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Blood-Dwarf

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Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Empty Re: Chroniques des Von Bluthimmel

Mar 22 Nov 2011 - 20:07
Chapitre 8 : Marche de guerre
« Poigne d’Acier » essuyait son épée sur laquelle pendaient quelques filets sanglants. Il avait été déserté de ses idéaux de justice et sa lame au fourreau, il s’agenouilla auprès de son frère défunt et lui rabattit à jamais les paupières sur ses yeux désormais d’albâtre. Il soupira de désespoir, puis m’indiqua sans se retourner que je pouvais partir. Hésitant, je pris finalement le chemin de la taverne, et rejoins amer mes camarades goguenards. « Poigne d’Acier » nous rejoignit tard, et je devinais à ses mains terreuses et aux clairs sillons qui soupiraient à ses joues qu’il avait enterré le clerc. Il monta en silence et nous ne le revîmes que le lendemain.

Il nous réveilla sous l’étrange chatoiement de trois astres affaiblis, Mannslieb et Morrslieb cédant les nuées sulfureuses au soleil brasillant dans de lointaines clartés. L’aubergiste lui remit un parchemin grossier, et le général fronça avec effort ses prolifiques sourcils, puis abandonna et me demanda de lui lire la missive. Mes yeux fatigués s’entrouvrirent avec paresse, cherchèrent nonchalamment le début de la lettre, puis mes lèvres pâteuses remuèrent et je lis à basse voix :


« Je pars, adieu donc. Je vous demande une ultime fois de me pardonner, seigneur, et espère sincèrement que vous reviendrez sur votre cruelle décision, que je m’acquitterai dans la gloire de l’affreux tribut que vous me soumettez. Je fus corrompu par ma soif d’aventure, et sais aujourd’hui pour quel idéal dois-je œuvrer. Mais, si mon malheur peut vous servir, je vous prie avec toute la dignité qu’il me reste de rebrousser chemin, et de vous en retourner à Altdorf, de lever de plus puissants osts avant de vous aventurer plus avant au cœur des bois.

Ne me croyez que si vous le voulez, mais sachez que tout paysan sylvanien craint aujourd’hui die Waldenteufeln, die Verssweiflungtöten, et diront tous dass sie den finster Reisszahn bringen. Et, si j’ai pu un instant côtoyer les sphères de ces sombres personnages, je peux vous assurer qu’ils se préparent à quelque importante campagne, et ils ont récemment recruté nombre des leurs, aussi je vous recommande la plus extrême prudence.
Votre casque étant le dernier lambeau qui me rattache à ma famille, c’est ainsi que je me suis renommé. Mon oncle, haïssez-moi, mais ne m’oubliez pas.
Eternelle reconnaissance, Godric Schwarzhelm. »


« Poigne d’Acier prit la lettre, murmura :

« _ Jeune crétin… »

Puis il la jeta dans la vase humide.


Malgré l’apparente indifférence qu’il adopta à la lecture de la lettre, le général nous fit bientôt sortir de la Drakwald, préférant la longer, et redoubla de vigilance tant de jour que de nuit. Il était soucieux. Quelques jours après le départ de Waldenburg, nous arrivâmes sur une colline souffletée chaque instant par de puissants vents blanchâtres ; le soleil se dressait fièrement au-dessus de nos fronts brûlants. « Poigne d’Acier » nous arrêta et nous fit dresser le campement à cette heure pourtant précoce. Les soldats ne discutèrent pas, établirent les tentes au sommet de la colline, puis se regroupèrent sur un de ses flancs abrité du blizzard automnal, et jouèrent aux dés, burent, rigolèrent. Je ne les avais pas rejoints. J’avais sorti quelques sommaires disques de divination et, jouant d’un sextant techno-cyclique, j’essayais de déchiffrer la date à laquelle « Poigne d’Acier » nous ramènerait en Altdorf.

Les cieux se couvrirent d’emblée d’un suaire ténébreux, et le sombre marbre de nuages pluvieux accompagna cette semée de tempêtes, crevant le bubon d’une fine pluie au-dessus de notre maussade campement. « Poigne d’Acier » sortit de son pavillon avec noblesse, puis sonna le rassemblement, et m’ordonna peu civilement de dissiper cette bruine fantomatique. J’obtempérais avec ennui, rangeant mes instruments divinatoires, puis trempai mes doigts dans l’éther ambiant, et m’efforçai de chasser ces célestes fumées de jais. N’arrivant à rien, je m’immergeai tout entier dans les flots de magie, et sentis à cet instant que je n’étais pas seul : un autre sorcier se tenait à proximité, avait invoqué cette fine averse, et contrecarrait avec la simplicité et le jeu de l’expérience toutes mes tentatives de dissipation. Mon front suait désormais, ma tête oscillait de douleur, et mes bras tremblaient sous l’effort que je dépensais en vain. Je m’écroulai enfin, défait, et restai ainsi pantelant. « Poigne d’Acier » me releva avec violence, et me souffleta d’une main puissante, avant de me scander avec mépris :

« _ Alors c’est cela ? Me transporter cet encombrant sorcier pour rien, puisqu’il n’est même plus capable d’exercer la plus basique discipline de son enseignement ! Misérable, que t’arrive-t-il ! »

Je répondis difficilement, le coup m’ayant plus sonné qu’autre chose :

« _ Un autre… Sorcier…Dans la forêt… Rien pu faire… »

« Poigne d’Acier » écarquilla les yeux avec stupeur et ordonna avec empressement la formation des bataillons, et le branle-bas de combat. Mes yeux se couvrirent d’un voile pâle, et les nuages me semblèrent fourmillants, grouillants tels de désordonnées volutes noires. Je me relevai avec effort, puis rejoins titubant le régiment de Borald, attendant avec souci la suite des évènements.

Un hurlement gelé se fit entendre depuis la forêt, un cri spectral, abyssal, ricanant dans les ombres du doute. Oh combien terrible est le feulement de la peur ! Oh comme aliéné est le piétinement de l’angoisse sur la lèvre tremblante de la détermination ! Les lanciers empoignèrent avec la ferveur du désespoir leurs amulettes sigmarites, et un sentiment général empreint d’une malsaine excitation gagna l’ost à la vue du fin manteau de poussière à l’orée de la forêt, de ceux qui enveloppent habituellement une armée en marche. Mais, avant que nous n’ayons pu voir d’aucune façon la véritable nature de ces soldats, un étouffant linceul de brouillard vint tapisser le fond de la vallée. Du haut de notre colline, nous tremblions, car « Poigne d’Acier », en nous faisant ranger en lignes de batailles, nous avait communiqué sa peur du détachement en approche et, aucun d’entre nous ne connaissant sa véritable nature, les lanciers terrifiés attendaient avec nervosité.

J’imaginais une multitude de scénarios possibles, la présence dérangeante d’un sorcier plus puissant que moi dans les environs ne me rassurant aucunement, et me mis soudain à penser à la mort : ma mort. J’avais souvent entendu les regrets de vieux vétérans de n’être pas morts en braves sur le champ de bataille ; mais je n’avais ni leur amour de la mort, ni la même conception de la gloire. Mort ? Ce mot si décisif pouvait-il devenir une réalité ? Je ne voulais pas mourir ! Pas encore… Et je sentis en moi ramper le démon de la désertion, préférant une vie de couard au sacrifice inconnu de tant de soldats dont le nom n’est jamais qu’avalé par le furieux passage du Temps. Ressassant avec défaite ces amères pensées, un flot de bile acide me hoqueta dans la gorge, et je vomis faiblement. Mes camarades proches s’esclaffèrent, mais d’un rire forcé, et je les sentais eux-mêmes nerveux, malgré leur expérience dans le métier, malgré l’hypocrite honneur qu’est celui des guerriers. Mais l’ennemi –si c’en était bien un !- n’arrivait pas et, la nuit tombant, « Poigne d’Acier » releva les soldats, non sans instaurer de draconiens tours de garde, de sorte qu’au moins la moitié des soldats se trouvait en continuelle patrouille tout autour de la butte. Je me couchai, exceptionnellement épargné de tour de garde devant ma fatigue due aux efforts que j’avais fournis en vain.

Je m’endormis donc, et cette nuit-ci, j’eus une atroce vision : le dénouement de la bataille à venir était écrit dans les astres, et ce rêve divinatoire acheva de saper les frêles fondements de mon optimisme. Mon cœur se calma tout à fait et, si le destin était déjà écrit, il ne m’était rien permis de faire contre cette abominable sentence : la tête du plus illustre d’entre nous tomberait dans les combats du lendemain.


Dernière édition par Blood-Dwarf le Mer 23 Nov 2011 - 13:31, édité 1 fois

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Mar 22 Nov 2011 - 21:16
Wouh! Encore une très belle suite! Je crois que ce qui nous impressionne le plus, c'est les mots que tu emploies et qui ne nous traversent jamais l'esprit Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Happy_gi

Mais que vois-je?! L'écrivain le moins repris sur ces textes a fait une répétition! Malédiction!
Les soldats ne discutèrent pas, établirent les tentes au sommet de la
colline
, puis se regroupèrent sur un flanc de la colline abrité du
blizzard automnal,

Ah, et dernière chose qui me gène... Je ne comprends pas l'allemand (et je pense que je ne suis pas la seule)... Pour les surnom/jeu de mots des personnages, c'est pas grave. Mais quand c'est des expressions entières qui sont censées donner le ton du paragraphe/ opinion des villageois... Je trouve que ça brise l'absorption totale de notre esprit quand on lit ton histoire. Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Fou4_gif

Voilà! Sinon tu écris toujours bien, texte fluide et blablabla... Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Laugh_gi
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Mer 23 Nov 2011 - 13:43
Merci des encouragements !
L'écrivain le moins repris sur ces textes a fait une répétition!
J'ai été touché par le début de la phrase jusqu'à ce que... Enfin bref, c'est corrigé ! Blushing

Je ne comprends pas l'allemand
Waldenteufeln = démons des forêts
Verssweiflungtöten (verzweiflungtöten) = morts du désespoir
Ils diront : dass sie den finster Reisszahn bringen = ils diront qu'ils amènent "le croc/canine ténébreux".
Encore désolé pour cette petite bourde...

surnom/jeu de mots des personnages
Si c'est au fait que le neveu de "Poigne d'Acier" s'appelle Schwarzhelm que tu penses en disant "jeu de mots", ce nom est en fait assez important. Schwartzhelm en allemand signifie "casque noir" littéralement, mais cela veut surtout dire que Godric est l'un des ancêtres de Ludwig Scharzhelm, le champion de l'Empereur en 2522.

Le chapitre 9 étant en partie déjà écrit, il devrait arriver dans une ou deux semaines ! Cool

EDIT : Et voici ce petit chapitre dédié à la V8 ! Demain commence une nouvelle ère... Pour tous ! Vampire

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Ven 13 Jan 2012 - 21:50
Chapitre 9 : Une bataille

Peu de soldats avaient dormi cette nuit-là, de peur d’avoir à ne jamais se réveiller. Alors que nous devinions le soleil émerger derrière un blanc tissu de brume, un second hurlement retentit, semblable à celui que nous avions entendu la veille. Les soldats déjà nerveux se rangèrent précipitamment en rang, et attendirent les ordres du général. Celui-ci, impassible, avait passé une longue cape d’un bleu royal que je ne lui avais jamais vu. Les armoiries d’une noble famille y tremblaient avec le vent et, tantôt claquant dans une bourrasque tantôt dansant avec langueur, elle semblait être un antique artefact, héritage du passé. Une voix se fit alors entendre de l’autre côté de la brume, à peine étouffée par celle-ci :

« Vous êtes faibles… Tout au plus une cinquantaine, que comptez-vous faire contre les immortelles légions de Sylvanie ? Rendez-vous ou mourrez tous. Il n’y a pas d’autre alternative… »

La rumeur de la terreur roula bientôt son amer gémissement sur les régiments hésitants. Mais « Poigne d’Acier » la fit taire, frappant son bouclier de sa lame dans un clair fracas. Porté par un fougueux charisme, il clama :

« Amis, je vous ai caché la nature de notre ennemi bien trop longtemps, il est temps que je vous la dévoile ! Nous affronterons aujourd’hui nos frères, ou leurs perversions, l’abomination vampirique qui sévit depuis bien trop de temps en ces terres !
Entends-je la peur remuer vos lèvres ? Non, c’est la hardiesse qui vous habite ! Sommes-nous cinquante ! Non ! Nous sommes la Nation entière, soutenus par Sigmar ! Sommes-nous faibles, mes amis ? Non ! Gloire à l’Empire ! »

Les soldats hurlèrent sans hésitation :

« Gloire à l’Empire ! Griffon éternel !»

Et dans un tumulte de cris guerriers, de frénétiques battements de tambours pulsant cette mélopée guerrière, les arquebusiers lancèrent un salve de plomb dans le tapis de brume, héroïque quoique inconsciente bravade. Je n’avais moi-même qu’un amer sourire aux lèvres, une pitié affective pour ceux qui criaient aujourd’hui et qui seraient morts demain. La voix de la forêt reprit :

« Vous avez finalement choisi la mort, qu’il en soit ainsi ! Mais vous vous souviendrez bien assez tôt et avec un ironique désespoir qu’il vous fut laissé le choix, et que seul parmi tous se dressa un fou, un tyran, qui parla au nom de tous pour sa seule bravoure ! »

Un souffle d’hésitation balaya la soldatesque, mais le joueur de tambour des joueurs d’épées, bientôt rejoint par celui des arquebusiers puis par celui des lanciers se mit à frapper avec détermination son instrument. Une pulsation s’éleva de l’armée, lente, caverneuse, violente, rejointe par les battements de cœur unanimes des soldats. Les esprits se calmèrent, les lames furent sorties de leurs fourreaux, les lances alignées, les bataillons formés. La discipline du désespoir pétrifia notre loyauté. Nous attendions avec appréhension le combat à venir.

Soudain, un souffle de putréfaction froissa nos narines, puis des plaintes désordonnées s’élevèrent du brouillard. Nous les vîmes enfin. Lambeaux humains, débris de chairs malades et putréfiées, écervelés assemblages de membres et de bois, tous plus prompts à évoquer le dégoût les uns que les autres : Zombies. Ils traînaient leurs corps démembrés avec une extrême lenteur et leurs immondes orbites n’abritaient que les ténèbres d’une perpétuelle quête de poussière, mais une glaçante détermination brisait leurs muscles uns à uns, et ils avançaient ainsi, pâles parodies de leurs anciennes vies. Une dizaine de ces abominations émergèrent ainsi de la brume, et les arquebusiers les abattirent nerveusement du haut de la colline. La première vague venait-elle d’être annihilée ? Tout à coup, un immonde tremblement déchira le silence et nous entendîmes un bruit épouvantable. C’était comme si un fleuve gluant se déversait dans le vallon, un écœurant débit de matière éclatait en de sonores bubons, et les lanciers se recroquevillèrent instinctivement derrière leurs boucliers.

Dans un élan d’inconscient héroïsme, je tordis les vents de magie en un puissant canal d’énergie pure, et dirigeai ce faisceau de puissance sur la brume, la chassant dans une grande bourrasque, et révélant à tous les soldats les périls de la vallée. Les zombies qui avaient été fauchés par la vague de vent se relevaient, ils étaient à présent plus d’une centaine à avancer sans autre but que notre annihilation. Mais ce ne fut pas le nombre des zombies qui impressionna la soldatesque, mais la source même des tremblements que nous avions entendus : une véritable colline avait été érigée par amoncellement de cadavres pourrissants, et celle-ci se mouvait avec une incroyable agilité dans les rangs des zombies, semant derrière elle des membres encore frais, avalant dans un roulement infernal les morts-vivants sur qui elle semblait couler. On apercevait à son sommet tremblotant une silhouette noire, entourée de corps qui tantôt la recouvraient et tantôt s’engouffraient au centre de l’incroyable monticule, aspirés par un continuel mouvement, roulants les uns sur les autres avec une mécanique monstrueuse. Les arquebusiers rechargèrent avec précipitation leurs armes, et s’apprêtèrent à tirer une seconde salve.

Quelques macchabées s’écroulèrent encore, « Poigne d’Acier » ordonna aux lanciers de se positionner afin de réceptionner la charge imminente de la colline de chair, tandis que les joueurs d’épées commençaient à affronter les plus rapides des zombies. Soudain, le monstre s’immobilisa à quelques dizaines de mètres de nous, et les cadavres gonflés d’énergies nécromantiques se stoppèrent dans un commun grouillement. L’homme au sommet du monticule se découvrit tout entier, ombre muette, puis leva haut les bras dans le ciel, agrippant de ses deux poings les nues déchirées. Soudainement, il rabattit ses bras vers nous puis l’abomination coula vers nous avec une vélocité incroyable, et un flot de membres nous renversa. Tout ne fut plus que chair, une ignoble odeur nous asphyxiait, nous étions noyés sous les morts qui nous agrippaient avec leurs mains décharnées, nous mordaient avec leurs dents pourries. Nous fûmes bientôt submergés sous les charognes, mon nez était plein d’un sang moisi, mes yeux n’arboraient plus qu’un perpétuel voile cramoisi, je ne pouvais même plus hurler.

J’invoquais quelques bourrasques cinglantes qui me libérèrent de l’étreinte des corps, puis crachai le sang souillé qui m’avait empoisonné. Les lanciers étaient en bien mauvaise posture, certains coupaient les membres tordus, d’autres étaient emportés par le flot pestilentiel, ceux qui mouraient écrasés rejoignaient sinistrement les rangs des morts-vivants. Borald criait par-dessus le tumulte des fers les quelques rudiments tactiques qu’il voulait appliquer, et ordonnait avec fureur la reformation pour mieux attaquer l’ennemi ; mais aucun soldat n’avait la liberté de lui obéir, et chacun s’empêtrait encore plus dans la fange humaine qui bouillonnait au sol. Se voyant enfin seul et son unité démantelée, il sortit un glaive argenté de son fourreau et s’élança à la conquête du sommet. Gravissant avec colère les veules dépouilles de ses compagnons agonisants, il atteignit le point culminant du monticule et remuant les corps avec son glaive, il trouva enfin la silhouette du sorcier noir, et lui passa son glaive au travers du corps. Il leva son arme dans le ciel et cria à la victoire, tandis que sous lui s’affaissait l’édifice humain et qu’une dernière vague de chair nous passait au niveau des jambes.

Borald rassembla en hâte les soldats rescapés, et compta sommairement le nombre de victimes, avant de se lancer à la rescousse des joueurs d’épées qui étaient encerclés par la multitude de zombies. Nous vînmes finalement à bout des morts-vivants, et tandis qu’il essuyait sa lame tâchée de sang, Borald s’adressa à « Poigne d’Acier » :

« _ Capitaine, il nous faut partir d’ici, nous avons rempli notre mission devant Sigmar ! Attendre l’ennemi les bras croisés ne nous amènera rien de plus que la mort ! Partons, schnell !

_ Non, ce n’est pas terminé… Il nous faut trouver la source de tout cela… Le vampire, qui se cache, pleutre, dans les fourrés non loin d’ici ! Mais nous n’aurons pas à attendre longtemps, il a amené den finster Reisszahn. Pleurez les morts, lavez vos fers, mais préparez-vous au combat ! »

Il regarda les soldats exténués, puis dirigea une reformation simple et une petite remontée sur le flanc de la colline. Semblable aux précédents, un hurlement glacial se fit entendre, suivi d’un vent sépulcral et du singulier bruissement d’ailes des chauves-souris. Nous étions prêts, mais nous étions faibles ; et l’arrivée de ce nouvel ennemi acheva d’effrayer les soldats : der finster Reisszahn s’élançait sur nous.

Le sol trembla, la bête atterrit lestement devant nous, avant d’hurler de rage. Je n’aurais su qualifier ce monstre que de dragon, mais la décrépitude de l’animal faisait outrage tant à la fois aux yeux et à la noblesse draconienne. Un de ses yeux pourrissait au côté de sa joue dépecée, retenu par un lambeau de nerf optique ; sa gueule n’abritait plus que des pieux enfoncés à même la chair. Son abdomen percé laissait négligemment traîner ses intestins dans la poussière et des débris de peau flottaient sur ses chairs flasques. Des essaims de mouches l’encerclaient avec une abjecte ferveur, faisant comme un halo de pestilence tout autour de son corps. Sur son encolure était accroupie une noble silhouette, et l’on ne voyait du flanc de la colline que l’étincelle d’une épée effilée et que le chatoiement d’une cape d’un rouge sanglant.

Les arquebusiers tiraient déjà sur le monstre quand les joueurs d’épées s’élancèrent aux devants de celui-ci, l’arme au poing, un cri victorieux à la bouche et « Poigne d’Acier » à leur tête. Les lourdes lames déchirèrent horriblement les chairs tuméfiées, mais les lambeaux noirs qui se détachaient des membres pendaient quelques temps, avant que le vent ne les rabattisse pleins de poussière sur les plaies suintantes de pus. La bête essouffla les soldats par son endurance, et déjà quatre de la dizaine de guerriers gisaient à terre, piétinés par le monstre ou occis par la vive lame de son cavalier. « Poigne d’Acier » cria un :

« _ Sus au vampire ! »

Qui emplit de courage le reste de ses vétérans, et il porta ses coups sur le chevaucheur du dragon zombie. La poussière et les mouches aveuglaient les soldats acculés, et la bête finit par les démembrer un à un, et déchira dans sa gueule l’étendard des joueurs d’épées, excitant de ce faire la haine de toute l’armée. « Poigne d’Acier » redoubla de fureur, les arquebusiers crièrent à l’ignominie avant de recharger leurs arquebuses, Borald ordonna aux lanciers de venir en aide au capitaine. Celui-ci venait de briser la lame de son opposant, et lacérait le flanc du monstre, esquivant avec agilité les furieux coups de griffes que celui-ci lui portait. Mais le vampire, privé de son arme, hurla de colère, et attirant à lui le vent de Shyish, il entoura son poignet d’un gant de ténèbres et l’abattit avec puissance contre l’épée de « Poigne d’Acier ». Le général résista mais la force du vampire vainquit l’acharnement du mortel. La lame vola en éclats étincelants, et ce fut comme si une pluie de lumière tombait sur le capitaine désormais condamné.

« La tête du plus illustre d’entre nous tomberait dans les combats du lendemain… »

Le soldat désarmé tourna ses yeux vers le ciel, murmura un dernier mot d’adieu à ce monde, avant d’être décapité par la bête.

Nous arrivâmes au combat à cet instant précis, il était déjà trop tard. Le vampire n’eut aucun mal à tuer un à un les lanciers sacrifiés. Nous ne fûmes bientôt plus que deux. Je me retournai dans un dernier espoir mais l’accablement de la défaite m’étouffa quand le m’aperçus de la timide désertion des arquebusiers à la mort de leur général. Borald combattait encore ; je m’efforçais d’attirer la foudre sur la bête, mais le vampire déjouait avec aisance tous mes pâles essais de sorcellerie. Borald fut bientôt tué. J’étais seul. Le dragon me fit tomber à terre d’un coup de queue. Je restai ainsi allongé à terre, blessé et terrifié. Je vis le vampire descendre de sa monture et s’avancer jusqu’à moi. Son visage enfantin me troubla, mais c’est à l’instant où j’aperçus sa longue chevelure noire que je compris tout le déshonneur de la situation. Nous venions tous d’être vaincus… par une femme ? Je hoquetai d’humiliation, et rampai en reculant tant je fuyais l’indéniable. Enfin devant moi, la vampire fit une moue surprise puis dit sur un ton malicieux qui me terrifia :

« _ Tu ne me reconnais donc pas ? »

Je fermais les yeux afin de mourir dignement. Je me sentis périr maintes fois, puis un vertige me prit. Je rouvris mes paupières et vis défiler sous moi les cimes de la Drakwald. Un filet de sang et de pus me coulait sur la joue. J’étais retenu dans les griffes du dragon.


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Ven 13 Jan 2012 - 22:54
Bon, quand je lis ça et que je me rappelle de ce que je viens de poster dans mon récit, la honte m'enserre.

Franchement, te lire est un véritable plaisir, tant les phrases sont originales et bien tournées en même tant que le scénario est prenant.
Enfin, on parle de vampires dans cette histoire, ce n'est pas trop tôt pourrait-on dire, mais tu aurais tout aussi bien pu parler de Jo, le clodo de Nuln, que tes textes auraient toujours été aussi excellents.

Allez, j'arrête là mon éloge, parce que sinon j'y suis encore demain.

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Dim 15 Jan 2012 - 11:05
Mouahaha ! Les femmes domineront bientôt le monde !
...
Bref. Très belle suite, comme d'habitude Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Happy_gi Je ne dirais rien d'autre au risque de me répéter ou de copier Arca Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 1biggrin

PS : Shyish représente quel vent ? Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Ph34r_gi

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Dim 15 Jan 2012 - 12:48
PS : Shyish représente quel vent ?
Celui de la mort. C'est d'ailleurs étrange qu'il soit le seul mentionné, car la nécromancie utilise aussi le vent de Dhar, qui est celui de la magie noire.

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Lun 23 Jan 2012 - 20:00
Merci des commentaires ! Smile
Mouahaha ! Les femmes domineront bientôt le monde !
Oui... Enfin, reste à voir la suite... Innocent

C'est d'ailleurs étrange qu'il soit le seul mentionné, car la nécromancie utilise aussi le vent de Dhar, qui est celui de la magie noire.
En fait, la vampirette en question (qui fera son bout de chemin, contrairement à quelques personnages très flous comme Borald) manipule le vent de Shyish car elle est sensée maîtriser la magie de la mort avant la nécromancie. Le sortilège utilisé est donc un sort qui utilise purement - ou principalement - le vent de Shyish. Happy

Le prochain chapitre risque d'être un irrémédiable tournant pour mon héros. A l'occasion, il faudra que je vous donne son prénom ! Mr. Green

EDIT : Un mois après le chapitre 9, voici le 10ème volet de mes chroniques ! Bonne lecture ! Smile


Dernière édition par Blood-Dwarf le Sam 11 Fév 2012 - 18:35, édité 1 fois

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Sam 11 Fév 2012 - 18:34
Chapitre 10 : Le tribut du Vaincu

Le dragon vola longtemps, constamment entouré d’un essaim duveteux d’ombres planantes et crépusculaires. L’éternel froissement de ses chairs desséchées à chaque mouvement d’ailes me torturait, et le jus de décomposition qui goûtait sur ma figure m’inspirait un innommable dégoût. L’agacement fit place à d’inquiètes pensées et ces pensées à un vide contemplatif. Je méditai en admirant sombrement les couleurs des ténèbres, et j’enfonçai mes yeux pétrifiés dans un lointain labyrinthe de nuits. Dans un écho refoulé, les paroles de la vampire me revinrent à l’esprit :

« _ Tu ne me reconnais donc pas ? »



Je soupirai, après maints vains essais pour mettre un nom sur cette silhouette. Le désespoir lacérait ma conscience : l’ost avait était décimé, « Poigne d’Acier » était mort, j’étais le dernier témoin et otage de cette injuste bataille. Je fermai les yeux et implorai Sigmar de me venir en aide. Je sentis soudain un long spasme de douleur parcourir mon corps meurtri. Je rouvris les paupières avec souffrance. Sigmar ne m’avait pas encore abandonné : j’avais glissé des griffes du dragon et était atterri dans un fourré au beau milieu d’une clairière de la Drakwald. Je remerciai avec une inhumaine ferveur mon bienfaiteur. Un frisson me fit trembler : de ce lieu ne se dégageait qu’une brume de traîtrise. La plainte d’un corbeau déchira le silence. Je me relevai quelque peu, restant à moitié couché, et jetai des regards inquiets sur les fourrés alentours.

La lisière floutée des arbres noirs semblait se mouvoir d’un tressaillement surnaturel, de tous côtés les pins paraissaient se rapprocher menaçants. Je vis soudain comme des silhouettes se détacher des ténèbres, je me relevai complètement, terrifié, et les ombres s’arrêtèrent brusquement. Aucune n’était assez avancée dans la clairière pour que j’eus pu voir leurs visages, elles oscillaient entre un reflet de lumière nocturne et l’obscurité des frondaisons. J’entendis bientôt des bruits de pas, puis vis comme un essaim de lucioles s’approcher de moi. Soudain, un homme entra dans la clairière entouré d’un halo spectral, qui se serait apparenté à ces lucioles s’il n’émettait pas un continuel gémissement désespéré. Ses pas frappaient la terre avec une fière détermination et, la figure haute, il marcha jusqu’à être complètement éclairé par les blancs rayons de Mannslieb.

Je pris peur, ma respiration s’accéléra sensiblement, mes muscles tendus tremblaient. L’homme vit l’effet que sa venus produisit sur moi et s’autorisa un cruel sourire qui dévoila à la lune deux canines pointues. Sigmar ! N’avais-je pas pleuré de joie à l’instant pour avoir échappé à mes ennemis ? Etait-ce comme cela qu’il me remerciait ? J’enrageais, mon honneur bafoué se gonfla d’amertume, je toisai le monstre avec haine, orgueil, défi. Celui-ci fit une moue froide et dégoûtée, puis commença à parler :

« _ Ton choix s’est finalement arrêté… Mais, explique –moi, qu’a-t-il de si particulier ? »

Ces paroles me déstabilisèrent désagréablement. Mais de quoi parlait-il ? Je m’aperçus alors avec horreur que les silhouettes de tout à l’heure s’étaient rapprochées jusqu’à toutes former un cercle immobile et discipliné. Ce n’était pas à moi que le vampire s’adressait… Une voix s’éleva dans mon dos, et je frissonnai malgré moi, reconnaissant sans peine la voix enfantine de l’assassine de « Poigne d’Acier » :

« _ Sans hésitation Seigneur. Vous savez comme Hanz fut un fin nécromant et tacticien ; il avait prévu d’enfoncer l’ost ennemi dans un voile de brume qui lui aurait été fatal. Sans les talents magiques de ce jeune homme, le plan aurait été parfait, et il ne fit face à ce sorcier qu’au prix de terribles faiblesses. Par ailleurs, son attention reportée sur l’avancée de l’armée, il ne réussit à maintenir longtemps son sortilège.

_ Hm… Intéressant… Hanz était pourtant doué. Mais ce jeune mortel m’a l’air assez effarouché. Je me demande comment deviendra-t-il après que… »

Il laissa sa phrase en suspension et reporta son attention sur moi, m’observa avec une aristocratique désinvolture. Comment avais-je pu m’être autant aveuglé ? Je n’avais pas glissé des griffes du dragon par chance, tout cela ne faisait que partie d’un plan logique et froidement calculé.

Soudain, sans que rien ne me prévienne, le vampire s’élança vers moi avec puissance et célérité, me percuta, inclina mon cou et y enfonça outrageusement ses crocs. Sans que je ne pus rien faire, je sentis mon sang fuir par la plaie et, pire encore, comme un fluide brûlant se déverser en moi ; comme si le monstre, me vidant de mon sang, m’emplissait d’autre chose, plus abominable, plus abject. Deux mouvements contraires couraient mes veines, et mon cœur affolé me tuait un peu plus à chaque battement, diffusant le poison qu’avait laissé filer en moi le vampire. En quelques instants, mes membres furent suppliciés, le flot de douleur parcourut indifféremment tout mon corps et m’ébranla de souffrance. Dans ce paroxysme d’affliction, un accès de bravoure me prit, et je m’arrachai à la poigne mortelle de mon meurtrier, le repoussant avec puissance, joignant à mon effort physique toute la force magique qu’il aurait pu me rester. Il tituba en arrière, me regarda extrêmement étonné, confus, les lèvres encore ensanglantées. Je me crus victorieux un instant devant les faces décolorées et inquiètes qu’arborèrent alors tous les vampires, pensant que seul le contact avec le mort-vivant me faisait tant de mal.

Mais je me mis à trembler sans raison, mes mains brûlantes furent entraînées par d’irréguliers spasmes, ma gorge se tordit de douleur, de confuses pulsation battirent mes temps fiévreuses : j’agonisai enfin, je me tordais en tous sens, hurlai supplicié. Tout devint alors très troublé, ma conscience sabordée par une perverse souffrance, je crois que je crie, que j’étouffe, que je meurs. Le poison avait levé un brasier en moi, des tressaillements tantôt fiévreux tantôt glacés me prenaient au dépourvu. Je ne sentais déjà plus mes jambes. Etais-je tombé ? Je ne sentais plus que par vagues, tous mes sens se floutaient un à un, se rendant à l’assaillant, laissant libre cours à mon carnage intérieur. Le ciel avait sombré dans la terre, tous deux se liguaient en un unique horizon de boues et de ténèbres ; les étoiles volaient dans ce ciel de cendres, imprimant des traînées de feu sous mes paupières torturées. Bientôt, ma vision se floute à son tour et la douleur reflue. Les battements de mon cœur se ralentissent. Je n’ai plus peur, je n’ai plus mal, une étrange torpeur soulage mon corps meurtri.

Des lambeaux de souvenirs viennent hanter ma tête, je sombrais dans un néant de marbre. Des visages flottent autour de moi : je revois mon père saoul, mes apprentis brigands sur le toit du manoir, Wilhelm riant au Troll Puant, Godric rampant dans le sol de l’église, « Poigne d’Acier » décapité, la vampire rire de ma défaite… Est-ce que je pleure ? Si seulement j’en avais eu la force… Mille questions m’assaillent sans que je n’ai de réponse à aucune. Pourquoi ne pas m’avoir froidement exécuté ? La douleur était-elle partie ? Sigmar m’avait-il abandonné ? Pouvais-je simplement ouvrir les paupières ? Depuis combien de temps déjà mon agonie durait-elle ? Avais-je chaud ? Avais-je froid ? Avais-je mal ? Peur ? Etais-je agonisant ? Et puis… Etais-je vivant ; ou étais-je mort ?

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Sam 11 Fév 2012 - 22:42
Bon, ben ça y est Happy J'ai tout fini et je t'en remercie, j'aime bien tes récits. Ton style se différencie bien des autres aventures que j'ai pu lire ici Cool

Cordialement,

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Rien ne peut survivre à ça, je me rappelle avoir pensé, et pendant un bon moment ça a été le cas... Jusqu'au moment où les tirs ont cessé."

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Lun 13 Fév 2012 - 20:10
Encore un passage des mieux écrits de notre cher Blood-Dwarf Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Happy_gi

Si tu m'avoues comment tu fais de si belles descriptions, je te file un pass d'une semaine pour la salle des modos derrière la taverne Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Ph34r_gi

Suite suite suite !! Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 864136057

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Lun 13 Fév 2012 - 20:16
Encore un texte d'une grande qualité. Le personnage principal est enfin devenu un vampire, c'est donc un peu le début du récit maintenant.

La suite monsieur, et fissa, ou je passe une grosse commande chez Arken. Démonette




Si tu m'avoues comment tu fais de si belles descriptions, je te file un pass d'une semaine pour la salle des modos derrière la taverne
C'est quoi ces tentatives de corruption Arken ? D'autant que pour ça il suffit de voler les clés Devil

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Livre d'armée V8 : 8V/2N/3D

Le lien vers mon premier récit : l'Histoire de Van Orsicvun

Le lien vers mon second récit : la geste de Wilhelm Kruger tome 1
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Lun 13 Fév 2012 - 20:58
*Pense*
Mouahaha... Quand il va voler les clefs il va avoir droit à une belle surprise... Ah, les filles ont eu une bonne idée de trafiquer tous les trousseaux de clefs Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Shifty_g


Au fait, c'est bizarre... Ton perso se transforme simplement parce que le vampire l'a mordu... Si ça fait ça à chaque fois, chacune de ses victimes devrait se transformer non?

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Mar 14 Fév 2012 - 20:05
Merci des commentaires ! Smile
Si tu m'avoues comment tu fais de si belles descriptions, je te file un pass d'une semaine pour la salle des modos derrière la taverne
C'est touchant... Blushing Pour l'offre, à discuter, on passe en mp ? Devil

La suite monsieur, et fissa, ou je passe une grosse commande chez Arken.
Aïe, j'ai pas encore complètement tout pensé sur le prochain chapitre (pas taper ... Crying )... Mais, avec les vacances qui arrivent, le chapitre devrait arriver dans moins d'un mois ! Rolleyes

Au fait, c'est bizarre... Ton perso se transforme simplement parce que le vampire l'a mordu... Si ça fait ça à chaque fois, chacune de ses victimes devrait se transformer non?
En fait, le vampire ne l'a pas simplement mordu :

je sentis mon sang fuir par la plaie et, pire encore, comme un fluide brûlant se déverser en moi ; comme si le monstre, me vidant de mon sang, m’emplissait d’autre chose, plus abominable, plus abject.

Ce "second sang" que lui donne le vampire... C'est bien un baiser du sang !

EDIT : Voici le chapitre 11 (et vivent les vacances Rolleyes ) ! Je suis déçu de l'introduction de Mannfred, mais bon... J'espère que ça vous plaira !


Dernière édition par Blood-Dwarf le Ven 24 Fév 2012 - 19:38, édité 1 fois

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Ven 24 Fév 2012 - 19:37
Chapitre 11 : Une nouvelle Vie


J’étais mort. Un à un, mes sens s’étaient brouillés puis, suppliciés, m’avaient abandonnés dans un dernier soupir… Le poison, s’étant délecté de mon agonie, s’était retiré lui aussi, j’étais seul, et à jamais. Je n’avais plus mal, plus peur : je n’éprouvais plus rien. Ma poitrine avait depuis longtemps cessé de se soulever, mes narines reposaient pétrifiées sur mon visage endormi. Combien de temps s’était déroulé depuis mon meurtre ? Je ne savais : une heure, quelques jours, plusieurs semaines ? Soudain, dans ce fatal assoupissement, un sursaut me prit, parcourut tout mon corps, renoua un à un tous mes membres décomposés ; et je me relevai dans cet accès d’énergie.

Je regardai tout autour de moi, surpris. Je me trouvai dans une pièce grise, sans ornement particulier, sur un lit poussiéreux. De la simplicité des murs se dégageait une froide austérité, je frissonnai malgré moi. Je me levai avec difficulté, brisant un à un mes muscles engourdis. La pièce ne comportait nulle fenêtre, mais un subtil rai de lumière embrasait la pénombre, et mon regard perçait la nuit avec aisance. Je ne m’en étonnais pas plus, cherchai un quelconque indice qui m’aurait indiqué la raison de ma présence ici. J’allai à un petit bureau, ouvrai méthodiquement les tiroirs, tous vides, puis traversai la pièce pour essayer d’en ouvrir l’imposante porte. Je passai devant un miroir, et une étrange impression me prit alors. Je m’arrêtai et reportai mon attention sur le meuble. Je frissonnai quand je n’aperçus dans la glace qu’une partie de mon reflet, et je m’empressai de passer devant le miroir avec horreur. J’essayai d’ouvrir la porte, mais celle-ci était solidement fermée, je retournai m’asseoir sur le lit. A quoi bon ? J’étais mort, pourquoi donc me démener, puisque la prison de ma tombe ne possédait nulle échappatoire ?

Mais étais-je réellement mort ? Je ne m’étais au contraire jamais connu une telle énergie, et ma captivité ne faisait qu’exciter un sourd désir qui flottait en moi, vibrant dans ma poitrine, gonflant dans ma gorge tendue, se brisant sur mes lèvres. A quoi bon ? La porte était fermée… Hormis le lit, la glace et le petit bureau, la chambre n’abritait qu’un petit buffet, vide lui aussi. Soudain, un violent haut-le-cœur me prit. La douleur revenait, le combat n’était pas terminé, et je sentais mon corps lutter encore contre le poison. Des échos de souffrance revenaient blesser mes membres, assourdis par le temps et les affrontements passés. Je sentais néanmoins que certains de mes membres avaient déjà cédé à l’envahisseur et que toute la partie gauche de mon corps reposait dans une glaciale passivité, tandis que la partie droite, encore violentée par le poison, semblait échauffée et tourmentée par la douleur revenue. Je percevais avec horreur comme une brutale séparation entre ces deux parties de mon corps, et, tandis que la fièvre teintait ma main droite d’un doux rosé, ma main gauche semblait pétrifiée et poussiéreuse. Je contemplai sans comprendre cette aberration, me demandant quel était le prodige derrière cette singulière scission.

Une pensée effleura ma conscience : pouvais-je encore me servir de la sorcellerie ? Je fermai les paupières et essayai de percevoir les vents d’éther souffler autour de moi. Un frisson me prit quand je sentis converger vers moi les vents de Dhar et de Shyish, je brisai le contact, étonné comme apeuré. Allons, j’avais maintenant la preuve que je n’étais pas mort ! Cependant, cela voulait également dire que j’étais retenu captif chez quelqu’un… Ce monstre, aurait-il pu m’enfermer chez lui après m’avoir sauvagement blessé ? Mais, alors que je réfléchissais assis sur ce lit, une pernicieuse pensée vint me harceler. Si mon agresseur était un vampire… Alors cette blessure… Je passai instinctivement ma main sur le côté gauche de mon cou. Le contact froid de ma peau ne m’étonna pas, mais les empreintes qu’avaient laissées les dents me firent un étrange effet. C’est, du moins je le crois, à cet instant que je compris tout. L’horreur de la réalité m’apparut perverse et sublimée, je titubai de terreur jusqu’au miroir. Alors que je discernais encore à travers un voile de larmes apeurées le reflet de la partie droite de mon corps, toute la partie gauche semblait se refuser toute réflexion. J’observai dans la glace ma moitié d’humanité volée… Une demi-mort est-elle plus triste à pleurer qu’une mort « conventionnelle » ? Mes larmes s’étaient séchées d’elles-mêmes, j’étais retourné méditer sombrement sur le lit, comprenant désormais la signification d’obscures et anciennes visions.

C’est à ce moment que la porte s’ouvrit dans un grincement de vieux bois. La meurtrière de « Poigne d’Acier » venait d’entrer, vêtue d’une robe sombre, je levai un regard haineux vers elle. Elle hésita un instant devant mon animosité, puis s’autorisa un léger sourire. Elle s’adressa à moi d’un ton enjoué et déconcertant :

« _ Je vois que tu t’es déjà accoutumé à ta nouvelle condition ! J’espère que ton réveil n’aura pas été trop difficile, Il n’était pourtant pas… très enthousiaste quant à ton passage mais… Enfin, j’imagine qu’Il t’expliquera cela en temps venu. Lève-toi et habille-toi avec ces vêtements, ton Père te demande ! »

Sur ce, elle sortit aussi brusquement qu’elle était entrée, et me laissa seul. Je pris les vêtements qu’elle m’avait tendu, les inspectai avec suspicion, puis haussai les épaules. Après tout, aurais-je pu désobéir ? Ma nouvelle nature m’échappait totalement, j’étais tellement perturbé que j’obtempérais sans réfléchir. Je me dévêtis en hâte de ma vieille robe de sorcier, observai avec dégoût la sorte de cicatrice qui, traversant toute ma poitrine, divisait mon corps en deux parties distinctes. J’enfilai les vêtements noirs et rejoignais la vampire derrière la porte. Je me retrouvai dans un couloir ténébreux lui aussi – quoique j’y pouvais voir comme en plein jour- et tortueux. En commençant à marcher, la vampire me parla :

« _ Tu peux m’appeler Angelica. Je suis désolé que ce soit ainsi que débute ton initiation, mais plie-toi sans rébellion aux désirs du Seigneur. Il semble déjà avoir quelque animosité curieuse contre toi, ne le contrarie pas ! »

Essayant de m’inculquer quelques éléments de bon sens, la dénommée Angelica me conduisit au sommet d’une tour. Elle marchait avec entrain, et je peinais à la suivre, ma jambe droite m’élançant sans cesse sous le soudain effort. Arrivé au sommet, je m’extasiai un instant devant la profondeur de la Drakwald sylvanienne, la forêt couvrant uniformément tout le paysage alentour. Le soleil ne perçait en aucun endroit l’épais regroupement de nuages grisâtres, et la brume blanche caressait lentement les cimes des arbres. Devant moi s’étalait la sauvage beauté de la forêt automnale, et je soupirai en pensant aux cadavres de mes anciens camarades pourrissants sûrement à quelques lieues d’ici.

Soudain, des bruits de pas se firent entendre et je me retournai tandis qu’approchait une singulière silhouette. L’homme – ou devrais-je dire, le vampire – s’approcha de moi. Je demandai d’une voix peu assurée :

« _ Qui êtes-vous ? »

L’arrivant sourit sans joie, je vis ses canines et je reconnus mon agresseur. Ses traits semblaient changés et plus nobles tandis qu’il avait délaissé sa cape spectrale pour adopter une tenue plus sobre, mais également plus imposante. Il répondit :

« _ Je suis ton Père de sang. Quel est ton nom, jeune inconscient ? »

J’hésitai un instant à lui révéler mon prénom, puis obéissais, docile, suivant les conseils d’Angelica :

« _ Geralt.

_ Geralt… C’est un bien noble nom, pour un simple mage de bataille. Tu te nommeras désormais Geralt Von Carstein. »

Un violent frisson parcourut mon corps. Cet homme était…

« _ Oui, je suis Mannfred Von Carstein, Seigneur de Sylvanie et futur dévastateur de l’Empire. Ton capitaine Schwarzstern ne t’avait donc pas révélé sa véritable mission ? Quel dommage qu’il soit mort, et dans tant de mensonges… »

Il venait de prononcer ces paroles avec une insoutenable désinvolture, passant ostensiblement ses doigts sur sa cape d’un bleu profond. Cette cape… Je réprimai un élan de violence contre cet assassin qui osait souiller la mémoire de « Poigne d’Acier » en portant sa propre cape.

« _ Oui, quel dommage… Quoiqu’il en soit, tu es désormais lié à moi par le sang.

_ Mais… comment se fait-il que… que je sois comme...

_ Comme divisé en deux ? Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, répondit-il d’un ton cassant et en plissant les yeux, tu t’es détourné de mon baiser au dernier moment, et voici le résultat : mort comme vivant, tu connais encore les faiblesses humaines sans espérer goûter à la pure puissance de la Non-Vie. Tu es un échec, mais je te laisse - dans ma grande parcimonie – une chance ; si tu me déçois, j’aurais tôt fait de te faire dégénérer en abomination.

_ Les faiblesses humaines ? De quoi parlez-vous ?

_ Un vampire se doit d’être impartial et maître de lui, noble, puissant. Crois-tu que le pouvoir est ouvert à n’importe quel humain ? Tu es prisonnier de tes sentiments, de toute cette fange humaine émotionnelle qui t’embourbe et t’aspire vers la bassesse ! En un mot, tu es faible et tu le resteras. »

Voilà donc cette « animosité curieuse » dont parlait Angelica… Un bien froid accueil… La vampire s’éclipsait d’ailleurs, passant derrière le Seigneur vampire. Sans se retourner, celui-ci la héla :

« _ J’ai encore besoin de toi, Angelica. Après l’épreuve de Geralt, tu le raccompagneras.

_ Maître, vous savez comme je n’aime pas assister à cela…

_ C’est bien pour cela que je t’oblige à rester, répliqua le monstre dans un cruel rictus.

_ De quelle épreuve parlez-vous, demandais-je ? »

Pour toute réponse, le Comte claqua des doigts et une mince silhouette émergea des marches de l’escalier. Je vis s’approcher un squelette engoncé dans son haubert, un casque démesurément grand posé sur son front candide. Il traînait derrière lui une jeune paysanne, attachée par des chaînes rouillées qui semblaient lui lacérer les poignets tant ses mains étaient rouges de sang. Celle-ci sanglotait, implorait grâce, mais rien ne put arrêter l’inébranlable avancée du soldat, si ce n’est un bref geste du vampire. Ce dernier me regarda dans un demi-sourire, puis m’interpella :

« _ Je ne te demande rien de particulier, Geralt ; juste de venir la mordre. »

Un profond dégoût me prit quant à cette pensée. Obéir reviendrait à devenir aussi monstrueux qu’eux, mais je me rappelais l’avertissement d’Angelica. Tout comme mon corps connaissait désormais deux identités, deux voix se manifestèrent en moi. L’une, venant de ma nature humaine, condamnait avec fureur cet acte criminel ; tandis qu’une autre, plus froide, plus implacable, m’ordonnait d’obéir à mon Père de Sang.

Devant mes tergiversions, le Comtes sortit de sa cape un riche calice serti de rubis chatoyants. D’un geste, il intima à sa sentinelle d’albâtre de lui présenter la main de la captive. Le squelette s’étant exécuté, le vampire sortit un petit coutelas et fit perler quelques gouttes écarlates de la main de l’innocente dans la coupe. Le sang continuant de s’écouler, il me jeta un clin d’œil pervers, m’invitant à vider la coupe puis à m’abreuver à la source même du breuvage. Je ne cédais pourtant pas à cette insolente persuasion mais, à la vue de tout ce sang, la voix qui s’était manifestée en moi se fit plus violente et faillit faire incliner ma volonté. Le vampire sembla soupirer. Soudain, je sentis qu’il me parlait, bien que je n’entendisse rien. Il ne me communiqua qu’un seul mot :

« _Tue ! »

Relayé par ma seconde nature, le mot s’empara de moi, je vis avec terreur un voile cramoisi venir couvrir mes paupières, je m’élançai sur la captive, renversai la coupe sous le regard satisfait de Mannfred. Je mordais, entaillais, buvais à satiété, déchirais dans mon orgie la frêle silhouette de la condamnée. Enfin, je repris le contrôle sur mon nouvel instinct criminel, tenant encore le cadavre chaud de ma victime dans mes bras. Je le lâchai dans un soubresaut de dégoût, le laissant choir misérablement dans une mare sanguinolente. Je me relevais souillé, j’étais entré dans la bestiale communauté de la Non-Vie. Mannfred souriait, content de sa victoire, tandis qu’Angelica semblait gênée et désolée. Le Comte s’adressa à elle :

« _ Angelica, fais visiter la forteresse à Geralt, puis amène-le moi dans la Cour Arrière, je dois encore le tester. »

Sur ce, le Seigneur disparut, me laissant seul avec la vampire. Elle me parla :

« _ Je suis désolé que cela commence comme ça… Il ne semble pas t’apprécier, sois prudent quand tu le reverras.

_ Qu’avais-tu voulu dire la première fois que tu m’as vu, après la bataille, demandais-je ? »

Angelica s’engagea dans les escaliers, m’invitant à la suivre. Elle ne me dit pour toute réponse :

_ Marchons, j’ai beaucoup de choses à t’expliquer… »


Dernière édition par Blood-Dwarf le Sam 25 Fév 2012 - 11:16, édité 2 fois

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Ven 24 Fév 2012 - 20:16
Personnellement, je trouve que tu as très bien fait l'entrée de Mannfred Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Wub_gif
Par contre, je ne m'attendais pas du tout à cet hybride ! Très bel effet de surprise Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Wink3_gi

Et, comme d'habitude, le texte révèle d'un grand talent Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Thumbsup

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Ven 24 Fév 2012 - 22:34
je ne m'attendais pas du tout à cet hybride !
Geralt von Carstein, premier vampire schizophrène ! Fou

je trouve que tu as très bien fait l'entrée de Mannfred
Ah vraiment ? Je le trouvais assez... étrange à la relecture. Mais bon, s'il paraît -presque- naturel ! Smile

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Sam 25 Fév 2012 - 10:46
magnifique récit! la suite!

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Mar 28 Fév 2012 - 18:23
Ouf! J'ai finalement rattrapé mon retard...
Je dois dire que le récit évolue bien, même si je pense préférer pour l'instant la période où Gerald était totalement humain.
Cela dit, l'idée du demi-vampire est très souriante et pourrait donner une belle profondeur à ce personnage.

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Mar 28 Fév 2012 - 19:11
Une suite bien intéressante, et captivante, et bien écrite, et...

Bon, tout a à peu près été dit, que ce soit sur la qualité du récit, l'originalité de la condition du personnage, ou l'entrée en scène de Mannfred.

Mais par contre, je suis un peu étonné du changement d'attitude d'Angelica. D'abord, elle semblait être une guerrière assoiffée de sang, mais maintenant c'est une âme sensible qui n'aime pas voir les autres souffrir. J'avoue être quelque peu déstabilisé.

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Mer 29 Fév 2012 - 9:59
Elle connaissait peut-être la paysanne...? Razz

Moi c'est le terme "flouter" qui me sort par tous les trous.
Tout à fait correct, mais tout autant horripilant pour Moi! Fou

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Dim 4 Mar 2012 - 17:06
je pense préférer pour l'instant la période où Gerald était totalement humain.
Pourquoi ? Mon vampire n'a pas la vocation de redevenir humain (quoique... Shifty ), donc s'il a des défauts, mieux vaut les corriger maintenant !

Content d'être à nouveau à jour Happy

Content d'avoir de nouveaux commentaires d'un talentueux auteur de cette section ! Sourire
Mais par contre, je suis un peu étonné du changement d'attitude d'Angelica. D'abord, elle semblait être une guerrière assoiffée de sang, mais maintenant c'est une âme sensible qui n'aime pas voir les autres souffrir. J'avoue être quelque peu déstabilisé.
Hé hé, tout est calculé, explications dans le prochain chapitre... Mr. Green

bon, j'ai commencé à réfléchir au prochain chapitre, mais comme les vacances sont finies et que... Enfin voilà, la suite arrivera quand elle arrivera ! lol

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Lun 5 Mar 2012 - 12:09
Blood-Dwarf a écrit:
je pense préférer pour l'instant la période où Gerald était totalement humain.
Pourquoi ? Mon vampire n'a pas la vocation de redevenir humain (quoique... Shifty ), donc s'il a des défauts, mieux vaut les corriger maintenant !

Pas de problème avec le personnage en lui-même, je préférais simplement l'ambiance de quand il était mortel et que tout lui semblait mystérieux et dangereux; bref, quand il était plus humain quoi! Shifty
Mais loin de Moi l'idée que tu ne parviennes pas à rendre ce Vampire encore plus intéressant comme personnage et à installer des ambiance encore plus prenantes. Happy

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Mar 28 Aoû 2012 - 21:44
Après quelques mois de flagrante inactivité, Je revis ! (Amen... Skull )

Qui plus est avec un, voire deux nouveaux chapitres, et à quelques jours du concours de récits (suspens insoutenable, m'inscrirais-je ou non ?). Bref, je m'excuse pour les pannes d'inspiration estivales, et j'envoie de suite le chapitre XII.

Pour la petite explication de pré-lecture : ce chapitre revisite le chapitre II. Les plus anciens lecteurs se rappelleront peut-être de cette phrase (de moi. Oui, je me cite moi-même... Mr. Green ) :
Le personnage de Plume réapparaîtra, si c'est la question, mais je n'en dirai pas plus, de peur de gâcher le suspens... Shifty

Chose promise, chose due (mais dix chapitres plus loin) ! Ce chapitre (et le suivant) pourront paraître plus sombres que les précédents, j'en suis conscient. Cela casse le côté "je suis le plus beau, je suis le héros" des premiers chapitres dédiés à l'enfance de mon personnage, faisant écho à un message de Keraad posté sur le récit d'Arken (caser deux dédicaces en une phrase, je me surpasse Happy ) :


J'ai trouvé les bandits un rien "gentils" (ils mettent leurs prisonnières dans des cages mais les nourrissent et à part ça ils les laissent tranquilles) mais c'est mineur.

Si les voleurs pouvaient paraître gentils mais poussés par la misère dans le chapitre II, ils n'ont ici ni valeur ni morale. Et c'est tant mieux ! Innocent

Hum, voilà, je pense que c'est à peu près tout ce que j'avais à dire, sinon bonne lecture ! Sourire

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Mar 28 Aoû 2012 - 21:48
Chapitre 12 : Angelica Von Carstein – Partie I

Nous nous étions avancés sur la première couronne de remparts, sans dire un mot. J’attendais patiemment les explications qu’Angelica m’avait promises, et je la suivais du mieux que je pouvais, craignant à tout instant de montrer la faiblesse de ma jambe humaine. Soudain, elle se retourna vers moi et me demanda vivement :

« _Mon visage ne te dit alors vraiment rien ? C’est étrange… »

Je la dévisageai prudemment, mais aucun de ses traits ne me parut familier. Je haussai les épaules avant de continuer à marcher. La nuit tombait, les brumes célestes chutaient avec lenteur sur le donjon central. Aucune torche n’avait été allumée, et je m’étonnais encore de pouvoir voir à travers les ténèbres naissantes. Comme cette nouvelle condition m’aurait été profitable à l’époque où je grimpais encore sur des toits à la tombée de la nuit ! Songer à ma jeunesse révolue fit revenir des bribes de souvenirs : l’excitation du cambriolage ; les joies éphémères trop souvent refoulées ; le bonheur de voir ma bande d’apprentis en action ; l’amertume de la trahison… Je revis à ce moment la jeune Plume guidant les miliciens altdorfiens jusqu’au toit où nous étions cachés. Plume… Je me retournai vers Angelica et la ressemblance entre la vampire et la jeune fille me parut évidente. J’inspectai avec attention son visage étonné, avant de reculer nerveusement d’un pas. Elle comprit en un instant mon désarroi et me lança :

« _ Tu auras mis du temps… »

Le malaise que j’avais ressenti plus tôt s’était dissipé, j’étais paradoxalement heureux de retrouver un élément de ma vie passée dans cette nouvelle existence. Angelica reprit :

« _ Je suis sincèrement désolée de… tout ce que j’ai pu faire. »

Je ne savais que répondre. Son ton était larmoyant, mais son visage gris avait perdu toute expressivité. De toute façon, qu’aurais-je pu ajouter ? Je lui pardonnai donc :

« _ Inutile de s’apitoyer sur les erreurs du passé. Je ne suis plus réellement en position de force ; je crois.

_ Qu’importe, je devais m’excuser. »

Je ne répondis pas. Je réalisai maintenant qu’elle seule avait décidé de ma vie, et que si elle n’avait pas eu ces remords, j’aurais rejoint « Poigne d’Acier » et Borald dans la tombe. Cependant, je nourrissais une certaine rancœur à son égard, car elle avait participé à ma monstrueuse déchéance ; aurais-je simplement préféré mourir ?

Je m’étais assis entre deux créneaux, et laissai vagabonder mon regard au loin, fixant sans rêve l’horizon flouté. Les deux lunes de notre Vieux Monde rayonnaient haut dans le ciel, donnant à la nuit un semblant de quiétude. Un unique sanglot souleva ma poitrine attendrie. Je repris la conversation avec Angelica, elle me fit visiter quelques salles du château, et me prodigua de sommaires recommandations sur la condition vampirique. Sans que je ne sus trop pourquoi, nous nous mîmes à parler de nos existences humaines, et c’est ainsi que j’appris la vie d’Angelica.

Elle était née en Sylvanie, dans un village qu’elle me montra vaguement du haut d’une des tours. Elle était la fille unique d’un couple de paysans appauvris par les tributs que prélevaient les seigneurs vampiriques de cette région. Son enfance n’avait pas connu d’incidents particuliers, si ce n’est un don précoce pour la magie. Le prêtre sigmarite de la paroisse s’était d’abord inquiété, et à juste raison, que la jeune fille s’oriente vers la voie de la nécromancie ; mais avait ensuite laissé libre cours aux expériences arcaniques d’Angelica.

C’est un vieil érudit de passage qui convainquit les parents de la jeune fille, alors âgée d’un peu moins d’une dizaine d’années, de laisser partir leur enfant pour qu’elle aille étudier la magie dans une grande ville. Angelica accompagna donc l’érudit dans son voyage à travers l’Empire, avant qu’ils n’arrivent à Altdorf. L’homme, fidèle à sa promesse, permit à Angelica d’assister à des cours de sorcellerie, au Collège de la Mort.

C’est là qu’Angelica apprit à raffiner son essence magique, à déjouer les contraintes arcaniques primaires. Elle réussit en quelques années à vider un homme de toute détermination ou d’instinct de survie, à transférer des énergies vitales d’un corps à un autre. Elle suivait les cours de sorcellerie le jour et dormait chez l’érudit la nuit. Celui-ci confiait à la jeune fille de nombreuses courses à travers la cité impériale, trouvant ce marché parfait pour pallier à sa vieillesse entamée. Angelica devait fréquemment acheter du vélin chez un parcheminier spécialisé dans le travail du cuir de veau, qui se trouvait à l’écart de la ville, près du fleuve. Cela la contraignait à traverser le quartier des ferrons, et à longer les faubourgs malfamés où les bouchers peu soigneux se débarrassaient des carcasses animales dans les boues de la rue. L’odeur des misères quotidiennes ne la dérangeait pas – elle avait grandi pauvrement – mais elle évitait toujours ces sinueuses ruelles du nord de la ville, craignant tour à tour les bandits, les ivrognes et les désespérés. Ces courses ne la dérangeaient pas, car elle trouvait tout naturel d’aider le généreux vieillard qui lui offrait le gîte.

Cela dura cinq ans. Un jour, alors que l’érudit l’avait chargée d’acheter un rubis commandé chez le cristallier – lui confiant sans sourciller une somme que la bourse de la jeune fille peinait à pleinement contenir – elle se fit attaquer au détour d’une ruelle nue, éclairée seule d’une lumière sale. Avant qu’elle ne se fût aperçue de quelque chose, elle était encerclée par trois hommes. Elle hoqueta de détresse et, reculant instinctivement, se retrouva les deux mains dans le dos, et le torse puissamment comprimé par les bras d’un des agresseurs.

Celui-ci approcha son visage de son oreille et lui susurra ignoblement :

« _ Alors ma mignonne, on se promène seule dans les faubourgs le soir ? Ta mère ne t’a jamais parlé du Grand Méchant Brigand ? »

Tout à coup, il aperçut la bourse qui pendait à sa ceinture, la prit et cria à un des voleurs resté en retrait :

« _ Hé, Noiraud, j’ai trouvé le gros lot ! Tâte-moi ça, y’en a au moins pour une cinquantaine de pièces, et en or ! »

Le dénommé Noiraud s’approcha, gardant le capuchon d’une grande cape brunâtre sur son visage. Il s’arrêta devant la captive, prit la bourse et, la soupesant négligemment, annonça à la jeune fille :

« _ C’est bien gentil de ta part que de pourvoir aussi généreusement à la fortune des opportunistes ! Je m’en souviendrai, foi de brigand, ajouta-t-il ironiquement, narguant sa victime en faisant tourner la bourse sous ses yeux affolés. Tiens, Gueulard, prends la bourse et bande les yeux de cette jeune imprudente, histoire qu’elle ne rameute pas toute la garde d’un coup… »

Gueulard, celui qui tenait encore fermement Angelica, sortit une bande de tissu grossier d’une poche et ricana :

« _ T’es sûr de vouloir la relâcher, Noiraud ? Je veux dire… Une jeune fille comme ça, fraîche qui plus est. Je parie qu’elle est encore vierge…

_ Gueulard, c’est une gamine… Arrête tes conneries et bande-lui les yeux.

_ Si c’est ça qui t’embête, on ne dira rien à ta pute de Klara, pas vrai Blondinet ! interpellant le troisième voleur, resté silencieux depuis le début. »

Noiraud ne répliqua pas et conclut :

« _ Si lui bander les yeux te demande tant d’énergie, tu n’as qu’à l’assommer, ça ira plus vite… »

Gueulard acquiesça et, frottant son poing, s’apprêta à frapper Angelica. Celle-ci, affolée, profita de cet instant pour se dégager de l’étreinte du voleur et, évitant ainsi le coup, plongea son regard terrible dans celui désorienté de son agresseur. Elle proféra quelques rapides mots de pouvoir et, vidant le brigand de toute force, lui arracha la bourse tandis que celui-ci s’écroulait, ses jambes tout à coup affaiblies cédant sous son propre poids. Gueulard marmonna du mieux qu’il pouvait :

« _ Peux plus bouger… La… Garce ! »

Angelica commença à courir mais l’autre voleur, Noiraud, fut plus prompt et, arrivant à sa hauteur, tenta de lui arracher la bourse des mains. Angelica s’y accrocha avec une énergie désespérée et, alors que chacun essayait de s’emparer du butin, la fine pochette de cuir se déchira et déversa le précieux contenu sur le pavé spongieux. Noiraud s’arrêta net et se précipita sur le tas d’or, en ramassant le plus possible, rapidement rejoint par son acolyte Blondinet. Angelica continua à courir, s’enfuyant le plus vite possible. C’est avec une expression terrifiée qu’elle interpella une patrouille de gardes, les suppliant de lui venir en aide. De retour dans la ruelle où elle s’était faite agressée, elle montra les voleurs aux soldats. Les brigands, surpris, détalèrent rapidement, abandonnant leur camarade trop faible pour se relever et une partie du trésor qu’ils n’avaient pas eu le temps de ramasser. Les soldats s’emparèrent du voleur exsangue et prirent le reste des pièces restées au sol. Le capitaine de la patrouille déclara à Angelica :

« _ Merci de nous avoir aidé à arrêter ce coupe-jarret de bas étage ! Nous allons rechercher ceux qui nous ont échappé. Tenez, pour votre peine ! donnant une unique piécette à la jeune fille.

Celle-ci, au bord des larmes, s’exclama :

« _ Mais ces pièces… Elles sont à…

_ Ces pièces serviront de preuve pour la culpabilité de ce criminel, coupa le capitaine. Pas vrai les gars ? adressant un grossier clin d’œil à ses subalternes hilares. Allons, ne pleurez pas, dit le capitaine apercevant les larmes de désespoir d’Angelica, la vie est dure pour tout le monde… »

Sur ce, les soldats partirent en plaisantant, laissant Angelica seule. La jeune fille rentra larmoyante chez son hôte, présentant la seule pièce qu’il lui restait. L’homme entra dans une fureur que son caractère d’ordinaire affable n’aurait jamais laissé soupçonné, et gifla violemment la fille. Il donna un ultime coup dans le mur et, calmé, s’assit à son bureau, la tête dans les mains. Angelica était restée à terre après la violence du vieillard et, interdite, elle attendait une réaction de celui-ci.

Après quelques minutes de silence, l’érudit se tourna vers la jeune fille et lui annonça sur un ton détaché :

« _ Et moi qui croyais pouvoir te faire confiance… Si même les plus jeunes enfants se mettent à voler leurs aïeux, où allons-nous… Quant à ta fable d’agression, je n’en crois pas un mot – qui aurait pu t’attaquer dans l’enceinte-même de la cité ? -, et ton hypocrisie me dégoûte encore plus que le péché envers Sigmar – entends-tu ? – que tu as commis. Va te coucher, mais sache que je veillerai à ce que tu me rembourse tout ce que tu m’as volé ! »

Les rapports entre Angelica et l’érudit changèrent radicalement à partir de ce jour, et la jeune fille se vit confier des tâches de plus en plus ardues, craignant désormais les réprimandes de l’homme. Car le vieillard ne retenait plus ses coups et, s’il pouvait jouer la vieillesse et la comédie devant d’éventuels visiteurs, il se montrait impitoyable envers Angelica, d’un tel mépris que la situation devenait de jour en jour plus étouffante pour la jeune fille. C’est ainsi que deux mois après l’incident, elle fuit la tutelle de son tortionnaire, abandonnant par la même occasion les cours au Collège de la Mort.

Elle erra dans les rues, mendiant, se refusant encore à la prostitution, mais la liberté qu’elle avait tant désirée ces dernières semaines lui faisait surmonter avec une étrange grimace tout ce qu’elle avait à endurer. Elle s’asseyait souvent dans une ruelle donnant sur le Marché au Pain, souriant aimablement aux passants malgré la faim. Certains des boulangers la prenaient en pitié et lui donnaient quelques croûtes de pain invendues à la fin de la journée. Cela lui suffisait souvent à ne pas mourir inanimée, et elle essayait d’économiser les maigres aumônes qu’elle récoltait, songeant sans grand espoir à retourner en Sylvanie auprès de sa famille.

C’est ainsi qu’elle aperçut, un soir, une ombre équivoque longer les murs de la bâtisse en face de laquelle elle était assise. L’ombre, passant devant la jeune fille, fit désagréablement frissonner celle-ci, car Angelica reconnut au brun écarlate de la cape l’un de ses anciens agresseurs. Sans réellement savoir ce qu’elle faisait, elle le suivit, alors qu’un plan insensé germait dans sa tête.

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Mer 29 Aoû 2012 - 12:05
Cela faisait si longtemps, que j'ai dû survoler les anciens textes pour me remémorer ton histoire Fou Happy
Mais cela ne me dérange pas quand il s'agit d'un si bon texte. Clap

Je suis contente de te revoir parmi nous ! Cool

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Mer 29 Aoû 2012 - 12:21
Yeah! Du tout bon pour une reprise!
J'adore cette ambiance de cul de basse fosse que tu arrives à installer si facilement; je peux presque sentir l'odeur infecte de ces quartiers que tu esquisses Tongue

Ca fait plaisir de te retrouver, vieux camarade!

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Mer 16 Oct 2013 - 15:43
Chapitre 13 : Angelica Von Carstein – Partie II


L’homme parut s’en apercevoir car sa démarche se fit un instant un peu moins assurée, et il se dirigea dans une ruelle sombre. Arrivé au plus obscur du passage, il fit prestement volte-face et s’écria :

« _ Un pas de plus et vous mourrez ! »

La lueur lointaine d’une lanterne faisait briller une larme argentée dans son poing tremblant. La jeune fille ne fut qu’à peine surprise et répliqua insolemment :

« _ Un pas de plus et je vous fais subir le même sort qu’à votre acolyte la dernière fois ! »

Le voleur parut déconcerté et, baissant légèrement sa garde, demanda :

« _ Que voulez-vous ? »

Angelica répondit :

« _ Vous aviez dit que vous aviez une dette envers moi. Vous l’aviez assuré de votre foi ! »

A ces mots, l’homme éclata de rire et répliqua :

« _ Une foi de brigand, oui ; je m’en souviens. Et alors, qu’est ce que tu veux, gamine, que je te rende ce que je t’ai volé ?

_ Oui ! Enfin… Ce pourrait être en échange d’un… heu… service, non ? annonça Angelica d’une voix hésitante. De toute façon, si vous refusez, je vous tue, hoqueta le jeune fille à court d’arguments !

_ Calme-toi, ce n’est pas en me tuant que tu auras ton argent, ricana le voleur… »

Il s’approcha de la jeune fille de plus en plus nerveuse en rangeant son couteau et, s’arrêtant à quelques mètres d’elle, il l’inspecta rapidement. Il sourit faussement puis dit :

« _ Très bien, c’est d’accord. En échange d’un « service »… Suis-moi. »

Angelica n’était pas rassurée mais surmonta sa terreur et suivit le brigand. Ils marchèrent longtemps dans la ville ensommeillée et, au bout d’infinies et silencieuses déambulations, le voleur invita la jeune fille à entrer dans le cimetière en se faufilant entre deux barreaux rouillés. Angelica frissonna mais obéit, et pénétra dans la nécropole. Accolé aux faubourgs du nord, le cimetière était le seul endroit où les patrouilles altdorfiennes ne passaient jamais. Quelques prêtres de Morr marchaient parfois entre les tombes pour s’assurer du repos des défunts, mais c’était certainement l’endroit le plus calme – et également le plus redouté – de la ville. Un chemin fait de pavés défoncés s’enfonçait dans le brouillard lointain et de grandes herbes poussaient vigoureusement entre les tombeaux délabrés. Si le brigand l’attaquait ici, Angelica ne pouvait espérer aucun secours. Le voleur pénétra à son tour dans le cimetière puis intima à la fille de le suivre.

Il s’enfonça dans une allée bordée de caveaux à moitié détruits, s’arrêta devant l’un d’eux, frappa contre la dalle de pierre qui le scellait et cria :

« _ C’est moi ! »

A la surprise d’Angelica, la dalle pivota et le voleur entra dans le tombeau d’où émanait une vague lueur jaune. Pénétrant  son tour dans la demeure funéraire, elle vit que cinq autres hommes – dont un portait une torche – étaient déjà présents. L’un deux, qu’elle reconnut comme l’un de ses anciens agresseurs, dit suspicieusement à Noiraud :

« _ Et c’est qui, elle ? »

Noiraud sourit de toutes dents, plongea son regard tour à tour dans ceux des autres hommes inquiets et annonça triomphalement :

« _ J’ai enfin trouvé notre voltigeuse ! »

Les visages tantôt crispés des voleurs parurent soulagés, et Angelica fut surprise de la jeunesse des traits de certains. Noiraud lui présenta chacun des brigands par leur surnom, puis lui expliqua en quoi consisterait le « service » qu’elle allait effectuer : elle devrait les aider à cambrioler une riche maison du centre-ville, en passant par le toit. Un des plus jeunes hommes demanda en riant :

« _ Et ça sera quoi son surnom ? ‘Face d’Ange’ ? Ou ‘la Morveuse’ ? »

Noiraud fit une moue amusée puis coupa :

« _ Appelons-la ‘Plume’, des fois que ça lui porte chance … »

Les voleurs regardèrent Angelica avec de cruels sourires, puis Noiraud parut se rappeler de quelque chose et annonça au groupe de voleurs :

« _ J’ai fait le tour du manoir, et me suis personnellement assuré du silence des jardiniers… Il ne nous reste plus qu’à acheter les cordes manquantes – Blondinet, tu t’en chargeras – et à attendre les tempêtes estivales. Préparez-vous à agir d’ici quelques jours ! »

Les brigands parurent joyeux de la nouvelle puis se dispersèrent et vaquèrent à diverses occupations. Angelica alla voir Noiraud et lui demande :

« En quoi consistera exactement mon rôle lors du… cambriolage ? »

Noiraud lui montra une corde pourrie d’humidité qui traînait à terre et lui dit :

« _ Etant la plus légère du groupe, tu t’harnacheras à une corde une fois sur le toit de l’édifice et tu te laisseras tomber sur une fenêtre plus bas. Une fois dans la place, tu t’assureras que personne ne nous attend à l’intérieur puis tu nous feras descendre. »

Devant l’expression dubitative qu’arbora Plume à l’idée de se laisser chuter dans le vide, Noiraud ajouta :

« _ Bien entendu, les cordes sont solides et le toit n’est que quelques mètres au-dessus de la fenêtre en question… »

Angelica n’était pas très rassurée, mais il lui était maintenant difficile de faire marche arrière. Elle demanda :

« _ Après cette… acrobatie, vous me rendrez les pièces que vous m’avez volées ?

_ Bien sûr, et tu auras une part du butin qu’on aura à l’issue du cambriolage, acquiesça Noiraud en lui montrant une cassette en bois sur la table.

_ Très bien… Quand se déroulera le cambriolage ?

_ La prochaine nuit sans lune et nuageuse, avant la fin de la semaine. En attendant, tu peux dormir ici – si tu n’as nul autre foyer -, tu seras informée de la date dès qu’elle sera fixée. »

Noiraud fit une pause, puis termina en criant à la cantonade :

«  Et le premier qui essaiera de la « caresser » pendant son sommeil aura affaire à moi, je n’ai pas que ça à faire que de gérer des conflits au sein du groupe, cria-t-il aux autres voleurs hilares… De toute façon, elle prendra l’ancienne paillasse de Blanche, ça limitera les problèmes… »

Noiraud souleva une trappe, révélant un sous-sol poussiéreux dans le caveau. On apercevait encore dans les coins quelques morceaux des cercueils de pierre qui occupaient auparavant cette antichambre funéraire. Quelques sommaires paillasses avaient été dressées à la place, altérant le repos des trépassés au profit de celui des vivants. Noiraud montra à Plume une paillasse légèrement à l’écart des autres dans un recoin de la tombe et lui dit :

« _ Tu peux dormir ici. Celle-ci était sensée être réservée aux filles, pour éviter les… dérapages entre apprentis. Elle appartenait à Blanche, notre ancienne voltigeuse.

_ Elle ne fait plus partie du groupe ?

_Elle s’est un jour empalée sur une gargouille, lors d’un repérage, annonça Noiraud avec désinvolture. Bon, il faut dormir ! Si le cambriolage est pour demain, il faut être reposée ! »

Sur ce, il remonta dans la salle avec les autres hommes, laissant Plume seule dans l’obscurité. Celle-ci s’assit sur la paillasse et essaya de rassembler ses pensées. L’accueil avait été étrange, l’entrée dans le cercle des brigands lui semblait trop rapide et artificielle, peut-être n’était-ce que sa fatigue qui la trompait. Le marché lui semblait honnête, peut-être même un peu trop, et elle ne savait que penser de la fausse amitié que lui témoignait le chef des voleurs. Elle s’endormit sans avoir pu prendre de réelle décision. Elle fut réveillée le lendemain par le bruit que faisaient les voleurs en partant. Elle se leva, monta et fut accueillie par Noiraud très excité :

« _ Il a plu cette nuit et, malgré la chaleur, quelques averses continuent à assombrir le ciel. C’est pour ce soir ! Tu peux aller en ville, mais il faut revenir ici quelques heures avant le coucher du soleil. »

Angelica acquiesça et partit se perdre dans la capitale impériale. Elle marcha longtemps, sans savoir où aller, réfléchissant à ce qu’elle ferait le soir. L’après-midi s’achevait quand elle revint dans le cimetière. Cinq autres voleurs étaient déjà là, et Noiraud expliqua le plan à suivre pour la nuit. Deux éclaireurs étaient déjà sur place, attendant la tombée de la nuit pour monter sur le toit, et ils aideraient le reste du groupe à monter sur le toit avec des cordes. Une fois tout le monde sur le toit, Plume passerait par la fenêtre et ferait descendre les autres voleurs avant que le cambriolage ne commence réellement. Cela paraissait si simple, et pourtant si lointain…

Il restait encore quelques heures avant que le groupe ne parte et Plume, trouvant assez sordide la compagnie des voleurs, descendit s’allonger sur une des paillasses. Un des voleurs – peut-être celui appelé Gro-Gros – poussa la trappe derrière elle. Celle-ci haussa les épaules, n’y voyant qu’une preuve supplémentaire du caractère rustre des brigands. Elle allait s’allonger quand elle entendit une conversation assourdie commencer au-dessus. Elle n’entendait pas très bien, mais son surnom revenant plusieurs fois, elle se décida à approcher son oreille de la trappe. Un des voleurs s’exclamait :

« _ Par Sigmar, tous les dieux s’il le faut, Noiraud, tu ne comptes pas franchement lui donner toute notre caisse commune, même pour une opération de la sorte ?

_ Ah, me crois-tu donc stupide à ce point ? Ce n’est qu’une enfant, un pion que je manipule car il nous sera utile ce soir. Mais demain, nous lui claquerons la porte au nez, et violemment si elle tente de résister ! Soyons tout de même prudents avec elle, je ne compte pas finir comme Gueulard… »

Angelica retourna sur sa paillasse, à peine étourdie par le discours de Noiraud. Elle s’était faite à l’idée du crime, justifiant le péché par le bonheur de revenir en Sylvanie ; mais elle sentait que son dernier espoir la trahissait, et cette idée lui était intolérable, échauffant en elle un brasier de folie haineuse. C’est dans un accès de nervosité désespérée qu’un plan lui apparut : si Noiraud ne voulait pas respecter sa part du marché, elle ne respecterait pas la sienne. Son honnêteté refoulée avec souffrance, elle essayait d’analyser froidement les différentes possibilités. Encore indécise, elle entendit un des voleurs descendre et la prier de venir : la nuit était tombée.

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Chroniques des Von Bluthimmel  - Page 3 Empty Re: Chroniques des Von Bluthimmel

Mer 16 Oct 2013 - 15:51
Je profite de mon réveil annuel pour poster la suite des Chroniques; pourtant écrite il y a un an de là (en même temps que le dernier chapitre, à vrai dire). Skull 
Lancés dans l'action dès le début du texte, je vous conseille de relire au moins le dernier chapitre, et le chapitre 2 (Jeunesse).
Mes Chroniques commencent à vieillir, je n'ai plus la cadence que j'ai pu avoir il y a quelques mois/années (aussi car mes textes ont gagné en travail et en longueur), et pour tout dire, je ne pense pas y apporter de sitôt une suite.

Cependant, un nouveau projet a commencé à germer dans ma tête, et j'ouvrirais (peut-être) prochainement un nouveau récit : les Contes de Nuln.
(et promis, j'essaierai de rattraper les deux ans de retard que j'ai accumulés sur les autres récits, pas taper ! Sourire )

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Jeu 17 Oct 2013 - 19:59
J'ai de nouveau essayé de lire l'histoire à l'arrache Happy 
Ton style permet de ne pas me perdre, ce qui est pratique. En plus, le surnom de Plume a réveillé un vieil écho... Une histoire justement de vol qui se finit mal... Du coup, je vais relire pour me remettre tout ça en tête. Mais pas maintenant. Un jour. Peut-être après les exams lol 
Mais ça ne t'empêche pas de poster la suite Tongue 

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