu me relire qu'aujourd'hui.
Enfin bon, je suis content que le retour du Roi Muet vous plaise, et passons sans plus attendre à la suite !
Seul dans la nappe de brouillard qui s’était abattue sur la campagne pendant la nuit et qui ne l’avait pas quittée depuis, le Roi Muet juché sur sa fidèle monture squelettique avançait tranquillement sur la Grand’Route qui reliait le château de Bastogne à celui de Gisoreux. Peu de gens parcouraient les routes en cette saison hivernale bien avancée, et le brouillard épais avait permis au revenant le petit plaisir de prendre une route large et bien entretenue, autrement fréquentée, qui lui changeait agréablement des sombres chemins de forêts abandonnés qu’il devait habituellement emprunter, pour éviter les éventuels chevaliers errants et autres voyageurs dangereux qui parcouraient les grands chemins.
C’était d’une telle manière qu’il était remonté depuis les abords de Parravon jusqu’à Montfort. Il avait hésité à y faire un détour pour revoir le champ de la bataille qui l’avait vu se libérer des chaînes de son ancien maître. Mais il n’était plus ce qu’il avait été pendant ses années de servitude, et il n’y aurait trouvé que des vieux os dans une plaine déserte et balayée par le vent. Le Roi Muet avait quitté Montfort sans un regard en arrière.
Il avait ensuite continué son irrésistible montée vers le Nord, vers ce qu’il savait s’appeler les Sœurs Pâles et la Forêt d’Arden, son unique et vague destination. Non pas qu’il errait sans véritable but. Au contraire, errer était son but. Tout au long de ses mois de pérégrinations depuis le Fort de Sang, il s’était gorgé de sublimes paysages, et d’orgueilleux bâtiments. De loin, il avait pu poser les yeux sur les grandiloquents châteaux des seigneurs de Parravon et de Montfort, et admirer les nombreux fortins qui parsemaient plaines et collines. Il s’était arrêté devant d’antiques abbayes aux tours tortueuses, et aux monstrueuses gargouilles, et avait croisé maintes petites chapelles aux vitraux somptueux. Même lorsqu’il devait faire ses nombreux détours par des chemins oubliés, il avait trouvé parmi les arbres de gracieuses statues rongées de lierres, et parfois même des temples abandonnés, et c’était au milieu de ces antiques colonnades qu’il aimait à se reposer, assis sur les anciens blocs en pierre de taille qui en formaient les murs, à écouter les histoires que ces vieilles pierres avaient à lui raconter.
Pendant deux longs mois, avant l’arrivée de l’hiver, il avait souvent du parcourir ces routes obscures, pour éviter telle ou telle cavalcade de chevaliers, ou tout simplement s’éloigner d’une portion de grand’route trop peuplée. C’était de nuit seulement qu’il pouvait s’aventurer sans trop de risques sur les grands chemins, et en de rares occasions le jour durant. Et encore, malgré toutes ses précautions, il lui arrivait de faire mauvaise rencontre où qu’il soit. C’était comme s’il y avait plus de cavaliers vagabonds sur les routes que de paysans dans les champs en plein été. Parfois, le parti adverse fuyait – souvent, de jeunes novices tout juste sortis de leurs écuries – mais la plupart du temps, l’affrontement était inévitable. Le Roi Muet se doutait bien que même s’il recouvrait la parole et tentait de s’expliquer, les soi-disant preux chevaliers n’hésiteraient pas une seconde à dégainer leurs épées, lances et autres masses d’armes pour se jeter sur lui en hurlant leurs cris de guerre. C’en était ainsi qu’il avait à ce jour conclut une demi-douzaine de ces rencontres dans le sang de ses adversaires, non sans avoir presque failli lui-même plus d’une fois : son plastron était là pour en parler, plus bosselé et perclus d’entailles que jamais. De son écu il ne restait plus rien, réduit en miettes par un funeste coup de masse, et sa fidèle épée arborait un tranchant de plus en plus émoussé par l’usage.
Cependant, ce n’étaient pas les chevaliers, idiots aveuglés par leur foi et persuadés qu’ils pourraient tout résoudre par le fil de leurs épées, que le revenant croisait le plus souvent sur les routes. Non, ceux qu’il rencontrait le plus fréquemment, c’étaient les pauvres et les démunis, les petits commerçants et les colporteurs, les voyageurs ordinaires et les pèlerins. Certains fuyaient à sa vue, ou tremblaient alors qu’il passait à leurs côtés, et d’autre se mettaient à genoux. Ceux-là le Roi Muet les ignorait. Mais il y en avait, et ils étaient rares, qui refusaient de courber l’échine devant lui, et quelques-uns avaient même brandi leurs bâtons de voyage improvisés pour l’invectiver et le maudire de tous les noms à son passage, preuve qu’il n’était pas le bienvenu sur les terres de Bretonnie.
Mais, avec la venue de l’automne puis de l’hiver, de même que les champs s’étaient peu à peu vidés de leurs paysans, les routes s’étaient retrouvées désertées par leurs voyageurs. Seuls quelques marcheurs et cavaliers déterminés avaient encore assez de courage pour affronter le froid mordant des longs chemins solitaires. Le brouillard épais qui s’était levé pour cette journée avait tôt fait de les dissuader, et pour le moment, le Roi Muet n’avait croisé nulle âme qui vive pour troubler son chemin.
Par conséquent, malgré la teinte grisâtre du paysage à moitié dissimulé par le brouillard et la pâleur de l’orbe solaire dont il pouvait clairement distinguer le disque à travers la brume, le vieux squelette était plein d’entrain. Il y avait une certaine beauté dans l’hiver, et à travers le brouillard, l’herbe ne paraissait pas si desséchée. La brume jouait avec leurs brins, s’enroulant en de longs lambeaux autours des petits arbustes. On distinguait à peine les formes des arbres sur les collines proches, qui se fondaient rapidement dans le ciel, et chacun d’entre eux se dévoilait au fur et à mesure qu’il s’en approchait, d’ombres fantomatiques aux nobles arbres qu’ils étaient. Il y avait dans ce monde calme et silencieux, qui semblait lentement se dévoiler à ses yeux seuls, une aura de mystère, et elle avait tout pour enchanter le Roi Muet. Elle donnait presque l’impression de se promener dans un autre monde, où tout était à découvrir, et où il pouvait se promener à sa guise sans subir l’ire des hommes.
Seul au milieu de la brume, le revenant goûtait à son plaisir solitaire, porté par sa monture au pas placide.
Un bruit soudain vint troubler la quiétude de son voyage.
Visiblement, la route n’était pas aussi déserte qu’on aurait pu l’espérer. Le revenant se redressa sur sa selle, et sa main se dirigea lentement vers le pommeau de son épée. Il était difficile d’identifier l’origine du son, étouffé et diffus à travers les langues de brumes, mais on pouvait clairement entendre des pas sur la terre humide, accompagnées d’un léger cliquetis qui ne rassurait pas le Roi Muet. Les yeux du squelette, bien qu’habitués à la pénombre, n’arrivaient pas à percer la brume et, le crâne dressé, il regardait ainsi tout autour de lui, aux aguets.
Ce fut depuis le côté de la route qu’une fine silhouette finit par se dessiner. Ce qui était tout d’abord une ombre à la maigreur effrayante se révéla bientôt être un squelette au flanc duquel pendait une épée rouillée. Des pantins de ce genre, le Roi Muet en avait vu des milliers au Fort du Sang, et dans les orbites du crâne usé, aucune lumière ne dansait.
Que… Le revenant eut à peine le temps de réagir. Le squelette animé bondit en avant, l’arme au clair, et le vieux roi ne dut son salut qu’à un réflexe salutaire et para hâtivement le coup, qui se révéla plus puissant et précis que prévu. Sous ses allures de squelette anonyme, l’épéiste défunt n’était clairement pas n’importe quel pantin de nécromant. Mais le Roi Muet n’eut d’ailleurs pas le temps d’y penser d’avantage, car son adversaire revint à la charge, et garnit le plastron du revenant d’une éraflure supplémentaire.
Il fallut encore quelques passes au vieux roi pour se remettre de sa surprise. Si le squelette était un épéiste particulièrement doué, il était en l’occurrence de peu d’effet seul face à un cavalier monté. Toujours en proie au doute face à sa situation, le Roi Muet para sans grande conviction une botte de son adversaire, et envoya valser son épée. L’instant suivant, le crâne allait rejoindre l’arme sur le sol, bientôt suivi par le reste du squelette maintenant démantelé.
Par le sang, que me voulait ce pantin ? Le revenant s’apprêtait à descendre de cheval pour regarder les restes de son adversaire de plus près, lorsqu’il aperçut du coin de l’œil un second squelette tituber dans sa direction, cette fois de l’autre côté de la route, ses orbites vides le fixant d’un regard muet et sans vie. Une ombre derrière lui indiquait l’arrivée d’un troisième participant. Tournant rapidement la tête de l’autre côté, il put voir un quatrième épéiste sans âme emprunter le même chemin que le premier squelette.
Tous se jetèrent vers lui sans hésitation, l’arme au clair. Le revenant esquiva les deux premiers coups et para le troisième juste à temps pour voir un cinquième squelette se joindre au combat.
Qu’est-ce que … pourquoi ? Acculé et pris de court, le Roi Muet eut un moment d’hésitation. Les coups pleuvaient autour de lui, et il n’était qu’une question de temps avant qu’il faillisse. Une seule conclusion parvenait à s’imposer dans son esprit : quoiqu’il en fût de la nature de son assaut, au milieu de la brume épaisse, ignorant le nombre de ses assaillants, d’autant plus qu’ils n’étaient pas à prendre à la légère et qu’ils pouvaient l’assaillir de tous les côtés sous le couvert du brouillard, s’il ne cherchait pas à s’enfuir, il s’offrait à une défaite presque certaine. Allait-il se laisser mourir, ici, tué par une bande de pantins anonymes, sans honneur et sans gloire, seul et à l’insu de tous ?
Mais le revenant, qui venait à peine de goûter au plaisir de vivre à nouveau n’était pas prêt à y renoncer, et, finalement, l’appel de la survie fit plier la volonté du revenant de ne pas abandonner un combat. L’instant d’après, le destrier squelettique se cambrait et partait en galopant, projetant des mottes de terres dans toutes les directions. À travers les lambeaux de brume qui défilaient devant lui dans sa fuite, le roi revenant entr’aperçut un sixième assaillant, mais ils le dépassèrent tellement vite qu’il n’eut pas le temps de réagir, et bientôt les squelettes se fondèrent dans la grisaille derrière eux.
Le Roi Muet galopa jusqu’à la tombée de la nuit, encore bouleversé par son expérience. Pour la première fois depuis son retour au monde, il avait presque eu peur pour sa vie. Ce n’était pas un combat loyal auquel il venait de survivre, et il n’y avait rien d’honorable dans cette action, juste un instinct primal pour survivre ou pour tuer. Sur son cheval, le revenant frissonna intérieurement. Aussi détestable qu’il pouvait le trouver, le monde n’était pas fait que de duels entre deux adversaires respectables.
Il s’arrêta finalement dans un temple en ruine, dont seules quelques colonnades encore à moitié debout témoignaient de son existence. Mais il ne trouva aucun repos entre ces murs, et il passa la nuit à scruter, l’épée entre les mains, les ombres entre les brumes.
J'espère que la suite "plus conséquente" (comme dirait Gilgalad ) vous a plu, et comme d'habitude n'hésitez pas à donner votre avis.
Et vous avez le droit à relever mes nombreuses fautes aussi, dieu sait que je suis incapable de me relire correctement.
Grom'
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Seul dans la nappe de brouillard qui s’était abattue sur la campagne pendant la nuit et qui ne l’avait pas quittée depuis, le Roi Muet juché sur sa fidèle monture squelettique avançait tranquillement sur la Grand’Route qui reliait le château de Bastogne à celui de Gisoreux. Peu de gens parcouraient les routes en cette saison hivernale bien avancée, et le brouillard épais avait permis au revenant le petit plaisir de prendre une route large et bien entretenue, autrement fréquentée, qui lui changeait agréablement des sombres chemins de forêts abandonnés qu’il devait habituellement emprunter, pour éviter les éventuels chevaliers errants et autres voyageurs dangereux qui parcouraient les grands chemins.
C’était d’une telle manière qu’il était remonté depuis les abords de Parravon jusqu’à Montfort. Il avait hésité à y faire un détour pour revoir le champ de la bataille qui l’avait vu se libérer des chaînes de son ancien maître. Mais il n’était plus ce qu’il avait été pendant ses années de servitude, et il n’y aurait trouvé que des vieux os dans une plaine déserte et balayée par le vent. Le Roi Muet avait quitté Montfort sans un regard en arrière.
Il avait ensuite continué son irrésistible montée vers le Nord, vers ce qu’il savait s’appeler les Sœurs Pâles et la Forêt d’Arden, son unique et vague destination. Non pas qu’il errait sans véritable but. Au contraire, errer était son but. Tout au long de ses mois de pérégrinations depuis le Fort de Sang, il s’était gorgé de sublimes paysages, et d’orgueilleux bâtiments. De loin, il avait pu poser les yeux sur les grandiloquents châteaux des seigneurs de Parravon et de Montfort, et admirer les nombreux fortins qui parsemaient plaines et collines. Il s’était arrêté devant d’antiques abbayes aux tours tortueuses, et aux monstrueuses gargouilles, et avait croisé maintes petites chapelles aux vitraux somptueux. Même lorsqu’il devait faire ses nombreux détours par des chemins oubliés, il avait trouvé parmi les arbres de gracieuses statues rongées de lierres, et parfois même des temples abandonnés, et c’était au milieu de ces antiques colonnades qu’il aimait à se reposer, assis sur les anciens blocs en pierre de taille qui en formaient les murs, à écouter les histoires que ces vieilles pierres avaient à lui raconter.
Pendant deux longs mois, avant l’arrivée de l’hiver, il avait souvent du parcourir ces routes obscures, pour éviter telle ou telle cavalcade de chevaliers, ou tout simplement s’éloigner d’une portion de grand’route trop peuplée. C’était de nuit seulement qu’il pouvait s’aventurer sans trop de risques sur les grands chemins, et en de rares occasions le jour durant. Et encore, malgré toutes ses précautions, il lui arrivait de faire mauvaise rencontre où qu’il soit. C’était comme s’il y avait plus de cavaliers vagabonds sur les routes que de paysans dans les champs en plein été. Parfois, le parti adverse fuyait – souvent, de jeunes novices tout juste sortis de leurs écuries – mais la plupart du temps, l’affrontement était inévitable. Le Roi Muet se doutait bien que même s’il recouvrait la parole et tentait de s’expliquer, les soi-disant preux chevaliers n’hésiteraient pas une seconde à dégainer leurs épées, lances et autres masses d’armes pour se jeter sur lui en hurlant leurs cris de guerre. C’en était ainsi qu’il avait à ce jour conclut une demi-douzaine de ces rencontres dans le sang de ses adversaires, non sans avoir presque failli lui-même plus d’une fois : son plastron était là pour en parler, plus bosselé et perclus d’entailles que jamais. De son écu il ne restait plus rien, réduit en miettes par un funeste coup de masse, et sa fidèle épée arborait un tranchant de plus en plus émoussé par l’usage.
Cependant, ce n’étaient pas les chevaliers, idiots aveuglés par leur foi et persuadés qu’ils pourraient tout résoudre par le fil de leurs épées, que le revenant croisait le plus souvent sur les routes. Non, ceux qu’il rencontrait le plus fréquemment, c’étaient les pauvres et les démunis, les petits commerçants et les colporteurs, les voyageurs ordinaires et les pèlerins. Certains fuyaient à sa vue, ou tremblaient alors qu’il passait à leurs côtés, et d’autre se mettaient à genoux. Ceux-là le Roi Muet les ignorait. Mais il y en avait, et ils étaient rares, qui refusaient de courber l’échine devant lui, et quelques-uns avaient même brandi leurs bâtons de voyage improvisés pour l’invectiver et le maudire de tous les noms à son passage, preuve qu’il n’était pas le bienvenu sur les terres de Bretonnie.
Mais, avec la venue de l’automne puis de l’hiver, de même que les champs s’étaient peu à peu vidés de leurs paysans, les routes s’étaient retrouvées désertées par leurs voyageurs. Seuls quelques marcheurs et cavaliers déterminés avaient encore assez de courage pour affronter le froid mordant des longs chemins solitaires. Le brouillard épais qui s’était levé pour cette journée avait tôt fait de les dissuader, et pour le moment, le Roi Muet n’avait croisé nulle âme qui vive pour troubler son chemin.
Par conséquent, malgré la teinte grisâtre du paysage à moitié dissimulé par le brouillard et la pâleur de l’orbe solaire dont il pouvait clairement distinguer le disque à travers la brume, le vieux squelette était plein d’entrain. Il y avait une certaine beauté dans l’hiver, et à travers le brouillard, l’herbe ne paraissait pas si desséchée. La brume jouait avec leurs brins, s’enroulant en de longs lambeaux autours des petits arbustes. On distinguait à peine les formes des arbres sur les collines proches, qui se fondaient rapidement dans le ciel, et chacun d’entre eux se dévoilait au fur et à mesure qu’il s’en approchait, d’ombres fantomatiques aux nobles arbres qu’ils étaient. Il y avait dans ce monde calme et silencieux, qui semblait lentement se dévoiler à ses yeux seuls, une aura de mystère, et elle avait tout pour enchanter le Roi Muet. Elle donnait presque l’impression de se promener dans un autre monde, où tout était à découvrir, et où il pouvait se promener à sa guise sans subir l’ire des hommes.
Seul au milieu de la brume, le revenant goûtait à son plaisir solitaire, porté par sa monture au pas placide.
Un bruit soudain vint troubler la quiétude de son voyage.
Visiblement, la route n’était pas aussi déserte qu’on aurait pu l’espérer. Le revenant se redressa sur sa selle, et sa main se dirigea lentement vers le pommeau de son épée. Il était difficile d’identifier l’origine du son, étouffé et diffus à travers les langues de brumes, mais on pouvait clairement entendre des pas sur la terre humide, accompagnées d’un léger cliquetis qui ne rassurait pas le Roi Muet. Les yeux du squelette, bien qu’habitués à la pénombre, n’arrivaient pas à percer la brume et, le crâne dressé, il regardait ainsi tout autour de lui, aux aguets.
Ce fut depuis le côté de la route qu’une fine silhouette finit par se dessiner. Ce qui était tout d’abord une ombre à la maigreur effrayante se révéla bientôt être un squelette au flanc duquel pendait une épée rouillée. Des pantins de ce genre, le Roi Muet en avait vu des milliers au Fort du Sang, et dans les orbites du crâne usé, aucune lumière ne dansait.
Que… Le revenant eut à peine le temps de réagir. Le squelette animé bondit en avant, l’arme au clair, et le vieux roi ne dut son salut qu’à un réflexe salutaire et para hâtivement le coup, qui se révéla plus puissant et précis que prévu. Sous ses allures de squelette anonyme, l’épéiste défunt n’était clairement pas n’importe quel pantin de nécromant. Mais le Roi Muet n’eut d’ailleurs pas le temps d’y penser d’avantage, car son adversaire revint à la charge, et garnit le plastron du revenant d’une éraflure supplémentaire.
Il fallut encore quelques passes au vieux roi pour se remettre de sa surprise. Si le squelette était un épéiste particulièrement doué, il était en l’occurrence de peu d’effet seul face à un cavalier monté. Toujours en proie au doute face à sa situation, le Roi Muet para sans grande conviction une botte de son adversaire, et envoya valser son épée. L’instant suivant, le crâne allait rejoindre l’arme sur le sol, bientôt suivi par le reste du squelette maintenant démantelé.
Par le sang, que me voulait ce pantin ? Le revenant s’apprêtait à descendre de cheval pour regarder les restes de son adversaire de plus près, lorsqu’il aperçut du coin de l’œil un second squelette tituber dans sa direction, cette fois de l’autre côté de la route, ses orbites vides le fixant d’un regard muet et sans vie. Une ombre derrière lui indiquait l’arrivée d’un troisième participant. Tournant rapidement la tête de l’autre côté, il put voir un quatrième épéiste sans âme emprunter le même chemin que le premier squelette.
Tous se jetèrent vers lui sans hésitation, l’arme au clair. Le revenant esquiva les deux premiers coups et para le troisième juste à temps pour voir un cinquième squelette se joindre au combat.
Qu’est-ce que … pourquoi ? Acculé et pris de court, le Roi Muet eut un moment d’hésitation. Les coups pleuvaient autour de lui, et il n’était qu’une question de temps avant qu’il faillisse. Une seule conclusion parvenait à s’imposer dans son esprit : quoiqu’il en fût de la nature de son assaut, au milieu de la brume épaisse, ignorant le nombre de ses assaillants, d’autant plus qu’ils n’étaient pas à prendre à la légère et qu’ils pouvaient l’assaillir de tous les côtés sous le couvert du brouillard, s’il ne cherchait pas à s’enfuir, il s’offrait à une défaite presque certaine. Allait-il se laisser mourir, ici, tué par une bande de pantins anonymes, sans honneur et sans gloire, seul et à l’insu de tous ?
Mais le revenant, qui venait à peine de goûter au plaisir de vivre à nouveau n’était pas prêt à y renoncer, et, finalement, l’appel de la survie fit plier la volonté du revenant de ne pas abandonner un combat. L’instant d’après, le destrier squelettique se cambrait et partait en galopant, projetant des mottes de terres dans toutes les directions. À travers les lambeaux de brume qui défilaient devant lui dans sa fuite, le roi revenant entr’aperçut un sixième assaillant, mais ils le dépassèrent tellement vite qu’il n’eut pas le temps de réagir, et bientôt les squelettes se fondèrent dans la grisaille derrière eux.
Le Roi Muet galopa jusqu’à la tombée de la nuit, encore bouleversé par son expérience. Pour la première fois depuis son retour au monde, il avait presque eu peur pour sa vie. Ce n’était pas un combat loyal auquel il venait de survivre, et il n’y avait rien d’honorable dans cette action, juste un instinct primal pour survivre ou pour tuer. Sur son cheval, le revenant frissonna intérieurement. Aussi détestable qu’il pouvait le trouver, le monde n’était pas fait que de duels entre deux adversaires respectables.
Il s’arrêta finalement dans un temple en ruine, dont seules quelques colonnades encore à moitié debout témoignaient de son existence. Mais il ne trouva aucun repos entre ces murs, et il passa la nuit à scruter, l’épée entre les mains, les ombres entre les brumes.
* *
J'espère que la suite "plus conséquente" (comme dirait Gilgalad ) vous a plu, et comme d'habitude n'hésitez pas à donner votre avis.
Et vous avez le droit à relever mes nombreuses fautes aussi, dieu sait que je suis incapable de me relire correctement.
Grom'
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 31 Jan 2017 - 23:01
Cela va paraître bateau à dire, mais je ne suis pas déçu. En un texte relativement succinct tu nous as dépeint un tableau extrêmement riche avec une ambiance folle. Comme d'habitude, tes descriptions sont ta force et tu en uses à merveille, à un point où j'aimerais avoir ta prose...
J'attends donc impatiemment la suite pour savoir de quoi il en retourne. C'est que le grand mystère qui plane au-dessus de notre muet préféré est toujours loin d'être résolu... J'en appelle donc à la suite !
NB: Regarde ton dernier paragraphe, un saut à la ligne malheureux a coupé une phrase en deux. Pour les autres erreurs, rien ne m'a vraiment sauté aux yeux. D'autres feront probablement un meilleur travail de correction que moi
NB2: Tout cela me fait m'impatienter d'autant plus pour le récit des 50 ans du Fort du sang... J'avais adoré les interactions entre rois revenants, donc forcément lire ton texte ne fait que raviver la flamme
J'attends donc impatiemment la suite pour savoir de quoi il en retourne. C'est que le grand mystère qui plane au-dessus de notre muet préféré est toujours loin d'être résolu... J'en appelle donc à la suite !
NB: Regarde ton dernier paragraphe, un saut à la ligne malheureux a coupé une phrase en deux. Pour les autres erreurs, rien ne m'a vraiment sauté aux yeux. D'autres feront probablement un meilleur travail de correction que moi
NB2: Tout cela me fait m'impatienter d'autant plus pour le récit des 50 ans du Fort du sang... J'avais adoré les interactions entre rois revenants, donc forcément lire ton texte ne fait que raviver la flamme
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 31 Jan 2017 - 23:14
Merci pour le saut à la ligne malencontreux, j'avoue qu'à force de devoir mettre les alinénas quand je copie le texte je fais plus très attention à la fin...
C'est rigolo comment les dimensions sont relatives en fonction du "moyen" de lecture... ici mon texte est effectivement tout petit, mais par exemple sur word (que j'utilise -surprise!- pour écrire) il fait près de trois pages...
Grom'
C'est rigolo comment les dimensions sont relatives en fonction du "moyen" de lecture... ici mon texte est effectivement tout petit, mais par exemple sur word (que j'utilise -surprise!- pour écrire) il fait près de trois pages...
Et moi j'aimerai avoir ton dynamisme. Personnellement j'ai l'impression d'avoir un style un peu lourd, ce qui est certes sympa pour des descriptions mais des fois j'ai l'impression que ça plombe les combats et leur dynamisme quand je les écris.Hjalmar Oksilden a écrit:Comme d'habitude, tes descriptions sont ta force et tu en uses à merveille, à un point où j'aimerais avoir ta prose...
C'est drôle parce que maintenant que j'ai un peu plus de temps à consacrer au fofo je me suis mis en tête de rattraper tout mon retard dans les différents récits, et quand j'ai recroisé Oldrick j'étais de même tout content de le revoir.Hjalmar Oksilden a écrit: Tout cela me fait m'impatienter d'autant plus pour le récit des 50 ans du Fort du sang... J'avais adoré les interactions entre rois revenants, donc forcément lire ton texte ne fait que raviver la flamme
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 4 Fév 2017 - 12:08
Je viens de lire enfin le texte parce que l'ordi était en réparation et je l'ai récupéré ce matin.
En effet, la suite est plus "conséquente" Mais cela valait le coup car je l'ai bien aimée J'ai réussi à parfaitement m'imaginer la situation à la fin et j'ai la vague impression que l'on n'a pas fini d'entendre parler de cet événement.
Il me reste une chose à ajouter : vivement la suite.
En effet, la suite est plus "conséquente" Mais cela valait le coup car je l'ai bien aimée J'ai réussi à parfaitement m'imaginer la situation à la fin et j'ai la vague impression que l'on n'a pas fini d'entendre parler de cet événement.
Il me reste une chose à ajouter : vivement la suite.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mer 8 Fév 2017 - 12:59
Toujours très intéressant et très joliment décrit
Cela me paraît un brin étrange que le Roi Muet jure "par le sang", mais c'est sans doute après avoir fréquenté autant de vampires au cours de sa non-vie
Je pourrais bien râler en disant que l'intrigue avance lentement, mais je ne suis pas le mieux placé pour le faire. Deux récits qui mijotent à feu doux... Il faudra bien que je m'y remette un de ces quatre !
Donc en espérant que tu seras plus productif que moi, je demande la suite
Cela me paraît un brin étrange que le Roi Muet jure "par le sang", mais c'est sans doute après avoir fréquenté autant de vampires au cours de sa non-vie
Je pourrais bien râler en disant que l'intrigue avance lentement, mais je ne suis pas le mieux placé pour le faire. Deux récits qui mijotent à feu doux... Il faudra bien que je m'y remette un de ces quatre !
Donc en espérant que tu seras plus productif que moi, je demande la suite
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mer 8 Fév 2017 - 17:48
Je deteste ça… être sûr d'avoir écrit un truc et d'être en retard d'un commentaire
au bucher l'elfe!
bon, reprenons donc ce que je croyais bien avoir posté…
je n'insisterais pas plus sur la qualité de l'écriture, et notamment de ces phases de voyage qui sont quand même une part non négligeable de tout on récit. Mais je tiens aussi à souligner le fait (franchement sympas) que les combats soient vraiment… équilibrés (enfin… c'est pas tout à fait ce que je veux dire… réalistes? à taille humaine? ) : en combat individuel, le roi gagne parce qu'il est déjà mort, mais il prend des coups, c'est pas un super guerrier de la mort qui tue. Et ensuite, contre quelques squelettes, supérieurs en nombre, il est obligé de fuir! j'adore toujours quand les batailles sont à des échelles reeles!
ah, et puis au passage, ça lance une intrigue des plus curieuse! je veux la suite!
PS: à force d'avoir des émotions comme ça, il va finir pas faire une attaque
au bucher l'elfe!
bon, reprenons donc ce que je croyais bien avoir posté…
je n'insisterais pas plus sur la qualité de l'écriture, et notamment de ces phases de voyage qui sont quand même une part non négligeable de tout on récit. Mais je tiens aussi à souligner le fait (franchement sympas) que les combats soient vraiment… équilibrés (enfin… c'est pas tout à fait ce que je veux dire… réalistes? à taille humaine? ) : en combat individuel, le roi gagne parce qu'il est déjà mort, mais il prend des coups, c'est pas un super guerrier de la mort qui tue. Et ensuite, contre quelques squelettes, supérieurs en nombre, il est obligé de fuir! j'adore toujours quand les batailles sont à des échelles reeles!
ah, et puis au passage, ça lance une intrigue des plus curieuse! je veux la suite!
PS: à force d'avoir des émotions comme ça, il va finir pas faire une attaque
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Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
Re: [Récit] Le Roi Muet
Lun 3 Avr 2017 - 21:36
Enfin, le retour ! Comment ça je mets deux mois à sortir une suite ?
* *
Ils ne décidèrent de revenir qu’après le lendemain midi. Mais, désormais, le Roi Muet était prêt. Dissimulé parmi les lourdes branches du pin sur lequel il était perché, il put apercevoir quatre squelettes descendre depuis la route vers le temple abandonné au milieu duquel se dressait l’arbre vénérable, et ils disparurent rapidement dans les derniers lambeaux de brume qui persistaient autour du temple et en contrebas.
Un autre groupe de revenants apparut bientôt en haut de la route, mais cette fois ils étaient armés de piques et tenaient entre eux un grand filet lourdement lesté.
Décidément, son adversaire était décidé à en découdre.
Sans aucun doute, d’autres squelettes suivraient, mais le Roi Muet n’allait pas les attendre. Il en avait assez vu. Il fallait frapper vite et fort, profiter de l’effet de surprise. Il allait éradiquer le mal à la racine, et pour cela il devrait foncer en haut de la route, et y trouver le nécromant qui lançait ses troupes après lui.
Doucement, le Roi Muet se laissa retomber à terre, parmi les colonnades en ruines et la brume, et adressa un signe de la tête à son fidèle destrier, qui le fixait en silence de ses yeux incandescents, attaché à l’arbre. Il s’agissait de faire le moins de bruit possible, et il s’efforça de dégainer aussi silencieusement qu’il le pouvait. D’après lui, il aurait tout juste le temps de neutraliser les quatre premiers squelettes avant d’aller au-devant du groupe suivant.
Courbé du mieux qu’il pouvait pour compenser sa grande taille, il s’avança entre les antiques colonnes vers l’endroit où il avait vu ses adversaires entrer dans la brume. Il ne lui fallut pas longtemps pour entendre le léger cliquetis des os, étouffé par le brouillard ambiant, et il se dissimula prestement derrière une colonnade. Du coin de l’œil, il compta les squelettes qui passaient devant sa cachette. Un. Deux. Trois…
Une fois le dernier à peine passé, il jaillit de derrière la colonne et fondit sur les ennemis.
Un large revers réussi à fracasser le crâne du premier squelette, et l’épée termina sa course en brisant le bras armé ainsi que quelques côtes du second. D’un bras, il écarta sans ménagement le revenant au crâne fracassé, puis doubla sans lui prêter attention le squelette désarmé, et arma son épée pour faire face au troisième squelette, qui s’était à peine retourné. Ce dernier n’eut que le temps de lever son bras pour parer le coup du Roi Muet, qui envoya la lame de côté pour enfoncer son épaule dans la cage de son adversaire, et un coup de pommeau en brisa le crâne avant que son corps ne touche sol.
Du coin de l’œil, le roi revenant put apercevoir une épée descendre vers lui : le dernier squelette. N’écoutant que ses réflexes, le Roi Muet profita de l’élan qu’il s’était donné en fonçant dans l’avant-dernier squelette pour se fendre, et la lame passa juste au-dessus de lui. Sans plus attendre, le roi revenant se releva prestement et porta un coup d’estoc qui transperça la cage thoracique du dernier squelette, coup en apparence peut efficace contre un revenant. D’un mouvement brusque, il inclina son épée et tira sur le côté. Il y eut un court moment pendant lequel les os tentèrent de résister à la pression de l’acier, puis la cage thoracique du squelette éclata en mille morceaux dans un craquement sonore. Le squelette tomba à terre, presque brisé en deux. Pour ne pas prendre de risque, le Roi Muet lui passa le crane au fil de son épée.
Le roi revenant se redressa promptement et regarda tout autour de lui. Le combat n’avait duré que quelques secondes. Il n’y avait aucune trace des squelettes au filet. Il n’y avait donc pas une minute à perdre, et le Roi Muet s’élança vers son cheval. L’instant d’après, cavalier et destrier fonçaient entre brume et colonnes, en direction de la grand’route.
Jaillissant d’entre les langues de brouillard, ils croisèrent sans s’arrêter les squelettes armés du filet, et un coup de sabot du fougueux cheval suivi d’un moulinet bien placé du revenant suffirent à les balayer de leur chemin sans qu’ils n’aient le temps de réagir.
Lorsque le destrier posa ses sabots sur la route, le Roi Muet sortit avec précipitation un petit objet de la bourse qui pendait à sa ceinture : le collier à la perle enchantée. Tant bien que mal, il en défit l’attache et le renoua autour de son cou, et le collier disparut à nouveau dans les profondeurs de son armure. Avec un peu de chance, il pourrait contrer le premier sort du nécromant… La route dégagée, le Roi Muet fonça entre les pins.
« Le trident de Manaan ! La peste soit de ce revenant ! » Courbé sur son bâton, Hiéronymus de de Remas jura sous son chapeau à larges bords. Sur la charrette, deux nouveaux squelettes se levèrent et saisirent leurs épées à leurs côtés. Avec le lancier qu’il venait de redresser, c’étaient là les derniers revenants qu’il avait à portée de main.
Ce n’était pas censé se passer comme cela. Le mort-vivant aurait dû continuer son chemin et vaquer à la mission que lui avait confiée son maître en les ignorant, et il n’aurait dû n’avoir qu’à poursuivre le roi-revenant, le capturer et se l’approprier sans trop d’encombres… Mais ce n’était pas ce que le revenant avait fait. Il les avait attendus, pour les affronter de front. Et voilà qu’il avait perdu les liens avec les premiers squelettes qu’il avait envoyés, probablement renvoyés dans la tombe par le revenant, et ce dernier fonçait maintenant dans leur direction.
Non, ce n’était pas normal. Il aurait dû se méfier de ce roi-revenant dès le moment où il avait senti son étrange aura. Mais il s’était laissé convaincre par ses yeux, et non pas par son instinct, et il avait écarté ses doutes sur la nature véritable de la créature…
Le nécromant jeta un regard anxieux vers la route. Il ne le voyait pas encore au bout du tournant, mais le revenant ne devrait pas tarder à apparaître dans le virage. Il se retourna vers sa carriole, et jeta un coup d’œil au cadavre bœuf qui y était attaché, impassible. Impossible de prendre la fuite. L’affrontement était inévitable.
Sans un mot de sa part, les trois squelettes se postèrent sur la route, loin devant lui. Ils savaient quoi faire. C’étaient là des squelettes de guerriers vétérans, et ils suffiraient peut-être à lui acheter assez de temps pour qu’il puisse terrasser le roi-revenant d’un sort bien placé. La main gauche serrant avec force son bâton, il se concentra pour murmurer les paroles du sort, et aussitôt des lambeaux d’énergie ténébreuse commencèrent à s’enrouler autour de sa main droite. Il les observa se tortiller autour de son avant-bras alors qu’ils gagnaient lentement en épaisseur et en noirceur. L’offensive n’était pas son fort, mais il devrait faire de son mieux, s’il voulait survivre…
Soudain, le roi revenant jaillit comme un éclair devant eux, la lame au clair, courbé sur son destrier squelettique qui fonçait tête baissée, aux yeux brûlant tellement d’intensité que leurs flammèches vertes laissent derrière eux une trainée que l’on aurait pu prendre pour une crinière éthérée.
Les squelettes ne se laissèrent pas décontenancer par l’apparence de leur adversaire, et les épéistes foncèrent pour se rapprocher du roi revenant. Le premier à arriver à portée de la lame de ce dernier ne put même pas porter de coup : une lame rouillée outrepassa sa garde et fit s’envoler sa tête de ses épaules, le corps décapité s’effondrant comme un pantin désarticulé. Détachant son regard du combat, le nécromant se reconcentra sur son invocation, redoublant d’efforts.
Le deuxième squelette eut plus de chance, et put porter un coup alors que le premier tombait à terre. L’offensive se révéla pourtant inefficace, et le revenant se retourna à temps pour le parer avec agilité. L’attaque cependant fournit une diversion providentielle pour le lancier, qui s’était retiré sur le bas-côté, assez en dehors de la route pour que le roi revenant fonçant à toute allure ne le remarque qu’au dernier moment. Le squelette devant l’opportunité jaillit aussi vite que possible et allait frapper lorsque le cavalier le remarqua et tourna ses orbites à la lueur spectrale vers lui.
Mais il était trop tard, et la lance fila droit vers lui, sans obstacles. Il y eut grand bruit lorsque l’arme transperça le côté du revenant, s’enfonçant profondément dans le plastron, aidée par l’élan du revenant sur son cheval au galop. Dans un dernier mouvement, le squelette enfonça profondément la hampe de sa lance dans le sol et le roi revenant, incapable de suivre son destrier, vida les étriers, la lance se brisant en le jetant violemment jeté à terre. Le cheval squelettique fonça sur le lancier désarmé, et éparpilla ses os sur toute la route avant de continuer dans sa course sans son cavalier.
Hiéronymus arrêta un moment de respirer, tant il était focalisé sur le Roi Revenant à terre, immobile. Le dernier épéiste s’avançait lui-même avec méfiance, l’épée dressée.
Le calme ne dura pas longtemps, car, avant autant de rapidité que son armure le lui permettait, le revenant se releva prestement, l’épée toujours serrée dans son poing.
« Maudit ! » hurla le nécromant, qui relâcha la vague d’énergie si durement invoquée sur le revenant.
Il y eut une explosion assourdissante accompagnée d’une aveuglante lumière blanche, qui fit reculer l’épéiste squelette et le nécromant. Le sorcier se remettait à peine de l’explosion, quand le roi revenant jaillit indemne du centre encore aveugle de son champ de vision et fonça sur l’épéiste chancelant. Le revenant envoya voler les morceaux de son crâne d’un puissant coup de taille.
Le corps du squelette atteignait à peine le sol que le regard incandescent du roi revenant se fixait sur le nécromant, inflexible. Le sorcier ne put s’empêcher de faire un pas en arrière. Confiant en sa victoire, le roi revenant s’avança sur lui, presque calmement.
Le sang du nécromant ne fit qu’un tour. La traque avait définitivement tourné en sa défaveur. Il lui fallait agir, et vite. Pas le temps de puiser dans les vents de magies ni de lancer un sort complet. Il était poussé dans ses derniers retranchements. Hiéronymus inspira profondément et se concentra l’espace d’un moment, le temps de sentir l’énergie accumulée dans son bâton.
Mais le vieux roi remarqua le halo qui commençait à se former autour du bois, et alors que le nécromant allait déchainer sur lui la magie pure qu’il contenait, le revenant fonça sur lui et lui arracha la badine d’un revers de lame. Le sorcier tomba à terre d’un côté, le bâton de l’autre. Dans la cohue, le chapeau du nécromant tomba de sa tête et s’en alla rouler sur le bas-côté.
L’espace d’un moment, le roi revenant hésita entre les deux. Profitant de ce répit inattendu, le nécromant recula précipitamment, jusqu’à sentir la terre humide son ses mains et son dos contre le tronc un pin, et il put observer impuissant le revenant ramasser son bâton et le briser sur sa cuisse.
Une fois de plus, le regard inflexible du revenant transperça le nécromant. Et une voix s’échappa de la mâchoire immobile. Plus de subterfuges, magicien. Maintenant, il n’y a plus que toi, et moi.
Le nécromant regarda le revenant avancer calmement, sûr de lui, les bras écartés et la lame tirée. Il n’y avait plus qu’une seule chose à faire. Même si cela risquerait à coup sûr de détruire à jamais ce qui restait de l’âme du revenant, et donc rendrait impossible un nouveau rituel d’invocation. Inspirant un grand coup, il ferma les paupières et, derrières celles-ci, ses yeux se révulsèrent alors que sa vue basculait dans le domaine des vents de magie.
Pour lui, le monde physique se réduisait à un arrière-plan flou, fait de sombres nuances de gris, qui posait la scène pour le ballet coloré des vents de magie, qui ondulaient, jaillissaient et disparaissaient entre les formes brouillées du monde physique. Il y chercha la présence familière de la dhar, et les vents s’effacèrent pour ne laisser que les lambeaux de brumes verdâtres qui étaient ceux de la nécromancie. De nombreux lambeaux du vent tournoyaient autour du roi revenant et s’agrippaient autour de lui, signe des enchantements nombreux et complexes qui maintenaient sa présence dans le monde des vivants. Parmi ces lambeaux, l’un d’entre eux devrait partir vers l’horizon, loin, vers le maître du revenant, et Hiéronymus savait qu’il lui suffirait, avec sa maîtrise, d’une seule pensée pour briser ce lien, et ainsi renvoyer le corps du guerrier dans la tombe. Il chercha ainsi ledit lien nécromantique.
Mais il ne le trouva point. Affolé, il regarda une deuxième fois. Mais il n’y avait aucun doute, il n’y en avait aucun. S’il devait en croire ce qu’il voyait, le revenant qui se tenait devant lui se mouvait par lui-même, sans le soutien d’un maître sorcier.
Cette réalisation eut raison de la concentration du nécromant, qui rouvrit brusquement les yeux, perdant ainsi la vue des vents. La créature improbable qu’il avait prise pour un roi revenant franchissait le dernier pas qui les séparait, le dominant de sa hauteur. Sa raison refusant de croire à sa vision, Hiéronymus oublia un instant sa peur pour s’adresser au revenant d’une voix ou perçait l’incompréhension :
« Par les démons ! Où est ton maître, créature ? »
L’épée du revenant se dressa au-dessus du nécromant, prête à frapper. De nouveau, une voix puissante s’éleva du crâne couronné. Je n’ai d’autre maître que moi-même.
« Que… Pas de maître ? C’est… Impossible ! » Le nécromancien ne faisait même plus attention à l’arme qui s’apprêtait à lui prendre la vie. La nature de la créature qui se tenait devant lui était pour lui, en ce moment présent, bien plus effrayante.
La lame s’arrêta net dans son élan, et après un court instant pendant lequel le nécromant n’osa bouger, de peut que le moindre mouvement de sa part ne sorte le revenant de sa transe, une voix s’échappa à nouveau du crâne desséché.
Tu… tu entends ce que je dis, sorcier ?
Cette fois, ce fut l’égo qui délia la langue du nécromant, qui lui répondit, indigné :
« Bien sûr, je suis un maître nécromant ! »
Pendant un moment qui parut une éternité au sorcier, n’osant pas bouger, le roi revenant le tois, insondable. Soudainement, il baissa son bras et rangea sa lame dans son fourreau.
Bien. Relève-toi, nécromant. À partir de ce moment, tu es mon serviteur, tu me serviras d’interprète.
« Que… Comment ? » Le sorcier se releva légèrement, incrédule. Aussitôt, l’épée rouillée du revenant jaillit de son fourreau et vint s’appuyer contre sa gorge.
À moins que tu ne souhaites mourir ici, nécromant ?
Hiéronymus fixa un moment la lame devant ses yeux, et considéra un instant les options réduites qui s’offraient à lui… Il baissa la tête, s’avouant vaincu.
« N…non. » dit-il simplement, à contrecœur, au roi revenant.
Le plus calmement du monde, le vieux roi rangea son épée dans son fourreau. Sentant la menace passée, Hiéronymus se releva lentement, et se pencha pour ramasser son chapeau, sans pour autant quitter le revenant de son regard méfiant.
Bien, lui dit ce dernier, tu es maintenant le serviteur du Roi Muet.
Il se tut un instant, puis désigna le chariot du nécromant.
Cela fera l’affaire pour le moment. À la première occasion, tu en changeras pour prendre une monture correcte. Ce n’est pas la peine d’emporter tes… sbires avec nous, tu n’en auras plus besoin. Le revenant se dirigea vers sa monture, qui l’attendait patiemment un peu plus loin, et il l’attrapa par le licol. Profitant du fait qu’il lui tournait le dos, le magicien s’élança sur la route et fit disparaître précipitamment les crânes des trois squelettes dans les plis de sa robe. Enfin, il remonta sur sa carriole, et se prépara à suivre le revenant.
Maître, maître… Les dieux verraient bien combien de temps la mascarade durerait.
* *
C'est un grand bond en avant pour le Roi Muet, l'intrigue devrait avancer plus vite avec l'arrivée de ce nouveau personnage.
Grom'
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
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Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Lun 3 Avr 2017 - 23:11
Et bah... Pas très présent mais je me devais de me connecter pour commenter cette suite
Comme dit par Ethgri, les combats sont à taille humaine et, je trouve, très bien rythmés.
L'explication pour la magie est très sympa et très cohérente.
Voir un Roi Revenant avec un Nécro à sa botte, c'est très gratifiant je trouve ^^
(Et j'ai hâte d'avoir la suite du Tournoi du Fort pour que nos RR se retrouvent )
Continue comme ça Gromdal, c'est une super plume qui s'embellit avec l'âge
La suite !
Comme dit par Ethgri, les combats sont à taille humaine et, je trouve, très bien rythmés.
L'explication pour la magie est très sympa et très cohérente.
Voir un Roi Revenant avec un Nécro à sa botte, c'est très gratifiant je trouve ^^
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Lun 3 Avr 2017 - 23:40
Comme l'a dit Nyklaus, c'est du bon boulot
Je suis vraiment content de voir le Roi Muet revenir, surtout que maintenant on a un nouveau personnage avec qui il peut interagir. Cela promet pas mal de situations intéressantes
Je suis vraiment content de voir le Roi Muet revenir, surtout que maintenant on a un nouveau personnage avec qui il peut interagir. Cela promet pas mal de situations intéressantes
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 4 Avr 2017 - 22:23
Comme l'on dit mes confrères, c'est une très belle suite !
Elle pose pour moi une grande question : pourquoi a-t-il besoin d'un interprète, le Roi Muet ? Ce n'est pas comme s'il allait s'engager dans une carrière de négociant ou de mercenaire... Mystère, mystère...
Ah, je me suis senti mal pour ce maître nécromant. Entre le jeune Anthézar qui a encore des progrès à faire et ce triste sire malchanceux, c'est à croire que la vocation périclite ! Les nécromants, c'est censé faire peur, nom d'un squelette !
La suite !!
Elle pose pour moi une grande question : pourquoi a-t-il besoin d'un interprète, le Roi Muet ? Ce n'est pas comme s'il allait s'engager dans une carrière de négociant ou de mercenaire... Mystère, mystère...
Ah, je me suis senti mal pour ce maître nécromant. Entre le jeune Anthézar qui a encore des progrès à faire et ce triste sire malchanceux, c'est à croire que la vocation périclite ! Les nécromants, c'est censé faire peur, nom d'un squelette !
La suite !!
- Remarque à part:
- Nyklaus von Carstein a écrit:Et j'ai hâte d'avoir la suite du Tournoi du Fort pour que nos RR se retrouvent
En même temps, trop laisser trainer l'affaire n'est pas recevable non plus. Du coup, je suis curieux : quand (IRL et dans nos récits) l'échéance des cinquante ans vous semblerait-elle atteinte ?
- Hjalmar OksildenKasztellan
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mer 5 Avr 2017 - 20:28
Von Essen a écrit:Ah, je me suis senti mal pour ce maître nécromant. Entre le jeune Anthézar qui a encore des progrès à faire et ce triste sire malchanceux, c'est à croire que la vocation périclite ! Les nécromants, c'est censé faire peur, nom d'un squelette !
Il faut avouer qu'on ne les dépeins pas de la meilleure manière Mais ce nécromant-ci a l'air quand même bien plus compétent qu'Anthezar, donc j'attends de voir de quoi il est capable
- Rapport à la remarque:
Je suis plutôt d'accord par rapport à ton point de vue. Je ne me voyais certainement pas ramener Oldrick et Anthezar de sitôt pour un tournoi...
Pour le moment, je suis occupé avec mon propre récit. Il avance bien, mais il va être long quand même De plus, le tournoi de la Reiksguard va me prendre un peu de temps lui aussi. Donc, en ce moment, le récit avec Anthezar et Oldrick n'est pas ma priorité... mais il arrivera. Pour moi, une fois ce dernier de fait, je pourrais me considérer prêt pour des retrouvailles.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Ven 7 Avr 2017 - 10:01
Merci pour vos commentaires, ça fait bien plaisir de voir que le récit vous plait toujours malgré des temps d'attente un peu longs.
Grom'
Il y a une partie qui s'expliquera naturellement dans la suite du récit, et quant au reste de la réponse, c'est bien simple. C'est que le Roi Muet se sent terriblement seul. Et ne pas être capable de converser avec quelqu'un, de ne pas pouvoir s'expliquer avant qu'on lui saute à la gorge, ça le pèse un peu... Il a beau être mort, le Roi Muet reste quand même très "humain".Von Essen a écrit:Elle pose pour moi une grande question : pourquoi a-t-il besoin d'un interprète, le Roi Muet ? Ce n'est pas comme s'il allait s'engager dans une carrière de négociant ou de mercenaire... Mystère, mystère...
Je complèterais ce qu'a dit Hjalmar en rajoutant que, comme il l'a dit lui-même dans le dernier passage, Hiéronymus n'était pas dans son élément, il ne verse pas dans la magie d'attaque. Il est d'ailleurs bien doué dans son propre domaine, et vous aurez l'occasion de le voir sûrement assez rapidement.Hjalmar Oksilden a écrit:Il faut avouer qu'on ne les dépeins pas de la meilleure manière Mais ce nécromant-ci a l'air quand même bien plus compétent qu'Anthezar, donc j'attends de voir de quoi il est capableVon Essen a écrit:Ah, je me suis senti mal pour ce maître nécromant. Entre le jeune Anthézar qui a encore des progrès à faire et ce triste sire malchanceux, c'est à croire que la vocation périclite ! Les nécromants, c'est censé faire peur, nom d'un squelette !
- Suite de la remarque à part:
- De même que Hjalmar, je pense que je me sentirai prêt pour la rencontre après 50 ans que lorsque j'en aurai fini avec le récit du Roi Muet.
Grom'
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 27 Mai 2017 - 9:30
Je viens de lire la suite et je ne suis point déçu
J'ai adoré le coup du nécromant sous les ordres du Roi Muet et cela risque d'être drôle en cas de confrontation avec d'autres morts-vivants.
Bref, vivement la suite.
J'ai adoré le coup du nécromant sous les ordres du Roi Muet et cela risque d'être drôle en cas de confrontation avec d'autres morts-vivants.
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
Re: [Récit] Le Roi Muet
Lun 17 Juil 2017 - 23:00
BAM ! Comeback.
L’après-midi se passa dans le silence le plus complet, le roi revenant ne prononçant plus un mot, bien assis sur sa selle, la tête droite, et le nécromant transperçait ce dernier du regard, courbé sur sa charrette, comme s’il voulait le dépouiller de tous ses secrets.
En vain. Le roi revenant restait insondable, et la mer de ses pensées trop calme pour que le nécromant puisse les lire.
Pourquoi le « Roi Muet » l’avait-il épargné ? Quelle lui était l’utilité de son service ? Quelle était sa mission ? Et surtout… qui était-il ?
Hiéronymus refusait toujours de croire qu’un roi revenant puisse rester en ce monde sans l’aval du maître qui l’aurait réveillé. Et pourtant, les faits étaient là : il avait cherché et cherché le moindre fil de la dhar qui aurait pu relier le revenant à son maître, mais il n’en avait pas trouvé. Et sans cela, il ne pouvait pas en prendre le contrôle, ni le renvoyer dans les limbes…
Le doute s’immisçait dans l’esprit du vieux sorcier. Il se maudit d’avoir cru ses yeux et non pas son sens de la dhar… son flair ne l’avait pas trompé, mais son empressement l’avait poussé à écarter cela comme une anomalie, ce qui l’avait placé face à un ennemi plus puissant qu’un roi revenant ordinaire.
Quelle pouvait bien être cette créature ? Hiéronymus ne savait toujours pas ce que lui voulait son geôlier couronné…
Le soleil se rapprochait toujours plus de l’horizon, marquant le début de la nuit, et le nécromant ruminait toujours ses sombres pensées.
Soudain, un mouvement de la part du Roi Muet attira son attention, brisant le fil de sa réflexion : le destrier squelette du revenant ralentissait son pas pour se placer à hauteur de la charrette du nécromant.
Son regard toujours fixé droit devant lui, la tête du revenant couronné ne bougea pas d’un cil lorsque la voix s’échappa de nouveau de sa mâchoire immobile.
Dis-moi, nécromant, pourquoi m’entends-tu ?
Hiéronymus se sentit piqué au vif. Le roi décédé tentait-il d’insulter ses talents de nécromancien ?
« Je suis un maître nécromant. Je marche à frontière entre le monde des vivants et celui des morts… Je perçois le monde des morts aussi clairement qu’un simple homme perçoit son entourage. »
Le ton hautain ne dissuada par le revenant, qui au contraire baissa légèrement la tête, comme dans une intense réflexion.
Je ne comprends pas. Je ne parle pas vraiment… Tu entends ce que je pense ?
Le vieux sorcier eut un petit sourire condescendant.
« Comme je l’ai dit, je perçois tout ce qui nous vient du monde des morts. Or votre esprit est ancré dans celui-ci, et non pas dans le monde des vivants comme l’est votre corps... Ce que j’entends sont les paroles mêmes de cet esprit. »
Le squelette eut un petit mouvement de recul sur sa selle.
Alors, tu peux entendre toutes mes pensées ?
« Non. » Hiéronymus eut un petit rire. « La quasi-totalité des pensées sont trop faibles et se perdent dans la masse, seules les plus fortes sont intelligibles. Disons que je peux entendre ce que vous penseriez tout haut. Avec un peu de concentration je peux aussi deviner quelques émotions dominantes. »
Le revenant hocha la tête.
Je vois.
Il y eut un moment de silence, le Roi Muet restant plongé dans ses pensées.
Mais alors… tous ceux qui versent dans le monde des morts, qu’ils soient vampires, nécromants, ou que sais-je… tous peuvent entendre ces pensées ?
Le vieux sorcier eut un moment de réflexion.
« Hmm, c’est un peu plus compliqué. En théorie oui, ceux dont l’esprit voyage dans le monde des morts peuvent entendre vos pensées. Enfin, ce genre d’affinités se travaille, et ne vient qu’avec une bonne pratique de magie liée aux morts ou aux esprits, comme la nécromancie… Tout ça pour dire que certains, pour ne pas dire beaucoup, entendront un murmure plutôt de que vraies paroles. »
Ah. Le revenant n’en dit pas plus, et le nécromant sentit le flot de sa réflexion, trop confus pour être audible.
Le Roi Muet lui, ne faisait pas attention au sorcier. Ah ! Qu’il avait du paraître idiot face à tous ces vampires et nécromants, au Tournoi du Fort de Sang, à se dire muet ! Mais, cela dit, même dans ses pensées les plus « audibles », il avait toujours été laconique. Après tout, n’était-ce pas un vampire lui-même qui l’avait appelé « le Roi Muet » pour la première fois ?
Après un moment, Hiéronymus sentit que le vieux roi avait terminé sa réflexion, aussi s’autorisa-t-il à lui adresser la parole :
« Dites. J’ai répondu à vos questions, j’aimerais vous en poser quelques-unes en retour. »
Le Roi Muet ne répondit pas tout de suite.
Soit, concéda-t-il finalement.
Le vieux sorcier alla droit au but :
« Que voulez-vous de moi ? Je veux dire, j’ai des doutes sur l’utilité d’un nécromant pour un roi revenant… libéré… comme vous. »
J’ai besoin d’un interprète. Si je puis te parler, pour la plupart des mortels, je suis le Roi Muet. Tu seras donc la bouche à travers laquelle je parlerai.
Hiéronymus haussa un sourcil.
« Vous savez que vous êtes mort n’est-ce pas ? Quel intérêt à vouloir converser avec des mortels qui vous attaqueront avant le premier mot ? »
Mort ou non, un roi est un roi, et un roi doit pouvoir parler.
Le roi revenant tourna la tête vers le sorcier, et son regard incandescent transperça ce dernier.
Tu n’as pas besoin de comprendre, juste de transmettre mes paroles.
Le Roi Muet se redressa sur sa selle et prit de l’avant : la discussion était terminée.
Hiéronymus resta un moment interdit. Visiblement, il avait touché une corde sensible, mais dans l’ensemble le revenant restait nimbé de mystères. Le sorcier était encore plus perdu après cette brève conversation, et de plus en plus intrigué : sa curiosité était piquée au vif.
Il lui fallait en apprendre davantage.
On commence doucement.
Je tiens à préciser que les trois prochaines suites du Roi Muet sont déjà écrites.
Grom'
* *
L’après-midi se passa dans le silence le plus complet, le roi revenant ne prononçant plus un mot, bien assis sur sa selle, la tête droite, et le nécromant transperçait ce dernier du regard, courbé sur sa charrette, comme s’il voulait le dépouiller de tous ses secrets.
En vain. Le roi revenant restait insondable, et la mer de ses pensées trop calme pour que le nécromant puisse les lire.
Pourquoi le « Roi Muet » l’avait-il épargné ? Quelle lui était l’utilité de son service ? Quelle était sa mission ? Et surtout… qui était-il ?
Hiéronymus refusait toujours de croire qu’un roi revenant puisse rester en ce monde sans l’aval du maître qui l’aurait réveillé. Et pourtant, les faits étaient là : il avait cherché et cherché le moindre fil de la dhar qui aurait pu relier le revenant à son maître, mais il n’en avait pas trouvé. Et sans cela, il ne pouvait pas en prendre le contrôle, ni le renvoyer dans les limbes…
Le doute s’immisçait dans l’esprit du vieux sorcier. Il se maudit d’avoir cru ses yeux et non pas son sens de la dhar… son flair ne l’avait pas trompé, mais son empressement l’avait poussé à écarter cela comme une anomalie, ce qui l’avait placé face à un ennemi plus puissant qu’un roi revenant ordinaire.
Quelle pouvait bien être cette créature ? Hiéronymus ne savait toujours pas ce que lui voulait son geôlier couronné…
Le soleil se rapprochait toujours plus de l’horizon, marquant le début de la nuit, et le nécromant ruminait toujours ses sombres pensées.
Soudain, un mouvement de la part du Roi Muet attira son attention, brisant le fil de sa réflexion : le destrier squelette du revenant ralentissait son pas pour se placer à hauteur de la charrette du nécromant.
Son regard toujours fixé droit devant lui, la tête du revenant couronné ne bougea pas d’un cil lorsque la voix s’échappa de nouveau de sa mâchoire immobile.
Dis-moi, nécromant, pourquoi m’entends-tu ?
Hiéronymus se sentit piqué au vif. Le roi décédé tentait-il d’insulter ses talents de nécromancien ?
« Je suis un maître nécromant. Je marche à frontière entre le monde des vivants et celui des morts… Je perçois le monde des morts aussi clairement qu’un simple homme perçoit son entourage. »
Le ton hautain ne dissuada par le revenant, qui au contraire baissa légèrement la tête, comme dans une intense réflexion.
Je ne comprends pas. Je ne parle pas vraiment… Tu entends ce que je pense ?
Le vieux sorcier eut un petit sourire condescendant.
« Comme je l’ai dit, je perçois tout ce qui nous vient du monde des morts. Or votre esprit est ancré dans celui-ci, et non pas dans le monde des vivants comme l’est votre corps... Ce que j’entends sont les paroles mêmes de cet esprit. »
Le squelette eut un petit mouvement de recul sur sa selle.
Alors, tu peux entendre toutes mes pensées ?
« Non. » Hiéronymus eut un petit rire. « La quasi-totalité des pensées sont trop faibles et se perdent dans la masse, seules les plus fortes sont intelligibles. Disons que je peux entendre ce que vous penseriez tout haut. Avec un peu de concentration je peux aussi deviner quelques émotions dominantes. »
Le revenant hocha la tête.
Je vois.
Il y eut un moment de silence, le Roi Muet restant plongé dans ses pensées.
Mais alors… tous ceux qui versent dans le monde des morts, qu’ils soient vampires, nécromants, ou que sais-je… tous peuvent entendre ces pensées ?
Le vieux sorcier eut un moment de réflexion.
« Hmm, c’est un peu plus compliqué. En théorie oui, ceux dont l’esprit voyage dans le monde des morts peuvent entendre vos pensées. Enfin, ce genre d’affinités se travaille, et ne vient qu’avec une bonne pratique de magie liée aux morts ou aux esprits, comme la nécromancie… Tout ça pour dire que certains, pour ne pas dire beaucoup, entendront un murmure plutôt de que vraies paroles. »
Ah. Le revenant n’en dit pas plus, et le nécromant sentit le flot de sa réflexion, trop confus pour être audible.
Le Roi Muet lui, ne faisait pas attention au sorcier. Ah ! Qu’il avait du paraître idiot face à tous ces vampires et nécromants, au Tournoi du Fort de Sang, à se dire muet ! Mais, cela dit, même dans ses pensées les plus « audibles », il avait toujours été laconique. Après tout, n’était-ce pas un vampire lui-même qui l’avait appelé « le Roi Muet » pour la première fois ?
Après un moment, Hiéronymus sentit que le vieux roi avait terminé sa réflexion, aussi s’autorisa-t-il à lui adresser la parole :
« Dites. J’ai répondu à vos questions, j’aimerais vous en poser quelques-unes en retour. »
Le Roi Muet ne répondit pas tout de suite.
Soit, concéda-t-il finalement.
Le vieux sorcier alla droit au but :
« Que voulez-vous de moi ? Je veux dire, j’ai des doutes sur l’utilité d’un nécromant pour un roi revenant… libéré… comme vous. »
J’ai besoin d’un interprète. Si je puis te parler, pour la plupart des mortels, je suis le Roi Muet. Tu seras donc la bouche à travers laquelle je parlerai.
Hiéronymus haussa un sourcil.
« Vous savez que vous êtes mort n’est-ce pas ? Quel intérêt à vouloir converser avec des mortels qui vous attaqueront avant le premier mot ? »
Mort ou non, un roi est un roi, et un roi doit pouvoir parler.
Le roi revenant tourna la tête vers le sorcier, et son regard incandescent transperça ce dernier.
Tu n’as pas besoin de comprendre, juste de transmettre mes paroles.
Le Roi Muet se redressa sur sa selle et prit de l’avant : la discussion était terminée.
Hiéronymus resta un moment interdit. Visiblement, il avait touché une corde sensible, mais dans l’ensemble le revenant restait nimbé de mystères. Le sorcier était encore plus perdu après cette brève conversation, et de plus en plus intrigué : sa curiosité était piquée au vif.
Il lui fallait en apprendre davantage.
* *
On commence doucement.
Je tiens à préciser que les trois prochaines suites du Roi Muet sont déjà écrites.
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Proverbe nain.
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 18 Juil 2017 - 17:24
AH ! Enfin la suite tant attendue !
J'ai beau connaître de bons morceaux du scénario, ça fait réellement plaisir de retrouver ton style si riche à l'écrit. Et puis en plus avec un petit bout d'explication de la Dahr qui pourrait être utilisé par d'autres. Que du bon donc !
J'attends et je demande donc la suite !
J'ai beau connaître de bons morceaux du scénario, ça fait réellement plaisir de retrouver ton style si riche à l'écrit. Et puis en plus avec un petit bout d'explication de la Dahr qui pourrait être utilisé par d'autres. Que du bon donc !
J'attends et je demande donc la suite !
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"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett
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- Les livres dans le paquetage du nordique...:
La Saga d'Oksilden :
Tome 1 : La Quête Improbable
Tome 2 : Combattre l'acier par l'acier
Tome 3 : Foi Furieuse
Je vous conseille de le télécharger, mettre l'affichage en deux pages et, si possible, activer le mode "Afficher la page de couverture en mode Deux pages" sous Adode Reader (en gros juste pour s'assurer que les pages sont bien affichées comme dans le vrai livre et non décalées)
- GilgaladMaître floodeur
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Mar 18 Juil 2017 - 23:53
Cette suite est relativement calme mais tout de même assez sympathique. On sent bien les interrogations du nécromancien qui doit aussi se demander comment il en est arrivé là. Bref, la suite sera intéressante.
Et vive la suite
Et vive la suite
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
Re: [Récit] Le Roi Muet
Mer 19 Juil 2017 - 14:24
Suite fluide et cohérente avec ce que tu nous as présenté de notre squelette adoré. Je vais guetter les épisodes suivants, d'autant plus que l'histoire de ton protagoniste prends un tournant. Je m'explique.
Jusqu'à présent, il cherchait à comprendre d'où il venait. Quelle était sa place. Pourquoi était-il là ? Où aller ? Il ne faisait au final qu'errer, cherchant des réponses à ces énigmes qu'il n'était pas en mesure de résoudre. Et les problèmes lui tombaient dessus par (mal)chance. Cependant, avec cet interprète que tu dévoiles progressivement, le revenant laisse penser qu'il a trouvé un but. Un objectif. Quelque chose à réaliser ou à atteindre de concret. Il prends l'initiative si je puis dire.
Et je suis du coup curieux de découvrir ce que tu nous as concocté
Jusqu'à présent, il cherchait à comprendre d'où il venait. Quelle était sa place. Pourquoi était-il là ? Où aller ? Il ne faisait au final qu'errer, cherchant des réponses à ces énigmes qu'il n'était pas en mesure de résoudre. Et les problèmes lui tombaient dessus par (mal)chance. Cependant, avec cet interprète que tu dévoiles progressivement, le revenant laisse penser qu'il a trouvé un but. Un objectif. Quelque chose à réaliser ou à atteindre de concret. Il prends l'initiative si je puis dire.
Et je suis du coup curieux de découvrir ce que tu nous as concocté
- Nyklaus von CarsteinSeigneur vampire
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Sam 22 Juil 2017 - 1:39
Ma drogue est de retour !! Ouii !!!
Bon plus sérieusement ce développement calme est intéressant et je pense que les réactions du Roi Muet sont bien retransmises au point que je me le suis imaginé réagir. J'ai "vu" la scène quoi ^^
Encore merci Gromdal pour cette suite mais je suis bien obligé de te demander...
... L'autre suite !!
Bon plus sérieusement ce développement calme est intéressant et je pense que les réactions du Roi Muet sont bien retransmises au point que je me le suis imaginé réagir. J'ai "vu" la scène quoi ^^
Encore merci Gromdal pour cette suite mais je suis bien obligé de te demander...
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Mon histoire...Histoire de Nyklaus
Mes dessins (avec les fiches de monstres dont vous pouvez vous inspirer dans vos récits) : Dessins de Nyklaus
Re: [Récit] Le Roi Muet
Dim 23 Juil 2017 - 13:45
Merci à tous pour vos retours !
Grom'
* *
Ils n’échangèrent plus un mot avant l’arrivée du jour. L’aube était glaciale, la campagne silencieuse sous le givre et les quelques lambeaux de brume paresseux. Ce fut l’un de ces lambeaux, en se dissolvant lentement dans l’air matinal, qui révéla les cavaliers en face d’eux.
Hiéronymus sentit l’excitation du Roi Muet, et ce dernier fit ralentir sa monture pour finalement s’arrêter. Son attention ne se détachait pas des voyageurs, et le vieux sorcier se demanda ce que le revenant avait en tête, bien incapable de lire ses pensées au-delà de son excitation.
Lorsque le Roi Muet prit la parole, il ne prit même pas la peine de se retourner vers Hiéronymus.
Prépare-toi, nécromant. Nous allons avoir de la visite.
À une cinquantaine de pas d’eux, les cavaliers devinrent nettement visibles. C’était un vieux chevalier à la livrée noire et blanche, au visage émacié et barbu dépassant de sous un camail, accompagné d’un écuyer bien plus jeune, vêtu d’habits simples, et à la monture chargées d’affaires diverses nécessaires à leur voyage.
Le Roi Muet tourna légèrement la tête vers Hiéronymus.
À partir de maintenant, tu répéteras exactement ce que je te dirai.
A vingt pas d’eux, le vieux chevalier dégaina son épée. Non sans une certaine hésitation, la voix du sorcier arriva à ses oreilles.
« Vous croisez le Roi Muet, le Souverain sans terres. Qui êtes-vous ?
— Je suis Robert de Sceaux, chevalier errant. Préparez-vous à mourir ici et maintenant, créature des ténèbres !
— Nous voyageons sur ces terres sans mauvaises intentions, et nous ne souhaitons pas vous affronter.
— Vos mensonges ne m’atteignent pas ! Des abominations telles que vous ne peuvent être laisser parcourir le monde ! »
La réponse du Roi Muet ne vint pas de suite.
« Soit. » dit-il finalement.
Face au chevalier, il dégaina son épée et avança lentement sa monture.
Robert de Sceaux, lui, plus impatient, chargea avec un cri de guerre.
Le choc fut brutal, et le revenant dévia la lame du chevalier avant qu’ils ne se dépassent l’un l’autre, emportés par leur élan respectif. Leurs montures se rapprochèrent à nouveau, et se tournèrent autour en laissant leurs maîtres s’affronter.
Il devint rapidement clair pour le sorcier que le combat était en défaveur du chevalier. Dominant ce dernier de plus d’une tête, le Roi Muet paraît aisément les coups du vieil homme, qui se faisaient de moins en moins vigoureux. Pourtant, le revenant ne ripostait pas. Il lui semblait au contraire qu’il faisait durer le combat, comme s’il voulait observer la technique de son adversaire plus longtemps.
Finalement, le revenant dut estimer en avoir assez vu du chevalier, car il lui asséna une frappe terrible qui envoya voler sa garde et transperça sa cotte de maille un peu en-dessous du thorax.
Dans un râle, Robert de Sceaux tomba en arrière sur sa selle, pour ne plus jamais se relever. Sa monture s’écarta du chemin.
Le Roi Muet s’avança vers le jeune écuyer, qui ne bougeait pas, comme paralysé, et fut suivi par un Hiéronymus hésitant.
Il fallut un court instant à ce dernier pour comprendre que le revenant venait de parler, et il s’empressa de transmettre ses paroles, et si elles avaient été prononcées doucement par le vieux roi, la voix du sorcier était bien plus vide d’émotions.
« Pars, écuyer. Tu pourras raconter que ton maître est mort dans un duel honorable avec le Roi Muet. »
L’écuyer sortit en sursautant de sa torpeur et lança sa plus attendre sa monture sur la route, passant à côté du revenant et du sorcier, qui ne bougèrent pas. Il regarda souvent derrière lui alors qu’il s’éloignait sur la route, comme pour s’assurer qu’ils ne le suivaient pas. Bientôt, il disparut à leur vue.
Ils restèrent ainsi un moment sans bouger, avant que Hérionymus ne prenne la parole.
« C’était une erreur de le laisser partir. »
Le nécromant sentit l’attention du Roi Muet se tourner vers lui. Ce dernier pencha légèrement la tête, comme curieux, ou irrité, et Hiéronymus n’arriva pas à le lire dans son esprit.
Pardon ?
Le vieux sorcier soutint le regard du revenant.
« Je pense que c’était une mauvaise idée de l’épargner. »
Parce qu’il sait qui je suis ?
Hiéronymus ne se laissa pas perturber.
« Avec un peu de chance, il arrivera sans trop d’encombres au prochain hameau, où il racontera à tous comment le terrible et maléfique Roi Muet a impitoyablement tué son maître. Et je parie que l’histoire va se répandre comme une trainée de poudre. »
Le vieux revenant resta un moment silencieux.
Un homme est de bien des façons différentes. Il est de par ce qu’il est à l’intérieur de lui-même, mais il est aussi de par ces actes, et ce que les autres disent de lui.
Je suis le Roi Muet. Et un roi ne recule jamais devant celui qui le défie, et sait épargner ceux qui sont innocent.
« Je doute que l’on raconte son histoire d’une telle manière. Pour quelqu’un tel que vous, c’est un tout autre genre de récits qui vous sont réservés. »
Des histoires de monstres et de spectres ? De créatures assoiffées de sang, juste bonnes à se faire éradiquer par les preux et vaillants serviteurs de la Dame ? Il y avait de l’amertume dans la voix du Roi Muet. Je n’ai pas choisi d’être de ces monstres, nécromant. Mais je ne le laisserai guider mes actions. Je ne laisserai pas ce que les autres disent de moi influencer sur mes actes et ce que je suis au fond de moi. Je suis un roi, et vivant ou mort, je le resterai.
Hiéronymus n’était pas convaincu.
« Et cela vaut s’attirer les foudres de tous les chevaliers du pays ? »
Le Roi Muet regarda le sorcier droit dans les yeux, et ce dernier sentit que si le revenant avait eu des paupières, il n’aurait pas cillé.
Je suis ce que je suis, nécromant. Et je vaux mieux que beaucoup de ces soi-disant preux chevaliers. Et si je ne peux vivre selon ce qu’il me semble juste, si je laisse ma raison de vivre plier face aux volontés de ceux qui veulent faire de moi un monstre, alors comment vivrais-je ? Non, je refuse de laisser autre que moi décider de ma vie, nécromant, dussé-je en mourir, car le jour où je plierai, alors je serai véritablement comme mort.
Hiéronymus ne répondit pas. Il avait envie de rétorquer que le revenant n’était justement pas vivant, mais il se retint. Le Roi Muet ne voyait visiblement pas les choses de la même façon que lui. Mais, s’il n’était pas d’accord avec lui, il respectait son point de vue. Si, comme les apparences le laissaient croire, le Roi Muet était bien maître de lui-même, et non un pantin exécutant aveuglément les dernières paroles de son ancien maître, alors force était de reconnaître qu’il possédait une volonté hors du commun.
Le vieux sorcier regarda le revenant prendre les devants, la discussion terminée. Il avait ainsi eu son premier aperçu de la véritable nature de ce, ou plus celui, qui se faisait appeler le Roi Muet. Le nécromant se faisait de plus en plus à l’idée que c’était véritablement un esprit libre et autonome qui était piégé, pour une raison inconnue, dans son corps décati.
Et quel esprit ! Même piégé dans son propre cadavre, réduit à l’état de squelette vivant, il refusait d’abandonner les principes qui avait jadis régi son existence, et qui n’avaient plus de sens pour le semblant de vie qu’il avait aujourd’hui ! Douce ironie qu’une personne d’une telle droiture se retrouve ainsi dans le corps d’un serviteur des seigneurs de la nuit, parmi les plus fourbes créatures que le Monde ait jamais portées, et soit ainsi jugé comme le pire des monstres pour le restant de son existence…
Hiéronymus sourit. Il avait vu bien pire comme maître, et il devait dire que le roi revenant l’intriguait. Le vieux sorcier voulait être là pour voir quel serait le développement de cette étrange histoire. Oui, pour le moment, il accompagnerait le Roi Muet dans sa quête. En étant son serviteur, il en serait le premier témoin.
Avec un petit rire, le nécromant fit s’avancer son bœuf avec une énergie renouvelée, lançant sa carriole à la suite du revenant.
* *
On y est pas encore, mais ça va venir.vg11k a écrit:le revenant laisse penser qu'il a trouvé un but. Un objectif. Quelque chose à réaliser ou à atteindre de concret. Il prends l'initiative si je puis dire.
Grom'
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
- GilgaladMaître floodeur
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Re: [Récit] Le Roi Muet
Dim 23 Juil 2017 - 16:19
Qu'est-ce qu'ils sont stupides les chevaliers errants parfois...
Plus sérieusement, c'était assez sympathique à lire. L'histoire avance doucement mais sûrement. Et on en apprend un peu plus sur le nécromancien qui n'hésite pas trop à questionner les décisions de son patron.
Bref, vivement la suite
Plus sérieusement, c'était assez sympathique à lire. L'histoire avance doucement mais sûrement. Et on en apprend un peu plus sur le nécromancien qui n'hésite pas trop à questionner les décisions de son patron.
Bref, vivement la suite
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