Aller en bas
Thomov Le Poussiéreux

Thomov Le Poussiéreux





Seigneur vampire
Seigneur vampire
Age : 38
Nombre de messages : 3611
Date d'inscription : 25/03/2009
Vainqueur d'évènement : Concours de texte
Palmares : Comte de la Crypte 2010, 2013 & 2017

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Textes du Concours de Récits 2018

Dim 30 Sep 2018 - 22:28
Bienvenue, bienvenue dans ce sujet ayant pour but de récolter les textes des nombreux participants à cette édition 2018 de notre Concours de Récits annuel!  banane

Voici un rapide rappel des dates et règles du concours:
-Le présent sujet sera ouvert du dimanche 30 septembre (soit aujourd'hui) jusqu'au dimanche 21 octobre (soit dans trois semaines exactement).

-Il vous sera demandé d'y poster vos textes et eux seulement; pour les commentaires sur vos œuvres ou celles de vos petits camarades ainsi que vos éventuelles remarques ou questions, nous vous prierons de les réserver pour le sujet "Inscriptions et commentaires en tous genres".

-Une fois le présent sujet fermé, j'en ouvrirai un second afin de récolter les votes de nos amis lecteurs. Cet ultime sujet sera ouvert jusqu'au 4 novembre (soit deux semaines plus tard) où nous procèderons au décompte des votes et au sacrement de notre nouveau Comte, ou nouvelle Comtesse, de la Crypte.

-Comme je vous vois déjà venir avec vos gros sabots, petits fripons que vous êtes, je précise tout de suite que le laps de temps disponible pour voter sera éventuellement adapté en fonction du nombre final de participants. Nous ne sommes pas des bêtes... Rolleyes


Il me reste à vous souhaiter une très bonne inspiration et à céder la place à vos plumes expertes respect

_________________
Vulnerant Omnes, Ultima Necat.
Lanoar

Lanoar





Chevalier de sang
Chevalier de sang
Age : 34
Nombre de messages : 878
Date d'inscription : 02/07/2010

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Jeu 4 Oct 2018 - 16:08
~ Le chevalier et la dame ~

   Le chevalier se prépara méthodiquement pour le long voyage qui l’attendait ; il s'était allégé pour l’occasion, ne prenant pas son armure au complet car il devait prendre la route seul cette fois-ci. Son écu dans le dos et son tabard bien ajusté, il se hissa sur la selle et claqua sa langue pour lancer son cheval.
   Les sabots du destrier battaient maintenant la terre à bonne allure sur les chemins mais le cavalier précautionneux ménageait tout de même sa monture. Lors d’un bivouac aux abords de la route, il sortit un petit livret fin à la couverture de cuir élimée et aux pages jaunies. Il délaça l’attache, feuilleta l’ouvrage vierge et en sortit un petit vélin d'un blanc éclatant soigneusement plié. L’encre rouge vif permettait de lire sans mal qu’il s’agissait d’une invitation à un tournoi, sans aucune nomination cependant, bien qu’elle fût conforme au protocole. Une date précise y figurait mais la seule indication de lieu était : “traversez sans crainte la brume de la Forêt d’Arden”.
  Le chevalier se réinstalla, pencha la tête en arrière, puis ferma les yeux.

   Mes souvenirs de cette époque lointaine se sont estompés mais je me souviens parfaitement de ce jour lorsqu’elle m'a remis cette lettre.
   Sa robe pourpre brodée d'un liseré d'or contrastait avec la blancheur de sa peau ; une blancheur rehaussée de carmin à l’endroit de ses lèvres. Elle avait une prestance sans pareil. Une beauté hors du temps. Je n'étais qu'un jeunot insolent à l'époque mais c'est à moi qu’elle avait remis cette invitation. "Si tu pense être digne de moi, rends-toi à ce tournoi et j'y serai" m’avait-elle dit.
   Elle m'a subjugué d’une façon inexplicable et ma vie a pris un tout autre sens depuis.

   Le voyageur s'était enfoncé dans la forêt d'Arden depuis longtemps et progressait désormais dans des marécages humides, boueux et brumeux. Avec les mots de l’invitation pour seuls guides, il suivait un passage qui serpentait entre les arbres, les étendues de vase et le brouillard épais. Ce dernier se dissipa peu à peu pour laisser apparaître une haute et solide palissade en rondins. Il entreprit de la contourner pour arriver enfin à l’entrée.
   Le garde observa l’homme à cheval de la tête aux pieds avec insistance sans porter grand intérêt à l'invitation que celui-ci lui tendait. Finalement on lui fit signe d'entrer et on le conduisit à ses quartiers : une petite tente individuelle, sommaire mais fonctionnelle. A côté de la couche était placardé le règlement du tournoi.

   La réputation de ce tournoi n’est pas usurpée. En plus d’être entouré de mystère et difficile d’accès, les épreuves sont très différentes de ce que je connais. En effet, la joute et le traditionnel duel final contre le chevalier noir sont au premier sang. Je commence à regretter de ne pas avoir pris mon armure complète, mais en voyant que les combats se termineront à pied en cas de chute, autre surprise, j’ai finalement bien fait.
   J’ai croisé plusieurs participants qui ont l’air d’être des combattants aguerris, la compétition sera rude.
   Qu’importe, je dois l’emporter et j'obtiendrai ce baiser de ma dame.

   Les participants formaient une petite cohorte chamarrée contrastant avec l’atmosphère grise de la forêt. L’ambiance n’en était pas moins festive et le public applaudissait les chevaliers qui paradaient dans l’arène. Ces derniers se jaugeaient amicalement et figuraient des charges avant de s’arrêter de façon théâtrale, pour le plus grand amusement de l’assemblée. D’autres animations étaient l’occasion de démontrer leurs talents équestres avec divers sauts et autres figures.
   Le défilé s’acheva avec la traditionnelle coutume : les dames de l’assemblée devaient nouer un ruban sur la lance des chevaliers qui se présentaient à elles afin de leur porter chance. Certaines demandaient à observer l’intéressé sous toutes les coutures avant de nouer l’étoffe avec une expression de délectation non dissimulée.

   Je profite de la procession pour jauger mes futurs adversaires et ma première impression était correcte. Ce tournoi sera certainement le plus difficile de ma vie.
   Dans le même temps je repère enfin ma promise dans les gradins, identique à mes souvenirs : une robe pourpre et une peau immaculée comme la neige de l’hiver. Son attitude quelque peu distante n’a attiré aucun chevalier mais je m’avance et décide d’ôter mon heaume afin qu’elle me reconnaisse. Comme un seul être, mon destrier et moi-même lui faisons une révérence et elle noue alors l’un de ses rubans sur ma lance en esquissant un sourire.

   Le calme régnait sur l’arène et le public patientait dans un silence cérémonial.
   Les cavaliers se plaçaient tour à tour de part et d’autre de la rambarde en bois avant de s’élancer vaillamment. Les impacts des lances sur les boucliers étaient intenses et les clameurs de la foule leur répondaient. Les combattants étaient d’un niveau tellement comparable qu’il leur fallait plusieurs passages avant de provoquer la chute. Cependant, une fois survenues, elles étaient si violentes que le vainqueur n'avait plus qu'à planter le bras ou la cuisse du chevalier à moitié conscient pour l’emporter, la foule se réjouissant de plus belle.

   Mon adversaire se tient à l'autre bout de la rambarde, engoncé dans sa lourde armure complète. Je reconnais son blason : une famille assez influente du duché de Couronne dont j'ai déjà croisé des représentants dans des précédents tournois. Sa posture trahit son immense fatigue causée par le voyage et le pauvre homme accuse le coup.
   Nous nous élançons en même temps et malheureusement pour lui je parviens à me contorsionner pour dévier sa lance et j’ajuste alors parfaitement mon coup pour le faire chuter au premier passage.

   L'aube brumeuse pointait difficilement entre les cimes des arbres lorsque que les concurrents encore en lice s'alignèrent, attendant fébrilement le champion des hôtes de cette compétition.
   Il apparut et s'avança calmement au milieu de l'arène, portant une lourde masse d'arme et une épée à la ceinture ; il était à pied et son armure ternie était recouverte d'un tabard plus noir que la nuit.
   Après un salut respectueux, le premier cavalier chargea de toute sa fougue, mais alors que sa lance aurait dû toucher son adversaire, le chevalier noir pivota sur lui-même et profita de l'élan pour faucher le cheval qui alla s'écrouler un peu plus loin en coinçant son maître. Le champion fondit sur le malheureux et lui écrasa le torse avec son arme d'un geste puissant et maîtrisé sous les acclamations morbides de la foule.

   Je suis le dernier à l'affronter et pour la première fois de ma vie je tremble de peur. Je reprends un peu ma contenance et je choisis de descendre de mon fidèle destrier pour le combattre à pied.
   A peine ai-je le temps de dégainer mon épée qu’il passe soudainement à l'attaque en levant sa masse au-dessus de sa tête ; sa vitesse et son allonge sont formidables mais je parviens à esquiver au dernier moment et je bloque son arme dans le sol avec mon pied avant d'armer mon coup, mais trop tard : il me déséquilibre d'un violent coup d'épaule et tire son épée en un éclair pour la placer sur ma gorge.

   Le chevalier noir fit perler une goutte de sang du vaincu et le montra au public en liesse avant d'asséner un puissant coup de pommeau à la tempe du malheureux qui s'effondra lourdement au sol.
   La foule exulte, descend des gradins et la dame à la robe pourpre se jette passionnément dans les bras du vainqueur en arborant un large sourire.

   Des formes vacillent devant ma vue brouillée. L’une d’elle, de couleur pourpre, s'approche de moi et me soulève aisément malgré mon lourd plastron ; un visage pâle s'approche du mien, je peux distinguer ses lèvres rouges sang et ses canines pointues.

   Je souris, je suis heureux.
vg11k

vg11k





Seigneur vampire
Seigneur vampire
Age : 32
Nombre de messages : 1571
Date d'inscription : 19/07/2010
Vainqueur d'évènement : Concours de texte
Palmares : Comte de la Crypte 2014, Champion des Duels de Lassenburg, Champion des Armes 2019
http://vg11k.tumblr.com/

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Ven 5 Oct 2018 - 9:52
Le Manoir d'Havrepin


Resserrant son col, la jeune femme sortit des ombres et se risqua à découvert. Face à l'imposant bâtiment, elle se sentit brusquement rétrécir. Bien que perdue dans les bois, la demeure dépassait la cime des résineux alentour. La femme pouvait compter trois rangées d'immenses fenêtres. Seule celles au rez-de-chaussée trahissait une présence de par les lueurs timides de bougies, visibles de l'extérieur.

Inspirant profondément, elle se força à avancer jusqu'à la volée de marche de l'entrée. Elle leva enfin la main pour utiliser l'anneau du heurtoir, hésitant une dernière fois. Néanmoins son regard se fit plus déterminé : elle n'avait pas fait tout ce chemin pour renoncer au dernier moment.

Le résonnement du métal contre le métal vint troubler la brise nocturne, lui arrachant un frisson. Un homme lui ouvrit après quelques instants. Vêtu d'une robe de chambre, il affichait des traits délicats et une frange blonde parfaitement alignée.
    - Bonsoir, que puis-je pour vous à cette heure tardive ?
    - Je... Je m'appelle Mathilda, commença-t-elle en tentant d'ordonner ses pensées. Par où commencer... Vous allez trouver cela ridicule... j'ai... j'ai entendu parler de ce manoir et je... j'aurais voulu le visiter, en apprendre plus à son sujet... S’en est devenu une idée fixe et… je…
Fronçant les sourcils en réponse aux bredouillements de la femme, l'individu leva une main pour l'interrompre.
    - Ma demeure est loin de tout et il se fait tard. Je m’apprêtais à dîner seul. Que diriez-vous de m'expliquer cela en partageant mon repas ? Je pourrais même vous prêter une chambre. Elles ne manquent pas.
    - Je... ne saurais... merci, céda-t-elle après une rapide hésitation. C'est très aimable de votre part. A vrai dire, je meurs de faim.
Elle n'osa dévorer du regard la pièce attenante où l'individu la guida. Puis elle remarqua enfin son profil atypique lorsqu'il la débarrassa de son pardessus.
    - Vous êtes un elfe ! s'étonna-t-elle en portant une main à ses lèvres.
    - C'est exact, s'amusa celui-ci avec un sourire avant d'emporter le vêtement.
Seule quelques instants, elle se permit enfin d’examiner l’endroit. Elle se trouvait dans un majestueux salon garnis de bibliothèques où trônait deux chaises et une table basse. Ses bottes s’enfonçaient dans un tapis épais bariolé de symboles inconnus. Une cheminée du côté opposé aux fenêtres assurait une température confortable.

Lorsque l'elfe revint, il tenait deux verres et lui en proposa un avant de boire une gorgée du sien.
    - Je ne saurais par où commencer, bredouilla-t-elle en tirant sur les manches de sa chemise très masculine. Je suis partie en laissant mes proches qui ne pouvaient… comprendre ce besoin de venir. A dire vrai, j’ignore même où j’ai entendu le nom de cet endroit pour la première fois…
    - Les voyageurs font souvent escale au manoir d'Havrepin, déclara-t-il juste. Et ce depuis que j'ai acquis le domaine, il y a bien longtemps de cela. J'ai pour habitude de conter de courtes histoires de ma contrée natale aux gens de passage et, si vous me le permettez, j'aimerais faire de même avant d'écouter la vôtre. De plus, cela vous laissera le temps d’ordonner vos pensées.
Il désigna de l'index un fauteuil à Mathilda pour appuyer sa proposition. Elle s'empressa de s'y laisser tomber avec un soupir de bien-être. Goûtant le breuvage, elle découvrit un vin doux et pétillant.
    - Il s'agit d'une fable de mon enfance, commença-t-il. Celle d'un homme qui défia un mage et s'attira son courroux. En représailles, il tourmenta l'homme durant des mois.
Portant une main à sa tempe, elle réprima un brusque vertige. Ce spiritueux était plus traître qu'il n'y semblait ! Remarquant son soudain malaise, il marqua un temps d'arrêt puis reprit :
    - Avant que l'homme ne succombe à ses... traitements, le mage réalisa qu'il n'était pas satisfait de cette conclusion. Cet homme n'avait que quelques jours encore à vivre, tout au plus. Ce qu'il avait commis en revanche, cela nuirait au mage pour des siècles entiers. Le châtiment était par conséquent très insuffisant à ses yeux. C'est pourquoi il prit une décision radicale.
Posant son verre, l'elfe se leva puis tranquillement se dirigea vers sa cheminée. Son regard se perdit quelques minutes dans les flammes.
    - Quel genre de... décision ? l'interrogea Mathilda en clignant des yeux.
Une bouffée de chaleur soudaine la fit soupirer de bien-être. Par l'empereur, on ne l'y prendrait plus à toucher aux alcools elfiques ! Se tournant vers elle, l'elfe pencha la tête de côté en l'étudiant. Un instant, elle crût lire dans son regard un éclat de tendresse. S'approchant avec décontraction, il reprit d'un ton léger :
    - Il jeta une malédiction sur la lignée de l'humain. Il condamna ses descendants à payer à leur tour pour ce qu'il avait réalisé.
A ces mots Mathilda commença à s'effrayer. Elle tenta de reculer dans son fauteuil, mais constata avec stupeur que ses jambes restèrent immobiles. Hoquetant, elle s'efforça de se lever. En vain. En plus de son malaise, elle se découvrait comme prisonnière de son propre corps !
    - Détendez-vous, intima calmement son hôte.
    - Que m'avez-vous fait avaler ? S'écria-t-elle.
    - Un filtre de mon crût, confessa l'elfe avec une mine désolée. Un élixir de contrainte. Levez-vous et ayez l'obligeance de me suivre.
Osant à peine respirer, Mathilda se leva docilement sans même contrôler ses membres, sa personne s’animant enfin. Comme si elle n'était plus qu'un témoin habitant son propre corps, elle se vit prendre la suite de l'elfe. Il reprit en la guidant vers une série de marches avec un naturel déroutant :
    - Pour parler en termes que vous comprendrez, expliqua-t-il en s'enfonçant dans les profondeurs du manoir, la malédiction ne se déclare qu'une fois la lignée de l'homme assurée. Les intéressés ont alors une véritable illumination. Un mot leur vient en tête. Un simple nom. Il emplit leurs pensées, jour et nuit. Il les obsède jusqu'à ce que plus rien d'autre n'ai d'importance : le nom de la demeure du mage. La malédiction les pousse à satisfaire le besoin irrépressible de rechercher et trouver cet endroit.
    - Havrepin, souffla-t-elle avec effroi alors que le puzzle s’assemblait dans son esprit.
L’elfe hocha la tête d’approbation. S’immobilisant la main sur la poignée de porte terminant l'escalier, il pivota et plongea son regard dans celui de Mathilda :
    - Vous n'avez jamais connu votre père je crois, ayant fui ses responsabilité peu après votre naissance. Et vous-même devez être mère, bien que vous me sembliez terriblement jeune. Et ce même en tenant compte de votre nature humaine...
    - J'ai des... jumeaux... répondit Mathilda malgré elle.
    - Vous me voyez ravi de l'apprendre, déclara l'elfe en ouvrant l'accès.
Il dévoila une pièce dont la seule vision glaça le sang de la jeune femme. Un chevalet trônait en plein centre de la vaste salle. Au-dessus de celui-ci pendaient de multiples chaînes et ustensiles dont elle n'osait imaginer l'utilité. D'un côté, des fers étaient incrustés dans la pierre. Ici trônait une grande croix garnie de pointes effilées. A l'opposé, plusieurs étals se succédaient où étaient alignés des lanières, lames diverses, crochets, pinces, aiguilles... Elle vit également des bocaux de fluides opaques dont certains se troublèrent à leur entrée. Des torches aux murs latéraux, accrochées symétriquement et déjà allumées, ajoutaient de multiples jeux d'ombres à cette scène déjà macabre.
    - J'ai hâte de faire leur rencontre d'ici une vingtaine d'années, reprit l'hôte en faisant référence aux enfants de Mathilda. En attendant, dévêtez-vous et allez-vous installer confortablement.
Se faisant, il désigna vaguement le chevalet immaculé puis se dirigea en direction des établis qu'il parcourut d'un œil pétillant. Il tendit le doigt vers une boucle de cuir ornée de symboles qui luisirent faiblement à sa caresse avant de fermer les yeux, songeur. Presque à regret, il recula et se tourna vers une armoire. Il en tira un tablier blanc qu'il noua distraitement. Puis il se retourna enfin.

Il ignora royalement la jeune femme, nue et allongée sur la table de torture impeccablement blanche et s'attarda devant un brasero adjacent. D'un claquement de doigts, l'elfe produisit une étincelle qui embrasa les charbons. La chaleur vint cueillir Mathilde à la gorge et lui fit plisser les yeux. Mais ce fut insuffisant pour dissiper les tremblements paniqués qui l'agitaient progressivement. Tremblements qui ne firent que s'accentuer lorsqu'elle sentit sans les voir les doigts fins de l'elfe refermer des entraves à ses poignets et chevilles.
    - L'effet de mon breuvage devrait se dissiper dans quelques minutes, expliqua-t-il en repassant en lisière de son champ de vision. Il serait dommage de ne pas profiter pleinement de l’événement. Je pourrais alors écouter comme vous me raconterez votre histoire.
L’elfe se dressa finalement au-dessus d'elle. Il l'embrassa du regard emplit de cette même tendresse exprimée auparavant. Cependant il n'avait plus à la main une coupe de liqueur mais un outil bien plus sinistre.
    - Que je suis heureux de retrouver votre lignée.

Wiffy

Wiffy





Champion squelette
Champion squelette
Age : 22
Nombre de messages : 74
Date d'inscription : 21/05/2018

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Sam 6 Oct 2018 - 23:30
La Lune Macabre
Le clan de La Lune Macabre. Un nom qui m’évoque bien des souvenirs…lorsque j’étais encore vivant, lorsque j’étais un membre, ou plutôt le chef de ce clan. De douces images se forment dans mon esprit torturé de gobelin, des batailles enivrantes au côté de mes « fidèles » gars, ainsi que mon adorable squig géant, Mach’Barb, qui me servait de monture, et qui inspirait la crainte au sein du clan, aucun gobelin n’a jamais essayé de me tuer, ce qui est plutôt rare lorsqu'on est le chef d’un clan de cet envergure, il m’aura sauvé la vie une bonne dizaine de fois, et à ôté le souffle a bon nombre d’adversaire, chose-barbue, chose-rat, ou encore quelques zoms, rien ne pouvait nous arrêter ! Mon clan commençait à inspirer la crainte dans les rangs des choses-barbues des environs, et faisait frissonner de terreur les choses-rats des souterrains.

Cependant, cet âge d’or s’acheva brutalement…Au cours de ma dernière bataille, celle qui opposait La Lune Macabre, aux forces du Throng de Karak Drazh, et à la Horde du clan de la Patte Cramoisie. Nous étions en positions de force, mes fanatiques perçaient les défenses réputées impénétrable des choses-barbes, mes squigs avalaient les rongeurs par dizaines sans s’arrêter, tandis que mes lances rocs pulvérisaient les assemblages de chair grotesque des choses-rats qui, en tombant, écrasaient quelques-uns de leurs congénères. Bien que mes guerriers n’étaient pas réputés pour être très courageux, ils tenaient les lignes ! La bataille semblait être gagnée ! Jusqu’au moment où je fus face au seigneur de guerre vermine, un rongeur équipé d’une hallebarde brillant d’un vert inquiétant, ainsi qu’une armure rouge sang qui semblait être doté d’un enchantement…Il me chargea, n’ayant pas peur de Mach’Barb, il esquiva la lourde mâchoire du petit monstre et s’apprêta à me décapiter d’un coup d’hallebarde bien placé, c’était sans compter ma réactivité dût aux bières de champignons bût quelques heures plus tôt, je pu effectuer une parade digne d’un chef gobelin, avant de planter mon kikoup de gob’ au plus profond de son armure. C’est à partir de ce moment que tout bascula, une fois le rat mort, une étrange fumée verdâtre s’extirpa de son armure et courra le long de mon bras qui tenait le kikoup, cette même fumée enveloppa Mach’Barb qui ne pouvait la croquer, je sentis mes forces s’envoler, et vu Mach’Barb changé de couleur, passant d’un orange vif à bleu pâle…

Tout était sombre à présent…plus rien, je ne sais combien de temps cette obscurité dura ni depuis combien de temps j’étais évanoui…ou bien mort, je ne sentais plus Mach’Barb sous moi, aurais-je perdu mon seul ami ? Mon seul compagnon qui m’aurait apporté le peu de réconfort qu’un gobelin à besoin dans ce genre de moments ? Les innombrables ténèbres commencèrent à se dissiper, je pus ainsi apercevoir où je me trouvais…Hum…cela ressemblait à un cimetière…comment était-je arrivé ici ? Il n’y pas si longtemps je découpait des choses-barbues par douzaines dans des grottes des montagnes des larmes, et à présent, un cimetière.
Quelque chose me perturba, je vis ma main, mes yeux s’écarquillèrent de terreur lorsque je vis que cette dernière ne possédait plus un simple lambeau de peau, ma main tout entière était visible jusqu’à l’os ! Pris de panique je me dépêchai de trouver un quelconque morceau de verre afin d’y refléter mon visage meurtri de gobelin…Stupeur, étonnement, et horreur sont les expressions qui se dessinèrent sur mon faciès lorsque je découvris que la moitié de mon crâne était apparente, ainsi qu’une grande balafre qui couvrait la moitié de mon visage ! J’en déduis donc que j’avais perdu la vie au cours de la récente…récente ? bataille, je ne sais combien depuis combien de temps je suis ici…cependant, un zom qui réanime les morts m’aurait relevé par inadvertance…oui cela se tient…malheureusement…je ne pense pas que Mach’Barb ait eu la même « chance » que moi… Un affreux doute monta en moi, je revins près de l’endroit où je m’étais réveillé, une tombe. Un trou béant se dessinai devant moi, se pourrait-il que ce soit l’endroit où reposait Mach’Barb et qui, comme moi, ce soit réveillé ? L’idée que je pourrai peut-être retrouver mon compagnon de plusieurs décennie ranima une lueur d’espoir au fin fond de mon corps sans vie. Je cherchai pendant plusieurs jours une quelconque trace me prouvant qu’il était présent ou qu’il serait passé par ci ou par là. Mon corps commençait à éteindre la lueur qui s’était manifesté quelques jours auparavant, lorsque d’étranges signes près du cimetière commençaient à apparaître : Des tombes ravagées, des morceaux de zombies, la grille dont les barreaux étaient tout sauf droits, mais aussi des animaux morts aux alentours, auquel il manquait une partie du corps, chaque être mort de cette manière possédaient une morsure à la gorge, ces animaux étaient donc morts de la même façon que Mach’Barb tuait les nains, en arrachant la partie près de la barbe. La flamme qui s’était éteinte se raviva au fur et à mesure. Ce n’est qu’au bout de la deuxième semaine qu’une étrange silhouette se dessina devant moi, une créature éthérée pourvue d’une armure de facture gobeline, ainsi que des crocs de la taille d’un demi-gob, c’est lorsque je vis la selle qu’il portait, ornée d’une lune macabre que mes hypothèses se confirmèrent.

Textes du Concours de Récits 2018 Skarug10

« Mach’Barb ! Mon pote ! » Le gobelin se jeta sur son vieux compagnon et le serra très fort, du moins, essaya, vu que son ami n’était plus qu’une forme éthérée sans vie. Le squig essaya de lécher le visage de son ancien maître, mais sans réussite…Cependant, Skarug venait de retrouver son squig, son unique et seul ami, c’était déjà bien assez pour lui, le désespoir causé par sa non-vie et sa solitude s’étaient envolé dès que la frimousse de la bête avait fait son apparition. Skarug voulait chevaucher son petit monstre, mais la forme éthérée de ce dernier l’en empêchait, il voulait trouver une solution, mais malgré son intelligence de gobelin supérieure à la moyenne, aucune idée ne germait dans son esprit. La seule solution possible était d’attacher une armure magique sur le dos de Mach’Barb, chose extrêmement rare, d’autant plus que ce n’est pas dans ce cimetière qui aurait pu trouver grand-chose. Il se mis donc en quête d’un mausolée plus imposant que les autres, en espérant tomber sur un noble issu d’une grande famille, peut être que le ou les corps des défunts posséderont quelques objets de grande valeur aux yeux de Skarug. Durant leurs recherches, le gobelin parlait sans cesse au squig, lui racontant les moindres détails de ses souvenirs, la petite chose verte n’avait jamais aussi heureuse de retrouver un...squig…un vulgaire champignon à pattes.
Dans un coin reculé du cimetière, se dressait une sorte de statue qui ressemblait à s’y méprendre, au dieu dé zom, Sigmar, avec son marteau levé vers le ciel. Je voulus l’inspecter de plus près, et remarqua une trappe située à l’arrière du piédestal, sans hésitation, Je m’y engouffrai, avec Mach’Barb à mes côtés. Nous arrivâmes dans une crypte, appartenant à la famille Von Kaössbllak, au centre de la pièce se situait une tombe. Je m’y approchais, doucement, on ne sait jamais. A peine ai-je touché l’inscription sur le couvercle, qu’un tremblement s’y fit ressentir, il tomba avec fracas sur le sol et se brisa, un squelette s’extirpa devant moi, armé d’une puissante masse et d’une armure rouge sang, une couronne était dressée sur son crâne blanchit par le temps, il me fixait du regard.

Textes du Concours de Récits 2018 Skarug11

Je sentis en moi un sentiment de peur, même si j’étais déjà mort. Je me dépêchai de revenir près de Mach’Barb afin d’être prêt à l’affronter. Le squelette en armure était lent, contrairement à moi, qui ne possédait qu’une robe noire obsidienne ainsi qu’un plastron de facture gobeline, il était assez simple pour moi d’esquiver ses lourdes attaques qui laissaient un impact de la taille d’un bouclier nain sur le sol, un coup me serait fatal, heureusement, Mach’Barb lui fonça dessus et lui arracha un bras, ce qui fit vaciller le mort en armure, mais sans plus, ce dernier ne comptai pas se faire battre par un gobelin et un champignon à pattes. Je sorti donc mon kikoup’, il s’était fait enchanter par le chaman de mon clan, il possédait donc des capacités magiques, ce qui pourrait m’aider à vaincre cette chose. Je donnai un petit coup à chaque fois que j’esquivai la masse qui faisait 2 fois ma taille. Je l’eût à l’usure. Ce n’est qu’après un combat de plusieurs longues minutes, que le colosse tomba à terre. J’observai son armure. Un lourd plastron gravé de symbole étranges qui émanait une lueur orange. Je détachai les pièces qui pourrait m’être utile, puis, appelai Mach’barb, ce dernier accourut à toute vitesse, sans doute qu’il avait senti la puissance magique que renfermait cette armure. Quoi qu’il en soit, je pût attacher l’armure sur mon squig.
On raconte à présent, qu’un gobelin mort vivant sur un squig spectral arpent les différents cimetières en quête d’aventure palpitante et de carnage, Ils se surnomment La Mort Verte, car nul, à ce jour, n’a réussi à rencontrer le duo et s’en sortir indemne.

Textes du Concours de Récits 2018 Skarub10

_________________
Si un gobelin qui chevauche un squig est redoutable, qu'en est-il d'un squig qui chevauche un gobelin sous potion du bonnet fou?
Ma Chaîne d'animation :
https://www.youtube.com/channel/UCKpJlC3vOPjhIatCW8K7epg?view_as=subscriber
Alain de Saint Jean

Alain de Saint Jean





Squelette
Squelette
Age : 53
Nombre de messages : 41
Date d'inscription : 16/09/2018

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Dim 7 Oct 2018 - 20:38
La dernière danse.


L’aube n’allait plus tardée à poindre à l’horizon, depuis la veille au soir, Markab, petit bourg de l’Empire, n’était que musique et farandoles…

Les habitants, connus pour leur austérité teintée d’une grande rigueur directement liée à leur environnement oppressant qu’est la Grande Forêt, semblaient, pour une fois, ignorer pour un temps la menace constante qui les environne au profit d’une folle nuit de danses ininterrompues…

Tous, hommes, femmes enfants, rivalisaient de pas divers et variés depuis le coucher du soleil. Enchainant les danses à la savante lenteur, aux chorégraphies d’une extrême complexité, réalisées avec brio part le noble comme le manouvrier, les courses les plus folles au rythme le plus endiablé soutenu par l’enfant comme le vieillard, tout le bourg ne formait plus qu’une seule file animée d’un seul et même mouvement.

Tel un gigantesque serpent au long corps sinueux, la foule des mendiants et des bourgeois se glissait de rues en ruelles, allant tantôt à droite, tantôt à gauche, sans parcours défini, comme furetant à la recherche d’une proie…

Les pavés irréguliers, ou les sols fangeux, étaient piétinés par les souliers des dames tout autant que par les pieds nus des enfants en haillons. Qu’importe le filet d’eau polluée, il est franchi d’un bond d’une rare beauté, frôlant la perfection, répété à l’infini par les participants…

Unis comme un seul corps, liés en cette farandole, chacun tenant sa chacune, le soldat du guet, tout autant que la femme au foyer, s’efforçait de tenir le rythme, trébuchant régulièrement sans pour autant tomber. Les lueurs des torches renvoyaient en écho visuel sur les façades des maisons, les silhouettes des danseurs, comme autant de doubles, grossis et déformés, aux mouvements chaotiques et saccadés, semblant vouloir quitter la liesse générale pour mieux s’évader…

Tantôt accentuée au point de vous en rompre le cœur, ou lente à en oublier de respirer, la musique, toujours les accompagnait, sans un instant de repos, sans pause, endiablée tonique et agressive, ou, au contraire, lente souffrante et lascive…

La foule était à l’unisson, courant presque avec frénésie au plus fort du tempo, pour, l’instant d’après, entamer comme une marche funèbre entrecoupée de sanglots… Toujours, cependant, valides et malades, avançaient depuis les premiers rayons de Morslieb, alors en sa pleine lumière… C’était comme si, d’un commun accord, d’une seule volonté, souhaitant chasser les craintes qui les environnent depuis toujours au sein de la Grande Forêt, les habitants étaient sortis, pour, en un seul élan rythmique, exorciser la pâle lumière de l’astre antique…

Là-haut, dans le ciel étoilé l’astre lumineux semblait, lui aussi, danser tout en souriant au spectacle de défiance se déroulant sous ses yeux. Terre et ciel, humains et Dieux, semblaient être en osmose, battant d’un seul et même cœur en un seul et même mouvement, comme si, à la chorégraphie des étoiles, répondait celle des mortels…

Raulf adorait cela !!! Cette cité, il la connaissait depuis sa prime jeunesse, n’ignorant aucun raccourci, aucun passage couvert pour se protéger de la pluie, aucune rue, large ou étroite, commerçante ou mal famée, ne l’avait point vu l’arpenter…

Certes, il était alors connu comme le « Bossu » et passait alors la plus part de son temps à raser les murs, marchant dans la pénombre de l’ombre, craintif, apeuré, le regard souvent plus derrière lui que devant, tremblant à chaque éclat de voix, craignant les railleries, les insultes, les coups qui formaient son quotidien…

Voir, cette nuit, la foule, naguère si hostile à son égard, parcourir les méandres des ruelles connues de lui seul à sa suite l’enchantait au plus haut point. Tous, sans exception, découvraient à un moment ou à un autre un aspect méconnu de la cité, bien que ne prenant pas le temps de s’arrêter pour l’observer ou l’admirer…
Et toujours la danse continuait au son de la flûte qui l’accompagnait, imposant son tempo sur les chorégraphes aux yeux tirés de fatigue qui le suivaient inlassablement…

A centre du bourg le feu de joie brûlait de toutes ses flammes, irradiant de chaleur le cœur de la cité, il prit une ruelle étroite sur sa gauche afin de profiter de celui-ci, entamant un nouveau morceau, peut-être le plus beau de tout son répertoire jadis si décrié…

Il n’était que douceur, lenteur, trainant des notes traduisant la souffrance, sa souffrance, celle éprouvée lorsqu’il fût, jadis, chassé de la cité, errant dans la nuit au milieu de la forêt, frigorifié, frissonnant tout autant de peur que de froid, rêvant d’un bon feu qui pourrait les réchauffer, sa tristesse et lui…

Le temple de Sigmar brûlait d’un brasier plus intense encore que les flammes les plus perverties des contrées du Chaos, il s’arrêta à une centaine de pas de celui-ci, entamant la dernière partition, la plus belle de toute, la plus lente aussi…

La farandole passa alors devant lui, sanglotant, tremblante d’effroi, un long murmure la parcourant, l’envahissant, lentement… Puis la certitude se fît clairement jour dans l’esprit des danseurs, la danse prenait fin, tous allaient maintenant rejoindre le brasier aux flammes multicolores, allant inexorablement vers une fin qui les terrifiait… La pavane qu’ils dansaient serait donc la dernière, la plus belle, la plus triste, puisque seuls les pleurs et les suppliques accompagnaient la musique…

Tous, un à un, allèrent dans le brasier, s’enfonçant en son cœur le plus ardent, s’agitant sans cohésion, comme des marionnettes aux fils brusquement coupés, s’effondrant sur eux-mêmes en un dernier hurlement, une dernière supplique…

Aux premiers rayons du jour tout était fini, plus une seule âme qui vive ne restait dans le bourg…

Raulf sourit, entama un nouveau morceau et parti vers la Grande Forêt où l’attendait sa nouvelle famille, celle qui l’avait accueilli et nourri, qui l’avait adopté comme un des leurs lorsque les rudes bûcherons l’avaient expulsé du bourg…  Les enfants de Slaanesh savent être bons et généreux si vous vous dévouez corps et âme…

Ils étaient maintenant sa nouvelle famille et c’était pour eux, qu’en cette nuit, il avait brûlé son ancienne vie…
Hjalmar Oksilden

Hjalmar Oksilden





Kasztellan
Kasztellan
Age : 29
Nombre de messages : 950
Date d'inscription : 15/08/2015
Vainqueur d'évènement : Tournois de Personnages
Palmares : Champion du Fort de Sang, Comte de la Crypte 2018 & 2022, Organisateur des affrontements festifs d'Ubersreik

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Ven 12 Oct 2018 - 17:23
.
L’ami de mon ennemi




    Aux yeux d’Amaury de la Motte de Cuileux, les forêts bretonniennes possédaient un charme sans pareil. Après tout, fort peu de canopées pouvaient se targuer d’héberger autant de subtiles trouées vers la douce lumière du soleil d’été que de bestigors aussi pittoresques que hargneux. Tenez, en l’occurrence, le chevalier se délectait de la façon dont le bois de Châlons semblait vouloir l’étouffer sur place. Cela était tellement truculent qu’il émettait un soupir désappointé à chaque embuscade.

    D’ailleurs, venant tout juste d’en expirer un autre, le chevalier relança son destrier d’un coup sec de soleret. Il était d’habitude plus doux avec sa monture, mais elle renâclait trop à son goût depuis peu. C’est qu’il avait besoin de calme pour coucher sur papier sa dernière rencontre. Et puis, un peu de discipline ne pouvait point faire de mal à ce noble animal qui arborait, comme lui, les émaux de sable et d’argent de la cité de Brionne.

    Rengainant alors dans un fourreau de cuir son épée longue, symbole même de sa quête – parfois frustrante – du Saint Graal, Amaury entreprit de batailler de la plume pendant quelques instants. Rien de tel pour se changer les idées que d’enjoliver son journal, disait-il souvent à… Heum, eh bien, à lui-même en fait. Aussitôt, une pensée traversa l’esprit du chevalier écrivain : celle d’adresser une prière à la Dame pour l’implorer de le guider vers des lieux qui grouilleraient de vies autres qu’animales. Cependant, le brionnais rejeta l’idée d’un mouvement bref de rémige. Sa déesse avait mieux à faire que d’entendre ses plaintes lasses. Non, il fallait croire qu’elle préférait le voir lacérer. Un comble pour son âme d’auteur qui se sentait délaissée.

    Durant plusieurs minutes, seul le trot d’une jument, divers bruissements forestiers et le crissement d’une plume sur un parchemin se firent entendre, le tout étant entrecoupé par moment de claquements de langue réprobateur. Il était en effet difficile de mettre en forme pour la huitième fois une embuscade d’hommes-bêtes sur le dos d’un animal nerveux. Le chevalier commençait même à tomber à court de synonymes du terme « pestilentiel ». Peut-être que l’inspiration lui reviendrait en s’arrêtant dans un village local ? Une idée à creuser, mais qui ne résolvait point son souci présent.

    D’un grand geste du bras, le chevalier exprima soudain sa frustration :

    « Parbleu, si seulement il suffisait de quémander pour qu’une muse vous murmure promptement sa sagesse dans le creux de l’oreille…
    — Crève-meurs, résidu d’air vicié ! hurla une vois stridente.
    — Eh. Comme quoi, il n’y avait qu’à le formuler. Point mal ça d’ailleurs. »

    Ce ne fut qu’au milieu de sa ligne qu’Amaury réalisa que sa muse avait d’autres intentions pour lui. En jetant un œil distrait en direction du promontoire rocheux d’où provenait la voix, il vit que cette dernière avait même la forme d’un gros rat miteux engoncé dans moults objets improbables. La cacophonie qui en résultait était proche de l’œuvre folle d’un maestro de la fausse note.

    Puis, il aperçut l’arme à feu pointée sur lui par l’homme-rat qu’il reconnut enfin :

    « Ah ! s’exclama-t-il avec un sourire sincère. Frizz’ ! Ma nuisance préférée ! Sans vous, le monde était presque vivable jusqu’ici. Comment allez-vous ?
    — Tais-tais-toi, chose-bruit ! Et c’est Frizz’t le puissant et omniscient !
    — Certes, milles excuses mon vieil ennemi. Cela fait un certain temps que nous ne nous étions point…
    — J’ai dit-parlé de te taire ! Meurs-meurs par mon arme géniale-incroyable ! »

    Le technomage visa plus précisément et appuya sur la détente de son pistolet tarabiscoté qui émit des sons de plus en plus puissants. Puis, il y eu un déclic sec et Frizz’t le puissant se prit un boulon incroyablement et génialement imprévu dans l’arcade sourcilière. Le museau du skaven partit brusquement en arrière avec forces sifflements de machinerie et il émit un couinement de douleur tout à fait ridicule. Oui, même pour son cas.

    « Diantre ! s’étonna Amaury. Oserais-je, derechef, vous proposer mon assistance ? »

    Tout en arrêtant de se frotter son sourcil sanguinolent, Frizz’t émit un hurlement si particulier qu’en l’entendant, un moineau qui passait par-là sursauta et fit une syncope. Le skaven entama ensuite ce qui devait s’apparenter à une gesticulation omnisciente avant de se calmer soudainement. Il soupira à son tour et prit la parole en jetant son arme défectueuse dans un buisson.

    « Ça ne va pas fort-fort, ces temps-ci, couina-t-il tristement.
    — Ma foi, je vois cela. Pour vous consoler, j’ai moi-même connu de meilleures journées. Mais, trêves de désespoir, vous finirez par y arriver ! Il ne peut en être autrement pour la source sans faille de mon amusement hebdomadaire !
    — Si tu le dis-parle… Un rat-ogre, ça te tente-intéresse ?
    — Eh bien, que voilà une offre alléchante ! Envoie-moi ton plus vil serviteur, sympathique faquin !»

    Frizz’t sembla soudainement retrouver sa joyeuseté toute malsaine et couina un ordre strident derrière lui. Une forme grotesque déboula aussitôt du sous-bois en s’appuyant sur, en lieu et place de pattes, des foreuses à malepierre. Amaury, bien loin d’être effrayé par cette vision d’horreur, rangea sa plume et dégaina sa lame avant de déclamer son cri de guerre :

    « Par ma lame tu trépasseras, mais par ma plume tu vivras ! »

    Le duel s’engagea sans tarder puisque le rat-ogre, emmené par sa vitesse, manqua de peu le chevalier avant d’enfoncer un frêne. Cela ne le dérangea pas le moins du monde et il fit demi-tour pour se catapulter vers sa cible qui répliqua par de multiples coups de taille l’instant d’après.

    Depuis son petit promontoire, Frizz’t savoura ce moment comme seul un skaven savait le faire : avec forces ricanements sordides. Cela faisait plusieurs mois qu’il tentait de tuer ce maudit chose-homme pour récupérer son carnet que le skaven imaginait rempli d’indices pointant vers ce « Graal » magique dont il entendait tant parler dans cette contrée. Mais à chaque fois, ses plans fabuleusement complexes capotaient en beauté et, comble de l’insulte, sa cible trouvait cela amusant ! Le jour où il mettrait la main sur le damné saboteur à l’origine de ses échecs, il lui ferait payer ! Enfin, après avoir fait torturer ses fournisseurs de matériels divers, leur incompétence méritait amplement divers châtiments dont il avait le secret.

    Mais en attendant, sa dernière commande améliorée par ses soins se surpassait ! Le chose-homme avait même l’air d’être en difficulté. Gloire à lui-même pour avoir si bien mené ce plan ! En célébration, le skaven entama un trépignement s’approchant d’une danse d’éclopée. Puis, galvanisé par sa victoire proche, il se mit même à scander le nom du rat-ogre en queekish. La bête, se sentant appelée, s’arrêta net et regarda son maître de ses yeux vides. Frizz’t lui rendit alors un regard qui rivalisait en termes de mort cérébrale lorsqu’il vit le rat-ogre se faire décapiter par le chevalier bretonnien qui avait profité de cette occasion en or. Ce dernier se mit à rire joyeusement.

    « Ha ha ! Merci bien pour cet amusement, il fut plus palpitant à défier que les hommes-bêtes dégénérés de ces lieux ! Mais, soyez aimable d’accepter mes plus humbles excuses, je me dois de continuer ma route. »

    Amaury salua ainsi un Frizz’t désemparé qui se tapait la tête de façon répétée sur un chêne non loin avant de talonner son destrier.  

    « J’espère vous revoir bientôt ! » lança à nouveau le brionnais hilare en s’éloignant.

    En entendant cela, l’homme-rat arrêta momentanément son supplice pour se tourner vers la source de tous ses problèmes. Celui qu’il haïssait le plus en cet instant, son pire ennemi, sa némésis et il lui rendit son salut d’un air blasé. De toute façon, il ne pouvait pas faire autrement. Frizz’t tourna alors les talons et, la queue traînant sur le sol, il s’en retourna à son antre, pensant déjà à un autre moyen de mettre à terre ce maudit bretonnien rigolard. Leur prochaine retrouvaille serait la bonne, se dit-il, et on verrait qui serait joyeux à la fin.

_________________
"La Mort est un mâle, oui, mais un mâle nécessaire."
Terry Pratchett

Les livres dans le paquetage du nordique...:
ethgri wyrda

ethgri wyrda





Roi revenant
Roi revenant
Age : 26
Nombre de messages : 1134
Date d'inscription : 03/04/2015
Vainqueur d'évènement : Concours de texte
Palmares : Comte de la crypte 2016 & 2021

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Ven 12 Oct 2018 - 20:11
Aventure nocturne






Une belle et fraiche nuit dans le Reikland, à une heure de cheval d’Altdorf. Les étoiles brillent, les hiboux volent, les bandits aussi, et dans une grande clairière dans la sombre forêt, aux abords d’une auberge fortifiée, cinq cavaliers au trot apparaissent sur la grande route.

Ils sont tous encapuchonnés et montent de robustes chevaux. Quatre d’entre eux entourent le cinquième. Ils ralentissent l’allure en arrivant vers la bâtisse, descendent de leurs selles, attachent leurs montures et approchent de la porte. L’un d’eux frappe deux coups, puis encore deux coups. L’aubergiste, un petit homme au front dégarni, vient ouvrir.


L’aubergiste : en se prosternant
Entrez messire, entrez, c’est pour moi un honneur.

Le premier homme encapuchonné :
Est-elle déjà là ? nous avons été longs.

L’aubergiste :
Oui, elle est arrivée il y a presque une heure
Elle vous attend là-haut, dans la chambre à balcon

Le premier homme encapuchonné :
Bien. Vous serez payés quand je redescendrai

L’aubergiste : redoublant de prosternations
Bien entendu messire, merci beaucoup messire
Et bien sûr je serai, comme une tombe, muet

Un autre homme :
Cela vaut mieux pour toi, sinon gare à notre ire !

Le premier homme encapuchonné :
Ne l’effrayez pas, elfe, c’est un de mes sujets !

Un troisième personnage :
Seigneur, qui sont ces hommes là-bas portant des lames ?
Ils sortaient leurs rapières justes quand on approchait

L’aubergiste :
Ils sont tous arrivés en même temps que la dame

Le premier homme encapuchonné :
Ils sont de son escorte, j’en reconnais certains.
Mais j’ai assez tardé, je monte tout de suite

Il rentre à l’intérieur en hâte, l’aubergiste jette un dernier coup d’œil inquiet aux deux groupes de spadassins et referme la porte derrière lui. Les quatre personnages restants retirent leurs capuches. L’elfe étant déjà intervenu décroche de sa ceinture une petite outre pleine. Un autre personnage, une grande borgne d’un certain âge, va à son cheval et retire de sa sacoche quatre cornes à boire. Les deux autres sont un homme mince qui s’empresse de remplacer sa capuche par un grand chapeau sur son crâne rasé et une jeune femme aux cheveux noirs. Cette dernière commence le nettoyage de son pistolet à peine est-elle assise. Ils sont rapidement rejoins par les deux premiers.

Hannah : tendant les cornes à l’elfe:
Depuis combien de temps n’ai-je goûté ton vin ?

L’elfe : servant le liquide couleur rubis
Après un verre ou deux tu oublieras bien vite.
Qu’en penses-tu ?

Hannah : trempant ses lèvres dans la boisson :
----------------------------------------Mieux que dans mes souvenirs.

Helmut : goûtant aussi :
---------------------------------------------------------------Ma foi !

L’elfe : levant son récipient :
À notre mission réussie, Seigneur Karl…

Helmut : l’interrompant
-----------------------------------------------------------------Chut !
Il ne faut dire son nom, c’est dans notre contrat !

Hannah :
D’ailleurs cher elfe laisse-moi te présenter Helmut
Et cette fière Alice, mes nouveaux compagnons

L’elfe :
Très honoré

Alice :
-----------------------------------L’honneur est partagé monsieur.

Helmut :
Pour reprendre votre phrase, buvons à la mission !

Hannah :
À la notre !

Alice :
--------------------------------Et à l’employeur !

Hannah : souriant malicieusement
----------------------------------------------------Un homme heureux

Alice :
Depuis combien de temps étaient-ils éloignés ?

L’elfe :
Il ne me l’a pas dit, mais je pense quelques temps.

Hannah :
Fêtons leurs retrouvailles avec une autre gorgée.

Alice : joignant le geste à la parole
Levons encore nos vers à ces deux beaux amants !

L’elfe :
Je me demande bien par quel heureux hasard
Il vous a recruté.

Helmut :
----------------------------------------Je crois qu’il recherchait
Une escorte de confiance.

Alice : commençant à remonter son arme
----------------------------------------Un valet, peu bavard,
Un homme en qui il croit, et qui reste discret
Est venu nous trouver il y a quelques soirs

Helmut :
Notre cher employeur nous connaissait déjà
Et nos travaux pour lui sont restés en mémoire

Hannah :
Et toi alors ? Que fais-tu là ?

L’elfe :
Un peu comme votre histoire, c’est un drôle de laquais
Qui m’a fait appeler.

Hannah :
----------------------------------------Il connaissait ton nom ?

L’elfe :
On a sans doute appris ce qu’autrefois j’ai fait :
En aidant le Comte fou à rejoindre ses passions.
Un peu comme pour ce soir.

Alice : faignant l’innocence
----------------------------------------------------Allons, nous savons bien
Que c’est par politique qu’il vient en cette maison.

Hannah : riant :
Des affaires importantes à ses yeux.

L’elfe : pointant la fenêtre par-dessus son épaule
---------------------------------------------------------Oui, les siens !

Alice :
Mais d’ailleurs, la reiksguard ne sert pas à rien faire
Pourquoi aucun d’entre eux ne travaille avec nous ?

Hannah :
Parce que le vieux Helborg apprendrait cette affaire
Je ne suis pas certains qu’elle l’amuserait beaucoup.

Helmut :
Et cette jolie dame, vous savez qui elle est ?

L’elfe :
Je ne l’ai jamais vu.

Helmut :
----------------------------------------Je ne sais.

Hannah :
------------------------------------------------Moi non plus.

Alice :
Vous croyez que son nom s’il se révélait
Serait par plusieurs grands assez mal perçu ?

Helmut :
Quel qu’il soit, c’est certain, rien que par jalousie.

Alice :
Vous avez des idées ?

Hannah :
----------------------------------------Pas beaucoup...

Helmut :
----------------------------------------------------Oui peut-être !
On se raconte à Nuln que la Comtesse écrit
À notre cher employeur de magnifiques lettres.

L’elfe :
Je l’ai entendu dire.

Hannah :
----------------------------------------Elle est un bon parti.

Alice :
Mais est-il assez bon pour qu’ils puissent se permettre
De se voir en plein jour plutôt que cette nuit ?

Hannah :
Tout dépend d’à quel point il veut se compromettre.

L’elfe :
J’ai une autre hypothèse, tout aussi amusante :
On dit qu’il est épris de la reine de Kislev !

Hannah :
Il y a des rumeurs.

Helmut :
----------------------------------------Mais aucune n’est probante.

Alice :
On peut imaginer qu’en cette époque de trêve
Il a pu rencontrer une princesse Bretonnienne
La fille du roi peut-être ?

Hannah :
----------------------------------------On peut l’imaginer.

L’elfe :
Rien ne nous garantit qu’elle soit une souveraine. *hips*

Helmut :
Sauf son escorte là-bas, qui semble bien armée.

L’elfe :
Notre employeur pourrait*hips* les avoir engagés.

Hannah :
Ou alors une lahmiane, une seduisante vampire

Helmut :
Il n’y a pas de risques, notre homme est protégé
Par tous ces magiciens qui coûtent tant à l’empire.

Helmut se signe néanmoins rapidement, on ne sait jamais.

Hannah :
Oui, d’ailleurs les impôts *hips*augmentent grâce à eux…

Ils se resservent tous un peu de vin. L’elfe sifflote un peu vers la forêt, où quelques petites lumières discrètes lui répondent. Alice finit de ranger ses armes et de préparer sa poudre. Hannah et Helmut discutent à voix basse en se tournant parfois brièvement vers l’escorte de l’énigmatique dame.

Alice : se levant :
S’il faut encore attendre,*hic* il nous faut à manger
Et puis mine de rien il faut froid peu à peu.

Elle marche jusqu’à la porte de l’auberge, et toque. L’aubergiste ouvre.

L’aubergiste :
Que puis-je faire pour vous ?

Alice :
----------------------------------------Sers-nous donc un dîner. *hips*
Avec des provisions le temps passera mieux

L’aubergiste : retournant à l’intérieur :
Je reviens tout de suite vous apporter cela

Alice patiente un peu en regardant de loin les mystérieux gardes qui discutent silencieusement à quelques pas de là. Le patron de l’établissement revient assez vite avec une planche en bois garnie de fromages et de jambons divers, ainsi qu’avec un lourd pichet.La mercenaire remercie l’aubergiste d’un signe de tête, prend le tout et rejoint ses compagnons

Helmut :
Voilà qui est parfait !

L’elfe :
----------------------------------------Et bien ! nous sommes gâtés ! *hic*

Hannah : à l’aubergiste qui referme sa porte
Merci bien aubergiste *hips*pour ce joli repas.

L’elfe :
*hips*On a de quoi tenir un siège tout entier !

Hannah :
Il faut dire que là-haut ça semble prendre son temps.*hic*

L’elfe :
Qui aurait cru que Karl jouait les jolis cœurs ?

Helmut :
Pas le nom ! *hips*

L’elfe :
--------------------------Désolé. *hips*

Alice :
----------------------------------------Attendre n’est pas gênant
*hips*Si nous sommes bien payés.

Hannah :
------------------------------------------------Oui, qu’importe ce facteur
Nous avons un dîner, notre argent, des histoires !

L’elfe :
Dont l’un des personnages *hips*reste encore inconnue.

Helmut :
On a plusieurs heures pour lister les racontars. *hic*

Alice :
Et finir notre alcool, d’ailleurs un très bon cru.

Helmut :
Je me demande bien ce qu’il se passe là-haut*hips*

Hannah : sérieusement
De la politique *hic*

L’elfe : très sérieusement
*hips*De la loquitipe

Alice : très très sérieusement
De la politique.

Helmut : très très très sérieusement
De la politique*hips*

Ils rient tous joyeusement, et reboivent encore. Rideau.

_________________
Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
Judith Von Kreutzhofen

Judith Von Kreutzhofen





Zombie
Zombie
Nombre de messages : 17
Date d'inscription : 13/10/2017

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Lun 15 Oct 2018 - 8:52
Souvenirs de jeunesse


La soirée avait été soutenue. De nombreux groupes avaient passé une bonne partie de la nuit dans la taverne, des groupes très disparates. Comme bien souvent, ça s’était fini en bagarre et le guet avait dû intervenir une fois de plus. C’était chose courante à la Hache et le Croc, l’une des tavernes les plus fréquentées de Pfeildorf. Le soir, elle attirait compagnies de mercenaires et groupes d’aventuriers. Il fallait dire que l’ambiance y était bonne, autant que sa bière, les plats appréciables et le tarif honnête. Son patron y faisait aussi pour beaucoup. Morek. Olinson était arrivé à Pfeildorf lorsqu’il était encore une courte barbe, fuyant avec ses parents sa petite communauté des Montagnes noires d’une imposante force orque. Ils n’avaient pu rejoindre Karak Hirn, assiégée et avaient tenté leur chance dans les terres humaines du Solland avec d’autres réfugiés nains. Ils y furent accueillis et nourris, logés autant que possible dans des tentes de fortune autour de la capitale de la province. C’était pourtant bien plus que ce qu’ils espéraient. En parallèle, la jeune duchesse du Solland montait une armée de secours pour, d’une part aider ses alliés et amis du Fort du Cor et accessoirement d’éliminer une menace qui tournerait son attention vers ses terres à un moment où un autre.

La Hache et le Croc était sise sur la Marketplatz. Elle tirait son nom de la statue trônant fièrement au centre de celle-ci. Elle représentait la Hache, le Tueur Tüdlish Torikson et Pietro Santanza Von Königsmark, le Croc, deux aventuriers. Devenus héros de l’Empire et du Royaume Nain, ils avaient retrouvé le Croc Runique du Solland et s’étaient battu à Karak Hirn, Karak au huit Pics, ou en Kislev. Au siège de Middenheim, Tüdlish rencontra son destin face au Seigneur de la Fin des Temps. Pietro devint le fondateur et premier Duc du Solland renaissant avec la bénédiction de l’Empereur Karl Franz. Ce dernier y voyant une manière d’affaiblir la puissance du Wissenland tout en récompensant un héro.

Morek n’était plus une jeune barbe. Il était encore jeune dans les standards nains, il avait décidé de quitter la vie d’aventurier après avoir rencontré Ida à Karak Hirn et décidé de la prendre pour épouse. Il adorait la vie qu’il menait depuis. Le jeune couple avait acheté une masure en ruine au centre de la capitale du Solland en pleine mutation. La solidarité de la communauté naine bien installée dans la ville ainsi que la participation du Duc Pietro encourageant le développement économique de sa Province lui avaient permis de rapidement reconstruire sa taverne. Il était assez rapidement devenu le propriétaire d’une taverne flambant neuve et heureux père de trois enfants. Aujourd’hui encore, il était amoureux de son épouse comme au premier jour et ne regrettait pas sa décision … presque pas … Son amis Gunther lui manquait. En abandonnant sa vie d’aventurier, il avait abandonné son ami et ne l’avait plus revu depuis ce jour.

Le jeune nain n’avait pas hésité longtemps quand les humains avaient lancé des appels parmi les réfugiés. Des volontaires pour renforcer l’armée de secours à la forteresse naine. Son père avait cherché à l’en dissuader mais avait admis la fierté qu’il avait à savoir que son fils voulait se battre pour son peuple. L’Armée du Solland s’était déployée au col menant à Karak Hirn, elle faisait face à l’armée des peaux vertes qui assiégeait la forteresse. Morek pouvait voir les tanks à vapeur, les dizaines de canons, des centaines de fantassins portant tous l’or et l’argent de leur province. En plus des volontaires, d’autres nains vivant depuis longtemps dans la province humaine étaient là, professionnels de l’armée humaine ils portaient leurs couleurs. Le Duc Pietro était mort à peine quelques mois plus tôt, laissant la province aux mains de sa fille ainée, Sofia, qui semblait encore bien jeune. Ça ne l’empêchait pas de déclamer un discours à ses troupes dans la langue humaine dont il ne comprenait pas toutes les nuances. Mais elle réussit à galvaniser les troupes, puis, en passant devant les volontaires, elle reprit en Khazalid avec un très fort accent mais un vocabulaire riche. Elle leva bien haut le croc runique du Solland et le feu et le tonnerre assourdissant de l’artillerie impériale éclata. Bien vite lui répondit l’artillerie naine du Fort du Cor.

Morek venait de se faire livrer les tabourets du jour pour remplacer la casse de la veille. Il avait un contrat avec la manufacture de la ville et les gains des soirées compensaient largement les casses. Il regardait son ainé déjà installer les tabourets alors que ses filles mettaient les couverts pour le service du midi. Déjà, les clients de la journée, des commerçants locaux et quelques habitués entraient pour manger la bonne cuisine de Ida.

Les rangs impériaux disciplinés avaient été heurtés par les peaux vertes depuis maintenant plusieurs minutes, les combats faisaient rage et l’intensité de ceux-ci était forte. Le jeune nain se pris un avant-bras musculeux en plein visage et se retrouva les fesses par terre. L’orque immense se dressait face à lui avec un rictus de satisfaction et leva sa lame grossière bien haut. Morek savait qu’il allait mourir et fixait le peau verte d’un regard de défis. La cage thoracique de l’orque se déchira laissant passer le fer d’une hallebarde avant qu’il ne s’effondre. L’humain qui venait de lui sauver la vie tendit sa main en souriant : « Debout frère nain ! », ils se bâtirent coté à côte le reste de la bataille quand tout le col trembla et raisonna au moment où le Cor de pierre sonna, les orques firent demi-tour et se mirent à fuir. Il saura plus tard que la fuite faisait suite à la mort du chef de guerre de la force ennemie. Il s’était effondré sous les coups de marteau du Roi Alrik Ranulfson lui-même. La Cavalerie impériale se lança à la poursuite des fuyards alors que les fantassins achevaient les peaux vertes blessées et s’occupaient des leurs. Morek, lui se fit un ami ce jour-là.

Le vaillant nain s’assurait que les tonneaux étaient bien remplis avant cette nouvelle journée. Il sentait l’odeur de l’ours à la bière que sa femme préparait pour le repas de ce midi. Il aimait autant l’ambiance familiale du midi que celle, plus festive, du soir.

Son nouvel ami, Gunther Ackermann, fils de paysans qui avait fait son devoir de servir son seigneur. Après la bataille pour Karak Hirn, il avait obtenu le choix de quitter l’armée, il fit ce choix et partit arpenter les routes en quête d’aventure. Après plusieurs années d’aventures fructueuses, ils étaient tous les deux dans une auberge de Ummenbach, le long de la rivière Oggel Ils avaient entendu parler d’un groupe de bandits qui s’en prenaient à des petits convois, humains ou nains. Ils partageaient un repas avant de se lancer dans la montagne à la recherche des bandits, cet ours à la bière n’était pas terrible, mais ça ferait l’affaire

Un peu nostalgique, Morek regarda les quelques bibelots qu’il avait choisi de conserver de sa période d’aventurier. Il y avait également ses armes et sa cotte, il ne pensait pas pouvoir rentrer dedans à nouveau, il avait un peu pris à la ceinture.

Ils étaient tombés sur le campements des brigands, une tour de guet à moitié en ruine, et leur tombèrent dessus par surprise. Après avoir éliminé les sentinelles, ils remontèrent la tour à pas de loups, tuant les voleurs dans leurs sommeils et découvrirent leur trésor. Assez fabuleux pour les deux compères. Ils chargèrent deux des mules des coupes jarrets avant de se mettre en route. Ils furent néanmoins surpris par la neige. Morek proposa à Gunther de se diriger vers la forteresse du cor, peu éloignée et surtout certains passages y menant permettaient d’éviter la neige par de petits tunnels.

Il nota Ida qui finissait de placer les couverts avec ses enfants. Dure à la tâche ils s’entendaient bien sur ce point également. Il ne put s’empêcher de fixer sa croupe ferme, décidément, il était toujours follement amoureux d’elle, ça lui fit penser la première fois qu’il l’avait vue.

Dans la partie ouverte aux « étrangers » de la forteresse, le duo avait échangé le trésor contre un bon au porteur à un comptoir de la Banque de Pierres. Cela leur permettrait de retirer de l’argent à chacun des comptoirs moyennant bien sur une commission. Ils pouvaient cependant maintenant clairement être qualifiés de riches. Peu après le départ, ils furent bousculés par une petite tornade blonde et Gunther se retrouva les fesses par terre, la naine s’arrêta, toute désolée, et aida l’humain à se relever. Morek, lui, tombait amoureux, des magnifiques boucles blondes, des yeux verts pétillants, une arrogante poitrine, et cette croupe !! Ce jour, il abandonna son ami, ils se disputèrent, Gunther ne comprenait pas que le nain abandonne sa vie d’aventurier pour une fille, surtout si jeunes. C’était la seule chose qui faisait que parfois, avaler lui brûlait la gorge, et que la nuit il pleurait.

Il s’approcha du type recouvert d’une vielle pèlerine usée au fond de sa salle. Son œil exercé nota cependant en dessous, vaguement dissimulés, des vêtements de bien meilleure qualité, et surtout plus chers. L’homme avait une longue barbe grise bien entretenue et une arme de bonne facture.

- Bonjour voyageur, déclara Morek, bienvenue dans mon auberge, qu’est-ce que je vous sers ?
L’humain lui lança un regard buriné par le passage du temps et des éléments, mais sembla amusé.
- Les années ont été à ce point dévastatrices que tu ne me reconnais plus ?
Molek réalisa, et ses yeux s’écarquillèrent alors que coulèrent ses larmes.
Thomov Le Poussiéreux

Thomov Le Poussiéreux





Seigneur vampire
Seigneur vampire
Age : 38
Nombre de messages : 3611
Date d'inscription : 25/03/2009
Vainqueur d'évènement : Concours de texte
Palmares : Comte de la Crypte 2010, 2013 & 2017

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Mer 17 Oct 2018 - 13:49
REDEMPTION.


J’ai passé des années à porter ma honte sur mes épaules ; plus que je n’en saurais me rappeler. J’étais saoul une bonne partie du temps. J’ai recouvert ma peau de tous les tatouages possibles et des dizaines d’anneaux d’or et d’argent tintent à mon nez et mes oreilles à chacun de mes pas.
J’ai traîné ma carcasse dans les pires coins que l’on puisse imaginer : dans les étendues sauvages des montagnes, dans les tunnels en ruine du Karaz-Ankor, d’un bout à l’autre de l’Empire des Hommes et jusque dans les terres glacées du Kislev.
Je parle plus de langues et ai contemplé plus de lieux différents que presque tous mes frères Nains.
J’ai vu l’inconstance des Hommes dont la parole est aussi volatile que le vent de nos montagnes ; j’ai goûté à la morgue des Elfes dans les cités côtières où ils commercent encore avec les jeunes races. J’ai croisé le fer avec tous les mutants, les morts-qui-marchent, les Orques, les Gobelins et les Trolls qui ont croisé ma route. Pour chacun d’entre eux mes bras portent une fine cicatrice.
J’ai combattu seul pendant un temps, m’aventurant dans les grottes sombres et infestées de viles créatures des montagnes avoisinantes. Puis j’ai rejoint d’autres fous qui se lançaient comme moi à corps perdu dans des quêtes sans espoir ; héros ou chasseurs de trésors, aventuriers cupides ou à la recherche de la gloire.
J’ai survécu assez longtemps pour me lasser de leur compagnie et j’ai repris ma route.

J’ai alors ressenti le besoin de me joindre à mes frères Tueurs. Plus de douze années durant j’ai tenu la ligne épaule contre épaule avec une bande de parias, mes semblables. J’ai vu tomber les uns après les autres tous ceux qui combattaient à mes côtés. De plus jeunes recrues rejoignaient nos rangs au fil des batailles, autant de destins brisés en quête d’une fin brutale. Et ils furent exhaussés.
Mon peuple est célèbre pour son excellente mémoire, mais chaque souvenir de ma vie d’avant m’écorchait continuellement le cœur. Mon supplice ne semblait jamais devoir se terminer ; il me fallait expier et expier encore pour ma terrible faute. Aucun ennemi n’était de taille à me renvoyer vers mes Ancêtres.

Puis nous avons rejoint une troupe en partance pour les Huit Pics et il n’a pas fallu longtemps aux Grobis pour nous trouver et bloquer notre avance.
Il était là, impossible à manquer. Il se tenait continuellement voûté, sans quoi il eut avoisiné les six mètres. Il dominait littéralement la ligne de bataille des Peaux-Vertes. J’étais sûr qu’il s’agissait du même monstre qui avait détruit ma vie entière en quelques instants ; je revoyais son visage contrefait toutes les nuits ou presque. J’ai sourit pour la première fois depuis des années. Il était beaucoup trop loin pour m’entendre, bien sûr, mais j’ai murmuré à son attention :

-Je suis ravi de te revoir enfin, grand enfant de pu.tain. D’une façon ou d’une autre, cette journée mettra fin à notre querelle.

J’ai agité un peu mes bras, impatient de commencer.
Il m’a d’abord fallu passer outre une bande de Grobi dépenaillés dont mes haches ont changé les hurlements de rage en couinements d’agonie. J’avais presque atteint ce grand imbécile quand il a brusquement changé de direction et s’en est reparti avec ses immenses foulées. J’ai lâché tous les jurons du Kazhalid en trottant derrière lui.
Je l’ai vu balancer son énorme gourdin sur un rang de Brise-Fer et les faire voler comme autant de jouets. Il ne se battait pas, il ne savait peut-être même pas vraiment où il se trouvait. Il se contentait de se diriger là où il entendait le plus de bruit et agitait son arme grossière en tous sens avant de recommencer un peu plus loin. Mais j’ai juré sur ma pitoyable vie que je le forcerais à me combattre à mort et qu’il aurait du fil à retordre !

Quand je me suis trouvé suffisamment près, j’ai lancé une de mes haches de toutes mes forces dans sa direction. Elle a volé un moment avant de s’enfoncer profondément dans le haut de sa cuisse. Il s’est retourné d’un geste gauche et m’a fixé d’un regard épais, frustre, dénué de toute intelligence. Il était visiblement imbibé d’alcool et s’est avancé vers moi d’un pas incertain. Même dans cet état lamentable, il restait un formidable adversaire de par sa seule stature ; à chaque fois que son énorme pied touchait le sol, je pouvais sentir la terre trembler sous son poids.

Le combat a été féroce. J’esquivais ses coups maladroits et lui taillais les jarrets dès que l’occasion se présentait. J’ai pu récupérer ma seconde hache et j’ai tant tourbillonné autour de lui qu’il a dû en avoir le tournis ; n’importe comment il empestait tellement l’alcool que la tête devait déjà bien lui tourner avant ça. Il a chancelé et j’en ai profité pour lui attaquer le genou. Et c’est là qu’il m’a vraiment surpris en lâchant le tronc d’arbre qui lui servait de massue. J'ignore s’il était las de ne jamais parvenir à m’atteindre ou si c’est la douleur qui l’a fait changer de tactique. Toujours est-il qu’il a réussit à m’attraper dans sa grosse main aux doigts plus épais que mes cuisses. Il m’a soulevé de terre sans que je puisse rien y faire. J’ai gigoté tant que j’ai pu pour libérer au moins une de mes armes alors qu’il me portait à hauteur de son visage. Il m’a regardé un instant d’un air absent comme s’il ne se rappelait plus ce qu’il était en train de faire, puis ça a semblé lui revenir d’un coup. Il m’a un peu secoué et j’ai senti plusieurs de mes côtes craquer sous la pression, mais j’ai enfin réussit à dégager mes bras. Il a ouvert la bouche comme pour m’engloutir tout entier et s’est mis à pousser un hurlement tonitruant. Jamais je n’avais entendu un tel volume de toute ma longue vie. Je n’ai d’ailleurs plus rien entendu du tout après ça. L’odeur chargée d’alcool frelaté était à un cheveu de me faire tourner de l’œil, mais j’ai tenu bon. J’ai lancé l’une de mes haches droit dans le fond de son gosier ; il ne s’attendait pas à ça ! Il a ouvert de grands yeux et fermé la bouche aussi sec. Il a essayé d’avaler plusieurs fois mais je savais qu’elle était plantée solidement. Comme il relevait la tête dans une bête tentative de faire passer ce qui devait lui causer bien du mal, j’ai lancé ma seconde hache vers sa gorge. Les runes ont brillé intensément quand la lame est entrée en contact avec son cuir épais qu’elle a traversé comme du beurre. Il a tenté de pousser un autre hurlement, mais il n’arrivait plus à reprendre son souffle. Il a voulu se relever, mais ses jambes se sont dérobées sous lui et il s’est étalé de tout son long. Il a dû me lâcher dans la confusion de la chute, tout ça est un peu flou. Toujours est-il que j’ai heurté le sol une seconde avant que son énorme masse ne me dégringole sur les jambes.

J’avais déjà vu des accidents à la mine, des gars coincés sous un éboulement. Ils respiraient et parlaient normalement et disaient ne ressentir aucune douleur. Mais dès qu’on tentait de les sortir de là, la mort venait les prendre dans l’heure. Je savais que j’étais foutu, ce n’était plus qu’une question de temps...

J’ai ouvert les yeux. J’étais toujours au sol, dans la même position que quand j’avais perdu connaissance. Il y avait du monde autour de moi mais je ne parvenais pas à distinguer leurs visages. Quelqu’un s’est approché et m’a tendu la main. Une solide main de mineur, une main que je connaissais bien et que j’aurais reconnue entre toutes. Celle de mon défunt père. Je l’ai saisie en sachant bien qu’il ne pouvait rien faire pour moi, mais il m’a remis debout d’une seule traction.
Je l’ai regardé dans les yeux, m’attendant à y lire toute la honte abjecte que j’y voyais dans mes centaines de nuits de cauchemar.
Mais non, pas cette fois. Il souriait d’un air bienveillant, comme s’il m’avait attendu longtemps et que j’étais finalement rentré à la maison. Il m’a regardé un moment puis il m’a dit, toujours souriant :

-Bienvenue parmi les tiens, Dasil.

_________________
Vulnerant Omnes, Ultima Necat.
Keraad de Gespenst

Keraad de Gespenst





Banshee
Banshee
Age : 30
Nombre de messages : 702
Date d'inscription : 07/10/2009
Vainqueur d'évènement : Concours de texte
Palmares : Comte de la Crypte 2011, 2015 et 2020

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Jeu 18 Oct 2018 - 17:42
« Ouvrez vos oreilles, cher public, bien grand ouvrez-les. Fermez vos yeux : aussi fort que vous puissiez le souhaiter ils ne verront pas les héros dont je vais vous parler. Gardez vos mains pour vous, messieurs, inutile d’essayer de profiter. Et gardez en mémoire, tous, que ce ne sont pas légendes que je vais conter. Ce sont faits réels et avérés. Avérés hélas, et triste réalité. En ce monde, les histoires n’ont que rarement belle fin. Mais gardons la fin pour elle-même, et débutons par le commencement. »

Jugeant son public prêt, le conteur acheva là son introduction. Il chanta les louanges de la verte Bretonnie, mais bien conscient de s’adresser à des Reikslandais il laissa percer çà et là une pointe d’ironie. Il nomma Nils, jeune écuyer d’un chevalier sans envergure ; il nomma Léana, belle fille de Duc. Il décrivit leur rencontre accidentelle, ce regard échangé de loin mais qui lia leurs cœurs plus étroitement que nuls autres. Ces rendez-vous secrets, ces mots doux murmurés, ces serments prononcés. Il parla de ces amoureux si honnêtes qu’ils se refusèrent tous deux le baiser dont ils rêvaient tant que leur idylle serait secrète.

Puis il y eut ce raid, lorsqu’une Arche noire jeta l’ancre près de la côte. L’incursion des elfes noirs loin dans les terres, ce coup du destin quand leur route croisa celle de Léana. Nils qui prit l’épée de son lige et qui parvint à force de discours enflammés à lever une troupe pour poursuivre les pillards. La bataille sur la plage. Nils capturé.

***

Nils se réveilla, et quitta sa cachette. Cette anfractuosité lui avait permis de gagner quatre heures de sommeil. Jamais il n’avait dormi aussi longtemps depuis son arrivée dans les mines. Discret comme une ombre, il parvint à rejoindre une file d’esclaves partant chercher leurs pioches. La journée (ou peut-être était-ce la nuit, impossible à dire dans les profondeurs) s’écoula comme à l’ordinaire. Bien que l’ordinaire, ici, n'eût rien de routinier. Le travail était assez abrutissant pour leur faire subir la torture de la perte de repères, mais leurs geôliers n’allaient pas leur offrir le soulagement d’un abrutissement complet. Ils parvenaient toujours à prendre les captifs par surprise. Fouet, fer rouge, cendres, acide, nuées d’épines… La liste des outils qui pouvaient être utilisés pour infliger une douleur semblait ne pas avoir de fin. Et ce n’était que la souffrance habituelle. De temps à autre un druchii venait se chercher un cobaye parmi les captifs. La plupart en revenaient vivant. Hélas.

L’écuyer avait tenu bon. Comme les autres il avait pleuré, hurlé, imploré les dieux. Mais il n’avait pas abandonné tout espoir. Tout ça grâce à un visage, un nom qu’il se murmurait quand ses souffrances atteignaient des pics insoutenables. En son cœur brûlait un feu que les pires tortures ne pourraient éteindre. Las, ce semblant de combativité avait attiré l’attention d’un noble, ravi de trouver une victime un peu plus réactive. Régulièrement un messager venait chercher Nils pour l’emmener vers un enfer plus horrible que les mines. Mais il avait tenu bon.

Il avait cherché à se renseigner, à savoir où son aimée pouvait être retenue. Même sans gardien pour le surveiller, la tâche aurait été ardue. Il fallait trouver les bons prisonniers : les anciens, bêtes humaines, ne savaient plus penser, encore moins parler. Les nouveaux soit ne savaient rien soit pleuraient sur leur sort sans écouter personne. Cela lui avait pris des mois mais, par chance ou par une faveur de la Dame, il y était arrivé. Il savait où était Léana. Il allait la retrouver.

L’opération semblait impossible, le simple fait de parvenir à la planifier relevait déjà de l’exploit. Trouver la force de penser malgré le travail, l’épuisement et la douleur, parvenir à tromper même partiellement la vigilance des gardes elfes, mettre la main sur du matériel aussi sommaire soit-il, et réussir à le cacher, chacune de ces actions serait un haut fait digne des héros de légende. Nils y parvint, malgré son handicap. Les visites régulières chez le noble étaient en effet autant de pièges. Il savait que Nils préparait quelque chose. Tous les gardes le savaient : seuls les prisonniers qui avaient l’espoir d’une évasion parvenaient à garder un semblant d’humanité. Mais le noble cherchait à connaitre exactement la nature de ses espérances, afin de s’en servir dans ses jeux sadiques. Que le nom de Léana échappe à l’écuyer, et le noble irait la faire chercher. Nils le savait, pourtant plus d’une fois il faillit parler, tant la douleur était grande. Il parvint malgré tout à garder son secret.

Un soir enfin, il mit son plan à exécution. Il attendit le moment le moins propice, car les occasions étaient toutes des pièges tendus par les gardes. Prenant la démarche abrutie des plus vieux esclaves, il parvint à tromper la vigilance des gardiens. De couloir en couloir il atteignit la surface. Plus loin se dressait la cité, le cœur de tous les dangers. C’est là qu’il se rendit. Cette audace lui permit de réussir. Non pas que ce fût son plan pour fuir : s’il allait dans la ville, c’est qu’il devait trouver le temple de Khaine. Parfois se faufilant, parfois se faisant passer pour un esclave du temple, il trouva les cellules des Furies. A la porte de l’une d’elle, il reconnut une voix. Il entra.

Deux femmes nues gisaient enlacées. L’une poussait des cris de plaisir, l’autre de souffrance. La première se retourna sitôt que la porte s’ouvrit. Nulle humaine ne pouvait rivaliser en beauté ou en grâce. Quelques gouttes de sang perlaient sur son visage, témoins que son art de la torture n’était pas encore parfait. Par réflexe elle avait saisi une épée. Reconnaissant un humain, elle la lui lança. Nils se mit en garde. Il n’avait aucune chance.

Le Bretonnien combattait vaillamment. La Furie dansait en riant. Il feintait et se fendait, passant toujours à un cheveu et sachant bien que si sa lame manquait presque de la toucher c’est parce qu’elle voulait lui laisser un espoir. Elle le touchait de temps à autre, appuyant d’un doigt sur un nerf et lui infligeant une douleur que le noble avec tous ses instruments n’aurait jamais pu approcher. Nils se battait avec fureur, sachant que seul l’amusement de la Furie le maintenait en vie. Et, soudain, il lâcha son arme. Pendant une fraction de seconde il eut l’avantage. Il cria « Nazr ! », activant le talisman qu’un vieillard, agonisant dans les mines, lui avait offert en échange d’une mort rapide. Le fétiche se brisa et une lance de flamme fut propulsée vers la Furie. Elle ne parvint pas à l’éviter.

Oubliant le reste du monde, Nils s’accroupit près de la seconde femme. Il posa délicatement ses mains sur ses épaules, craignant qu’elle ne se brise ou s’évapore sous son toucher. Lentement, il la fit basculer sur le dos. Ecartant ses cheveux blonds, il révéla un visage marqué par la douleur et deux yeux vides de toute émotion. Elle fixait le plafond, pâle et inerte. L’écuyer, incapable de pleurer, prit le visage de Léana entre ses mains et plongea son regard dans le sien. Alors il crut y voir une étincelle. Il murmura son nom. Ses yeux s’allumèrent enfin, et elle le regarda à son tour. Nils sentit les larmes lui monter aux yeux. Ils ne se dirent rien. Ce n’était pas nécessaire. Ils avaient tous deux trop souffert pour pouvoir sourire, mais quelqu’un qui serait entré dans la pièce y aurait vu l’incarnation même du bonheur. Elle se rapprocha de lui. L’honneur, ici, ne valait rien. Leurs lèvres se rencontrèrent.
Dans le couloir, les premiers bruits de pas se faisaient entendre.

***

Le conteur s’arrêta, un sourire triste sur le visage. Mais il lui fallait finir son récit.

Alors il reprit. Il conta la fuite des deux amants, dans les sombres couloirs de la forteresse. Comment ils avaient réussi à rejoindre une Arche Noire. Comment ils étaient parvenus à éviter l’équipage. Comment ils se jetèrent à l’eau près des côtes.

« En ce monde, les histoires n’ont que rarement belle fin. Mais, parfois, oui parfois, c’est ce qui arrive. »

_________________
La mort est dans la vie la vie aidant la mort
La vie est dans la mort la mort aidant la vie.


historique: https://whcv.forumactif.com/recits-fanfics-et-fanart-f10/le-vampire-de-gespenst-t2742.htm
photos: https://whcv.forumactif.com/galeries-des-membres-f23/galerie-de-keraad-t2854.htm
Arcanide valtek

Arcanide valtek





Seigneur vampire
Seigneur vampire
Age : 32
Nombre de messages : 2971
Date d'inscription : 24/05/2010
Palmares : Organisateur des affrontements festifs d'Ubersreik

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Sam 20 Oct 2018 - 12:55
Un monument à la mémoire.


Albrecht regarda l’heure sur la vieille pendule accrochée au mur, à la droite du bar. Dix heures moins le quart. C’était encore trop tôt. Il reporta son attention sur sa chope, qui était presque vide, et résista à la tentation de la terminer tout de suite. Il fallait savoir savourer les bonnes choses, surtout à son âge.

Le tavernier passa devant lui, un sourire éclairant sa face barbue et burinée. « Tu devrais rentrer Albrecht, suggéra-t-il en essuyant son bar. Il se fait tard, et d’habitude tu es déjà chez toi à cette heure-ci.

Le vieil homme sourit à son tour, et répondit d’un ton décidé.

- Pas ce soir Otto j’en ai peur. J’ai un rendez-vous.

- Voyez-vous ça, taquina l’autre, ça fait bien longtemps que ça ne t’était plus arrivé non ?

- Depuis un an. »

Albrecht avait prononcé ces derniers mots avec une pointe de mélancolie. Il regarda à nouveau l’horloge. Dix heures moins cinq. C’était le moment. Il finit sa chope d’une traite et salua Otto d’un geste amical, que celui-ci lui rendit, avant de se diriger vers la sortie.

La lumière de la Mannslieb l’accueillit à l’extérieur, donnant une ambiance chaleureuse à cette douce soirée d’automne. Il s’engagea le long de la rue, alors que peu à peu disparaissait derrière lui le bruit des rires et des discussions. Sa destination n’était pas loin, Gersdorf n’étant pas une ville très étendue. Sur son chemin, il ne croisa personne, et le seul bruit audible était le claquement répétitif de sa canne sur les pavés, résonant sur les murs de pierre des habitations. Quelques minutes plus tard, il tourna à gauche et passa sous une arche, au-dessus de laquelle un vieil écriteau indiquait Cimetière.

La végétation avait commencé à envahir ce lieu, car des plantes grimpantes et des buissons en jonchaient les chemins. Albrecht pressa le pas, longeant des tombes généralement constituées d’une simple pierre gravée. Il y était presque. Finalement, il s’arrêta devant l’une d’entre elles, d’apparence anodine, décorée comme plusieurs autres de quelques fleurs. L’obscurité ne l’empêchait pas de connaître par cœur le nom gravé dessus. Renate Koch. En lisant ces mots, il sentit ses yeux s’emplir de larmes. « Je suis là ma chère, murmura-t-il d’une voix douce. Cela faisait trop longtemps. »

Un bruissement de feuilles lui fit relever la tête. Le silence qui régnait depuis qu’il s’était arrêté, seulement perturbé par le cri de quelque oiseau nocturne, venait de s’interrompre. Albrecht balaya les alentours du regard, mais l’obscurité était impénétrable. Et soudain, ses yeux se posèrent sur deux taches rougeoyantes qui luisaient dans les ombres.

Celles-ci s’avancèrent, se révélant être les yeux d’un homme âgé d’une trentaine d’années, vêtu d’un manteau de cuir noir et portant l’épée. Sa chevelure longue, coiffée en catogan, encadrait un visage d’une extrême pâleur. Sans faire le moindre bruit, il marcha doucement vers Albrecht. Puis un large sourire se dessina sur sa face, révélant des canines proéminentes, et aussi vif qu’un faucon, il se jeta sur son vis-à-vis.

Et le serra dans ses bras.

« Cela faisait trop longtemps Papa.

La voix du jeune homme était claire, nette, et emplie d’affection. Son père répondit d’un ton similaire tout en lui rendant son étreinte.

- Mais tu es là maintenant Viktor, tu es là. Et ta mère aussi, continua-t-il en jetant un œil à la tombe, même si elle ne peut plus nous répondre.

Ils se désenlacèrent, et le dénommé Viktor s’agenouilla dans la terre pour toucher de la main la pierre tombale.

- Bonsoir Maman. Comme tu peux le voir je tiens ma promesse.

Puis, sortant des replis de ses vêtements un petit bouquet de fleurs, qu’il déposa près de celui de son père, avant de se relever.

- Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir continuer comme ça Papa. Le comte n’a manifestement jamais pensé que nous puissions vouloir revoir nos proches. Pour lui, je suis entré à son service exclusif depuis cette bataille funeste il y a vingt ans. Je n’ai réussi à m’éclipser qu’en lui disant que j’avais une vengeance personnelle à accomplir, impliquant un répurgateur qui m’aurait mal parlé.

Albrecht resta d’abord silencieux, considérant son fils. Il n’avait jamais considéré que celui-ci était mort, mais les créatures telles que ce qu’était devenu Viktor étaient traquées et abattues à vue. Non sans raison cependant.

- Et ce ‘comte’, tu fais toujours les mêmes travaux pour lui ?

Viktor fit la grimace. Il n’aimait pas parler de tels sujets avec son père.

- Tu sais bien que je n’ai pas le choix. Il nous fait maintenir l’ordre d’une main de fer. D’acier même.

Il s’adossa à un arbre proche, tout en baissant le regard vers les dalles à moitié défoncées qui pavaient le sol. De la mousse commençait à émerger des fissures. Leurs conversations prenaient toujours une tournure semblable. L’autre fois, ils avaient abordé son régime alimentaire. Il repoussa ce souvenir douloureux avant de reprendre.

- Et je n’aime pas plus que toi ce que ça implique. Mais d’une façon générale la province se redresse, petit à petit. C’est peut-être pour le mieux au final.

Le vieil homme planta son regard dans les yeux de son fils.

- C’est ce qui t’aide à dormir la nuit ?

- Tu sais bien que je ne dors plus.

Le silence s’abattit un instant entre eux. Mais Viktor, mal à l’aise, s’empressa de le rompre.

- Et si on parlait plutôt de toi ? Comment vas-tu depuis l’an dernier ? Et comment se passe la vie ici ?

Ce fut au tour d’Albrecht de dévier le regard. Il fixa à nouveau la tombe de sa défunte épouse.

- Il n’y a pas grand-chose à dire sur la vie à Gersdorf. Récemment Dietrich a acheté un nouveau cheval pour sa charrette. Et les Becker ont eu des enfants le mois dernier. Des jumeaux. Les gens mènent leurs existences sans se soucier du reste du monde. Et moi avec eux.

Il leva les yeux vers la forme pâle de Mannslieb, comme si elle pouvait lui apporter le courage de répondre à la première question de son fils. Sa voix trembla légèrement.

- Quant à moi, ce n’est pas vraiment la joie tu sais. Je suis seul, j’ai pratiquement perdu tout ce qui donnait du sens à ma vie, et je ne suis plus exactement en pleine forme.
Il se retourna alors vers son fils, qui s’était rapproché, l’inquiétude déformant ses traits.

- Je sens la fin arriver Viktor. Chaque jour, je suis de plus en plus faible. Chaque matin est un nouveau calvaire. Ce n’est plus qu’une question de mois avant que tout cela se termine.
Le jeune vampire prit le vieil homme par le bras, essayant de lui transmettre de la compassion et du réconfort. Il ne l’avait alors jamais vu dans un tel état de détresse.

- Si tu veux…

- Non ! La réponse de son père claqua comme un fouet, et son regard brillait soudain d’une détermination inflexible. Non, je ne pourrais pas. Je ne voudrais pas finir ainsi, pardonne-moi. Je veux pouvoir rejoindre ta mère.

Un faible sourire éclaira son visage.

- Elle doit en avoir assez de m’attendre.

Et sans aucun ménagement, Albrecht prit à nouveau son fils dans ses bras, le serrant plus fort que jamais. Viktor fit comme il put pour faire de même, commençant à réaliser qu’il s’agissait certainement d’une des dernières fois.

- Mon fils, fit alors Albrecht à son oreille, si nous ne nous revoyons pas, n’oublie pas ceci : tu es peut-être devenu une créature de la nuit, un serviteur des ténèbres et un buveur de sang. Mais au fond de toi tu es plus fort que tout cela. Tu restes Viktor Koch, et je t’aime de tout mon cœur. Et souviens toi que même au fond du gouffre, les ténèbres ne peuvent rien contre l’amour. »

****************

Viktor avançait pas à pas dans l’ombre des feuillages, circulant silencieusement dans le cimetière. Ce soir, Mannslieb était cachée par d’épais nuages noirs. Il n’avait pas été facile de tromper à nouveau la vigilance du comte, mais celui-ci avait fini par lui donner une mission non loin de la frontière. Cela faisait maintenant presque un an qu’il n’avait pas vu son père, et Viktor avait ainsi sauté sur l’occasion. Leur dernière conversation le hantait, et il espérait que cette fois il irait mieux. Toutefois, ses craintes reprirent de plus belle lorsqu’il huma l’air. Aucune présence humaine récente. Pour une fois, son vieux père était en retard.

Qu’à cela ne tienne, il l’attendrait jusqu’aux premiers rayons du soleil.

Viktor arriva à leur coin de rencontre habituel. Comme à chaque fois, il se sentait ému par cet endroit, si simple et si important à la fois. C’était un lieu chargé de souvenirs, les bons comme les mauvais. Chaque personne enterrée ici y laissait sa marque, qui s’ajoutait à toutes celles déjà présentes. Comme un monument à la mémoire. À leur mémoire. Et ainsi, chaque visiteur pouvait recevoir ces bribes de souvenirs en plus, et transmettre cet héritage.

C’est ainsi qu’il s’aperçut que le lieu était changé. Subtilement.

Une nouvelle tombe occupait l’espace. Juste à côté de la précédente.

Viktor sentit son corps s’arrêter tout seul. Il n’avait aucun besoin d’en lire l’épitaphe. Il savait qui se trouvait là. Il avait fini par partir, le dernier lien qui le rattachait à sa vie d’avant. Le vampire se mit à trembler, titubant jusqu’au duo de tombes parfaitement assorties, là où auparavant il n’y en avait qu’une seule. Il voulait pleurer, il le sentait, mais aucune larme ne venait. Ses yeux restaient secs. Cela le tourmenta plus encore. Suis-je donc devenu à ce point un monstre, pour que mon corps me refuse les larmes de la mort de mon père ?

Viktor s’effondra à genou, la tête entre les mains, ses gémissements se perdant dans la nuit. Alors, son regard moribond se posa sur l’inscription portée par la nouvelle sépulture.

Albrecht Koch

Mari et père

Même au fond du gouffre, les ténèbres ne peuvent rien contre l’amour

Et il éclata en sanglots.

_________________
Textes du Concours de Récits 2018 2442907557  "Et quand les morts se lèvent, leurs tombeaux sont remplis par les vivants"  Textes du Concours de Récits 2018 2442907557

Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D

Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun

Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
Sirisgard

Sirisgard





Zombie
Zombie
Nombre de messages : 16
Date d'inscription : 18/09/2012

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Sam 20 Oct 2018 - 19:40
Le clairon a sonné : il est de retour !
Sortant en trombe, malgré ma dévotion, de la Chapelle du Graal, je manque renverser Dame Mélise, qui a les larmes aux yeux.
« C’est lui, enfin », me dit-elle d’une voix étranglée en me serrant les mains. Nous descendons quatre à quatre les marches de l’étroit escalier du donjon, malgré les vives protestations de Blanche, la jeune suivante de Dame Mélise. Je freine un peu le mouvement : bien que sa silhouette ne la trahisse pas encore, ma dame est grosse et cet héritier longtemps attendu est l’objet de tous nos soins et prières. J’entends derrière moi Mélise glousser comme une adolescente et je ne peux réprimer un sourire. Abélard et elle méritent tant ce bonheur.
Je ne la jalouse pas, cependant : si Abélard est son époux, il est mon âme-sœur. Nous avons grandi ensemble dans la lumière de la Dame. Nous avons été appelés ensemble. Aujourd’hui, il est un fier Chevalier, Champion du Duc de Bordeleaux, et je suis une estimée Demoiselle du Graal. La Dame a été généreuse avec nous et nos mérites ont été pareillement salués : il a pu entamer la quête du Graal avec ses compagnons quand on me confiait la garde du site sacré du Bois du Prince, sur les terres de son duché de Roc-Fendu. Comme une chape de plomb s’abattant soudain sur mes épaules, je sens tout à coup combien notre amitié et ces nuits à discuter de la Dame m’ont manquées. Mon cœur saute de joie dans ma poitrine en entendant le remue-ménage qui envahit le château.
Alors que nous enfilons l’étroit couloir qui mène à la salle du trône par l’arrière, j’entends Asselin, le bouffon, qui s’esclaffe :
« Sir Abélard de Roc-Fendu, le vertueux de grand chemin, le gâté de la Dame, parti avec ses mignons compagnons à la recherche d’une coupe de métal qui flotte à la dérive depuis 500 ans.
La pêche a-t-elle été bonne, mes seigneurs ?! ».
Tant d’impiété me donne un haut-le-cœur mais mon courroux fond dans l’instant en voyant ce beau visage gris et émacié. La fatigue rend ses yeux fiévreux. Mon seigneur ne s’est pas ménagé.
Il se précipite pour enlacer Mélise. « Mon adorée », hurle-t-il en l’enlaçant. Mais elle le repousse. « Vous me faites mal. Vous ne sentez plus vos forces, dirait-on, et je crois que votre odorat vous fait également défaut ». Elle n’avait pas tort : une odeur fétide de décomposition se dégageait de la troupe et rendait l’air de la vaste pièce oppressant.
« Mélise, mon amour, je suis confus, je suis si exalté. Tout va aller tellement mieux dorénavant ».
Mélise et moi échangeons des regards incrédules. La Dame a été particulièrement prodigue à notre égard, et, avec la venue de cet héritier, notre bonheur à tous trois semble à son comble.
« Rosalinde, permet que je te présente ». Maintenant à mes côtés, il appelle de la main une silhouette encapuchonnée et vêtue d’une bure sombre qui semble sortir des ombres de la salle. Derrière elle, un groupe étrange semble psalmodier discrètement.
Abélard s’approche de moi pour me prendre les mains. « Tu m’as tant manqué. Toi et moi avons longtemps cherché, mais je pense que notre voie n’était pas la bonne. Voilà quelqu’un qui va nous guider sur ce nouveau chemin qui s’ouvre à nous. ».
La silhouette s’approche. Son déplacement n’est pas humain et ce sont des moignons indistincts qui relèvent sa capuche. Son regard est hypnotisant, mais malgré cela, mes yeux sont attirés par sa peau. Elle bouge. Et semble constellée d’yeux. Ce n’est pas une peau, mais des milliers.
« J’ai l’honneur de te présenter l’illustre Magicien Héribert de Noirecombe, dit « Mille-vers grouillants » ».
L’horreur manque me faire défaillir et je lis la stupeur sur le visage de Mélise alors qu’Abélard la serre contre lui en susurrant : « Je ne veux plus te voir souffrir, ma tendre. Plus un instant. Cette fois, je te le promets, nous ne souffrirons plus jamais. Comme nous allons être heureux ! ».
Gilgalad

Gilgalad





Maître floodeur
Maître floodeur
Age : 29
Nombre de messages : 3556
Date d'inscription : 04/01/2013
Vainqueur d'évènement : Tournois de Personnages
Palmares : Champion d'Ubersreik

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Dim 21 Oct 2018 - 11:08
De « joyeuses » retrouvailles mortelles


An 2200 du Calendrier Impérial, quelque part dans l’Empire

Le ciel menaçait de lâcher des torrents d’eau dans cette région désolée de l’Empire des Hommes. Les nuages noirs n’annonçaient rien de bon et les rares habitants qui pouvaient être dans les environs se terraient chez eux comme des rats dans leurs terriers. C’était du moins l’impression qu’ils donnaient.

Pourtant, au milieu de ce paysage pratiquement apocalyptique, une silhouette avançait. Elle se fondait dans les ombres. Si une personne était sortie de sa « maison », elle n’aurait pu l’apercevoir, tellement elle était discrète. Elle était comme un fantôme, sans en être un. Pire, elle n’était nullement dérangée par l’atmosphère oppressante qui régnait.

Finalement, l’orage finit par éclater. Il fut si puissant que les habitants s’en souviendraient pour des générations. Les éclairs frappèrent de nombreuses maisons, les incendiant et faisant fuir les habitants sous une pluie torrentielle. En quelques minutes, la terre, très sèche, s’était transformée en un océan de boue. Le grondement du tonnerre était similaire à celui d’une immense armée en marche.

Mais la silhouette continuait de passer d’un couvert à un autre. Même s’il faisait désormais pratiquement noir à cause des nuages et de la pluie, elle ne semblait pas vraiment être ralentie par cette dernière, bien au contraire. Elle n’avait visiblement que faire des pauvres paysans qui se retrouvaient sans rien. Elle continuait son chemin sans s’arrêter pour eux.

Le déluge continua pendant des heures et des heures. La silhouette parvint finalement jusqu’à une ruine abandonnée. Là, elle s’installa aussi confortablement que possible et se fit un petit feu, pour se réchauffer. Enfin, elle étendit une grande cape noire pour la faire sécher. Car la pluie l’avait quand même touchée. Seuls les Humains n’avaient pu voir la personne en question.

Un éclair aurait permis à quelqu’un passant à proximité de voir plus en détail la silhouette. Son visage était fin mais sévère et cruel. Des cheveux d’un noir aussi profond que la nuit sans étoiles. Deux oreilles pointues jaillissaient de sa chevelure, signe de son appartenance au peuple des Elfes.

Maintenant, il ne lui restait plus qu’à attendre. Il, car c’était un homme, espérait que la personne devant venir aurait la marchandise, ou au moins des nouvelles réjouissantes. Sinon il se verrait obligé de sévir, ce qu’il n’avait pas l’intention de faire. Ou plutôt, il n’en avait pas réellement l’envie. Même s’il savait qu’il n’hésiterait pas.

Finalement, après plusieurs heures d’attentes, il entendit un craquement. L’orage ne s’était pas calmé. Il saisit immédiatement une arbalète posée à proximité et se tourna en direction du bruit. Un étrange sourire, à moitié amusé et à moitié carnassier s’étira sur ses lèvres. Un éclair lui permit de distinguer une silhouette vêtue d’une grande cape noire similaire à la sienne.

« Ainsi tu es tout de même venue, fit l’homme elfe. Je m’attendais à ne pas te voir. Quelles joyeuses retrouvailles, tu as l’air heureuse, continua-t-il, ironique. »

La silhouette s’approcha de l’elfe et laissa tomber sa capuche. Son visage était plus fin que le sien, mais ses cheveux d’un roux étrange, surtout que deux oreilles pointues sortaient de ces derniers. Sa poitrine était un peu plus rebondie que la sienne, signe que c’était une femme. L’air gravé sur sa face était triste.

« Je présume que tu n’as pas réussi, comme père s’y attendait, continuât donc l’elfe.
-J’ai réussi, le contredit sa compatriote en souriant doucement. Mais j’ai ensuite décidé d’arrêter.
-Aurais-tu au moins un motif valable pour cela s’énerva subitement celui présent depuis plusieurs heures ?
-Tu ne pourrais me comprendre, fit calmement la femme. Tu es bien trop obtus et borné pour saisir ce qui m’anime en ce moment. »

La colère déforma les traits de l’elfe aux cheveux corbeau. Il reprit son arbalète et visa son homologue. Il déclara alors :
« Donne-moi une seule raison de ne pas te tuer. »

Plutôt que de lui répondre directement, la concernée sourit tristement, des larmes lui montant visiblement aux yeux. Enfin, elle dit doucement, d’une voix qu’il eut presque du mal à saisir :
« Tu auras la vie sauve si tu pars maintenant. Sinon, tu mourras. »

L’homme se mit à rire et répliqua simplement, un air cruel gravé sur le visage :
« Alors c’est toi qui mourras. Comme si tu pouvais espérer me vaincre, petite sœur. »

Il la visa aussitôt avec son arbalète et remarqua qu’elle ne bougeait pas d’un centimètre. Un craquement se fit entendre dans son dos. Il se retourna à une vitesse surhumaine mais tomba face à face avec une personne en armure lourde, une lame pointée vers son ventre. Tout juste eut-il le temps de réaliser qu’il se trouvait face à un Prince Dragon de Caledor que la lame s’enfonçait dans ses entrailles.

Quand elle fût retirée de son abdomen, l’elfe tomba à genoux avant de s’effondrer sur le ventre. Quelqu’un le retourna du bout du pieds. Il vit alors la chevelure rousse de sa petite sœur. Il l’appela faiblement.

« Aryana, je suis désolé, je…
-Tu n’avais pas le choix, répondit-elle doucement. Tout comme je ne l’ai pas. Et tu le sais très bien.
-Alors… soit… heu… heureuse, parvint finalement à dire l’elfe.
-Je te le jure, fit encore plus doucement la dénommée Aryana. Je suis heureuse que tu me comprennes. »

Le mourant réalisa alors seulement ce qu’il venait de se passer. Elle l’avait eu. Elle savait qu’elle ne le vaincrait jamais en combat singulier. Alors elle avait demandé à l’homme qu’elle aimait de l’aider. Il n’avait pas été assez prompt pour réagir. A peine avait-il esquissé un geste pour tirer qu’il avait été blessé mortellement.

« Est-il bon combattant, demanda-t-il à sa sœur, voulant en avoir le cœur net ?
-Le meilleur que j’ai pu voir depuis longtemps, sourit-elle.
-J’espère seulement que père ne tentera pas de se venger, fit alors l’elfe. »

Quelques secondes plus tard, il rendit l’âme. L’orage continua encore pendant des heures alors que la dénommée Aryana veillait sur son frère décédé. Elle sentit deux bras puissants l’entourer et elle posa la tête contre le torse de celui qui était désormais son époux, y laissant couler de nombreuses larmes.

Même si leurs chemins avaient pris des tours différents, elle avait toujours aimé ses frères, surtout celui-ci. Mais il était maintenant mort et elle savait qu’il serait tué s’il refusait de s’en aller. C’était elle-même qui l’avait demandé à son époux. Elle entendit alors ce dernier lui dire doucement :

« Je suis désolé, j’aurais préféré qu’il accepte de s’en aller.
-Moi aussi Gil’, moi aussi, répondit faiblement l’elfe à la chevelure auburn. Au moins nous nous sommes retrouvés quand il mourrait.
-Quelles joyeuses retrouvailles que voilà, fit sombrement son mari sans qu’elle ne l’entende. »

_________________
Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
Silvère de Castagne

Silvère de Castagne





Zombie
Zombie
Nombre de messages : 12
Date d'inscription : 28/06/2018

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Dim 21 Oct 2018 - 20:05
Dans cette sombre forêt sylvanienne, les ombres des sous-bois laissés ça et là filtrer les rayon d'un soleil matinal. Silvère de Castagne chevauchait à travers elle, la mine soucieuse. Après les sombres évènements survenus à Lassenburg, Silvère de Castagne avait pris congé de ses compagnons de fortune, afin de poursuivre sa propre route vers une quête dont il refusa de révéler la nature.

Le chevalier faisait pour l'heure le bilan de cette sinistre affaire.  Entre les viles créatures démasquées, cette sombre histoire de sortilège et la disparition du Commandeur Magnan, cela faisait beaucoup d'éléments à analyser. D'autant que certaines choses lui échappaient. Pour commencer, il lui semblait que ses alliés du moment dissimulaient quelques faits d'importance. Notamment, les réactions du Burggraf von Erkinmund lui paraissaient étranges en présence de leur hôte.

Tout à ses pensées, il sortit des bois pour atteindre les environs d'un hameau. Le sentier qu'il parcourait le mener droit vers une route longeant celui-ci, et semblait à cet instant fort fréquenté. En effet, un groupe de répurgateurs interrogeait des paysans de manière fort insistante.

-Nous vous conjurons de parler misérable. Vous ne savez pas quel cruel sort nous réservons à ce qui entrave nos actions !

-Mais mein Herr, fos questions concernent Lassenburg. Fous n'êtes pas dans l'endroit pon pour trouver des réponses.

-Tant pis pour toi ! Emmenez-le !

Alors que le pauvre homme protestait en pure perte, Silvère se permit d'intervenir.

-Salutation fiers chasseurs de sorciers. Puissiez-vous lâcher cet innocent, je vous prie.

La troupe resta interdite à la vue du chevalier bretonnien ! Cela restait peu courant de rencontrer pareil individu en cette contrée. Néanmoins, le leader du groupe ne souhaitait pas se laisser compter.

-Salutation messire bretonnien. Vous n'êtes pas ici en situation d'imposer votre loi. Ne vous mêlez point de nos affaires ou il vous en coutera.

Le chevalier ne souhaitait guère entrer dans la confrontation, non par crainte d'une honteuse défaite, mais parce que les questions du répurgateur l'intriguaient.

-Non point de défiance messieurs. Je me permets juste de vous signifier que cela constitue une perte de temps pour vous, que les vils créatures utilisent à loisir pour poursuivre leur méfait. Et puis, il semblerait que vous soyez intéressés par Lassenburg.

-Ça se pourrait bien - rétorqua leur chef. - Mais en quoi cela vous concerne-t-il ?
-Parce que j'en viens messieurs, et que cela vous offre donc une belle source d'information. Plus intéressante en tout cas que celle de ce pauvre homme.
-Voilà qui nous intrigue noble seigneur, Pourriez-vous nous en dire plus. Comment s'appelle le seigneur des lieux ?
-Volontiers, il s'agit du Thomov Von Ernst qui a repoussé moult menaces par le passé.
-Allons donc - ricana le répurgateur. Et depuis combien de temps occupe-t-il ses fonctions.
-Je n'ai pas une connaissance aussi précise. Il me semble de souvenir que l'on m'a indiqué que ça faisait moins d'une décennie.
-De mieux en mieux !!!

La troupe de répurgateur s'agitait grandement devant ses informations. Au point que le paysan put s'éclipser sans se faire remarquer.

-Et que faisiez-vous là-bas, messire chevalier ?
-Ma foi, j'y suis arrivé bien par accident et suis resté après avoir accepté l'invitation du seigneur Von Ernst qui célébrait son mariage. Mais vous messieurs ? Je suppose que vous recherchez quelque chose en particulier en ce lieu.
-Vous ne croyez pas si bien dire. Soldats, mettez-le en joue !

Aussitôt, plusieurs arbalètes et autres mousquetons furent pointés en direction du chevalier du Graal.

-Comment osez-vous ? - s'indigna Silvère,
-Nous cherchons sur ce lieu toute information susceptible de révéler la nature maléfique de ses habitants. Et tous vos dires sont incohérents par rapport aux récits que les historiens ont rassemblé. Si vous avez effectivement assisté au mariage, ce dernier a eu lieu il y a plusieurs Siècle !!! Cela fait de vous un affabulateur ou un de ces démons !

Silvère resta interdit. Les propos du répurgateur était tout simplement inconcevable... à moins que... le sortilège !!!

Cependant, la bande de chasseur était en position de force, et à deux doigts de le passer par les armes.

-Attention devant !!!

Cette alerte provenait du sommet d'une cote d'où dévalait à très vive allure un chariot en flamme. Tous le monde resta un instant interdit. Silvère, plus prompts à réagir, profita de l'occasion pour s'échapper. Lançant son destrier en avant, il se dirigea vers le chariot. Tout aussi prompt, le répurgateur voulut lui barrer le chemin. Mais le bretonnien était beaucoup plus rapide et il ajusta un coup du plat de l'épée pour assommer cet opposant. Ce dernier fut projeté par le coup, tandis que le chevalier le dépassait pour remonter la route. Pendant ce temps, la troupe réagissait de manière totalement désordonnée. D'aucuns fuirent la route afin d'éviter le véhicule incontrôlable, tandis que d'autre tentèrent d'aligner le bretonnien. Aucuns n'y parvint, alors que ce dernier croisait le chariot, dont les armoiries étaient familières.

L'instant d'après, le chariot explosa, finissant de disperser les répurgateurs, qui par chance ne déploraient que de légères blessures ainsi que d'une surdité momentanée.

-Le chef est dans les vapes !
-Hein ?
-Il faut le poursuivre !
-Comment ?
-Replions-nous ?
-Vous dîtes ?

Dans le même temps, Silvère avait atteint le haut de la colline, où se trouvait d'autres chariots.

-Bien le bonjour Sire Osbourne, je suis fort aise de vous voir en ces lieux.
-Plaisir partagé Sire de Castagne. Vous m'offrez une belle occasion de tester ma marchandise. Mais ne nous attardons pas. Je préfère éviter les éloges du public.
-J'allais justement vous le proposer.

Les deux bretonniens reprirent leur route et devisèrent de choses et d'autres. Après plusieurs lieux, Silvère remercia son ami et prit congé de lui.

Les dires de ce répurgateur nourrissait ces interrogations. Il ne pouvait trouver de réponses qu'en retournant sur place. Toutefois, il redoutait ce qu'il allait y trouver. Soudain, il se rappela d'un échange entre Franz et Rickart. Le premier demandait au second la confirmation des dires de ce fourbe de Van Orsicvun. Comment avait alors répondu l'impérial ?

« Je ne suis pas en possibilité de vous répondre mein freund »... N'avait-il pas l'information, ou bien ne pouvait-il pas la communiquer...! Les pièces commençait à s'imbriquer les unes dans les autres !!!

-Ma Dame, faîtes que je me trompe, cette vérité qui s'offre à moi est plus horrible que ce à quoi je pensais ! - pria le chevalier.

-Hélas mon ami, vous me semblez avoir percer ces sombres mystères !

Dame Gaea de Grunere avait un don pour apparaître au détour d'un chemin, au moment où sa présence pouvait apporter quelque bénéfice.

-Mon amie, une question brule mes lèvres. Avez-vous jeté un œil sur les sortilèges qui ont affecté ce lieu ?

-Oui, fidèle chevalier. Je suppose que vous en devinez la nature.
-Un sort affectant le temps si je dois accorder crédit aux propos d'un chasseur de vampire... cela est dur à concevoir.
-Il y a pire je le crains. Qui est l'actuel maitre de Lassenburg selon vous?
-Je crains que Von Ernst ne nous ait dupé. De nombreux indices semblent indiquer que nous allons laisser échapper un terrible nosferati. Je compte retourner à Lassenburg pour en avoir le cœur nette.
-Ne vous donnez point cette peine. J'ai profité du spectacle du Shérif Osbourne pour sonder les esprits de ces rustres. Apparemment, Thomov Von Ernst organise régulièrement des rencontres avec ses semblables dans un lieu reculé. Je pense que nous avons tout intérêt à chercher dans cette direction afin de démasquer ses complices.

_________

Voici donc, « Messire » Von Ernst se qui me vaut le plaisir de vous retrouver, vous et quelques autres scélérats de votre genre. Ne souffrez nulle crainte, je me plierai volontiers aux règles de votre petit jeu. Mais sachez que dorénavant moi et mes alliés savons votre vraie nature et que passée cette nuit, aucun d'entre nous ne faiblira dans notre traque après vous et les vôtres.

Au nom de la Dame et du Graal, pour le Roy et la couronne de Bretonnie ;

Chevalier Silvère de Castagne
MagnanXXIII

MagnanXXIII





Kasztellan
Kasztellan
Nombre de messages : 915
Date d'inscription : 25/08/2015
Palmares : Champion des Armes 2019

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Dim 21 Oct 2018 - 21:19
Pas de vacances pour Magnan


Le commandeur Magnan boitait sur les sentiers lugubres du bois sylvanien. Malgré sa nature de mort-vivant, les blessures de sa dernière mission l’avaient fatigué, pour une fois il se sentait bien plus mort que vivant, un comble pour un homme ayant rêvé de la vie éternelle…

Il se demandait quand il allait enfin apercevoir un bout de la civilisation, lui qui était perdu et dont les éclaircies de l’aube l’éblouissaient et entravaient son orientation. Il commençait à se ressasser les derniers événements, le mariage maudit, l'anomalie temporelle, ses compagnons disparus, la bête de Neuer Hoffnung. Mais il n’eut pas le temps de développer ses pensées quand soudain, une colline surmontée de remparts se dessinait au loin dans le flou lumineux des rayons du soleil levant.

Un village fortifié ! se dit-il avec joie. Enthousiasmé à l’idée de pouvoir enfin se reposer et de soigner ses blessures, Alain Magnan accéléra le pas tout en essayant de retrouver l’allure assuré du chevalier qu’il était. Il fallait faire bonne impression auprès des habitants, leur montrer l’image du noble guerrier revenu de campagne, meurtri mais gardant la tête haute. Et surtout, il ne fallait surtout pas révéler sa nature de revenant, expliquer sa peau sèche par son vieil âge et ses cicatrices comme des blessures de guerre.

Après quelques minutes de marche, il arriva aux portes du village. Personne… Il n’y avait personne pour l'accueillir. Aucun garde ne surveillait les remparts et la grande rue qui se présenta devant lui était déserte. Était-il arrivé dans un village fantôme ? Peu importe, s’il n’y avait pas d’habitant, il pouvait alors réquisitionner un toit sans payer le logis. Avec de la chance il pourrait même y trouver de vieux tissus pour faire des bandages afin de mieux cacher cette horrible cicatrice qu’il avait au beau milieu du crâne.

« Monsieur… fit une petite voix non loin de lui.
– Qui va là ?! Lança Magnan, surprit, mais se tenant près à dégainer son épée.
– Vous avez l’air fatigué monsieur… »

C’était une petite fille qui s’adressait au chevalier, elle sortit d’un coin de ruelle sombre et regardait Magnan d’un œil curieux. Le commandeur était plus rassuré, cette petite fille n’était sûrement pas un critère de beauté, mais elle n’avait rien de dangereux. Il lui répondit avec un air enchanté.

« Heum, bonjour petite. Oui en effet, je suis extenué. Dis-moi, tu ne connaitrais pas une auberge où un vieux chevalier comme moi pourrai me reposer ?
– C’est quoi une auberge ?
– C’est, hmm, un endroit où on peut dormir, mais ce n’est pas notre maison.
– ? »

Magnan regardait autour de lui. À part lui et la fillette, il n’y avait personne d’autre. Tout ceci était plutôt suspect. Magnan, reprit :

« Dis-moi petite, où sont tes parents ?
– Vous voulez voir Papou ?
– Heu, oui. Peux-tu m’emmener voir Papou ?
– Oh oui ! Suiviez moi monsieur, Papou adore avoir de la visite ! »

Invitant Magnan à la suivre, la petite fille partit en courant dans les ruelles désertes du village jusqu’à arriver devant une imposante villa. Magnan avait du mal à la suivre, il faut dire qu’après tous ces évènements il avait grand besoin de repos. Mais la fillette ne s’arrêta pas devant le porche, elle pénétra dans la demeure et gravit les grands escaliers, sautillant de marches en marches, jusqu’à arriver devant une grande porte. Manquant de trébucher dans l’escalier, Magnan regarda en arrière un instant. Il crut voir des ombres depuis le rez-de-chaussée, le même rez-de-chaussée qu’il avait quitté il y a quelques secondes à peine et qui lui avait semblé bien vide.

« Papou ?! cria la petite fille en frappant énergiquement à la porte.
– Oui mon enfant ? répondit une voix forte mais bienveillante.
– Un monsieur est là !
– Oh ! Un visiteur dans mon humble demeure. Soit gentille ma chérie et dit au monsieur qu’il peut entrer.
– Vous pouvez entrer monsieur, dit gentiment la fillette au chevalier. »

Magnan n’était pas serein. Cet endroit ne lui disait rien qui vaille. Il aurait dû se méfier, il était toujours en Sylvanie après tout...

Qui avait-il dans cette pièce ? Un vampire ? Et cette petite fille… était-elle une illusion ? Un pantin ? Un zombie ? Bah, de quoi avait-il peur ? Lui aussi était un mort-vivant. De toute façon, il était repéré, il ne pouvait plus faire marche arrière. Il prit la poignée de la porte dans sa main et la tourna. Il pouvait enfin voir ce qui l’attendait dans cette pièce : c’était une salle à manger, une grande table avec une nappe immaculée se tenait au milieu. Un homme vêtu d’un élégant habit prenait le petit déjeuner d’une manière bien snobe, digne d’un gentleman. Tout en tenant sa tasse de thé il accueilli son invité :

« Soyez le bienvenu dans mon humble domaine messire. Je me présente, Freiherr Wolfgang Von Neuer Neuehoffnung.
– Neuer Hoffnung ! S’écria Magnan en ayant reconnu le "monstre-garou" qu’il avait désespérément affronté la veille.
– Neuer Neuehoffnung s’il vous plait, corrigea Wolfgang qui n’avait pas reconnu son visiteur.
– Heum…
– Me voilà honoré de votre visite dans mon orphelinat, vous qui connaissez mon ancien titre. Messire ?
– Je…
– ?
– Je dois…
– Vous devez être fatigué messire. Venez, prenez un siège, je vous offre le dîner.
– Je-je-je... Je peux pas ! J’ai équitation !
– ?! »

Magnan claqua la porte et repartit en courant, dévalant les escaliers, sortit du bâtiment, bousculant la petite fille sur le seuil et surprit par vitesse les goules qui attendaient en embuscade dans les ombres du bourg. Par tous les dieux du Vieux Monde, il était temps de prendre sa retraite ! Fini les missions impossibles pour son ordre, il était temps de prendre des vacances, au bord de mer !
Gromdal

Gromdal





Seigneur vampire
Seigneur vampire
Age : 27
Nombre de messages : 1971
Date d'inscription : 23/08/2014
Vainqueur d'évènement : Tournois de Personnages
Palmares : Champion déchu de la Reiksguard, Organisateur des affrontements festifs d'Ubersreik, Champion d'Eldorado
http://karak-grom.webnode.fr/

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Lun 22 Oct 2018 - 0:10
Visite nocturne


              Morrslieb éclairait de ses rayons les langues de brume qui s’immisçaient lentement entre les arbres épars peuplant la colline, tordus, torturés et mourants, teintant d’un vert malsain le linceul vaporeux. Au loin, perché sur un piton rocheux, la silhouette noire d’un château se découpait dans le ciel étoilé, ses tours arrogantes lancées à l’assaut de la voûte céleste.
              Le nain jaillit d’un détour du chemin, quittant la forêt qui tentait vainement de dévorer le petit mont. Chemin était, en soi, un bien grand mot : il s’agissait plutôt d’un vague sillon boueux entre les herbes jaunies et les paquets de neige à moitié fondue, mais il en allait ainsi des routes en Sylvanie. Le nain y courait d’ailleurs comme un dératé, et, dans la fraîcheur de la nuit, son souffle s’échappait de sa bouche en petits nuages avant de se dissiper.

              Dissimulées dans un bosquet plus couvert d’épines brunâtres que de feuilles à l’écart du chemin, les goules regardèrent le nain pendre un virage, hache en main, avant de jeter fugacement un coup d’œil derrière lui, essayant vainement de percer du regard les frondaisons plongées dans la brume et l’obscurité qu’il laissait derrière lui. Les créatures sourirent et leurs mains décharnées, aux ongles longs, sales et cassés par endroit, se refermèrent sur des armes de fortunes oscillant entre le gourdin et l’os brisé : leur proie n’était pas près de les remarquer…
              Ladite victime disparut soudain de leur champ de vision : elle venait de quitter la voie pour dévaler la pente de la colline sur laquelle ils étaient, moitié courant moitié glissant dans la neige et la boue, prenant les goules de court. Les nécrophages se regardèrent, interloqués : qu’est-ce qui était donc passé par la tête du petit barbu ?
              Elles n’eurent pas le temps de chercher davantage, car une ombre énorme jaillit de la forêt en titubant, et les goules reculèrent aussitôt de frayeur dans leur bosquet : un grondement sourd montant de sa gorge parcourue de poils bris-gris épars, un varghulf balançait sa masse inégale sur ses pattes, avançant d’un pas chaloupé d’apparence incertaine, à une vitesse que l’on aurait pu soupçonner pour une telle créature à l’aspect monstrueux et difforme. Les goules étaient surprises cependant : cette force de la nature, qu’elles connaissaient, qu’elles craignaient et respectaient à la fois, leur apparaissait aujourd’hui en plus mauvaise posture. L’une de ses ailes pendait le long de son corps, inerte et inutile, et c’était elle qui rendait sa démarche encore plus étrange qu’à l’habitude. Si sa gueule garnie et crocs bavait à n’en plus finir comme c’était toujours le cas lorsqu’elle chassait, et si ses yeux rougeoyants brillaient de cette haine sans répit qui nourrissait sa rage et sa soif de sang, les estafilades couraient sur ses cuisses trempées de sang… Les plaies, bordées de croûtes épaisses et noires, ne semblaient même pas vouloir se refermer comme c’étaient l’accoutumée. Finalement, la bête monstrueuse disparut à leur vue, empruntant le même chemin que le nain avant elle.
              Les goules hésitèrent dans leur bosquet : allaient-elles suivre le varghulf, seigneur et maître incontesté de ces lieux, ou chercher ailleurs une autre proie pour la nuit ? La curiosité l’emporta, car elles voulaient savoir si c’était bien l’insignifiant petit nain qui avait autant malmené la créature de la non-vie : une à une, elles quittèrent le couvert des buissons pour s’élancer, tantôt courant tantôt sautillant, à la suite du varghulf et de sa proie.

              Descendre. Toujours descendre. Glissant sur les plaques de neige brunâtre à moitié fondue,  essayant de ne pas s’embourber dans les flaques de boues dans lesquelles ses bottes s’enfonçaient jusqu’au genou, profitant de toute pierre, de tout rocher, pour reprendre son élan sur un sol ferme, il dévalait la pente de la colline qui n’en finissait pas. Il était parfaitement conscient de ce qui le poursuivait, et sa hache ensanglantée dans sa main lui rappelait ce qui venait de se passer. Surtout, il savait le monstre agile, et lui n’était qu’un nain aux bien courtes jambes.
              Il arriva finalement dans une cuvette, là où les herbes folles et la boue laissaient place à la roche, des plaques d’ardoise grisâtre et friable. Sans hésiter, il continua sa course sur les rochers.
              Jusqu’à faire face au vide.
              Un vaste gouffre déchirait la vallée, la roche sortant de terre comme les mâchoires d’une bouche béante et sans fond, à la gorge plongée dans les ténèbres. Le nain lui, se tenait au bord d’une dent, piton rocheux s’élançant au dessus du vide. Devant lui, à une quinzaine de pas, l’autre bord du gouffre le narguait.
              Le nain jeta un coup d’œil derrière lui, sa barbe lestée de bijoux se balançant sur son torse en réponse au geste. Un seul regard suffit à réduire ses espoirs à néant : il n’aurait pas le temps de longer le gouffre, car la forme noire et difforme de son poursuivant dévalait elle aussi la pente à toute allure ; ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne puisse distinguer ses deux yeux rougeoyant de haine dans la nuit.
              Perplexe face à sa mort vraisemblablement imminente, le nain regarda son arme : la pierre bleutée encastrée dans le fer hache brillait faiblement, signe que tout comme lui, elle était presque à court d’énergie… Il avisa ses alentours, qui se résumaient au vide et au piton rocheux suspendu au-dessus. Le varghulf, lui, allait arriver dans la cuvette, les mâchoires écumantes à l’idée d’enfin attraper sa proie. Cette dernière, justement, plissait les yeux de détermination, resserrant la prise sur son arme qui luisait faiblement…

              Les goules arrivèrent en haut de la colline au moment même où le varghulf chargeait le nain. S’en était fait du guerrier trapu : déjà la bête poussait un rugissement de triomphe en traversant les derniers pas qui la séparait de sa victime… Mais alors le nain frappa l’air de son arme, et il y eut un craquement assourdissant.
              Un éclair fusa du fer de la hache, ratant de peu la tête du monstre, et s’écrasa sur son flanc qui fut aussitôt parcouru de tremblements, tétanisé par le choc.

              Sous les yeux effarés des frêles nécrophages, le varghulf perdit tout contrôle sur sa charge, l’une de ses jambes ne lui répondant plus, et s’écrasa sur le piton rocheux. Emporté par son élan, il continua tout de même à foncer à tout vitesse sur le nain. Les goules le virent sauter au dernier moment – manquant de peu d’être poussé par le monstre dans le vide. Pendant un court instant, le petit barbu fut suspendu dans les airs, avant de se raccrocher de peu au bord de la falaise, à côté de là où s’élançait le piton, duquel il s’était lancé. Promptement, il fit travailler les muscles saillants de ses bras et se hissa sur la terre ferme, alors même que le varghulf, de son côté, s’apprêtait à basculer impuissant dans le gouffre.

              Le nain regarda la créature essayer de se raccrocher aux piton, usant désespérément de ses pattes et des griffes de ses ailes. Même avec une aile brisée et un flanc encore secoué de tremblement, elle s’accrochait temps bien que mal au rebord, et si elle ne s’en relevait pas, elle ne semblait pas prête à en tomber pour autant. Le nain cracha dans le ravin, fit rouler ses épaules et raffermit sa prise sur sa hache – il s’était de peu pour qu’elle ne tombe dans le ravin lorsqu’il avait sauté.
              « Wanrak rhun-a-rhuni brak’t, arm’t a-grimazuli… » grogna-t-il.
              Le varghulf ne put que contempler sans bouger, son adversaire s’avancer vers lui sur le piton rocheux, sa hache dans ses mains. Le nain voyait dans les yeux injectés de sang que le monstre comprenait parfaitement ce qui allait se passer, et qu’il ne pouvait rien y faire.
              Le tranchant de la hache renvoya un instant la lumière de la lune maudite lorsqu’il la leva bien haut.

              Le cri que poussa la bête en réponse au doux chuintement de l’arme fendant l’air – puis ses griffes – était plus un hurlement de désespoir que de douleur, et il retentit longtemps alors que le varghulf était avalé par les ténèbres du gouffre. Une fois la bête disparue dans les ténèbres, le nain regarda un instant le ravin avant de s’en retourner et de quitter le piton rocheux. Les goules s’échangèrent des regards paniqués du haut de la colline : venait-il de précipiter à une mort certaine l’une des créatures les plus dangereuses des environs ? Les échos du cri du monstre parcouraient encore la vallée et le gouffre. Finalement, ils décidèrent de prendre la fuite. La campagne sylvanienne avait des proies bien plus aisées qu’un nain capable de ruser et vaincre un varghulf.
              Et c’est bien connu, la viande de nain c’est de toute façon toujours trop ferme et beaucoup trop fort en goût.

              Redressant les yeux vers le haut de la colline dont il escaladait la pente tant bien que mal, le nain crut apercevoir des formes sombres se mouvoir à la limite de son champ de vision, avant de disparaître. De timides spectateurs nocturnes ? Encore des ennuis, probablement. Il fronça les sourcils. Tout cela l’avait déjà bien retardé, et il avait encore du chemin à parcourir.


* * *


              Ce ne fut que bien plus tard qu’il arriva au pied de la sombre forteresse. Après son aperçu fugace de potentiels poursuivants sur la colline, sa hache n’avait pas quitté ses mains, et il n’était pas mécontent de n’être plus qu’à quelques pas de sa destination. Il contempla les gargouilles grimaçantes, rictus garnis de crocs, qui le toisaient depuis les hauteurs, entre les arcs boutants et les fenêtres aux vitraux malmenés par le temps. Il frissonna avant de s’avancer dans l’ombre de l’immense bâtisse, sa prise se réaffirmant sur le manche de son arme. Il passa à travers la grande porte du donjon, laissée béante depuis ce qui paraissait des siècles, avant de s’avancer dans une cour   parsemée de feuilles mortes. Il descendit des escaliers aux marches usées, traversa des corridors aux dalles craquelées, rendit leurs regards méprisants aux statues sur lesquelles grimpaient des ronces aux larges épines, avant d’arriver devant une petite porte en bois. Elle aussi était abîmée, mais portait des traces de réparations récentes.
              Il était enfin arrivé. Le nain se redressa, rattacha sa hache à sa ceinture, et épousseta vainement sa cotte de maille. Le moment n’était plus à l’hésitation.
              Il prit une grande inspiration, et poussa le battant.

              Une douce lumière s’échappa alors de l’embrasure, accompagnée d’une musique légère, de paroles et de rires, sans oublier la si agréable odeur d’un feu de bois. Aussitôt, il sut que le voyage en avait valu la peine, et tous ses problèmes envolés, il poussa la porte en grand.
              Le parquet usé grinça sous ses pas. Une femme lui adressa un sourire comme à son habitude sibyllin, arrangeant des verres derrière un comptoir. Accoudés à ce dernier, des clients se retournaient, le saluaient, lui souriaient. Autour des tables, on discutait, on s’amusait. Le sourire aux lèvres, le nain répondit à toutes les salutations.

              « Eh, Hjalmar, si tu savais ! Je me suis fait un ami sur le chemin… je suis sûr que tu aurais été jaloux ! »

_________________
Textes du Concours de Récits 2018 25e2d77d-b83e-11e7-8320-7d5a157d5762

Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.


Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
Arken

Arken





Maîtresse des fouets
Maîtresse des fouets
Age : 28
Nombre de messages : 2792
Date d'inscription : 12/03/2011
Vainqueur d'évènement : Concours de texte
Palmares : Championne de la Reiksguard, Comtesse de la Crypte 2019

Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Lun 22 Oct 2018 - 19:25
De joyeuses retrouvailles:

_________________
Ceux qui ne croient pas en la magie ne la trouveront jamais.
Contenu sponsorisé






Textes du Concours de Récits 2018 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2018

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum