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Les Héritiers de Strigos Empty Les Héritiers de Strigos

Mer 31 Mar 2010 - 8:21
Voilà un récit qui sert de fluff à ma liste de Comtes Vampires, que vous pouvez trouver ICI. J'ai préféré le poster à part comme récit à part entière car je trouve qu'il le mérite et je ne voulais pas surcharger le post de ma liste avec un texte aussi long qui aurait fait de l'ombre à la liste elle-même. J'encourage bien sûr ceux qui lisent le récit à se reporter à la liste, et vice-versa. Certains personnages du récit n'apparaîtront pas dans la liste et l'inverse est aussi vrai, mais ce récit sert de base fluffique à ma liste dans plusieurs formats, et certains personnages n'apparaissent que dans certains formats pour des raisons budgétaires. J'espère pouvoir poster les listes d'autres formats prochainement pour boucler la boucle.





Vendredi 24 Avril, 2510

Quarante-septième jour de notre voyage depuis le départ de Somjek. L'idée de son altesse le Prince Kraljevic de nous envoyer trouver une route commerciale terrestre vers l'Arabie à travers les terres arides ne m'avait jamais semblé une bonne idée. Mais en tant qu'émissaire du Prince, je ne pouvais refuser l'honneur de cette mission, qui pouvait apporter la richesse à notre petite principauté frontalière. Pourtant, peu d'incidents notables avaient émaillé notre périple jusqu'ici, alors que nous longions à présent les montagnes du dos du dragon. Mais notre chance ne pouvait durer éternellement. Vers midi, notre caravane fut attaquée par des peaux-vertes en grand nombre venus de la plaine. Notre petite escorte ne pouvait espérer vaincre la vague verte qui déferla sur nous, nous tentâmes donc de fuir, sans grand espoir.
Mais, alors même que les ignobles gobelins nous rattrappaient, nous vîmes émerger des Montagnes juste devant nous une horde de créatures à l'apparence vaguement humaine, mais d'une laideur repoussante. Poussant des cris abominables, ces humanoïdes s'élançèrent vers nous en brandissant des armes. Pris entre eux et les peaux-vertes, nous nous apprêtames à vendre chèrement notre peau, mais à notre grande surprise, les difformes créatures passèrent à côté de nous sans même s'arrêter avant de se jeter sur les peaux vertes qui arrivaient. Hébétés et à bout de force, nous ne pûmes qu'assister impuissants au combat qui s'ensuivit.
Les créatures, bien qu'inférieures en nombre, tenaient tête aux orques sans fléchir, et l'issue de la bataille semblait encore incertaine, lorsque nous vîmes apparaître au sud une petite unité de Chevaliers dans de noires armures, portant une bannière au motifs étranges. Ceux-ci chargèrent le flanc des lignes Orques, des meutes de loups noirs dans leur sillage, et en quelques minutes, tout fut fini : La puissance de leur impact éparpilla les peaux-vertes qui s'enfuirent, les loups sur leurs talons. Au loin, je vis de grandes créatures ailées fondre sur les fuyards et les massacrer.
Reportant mon attention sur les créatures étranges qui nous avaient sauvé, je ne pus réprimer un frisson d'horreur en voyant l'une d'entre-elles qui commençait à manger la jambe du cadavre d'un Orque. Je compris enfin ce qu'étaient ces créatures : Des goules! Apparût soudain un homme portant une bannière au motif semblable à celle des Chevaliers. Il était à pied, engoncé dans une armure sanguinolente et une aura de rage semblait l'entourer. Avec une vitesse surnaturelle, il se jeta sur la goule qui gémit de peur, et la démembra à mains nues. Se retournant vers les autres goules, il hurla dans une langue étrange et les goules reculèrent et s'applatirent à terre en signe de soumission. Les yeux de l'homme croisèrent alors les miens, et mon coeur cessa de battre l'espace d'un instant devant l'horreur du gouffre insondable de haine de ces yeux noirs de jais. L'homme grogna et s'éloigna rapidement, les goules sur ses talons.
Un petit homme en manteau noir sorti de nulle part s'approcha alors de moi. Son visage ridé semblait presque avenant comparé à celui des goules, avec lesquelles il partageait néanmoins une troublante ressemblance. Arrivé à ma hauteur, il se présenta comme Mos, Chambellan du Roi Întelept. Je lui répondis avec toute la politesse que je pus rassembler que je n'avais jamais entendu parler de ce Roi, et vis apparaître ce qui devait passer pour un sourire sur son visage décati.
"Peu importe! Me-dit-il. Vous êtes maintenant ses hôtes. Suivez-moi."Sur ce il emboita le pas des goules qui se dirigeaient vers le sud-ouest, longeant les montagnes. J'hésitai pendant quelques secondes à suivre cette troublante invitation, si c'en était bien une, mais la vue des loups se regroupant derrière nous et nous regardant avec des yeux rouges brillants eut raison de mon indécision. Remettant rapidement la caravane en ordre de marche, nous partîmes vers le sud-ouest, où au loin se profilait une grande montagne...


Jeudi 30 Avril, 2510

Après plusieurs nuits angoissantes, entourés de goules et de loups en maraude, avec pour seul réconfort les paroles à peine rassurantes du hideux chambellan nous assurant que nous n'avions rien à craindre, nous arrivâmes enfin au pied de la montagne vers laquelle nos "sauveurs" nous dirigeaient depuis la bataille contre les orques. Au pied de la montagne se dressait une porte massive qui s'ouvrit devant les chevaliers en tête de l'armée, révélant l'entrée d'un immense tunnel s'enfonçant dans la montagne. De nombreuses goules se trouvaient à l'intérieur, et je pus en apercevoir d'autres encore montant la garde sur la muraille entourant les portes, et sur les contreforts au-dessus de nous. Tandis que je passais la porte, mon oeil fut attiré par des symboles sur la porte semblables aux runes naines que j'avais pu voir à Barak Varr au début de notre périple. Les souvenirs de mes lectures sur les terres arides en préparation de ce voyage remontèrent dans ma mémoire. Je savais maintenant où nous étions! Il n'y avait pas trente-six forteresses naines dans les montagnes du dos du dragon. En fait, il n'y en avait jamais eu qu'une : Les mines d'Ekrund, qui avaient été mises à sac par les orques au début des guerres gobelines, il y a 4000 ans de celà. L'endroit était maintenant nommé Mont de la Corne Sanglante sur les cartes officielles, et était évité comme la peste car la région grouillait de peaux vertes. Mais aujourd'hui, il semblait que le Mont de la Corne Sanglante ne soit plus un territoire peau-verte...
Le chambellan m'invita à le suivre pour me restaurer et rencontrer le roi, tandis que l'on montrait leurs quartiers à mes hommes, manifestement inquiets. Alors que je m'enfonçais au coeur de la montagne dans l'étouffant tunnel à la suite de ce répugnant personnage, j'entendis les portes de la forteresse se refermer. Nous étions maintenant prisonniers!
Des torches brulaient le long d'interminables corridors taillés dans la roche tandis que mon guide m'entrainait vers le sommet de la montagne, plus haut, toujours plus haut. Ca et là, tantôt une pièce ouvrant sur le tunnel, tantôt une arche de pierre apparaissant au détour d'un couloir, indiquaient sans le moindre doute l'origine naine des lieux. Au fur et à mesure de notre progression vers les cîmes, l'air se fit plus respirable et l'apparence des goules que nous croisions périodiquement dans les tunnels changea sensiblement, pour le mieux : Elles semblaient moins bestiales, répondaient intelligiblement lorsque le chambellan leur adressait la parole, et semblaient en tout points plus civilisées que celles qui nous avaient secouru 6 jours plus tôt.
Alors que je m'interrogeais sur ce changement, nous débouchâmes dans une immense salle, qui devait avoir été la salle du trône du seigneur de la mine, du temps d'Ekrund. La salle, rectangulaire, devait faire plusieurs centaines de mètres de long, et au moins deux-cents de large. Le plafond, voûté et haut d'une cinquantaine de mêtres, était soutenu par des arches de pierre et d'énormes colonnes taillées à même la roche et gravées de runes naines. A une extrémité, la salle débouchait sur l'extérieur, sur un parapet de pierre qui surplombait la plaine, plusieurs centaines de mètres en contrebas. A l'autre boût, une très grande table occupait le centre de la salle, derrière laquelle siégeait un trone de pierre. Un grand homme vêtu de soie l'occupait, ses longs cheveux noirs soulignant une couronne de style antique. Son visage était émacié et anguleux, aristocratique et sauvage en même temps. De ses yeux insondables qui me fixaient émanait une sagesse millénaire et terrifiante à la fois, une désagréable sensation d'être nu comme un ver, et cette certitude qu'alors que vous vous demanderez encore s'il peut lire dans votre esprit, il en aura dejà pris le contrôle. Je contemplais un Seigneur Vampire, l'une des plus grandes terreurs du vieux monde, un archange de la mort planant au-dessus des mortels, et je sus, alors même que ces pensées traversaient mon esprit, qu'il les entendait. Etais-je encore moi-même? Etait-ce moi qui choisissais maintenant de m'asseoir à la table de ce prédateur? Je ne saurais le dire...
Lorsqu'enfin je me libérai de son regard, j'étais attablé avec le Roi. A ma droite était assis le chambellan, en face, des hommes au teint pâle, semblable à celui du roi. Sur leur vêtements noirs, les mêmes symboles que sur l'étendard des chevaliers dont la charge avait dévasté l'armée peau-verte. Des vampires, eux aussi, à n'en pas douter. Debout à la droite du Roi, un homme de grande taille au teint semblable lui chuchotait quelque chose à l'oreille. Il ne s'attablerait pas, et quitterait bientôt la pièce. Plus étonnant, à ma gauche se trouvaient des hommes normaux. Leurs vêtements les marquaient clairement comme faisant partie des Striganes, les bohémiens nomades qui parcourent le vieux monde, trainant avec eux une sombre réputation dont l'origine se trouvait probablement ici même. Autour de la table, de nombreuses goules à l'apparence quasi-humaine s'affairaient, apportant des plats et versant dans les verres un liquide rouge que j'espérais du fond du coeur être du vin. J'allais juste ouvrir la bouche pour demander que l'on m'éclaire sur tout celà, lorsque je me rendis compte que je connaissais dejà les réponses à toutes les questions qui me venaient à l'esprit. J'en restait bouche bée. Comment était-ce possible? Je me tournai vers le Roi, qui me regarda. Un léger sourire apparut à sa bouche, mais pas un mot. Pas besoin. Que m'avait donc fait cette créature? Avait-il pris possession de mon esprit, ou m'avait-il invité dans le sien? Peu importait. L'histoire de cet endroit, de ce peuple, de ce Roi, était là, tel un livre ouvert dans mon esprit, dont je pouvais tourner les pages à ma guise...


Ainsi, je vis un royaume du nom de Strigos, magnifique et rayonnant, terre du Roi Ushoran. Un royaume de mortels gouvernés par des vampires immortels, vivant en paix et oeuvrant pour le bien commun. Alors survint une invasion peau-verte d'une ampleur telle que le monde en avait rarement vu. Ils dévastèrent le Royaume de Strigos tandis que le Roi et ses suivants combattaient au nord. Apprenant la nouvelle, le Roi et son armée firent demi-tour et Întelept était parmi ceux-là, encore jeune vampire nouveau-né, promis à un brillant avenir dans un royaume helas condamné. Je vis la bataille épique se dérouler au pied de la capitale Mourkain, et la mort du Roi Ushoran à la porte de la ville. Le royaume fut annihilé, la plupart de ses habitants, mortels et immortels, massacrés. Certains s'enfuirent cependant, et tentèrent de trouver refuge et aide auprès d'autres peuplades humaines ou d'autres vampires. Mais ceux-ci condamnèrent l'alliance contre nature des Vampires et des humains et firent payer cher la fierté et l'arrogance du Roi Ushoran à ses suivants déchus. Ainsi advint-il que les survivants de Strigos, pourchassés et persécutés où qu'ils aillent, furent forcés de fuir la colère des autres humains et vampires. Beaucoup périrent ainsi. Certains des mortels de Strigos se regroupèrent et devinrent un peuple nomade parcourant le monde, que l'on nommerait plus tard les Striganes, sans se souvenir de l'origine de ce mot. Mais celà ne les protegea pas vraiment des persécutions. D'autres de ces humains de Strigos durent mener une vie dans l'ombre, devenant cannibales, et dégénérèrent jusqu'à devenir des goules. Quant aux vampires, la plupart furent obligés de mener eux aussi une vie misérable et se cacher pour éviter la foudre de leurs nombreux ennemis. A l'instar de leurs homologues mortels, ils devinrent des créatures bestiales et assoiffées de sang, les vampires Stryges, parfois nommés Varghulfs!
Întelept lui aussi parvint à s'échapper du saccage de Mourkain, et comme nombre de ses congénères, il rencontra l'hostilité des humains et de ses congénères vampires. Mais contrairement à eux, il refusa de se résigner à une vie de charognard et de bête traquée. Lors il advint qu'un vampire Nécrarque du nom de Malgalat prit en chasse le jeune Întelept pour le capturer et s'en faire un esclave et un sujet d'expérience, comme telle est l'habitude des Nécrarques. Mais le téméraire jeune Vampire refusa de se laisser traquer et acculer, et bien qu'il fût seul face aux légions de cadavres ranimés par Malgalat, il contre-attaqua et réussit à se frayer un chemin jusqu'au Nécrarque. Celui-ci était plus âgé et plus expérimenté qu'Întelept, mais il était écrit qu'il ne parviendrait pas à vaincre ce fils de Strigos. Le Strygien mit à terre le Nécrarque, et son armée s'effondra. Mais Il ne tua pas le Vampire vaincu : Il avait d'autres projets pour lui. Il réduit le Nécrarque en esclavage, comme celui-ci avait prévu de le faire pour lui, et le forca à lui enseigner les secrets de la magie vampirique que seuls les Nécrarques, dont certains furent initiés par le Grand Nécromancien lui-même, connaissaient.
Pendant des siècles, il étudia et pratiqua, arrachant ses connaissances au Nécrarque jusqu'à ce qui n'ait plus rien à apprendre de lui. Il était devenu aussi puissant que son maître involontaire en sorcellerie et punit enfin celui-ci de l'avoir chassé des siècles auparavant en le délivrant de cette non-vie si pitoyable et torturée qu'elle en était devenue un fardeau.
Entre temps, les Stryges avaient dégénérés et certains avaient tenté de reprendre les terres de Strigos, mais avaient toujours échoué. Întelept regarda ses anciens frères qui n'étaient plus que l'ombre bestiale d'eux-mêmes. Il étaient aveuglés par la haine, et ne cherchaient qu'à se venger et à tuer; Il avaient oublié la splendeur de l'ancien royaume de Strigos et n'avaient aucun désir de reconstruire le rêve de cohabitation du Roi Ushoran. Il comprit que ces Vampires maudits ne pouvaient pas rendre sa gloire à Strigos. S'ils parvenaient à reprendre le royaume, ils n'en feraient qu'un ènième royaume mort-vivant, motivé uniquement par la haine de toute vie. Non, ces vampires ne pouvaient pas gouverner Strigos, ils ne DEVAIENT PAS gouverner Strigos. Lui seul avait encore la mémoire intacte du royaume d'antan. Lui seul pouvait encore espérer ramener Strigos à la vie. Mais pour celà, il lui faudrait reussir là où nombre de Stryges plus âgés et plus puissants que lui avaient échoué. C'était impossible! C'était... trop tôt! Malgré ses connaissances en Sorcellerie, Întelept ne pouvait encore espérer reprendre les terres arides aux peaux-vertes qui les infestaient, et il le savait bien. Il lui faudrait être patient. Il attendrait son heure, il préparerait tout, même si celà devait lui prendre des millénaires, et il n'échouerait pas!
Et, tandis qu'il ruminait ces pensées, un souvenir refit surface dans sa mémoire, une des nombreuses paroles de sagesse du Roi Ushoran qu'il prodiguait parfois à sa cour : "L'âme d'un royaume n'est pas dans sa terre, mais dans son peuple." La vérité de cette révélation le frappa en plein coeur! C'était limpide! Même si Întelept parvenait par la force des armes à reprendre les terres arides et à contrôler l'ancien royaume de Strigos, que serait ce royaume sans peuple? Un autre royaume mort-vivant, peuplé de goules et de créatures maléfiques, comme celui qu'un de ses frères de sang nommé Vorag avait créé dans les terres sombres il y a bien longtemps. Ce ne serait jamais le Strigos d'avant car l'âme de ce royaume était dans son peuple, et ce peuple n'était plus. Les Striganes étaient éparpillés et en bien trop petit nombre pour repeupler ne serait-ce que la capitale. Et les goules n'étaient qu'une parodie de leurs ancètres humains. Ils ne pouvaient constituer un peuple... Du moins, pas tels qu'il étaient maintenant. Mais Întelept avait appris bien des choses de son mentor Nécrarque. Il savait que rien n'était irréversible, que la magie, le pouvoir du chaos, pouvait tout changer. Si des humains avaient pu devenir des goules, ces mêmes goules pouvaient elles aussi évoluer dans l'autre sens et redevenir des humains. Il fallait seulement trouver comment...
Ainsi commença la quète d'Întelept qui se poursuivait depuis des millénaires, pour trouver le remède à la dégénérescence des humains en goules. Cette quète l'avait emmené aux quatre coins du monde, dans les désolations nordiques peuplées de démons, dans les temples de l'orient lointain, et même sur les traces du Grand Nécromancien lui-même, sur les rives de la mer de fiel... C'était une quète non pas sur les mystères de la mort, mais sur les mystères de la vie, et après des siècles de recherche et d'étude, le vampire devint un Maître non pas dans la manipulation des morts, mais dans la manipulation de la vie, sur le plan matériel comme sur le plan de l'esprit.
Enfin, Il décida qu'il était temps de passer à l'étape suivante : l'expérimentation. Mais pour celà, il avait besoin d'un endroit sûr, et de servants pour l'aider dans ses expériences ainsi que pour servir de cobayes. Reprendre Mourkain était impensable pour le moment, l'endroit était envahi de peaux-vertes, et était de toute façon indéfendable en l'état, bien trop exposé. Mais Întelept se souvenait de cette ancienne mine naine au sud des montagnes du dos du dragon, prise par les orques bien avant la fondation de Strigos. C'était un endroit parfait, grand mais discret, fortifié et aisément défendable, situé juste aux frontières de l'ancien royaume. De plus, les montagnes de dos du dragon pullulaient littéralement de goules, la plupart descendantes des survivants de Strigos. Seule l'énorme armée d'Orques occupant la mine se dressait sur ce chemin, mais c'était un obstacle de taille, qui ne devait pas être sous-estimé, sous peine de voir la défaite de Mourkain se reproduire... Alors, Întelept s'arma encore de patience. Pendant des années, il parcourut les montagnes du dos du dragon pour unifier les goules sous son commandement. Il asservit les bêtes des montagnes à sa volonté inflexible : des loups et des chauves-souris, qu'il rendit énormes par sa magie et le don de son sang. Il avait aussi depuis longtemps établi des contacts avec les Striganes, et fit des meilleurs d'entre eux des Vampires qui lui serviraient de lieutenants.
Enfin, quand tout fût prêt, il frappa les mines d'Ekrund en l'attaquant de nuit, et par son côté le moins défendu car réputé impraticable : le côté montagneux. Des milliers de goules menées par les vampires se déversèrent dans la mine naine occupée par les orques. Le temps que ceux-ci se rendent compte de ce qui se passait et fassent front, une autre force, menée par Întelept lui-même attaqua la porte de la forteresse rendue vulnérable par la volte face des peaux vertes et en prit possession. Il ouvrit alors l'immense porte, laissant se déverser ses bêtes vampirisées à l'intérieur des tunnels de la mine. La forteresse tomba en seulement une nuit de combat acharnés, et nul peau-verte ne s'en echappa. Ainsi Întelept devint Roi de la forteresse qui fût dès lors nommé "Mont de la Corne Sanglante", Mais comme il n'y avait pas eu de survivants de la bataille, que la région était de toute façon évitée comme la peste et que les projets du vampire requéraient une certaine discrétion, bien peu s'aperçurent que la mine n'était plus aux mains des peaux-vertes. C'est ainsi que le Roi put tranquilement mener ses expériences pendant des siècles, jusqu'à ce jour...



A la lumière de ces révélations dans mon esprit, je comprenais maintenant où j'étais et toutes les créatures autour de moi prenaient à présent une place évidente au sein de cette grande histoire. Les vampires devant moi étaient les Chevaliers de la Corne Sanglante, l'élite des combattants de la forteresse, son aristocratie, et leur capitaine, le vampire qui avait parlé au Roi au début du dîner, se nommait Päzitor et était le bras droit de celui-ci. Les Striganes étaient des émissaires ou des espions du Roi dans le reste du monde. Le Chambellan Mos à ma droite, de même que les goules à l'apparence plus humaine qui servaient autour, étaient des produits des expériences du Roi sur certaines goules. Et l'homme bestial qui portait à la bataille la bannière personnelle du Roi et répondait au doux nom de Necrutätor, était ni plus ni moins qu'une de ces goules transformées ayant reçu le baiser de sang du Roi. Oui, tout collait maintenant, et tous ceux à cette table avaient leur place ici... Tous sauf un : moi-même!
Le Roi sourit. Il lisait dans mon esprit, celà ne faisait aucun doute!
"Pourquoi croyez-vous être là, émissaire de Somjek?". La voix du Roi était claire et pénétrante, une lance enfoncée droit dans l'intimité de l'esprit. Pourtant il n'avait même pas élévé la voix. Mon esprit se remettait encore du coup lorsqu'il poursuivit, sans attendre ma réponse : "Pourquoi ne vous ai-je pas tué, vous demandez-vous." Silence. "Pourtant la réponse est évidente, je vous ai donné toutes les clés." Et alors même que ces mots résonnaient à mes oreilles, j'entendis une autre voix, la même voix, mais plus profonde. Et celle-ci était dans ma tête! "Un jour, le royaume de Strigos renaîtra de ses cendres, tel qu'il était au temps de sa splendeur. Les immortels règneront de nouveau sur les mortels, et tous vivront dans la paix, l'harmonie et la justice. Mais cette paix aura un prix. Le prix de la paix intérieure sera comme souvent la paix extérieure. Et comment puis-je espérer un jour une paix extérieure, si je ne commence pas dès maintenant à traiter mes voisins avec respect et amitié?"
Oui, il m'avait donné toutes les clés. La raison de ma présence était enfin claire, elle aussi. Il voulait faire de moi un ambassadeur de paix et de bonne volonté auprès de ses voisins, en l'occurence, le prince Kraljevic. Voilà pourquoi il m'avait sauvé, et voilà pourquoi il me traitait maintenant comme un invité de marque. Mais malgré les attentions du Roi, l'idée de voir ces créatures révoltantes et leur terrifiant maître s'allier avec mon peuple me faisait froid dans le dos, et la perspective de devoir être l'agent de cette alliance ne m'enchantait guère...
Une goule se pencha à côté de moi pour me resservir du vin. Insctinctivement, je commençais à l'observer. Celle-ci était particulièrement réussie : Une jeune femme, à l'apparence quasi-humaine, grande avec de longs cheveux noirs. Seuls quelques détails, comme ses dents pointues, trahissaient encore ses origines, mais elle aurait aisément pu se méler à une foule d'humains et aurait même été considérée comme plutôt belle selon les standards du vieux monde. Une telle pensée était pour le moins troublante... Ses yeux rencontrèrent les miens qui l'observaient : Deux yeux noirs de jais, trop noirs pour être vraiment humains. Mais aucune de ces lueurs de bestialité ou de haine que l'on pouvait voir dans les yeux des goules "normales". Seule une lueur d'intelligence aïgue illuminait ces yeux.
"Puis-je vous offrir autre chose?" me dit-elle sans détacher ses yeux des miens. Sa voix était grave et sensuelle, parfaitement maîtrisée, mais teintée d'un accent étrange.
"Notre invité est rassasié, Frumos," répondit le Roi. "Et il est très fatigué par ce long voyage. Conduis-le donc à sa chambre et veille à prendre soin de lui" ajouta-t-il avec une lueur amusée dans les yeux.
"Bien, majesté," dit elle en baissant la tête, révélant un très léger sourire, avant de m'inviter à la suivre...


Lundi 4 mai, 2510.

Nous reprîmes notre route vers le sud et les terres d'arabie en ce mâtin du 4 Mai. Le Roi nous avait fourni des vivres pour notre voyage, et aucun de mes hommes ne s'était plaint de son séjour au Mont la Corne Sanglante. Aucun.
Alors que les derniers contreforts des montagnes du dos du dragon disparaissaient sur notre droite, une citation d'un grand docteur impérial que j'avais eu la chance de rencontrer à Altdorf il y a bien des années me revint en tête. "Une espèce est définie par la capacité de ses individus à se reproduire entre eux et à avoir des descendants eux-mêmes fertiles". Peut-être le Roi Întelept était-il plus près de son but que quiconque ne le croyait...
Je me pris à envisager cette possibilité sérieusement. Et si le Roi parvenait à s'asseoir sur le trône de Strigos et à restaurer le royaume dans sa splendeur d'antan? Les images de cette splendeur étaient encore fraiches dans ma mémoire, et je me surpris à espérer que ce jour arrive. Si ce royaume reprenait vie, serait-il possible de forger des alliances avec lui, et des taités commerciaux? De nouveaux horizons s'ouvriraient alors pour les principautés frontalières! Et Somjek serait en première place pour choisir sa part du gâteau! Les premieres pierres de ces nouveaux rapports venaient sans doute d'être posés, il y a juste quelques jours, au Mont de la Corne Sanglante.
Nous poursuivîmes notre route vers les terres d'Arabie puisque telle etait notre mission, mais j'avais le sentiment que l'évènement le plus important de notre voyage avait certainement dejà eu lieu. Il me tardait d'être de retour à Somjek pour informer le Prince de ces évènements...


Extraits du Journal de Gordan Glasnik, trouvé par des bédouins parmi les restes d'une caravane massacrée à l'est de Zandri.
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