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Le Souffle de la Guerre - Récit (Chaos) Empty Le Souffle de la Guerre - Récit (Chaos)

Jeu 7 Juil 2011 - 22:55
Eternelle Nuit à vous,


Je vous présente ici un court récit Chaotique (récit que j'avais posté sur le Fléau Nordique sous le pseudo d'Oloss), en espérant que les textes non vampiriques sont autorisés (il me semble que oui). Et en espérant bien entendu que cela vous plaira.

Bonne lecture.


Méléagant.


Le Souffle de la Guerre


La silhouette à la haute stature acheva de gravir la colline rocailleuse donnant sur la vallée humaine, bravant le blizzard de ce cœur d’hiver. Au travers de la neige et des éclats de glace, le guerrier darda son regard sombre sur les formes du village isolé par les intempéries. Derrière lui, ses hommes montaient un camp de fortune, les Dieux les protégeant du froid hivernal. Seul un feu magique pouvait braver la tempête ; Ousméos maîtrisait justement les forces nécessaires.

Nul n’apercevait la lueur avide illuminer le regard d’Oloss, seigneur de guerre de Norsca et élu des Puissances de la Ruines. Son armure couleur de roche resplendissait de runes maudites, et son arme encore au fourreau souffrait de ne pas s’abreuver du sang des nains et des humains qui lui avaient ravi la victoire, une Lune auparavant.

Un grondement s’éleva de sa gorge, alors que le cuisant échec revenait à son souvenir, celui du seigneur nain et de ses troupes sang et or qui avaient fauché ses guerriers et mis en déroute sa troupe. Aujourd’hui, Oloss revenait aux abords de la Bretonnie, le feu de la vengeance dévorant son âme mille fois maudite. Et le nombre des hommes lui ayant juré fidélité était plus important. L’heure du combat allait bientôt sonner le glas de ces peuples alliés.

Dorne Le Gris, un champion prometteur qui risquait fort un jour de défier son seigneur s’approcha sans cérémonie, ses lourds pas faisant crisser l’épais manteau de neige. Jeune et fort, Dorne portait aux combats les couleurs d’Oloss, le Corbeau de Poussière. Bien qu’entièrement dissimulé sous un casque couleur d’os et de cuivre, le seigneur sentit le sourire carnassier de son second.

- Nous sommes prêts seigneur, chaque homme attend le signal… Quand désirez-vous attaquer ?

- Nous attaquerons à la nuit Dorne, afin que leurs cauchemars prennent corps en nos personnes… Je ne veux pas simplement les tuer, mais les anéantir et que leurs esprits brûlent de terreur alors qu’ils rejoindront leur fausse déesse.


- Les Ogres rechignent à attendre seigneur, reprit le champion après un court silence, et je crains qu’ils ne s’attaquent au village dans l’heure. Ils pourraient d’ailleurs le ravager à mon avis, tout comme vous ou moi !

- Cela n’est pas si simple
, coupa une voix râpeuse.

Les deux guerriers se retournèrent comme un seul homme, main sur la garde de leur épée, sur la frêle silhouette de l’homme qui les avait interrompus. Frêle malgré l’armure de plaques sombres qui le protégeait. Orgas s’appuyait sur un long bâton d’acier qui se terminait en une croix à huit branches faite d’os humains. Le sorcier affichait un teint de craie, et ses yeux ambre rougeoyaient dans l’enfer blanc.

- Tiens donc, ricana Oloss. Que vois-tu sorcier dans cet amas de cahutes qui pourrait me défaire ?

- Je sens la présence d’un être capable de commander à l’Aethir… une femme je pense, une de ces sorcières bretonniennes.

- Une femme !
s’esclaffa Dorne, une humaine chétive. Ma lame la transpercera si ce n’est autre chose… Sa fausse déesse ne peut rien contre les Dieux Noirs !

- Je te le concède champion,
siffla le sorcier en se rapprochant, mais crois-moi, si une de ces catins foule cette terre, elle doit être accompagnée.

- Tu penses à un piège ?
demanda Oloss.

- En effet seigneur. Les chevaliers ne devraient pas tarder à revenir de leur reconnaissance. Nous en saurons alors un peu plus.

- Bien,
répondit Oloss en commençant à descendre la colline. En les attendant, je vais régler une petite question de hiérarchie avec Gorgoroth.

Sorcier et champion ne purent s’empêcher de sourire alors qu’ils emboitaient le pas à leur seigneur.

* * *

Oloss traversa le camp sans ralentir. Ses hommes se levèrent et tous à l’exception d’un le suivirent à quelques pas. Seul restait Halfricht, penché au-dessus d’une bassine. Son regard fou renvoyait les lueurs carmines de la lourde bannière qu’il trempait dans le sang des derniers esclaves sacrifiés. Bannière qu’il portait fiévreusement au combat, dont les vapeurs ensorcelées réveillaient la fureur de Khorne dans le cœur des Larmes d’Oloss, l’escorte du seigneur. Déjà des visions de carnage et de mort s’imposaient à son esprit.

Le Corbeau de Poussière s’approcha des Ogres qui se levèrent de terre pour le surplomber de leur masse ventripotente. Gorgoroth, leur chef, s’approcha, l’impressionnante pince qui jaillissait de son flanc gauche claquant plus fort que les éléments. Son énorme ventre jaune de graisse débordait d’une pièce d’armure sombre, et une masse de la taille d’Oloss reposait négligemment dans ses mains. La moitié d’un corps d’humain y était enfermé entre les pics d’acier ; la collation de l’Ogre.

Oloss se planta devant le monstre, la tête relevé pour faire face aux yeux porcins qui le toisaient. L’Ogre n’avait pas peur de cet humain, certes fort, et béni des Puissances de la Ruines. Il n’en allait pas de même pour les autres monstres qui regardaient la cinquantaine de guerriers en armure suivant leur seigneur. Bien payés et largement nourris par les caravanes et villages isolés qu’ils avaient attaqués, ils trouvaient dans la personne d’Oloss un seigneur efficace.

- Gorgoroth, hurla presque Oloss pour couvrir les rafales de vents, gros tas de graisse putride, qu’ais-je entendu ? Aurais-tu le projet insensé de saper mon autorité et d’aller à l’encontre de mes ordres ?

- Les humains sont faibles ! Pourquoi devoir attendre ?

- Ce sont mes mots, et ils se passent de commentaires… tu as déjà par le passé remis en question mes ordres. Nous arrivons sur les lieux de notre vengeance et je refuse que ton cerveau atrophié ne mène mes plans à la ruine!


Bien que n’ayant de toute évidence pas compris l’entièreté des dires du seigneur, les Ogres grondèrent face aux insultes manifestes. Le raclement de quarante lames jaillissant de leurs fourreaux doucha cependant leur ardeur. Par-delà la visière de leurs casques aux cornes noires, les yeux des guerriers brûlaient du feu de la guerre. Un geste, un mot et les lames transperceraient les ogres mutants au nom des Puissances de la Ruine et du Corbeau de Poussière.

Seul Gorgoroth ne paraissait pas impressionné par la situation, un sourire carnassier déformant sa bouche immonde. Ses mains crissèrent sur sa masse alors que, dans un hurlement inhumain, il s’apprêtait à lancer son arme vers la tête du seigneur. Un bouclier luisant de runes dorées apparut alors, déviant la puissante attaque qui fit cependant chanceler le guerrier. D’un geste, il arrêta ses hommes qui s’apprêtaient à fondre sur les Ogres.

Dorne fit reculer les Larmes d’Oloss, les plans se succédant dans son esprit si d’aventure l’Ogre tuait Oloss. Cela paraissait peu probable à l’esprit du champion, mais sait-on jamais… seuls les Dieux pouvaient alors en décider.

Oloss libéra son arme qui hurla sa joie en transperçant l’air. Soudain la tempête et le blizzard semblèrent lointains. Gorgoroth chargea et son arme fracassa un rocher en une pluie d’échardes de pierre tandis que sa pince cherchait l’humain impudent. Mais ce dernier, plus svelte et rapide que l’Ogre, s’était déporté sur son flanc droit. La lame argentée taillada la chaire mutante, une humeur visqueuse qui jadis fut du sang s’échappant de la profonde entaille.

De fureur et de douleur, l’Ogre hurla sa haine au visage casqué de son adversaire qui moulina de plus belle. D’un revers, il sectionna le bras mutant. Quelques secondes encore la pince claqua dans le vide. Gorgoroth leva de nouveau son arme qui percuta avec violence l’armure ouvragée du seigneur. Oloss se releva à temps, échappant de justesse à une seconde attaque. Sa lame perfora le cœur graisseux du monstre, le guerrier devant pour cela l’enfoncer jusqu’à la garde dans le dos découvert. D’une puissante impulsion, il arracha son arme de son carcan d’os et de muscles et décapita proprement l’Ogre qui s’effondra.

Oloss respirait fort et un nuage de buée filtrait de son casque tandis qu’il reprenait son souffle avant de lever la tête de son adversaire vaincu vers les cieux, en offrandes aux Quatre Puissances. Les guerriers hurlèrent leur joie à la suite de leur maître, tant et si bien que le vent mena leur liesse aux oreilles terrifiés des villageois de l’autre côté de la colline.
- Voilà! cracha Oloss en direction des Ogres, vous avez de quoi vous nourrir pour cette nuit !

* * *

Oloss observait la bourgade bretonnienne alors que la nuit tombait doucement. La tempête s’était tue et la vallée était recouverte d’un manteau immaculé étincelant sous les derniers rayons du soleil. Le ciel se parait des roses et pourpres du crépuscule, teintes que l’on retrouvait sur les flancs des montagnes lointaines. Mais le seigneur de guerre n’en avait cure. Seules les âmes transies de peur et de froid terrées dans cet insignifiant village l’intéressaient. Le point de départ de sa vengeance.

Les chevaliers, bien qu’outrés de devoir remplir le rôle assignés d’habitude aux jeunes maraudeurs, étaient revenus moins d’une heure avant. Nulle armée ennemie n’avançait vers eux, mis à part les possibles troupes dissimulées dans le village. Comme convenu, ils s’étaient montrés des sentinelles et, comme prévu, le son de la cloche d’alarme avait brisé le silence crépusculaire. Oloss ricana pour lui-même. Les humains étaient si prévisibles.

Il leva sa main droite, le gantelet crissant sous la pression de son poing fermé. Le lourd pas de son armée en marche le fit sourire de plus belle alors que Dorne hurlait les noms des Quatre Puissances, repris en chœur par l’armée entière. Oloss dévala la pente de la colline, sans cesser de regarder sa cible.

Les Bretonniens se mirent rapidement en position. Deux phalanges de chevaliers apparurent dans leurs armures étincelantes, sur des destriers portant des bardes de couleurs et d’héraldiques différents. Des archers rejoignirent les toits des demeures les plus proches et se déployèrent derrière des épieux mis en place pour briser les charges de cavalerie. Un groupe d’hommes d’armes, peinant à lever leurs hallebardes, tenta d’adopter une formation de combat. Des nobliaux et des paysans. Le seigneur de guerre pouvait sentir leur peur, et cela le ravissait.
Une silhouette plus fine que les autres apparut alors et rejoignit les paysans ; une femme aux cheveux d’or et à la tenue bleue. Ousméos s’approcha de son seigneur, la neige fondant autour du sorcier de feu. Sa voix profonde déformée par le casque roulait comme le rugissement d’un incendie. Oloss se méfiait de ses sorciers, bien qu’ils lui fussent utiles.

- Seigneur, commença Ousméos, je désire demander une faveur.

- Une faveur ? Demande toujours, mais prends garde à tes paroles…

- Je ne désire qu’une chose mon seigneur, c’est que cette femme me soit réservée.


Oloss fut surpris de cette requête. N’y voyant cependant aucune objection, il hocha la tête. La lueur dans les yeux fous du sorcier s’intensifia et il s’en alla rejoindre son poste, ricanant comme un dément. Le seigneur de guerre se dit alors qu’il allait devoir bientôt résoudre quelques questionnements quant à son thaumaturge. Orgas et Ousméos avaient jadis, dans une autre vie, fait partie des Collèges de Magie de l’Empire. Mais une soif de conquête et de pouvoirs, la recherche de secrets interdits, les exilèrent de leur terre natale pour le Grand Nord où ils devinrent au pris de souffrance et de sacrifices innommables de puissants sorciers aux services des Dieux du Chaos.

Son armée prit place au pied de la colline, faisant face aux troupes bretonniennes. De l’autre côté du village, femmes et enfants, vieillards et infirmes s’enfuyaient en une caravane désordonnée, espérant éviter l’ire des guerriers du Nord. Car peu imaginaient les quelques chevaliers escortant la damoiselle tenir face aux hommes en armure sombre.

Un pégase apparut alors dans les cieux et vint se poser entre les chevaliers. Son cavalier portait une longue lance éblouissante, et à son signal, tous les hommes mirent pied à terre. Chaque membre de cette armée mis ensuite un genou en terre et commencèrent à prier. Une fine pluie se déversa sur le champ de bataille, et les lueurs crépusculaires donnèrent aux chevaliers une aura lumineuse.

Oloss se dressa de toute sa hauteur, et fit face à ses troupes, disciplinées pour la plupart. Les Larmes d’Oloss allaient mener la charge et déjà la bannière d’Halfricht répandait ses vapeurs sanguines. Sur son flanc gauche, il aperçut Orgas retenir les deux monstruosités que les Dieux lui avaient offert en alliés, des champions ayant reçut maintes récompenses.

- Mes frères ! hurla Oloss, fils des Dieux et bénis de leurs puissances, regardez ! Regardez ces fous prier leur fausse déesse ! Ils ont peur, ils sont terrifiés… notre prière, nous allons l’offrir aux Dieux sur le champ de bataille, non pas en chuchotant mais en hurlant les noms de Khorne le Sanguinaire ! Tzeench l’Omniscient ! Nurgle le Bienfaiteur et Slaanesh le Tentateur ! A la guerre !!

Les guerriers prirent leur souffle et hurlèrent si fort qu’on les entendit dans toute la vallée. Oloss se retourna, arme au clair et commença à marcher vers leurs ennemis. Les meutes de chiens immenses à la fourrure hirsute s’élancèrent en avant tandis que le sorcier relâchait les enfants du Chaos. Chevaliers et Ogres se précipitèrent en avant. Tel un monstre de chaire mutante et d’acier maudit, l’armée d’Oloss fondit sur les Bretonniens, pour la gloire des Puissances de la Ruine.

* * *

La damoiselle lança un ultime regard vers son soupirant, le Baron de Pourpressence, avant de darder ses yeux couleur lavande vers les monstres venus de Norsca. La vue des horreurs gesticulantes et des Ogres la fit frémir, non de peur, mais de rage ; son pays, ses terres, se voyaient souiller une fois de plus par les abominations crachées du cercle polaire. Le souvenir des Hommes-bêtes hantant les forêts de Bretonnie sublima sa colère. D’une voix cristalline, elle implora la Dame de châtier ses adversaires et des nuages s’amoncelant au-dessus du village, un puissant éclair jaillit, emplissant l’air d’une odeur d’ozone.

Une douleur sourde vrilla ses tympans, et une ombre glaciale courut le long de son corps, comme l’aurait fait une langue psychique immonde. L’éclair rencontra un mur invisible d’énergie magique. Des sorciers œuvraient parmi les fils de Norsca. Isabelle dissimula sa peur derrière un masque de beauté froide, et enjoignit à la troupe de paysans armés d’avancer. Ses derniers, fiers de leur devoir d’escorte, lui emboitèrent le pas sans hésitation. Beaucoup espéraient cependant que les chevaliers, déjà lancés à la charge, écraseraient les maudits guerriers du Chaos.

* * *

Oloss trottait devant ses hommes. Ogres, trolls et enfants du Chaos furent percutés de plein fouet par une phalange de chevaliers, et les hurlements se déchaînèrent plus intensément encore, de peur, de rage, de douleur, les hennissements des chevaux répondant aux borborygmes des créatures chaotiques. Mais déjà les vapeurs de l’étendard porté à ses côtés réveillaient en lui la fureur du combat et la soif de meurtre. Très vite le paysage se teinta d’incarnat, de pourpre et de carmin. Des visages de démons grimaçants lui lançaient des défis et plus rien ne sembla exister. Plus rien si ce n’était les chevaliers qui chargeaient sur la plaine enneigée.

L’ennemi se rapprochait. Le Bretonnien de tête leva sa lance comme un geste de défi qu’Oloss accepta en hurlant les noms des Dieux dans la langue noire. La lance d’arçon de brisa sur le bouclier runique. Le seigneur de guerre désarçonna son adversaire qui chuta lourdement sur le dos. La lame sombre lui perfora la cage thoracique avant de s’abattre sur le destrier qui rejoignit son maître dans la mort. Les Larmes d’Oloss hachaient leurs adversaires, remis de la puissante charge, et leur soif de sang semblait sans limite. Un nuage de gouttelettes rouges flottait autour des guerriers. Les courageux Bretonniens périssaient sous l’assaut implacable des hommes du Nord.

Une silhouette obscurcit un instant le ciel, et Oloss réussit à porter son intention sur l’intrus. Le seigneur adverse, un homme lourdement protégé par une armure chatoyante, porté sur les ailes d’un pégase à la robe d’albâtre. Le Corbeau de Poussière quitta ses hommes, achevant au passage d’un moulinet rageur un chevalier survivant. La fureur sans nom le quitta peu à peu, remplacée par l’esprit aiguisé du tacticien de guerre. Le paysage reprit ses couleurs crépusculaires alors que le chevalier pégase se tenait devant lui. L’homme l’invectivait dans sa langue, celle des poètes. Oloss n’y entendait rien. Après un court instant, alors que le cavalier céleste et le seigneur noir se tournaient autour, le Baron de Pourpressence leva sa visière.

- Retourne dans l’enfer qui t’a vomi abomination ! hurla-t-il en un reikspiel approximatif.

- Je vais t’y amené moi-même, répondit Oloss dans la langue impériale, descends de ta bête et bats toi !

Oloss savoura l’éclair d’indécision qui frappa le regard si fier du chevalier. Le pégase se posa à quelques pas du seigneur de guerre, et son cavalier en descendit. Puis celui-ci planta sa lance dans le sol et dégaina son épée. Les deux hommes se saluèrent et entamèrent un ballet mortel. De Pourpressence savait se battre et était même l’un des meilleurs bretteurs de son duché, remportant maintes joutes et tournois, à pied comme à cheval. Mais son adversaire n’avait rien des nobles au sang bleu de Bretonnie. Il s’agissait d’un être récompensé par les Puissances de la Ruines, capables de prodiges et rompu à l’art du combat depuis ses premières années.

Les combats faisaient rage autour d’eux. La magie d’Isabelle et celle des deux sorciers du Chaos faisaient hurler l’Aethir. Hommes, bêtes et monstres mouraient dans des râles d’agonie et dans le fracas de l’acier contre l’acier. Mais Oloss se concentrait sur son ennemi qui puisait dans ses moindres forces pour tenter de terrasser l’envahisseur. Alternant passes d’armes violentes et phases de jugements, les combattants se retrouvèrent vite blessés. Oloss perdait du sang d’une blessure à la cuisse qui le faisait légèrement boiter. Le Baron soufflait difficilement, le poing d’acier du seigneur du Chaos ayant trouvé sa gorge. D’autres blessures menaçaient de l’emporter, et seule sa volonté plus forte que son bras lui permettait encore d’avancer.

- Abandonne faible humain, gronda le Corbeau de Poussière, tu vas périr… comme le reste de ta misérable troupe.

- Jamais,
souffla le Bretonnien, par la Dame, le Roi et le Graal, je te tuerais démon !

- Amusant,
railla le seigneur en parant l’attaque de son adversaire, nombre de morts ont jadis parlé ainsi. Mais sache que chaque enfant de Bretonnie recevra son juste châtiment !

- Tu parles beaucoup,
grogna le Baron, mais de ce que je vois, tes hommes n’ont pas la même assurance que toi !

Le Bretonnien désigna alors les chevaliers du Chaos qui quittaient au galop le champ de bataille, leur fuite acclamée par les hommes d’armes miraculeusement survivants. Oloss s’immobilisa alors que son regard croisait celui de la damoiselle. Elle aussi regardait leur duel. Dissimulé par son heaume ouvragé, personne ne put apercevoir le sourire sadique du guerrier. Comme il l’avait dit plus tôt à son second, il ne désirait pas seulement massacrer ces humains, mais les détruire.

- Ils ne fuient pas, reprit-il en dardant de nouveau son regard sur le Baron. Ils ont fort à faire avec les réfugiés qui ont quitté ce village… j’entends déjà le cri des femmes et des enfants, quelle douce mélodie à mon oreille…

Oloss éclata d’un rire terrible, celui d’une bête et non d’un humain. Horrifié, de Pourpressence brisa le cercle du combat et enfourcha son pégase avant de quitter le sol en direction de la caravane. Il devait les rejoindre pour empêcher les chevaliers ennemis de mener le massacre jusqu’à ces innocents. Nul chevalier n’entendit son cri de ralliement et, comme l’avait prévu Oloss, le regard de d’Isabelle se teinta de doute en voyant la retraite de son aimé. Le seigneur de guerre acheva son plan d’une voix forte, portée par les vents.

- Fuis lâche ! Je te retrouverai bien assez tôt ! Pour les Dieux Noirs !

* * *

Quelque chose se brisa dans le cœur de la damoiselle. Isabelle ne retint pas les larmes à la vue du Baron fuyant son duel avec le seigneur monstrueux issu de Norsca. Sa ferveur fut ébranlée et elle tomba à genoux dans la boue, mélange de sang, de terre et de neige fondue. Tout autour d’elle, les hommes de Dorne achevaient méthodiquement les paysans qui tentèrent de fuir. En vain. La plaine roussie par le sang des chevaliers et des villageois recouvra un semblant de calme, brisé par les chants de victoires des guerriers et des Ogres.

Isabelle, le visage inondée de larmes, ne vit rien de l’altercation entre Dorne et Ousméos. Finalement, alors qu’elle levait vers eux un visage résolu, celui de celle qui sait que la mort approche, elle sombra dans l’inconscience. Oloss ricana à la vue du corps frêle s’effondrer dans la boue. Il nourrissait d’autres projets pour cette femme servant une prétendue déesse. Il avait par son stratagème ébranlée sa foi dans les hommes… il allait briser celle qu’elle portait à la Dame.

* * *

Les guerriers mirent de nouveau le feu à une demeure, et les acclamations redoublèrent, échos joyeux aux hurlements de douleur des quelques esclaves enfermés, brûlant vifs. Oloss regardait son armée fêter sa victoire. La nourriture crépitait et les vins bretonniens coulaient à flots. Les Ogres dévoraient les carcasses de chevaux en chantant dans leurs langues tandis que les chiens mutants poursuivaient des enfants terrifiés avant de les dévorer vivants, au plus grand amusement d’un groupe d’hommes, pariant sur le nombre de secondes que l’enfant allait mettre à périr.

- Belle bataille, commenta Dorne LeGris en s’approchant de son maître, gagnée d’avance, mais les Dieux sont certainement satisfaits.

- Quand la Bretonnie brûlera en leurs noms, ils seront satisfaits. En attendant, louons leurs noms comme il se doit.

- Vous avez gardé la sorcière pour un sacrifice je suppose ?

- Mon cher second,
ricana Oloss, tu es bon combattant mais tu vas devoir attendre avant de prendre mon titre. Il te faut encore apprendre à mes côtés…

Dorne ne broncha pas. Il en allait ainsi en Norsca, le jeune défiait un jour celui qui lui avait enseigné, afin que seuls les forts dominent. Comme dans une meute de loup. Et les Dieux se délectaient de ces combats, de ces rivalités. Ils les encourageaient et les récompensaient… du moins le vainqueur était-il récompensé.

- Cependant, repris le seigneur de guerre, tu as raison. Je réserve un glorieux sacrifice aux Dieux. Celui de sa foi… Ousméos est-il prêt ?

- Oui mon seigneur. Quant à moi, si vous le permettez, après avoir honoré Khorne du sang versé et des crânes récoltés, je vais rendre hommage à Slaanesh avec les jeunes femmes de ce village…


* * *

Isabelle reprit doucement connaissance. Sa tête lui faisait encore mal, et sa vision resta trouble quelques instants. Ses cheveux poisseux de sang pendaient sur son dos nu. Sa robe avait été en grande partie déchirée et son corps peint de symboles chaotiques immondes. Elle se trouvait dans une demeure de pierres, chauffée par un important brasier. Trois hommes dont un chevalier blessé étaient attachés au sol, les yeux rivés sur elle. Des baillons les empêchaient de parler. Un énorme chien les toisait avec appétit.

La vue revenant, elle aperçut assis sur un trône de fortune un homme imposant, dans une armure couleur de roche, portant un heaume ouvragé ; le seigneur de guerre ennemi. A ses côtés se trouvaient deux hommes, aussi en armure. Le premier, en retrait, avait un visage blafard et marmonnait. Isabelle reconnut un sorcier, qui l’empêchait d’invoquer la Dame… l’épuisement aurait suffit. Le second, un sorcier également, portait un lourd rouleau de peau qu’il déposa sans le déplier à ses pieds. Son regard ne cessa de la fixer. Un goût de bile remonta dans la bouche de la damoiselle qui puisa dans ses ultimes forces pour ne pas crier.

- Bonsoir sorcière, murmura Oloss, j’ai bien crût que tu n’allais pas te réveiller… je ne t’ai pourtant pas frappé si fort.

- Pour… pourquoi suis-je encore en vie ?
demanda Isabelle en se redressant malgré ses liens.

- J’ai un marché à te proposer et…

- Jamais démon ! Plutôt périr en te combattant !


- Quelle rage ! Quelle animalité ! railla le seigneur de guerre, bien plus que ce chevalier sur son pégase ! Les femmes ont-elles l’apanage de la virilité en ces terres ?

Un voile passa devant les yeux de la damoiselle. Son seigneur et amant les avait abandonné. Le souvenir du chevalier s’envolant vers les montagnes acheva sa volonté et deux larmes jumelles vinrent rouler sur ses joues.

- Bien… Je te présente Ousméos, il va te proposer le choix suivant : soit tu renies ta fausse déesse et tu embrasses les vrais Dieux de tes vœux, sois je le laisse jouer avec toi. Renies-tu ta foi ? demanda Oloss d’une voix forte après un court instant.

- Ja… jamais… souffla la femme.

Ousméos déplia d’un coup sec le rouleau de peau qui révéla de longues aiguilles de métal brillantes sous les flammes de l’âtre. Il commença à en tirer une, longue d’une dizaine de pouces. Ses yeux fous se posèrent sur le corps dénudé qu’il caressa du bout des doigts. Nauséeuse à ce contact, Isabelle se tortilla pour échapper aux doigts brûlants.

- Connais-tu le Supplices des Milles Aiguilles d’Arkhâm ? demanda fiévreusement le sorcier. Il s’agit de transpercer le corps d’un homme ou d’une femme avec ces magnifiques aiguilles… au bien entendu, au bout de trois ou quatre, ta vie s’échapperait dans les lacets de sang et la douleur mais c’est là que le génie d’Arkhâm entre en action. Car vois-tu, ces aiguilles sont trempées dans le venin d’une créature de Norsca qui va permettre à ton cœur de continuer à fonctionner malgré la perte de sang. Et la douleur te sera rendue plus forte encore ! N’est-ce pas merveilleux ?

Ousméos éclata de rire. Oloss observa attentivement la damoiselle qui tentait de dissimuler sa terreur. Le seigneur réitéra sa proposition. Mais la foi de la jeune femme dépassait ses peurs. Elle pria la Dame de l’accueillir quand la mort frapperait. Ousméos, heureux comme un enfant, commença. Les hurlements d’Isabelle durèrent toute la nuit. Et la Dame perdit une de ces filles…


FIN



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Le Souffle de la Guerre - Récit (Chaos) Empty Re: Le Souffle de la Guerre - Récit (Chaos)

Sam 9 Juil 2011 - 21:05
Même si ce texte n'est pas vampirique, il me plait. Il faut dire que les vampires sont assez proches du chaos question sadisme... Le Souffle de la Guerre - Récit (Chaos) Evilgrin

Sinon ton texte est bien écrit, car très fluide. L'ambiance est bien rendue. Le Souffle de la Guerre - Récit (Chaos) Thumbsup

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Le Souffle de la Guerre - Récit (Chaos) Empty Re: Le Souffle de la Guerre - Récit (Chaos)

Dim 10 Juil 2011 - 23:37
Eternelle Nuit,


Grand merci Arken, je désespérai d'avoir un retour ^^ (certainement le non vampirisme de ce texte... Sourire

Je suis en train de rédiger le background de mon armée, et donc cette fois-çi il y aura du buveur de sang.

Merci encore et longue éternité à toi.


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