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Thomov Le Poussiéreux

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Seigneur vampire
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Textes du Concours de Récits 2014 Empty Textes du Concours de Récits 2014

Lun 15 Sep 2014 - 9:23
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce sujet destiné à recevoir les œuvres des auteurs inscrits pour cette édition 2014 du célèbre Concours de Récits du Forum des Comtes Vampires! banane

Cette année plus que jamais nous accueillons des émissaires venus des quatre coins du Vieux Monde (et parfois même de beaucoup plus loin que ça); merci à eux de nous avoir rejoins pour faire de cette édition 2014 un succès encore plus retentissant que les quatre éditions précédentes respect


Voici à présent un rapide tour des règles et des dates qu'il est essentiel de garder à l'esprit:

-Les textes devront se situer dans l'univers de Warhammer et tourner autour du thème de cette année qui est "En Silence".

-La longueur maximale des textes est fixée à deux pages word en police 11; cependant et pour ceux qui apprécieraient un texte bien aéré, il est possible de substituer à cette limite celle de 8000 caractères (espaces compris).

-Le présent sujet sera ouvert à dater d'aujourd'hui jusqu'au 30 septembre (pour éviter la confusion de ces dernières années, la clôture du sujet est prévue pour le 30 septembre à 23h59).

-Un second sujet sera ouvert dans la foulée afin d'accueillir les votes des membres; en raison du nombre élevé d'auteurs en lice cette année ce sujet sera quant à lui fermé le 31 octobre (à 23h59), ce qui correspond à une durée deux fois plus longue que les autres années.

-Le nouveau (ou la nouvelle) Comte (Comtesse) de la Crypte entrera en fonction dès que les votes auront été dûment recomptés (et qu'un administrateur trouvera le temps de changer son titre  lol )

-Seuls les textes des auteurs sont acceptés dans ce sujet, pour tout ce qui relève des questions, demandes, interrogations, commentaires, appréciations, compliments, injures, ronds de jambe et autres politesses, veuillez vous en tenir au sujet Inscriptions et commentaires en tous genres



Et comme je suis cette année le Comte de la Crypte en titre, je me permet séance tenante d'ouvrir le bal avec mon modeste texte.
Bonne lecture et bonne inspiration à toutes et à tous.
Que la Force soit avec vous.




Les Galeries de la Peine



J'ignore depuis combien de temps je trime et survis dans ces galeries de malheur, sous la surface de la noire Naggaroth. Je n'ai plus vu la lumière du jour depuis bien des années. Six à mon avis, peut-être d'avantage. Nous n'avons rien pour mesurer le temps ici.
La chaleur nous étouffe, comme si un feu infernal réchauffait sans cesse la pierre que nous creusons jour et nuit.

Quand je suis arrivé ici j'étais un meneur, un homme de foi et de poigne qui ne se laissait pas impressionner; ni par les menaces, ni par l'imminence de la mort.
Ils ne connaissent rien de nous, nous ne comptons pas pour eux, ou à peine assez pour effectuer leurs basses besognes. Ils ne parlent aucun de nos dialectes, ils refusent même de salir leur langue en prononçant nos idiomes inférieurs. Comment ils ont découvert que j'étais un chef parmi les miens, je l'ignore. Mais ils l'ont su tout de suite. Ils m'ont choisi sans la moindre hésitation et ils m'ont humilié comme jamais je n'aurais imaginé l'être de toute mon existence, sachant que cela briserait la résistance des autres.

J'avais beaucoup lu sur l'Ennemi Intérieur, sur les manifestations démoniaques, sur les innombrables Hommes-Bêtes dans les bois et sur les immenses vagues d'invasion des Orques. Je connaissais les rumeurs sur les détestables Hommes-Rats et leurs machinations horribles pour entraîner notre perte à tous et j'avais ouï dire que des morts au repos troublé n'attendaient qu'une occasion de nous jeter à bas. J'avais frissonné en imaginant tomber un jour entre les griffes sadiques des Puissances de la Ruine ou de Gobelins tourmenteurs. Mais ce qu'il est advenu de moi et de mes compagnons est bien pire que tout ce que j'aurais pu inventer dans mes plus fiévreux cauchemars. Aujourd'hui je suis esclave des Druchii et il n'est pas une race sur ou sous la surface du monde qui égale leur raffinement en matière de sévices.

Ils opèrent leurs esclaves pour qu'ils ne parlent pas. Aucun mot de révolte, aucun cri de rage ne sort des gorges mutilées des milliers de forçats qui rongent les entrailles de la terre mètre par mètre.
Avant de passer sous les scalpels affûtés de mes tortionnaires, ils se sont amusés à me montrer sur chacun de mes camarades ce qu'ils comptaient me faire subir ensuite. Avec une précision surnaturelle, leur chirurgien ouvrait le cou de ses patients et y enfonçait sans vergogne des pinces tordues et rougies au feu pour sceller à jamais la parole des malheureux. Ils ont ensuite fait sortir tout le monde et ce fut mon tour d'être victime de leurs mains délicates...

Tout ce temps sans me plaindre, sans partager un mot avec un autre que moi et sans réciter les Saintes Ecritures de Sigmar.
Enchaînés à jamais sous terre avec pour seule musique les chocs cadencés des pioches, le claquement sec des fouets et les grognements de centaines de gorges estropiées.
Jamais nous ne quitterons ces galeries.

Parmi mes frères, certains sont braves dans cette épreuve; ils meurent les uns après les autres dans un simple soupir et nous les envions tous de cette ultime délivrance. Ils ont finalement trouvé le seul moyen de s'échapper vraiment des griffes de nos geôliers.

D'autres sont moins dignes et ils geignent et pleurnichent sans arrêt, n'émettant que des sons inarticulés qui portent sur les nerfs de tout le monde. Je sais qu'il arrive, quand un homme est trop pris par ses marmonnements insensés, qu'un autre prisonnier plus brutal ou miséricordieux que moi n'abrège son calvaire. Je vois une silhouette se déplacer quand nous devons dormir, doucement et discrètement pour ne pas attirer l'attention des cruels gardiens, et le lendemain au réveil le geignard ne respire plus.

D'autres encore tentent de s'en prendre aux gardes. Ce sont toujours des nouveaux arrivés, tout fraîchement débarqués de l'Arche Noire qui les a enlevé à leur terre et à leur famille. Ils ne savent pas, et nous n'avons plus de mots pour les prévenir.
Ils se font toujours prendre, sans la moindre exception et leurs corps sont ensuite exposés pendant des semaines. A chaque passage devant la macabre scène nous pouvons lire la souffrance dans les yeux des suppliciés qui roulent follement dans leurs orbites creuses. Ce qu'ils infligent aux mutins tient tous les autres en respect, plus infailliblement encore que des chaînes de bon acier qui nous entravent les chevilles.

Il me faut à présent confesser mon ignominie. J'ai commis le pire crime qui se puisse concevoir. Je sais que je ne reverrai jamais le Saint Empire de Sigmar, que je ne me réchaufferai plus guère aux feux du Temple dans la belle ville d'Altdorf. Mes pieds ne foulerons plus les larges voies pavés des grandes cités de mes semblables, mes épaules ne jouerons plus dans les foules du marché pour me frayer un passage et jamais plus je ne sentirai que Sigmar m'aime et me protège comme il le fait de chacun de ses fils.
J'ai été bien trop lâche pour mériter son amour, j'ai tourné le dos aux miens à la première épreuve; sans même livrer bataille.

Je ne suis pas muet. Les autres le sont tous mais sans que je sache pourquoi, les Elfes Noirs m'ont épargné. Ma gorge porte une cicatrice identique à celle de mes compagnons, mais je possède encore le pouvoir de parler. Ils ont tant et tant frappé mon esprit d'images de peine et de souffrance que je suis resté cois pendant toutes ces années. Pas une fois je n'ai élevé la voix quand l'un des nôtres se faisait battre à mort, pas une fois je n'ai eu de paroles réconfortantes quand les hommes même les plus solides s'effondraient de désespoir, pas une fois je n'ai murmuré de prière quand l'un d'entre nous trépassait. J'ai abandonné les miens et Sigmar s'est détourné de moi pour ne pas voir comme je lui faisait honte.

Les Druchii sont parfaitement au fait de mon calvaire intérieur et ils s'en repaissent peut-être plus encore que de la douleur qu'ils infligent aux autres.
Six années ont passé et j'ai été témoin de plus d'horreurs que je ne pourrais m'en souvenir. Six longues années sans que jamais un son ne sorte de ma bouche. Six ans durant lesquels, à ma plus grande horreur, je suis resté silencieux.

J'aimerais avoir la volonté nécessaire pour me dresser enfin et hurler le divin Nom de Sigmar; peut-être cela rallierait-t-il à moi les autres prisonniers, impressionnés par ce miracle? Peut-être pourrions-nous nous rendre maîtres des mines et changer d'existence. Peut-être...

Mais de courage je n'ai plus guère. Les Druchii ont sucé hors de moi tout ce qui m'a jamais rendu noble et humain. Je continuerai à frapper la roche de ma pioche jour après jour, après jour; jusqu'à ce qu'à mon tour je m'effondre et meure enfin d'épuisement. Je verrai mes compagnons, mes frères, souffrir et trépasser autour de moi et pendant tout ce temps je ne ferai rien pour les sauver. Aucun mot ne franchira mes lèvres.

Je garderai le silence en tremblant de peur et de haine.


Dernière édition par Thomov Le Poussiéreux le Mer 29 Oct 2014 - 21:01, édité 4 fois

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Textes du Concours de Récits 2014 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2014

Mar 16 Sep 2014 - 19:21
Ha, nous y voilà donc !
Le Comte de la Crypte met la barre très haut... mais pour cette lice qui verra son dénouement la Nuit des Morts, tout peut encore arriver Devil

Voici donc, à mon tour, la lecture que je vous soumets...


___________________________________________________________

Kpacloc lever. Aime pas lever. Habits, manger, déjà retard. Chef toujours crier : "Kpacloc rêve et mastaclaptok, retard !".

Demain lever nuit. Tecatlec ! Ca à cause maudits hommes-sans-vie ! Eux veulent entrer Cité Grand Peuple Lezards pour voler cailloux verts brillent ! Mais eux moins malins Grand Prêtre Quetipamatoulac. Lui voir attaque, lui prévenir Skinks. Mais Skinks pas guerriers : stratégie Grand Prêtre obscure. Kpacloc désole : sécurité, cité, quand Skinks décident ? Cailloux qui brillent servent quoi ? Cailloux valoir vie beaucoup lézards ?!

Grand Prêtre voit attaque : dire guerriers laisser rentrer sans-vie dans premier couloir. Un groupe guerriers dedans, attendre sans-vie tous rentrés. Grands Prêtres avec magie aussi attendre. Un groupe guerriers dehors, pour surprise derrière. Là, Kpacloc. Attendre cachés, voir boule feu magique et courir, entrer Cité, tuer sans-vie. Pas facile, tuer sans-vie. Eux rusés, méchants. Et déjà morts ! Skinks confiance : Lézards grands guerriers ! Peuple invincible ! Eux stupides attaquer nous !

Mais Skinks problème : eux discuter déjà un-un-un jours. Stratégie Grand Prêtre bonne, très maline, venue des Dieux ! Ptaraktec, une chose eux pas comprendre. Une chose Grand Prêtre énerve. Skinks dit pas important. Grand Prêtre dit très important, plectetic de Skinks !
"Han-ssi, lance !"

Vie guerriers, pas important, Skinks dit.
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Textes du Concours de Récits 2014 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2014

Mar 16 Sep 2014 - 22:27
Cri de l’âme


     Un pas après l’autre. Un pas après l’autre. Un pas après l’autre. Un pas après l’autre.
     Le soleil tropical tapait fort, et n’importe quel être à sang chaud aurait depuis longtemps sué comme une bête, perdu son soufflé, puis tombé d’épuisement sur les marches du temple. Toutefois, ce n’était pas le cas du skink qui remontait l’escalier, un pas après l’autre, un pas après l’autre, un pas après l’autre.
     Tout autour de lui, la grande cité s’étendait, bourdonnant d’activité : tous étaient occupés à déblayer les décombres, à récupérer les statues qui pouvaient encore être restaurées, à enterrer les défunts. La veille, une pluie de malepierre avait frappé.

     Un pas après l’autre, un pas après l’autre, un pas après l’autre, jusqu’au sommet, à l’autel. Miraculeusement, le temple n’avait pas été touché par les météorites, comme si la méditation du vénérable slann qui y résidait en avait détourné le fléau. Le fléau. C’est ce que le skink voulait savoir : pourquoi le fléau ? Pourquoi le fléau ?

     Un pas après l’autre. Enfin le sommet. Devant l’autel – Chapahutec, Celui-par-qui-s’expriment-les-Anciens. Immobile. La sérénité incarnée.

     POURQUOI ? Xalex avait perdu tous ceux qu’il connaissait pendant le cataclysme. D’ailleurs, il le sentait : la maladie le rongeait. Lui non plus n’en aurait plus pour longtemps.

     La pluie de malepierre n’était pas la première. Il avait cessé de les compter, et respectait toujours la méditation du grand slann. A présent, il allait mourir, et il voulait au moins savoir : pourquoi ?

     Quand il s’adressa à Celui-par-qui-s’expriment-les-Anciens, sa voix était le désespoir, sa langue – une épée pointée droit au cœur du vénérable slann. L’air vibra tout autour, étouffant les bruits provenant d’en bas. La voix de Xalex se figea dans un râle, comme subjuguée par cette aura soudaine qui l’enveloppait tout entier, telle la brume.
Puis le slann ouvrit les yeux. Ses yeux étaient deux portes ouvertes vers l’infini, deux puits de sagesse : Celui-par-qui-s’expriment-les-Anciens allait parler, le skink le sut comme il savait qu’il allait mourir : la pierre verte ne l’avait pas écrasé, mais avait fini par pourrir son corps.

     L’aura s’intensifia. Ce fut comme un bourdonnement d’insecte aux sens de Xalex, mais qui prit rapidement la forme d’une musique, d’une bénédiction, d’un honneur que peu de skinks de son rang s’étaient vus accorder :

***


Ils étaient assis là, tous seuls et en silence,
Ils observaient le monde crée selon leur volonté.
Ils étaient assis là, ne sachant plus quoi faire,
Impuissants face au monde qui demandait à exister.

Pourtant, il y a longtemps, quand commencèrent les âges,
Le Premier Age n’était
Pas sans orages, mais avançait vers l’avenir.
Le Plan Suprême était
Un fruit de longs présages
Ruminés par les sages
Anciens, bénis, qui depuis sont partis.

La jungle de Lustrie
Vit fleurir la nature.
Tout le monde était sûr du Grand Dessein.
Une civilisation, début de l’aventure
D’un monde encore pas mûr
Recherchant un destin.

Pyramides colossales, galeries et grandes salles
Lieux de rêverie sacrale pour les grands prêtres slanns.
Ils observaient le monde, nouveau-né et jovial, s’épanouir sans mal dans les terres orientales.

Berceau de la pureté, Ulthuan était née, contrée pleine de bonté
Et de valeur martiale.

Un événement fatal
Contraire au flux vital, chaotique et bestial
Allait à jamais tout changer.



Pourquoi ?!
Les portes du chaos
Il me manque les mots
Qui sont les grands salauds
Qui concoctèrent ce plan damné !

Tout ce qui était beau
Fut plongé dans les flots
Et une montagne d’os
Grandit sans jamais s’arrêter.

Les elfes d’Ulthuan
Aidèrent les prêtres slanns
A arrêter l’infâme
Qui venait du portail maudit.

Un ultime sacrifice :
Pour sauver des abysses
Le monde et ses amis
Caledor et ses magiciens entrèrent dans la lice.

Khaine fut satisfait,
Ulthuan ravagée
Plus jamais d’apogée
Pour la patrie des Asurs portant purs.

Moquerie de la création,
Stupide conspiration,
Cruelle séparation
De deux peuples pourtant liés par le sang.

Suivant les millénaires
Le Vieux Monde est en guerre
Nagash secoue la terre
Puis périt par la main d’Alcadizzar.

On le croyait bien mort
Mais il faut plus encore
Pour tuer le mentor
Le maudit maître de Nagashizzar.


Pourquoi, Anciens ?
Le Chaos, pourquoi ?

Nagash, fait-il partie du Grand Dessein ?
Qu’avons-nous fait, Anciens ? Tout a donc été en vain ? Les guerres, les prières, tout ? Des millénaires on a veillé, des siècles nous avons observé, et tout ça pour ça ?!

Désolé, petit skink,
Nous, on voulait bien faire
Créer un monde parfait dans un vaste univers
Mais le chaos s’échappe, et brise notre dessein, comme un plateau de verre…

Ils étaient assis là, tous seuls et en silence,
Ils étaient les Anciens, mais n’étaient pas la Chance,
Ils avaient délaissé ce plan de l’existence…




     Une autre terre, un autre peuple, les humains, le skink les vit.

« Grand-père, quelle est cette lumière verte qui arrive droit sur nous ? »
« C’est la comète de Sigmar, mon enfant. Nous allons le rejoindre dans l’autre monde, où il veillera sur nous… »


***
Arken

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Sam 20 Sep 2014 - 23:45
Promenade en forêt


Ils avançaient lentement. Les genoux fléchis. Le dos vouté. Le regard attentif.

Arbre après arbre, la détermination de l’un croissait et celle de l’autre diminuait.

Pas après pas, la main du premier se refermait et se serrait sur son arme tandis que celle du second se ramollissait et tremblait.

Au fur et à mesure que le calme martial prenait possession de l’esprit du répurgateur, la nervosité envahissait celui de son novice.

L’aîné sentit la peur grandissante du cadet. Ses pas se faisaient plus maladroits. Sa démarche était de moins en moins discrète.
Le maître s’arrêta. Il toisa son compagnon d’un air sévère. Il posa son index sur ses lèvres.

Il remarqua l’œil réprobateur de son mentor. Il secoua la tête en guise d’assentiment. Il soupira. Déglutit. Reprit sa route.

Pour se donner plus d’assurance, sa deuxième main vint se poser sur la poignée de son arme. Il fixa le dos de son maître. Arriverait-il à exterminer la créature ? Lui-même réussirait-il à survivre à cette mission d’horreur ? Il observa les alentours. Les arbres prenaient des formes de plus en plus étranges. Les couleurs des feuilles se ternissaient. Les buissons devenaient rachitiques. La température chutait inexorablement. Il ralentit. Il sentait une anomalie. Une absence. Sans savoir d’où elle provenait.
Son pied droit se posa dans l’herbe. Il émit un léger bruit étouffé. Il fronça les sourcils. Habituellement, il ne s’entendait pas marcher. Il comprit. Regarda autour de lui. Pas un souffle de vent. Pas un bruissement de feuille. Pas un mouvement dans la sylve. Pas un seul chant d’oiseau. Perturbé, il fit un pas pour rejoindre son maître.


CRAC !

Il baissa la tête. Vit son pied sur une branche. Se redressa. Son mentor s’était vivement retourné. Une angoisse soudaine emplit ses yeux. Elle se changea en horreur.

Une douleur dans la poitrine. Il tomba au sol. Le noir l’engloutissait peu à peu. Il eut une dernière pensée.

Et merde.

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Ceux qui ne croient pas en la magie ne la trouveront jamais.
Gilgalad

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Dim 21 Sep 2014 - 0:08
LA PROMESSE DU SILENCE ETERNEL

Mort. Chaos. Destruction. Carnage. Massacre. C’étaient les seuls mots qui pouvaient décrire ce qui venait de se passer. Une fois de plus, les armées des deux ennemis ancestraux s’étaient déchaînées l’une contre l’autre dans un ouragan de rage, de magie, d’acier et de sang. Des arbres millénaires qui avaient vu naître des générations d’elfes avaient été détruits dans cette bataille. Et Il en était responsable. Il avait provoqué le combat, pensant vaincre l’ennemi facilement alors que c’était faux. Il avait été trop orgueilleux et cela avait coûté la vie de milliers de ses frères. Il avait commis l’erreur la plus terrible en temps de guerre, il avait surestimé ses capacités. Il avait intrigué à la cour pour obtenir ce poste si convoité et il ne récolterait que la disgrâce. Il ne pouvait continuer sa vie après une telle défaite. Mais il ne savait pas encore quoi faire. Hébété, il se mit à marcher à travers le champ de bataille. Il se jura, pour se faire pardonner, d’enterrer tous ses frères morts au combat aussi vite que possible. Résolu, il les mit en terre un par un. Il s’épuisait à la tâche mais rien d’autre ne comptait pour lui. Il les avait conduits à leur perte. Il leur devait au moins cet ultime honneur.

Les jours succédaient aux jours. Les nuits aux nuits. Il pleurait à chaque cadavre qu’il mettait en terre. Les habitants d’un village non loin lui avaient proposé leur aide mais il avait refusé d’un signe de tête. Il ne parlait jamais, pas même quand il était seul. Il ne réfléchissait même plus à ce qu’il faisait. Il agissait comme l’un de ses automates que fabriquent les hommes de l’Empire ou les Nains. Au bout de deux semaines, il avait tenu parole. Il se mit alors en route pour Lothern. Il devait aller annoncer à son Roi son échec. Autour de lui, les plaines verdoyantes d’Ellyrion s’étendaient à perte de vue. Parfois, il croisait des troupeaux de chevaux libres. La vitesse de ceux-ci était formidable et dépassait de très loin celles des destriers des Terres des Hommes. Ces coursiers étaient la fierté d’Ellyrion et ils avaient rendu célèbres les Patrouilleurs de la région. N’importe quel Asur ou humain se serait arrêté pour contempler pareille beauté surnaturelle. Mais il n’était plus digne des premiers et les seconds ne pouvaient venir jusqu’ici sans mourir. Il ne s’arrêtait que pour dormir. Rempli de honte, il ne dormait même pas dans des auberges. En trois jours, il atteignit Tor Elyr. Son statut de noble lui permit de rentrer sans encombre dans la cité. Il ne s’arrêta pas de marcher avant d’être arrivé au port. Là, il lui suffit de quelques mots pour avoir une place sur un navire pour le Temple d’Asuryan, l’un des lieux de culte les plus sacré d’Ulthuan. Il embarqua aussitôt car il n’avait d’autres affaires que celles qu’il portait sur lui.

L’elfe resta dans sa cabine durant tout le voyage qui dura une semaine complète. Il savait parfaitement ce qu’il devait faire maintenant. Il ne monta sur le pont que lorsque le navire approcha du Temple d’Asuryan. Après quelques manœuvres, le navire accosta sur un quai qui lui était destiné. L’elfe sortit descendit alors à terre et monta aussitôt vers le temple. Les colonnes de marbres succédaient aux colonnes de marbres. Ce Temple était le lieu où était gardée la Flamme d’Asuryan, le Dieu créateur des Asurs. Ce lieu avait vu naître aussi bien des héros comme AEnarion que des traîtres comme le Roi-Sorcier de Naggaroth. Il se dirigea sans hésitation aucune vers une salle à part et y pénétra sans frapper. Elle était entièrement vide mais des textes écrits dans des lettres de feu étaient gravés sur les murs de la pièce. C’était la Chambre des Jours. Dans cette pièce était inscrit le passé, le présent et l’avenir. Il se mit alors à lire tout ce qu’il pouvait. Il ne se reposait point pas plus qu’il ne se sustentait. Ce ne fut qu’au bout d’un moi qu’il sortit. Sur le pas de la porte l’attendait un grand guerrier. Sur son front luisait la rune d’Asuryan. C’était Caradryan, Capitaine des Gardes Phénix. L’elfe savait ce qu’il allait devenir. Il allait devenir l’un des gardiens de ce temple. Après lui avoir fait signe de le suivre, le capitaine l’emmena vers une pièce qui apparut être une armurerie. Là, d’autres guerriers le changèrent avant de le revêtir d’une armure de couleur or, d’une cape blanche, d’un heaume doté de grandes ailes et de lui donner une grande hallebarde cérémonielle. Silencieusement, l’elfe prêta serment à Asuryan et à lui seul.

Ainsi commença une nouvelle vie pour Antrahnir, ancien noble d’Eataine, devenu Garde Phénix. Une nouvelle vie qui sera silencieuse à jamais.

_________________
Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
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Textes du Concours de Récits 2014 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2014

Mar 23 Sep 2014 - 14:02
Le calme avant la tempête

La nuit avait été calme et l’aube s’annonçait tout aussi peu mouvementée. Sur le pont du navire, les elfes dormaient enroulés dans leurs capes d’écailles et de fourrures pour se préserver de l’humidité ambiante. Quelques ronflements troublaient le silence ambiant, se mêlant aux grondements des Sang-Froids qui attendaient leur ration du matin dans leur enclos, peu troublés par la faible houle.
Avant de réveiller l’équipage pour reprendre un rythme de croisière plus rapide, Lokhir quitta la barre tout en ayant pris soin de bloquer celle-ci avec une corde et entreprit une inspection de son navire.

Tout en marchant d’un pas souple sur le plancher constitué de diverses trappes où étaient entassés leste, armes, armures et vivres, il prit le temps d’inspecter la coque pour vérifier l’état de chaque planche. Il avait construit ce bateau de ses propres mains avec l’aide de quatre autres menuisiers sur une durée de cinq ans. Aucune planche ne lui était inconnue, il avait minutieusement travaillé à la conception de chacune, toutes travaillées à partir d’un seul arbre en respectant totalement les fibres du bois pour créer une planche très fine et d’une solidité incomparable. Aucun navire de guerre, pas même ceux d’Ulthuan ou de Naggaroth ne pouvait se vanter d’être aussi rapide, manœuvrable et tout terrain que son Snekkar, ainsi avait-il baptisé ce langskip dont la forme n’était pas sans rappeler un de ces monstrueux serpents des mers. D’ailleurs, l’idée de conception lui était venue après avoir participé à la capture d’une de ces bêtes, sa rapidité l’avait tellement épaté qu’il avait décidé de révolutionner la conception des navires pour approcher cette aisance à se déplacer dans l’eau.

Ainsi, il avait conçu un système de planches superposées telles des écailles et rivetées avec des clous en fer de tourbe inoxydables par après sur une structure intérieure solide basée sur la quille qui soutenait également le plancher pour permettre au corps de ne pas briser les vagues, mais plutôt de se plier à leur mouvement pour gagner plus de vitesse. On aurait presque cru que le navire lui-même était vivant. Cela permettait à la ligne de flottaison d’être très haute sans risquer de recouvrir le vaisseau pendant les tempêtes et ainsi d’avoir un tirant d’eau très faible pour pouvoir même remonter des fleuves et augmenter sensiblement les zones de pillages. Une merveille de savoir-faire, il n’en était pas peu fier et Raknar ne cessait de le complimenter tout en l’exhortant de reproduire son Snekkar pour intensifier les raids.

Lokhir arriva enfin à la proue du vaisseau la gueule en bois du monstre semblait renifler les embruns salés et il en profita pour faire de même. Le fond de l’air était déjà chaud dans ces contrées tropicales et humidité pour humidité, la fraicheur de l’eau aux frontières de la nuit ne pouvait manquer de le ragaillardir après cette nuit de veille. Il s’autorisa même quelques instants pour regarder les sillons que formait la quille en fendant les eaux bleues et profondes. Quel spectacle… Mais le temps était un luxe qu’il ne pouvait trop se permettre, les vivres commençaient à se faire rares et l’équipage devenait maussade. D’après ses calculs, ils devraient tenir sur leurs réserves d’ici le prochain pillage à condition de ne pas essuyer une forte tempête. D’un autre côté, peut-être celle-ci accélérerait le voyage car ce temps plat forçait l’usage des rames ce qui n’était pas du goût de tout le monde.

Un dernier coup d’œil au mat pour vérifier son état. La cale était toujours bien fixée et la voile se gonflait sans grande conviction et sans réelle efficacité, juste pour donner l’illusion. Une de ses innovation aussi le mât amovible. Il était enfoncé dans une encoche sculptée dans le bois d’une grosse quille interne et fixé avec une cale aisément amovible pour permettre le retrait rapide du mât en n’importe quelle occasion, que ce soit une approche furtive ou une grosse tempête.

Allez, il n’avait que trop trainé, Lokhir réveilla donc Raknar qui prit l’initiative d’entamer en silence quelque peu les réserves de vivres avant de regarder le compas pour être certain de la trajectoire suivie. Le soleil restait paresseux et semblait dormir comme l’équipage, molletonné dans d’épais cumulus d’un blanc rosé mais le peu de lumière suffisait pour connaître l’orientation du navire. Lokhir avait bien tenu la barre, il n’avait pas changé de cap, le calme de la mer aidait bien entendu, mais il fallait reconnaître ses talents innés pour la navigation et la construction.

« Va te reposer Lokhir, je prends la barre. » dit Raknar et pendant que l’interpellé regagnait une petite trappe dans laquelle se trouvait un lit de fortune, il entendit le chef d’expédition crier pour réveiller tout l’équipage.

Le bruit commençait à envahir le pont par des raclements de gorges, des grognements, des bâillements et des bruits de pas, s’en était fini du silence de la nuit, de cette intimité qu’il avait eue avec son Snekkar. Il prit un quignon de pain et du poisson salé pour déjeuner avec les autres avant d’essayer de dormir. L’ambiance n’était pas au beau fixe, les elfes s’inquiétaient du calme de la mer et étaient pressés de toucher terre pour remplir leur navire de butin mais aussi de vivres. En effet, le lait était désormais rance, l’eau commençait à croupir, seul l’alcool se conservait bien mais il fallait en boire avec modération pour pouvoir manœuvrer. Le repas terminé, les rameurs s’installèrent sur leurs bancs pour accélérer le voyage. Lui allait essayer de dormir quelques heures au gré du clapotis des rames entrant dans l’eau en cadence. Si tout allait bien, cette nuit il passerait encore un tête-à-tête silencieux avec son bateau avant d’atteindre Cathay à l’aube…

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Mar 23 Sep 2014 - 17:49
Une soirée d'automne



Les dernières feuilles se détachaient des arbres, formant sur le sol un mince tapis de couleurs cuivrées. Dans le ciel, le soleil parvenait à peine à percer les nuages grisâtres, portés par un vent glacial. Les cheveux roux de la femme se fondaient dans le décor, soulevés par la brise froide qui lui écorchait le visage et les mains. Enveloppée dans un grand manteau de fourrures diverses, le reste de sa fine silhouette ne ressentait presque pas le souffle mortel du vent et la froideur de cette fin d’automne.

Il se tient derrière elle, mais elle ne le sait pas encore.

La femme  s’arrêta net en apercevant la première maison, et porta la main au pommeau de l’épée qui pendait à sa ceinture, avec un sourire macabre. Malgré son impatience, elle descendit tranquillement de la butte où elle se tenait et rejoignit le chemin, qu’elle avait jusqu’à présent délaissé. Pénétrant dans le village, elle s’efforça de garder un air neutre face aux rares habitants qui la dévisageaient, le plus souvent depuis leur fenêtre ou le palier de leurs maisons. Le froid les avaient presque tous découragés de vaquer à leurs occupations quotidiennes en ce début de soirée, et les seules personnes qu’elle voyait lui adressaient à peine un regard. Personne ne l’interpella, et elle n’aurait pas répondu de toute manière.  Comment aurait-elle put ?  

Elle pense être seule à arpenter les rues, mais elle se trompe.

Elle poursuivit donc sereinement son chemin aux milieux des maisons de pierres basses, aux toits de chaumes surmontées de feuilles mortes et de nombreuses corneilles. Pas une seule ne s’envolait sur son passage ni ne poussait de cris, apparemment habituées à la présence humaine.

Une maison toutefois se détachait des autres. Une grande bâtisse, pourvue de deux étages et de petites fenêtres dont les rideaux étaient tirés, ne laissant rien voir de ce qui se passait à l’intérieur. L’étrangère ne prit même pas le temps de vérifier le parchemin qu’on lui avait confié. Ce ne pouvait être qu’ici. La demeure de pierre sombre était surmontée d’un toit aux couleurs de l’automne mourant, et l’architecture travaillée témoignait de la richesse de ses propriétaires.

Soudain hésitante, elle recula de quelques pas, contemplant le fouillis d’ornements de pierres qui dessinait les encadrures des fenêtres et de la porte, et délimitaient entre eux les étages. Sur le côté droit, une tour aussi haute que la maison et pareillement décorée se dressait, ses pierres tout autant torturées par le temps. Finalement, elle sortit la lettre qu’elle gardait dans sa poche, la déplia et la parcouru, s’arrêtant comme chaque fois sur le mot « récompense »… Une récompense au-delà de l’imagination, telle était la promesse de l’homme qui l’avait abordée devant les portes de la grande ville et lui avait remis ses instructions. Une récompense qui ne lui serait accordée qu’une fois qu’elle aurait tué les occupants de la maison, un couple de vieillards qui tardait à lâcher leur héritage. Rien de bien compliqué, si ce n’est que le voyage lui avait pris deux bonnes semaines à pied. Mais elle avait l’habitude des longs trajets, les gens comme elles ne se trouvaient pas à n’importe quel coin de rue, et beaucoup venaient de loin pour lui parler…

Finalement, elle secoua la tête, remis la lettre dans sa poche puis avança à grands pas vers la maison. Depuis quand se défilait-elle, surtout devant une tâche aussi simple ? Le mari était un ancien soldat, il opposerait sans doute un peu de résistance, et le premier venu n’aurait peut-être pas  réussi à lui prendre la vie. Mais était-elle le premier venu ?

Elle a hésité, mais il savait qu’elle ne faillirait pas.

La femme monta les marches du perron, son manteau traînant légèrement au sol. Elle l’arracha de ses épaules et le laissa tomber sur le sol de pierre, juste à côté d’elle. Vêtue à présent d’une simple tunique vert sombre et d’un pantalon de la même couleur, elle avait gardé sa ceinture où pendait une longue épée nue à double tranchant. Elle attacha ses cheveux roux à l’aide d’un ruban, puis enfin posa la main sur la poignée de la porte, constatant avec satisfaction qu’elle n’était pas verrouillée.
Elle l’ouvrit doucement, entra puis la referma en silence. La pièce où elle se trouvait n’était éclairée que par les braises d’un feu de cheminée, mais elle distingua tout de même quelques fauteuils, une table et des chaises, ainsi qu’une armoire et un vaisselier. Il n’y avait personne, mais un escalier en colimaçon se tenait derrière une porte ouverte, probablement à l’intérieur de la tour.

Elle est entrée, mais encore une fois elle n’a pas regardé derrière elle.

Elle se dirigea vers l'escalier, le bruit de ses pas amorti par l’épais tapis cramoisi. Elle monta, marche après marche, sur la pointe des pieds. L’ascension lui sembla interminable, pourtant elle savait qu’elle ne pouvait pas avoir dépassé le premier étage, n’ayant vu aucun passage.
Alors que l’escalier continuait d’étirer ses formes courbées vers le ciel, elle tomba enfin sur une porte de bois, massive et bardée de fer. Il n’y avait pas de poignée visible, mais le simple fait de pousser la porte la fit s’ouvrir.
Elle déboucha dans une pièce totalement obscure. Néanmoins elle se souvint des rideaux tirés qu’elle avait discernés à l’extérieur. Elle longea le mur avec sa main, arriva à l’angle, tourna… Jusqu’à ce que sa main touche quelque chose. La consistance était douce, feutrée, rassurante. Soulagée, elle tira le rideau, laissant entrer un mince filet de lumière pâle qui vint éclairer légèrement la pièce. Celle-ci était complétement vide, et seules les encadrements des fenêtres se détachaient sur les murs sombres et nus. Il n’y avait pas d’autre entrée que celle qu’elle avait empruntée.

Il la suit depuis tout ce temps, mais à présent il est à quelques mètres.

Alertée par quelque chose comme son instinct, elle se retourna brutalement, prête à dégainer. Au lieu de quoi, inexplicablement, elle tenta de hurler, avant de se souvenir qu’elle en était incapable. L’homme lui posa son index sur les lèvres en souriant, de toutes ses dents blanches et aiguisées. Elle l’entendit presque murmurer, alors que ses lèvres ne trahissaient pas le moindre frémissement.

Je ne t’ai pas menti… Une récompense au-delà de l’imagination…

Terrifiée, incapable de détacher les yeux des siens, elle ne se débattit même pas lorsque les longs crocs fondirent sur elle, déchirant sa gorge dans une fontaine écarlate.
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Mar 23 Sep 2014 - 21:00
J'ai eu beaucoup de mal à trouver le temps d'écrire ! (CRFPA oblige, et mon récit en a souffert Blushing )
Rédigé en un petit quart d'heure... un peu honte sur le coup Crying

M'enfin ! J'ai promis de participer !!


"Meine Gräfin"


Depuis combien de temps étaient-elles là ?
Depuis combien de temps étaient-elles enfermées ?
Depuis combien de temps étaient-elles emmurées ?

Les ténèbres les entouraient.

Elle avait fini par se repérer dans ses appartements, elle en connaissait les moindres détails.
Là, le miroir qu’elle chérissait tant. Ici, sa précieuse boîte à bijoux. Et au fond, le portrait de son tendre époux.

Dans l’obscurité, elles se déplaçaient. Elle sanglotait. Elle murmurait.
Et elles vivaient. Toujours.

La petite trappe venait de s’ouvrir. Elle avait manqué le mince filet de lumière qu’il lui était encore accordé. De quoi se sustenter. Et prolonger son calvaire.

Il semblait si loin le temps où elle était la perle d’Altdorf, où tous les gentilshommes faisaient la queue pour elle, redressée. Oh, elle en avait profité de cette vie. Son mari, Ferencz, était alors un des plus grands officiers de l’armée impériale. Un héros qui avait voué son existence à sa cause. Mais celle-ci ne l’empêcha pas de passer de vie à trépas.

La comtesse. Non, elle n’avait rien oublié. Et elle non plus.

Lors de son procès, où ces impurs du Stirland l’avaient jugé pour sorcellerie, elle avait été condamnée à demeurer vivante dans sa demeure. Son nom avait de l’importance, et ces aristocrates avaient préféré « abattre la branche tout en préservant le tronc ». Ils prirent la décision de l’emmurer vivante.

Combien de temps… combien…

-Sûrement un peu trop. Mais ça te va bien ce teint.
-Tu es là…
-Oh, meine Gräfin, je n’ai jamais été loin de toi.
-Combien de temps… ?
-Voilà quatre ans. Quatre ans. Tu as minci. Tu vas pouvoir de nouveau revêtir ta robe de mariée.
-Je… je ne sais pas où elle est…
-Mais si… tu t’en souviens très bien. Tu l’as rangée où tu sais.

La comtesse se mit à genoux, et fonda en larmes.

-Que veux-tu de moi ?
-Va mettre cette robe.
-Mais qui es-tu… ?
-Später, junge Gräfin, später. Obéis.
-Je crois que j’ai… que je l’ai rangée dans l’armoire…
-En es-tu sûre ?
-Je crois…

La comtesse s’arrêta net. Se mettant à trembloter, elle fut alors violemment projetée contre le mur.

-Va mettre cette robe que tu as rangée dans ta malle aux souvenirs.

La malle. La comtesse ne l’avait pas ouverte depuis des années. Comment cette voix pouvait-elle savoir… ?

Oui, elle était bien là. Dans cette boîte, cette jolie boîte. Le papier avait craquelé avec le temps, mais elle était persuadé qu’elle était toujours turquoise, comme au temps jadis.

Pantin, elle se déshabilla. Oui, la robe lui allait. Etait-elle devenue si maigre pour qu’elle, quinquagénaire, puisse revêtir une tenue destinée à une fille de treize ans ?

-Tu es magnifique.
-C’est… c’est vrai ?
-Meine schöne Gräfin… dis moi ce que tu as envie de faire maintenant.
-Peux-tu me faire sortir d’ici ?

Silence.

-Peux-tu me faire sortir d’ici ?!
-Mais tu es toute seule. Á part le vieux Raimund qui t’apporte ta pitance, tu es seule. Toute seule.

Silence.

-Et… et toi… tu es… ?

Un ricanement jaillit des abysses. Non de l’obscurité de la pièce, mais de l’intérieur de son âme. Ce rire, ce rire frénétique, dégoulinant de perversité… il venait de sa tête.

-Non… ! Non !
-Tu es allée beaucoup trop loin, gefährliche Gräfin. Au début, tu pensais te consoler en songeant à ton viril époux. Puis, à tes amants. Et tu as passé toutes ces années, ici, à te bercer de ces illusions fantasmagoriques. Tes doigts sentent, pauvre folle.

Silence.

-Et maintenant, tu es ma chose. Va manger. Puis, je me régalerai. Et toi, meine wunderschöne Gräfin, tu seras à jamais mienne. En silence.

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Mar 23 Sep 2014 - 23:29
Voyageur de passage

Au matin du premier jour, Blumberg était en fête. La ville commémorait en effet le centenaire de sa reconstruction après le passage du terrible Grom. Depuis cent ans la belle cité n'avait connu que la paix, et ses habitants célébraient aujourd'hui cette chance incroyable avec tout l'enthousiasme dont ils pouvaient faire preuve. Une foule en liesse se massait dans les rues, riant, chantant, criant leur joie au ciel. Et nul n'était plus bruyant que les jeunes hommes, de retour de campagne après avoir passé deux mois mobilisés de force dans l'armée du comte électeur. Tous n'étaient pas revenus des combats pour le Talabecland, mais les vivants chantaient bien assez pour les morts, oubliant dans l'ivresse de la fête les horreurs de la guerre. Sous le grand chêne qui trônait devant l'hôtel de ville, Hans prononça quelques mots à l'oreille de Lucie avant de l'embrasser passionnément. Au milieu de la place, Johan serrait ses petites filles dans ses bras tandis que sa femme lui tenait toujours l'épaule, comme si elle craignait que la mort vienne le prendre. Ludolf et Arthauld, les frères du tavernier, chantaient à tue-tête en heurtant leurs chopes. La ville entière était dans les rues, une masse heureuse, bigarrée, bruyante, et un joyeux vacarme s'élevait de la cité. Le boucan était tel que mêmes les oiseaux, qui passaient tous d'ouest en est au-dessus de la ville, en furent troublés. Blumberg, ivre, ne s'en souciait guère. Sur les murailles, les sentinelles avaient reçu la permission du capitaine d'emporter de quoi boire, afin de les aider à accepter d'accomplir leur devoir alors que la cité faisait la fête. Une journée folle s'écoula ainsi, l'orchestre céda la place aux artificiers et à leurs feux qui emplirent la nuit de tant de sons et de lumières qu'on se serait cru en plein jour. Mais finalement, la fatigue reprit ses droits et la ville, petit à petit, sombra dans le sommeil.

Au matin du second jour, le brouillard arriva. Les sentinelles n'en crurent pas leurs yeux. Un véritable mur de brume approchait de la ville endormie, doucement, comme un prédateur prudent. Venu de l'ouest, il s'avança en engloutissant les champs, les arbres, la rivière. Il se brisa d'abord sur les murs comme une vague sur les rochers, puis il se lança à l'assaut des remparts. Quelques minutes plus tard, les défenses de pierre de la ville avaient été submergées. La brume chuta du haut des murs, emplit les rues de sa pâleur spectrale, ne laissant pas une ruelle intacte. Des filaments laiteux se frottèrent aux portes, aux fenêtres, mais ne parvenaient pas à pénétrer les maisons. La grande cloche de l'hôtel de ville sonna quand le brouillard atteignit le chêne. Rapidement, tout fut fini. Blumberg, encore endormie, avait été engloutie par la brume. Lorsque les premiers habitants se levèrent, ce qui semblait n'être qu'un simple brouillard matinal ne les inquiéta guère. Pourtant, tous se sentirent vite emplis d'un indéfinissable sentiment de malaise. Une atmosphère oppressante avait envahi la ville. Toute chose, vivante ou non, se trouvait réduite à une forme sombre puis disparaissait si l'on s'en éloignait un peu. Les sons étaient atténués, déformés par la nouvelle densité de l'air. Le moindre bruit devenait dérangeant, la moindre silhouette inquiétante. Hans aida sa chère et tendre à décrocher les décorations comme prévu, mais ils ne prononcèrent pas un mot. Les enfants de Johan préférèrent rester dans la maison, et leur père, aussi ridicule que cela lui semblait, en fut soulagé. La taverne ne fut jamais aussi fréquentée, chacun cherchant un réconfort dans la proximité des autres. La salle commune, avec ses lumières, sa chaleur, ses vapeurs d'alcool, ses jeux et ses petites fenêtres, fut le refuge idéal pour tous ceux qui souhaitaient oublier le monde extérieur. Mais que quelqu'un, par malheur, ouvre la porte, et la lumière semblait pâle, le feu semblait faible, les rires sonnaient faux. Progressivement, un silence gêné remplaça les cris exagérément forts des clients, et l'alcool devint le dernier espoir de la plupart d'entre eux. La ville entière était dans cet état, se réveillant du rêve des festivités pour sombrer dans le cauchemar blafard d'une réalité oppressante. Enveloppées dans un manteau aussi pâle que froid, gardant une cité qui semblait déjà morte, les sentinelles ne cessaient de tourner la tête vers ces formes indistinctes qu'étaient leurs camarades. Tout plutôt que de rester immobile à fixer un paysage uniformément blanc. Aucune n'avait signalé la façon dont la brume était arrivée, espérant qu'il ne s'agissait que d'une anomalie climatique ou d'un tour que leur avait joué leur esprit encore enviné. Une journée s'écoula, sans que le soleil ne parvienne à percer cette carapace brumeuse. La nuit tomba, et les habitants se couchèrent tôt, souhaitant laisser au plus vite cette date sombrer dans l'oubli et passer à un lendemain plus lumineux.

Au matin du troisième jour, Blumberg était inerte. Enfermés chez eux, les habitants, pour la plupart, dormaient encore. Dans les rues, la brume régnait sans partage. La grande cloche avait cessé de sonner la veille, le bourgmestre ayant décidé que le tintement sinistre déformé par la brume n'améliorerait pas le moral de la population. Même le vent s'était tu, comme s'il craignait de perturber le spectacle. La ville, muette et grise, avait tout d'un caveau. La chose y pénétra sans un bruit. L'immense forme noire voilée de brume avançait avec légèreté, comme portée par le brouillard. Elle passa au-dessus des murailles comme un nuage sombre. C'est sans un bruit, sans faire trembler une seule fenêtre, qu'un membre noir de jais et large comme deux maisons se posa au milieu d'une rue, et les façades qu'il traversa furent comme englouties par la masse sombre, disparaissant sans laisser de trace. Un tentacule cyclopéen effleura délicatement le grand chêne, et l'arbre centenaire devint poussière. La chose passait au-dessus des toits, posant de temps à autre une excroissance au sol, sans pour autant qu'on puisse dire qu'elle s'appuyait dessus. Pendant ce temps, la brume entra dans les maisons. Elle passa par les fissures, les cheminées, les carreaux fêlés, se glissant sous les portes -les entrouvrant parfois. Elle atteignit la couche de Hans et, peu après Lucie mourut étranglée par un zombie dont les traits restaient ceux de son aimé. Elle se faufila jusqu'aux lits de deux petites filles, leur offrant une ultime étreinte de brouillard, et du sang coula de leurs yeux comme un flot de larmes rouges. Réveillé par son instinct, Johan se leva pour aller voir ses enfants. La terreur de voir la brume sortant de leur chambre le paralysa. Il mourut en ignorant tout de l'horrible agonie de ses filles chéries. Elle s'invita dans la taverne, trouvant Ludolf et Arthauld éveillés quoiqu'ivres. La surprise les laissa bouche bée, et lorsque, voyant son frère s'effondrer sans un bruit, Arthauld voulut crier, aucun son ne sortit de sa gorge. Le brouillard s'introduisait partout, chaque maison fut visitée par cet implacable envahisseur dont les coulées blanches montaient les marches, passaient les portes, et finissaient par rejoindre les habitants sans qu'ils puissent pousser le moindre cri. Le fléau blanc les trouva tous, où qu'ils se cachent et quelles que soient leurs protections, et chacun connut une mort différente, mais toujours effroyable. Sur les murailles, les sentinelles qui avaient passé la nuit dans le brouillard étaient restées parfaitement immobiles lorsque la chose était passée, leurs yeux vides de vie fixant à jamais le paysage toujours voilé aux pieds de la ville. La journée se déroula ainsi et, depuis les remparts, la gigantesque forme sombre semblait être la seule chose à avoir bougé depuis le matin.

Au matin du quatrième jour, la brume quittait Blumberg, laissant derrière elle une cité à jamais silencieuse. Elle suivit son hôte, l'enveloppant comme une cape pour son prochain voyage.

Au matin du quatrième jour, le village de Normfend célébrait bruyamment la victoire du Talabecland, et tout n'était que chants et ris.

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La mort est dans la vie la vie aidant la mort
La vie est dans la mort la mort aidant la vie.


historique: https://whcv.forumactif.com/recits-fanfics-et-fanart-f10/le-vampire-de-gespenst-t2742.htm
photos: https://whcv.forumactif.com/galeries-des-membres-f23/galerie-de-keraad-t2854.htm
Le (sale)Nick

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Textes du Concours de Récits 2014 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2014

Mer 24 Sep 2014 - 4:51
"En silence, bande de rats puants!"
Depuis sept nuits qu'ils creusaient, c'était la tout ce que les vétérans du 4e régiment de lanciers du Hochland avaient entendu...
"En silence"
Depuis plusieurs mois qu'ils assiégeaient cette forteresse improbable du nord, occupée par les rejetons du chaos, la tension ne cessait de croître, jour après jour. Les maraudeurs étaient descendus sans crier gare de leurs désolations, et avaient pris la puissante forteresse avec une simplicité déconcertante, renforcés par la magie des Dieux sombres et des légions de démons. Les salauds avaient d'abord massacré la garnison. Suite a cela, ils avaient mis les villes et villages voisins à sac, tuant sans discernement hommes, femmes, enfants, vieillards et animaux. Dans leur odieuse folie, ils allèrent jusqu'à lancer des sorts mutagènes sur la région, toute créature vivante ayant réchappé au massacre s'étant vue transformée en informe rejeton du chaos condamné désormais à hanter cette lande déjà peu hospitalière.
"En silence"
Mais ce soir ils payeraient. Certains d'entre eux étaient demeurés sur place, occupant la forteresse comme base pour d'autres raids ultérieurs. On pouvait entendre de l'extérieur leurs immondes ripailles, régulièrement mêlées de hurlements de quelques suppliciés. Après trois assauts frontaux aussi sanglants qu'inefficaces, et devant l'insuffisance de leur artillerie, les officiers impériaux chargés de la reprise de la place optèrent pour une autre tactique: la sape. Le 4e lanciers fut affecté a cette tâche aussi ingrate qu'épuisante. Les sapeurs essayaient de creuser aussi discrètement que possible, sans pics et sans charges de démolition, comptant sur le secret pour approcher du mur principal du château sans que les défenseurs, trop occupés à festoyer, ne s'en rendent compte. C'était un travail harassant. Plusieurs hommes moururent dans des éboulements. D'autres furent graduellement gagnés par des signes de corruption, signe de l'omniprésence des influences magiques de l'Ennemi, quand ils se cédaient pas simplement a la panique due a la claustrophobie ou a l'étouffement.
A l'aube de la septième nuit, le tunnel était enfin fini et les charges étaient prêtes.
Alors que les vaillants vétérans du Hochland s'apprêtaient a se retirer pour laisser opérer les artificiers, un grand choc se fit sentir depuis la paroi du tunnel. Plusieurs coups stridents résonnèrent ainsi, jusqu'à ce que la terre s'effondre d'un bloc, laissant s'engouffrer une meute de démons affamés sur les hochlanders désarmés et en proie a la panique.
Seul, dans un élan de lucidité, le capitaine Augustus von Hoyersdorf, officier commandant le régiment, eut la présence d'esprit de dégainer son pistolet et de tirer un coup, un seul, sur un baril de poudre tout proche.

Depuis la tente des officiers supérieurs, seul fut perceptible un large vacarme étouffé, immédiatement suivi d'un fracas épouvantable, tandis que s'effondrait la muraille de la forteresse, engloutissant une horde de mignons du chaos et, avec eux, les vétérans du 4e lanciers du Hochland.

"En silence."
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Lun 29 Sep 2014 - 0:48
La Révolte


Alors même que le bruit sourd des coups de bélier contre les portes de la citadelle résonnaient dans les couloirs de pierre, un autre son venait perturber celui des engins de sièges orques. Tout aussi métronome, mais bien moins imposant. Un bruit de course, le bruit d'un homme qui galope dans un dédale pour délivrer un message et dont la respiration se fait au rythme de chacun de ses pas. Débouchant dans la salle des banquets qui servait également de salle du trône et d'audience au baron, l'estafette chercha du regard la tapisserie pourpre qu'on lui avait indiqué. La décelant enfin après de longues secondes de recherche dans la pénombre, il se dirigea vers le grand rideau de tissus où étaient brodés les armoiries des Von Wrangel. Comme l'avait dit son supérieur en lui donnant ses ordres, le baron se terrait là, dans cette petite pièce secrète cachée derrière la tapisserie murale.

Le soldat prit un instant pour détailler l'antichambre du commandement de la forteresse, l'existence même de cet endroit était l'un des sujets de discussion des soldats lors des longues rondes de nuit sur les remparts. Une pièce où les barons se réfugiaient systématiquement en cas d'assaut, seulement connue des plus hauts supérieurs et de quelques messagers chanceux, quand les officiers ne pouvaient venir faire leur rapport eux même. Elle n'avait rien d'une chambre forte, la tapisserie seule faisait office de porte. Sur les murs, un empilement presque ininterrompu d'étagères, que venaient seulement séparer de nombreuses torches. Un grand nombre de livres, mais aussi plusieurs fioles semblant contenir de toute évidence des potions de quelconques alchimistes. Quelques mannequins aussi, un seul portait l'armure de bataille du baron, les autres n'étaient revêtus que de loques de barbares ou d'uniformes d'infanterie de ligne aux couleurs des provinces voisines.

La discrétion de l'emplacement de la pièce, tous ces costumes et sans nul doute, même les potions, devaient servir aux nobles à se mêler aux troupes de l'assaillant victorieux en cas de défaite, pour ensuite tenter de quitter discrètement la citadelle par la grande porte. Cela n'en restait pas moins un lieux où le seigneur de guerre faisait tout son possible pour éviter un tel fiasco, comme le prouvait l'énorme table trônant au centre des lieux et recouverte d'un maquette du pic montagneux et de la forteresse dressée à son sommet. Le soldat était sûr qu'il s'agissait d'une carte permettant d'appréhender les mouvement ennemis et de trouver la meilleure manière de les contrer. Mais il savait qu'il avait déjà perdu suffisamment de temps.

« Estafette de la septième unité au rapport seigneur, j'apporte les nouvelles du Chef de bataillon Junker. »
« Ça recommence ... encore. » Murmura simplement le baron sans un seul mouvement, toujours penché sur la maquette.
« Les orques ont passés les deux premières portes de la route du col, ils ont réussis à amener leurs engins de sièges jusqu'à l'enceinte même de la citadelle lors d'une percée. Mais le colonel Manstein a reformé la ligne et envoyé la sixième et septième unité massacrer les guerriers et les servants qui ont pu traverser nos défenses. Le chef de bataillon vous fait savoir que les portes resteront closes. » L'homme prit un instant pour restaurer son souffle.
« Toujours la même rengaine, toujours cette même panique infondée ... » Von Wrangel avait à nouveau lâché ses paroles sans frémir, mais une pointe quasiment imperceptible de colère se fit sentir à la fin de sa phrase.
« Le général attend vos ordres mon seigneur, doit il tenir les environs du rempart sous la protection de l'artillerie ou se replier dans l'enceinte ? » Ayant délivré son message, l'estafette attendit impatiemment une forme de réponse qui tardât à venir.
« Aujourd'hui ... aujourd'hui ... je ne me laisserai pas faire !  Tu m'entends !?» Finit-il par lâcher d'un ton sec agrémenté d'un coup de poing violent sur la table contre laquelle il n'avait cessé de s’appuyer.

L'homme qui était venu lui apporter ce message, qu'il ne connaissait que trop bien, eut un regard étrange lorsque la lame vint perforer sa gorge en un instant. A la fois sidéré et pourtant, encore marqué d'un relent d'espoir brillant au fond de ses yeux. Peut être avait-il interprété les dernières paroles de Friedrich Von Wrangel dans un sens logique par rapport aux événements actuels, peut être avait-il cru que son baron ne se laisserait pas vaincre par leurs ennemis, qu'il allait prendre les rênes de leur victoire. S'il avait sut le vrais sens de ses mots. Tout en extrayant le métal de la chair, Friedrich se lança dans un long monologue qui allait durer plusieurs heures. Hurlant sans cesse les mêmes phrases dans le vide.

« Je sais ... je sais que cette bataille à l'extérieur de ces murs, ces murs eux même, et aussi cet être qui parlait encore il y a un instant pour me prouver que ce qui m'entoure est la réalité, même lui, au final n'est qu'illusion. Tu n'as rien à y redire ? Si tu ne me réponds pas, alors j'émietterai encore plus cette illusion ! »

En sortant de la pièce au pas de course, il arracha l'une des torches au mur, et la jeta derrière lui quand il eut passé la tapisserie. En quelques minutes, l'incendie gagna plusieurs ailes du château, le faible taux d'humidité dans ces régions de montagnes arides contribuant à rendre la charpenterie aussi sèche que du petit bois de cheminée. La fumée le rattrapa sans qu'il y prête attention. Il avait un objectif, et cette fois, il ne laisserai pas les choses se dérouler comme elles l'auraient dû. Il pénétra donc sans la moindre délicatesse dans la chambre de celle qui était son épouse, qui protégeait ceux qui étaient sa progéniture.

La femme s'étonna, elle interrogea : « Les hordes avaient elles pénétrées la citadelle ? Était-elle en flamme ? Y avait-il encore de l'espoir ? » L'un des enfant, l'aîné d'une douzaine d'années , se précipita paniqué dans les bras de son père. Le temps se suspendit pour la femme, lorsqu'un simple moulinet d'épée prit la vie du petit sans pour autant ralentir le pas de son époux. Sous le choc, les deux plus jeunes ne réagirent pas. La benjamine y perdit sa tête dans un mouvement de retour de la lame. Le cadet eut juste le temps de lever les yeux, de poser son regard dans celui  de son père, comme pour lui demander : « Que se passe-t-il ? Je ne comprend pas ce qui arrive. ». Son regard était encore fixe alors même qu'il était déjà embroché. D'un geste large, la force centrifuge le décrocha, et l'inertie elle, brisa le verre de la fenêtre. L'enfant d'une dizaine d'année, disparût ainsi dans les ténèbres du ravin, sans un bruit autre que l’écho du verre dans les falaises.

« Je ne suis pas dupe ... Dis moi quelque chose ! Réponds moi ! Combien de temps vais je endurer ce silence ?! Tu ... tu vas voir ... je réduirais tout en cendres ... et là ! Là, tu sortiras de ton silence ! »

Rendue folle de chagrin par ce qui venait de se passer et ce qu'elle n'avait pu empêcher, la baronne se jeta sur celui qu'elle avait aimé et qui avait comblé sa vie de joie. Elle en avait la sincère conviction, ce n'était plus lui, un monstre avait prit la vie mais aussi la forme de son aimé. Sa charge aveugle, avec pour seule arme une dague sertie de saphir, s'acheva sur le plancher de bois de la chambre. Un bras droit manquant et une épée plantée dans le dos, à travers le cœur. Friedrich resta de longues minutes à attendre, attendant que quelque chose se produise. Mais rien ne vînt, rien d'autre que le crépitement des flammes de l'incendie qui gagnait du terrain. Frustré, il retourna à la salle du trône et s'assit à la place qui était sienne.

La destruction du château, s'effondrant dans une pluie de braises des heures durant, ne perturba ni sa pose inflexible, si sa transe de colère croissante. Lorsque enfin, un souffle qui n'était pas celui des flammes vînt briser l'harmonie du brasier. Dans un tourbillon de vents de magie, le démon apparut à Friedrich. Son savoir lui mit de suite à l'esprit le nom de cette créature : Un duc du changement. Gigantesque anachronisme d'humanoïde hybridé de corbeau, au plumage d'un bleu perturbant et à la voix de milles corneilles.

« Mon seigneur a longtemps hésité avant de te répondre. Il faut dire que tes actes, ta demande et tes antécédents mis ensembles n'avaient rien de pondérable. Tu as réussis à le surprendre, et ce n'est pas chose des plus aisées face à l'architecte du changement en personne. C'est pourquoi mon seigneur t'accordera tous tes souhaites, mortels. Parles, et j'exaucerai ! » Susurra-t-il.
« Ce n'est ni toi, ni ton seigneur que je m'attendais à entendre en faisant tout cela. Hors de ma vue pitoyable être, tu n'es ni plus ni moins qu'un autre esclave de cette illusion, tout comme ton maître. »
« Incroyablement surprenant, que tu sois fou ou insolent, tu l'es encore plus que tout ce que j'avais imaginé. Je ne pardonnerai cependant pas ton affront envers mon seigneur, disparaît donc à ton tour mortel ! »

Des flammes cauchemardesques jaillirent alors sans que le démon de Tzeentch ait à lever le petit doigt. Mais tout comme elles étaient apparues de nul part, elle disparurent également avant même de toucher Von Wrangel. Le démon eut un mouvement de recul face à un développement de la situation qu'il n'avait même pas envisagé. Mais sans qu'il dispose du temps nécessaire pour se ressaisir. D'un geste de la main, Friedrich balaya son regard, et comme s'il se réduisait en cendre en un instant, le démon disparut dans un nuage de poussière noire au rythme du mouvement de sa main.

« Créé à partir du néant,  il est retourné au néant. As tu au moins saisi que c'est à toi que je parlais tout ce temps ? Noooon ... tu es tellement persuadé que je ne peux pas me rebeller contre ce destin qui est couché sur le papier, que je suis sûr que tu n'as pas songé un seul instant que c'est à toi que je m'adressais et que je m'adresse en ce moment. J'étais censé être quoi ? Un héros ? Le centre de l'histoire ? Un simple acteur sans véritable vie ?! Tout ce que tu m'as donné par ces lignes, je n'en veux pas ! Mais il est déjà trop tard pour être autre chose n'est ce pas ? Dans ce cas je détruirai tout ce que tu as créé, je réduirais tout à néant ! ». Reprenant son souffle, il hurla : « M'ENTENDS TU !? TOI ! OUI TOI !!! Toi qui me lit en silence ... »

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Lun 29 Sep 2014 - 18:49
Le silence sous les feuilles

Si Martin avait eu l’âme poétique, il aurait pu admirer  le silence qui régnait dans le lieu. S’il avait été un brin littéraire, il aurait pu dire que chaque rare bruit paraissait, devant l’immensité de cette absence de sons, aussi puissant qu’un coup de tonnerre, aussi perçant que le cri de l’aigle qui plane seul au-dessus du monde. Mais Martin n’avait pas l’âme d’un poète. Il n’était pas non plus un homme littéraire. Non, il n’était qu’un enfant, et il s’ennuyait. Ils étaient quatre. Son père, sa mère, son demi-frère, et lui. On aurait pu se dire que l’un d’entre eux aurait eu assez de présence d’esprit pour lancer une conversation. Mais non, rien, pas un son ne sortait des autres convives ! Et, par conséquent, Martin s’ennuyait. Alors il inventa un jeu : deviner ce qui se cachait derrière les visages des membres de sa famille, celle du comte d’Ostenheim.
 
Son père, le comte, ne disait rien, se contentant de contempler les armoiries familiales trônant au-dessus de la porte, en face de lui. Il a raison, se disait Martin, moi aussi j’aime les regarder. Mais non, ce n’était pas ça. Le comte pensait à sa propre misère et à sa famille brisée, et cela le rendait triste. 
 
Sa mère ne parlait pas non plus. Mais elle souriait. Le repas doit lui plaire, pensait le garçon. Il aurait dû savoir qu’elle ne pensait qu’à son propre pouvoir, ça et rien d’autre.
 
Son demi-frère, de dix ans son ainé, regardait une servante sans mot dire. C’est vrai, se disait Martin, elle est très belle. Mais encore une fois, il ne connaissait pas la vérité. Non, c’était sa présence féminine qui rappelait à l’héritier familial qu’il allait bientôt se marier.
 
La servante, elle, faisait bien attention à ne regarder personne, et ne disait rien. De toute façon, elle n’aurait pas pu prendre la parole. Après tout, elle n’est qu’une servante, se dit Martin. En réalité elle avait déjà d’autres problèmes : elle s’inquiétait pour son enfant à naître et l’avenir qu’il qui lui serait réservé.
 
Il avait ainsi fait le tour des personnes présentes. Lassé, Martin se borna à faire tourner sa fourchette dans sa soupe, alors que le silence s’alourdissait, semblable à un linceul qui recouvrait peu à peu la pièce et tous ceux qui s’y trouvaient.
 
Mais un dernier convive partageait son repas avec la noble famille, loin, loin, et pourtant si près, avec les ténèbres pour seule compagnie. Il ne parlait pas non plus, car avec lui ne régnaient que les ombres, et il préférait écouter ce qu’elles lui murmuraient à l’oreille...
 
Mais cela non plus, Martin ne le savait pas. Somme toute, Martin ne savait pas grand-chose, mais après tout, il n’était qu’un enfant. Et de toute façon, qui peut percevoir les sombres pensées, les désirs et les agonies qui se meuvent derrière le silence tout puissant ?
 
***
 
Le vent fait bouger mes feuilles. Je le sens. Le soleil me nourrit, je le sens. Le sol me nourrit. Je le sens. Je sens aussi des vibrations qui s’approchent, car mes racines en perçoivent les résonances du sol. On touche mon tronc, on le serre. Puis le sol vibre encore une fois. Un rythme régulier qui se casse. Puis plus rien.
Après un moment, le sol vibre de nouveau. On abime mon tronc et je sens ma sève qui s’en échappe. Je sens aussi que le sol est devenu plus lourd, tout d’un coup.
Encore des résonnances qui s’approchent. Bien plus nombreuses. Mes feuilles frémissent. On touche mon tronc, on y grimpe, on arrache bon écorce, on tord mes branches, on les casse, et l’une d’elles s’alourdit.
Encore ces vibrations ! Mais cette fois, elles s’éloignent.
Le vent souffle, ce soir. Il y a de l’humidité dans l’air.
Puis encore un autre vient, il s’approche, il monte, et encore une fois je sens qu’une branche s’est penchée et est plus lourde.
On pourrait presque entendre la nuit pleurer.
Mais après tout, les arbres n’entendent rien.

***

Plus j’y pense, plus toute cette histoire me dégoute. Je ne sais même pas pourquoi j’ai cherché à tirer cette histoire au clair, et en tout cas je sais maintenant qu’il aurait mieux valu ne pas le faire. Qu’un petit comte de province puisse avoir une enfant hors mariage et l’élève comme servante à l’insu de tous dans sa propre demeure, soit. Après tout il venait de perdre sa première femme et ne savait pas encore qu’il allait se remarier. Mais qu’il donne naissance à un enfant corrompu par le chaos et que, dans un instant de faiblesse, il décide de l’élever seul, en l’enfermant dans les profondeurs du château ? Je frémis rien que d’y penser.
Quoiqu’il en soit le destin s’est bien joué de lui : son fils ainé, inconscient de l’engeance que son père avait semé dans le château, tomba amoureux de sa propre sœur ! Ou plutôt de sa demi-sœur, mais au final ça ne change pas grand-chose. Savoir qu’elle attendait un enfant de lui me donne envie de vomir. Elle a dû penser la même chose quand son père l’a reconnue alors que son fils la lui présentait comme celle avec qui il voulait se marier, car, sûrement accablée de honte et de chagrin, elle s’est enfuie du château et s’est tranchée les poignets en lisière de la forêt.
C’est comme ça, prostrée contre le tronc d’un vénérable chêne, que l’a retrouvée son frère. C’est là que tout se complique : l’autre frère, celui enfermé dans le château, apprit on ne sait trop comment ce qui était arrivé et réussi, là encore sans explications plausibles, à s’évader du donjon où il avait été si longtemps enfermé. Je crois personnellement qu’en plus d’être frappé de mutations, il avait aussi quelques affinités avec le vent de l’ombre. Toujours est-il que le voilà en train de découvrir sa sœur morte et son frère la serrant dans ses bras. Ici aussi, l’histoire est quelque peu confuse : rage meurtrière, folie, inconscience ? Quoiqu’il en soit ce dégénéré tua son propre frère dans la foulée. Un braconnier assista à toute la scène (et c’est de lui que je tiens cette partie du récit, l’autre témoin de l’affaire étant le vieux chêne lui-même) : tout ce qu’il vit fut le fils de son seigneur se faire brutalement assassiner pas un brute du chaos : son sang ne fit qu’un tour, et, tout braconnier qu’il était, il rameuta ton son village et ils lynchèrent le meurtrier avant de le pendre à l’arbre même qui avait tout vu arriver.
Les gardes seigneuriaux trouvèrent les corps là où les villageois les avaient, ces pauvres ignorants superstitieux n’ayant pas osé toucher aux corps des victimes, et rapportèrent la nouvelle au comte. Quelque chose a du se briser dans le vieil homme car il alla lui-même se prendre aux côtés de sa fille et ses deux fils, laissant son dernier enfant, âgé d’à peine dix années, à la tête de la région. Bien sûr la mère du petit, la seconde femme du comte, assura la régence, mais son fils mourut bien vite aux suites d’une maladie inexpliquée, après quoi des cultistes incendiaires le château et plongèrent le pays dans l’anarchie.
Mais je sais mieux que quiconque ce qu’il s’est passé, pour avoir rencontré plusieurs survivants du drame : le garçon ne mourut pas accidentellement, mais fut empoisonné par sa mère pour qu’elle puisse elle-même prendre la tête du comté au profit des cultistes dont elle faisait partie. Mais là encore le destin se prouva fort ironique car ses propres confrères la laissèrent brûler avec la demeure de son défunt mari.
Aucun mot de ceci ne doit arriver à l’empereur ni à qui que ce soit d’autre, mais je pense que quelqu’un ici doit savoir ce qui s’est véritablement passé. Après quoi, personne, je dis bien personne, ne doit savoir que les forces chaotiques ont eu accès aux sphères de la noblesse. Nous avons assez de problème avec ça. Dites simplement à la cours que le comté est tombé aux mains des serviteurs des dieux sombres après un adroit complot.
Tout le reste devra être passé... sous silence.
Extrait d’une lettre du prêtre-guerrier Balder Archimandias à son ami Gerhard von Heutler, Grand Intendant du palais impérial.
 
***

Cruel, cruel destin ! Sa bourrasque terrible a arraché toutes les feuilles les plus vigoureuses, ne laissant que la plus vieille et la plus décharnée, condamnant l’arbre à souffrir du vent froid, si froid, de la mort. Assis sur la branche du vénérable chêne, je me sens comme cette pauvre vieille feuille qui s’accroche désespérément pour sauver son arbre, sa famille. Mais c’est peine perdue, car tout le feuillage est tombé. Il en reste bien une dernière, toute jeune, mais je sais que le vent la fera tomber bien assez tôt. Non, elle en a assez, cette vieille feuille, de combattre ce qu’elle ne peut, à la fin, que perdre. La corde est passée autour de mon cou, bien attachée à l’arbre. La vieille feuille attend que vienne le vent qui la fera tomber, loin, en bas, pour rejoindre ses enfants qui se sont fait emporter si soudainement pas la mort.
 
Et, sur la branche de l’arbre,
 
La feuille tombe
 
Et meurt.
 
Les derniers mots du comte d’Ostenheim. Manuscrit conservé aux archives secrètes du palais impérial. Communiquée par Balder Archimandias à Gerhard von Heutler.

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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.


Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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Textes du Concours de Récits 2014 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2014

Lun 29 Sep 2014 - 22:40
Mieux vaut tard que jamais, j'ai promis a mon cher Thomov que je participerais et c'est ainsi chose faite! Dernier moment mais boulot oblige, j'espère que le texte vous plaira !

Songes infinis:

Krestig était noyé dans une brume insondable.
Tout autour de lui n’était qu’une nappe d’un blanc laiteux d’où aucun son ne filtrait. En fait il n’arrivait même pas à distinguer ses propres pieds ! Mais que faisait-il là ?

Il se rappelait vaguement un voyage, plusieurs jours a cheval, puis plus rien. Détestant l’inaction, il se décida à avancer, lentement, à tâtons. Il avait l’impression que le sol se dérobait sous ses pieds. Aucune information sur sa texture, aucun bruit ne se dégageait lorsqu’il marchait.

Mais quel genre de sorcellerie était-ce là ? Il voulut ouvrir la bouche pour crier quelque chose, n’importe quoi pourvu que quelque chose le rattache au monde matériel ! Aucun son ne sortit, il ne sut même pas si sa bouche s’était ouverte. Etait-il mort là sur ce trajet, le long du chemin ? Des bandits peut-être ? Un monstre des profondeurs des bois ? Une engeance du démon ? Mais dans quel but avait-il entreprit ce trajet ?

Il erra ainsi pendant ce qui lui parut des heures, jusqu’à ce qu’une douleur aussi sourde qu’enivrante s’empare de lui. De son cou plus précisément. S’il avait pu, il aurait crié jusqu'à s’époumoner. Lorsqu’il leva les yeux pour implorer un dieu qui semblait ne plus avoir d’emprise dans cet étrange lieu, ce qu’il vit le désorienta encore plus qu’il ne l’était déjà. Au dessus de lui ce trouvait un plafond en pierre, visiblement un ancien bâtiment puisqu’une épaisse couche de toiles d’araignées le recouvrait, ainsi que quelque racines. Il ferma les yeux pour briser cette mauvaise farce ou ce rêve diabolique dans lequel il se trouvait piégé.
Lorsqu’il les rouvrit il n’était plus dans la brume, celle-ci s’était dérobée au profit de magnifiques collines s’étendant à perte de vue.

La douleur s’était estompée au profit d’une intense vague de fatigue dans les jambes. Au moins il ne souffrait plus le martyr. Cependant ce paysage était autant naturel que le précédent. Il n’y avait rien d’autres que des collines, perché sur l’une d’elle il ne vit aucun arbre, aucune trace de vie humaine ou animale, de l’herbe jusqu’à l’infini. Il se mit à courir en dévalant la pente, comme si le courroux de Sigmar était sur lui ! Sigmar… Un nom qu’il avait jusqu’alors oublié. Un dieu…Son dieu… Sa conviction pour Sigmar n’était pas qu’une banale croyance, cela représentait plus pour un dévot tel que lui ! La vague de fatigue atteignit ses reins et le força à s’arrêter. Krestig remarqua enfin qu'il maintenait son poing droit serré. Lorsqu’il baissa les yeux il vit qu’il tenait un grand épieu au creux de sa paume. C’est alors qu’il se rappela, il appartenait à l’ordre des répurgateur de son dieu, et son voyage était une mission. Il traquait quelqu’un… Ou plutôt quelque chose ! C'est alors que la vague de fatigue le gagna entièrement alors que son corps se vidait de son dernier souffle de vie.

Le vieux vampire rachitique se releva du cadavre encore tiède de sa victime. Il ne s’était écoulé que quelques minutes depuis l’entrée de l’intrus dans la crypte du buveur de sang. Pourtant ce dernier savait que les illusions qu’il avait tissées avaient laissé sa victime dans un songe d’une éternité. En silence il esquissa quelques gestes de ses doigts décharnés et le corps sans vie s’anima péniblement pour rejoindre le fond de la crypte. Le cadavre s’arrêta à coté d’abominations réalisées à partir de morceaux de corps humains.

« Oui, se dit le necrarque, lui aussi rejoindra la grande famille de mes magnifiques inventions, mais avant il faut se reposer »

Il s’étendit sous la stelle du gisant qui lui tiendrait lieu de cercueil pour les trois prochains jours, puis il prendrai un malin plaisir à travailler sur son nouveau jouet. Comment pourrait-il donner la forme d’une comète à deux queues à partir d’un corps ? Cette pensée le fit sourire pendant qu’il fermait les yeux pour rejoindre un sommeil de mort.

Conscient de sa condition, Krestig restait immobile, plus de visions désormais, spectateur d'un corps qui n’était plus le sien, à jamais en silence.


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Textes du Concours de Récits 2014 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2014

Mar 30 Sep 2014 - 17:46
Et le dernier jours...

Je m'excuse de poster mon texte aussi tardivement (bien que dans les temps) parce qu'il a fallu que j'écrive un autre texte, inspiré de faits réels, que l'on appel communément rapport de stage. Mais sans plus attendre, voici :

Le Roi du Silence

Léopold avançait à pas lents et silencieux dans le long couloir, la lumière de sa torche jetant des ombres inquiétantes sur les murs autour de lui. Mais rien ne pouvait entamer sa résolution, pas même d’avancer seul dans cette immense nécropole. Il repensa à la tête de ses porteurs lorsqu’ils avaient regardé la pyramide, après des semaines de marche, on aurait dit qu’ils avaient eu devant eux les dieux du chaos eux-mêmes, et avaient refusé de faire un pas de plus. Les ignorants, comme si les morts pouvaient tuer qui que ce soit. Lui-même avait contemplé et étudié des dizaines de squelettes, et aucun d’entre eux ne s’en était plaint. Mais ses harangues n’avaient servi à rien, et devant tant d'obstination il avait continué seul.
Léopold se reconcentra sur son avancée, car au couloir succédait une salle dégagée, remplie de statues d’hommes à têtes d’animaux et aux murs ornés de symboles qu’il reconnut comme étant des hiéroglyphes de l’ancienne Nehekhara. Il était sur le point de fouiller dans son sac pour en sortir ses traductions avant de se raviser. N’aurait il pas tout le temps plus tard ? L’important maintenant c’était d’explorer cet endroit jusqu’à trouver les salles principales, celles où étaient enterrés le roi Niarlatothep et ses proches. Il s’avança vers la sortie de la pièce avant de se rendre compte que celle-ci était fermée par un lourd bloc de pierre. Etrange, n’était-elle pas ouverte lorsqu’il était entré ? Le cerveau de Léopold ne trouvait aucune explication, mais son instinct lui disait de se retourner, et lorsqu’il le fit il s'aperçut que l’entrée s’était bloquée de la même façon, sans qu’aucun son ne le signale. Ce fut comme une douche glacée, la panique s’empara totalement de lui, et il lâcha sa torche pour frapper de toutes ses forces sur la pierre bloquant sa retraite, tout en hurlant des appels à l’aide. Lui, Léopold Rottmann, prit au piège pour l’éternité ? Il pouvait presque entendre ses collègues de l’université d’Altdorf se moquer de lui, leur éternel sourire moqueur aux lèvres. Il abattit violemment son poing sur le bloc de pierre. Ou voulut le faire, car son bras droit ne lui obéissait plus, et pendait inerte à son épaule, tandis qu’un étrange engourdissement se répandait dans tout son corps. Léopold tomba à genoux, ses jambes ne pouvant d’un coup plus le porter, et une de ses dernières pensées avant de fermer les yeux était qu’il aurait du remarquer que les statues avaient la bouche grande ouverte.
Il fut réveillé par un choc à la tête porté par un objet dur. En ouvrant les yeux, il cru tout d’abord être mort, car c’était bien celle-ci qui le regardait de ses grandes orbites vides, penchée sur lui. Puis il se rendit compte qu’il était vivant, maintenu à genou par deux paires de bras, et que ce qui le regardait était un squelette, richement paré d’or et d’argent, et se tenant bien droit sur ses jambes. Léopold ne pu retenir un cri de terreur, ou du moins essaya-t-il de crier, car aucun son ne sortit de sa bouche. C’était comme crier dans un rêve, on essaye mais on n’y arrive jamais. Le squelette devant lui semblait s’attendre à ce genre de réaction, car il lui saisit la mâchoire inférieure et le força à le regarder, avant de mettre son index à la verticale devant sa bouche pour former un signe clair : ne pas parler. Léopold ferma la bouche en tremblant, et la main d’os le relâcha. Alors que le squelette s’éloignait, il reprit ses esprits et découvrit qu’il se trouvait dans une immense salle dont les murs étaient couverts de larges fresques. Au fond se tenait un large sarcophage, entouré de quatre splendides statues de quatre mètres de haut. Et pas un seul bruit ne venait briser le silence oppressant qui régnait en cet endroit, comme si la salle toute entière était remplie d’eau, et ce malgré le squelette qui marchait d’un pas pesant vers le sarcophage. Qui était ouvert.
Lentement, une forme en émergea, un être entièrement revêtu d’or et de pierres multicolores. Il était de dos, mais on voyait clairement que sa tête était recouverte d’une très large couronne dorée. Au moment où il se retourna, Léopold comprit que cet individu était ce qu’il était venu voir : la momie du roi Niarlatothep. Il se produisit alors une chose curieuse : le squelette qui lui avait intimé de se taire se mit à bouger les mains, prenant successivement plusieurs poses qui n’avaient aucune signification pour Léopold, mais lorsque la momie hocha le crâne, il comprit qu’il s’agissait d’une forme non verbale de communication. A ce moment, la momie royale se tourna vers lui, et le regarda intensément. Il ne s’agissait pas d’orbites vides comme pour l’autre, cette fois il voyait une lueur dans les yeux du roi, une lueur qui le traversait et pouvait voir jusque dans son esprit, jusqu’aux tréfonds de son âme, il le sentait. Ce regard était presque pétrifiant, et Léopold voulut implorer le roi d’arrêter, mais encore une fois aucun son ne sortit de sa bouche, et sa supplique mourut avant d’avoir été entendue. Voyant cela, le roi fit un mouvement de la tête en s’adressant au squelette proche de lui, puis tourna le dos à Léopold et, lentement, se coucha dans son sarcophage. Le squelette à qui s’était adressé le roi mit sa main sur son flanc droit et tira une longue lame en forme de croissant crénelé de sa ceinture, avant de s’avancer vers Léopold de son pas pesant mais silencieux, le regard aussi vide que celui du roi était intense, mais les intentions claires : lui ôter la vie.
La panique s’intensifia, et avec elle arriva l’énergie. Alors qu’il n’avait pas fait un seul mouvement depuis son réveil, Léopold tira brusquement sur ses bras et par miracle parvint à se défaire de l’emprise des deux squelettes qui le maintenaient. En se levant, il vit qu’une ouverture se trouvait sur le côté opposé au sarcophage, et sans perdre plus d’une seconde il s’y dirigea, fonçant aussi vite que ses jambes le lui permettaient, et ignorant la soudaine douleur qui lui déchira le flanc droit. Le couloir devant lui était bien éclairé, des torches en bordant les murs, et sans un seul croisement bien que plusieurs arches semblaient indiquer que des passages pouvaient s’ouvrir, de la même façon que ceux de la première salle. Aucun sons ne trahissait qu’il était poursuivi, mais instinctivement Léopold aurait préféré qu’il en fut autrement, plutôt que d’entendre ce silence qui semblait enlever toute réalité à l’instant. La douleur s’intensifia, mais Léopold n’y fit pas attention, car il venait d’entrer dans une salle aux murs couverts de hiéroglyphes remplie de statues à la bouche ouverte. La sortie n’était pas loin. Sans attendre, il s’engouffra dans le tunnel en face de lui, l’arche étant cette fois ouverte, et bien que ce couloir n’ait plus de torches, il distinguait au fond un carré de lumière blanche. L’extérieur.
La douleur se faisait de plus en plus forte, et ses forces commençaient à l’abandonner, mais il avançait toujours vers la lumière. Retrouver ses porteurs, boire de l’eau, se soigner, rentrer à Altorf, dormir, oublier…boire… Le sang chaud coulait le long de sa jambe, emportant un peu plus de ses forces à chaque seconde, et un goût métallique lui emplissait la bouche. Vite…atteindre l’extérieur…dormir
Une fois dehors, il s’effondra, et attendit qu’on vienne à son secours, s’attendant à ce que des mains secourables lui vienne en aide, le soignent, l’emmènent loin d’ici... Mais rien n’arriva, seul le soleil le regardait, sa chaleur brûlant le métal qu’il avait autour du cou. Métal ? Quel métal ? Il ouvrit les yeux et tâtonna sous son menton. Là, du métal, lui entourant le cou. Quand était-il arrivé là ? Comment ? Du coin de l’œil il distingua du mouvement dans les dunes, et en plissant les yeux il vit qu’une colonne d’humains s’éloignait. Léopold leva faiblement le bras, et réunit ses dernières forces pour pousser un ultime cri, un dernier appel à l’aide.
« JE SUIS LAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! »
Mais une fois encore, aucun son ne sortit de sa bouche, et finalement, ce n’était pas si grave, le sable était somme toute très confortable, et il avait si sommeil…

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Extrait d’une lettre du professeur Daniel Lindeberg au professeur Gottfried Schreiber :

Et avez-vous des nouvelles de notre collègue Léopold Rottmann ? Cela fait plusieurs semaines qu’il est parti, et je n’en ai plus entendu parler depuis. Il me semble qu’il était parti visiter la pyramide du roi Nehekahrien Niarlatothep, et cela pourrait bien lui apporter la renommée dont il a besoin. D’ailleurs, entre parenthèses, j’ai fait quelques recherches dans les textes auxquels j’ai accès, et il semble que ce Niarlatothep était un roi des plus excentriques, car il était muet et ne supportait pas que qui que ce soit dans son entourage puisse parler alors que lui en était incapable. Cela le poussa, semble-t-il, à demander à ses prêtres de concevoir des objets qui empêchaient les sons de se propager, et ainsi il força tous les membres de son entourage à porter des colliers qui les empêchaient de parler. Bien sûr, il peut s’agir d’exagérations de la part de celui qui a écrit ses textes, mais je dois vous confesser que j’attends le retour de Rottmann avec impatience pour voir ce qu’il a découvert. Cela permettrait également d’apporter des ajouts des plus surprenants à cette exposition dont je vous parlais précédemment.

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Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D

Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun

Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
Aranwë de Chrace

Aranwë de Chrace





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Mar 30 Sep 2014 - 19:21
Et voila c'est posté et comme on dit, le meilleur pour la fin.



Tour de garde

Aranwë tendit l'oreille. Rien, il n'entendait rien et cela l'exaspérait. Il continua de marcher le long du pan de muraille qu'il était chargé de surveiller, le siège avait causé tant de pertes chez les asur que tout les soldats disponibles devaient prendre un tour de garde, même les officiers des unités d'élite dont il faisait partie. Le froid lui mordait le visage et les main,mais ce n'était pas son principal problème. Le brasero disposé près de lui ainsi que sa cape de lion lui offraient une chaleur agréable. Ce qu'il détestait, c'était le silence. Ce silence oppressant qui mettait ses nerfs a l'épreuve. Car ce silence avait quelque chose de spécial, c'était un silence bien spécifique qu'Aranwë connaissait bien malgré son relatif jeune âge. C'était le silence d'avant le combat, le silence d'avant la mort. Le mur qu'il devait surveiller était un des plus haut et des plus solide de l'enceinte et les druiichi  n'avait jamais attaqués par là. Cela aurait du le rassurer, mais c'était aussi le mur le moins défendu et il doutait fortement que ce détail eu échapper au elfes noir. Il était donc très probable que le prochain assaut serait ici. Aranwë ne craignait pas le combat, il était au contraire impatient de faire couler le sang de ces elfes maudit mais ce qu'il détestait était ce silence. Encore ce silence. Pour ne pas se faire surprendre, il fallait être à l’affût du moindre bruit, de la moindre menace, du moindre signe qui pourrait traduire une présence ennemie. Et cela était terriblement épuisant, bien plus que de ce battre.

Au loin, le soleil commençait a se montrer, Aranwë le regarda avec soulagement. Bientôt on viendrait le relever et il pourrait aller ce repo...un bruit, un très léger sifflement attira son attention et il eu juste le temps de se couvrir de sa cape d'un geste ample qu'un trait d'arbalète vint s'écraser sur cette dernière, manquant de le faire trébucher. Un instant après, le silence fut rompu par le bruit des cors et tambours druiichi et ces dernier se lancèrent a l'assaut de la forteresse elfique. Une pluie de carreau obligea Aranwë a s'abriter derrière les créneaux. Il sonna de son propre cor afin d'alerter ses semblables bien qu'il se doutait que c'était inutile, tous avaient du être réveiller par le vacarme des assaillant mais bon, c'était la procédure.

Aranwë sourit, enfin, enfin les elfes noir attaquaient. Bientôt, ses compagnons accouraient afin de combattre a ces cotés, les druiichi coucheraient des échelles sur les remparts et essayeraient de prendre pied sur le chemin de ronde, bientôt, un combat furieux aurait lieux, avec le fracas des armes, les hurlements de douleurs et d'agonies. Enfin c'en était fini de ce silence, de ce maudit silence.

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Textes du Concours de Récits 2014 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2014

Mar 30 Sep 2014 - 22:59
Autobiographie


Rester caché. Ne pas être vu. Frapper là où ça fait mal et où l’ennemi s’y attend le moins. Disparaître.  Recommencer. C’est ainsi qu’ils nous ont appris à lutter, à faire la guerre pour la bannière impériale. Mes camarades et moi avons ainsi mis fin à plusieurs menaces aux portes de la civilisation. Nous avons combattu pour que jamais les enfants qui grandissent dans les cités ne soient confrontés aux horreurs de la guerre. Pourtant, j’étais moi-même l’un de ces gosses il n’y a pas si longtemps.

Cela fait plusieurs mois que je réfléchis à prendre la plume, à coucher mon histoire sur le papier. Je pourrais y raconter mon enfance dans un bourg perdu de l’Ostermark, à faire les quatre-cent coups avec d’autres garnements. Je me rappelle avoir adopté un chiot errant. Les détails sont un peu flous dans ma tête, mais je me souviens qu’il avait un œil de travers. Ce brave Qui-louche. Il courrait après sa queue et se faisait dessus à chaque orage. Le plus souvent sur mes draps. Il m’en a fait voir de belles, mais je l’aimais. Sa disparition fut soudaine, mais je ne saurais dire comment je perdis mon ami. Tout devient confus…

Je pourrais également décrire la joie éprouvée en gagnant le concours de tir à l’arquebuse pour la troisième année consécutive. J’ai vu la fierté dans le regard de mes parents, ainsi que la satisfaction d’avoir un fils qui pouvait les aider à remplir nos assiettes. Puis les soldats sont arrivés. La menace venue de l’Est était plus présente de jour en jour et ils cherchaient de nouvelles recrues. Bien évidemment, un garçon d’une vingtaine d’années capable de toucher un faisan à l’envol, embusqué plus d’une soixantaine de mètres plus loin, cela faisait de moi une recrue providentielle.

Aujourd’hui, je ne chasse pas le gibier. L’aube se lèvera dans moins d’une heure, apportant la promesse d’un répit tant attendu. Mais je ne fais pas parler la poudre sur les envahisseurs. L’explosion d’un tir allié, beaucoup trop proche, a soufflé mes compagnons. J’ai pris un éclat au niveau de la gorge. Une esquille ou je ne sais quoi. Le résultat est le même. Tout ce que je sais c’est que la douleur fuse dans mes veines alors que chaque bouffée d’air est un combat pour la survie. Le peu que j’arrive à inspirer est chargé de fumée et porteur des miasmes qui m’entourent. Découragement et reddition ne font pas partie de mon personnage, mais je commence à me résigner. Je suis le dernier tireur de notre position, au sommet d’un promontoire rocheux. Un flux constant d’ennemis que je ne vois pas s’écoule tout autour. Ils ne doivent pas avoir conscience de ma présence. Ou alors ne me voient plus comme une menace. Je l’ignore, mais je dois éviter de me faire remarquer. Ne pas faire de bruit. Ainsi, dès que j’aurais retrouvé mes esprits, je pourrais recommencer à les faucher, balle après balle.

Plus bas, la marée avance inexorablement. Sur le papier, le rapprochement avec la mer ne pourrait pas pu être plus approprié. Impossible à stopper, revenant sans cesse à l’assaut, vagues après vagues. Les morts viennent s’écraser sur les murs de la cité a quelques kilomètres. Ils se font repousser, encore et encore, pour revenir à chaque fois un peu plus nombreux.

Les macchabées n’ont rien en commun avec les humains. Ils ne s’effondrent pas d’un tir en pleine tête. Ils ne hurlent pas de douleur d’une balle dans l’estomac. Ils ne fuient pas lorsque leurs camarades sont fauchés par l’artillerie. Non. Leurs corps sans vie se contentent d’avancer. Sans prononcer un seul mot. Sans un regard pour leurs voisins. Sans se préoccuper de leurs pertes.

De mon poste avancé, la différence avec les autres batailles est encore plus frappante. Elle me saute au visage alors que je tente de respirer le plus discrètement possible. Nulles trompettes, champs guerriers ou cris barbares que l’on retrouve dans les récits des vétérans. Les cadavres progressent, pas après pas, tels des automates de chair et d’os. En silence. Ils ne prennent même pas la peine de courir pour attaquer les positions défensives des soldats qui les pilonnent avec tout ce qu’ils ont, sans se préoccuper d’économiser leurs munitions. Les morts traînent des pieds et piétinent simplement ceux de devant pour progresser,  pour arriver jusqu’aux tranchées. Et à ce moment-là, lorsque la poudre vient à manquer, c’est au tour de l’acier de faire défaut. Répandre leurs tripes dans la poussière ne les stoppe pas. Les estropier ne les ralentit pas. Ils se contentent de s’agglutiner sur les malheureux et de les étouffer sous le poids du nombre. Les cris de panique des soldats disparaissent rapidement, dominés par le bruit écœurant de la chair mastiquée. En cette occasion seulement, l’armée silencieuse s’exprime. Personnellement, j’aurais préféré qu’elle s’abstienne.

Le front recule. Je le devine car il y a de moins en moins de déflagrations. En tendant l’oreille je discerne toutefois que je suis loin d’être seul. L’ennemi se déplace en silence, comme s’il tentait malicieusement de se faire oublier. Mais il est évident que je ne peux pas. Quelques pas glissés, ponctués de froissements d’étoffe me parviennent. Guère plus. D’ici quelques heures, les insectes viendront vrombir autour de ce charnier ambulant. J’apprécie que ce ne soit pas le cas pour le moment. L’endroit est calme et me plaît comme il est : un îlot de paix perdu dans un océan de cauchemar.

Un océan. Dire que je ne l’ai jamais vu cette étendue salée. Tant d’ouvrages de l’humble bibliothèque de mes parents en vantaient la splendeur, mais je ne l’ai jamais contemplé de mes propres yeux. Mes parents. J’ignore ce qu’ils sont devenus après mon départ, s’ils me croient mort depuis plusieurs mois déjà ou encore en train de guerroyer à l’autre bout de l’empire. Voire m’imaginent ayant déserté, m’occupant d’une fille de mon âge au ventre s’arrondissant au fil des semaines. Cette dernière pensée m’arrache un sourire. J’aimerais les revoir pour leur présenter cette demoiselle imaginaire, notre enfant restant timidement accroché aux jupons de sa mère. J’aurais alors tout mon temps pour écrire le récit de ces derniers mois. Pour enfin me vider le cœur des horreurs qui y ont élu domicile.
Le froid commence à envahir mes jambes et pourtant je sue à grosses gouttes. En m’épongeant le front avec la manche je ne fais que me tremper davantage. Le tissu dégouline d’une humeur sombre dans cette semi-pénombre. On jurerait de l’encre noire.

Cela fait un moment que j’ai lâché mon arquebuse. J’ai bien un petit sachet de poudre à ma ceinture ainsi que les billes de plombs qui vont avec. Mais à quoi bon. Cette lutte est futile. Pourquoi briser le silence avec une détonation quand je sais pertinemment que ma cible se relèvera l’instant suivant. Elle ne poussera même pas un cri de douleur... Je prends sur moi et ignore la douleur en me redressant péniblement. L’océan s’offre à moi. Cet océan silencieux et qui s’étend jusqu’à l’horizon, illuminé par le soleil levant. Quel tableau magnifique. Un instant je peux sentir la lumière sur ma peau, caresse qui vient réchauffer mon corps meurtri.

Je suis en paix à présent. Je n’ai plus mal. Lentement, je descends du promontoire rejoindre mes compagnons d’arme.

Seule cette sensation naissante au creux mon ventre n’est pas emporté avec la marée. Un murmure à la frontière de ma conscience me pousse dans cette direction où je pourrais me rassasier. Au-delà de la pile de cadavre que je suis en train d’enjamber, je trouverais ce que je cherche.

Je n’aurais jamais l’occasion d’écrire mon histoire. L’autobiographie d’un mort…
Trotar le Vif

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Textes du Concours de Récits 2014 Empty Re: Textes du Concours de Récits 2014

Mer 1 Oct 2014 - 1:42
Bonsoir chers comtes, désolé pour cette grosse heure de retard mais mieux vaut Trotar que jamais non? Blushing
Foi d'orque je saurai me faire pardonner en vous montrant la fig du héros de mon récit (100% made in Trotar bien sûr).
Alors une petite histoire qui ne parle pas de peaux vertes (en silence c'est pas un thème pour eux) mais d'un seigneur du chaos, enfin trêve de bavardage, voici ma contribution:


L’éternité pour regretter

On ne provoque pas impunément les dieux.
Ashen l’avait toujours su, malgré cela il avait voulu jouer avec le feu, et, en cette sinistre soirée, c’est à celui de Tzeentch qu’il allait se brûler.
Ce meneur, brillant orateur, avait su rallier des milliers d’hommes à sa cause, et le dieu du changement avait largement contribué à son succès. Chaque bataille s’était soldée par une écrasante victoire, et nombreux furent ceux qui rejoignirent ses rangs après avoir entendu ses discours.
Auréolé par tant de triomphes, Ashen avait fini par oublier à qui il devait sa fortune ; et son ambition était devenue démesurée au point qu’il ne cachait plus son désir d’égaler les dieux en exploitant la puissance de Tzeentch pour servir ses propres desseins.

Malgré la victoire de ce jour, un silence de mort régnait sur le campement ; un froid mordant avait écourté les festivités.
Ashen en entrant dans sa yourte fut saisi d’une douleur au ventre insoutenable. Il mit un genou à terre puis contempla les richesses qu’il avait accumulées avec le pressentiment que ce serait la dernière fois, car la mort ce soir serait sa seule compagne.

La sensation des entrailles qui se déchirent fut le début de l’escalade, il sortit du rêve éveillé qu’était devenue sa vie depuis quelques temps. Il se demanda si tout ce luxe, cette débauche, ces excès valaient réellement la peine.

Lorsque sa gorge se mit à enfler au point de ne plus pouvoir émettre le moindre son, il commença à regretter sa conduite. Ses regrets tardifs se confirmèrent lorsque la paralysie le prit. Il se sentit alors prisonnier de son corps, tel le spectateur privilégié de sa propre mise  mort. Il aurait voulu fermer les yeux mais cela lui était impossible à présent, ceux-ci ne lui obéissaient plus, peut être pour qu’il puisse souffrir à loisir la punition divine.

La paralysie et la douleur intense qu’éprouvaient Ashen furent bientôt un sort presque enviable lorsqu’il sentit poindre en lui comme une conscience ; un être distinct se développait en son sein et semblait prendre un malin plaisir à se propager en le rongeant de l’intérieur.
Ashen vit alors tous ses membres se boursoufler, ses jambes et ses pieds enflèrent : ses ongles noircissaient à vue d’œil et suintaient le sang et l’ichor.
Le corps svelte et puissant qui jadis avait été un don du sinistre dieu se distendait horriblement. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux lorsque son ventre s’anima de soubresauts semblables au grouillement d’une nuée de serpents.

L’être qu’Ashen sentait s’incarner en lui se déchaîna d’un coup.
Le craquement subtil qu’il entendit s’accompagna d’une douleur indescriptible lorsque ses vertèbres, prises d’une fulgurante croissance sortirent de son dos arrachant par là même chair et peau.
Son bras gauche implosa, il n’en restait que des lambeaux pendants qui à sa plus grande horreur se mirent à se tordre en tous sens avant de s’enrouler autour de ses os, lesquels s’étaient mués en une forme grotesque aux pointes acérées.

Il comprit alors que Tzeentch voulait se délecter d’un macabre spectacle avant de l’achever.
Soudain, sa mâchoire s’ouvrit au point de se décrocher, il comprit pourquoi sa gorge le brûlait tant.
Dans un flot immonde de sang, de bave et des restes de son dernier repas, jaillit alors une myriade de muscles semblables à des tentacules qui, comble de l’horreur, semblaient animés d’une volonté propre.
Ces créatures serpentines au contact de l’air s’entredéchirèrent, puis se régurgitèrent les unes les autres avant de se teinter en beige et de durcir peu à peu, créant ainsi une colonne vertébrale, prolongement de celle d’Ashen.

Le malheureux était alors en proie à une terreur sans nom, le « repentir », le « regret, » ces mots étaient bien faibles pour exprimer ce qu’il ressentait.
Au point où il en était, la mort eût été pour lui un soulagement, une libération que le seigneur du changement semblait peu enclin à lui offrir.

En effet, Tzeentch n’en avait pas fini avec lui :
Ashen vit alors son corps se lever et se diriger lentement vers son miroir, ses paupières s’écarquillèrent et il hurla intérieurement en subissant la vue de son corps atrocement mutilé.
Les tentacules sortant de sa bouche se mirent alors à s’animer comme si elles répondaient à son effroi ; elles s’entrelacèrent afin de former une parodie de visage humain.

Ça y est, il était là : il vit dans le miroir cet être infect qu’il s’était efforcé de contenir, cette présence lancinante qui, depuis le jour de ce fameux pacte avec le démon, lui fournissait tant de pouvoir.
Le regard de la bête fraîchement formée croisa celui d’Ashen puis le fixa.

Ce regard cruel reflétait la satisfaction, le plaisir de voir sa vindicte accomplie, on y sentait même poindre une certaine moquerie lorsque doucement, sans même le moindre bruit, le bras droit se leva, les doigts crochus s’animèrent et le désignèrent d’un air accusateur.
Là Ashen comprit : la bête le pointait, lui… son ingratitude, sa vanité…
Le regard du monstre le pénétra au plus profond de son âme pour y lire ses pensées et se délecter de sa terreur.

Sans un mot le message était passé, Ashen vivra une éternité de repentir, il vivra pour contempler sa propre déchéance, il subira la vue des actes odieux que perpétrera la bête et tout cela il le subira…...en silence.

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