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Seigneur vampire
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Le prix de la liberté - Page 16 Empty Re: Le prix de la liberté

Lun 12 Jan 2015 - 21:23
Je reconnais bien la générosité de Thomov quand il s'agit de narrer un épisode à l'ambiance sinistre et abjecte Vampire

Sa dulcinée, en revanche, ne cesse de m'irriter avec son "intelligence", alors qu'elle se fait encore et toujours l'illusion de côtoyer des gens décents au cours de son voyage Shifty
Je guetterai avec impatience le moment quand la mascarade ne pourra plus durer Devil

La suite ! Aussi longue et aussi haute en couleur ! Clap


Édit : seizième page, très chère ! Cool
Gilgalad

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Le prix de la liberté - Page 16 Empty Re: Le prix de la liberté

Lun 12 Jan 2015 - 23:07
Je suis entièrement d'accord avec les deux compères ci-dessus (et de la page d'avant). C'est toujours aussi bien, peu importe la partie et qui l'a écrite. On se prend toujours aussi bien dans l'histoire et dans l'ambiance.

Comme Von Essen, j'attends avec impatience le moment de la révélation de leur vraie nature.

@Nyklaus : alors, on ne bosse pas en cours ?

Au fait, vivement la suite Sourire

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Veuillez à ne pas insulter les Hauts Elfes, sans quoi il vous en cuira. Le risque est un démembrement très rapide suivit d'une décapitation.
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Le prix de la liberté - Page 16 Empty Re: Le prix de la liberté

Lun 19 Jan 2015 - 22:13
Un texte de cette qualité ça fait toujours énormément plaisir. Clap

De manière générale, j'adore le développement de personnalité des "simples mortels" face aux êtres centenaires que sont les vampires. Le fait qu'ils puissent avoir des rapports sociaux presque d'égal à égal entre eux est très intéressant je trouve (je veux dire par là de simple mortel à simple mortel) même si ce n'est souvent que parce qu'ils sont train de cacher leur véritable nature.

Bon pour ma part, la session est finir, il est temps de s'y remettre !

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Mouhahahaha !!!
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Le prix de la liberté - Page 16 Empty Re: Le prix de la liberté

Ven 5 Juin 2015 - 16:44
QUOI! LIRE 16 PAGES ET NE PAS AVOIR DE FIN! C'EST UN SCANDALE!

bon, que dire de plus, tout a déjà été dit en quatre ans de commentaires et de textes  Clap
je vais quand même faire un commentaire plutôt long, passant sans prévenir d'une idée à l'autre:
- j'ai trouvé super bien rendu les liens filiaux entre les personnages, les fils-prêtres, le frère de Rubis/Tilla... sans pour autant qu'on s'y perde.
-j'ai adoré le passage avec le voleur, cet épisode des guerres vampires est de loin un de mes préféré, tout en étant l'un des moins documenté (voleur oblige), alors en apprendre un peu plus est super
-je pense que avoir commencé avec le début "origine" a influencé mon jugement: Diamant n'a ici aucune préférence apparente entre ses filles, contrairement à, euh... avant. ça me donne tout de suite envie de connaitre les deux suites.
- bon, j'avoue avoir eu du mal avec les passages de romance, mais c'est pareil dans tout les livres Devil
- j'ai pitié de la lignée maudite: j'ai l'impression qu'ils tombent toujours mal, et au final qu'ils meurent comme des gros benêts, à deux contre un, alors qu'ils ont trop la classe ("j'ai fait veux de chasteté comme mon père et mon grand-père avant lui, je te tuerais, créature maudite, et si je meure avant, mon fils me remplacera.), au passage, je trouve étrange que ce prêtre-guerrier préfère quitter la ville pour aller tuer une unique vampire (pour suivre une prophétie qui le concerne lui seul) alors qu'il y a juste des centaines de ces abominations partout autour de la ville. quel égoïste! Tongue
- les combats sont vraiment bien rendus aussi, on ne se perd pas, les vampires sont puissant sans être invincibles (ce qui est parfois le cas dans certains récits), tout le monde se défend bien avec toute les armes à sa disposition... pourtant, j'attends un combat où notre héroïne va vaincre quelqu'un sans aide.

en tout cas, je le dis, je le redis: c'est super, et c'est interdit d'interrompre comme ça ton récit. c'est écrit sur une pierre du mur de la taverne Sourire

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Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
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Mer 29 Juil 2015 - 13:42
TADADAM !!!
Voilà pour vous messieurs, cette chère suite qui j'espère est tant attendue ! Sourire
Bonne lecture ! Smile




Entre la fatigue de la jeune humaine et la tension des immortels, le voyage commençait à devenir insupportable. Emmanuelle ne comprenait pas pourquoi nous ne prenions pas les routes principales, et elle était plus éreintée à chaque pause. La soif tirait les traits des mes comparses, et mon visage ne devait pas être en meilleur état. Le plus agité était Firmin. Il n’avait jamais dû s’abstenir aussi longtemps, et la présence de la mortelle lui faisait perdre l’esprit. Après le départ de Thomov, je dus même user de mon lien de sang pour obliger mon compagnon à s’éloigner de la demoiselle, ce qui n’arrangea pas la tension qui s’était installée entre nous. Le noble était parti à pied et Emmanuelle avait pu récupérer son destrier. Heureusement, car je n’aurais pas supporté d’avoir le cou d’une mortelle à dix pouces de moi à longueur de journée.
Je soupirai de soulagement quand je l’aperçus. Le temple était devant nous, posé à l’ombre d’une colline, ses niveaux inférieurs s’enfonçant dans la terre. La petite clairière qui l’entourait n’avait pas changé. Saphir et moi-même conduisîmes le groupe de l’autre côté du tertre, vers la crevasse naturelle qui nous servait d’écurie. A l’époque, c’était Gestank qui s’occupait des chevaux quand il fallait les détacher pour qu’ils puissent se nourrir un peu plus loin. Désormais, entre mes pouvoirs et l’aide de Pénombre, nous pouvions les laisser en liberté sans craindre de les perdre. Nous prîmes nos affaires et nous nous dirigeâmes vers notre refuge.
Les seules parties visibles étaient le haut d’une tour, anciens appartements de Diamant, avec une unique petite fenêtre ; et l’entrée, un gouffre de pierres s’enfonçant dans les ténèbres, caché par quelques buissons rachitiques.



La pièce n’avait pas changé. Le bureau en ébène trônait au centre de la salle ronde. Il semblait harmoniser l’ensemble des étagères et meubles qui étaient humblement adossés au mur, et seule une chaise élégante osait se tenir derrière lui, ne pouvant choisir entre la douceur brute du bois et la sensation rugueuse de la pierre. A leur gauche apparaissait une petite porte qui menait aux appartements de notre ancienne matriarche. Je me dirigeai vers la droite et l’étroite ouverture du mur qui faisait office de fenêtre. Je m’y adossai en silence et mon regard se tourna vers le ciel nocturne. Aucune des deux lunes ne voulait se montrer et elles laissaient aux étoiles le soin d’éclairer le Vieux Monde à l’aide d’une lueur diffuse.
J’étais seule, enfin au calme. Si je me concentrais, je pourrais percevoir des bribes de la conversation de mes compagnons, quelque part sous mes pieds. Mais je n’en avais nulle envie. Seul le bruit des grillons me parvenait et il suffisait à me rasséréner. Je soupirai et laissai mon esprit divaguer. De petites lucioles s’allumèrent autour de moi tandis que le vent m’emportait au-dessus des arbres. Toutes ces pépites de lumière qui rougeoyaient dans la nuit me firent sourire. Que serait cette terre sans elles ? Je battis des ailes pour reprendre un peu d’altitude. D’ici, je percevais chaque aura et je pouvais deviner l’animal à qui elle appartenait en fonction de la forme qu’elle prenait. A droite, celle d’un renard devint plus vive. Signe qu’il se concentrait sur sa chasse après avoir repéré un oiseau. L’aura de ce dernier devint plus glaciale quand il prit conscience du danger. Il avait peur. Je me penchai légèrement pour redescendre après avoir trouvé une branche à l’apparence confortable. Je me posai en quelques battements et devint un observateur silencieux.
Cette nuit était très calme. Aucune anomalie pour troubler l’harmonie du règne animal. J’en profitai pour mieux m’installer, y voyant enfin une occasion pour réfléchir. Il me semblait avoir finalement réussi. Faire en sorte d’être indépendante, autonome. Ne plus avoir à obéir à quelqu’un et être assez forte pour ne plus jamais être emprisonnée de la sorte. Etait-ce là cette fameuse liberté que je désirais ardemment ? Si tel était le cas, je me voyais bien déçue. Rien n’avait réellement changé. De plus, me voir totalement libre de mes mouvements et décisions me laissait plus perdue qu’en compagnie d’une quelconque allégresse. Qu’allais-je faire désormais ? Où aller ? Dans quel but ? Je devais certes résoudre le problème de la lignée des Von Kiel, mais pour en arriver où ? Alarick et mes parents morts, je n’avais même plus d’attache dans ce monde. J’étais condamnée à être seule…
Ma main attrapa la chaîne qui pendait à mon cou. La médaille gravée du loup d’Ulric se balança devant moi. Qu’en était-il de Firmin ? La question me hantait depuis presque une semaine maintenant, depuis notre dispute à l’auberge. La découverte d’une éventuelle prophétie me concernant l’avait bouleversé, au point de réagir de manière démesurée. L’idée fixe de devoir me protéger s’était logée dans son esprit. Il devenait méfiant, voire paranoïaque. Un soir, Kriestov avait fait un mouvement brusque dans ma direction, et il n’avait pu s’empêcher de se lever vivement, la main sur la garde de son épée. En plus d’accentuer l’incompréhension d’Emmanuelle à notre égard, l’évènement avait rajouté une tension en plus de notre faim constante.
Je me tapis derrière une touffe d’herbe, les oreilles rabattues. Le rongeur se promenait innocemment à quelques pieds de ma cachette. Je me ramassai, prêt à sauter. Il avança encore un peu et me tourna le dos. Je bondis et ma gueule se referma sur son corps fragile. Je levai la tête, la souris en bouche, son sang gouttant dans l’herbe. Le vent se réveilla et joua avec les feuilles, nouvel instrument dans cette symphonie nocturne. L’ombre des nuages masqua le ciel et une nouvelle obscurité s’empara de la forêt. La prophétie me considérait comme la proie de cette famille sigmarite. Mais je me savais plus forte que ce triste animal. Trois d’entre eux avaient déjà échoué, et j’allais inverser les rôles… Les chasseurs seraient bientôt des fugitifs.
Le médaillon se balançait toujours, balloté par la brise. L’évidence transperça la nuit et m’atteignit en pleine poitrine. Cette dernière pulsa doucement tandis que repassait devant mes yeux le regard vitreux de Pierre, un filet de sang s’échappant de ses lèvres, une rivière écarlate s’échappant de son ventre. Firmin ne pouvait m’accompagner. Je devais l’en empêcher. Comme Pierre, comme Alarick, il se tuerait en voulant me protéger. Je ne l’avais pas sauvé pour le voir mourir par ma faute quelques années plus tard. Je compris alors que mon amour pour lui s’était à son tour transformé en prison dorée de laquelle je devais me libérer.
Le vent retomba. Le médaillon glissa entre mes doigts pour retrouver sa place, sous ma tunique. La branche et la souris s’effacèrent de mon esprit, les étincelles de vie disparurent une à une. Je me retrouvai devant la fenêtre. Une fois revenue à la réalité, j’aperçus deux silhouettes se détachant de l’ombre majestueuse des arbres. Il était de retour. Je regardai une dernière fois le ciel et partis rejoindre mes compagnons.

 

- Est-ce encore loin, Homme Sombre ? Mes jambes fatiguent à galoper de la sorte toute la nuit ; je ne suis plus aussi jeune que lors de notre première rencontre...
Thomov Le Poussiéreux arrêta son avance et se retourna vers son compagnon de route.
- Cessez donc de vous plaindre, nous y serons dans un instant. Une fois là-bas, je vous recommande vivement de faire profil bas si vous tenez à voir l'aube poindre ; les personnes que nous allons voir ont traversé quelques journées difficiles, je le crains. Je vous protégerai, mais ne faites rien qui puisse attiser leur colère. Allons, remettons-nous en route.
Sur quoi il repartit de son habituel pas vif, laissant le borgne suffoquer pour suivre son allure.
A peine une lieue plus loin, ils tombèrent sur les ruines de ce qui semblait être une ancienne tour perdue au milieu des bois. Elle n'était pas détruite, mais presque complètement enterrée comme si quelque Dieu distrait avait posé le pied dessus et que l'édifice tout entier s'était alors enfoncé dans le sol, ne laissant plus dépasser que la moitié d'un étage.
Thomov patienta le temps que le mortel le rejoigne et lui dit pendant qu'il reprenait son souffle:
- C'est ici. Ne vous effrayez pas de ce que vous verrez en ces lieux et souvenez-vous de ce que je vous ai dit : restez coi autant que possible, contentez-vous de nous conduire en lieu sûr et tout ira bien.
Ne laissant pas le bougre répondre, Thomov le conduisit vers quelques buissons qui dissimulaient habilement l'entrée de la tour.



Emmanuelle était partie se reposer dans mon ancienne chambre. Kriestov s’était muré dans un silence patient dans un coin de la pièce. Saphir se tenait adossée à l’entrée, les traits tirés par la faim malgré son éternelle sérénité. Firmin faisait les cent pas entre les rares meubles de la salle abandonnée : deux étagères vides contre le vieux mur de pierre qui surplombaient une petite table et deux chaises laissées au milieu de la pièce. J’étais assise sur l’une d’elles, et observai mon compagnon d’un œil agacé. Je voulus penser à autre chose pour calmer mes nerfs, et me tournai vers mon amie.
- Que vas-tu faire maintenant ?
- Voyager vers le nord. Retrouver ma patrie. Il y a bien longtemps que je n’y ai pas mis les pieds. Et toi ?
Nos regards convergèrent malgré nous vers l’ouvrage posé nonchalamment sur la table. Je profitai des derniers instants du silence paisible de la pièce avant de répondre :
- Je vais retourner à Altdorf. Le journal mentionne un dernier survivant de la lignée. Il me faut l’éliminer avant qu’il n’ait une descendance.
Et comme je le craignais, le silence reprit ses droits, mais désormais imprégné d’une certaine animosité. Le bruit régulier des pas de Firmin s’était tu. Nous nous regardâmes longuement. Je percevais diverses émotions dans ses yeux. Un soupçon d’affection gangrénée par une inquiétude latente, le tout enveloppé dans une colère de plus en plus imposante. Un morceau d’éternité s’immisça entre nous avant de se briser par ses paroles :
- C’est de la folie.
Je ne répondis pas et continuai de le fixer, trop certaine de ce qui allait se produire. J’essayais de rester calme, sachant que le pire était encore à venir.
- Tu vas te faire tuer. Je t’accompagne. Je te protégerai.
- Non.
Je n’avais pas bougé d’un cil. Sa peau frémit. Il posa ses mains à plat sur la table et approcha sa tête de la mienne. La tension, déjà à son apogée, trouvait encore le moyen d’augmenter.
- Tu n’as pas le choix. Je te suivrai où tu iras. Il est hors de question que je ne t’abandonne.
Je faillis répliquer. Je me retins. Nous pouvions désormais entendre les pas de Thomov et de son acolyte descendre les escaliers.

 

Le Vampire entra dans la pièce où ses semblables attendaient, suivi de près par le guide qui prenait grand soin de ne plus le quitter d'une semelle. A la vue de leurs visages émaciés et sombres, Thomov comprit tout de suite que le moindre faux-pas entraînerait la mort de l'humain. Il pouvait sentir leur faim presque comme si elle était sienne, bien qu'il ait mis à profit son passage en ville pour se sustenter. Il s'installa dignement malgré l'absence quasi totale de mobilier et attendit d'être certain qu'il disposait de l'attention de chacun avant de prendre la parole :
- Voici quel est mon plan : mon ami que voici nous conduira derrière la frontière Sylvanienne, d'où nous pourrons rejoindre nos terres sans plus de difficulté pendant que vous, mesdames et monsieur, irez de votre chemin.
Thomov pointa alors le doigt vers le borgne :
- Toi, comment comptes-tu t'y prendre pour nous faire traverser discrètement la ville ?
L'homme avala sa salive et fit un pas en avant. Il tenait son chapeau à larges bords des deux mains et parla en s'efforçant de contrôler les chevrotements de sa voix.
- Je connais la cité comme ma poche, mon seigneur ; les rondes de sa milice, ses gardes corrompus et toutes ses ruelles louches. Cependant, il nous faudra sûrement organiser une diversion pour nous faufiler entre les mailles du filet. La Guilde des Voleurs n'a pas manqué de remarquer qu'un nombre inhabituel de Répurgateurs est arrivé en ville ces dernières semaines. Depuis la chute du Comte Vlad ils se massent à la frontière de la Province pour intercepter autant d'Immortels qu'ils le pourront en coupant la retraite de l'armée en déroute. J'ai des contacts utiles qui pourront faire un peu de grabuge, mais moins que je ne le pensais. La plupart refusent de se mouiller avec toutes les exécutions que l'Eglise de Sigmar organise depuis l'arrivée des Chasseurs de Sorcière. C'est comme s'ils sentaient déjà les flammes du bûcher leur roussir les orteils...
-Bien, il nous faudra donc du renfort.
Rubis, après un bref coup d’œil entendu vers Saphir, prit la parole :
-Peut-être pourrait-on vous venir en aide, Thomov. Vous nous avez tendu la main dans les bois alors que nous étions traqués, et puis je ne voudrais pas qu'il arrive malheur à Emmanuelle.
Elle se tourna alors vers le guide.
-Assurez-vous de conduire nos amis en lieu sûr, humain, et laissez-nous nous charger d'attirer l'attention des chiens de garde de l'Inquisition...


Emmanuelle était allongée dans son lit, tout au fond de cette curieuse tour ensevelie. Mais elle ne dormait pas comme le pensait son bien aimé ; elle reprenait des forces plus vite qu'il ne voulait bien l'admettre. Plus que tout, elle ne voulait pas être pour lui une source de tracas dans cette situation déjà périlleuse. Bien qu'elle ne s'intéressât pas de très près aux affaires politiques, Emmanuelle savait que le Comte Vlad était un homme dangereux et d'un très grand pouvoir. Son époux n'avait jamais tenté de paraître à sa cour et affirmait que ses rêves de grandeur étaient au mieux une arme à double tranchant.
Au travers de l'entrebâillement de la porte, elle percevait des bribes de la conversation qui avait lieu à l'étage. Elle ne pouvait tout saisir, mais l'essentiel lui parut clair. Ils devaient traverser une dernière ville où ils ne seraient pas les bienvenus avant de retrouver leurs terres et leurs gens. Une ultime épreuve et puis enfin la paix.
Quelques phrases lui parvinrent : Rubis qui s'adressait à un inconnu en l'appelant "humain", quelque chose à propos d'êtres immortels et d'un plan pour attirer des gardiens dans un piège dont ils ne sortiraient pas vivants...
Une boule d'angoisse hélas coutumière se forma dans sa poitrine et lui coupa la respiration. Elle savait ; elle savait ce qu'était son mari, son cousin, le Comte Vlad,... Non, il ne fallait pas y songer. Les choses étaient différentes depuis que les von Carstein gouvernaient la Sylvanie : plus de brigands qui mettaient jusqu'alors la Province à feu et à sang, plus de Seigneur abusant de sa position pour faire crever les paysans à coups de taxes exubérantes, plus de honte à être de la noblesse de ce coin de terre dont les Dieux eux-mêmes s'étaient détournés...
Le prix à payer était peut-être terrible, mais quel autre choix leur restait-il ? Qui d'autre leur aurait tendu la main ? Emmanuelle inspira profondément et se répéta qu'elle n'avait rien à craindre de ceux qu'elle appelait sa famille.
Le lendemain elle reprendrait son rôle et ferait bonne figure ; elle obéirait aux ordres de son époux sans discussion tant qu'ils ne seraient pas rentrés sur leurs terres et serait aimable et courtoise autant qu'il est possible pour alléger leur fardeau par sa bonne compagnie ainsi que son éducation le lui commandait.
Avec cette conviction à l'esprit, Emmanuelle fit ce que tous les Sylvaniens avaient appris à faire depuis bien avant la venue du Comte Vlad : elle chassa ses craintes et ses peurs et sombra dans un sommeil sans rêve.


 

Je me retrouvai seule dans la pièce, imprégnée de silence. Je pensais à la fin de notre voyage, dans cette ville remplie d’esprits belliqueux. Je me voyais ensuite à Altdorf, cherchant désespérément cet humain. Soit je le tuais, soit je mourrais en essayant. Mais cette perspective ne me faisait pas peur. Je la voyais presque comme un soulagement. Car si je survivais, je me retrouverais alors devant un abysse immense. Que faire de sa vie quand elle n’a pas de fin et aucune attache ? Les vampires étaient des créatures solitaires, mais je ne pouvais m’empêcher de constater que tous ceux que j’avais croisés cherchaient désespérément un point d’ancrage, un but, un être, qui leur permettrait de trouver un sens à leur existence. En tuant Diamant, j’avais l’impression d’avoir perdu le mien, sans possibilité pour en trouver un autre. Firmin était dans la même situation, et je savais pertinemment que me rattacher à lui reviendrai à s’accrocher à une bouée perdue en pleine mer. Cette idée en tête, je ne pouvais que confirmer ma précédente décision. Il ne pouvait m’accompagner. A mes côtés, il risquerait de mourir pour de bon ; mais s’il partait, il aurait une chance de retrouver un certain sens dans son existence. Mais comment lui faire comprendre ? Je lui avais promis de ne pas user de mon pouvoir de lignage de façon abusive, mais j’appréhendais sa réaction. Je ne voyais pas comment lui faire changer d’avis, comment il pourrait l’accepter de son plein gré.
- Vas-tu un jour m’expliquer pourquoi tu tiens tant à ce médaillon ?
Je sursautai et me retournai. Trop loin dans mes pensées, je ne l’avais pas senti arriver, et il m’avait trouvée avec le pendentif dans les mains. Firmin traversa la pièce d’un pas tranquille et s’assit en face de moi. A peine posa-t-il son regard sur moi que je perçus son changement d’humeur. Il semblait plus détendu. La colère spontanée qui l’avait animé avait disparue, emmenant avec elle la tension qui avait existé entre nous depuis quelques jours. Je voyais désormais une résignation sereine dans ses yeux. Ce brusque revirement me délia la langue.
- Il appartenait à mon fiancé, quand j’étais humaine. Il est mort en voulant me protéger.
Mon compagnon se figea, surpris. Je le sentais comme bouleversé. Il devait sans doute voir le voile de tristesse qui recouvrait mon visage.
- J’étais à quelques pieds de lui, et je n’ai pu rien faire. Il est tombé sous mes yeux. Il a agonisé dans mes bras. Je l’ai vu partir, impuissante. Je ne le supporterai pas si cela t’arrivait.
Je relevai la tête au contact du doigt de Firmin sur ma joue. Il retira lentement sa main, une perle de sang accrochée sur sa peau. Ses yeux toujours rivés sur moi, je m’essuyais le visage. Nous restâmes silencieux durant ce qu’il me semblait des heures. J’avais l’étrange impression que ce calme poignant était ce qu’il nous manquait depuis tout ce temps pour nous comprendre. Il finit par se lever et se dirigea d’un pas lent vers le couloir. Arrivé sur le seuil, il s’arrêta au son de ma voix.
- Firmin…
- Les derniers mots de ma mère résonnent encore en moi, alors qu’elle me voyait prendre la route. Si tu aimes une personne, tu dois savoir la laisser partir… Je crois qu’elle avait raison. Se séparer est parfois la seule manière de ne pas la perdre.
Un sourire fugace passa sur ses lèvres. Il me tourna le dos et disparut dans les profondeurs du temple.

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Mer 29 Juil 2015 - 14:50
Ça m’avait manqué ce récit Sourire
Bon, bien entendu je ne sais pas vraiment quoi dire Tongue
Enfin essayons, tout d’abord les fautes: comme d’habitude je n’ai rien à redire là-dessus car je n’en ai pas remarqué une seule. Il n’y a pas de répétitions, pas de syntaxe étrange ou autre défaut classique sur la forme donc sur ce point là: rien à redire.
Sur le fond à présent, bon déjà il m’a fallu un peu de lecture pour me remettre dans le bain, j’en avais complètement oublié l’histoire au début mais là ça m’est revenu, bon j’avais pas oublié que Rubis maitrisait bien Ghur, par contre j’avais oublié qu’elle s’appelait Rubis Laughing Après je pense qu’une relecture des chapitres précédents m’aurait pas fait de mal, mais en l’occurrence je n’en ai pas eu besoin. Comme d’habitude je suis rentré dans le récit sans difficulté et rien que ça, ça fait plaisir de voir que ça ne change pas. Il y a bien un point qui peut paraitre dérangeant c’est que le texte est assez dense par endroit, des interlignes auraient été une bonne idée (mais là je chipote, mais ça ne fait pas de mal de chipoter un peu Happy )

Enfin voilà, comme toujours un bon chapitre dont j’attend la suite maintenant Sourire

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Le prix de la liberté - Page 16 Empty Re: Le prix de la liberté

Mer 29 Juil 2015 - 15:12
Teotiqax a écrit:Ça m’avait manqué ce récit Sourire
Je suis entièrement d'accord Sourire Cela faisait trop longtemps que l'on avait pas eu de nouvelle suite. Mais c'est un mal pour un bien tellement celle-ci est bien. Bien que toujours trop courte à mon goût (en même, c'est toujours trop court pour moi quand c'est aussi bien fait).

Bref, j'attends la suite avec une grande impatience, vu la qualité inaltérable de ton écriture.
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Le prix de la liberté - Page 16 Empty Re: Le prix de la liberté

Ven 31 Juil 2015 - 16:20
J'aimerais que l'histoire avance plus vite Tongue

Du sang ! JE VEUX DU SANG !!! Devil Vampire Devil
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Lun 10 Aoû 2015 - 18:12
Cette suite est superbe, tant au niveau du rythme que des descriptions et des dialogues (pour certains, romantique je trouve, dans le sens où Rubis veut protéger Firmin).
Bravo an vous deux pour cette suite nous donnant encore plus envié d'en savoir sur... La suite !!!

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Mon histoire...Histoire de Nyklaus
Mes dessins (avec les fiches de monstres dont vous pouvez vous inspirer dans vos récits) : Dessins de Nyklaus
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Sam 23 Déc 2017 - 1:16
2 ans. De silence et de vent. Les cendres d'un récit qui recouvrent les braises de l'imagination. Une terre grise et désolée ou l'espoir n'a pas sa place.
Mais un battement de coeur qui ne s'est jamais éteint. Une étincelle dans les yeux, qui contemplent le paysage figé par le réel. L'étincelle transmise par un regard amical, et qui se libère par un sourire complice. Elle chute, tout doucement, à mes pieds. Disparait dans les cendres. Sous les cendres.
Je ris à la vie alors que le feu se rallume dans un brasier vivace et changeant.


Le prix de la liberté - Page 16 705433

Bien le bonsoir, confrères. Voici la phase deux de notre plan diabolique ! Comme vous avez pu le voir, Thomov a écrit quelques lignes... et voici... la suite !
Nous sommes de retour ! Pour vous jouer un mauvais tour !
Comme annoncé par sire le Poussiéreux, le rythme restera le nôtre : tels deux immortels qui ont tout le temps devant eux pour écrire.
Et pour cette nécromancie double, nous vous proposons un petit voyage dans nos sujets : nous écrirons à tour de rôle, chacun dans notre section. Deux auteurs et deux sujets pour une histoire ! J'espère que cette méthode vous fera voyager autant que nous lorsque les personnages nous prennent par la main pour nous emmener sur des terrains inconnus.
Je vous mets donc en lien le texte d'introduction de Thomov ici, qui précède le texte que je vous présente en ce soir d'hiver.
Bonne lecture ! Smile


Le prix de la liberté - Page 16 705433

Les sept silhouettes se dressaient dans la pénombre, alors que l’orage gagnait en intensité.
- Êtes-vous surs de vouloir passer ce soir ?
- Plus nous restons, plus ils auront le temps de se préparer, voire de nous repérer.
- Et la pluie nous donne un certain avantage.
- Je ne sais pas si… messeigneurs, n’y voyez aucun affront mais… Je vous le déconseille.
La femme aux yeux rouges le plaqua contre un arbre. Derrière elle, sire Thomov secouait la tête d’un air affligé.
- Tu as peur, manant ? Je peux te dire que les risques de cette traversée ne sont rien à côté de ce que je peux te faire subir.
- Je… j’en conviens, oh dame, mais…
Elle resserra sa prise. Il gémit de douleur. Il n’arrivait pas à baisser son regard de ses pupilles écarlates alors qu’une peur profonde s’insinuait dans son cœur, jusqu’à affoler ses instincts les plus reculés. La panique entreprit de le saisir, et …
- Rubis, lâche-le.
La concernée grogna un court instant avant de tourner les talons. L’homme tomba à genou, haletant. Celle qui avait mis un terme à cette torture se pencha vers lui pour le relever. Il voulut sourire à cette femme à l’armure glaciale, mais se retint. Elle non plus ne dégageait aucune émotion, comme si son geste ne servait que l’efficacité.
- Que redoutes-tu tant ?
Il regarda chacune des personnes présentes. La femme sauvage aux yeux rouges, en train de s’occuper de son cheval à l’aspect lugubre. La jeune femme à l’air tout aussi apeuré que lui. Les deux guerriers à la posture sévère et silencieuse, restés en retrait. La femme chevalière, qui le fixait avec une patience à toute épreuve. Et enfin, sire Thomov. L’homme à qui il devait la vie, et qu’il regrettait amèrement depuis. Il ne put soutenir son regard et baissa la tête en déclarant :
- On l’appelle l’arracheur de dents.

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Sam 23 Déc 2017 - 9:40
Excellent; j'aime beaucoup! Love
La suite! La suite! La suite! Tongue

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Sam 23 Déc 2017 - 11:20
Mais c'est un travail très intéressant que vous nous offrez là.

Un seul truc me chagrine : est-ce normal que je n'arrive pas à identifier tous les personnages ? Cela fait quelque temps que je n'ai pas lu vos deux récits, et j'en ai peut-être oublié, à mon grand dam.

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Sam 23 Déc 2017 - 11:49
C'est normal, Arcanide. J'ai moi-même relu les 3 dernières pages de mon sujet avant d'écrire pour être sûre de ne rien oublier Happy
Ici présents, tu as Rubis, Saphir, Firmin, Kriestov, Thomov et Emmanuelle, accompagnés d'un humain qui avait une dette envers Thomov. Sans oublier Rabe, Pénombre et Werden (et Blick, quand môssieur daigne se montrer).

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Ven 29 Déc 2017 - 15:39
Pinaise, le retour du duo de choc Wow

2017 se termine sous d'excellents augures ! Après cet extrait (ces deux extraits ? Huh) j'ai hâte de découvrir ce que vous nous avez préparé / allez nous improviser !
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Mer 24 Jan 2018 - 14:00
Le clash ! L'affrontement épique est en vue !

Comme de coutume, je me joins à la communauté pour réclamer la suite Happy
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Lun 17 Sep 2018 - 23:39
Je rattrape mon retard et je tombe sur un cliffhanger super bien écrit? c'est scandaleux Mr. Green

je n'avais pas retrouvé ces personnages depuis longtemps, mais ça fait super plaisir de les relire Happy  j'aime beaucoup cette ambiance presque opressante sur les personnages, les relations entre vivants et ex-vivants, et ces "nouveaux arrivant" Shifty

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Ethgrì-Wyrda, Capitaine de Cythral, membre du clan Du Datia Yawe, archer d'Athel Loren, comte non-vampire, maitre en récits inachevés, amoureux à plein temps, poète quand ça lui prend, surnommé le chasseur de noms, le tueur de chimères, le bouffeur de salades, maitre espion du conseil de la forêt, la loutre-papillon…
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Dim 23 Sep 2018 - 0:43
(Désolé pour ceux qui ont activé les notifs, ce n'est que moi Smile )

J'ai TOUT relu ! Mais quelle fresque ! Il s'en est passé des choses !
En ayant tout lu sur une semaine environ (merci le smartphone et la lecture nomade) on sent vraiment l'évolution de ton style à travers les années d'autant que je n'ai pas lu tes versions remasterisées (à moins que tu ne les ait remplacées dans les postes correspondants), du coup c'était du Arken d'époque.
C'est vraiment agréable à lire, l'attention et la tension sont maintenues, il y a des enjeux, c'est tout bon. Et ce pont entre vos 2 histoires avec Thomov c'est tout simplement brillant, j'adore !

Moi qui me demandais ce que j'allais bien pouvoir attaquer après ton histoire, je crois que j'ai ma réponse...

En tout cas, comme tout le monde ici, j'en redemande. Prenez votre temps, les lecteurs seront au rendez-vous.
Arken

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Mer 16 Jan 2019 - 23:04
Mais oui je sais, ça fait encore des plombes qu'ils ont pas eu la suite... Bin, non, c'pas vraiment la suite... Ah mais c'est bon là ! J'écris ce que je veux d'abord... Quoi ? Combien de temps encore ? Va donc poser la question au poussiéreux au lieu de m'enquiquiner ! ... Oui, cette partie est quand même utile pour la suite ... Bin parce que déjà ça satisfait leur curiosité hein, pis ensuite, ça se pourrait que ça ait une relation avec la suite chronologique... Mais non ! Et pis quoi encore, tout leur spoiler ? Z'avez qu'à attendre nanmého ! ... Ouais, c'est prévu t'inquiète, quand la vraie suite arrivera, jferai un petit résumé en début de message...


Bonne lecture Camouflé Ninja



An 3 du Calendrier Gospodarin (1527 C.Imp.)
Kislev



Toute sensation disparue. Et pourtant, elle est toujours vivante. Elle lève lentement sa main. Est-ce encore la sienne ? Rougie, gercée, rien ne l’indique, si ce n’est les doigts qui répondent à sa volonté. Elle caresse à nouveau la neige autour d’elle. Elle paraît chaude cette fois. De la neige chaude au creux de sa paume, et qui ne fond pas. Prise d’un rire émerveillé, elle fait d’amples gestes dans tous les sens. La neige vole devant ses yeux, lui cachant le ciel nocturne. Son rire continue alors qu’elle recouvre ses jambes de cette eau glacée. La neige est chaude ! Elle va réchauffer ses orteils ! Elle se calme peu à peu et, un sourire béat éclairant son visage, elle se laisse basculer en arrière. Son corps recouvert, disparu de ses perceptions, elle observe les étoiles, ses lèvres toujours étirées par un bonheur ineffable.

*


- Dimitri, va me chercher la gamine. Elle va comprendre qu’on ne rentre pas de pénitence sans me présenter ses respects.
- Hum… C’est-à-dire que… elle n’est pas rentrée...
- Quoi ?! Tu vas me dire que ça fait quatre heures ?!
- Je pensais que c’était votre volonté…
- Imbécile ! C’est la fille de l’Ataman ! Mon but est de lui apprendre la discipline et le respect, pas de la tuer ! Réunis les gars, prenez des torches, on part la chercher !

*


Elle n’existe plus. Son corps a disparu. Sa vue commence à faiblir. Les contours de Mannslieb deviennent flous. Elle ne sent plus son visage, mais elle sait que son sourire est toujours là.
- Katarina !
Elle est devenue la neige. Et bientôt, elle voyagera au gré du vent, comme ces milliers de flocons blancs.
- Katarina !
Elle est heureuse, englobée dans le silence de l’hiver qui recouvre la toundra.
- Ici ! Je l’ai trouvée !
- Par Ursun !
Un vague de lumière agresse sa vision, et une sensation de brulure réveille tout son corps. Elle crie.
- Une couverture, vite !
- Eloignez ces torches bon sang, vous allez la bruler !
Abasourdie, incapable de réagir, elle voit son monde lui être arraché des mains par des créatures de chaleur et de bruit. Elle ferme les yeux, une larme gelée à l’orée de ses paupières.

*


- Aucun membre touché. Juste quelques engelures et des lèvres bleues. Et… une marque naissante… autour du nombril.
Il hoche la tête. La vedma sort. Il fixe l’enfant. Immobile, les yeux perdus dans les flammes et remplis d’une infinie tristesse. Muette. Indemne.
- Snjegynka.
Elle tourne soudainement la tête vers lui. Il se fige, absorbé par le bleu cristallin de ses prunelles et de l’intensité de son regard. Il ne peut que murmurer.
- Katarina Snjegynka. Enfant de glace.

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Jeu 17 Jan 2019 - 9:17
On sent que la fillette est promise à un destin particulier, mais sans autre indice...

La manière dont cela s'annonce me semble en tout cas à la fois brutal et empreint d'une certaine poésie. Nous sommes bel et bien dans la très brutale et très poétique contrée du Kislev Mr. Green

La suite Cool
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Jeu 17 Jan 2019 - 10:06
Il s'agit donc du passé de Saphir.

On n'en a qu'un très court aperçu, mais qui semble emprunt d'une certaine poésie. La jeune fille est par contre en mauvaise posture, si je comprends bien elle fait une hypothermie sévère. Ce qui veut dire qu'elle est encore en vie, et non encore une vampire.

Nous en voulons plus, bien évidemment.

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Jeu 17 Jan 2019 - 19:38
An 4 du calendrier Gospodarin (1528 CI)

Une grossière palissade de bois. Deux jeunes hommes, légèrement vêtus, en son centre. La sueur perlait sur leur peau malgré la neige environnante. A l’entrée du cercle, un ancien. L’œil sévère. Campé sur ses deux pieds, les mains dans le dos.
- De l’énergie, messieurs !
L’acier contre l’acier. Les deux belligérants grognaient sous l’effort. L’un repoussa l’autre du pied et ils se séparèrent.
- Vous appelez ça un combat ? On dirait deux coqs dans une basse-cour !
Ils se remirent en garde, se jaugèrent, reprirent le combat. L’un chargea en criant et plaqua l’autre contre la palissade, qui trembla sous l’impact. Il envoya un coup de tête pour se libérer et ils s’éloignèrent. Entre deux rondins de bois, une prunelle aussi bleue que le ciel n’en ratait pas une miette.
Elle observa encore quelques minutes et finit par se retourner. Elle imita le regard belliqueux des combattants et jaugea l’amas de neige devant elle, qui, dans son imagination seulement, avait l’apparence d’un homme. Elle fit trois pas assurés et tendit ses deux mains vers le manche d’une hache de bûcheron posée devant elle. Elle la souleva avec précaution pour ne pas se laisser emporter par le poids. Elle s’assura de sa prise et asséna un coup dans un petit grognement qu’elle voulait sauvage. Elle recommença une deuxième, une troisième fois. La hache devint trop lourde pour une autre tentative. Elle fit une moue contrariée.
- Kat ?
Elle sursauta et fit volte-face.
- Père … je…
Son air sévère se changea en un léger sourire.
- Ne me dis pas que tu veux apprendre à manier la hache !
Elle hésita, chercha une excuse. Son regard l’en dissuada. Franchise et honneur. Elle se redressa, le menton haut.
- Si ! Je veux être une guerrière !
Face à l’air de défi du doux visage de sa fille, il ne put retenir un petit rire. Il s’agenouilla devant elle.
- Et comment vas-tu faire avec le peu de muscle que tu as ?
- Je vais m’entrainer jusqu’à réussir !
- Tous les jours ?
- Tous les jours !
Son sourire s’élargit. Elle avait la détermination de sa défunte mère.
- Hum… Avec autant de sérieux que l’enseignement de l’ancienne Snjegynka ?
Elle ouvrit la bouche, rougit, la referma avec honte et vexation.
- Cela fait une heure qu’elle te cherche…
- C’est pas la même chose ! C’est nul ses trucs !
Il haussa un sourcil.
- Tu ne trouves pas ça intéressant de manier la glace ?
- Non. Elle veut que je reste immobile pendant des heures. Elle me dit de méditer. Etre le glaçon pour comprendre le glaçon. C’est nul, je veux me battre moi ! Tuer les méchants sauvages qui veulent détruire le village !
Elle donna des coups de poings énergiques dans le vide. Son père l’observa avec réflexion.
- Kat.
Elle s’arrêta et le fixa.
- Tu te souviens de la dernière leçon que je t’ai apprise ?
Elle plissa son nez, cherchant dans sa mémoire.
- Oeil pour œil, dent pour dent.
- Et qu’est-ce que cela signifie ?
- De donner autant qu’on me donne. Que ce soit du respect ou des coups.
- Eh bien, aujourd’hui je vais t’apprendre que c’est aussi le cas pour le travail. On va faire un compromis toi et moi.
Elle l’observa avec attention. Il souleva sa cape et dévoila une épée en bois. Il leva son index pour stopper une quelconque remarque.
- Tu iras chez l’ancienne un jour sur deux. Tu lui obéiras, l’écouteras et t’appliqueras dans tes leçons. Et chaque lendemain, nous passerons autant de temps ensemble pour apprendre à te battre.
Il vit un grand sourire s’étirer sur son visage. Il lui fit signe de rester concentrée.
- Mais si tu refuses d’y aller, ou que tu te montres insolente avec elle, je casse cette épée. Tu as compris ?
Elle prit le temps de comprendre chaque condition. Elle hocha la tête.
- Tu as des questions ?
- Pourquoi une épée et pas une hache ?
- Il faut beaucoup de force pour manier une hache. Il faut beaucoup d’agilité pour manier une épée. Les hommes sont forts. Toi tu es agile. Tu seras beaucoup plus efficace avec une épée pour couper les têtes des sauvages.
Il tendit son bras droit vers sa fille.
- Alors, marché conclu ?
Elle regarda l’épée, le visage de son père, puis la main qu’il présentait. Remplie de fierté, elle scella l’accord en empoignant son bras avec toute la détermination dont elle était capable.



An 8 du calendrier Gospodarin

Des sauvages. Partout. Des cris. Elle sentait le feu dévorer d’autres maisons. Elle entendait des fracas assourdissants, des gargouillis écœurants, des rugissements terrifiants. Elle ferma les yeux.

- Si tu sors, je serai vulnérable, car j’aurai peur pour toi… Non, écoute-moi ! Tu vas me promettre de ne pas bouger. Enferme-toi dans ta chambre. Garde ton épée au côté.
Un cri d’agonie. Elle tourne la tête, effrayée.
- Regarde-moi. Regarde-moi ! Tu vas te cacher dans ta chambre et ne plus bouger. Tu ne bougeras pas avant que le silence total revienne. Le silence total. Tu m’as compris ?

Comprendre le glaçon… Faire le glaçon… Etre le glaçon…
Elle retint sa respiration. Quelqu’un venait d’entrer. Elle glissa lentement sa main vers la garde de son épée, posée sur le lit. Ce n’était pas son père. Elle le savait. Des bruits de casse. Père… Où es-tu… La porte s’ouvrit avec fracas. Le teint basané. Les cheveux noirs pleins de crasse. Une barbe répugnante. Des dents pourries. Une expression malsaine dans le regard. Une armure rapiécée et une hache émoussée en main.
- Oh… Trouvée…
Il fut pris d’un fou-rire en s’avançant vers elle. Elle était devenue un glaçon. Incapable du moindre mouvement, paralysée par la peur. Confiant, il posa sa hache contre le lit et sortit une dague. Il s’approcha. Elle réussit à balbutier une incantation de la vieille Snjegynka. Les poils de sa barbe se congelèrent.
- Une apprentie sorcière ! Ahah ! Les autres seront fous quand je leur dirai que je me suis fait une petite trainée dans ton genre. Viens ici !
Il se rua sur elle, le poignard posé sous son cou. Elle commença à gémir de terreur, le corps tétanisé. Il défit son pantalon, laissant libre cours à sa virilité. Il la força à déplier les jambes, remonta la main le long de sa cuisse, s’approcha… Dans un dernier réflexe de survie, elle poussa un cri libérateur. Il s’arrêta juste au-dessus d’elle, le regard soudain figé. Il voulut parler, un agglomérat de sang lui sortit de la bouche. Il s’écroula, la pointe de l’épée sortant de son dos. Elle explosa en sanglots. Elle commença à trembler. Avec des gestes désorganisés, elle essaya de s’extraire du lit. Elle finit par tomber au sol. Elle chercha son manteau avec fébrilité, enfila ses bottes, des larmes roulant sur ses joues. Elle sortit de sa chambre, attrapa une épée sur le râtelier de son père et quitta la maison.
Elle n’aurait pas dû sortir. De la lumière, de la chaleur, partout. Les flammes dévoraient le village. Les hurlements étaient encore plus perçants. Pris de panique, elle regarda autour d’elle frénétiquement.
- Père ! … Père !
Elle courut dans tous les sens, ne sachant où aller, le bout de son épée trainant dans la neige et la boue. Au détour d’une rue, elle aperçut plusieurs ombres. Grandes, sombres, terrifiantes. L’épée tomba sur le sol. Ils se retournèrent. Les yeux écarquillés de peur, elle fit demi tour et commença à courir. Elle arriva très vite à la sortie du village. Elle quitta la route, s’enfonça dans les plaines recouvertes de neige. Ses pieds s’enfonçaient jusqu’aux genoux. Elle les entendait qui se rapprochaient. Ils riaient.
La neige… s’envoler comme un flocon… la neige… la neige…
Une pluie blanche et légère se mit à tomber du ciel, de plus en plus intense.
Elle était… un flocon de neige… un flocon… de neige…
Le manteau blanc se referma sur les pieds des poursuivants.
La frêle silhouette disparut dans le blizzard.

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Le prix de la liberté - Page 16 Empty Re: Le prix de la liberté

Jeu 24 Jan 2019 - 20:39
Et voilà encore une suite. z'avez de la chance, j'ai deux ou trois heures de vide en semaine que j'ai décidé de consacrer à l'écriture... J'espère que cette ambiance rude et sans fioriture digne de Kislev vous plaira.
Bonne lecture Smile 



An 8 du calendrier Gospodarin

Il arrêta son cheval sur le haut de la colline. Un voile d’ombre se posa sur son visage. En contrebas, des ruines encore fumantes offraient un bien triste spectacle.
- Ils nous narguent.
Son second répondit par un crachat méprisant dans la neige. Barbe et cheveux longs et noirs, ses yeux tout aussi sombres, il était son exact opposé. Un Ungol. Leurs deux peuples avaient des traditions bien distinctes, et un passé assez conflictuel. Mais désormais, ils ne formaient plus qu’une seule et même patrie, et il fallait apprendre à vivre ensemble. Lui-même se trouvait chanceux. Ils s’étaient tout de suite entendus. Même détermination, même honneur au combat. Mais ce n’était pas le cas de toute la troupe…
- Fermez-la et avancez !
Voilà des semaines qu’ils traquaient ce groupe de pillards. La piste n’était pas difficile à suivre. Il suffisait de remonter la route de toutes les bourgades massacrées et incendiées. Mais ils avaient beau raccourcir leur nuit, passer la journée à un rythme soutenu, ils n’arrivaient toujours pas à les rattraper. Le chef passa la main dans sa barbe rousse d’un air las.
- Cherchez des survivants.
- ‘savez qu’ils en laissent jamais.
Il haussa les épaules.
- Une vieille habitude de nos batailles communes, sans doute. Transmettez, Chamuka.
L’Ungol répéta l’ordre dans sa langue, et la troupe se dispersa.


*
- Chef !
Il vit le soldat arriver au trot, une main pour les brides et l’autre pour un corps emmitouflé dans des couvertures.
- Je l’ai trouvée à cent cinquante pieds du village.
- Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse ? Balance-la avec les autres.
- Elle est vivante.
Il lui fit signe d’avancer. Il observa le jeune visage aux lèvres bleutées et tremblantes. Il écarta les pans de tissu, souleva sa tunique. Sur la peau de la demoiselle, encerclant son nombril, une marque légèrement bleutée formait un flocon de neige. Snjegynka.
- Donne-la-moi, je m’en occupe. Va aider les autres.

*

Il la regardait avec impatience. Meurs ou réveille-toi, mais fais vite. Bientôt ils repartiraient, et sans la chaleur du bucher, ses chances de survie disparaitraient. Debout face aux flammes, il sentait son visage rougir sous l’intensité du feu. Il soupira. Le dernier cadavre venait de rejoindre les autres dans le brasier. Chamuka ne tarda pas à paraître à ses côtés. Un crissement de métal, et une dague apparut dans sa main.
- Alexei. On doit y aller.
Il la fixa encore un instant avant de détourner la tête.
- Fais-le. Mes traditions m’interdisent de mettre fin aux jours d’une sorcière de glace.
L’Ungol cracha par terre et prit la gamine.
- Qui… Qui êtes-vous ?!
- Par le sang de mes ancêtres !
La lame tomba au sol. La jeune Gospodar, aux yeux aussi bleus que l’azur, l’observait avec crainte.
- Petite ?
Elle se tourna dans un sursaut. Elle se tranquillisa légèrement à la vue de la barbe et des cheveux roux du chef.
- Tu ne crains plus rien, les pillards sont partis.
Elle fixa les deux hommes tour à tour.
- Où est mon père ?

*
Ils avaient repris leur route. Ils avaient repris leur traque.
- Nous te déposerons dans le prochain stanitsy encore sur pied.
- Non.
Elle chevauchait en tête, en compagnie du chef qui l’avait placée devant lui.
- Nous ne sommes pas tes nourrices. Tu vas nous ralentir.
- Je ne crains pas le froid et je sais me battre.
Il éclata de rire.
- Te battre ? Contre qui ? Les sauvages qui ont réussi à vaincre les soldats de ton village ?
- J’en ai tué un.
Son visage reprit tout son sérieux.
- Vrai ou pas, ça ne suffit pas.
Elle se retourna pour le regarder droit dans les yeux.
- Je jure sur tous les dieux du nord que je vous suivrai tant que les assassins de mon père respirent encore.
Ils se toisèrent. Aucun ne ploya. Il finit par laisser apparaître un sourire cynique.
- De toute façon, m’étonnerait qu’on croise âme qui vive tant qu’on sera sur leurs traces.
Satisfaite, elle reporta son attention vers l’horizon, une étincelle de vengeance au fond des yeux.

*


Le feu de camp finissait de se consumer, laissant un mince filet de fumée se perdre dans l’azur. Le soleil peinait à se lever au-dessus de la sylve. Les hommes montèrent leurs chevaux et se rassemblèrent.
- Chamuka.
- Alexei.
Le chef examina sa troupe du regard avant de faire porter sa voix.
- Voici Katarina. Elle restera avec nous. Si on veut rattraper ces vermines, pas le temps de faire de détour.
Une partie des soldats, les Gospodars, réagirent à peine. La nouvelle s’était déjà répandue dans les rangs, et aucun d’eux ne voulait prendre le risque de contrarier à la fois leur chef et une sorcière de glace. Mais quand Chamuka eut fini sa traduction, une certaine agitation s’empara des Ungols. L’un d’eux se fit porte-parole et posa une question qui provoqua l’hilarité générale. Alexei se tourna vers son second.
- Il demande s’il faut forcément avoir le cul blanc et le poil blond pour y avoir droit, ou si toute la troupe pourra en profiter.
Il retint un grognement. Toisant l’homme avec sévérité, il déclara d’un ton lourd de menace :
- Cette jeune fille est une sorcière de glace. Si je vois un seul homme, Gospodar ou Ungol, la toucher, ou ne serait-ce que la regarder de travers, il verra ses tripes se répandre dans la neige. Est-ce clair ?
L’ordre une fois traduit, tous les soldats opinèrent dans de brefs murmures. L’incident clos, la troupe reprit sa route.

*


- Mon père était Ataman. Je veux tuer leur chef.
- Doucement gamine. Je ne te protège pas de mes hommes pour te laisser te faire éventrer par un sauvage.
- Cette vengeance m’appartient. Cette histoire ne te regarde pas, tu voulais me jeter dans le bucher avec les autres quand je me suis réveillée.
Il grogna. Une odeur de fumée et de charogne. Ils arrivèrent au sommet de la petite colline. Un autre village.
- Reste ici.
Alexei la posa au sol. Ils s’approchèrent des ruines fumantes arme à la main. Elle les suivit à pied.
Elle erra dans les rues, les yeux perdus sur les bâtiments calcinés. Deux soldats passèrent près d’elle, transportant les restes éventrés d’une vieille femme. Elle se figea, ne pouvant détourner le regard de cette horreur. L’odeur des tripes envahit son nez. Elle se retourna pour vomir. Les deux hommes s’esclaffèrent et continuèrent leur chemin. Elle resta quelques instants pour s’en remettre et reprit sa route.
Elle arriva devant l’ancienne forge qui n’était désormais qu’un amas de bois noirci mélangé à des morceaux d’acier. Avançant avec précaution, elle entreprit de fouiller les environs. Elle s’arrêta devant une poutre encore rouge de braises. Juste en dessous, la garde d’une épée dépassait. Elle ferma les yeux, tendit les mains, paumes en avant, soupira. Se concentrer. Ressentir le froid. Le ramener dans ses mains, le façonner, l’expulser. Elle rouvrit les paupières. Son regard se teinta de déception. Quelques flocons de neige chutèrent lentement sur la poutre pour fondre dans un petit sifflement.
- Je t’avais dit d’attendre.
- Je veux cette épée.
Il prit sa hache et cala le manche sous la poutre. D’un simple mouvement, le levier opéra. Katarina ramassa l’épée et il relâcha.

- Tu ne maitrises pas ta magie.
Elle fit tournoyer l’arme dans sa main, testa son équilibre.
- Je suis beaucoup plus douée avec ça.
Il l’observa avec attention. Ses mouvements étaient simples, rapides, fluides. Il laissa transparaitre un petit sourire mystérieux.
- Prouve-le-moi.

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Ceux qui ne croient pas en la magie ne la trouveront jamais.
Essen

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Seigneur vampire
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Sam 26 Jan 2019 - 11:51
Ces malandrins doivent être bien doués pour échapper ainsi à une troupe montée. Peut-être sont-ils montés sur d'immondes créatures de Slaanesh, dont la rapidité est simplement surnaturelle.

Quoi qu'il en soit, on sent que s'ils se font rattraper par des poursuivants aussi déterminés, ils n'auront même pas le temps de le regretter.
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