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- TeotiqaxSquelette
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Re: Origines
Lun 10 Nov 2014 - 14:13
Je fais la même remarque que Von Essen sur Shyish (de toute manière je l’aurais fait) et une autre remarque concernant la formulation: « Où nous sommes ? » Ici il s’agit d’une question; on dit donc: « où sommes nous? ». Il est vrai que je chipote mais c’est plus agréable à la lecture. D’ailleurs à ce niveau là, je pense que tu aurais dut mettre un saut de ligne entre les dialogues et la narration pour marquer nettement les différences.
Mais maintenant je veux la suite (en attendant je vais voir si je peux trouver l’inspiration aussi)
Mais maintenant je veux la suite (en attendant je vais voir si je peux trouver l’inspiration aussi)
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Re: Origines
Lun 10 Nov 2014 - 15:15
Alors... Non, je l'ai écrit pendant les cours
Ensuite, je sais que Shyish n'est pas l'acteur principal de ce genre de sortilège... Mais c'est comme ça et c'est tout
Pour le "où nous sommes?" c'est tout à fait normal. C'est une gosse de huit ans qui parle. Si tu fais attention, il y a d'autres phrases négatives où il manque le "ne" quand elle parle...
Et je ne mets pas d'espace entre la narration et le dialogue, car c'est la même scène, et qu'ils s'influencent entre eux.
Si vous avez d'autres remarques, n'hésitez pas
Ensuite, je sais que Shyish n'est pas l'acteur principal de ce genre de sortilège... Mais c'est comme ça et c'est tout
Pour le "où nous sommes?" c'est tout à fait normal. C'est une gosse de huit ans qui parle. Si tu fais attention, il y a d'autres phrases négatives où il manque le "ne" quand elle parle...
Et je ne mets pas d'espace entre la narration et le dialogue, car c'est la même scène, et qu'ils s'influencent entre eux.
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- TeotiqaxSquelette
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Re: Origines
Lun 10 Nov 2014 - 15:47
Je tiens à signaler que à huit ans je formulais bien mes phrases moi
Et je tiens aussi à signaler que séparer le dialogue de la narration est une règle d’écriture de base. Enfin je chipote mais c’est vraiment pour moi hein
Et pour Shyish c’est du fluff donc autant l’interpréter librement, on pourrait bien faire un diestro Estalien qui se retrouve propriétaire d’une épée Nippone (c’est une idée ça, à développer d’ailleurs)
Et puis c’est pas bien d’écrire pendant les cours Même si je me gène pas de temps à autre moi…
Et je tiens aussi à signaler que séparer le dialogue de la narration est une règle d’écriture de base. Enfin je chipote mais c’est vraiment pour moi hein
Et pour Shyish c’est du fluff donc autant l’interpréter librement, on pourrait bien faire un diestro Estalien qui se retrouve propriétaire d’une épée Nippone (c’est une idée ça, à développer d’ailleurs)
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Re: Origines
Lun 10 Nov 2014 - 15:54
La règle d'écriture de base, c'est de faire :
récit récit récit :
"tatata.
- tatata."
Il s'agit d'un retour à la ligne. Pas d'un saut de ligne. (tu ne m'auras pas là-dessus )
Et pour Shyish, si ça vous gêne tant que ça, je peux émettre l'hypothèse qu'elle va contrôler Ulgu quand elle sera plus vieille, et que donc sans le savoir elle a demandé à son pote Shyish de chercher Ulgu pour qu'il fasse son boulot
Enfin, tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir une éducation comme la tienne... Emeraude n'est pas fille de roi, c'est déjà bien qu'elle parle de façon correcte
récit récit récit :
"tatata.
- tatata."
Il s'agit d'un retour à la ligne. Pas d'un saut de ligne. (tu ne m'auras pas là-dessus )
Et pour Shyish, si ça vous gêne tant que ça, je peux émettre l'hypothèse qu'elle va contrôler Ulgu quand elle sera plus vieille, et que donc sans le savoir elle a demandé à son pote Shyish de chercher Ulgu pour qu'il fasse son boulot
Enfin, tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir une éducation comme la tienne... Emeraude n'est pas fille de roi, c'est déjà bien qu'elle parle de façon correcte
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Re: Origines
Lun 10 Nov 2014 - 16:09
Tu as réussi à écrire ça en cour ??
Je trouvais le texte déjà très bon mais la ça devient de l'admiration !
Encore un superbe texte qui m'a beaucoup plu, j'aime bien le personnage d'émeraude qui apporte une petite touche enfantine qui ne comprends pas tout de ce qui l'entoure
Évidement je réclame la suite !
Je trouvais le texte déjà très bon mais la ça devient de l'admiration !
Encore un superbe texte qui m'a beaucoup plu, j'aime bien le personnage d'émeraude qui apporte une petite touche enfantine qui ne comprends pas tout de ce qui l'entoure
Évidement je réclame la suite !
- TeotiqaxSquelette
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Re: Origines
Lun 10 Nov 2014 - 16:21
Arken a écrit:La règle d'écriture de base, c'est de faire :
récit récit récit :
"- tatata.
- tatata."
Il s'agit d'un retour à la ligne. Pas d’un saut de ligne. (tu ne m'auras pas là-dessus )
Bon bah plus qu’à dire à tous mes profs de français depuis la sixième qu’ils m’ont dit des idioties. Va leur plaire ça
Bah disons que pour l’éducation j’ai eu de bon profs surtout moi, mais c’est vrai que même à notre époque (dans warhammer j’entends) les Impériaux et les Bretonniens parlent pas toujours bien non plus.
- GilgaladMaître floodeur
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Re: Origines
Lun 10 Nov 2014 - 17:09
D'ailleurs, à mon avis, il n'y a que les nobles, les bourgeois, les notables et les mages qui parlent correctement parmi les humains dans le Vieux Monde. Le reste ne doit pas parler correctement ou sinon seulement leur dialecte.
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
- Nyklaus von CarsteinSeigneur vampire
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Re: Origines
Lun 10 Nov 2014 - 17:25
Oyez, oyez !
Superbe suite que voici.
Je daigne demander quand arrivera l'autre ?
Superbe suite que voici.
Je daigne demander quand arrivera l'autre ?
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Mon histoire...Histoire de Nyklaus
Mes dessins (avec les fiches de monstres dont vous pouvez vous inspirer dans vos récits) : Dessins de Nyklaus
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Re: Origines
Mar 11 Nov 2014 - 18:17
99% des bouquins sont écrits comme ça, Teotiqax. Tes profs devaient en avoir trop pris à ce moment-là
Ensuite, Siegfried, ce n'est pas une bonne idée de m'admirer pour ça... Parce que ça va m'encourager à continuer à écrire pendant les cours, et donc de ne pas écouter et prendre très peu de notes !
Ah oui, je rajouterai que vu que le "où nous sommes" à quand même perturbé, je vais le remplacer par "où on est ?" qui sonne beaucoup plus familier et qui donc accepte la pitite faute
Oui, je sais, mon imagination est prolifique en ce moment... Pour mon plus grand bonheur ! (et qui sait, peut-être le vôtre )
Bonne lecture !
Elles marchaient l’une à côté de l’autre, main dans la main. Depuis qu’elles étaient entrées dans la ville, celle de la vampire s’était crispée et serrait celle de la petite fille un peu trop fort. Elle devait sans arrêt baisser la tête pour cacher ses yeux. Emeraude comprit qu’il fallait agir. Elle trouva une petite taverne. Elles y pénétrèrent et elle laissa sa maman à l’entrée pour se diriger vers le comptoir.
- Qu’est-ce tu veux ?
- Je voudrais une chambre avec deux lits.
- Et est-ce que la p’tite fleur à d’quoi payer ?
Emeraude fouilla son sac et sortit trois piécettes de cuivre.
- Je n’ai que ça. J’espère que ça suffira.
- Mouais. Monte les escaliers, première à gauche.
- Merci.
Elle retourna chercher sa compagne de voyage. Elle osait à peine bouger. Elle dû lui reprendre la main pour la guider à travers les quelques tables et l’amener jusqu’à la chambre. Une fois la porte fermée, la vampire s’assit sur un lit et se recroquevilla, les genoux contre la poitrine.
- De quoi t’as peur ?
- De moi.
- C’est bizarre. Tu vas pas te faire du mal toute seule. Pourquoi t’as peur ?
- Parce que je sens que le contrôle de mon corps est en train de m’échapper. Tous ces cœurs qui battent à l’unisson me rendent folle. J’entends le sang circuler dans chacune de leurs veines. Ce petit bruit de pulsation me donne envie de me jeter sur eux.
- Ca va aller. Tu vas manger cette nuit. Il faut pas que tu restes avec ta faim dans ta tête. Moi aussi des fois j’avais faim et je pouvais pas manger. Bah je faisais autre chose jusqu’à ce que papa revienne avec un peu de pain.
- Ce n’est pas la même faim que toi. La mienne se promène dans mon esprit, saccageant toute autre pensée tant que je ne l’ai pas assouvie. Elle me brûle la gorge et me fait mal aux dents.
- Ah. C’est pas de chance. Mais essaye de penser à autre chose. Un jeu peut-être ? Ou alors un câlin, pour te réconforter ? Mon papa disait toujours qu’un câlin permet de résoudre beaucoup de problèmes.
- Non !
Emeraude avait avancé dans sa direction mais se statufia. Diamant avait relevé la tête. Une lueur malsaine brillait dans ses yeux rouges, et de grandes canines dépassaient de sa bouche. Instinctivement, la petite fille recula.
- Surtout, n’aies pas peur. Sinon, ça va empirer.
Elle hocha lentement la tête et prit une profonde inspiration. Elle arriva à calmer son petit cœur et à réduire sa crainte.
- C’est mieux, là ?
- Oui… N’oublie jamais que tu es humaine, et que ma faim pourrait m’obliger à te manger si on ne fait pas attention.
Elle acquiesça de nouveau avec un mouvement de tête. Elle s’assit avec précaution sur le lit d’en face et observa sa maman. Diamant soupira et décida de changer de sujet. Penser à autre chose n’était, au fond, pas une mauvaise idée.
- D’où tiens-tu ton argent ?
- Mon papa m’a dit que l’argent est très important si tu veux survivre. Et comme il est mort, je me suis dit qu’il en avait plus besoin et que je pouvais le prendre.
- Mais maintenant tu as tout donné au tavernier, non ?
- Hihi, non. Je sais que c’est pas bien de mentir, mais mon papa m’a dit de toujours me méfier des gens qui veulent mon argent. Si je lui avais montré tout mon argent, il en aurait sans doute profité pour en prendre plus.
Diamant la regarda d’un air ahuri et explosa de rire. Cette petite était vraiment impressionnante. Son innocence teintée d’intelligence lui plaisait.
- Monsieur ? … Monsieur ?
- Que veux-tu, p’tite fleur ?
- Vous pouvez mettre de l’eau dans ma gourde s’il vous plait ? Elle est vide.
Le tavernier la fixa un instant avant d’obtempérer. Ce n’était pas comme si elle voulait de la bière. Il pouvait bien lui rendre ce petit service. Après tout, elle avait largement payé sa chambre. Emeraude attendit patiemment. Ses yeux arrivaient à peine à la hauteur du comptoir. Elle se mit sur la pointe des pieds pour voir s’affairer le tenancier. Elle tendit la main quand il lui redonna sa gourde.
- Merci.
- ‘Pas de quoi. Pense à aller te coucher, il est bien trop tard pour une p’tite fleur comme toi.
Ils tournèrent tous les deux la tête quand la porte s’ouvrit à la volée. Diamant apparut, les yeux exorbités et du sang sur la joue. Sans un mot, elle courut à l’étage.
- Qu’est-ce qu’elle a ta mère ? Elle a vu un fantôme ?
- Je sais pas…
La concernée réapparut et descendit les escaliers d’un geste. Elle avait le sac d’Emeraude à la main et elle se précipita sur elle.
- Il faut partir, maintenant.
Elle ne lui laissa aucune possibilité de réponse. Elle l’attrapa par la taille et sortit, sans un regard pour les quelques personnes présentes. Imperturbable, la petite rangea sa gourde dans le sac pendant que Diamant courrait.
- Pourquoi on part ?
- Parce que les habitants du village vont vouloir me tuer.
- T’as fait quelque chose de mal ?
- Je me suis nourrie et quelqu’un m’a vue.
- Et alors ? T’as le droit de manger comme tout le monde.
- Sauf que les humains n’aiment pas qu’on tue leur femme juste pour se nourrir.
- Ah.
Des voix s’élevèrent derrière elles. Le témoin avait sans doute réunit des hommes du village pour partir à la chasse. La vampire s’arrêta à une intersection. Après une brève hésitation, elle partit à droite. Emeraude regarda autour d’elle et reconnut l’endroit.
- Fais demi-tour ! Tu vas vers la place du marché, et elle est au milieu du village.
Diamant jura et fit volte-face. Mais de retour au croisement, elles se retrouvèrent face à une quinzaine d’hommes, fourches et torches à la main. Elle eut juste le temps de poser Emeraude au sol que les humains chargèrent.
- A mort, démon !
La vampire fut bientôt au cœur de la mêlée. L’enfant, collée au mur d’une bâtisse, essayait de savoir ce qu’il se passait et attendait avec crainte. Mais un pressentiment lui fit tourner la tête. Le tavernier était là, devant elle, un rictus malsain sur le visage.
- Alors, p’tite fleur, tu m’avais pas dit que ta mère était un démon ! Je vais réduire les risques que tu en deviennes un toi aussi…
L’homme l’attrapa et la souleva du sol. Emeraude cria et se débattit, en vain. Sa poigne était trop puissante. Elle plaqua ses mains sur son visage pour essayer de mettre le plus de distance entre elle et lui. Il grogna et resserra sa prise. Elle vit Shyish s’agiter tout d’un coup. Il essayait de lui dire quelque chose. Elle se força à se calmer et se concentra. Oui, d’accord. Elle avait compris. Elle enfonça ses ongles dans les joues de l’homme pour raffermir sa prise. Elle ferma les yeux et canalisa le vent pourpre dans ses paumes. Elle sentit la puissance qui s’agglutinait et des picotements firent frémir ses doigts. Soudain, elle cria et abandonna tout contrôle sur Shyish. L’homme hurla et s’effondra.
Diamant se défendait comme elle pouvait. Elle n’arrivait pas à réagir face à toute cette haine et toute cette violence. Elle esquiva une torche de justesse. On la blessa au bras, on lui tira les cheveux. La panique faillit s’emparer d’elle. Mais un son lui fit reprendre ses esprits. Emeraude venait de crier. La colère monta. Ils osaient s’en prendre à une petite fille sans défense. Elle serra les poings et poussa un cri de rage. Elle repoussa l’homme juste devant elle et sauta au cou d’un autre. Il s’effondra, la jugulaire arrachée. Rendue folle par la colère et le gout du sang, ses gestes devinrent désordonnés et frénétiques. Elle griffa, mordit, frappa en tous sens. Elle voyait les mouvements des humains au ralenti et arrivait sans peine à esquiver leurs coups maladroits. Elle remarqua que plus personne n’était debout quand elle commença à frapper dans le vide. Elle s’arrêta petit à petit, l’œil hagard. Elle regarda autour d’elle, désorientée. Puis elle remarqua Emeraude, recroquevillée au sol. Elle se précipita et s’agenouilla. La petite poussa un petit cri et recula, avant de comprendre qu’il ne s’agissait que de sa mère. Cette dernière lui demandait ce qu’il s’était passé et si tout allait bien. Elle hocha la tête et désigna quelque chose du doigt. La vampire s’approcha et découvrit le cadavre du tavernier. La seule blessure qu’il comportait était une brûlure sur le visage. Comme si sa peau avait fondu pour laisser apparaitre les os. Une brûlure en forme de petites mains.
Ensuite, Siegfried, ce n'est pas une bonne idée de m'admirer pour ça... Parce que ça va m'encourager à continuer à écrire pendant les cours, et donc de ne pas écouter et prendre très peu de notes !
Ah oui, je rajouterai que vu que le "où nous sommes" à quand même perturbé, je vais le remplacer par "où on est ?" qui sonne beaucoup plus familier et qui donc accepte la pitite faute
Oui, je sais, mon imagination est prolifique en ce moment... Pour mon plus grand bonheur ! (et qui sait, peut-être le vôtre )
Bonne lecture !
Elles marchaient l’une à côté de l’autre, main dans la main. Depuis qu’elles étaient entrées dans la ville, celle de la vampire s’était crispée et serrait celle de la petite fille un peu trop fort. Elle devait sans arrêt baisser la tête pour cacher ses yeux. Emeraude comprit qu’il fallait agir. Elle trouva une petite taverne. Elles y pénétrèrent et elle laissa sa maman à l’entrée pour se diriger vers le comptoir.
- Qu’est-ce tu veux ?
- Je voudrais une chambre avec deux lits.
- Et est-ce que la p’tite fleur à d’quoi payer ?
Emeraude fouilla son sac et sortit trois piécettes de cuivre.
- Je n’ai que ça. J’espère que ça suffira.
- Mouais. Monte les escaliers, première à gauche.
- Merci.
Elle retourna chercher sa compagne de voyage. Elle osait à peine bouger. Elle dû lui reprendre la main pour la guider à travers les quelques tables et l’amener jusqu’à la chambre. Une fois la porte fermée, la vampire s’assit sur un lit et se recroquevilla, les genoux contre la poitrine.
- De quoi t’as peur ?
- De moi.
- C’est bizarre. Tu vas pas te faire du mal toute seule. Pourquoi t’as peur ?
- Parce que je sens que le contrôle de mon corps est en train de m’échapper. Tous ces cœurs qui battent à l’unisson me rendent folle. J’entends le sang circuler dans chacune de leurs veines. Ce petit bruit de pulsation me donne envie de me jeter sur eux.
- Ca va aller. Tu vas manger cette nuit. Il faut pas que tu restes avec ta faim dans ta tête. Moi aussi des fois j’avais faim et je pouvais pas manger. Bah je faisais autre chose jusqu’à ce que papa revienne avec un peu de pain.
- Ce n’est pas la même faim que toi. La mienne se promène dans mon esprit, saccageant toute autre pensée tant que je ne l’ai pas assouvie. Elle me brûle la gorge et me fait mal aux dents.
- Ah. C’est pas de chance. Mais essaye de penser à autre chose. Un jeu peut-être ? Ou alors un câlin, pour te réconforter ? Mon papa disait toujours qu’un câlin permet de résoudre beaucoup de problèmes.
- Non !
Emeraude avait avancé dans sa direction mais se statufia. Diamant avait relevé la tête. Une lueur malsaine brillait dans ses yeux rouges, et de grandes canines dépassaient de sa bouche. Instinctivement, la petite fille recula.
- Surtout, n’aies pas peur. Sinon, ça va empirer.
Elle hocha lentement la tête et prit une profonde inspiration. Elle arriva à calmer son petit cœur et à réduire sa crainte.
- C’est mieux, là ?
- Oui… N’oublie jamais que tu es humaine, et que ma faim pourrait m’obliger à te manger si on ne fait pas attention.
Elle acquiesça de nouveau avec un mouvement de tête. Elle s’assit avec précaution sur le lit d’en face et observa sa maman. Diamant soupira et décida de changer de sujet. Penser à autre chose n’était, au fond, pas une mauvaise idée.
- D’où tiens-tu ton argent ?
- Mon papa m’a dit que l’argent est très important si tu veux survivre. Et comme il est mort, je me suis dit qu’il en avait plus besoin et que je pouvais le prendre.
- Mais maintenant tu as tout donné au tavernier, non ?
- Hihi, non. Je sais que c’est pas bien de mentir, mais mon papa m’a dit de toujours me méfier des gens qui veulent mon argent. Si je lui avais montré tout mon argent, il en aurait sans doute profité pour en prendre plus.
Diamant la regarda d’un air ahuri et explosa de rire. Cette petite était vraiment impressionnante. Son innocence teintée d’intelligence lui plaisait.
- Monsieur ? … Monsieur ?
- Que veux-tu, p’tite fleur ?
- Vous pouvez mettre de l’eau dans ma gourde s’il vous plait ? Elle est vide.
Le tavernier la fixa un instant avant d’obtempérer. Ce n’était pas comme si elle voulait de la bière. Il pouvait bien lui rendre ce petit service. Après tout, elle avait largement payé sa chambre. Emeraude attendit patiemment. Ses yeux arrivaient à peine à la hauteur du comptoir. Elle se mit sur la pointe des pieds pour voir s’affairer le tenancier. Elle tendit la main quand il lui redonna sa gourde.
- Merci.
- ‘Pas de quoi. Pense à aller te coucher, il est bien trop tard pour une p’tite fleur comme toi.
Ils tournèrent tous les deux la tête quand la porte s’ouvrit à la volée. Diamant apparut, les yeux exorbités et du sang sur la joue. Sans un mot, elle courut à l’étage.
- Qu’est-ce qu’elle a ta mère ? Elle a vu un fantôme ?
- Je sais pas…
La concernée réapparut et descendit les escaliers d’un geste. Elle avait le sac d’Emeraude à la main et elle se précipita sur elle.
- Il faut partir, maintenant.
Elle ne lui laissa aucune possibilité de réponse. Elle l’attrapa par la taille et sortit, sans un regard pour les quelques personnes présentes. Imperturbable, la petite rangea sa gourde dans le sac pendant que Diamant courrait.
- Pourquoi on part ?
- Parce que les habitants du village vont vouloir me tuer.
- T’as fait quelque chose de mal ?
- Je me suis nourrie et quelqu’un m’a vue.
- Et alors ? T’as le droit de manger comme tout le monde.
- Sauf que les humains n’aiment pas qu’on tue leur femme juste pour se nourrir.
- Ah.
Des voix s’élevèrent derrière elles. Le témoin avait sans doute réunit des hommes du village pour partir à la chasse. La vampire s’arrêta à une intersection. Après une brève hésitation, elle partit à droite. Emeraude regarda autour d’elle et reconnut l’endroit.
- Fais demi-tour ! Tu vas vers la place du marché, et elle est au milieu du village.
Diamant jura et fit volte-face. Mais de retour au croisement, elles se retrouvèrent face à une quinzaine d’hommes, fourches et torches à la main. Elle eut juste le temps de poser Emeraude au sol que les humains chargèrent.
- A mort, démon !
La vampire fut bientôt au cœur de la mêlée. L’enfant, collée au mur d’une bâtisse, essayait de savoir ce qu’il se passait et attendait avec crainte. Mais un pressentiment lui fit tourner la tête. Le tavernier était là, devant elle, un rictus malsain sur le visage.
- Alors, p’tite fleur, tu m’avais pas dit que ta mère était un démon ! Je vais réduire les risques que tu en deviennes un toi aussi…
L’homme l’attrapa et la souleva du sol. Emeraude cria et se débattit, en vain. Sa poigne était trop puissante. Elle plaqua ses mains sur son visage pour essayer de mettre le plus de distance entre elle et lui. Il grogna et resserra sa prise. Elle vit Shyish s’agiter tout d’un coup. Il essayait de lui dire quelque chose. Elle se força à se calmer et se concentra. Oui, d’accord. Elle avait compris. Elle enfonça ses ongles dans les joues de l’homme pour raffermir sa prise. Elle ferma les yeux et canalisa le vent pourpre dans ses paumes. Elle sentit la puissance qui s’agglutinait et des picotements firent frémir ses doigts. Soudain, elle cria et abandonna tout contrôle sur Shyish. L’homme hurla et s’effondra.
Diamant se défendait comme elle pouvait. Elle n’arrivait pas à réagir face à toute cette haine et toute cette violence. Elle esquiva une torche de justesse. On la blessa au bras, on lui tira les cheveux. La panique faillit s’emparer d’elle. Mais un son lui fit reprendre ses esprits. Emeraude venait de crier. La colère monta. Ils osaient s’en prendre à une petite fille sans défense. Elle serra les poings et poussa un cri de rage. Elle repoussa l’homme juste devant elle et sauta au cou d’un autre. Il s’effondra, la jugulaire arrachée. Rendue folle par la colère et le gout du sang, ses gestes devinrent désordonnés et frénétiques. Elle griffa, mordit, frappa en tous sens. Elle voyait les mouvements des humains au ralenti et arrivait sans peine à esquiver leurs coups maladroits. Elle remarqua que plus personne n’était debout quand elle commença à frapper dans le vide. Elle s’arrêta petit à petit, l’œil hagard. Elle regarda autour d’elle, désorientée. Puis elle remarqua Emeraude, recroquevillée au sol. Elle se précipita et s’agenouilla. La petite poussa un petit cri et recula, avant de comprendre qu’il ne s’agissait que de sa mère. Cette dernière lui demandait ce qu’il s’était passé et si tout allait bien. Elle hocha la tête et désigna quelque chose du doigt. La vampire s’approcha et découvrit le cadavre du tavernier. La seule blessure qu’il comportait était une brûlure sur le visage. Comme si sa peau avait fondu pour laisser apparaitre les os. Une brûlure en forme de petites mains.
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Re: Origines
Mar 11 Nov 2014 - 18:34
En effet, ils en avaient peut-être trop pris, si je retourne au collège les saluer je leur demanderai. Sinon, j’ai lu! (bah oui sinon je posterai pas) Et il y a pas à dire, tu es vraiment douée pour l’écriture. Je suis vraiment bien dans l’ambiance lors du combat, je ressens vraiment quelque chose en lisant ça. Par contre un petit bémol (bah oui, où serait l’intérêt de commenter ) je pense que certains lieux mériteraient une descriptions approfondie afin qu’on s’immerge mieux mais là c’est assez subjectif il faut l’avouer.
Et une autre remarque, pour l’ambiance j’aurai mis des points de suspensions à la dernière phrase, ça marquerait mieux je trouve
Et une autre remarque, pour l’ambiance j’aurai mis des points de suspensions à la dernière phrase, ça marquerait mieux je trouve
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Re: Origines
Mar 11 Nov 2014 - 18:44
Une suite si vite ?? Je suis comblé ! je me dois de commenter immédiatement pour saluer cet effort
J'apprécie toujours autant l'intelligence froide d'Emeraude encore enchainée dans l'enfance, le coté sauvage et incontrolé de diamant est très interessant, mais à mes yeux, un vampire nouveau né ne sachant pas se battre et tenant plus de l'animal aculé que du vampire aura du mal à se débarasser d'autant d'adversaires d'un seul coup après il ne s'agit que d'un détail
Une excellente suite à la venue rapide que demander de plus ?
Allez j'ose demander la suite encore une fois mais j exagere...
J'apprécie toujours autant l'intelligence froide d'Emeraude encore enchainée dans l'enfance, le coté sauvage et incontrolé de diamant est très interessant, mais à mes yeux, un vampire nouveau né ne sachant pas se battre et tenant plus de l'animal aculé que du vampire aura du mal à se débarasser d'autant d'adversaires d'un seul coup après il ne s'agit que d'un détail
Une excellente suite à la venue rapide que demander de plus ?
Allez j'ose demander la suite encore une fois mais j exagere...
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Re: Origines
Mar 11 Nov 2014 - 19:45
C'est vraiment génial que tu postes aussi vite la suite.
Je suis d'accord avec Siegrfried sur le fait que découvrir l'enfance d'Emeraude est vraiment géniale.
@Siegfried : n'oublie pas que la colère et la peur de perdre un enfant peuvent parfois faire des choses extraordinaires à des mères. C'est peut-être le cas ici.
Sinon, je rajouterais le même petit bémol que Teotiquax concernant les descriptions de lieux. Le village et l'auberge ne sont pas assez décrites or là première chose que l'on fait quand on arrive en terrain inconnu et potentiellement hostile est de regarder autour de soi pour voir d'éventuelles menaces.
Vivement la suite
Je suis d'accord avec Siegrfried sur le fait que découvrir l'enfance d'Emeraude est vraiment géniale.
@Siegfried : n'oublie pas que la colère et la peur de perdre un enfant peuvent parfois faire des choses extraordinaires à des mères. C'est peut-être le cas ici.
Sinon, je rajouterais le même petit bémol que Teotiquax concernant les descriptions de lieux. Le village et l'auberge ne sont pas assez décrites or là première chose que l'on fait quand on arrive en terrain inconnu et potentiellement hostile est de regarder autour de soi pour voir d'éventuelles menaces.
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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
- EssenSeigneur vampire
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Re: Origines
Mer 12 Nov 2014 - 13:50
_s'affairervoir s'afférer le tenancier
Je suis toujours aussi outré de vivre cette histoire à travers le point de vue de Diamant (cette petite fille n'est PAS innocente, elle est juste aussi folle que toi !! ), mais c'est un signe que tu restes fidèle à ta narration depuis le début
Je mettrai juste le même bémol que mes confrères : l'action et le développement des personnages sont toujours aussi bien écrits, mais comme nous sommes gourmands, nous voudrions aussi plus de descriptions des lieux
Le truc, c'est que ça m'a semblé pas assez 'nehekharien', si tu veux. On a un village, une taverne, un tenancier qui sert de la bière... un chouïa trop générique : on peut se croire en Nehekhara comme on peut se croire dans un patelin impérial ; du coup l'ambiance perd un peu de sa saveur... Bref, bref, voilà l'idée : fais nous plus voyager s'il te plait, ô écrivaine !
La suite !
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Re: Origines
Lun 17 Nov 2014 - 12:03
Possèdes-tu la trilogie de Nagash ? Parce que elle contient des descriptions de cité Néhékharéennes. Sinon je peux te donner des indications sur les principales cités car je possède le livre d'armée des Rois des Tombes.
Sinon... J'attends la suite !
A j'oubliais: Trop bien comme suite, continue, rien à dire ! 20/20
Sinon... J'attends la suite !
A j'oubliais: Trop bien comme suite, continue, rien à dire ! 20/20
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Mon histoire...Histoire de Nyklaus
Mes dessins (avec les fiches de monstres dont vous pouvez vous inspirer dans vos récits) : Dessins de Nyklaus
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Re: Origines
Lun 1 Déc 2014 - 19:27
Teotiqax : je suis très pointilleuse en ce qui concerne les points de suspension... Je trouve qu'on les utilise pour tout et n'importe quoi... Pour n'importe quelle raison...
Si j'en ai pas mis, c'est parce qu'un point simple permet de mieux ancrer l'image de fin. Alors que si tu mets trois petits points, t'as envie de pendre une lampe, de la mettre sous ton menton et de faire d'une voix mystérieuse et lugubre :
"Une brûlure... En forme de petites mains... tadadam !!"
Nyklaus : j'ai lu le premier, mais étant un bigorneau en anglais, je ne peux pas lire les 2 autres, parce que je les trouve pas en français
Sinon je suis d'accord avec vous pour les descriptions. Je commence même à m'exaspérer moi-même. Mais j'ai fait sa fête à mon imagination, et elle a décidé de s'y remettre correctement, en faisant un boulot plus approfondi...
*Voit passer une Arken miniature, un oeil au beurre noir et la joue enflée*
Bref ! Voyons ce qu'il en est de mes progrès avec cette petite suite que voici
Bonne lecture !
Diamant contemplait les corps qui s’étalaient devant elle avec une moue frustrée. Tant de réserve potentielle devant elle, et aucun moyen de l’emmener. Cela l’énervait d’autant plus que d’ici deux jours, sa gorge la brûlerait à nouveau. Emeraude voulut partir. Elle s’arrêta quand elle vit que sa maman ne bougeait pas.
- Tu boudes ?
- Tant de nourriture gâchée…
La petite s’immobilisa et imita la moue de sa mère. Mais une idée la fit s’activer. Elle fouilla son sac et en sortit une gourde. Sans autre forme de cérémonie, elle ouvrit le goulot et la vida. Une forte odeur de vin se répandit dans la rue.
- Mon papa cachait toujours sa gourde dans mon sac, pour pas que les autres lui volent. Tu peux la prendre si tu veux.
Le visage de la vampire s’éclaira. Elle remercia sa fille et la prit. Elle s’approcha d’un corps qu’elle n’avait pas encore vidé et lui ouvrit la gorge d’un coup de griffe. Le précieux liquide s’écoula doucement dans le récipient. Une fois rempli, elle le referma, se releva et fit signe à Emeraude de la rejoindre. Elle rangea l’objet dans le sac, prit ce dernier et le mit négligemment sur son épaule. Elle tendit son autre main. L’enfant leva la sienne. Elles partirent du village main dans la main, vers le Nord et les montagnes.
La petite avait pris le rythme nocturne de sa mère. Elles marchaient la nuit, elle dormait le jour. Diamant restait à ses côtés, immobile, et attendait simplement que le soleil se couche une nouvelle fois. La nuit, Emeraude devait sans cesse résister au froid de plus en plus mordant des montagnes. Elle marchait dans un silence pesant. Seul l’effort de la route permettait de la réchauffer. Le corps de sa mère ne dégageait aucune chaleur et se réfugier dans ses bras ne changerait rien à sa situation. Shyish lui avait expliqué qu’elle était déjà morte. Elle avait vérifié cette théorie un jour, alors qu’elle s’endormait contre elle. Son cœur ne battait plus. Elle comprenait désormais pourquoi le vent pourpre aimait bien flotter autour de Diamant, et pourquoi elle ne craignait pas le froid.
La vampire prenait chaque nuit une seule gorgée, afin d’économiser sa seule réserve. Heureusement pour la petite, les sources étaient nombreuses et elle ne manquerait jamais d’eau. Mais elle n’avait pas autant de chance que sa fille. Au bout d’une semaine, le sang avait changé de goût jusqu’à devenir infecte et compact. Elle dut jeter la gourde avec frustration.
Cela faisait bientôt deux semaines qu’elles erraient dans les montagnes. Elles marchaient vers le nord sans autre but que de s’éloigner du désert. Le corps de la petite grelottait alors que la gorge de la mère brûlait. L’idée de se nourrir de la jeune humaine la harcelait. Se nourrir, récupérer des forces, et continuer sa route sans fardeau. Mais à chaque fois qu’elle croisait son regard vert et énigmatique, sa faim se calmait. Une nuit, Emeraude se réveilla déjà frigorifiée. Le visage terne, elle reprit la route au côté de Diamant en trainant le pied. Elle éternua une première fois à peine sortie de leur abri de fortune. Cela continua toute la nuit. Alors que le jour s’approchait, la vampire avait dû la prendre dans ses bras. Elle était trop faible pour marcher. Elle trouva une petite cavité dans la roche. Elle s’y engouffra et déposa la petite sur le sol. Comment faire pour la remettre sur pied ? Les provisions de son sac étaient presque épuisées, elle ne pouvait pas se permettre de lui en redonner une ration. Son regard se perdit à l’extérieur. Elles avaient atteint une autre partie des montagnes. La pierre laissait doucement la place à une petite forêt éparse. Elle soupira. Redescendre vers le désert ne servirait pas. La petite pourrait se réchauffer, mais elle-même n’y survivrait pas. Elle se releva d’un coup. Du bois. Il y avait donc la possibilité de faire du feu ! Elle se dépêcha d’aller ramasser du bois mort avant le lever du soleil. Elle revint peu de temps après, un fagot dans les bras. Elle le laissa tomber au sol et s’agenouilla. Elle s’immobilisa et son sourire disparut. Avec quoi pouvait-elle l’allumer ? Le désespoir n’eut pas le temps de l’envahir. La petite gémissait. Elle s’approcha. Emeraude murmurait. Elle toucha son front. La fièvre la faisait délirer. Fébrile, la vampire prit sa gourde et l’obligea à boire un peu. Après réflexion, elle la fit se blottir dans ses bras. Son corps ne dégageait pas de chaleur, mais au moins il la protégerait du vent glacial.
Le jour s’était levé. L’une et l’autre n’avaient pas bougé d’un pouce. De temps à autre, la voix frêle de la jeune fille perçait le silence par de courts murmures. L’air s’était réchauffé peu à peu. La petite avait encore froid, mais à cause de la fièvre. Au moins, son corps de marbre permettait d’apporter un peu de fraicheur à son front brulant. Elle vit la clarté du jour se déplacer au fur et à mesure de la course du soleil. Plusieurs fois, elle avait porté la gourde à ses lèvres. Emeraude réagissait à peine. Elle buvait un peu et repartait dans ce monde étrange, entre sommeil et délires. Alors que le crépuscule faisait rougeoyer le paysage dans une atmosphère étouffée, elle décida de la faire manger. Elle examina le sac et en sortit un morceau de viande séchée. Le dernier. Elle ne pouvait pas faire autrement que de lui donner. Il fallait qu’elle reprenne des forces. Il fallait juste espérer que Geheb accepte de leur offrir une autre échappatoire par le biais d’un gibier perdu la nuit suivante. La petite se força à mâcher en bredouillant de faibles protestations. Elle l’observa s’endormir à nouveau. Elle finit par se lever. Son visage reflétait le désespoir. Elle allait devoir l’abandonner là, toute seule, le temps de trouver une proie. Ses yeux trouvèrent le ciel et la lune blanche qui venait d’apparaitre. Que Neru veille sur elle. Elle fit un pas et s’arrêta. Les yeux plissés, elle écoutait. Un détail la perturbait. Une absence… La respiration profonde de sa fille s’était stoppée. Une lumière ténébreuse apparut dans la grotte et dessinait sa silhouette sur le sol, comme une ombre statufiée. Les nuages cachèrent l’astre nocturne. Elle se retourna.
Sous ses yeux exorbités, Emeraude flottait. Figée dans les airs comme un pantin, ses bras et ses jambes pendaient mollement dans le vide. Seuls ses cheveux semblaient vivants. Ils bougeaient au rythme d’un vent invisible. Enfin, sa tête était relevée vers le ciel, et ses yeux verts brillaient du même éclat que la lune maléfique. La lueur obscure provenait d’elle et faisait comme une aura tout autour de son corps. Elle voulut s’approcher de sa fille. Elle s’immobilisa quand une voix retentit tout autour d’elle. Une voix hybride et infernale, comme si Usirian était sorti de l’Au-Delà pour envahir le monde des vivants. Cette voix terrifiante sortait de la bouche de l’enfant. Elle scandait dans une langue qui lui était inconnue, rugueuse, écorchée, et accélérait de plus en plus. La voix se dédoubla, et par-dessus cette litanie sépulcrale la vampire put discerner quelques mots de Nehekharien.
- Vengeance…
La sombre aura autour d’Emeraude devint plus intense.
- Vitae…
Ses cheveux furent pris dans une tornade d’aethyr.
- Souffrances…
Ses yeux éclairèrent la nuit comme un soleil.
- MORT !
Diamant fut percutée par un force inconnue. Elle tomba au sol sous le choc. Elle releva la tête, mais dut la baisser aussitôt. Sa fille était devenue la source d’une lumière aveuglante. Elle ne put qu’attendre, la tête détournée, alors que les voix devenues multiples se rassemblèrent dans le même discours, se transformant en un chœur lugubre.
- CEUX QUI ONT JADIS REJETE LA MORT DEVRONT DESORMAIS LA VIVRE !
Les voix infernales se turent d’un coup, remplacé par un cri. Un cri de petite fille, surpassant le bruit cauchemardesque de la magie pure concentrée. Soudain, aussi vite qu’il avait commencé, le phénomène disparut. La lumière s’éteignit et le corps d’Emeraude tomba au sol. Les grillons se remirent à chanter, comme si rien ne s’était passé. Diamant se releva lentement, abasourdie. Le choc passé, elle se précipita sur sa fille. Son cœur battait encore. D’ailleurs, il semblait plus vivace qu’avant. Elle toucha son front. La fièvre avait disparu. Elle la prit dans ses bras et remarqua que l’habituelle envie de la mordre ne venait pas. Elle découvrit que sa gorge ne la brûlait plus. Comme si la vague d’aethyr qui l’avait percutée l’avait nourrie. Elle repoussa une mèche de cheveux qui s’était invitée sur son visage juvénile. La petite ouvrit lentement les yeux. Ses prunelles vertes étaient emplies de terreur et son regard avait gagné en maturité. La bouche entrouverte, elle posa une main tremblante sur le bras de sa mère.
- Ils vont tous mourir…
Si j'en ai pas mis, c'est parce qu'un point simple permet de mieux ancrer l'image de fin. Alors que si tu mets trois petits points, t'as envie de pendre une lampe, de la mettre sous ton menton et de faire d'une voix mystérieuse et lugubre :
"Une brûlure... En forme de petites mains... tadadam !!"
Nyklaus : j'ai lu le premier, mais étant un bigorneau en anglais, je ne peux pas lire les 2 autres, parce que je les trouve pas en français
Sinon je suis d'accord avec vous pour les descriptions. Je commence même à m'exaspérer moi-même. Mais j'ai fait sa fête à mon imagination, et elle a décidé de s'y remettre correctement, en faisant un boulot plus approfondi...
*Voit passer une Arken miniature, un oeil au beurre noir et la joue enflée*
Bref ! Voyons ce qu'il en est de mes progrès avec cette petite suite que voici
Bonne lecture !
Diamant contemplait les corps qui s’étalaient devant elle avec une moue frustrée. Tant de réserve potentielle devant elle, et aucun moyen de l’emmener. Cela l’énervait d’autant plus que d’ici deux jours, sa gorge la brûlerait à nouveau. Emeraude voulut partir. Elle s’arrêta quand elle vit que sa maman ne bougeait pas.
- Tu boudes ?
- Tant de nourriture gâchée…
La petite s’immobilisa et imita la moue de sa mère. Mais une idée la fit s’activer. Elle fouilla son sac et en sortit une gourde. Sans autre forme de cérémonie, elle ouvrit le goulot et la vida. Une forte odeur de vin se répandit dans la rue.
- Mon papa cachait toujours sa gourde dans mon sac, pour pas que les autres lui volent. Tu peux la prendre si tu veux.
Le visage de la vampire s’éclaira. Elle remercia sa fille et la prit. Elle s’approcha d’un corps qu’elle n’avait pas encore vidé et lui ouvrit la gorge d’un coup de griffe. Le précieux liquide s’écoula doucement dans le récipient. Une fois rempli, elle le referma, se releva et fit signe à Emeraude de la rejoindre. Elle rangea l’objet dans le sac, prit ce dernier et le mit négligemment sur son épaule. Elle tendit son autre main. L’enfant leva la sienne. Elles partirent du village main dans la main, vers le Nord et les montagnes.
La petite avait pris le rythme nocturne de sa mère. Elles marchaient la nuit, elle dormait le jour. Diamant restait à ses côtés, immobile, et attendait simplement que le soleil se couche une nouvelle fois. La nuit, Emeraude devait sans cesse résister au froid de plus en plus mordant des montagnes. Elle marchait dans un silence pesant. Seul l’effort de la route permettait de la réchauffer. Le corps de sa mère ne dégageait aucune chaleur et se réfugier dans ses bras ne changerait rien à sa situation. Shyish lui avait expliqué qu’elle était déjà morte. Elle avait vérifié cette théorie un jour, alors qu’elle s’endormait contre elle. Son cœur ne battait plus. Elle comprenait désormais pourquoi le vent pourpre aimait bien flotter autour de Diamant, et pourquoi elle ne craignait pas le froid.
La vampire prenait chaque nuit une seule gorgée, afin d’économiser sa seule réserve. Heureusement pour la petite, les sources étaient nombreuses et elle ne manquerait jamais d’eau. Mais elle n’avait pas autant de chance que sa fille. Au bout d’une semaine, le sang avait changé de goût jusqu’à devenir infecte et compact. Elle dut jeter la gourde avec frustration.
Cela faisait bientôt deux semaines qu’elles erraient dans les montagnes. Elles marchaient vers le nord sans autre but que de s’éloigner du désert. Le corps de la petite grelottait alors que la gorge de la mère brûlait. L’idée de se nourrir de la jeune humaine la harcelait. Se nourrir, récupérer des forces, et continuer sa route sans fardeau. Mais à chaque fois qu’elle croisait son regard vert et énigmatique, sa faim se calmait. Une nuit, Emeraude se réveilla déjà frigorifiée. Le visage terne, elle reprit la route au côté de Diamant en trainant le pied. Elle éternua une première fois à peine sortie de leur abri de fortune. Cela continua toute la nuit. Alors que le jour s’approchait, la vampire avait dû la prendre dans ses bras. Elle était trop faible pour marcher. Elle trouva une petite cavité dans la roche. Elle s’y engouffra et déposa la petite sur le sol. Comment faire pour la remettre sur pied ? Les provisions de son sac étaient presque épuisées, elle ne pouvait pas se permettre de lui en redonner une ration. Son regard se perdit à l’extérieur. Elles avaient atteint une autre partie des montagnes. La pierre laissait doucement la place à une petite forêt éparse. Elle soupira. Redescendre vers le désert ne servirait pas. La petite pourrait se réchauffer, mais elle-même n’y survivrait pas. Elle se releva d’un coup. Du bois. Il y avait donc la possibilité de faire du feu ! Elle se dépêcha d’aller ramasser du bois mort avant le lever du soleil. Elle revint peu de temps après, un fagot dans les bras. Elle le laissa tomber au sol et s’agenouilla. Elle s’immobilisa et son sourire disparut. Avec quoi pouvait-elle l’allumer ? Le désespoir n’eut pas le temps de l’envahir. La petite gémissait. Elle s’approcha. Emeraude murmurait. Elle toucha son front. La fièvre la faisait délirer. Fébrile, la vampire prit sa gourde et l’obligea à boire un peu. Après réflexion, elle la fit se blottir dans ses bras. Son corps ne dégageait pas de chaleur, mais au moins il la protégerait du vent glacial.
Le jour s’était levé. L’une et l’autre n’avaient pas bougé d’un pouce. De temps à autre, la voix frêle de la jeune fille perçait le silence par de courts murmures. L’air s’était réchauffé peu à peu. La petite avait encore froid, mais à cause de la fièvre. Au moins, son corps de marbre permettait d’apporter un peu de fraicheur à son front brulant. Elle vit la clarté du jour se déplacer au fur et à mesure de la course du soleil. Plusieurs fois, elle avait porté la gourde à ses lèvres. Emeraude réagissait à peine. Elle buvait un peu et repartait dans ce monde étrange, entre sommeil et délires. Alors que le crépuscule faisait rougeoyer le paysage dans une atmosphère étouffée, elle décida de la faire manger. Elle examina le sac et en sortit un morceau de viande séchée. Le dernier. Elle ne pouvait pas faire autrement que de lui donner. Il fallait qu’elle reprenne des forces. Il fallait juste espérer que Geheb accepte de leur offrir une autre échappatoire par le biais d’un gibier perdu la nuit suivante. La petite se força à mâcher en bredouillant de faibles protestations. Elle l’observa s’endormir à nouveau. Elle finit par se lever. Son visage reflétait le désespoir. Elle allait devoir l’abandonner là, toute seule, le temps de trouver une proie. Ses yeux trouvèrent le ciel et la lune blanche qui venait d’apparaitre. Que Neru veille sur elle. Elle fit un pas et s’arrêta. Les yeux plissés, elle écoutait. Un détail la perturbait. Une absence… La respiration profonde de sa fille s’était stoppée. Une lumière ténébreuse apparut dans la grotte et dessinait sa silhouette sur le sol, comme une ombre statufiée. Les nuages cachèrent l’astre nocturne. Elle se retourna.
Sous ses yeux exorbités, Emeraude flottait. Figée dans les airs comme un pantin, ses bras et ses jambes pendaient mollement dans le vide. Seuls ses cheveux semblaient vivants. Ils bougeaient au rythme d’un vent invisible. Enfin, sa tête était relevée vers le ciel, et ses yeux verts brillaient du même éclat que la lune maléfique. La lueur obscure provenait d’elle et faisait comme une aura tout autour de son corps. Elle voulut s’approcher de sa fille. Elle s’immobilisa quand une voix retentit tout autour d’elle. Une voix hybride et infernale, comme si Usirian était sorti de l’Au-Delà pour envahir le monde des vivants. Cette voix terrifiante sortait de la bouche de l’enfant. Elle scandait dans une langue qui lui était inconnue, rugueuse, écorchée, et accélérait de plus en plus. La voix se dédoubla, et par-dessus cette litanie sépulcrale la vampire put discerner quelques mots de Nehekharien.
- Vengeance…
La sombre aura autour d’Emeraude devint plus intense.
- Vitae…
Ses cheveux furent pris dans une tornade d’aethyr.
- Souffrances…
Ses yeux éclairèrent la nuit comme un soleil.
- MORT !
Diamant fut percutée par un force inconnue. Elle tomba au sol sous le choc. Elle releva la tête, mais dut la baisser aussitôt. Sa fille était devenue la source d’une lumière aveuglante. Elle ne put qu’attendre, la tête détournée, alors que les voix devenues multiples se rassemblèrent dans le même discours, se transformant en un chœur lugubre.
- CEUX QUI ONT JADIS REJETE LA MORT DEVRONT DESORMAIS LA VIVRE !
Les voix infernales se turent d’un coup, remplacé par un cri. Un cri de petite fille, surpassant le bruit cauchemardesque de la magie pure concentrée. Soudain, aussi vite qu’il avait commencé, le phénomène disparut. La lumière s’éteignit et le corps d’Emeraude tomba au sol. Les grillons se remirent à chanter, comme si rien ne s’était passé. Diamant se releva lentement, abasourdie. Le choc passé, elle se précipita sur sa fille. Son cœur battait encore. D’ailleurs, il semblait plus vivace qu’avant. Elle toucha son front. La fièvre avait disparu. Elle la prit dans ses bras et remarqua que l’habituelle envie de la mordre ne venait pas. Elle découvrit que sa gorge ne la brûlait plus. Comme si la vague d’aethyr qui l’avait percutée l’avait nourrie. Elle repoussa une mèche de cheveux qui s’était invitée sur son visage juvénile. La petite ouvrit lentement les yeux. Ses prunelles vertes étaient emplies de terreur et son regard avait gagné en maturité. La bouche entrouverte, elle posa une main tremblante sur le bras de sa mère.
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Re: Origines
Lun 1 Déc 2014 - 19:43
Il y a déjà plus de description mais il reste des petits défauts, par exemple même si tu parles d’une forêt tu ne précises pas de quel type (de résineux, mixte, feuillus…) alors soit on est en montagne et donc il est simple de deviner une forêt de résineux (c’est de la logique si les montagnes sont dans me style des Alpes et des Pyrénées). Je n’ai pas relevé de fautes (en même temps c’est dur dans tes textes)
Par contre, une remarque: « La petite avait pris le rythme nocturne de sa mère. »
J’aurais plutôt mis « La petite s’était adaptée au rythme nocturne de se mère » ou « la petite s’était habituée au rythme nocturne de sa mère » ça fait plus propre je trouve (mais c’est très subjectif)
En clair un bon petit texte mais il faudrait améliorer un petit peu au niveau descriptif pour entrer dans l’ambiance.
Par contre, une remarque: « La petite avait pris le rythme nocturne de sa mère. »
J’aurais plutôt mis « La petite s’était adaptée au rythme nocturne de se mère » ou « la petite s’était habituée au rythme nocturne de sa mère » ça fait plus propre je trouve (mais c’est très subjectif)
En clair un bon petit texte mais il faudrait améliorer un petit peu au niveau descriptif pour entrer dans l’ambiance.
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Re: Origines
Lun 1 Déc 2014 - 19:59
Je rejoins l'émissaire skink : il y a des phrases de description par endroits, mais surtout pour un côté pratique, pour qu'on se situe vaguement le milieu où se déroule l'action. Pour plus d'immersion, tu peux largement consacrer un paragraphe, voire deux, pour décrire la montagne où Diamant et Emeraude se déplacent, et la forêt où Diamant va trouver du bois. Un tel passage permet de mettre une ambiance ! Visions, odeurs, bruits, surfaces... Tout est bon dans la description !
Bon, je dis ça, mais je suis totalement bloqué dans mon propre récit
Deux remarques plus subjectives de ma part : la prémonition de la fillette est une idée superbe, qui met beaucoup d'ambiance !
Le fait qu'elle suffit à régler tous leurs problèmes physiques l'est un peu moins. Trop facile à mon goût
La suite !
Bon, je dis ça, mais je suis totalement bloqué dans mon propre récit
Deux remarques plus subjectives de ma part : la prémonition de la fillette est une idée superbe, qui met beaucoup d'ambiance !
Le fait qu'elle suffit à régler tous leurs problèmes physiques l'est un peu moins. Trop facile à mon goût
La suite !
Re: Origines
Lun 1 Déc 2014 - 20:33
Premier commentaire chez dame Arken !
Mwell mais c'est que j'ai pas grand chose à dire non plus, vu que c'est très bien.
Ah oui, ton dernier post en page 1 :
Nan ça me piquait les yeux, le tout dans la même réplique.
Sinon pour ce qui est du fond, rien à dire même si l'histoire se déroule plus lentement qu'au début. J'ai hâte d'en voir la suite.
Par contre, bon sang de bonsoir de mille sabords, on est en Nehekhara que diable ! Une sacrée tere exotique, ça. Sa culture, sa faune, sa flore, son décors... Qu'on ne voit pas du tout. Et c'est bien dommage, y avait de quoi faire de sacrée belles descriptions dans le palais, et puis dans les montagnes... Dommage, quoi.
Et puis, si je puis me permettre, je crois me souvenir qu'à cette époque là, les vampires ne craignaient pas encore la lumière du soleil. Ce n'est qu'après, lorsqu'ils trahirent Nagash et fuirent (après s'être ralliés à lui), que ce dernier les maudit à souffrir de la morsure solaire...
Mais je peux très bien me tromper.
My two cents,
Grom'
PS : Et bien sûr je veux la suite, par Geheb !
Mwell mais c'est que j'ai pas grand chose à dire non plus, vu que c'est très bien.
Ah oui, ton dernier post en page 1 :
"a tué", "leurs cadavres", "j'aurai".Où étaient les dieux quand l’Usurpateur a mis à feu et à sang notre patrie, a maudit tous nos dieux et leurs principes, à tuer nos familles pour utiliser leur cadavre contre nous ? Où étaient-ils quand la reine et ses proches ont trouvé le secret corrompu de l’immortalité, au prix du sacrifice de milliers d’humains ? Non, Shenata, je ne serai plus une de ces victimes anonymes qui existent juste pour souffrir. Moi aussi, j’aurais le pouvoir !
Nan ça me piquait les yeux, le tout dans la même réplique.
Sinon pour ce qui est du fond, rien à dire même si l'histoire se déroule plus lentement qu'au début. J'ai hâte d'en voir la suite.
Par contre, bon sang de bonsoir de mille sabords, on est en Nehekhara que diable ! Une sacrée tere exotique, ça. Sa culture, sa faune, sa flore, son décors... Qu'on ne voit pas du tout. Et c'est bien dommage, y avait de quoi faire de sacrée belles descriptions dans le palais, et puis dans les montagnes... Dommage, quoi.
Et puis, si je puis me permettre, je crois me souvenir qu'à cette époque là, les vampires ne craignaient pas encore la lumière du soleil. Ce n'est qu'après, lorsqu'ils trahirent Nagash et fuirent (après s'être ralliés à lui), que ce dernier les maudit à souffrir de la morsure solaire...
Mais je peux très bien me tromper.
My two cents,
Grom'
PS : Et bien sûr je veux la suite, par Geheb !
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
- ArkenMaîtresse des fouets
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Re: Origines
Mar 13 Jan 2015 - 18:57
Pop ! Je suis de retour Pour vous jouer un mauvais tour...
Il semblerait que je retrouve enfin ma véritable inspiration chérie Vos commentaires sur les descriptions m'ont fait prendre conscience que mon style était devenu un simple outil immonde de communication, dénué de couleur (Un jour, je modifierai les passages concernés, promis ).
Et voilà une suite, légèrement plus petite que celle de Tilla, je vous l'accorde, mais que je trouve beaucoup plus sympathique que les précédentes
Bonne lecture !
Elles avaient repris la route. Emeraude était en tête et avançait d’un bond pas. Elle ne parlait que très peu, et ses yeux étaient fixés à l’horizon, remplis de détermination. Diamant la suivait sans difficulté à travers les arbres, mais elle ne comprenait pas cette soudaine énergie.
- Pourquoi vas-tu si vite ? Tu vas te fatiguer, et nous n’avons plus de provisions.
- Il nous a autorisé quelques heures. Quelqu’un a donné de la puissance à Shyish. Beaucoup de puissance. Il m’a dit qu’il était assez fort pour nous donner de l’énergie pour les heures qui viennent. Mais qu’une fois le délai passé, la faim et le froid reviendront. Nous devons donc nous dépêcher pour l’atteindre.
- Mais atteindre quoi ?
L’enfant ne répondit pas. Elle sauta avec agilité sur une pierre. Elle examina la forêt. Des arbres chétifs mais toute fois assez vigoureux pour survivre à cette altitude. Leur tronc sortait d’une terre grise et caillouteuse. Le seul signe de vie venait de leurs épines vertes.
- Il faut remonter. Repasser par les chemins entre les pierres.
Elle sauta de son promontoire et continua sa route vers le pic rocheux qui apparaissait au loin. La vampire l’observa. Elles y seraient avant le lever du jour. Elles empruntèrent un chemin escarpé, sinuant entre les blocs de pierre aussi sombres que le ciel. Plus elles avançaient, plus elle avait l’impression que sa fille gagnait en assurance et en agilité. Elle esquivait les pierres instables aussi bien qu’une immortelle. Elle ne perdit pas une fois l’équilibre. Elles finirent par arriver sur un promontoire. Emeraude posa sa main sur le pic de pierre et regarda au loin. Diamant parcourut les quelques mètres la séparant du sommet et se statufia.
Un paysage magnifique s’étendait sous leurs pieds. Une grande vallée grignotait peu à peu la montagne. A l’est, les pierres dominaient encore un monde stérile ou seuls quels buissons rachitiques avaient leur place. Puis apparaissait peu à peu la même forêt qu’elles avaient traversée au début de la nuit. Des pins au tronc fin et sans grande envergure. Mais ce petit bois s’arrêtait brusquement par un long dénivelé, sans doute un ancien glissement de terrain, qui révélait une petite rivière qui dévalait tranquillement la montagne. Mais ce qui retint l’attention de la vampire fut la sylve qui trônait quelques centaines de mètres plus bas. Une forêt dense, énorme, qui avalait le cours d’eau pour le libérer seulement en fin de vallée, à l’ouest, après avoir creusé son lit et augmenté son débit. Elle arrivait à deviner la couleur verte sombre des résineux, mais la couleur dominante était le blanc. Un blanc fantomatique, rendu éthéré par l’éclat des deux lunes qui caressait doucement la cime des arbres.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Mon papa me racontait une histoire quand nous étions dans le désert. Il me parlait de montagnes si froides, que même la pluie mettait un manteau pour ne pas tomber malade. Un manteau tout blanc qu’on appelle neige. Ca doit être ça.
Elles restèrent muettes quelques instants à contempler ce phénomène merveilleux. Soudain, Emeraude sentit sa peau se strier de dizaines de points glacés. Elle baissa les yeux, et découvrit des flocons de neige qui tombaient sur sa main et qui fondaient instantanément. Elle leva la tête et ses yeux s’illuminèrent. Quelques nuages avaient caché les étoiles et laissaient échapper des milliers de petites pépites blanches. La vampire était tout aussi émerveillée, le regard tourné vers le ciel.
- Moi, quand j’étais petite, ma maman me racontait que le haut des montagnes était blanc à cause des nuages qui s’accrochaient dessus. Mais ton histoire est encore plus jolie.
La mère et la fille se sourirent et entreprirent la descente vers la vallée, main dans la main, la neige se déposant peu à peu sur leurs fines silhouettes.
Le soleil s’était levé au dessus des nuages. La petite contemplait le ciel sombre d’un air anxieux. L’angoisse croissante la rendait fébrile. Combien de temps encore seraient-elles épargnées ? Shyish était trop agité pour l’écouter et lui répondre. Il semblait incapable de contrôler cette nouvelle puissance. Il passait entre les squelettes d’arbres séchés avec des sifflements qui lui laissaient présager le pire. Ses petits doigts arrivèrent à crocheter ceux de sa mère. Celle-ci s’arrêta et l’observa, le regard rembruni.
- Tes mains sont gelées…
L’enfant ne prononça mot. Seuls ses yeux témoignaient de la peur qui la gagnait peu à peu. La vampire observa le chemin qui leur restait à parcourir. A ce rythme, elles ne réussiraient jamais à sortir de la vallée. Elle attrapa sa fille et l’installa sur son dos.
- Accroche-toi bien.
Elle la sentit hocher la tête. L’immortelle respira profondément. Elle analysa le terrain qui s’étalait devant elle. Elle l’avait déjà fait dans le désert, pour échapper au soleil, au milieu de dunes et de bosses plus traitresses les unes que les autres. Elle allait réussir. Elle inspira profondément une dernière fois et se mit en mouvement. Sa tresse se souleva dans les airs alors que ses pieds se succédaient sur les pierres, en les effleurant comme le vent. Le sol défilait sous ses yeux sous formes de tâches grises diffuses. Tout sa concentration était dirigée une dizaine de pas plus loin, à saisir en quelques secondes les prochains endroits où ses pieds iraient se poser à la manière d’un souffle. Seules comptaient la route, la sensation de chaleur sur ses bras et son dos, et les petites mains qui la tenaient fortement par les épaules.
L’analyse du terrain devenu instinctif, elle abandonna sa raison pour laisser faire son corps. Dans une sorte de transe, elle le voyait devenir autonome et choisir seul le meilleur chemin. Malheureusement, elle oublia que le corps, même autonome, avait besoin d’un cerveau. Elle remarqua que trop tard qu’il n’y avait plus de chemin à emprunter. Emportée dans son élan, elle eut un dernier réflexe. Face au vide qui l’englobait, son pied percuta le bout de la corniche et utilisa toute sa force pour s’élever dans le ciel. Le bruit de sa course s’était interrompu, tout comme le temps autour d’elle. Le vent vint caresser son visage, seule perturbation du calme ambiant. Mais la gravité reprit ses droits et elle sentit avec horreur son corps devenir lourd et chuter de plus en plus vite. Sous ses yeux, le sol dur et hasardeux se rapprochait dangereusement.
Un cri résonna à quelques pouces de ses oreilles. Un cri aigu et intense, mais dénué d’effroi. Emeraude, qui avait resserré sa prise, hurlait d’excitation. Une sorte de joie intense qui avait accéléré les battements de son cœur. N’avait-elle pas vu le sol sur lequel elles allaient s’écraser d’ici quelques secondes ? La mère tourna la tête et croisa le regard de sa fille un court instant. Bref, mais suffisant. La petite avait une totale confiance en elle. Si elle avait sauté, c’était parce qu’elles ne risquaient rien. Elle réfléchit à vive allure, alors que la terre se précisait de plus en plus. Pourquoi son corps n’avait pas essayé de freiner au lieu de se jeter dans le vide ? Parce qu’elle en était capable. Priant pour que son intuition fût la bonne, elle se prépara à l’impact et dédia une prière mentale à Geheb. Elle ferma les yeux et… se retrouva sur les fesses. Tout c’était passé très vite. Ses jambes s’étaient fléchies et avaient absorbé une grande partie de l’impact, et le peu de surplus l’avait projetée à une dizaine de pas. Elle se laissa un temps pour que le choc disparaisse et qu’elle retrouve ses esprits. Elle ne sentait plus sa fille sur son dos. Elle voulut se retourner pour s’enquérir de son état, mais n’en eut pas le temps. Emeraude lui sauta dessus, les bras autour du cou, un grand sourire sur le visage.
- C’était génial ! On recommence ?
Il semblerait que je retrouve enfin ma véritable inspiration chérie Vos commentaires sur les descriptions m'ont fait prendre conscience que mon style était devenu un simple outil immonde de communication, dénué de couleur (Un jour, je modifierai les passages concernés, promis ).
... ... ... Niaaaaa !! ... Zut ! Voilà ! Extrapolation du fluff POWER !!!Et puis, si je puis me permettre, je crois me souvenir qu'à cette époque là, les vampires ne craignaient pas encore la lumière du soleil. Ce n'est qu'après, lorsqu'ils trahirent Nagash et fuirent (après s'être ralliés à lui), que ce dernier les maudit à souffrir de la morsure solaire...
Et voilà une suite, légèrement plus petite que celle de Tilla, je vous l'accorde, mais que je trouve beaucoup plus sympathique que les précédentes
Bonne lecture !
Elles avaient repris la route. Emeraude était en tête et avançait d’un bond pas. Elle ne parlait que très peu, et ses yeux étaient fixés à l’horizon, remplis de détermination. Diamant la suivait sans difficulté à travers les arbres, mais elle ne comprenait pas cette soudaine énergie.
- Pourquoi vas-tu si vite ? Tu vas te fatiguer, et nous n’avons plus de provisions.
- Il nous a autorisé quelques heures. Quelqu’un a donné de la puissance à Shyish. Beaucoup de puissance. Il m’a dit qu’il était assez fort pour nous donner de l’énergie pour les heures qui viennent. Mais qu’une fois le délai passé, la faim et le froid reviendront. Nous devons donc nous dépêcher pour l’atteindre.
- Mais atteindre quoi ?
L’enfant ne répondit pas. Elle sauta avec agilité sur une pierre. Elle examina la forêt. Des arbres chétifs mais toute fois assez vigoureux pour survivre à cette altitude. Leur tronc sortait d’une terre grise et caillouteuse. Le seul signe de vie venait de leurs épines vertes.
- Il faut remonter. Repasser par les chemins entre les pierres.
Elle sauta de son promontoire et continua sa route vers le pic rocheux qui apparaissait au loin. La vampire l’observa. Elles y seraient avant le lever du jour. Elles empruntèrent un chemin escarpé, sinuant entre les blocs de pierre aussi sombres que le ciel. Plus elles avançaient, plus elle avait l’impression que sa fille gagnait en assurance et en agilité. Elle esquivait les pierres instables aussi bien qu’une immortelle. Elle ne perdit pas une fois l’équilibre. Elles finirent par arriver sur un promontoire. Emeraude posa sa main sur le pic de pierre et regarda au loin. Diamant parcourut les quelques mètres la séparant du sommet et se statufia.
Un paysage magnifique s’étendait sous leurs pieds. Une grande vallée grignotait peu à peu la montagne. A l’est, les pierres dominaient encore un monde stérile ou seuls quels buissons rachitiques avaient leur place. Puis apparaissait peu à peu la même forêt qu’elles avaient traversée au début de la nuit. Des pins au tronc fin et sans grande envergure. Mais ce petit bois s’arrêtait brusquement par un long dénivelé, sans doute un ancien glissement de terrain, qui révélait une petite rivière qui dévalait tranquillement la montagne. Mais ce qui retint l’attention de la vampire fut la sylve qui trônait quelques centaines de mètres plus bas. Une forêt dense, énorme, qui avalait le cours d’eau pour le libérer seulement en fin de vallée, à l’ouest, après avoir creusé son lit et augmenté son débit. Elle arrivait à deviner la couleur verte sombre des résineux, mais la couleur dominante était le blanc. Un blanc fantomatique, rendu éthéré par l’éclat des deux lunes qui caressait doucement la cime des arbres.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Mon papa me racontait une histoire quand nous étions dans le désert. Il me parlait de montagnes si froides, que même la pluie mettait un manteau pour ne pas tomber malade. Un manteau tout blanc qu’on appelle neige. Ca doit être ça.
Elles restèrent muettes quelques instants à contempler ce phénomène merveilleux. Soudain, Emeraude sentit sa peau se strier de dizaines de points glacés. Elle baissa les yeux, et découvrit des flocons de neige qui tombaient sur sa main et qui fondaient instantanément. Elle leva la tête et ses yeux s’illuminèrent. Quelques nuages avaient caché les étoiles et laissaient échapper des milliers de petites pépites blanches. La vampire était tout aussi émerveillée, le regard tourné vers le ciel.
- Moi, quand j’étais petite, ma maman me racontait que le haut des montagnes était blanc à cause des nuages qui s’accrochaient dessus. Mais ton histoire est encore plus jolie.
La mère et la fille se sourirent et entreprirent la descente vers la vallée, main dans la main, la neige se déposant peu à peu sur leurs fines silhouettes.
Le soleil s’était levé au dessus des nuages. La petite contemplait le ciel sombre d’un air anxieux. L’angoisse croissante la rendait fébrile. Combien de temps encore seraient-elles épargnées ? Shyish était trop agité pour l’écouter et lui répondre. Il semblait incapable de contrôler cette nouvelle puissance. Il passait entre les squelettes d’arbres séchés avec des sifflements qui lui laissaient présager le pire. Ses petits doigts arrivèrent à crocheter ceux de sa mère. Celle-ci s’arrêta et l’observa, le regard rembruni.
- Tes mains sont gelées…
L’enfant ne prononça mot. Seuls ses yeux témoignaient de la peur qui la gagnait peu à peu. La vampire observa le chemin qui leur restait à parcourir. A ce rythme, elles ne réussiraient jamais à sortir de la vallée. Elle attrapa sa fille et l’installa sur son dos.
- Accroche-toi bien.
Elle la sentit hocher la tête. L’immortelle respira profondément. Elle analysa le terrain qui s’étalait devant elle. Elle l’avait déjà fait dans le désert, pour échapper au soleil, au milieu de dunes et de bosses plus traitresses les unes que les autres. Elle allait réussir. Elle inspira profondément une dernière fois et se mit en mouvement. Sa tresse se souleva dans les airs alors que ses pieds se succédaient sur les pierres, en les effleurant comme le vent. Le sol défilait sous ses yeux sous formes de tâches grises diffuses. Tout sa concentration était dirigée une dizaine de pas plus loin, à saisir en quelques secondes les prochains endroits où ses pieds iraient se poser à la manière d’un souffle. Seules comptaient la route, la sensation de chaleur sur ses bras et son dos, et les petites mains qui la tenaient fortement par les épaules.
L’analyse du terrain devenu instinctif, elle abandonna sa raison pour laisser faire son corps. Dans une sorte de transe, elle le voyait devenir autonome et choisir seul le meilleur chemin. Malheureusement, elle oublia que le corps, même autonome, avait besoin d’un cerveau. Elle remarqua que trop tard qu’il n’y avait plus de chemin à emprunter. Emportée dans son élan, elle eut un dernier réflexe. Face au vide qui l’englobait, son pied percuta le bout de la corniche et utilisa toute sa force pour s’élever dans le ciel. Le bruit de sa course s’était interrompu, tout comme le temps autour d’elle. Le vent vint caresser son visage, seule perturbation du calme ambiant. Mais la gravité reprit ses droits et elle sentit avec horreur son corps devenir lourd et chuter de plus en plus vite. Sous ses yeux, le sol dur et hasardeux se rapprochait dangereusement.
Un cri résonna à quelques pouces de ses oreilles. Un cri aigu et intense, mais dénué d’effroi. Emeraude, qui avait resserré sa prise, hurlait d’excitation. Une sorte de joie intense qui avait accéléré les battements de son cœur. N’avait-elle pas vu le sol sur lequel elles allaient s’écraser d’ici quelques secondes ? La mère tourna la tête et croisa le regard de sa fille un court instant. Bref, mais suffisant. La petite avait une totale confiance en elle. Si elle avait sauté, c’était parce qu’elles ne risquaient rien. Elle réfléchit à vive allure, alors que la terre se précisait de plus en plus. Pourquoi son corps n’avait pas essayé de freiner au lieu de se jeter dans le vide ? Parce qu’elle en était capable. Priant pour que son intuition fût la bonne, elle se prépara à l’impact et dédia une prière mentale à Geheb. Elle ferma les yeux et… se retrouva sur les fesses. Tout c’était passé très vite. Ses jambes s’étaient fléchies et avaient absorbé une grande partie de l’impact, et le peu de surplus l’avait projetée à une dizaine de pas. Elle se laissa un temps pour que le choc disparaisse et qu’elle retrouve ses esprits. Elle ne sentait plus sa fille sur son dos. Elle voulut se retourner pour s’enquérir de son état, mais n’en eut pas le temps. Emeraude lui sauta dessus, les bras autour du cou, un grand sourire sur le visage.
- C’était génial ! On recommence ?
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Re: Origines
Mar 13 Jan 2015 - 21:11
Bon, c’est comme l’autre texte ici. Je suis bien content d’avoir eu de la si bonne lecture
Par contre Emeraude est… folle? Je pense que c’est un euphémisme
Bon je n’ai pas vu de fautes mais comme je bosse pas mal actuellement et bien j’en ai peut-être laissé passer un peu
Aller, la suite
Par contre Emeraude est… folle? Je pense que c’est un euphémisme
Bon je n’ai pas vu de fautes mais comme je bosse pas mal actuellement et bien j’en ai peut-être laissé passer un peu
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Re: Origines
Mer 14 Jan 2015 - 19:02
J'ai cru voir une ou deux fautes quelque part, une rapide relecture suffira certainement à les éliminer
Sinon, j'éprouve ma sempiternelle irritation à voir ces deux vagabondes se balader innocemment, mais je me dis cette fois-ci que c'est peut-être de la jalousie, vu la misère que vivent mes propres héros
La suite !
Sinon, j'éprouve ma sempiternelle irritation à voir ces deux vagabondes se balader innocemment, mais je me dis cette fois-ci que c'est peut-être de la jalousie, vu la misère que vivent mes propres héros
La suite !
Re: Origines
Jeu 15 Jan 2015 - 19:08
Aaaaah, on sent l'inspiration qui remonte, et c'est bon !
Très belle suite, on sent que tu n'as pas encore atteint ton plein potentiel et, comme pour les dernières scènes que tu nous as faites, je trouve que tu te perds un peu dans le fil de ta propre histoire qui perd du coup son rythme, pourtant si entraînant au début... Mais ça repart, et rien que ça, c'est bien.
Et puis pour ce qui est de la forme, c'est toujours aussi bien écrit et plaisant à lire...
Allez, prions pour que l'inspiration dure assez pour nous donner une suite bientôt !
Grom'
Très belle suite, on sent que tu n'as pas encore atteint ton plein potentiel et, comme pour les dernières scènes que tu nous as faites, je trouve que tu te perds un peu dans le fil de ta propre histoire qui perd du coup son rythme, pourtant si entraînant au début... Mais ça repart, et rien que ça, c'est bien.
Et puis pour ce qui est de la forme, c'est toujours aussi bien écrit et plaisant à lire...
Allez, prions pour que l'inspiration dure assez pour nous donner une suite bientôt !
Grom'
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Uzkul ged a ibid Dawi. Bar Dawi urz grim un grom, un ekrokit "Nai. Drekgit.". Un Uzkul drekged.
La mort vint pour obtenir la vie du nain. Mais le nain était brave et obstiné, et répondit : "Non, va-t-en." Et la mort passa son chemin.
Proverbe nain.
Traduction réalisée d'après Grudgelore, de Nick Kyme et de Gave Thorpe.
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Re: Origines
Ven 6 Fév 2015 - 9:54
Oyez, braves gens, voici les dernières nouvelles ! Une suite rien que pour vous, pour commencer le week-end de la meilleur façon !
Bonne lecture... MOUAHAHAHAHA !
Elles avaient atteint la forêt. Immense royaume de végétaux. Le vert au départ omniprésent était envahi par le blanc qui avait déjà laissé un duvet froid sur le sol. D’abord émerveillée, Diamant finit par maudire ce lieu qui contenait autant d’humidité. Sa fille fatiguée dans les bras, elle avançait tant bien que mal et s’enfonçait dans la neige à chaque pas. Elle avait l’impression de marcher aussi vite qu’une de ces créatures gluantes à coquille qui pullulaient sur les arbres. Jamais elles ne sortiraient de la vallée à ce rythme. La baisse d’énergie d’Emeraude était sans équivoque. Il fallait qu’elle trouve une solution, et vite. Elle ne savait pas combien de temps elle pourrait résister à sa soif naissante avec une humaine dans les bras.
Elle trouva la rivière qui serpentait entre les arbres. Elle remarqua avec ironie que le terrain le moins humide était les rives. Elle laissa ses bottes s’enfoncer encore quelques instants dans la neige et la boue et finit par rejoindre la berge. Les pierres rejetées par le courant étaient peut-être moins stables, mais son agilité compensait ce manque d’équilibre. Il était tout de même plus agréable de marcher sur un sol dépourvu de neige. Un pas après l’autre, elle retrouva un rythme plus soutenu, accompagné d’un petit espoir.
La forêt était sans fin. C’était ce que pensait la vampire, tandis que ses jambes continuaient irrévocablement d’avancer. La rivière prenait peu à peu de l’ampleur, mais toujours les mêmes arbres, la même humidité, le même chemin. Et le bruit régulier de respiration de sa fille endormie. Si ce périple avait un terme, elle espérait bientôt l’atteindre. Plus elle marchait, plus la sensation de puissance qui l’accompagnait depuis la grotte s’estompait. Comme si son corps perdait toute ambition, pour se concentrer sur seul un détail. L’espèce de gêne dans sa gorge. Elle cheminait depuis des heures aux côtés d’un cours d’eau, et pourtant sa bouche restait sèche. La seule chose qui lui permettait de persévérer était le petit battement de cœur et la chaleur qui émanait de la petite, assoupie dans ses bras. Une chaleur qui ne cessait de diminuer dans tout son corps, tandis que son front devenait brulant.
Ses yeux dérivèrent une énième fois sur le doux visage de la petite fille. Son état était similaire à celui qui avait failli l’emporter la veille. Qu’est-ce qui lui empêchait de mettre fin à ses souffrances en soulageant les siennes ? Cette sournoise hypothèse s’insinuait dans son esprit aussi vivement que le feu qui se répandait dans sa gorge. Une fois nourrie, elle n’aurait plus de fardeau à porter, et elle pourrait continuer son chemin aussi libre que le vent. Son regard descendit sur la peau blanche et délicate de son cou, où elle pouvait apercevoir une petite veine palpiter au rythme de sa respiration. Elle s’arrêta. Sa main blafarde vint caresser sa joue. Ses crocs s’allongèrent dans une douleur sourde et cuisante. Elle respira longuement l’odeur de la petite humaine. Quand elle rouvrit les yeux, emplis d’une lueur malsaine, un éclat de lumière attira son attention. Un petit anneau autour de son doigt, dont la légère couleur argentée lui fit reprendre ses esprits. Antef. Elle se fit violence pour empêcher la vague de chagrin de l’immerger entièrement. Elle secoua la tête dans un gémissement. Pourquoi son souvenir revenait la hanter maintenant ? Sa faim remise au second plan après ce débordement d’émotions, elle put distinguer une petite voix dans sa tête. Une voix familière. Elle libéra une de ses mains et ouvrit sa sacoche. Ses doigts fouillèrent et s’immobilisèrent au contact d’un objet qu’elle reconnaitrait d’un simple effleurement. Avec lenteur, elle redressa son poing, serré sur une chaine d’or et d’argent. Une pierre écarlate se balançait doucement dans le vide. Elle se statufia. La bouche légèrement entrouverte, ses yeux ne pouvaient se détacher du joyau. Elle s’assit à même le sol, gardant sa fille machinalement contre son torse. Son regard toujours braqué sur le rubis, ses murmures s’élevèrent dans les airs, et firent des arbres les seuls confidents de sa réflexion.
- Pourquoi… pourquoi il revient maintenant… Tu le sais, Shenata… Ta vie de mortelle t’a laissée dans la solitude… Si seule… Qu’un mari distant, et une amie traitresse… Et même pas de progéniture pour te combler… Combien d’enfants as-tu perdus, ma chère ? Oui, recompte-les… Souviens-toi du mal, de la souffrance qu’ont engendré leurs corps froids dans tes bras… Le même froid qui enveloppe le tien à présent… Oui, tu le sais, tu es morte… Shenata est morte… Elle n’existe plus… Ta mort t’offre l’occasion que tu as toujours rêvée… Regarde-la… Si jeune, si innocente… Un magnifique festin, n’est-ce pas ? Mais une fois son âme disparue, une fois face à son corps sans vie, que deviendras-tu ? Veux-tu retrouver la solitude qui te poursuivait ? Tu irais tuer cette enfant… La seule que les dieux t’ont laissée… Une petite si prometteuse… Oui, elle a du potentiel, tu le sais… Ce pouvoir mystérieux… Résiste à ta faim, et ta fille deviendra une alliée éternelle… et peut-être qu’un jour, elle t’aidera à te venger… venger la mort de ton époux et ta vie misérable…
Le son de sa voix s’évanouit peu à peu. Elle se releva vivement et hocha la tête. Un dernier coup d’œil à la pierre et elle retrouva le fond de la sacoche. Elle recala Emeraude contre elle et repartit, le regard déterminé.
Les traits tirés, les cheveux en bataille, elle avançait de plus en plus lentement. Ses forces la quittaient pour mieux brûler sa gorge. Elle portait Emeraude sur son dos. Comme ça, elle ne la voyait pas. Tant qu’elle ne la voyait pas, elle ne craquerait pas. Avancer. Il fallait avancer. Où ? Aucune importance. Avancer. Sortir de cette forêt. Le peu d’animaux présents ne suffisaient même plus à la sustenter. Elle devait trouver des humains. D’autres humains. Elle ne devait pas la tuer. Non, pas la tuer. Avancer. Encore. La nuit revenait. Elle la sentait. Les eaux devinrent sombres. Les arbres se transformèrent en silhouettes imposantes. Le battement régulier du cœur auquel elle s’accrochait devenait faible. Droit devant. Marcher droit devant. Sortir de la forêt…
Un bruit. Pas n’importe lequel. Un feu qui crépitait. Elle abandonna les rives et dévia vers le son. Un feu. Dans une forêt enneigée. Ptra n’y était pour rien. Sa foudre ne s’était pas déchainée depuis longtemps. Un feu… et des bribes de paroles. Des humains ! Elle avait trouvé des humains, elle allait pouvoir se nourrir… Un grand massacre, le plus grand festin qu’elle n’aurait jamais fait… Elle s’approcha silencieusement. Des ombres mouvantes éclairaient les troncs. Au milieu des branches, elle aperçut un campement. Une tribu. Une tribu vivait ici. Une silhouette passa à quelques pieds d’elle. Elle se prépara à sauter. Un gémissement retentit derrière elle. Elle se statufia. Emeraude. Elle aussi devait avoir faim. Et elle avait besoin de soin. Ces hommes pouvaient-elle lui venir en aide ? Mais si elle se montrait, ils comprendraient qu’elle n’était pas humaine… La panique la submergeait peu à peu. Que faire ? Sa main fébrile chercha la couronne. Le rubis était toujours là. Elle l’observa quelques instants. Oui. C’était une bonne idée. Elle posa sa fille au sol. Elle fit craquer quelques branches. L’humain finit par les entendre et s’approcha, une lance à la main. Elle se dépêcha de grimper dans un arbre. Le rubis au creux de sa paume, elle s’immobilisa et contempla la scène.
Méfiant, il dépassa les dernières tentes, la pointe de sa lance vers l’avant. Il repoussa une branche recouverte de neige. Il marchait avec précaution, prenant soin de ne pas faire de bruit. La nuit venait à peine de tomber. Les animaux ne s’étaient pas encore réveillés. Et jamais ils ne s’approcheraient autant de leur campement. Il s’immobilisa, scruta les fourrés et attendit. Il finit par abandonner ses recherches. C’était sans doute un oiseau dans les arbustes. Il se retourna et sursauta. Elle était si discrète qu’il ne l’avait pas remarqué. Une petite fille était recroquevillée au creux d’un arbre. Sans même un manteau de fourrure pour se couvrir. Il s’avança, vérifia encore une fois les alentours et s’agenouilla. Sa peau était aussi blanche que la neige. Il posa sa main sur son visage. Brûlant comme le soleil. Après une brève hésitation, il la hissa sur son épaule et repartit vers le camp.
Il arriva bientôt devant une tente. Il s’annonça et entra. Mère Nashra l’attendait.
- Que t’arrive-t-il ?
- Je viens de trouver cette jeune fille, grand prêtresse. Elle semble mal en point. Peut-être pourrez-vous la guérir.
La vieille femme fronça les sourcils. Elle lui fit signe de l’étendre sur la couche. Elle l’examina rapidement.
- Elle ne fait pas partie de notre tribu.
- Non, grande prêtresse. Je viens de la trouver, endormie contre un arbre.
- Je m’occupe d’elle. Va prévenir le Tushra.
L’homme se pencha légèrement en signe d’acquiescement puis sortit. La prêtresse s’affaira autour de sa patiente. Elle l’enveloppa dans une couverture chaude. Elle adressa quelques prières aux dieux de la forêt tandis qu’elle pilait diverses plantes. Elle y rajoutait un peu d’eau quand le guerrier réapparut.
- Le Tushra est là.
- Bien. Dis-lui d’entrer, et va porter ceci au feu. Qu’il soit chauffé jusqu’à devenir trouble.
Il hocha la tête, prit le bol et sortit. Le Tushra entra à son tour. Il observa la demoiselle et se reporta vers la guérisseuse.
- Mère Nashra, qui est cette jeune fille ?
- Je ne saurais te le dire. Tabru me l’a apportée alors qu’il surveillait le campement. Et il a bien fait. Cette petite a besoin de soins, ou elle ne passera pas la nuit.
- Mais n’est-ce pas dangereux ? Je salue ta générosité, mais qui nous dit que ce n’est pas un mauvais esprit venu nous maudire ?
- Un esprit ne saurait imiter le pouls d’un humain. C’est une véritable enfant. Et si les dieux l’ont mise sur notre route, je ferai tout pour la sauver.
- Soit. Mais préviens-moi au moindre changement. Qu’elle meurt ou qu’elle se réveille.
La prêtresse hocha la tête, et le chef de clan disparut à l’extérieur. Elle regarda le petit corps endormi et soupira. Une longue nuit l’attendait.
Le rubis se balançait lentement devant ses yeux exorbités et injectés de sang. Encore combien de temps à attendre ? Voilà deux jours qu’elle était dans cet arbre, à rester cachée, à quelques pieds de mortels, de cœurs qui battaient et de veines palpitantes. Qu’on lui laisse au moins se nourrir discrètement d’un humain, qui disparaitrait dans les profondeurs de la forêt… Non. Si les autres se doutaient de quelque chose, ils pourraient très bien mettre à mort sa petite fille. Et si elle attendait, c’était pour elle. Pour qu’elle survive. Elle s’était nourrie pendant une éternité de rats. Elle pouvait bien attendre encore quelques heures…
Elle retint un rire nerveux. Ne pas se faire repérer. Attendre. Résister. Ne pas céder. Ne pas céder… Ses yeux plongèrent dans l’éclat écarlate de la pierre. Oui, c’est ça. Se calmer. Tout ira bien. Il fallait juste qu’elle reste calme et…
- Maman !
Elle releva vivement la tête. Etait-ce une hallucination ? Devenait-elle folle ?
- Maman !
Non. Elle ne rêvait pas. C’était la voix d’Emeraude. Emprunte de peur. Toute seule au milieu d’inconnus, elle allait penser qu’elle l’avait abandonnée ! Sa plainte retentit une troisième fois. Si elle était capable de crier, elle devait probablement être guérie. Et si elle était guérie… Un sourire carnassier étira ses traits. Elle rangea délicatement le bijou. Sauta au bas de l’arbre. Elle s’avança à pas mesurés vers le village, et un rire démentiel s’échappa de sa gorge.
Ses yeux s’ouvrirent lentement. Elle ne percevait que des tâches de couleurs qui se promenaient avec flegme. Toutes semblaient l’ignorer, sauf une. La couleur pourpre était attirée vers elle et semblait plus intense à son contact. Elle l’enveloppait comme un cocon réconfortant. Elle cligna des yeux, et les couleurs disparurent. Elle perçut enfin l’endroit où elle était. Elle était étendue sur une couche à même le sol. Une sorte de hutte aux pans bruns la préservait de l’extérieur. Et la sensation de chaleur étouffante venait d’une lourde couverture qui l’enveloppait. Elle la repoussa un peu et put enfin respirer à pleins poumons. Soudain, elle entendit quelque chose bouger à côté d’elle. Elle tourna la tête, et vit une vieille femme, la peau basanée, la fixer avec étonnement. Ses longs cheveux gris étaient tenus par un bandeau noir et ses yeux sombres étaient entourés de rides marquées. Différentes pièces de fourrures formaient une sorte de robe qui lui arrivait aux chevilles, et qui laissait à découvert de petites bottes faites dans un cuir qu’elle ne connaissait pas. Son cou et ses mains étaient encombrés de divers bracelets, breloques et talismans qui tintaient au moindre de ses mouvements.
Emeraude se redressa, craintive. La vieille femme dirigea vers elle des gestes apaisants, pour lui faire comprendre qu’elle ne risquait rien. Elle essaya de lui parler, mais la petite ne comprit rien à cette langue aux accents chantants. Elle remarqua les affaires qui peuplaient la pièce. Des pots d’onguents, des plantes, des bandages… Elle avait vu un endroit similaire quand elle vivait en ville avec son père. Elle était chez une sorte de guérisseuse, qui l’avait certainement remise sur pied. Un peu rassurée, elle essaya de se faire comprendre à son tour.
- Vous savez où est ma maman ?
La mine interloquée de la femme lui confirma qu’elle non plus ne comprenait pas sa langue. Elles restèrent silencieuses quelques instants, puis la guérisseuse s’exclama :
- Tabru !
Avant qu’Emeraude ne comprenne quoi que ce soit, un pan de la tente se souleva et un homme entra. Sa peau et ses yeux étaient identiques à la vieille femme, mais ses cheveux étaient d’un noir profond. Ses habits étaient un mélange de cuir et de fourrure. Les signes qu’il avait sur le visage et la lance dans sa main droite le désignaient comme un guerrier. Il lui jeta un bref coup d’œil et reporta son attention sur la guérisseuse qui lui parlait. Il hocha la tête et ressortit.
La vieille femme s’approcha d’elle, un bol à la main. D’un signe, elle lui demanda de boire. La petite fille le prit et y trempa ses lèvres. Elle n’avait jamais gouté ce breuvage auparavant, et pourtant elle semblait le connaître. Elle en but quelques gorgées, et le liquide chaud se rependit dans son corps en de nouvelles forces. Ce devait être le remède qui l’avait guérie. Elle la remercia d’un mouvement de tête et vida le bol. Le silence revint et elle put réfléchir. Diamant avait trouvé le moyen de la guérir en la présence de cette dame. Mais où était-elle ? S’était-elle nourrie elle aussi ? Le peu qu’elle avait vu de l’extérieur à la sortie du guerrier lui avait suffi pour comprendre qu’elle était encore en forêt. Si sa mère l’attendait, elle devait sûrement être cachée aux alentours. Et si ce n’était pas le cas, elle n’avait rien à perdre à essayer… La guérisseuse sursauta quand elle cria :
- Maman !
La vieille femme s’approcha d’elle et lui fit signe de se calmer. Elle voulut la blottir contre elle pour l’apaiser, mais Emeraude se dégagea et recommença :
- Maman !
Au même moment, une autre personne entra dans la tente. Un homme de stature imposante, une cicatrice sur la joue et le rictus méfiant, la fixait avec suspicion. Son port altier et ses vêtements, plus riche de fourrure que les autres, lui laissaient deviner son importance au sein de la tribu. Mais la petite ne put s’empêcher d’avoir peur à la vue de ce personnage intimidant, et elle cria une troisième fois. Les deux adultes se mirent à parler entre eux de façon plus soutenue. Emeraude reprit la couverture pour s’emmitoufler dedans, comme si cela allait la protéger. Elle les regardait tour à tour, ne sachant plus quoi faire. Mais un cri déchirant vint couper la parole au chef. Les deux adultes tournèrent la tête vers l’extérieur, le regard apeuré. Un autre cri d’agonie les fit réagir. Ils sortirent précipitamment. D’abord interloquée, la petite ne bougeait pas. Mais son vieil ami Shyish se mit à tourbillonner avec effervescence. Curieuse de comprendre pourquoi il changeait de comportement, elle se leva et passa la tête de l’autre côté du pan de tissu.
Sous l’éclat dispersé de la lune, des cris se mêlaient au rire hystérique d’une femme aux cheveux blancs, qui attaquaient les hommes de façon si anarchique qu’elle en devenait imprévisible. Le vent pourpre les entourait et se précipitait sur chaque humain qui tombait dans son sang, pour se gorger de la puissance de son trépas. Emeraude, un sourire léger sur les lèvres, observa le festin de sa mère, heureuse de la revoir. Elle était fascinée par la puissance que dégageaient ses gestes et ses coups mortels. D’un mouvement, elle prenait la vie d’un homme avec autant d’efforts que d’’écraser une mouche. Ce carnage lui permit de regagner les quelques forces qui lui manquaient encore, et elle remercia Shyish dans un murmure.
Mais son corps frémit quand une voix retentit derrière elle, brusquement. Une voix d’homme menaçante. L’instant d’après, elle s’aperçut qu’elle en comprenait les mots :
- Meurs pour moi…
Deux mains rudes s’emparèrent d’elle, l’une à l’épaule, l’autre écartant la tête. Son cœur s’accéléra et la panique la submergea. Au même instant, à l’autre bout de la place, sa mère leva les yeux vers elle. Son visage figé dans l’effroi, entouré d’une brume pourprée, réveilla son instinct et calma son esprit. D’un battement de cil, Shyish fusa vers elle, obéissant à sa volonté, et prit soudain la forme meurtrière d’une pointe acérée. Il vint percuter son bourreau de plein fouet. La prise se relâcha et elle put se retourner vers son agresseur.
Sous l’effet de la riposte, l’homme se plia en deux, et Emeraude n’en vit dans la pénombre nocturne que son épaisse chevelure noire se détachant sur sa silhouette ; captivée par son apparition, elle en oublia que son ennemi aurait dû tomber raide mort sous l’effet du sortilège. Ce dernier se statufia un instant, comme reprenant ses esprits, puis se redressa, révélant sa carrure de guerrier, ainsi qu’un visage marqué d’une étrange pâleur brièvement éclairée par la lune. Un rictus de colère déforma ses traits réguliers, et il esquissa un mouvement brusque. Mais une tornade aux cheveux blancs tomba sur lui dans un cri de rage. Toutes griffes dehors, elle ponctua ses coups par des paroles empruntes de fureur:
- Ne… la… touchez… PAS !
Mais alors qu’elle s’acharnait sur ce corps qu’elle pensait fragile, deux poignes de fer vinrent stopper ses bras, et elle se rendit compte qu’elle l’avait à peine égratigné. Se relevant d’un seul coup, son ennemi la repoussa violemment, avec une force qui la surprit, à tel point qu’elle ne saisit que trop tard qu’il dégainait une lame recourbée, dont le tranchant allait irrémédiablement lui ouvrir le ventre… Ses reflexes surnaturels la firent bondir en arrière à l’ultime seconde, la pointe métallique de l’arme n’effleurant pas même ses vêtements. Tout autour, les corps des sauvages gisaient sanguinolents, inertes et encore frémissants de chaleur humaine. Ce fut alors que la vampiresse comprit que son adversaire n’en faisait pas partie : eux n’avaient que des gourdins et des lances à pointe de silex pour se défendre, lui brandissait une lame forgée. Eux dégageaient encore une senteur de chair et de sueur, lui ne portait sur lui que l’odeur du cuir de son armure légère, et ses membres musculeux pouvaient passer pour ceux d’un cadavre.
Elle le vit alors la regarder également, puis se mettre dans une position de garde, l’attendant de pied ferme. Il ne lui échappa pas non plus que son ennemi ne quittait pas de l’œil Emeraude, qui attendait au seuil de la hutte, comme hypnotisée par leur combat. Bien que déterminée à l’éradiquer, Diamant décida néanmoins de ne pas le charger : il l’attendait, prêt à l’embrocher à la moindre erreur de sa part. Ils se fixèrent ainsi pendant quelques instants qui leur parurent interminables, chacun hésitant à se jeter sur un adversaire dont les capacités lui étaient inconnues.
La voix enfantine d’Emeraude les fit tressaillir :
- C’est beau…
Les deux combattants ne lui accordèrent pas un regard, attentifs l’un comme l’autre au moindre geste hostile. Cependant, la petite fille reprit comme si de rien n’était :
- Shyish vous aime bien. Il danse autour de vous. Il dit que vous êtes pareils. Tu es le chéri perdu de maman ?
L’attention du guerrier ne faiblit pas. Il continua à fixer Diamant, qui eut beaucoup de mal à cacher sa stupéfaction en entendant sa fille. Elle voulut parler, mais ce fut son ennemi qui la devança :
- Vous comprenez ma langue…
Ce n’était pas une question, mais plutôt un constat. Intriguée, la vampiresse renonça à ce qu’elle voulait dire et attendit. Curieusement, la voix ferme du guerrier lui plut.
Ce dernier parut réfléchir un moment, mais sa concentration fut de nouveau dérangée par Emeraude :
- Elle m’a souvent parlé de toi. C’est génial que tu sois vivant ! On croyait que le méchant prince t’avait mangé. Je suis trop contente, je vais ravoir un papa !
Cette fois, le guerrier ne put réprimer un sourire. Ce fut à peine s’il se retint de tourner entièrement son regard vers la petite. Tout à coup, ses deux prunelles s’illuminèrent d’un rouge sombre, puis s’éteignirent. Sans quitter son ennemie des yeux, il lança :
- D’où viens-tu, fillette ?
- Je viens de Khemri ! Mais mon papa et moi on est partis. Et après, ma maman elle avait faim, alors elle a mangé mon papa, et elle est devenue ma maman ! Je m’appelle Emeraude. Elle m’a donné ce nom à cause de mes yeux qui brillent comme les bijoux de son ancienne reine, et d’ailleurs, c’est à cause d’elle que maman doit manger des humains maintenant.
Le guerrier semblait boire chacun de ses mots, au bout desquels il réfléchit pendant encore un moment. Puis, sur un ton étrangement singulier, il annonça :
- Moi aussi, je mange des humains. Je bois leur sang, pour être exact. Et d’où vient ta maman, fillette ?
- Je viens de Lahmia, répondit la concernée, grande cité de Nehekhara.
Les prunelles du guerrier s’illuminèrent en direction de la vampiresse.
- Lahmia ? répéta-t-il en écho. Vous venez de Lahmia !
Il tergiversa encore, laissant son exclamation s’éteindre dans la nuit, puis prononça enfin, légèrement solennel :
- Moi aussi, je viens de Lahmia.
Diamant baissa imperceptiblement sa garde, intriguée. Elle sembla hésiter quelques instants, regarda sa fille, puis l’homme devant elle.
- Il reste quelques femmes cachées à l’autre bout du camp. Je vous les laisse.
Le guerrier la dévisagea, détournant toute son attention sur elle, sans dissimuler une marque de surprise. Puis il se ressaisit :
- Trop aimable. Vous confirmez donc mes pensées. Puis-je savoir comment vous vous appelez ?
- Diamant. Et vous connaissez déjà le nom de ma fille, qui est sous ma protection... dit-elle en appuyant sur lui un regard lourd de sous-entendu.
Il se décida à rengainer, lentement.
- Diamant et Emeraude ? Vraiment ? Dans ce cas-là, vous pouvez m’appeler Ashur.
Bonne lecture... MOUAHAHAHAHA !
Elles avaient atteint la forêt. Immense royaume de végétaux. Le vert au départ omniprésent était envahi par le blanc qui avait déjà laissé un duvet froid sur le sol. D’abord émerveillée, Diamant finit par maudire ce lieu qui contenait autant d’humidité. Sa fille fatiguée dans les bras, elle avançait tant bien que mal et s’enfonçait dans la neige à chaque pas. Elle avait l’impression de marcher aussi vite qu’une de ces créatures gluantes à coquille qui pullulaient sur les arbres. Jamais elles ne sortiraient de la vallée à ce rythme. La baisse d’énergie d’Emeraude était sans équivoque. Il fallait qu’elle trouve une solution, et vite. Elle ne savait pas combien de temps elle pourrait résister à sa soif naissante avec une humaine dans les bras.
Elle trouva la rivière qui serpentait entre les arbres. Elle remarqua avec ironie que le terrain le moins humide était les rives. Elle laissa ses bottes s’enfoncer encore quelques instants dans la neige et la boue et finit par rejoindre la berge. Les pierres rejetées par le courant étaient peut-être moins stables, mais son agilité compensait ce manque d’équilibre. Il était tout de même plus agréable de marcher sur un sol dépourvu de neige. Un pas après l’autre, elle retrouva un rythme plus soutenu, accompagné d’un petit espoir.
La forêt était sans fin. C’était ce que pensait la vampire, tandis que ses jambes continuaient irrévocablement d’avancer. La rivière prenait peu à peu de l’ampleur, mais toujours les mêmes arbres, la même humidité, le même chemin. Et le bruit régulier de respiration de sa fille endormie. Si ce périple avait un terme, elle espérait bientôt l’atteindre. Plus elle marchait, plus la sensation de puissance qui l’accompagnait depuis la grotte s’estompait. Comme si son corps perdait toute ambition, pour se concentrer sur seul un détail. L’espèce de gêne dans sa gorge. Elle cheminait depuis des heures aux côtés d’un cours d’eau, et pourtant sa bouche restait sèche. La seule chose qui lui permettait de persévérer était le petit battement de cœur et la chaleur qui émanait de la petite, assoupie dans ses bras. Une chaleur qui ne cessait de diminuer dans tout son corps, tandis que son front devenait brulant.
Ses yeux dérivèrent une énième fois sur le doux visage de la petite fille. Son état était similaire à celui qui avait failli l’emporter la veille. Qu’est-ce qui lui empêchait de mettre fin à ses souffrances en soulageant les siennes ? Cette sournoise hypothèse s’insinuait dans son esprit aussi vivement que le feu qui se répandait dans sa gorge. Une fois nourrie, elle n’aurait plus de fardeau à porter, et elle pourrait continuer son chemin aussi libre que le vent. Son regard descendit sur la peau blanche et délicate de son cou, où elle pouvait apercevoir une petite veine palpiter au rythme de sa respiration. Elle s’arrêta. Sa main blafarde vint caresser sa joue. Ses crocs s’allongèrent dans une douleur sourde et cuisante. Elle respira longuement l’odeur de la petite humaine. Quand elle rouvrit les yeux, emplis d’une lueur malsaine, un éclat de lumière attira son attention. Un petit anneau autour de son doigt, dont la légère couleur argentée lui fit reprendre ses esprits. Antef. Elle se fit violence pour empêcher la vague de chagrin de l’immerger entièrement. Elle secoua la tête dans un gémissement. Pourquoi son souvenir revenait la hanter maintenant ? Sa faim remise au second plan après ce débordement d’émotions, elle put distinguer une petite voix dans sa tête. Une voix familière. Elle libéra une de ses mains et ouvrit sa sacoche. Ses doigts fouillèrent et s’immobilisèrent au contact d’un objet qu’elle reconnaitrait d’un simple effleurement. Avec lenteur, elle redressa son poing, serré sur une chaine d’or et d’argent. Une pierre écarlate se balançait doucement dans le vide. Elle se statufia. La bouche légèrement entrouverte, ses yeux ne pouvaient se détacher du joyau. Elle s’assit à même le sol, gardant sa fille machinalement contre son torse. Son regard toujours braqué sur le rubis, ses murmures s’élevèrent dans les airs, et firent des arbres les seuls confidents de sa réflexion.
- Pourquoi… pourquoi il revient maintenant… Tu le sais, Shenata… Ta vie de mortelle t’a laissée dans la solitude… Si seule… Qu’un mari distant, et une amie traitresse… Et même pas de progéniture pour te combler… Combien d’enfants as-tu perdus, ma chère ? Oui, recompte-les… Souviens-toi du mal, de la souffrance qu’ont engendré leurs corps froids dans tes bras… Le même froid qui enveloppe le tien à présent… Oui, tu le sais, tu es morte… Shenata est morte… Elle n’existe plus… Ta mort t’offre l’occasion que tu as toujours rêvée… Regarde-la… Si jeune, si innocente… Un magnifique festin, n’est-ce pas ? Mais une fois son âme disparue, une fois face à son corps sans vie, que deviendras-tu ? Veux-tu retrouver la solitude qui te poursuivait ? Tu irais tuer cette enfant… La seule que les dieux t’ont laissée… Une petite si prometteuse… Oui, elle a du potentiel, tu le sais… Ce pouvoir mystérieux… Résiste à ta faim, et ta fille deviendra une alliée éternelle… et peut-être qu’un jour, elle t’aidera à te venger… venger la mort de ton époux et ta vie misérable…
Le son de sa voix s’évanouit peu à peu. Elle se releva vivement et hocha la tête. Un dernier coup d’œil à la pierre et elle retrouva le fond de la sacoche. Elle recala Emeraude contre elle et repartit, le regard déterminé.
Les traits tirés, les cheveux en bataille, elle avançait de plus en plus lentement. Ses forces la quittaient pour mieux brûler sa gorge. Elle portait Emeraude sur son dos. Comme ça, elle ne la voyait pas. Tant qu’elle ne la voyait pas, elle ne craquerait pas. Avancer. Il fallait avancer. Où ? Aucune importance. Avancer. Sortir de cette forêt. Le peu d’animaux présents ne suffisaient même plus à la sustenter. Elle devait trouver des humains. D’autres humains. Elle ne devait pas la tuer. Non, pas la tuer. Avancer. Encore. La nuit revenait. Elle la sentait. Les eaux devinrent sombres. Les arbres se transformèrent en silhouettes imposantes. Le battement régulier du cœur auquel elle s’accrochait devenait faible. Droit devant. Marcher droit devant. Sortir de la forêt…
Un bruit. Pas n’importe lequel. Un feu qui crépitait. Elle abandonna les rives et dévia vers le son. Un feu. Dans une forêt enneigée. Ptra n’y était pour rien. Sa foudre ne s’était pas déchainée depuis longtemps. Un feu… et des bribes de paroles. Des humains ! Elle avait trouvé des humains, elle allait pouvoir se nourrir… Un grand massacre, le plus grand festin qu’elle n’aurait jamais fait… Elle s’approcha silencieusement. Des ombres mouvantes éclairaient les troncs. Au milieu des branches, elle aperçut un campement. Une tribu. Une tribu vivait ici. Une silhouette passa à quelques pieds d’elle. Elle se prépara à sauter. Un gémissement retentit derrière elle. Elle se statufia. Emeraude. Elle aussi devait avoir faim. Et elle avait besoin de soin. Ces hommes pouvaient-elle lui venir en aide ? Mais si elle se montrait, ils comprendraient qu’elle n’était pas humaine… La panique la submergeait peu à peu. Que faire ? Sa main fébrile chercha la couronne. Le rubis était toujours là. Elle l’observa quelques instants. Oui. C’était une bonne idée. Elle posa sa fille au sol. Elle fit craquer quelques branches. L’humain finit par les entendre et s’approcha, une lance à la main. Elle se dépêcha de grimper dans un arbre. Le rubis au creux de sa paume, elle s’immobilisa et contempla la scène.
Méfiant, il dépassa les dernières tentes, la pointe de sa lance vers l’avant. Il repoussa une branche recouverte de neige. Il marchait avec précaution, prenant soin de ne pas faire de bruit. La nuit venait à peine de tomber. Les animaux ne s’étaient pas encore réveillés. Et jamais ils ne s’approcheraient autant de leur campement. Il s’immobilisa, scruta les fourrés et attendit. Il finit par abandonner ses recherches. C’était sans doute un oiseau dans les arbustes. Il se retourna et sursauta. Elle était si discrète qu’il ne l’avait pas remarqué. Une petite fille était recroquevillée au creux d’un arbre. Sans même un manteau de fourrure pour se couvrir. Il s’avança, vérifia encore une fois les alentours et s’agenouilla. Sa peau était aussi blanche que la neige. Il posa sa main sur son visage. Brûlant comme le soleil. Après une brève hésitation, il la hissa sur son épaule et repartit vers le camp.
Il arriva bientôt devant une tente. Il s’annonça et entra. Mère Nashra l’attendait.
- Que t’arrive-t-il ?
- Je viens de trouver cette jeune fille, grand prêtresse. Elle semble mal en point. Peut-être pourrez-vous la guérir.
La vieille femme fronça les sourcils. Elle lui fit signe de l’étendre sur la couche. Elle l’examina rapidement.
- Elle ne fait pas partie de notre tribu.
- Non, grande prêtresse. Je viens de la trouver, endormie contre un arbre.
- Je m’occupe d’elle. Va prévenir le Tushra.
L’homme se pencha légèrement en signe d’acquiescement puis sortit. La prêtresse s’affaira autour de sa patiente. Elle l’enveloppa dans une couverture chaude. Elle adressa quelques prières aux dieux de la forêt tandis qu’elle pilait diverses plantes. Elle y rajoutait un peu d’eau quand le guerrier réapparut.
- Le Tushra est là.
- Bien. Dis-lui d’entrer, et va porter ceci au feu. Qu’il soit chauffé jusqu’à devenir trouble.
Il hocha la tête, prit le bol et sortit. Le Tushra entra à son tour. Il observa la demoiselle et se reporta vers la guérisseuse.
- Mère Nashra, qui est cette jeune fille ?
- Je ne saurais te le dire. Tabru me l’a apportée alors qu’il surveillait le campement. Et il a bien fait. Cette petite a besoin de soins, ou elle ne passera pas la nuit.
- Mais n’est-ce pas dangereux ? Je salue ta générosité, mais qui nous dit que ce n’est pas un mauvais esprit venu nous maudire ?
- Un esprit ne saurait imiter le pouls d’un humain. C’est une véritable enfant. Et si les dieux l’ont mise sur notre route, je ferai tout pour la sauver.
- Soit. Mais préviens-moi au moindre changement. Qu’elle meurt ou qu’elle se réveille.
La prêtresse hocha la tête, et le chef de clan disparut à l’extérieur. Elle regarda le petit corps endormi et soupira. Une longue nuit l’attendait.
Le rubis se balançait lentement devant ses yeux exorbités et injectés de sang. Encore combien de temps à attendre ? Voilà deux jours qu’elle était dans cet arbre, à rester cachée, à quelques pieds de mortels, de cœurs qui battaient et de veines palpitantes. Qu’on lui laisse au moins se nourrir discrètement d’un humain, qui disparaitrait dans les profondeurs de la forêt… Non. Si les autres se doutaient de quelque chose, ils pourraient très bien mettre à mort sa petite fille. Et si elle attendait, c’était pour elle. Pour qu’elle survive. Elle s’était nourrie pendant une éternité de rats. Elle pouvait bien attendre encore quelques heures…
Elle retint un rire nerveux. Ne pas se faire repérer. Attendre. Résister. Ne pas céder. Ne pas céder… Ses yeux plongèrent dans l’éclat écarlate de la pierre. Oui, c’est ça. Se calmer. Tout ira bien. Il fallait juste qu’elle reste calme et…
- Maman !
Elle releva vivement la tête. Etait-ce une hallucination ? Devenait-elle folle ?
- Maman !
Non. Elle ne rêvait pas. C’était la voix d’Emeraude. Emprunte de peur. Toute seule au milieu d’inconnus, elle allait penser qu’elle l’avait abandonnée ! Sa plainte retentit une troisième fois. Si elle était capable de crier, elle devait probablement être guérie. Et si elle était guérie… Un sourire carnassier étira ses traits. Elle rangea délicatement le bijou. Sauta au bas de l’arbre. Elle s’avança à pas mesurés vers le village, et un rire démentiel s’échappa de sa gorge.
Ses yeux s’ouvrirent lentement. Elle ne percevait que des tâches de couleurs qui se promenaient avec flegme. Toutes semblaient l’ignorer, sauf une. La couleur pourpre était attirée vers elle et semblait plus intense à son contact. Elle l’enveloppait comme un cocon réconfortant. Elle cligna des yeux, et les couleurs disparurent. Elle perçut enfin l’endroit où elle était. Elle était étendue sur une couche à même le sol. Une sorte de hutte aux pans bruns la préservait de l’extérieur. Et la sensation de chaleur étouffante venait d’une lourde couverture qui l’enveloppait. Elle la repoussa un peu et put enfin respirer à pleins poumons. Soudain, elle entendit quelque chose bouger à côté d’elle. Elle tourna la tête, et vit une vieille femme, la peau basanée, la fixer avec étonnement. Ses longs cheveux gris étaient tenus par un bandeau noir et ses yeux sombres étaient entourés de rides marquées. Différentes pièces de fourrures formaient une sorte de robe qui lui arrivait aux chevilles, et qui laissait à découvert de petites bottes faites dans un cuir qu’elle ne connaissait pas. Son cou et ses mains étaient encombrés de divers bracelets, breloques et talismans qui tintaient au moindre de ses mouvements.
Emeraude se redressa, craintive. La vieille femme dirigea vers elle des gestes apaisants, pour lui faire comprendre qu’elle ne risquait rien. Elle essaya de lui parler, mais la petite ne comprit rien à cette langue aux accents chantants. Elle remarqua les affaires qui peuplaient la pièce. Des pots d’onguents, des plantes, des bandages… Elle avait vu un endroit similaire quand elle vivait en ville avec son père. Elle était chez une sorte de guérisseuse, qui l’avait certainement remise sur pied. Un peu rassurée, elle essaya de se faire comprendre à son tour.
- Vous savez où est ma maman ?
La mine interloquée de la femme lui confirma qu’elle non plus ne comprenait pas sa langue. Elles restèrent silencieuses quelques instants, puis la guérisseuse s’exclama :
- Tabru !
Avant qu’Emeraude ne comprenne quoi que ce soit, un pan de la tente se souleva et un homme entra. Sa peau et ses yeux étaient identiques à la vieille femme, mais ses cheveux étaient d’un noir profond. Ses habits étaient un mélange de cuir et de fourrure. Les signes qu’il avait sur le visage et la lance dans sa main droite le désignaient comme un guerrier. Il lui jeta un bref coup d’œil et reporta son attention sur la guérisseuse qui lui parlait. Il hocha la tête et ressortit.
La vieille femme s’approcha d’elle, un bol à la main. D’un signe, elle lui demanda de boire. La petite fille le prit et y trempa ses lèvres. Elle n’avait jamais gouté ce breuvage auparavant, et pourtant elle semblait le connaître. Elle en but quelques gorgées, et le liquide chaud se rependit dans son corps en de nouvelles forces. Ce devait être le remède qui l’avait guérie. Elle la remercia d’un mouvement de tête et vida le bol. Le silence revint et elle put réfléchir. Diamant avait trouvé le moyen de la guérir en la présence de cette dame. Mais où était-elle ? S’était-elle nourrie elle aussi ? Le peu qu’elle avait vu de l’extérieur à la sortie du guerrier lui avait suffi pour comprendre qu’elle était encore en forêt. Si sa mère l’attendait, elle devait sûrement être cachée aux alentours. Et si ce n’était pas le cas, elle n’avait rien à perdre à essayer… La guérisseuse sursauta quand elle cria :
- Maman !
La vieille femme s’approcha d’elle et lui fit signe de se calmer. Elle voulut la blottir contre elle pour l’apaiser, mais Emeraude se dégagea et recommença :
- Maman !
Au même moment, une autre personne entra dans la tente. Un homme de stature imposante, une cicatrice sur la joue et le rictus méfiant, la fixait avec suspicion. Son port altier et ses vêtements, plus riche de fourrure que les autres, lui laissaient deviner son importance au sein de la tribu. Mais la petite ne put s’empêcher d’avoir peur à la vue de ce personnage intimidant, et elle cria une troisième fois. Les deux adultes se mirent à parler entre eux de façon plus soutenue. Emeraude reprit la couverture pour s’emmitoufler dedans, comme si cela allait la protéger. Elle les regardait tour à tour, ne sachant plus quoi faire. Mais un cri déchirant vint couper la parole au chef. Les deux adultes tournèrent la tête vers l’extérieur, le regard apeuré. Un autre cri d’agonie les fit réagir. Ils sortirent précipitamment. D’abord interloquée, la petite ne bougeait pas. Mais son vieil ami Shyish se mit à tourbillonner avec effervescence. Curieuse de comprendre pourquoi il changeait de comportement, elle se leva et passa la tête de l’autre côté du pan de tissu.
Sous l’éclat dispersé de la lune, des cris se mêlaient au rire hystérique d’une femme aux cheveux blancs, qui attaquaient les hommes de façon si anarchique qu’elle en devenait imprévisible. Le vent pourpre les entourait et se précipitait sur chaque humain qui tombait dans son sang, pour se gorger de la puissance de son trépas. Emeraude, un sourire léger sur les lèvres, observa le festin de sa mère, heureuse de la revoir. Elle était fascinée par la puissance que dégageaient ses gestes et ses coups mortels. D’un mouvement, elle prenait la vie d’un homme avec autant d’efforts que d’’écraser une mouche. Ce carnage lui permit de regagner les quelques forces qui lui manquaient encore, et elle remercia Shyish dans un murmure.
Mais son corps frémit quand une voix retentit derrière elle, brusquement. Une voix d’homme menaçante. L’instant d’après, elle s’aperçut qu’elle en comprenait les mots :
- Meurs pour moi…
Deux mains rudes s’emparèrent d’elle, l’une à l’épaule, l’autre écartant la tête. Son cœur s’accéléra et la panique la submergea. Au même instant, à l’autre bout de la place, sa mère leva les yeux vers elle. Son visage figé dans l’effroi, entouré d’une brume pourprée, réveilla son instinct et calma son esprit. D’un battement de cil, Shyish fusa vers elle, obéissant à sa volonté, et prit soudain la forme meurtrière d’une pointe acérée. Il vint percuter son bourreau de plein fouet. La prise se relâcha et elle put se retourner vers son agresseur.
Sous l’effet de la riposte, l’homme se plia en deux, et Emeraude n’en vit dans la pénombre nocturne que son épaisse chevelure noire se détachant sur sa silhouette ; captivée par son apparition, elle en oublia que son ennemi aurait dû tomber raide mort sous l’effet du sortilège. Ce dernier se statufia un instant, comme reprenant ses esprits, puis se redressa, révélant sa carrure de guerrier, ainsi qu’un visage marqué d’une étrange pâleur brièvement éclairée par la lune. Un rictus de colère déforma ses traits réguliers, et il esquissa un mouvement brusque. Mais une tornade aux cheveux blancs tomba sur lui dans un cri de rage. Toutes griffes dehors, elle ponctua ses coups par des paroles empruntes de fureur:
- Ne… la… touchez… PAS !
Mais alors qu’elle s’acharnait sur ce corps qu’elle pensait fragile, deux poignes de fer vinrent stopper ses bras, et elle se rendit compte qu’elle l’avait à peine égratigné. Se relevant d’un seul coup, son ennemi la repoussa violemment, avec une force qui la surprit, à tel point qu’elle ne saisit que trop tard qu’il dégainait une lame recourbée, dont le tranchant allait irrémédiablement lui ouvrir le ventre… Ses reflexes surnaturels la firent bondir en arrière à l’ultime seconde, la pointe métallique de l’arme n’effleurant pas même ses vêtements. Tout autour, les corps des sauvages gisaient sanguinolents, inertes et encore frémissants de chaleur humaine. Ce fut alors que la vampiresse comprit que son adversaire n’en faisait pas partie : eux n’avaient que des gourdins et des lances à pointe de silex pour se défendre, lui brandissait une lame forgée. Eux dégageaient encore une senteur de chair et de sueur, lui ne portait sur lui que l’odeur du cuir de son armure légère, et ses membres musculeux pouvaient passer pour ceux d’un cadavre.
Elle le vit alors la regarder également, puis se mettre dans une position de garde, l’attendant de pied ferme. Il ne lui échappa pas non plus que son ennemi ne quittait pas de l’œil Emeraude, qui attendait au seuil de la hutte, comme hypnotisée par leur combat. Bien que déterminée à l’éradiquer, Diamant décida néanmoins de ne pas le charger : il l’attendait, prêt à l’embrocher à la moindre erreur de sa part. Ils se fixèrent ainsi pendant quelques instants qui leur parurent interminables, chacun hésitant à se jeter sur un adversaire dont les capacités lui étaient inconnues.
La voix enfantine d’Emeraude les fit tressaillir :
- C’est beau…
Les deux combattants ne lui accordèrent pas un regard, attentifs l’un comme l’autre au moindre geste hostile. Cependant, la petite fille reprit comme si de rien n’était :
- Shyish vous aime bien. Il danse autour de vous. Il dit que vous êtes pareils. Tu es le chéri perdu de maman ?
L’attention du guerrier ne faiblit pas. Il continua à fixer Diamant, qui eut beaucoup de mal à cacher sa stupéfaction en entendant sa fille. Elle voulut parler, mais ce fut son ennemi qui la devança :
- Vous comprenez ma langue…
Ce n’était pas une question, mais plutôt un constat. Intriguée, la vampiresse renonça à ce qu’elle voulait dire et attendit. Curieusement, la voix ferme du guerrier lui plut.
Ce dernier parut réfléchir un moment, mais sa concentration fut de nouveau dérangée par Emeraude :
- Elle m’a souvent parlé de toi. C’est génial que tu sois vivant ! On croyait que le méchant prince t’avait mangé. Je suis trop contente, je vais ravoir un papa !
Cette fois, le guerrier ne put réprimer un sourire. Ce fut à peine s’il se retint de tourner entièrement son regard vers la petite. Tout à coup, ses deux prunelles s’illuminèrent d’un rouge sombre, puis s’éteignirent. Sans quitter son ennemie des yeux, il lança :
- D’où viens-tu, fillette ?
- Je viens de Khemri ! Mais mon papa et moi on est partis. Et après, ma maman elle avait faim, alors elle a mangé mon papa, et elle est devenue ma maman ! Je m’appelle Emeraude. Elle m’a donné ce nom à cause de mes yeux qui brillent comme les bijoux de son ancienne reine, et d’ailleurs, c’est à cause d’elle que maman doit manger des humains maintenant.
Le guerrier semblait boire chacun de ses mots, au bout desquels il réfléchit pendant encore un moment. Puis, sur un ton étrangement singulier, il annonça :
- Moi aussi, je mange des humains. Je bois leur sang, pour être exact. Et d’où vient ta maman, fillette ?
- Je viens de Lahmia, répondit la concernée, grande cité de Nehekhara.
Les prunelles du guerrier s’illuminèrent en direction de la vampiresse.
- Lahmia ? répéta-t-il en écho. Vous venez de Lahmia !
Il tergiversa encore, laissant son exclamation s’éteindre dans la nuit, puis prononça enfin, légèrement solennel :
- Moi aussi, je viens de Lahmia.
Diamant baissa imperceptiblement sa garde, intriguée. Elle sembla hésiter quelques instants, regarda sa fille, puis l’homme devant elle.
- Il reste quelques femmes cachées à l’autre bout du camp. Je vous les laisse.
Le guerrier la dévisagea, détournant toute son attention sur elle, sans dissimuler une marque de surprise. Puis il se ressaisit :
- Trop aimable. Vous confirmez donc mes pensées. Puis-je savoir comment vous vous appelez ?
- Diamant. Et vous connaissez déjà le nom de ma fille, qui est sous ma protection... dit-elle en appuyant sur lui un regard lourd de sous-entendu.
Il se décida à rengainer, lentement.
- Diamant et Emeraude ? Vraiment ? Dans ce cas-là, vous pouvez m’appeler Ashur.
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- Nyklaus von CarsteinSeigneur vampire
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Re: Origines
Ven 6 Fév 2015 - 21:20
La rencontre de deux vampires importants, que demander de plus sinon...la suite !
Mis à part, la suite de ton récit est super ! Promis, si je viens à Strasbourg, je ramène les tomes de la trilogie de Nagash pour que tu puisses les lire (je les ai en français)
Mis à part, la suite de ton récit est super ! Promis, si je viens à Strasbourg, je ramène les tomes de la trilogie de Nagash pour que tu puisses les lire (je les ai en français)
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Re: Origines
Dim 8 Fév 2015 - 12:11
Je confirme que la rencontre est très intéressante. Elle est extrêmement bien amenée et on ne s'attend pas à ce que ce soit Ashur le personnage mystérieux. Ah oui, c'est toujours aussi bien.
J'espère que l'on aura rapidement la suite.
J'espère que l'on aura rapidement la suite.
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Re: Origines
Mar 24 Fév 2015 - 17:19
Holà caballeros ! Voilà une suite qui j'espère vous conviendra ! (et de toute façon, si ce n'est pas le cas... )
Bonne lecture !
Elles le virent sur le point de se retourner, mais il parut renoncer au dernier moment. Leur faisant de nouveau face, le guerrier choisit de reprendre la parole :
- Vous… m’intéressez. Où pensez-vous aller ?
Diamant se raidit de surprise. Elle ouvrit la bouche et la referma. Son regard dériva sur Emeraude. Ses beaux yeux verts la fixaient dans l’attente d’une réponse. Elle réfléchit, chercha le moindre but dans son esprit, essaya de raccorder ses souvenirs à un semblant d’objectif… Une seule image lui restait en mémoire. Une seule personne. La peau satinée comme l’ocre du désert, les cheveux bruns sans cesse en bataille, sa voix à la fois délicate et espiègle, et ses prunelles qui brillaient comme deux perles de jade à la lueur de la lune. Sans elle, elle aurait continué son chemin, sans aucune tentation pour sa faim persistante, et sans aucun fardeau à son voyage. Mais sans elle, elle serait encore à errer dans les montagnes qui servaient de frontière entre Khemri et Lahmia, à rôder tel un animal enragé, l’esprit rongé par la faim et la folie. C’était grâce à sa fille qu’elle pouvait penser au lendemain, qu’elle réfléchissait à son existence de façon cohérente. Cet amour désespéré était la seule raison de leur survie à toutes deux, et en faisait le seul but de leur voyage. Survivre ensemble. Désormais sûre de ses sentiments, Diamant se détourna du regard coloré et apaisant de sa fille pour reporter son attention vers l’homme qui lui faisait face.
- Eh bien… Il se trouve que nous n’avons pas de réelle destination. Je ne compte plus les jours que nous avons passé dans ces montagnes. Pour l’instant, notre but est de trouver un endroit sûr pour ma fille. Un lieu où elle pourrait manger à sa faim.
Elle s’aperçut que pendant les brefs moments de sa réflexion, le guerrier n’avait cessé de les observer, elle et sa fille, avec curiosité. Il avait toujours une main posée sur le pommeau de son épée, mais ne paraissait plus tellement sur ses gardes. La réponse qui arriva enfin eut pour effet de le surprendre un infime instant. Puis il émit un rire tout aussi soudain, spontané, immédiatement réprimé.
- Et vous… Vous comptez aller loin comme ça ? Pourquoi chercher loin alors que la fillette aurait pu manger avec les cadavres qui nous entourent désormais ?
Son ton ne dissimulait pas son sarcasme, et celui qui se prénommait Ashur continua :
- Mieux : puisque vous m’avez indiqué qui vous êtes, je ne comprends pas pourquoi la fillette vous accompagne. D’ailleurs, c’est impossible qu’elle soit votre fille : notre nature s’y oppose…
Il se tut subitement, fit une volte-face, se figea un moment, se retourna à nouveau.
- Je ne voulais pas m’emporter, prononça-t-il plus calmement. Mais je suis quand même curieux de savoir… Qui êtes-vous ?
La réponse ne vint pas de là où il s’y attendait. La fillette avait fini par se lever et toisait le guerrier avec colère.
- Tu arrives pendant le repas de maman pour me manger, tu te bats avec elle, et maintenant tu… tu…
Elle soupira d’indignation, enleva d’un geste vif une mèche barrant son visage et reprit :
- Tu n’as pas le droit de dire ça ! Diamant est ma maman !
Un voile assombrit soudain son visage et elle baissa les yeux, comme si l’homme devant elle n’existait plus.
- Ma première maman est morte à cause d’un soldat comme toi… Je refuse de revoir ça ! Laisse-la tranquille !
Sa tristesse se transforma en témérité, et ses petits poings vinrent se cogner contre l’armure du guerrier de façon frénétique. Des larmes se mêlèrent à sa rage et la force de ses coups diminua en même temps que le son de sa voix.
- Laisse-la tranquille… répétait-elle avec désespoir.
Diamant, d’abord pétrifiée par la réaction de sa fille, se mit en mouvement à une vitesse surprenante. En un geste, elle s’était agenouillée à ses côtés, faisant fi de la présence d’Ashur à quelques pouces d’elles. La petite releva la tête et vit sa mère, le regard bienveillant et les bras ouverts vers elle.
Elle s’y précipita et se blottit contre sa poitrine.
Elle laissa la douce musique de sa voix apaiser son cœur et ses sanglots.
Elle se sentait enfin en sécurité, protégée de tout.
Diamant lui caressa les cheveux avec tendresse et une sensation d’énergie dévastatrice déferla en elle. L’énergie d’une résolution sans appel. Elle était le seul rempart entre le bonheur de sa fille et la cruauté du monde extérieur, et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour la préserver. Fût-ce détruire Khemri de ses propres mains. A cet instant précis, tout ce qu’il y avait autour d’elles lui sembla dérisoire : la scène de carnage, le ciel assombri par les nuages, le guerrier redoutable qui se tenait juste à côté, immobile. Cependant, la voix de ce dernier résonna brusquement, d’une froideur irritée :
- Vous ne voulez pas répondre ?
La main toujours dans les cheveux de sa fille, elle répondit sans même lui adresser un regard.
- Vous n’avez jamais eu d’enfant, c’est évident. Vous ne comprenez pas le lien qui puisse unir enfant et parent. Qu’elle ne soit pas de mon sang ne change rien. Elle est ma fille, et je ne permettrai à personne d’en douter. Vous avez une arme, moi non. Vous savez vous battre, moi non. Mais pour elle, je n’hésiterai pas à vous tuer…
La réponse ne vint pas. Un mouvement imperceptible à l’œil humain, deux bruits secs de pointes qui s’enfoncent dans la chair ; le guerrier poussa un intense grognement : deux flèches grossières s’étaient enfoncées dans son flanc gauche. Une colère nouvelle s’alluma dans son regard, il ignora les flèches, dégaina, se mit à courir tellement rapidement que Diamant eut du mal à discerner sa course. Quelques infimes instants après, il y eut un craquement effroyable, des cris horrifiés, des hurlements et des gémissements de femmes, que les imprécations rageuses du guerrier recouvraient parfois :
- LES HUMAINS DOIVENT CONNAITRE LEUR PLACE !
Le vacarme parut à la fois interminable et bref, les cris étant vite remplacés par des râles et des gargouillements abjects. Les sons des femmes mourantes s’éternisèrent, mais il eut un bruit répété de lame qui s’enfonce dans les corps, les réduisant au silence l’un après l’autre. Diamant vit le guerrier au milieu d’un espace où se dressaient encore les restes misérables d’une hutte, le sang recouvrant chaque pierre tout autour, se répandant depuis un monticule de morts. Ashur, lui, tenait son épée d’une main, et de l’autre maintenait le corps d’une jeune sauvage près du sien, les crocs plantés goulument dans son cou. Ses prunelles ne cessaient d’émettre une lumière rougeâtre et malsaine.
Emeraude se redressa soudain, le regard perdu au loin. Elle s’écarta légèrement de sa mère et un vent invisible souleva ses cheveux. Ses yeux étaient fixés sur le guerrier, désormais dénués de larme. Sa mère vit l’air s’altérer imperceptiblement autour d’elle sans en comprendre la raison. La petite prit une inspiration et murmura des paroles incompréhensibles, le ton vibrant d’une force occulte. Ses poings fermés furent bientôt entourés d’un halo sombre.
De peur que le phénomène de la grotte ne se reproduise, Diamant fit un geste vers elle. L’enfant tourna vivement la tête, et elle découvrit deux gouffres d’un noir abyssal à la place des yeux. Emeraude ouvrit la bouche et un souffle s’échappa de ses lèvres.
- Maman…
La vampiresse n’eut pas le temps de réagir. Emeraude s’écroula au sol, et une onde de choc balaya la clairière toute entière. Elle percuta Diamant de plein fouet qui fut violemment projetée par terre, sonnée. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle n’aperçut que le ciel couvert de nuages sombres. Se redressant lentement, elle découvrit une scène écrasante de désolation : les arbres, les plantes, le moindre buisson, se tordaient et dépérissaient tout autour du campement. Les feuilles s’asséchaient, les branches se rétrécissaient, les pétales fanaient, les troncs s’affaissaient. Jusqu’aux brins d’herbe sous ses mains qui prenaient peu à peu une couleur brunâtre. Et peu après, elle perçut un léger écho dans ses oreilles. L’écho d’un silence immobile qui résonnait partout autour d’elle. Comme si la vie avait cessé d’être. Plus aucun mouvement de plume dans les arbres, plus aucun pas feutré d’un prédateur en chasse, plus un seul couinement de petit rongeur. Même le son infime des milliers de fourmis en marche s’était éteint. Hébétée, elle se tourna vers le seul homme encore debout. Ashur. Il avait lâché sa proie sous l’impact et avait reculé de quelques pas. Comme elle, il contemplait la forêt autour de lui en essayant de comprendre ce qui lui arrivait. Leurs regards se croisèrent, et ils prirent conscience qu’ils étaient les deux seuls êtres restants. Diamant se releva, et l’infime bruit que provoquèrent ses gestes eut l’effet d’un vacarme assourdissant.
Mais un autre son remit la course du temps en marche. Un battement. Faible. Suivi bientôt d’un autre. Ils provenaient du sol, à quelques pas de la vampiresse. La vérité de la situation éclata dans son esprit, et elle retomba à genoux, le corps de sa fille à portée de main. Seule la pulsation de son cœur empêchait la panique de la submerger. Elle la prit dans ses bras et essaya de la ranimer.
- Emeraude… Réveille-toi… Ouvre les yeux… Aller… Je suis là, tu ne risques rien, réveille-toi !
Son cri résonna avec éclat dans la clairière désormais silencieuse. Elle se raccrochait au dernier espoir de ce pouls, bien trop lent à son goût. Elle plaqua son corps contre le sien et la berça doucement. Sa mémoire s’imposa à elle, et elle revit tous ces souvenirs qu’elle aurait voulu abandonner dans l’oubli.
Les douleurs incessantes de son bas-ventre, ses cris de souffrance qui se répercutent sur les murs, le regard fermé de la sage-femme, qui se voile. Le cadavre minuscule qu’elle découvre, encore couvert de son propre sang. Le supplice de son âme à la vue de cet enfant, son enfant, qui ne connaîtra jamais la vie.
Une voix lointaine résonna dans sa tête. Une voix d’homme. Antef ? Etait-ce possible ? La voix résonna à nouveau, plus proche. Non. Ce n’était pas lui. Diamant revint à la réalité et découvrit le guerrier à ses côtés. Il semblait attendre une réponse et la fixait avec attention.
- Qui est cette fille ?! Répéta-t-il avec colère.
Le visage de la vampiresse se durcit quand elle répondit sèchement :
- Ma fille.
- D’où proviennent ses pouvoirs ?!
- A ma connaissance, elle les a toujours eus. Mais ce n’est pas le plus important.
Sa voix défaillit légèrement quand elle demanda :
- Avez-vous un moyen de la réveiller ?
Le guerrier demeura impassible.
- Eux ont besoin de dormir parfois. Elle finira bien par se réveiller, lança-t-il en rengainant sa lame ensanglantée.
Elle se releva soudain, un éclat de panique dans les yeux.
- Et si elle ne se réveille pas ? Son cœur est faible, et…
Elle poussa un soupir et posa la main sur sa sacoche. Elle respira lentement plusieurs fois et réussit à se calmer.
- Comment pouvez-vous en être sûr ?
- Inutile de poser cette question, je ne suis sûr de rien.
Il prit un air ennuyé, mais continua à observer la petite avec curiosité. Quelques instants après, il rajouta :
- Ses pouvoirs ne lui permettront pas de mourir, j’en suis certain.
Le calme que dégageait le guerrier l’incita à le croire. Pour le moment du moins. Elle prit sa fille dans les bras et lui caressa doucement le visage d’un sourire las. Ce visage si délicat aux lèvres fines et à l’expression si innocente… A chaque fois que son regard plongeait dans ses yeux au vert infini, elle comprenait que tous ses rêves et son amour s’étaient logés dans l’existence de cette petite humaine. Elle était arrivée juste à temps pour sauver sa pauvre vie. Sans elle, son esprit se serait égaré dans l’absurdité de son existence. A travers Emeraude, elle avait trouvé une raison de vivre, et elle était déterminée à la préserver.
Le silence fut une fois de plus perturbé par la voix plate d’Ashur :
- Nous devons quitter cet endroit. Avec tout le raffut de cette nuit, c’est un miracle que les saletés qui peuplent ces montagnes ne nous sont pas encore tombées dessus.
Elle tourna lentement la tête vers lui, accusa ses paroles, revit l’état des alentours, et comprit la précarité de leur situation. Elle hocha la tête et se dirigea vers l’une des huttes encore intactes. Sous l’œil intrigué du guerrier, elle en sortit couvertures et nourriture. Elle remplit la besace d’Emeraude de denrées, et emmitoufla cette dernière dans un pan de fourrure. Le guerrier approuva de la tête, puis, avec une pointe de mépris :
- Non, ces créatures ne sont plus très loin en fait. Plusieurs centaines de pas, et se rapprochent prudemment. Il vaut mieux que nous courions. Suivez-moi.
Et dans un silence tacite, ils commencèrent à dévaler la pente rocailleuse.
Bonne lecture !
Elles le virent sur le point de se retourner, mais il parut renoncer au dernier moment. Leur faisant de nouveau face, le guerrier choisit de reprendre la parole :
- Vous… m’intéressez. Où pensez-vous aller ?
Diamant se raidit de surprise. Elle ouvrit la bouche et la referma. Son regard dériva sur Emeraude. Ses beaux yeux verts la fixaient dans l’attente d’une réponse. Elle réfléchit, chercha le moindre but dans son esprit, essaya de raccorder ses souvenirs à un semblant d’objectif… Une seule image lui restait en mémoire. Une seule personne. La peau satinée comme l’ocre du désert, les cheveux bruns sans cesse en bataille, sa voix à la fois délicate et espiègle, et ses prunelles qui brillaient comme deux perles de jade à la lueur de la lune. Sans elle, elle aurait continué son chemin, sans aucune tentation pour sa faim persistante, et sans aucun fardeau à son voyage. Mais sans elle, elle serait encore à errer dans les montagnes qui servaient de frontière entre Khemri et Lahmia, à rôder tel un animal enragé, l’esprit rongé par la faim et la folie. C’était grâce à sa fille qu’elle pouvait penser au lendemain, qu’elle réfléchissait à son existence de façon cohérente. Cet amour désespéré était la seule raison de leur survie à toutes deux, et en faisait le seul but de leur voyage. Survivre ensemble. Désormais sûre de ses sentiments, Diamant se détourna du regard coloré et apaisant de sa fille pour reporter son attention vers l’homme qui lui faisait face.
- Eh bien… Il se trouve que nous n’avons pas de réelle destination. Je ne compte plus les jours que nous avons passé dans ces montagnes. Pour l’instant, notre but est de trouver un endroit sûr pour ma fille. Un lieu où elle pourrait manger à sa faim.
Elle s’aperçut que pendant les brefs moments de sa réflexion, le guerrier n’avait cessé de les observer, elle et sa fille, avec curiosité. Il avait toujours une main posée sur le pommeau de son épée, mais ne paraissait plus tellement sur ses gardes. La réponse qui arriva enfin eut pour effet de le surprendre un infime instant. Puis il émit un rire tout aussi soudain, spontané, immédiatement réprimé.
- Et vous… Vous comptez aller loin comme ça ? Pourquoi chercher loin alors que la fillette aurait pu manger avec les cadavres qui nous entourent désormais ?
Son ton ne dissimulait pas son sarcasme, et celui qui se prénommait Ashur continua :
- Mieux : puisque vous m’avez indiqué qui vous êtes, je ne comprends pas pourquoi la fillette vous accompagne. D’ailleurs, c’est impossible qu’elle soit votre fille : notre nature s’y oppose…
Il se tut subitement, fit une volte-face, se figea un moment, se retourna à nouveau.
- Je ne voulais pas m’emporter, prononça-t-il plus calmement. Mais je suis quand même curieux de savoir… Qui êtes-vous ?
La réponse ne vint pas de là où il s’y attendait. La fillette avait fini par se lever et toisait le guerrier avec colère.
- Tu arrives pendant le repas de maman pour me manger, tu te bats avec elle, et maintenant tu… tu…
Elle soupira d’indignation, enleva d’un geste vif une mèche barrant son visage et reprit :
- Tu n’as pas le droit de dire ça ! Diamant est ma maman !
Un voile assombrit soudain son visage et elle baissa les yeux, comme si l’homme devant elle n’existait plus.
- Ma première maman est morte à cause d’un soldat comme toi… Je refuse de revoir ça ! Laisse-la tranquille !
Sa tristesse se transforma en témérité, et ses petits poings vinrent se cogner contre l’armure du guerrier de façon frénétique. Des larmes se mêlèrent à sa rage et la force de ses coups diminua en même temps que le son de sa voix.
- Laisse-la tranquille… répétait-elle avec désespoir.
Diamant, d’abord pétrifiée par la réaction de sa fille, se mit en mouvement à une vitesse surprenante. En un geste, elle s’était agenouillée à ses côtés, faisant fi de la présence d’Ashur à quelques pouces d’elles. La petite releva la tête et vit sa mère, le regard bienveillant et les bras ouverts vers elle.
Elle s’y précipita et se blottit contre sa poitrine.
Elle laissa la douce musique de sa voix apaiser son cœur et ses sanglots.
Elle se sentait enfin en sécurité, protégée de tout.
Diamant lui caressa les cheveux avec tendresse et une sensation d’énergie dévastatrice déferla en elle. L’énergie d’une résolution sans appel. Elle était le seul rempart entre le bonheur de sa fille et la cruauté du monde extérieur, et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour la préserver. Fût-ce détruire Khemri de ses propres mains. A cet instant précis, tout ce qu’il y avait autour d’elles lui sembla dérisoire : la scène de carnage, le ciel assombri par les nuages, le guerrier redoutable qui se tenait juste à côté, immobile. Cependant, la voix de ce dernier résonna brusquement, d’une froideur irritée :
- Vous ne voulez pas répondre ?
La main toujours dans les cheveux de sa fille, elle répondit sans même lui adresser un regard.
- Vous n’avez jamais eu d’enfant, c’est évident. Vous ne comprenez pas le lien qui puisse unir enfant et parent. Qu’elle ne soit pas de mon sang ne change rien. Elle est ma fille, et je ne permettrai à personne d’en douter. Vous avez une arme, moi non. Vous savez vous battre, moi non. Mais pour elle, je n’hésiterai pas à vous tuer…
La réponse ne vint pas. Un mouvement imperceptible à l’œil humain, deux bruits secs de pointes qui s’enfoncent dans la chair ; le guerrier poussa un intense grognement : deux flèches grossières s’étaient enfoncées dans son flanc gauche. Une colère nouvelle s’alluma dans son regard, il ignora les flèches, dégaina, se mit à courir tellement rapidement que Diamant eut du mal à discerner sa course. Quelques infimes instants après, il y eut un craquement effroyable, des cris horrifiés, des hurlements et des gémissements de femmes, que les imprécations rageuses du guerrier recouvraient parfois :
- LES HUMAINS DOIVENT CONNAITRE LEUR PLACE !
Le vacarme parut à la fois interminable et bref, les cris étant vite remplacés par des râles et des gargouillements abjects. Les sons des femmes mourantes s’éternisèrent, mais il eut un bruit répété de lame qui s’enfonce dans les corps, les réduisant au silence l’un après l’autre. Diamant vit le guerrier au milieu d’un espace où se dressaient encore les restes misérables d’une hutte, le sang recouvrant chaque pierre tout autour, se répandant depuis un monticule de morts. Ashur, lui, tenait son épée d’une main, et de l’autre maintenait le corps d’une jeune sauvage près du sien, les crocs plantés goulument dans son cou. Ses prunelles ne cessaient d’émettre une lumière rougeâtre et malsaine.
Emeraude se redressa soudain, le regard perdu au loin. Elle s’écarta légèrement de sa mère et un vent invisible souleva ses cheveux. Ses yeux étaient fixés sur le guerrier, désormais dénués de larme. Sa mère vit l’air s’altérer imperceptiblement autour d’elle sans en comprendre la raison. La petite prit une inspiration et murmura des paroles incompréhensibles, le ton vibrant d’une force occulte. Ses poings fermés furent bientôt entourés d’un halo sombre.
De peur que le phénomène de la grotte ne se reproduise, Diamant fit un geste vers elle. L’enfant tourna vivement la tête, et elle découvrit deux gouffres d’un noir abyssal à la place des yeux. Emeraude ouvrit la bouche et un souffle s’échappa de ses lèvres.
- Maman…
La vampiresse n’eut pas le temps de réagir. Emeraude s’écroula au sol, et une onde de choc balaya la clairière toute entière. Elle percuta Diamant de plein fouet qui fut violemment projetée par terre, sonnée. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle n’aperçut que le ciel couvert de nuages sombres. Se redressant lentement, elle découvrit une scène écrasante de désolation : les arbres, les plantes, le moindre buisson, se tordaient et dépérissaient tout autour du campement. Les feuilles s’asséchaient, les branches se rétrécissaient, les pétales fanaient, les troncs s’affaissaient. Jusqu’aux brins d’herbe sous ses mains qui prenaient peu à peu une couleur brunâtre. Et peu après, elle perçut un léger écho dans ses oreilles. L’écho d’un silence immobile qui résonnait partout autour d’elle. Comme si la vie avait cessé d’être. Plus aucun mouvement de plume dans les arbres, plus aucun pas feutré d’un prédateur en chasse, plus un seul couinement de petit rongeur. Même le son infime des milliers de fourmis en marche s’était éteint. Hébétée, elle se tourna vers le seul homme encore debout. Ashur. Il avait lâché sa proie sous l’impact et avait reculé de quelques pas. Comme elle, il contemplait la forêt autour de lui en essayant de comprendre ce qui lui arrivait. Leurs regards se croisèrent, et ils prirent conscience qu’ils étaient les deux seuls êtres restants. Diamant se releva, et l’infime bruit que provoquèrent ses gestes eut l’effet d’un vacarme assourdissant.
Mais un autre son remit la course du temps en marche. Un battement. Faible. Suivi bientôt d’un autre. Ils provenaient du sol, à quelques pas de la vampiresse. La vérité de la situation éclata dans son esprit, et elle retomba à genoux, le corps de sa fille à portée de main. Seule la pulsation de son cœur empêchait la panique de la submerger. Elle la prit dans ses bras et essaya de la ranimer.
- Emeraude… Réveille-toi… Ouvre les yeux… Aller… Je suis là, tu ne risques rien, réveille-toi !
Son cri résonna avec éclat dans la clairière désormais silencieuse. Elle se raccrochait au dernier espoir de ce pouls, bien trop lent à son goût. Elle plaqua son corps contre le sien et la berça doucement. Sa mémoire s’imposa à elle, et elle revit tous ces souvenirs qu’elle aurait voulu abandonner dans l’oubli.
Les douleurs incessantes de son bas-ventre, ses cris de souffrance qui se répercutent sur les murs, le regard fermé de la sage-femme, qui se voile. Le cadavre minuscule qu’elle découvre, encore couvert de son propre sang. Le supplice de son âme à la vue de cet enfant, son enfant, qui ne connaîtra jamais la vie.
Une voix lointaine résonna dans sa tête. Une voix d’homme. Antef ? Etait-ce possible ? La voix résonna à nouveau, plus proche. Non. Ce n’était pas lui. Diamant revint à la réalité et découvrit le guerrier à ses côtés. Il semblait attendre une réponse et la fixait avec attention.
- Qui est cette fille ?! Répéta-t-il avec colère.
Le visage de la vampiresse se durcit quand elle répondit sèchement :
- Ma fille.
- D’où proviennent ses pouvoirs ?!
- A ma connaissance, elle les a toujours eus. Mais ce n’est pas le plus important.
Sa voix défaillit légèrement quand elle demanda :
- Avez-vous un moyen de la réveiller ?
Le guerrier demeura impassible.
- Eux ont besoin de dormir parfois. Elle finira bien par se réveiller, lança-t-il en rengainant sa lame ensanglantée.
Elle se releva soudain, un éclat de panique dans les yeux.
- Et si elle ne se réveille pas ? Son cœur est faible, et…
Elle poussa un soupir et posa la main sur sa sacoche. Elle respira lentement plusieurs fois et réussit à se calmer.
- Comment pouvez-vous en être sûr ?
- Inutile de poser cette question, je ne suis sûr de rien.
Il prit un air ennuyé, mais continua à observer la petite avec curiosité. Quelques instants après, il rajouta :
- Ses pouvoirs ne lui permettront pas de mourir, j’en suis certain.
Le calme que dégageait le guerrier l’incita à le croire. Pour le moment du moins. Elle prit sa fille dans les bras et lui caressa doucement le visage d’un sourire las. Ce visage si délicat aux lèvres fines et à l’expression si innocente… A chaque fois que son regard plongeait dans ses yeux au vert infini, elle comprenait que tous ses rêves et son amour s’étaient logés dans l’existence de cette petite humaine. Elle était arrivée juste à temps pour sauver sa pauvre vie. Sans elle, son esprit se serait égaré dans l’absurdité de son existence. A travers Emeraude, elle avait trouvé une raison de vivre, et elle était déterminée à la préserver.
Le silence fut une fois de plus perturbé par la voix plate d’Ashur :
- Nous devons quitter cet endroit. Avec tout le raffut de cette nuit, c’est un miracle que les saletés qui peuplent ces montagnes ne nous sont pas encore tombées dessus.
Elle tourna lentement la tête vers lui, accusa ses paroles, revit l’état des alentours, et comprit la précarité de leur situation. Elle hocha la tête et se dirigea vers l’une des huttes encore intactes. Sous l’œil intrigué du guerrier, elle en sortit couvertures et nourriture. Elle remplit la besace d’Emeraude de denrées, et emmitoufla cette dernière dans un pan de fourrure. Le guerrier approuva de la tête, puis, avec une pointe de mépris :
- Non, ces créatures ne sont plus très loin en fait. Plusieurs centaines de pas, et se rapprochent prudemment. Il vaut mieux que nous courions. Suivez-moi.
Et dans un silence tacite, ils commencèrent à dévaler la pente rocailleuse.
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Re: Origines
Mar 24 Fév 2015 - 18:03
La suite est excellente et on s'y prend avec encore plus d'intensité que d'habitude. Je n'ai rien à redire à l'exception d'une seule chose.
Ashur est sensé être en excellent guerrier (ce n'est pas moi qui irait osé le contredire) or, tu marques qu'il range sa lame ensanglantée dans son fourreau. Or, on ne doit jamais ranger une lame non nettoyée dans un fourreau car cela pourrait la bloquer à l'intérieur quand il faudrait la ressortir. En effet, le sang séchant, cela adhèrera aussi au fourreau. Et même si Ashur a une force au-delà de celle des humains, il aura l'air particulièrement con si cela lui arrive un jour et qu'il se trouve dans une situation nécessitant cette épée.
Mais c'est absolument tout ce que j'ai à te reprocher. Après, cela peut se justifier dans certains cas. Comme par exemple, il doit la ranger rapidement pour soigner immédiatement Emeraude (ou sauter quelque part, ou courir selon le scénario).
En tout cas, je suis impatient d'avoir la suite.
Ashur est sensé être en excellent guerrier (ce n'est pas moi qui irait osé le contredire) or, tu marques qu'il range sa lame ensanglantée dans son fourreau. Or, on ne doit jamais ranger une lame non nettoyée dans un fourreau car cela pourrait la bloquer à l'intérieur quand il faudrait la ressortir. En effet, le sang séchant, cela adhèrera aussi au fourreau. Et même si Ashur a une force au-delà de celle des humains, il aura l'air particulièrement con si cela lui arrive un jour et qu'il se trouve dans une situation nécessitant cette épée.
Mais c'est absolument tout ce que j'ai à te reprocher. Après, cela peut se justifier dans certains cas. Comme par exemple, il doit la ranger rapidement pour soigner immédiatement Emeraude (ou sauter quelque part, ou courir selon le scénario).
En tout cas, je suis impatient d'avoir la suite.
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Re: Origines
Mer 25 Fév 2015 - 15:48
Et bah, Emeraude défonce tout sur son passage !! Je suis pressé qu'elle devienne vampire pour que les ravages soient plus importants !
Honnêtement, une suite que j'ai dévoré et dont j'attends... la suite !!
* Sort par la porte*
Pas taper !
Honnêtement, une suite que j'ai dévoré et dont j'attends... la suite !!
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Re: Origines
Mer 25 Fév 2015 - 23:48
_de choc (on n'est jamais à l'abri des fautes de frappe...)et une onde de choque balaya la clairière toute entière
Par ailleurs, j'ai cru voir un souci de syntaxe quelque part, mais je ne sais plus où
@Gilgalad : je confirme en ce qui concerne le sang sur l'épée (et vive les cours de katana à l'Université ! )
Enfin je rejoins mes confrères pour demander la suite, et je rajoute que celle-ci ne me semble pas assez longue
La suite !
- GilgaladMaître floodeur
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Re: Origines
Mer 25 Fév 2015 - 23:51
Moi je l'ai appris dans un bouquin. Il s'appelle même L'Île du Destin, de la Trilogie La Quête d'Ewilan (vive le T9 ) de Pierre Bottero.
Sans plaisanter, je l'ai appris là-dedans et je l'ai revu à plusieurs reprises. Et après j'ai essayé de déduire par moi-même comment cela se faisait.
Sans plaisanter, je l'ai appris là-dedans et je l'ai revu à plusieurs reprises. Et après j'ai essayé de déduire par moi-même comment cela se faisait.
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